[2 mai] Le devoir de mémoire

Nora avait le coeur lourd. Elle-même n'avait pas directement souffert de la guerre, et elle n'était pas assez vieille s'en rappeler. Elle n'avait personne à pleurer, et se sentait pourtant terriblement triste. La jeune Poufsouffle avait toujours été faible face à la douleur des autres, elle détestait voir les gens malheureux, et se laissait vite affecter. D'habitude, elle passait cette journée avec sa soeur pour garder le moral, mais cette année Amely n'était pas là. Son ainée, moins fragile, gérait bien mieux ce genre de choses qu'elle, Nora se laissait trop facilement atteindre par la peine des autres. Heureusement, sa grande soeur ne devrait plus tarder. Comme tous les aurors et futurs aurors, elle avait été conviée à la céremonie. La jeune fille enfila un gilet noir par dessus sa robe gris foncé, et descendit dans le parc. Les premiers invités étaient déjà là, et Nora chercha le visage d'Amely parmi la foule. Elle avait également promis à Irving de le retrouver avant la cérémonie, mais ne le voyait nul part. Elle évite soigneusement de regarder en direction du cimetière, et sentit son coeur se serrer chaque fois que ses yeux tombaient sur une famille en deuil. Elle avait comme l'impression de ne pas être à sa place. La blondinette finit par apercevoir son ainée et se dirigea vers elle, ralentissant un peu en s'apercevant que cette dernière était en compagnie de Paul. Le français passerait dejà toutes les vacances avec elle, il pourrait la lui laisser un peu de temps en temps ! Touts les deux étaient penchés l'un vers l'autre et discutaient à voix basse.

"Tu es là, on te cherchait partout, lança sa soeur en l'apercevant.

Nora ne put s'empécher de penser que ni Amely ni Paul ne lui avait semblé être en pleine recherche avant qu'elle n'arrive, mais sans doute avaient-ils déjà fait le tour du parc et avaient décidé de l'attendre ici. De toute façon elle s'en fichait, elle était trop heureuse de retrouver sa grande soeur. Elle se jetta au coup d'Amely et la serra fort dans ses bras, elle lui avait tant manqué ! Et elle avait besoin d'elle, aujourd'hui encore plus que d'habitude. Mais l'étreinte qu'elle reçut de la jeune femme en contre-partie lui sembla bien formelle, et l'ainée s'éloigna rapidement de la cadette. Sans doute était-ce du à son nouveau statut de futur auror, songea Nora.

"Tu es la jeune Laura j'imagine, la salua Paul avec un sourire et un accent presque correct.

-Nora, rectifia-t-elle en s'efforçant de sourire à son tour. Vous venez vous asseoir avec moi et Irving ? C'est bientôt l'heure du discours du ministre, continua-t-elle en s'adressant plus à sa soeur qu'à son petit-ami.

-Je suis désolée la puce, je vais m'asseoir avec mes collègues. On se verra peut-être plus tard, d'accord ?"

Nora hocha la tête mais son sourire avait disparu. Amely l'avait toujours soutenu pendant cette journée qu'elle détestait, elle lui faisait ravaler ses larmes pendant les discours des anciens combattants et la forçait à penser à toutes les choses que la victoire avait permis de construire plutôt qu'à celles que la guerre avait détruite. Mais il semblerait que les choses aient changé. Même au milieu de la foule, Nora se sentait seule, abandonnée. Il fallait qu'elle trouve Irving.

"Au revoir Laura" lui lança Paul avant de s'éloigner avec Amely, arrachant un soupir à sa petite soeur.

Nora promena son regard sur la foule, cherchant déspérement la touffe de cheveux de son meilleur ami. Elle se sentit un peu mieux à la seconde où elle l'aperçut. Soulagée, elle s'approcha et se glissa sur la chaise libre à coté du Gryffondor.

"Heureusement que tu es là ! Cette journée est trop...difficile, souffla-t-elle alors que le silence commençait à se faire dans l'assemblée. Le ministre n'allait pas tarder à commencer son discours, et elle s'était promis de ne pas pleurer cette fois.

- Maman, tu m'écoutes ?

Daisy releva brusquement la tête vers sa fille. La réponse adéquate était "non, chérie je ne t'écoute pas et pour le moment je n'ai vraiment pas envie de t'écouter débiter des paroles futiles". Mais elle répondit par l'affirmative et Jane repartit dans un long discours sur ses camarades de dortoir incapables de se tenir correctement.
Elle n'avait pas trouvé le sommeil cette nuit-là et avait passé son temps à corriger des copies. Le deux mai lui faisait toujours cet effet-là, trop de souvenirs remontaient à la surface. Elle avait espéré être tranquille, mais sa fille était venue la trouver dans son bureau juste après le petit-déjeuner et lui tenait encore la jambe alors qu'il allait bientôt être l'heure de descendre dans le parc. Elle aimait beaucoup Jane, évidemment, mais elle n'avait pas la tête à ça. Pour couper court aux bavardages, elle se leva brusquement et annonça qu'il était temps de descendre. Elle avait rendez-vous avec Wendell et ses autres filles avant la cérémonie et le discours du Ministre.

Les Mason n'avaient pas été particulièrement touchés par la guerre, étant cachés toute sa durée. Elle n'avait même pas vécu la Bataille de Poudlard et n'avait appris son existence qu'un mois après. Elle n'avait pas pu assister aux sépultures des deux connaissances qu'elle avait perdue. Mais à chaque fois, elle se sentait mal. Elle s'en voulait de ne pas avoir combattu pour Poudlard, de ne pas avoir défendu la liberté puis d'en jouir après alors que ceux qui l'avait conquise étaient morts. Alors elle essayait de se chercher des excuses : son mari était né-moldu, il était en danger, ses enfants étaient jeunes... Mais cela ne servait à rien, et chaque deux mai, elle était rongée par la culpabilité. Elle salua quelques élèves d'un signe de tête en pénétrant dans le parc et chercha ses collègues du regard. A part Neville, elle ne vit personne, alors elle se contenta de rejoindre son mari qui parlait à voix basse avec des collègues du Ministère. La vue des famille éplorée lui fit détourner la tête. Elle ne se sentait pas à sa place ici. Si elle n'avait été professeur, elle ne serait pas venue. Elle n'avait pas le droit d'être ici alors qu'elle s'était contentée de vivre tranquillement recluse sans subir le moindre dommage.
Quelques amies virent vers elle pour entamer la conversation auquel elle répondit vaguement. Son regard était attiré par le Ministre Kingsley qui montait sur l'estrade pour commencer son discours. Elle tiqua à l'expression toutes les victimes du conflit mais n'eut pas le temps de s’appesantir dessus. A ses yeux, les Mangemorts n'étaient pas les victimes du conflit mais les coupables. Lors de la minute de silence, elle lança des regards noirs à quelques Poufsouffle qui s'agitaient en pouffant. S'ils n'étaient pas assez matures pour assister à ce genre de cérémonie, qu'ils restent au château ! Elle nota leur nom mentalement pour les sermonner après. Elle aperçut d'ailleurs la jeune Nora Weaver, qui ne semblait pas au mieux de sa forme. Elle se promit d'aller lui parler plus tard dans la journée.

C’était la première commémoration de la bataille de Poudlard qu’Irving passait sans Jared et Josef. Habituellement, il avait toujours été là pour ses amis qui avaient perdu leur sœur ainée, Joane, pendant le conflit. Durant cette journée difficile, il s’efforçait de changer les idées des jumeaux en parlant musique et en blaguant. C’était le parti pris des frères Moses pour tous les 2 mai :

« De toute manière, Joane n’aurait pas voulu nous voir tristes ! » disait Jared lorsque Josef culpabilisait de rire aux blagues d’Irving en ce jour de deuil. C’était leur manière à eux de se recueillir, de faire honneur à leur grande sœur et Irving partageait cette vision des choses.

Pourquoi une commémoration devait-elle être forcément triste ? Pourquoi devait-on s’habiller en sombre et chuchoter dans les couloirs ?
Les gens qui étaient morts pendant la guerre s’étaient justement battus pour que la vie soit meilleure et le Gryffondor estimait que rien n’était plus plaisant sur terre qu’un moment de franche rigolade entre copains !
Un éclat de rire était d’ailleurs un bien plus bel hommage qu’un long discours ennuyeux et barbant !

Avachi sur sa chaise, les bras croisés, Irving ne vit pas arriver Nora qui se glissa à côté de lui en soufflant:


"Heureusement que tu es là ! Cette journée est trop...difficile »

Le Gryffondor leva les yeux au ciel et s’enflamma instantanément en gesticulant:

« J’te l’fais pas dire ! Cette journée s’annonce bien merdique ! Tu sais qu’Hellsoft m’a renvoyé au château pour que j’aille me changer car elle estimait que ma tenue n’était pas "correcte" ! Non mais sérieux ? Elle ferait mieux de se regarder dans un miroir des fois celle-là ! Elle porte tellement de couleurs différentes sur ses vêtements qu’à chaque fois qu’je la vois j’cligne des yeux comme si on m’avait jeté un sortilège de confusion ! C’est franchement pas juste car j’avais fait un effort pour une fois : J’avais repassé mon tee-shirt des Bizarr’Sisters ! D’toute manière, j’m’en fous ! Après la cérémonie, j’vais l’remettre ! »

Plus déterminé que jamais, le jeune homme croisa les bras de nouveau en bougonnant. Après quelques secondes, il observa enfin son amie qui ne semblait vraiment pas dans son assiette.

« Ca a pas l’air d’aller toi, dit-il en fronçant les sourcils, tu ne devais pas retrouver ta frangine et son français, au fait ? » ajouta-t-il en balayant la foule du regard.

Samuel réajusta sa cape de sorcier bleu nuit et sortit sur le perron du château afin d’observer le parc. En ce jour de commémoration, l’endroit était rempli de badauds qui se promenaient par petit groupe en attendant le discours du ministre. Certains d’entre eux prenaient un rafraichissement sous le chapiteau qui avait été dressé pour l’occasion tandis que d’autres se recueillaient en silence.

C’était le premier anniversaire de la guerre que Samuel passait à Poudlard. Habituellement, il profitait de ce jour férié pour avancer ses travaux de recherches ou pour partir en balade. Il estimait qu’il n’avait pas sa place en ce lieu, puisqu’il avait fuit pendant le conflit alors que d’autres s’étaient battus pour la liberté. Il n’aurait probablement pas assisté à la cérémonie mais son nouveau statut de professeur l’y obligeait. D’ailleurs, à en juger par l’ambiance morose qui régnait en salle des professeurs depuis quelques jours, il n’était visiblement pas le seul à ressentir ce malaise…

Cherchant à reprendre contenance, il balaya l’assistance du regard et identifia quelques têtes connues dans l’assemblée : Daisy Mason, sa collègue d’Etudes des Moldus, conversait distraitement avec des amis et Neville Londubat était en compagnie de sa fiancée. Samuel reconnut également Eliott Hyde, son chef au Laboratoire de Recherches en Métamorphose Humaine, qu’il rejoignit afin de le saluer.

« Samuel ! s’exclama ce dernier lorsqu’il le reconnut, j’me demandais où tu pouvais bien t’cacher encore ! ajouta-t-il avec un large sourire en lui serrant vigoureusement la main, Alors quand est-ce que tu nous reviens ? C’est qu’tes longs monologues me manquent ! » Plaisanta-t-il.

Le jeune professeur laissa échapper un sourire en coin.
Avec son teint rougeau et son franc-parler, Eliott Hyde était pourtant l’un des meilleurs scientifiques de Grande-Bretagne en matière de Métamorphose. Samuel estimait à la fois l’homme jovial et le chercheur tenace qu’il était.

« Minerva m’a informé que Diane est arrêtée jusqu’à la fin de l’année scolaire, répondit l’enseignant, si tout va bien, tu pourras me jeter un sortilège de Mutisme dès juillet. »ajouta-t-il calmement pour faire écho à la boutade de son collègue.

« Ah mais j’espère bien ! On a besoin d’toi au labo’ ! On a fait une trouvaille concernant les génomes du virus responsable de la lycanthropie ! Il va y avoir un article dans MétaMag le mois prochain sur le sujet. Mais si tu veux passer nous voir avant, tu es toujours le bienvenue ! conclut-il en donnant une tape sur l’épaule du jeune homme avant de s’apercevoir que Kingsley Shacklebolt était enfin seul. Ah ! C’est l’heure d’aller saluer le ministre ! J’te laisse, à plus tard !»

Samuel acquiesça d’un signe de tête puis il regarda Eliott s’éloigner en direction de Shacklebolt. Tandis que le chercheur saluait poliment le ministre, le jeune enseignant reporta son attention sur les chaises qui commençaient à se remplir. Il ne savait pas trop s’il devait s’installer à un endroit bien précis en temps que professeur ou si il était libre de se positionner où bon lui semblait. Il opta pour la deuxième solution et alla se poster tout au fond, debout, derrière les chaises. Le jeune homme croisa les bras et scruta le parterre qui se remplissait petit à petit.

A peine Nora s'était-elle glissé à coté d'Irving que le Gryffondor s'enflammait à propos de sa directrice de maison. Celle-ci l'avait visiblement envoé se changer, jugeant son t-shirt des Bizzar's sisters inaproprié pour une telle journée. Il s'emporta en disant qu'elle n'était pas la mieux placée pour lui faire des remarques étant donné sa manie de s'habiller de façon....colorée. La jeune fille se surprit à sourire aux paroles de son ami, puis se rappella la date et se força à ravaler l'éclat de rire qu'elle aurait voulut lancé face à la mine renforgnée d'Irving. Ce n'était pas vraiment le moment.

"Tu es très bien comme ça, le rassura-t-elle, et même le Pr. Hellsoft a fait un effort aujourd'hui", ajouta-t-elle avec un petit sourire.

Au même moment ses yeux se posèrent sur son ainée qui, au loin, semblait en pleine conversation avec d'anciens amis. Nora reconnut notamment Ethan Bloomwood, le jeune frère de l'infirmière, qui avait été dans la même année qu'Amely. Pourquoi sa soeur n'allait-elle pas s'asseoir avec les aurors comme elle l'avait dit et restait-elle à discuter avec les autres alors qu'elle avait pris congé de Nora si rapidement ? La blondinette soupira. Peut-être Amely préferait-elle simplement retrouver ses amis, qu'elle n'avait pas revus depuis l'année dernière, plutôt que sa petite soeur trop collante. Nora aurait voulut que sa soeur lui accorde un peu plus de son temps, surtout aujourd'hui, mais elle ne pouvait pas lui en vouloir de préferer la compagnie de ses anciens camarades, ils avaient sans doute plein de choses à se raconter. Irving choisit ce moment pour se tourner vers elle en fronçant les sourcils.

« Ca a pas l’air d’aller toi, tu ne devais pas retrouver ta frangine et son français, au fait ? »

Cela se voyait tant que ça ? Pourtant elle essayait d'avoir l'air normal, et puis tout le monde avait l'air triste aujourd'hui, elle se fondait dans la foule. Mais elle ne savait pas si c'était la commémoration ou le comportement de sa soeur qu'il lui nouait la gorge, peut-être un peu des deux.

"Si, mais je crois qu'ils préfèrent rester tous les deux, répondit-elle faiblement en jetant un regard à Amely de l'autre coté de la foule. Elle aurait aimé capter le regard de sa soeur, pour qu'elle lui adresse un petit sourire encouragement. Mais elle ne la voyait pas. Et si, ça va. C'est juste cette journée, je n'aime pas voir les gens tristes."

Le ministre commença alors son discours, que Nora écouta attentivement. Elle apprécia le fait que l'on demande une minutes de silence pour toutes les victimes du conflits. A Poudlard, plusieurs personnes avaient perdu des parents mangemorts et eux n'y étaient pour rien, il était normal qu'ils puissent leur rendre hommage. Quand on pensait au nombre d'orphelins que la guerre avait laissé...Certains parents étaient peut-être mort ici-même, à l'endroit où ils se tenaient maintenant. La jeune fille baissa les yeux vers l'herbe sous ses pieds, se demandant si elle avait été un jour rougie par le sang de victimes innocentes, à peine plus âgées qu'elle ne l'était. Combien de combats meurtriers avaient eu lieu dans ce parc dans lequel les élèves passaient leurs après-midi ensoleillés ? Elle refusait de penser horreurs qui avaient pu se dérouler ici, et pourtant elle l'imaginait malgré elle. Elle se mordit la lèvre, retenant ses larmes. Elle aurait voulut attraper la main de sa grande soeur pour la serrer dans le sienne, mais Amely n'étant pas là, elle saisit celle d'Irving. Une fois la minutes de silence terminée, elle se tourna vers le Gryffondor, les yeux humides.

"Désolée," souffla-t-elle en retirant soudainement sa main.

Nora répondit d’une petite voix que sa sœur préférait visiblement resté avec son amoureux. La blondinette jeta un regard triste en direction d’Amely et Irving l’imita en se levant légèrement pour voir par dessus le grand monsieur chauve qui était assis devant lui. Le Gryffondor n’avait jamais vraiment apprécié Amely Weaver : Trop sportive, trop préfète, trop… tout ! Cependant, il n’avait jamais fait part de son point de vue à sa meilleure amie car il savait que Nora vénérait sa parfaite grande sœur. D’ailleurs, le fait qu’Amely ignore de la sorte sa cadette renforça l’antipathie qu’il ressentait à l’égard de la future auror. Une moue dubitative passa sur son visage lorsqu’il se rassit mais il se ressaisit vite pour offrir un sourire qui se voulait réconfortant à son amie. Malheureusement ce petit geste n’eut pas l’effet escompté puisque Nora souffla d’un ton morne :

« C'est juste cette journée, je n'aime pas voir les gens tristes. »

Irving cligna des yeux quelques secondes. Son amie semblait littéralement abattue. Cela lui rappelait la discussion qu’ils avaient eut en haut des gradins avant le match Serpentard/ Poufsouffle et il n’aimait pas voir Nora dans cet état. Il devait faire quelque chose. Il se pencha donc dans sa direction, et s’exclama.

« Tu sais quoi ? Dès la fin du discours on file sous leur chapiteau et on remplit nos poches de petits-fours et de gâteaux. Ensuite, on trouve Georgy, Rachel et Danny et on va se poser tranquille au bord du lac pour faire l’apéro ! Et après on ira… »

« Taisez-vous ! ordonna une vieille sorcière assise derrière Irving, Le discours commence ! ». Ce dernier jeta un regard dédaigneux à la femme et haussa les épaules en se retournant. Ce n’était qu’un énième discours larmoyant destiné à faire pleurer les fillettes et le gryffondor était impatient qu’il se termine. En plus il ne voyait rien du tout à cause du grand chauve devant lui.

*Son crane est vachement bien lustré !* pensa d’ailleurs Irving en regardant le soleil se refléter au sommet de la tête du grand monsieur.

*Il a dû se jeter un sortilège de lustrage, c’est pas possible d’avoir un crâne aussi brillant.*

Plus il regardait son voisin de devant, plus il trouvait que sa tête ressemblait aux boules de cristal qu’Hellsoft utilisait dans ses cours. Une vision germa alors dans l’esprit d’Irving et ce dernier imagina sa professeur de divination, le visage crispé, tentant vainement de lire l’avenir dans le crâne du grand chauve. Le Gryffondor retint un gloussement et il lutta difficilement contre le fou-rire qui tentait de s’emparer de lui. Il devait absolument se concentrer sur quelque chose de triste pour retrouver un semblant de sérieux. La bataille, Poudlard éventré, les morts allongés dans le parc…Et Hellsoft contracté sur le crâne du grand chauve. Les épaules d’Irving tressautèrent et il se mordit la langue afin de ne pas craquer tandis que des larmes dévalaient ses joues.
Il n’allait pas y arriver. Il le savait. Il ne pourrait bientôt plus retenir l’éclat de rire tonitruant qui lui brulait les lèvres. Heureusement pour lui, au moment où il allait céder, un événement inattendu le dérouta. En effet, Nora venait d’attraper sa main. Comme pour ravaler définitivement son ricanement, Irving déglutit et jeta un regard interloqué en direction de sa camarade. Nora fixait avec intensité le ministre, les yeux au bord des larmes. C’est à ce moment là que le Gryffondor se rendit compte qu’un silence pesant régnait sur le parc. Hagard, il regarda les gens autour de lui qui étaient, pour la plupart, dans le même état que son amie. Ce devait être la traditionnelle minute de recueillement, pensa-t-il lorsqu’il vit l’assemblé se détendre enfin.


"Désolée." souffla d’ailleurs Nora en retirant sa main.

« Y a pas de mal, répondit Irving avec un sourire gêné, les yeux encore humides d’avoir trop rit, C’était…émouvant. » ajouta-t-il en séchant ses larmes sur son avant bras.

Subitement, un murmure traversa la foule et le Gryffondor vit plusieurs cous se tendre. Il imita l’assistance et observa l’estrade qui avait été laissée libre par le ministre.

« C’est Harry Potter ! S’exclama -t-il à l’attention de Nora en identifiant les cheveux noirs en bataille qu’il pouvait voir par-dessus l’homme boule de cristal. Youhou ! Potter ! Potter ! » scanda-t-il en frappant dans les mains afin d’acclamer le héros.

Alors que Nora s'excusait et retirait sa main de la sienne, les joues rosissantes, Irving répondit avec un sourire gêné qu'il n'y avait pas de mal. La jeune fille retint un hoquet de suprise en s'apercevant que le Gryffondor avait les yeux emplis de larmes. Elle se mordit la lèvre pour ne pas éclater de rire. Ca n'avait rien de drôle, beaucoup de personnes avaient été très émues par le discours du ministre, à commencer par elle, mais...c'était Irving ! Et elle ne l'aurait pas imaginer pleurer lors d'un discours de commémoration. Mais après tout pourquoi pas, elle ne trouvait pas ça riddicule ou quoi que ce soit, bien au contraire. Mais il fallait reconnaitre que c'était surprenant.

"Tu veux un mouchoir ?" demanda-t-elle finalement avant de pouffer de rire derrière sa main, les yeux encore humides.

Elle regretta aussitôt de s'être permis de rire en un jour pareil et retrouva son calme. Comment Irving parvenait-il à la faire sourire chaque fois qu'elle allait mal ? C'était incroyable ! Ele n'eut pas le temps de s'interroger plus longtemps sur les pouvoirs du Gryffondors sur son humeur car Sophie Kirte arrivait à leur hauteur. Elle leur demanda si elle pouvait s'installer avec eux et leur présenta sa soeur, Alicia, une adorable petite fille qui devait avoir sept ou huit ans.

"Bien sur, asseyez-vous !" répondit Nora avec un sourire après avoir rapidement consulté Irving du regard.

La blondinette observa un peu Sophie avec sa soeur, avec une pointe de jalousie. Elles avaient l'ait très proches toutes les deux, et la façon dont la préfète s'occupait de la petite Alicia était attendrissante. Il n'y a pas si longtemps, Amely aussi veillait sur Nora de la sorte. Elles avaient partagé cette même complicité, cette même tendresse. Que s'était-il passé pour que tout ça change ? La jeune fille sentit son coeur se serrer. Peut-être avait-elle fait quelque chose de mal qui déplaisait à son ainée, ou peut-être qu'Amely avait murit plus vite qu'elle, et que leurs chemins s'étaient éloigné. Nora aurait préférer que tout reste comme avant, elle aurait donné beaucoup pour retrouver leur ancienne relation. Et elle esperait pour Alicia et Sophie que la leur resterait intacte, pour qu'aucune d'elle ne souffre. La Poufsouffle jeta un regard de l'autre coté du parc où Amely avait posé sa tête sur l'épaule de son français, attendant le discours du Survivant serrée contre lui. Elle aurait voulut qu'elle se retourne pour montrer qu'elle se souciait de sa petite soeur, mais Amely continuait de lui tourner le dos.

Alors qu'Harry Potter s'avançait sur l'estrade, Irving et Alicia se mirent tout deux à s'agiter comme des enfants, remuant sur leurs sièges et frappant dans leurs mains, ce qui était plus légitime pour l'un que pour l'autre. Sophie adressa à Nora un sourire comme pour s'excuser de la vivacité de sa petite soeur.

"Elle est adorable, et elle a de la chance de t'avoir comme soeur. Tellement de chance, songea la blondinette avec un soupir. Comme elle pouvait envier la petite Alicia. Réalisant que son visage s'était quelque peu assombrit, elle se ressaisit et adressa un sourire aux deux soeur. Et puis, ça ne passe pas toujours avec l'âge" ajouta-t-elle, moqueuse, à l'intention d'Irving.

Comme il était occupé à acclamer l’Elu, Irving adressa un rapide signe de la main à Sophie et sa petite sœur qui prirent place aux côtés de Nora. Le gryffondor ne voulait pas perdre une miette du discours du survivant qui allait surement narrer les combats héroïques survenus lors de la bataille.
Le silence se fit enfin dans l’assistance et Irving lâcha un « Chuuuut ! » à l’intention de Nora et Sophie qui chuchotaient à côté de lui.
Assis droit sur sa chaise, il accueillit donc les premiers mots de l’élu avec un mélange d’impatience et de joie non dissimulée … qui se fana au bout de quelques minutes.

En effet, Potter semblait davantage enclin à parler de sa progéniture qu’à commémorer la Bataille victorieuse de Poudlard !

« Les joies de la paternité ? Grimaça Irving en s’adossant de nouveau sur son siège, non mais sérieux, on est où là ? Qu’est-ce qu’on s’en fout de ses gosses ! ajouta-t-il en se penchant vers Nora et Sophie. En plus, franchement j’comprends pas ! Dans toutes ses interviews il arrête pas de dire qu’il a souffert de sa célébrité lorsqu’il était enfant, et là, il pavane avec ses gamins comme si c’était des trophées ! J’vois pas l’intérêt. » Bougonna-t-il en croisant les bras.

Définitivement, il n’y avait rien à tirer de ces journées de commémoration basées sur le pathos et les bons sentiments. Si même Harry Potter s’y mettait ! Irving commençait à regretter de ne pas avoir rejoint sa famille en ce jour férié. Au moins, chez les Whitaker, on savait faire honneur aux morts en passant une excellente journée pour célébrer leur mémoire !
Déçu, le jeune homme n’écouta que d’une oreille lorsque l’Elu annonça la mise en place d’une nouvelle stèle. Il regarda d’un œil distrait les huit élèves de Poudlard qui la faisait léviter lentement, encore dissimulée sous une épaisse bâche.
Irving bascula sa tête en arrière et soupira :

« Vivement qu’ça se termine ! J’en peux plus d’ce truc ! »

Lorsque le professeur Adamson avait demandé à deux élèves de sa maison de se porter volontaire pour déposer la nouvelle stèle au sein du parc, la préfète avait immédiatement répondu présent et ce pour plusieurs raisons.

Dans un premier temps et très égoïstement, elle avait vu ici l’occasion de redorer sa côte de popularité. En effet, depuis de récents événements, Swann était davantage au cœur des ragots qu’à leur origine.
Tout d’abord, son anniversaire avait été un véritable fiasco et son amitié avec Natasha avait été sérieusement ébranlée. De plus, elle n’avait pas été sélectionnée parmi les dix finalistes du concours du Fil d’Or. Echouant au pied du podium à la onzième place, les membres du jury avaient tout de même salué son talent malgré son jeune âge mais ils avaient également souligné un manque de prise de risque dans la tenue présentée. Foi de Twilfit, Swann reviendrait l’année suivante et elle pulvériserait tous ses concurrents avec une tenue ultra-originale. Ils voulaient de l’audace ? Ils en auraient !


Participer activement à cette cérémonie de commémoration était aussi l’occasion d’élargir son carnet de contacts. Tout le gratin sorcier serait présent et Swann devait donner une excellente image d’elle afin de promouvoir au mieux Twilfit and Tatting. Elle avait d’ailleurs longuement réfléchit à la tenue qu’elle porterait en ce jour de deuil. Sa mère lui avait suggéré une robe de sorcière sombre que la jeune fille avait approuvé, du moins, jusqu’à l’entrevue avec le professeur Adamson.

La veille de la commémoration l’enseignante en potions avait convoqué les deux porteurs de stèle Serpentard dans son bureau. La directrice avait parlé longuement de la guerre et elle avait demandé aux deux jeunes gens de se montrer particulièrement irréprochables en ce jour de commémoration puisque les Serpentard seraient forcément au centre de l’attention. Le professeur Adamson n’en avait pas dit davantage, mais Swann avait hoché la tête gravement, comprenant le sous-entendu.

Vil. Fourbe. Rusé. Mangemort.
Voila les caractéristiques qui étaient souvent associées à la maison vert et argent. Voila comment l’on décrivait généralement les Serpentard et Swann était bien décidé à faire évoluer les mentalités à ce sujet.
En étant ainsi sur le devant de la scène lors de cette cérémonie, elle devenait, malgré elle, le symbole d’un nouveau départ pour les Serpentard. Elle devait donc envoyer un message fort à l’assistance et quoi de mieux qu’une tenue emblématique pour le faire passer.

Pendant toute la nuit elle avait travaillé d’arrache-pied sur la réalisation d’un smoking féminin, sobre et élégant, directement inspiré de la mode moldue. Elle avait utilisé pour cela la précieuse soie d’Accromentule gris foncé, offerte par Albéric pour son anniversaire. L’alliance du tissu sorcier et de la coupe moldue avait produit une tenue du plus bel effet et Swann était très fière de son hommage et de sa manière de commémorer les victimes de la guerre en montrant que le métissage produisait des choses merveilleuses.

C’est donc vêtue de son ensemble griffé T&T, les cheveux tombant sagement sur ses épaules, que la jeune femme rejoignit les convives dans le parc. Elle salua l’ensemble des commerçants du Chemin de Traverse qu’elle connaissait, parmi eux George Weasley avec lequel elle échangea quelques mots de soutien. Elle rejoignit sa mère qui faisait également partie de l’assistance. Cette dernière tiqua légèrement en découvrant la tenue de sa fille mais elle approuva finalement son choix. Swann suivit ensuite Sheba qui lui présenta de nombreuses personnalités sorcières issues du monde politique, économique ou culturel.

Les deux femmes s’assirent enfin et écoutèrent le discours du ministre avec attention. Elles échangèrent un regard lorsque Shacklebolt parla de « toutes les victimes du conflit ». Pour finir, au moment où Harry Potter prenait la parole, Swann se leva et rejoignit les grilles du parc, fébrile. Dans quelques minutes, elle ferait léviter la nouvelle stèle de commémoration. Elle attendit donc patiemment que les élèves des autres maisons la rejoignent en suivant de loin le discours de l’Elu.

Parmi les invités, Samuel remarqua rapidement Chloé Hellsoft qui se dirigeait droit sur lui. Peut-être pourrait-elle l’informer sur les devoirs des professeurs en cette journée de commémoration. Dans son fond intérieur il espérait pouvoir partir de suite après le discours et rejoindre le Chemin de Traverse pour passer chez Fleury & Bott afin de feuilleter les nouveautés en matière d’ouvrages de métamorphose. En effet, la vie de professeur à Poudlard était plutôt prenante. En plus des cours, les professeurs se devaient d’être disponibles pour leurs élèves même pendant les nuits et les week-ends ! C’était donc assez difficile de s’absenter de manière inopinée et il fallait toujours prévenir plusieurs jours à l’avance si l’on devait quitter le château afin que l’équipe s’organise pour les soirées d’astreintes. Le quotidien des professeurs était donc bien plus contraignant que ce qu’il avait imaginé.
Chloé le sortit de ses pensées en le saluant et en se postant à coté de lui

"C'est la première fois que vous assistez à la commémoration de Poudlard? Si c'est le cas, je vous préviens qu'en tant que professeur, la journée va être longue. Si vous souhaitez vous recueillir, je vous... conseille de le faire maintenant."

Se recueillir ? Samuel se voyait mal s’épancher sur les tombes au milieu de centaines de personnes. Il avait besoin d’être seul pour cela. Pour lui, un bon recueillement nécessitait un minimum d’intimité qu’il ne trouverait pas aujourd’hui.

« Oui, c’est la première fois que je commémore la fin de la guerre à Poudlard et je dois avouer que je trouve cela plutôt étrange. » répondit-il en scrutant toujours la foule. Depuis tout à l’heure, il cherchait plusieurs pensionnaires des yeux, sans arriver à les trouver.

« Tous les élèves sont censés être là, n’est-ce pas ? Je ne vois pas le Capitaine de Serpentard ni Miss Nott. J’imagine que pour eux cette commémoration est une véritable épreuve. » ajouta-t-il davantage pour lui-même que pour engager la conversation. Enfin, après avoir balayé l’assistance une nouvelle fois du regard, il se tourna vers sa collègue et lui demanda.

« Que sommes-nous sensé faire après la remise de la stèle ?»

Au même moment Margot les rejoignit en demandant si elle pouvait suivre le discours avec eux. Samuel n’y vit aucune objection et hocha la tête affirmativement avant de reporter de nouveau son attention sur Chloé, attendant la réponse à sa question.

Ses parents étaient venus pour l’occasion. Ils lui souriaient, d’un sourire un peu tremblant, qui la mettait mal à l’aise. Angélique n’avait jamais apprécié cette journée là. Le 2 mai. Célébrer les morts, la guerre… A quoi bon ? Ce n’est pas comme si cela apportait un quelconque réconfort à ceux qui étaient au ciel. Et puis, cela faisait pleurer tout le monde. Elle n’aimait pas cela. Elle aimait les sourires, les rires, mais pas les pleurs.

Et puis, cette journée avait été celle qui avait tout brisé : ses aspirations, ses rêves, sa future carrière aux Beaux-arts. Comment pourrait-elle l’apprécier ? Même sept ans après, c’était atrocement dur. Parce que ce jour la confrontait à son présent, en lui rappelant sournoisement tous ses rêves d’avant, avortés. D’habitude, heureusement, son frère était là pour lui redonner le sourire, en cette journée si particulière. Cette fois, seulement, il n’avait pu venir, avait trop de travail à boucler pour la fin de la semaine. Angélique n’avait rien dit, elle comprenait, mais cela l’attristait.

Aussi, quand elle avait appris cela, pour ne pas devoir passer tout le discours à se lamenter sur une chaise, à voir les visages de tout le monde se contorsionner de douleur, Angélique s’était immédiatement proposée pour la mise en place de la nouvelle stèle. Elle avait été très heureuse d’apprendre cette nouvelle. Les gens comme Artémis, ses parents, tout ceux-là qui se faisaient maltraiter pour leurs prénoms allaient peut-être recouvrir un peu de sécurité, un peu de dignité. Ainsi, Angie était encore plus heureuse de pouvoir faire ceci.

Durant la cérémonie, Angélique s’était évidement assise avec ses parents, ainsi que Dorian. Elle avait brièvement serré la main de son ami lors du discours du Premier ministre, les larmes lui montant aux yeux devant la souffrance évidente de tout ces gens qui l’entouraient. Puis, quand Harry Potter prit la parole, Angie se releva silencieusement, adressant un sourire rassurant à ses parents, qu’elle avait omis de prévenir, et se dirigea vers les grilles du parc. Elle vit que Swann était déjà présente, attendant patiemment.

« Hé… Comment te sens-tu ? C’est toujours dur, les journées comme ça… » murmura Angélique, se refusant de parler à voix haute alors que tous recueillaient leur peine. Elle entendit, au loin, la voix de Potter s’élever et elle tenta de suivre, mais c’était bien trop flou. Elle se rapprocha finalement de sa camarade, s’adossa au grillage et lissa distraitement sa robe noire, remit en place sa fine ceinture verte et arrangea son nœud vert dans ses cheveux. Elle s’était soignée, aujourd’hui, comme toujours. Voulant faire une impression. Parce que oui, leur directrice de maison l’avait bien sous-entendu hier. Swann et elle étaient le symbole de la résurrection des Serpentard, la nouvelle génération. Il fallait montrer qu’on avait évolué, qu’on était des gens biens. On pouvait presque dire que toute la future renommée de Serpentard pesait sur leurs épaules. Angélique espérait en être digne…

« C’est légèrement stressant de représenter Serpentard ainsi. Il ne faut pas que nous ayons un seul geste déplacé. Étant sang-mêlée, tu te doutes bien que je n’en aurais aucun. Et j’ai totalement confiance en toi, alors je suppose que tout se passera pour le mieux… Espérons. » conclut Angie en souriant d’un air rassurant, déterminée. Sure d’elle-même, alors qu’elle tremblait tout entière, intérieurement. Cette journée, la responsabilité qui pesait, ses rêves qui se rappelaient à elle, l’absence de son frère. Elle tremblait.

Demain, elle fêterait ses dix sept ans et, aujourd’hui, elle pleurait les morts.

Natasha n’aimait pas cette journée-là. Elle la haïssait, même, depuis ses huit ans. Parce qu’elle était une égoïste, parce qu’elle voulait l’amour de ses parents, parce qu’elle en voulait à ces gens qui mourraient et la privaient d’un anniversaire normal. Elle était jeune, alors, mais sa haine était restée, farouche. Entrainant avec elle la rupture de sa famille. Combien d’années cela faisait-il qu’elle ne parlait plus avec ses parents ? Longtemps. Trop, peut-être. Mais ils n’existaient plus, ils n’étaient que des mots sur des papiers : rien d’important.

Pourtant, aujourd’hui, Natasha avait décidé de renouer avec cette journée, avec cette veille d’anniversaire. Elle s’était proposée de plein gré pour la mise en place de la nouvelle stèle, montrant qu’elle n’en voulait plus aux morts, qu’elle les respectait. Évidemment, personne n’était au courant de tout cela, à quoi bon ? Mais ceci apaisait Natasha, effaçait ses regrets et ses culpabilités.

Oh, évidemment, elle ne retournerait pas aujourd’hui dans les bras de ses parents, elle n’irait pas leur dire « je t’aime », la bouche en cœur. Mais elle avait accepté, un peu, qu’ils n’avaient pas eu le choix. Ça lui avait pris huit ans, pour réaliser ceci. Il était temps. Bientôt, elle irait leur parler, leur pardonnerait complètement. Les admirerait même, peut-être. Mais, pour l’instant, elle les détestait toujours : parce qu’ils avaient préféré aider des inconnus plutôt qu’elle, qui voulait juste ses parents, ou du moins un signe d’une quelconque présence.

Aujourd’hui, donc, était jour de deuil. Aussi, Natasha était vêtue d’une très sobre robe noire, les cheveux relevés en un chignon très strictement composé. Sobriété, modestie. Silence. Respect de ceux qui pleurent. A l’heure de la cérémonie, la jeune fille était déjà dehors depuis plusieurs longues minutes, observant tristement les élèves rejoindre leurs parents. Elle avait vu Swann se diriger vers Sheba et avait hésité à les rejoindre, comme d’habitude. L’amitié des deux jeunes filles avait pris un grand froid à cause de malentendus, de stupidités, de bêtises, principalement venant d’elle. Aussi, Natasha était restée immobile, observant simplement les deux Twilfit se retrouver. C’était douloureux de ne pas être avec elles, mais Natasha avait encore des doutes sur comment agir avec Swann. Elle resta debout, à l’arrière, durant tout le discours du Premier Ministre. Puis, quand Potter vint prendre la parole, elle vit Swann se lever, ainsi que Davidson, une Serpentard de septième année. Natasha soupira, se massa rapidement le coup puis, ramenant une mèche derrière son oreille, prit la direction des grilles du château, où on leur avait donné rendez-vous.

Arrivée, elle vit les deux jeunes filles en discussion. Natasha leur adressa un sourire poli, presque gêné, et resta en retrait. Ses yeux étaient posés sur Swann, la culpabilité et les regrets rongeant son visage. Elle détourna le regard et décida de penser à autres choses, le temps que vienne le moment de se lever et de poser cette stèle. Symbole de renaissance. Était-ce pour cela, pour cette occasion, qu’elle avait décidé d’avancer dans ses pensées pourtant arrêtées sur cette journée ? Renaissance ? Peut-être. Oui, peut-être qu’elle ne souffrira plus, le 2 mai, parce que cela lui rappelle cette année 1998. Peut-être. Il fallait toujours rêver, ça finira bien par se réaliser.

Ce matin-là, Dorian s'était à nouveau éveillé aux aurores, une douleur lancinante dans la poitrine. Depuis l'anniversaire de Swann Twilfit, plus rien n'était pareil. Depuis que sa main était entrée en contact avec le tissu d'acromentule, tout avait changé. Soucieux de n’inquiéter personne et surtout pas Ayleen ou Angélique, le jeune homme avait soigneusement caché son état. Après tout, cela ne devait être qu'une mauvaise petite allergie qui ne tarderait pas à passer à coup de potions diverses.
Les symptômes étaient apparus petit à petit, vicieusement, l'amoindrissant et Dorian avait du se rendre à l'évidence que ce n'était pas qu'une simple et bénigne réaction allergique. Plus les jours passaient, plus il se sentait affaibli. Cependant, il continuait de prendre soin de donner l'illusion que tout allait bien. Parfois il voyait les yeux de sa mère ou de sa meilleure amie suspicieux : c'est qu'elles étaient intelligentes. Mais bien vite, il parvenait à les rassurer et son état allant en se dégradant, ne leur était pas dévoilé. Ce n'était qu'une question de temps Dorian le savait pertinemment bien. Il ne pourrait éternellement caché sa faiblesse à coup de concoctions diverses et variées.
Pas plus tard que deux jours auparavant, la douleur qu'il ressentait au plus profond de sa poitrine s'était faite si douloureuse qu'il s'était réfugié dans un recoin d'un couloir peu fréquenté, juste à temps avant qu'il ne s'écroule, les membres tremblants. Son étrange mal ne lui laissait aucun répit désormais et il craignait d'avance que les mixtures qu'il ingurgitait à longueur de temps ne fassent plus effet. Le Serdaigle ne craignait pas spécialement la douleur : il se serait volontairement mis en travers de la trajectoire d'un sort si cela pouvait sauver un des êtres qui lui était cher. Sa plus grande terreur était que ces âmes si précieuses à son coeur malade ne découvrent ce qui lui arrive. La tâche devenait ardue avec le temps. En effet, non contente de l'affecter physiquement, le mal qui le rongeait affaiblissait également sa magie.
Des années auparavant, depuis qu'il était ressorti de chez Ollivander avec le précieux bout de bois, la puissance de sa baguette en bois de cyprès avait toujours varié selon ses humeurs. Il aurait du avoir l'habitude, bien sûr, mais cette soudaine perte supplémentaire de ses facultés n'était pas aléatoire, elle allait en se dégradant de plus en plus.

Six heures s'étaient écoulées avant que Dorian ne rejoigne le reste des élèves pour la commémoration du 2 mai. Le 2 mai, il l'avait complètement oublié avec ce qui lui arrivait. Le jeune homme était tellement préoccupé que cette date si particulière lui avait échappé. Ayleen viendrait surement pour foudroyer fièrement du regard quiconque la regarderait avec un peu trop d'insistance. Après tout, la réputation de Jacob, le père de Dorian, n'était plus à faire et les rumeurs concernant son assassinat par son épouse même ne s'étaient pas taries. Ce geste que sa mère lui avait confié avoir réellement exécuté froidement, n'avait pas remonté d'une iota l'estime de la communauté sorcière à leur égard. La plupart des sorciers adultes les voyaient toujours comme la veuve et l'orphelin d'un mangemort, Henry ayant été épargné. Étrangement, la confidence d'Ayleen n'avait pas atteint l'estime et l'amour qu'il lui portait. Avec les années, il avait trouvé cela horrible mais nécessaire : sa mère n'avait fait que les défendre Henry et lui comme l'Ordre du Phénix l'avait fait également. Aussi sa présence en ce jour était une sorte d'hommage à ceux tombés mais aussi à celle qui veillait sur lui depuis de nombreuses années. Un vague sentiment de culpabilité l'envahit alors que le jeune homme repensait à ce qu'il était en train de lui cacher mais bien vite, son désir de tenir quiconque éloigner de ce problème prit le pas sur tout autre chose et il s'avança sur le perron du château pour l'accueillir avec un sourire.

Sobre et élégante, Ayleen s'avança vers le jeune homme et l'embrassa tendrement. Seulement quelques semaines s'étaient écoulées depuis que son fils avait regagné l'établissement et pourtant son allure l'effraya intérieurement tant il lui paraissait différent, amaigri et pâle. Lui lançant un regard soucieux, elle le questionna ouvertement sur ce qu'il lui cachait.
Décidément, sa mère était fidèle à elle-même et Dorian choisit de cacher son malaise derrière un petit rire.

- " Absolument rien, Mère, je t'assure ! Ne t'inquiète donc pas ! Les ASPICS approchent à grand pas. Rester enfermé dans la bibliothèque n'a jamais donné de teint halé à quiconque! Dès qu'ils seront terminés, tu me retrouveras comme autrefois, tu verras."

Donnant galamment le bras à la femme en face d'elle, Dorian l'emmena vers les chaises disposées pour l'occasion. Angélique s'y trouvait déjà avec ses propres parents. Henry qui se trouvait non loin leur lança un coup d'oeil dédaigneux auquel il ne prit même pas la peine de répondre.
Jetant un regard entendu à sa mère, il vint s'installer aux côtés de sa meilleure amie. Le frère de celle-ci n'était pas présent. Sans doute celui-ci avait-il eu un empêchement. Dorian considérait donc qu'il se devait d'égayer la journée de la jeune femme. Ses essais ne seraient sans doute pas aussi fructueux que le frère d'Angélique mais il ferait de son mieux comme toujours.
Saluant amicalement et poliment les parents de celle-ci, il s'apprêtait à s'inquiéter de l'humeur de son amie lorsque la mère de cette dernière, Christine, s'enquit de sa pâleur inhabituelle et de son état de santé.
Serrant les dents, le jeune homme lui fit un sourire d'excuse avant de se justifier : " Tout va bien. Les ASPICS me tiennent enfermés dans la bibliothèque ce qui m'empêche de reprendre des couleurs au soleil."

Ce mensonge, c'était la deuxième fois qu'il se disculpait en l'utilisant. Dorian était d'ailleurs étonné que sa mère n'ait pas tiqué lorsqu'il le lui avait sorti. Elle mieux que quiconque savait combien le jeune homme, consciencieux lorsqu'il s'agissait de gérer l'entreprise familiale, était peu soucieux de ces notes. Pas qu'il fut fainéant, non, Dorian souhaitait juste obtenir des notes correctes dans les matières qui l'intéressaient et se contentait de passer pour les domaines qui l'ennuyaient profondément.

La cérémonie qui suivit se déroula dans une sorte d'état second pour le jeune homme. La potion qu'il avait prise le matin même lorsqu'il avait été éveillé par les mêmes douleurs qui le reprenaient, avait cessé ses effets. Poli et ne souhaitant pas alerter les deux femmes qui l'entouraient, il avait subi silencieusement, maintenant ainsi l'illusion qu'il entretenait. Un instant il avait craint d'être démasqué lorsqu'il s'était mis à trembler légèrement. Mais reprenant le contrôle de lui-même et refoulant les larmes dues à ce qu'il ressentait, il avait adressé un clin d'oeil rassurant à sa mère et à son amie avant de retomber dans cet état second.
Ce n'est que lorsqu'Angélique avait pressé sa main qu'il était revenu à la réalité, se rendant compte que la commémoration était déjà bien avancée, Harry Potter étant monté sur l'estrade. Jetant un regard en direction de la Serpentard, l'expression affichée par celle-ci l'attrista.

- " Angel, ... "

La jeune femme tourna la tête dans sa direction et alors qu'il s'apprêtait à lui demander si tout allait bien, la pensée qu'un tel comportement ne ferait que la gêner lui vint à l'esprit. Aussi se ravisant se contenta-t-il d'ajouter : " Tu sais que je suis là au besoin." .

A peine avait-il terminé que son amie se leva, se dirigeant vers les grilles du parc. Dorian interrogea du regard les parents de celle-ci qui l'informèrent que leur fille participait à la mise en place de la nouvelle stèle.
Se souvenant que lui aussi avait promis de participer à cet événement, Dorian s'excusa poliment auprès de Monsieur et Madame Davidson ainsi qu'auprès de sa mère avant de se lever.
Avant de rejoindre les autres élèves déjà réunis près de l'entrée du parc, le jeune homme remonta en direction du château espérant ne croiser aucun professeur et n'être vu de personne. Les élancements qu'il ressentait devenaient insupportable et il n'était pas certain de pouvoir les supporter alors qu'il se devrait d'utiliser sa baguette. En espérant qu'il puisse et sache l'utiliser ...
Faisant un détour par son dortoir, il but d'une traite l'une des potions qu'il avait soigneusement cachée et protégée en dessus du lit qu'il occupait au sein du dortoir de sa maison.

Lorsqu'il atteignit les barrières, Angélique et Swann discutaient ensemble tandis que Natasha, une de ses condisciples d'un an sa cadette et meilleure amie en date de cette dernière, se tenait en retrait.
Ne souhaitant pas déranger sa meilleure amie qui se trouvait en grande discussion mais ne voulant pas non plus paraitre impoli, Dorian salua l'ensemble des personnes présentes.

Tandis que Swann observait la foule de loin, elle vit Angélique Davidson se lever, suivit de près par son ami Dorian. Si la Serpentard prit immédiatement la direction des grilles, le Serdaigle rejoignit le château dans lequel il disparut. Son père était un Mangemort et la cérémonie de commémoration était peut-être difficile à vivre pour lui. Dorian avait toujours parut plus sensible qu’Henry aux yeux de Swann et le jeune homme avait peut-être besoin d’un moment d’intimité pour se recueillir.

Swann observait toujours l’entrée de l’école où Butler venait de disparaitre quant Angélique l’aborda en murmurant.

« Hé… Comment te sens-tu ? C’est toujours dur, les journées comme ça… ».

« Ca va, merci," répondit Swann avec un sourire bien que ce ne soit pas vraiment le cas. Elle n’était pas spécialement triste ou émue, non, elle avait simplement le trac. Dans quelques minutes, elle serait au centre de l’attention et aucun faux-pas ne lui serait permis. La préfète expira profondément pour se calmer tandis qu’Angélique s’approchait d’elle en ajustant sa tenue.
Swann laissa échapper un petit rire en se rendant compte qu’elles avaient eu la même idée : Revêtir des accessoires aux couleurs de leur maison. La préfète glissa ses cheveux derrière ses oreilles pour dévoiler de minuscules boucles en forme de serpent serties d’émeraudes.

« Serpentard jusque dans les moindres détails ! lança-t-elle à l’attention de sa condisciple en désignant d’un signe de tête le nœud vert ornant sa chevelure, Il faut croire que le discours d’Adamson nous a particulièrement bien conditionné… »

Leur directrice avait été très claire. Elles étaient les ambassadrices de leur maison et devaient montrer à quel point les verts et argents avaient bien évolué depuis la guerre. C’était un poids lourd à porter mais Swann savait qu’elle avait les épaules pour. Du moins elle l’espérait. Comme pour faire écho à l’appréhension de la préfète, Angélique poursuivit d’ailleurs la discussion :

« C’est légèrement stressant de représenter Serpentard ainsi. Il ne faut pas que nous ayons un seul geste déplacé. Étant sang-mêlée, tu te doutes bien que je n’en aurais aucun. Et j’ai totalement confiance en toi, alors je suppose que tout se passera pour le mieux… Espérons. »

« Il n’y pas de raison que ça se passe mal… Le sortilège de lévitation c’est du niveau première année après tout. » précisa-t-elle autant pour rassurer sa camarade que pour se tranquilliser elle-même.

Au même moment, Natasha fit son entrée et approcha dans leur direction. Avant le premier avril dernier, Swann serait probablement aller à l’encontre de son amie, mais, depuis l’anniversaire, les deux jeunes femmes ne s’étaient quasiment plus adressé la parole.

En effet, au lendemain de la fête, Swann était tellement dégoutée par le comportement de Natasha qu’elle lui avait expressément demandé de rentrer chez elle. Les deux jeunes filles avaient pourtant prévu de passer une partie des vacances ensemble mais la trahison de la Serdaigle avait eu raison de leur amitié. Swann ne voulait plus jamais entendre parler de Natasha Damian qui avait outrageusement dragué, sous son nez, le garçon qu’elle convoitait.

Bien sûr, bien qu’elle ne l’admettrait jamais, son ancienne amie lui manquait terriblement. La préfète avait presque l’impression d’être en deuil. Souvent, elle se demandait ce que Nat’ penserait de ceci ou de cela, avant de s’apercevoir qu’elle ne la solliciterait plus jamais pour quoi que ce soit.
Leurs conversations enflammées, leurs fou-rires, les ragots qu’elles inventaient, tout cela lui manquait, mais elle s’était fait une raison : Nat’ avait volontairement tiré un trait sur leur amitié au profit d’Aaron Finnigan. Très bien. C’était son choix. Les deux Serdaigle n’avaient qu’à roucouler ensemble, cela ne lui faisait ni chaud, ni froid… Enfin, presque.
En tout cas, ce qu’il y avait de sûr, c’est que demain Natasha fêterait sa majorité et que pour la première fois depuis neuf ans, Swann ne serait pas avec elle "pour jouer dans le grenier "*.

A l’évocation de ce souvenir, le regard de la préfète se voila et elle se concentra sur Butler qui traversait le parc du château pour les rejoindre.

« Tiens, ton ami Dorian arrive. lança Swann à l’attention d’Angélique pour alimenter la conversation, Oh, par Merlin ! s’exclama-t-elle soudainement en se souvenant d’une information capitale (qu’elle aurait tant voulu partager en primauté avec Natasha), tu sais que c’est Lorgan qui représente Poufsouffle ? Pourvu qu’elle se conduise plus dignement qu’à mon anniversaire… »



[Hors Jeu]* Pour comprendre pleinement la référence, je vous invite à lire Grande Fille de Julia sur HPF ! [Hors Jeu]

Si Kelsey s'était portée volontaire pour représenter Poufsouffle aujourd'hui ce n'était ni par excès de bonté d'âme ni par fierté de sa maison mais simplement pour avoir quelque chose à faire. Tous les ans sa mère passait la journée à discuter avec des clients et la jeune fille s'ennuyait à mourrir, ne sachant pas quoi faire en ce jour où elle ne se sentait pas à sa place. Et elle en avait assez d'avoir l'air d'une cruche, à attendre dans un coin les bras croisés que la céremonie se termine. Au moins aujourd'hui elle serait occupée, et puis elle aimait être le centre de l'attention, c'était donc un rôle parfait pour elle. Le Professeur Mason avait parut surprise de la demande de Kelsey, qui n'était pas très investie dans la vie de l'école malgrés ses nombreuses relations, mais avait finalement acceptée. La demoiselle avait passé la matinée à chercher une tenue "correcte et adaptée aux circonstances" pour citer les dires de ses professeurs. Et elle avait du vite se rendre à l'évidence que sa garde robe ne comportait rien de vraiment adapté aux circonstances, et encore moins de correcte. Qui portait des jupes longues sous le genoux de nos jours ? Voyant l'heure tournée, elle avait du emprunter à la hâte des vêtements à sa caramarde de dortoir, Katy Scott. Elle se retrouvait donc avec une jupe et une veste e tweed gris digne d'une femme de cinquante ans, et une paire de collant noirs qui grattaient affreusement. Néamoins, elle avait sauvé l'ensemble en se perchant sur d'escarpins noirs qui la mettaient plus à son avantage.

Une fois descendue dans le parc, elle eut tout juste le temps d'étreindre sa mère avant que celle-ci ne parte discuter affaire avec d'autres commerçants du chemin de traverse. Kelsey l'aurait bien suivit mais changea d'avis en la voyant se diriger vers Sheba Twilfit, Swann trainait probablement près de sa mère et les deux jeunes filles n'avaient jamais été en très bon terme. Elle s'éloigna donc et s'installa sur une chaise pour attendre que le discours commence. Elle écouta à peine le ministre, accorda un peu plus d'attention à Harry Potter qui présenta son fils au monde sorcier comme si ça intéressait quelqu'un. Elle se redressa cependant en l'entendant parler de la mise en place de la nouvelle stèle et fut soudainement prise d'un doute. Elle papla les poches de sa jupe, les fouilla, mais n'y trouva pas sa baguette. Elle soupira en se rappellant l'avoir laissée dans la dernière robe qu'elle avait essayé, et qu'elle avait du abandonner car elle était trop courte. Déjà tout le monde se levait pour se diriger vers l'entrée du parc. Si elle se souvenait bien des explications du professeur Mason c'est à ce moment là que les huits élèves représentants l'école devraient amener la stèle jusqu'au centre du parc. Seulement il allait être difficile de lancer un sortilège de lévitation sans baguette, et elle n'avait pas le temps de courrir jusqu'à son dortoir, encore moins avec des talons hauts.

Elle regarda autours d'elle à le recherche d'un élève de l'école qui pourrait lui prêter sa baguette et ses yeux s'arrêterent sur Léa Blackbonds, ou était-ce Elisa Blackbones ? De toute façon, quelque soit le nom de la rouquine, Kelsey était sure de l'avoir croisé à plusieurs reprises dans les couloirs, elle l'attrappa par le poignet.

"Eh, est-ce que tu peux me prêter ta baguette s'il-te-plait ?"

Maintenant elle n'avait plus qu'à esperer que la jeune fille avait sa baguette avec elle, et qu'elle accepterait de la lui prêter, même si ce n'était sans doute pas un refus qui arrêterait Kelsey. Elle était plus grande et plus âgée, elle pouvait toujours la lui prendre de force.