-39%
Le deal à ne pas rater :
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON AVR-X2800H, Enceinte ...
1190 € 1950 €
Voir le deal

Give your heart a break [Avalon & Roy]

Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2890
Profil Académie Waverly
Give your heart a break [Avalon & Roy] Icon_minitimeVen 27 Nov 2020 - 20:20
20 avril 2011, fin de soirée

Cette scène où Roy s’allongeait sur son lit, dans le silence de sa chambre plongée dans l’obscurité, le regard fixé sur le plafond, suspendu à ses pensées, devenait récurrente. Il n’avait jamais passé autant de temps à effectuer sa propre introspection, un exercice qu’il n’était, par nature, pas très enclin à faire. Mais les derniers événements de sa vie ne lui laissaient pas vraiment le choix, parce qu’il devait prendre des décisions très personnelles et difficiles, lourdes de conséquences qu’il tentait encore de clarifier.

Le tableau se précisait peu à peu. Cette discussion qu’il venait d’avoir avec Jayce, profondément éprouvante, mais terriblement nécessaire, lui avait fait l’effet d’un véritable orage : une bourrasque de souvenirs douloureux, une cacophonie d’émotions brutales, laissant derrière son passage un ciel plus clair. Vidé de son énergie, bouleversé, Roy avait quitté l’étreinte fraternelle et réconfortante de son meilleur ami pour retrouver un peu de clarté dans ses idées, dans cette solitude méditative qui s’invitait de plus en plus dans son quotidien. Peu à peu, les fantômes hideux de son passé se dissipaient dans son esprit, laissant apparaître les contours d’un visage bien plus lumineux qu’une part grandissante de lui mourait d’envie de considérer comme son avenir.

Sa main saisit à plusieurs reprises son Pear One, ses yeux s’attachèrent à ce nom qui lui manquait déjà, remontant le fil de leurs conversations dont la douceur lui manquait tout autant. Sa fébrilité, sa colère, son désespoir de tout à l’heure avaient laissé place chez Roy en se dissipant à un certain hébétement, comme s’il reprenait conscience de lui-même et de tout ce sur quoi il avait posé un voile, pour s’éviter cette introspection qui s’imposait à lui depuis des mois. Le premier message qu’il envoya fut un aveu spontané d’excuses qu’il lui semblait devoir et qu’il n’avait plus envie de retenir.

Pendant quelques minutes, Roy fixa à nouveau le plafond, son Pear One posé sur son torse, le coeur plein d’une nervosité qui frôlait l’excitation, face à ces sentiments qui le rendaient fébrile et toutes ces choses qu’il souhaitait dire sans savoir comment les mettre en forme. Puis brusquement, une résolution qui lui ressemblait bien s’empara de lui, écartant d’un geste tous ces doutes qui lui obscurcissaient l’esprit depuis bien trop longtemps. A nouveau, l’écran de son appareil éclaira son visage plongé dans l’obscurité, tandis que ses doigts pianotaient avec une honnêteté libératrice.

Give your heart a break [Avalon & Roy] Iphone41
Give your heart a break [Avalon & Roy] Iphone42


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
Messages : 692
Profil Académie Waverly
Give your heart a break [Avalon & Roy] Icon_minitimeVen 27 Nov 2020 - 22:36
Le calme de l’appartement tranchait drastiquement avec les pensées agitées d’Avalon, qui s’exprimaient sous les esquisses qu’elle faisait naître de son crayon. Les yeux posés sur ce carnet blanc qui se noircissait lorsqu’elle repassait ses traits, Avalon avait cet air concentré qu’on voyait peu sur son visage lorsqu’elle était à l’extérieur du ministère.

Elle était rentrée une heure plus tôt chez elle, après une longue conversation avec Jayce qui avait réussi à soulever chez elle des réflexions qui ne quittaient pas son esprit, et à mettre en lumière des pensées pourtant déjà évidentes. Elle avait fait réchauffer son dîner, avait mangé devant une série aux rires pré-enregistrés qui avaient occupé le silence quelques instants, et s’était glissée sous une douche brûlante de laquelle elle était sortie plus apaisée. Un peu instinctivement, pour s’occuper les mains, elle s’était mise à dessiner. Ses pensées, en revanche, avaient dû mal à se focaliser sur ce qu’elle était en train de faire, toutes fixées qu’elles étaient sur les récents évènements qu’elle s’efforçait de trier.

L’élément le plus important de sa réflexion, celui qui revenait sans cesse à son esprit et à son cœur, était que la teneur de ses sentiments pour Roy était bien plus profonde qu’elle ne l’avait imaginé – cette brusque rupture dans leur relation, ce fossé qui s’était brutalement creusé entre eux n’en n’était que la preuve la plus parfaite. Ce qu’elle avait longtemps qualifié de désir s’était mué en un sentiment amoureux tenace qu’elle avait laissé se développer avec émerveillement sur le même canapé que celui sur lequel elle était installée. Dire qu’elle était surprise de ces sentiments aurait été un mensonge et, si elle avait été honnête avec elle-même, Avalon aurait pu avouer depuis longtemps que la façon dont ils se comportaient l’un envers l’autre ne pouvait mener qu’à un tel destin. Depuis le jour où, enlacés, ils s’étaient promis de garder une certaine distance dans leur relation, ils n’avaient jamais été aussi proches. Jamais Avalon ne s’était autant ouverte à un homme, et ne s’était montrée aussi sincère et vulnérable qu’elle l’avait été dans ses rapports avec Roy. Elle avait trouvé, chez lui, un soutien curieusement indéfectible et une compréhension totale qui lui avait donné cet avant-goût étonnant d’évidence.

Et c’était sûrement pour cela que l’annonce de la paternité de Roy avait été une chute si brusque qui avait occasionné une pareille déception et, ainsi, une réaction de colère. Parce qu’elle s’était sentie tant en phase avec lui pendant ces quelques jours particulièrement forts qu’ils avaient partagés, ce sentiment d’avoir été utilisée par Roy pour lui permettre de sortir d’une situation particulièrement douloureuse et angoissante avait été une blessure vive à la fois dans cette fierté qui l’habitait, et dans cet amour naissant qu’elle lui portait.

Malgré tout, si ce dernier avait été largement questionné par les dernières révélations de la journée, il semblait à Avalon qu’il était toujours aussi intact que lorsqu’elle s’était rendue dans le bureau de son ami en début d’après-midi. Il s’agissait d’un sentiment qui, de toute façon, était difficile à étouffer tant il lui paraissait brûlant de véracité. Il y avait, autour de lui, nombreux éléments qui tentaient de lui faire de l’ombre, sans y parvenir totalement car, et c’était ce qui avait le plus marqué Avalon au cours de cette journée, cette dispute qui l’avait opposé à Roy avait davantage créé un sentiment de manque qu’une véritable colère, et c’était finalement ce qu’il lui restait ce soir, dans le silence de ses pensées et le bruit de ses émotions.

Un sentiment de manque, et un besoin irrépressible de dire ce qu’elle avait ignoré, avait exprimé dans ses gestes et ses sourires puis avait tu et retenu, avant de le laisser apparaître dans ses mots, dans ses étreintes. Un besoin irrépressible de dire, d’alléger son cœur, de reconnaître finalement ce qu’elle avait passé tant de temps à cacher à Roy et à se cacher à elle-même.

Ce fut sur cette pensée que son Pear vibra contre sa table en verre. Avalon releva la tête, tourna un regard vers son téléphone. Le nom de Roy, qui s’affichait à l’écran, lui fit froncer les sourcils. Elle saisit l’appareil dans les mains, le déverrouilla d’un geste.

Le premier message qui s’afficha fit rater un battement à son cœur. Le second, en revanche, lui fit l’effet d’une immense chaleur qui s’empara d’elle, soulagea ses doutes, confirma ses hypothèses, apaisa ses tensions. Avalon sentit poindre un sourire sur son visage, qui rayonnait un peu malgré elle et malgré toutes les questions qui étaient soulevées par le message de Roy. Il se passait quelque chose entre eux, quelque chose d’important ; son ami lui-même le reconnaissait enfin, après ces semaines où ils avaient tu cette évidence. Mais cela ne disait absolument pas ce qu’ils étaient capables, l’un et l’autre, d’en faire. Avalon avait bien conscience de ce paradoxe, comme de ce pas qu’il fallait franchir dans une relation qui avait été à la fois très intense et très lente. Et, si Avalon n’avait pas réussi à faire ce pas jusqu’ici – alors qu’elle avait pris conscience de ses sentiments – ce n’était pas pour rien. Elle s’était toujours sentie plus ou moins entravée par des chaînes invisibles dans lesquelles elle s’empêtrait depuis trop longtemps ; ce soir, elle avait désespérément envie d’y mettre fin. Elle avait désespérément besoin d’en parler car, même si elle ne savait pas exactement ce qui pourrait finir par ressortir de cette conversation, elle se sentirait enfin profondément honnête avec elle-même, et en accord avec ce que son cœur lui réclamait depuis un moment maintenant.

Give your heart a break [Avalon & Roy] Iphone57



Avalon Calder

It's your love that's weighted in gold

KoalaVolant
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2890
Profil Académie Waverly
Give your heart a break [Avalon & Roy] Icon_minitimeSam 28 Nov 2020 - 10:02
Avoir pleinement laissé parler son coeur emplissait Roy d’un déstabilisant sentiment d’ivresse mêlé d’impatience. Cette sincérité dont il venait de faire preuve en écrivant ce message le surprenait lui-même car il ne pensait pas oser dire toutes ces choses à Avalon et désormais il les contemplait sur son écran, avec l’inquiétude et la fébrilité d’un homme amoureux qui attendait une réaction de la part de la femme de ses pensées. C’était étrange, perturbant, mais surtout terriblement exaltant d’accepter enfin ces sentiments qu’il ressentait pour son amie et qu’il voyait désormais tels qu’ils étaient : un amour naissant, qui lui picotait le coeur et échauffait son ventre. Parce qu’il ne l’avait pas vu venir et qu’il l’avait laissé gagner du terrain malgré lui, à force de déni, Roy découvrait désormais cet amour en lui, déjà grand, déjà important, déjà bien accroché.

Assis en tailleur sur son matelas, il était suspendu à une réponse qui vint plus vite qu’il ne pensait, comme si, de son côté, Avalon n’avait attendu qu’un signe de sa part. Son premier message apaisa son coeur tourmenté à l’idée de se fâcher durablement contre son amie, il se réconforta de ces excuses partagées qui signaient la fin de leur altercation. Les messages suivants lui tirèrent un frisson et un sourire qui faisait écho, sans le savoir, à celui de la femme qu’il avait au bout du fil. Cette réciprocité affirmée de leurs sentiments, de leur déroute, le soulagea et l’emplit de cet espoir caractéristique des premiers émois amoureux. Il grava en particulier dans son coeur, à côté d’autres jolies phrases qu’elle lui avait dites ces derniers jours, cet aveu équivoque : « ça ne me quitte pas et ça devient encore plus fort ».

Face à cette invitation qu’Avalon faisait dans son dernier message, Roy n’hésita pas une seule seconde. Il avait lui aussi, désespérément besoin de la voir et terriblement envie de lui parler de vive voix. Cette conversation qu’ils commençaient à avoir devait se tenir en face à face, maintenant qu’ils avaient cessé de se cacher derrière des messages interposés tendres et troubles. Il ne répondit qu’un simple « J’arrive » à Avalon, désireux de lui faire part de vive voix de ses réactions, et il ne traîna pas, poussé par ces impatientes ailes de l’amour. Une dizaine de minutes plus tard, il avait transplané devant cet appartement qu’il avait visité quelques fois, mais jamais avec un but aussi clair.

La porte s’ouvrit enfin sur Avalon, plus lumineuse que jamais aux yeux de Roy qui eut l’impression de redécouvrir ses grands yeux, son sourire, sa silhouette dans l’un de ces débardeurs amples qu’elle portait si souvent. Il en perdit ses mots et se laissa porter d’un élan instinctif vers elle, pour l’attirer contre lui, sans rien dire. Ce n’était pas la première fois qu’il la prenait dans ses bras pour la saluer -ils avaient même eu tendance à le faire systématiquement ces derniers jours qui avaient vu leur proximité grandir- mais cette fois, cette étreinte fut sensiblement plus longue et teintée d’autre chose qu’ils comprenaient tous les deux, un mélange d’excuses, de soulagement, de tendresse à la fois. La joue posée contre les cheveux doux d’Avalon, Roy souffla à son oreille, avec un sourire :

« C’est quand même bien mieux de se parler comme ça. »


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
Messages : 692
Profil Académie Waverly
Give your heart a break [Avalon & Roy] Icon_minitimeSam 28 Nov 2020 - 12:42
Avalon sentit un sourire étirer ses lèvres lorsque Roy accepta immédiatement sa proposition à venir chez elle, à peine une minute après la série de messages qu’elle lui avait envoyée. Elle laissa son téléphone sur son canapé, et se releva pour troquer son pyjama contre une tenue un peu plus conventionnelle, le cœur agité de sentiments qui ne demandaient qu’à être exprimés. Avalon sentait un mélange d’impatience et de nervosité la saisir à cette perspective, qui s’accentua encore un peu lorsque quelques coups retentirent contre le bois de sa porte d’entrée. La jeune femme s’avança et tira la poignée vers elle.

Ses yeux trouvèrent immédiatement ceux de Roy alors qu’un sourire naissait sur son visage. Pendant ces quelques secondes silencieuses qui s’écoulèrent, Avalon eut le temps de détailler les traits de son ami, bien plus détendus que lorsqu’elle l’avait quitté un peu plus tôt dans la journée. Sa peau halée et ses yeux sombres, ses cheveux bruns et ses lèvres pleines, l’éclat de son regard et de son sourire, tous ces éléments et bien d’autres encore la saisirent avec force et entrainèrent un élan en avant qui rencontra celui, similaire, de Roy. Les bras d’Avalon se refermèrent le dos de son ami, sans se départir du sourire qui ne voulait pas quitter ses lèvres.

Cette étreinte avait une saveur toute particulière : celle de l’honnêteté des sentiments reconnus et partagés. Elle dura encore plus longtemps que celles qui avaient ponctué leur relation récemment. De nature très tactile, Avalon avait de toute façon tendance à aller vers les autres. Elle devait cependant reconnaître que la fréquence des étreintes qu’elle partageait avec Roy dépassait largement le cadre de la simple amitié. Se débarrasser finalement de cette excuse derrière laquelle ils s’étaient cachés pendant un temps trop long avait un effet libérateur sur Avalon, qui souffla un rire amusé au commentaire de Roy.

« Je suis bien d’accord. » admit-elle en se blottissant un peu plus contre lui, enveloppée d’une chaleur délicieuse qui était difficile à quitter.

Elle finit par s’y résigner en se détachant de Roy pour croiser son regard. Elle lui sourit une seconde, avant de refermer la porte d’entrée derrière lui. Il lui semblait que les battements de son cœur résonnaient dans l’intégralité de son salon et que le silence n’était que factice. Adossée contre le bar qui séparait la pièce de la cuisine, Avalon observait Roy, troublée du regard qu’il posait sur elle en retour. Ses pensées en devenaient difficilement cohérentes, tant et si bien qu’il lui fallut quelques secondes pour les ordonner. Elle le reconnut avec un rire qui resta accroché à son visage :

« Je sais pas par où commencer. »

Tout ce qu’elle avait refoulé pendant plusieurs semaines lui revenait avec force, de même que les questionnements qui ne l’avaient jamais quitté et qu’elle mourrait de partager pour s’en soulager et pour, elle le souhaitait de tout cœur, y trouver des réponses. Son regard ne s’était pas détaché de celui de Roy lorsqu’elle débuta, franche et sincère :

« Evidemment, qu’on s’est mentis quand on s’est dit qu’on resterait amis. On s’est mentis quand tu es resté dormir ici, quand on se voyait tous les soirs, et à chaque fois qu’on s’envoyait l’équivalent de douze romans par jour. » fit-elle avec un sourire amusé. « Et je sais qu’il y a beaucoup de choses autour de nous, surtout en ce moment, dont il faut absolument qu’on discute mais… » Avalon hésita un instant, avant de lâcher, le cœur battant : « Mais là, je peux plus te mentir, et à vrai dire, j’en ai aussi marre de me mentir à moi-même. Ce que je ressens pour toi, c’est plus quelque chose que je peux cacher. J’y arrive plus du tout, et j’en ai surtout plus du tout envie. » reconnut-elle. « La vérité, Roy, c’est que ça fait plusieurs semaines que je suis tombée amoureuse de toi, que je trouve ça terrifiant mais que ça faisait longtemps que j’avais pas été aussi heureuse auprès de quelqu’un. »  


Avalon Calder

It's your love that's weighted in gold

KoalaVolant
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2890
Profil Académie Waverly
Give your heart a break [Avalon & Roy] Icon_minitimeSam 28 Nov 2020 - 20:03
The day I first met you
You told me you never fall in love

Roy avait déjà perçu dans ses rapports les plus récents avec Avalon une connexion toute particulière, mais cette fois-ci, elle lui apparut avec tellement d’évidence dans leur étreinte qu’il se demanda comment il avait pu ne pas l’accepter plus tôt. Il s’était rarement senti autant à sa place et il percevait chez elle une sérénité identique dans la manière dont elle s’abandonnait dans ses bras. Ce sentiment avait quelque chose d’étrange, d’étonnant quand il se rappelait que cette femme qu’il tenait contre lui était une amie présente dans son entourage depuis des années. Les récents événements de leur vie lui avait révélé une Avalon qu’il n’avait jamais vue et qui lui avait fortement plu à un moment où il pensait son coeur fermé à de nouveaux émois. Malgré lui, elle avait trouvé de quoi s’y frayer un passage, par ses sourires rayonnants, sa personnalité lumineuse.

But now that I get you
I know fear is what it really was

Ils finirent par se séparer doucement, en échangeant un long regard conscient de tout ce qu’ils ne disaient pas. Roy se sentait toujours aussi fébrile, peut-être même plus que lorsqu’il était encore chez lui, face à cette conversation qu’ils s’apprêtaient à avoir. Mais il se rendit compte que cette fébrilité n’était pas tant de l’appréhension qu’une forme d’excitation, car son coeur tout entier réclamait de pouvoir enfin se libérer de tout ce qu’il avait caché pendant trop longtemps. Sans doute, cette impatience et cette ferveur se lisaient dans le regard qu’il posait sur Avalon, tandis qu’il cherchait des mots qu’elle fut finalement la première à poser. Debout, face à elle, au milieu de son salon, il la laissa parler avec cette honnêteté qui faisait partie de ces choses chez elle dont il était tombé amoureux, sans toutefois s’attendre une seconde à tout ce qu’elle allait lui dire et à quel point ses mots entreraient parfaitement en écho avec tout ce qu'il souhaitait lui dire.

Son coeur, qui avait raté un battement en l’entendant évoquer toutes ces choses complexes et effrayantes dont ils devaient discuter, en manqua environ trois autres à la fin de ce discours qu’elle couronna ni plus ni moins d’une véritable déclaration d’amour. Cette sincérité l’auréola aux yeux de Roy d’un courage qu’il connaissait déjà chez elle mais qui ne l’avait jamais séduit aussi fort. A quoi bon maintenir des faux-semblants et se laisser dominer par la peur face à cette femme qui n’avait aucune crainte à dire ce qu’elle voulait et tous les honneurs à ne plus vouloir se mentir à elle-même ? A son tour, Roy confirma cette volonté qu’il avait d’en faire de même et qui l’avait exactement poussé à lui envoyer ses derniers messages et à venir ici. Quoiqu’il dise, de toute manière, l’éclat de son regard sur elle et son sourire qui s’était glissé sur ses lèvres le trahissait et ses pas le portaient déjà vers Avalon, comblé de voir qu'ils ressentaient exactement la même chose.  

Now here we are, so close
Yet so far
How did I pass the test ?


Il arriva à sa hauteur, sa main se glissa contre l’angle de sa mâchoire, son pouce sur la courbure de sa joue, dans un geste tendre, dénué de toute prétention amicale. Il était si proche d’elle qu’aucun doute n’était plus permis et ses paroles libérèrent enfin ce qu’il n’osait pas lui dire depuis trop longtemps :

« Tu vois, c’est exactement parce que tu peux dire ce genre de choses sans ciller que je t’aime. »

Et enfin, ses lèvres effleurèrent les siennes sur ces derniers mots, puis les touchèrent tout à fait.

Roy avait souvent imaginé ce baiser, dès les premiers instants où il avait senti une attirance irrépressible le porter vers Avalon. A plusieurs reprises, même, où leurs visages se trouvaient très proches, il avait failli aller au bout de ce geste. Il avait visualisé ce moment investi d’une passion qui leur ressemblait à tous les deux, d’une ferveur alimentée du désir qu’Avalon éveillait chez lui. Il fut surpris, ravi de constater comme ce premier baiser s’éloignait de ce fantasme pour trouver une réalité beaucoup plus douce, beaucoup plus lente et attentive, dont il était moins familier. Ce contact fut à l’image de cette progressive, patiente marche vers cet amour naissant pour son amie qui avait ponctué leurs derniers mois. Roy découvrit, avec ce même émerveillement qui avait teinté leur proximité grandissante, le goût des lèvres d’Avalon, les détails de son visage sous ses doigts, la chaleur de son corps contre le sien. Avec la même patience, il apprivoisa ces émotions nouvelles qui chatouillaient ses sens et apaisaient son coeur meurtri d’anciennes désillusions et de présentes inquiétudes. Pris d’un élan de bonheur, il fit glisser ses mains autour de sa taille pour la rapprocher de lui et affirmer ce contact encore plus plaisant qu’il n’avait pu l’imaginer.

Plus rien ne lui paraissait effrayant maintenant qu’il découvrait le réconfort de son étreinte.


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
Messages : 692
Profil Académie Waverly
Give your heart a break [Avalon & Roy] Icon_minitimeSam 28 Nov 2020 - 23:24
On ne connaissait pas Avalon timide, on ne la connaissait pas plus hésitante. L’attitude qu’elle avait adopté auprès de Roy, ces derniers mois, ne lui ressemblait, de fait, pas beaucoup et la jeune femme en prit conscience au moment où, enfin, une déclaration emplie d’honnêteté franchit pour la première fois la barrière de ses lèvres, soulageant son cœur du poids du silence qu’elle s’était trop longtemps imposé. Et, si Avalon put exprimer à Roy ses sentiments sans difficulté ni hésitation, c’était parce que ces derniers étaient déjà largement ancrés en elle. Ils avaient émergé lors de leurs longues discussions et s’étaient renforcés au fur et à mesure de leurs étreintes plus tout à fait innocentes et de leurs messages emprunts d’une tendresse qui ne disait pas son nom. Ce soir, Avalon osait la nommer, la reconnaître, lui donner corps en dehors de son cœur.

« Je suis tombée amoureuse de toi » disait-elle avec un sourire qui éclairait son visage. Et l’expression était parfaitement à l’image de ce qu’Avalon avait ressenti ; une brusque découverte d’un homme qui faisait partie de son entourage depuis plusieurs années. Une révélation qui l’avait laissée abasourdie, stupéfaite et, très rapidement, conquise. Elle non plus de savait pas pourquoi ce sentiment ne la saisissait que maintenant alors qu’il apparaissait comme particulièrement profond. La logique aurait peut-être voulu qu’il survienne plus tôt, alors qu’ils n’avaient pas encore vingt-cinq ans et qu’ils étaient bien plus insouciants. Avalon, qui n’était pas une femme de regrets, ne s’attarda pas sur ces pensées qui appartenaient au passé.

Le sourire de Roy et l’éclat de ses yeux l’appelaient dans le présent.

Elle s’y glissa avec plaisir, lui sourit en retour alors qu’il s’avançait vers elle. Le cœur d’Avalon rata un battement alors que sa paume entrait en contact avec sa joue. Elle eut l’impression qu’il s’arrêta purement et simplement de battre à la phrase que Roy prononça et qui se grava en elle en libérant une chaleur exquise dont elle se laissa envahir sans mal.

When will you realize
Baby I'm not like the rest

Et ce fut lorsqu’enfin ce sentiment si fort et déjà si ancré en eux put occuper tout l’espace nécessaire, que leurs corps se trouvèrent et que leurs lèvres se rencontrèrent. Les premiers baisers, Avalon les avait souvent connus enfiévrés, parfois même enivrés. Elle n’avait jamais attendu aussi longtemps pour en partager un ; d’ailleurs, il lui semblait bien qu’elle n’avait jamais expérimenté de tels sentiments avant un quelconque rapprochement physique. Très entière et très passionnée dans ses relations, Avalon se laissait souvent submerger par l’attirance qu’elle pouvait ressentir rapidement et qui, la plupart du temps, n’évoluait jamais en une émotion plus profonde et plus sincère. C’était justement ce vide, ce néant qui suivait ses étreintes dépourvues de sens qui blessait, depuis plusieurs années, son cœur déjà fragilisé de déceptions amoureuses.

Or, alors que ses lèvres caressaient doucement celles de Roy, Avalon s’aperçut qu’elle n’avait jamais connu une étreinte qui faisait tant sens pour elle, et encore moins aussi tôt dans une relation qui semblait curieusement récente, et déjà très ancienne.

Ce fut donc en pleine conscience de ce sens particulièrement fort qu’elle accordait à ce baiser, qu’Avalon prit le temps de découvrir Roy. Elle le trouva attentif dans sa douceur, amoureux dans ses mains qu’il glissa sur sa taille, sincère dans cette première étreinte qu’ils s’offraient, ému dans cette découverte évidente qu’ils faisaient ensemble. Ils s’aimaient. Ils s’aimaient peut-être encore plus fort qu’ils l’avaient envisagé, d’une manière peut-être encore plus intense, et encore plus catégorique. Avalon fit glisser ses doigts d’abord sur le visage de Roy qu’elle caressa délicatement, puis jusqu’à nuque avant de les perdre dans ses cheveux sombres. Et, au creux de ses bras, Avalon sentit tous ses doutes s’évanouir brusquement. Ils devinrent minimes, presque ridicules, brutalement insignifiants. Difficile de prendre peur dans une étreinte aussi évidente, difficile de fuir face à un amour tant partagé, difficile de craindre un sentiment si doux, si apaisant, si heureux.

Don't wanna break your heart
Wanna give your heart a break

Avalon finit par se détacher légèrement de son ami, suffisamment pour accrocher son regard du sien. Elle fit glisser sa main contre sa joue, garda le silence un court instant.

« Moi aussi, je t’aime. » finit-elle par murmurer en sentant poindre un sourire sur ses lèvres, qui embrassèrent celles de Roy avec douceur, comme pour imprimer ce mot d’amour en lui.

D’abord doux, ce deuxième baiser devint plus brûlant, plus audacieux aussi alors que leurs corps se cherchaient sans relâche, ravis de décharger l’un et l’autre un désir cultivé depuis plusieurs mois qui n’avait jamais trouvé satisfaction. Ce fut dans un besoin plus intense de proximité que cette étreinte se prolongea encore et encore, alors que les mains d’Avalon découvraient au fur et à mesure le corps de Roy. La musculature de son dos et de ses épaules, la courbe de sa mâchoire et la douceur de ses cheveux, le grain de sa peau sous ses doigts avides de la rencontrer. Finalement, le cœur cognant contre sa poitrine, Avalon finit par s’écarter de Roy pour poser son front contre le sien. Elle souffla, les yeux fermés, alors qu’un sourire lui dévorait le visage :

« On ne dirait pas, mais ça fait aussi partie des mille choses que j’avais à te dire. »


I know your scared it's wrong
Like you might make a mistake




Avalon Calder

It's your love that's weighted in gold

KoalaVolant
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2890
Profil Académie Waverly
Give your heart a break [Avalon & Roy] Icon_minitimeDim 29 Nov 2020 - 12:38
Dans les bras d’Avalon, Roy prenait la mesure de tout ce temps qu’ils avaient pris à se retrouver, avec un léger sentiment de frustration face au fait qu’il ait été si long et en même temps, la certitude que c’était ce qui leur permettait de s’apprivoiser avec cette douceur exquise. Ce temps qu’ils avaient pris avait développé et ancré en eux des sentiments de plus en plus forts, jusqu’à devenir un véritable amour dont ils prenaient pleinement conscience dans cette étreinte. Roy aimait ces lèvres qu’il caressait des siennes, ces cheveux qu’il explorait de ces mains, cette odeur sucrée qu’elle dégageait, il aimait cette femme qu’il connaissait depuis si longtemps et qu’il découvrait d’un tout nouveau regard.

Ce changement le bouleversait, il se sentait troublé en prenant conscience que les choses ne s’étaient jamais déroulées dans ce sens-là pour lui, qu’il n’avait jamais partagé un premier baiser avec une femme avec qui il était déjà ami et amoureux à la fois. Mais quelque part, c’était exactement ce qui rendait cet instant aussi merveilleux et aussi lourd de sens. Avalon était déjà importante, leur relation dépassait déjà amplement la question d’un désir charnel à satisfaire, et c’était précisément ce qui faisait toute l’intensité de leur étreinte. C’était, en vérité, ce que Roy recherchait désespérément ces derniers mois, après des moments passés avec des amantes qui le laissaient frustré et insatisfait : un sens profond, une connexion intime et particulière, un apaisement de son coeur en manque d’amour.

Il trouvait tout cela auprès d’Avalon, il le trouvait dans leur étreinte et dans ces mots si précieux qu’elle murmura en attrapant son regard. Ce fut le moment où il réalisa pleinement qu’il avait prononcé ces mêmes paroles, quelques instants plus tôt. Il l’aimait aussi, il le lui avait dit si naturellement qu’il n’avait même pas mesuré que ces mots, qu’il disait habituellement si tardivement, à l’oreille de quelques femmes élues, venaient de lui échapper. Encore une fois, il semblait qu’avec elle, il ne faisait rien dans l’ordre habituel. Son sourire heureux se fondit dans celui d’Avalon alors qu’ils se rapprochaient à nouveau, pleins d’une ardeur nouvelle.


There's just one life to live
And there's no time to wait, to waste


Cette fois-ci, leurs baisers se teintèrent d’un empressement et d’un désir qui les saisissaient tout entiers, après l’avoir trop longtemps contenu. Les mains d’Avalon sur son corps éveillèrent chez Roy une sensation de chaleur qu’il connaissait bien et qu’il put enfin accueillir sans peur, sans doutes. De la même manière, il poursuivit avec ses mains cette découverte d’elle, passant par ses bras, longeant la ligne de son dos et suivant la courbe de ses hanches qu’il rapprocha des siennes. Son coeur résonnait jusque dans sa tête bouleversée de pensées désordonnées et de sensations exquises quand ils se séparèrent pour reprendre leur souffle et que les mots d’Avalon lui tirèrent un petit rire. Tout conquis par elle, il répondit avec la même malice dans le regard :

« Eh bien, on peut continuer cette conversation, j’ai plein de choses de ce genre à te dire aussi. »


Il était venu en songeant qu’ils allaient devoir parler tout les deux, poser des mots sur ce qu’ils ressentaient, ce qu’ils craignaient, ce qu’ils souhaitaient. Maintenant, il lui semblait que toutes ces envies de proximité qu’ils avaient retenu prenaient le dessus et occupaient toute la place de leurs pensées, les poussant à communiquer autrement. Ainsi soit-il, songea Roy, en décidant enfin de se laisser totalement porter par ce moment avec Avalon et de taire la machine infernale de ses pensées qui l’avait trop longtemps tenu loin d’elle. Ce temps était révolu et c’était pour lui une libération délicieuse.


So let me give your heart a break
Give your heart a break


Cet abandon salvateur poussa à Roy à affirmer un contact qu’il désirait plus que tout avec elle. Très vite, leurs mains se cherchèrent et se trouvèrent dans la pénombre d’une chambre qu’il ne connaissait pas encore. Ici, les deux amoureux poursuivirent leur lente et douce découverte l’un de l’autre, emportés par la musique de leurs gémissements, des jolies paroles qu’ils se murmuraient, de leurs bassins qui se rencontraient. Et ce que Roy découvrit avec beaucoup d’émerveillement, ce fut une femme exactement faite pour lui. De ses lèvres, il effleura ses faiblesses. De ses doigts, il retraça les contours de sa silhouette. De son souffle, il réchauffa les aspérités de sa peau, et de ses soupirs, il célébra cet amour tangible qui prenait chair dans la réunion de leurs corps. Roy ne pouvait dire combien de temps ils se perdirent l’un en l’autre, tous les deux. Il sut simplement que pendant ce moment unique, il était à elle, il était en elle et il était elle.

Cette certitude occupait toute la place de son coeur quand il se laissa aller contre les oreillers, ses jambes emmêlées à celles d’Avalon, après un dernier frémissement partagé avec elle. Son souffle se dérobait à lui, son regard s’égarait dans celui de son amante et pendant quelques secondes, Roy savoura simplement les effets de ce voluptueux vertige. Etourdi par les restes de cette étreinte étonnante, il voulut la prolonger un peu en venant chercher d’une caresse la douceur de sa joue et d’un baiser, le velouté de ses lèvres. Cette tendresse émerveillée, qui ne les avait pas quittés un seul instant, se manifesta dans le petit rire incrédule qui échappa à Roy, sans qu’il ne comprenne bien pourquoi. Il lui semblait simplement que ce qu’ils vivaient tous les deux était stupéfiant, presque étrange, mais surtout incroyable.

« C’est fou, Av’… » lâcha t-il avec un sourire, les yeux dans les siens. « Vraiment, pourquoi on a pas fait ça plus tôt ? »


The world is ours if you want it
We can take it, if you just take my hand


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
Messages : 692
Profil Académie Waverly
Give your heart a break [Avalon & Roy] Icon_minitimeDim 29 Nov 2020 - 15:58
Il y avait, sur les lèvres d’Avalon, un sourire rayonnant, apaisé, qui s’accentua encore davantage à la réponse de Roy. Elle fut secouée d’un petit rire avant de lâcher, les yeux brillants d’amusement :

« Je t’écoute. »

There's no turning back now

Et Avalon l’écouta. Elle écouta son souffle, elle écouta sa voix, elle écouta ses gestes et ses caresses, plus attentive qu’elle ne l’avait jamais été dans une étreinte où ils donnaient à l’autre ce qu’ils avaient si longtemps masqué. Roy lui donna de la tendresse et elle y répondit avec la douceur. Il lui donna de la passion et elle y répondit avec de la ferveur. Il lui donna de l’amour, et elle l’aima en retour. Elle l’aima du bout de ses doigts, de ses lèvres pleines, jusqu’au contact intime qui scella la rencontre de leurs corps et cette première découverte qu’ils faisaient l’un de l’autre. Avalon apprivoisa de ses paumes la chaleur qui se dégageait du corps de Roy, la douceur de sa peau, les marques qui la parcouraient et qui racontaient des histoires qu’elle ne connaissait pas encore. Elle décela ses faiblesses, les embrassa délicatement. Les yeux accrochés aux siens, Avalon sentit un émerveillement la gagner, la saisir d’abord au creux de l’estomac jusqu’à envahir l’intégralité de son corps. Ce moment suspendu transpirait d’intensité et de sentiments.

Avalon n’avait jamais ressenti, auparavant, une connexion aussi forte et aussi absolue.

Il lui semblait qu’elle trouvait, auprès de Roy, un sentiment d’évidence surprenant, incroyable même, et particulièrement apaisant. Il pansa son cœur déçu, son cœur meurtri, et le fit battre à nouveau pour un de ses semblables qui lui répondait en écho. Il n’y avait pas de doute à avoir quant à la teneur de ce qu’ils vivaient ; l’osmose dans laquelle ils s’étaient glissés répondait d’elle-même aux questions qui avaient si souvent hanté leurs songes. Il ne restait plus à Avalon qu’une certitude étonnement ancrée en elle depuis longtemps, et qui n’attendait que ce moment pour se révéler dans toute sa splendeur : Roy était exactement la personne aux côtés de laquelle elle désirait avancer.

Et ce fut en effet un chemin commun qu’ils empruntèrent le temps de cette étreinte faite de soupirs amoureux, de gémissements conquis, de caresses brûlantes et d’une douceur exquise. Ce fut le souffle court qu’ils ne se séparèrent pas tout à fait, les jambes encore emmêlées, les yeux perdus dans ceux de l’autre, les lèvres toujours scellées. Avalon laissa une chaude torpeur se saisir d’elle, alors qu’un sourire glissait sur ses lèvres. Le cœur battant contre sa poitrine qui se soulevait rapidement sous le coup d’une respiration erratique, Avalon apprécia le silence qui ponctuait ce moment. Elle apprécia encore davantage qu’il soit rompu par le rire de Roy, auquel elle joignit le sien.

« Fou » était absolument le mot qui convenait pour décrire ce qui venait de se jouer entre eux. C’était « fou », ce lien incroyablement fort qui s’était révélé dans cette première étreinte. « Fou », cet apaisement mutuel de leurs doutes et de leurs interrogations incessantes. Et « fou » que des mois se soient écoulés sans qu’ils ne parviennent à déceler la puissance de ce les liait.

« Ça nous aurait évité de sacrés moments de doutes. » confirma-t-elle avec un sourire amusé. Elle laissa une seconde s’écouler avant de reprendre : « Ça fait sens pour toi si je te dis que j’ai dû mal à réfléchir mais que je vois les choses bien plus clairement maintenant ? » interrogea-t-elle en laissant glisser ses doigts contre la joue de Roy, dont elle vint ensuite trouver le contact avec la paume de sa main. « Merci. » fit-elle en lui souriant doucement. « C’est incroyable, merci. » répéta-t-elle, dans un besoin de témoigner de cette reconnaissance qu’elle sentait poindre dans son cœur. Et ce n’était pas uniquement des remerciements pour ce moment intense, presque magique, qu’ils venaient de passer, mais des remerciements pour tout ce que sa présence venait de bouleverser dans sa vie, dans son cœur, et dans sa tête. C’était un « merci » qui disait « je suis heureuse » et un « merci » qui signifiait « je me sens revivre. »

Avalon laissa le temps à ce doux vertige de se dissiper, sans quitter son amour du regard. Ses pensées s’ordonnèrent tranquillement, se disciplinèrent bien plus facilement, et étaient loin d’être aussi agitées et aussi anxieuses qu’elles avaient pu l’être quelques heures plus tôt. Au contraire, elles lui paraissaient limpides et, si des questions subsistaient, elles n’étaient plus chargées de ce poids terrible qu’Avalon avait cru déceler à plusieurs reprises. Elles n’en demeuraient pas moins présentes dans son esprit, mais étaient désormais teintées par la certitude qu’elles trouveraient finalement des réponses.

Baby try to understand
Don't wanna break your heart


D’une impulsion, Avalon s’allongea sur le côté, la tête soutenue par une main qu’elle avait glissé dans ses cheveux. Elle se pencha en avant pour effleurer les lèvres de Roy des siennes, avant de les glisser jusqu’au creux de sa mâchoire et dans celui de son cou. Elle se redressa armée d’un sentiment de douceur et certaine que la conversation qu’elle s’apprêtait à initier en bénéficierait aussi. Ses doigts vinrent caresser la joue de son ami, et coururent un instant sur son front.

« Explique-moi de quoi tu as peur. » demanda-t-elle dans un murmure presque secret, qui resta enfermé entre les quatre murs de sa chambre et dans le regard qu’elle posa sur Roy.



Avalon Calder

It's your love that's weighted in gold

KoalaVolant
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2890
Profil Académie Waverly
Give your heart a break [Avalon & Roy] Icon_minitimeLun 30 Nov 2020 - 14:20
La plénitude qui saisissait Roy était teintée de bien d’autres choses que la simple satisfaction d’un désir contenu et brûlant. Ses yeux perdus dans ceux d’Avalon, il apprivoisait avec stupeur une sensation de chaleur près de son coeur qu’il n’avait pas ressentie depuis bien longtemps, mais qu’il connaissait malgré tout et qu’il était capable d’identifier comme un amour naissant. En revanche, il ne lui semblait pas avoir déjà ressenti aussi vite et aussi fortement cette intime certitude d’être exactement à sa place. Il ne lui semblait pas non plus avoir déjà atteint une telle connexion avec une femme, dès la première étreinte, comme si dans cet instant où ils se dévoilaient entièrement, ils s’apercevaient combien ils étaient semblables, à l’écoute l’un de l’autre, et comme ils parvenaient à se comprendre sans dire le moindre mot. Et parce que Avalon était son amie depuis des années, il se sentait un peu troublé et stupéfait de n’avoir jamais vu à quel point ils se correspondaient bien tous les deux.

Il prenait donc la mesure de ces données nouvelles dans leur relation, plongé dans un silence tranquille, apaisé par le regard qu’Avalon posait sur lui et dans lequel il lisait une réciprocité saisissante. Cette question qu’elle lui posa le fit sourire, car elle confirma qu’ils vivaient quelque chose de similaire tous les deux.

« Ça fait sens, oui. J’ai l’impression qu’on a répondu à la plupart de nos questions » dit-il dans un murmure. Une grande partie de ses craintes lui paraissait trouver des réponses dans cette étreinte qu’il partageait avec elle. A son tour, il eut ce besoin de la toucher et glissa une main le long de sa nuque, avec douceur. Les remerciements qu’elle lui adressa le frappèrent par leur justesse et par la manière dont ils entraient tout à fait en écho avec ses propres sentiments. Il décela lui aussi une profonde reconnaissance dans cet emmêlement de sensations agréables et chaleureuses qui imprégnaient son coeur. « Merci à toi » souffla t-il en l’invitant d’une pression sur sa nuque à partager un baiser avec lui.

« Merci » pour ce moment d’amour, « merci » de réunir les morceaux de son coeur brisé, « merci » de l’avoir surpris de sentiments qu’il ne pensait plus pouvoir ressentir, « merci » d’être elle et lui à la fois.

Tous occupés à savourer ces émotions nouvelles, un certain silence s’écoula pendant lequel ils se rapprochèrent sous les draps encore chauds. Le coeur apaisé, Roy ferma les yeux sous les baisers d’Avalon, raffermissant leur contact en glissant sa main dans son dos. De son côté à lui également, des pensées refaisaient surface, des réflexions suspendues le temps de ce moment intime qu’il venait de vivre avec Avalon, débarrassées cette fois de cette vive angoisse dont elles avaient été teintées ces derniers mois. A la lumière de la dernière discussion qu’il avait eue avec Jayce, de ce rapprochement sincère et évident qu’il vivait avec Avalon, il parvenait désormais à prendre assez de recul pour contempler un tableau plus vaste, plus clair de son passé et de tous les éléments qui l’amenaient à avoir réagi de certaines manières. Comme si, à nouveau, ses pensées rejoignaient celles de sa partenaire, elle lui posa une question qui devait les mettre en exergue. Il leva les yeux vers elle, d’abord silencieux, songeur. Peut-être parce que le moment était particulièrement doux et parce qu’il venait de se révéler très intimement à elle, Roy lui dévoila sa part de vulnérabilité en répondant sur le même ton bas, un sourire un peu inquiet aux lèvres, un bras passé autour de sa taille :

« Hum, par où commencer… »

Ses peurs, elles étaient nombreuses, il ne cherchait plus à en masquer l’ampleur face à Avalon. Il était venu dans un esprit d’honnêteté, prêt à avoir cette conversation qui se profilait avec elle. Pour autant, donner par des mots une réalité et une cohérence à tout ce qui s’agitait en lui depuis un long moment n’était pas évident. Il s’accrocha au regard d’Avalon, pour y trouver l’élan dont il avait besoin. Finalement, ce fut un aveu particulièrement personnel et secret qui s’échappa de ses lèvres :

« J’ai peur de ne pas être à la hauteur. » Malgré la chaleur de la peau d’Avalon contre la sienne, il eut comme la sensation d’un frisson irrépressible et se rapprocha un peu plus d’elle pour le réprimer. Sa tête posée sur l’oreiller, il ne lâchait pas son regard, tandis que doucement, il s’ouvrait à elle, avec cette même confiance qui avait imprégné leur rapprochement des dernières semaines. « C’est pour ça que j’ai peur de devenir père… entre autres » souffla t-il, en se raccrochant à l’évènement le plus récent de sa vie, qui lui semblait étonnement être le plus simple à aborder à cet instant pour illustrer cette peur ancrée en lui, face à d’autres éléments de son passé, plus enfouis. Après quelques secondes de silence, il reconnut quelque chose qu’il ne s’était même pas vraiment avoué à lui-même jusqu’à maintenant, mais qui lui paraissait désormais beaucoup plus clair. « Au fond, je crois que j’ai envie d’être là pour ce bébé… En tout cas, je ne me vois pas ne pas l’être. Mais ça me fait flipper. »


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
Messages : 692
Profil Académie Waverly
Give your heart a break [Avalon & Roy] Icon_minitimeLun 30 Nov 2020 - 17:23
Les remerciements de Roy – ceux qu’il lui adressa verbalement et ceux qu’elle décela dans son regard – tirèrent à Avalon un sourire amoureux alors qu’elle partageait avec lui un énième baiser. Elle accueillait ces nouveaux sentiments avec un mélange de curiosité et d’émerveillement, alors qu’ils apprivoisaient doucement son cœur. Cette étreinte les révélait au grand jour, soulignait leur force, et apaisait les doutes qui étaient nés de réflexions stériles pendant ces derniers mois. Après son âme, son corps avait parlé ; elle l’aimait.

Et de cette certitude naissaient d’autres interrogations essentielles, d’autres peurs innées qui s’exprimaient en écho dans le regard d’Avalon et dans celui de Roy. Ses craintes, Avalon les connaissait sur le bout des doigts. Elles s’appelaient engagement, déception, dépendance et abandon, et l’accompagnaient depuis une petite décennie désormais. Elles étaient nées d’un passé trouble, marqués par des violences répétées qui avaient abimé son cœur et meurtri son âme. De ces sombres souvenirs, de ces moment douloureux, Avalon s’était relevée, d’abord un peu vacillante, puis de plus en plus assurée, en gardant plus ou moins consciemment des réflexes de défense qui l’avaient empêché de mener, sur le long terme, une relation dans laquelle elle s’était véritablement épanouie.

Et il aurait été faux de dire : « Puis, Roy était arrivé dans son quotidien et ses peurs s’étaient envolées. » D’abord parce qu’il était présent dans son entourage depuis des années, et ensuite parce qu’elle avait été véritablement terrifiée de ce rapprochement qui s’était esquissé entre eux à partir du mois de février, au point d’être incapable de faire prendre à leur relation le tournant qu’elle aurait sûrement pris naturellement s’ils ne s’étaient pas cachés derrière leur amitié pour faire taire leurs cœurs. Mais, ainsi masqués par de fausses excuses, les sentiments qu’Avalon nourrissait pour Roy n’avaient cessé de grandir et de s’ancrer en elle. Puis, récemment, elle avait ouvert les yeux, et ses peurs, qui ne s’étaient pas envolées, s’étaient heurtées à une envie grandissante de construire un avenir commun avec Roy.

Et, si elles n’avaient pas été effacées par ce conflit, elles avaient perdu de leur superbe et de leur pouvoir paralysant. Avalon pouvait désormais les effleurer avec précision, les questionner avec un certain recul… Et interroger Roy sur les siennes. Et c’est exactement ce qu’elle fit, d’une voix douce et d’un regard tendre qu’elle posa sur lui. Dans un mouvement, ils se rapprochèrent l’un de l’autre, comme pour sceller ce moment de confidences entre eux. Avalon effleura de son pouce le sourire nerveux qui s’était glissé sur les lèvres de son partenaire. Puis, en silence, elle l’écouta.

« J’ai peur de ne pas être à la hauteur » disait-il d’une voix basse en faisant un mouvement vers elle qu’elle accueillit en posant sa main contre son avant-bras. L’aveu, dépourvu d’une pudeur qui aurait pu s’y immiscer, toucha Avalon et résonna longtemps en elle sur plusieurs pans de son existence. Elle saisissait l’étendue de cette peur ; celle de ne pas être à la hauteur, celle de décevoir et les autres et soi-même. Celle de ne pas faire assez bien et de ne pas être assez bien. Roy commençait par l’aborder en rapport avec cette paternité surprise, avec ce bébé qu’ils avaient déjà évoqué ensemble dans une discussion houleuse qui n’avait eu lieu que quelques heures plus tôt et qu’Avalon percevait à des années-lumière du moment qu’ils vivaient.

Et pour cause : si la douceur de leurs voix tranchait drastiquement avec les intonations agacées de leur dernière conversation, la teneur des propos de Roy n’était pas non plus exactement la même. « J’ai envie d’être là pour ce bébé » disait-il « Je ne me vois pas ne pas l’être » ajoutait-il même, tirant à Avalon un sourire attendri qu’elle n’explicita pas. Il lui avoua sa peur qu’elle décelait déjà dans ses mots ; elle l’accueillit d’une légère pression de sa main sur son bras et de quelques mots qu’elle lui souffla : « C’est normal. »

Les yeux accrochés à ceux de Roy, Avalon garda le silence encore quelques instants, pour se donner un temps de réflexion qu’elle pensait nécessaire à la conversation qu’ils s’apprêtaient à mener. Ils s’étaient déjà montrés leurs incompréhensions, et Avalon préférait ne pas recréer un schéma similaire alors qu’ils avaient l’occasion de faire les choses différemment.

« Tu sais, j’ai réfléchi à tout ce qu’on s’est dit, tout à l’heure. » commença-t-elle d’une voix douce. « Et en fait, j’ai l’impression que pour toi, tu peux soit être un père parfait, soit ne pas être là du tout. » avança Avalon en observant, pensive, son ami. « Alors que tu peux simplement… Être là. Et faire du mieux que tu peux. Je ne pense pas qu’il y ait des pères parfaits, il y a juste ceux qui essaient, et ceux qui n’essaient pas du tout. » souffla Avalon en caressant doucement sa peau du bout de ses doigts. « Evidemment que c’est flippant de devenir parent, et encore plus du jour au lendemain comme ça, alors que tu l’avais même pas prévu. C’est normal d’avoir des doutes mais… Mais si tu as envie de faire partie de la vie de ce bébé, alors ça fait déjà de toi un bon père. » affirma Avalon en déposant un léger baiser sur son épaule dénudée, avant de venir retrouver son regard. « Et ça te fait peut-être flipper mais moi, j’ai aucun doute sur le fait que tu pourrais être à la hauteur. J’ai confiance en toi pour ça. »


Avalon Calder

It's your love that's weighted in gold

KoalaVolant
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2890
Profil Académie Waverly
Give your heart a break [Avalon & Roy] Icon_minitimeLun 30 Nov 2020 - 21:01
Roy se surprit lui-même de cet aveu qu’il fit, en employant des mots qu’il n’avait pour le moment pas osé dire. Il avait envie de ce bébé. Il tourna cette phrase dans sa tête, comme si elle lui paraissait étrangère, avant de doucement l’accepter dans son coeur, à force de la répéter. Elle eut le même genre de saveur que ces sentiments qu’il ressentait envers Avalon et qu’il avait acceptés également. Maintenant qu’il parvenait à cibler ses craintes et faire ce processus de séparation mentale pour les regarder telles qu’elles étaient et les décortiquer, Roy parvenait un peu plus à démêler ce qui relevait de ses souhaits plus profonds. Qu’il s’agisse d’accepter cette nouvelle relation avec Avalon ou d’accepter son futur rôle de paternité, finalement, les deux cheminements partageaient un socle commun. C’était accepter d’aimer et de prendre le risque d’échouer dans cette entreprise. Les craintes qui y étaient associées n’avaient toujours pas disparu, Roy les sentait au fond de son estomac. Mais il pouvait désormais les nommer, les reconnaître et les dissocier de ses réelles envies, celles qu’il taisait au fond de lui pour ne pas avoir à prendre de risques.

Maintenant qu’il se frayait un chemin dans cette brume intérieure de ses peurs inavouées, Roy voyait plus clairement ses désirs enfouis. Avoir ce bébé qui commençait à prendre une certaine réalité via les messages qu’il recevait de Joséphine, être présent pour lui, ou du moins, essayer de l’être, faisait partie de ces désirs. Le simple fait de le dire libéra ses épaules d’un poids qu’il ne pensait pas si lourd.

C’était peut-être étonnant d’en prendre conscience dans les bras d’une autre femme, celle avec qui il avait tellement craint d’évoquer le sujet et pourtant, le moment paraissait tout à fait juste à Roy. Il prit un bref instant pour se demander d’où lui venait cette confiance qu’il avait au fait de pouvoir lui parler de ce sujet aussi simplement que ce qu’il venait de faire. Il déduisit en croisant le regard d’Avalon et en se laissant toucher par ses mains douces et attentives que c’était tout simplement parce qu’il sentait qu’elle l’acceptait, lui, tel qu’il était, avec ses problèmes, ses craintes et ses projets. Avalon savait déjà qu’il attendait possiblement un enfant, mais cette information ne l’avait pas empêchée de l’accueillir chez elle, dans ses bras et de son coeur, il en prenait la pleine mesure dans leur étreinte.

Par ailleurs, Avalon était aussi son amie, son écoute et ses conseils lui étaient précieux à cet instant. Elle les lui offrit avec cette honnêteté et cette loyauté qui la caractérisaient tant, en se montrant d’un soutien sans failles pour lui. Roy la laissa parler sans rien dire, touché par chacune de ses phrases qu’elle prononçait avec une justesse déconcertante. Elle avait raison, il plaçait la barre haut et avait immédiatement posé son dilemme comme celui d’être un bon père ou de ne pas l’être du tout, sa conversation avec Fergus l’avait révélé. Alors qu’il pouvait simplement être là, disait-elle. Ne pas être un père parfait, juste être un père. Un bon père, c’était un père présent, semblait-elle dire, en l’embrassant affectueusement sur l’épaule. Pouvait-il être présent ? Oui, il pouvait l’être, songea t-il de son côté, sans quitter son regard. Il en avait même envie, il venait de le reconnaître. Il en avait envie, même s’il n’avait aucune certitude sur ses capacités à être plus qu’un père présent, mais également un père attentif, responsable, un père digne de ce nom.

Puis comme si elle avait suivi le fil de ses pensées, Avalon termina en lui assurant la confiance qu’elle lui accordait sur ce point, par des mots qui touchèrent plus fort encore Roy et s’imprimèrent en lui, à des lieux sensibles. Pendant quelques secondes, ses yeux détaillèrent le sourire sincère qu’elle lui offrait, son regard attentif, cette attitude chez elle qui, globalement, lui faisait sentir qu’elle prononçait ces mots avec toute son intégrité, tout son coeur. Son regard à lui s’éclaira d’une lueur et un léger sourire se glissa sur ses lèvres, trahissant cette bouffée d’affection qui le prenait à la voir le soutenir avec son caractère si entier. Il ne l’aimait que davantage et il en fut assez troublé pour que les premiers mots qui sortent de ses lèvres soient une plaisanterie, dans ce vieux réflexe qu’il avait de faire des blagues quand il était pris en flagrant délit de sentimentalisme :

« Tu dis ça parce qu’on vient de faire l’amour alors forcément, je parais merveilleux à tes yeux. »

Pourtant, ses gestes, eux, lui témoignèrent cet amour sincère qu’il lui portait. Il attrapa cette main qu’elle avait posé sur sa joue, pour la déplacer légèrement vers ses lèvres et y déposer un baiser plein de reconnaissance au creux de sa paume. Sa main resta nouée à la sienne et son regard retrouva le sien avec un peu plus de sérieux :

« Merci de me dire ça. Tu as raison, je mets sans doute la barre trop haut, trop tôt… Je sais pas trop comment m’y prendre, ni ce que ça va donner mais… Ouais, je crois que j’ai envie d’essayer » confirma t-il. Pendant quelques secondes, il garda le silence, occupé à contempler à Avalon, comme s’il tentait de percer le secret de ses pensées. A son tour, il lui posa une question, qui lui paraissait la suite logique de ce dont il venait de parler, et faisait indubitablement partie des sujets qu’ils devaient aborder ensemble : « Qu’est-ce que ça te fait ressentir, toi ? Je veux dire… De savoir que je suis dans cette situation, explicita t-il, un peu hésitant. Avec ce qui se passe entre nous… »


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
Messages : 692
Profil Académie Waverly
Give your heart a break [Avalon & Roy] Icon_minitimeLun 30 Nov 2020 - 23:10
Avalon avait parlé comme l’amie qu’elle était pour Roy. Elle avait parlé avec son cœur, avec une sincérité qui se lisait dans son regard, pour contrer les peurs tenaces qu’il exprimait à voix basse. A ce besoin d’être parfait, Avalon opposait cette nécessité d’être simplement présent. A cette crainte de ne pas être digne d’un père, Avalon lui assurait sa confiance. Et, si elle croyait autant en ce qu’elle disait et si elle était capable de lui affirmer de telles choses, c’était parce que les années passées aux côtés de Roy lui avaient permis d’avoir une idée assez précise de l’homme qu’il était.

Des pères défaillants, Avalon en connaissait bien plus qu’elle ne pouvait les compter. Ils étaient son père, son frère, les compagnons de ses amies et de ses sœurs. Ils étaient partis depuis longtemps ou jamais véritablement présents ; des hommes-fantômes qui passaient parfois et ne restaient jamais. Evidemment que le discours qu’elle avait tenu à Roy quelques heures plus tôt était biaisé par son expérience personnelle et que cette dernière avait motivé son agacement face à lui. En exprimant calmement son opinion, Avalon parvenait à mettre le doigt sur cet élément essentiel qu’elle n’avait pas explicité avant : un bon père était déjà un père présent. Un père présent était, par définition, un père qui s’intéressait à son enfant, qui se préoccupait de son environnement et qui prenait soin de lui. Un père présent était un père constant et, aux yeux d’Avalon, la constance rivalisait avec la perfection et la surpassait même dans le sens où elle garantissait la stabilité d’un enfant sur le long-terme, quand la perfection pouvait s’évanouir à tout moment.

Et quand Avalon observait Roy, elle voyait en lui toutes les qualités qui lui faisaient dire qu’il serait capable d’être, pour son enfant, le père digne de ce nom qu’il se représentait. Elle le savait capable de tout donner pour ceux qu’il aimait profondément. Elle le connaissait généreux envers ses proches, voué à les protéger coûte que coûte, capable d’assurer leur bien-être. Elle sentait que son parcours vers la paternité serait aussi barré d’obstacles et de doutes car il lui semblait que c’était le cas pour chacun mais elle avait confiance en sa capacité à les surmonter.

Ce furent toutes ces pensées qu’Avalon tenta de faire passer dans le sourire qu’elle posa sur lui à la fin de son discours. Elle sentit, à la façon dont il l’observait, que ses paroles avaient fait écho en lui. Sa réponse, en revanche, lui tira un éclat de rire. Elle secoua doucement la tête et l’observa, malicieuse.

« Hum, tu as raison. Les endorphines, sans doute. » répondit-elle avec un sourire en coin, qui se transforma en véritable sourire lorsque Roy fit glisser sa main jusqu’à ses lèvres pour l’embrasser.

Dans son regard, Avalon retrouva également son sérieux. Elle percevait l’importance du moment qui se jouait pour son partenaire qui semblait avoir définitivement pris sa décision quant à son enfant qui ne tarderait pas à venir au monde. La confirmation qu’il en fit entraîna un petit hochement de tête à Avalon, qui souffla, les yeux brillants : « Tu peux être fier de ça. »

Un court silence retomba sur leur étreinte, sans que leurs regards ne s’éloignent ou ne se perdent ailleurs que l’un dans l’autre. La question que lui posa finalement Roy plongea Avalon dans une réflexion qu’elle avait mené plus ou moins inconsciemment depuis cet après-midi. Que ressentait-elle exactement ? Quels étaient ses sentiments vis-à-vis d’une situation qu’elle n’avait eue, de fait, que très peu de temps pour digérer ? Ce temps d’introspection lui fit comprendre que la colère qu’elle avait ressentie plus tôt n’était pas tant liée à l’arrivée de ce bébé qu’à la manière dont l’annonce lui avait été faite. Evidemment qu’il y avait quelque chose de perturbant dans le fait que l’homme qu’elle enlaçait s’apprêtait à devenir père avec une autre femme, de la même manière qu’il y avait quelque chose d’étonnant dans le fait qu’elle l’y ait encouragé avec autant de sincérité.

Sa place à elle lui paraissait pourtant encore floue, incapable de savoir celle que Roy voudrait finalement qu’elle occupe à la fin de cette conversation. En revanche, les sentiments qui agitaient son cœur lui apparaissaient bien plus clairement, si bien qu’Avalon put en dégager les principaux : l’amour qu’elle portait à Roy, l’envie qu’elle ressentait de construire quelque chose avec lui, et cette étrange foi en une relation qui n’avait pas encore commencé. Tout cela, associé à son caractère entier, la poussa à répondre :

« Je t’aime, et cet enfant fait partie de toi. » La simplicité de cette réponse en disait long sur la façon dont Avalon envisageait son existence, et dans la manière qu’elle avait d’accepter intégralement ses proches, d’une façon catégorique et qui ne souffrait d’aucune concession. « Je ne sais pas ce que Joséphine Lavespère a représenté pour toi quand vous vous fréquentiez… » son ton s’était fait légèrement interrogateur sur la dernière partie de cette phrase, avant de redevenir plus doux : « mais ce bébé, en revanche, il va représenter beaucoup pour toi. Alors… » Elle hésita un instant, puis se fendit d’un sourire timide : « j’imagine que, quoiqu’il arrive, pour moi aussi. »

Car il lui semblait que l’issue de cette rencontre se dessinait doucement dans leurs cœurs. Et, quoiqu’il advienne, Roy et Avalon restaient des amis de longue date qui fréquentaient des cercles communs. Que ce soit parce qu’elle partage la vie de Roy d’une façon amoureuse ou amicale, Avalon savait que cet enfant impacterait son quotidien et, inévitablement, leurs relations. Sa dernière phrase était sa façon d’exprimer à Roy qu’elle l’acceptait. Elle ne savait pas encore comment, mais elle l’acceptait.

Et cette pensée en amena une seconde qui voila brièvement son regard d’inquiétude. Dans le silence d’une étreinte chaude, Avalon s’agita doucement, la tête pleine de réflexions qui l’avaient momentanément quitté et qui revenaient en force à la lumière de ces nouvelles confidences. Elle sentait que ce qu’elle avait sur le cœur méritait aussi d’être partagé, quand bien même sa décision n’était pas tout-à-fait arrêtée.

« Moi aussi, il fallait que je te parle de quelque chose. » annonça-t-elle en relevant les yeux vers lui. Comme elle en avait l’habitude, Avalon ne passa pas par quatre chemins pour exprimer ses pensées : « Je suis en train de réfléchir à demander la garde de ma petite-sœur, Vivianne. J’y pense depuis des années mais là, avec la manifestation du gène magique chez elle… Je sais pas, j’ai l’impression que c’est un signe. Mes parents… » Avalon secoua doucement la tête. « Ils ont jamais été présents pour nous et Vivianne… Elle mérite mieux que ça. » Elle laissa un petit temps de silence s’écouler, avant de reprendre : « Je sais pas si je suis capable de lui offrir ce dont elle a besoin mais… J’y pense. » admit-elle avec honnêteté. « Et je préfère t’en parler maintenant, à la lumière de tout ça. » fit-elle avec un geste de la main qui les désignait tous les deux.


Avalon Calder

It's your love that's weighted in gold

KoalaVolant
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2890
Profil Académie Waverly
Give your heart a break [Avalon & Roy] Icon_minitimeMar 1 Déc 2020 - 23:10
Comme à chaque fois qu’il s’était livré sur des pans assez personnels de son vécu auprès d’Avalon, ces derniers temps, Roy sentit cette invisible, mais tangible connexion entre eux se renforcer un peu plus de cette confiance mutuelle qu’ils s’accordaient. La bienveillance qu’il lisait dans le regard de son amie, son écoute toujours respectueuse de ses limites, brisaient les défenses habituelles que Roy érigeait entre lui et les autres. Après le moment très intime qu’ils venaient de partager, et conscient que leur relation était en train de profondément changer, il se sentait d’autant plus enclin à accompagner ce changement en s’ouvrant sincèrement à elle, sans les familiers faux-semblants de sa fierté. Et cette vulnérabilité qu’il lui dévoilait, Avalon l’accueillit avec une affection qui se lisait dans ses sourires et dans ces paroles de reconnaissance qu’elle murmura pour saluer la décision qu’il venait de prendre. Roy ne répondit rien, mais son regard posé sur elle la remerciait de ces quelques mots qu’on ne lui disait pas si souvent. Il savoura dans un bref silence ce réconfort tout particulier qu’il y avait à se sentir soutenu de la femme qu’on aimait.

A son tour, il eut envie de la laisser faire des pas vers lui et lui offrir la même précieuse écoute, en lui donnant l’occasion de parler à son tour. Ses yeux noirs sondaient ceux plus clairs d’Avalon, troublés d’une réflexion qu’il ne chercha pas à interrompre. Il attendit, sa main posée dans son dos, qu’elle ordonne ses pensées qui devaient se bousculer dans son esprit. Puis, encore une fois, elle le surprit d’une réponse si claire, si affirmée et si bouleversante que Roy en fut troublé à son tour.

« Je t’aime, et cet enfant fait partie de toi. »

Le coeur de Roy frémit à la fois de ce lien déjà fort et paternel qu’elle esquissait de ses mots, entre lui et son futur bébé, et de cette touchante déclaration d’amour qu’elle lui faisait avec son honnêteté déstabilisante. Elle lui confirmait de ses paroles ce qu’il avait instinctivement ressenti dans leurs contacts : elle l’acceptait entièrement et pleinement, lui et tout ce qui l’environnait, tout ce qui était important dans sa vie. Elle acceptait même un élément aussi déterminant et lourd de conséquences que l’arrivée d’un bébé. Roy prenait la mesure de ce que cela signifiait pour elle et pour l’importance qu’elle accordait déjà à leur relation, au moment où elle l’explicita d’une dernière phrase. Ce qui représentait beaucoup pour lui représentait beaucoup pour elle également, disait-elle.

Stupéfait, mais surtout ému de cette réponse qu’il n’attendait pas, il garda à nouveau le silence quelques secondes. Il l’avait imaginée lui dire qu’elle acceptait l’existence de cet enfant, qu’elle était prête à voir ce que cela donnait pour eux, sans s’engager davantage et il s’en serait tout à fait contenté. Sans doute même qu’il se serait contenté d’elle lui disant que ce bébé n’était pas encore né et qu’ils verraient plus tard. Roy était prêt à démarrer cette aventure de paternité seul, sans forcément avoir le soutien d’Avalon qui n’avait rien demandé, et au fond, n’avait rien à voir dans cette histoire, même s’il était bien conscient que si leur relation durait, il ne pourrait plus compartimenter, et cela deviendrait un sujet pour eux deux, tôt ou tard.

Pourtant, elle déjouait toutes ses attentes et les surpassait en lui affirmant quelque chose qui, finalement, allait au-delà de cette histoire de parentalité. Qu’il s’agisse d’un bébé ou d’autre chose, Avalon acceptait tout ce qui revêtait de l’importance dans sa vie à lui et plus encore : cela devenait important pour elle également. Quand Roy en prit conscience, il sentit une autre forme de réconfort s’emparer de son coeur, celui qui accompagnait la certitude d’avoir trouvé une partenaire digne de ce nom. Préservant cette chaleureuse sensation, il réagit d’abord sur cette question informulée qu’il avait sentie dans son discours et qui méritait bien un éclairage :

« Joséphine était seulement une amante de passage, je ne l’ai pas fréquentée sur d’autres plans. Ni avant, ni maintenant » précisa t-il car il lui semblait que c’était le plus important pour éclairer ses intentions. Il ne voulait pas qu’Avalon l’imagine jouer sur deux tableaux, entre elle et Joséphine.  « En vérité, je la connais à peine alors… C’est un peu bizarre. »

C’était un autre élément qui lui faisait craindre ce projet, il n’allait peut-être pas du tout réussir à s’entendre avec la future mère de son enfant. Il écarta pour le moment cette pensée de son esprit, pour revenir sur le moment présent avec Avalon, qu’il regardait intensément. Sa main revint sur sa joue, qu’il caressa de son pouce, doucement. Il avoua sa faiblesse dans un sourire et un murmure songeur :

« Je ne sais pas comment tu fais, Av’. Tu dis des trucs et après je t’aime encore plus. »

Dans son regard se lisait sa reconnaissance, mais aussi son soulagement de savoir que l’arrivée de ce bébé ne serait pas un obstacle entre eux. Il se sentait encore un peu fragile sur cette décision qu’il venait de prendre. Savoir qu’elle ne mettait pas en péril toute cette relation qui se nouait entre eux deux et à laquelle Roy accordait une grande importance l’aidait à avancer sans se laisser parasiter de doutes multiples : il en avait déjà assez à traiter, vis à vis de lui-même, dans ce projet de paternité.

Bientôt, il sentit qu’Avalon s’agitait un peu dans leur étreinte et ce silence paisible qui était retombé entre eux. Transparente sur ses pensées et ses émotions, elle avoua ce qui la troublait face à Roy, un aveu surprenant, inattendu. S’il y avait bien quelque chose que Roy ne l’imaginait pas répondre, au moment où ils aborderaient tous les deux ce bébé surprise qui arrivait dans sa vie, c’était qu’Avalon également, de son côté, envisageait d’endosser une charge similaire, en recueillant sa petite soeur chez elle.

Il ne connaissait Vivianne Davies qu’à travers les récits qu’Avalon faisait d’elle. Il ne l’avait jamais rencontrée, mais il avait senti l’affection profonde que son amie lui portait, à chaque fois qu’elle lui en avait parlé. Quelques jours plus tôt, dans l’un de ces moments où ils prenaient le temps de se raconter plein de choses, tous les deux, Avalon lui avait révélé qu’elle avait récemment appris que sa petite soeur développait des aptitudes à la magie. Elle n’en avait pas dit beaucoup plus mais Roy avait senti que cette nouvelle donnée la préoccupait.

Il pouvait à peu près deviner quel genre de pensées poussait Avalon à vouloir s’occuper de sa soeur, dans ces circonstances : elle se reconnaissait en elle, tout simplement. Seule sorcière de sa famille, perdue, délaissée par des parents qui avaient autre chose à faire. Il avait perçu chez Avalon cet élan qu’elle avait à vouloir protéger ses plus jeunes frères et soeurs et particulièrement Vivianne, pour qui elle devait s’imaginer qu’il n’était pas encore trop tard pour changer les choses.  Elle semblait avoir attendu un signe de ce genre pour entamer cette démarche très engageante qu’elle lui révélait maintenant. Ce fut au tour de Roy de prendre le temps d’une réflexion, avant de répondre, sans pouvoir s’empêcher de laisser voir sa stupéfaction :

« Wow… C’est une sacrée décision » souffla t-il. Très vite, plusieurs questions lui vinrent, car il sentait bien qu’il n’avait pas tous les éléments pour comprendre la situation : « Quand tu dis que tu y penses, tu as déjà entamé des démarches ? Vivianne est d’accord ? Ça arrangerait tes parents ou ils vont te mettre des bâtons dans les roues ? »


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
Messages : 692
Profil Académie Waverly
Give your heart a break [Avalon & Roy] Icon_minitimeMer 2 Déc 2020 - 10:11
Avalon était une personne entière. Elle acceptait entièrement ou elle n’acceptait pas du tout. Elle s’investissait pleinement, ou elle ne s’investissait pas du tout. Elle aimait intégralement ou elle n’aimait pas du tout. Pour toutes ces raisons, elle avait parfois des difficultés à faire preuve de mesure, mais cela lui offrait également le confort de prendre des décisions importantes en étant absolument en accord avec son cœur. Et, de mémoire, il en avait toujours été ainsi. Avec ses plus proches amis notamment, cela s’était vu dans la manière qu’elle avait eu d’adopter entièrement leur mode de vie et de le faire plus ou moins sien également. Cela expliquait pourquoi les Veilleurs étaient devenus partiellement une seconde famille de cœur, quand tout aurait voulu qu’elle s’éloigne d’un milieu dans lequel elle évoluait depuis sa plus tendre enfance et qui avait été terriblement douloureux pour elle.

Alors il y avait une certaine logique à la réponse teintée d’évidence qu’elle venait de donner à Roy. Avalon était incapable d’aimer partiellement, d’aimer en fermant les yeux sur ce qui était plus difficile à accepter. Encore moins sur un sujet qui résonnait aussi fort en elle que celui de la parentalité. Pour Avalon, la famille occupait une place essentielle, nécessaire presque. Elle n’avait jamais pu se résoudre à couper les ponts avec la sienne et elle savait que Roy en avait une vision similaire. S’opposer à ce qu’il adopte pour cet enfant son rôle de père aurait été absolument aberrant. Être incapable d’accepter cette décision de Roy alors qu’elle trahissait exactement ce pourquoi elle l’aimait, aurait été profondément absurde.

Evidemment qu’il y avait quelque chose d’angoissant dans cette décision, parce que cela donnait immédiatement à la relation dont ils esquissaient les contours une dimension particulièrement sérieuse. Et, en même temps, cela paraissait cohérent avec l’intensité du moment qu’ils vivaient et la force des sentiments qui les surprenaient tous les deux. Après toutes ces relations vaines, creuses, après toutes ces histoires faciles dans lesquelles elle ne se retrouvait pas, Avalon ressentait le désir de s’extirper de ce cercle dépourvu de sens. Et il y avait, dans ses rapports avec Roy, un sens puissant qui la surprenait. Dans chaque geste, chaque caresse qu’ils avaient pour l’autre, chaque baiser qu’ils partageaient, chaque murmure qui leur échappait, Avalon percevait quelque chose qui remuait son cœur et le faisait sourire.

Elle acceptait l’arrivée de cet enfant de la même manière qu’elle acceptait l’étendue de ses sentiments pour Roy ; avec une facilité déconcertante qui la soulagea d’un lourd poids qui pesait dans son estomac depuis plusieurs mois. En accord avec elle-même et avec ce qu’elle ressentait, Avalon offrit à Roy un léger sourire, alors qu’il l’observait en silence. Il finit par le briser pour la rassurer quant à la teneur de sa relation avec Joséphine. La jeune femme hocha la tête, comme pour prendre le temps d’assimiler ses paroles. Son aveu un peu nerveux finit par lui tirer un sourire, et elle posa sa main contre la sienne dans un souci de réconfort. « Tout ira bien » soufflaient ses yeux.

Un moment de silence retomba sur les deux amoureux, alors que la paume de Roy venait à la rencontre de sa joue pour la caresser. Si le regard intense qu’il posait sur elle suffit à faire rater un battement à son cœur, sa déclaration lui fit faire une véritable embardée. Un large sourire s’étira sur ses lèvres, trahissant sans mal toutes les pensées qui l’habitaient. Elle fut secouée d’un rire léger, amoureux, et porta la main de Roy à ses lèvres pour l’embrasser.

« C’est parce que, indépendamment du fait qu’on vienne de faire l’amour, je suis merveilleuse. » répondit-elle simplement en haussant les épaules. « Il t’a fallu des années pour le voir mais… »

Son regard, qui s’était fait malicieux, redevint sérieux au fur et à mesure que le silence reprenait ses droits dans la chambre qu’ils occupaient, tous deux plongés dans leurs pensées. Toute cette conversation sur la future parentalité de Roy la ramenait inévitablement à la décision qu’elle réfléchissait à prendre depuis quelques jours, l’esprit en proie à de sérieuses questions et à de grands doutes.

Avalon avait rarement aussi longtemps tergiversé sur un sujet – qui la suivait, à vrai dire, depuis des années. Elle se sentait enfin au point de rupture, celui où elle serait capable de prendre une décision qu’elle pensait être essentielle, nécessaire même. Parce que le moment s’y prêtait, parce que cet instant de confidence l’appelait, Avalon s’ouvrit à son tour à Roy, en laissant la pudeur de côté pour lui livrer ses pensées telles qu’elles lui venaient. Elle le sentit surpris, étonné, puis finalement curieux d’obtenir plus d’informations sur une situation qui n’avait rien de simple. Moins apaisée maintenant que plusieurs interrogations nouaient son estomac, Avalon s’agita quelques secondes contre Roy, avant d’accrocher son regard au sien.

« Non, je n’ai pas encore entamé de démarches. » débuta-t-elle. « Et c’est… Compliqué. »

Avalon mordilla l’intérieur de sa joue, le temps d’ordonner ses pensées confuses.

« Ça fait plusieurs années que j’y pense, je crois que ça a toujours été là, dans un coin de ma tête. On a presque vingt-ans d’écart, Vivianne et moi, j’étais déjà partie de chez mes parents lorsqu’elle est née, alors on a toujours eu une relation particulière. Et elle est pas faite pour ce monde-là. » souffla Avalon, avant de corriger : « Enfin, aucun enfant ne l’est vraiment. Mais mes frères, ou ma sœur Célice, ils sont tous… Ils sont capables de se défendre, de ne pas accepter ce qui les met en danger. Vivianne… Elle est trop petite pour ça encore. Tu sais, c’est la dernière de notre famille, je crois qu’elle a un peu envie de faire plaisir aux autres. A mes parents, surtout. » précisa Avalon avec inquiétude. « Mais ça la bouffe d’agir comme ça, je le vois bien, parce qu’elle a presque aucun retour d’eux. Elle mérite mieux, vraiment. » affirma Avalon avec un soupir qui lui fit fermer les yeux quelques secondes. « Je crois qu’elle est bien quand elle est avec moi. J’en suis sûre, même. On avait déjà parlé toutes les deux de la possibilité qu’elle vienne vivre ici. La chambre d’amis est déjà plus ou moins sa chambre. » avoua-t-elle. « Et non, ça n’arrangerait pas vraiment mes parents je crois. Ils ont l’impression que je la retourne contre notre famille, que je veux lui faire prendre mon parti, quelque chose du genre. » Avalon leva les yeux au ciel, avant de faire revenir vers Roy des yeux teintés d’inquiétude. « Mais… Depuis que Vivianne est une sorcière, ça m’inquiète qu’elle soit là-bas. Mes parents ne sont pas vraiment connus pour leur amour pour le monde magique, on va dire. C’était dur, quand j’étais encore là-bas et que je revenais pour les vacances. Ils faisaient tout pour que je me sente… Différente. Pas à ma place, ni là-bas, ni ici. J’ai pas envie de ça pour elle. »


Avalon Calder

It's your love that's weighted in gold

KoalaVolant
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2890
Profil Académie Waverly
Give your heart a break [Avalon & Roy] Icon_minitimeJeu 3 Déc 2020 - 20:57
Fidèle à elle-même, Avalon fit preuve d’une insolence qui lui ressemblait bien et tira un sourire à Roy, qui ne manqua évidemment pas de répliquer avec le même genre d’arrogance :

« Je peux te retourner exactement la même remarque hein, je comprends pas comment t’as pu ne pas voir plus tôt que j’étais l’homme parfait. »

Au fond, Roy n’avait pas envie de se pencher sur ce passé, préférant comme toujours se tourner sur son présent et son avenir, plutôt que sur une période sur laquelle il ne pouvait plus agir. Il n’était pas un homme de regrets, avait-il déjà dit à Avalon. De toute manière, ce n’était pas un mal en soi. Avoir mis tout ce temps pour se trouver leur avait permis de développer une relation amicale durable, sur laquelle des sentiments tout aussi solides avaient pu se former. Par ailleurs, toutes ces années d’égarement dans des relations instables ou des histoires d’un soir insignifiantes leur permettaient de se retrouver au bon moment, celui où ils étaient lassés tous les deux et désireux de trouver un vrai partenaire, qui partageait les mêmes valeurs et leur correspondait. En contemplant Avalon dans ce moment de connexion intime, en l’écoutant lui parler d’elle, Roy nourrissait l’espoir d’avoir trouvé la bonne personne et espérait que le temps le lui dirait.

Un autre point commun, tout à fait inattendu, semblait les réunir, puisque Avalon était en train de lui annoncer ni plus ni moins qu’elle songeait à accueillir une enfant chez elle aussi, sa petite soeur, que Roy ne connaissait que de nom et de visage. Toujours aussi transparente sur ses émotions, Avalon laissa voir son agitation dans son regard trouble, dans ses gestes sous les draps, et ce petit pli entre ses yeux. Ce fut au tour de Roy de lui témoigner son soutien, en caressant son bras, alors qu’elle s’expliquait difficilement.

Vingt ans d’écart, c’était en effet un âge où Vivianne aurait pu être sa fille, songea t-il, les yeux rivés sur elle. Elle avait la chance et la malchance d’être née la dernière : chance, parce que ses aînés pouvaient plus ou moins palier à ce que ses parents ne lui donnaient pas, malchance parce qu’elle était seule ou presque là-bas, avec ses frères et soeurs beaucoup plus grands, pour la plupart sortis du foyer. Dans sa position de petite dernière, elle avait envie de rentrer dans le moule, s’adapter à ce qu’on attendait d’elle, expliquait Avalon. Avec les éléments qu’elle lui avait déjà expliqués sur son passé, sur son enfance, Roy pouvait bien deviner quel genre de vie Vivianne devait mener auprès des parents Davies : une vie dépourvue de sécurité et d’affection, les deux terrains fondamentaux qui constituaient le rôle minimal d’un parents. Les Davies ne semblaient pas avoir un jour été à la hauteur de ces deux enjeux. De leur première fille, à la dernière, ils ne semblaient pas avoir évolué, comprenait Roy, à travers le discours d’Avalon.

C’était désolant.

A ce moment précis, ce récit réveillait quelque chose d’un peu nouveau chez lui, d’un peu particulier, car cette fois, il pouvait se projeter un peu, vis à vis de sa propre paternité en construction. Le quotidien des Davies lui donnait froid dans le dos. Roy ne savait pas bien quel genre de père il souhaitait être, ou pouvait être, en revanche, il était certain que ce que lui décrivait Avalon était aux antipodes de ce qu’il voulait devenir. Parce que le fait d’être en permanence sous drogue, de monter un laboratoire clandestin dans l’espace où vivaient tous leurs enfants et de les exploiter, dès le plus jeune âge, dans leur trafic ne suffisait pas, il sembla que les parents Davies étaient également anti-sorciers. Roy sentit une pointe d’indignation et de colère saisir son coeur quand il comprit qu’Avalon avait subi toute son enfance un rejet de leur part, parce que ses parents n’étaient pas capables de l’accepter telle qu’elle était, sur un point où elle ne pouvait strictement pas agir. Elle n’avait pas demandé à avoir des pouvoirs magiques, elle était simplement née ainsi. Il se sentait un peu sensible sur ce sujet, parce qu’il connaissait une autre personne très proche de lui qui avait subi le même type de rejet et dont il avait vu les effets dans sa jeunesse : c’était Jayce, qui avait fini par couper totalement les ponts avec sa famille. Longtemps, il s’était révolté, indigné contre cette attitude que son meilleur ami avait subi, il avait fait de sa souffrance sa cause en suppliant ses parents d’accueillir chez eux, cet enfant malaimé et maltraité par sa propre famille.

La situation était un peu similaire pour Vivianne et Avalon se sentait responsable d’elle, au point de vouloir, elle aussi, l’accueillir chez elle pour lui offrir l’environnement sain et aimant qu’elle méritait. Roy se revoyait dans cette démarche, tel qu’il était quelques années plus tôt, alors évidemment, elle fit totalement sens à ses yeux. Il remonta sa main jusqu’à la joue de son amie, dans un geste de réconfort qui lui disait à peu près ce qu’il formula de ses mots :

« Tu as raison. » Il la regarda pendant quelques secondes, le temps d’ordonner ses pensées et son discours dans ce moment qu’il sentait particulièrement important pour Avalon, et source de vulnérabilité chez elle. « Si tu penses avoir un moyen de sortir ta soeur de là… Alors il faut pas hésiter. Je connais pas tes parents, mais de ce que tu m’en dis, ils font pas leur job, même pas les trucs les plus basiques. Alors si en plus, ils rejettent ta soeur à cause de ses pouvoirs, comme ils t’ont rejetée toi… -son regard s’obscurcit légèrement à cette pensée- C’est une bonne raison de plus pour la tirer de là. Elle mérite mieux. Toi aussi, tu méritais mieux » ajouta t-il dans un souffle.

Le passé était le passé, ils étaient tous les deux d’accord sur ce principe. Mais ils étaient très bien placés pour savoir que ce passé laissait toujours des traces, plus ou moins visibles, bien souvent indélébiles. A cet instant, Roy ne pouvait s’empêcher de s’interroger sur ces cicatrices invisibles, profondes, marquées par ce passé terrible sur le corps et le coeur d’Avalon. Il effleura du pouce la ligne inférieure de sa lèvre, plongé dans ses réflexions silencieuses. A son tour, il finit par lui poser cette question, qu’elle avait été la première à lui poser, et qui lui semblait adaptée à cette décision qu’elle prenait sur Vivianne, mais également à tous les sujets qui flottaient entre eux :

« De quoi tu as peur ? »


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
Messages : 692
Profil Académie Waverly
Give your heart a break [Avalon & Roy] Icon_minitimeVen 4 Déc 2020 - 16:32
Il y avait quelque chose d’encore plus difficile encore que d’appartenir à la famille Davies : c’était le sentiment de ne jamais en avoir fait totalement partie. D’être à la fois membre de cette immense famille, et d’en être, dans le même temps, tout à fait exclue. Avalon n’avait jamais eu le même statut que ses autres frères et ses autres sœurs ; elle avait toujours été à part. Elle était celle qui n’était jamais vraiment là, celle qui partait pendant des mois dans un lieu qu’on ne connaissait pas et qu’on ne nommait pas chez eux. Et, depuis ses onze ans, ce fossé n’avait cessé de s’agrandir. Aux incompréhensions qui avaient longtemps teinté leurs rapports s’était parfois ajouté un sentiment de jalousie. Avalon était celle qui avait eu de la chance, celle qui avait le droit de quitter Londres pour vivre dans un immense château où la nourriture apparaissait magiquement sur les tables et où ses vêtements disparaissaient mystérieusement pour être soigneusement lavés, séchés, puis pliés. Elle était cette enfant privilégiée - la seule d’une fratrie qui serait, plus tard, composée de neuf membres.  

A Londres, elle n’était jamais vraiment à sa place. La vie s’organisait sans elle et ne changeait pas lorsqu’elle venait pendant les vacances. Elle n’avait pas son mot à dire ; elle ne vivait plus là. Elle n’appartenait pas à leur monde. Quand elle repartait à Poudlard, son père disait qu’elle retournait chez les autres.

Et, en pleine période de guerre, au moment où Voldemort asseyait son pouvoir sur le monde magique, Avalon était, parmi les sorciers, la née-moldue pour qui les traditions sorcières n’avaient rien d’évident et qui restait terriblement attachée à la culture moldue qui était la sienne. Elle avait grandi avec la sensation de n’appartenir à aucun des deux mondes : ni celui dans lequel elle avait grandi, ni celui dans lequel elle évoluait.

Et c’était finalement ce rôle « d’autre » qu’elle avait adopté pour sa fratrie. Elle avait fait figure de tierce personne, celle qui tendait la main pour rendre, finalement, ce qu’on lui avait donné sans qu’elle ne le demande. C’était par sentiment de culpabilité qu’Avalon se rendait disponible pour Néro, qui entretenait pour elle une rancœur tenace qui noircissait leurs rapports depuis des années. C’était parce qu’on lui avait répété des centaines de fois qu’elle avait « tout » et qu’ils n’avaient « rien », qu’elle avait voulu, plus ou moins consciemment, partager ce « tout » dont elle peinait pourtant à prendre conscience.

Encore aujourd’hui, Avalon peinait à lutter avec ce sentiment de culpabilité qui la saisissait bien plus régulièrement qu’elle ne le reconnaissait. Longtemps, elle s’était dit qu’il aurait peut-être été plus simple que la magie ne se manifeste pas chez elle, qu’elle n’aurait pas eu à subir cette double-identité terriblement douloureuse et qu’elle aurait pu se débrouiller du milieu de ses parents, qui était aussi celui de sa fratrie et qui aurait logiquement été le sien. Et c’était aussi pour cette raison qu’elle était revenue chez ses parents à la fin de sa scolarité, perdue de cet avenir qu’elle ne voyait pas se profiler devant ses yeux, terriblement tentée par ce monde qu’elle connaissait plus ou moins et qui comptait parmi lui les personnes envers qui elle nourrissait un désir de proximité. La suite, Avalon la connaissait par cœur. Elle savait situer exactement ce point de rupture qui l’avait conduit à rompre brusquement avec ce quotidien qu’elle avait fini par rejoindre. Avalon était partie, avait tourné le dos à l’endroit où elle était née et ce geste avait été le premier signe d’une guerre finalement déclarée ouverte ; on lui en avait voulu – on lui en voulait encore.

Ce conflit qui l’opposait à ses parents depuis près de dix ans maintenant l’avait profondément marqué. Elle sentait qu’il s’agissait de sa plus grande faiblesse, de sa plus solide vulnérabilité. Son statut de sorcière, cette identité-double qu’on ne lui avait jamais accordé tout en lui imposant avait été terrible à vivre dans son enfance, et c’était ce qui avait créé, chez elle, ce solide besoin de s’assurer que Vivianne ne connaisse pas un même destin. Demander sa garde avait toujours été une idée qu’elle avait gardé secrète pour sa famille, posant sur la petite-dernière de sa fratrie un regard soucieux et maternel, sans oser adopter un rôle aussi fort et aussi engageant auprès d’elle. Quelque chose lui soufflait que, désormais, le moment était venu de le faire. D’essayer, comme elle l’avait si justement dit à Roy quelques minutes plus tôt. Elle lui devait au moins ça.

Le geste de son partenaire, et les premières paroles qu’il eut pour elle remuèrent profondément quelque chose en elle, et elle grava cette confirmation qui ne souffrait d’aucune contradiction dans sa mémoire. Elle se laissa envahir par ce soutien qu’il lui offrait, par cette confiance qui émanait de ses paroles lorsqu’il lui assurait qu’elle avait raison de vouloir tirer sa sœur de l’environnement dans lequel elle grandissait depuis presque dix ans. Vivianne méritait mieux, disait-il. Et elle aussi, soufflait-il ensuite, tirant à Avalon un haussement d’épaules qu’elle n’explicita pas davantage ; son passé était celui qu’il était, avec son lot de souffrances qui avait aussi participé à la construction de la femme qu’elle était devenue aujourd’hui.

« Je m’inquiète pour elle. » avoua simplement Avalon dans un souffle, avant de garder un silence méditatif dans lequel sembla la rejoindre Roy.

La caresse qu’il déposa sur ses lèvres lui tira un léger sourire, alors que son regard retrouvait le confort du sien. La question qu’il lui posa et qui faisait terriblement écho à celle qui avait initié leur conversation, la déstabilisa un instant, si bien qu’elle n’y répondit pas immédiatement pour laisser le temps à ses pensées de s’organiser pour pouvoir mettre à jour ce qui faisait naître, chez elle, cette sensation d’angoisse paralysante.

« De ne pas être à la hauteur ? » reprit-elle alors à son tour avec un maigre sourire en coin. « D’échouer. De construire quelque chose qui s’effondre. » ajouta-t-elle, sans savoir si elle parlait de Vivianne ou de la relation qui se dessinait entre Roy et elle. « J’ai peur… De ne pas réussir à lui offrir ce dont elle a besoin. Je ne veux pas qu’elle soit « mieux » avec moi, j’ai envie qu’elle soit vraiment bien, qu’elle puisse grandir en se sentant aimée et en sécurité. » fit Avalon avec un léger soupir. « J’ai peur de ne pas être assez stable, assez responsable… » Elle haussa une nouvelle fois les épaules, avec un sourire nerveux. « Je trouve ça dur, de s’engager auprès de quelqu’un qu’on peut décevoir. » confia-t-elle en observant Roy. Son regard se fit plus intense lorsqu’elle reprit : « De la même façon que c’est dur, pour moi, de m’engager auprès de quelqu’un qui peut potentiellement me faire souffrir. » Transparente autant dans ses mots que dans ses expressions, Avalon avait levé vers Roy un regard agité et terriblement sérieux. « Je crois que c’est ce qui m’a fait peur, quand il a commencé à se passer quelque chose entre nous, en février. On se connait depuis tellement longtemps alors tout paraissait tellement… réel. » Avalon baissa les yeux sur leurs mains entrelacées. « Je me suis tout de suite dit que, si quelque chose se passait mal, ce serait terrible à vivre. » Elle eut un petit rire, un peu douloureux, qu’elle explicita : « Je n’ai pas eu les meilleures expériences de relation. Je crois que ça m’a conditionné à penser d’abord au pire. »


Avalon Calder

It's your love that's weighted in gold

KoalaVolant
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2890
Profil Académie Waverly
Give your heart a break [Avalon & Roy] Icon_minitimeSam 5 Déc 2020 - 0:21
Roy s’attendait à beaucoup de choses, en posant cette question à Avalon. Il avait volontairement évité de cibler la question, pour lui donner la possibilité d’élargir à d’autres sujets que celui de Vivianne. Il s’attendait à la voir exprimer des choses qu’il avait déjà plus ou moins devinées chez elle, en recoupant ses attitudes avec des éléments de son passé qu’elle lui avait révélés. Il sentait une forme de similitude entre eux, dans les décisions qu’ils avaient prises d’un commun accord, sans pouvoir s’empêcher de continuer à se tourner autour pendant plusieurs mois. Roy s’attendait à beaucoup de choses mais certainement pas à trouver un écho aussi parfait et aussi total entre ce qu’il endurait et les craintes que lui exprimait Avalon.

Peur d’échouer. Probablement la peur la moins lisible chez lui mais également la plus profondément ancrée, qui s’était vivement réveillée à l’heure où il avait appris qu’il attendait un bébé. C’était précisément cette peur qui avait très vite orienté le débat sur ses capacités à être un bon père, plutôt que ses envies de le devenir. Comme dans beaucoup d’aspects de sa vie, Roy mettait la barre très haut et supportait très mal les échecs, répétant inconsciemment une attitude que son propre père avait toujours adoptée vis à vis de lui-même et de ses enfants.

Peur de construire quelque chose qui s’effondre. C’était ce qui le paralysait dans cette perspective d’élever un enfant, mais également de s’engager dans une relation de couple avec Avalon, son amie de toujours. Il craignait de mettre toute son énergie dans la construction de liens très proches et très importants pour lui, puis de les voir se distendre, s’altérer, se rompre, comme il avait pu le vivre à plusieurs reprises par le passé. Il s’en était relevé, péniblement parfois, mais chacune de ces pertes le scarifiait d’une marque, le rendant de plus en plus frileux à s’engager dans de nouvelles relations sérieuses et centrales dans sa vie.

Peur de ne pas être stable, responsable. Exactement la crainte qu’il avait exprimé auprès de Fergus, au sujet de sa paternité, quand ils en avaient parlé la première fois au détour d’un dîner. Et s’il jetait un innocent enfant qui n’avait rien demandé dans les conséquences de sa vie tumultueuse et dangereuse ? Et s’il ne parvenait pas à l’en protéger ? Et s’il finissait par devenir néfaste pour lui ? Ces questions tournaient toujours en boucle dans son esprit, mais Roy sentait bien qu’elles n’étaient pas nouvelles, chez lui. Ce manque de stabilité dans sa vie était également ce qui le tenait éloigné des membres de sa propre famille, ses frères, sa soeur, ses parents.

Peur de s’engager auprès de quelqu’un qu’on peut décevoir. Encore une fois, cette appréhension faisait partie des choses qui le séparaient de sa famille, de son père notamment, qui n’avait jamais manqué d’exprimer à quel point il était déçu de lui : une blessure cachée, profonde chez Roy, qu’il ne reconnaissait jamais. Une blessure qui l’avait vite poussé à adopter des réflexes : fuir l’engagement quelqu’il soit, surtout auprès de personnes qui le rendait particulièrement vulnérable, comme les femmes dont il tombait amoureux.

Peur de s’engager auprès de quelqu’un qui peut nous faire souffrir. La même lueur trouble qui agita le regard d’Avalon secoua celui de Roy. Cette fois, ils touchaient du doigt une plaie encore très vive, un sujet sensible qui les concernaient très directement tous les deux et la relation qu’ils souhaitaient développer. Le coeur de Roy avait pris un autre rythme, plus rapide, plus anxieux, alors qu’il écoutait Avalon terminer. Sa conclusion, sur ce rire un peu forcé, lui serra l’estomac, car elle appuyait sur un vécu qu’il partageait également.

Après un tel exposé, Roy eut besoin d’un instant de silence pour écouter tous ces traumatismes enfouis en lui qui semblaient répondre à l’appel de leurs consoeurs, chez Avalon. A son tour, il baissa les yeux sur leurs mains nouées, puis les releva sur elle, sans masquer son trouble et sa stupeur.

« J’ai eu l’impression de m’entendre parler. Tout ce que tu viens dire, vraiment chaque phrase… J’aurais pu le dire pour moi-même. » Pour la première fois depuis le début de leur conversation, il hésita un long moment et préféra observer le silence, le temps de structurer ses pensées, car il sentait que cet échange prenait un tournant particulièrement important pour eux. « Je ne sais pas si c’est bon signe, ça veut dire qu’on est bien cassés tous les deux… Mais en même temps… » Il pressa un peu plus fort la main de son amie dans la sienne. « On peut vraiment se comprendre. »

Il avait rarement ressenti autant d’empathie pour quelqu’un qu’à cet instant où le simple fait d’échanger un regard avec Avalon lui donnait accès à des blessures enfouies, des faiblesses profondes, des cicatrices qui guérissaient encore chez elle. Il comprenait, disait son regard, ses caresses sur sa main. Mieux encore, il savait. Il savait exactement ce que c’était. Parce qu’elle lui avait ouvert cet accès total à ses vulnérabilités, il voulut lui accorder la même confiance en reprenant la parole et cette fois-ci, il orienta directement la discussion sur ce sujet qui flottait entre eux depuis le début de leur échange, sans qu’ils n’osent l’attraper : eux deux.

« J’ai peur d’échouer avec toi. Qu’on se lance dans une relation, que ça finisse par se casser la figure et que ça emporte notre amitié avec. Ça serait terrible de tout perdre » confirma t-il, en réponse à ce qu’elle avait déjà dit. « J’ai peur de te faire souffrir et que tu me fasses souffrir aussi. Je ne sais pas, j’ai l’impression que… ça serait la fois de trop. »

La pudeur le fit taire sur cet aveu douloureux. Les sourires sur ses lèvres avaient disparu. L’atmosphère avait pris un ton supplémentaire de gravité et pourtant, Roy ne ressentait pas de malaise, mais au contraire, une inexplicable envie d’aller plus loin dans cette conversation qui s’esquissait, et un profond besoin de proximité avec Avalon. Il ne l’avait jamais sentie si proche de lui. Cette sensation de pouvoir se connecter aussi profondément avec elle et de pouvoir la comprendre sur des plans aussi personnels, malgré la gravité des sujets qu’ils évoquaient, lui procurait un curieux apaisement. Sa main se logea dans sa chevelure brune, éparse sur ses épaules, son regard s’accrocha encore au sien, décidé à ne plus le lâcher.

« Raconte-moi tes relations » la pria t-il doucement, dans un murmure secret.


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
Messages : 692
Profil Académie Waverly
Give your heart a break [Avalon & Roy] Icon_minitimeSam 5 Déc 2020 - 10:49
« Conditionnée à penser au pire », avait soufflé Avalon dans un chuchotement douloureux, après un éclat de rire sans joie qui n’avait même pas pris la peine d’éclairer son visage, devenu terriblement anxieux par la conversation qui s’esquissait entre eux. Ce trait pessimiste était sûrement celui qui lui ressemblait le moins, celui qui n’avait rien d’inné chez elle et qu’elle avait acquis douloureusement au fil des relations désastreuses qui avaient rythmé sa vie. Elle pensait au pire et, ainsi, ne s’approchait jamais du meilleur ; quand elle était déjà préparée à souffrir, la chute lui paraissait moins brusque, et faisait moins mal. De toutes les peurs qu’Avalon venait de confier à Roy, celle de l’engagement était sûrement celle qui la paralysait le plus, parce qu’elle amenait dans son équation une autre personne. Construire à deux lui semblait terrifiant, décevoir l’autre lui était à peine supportable, souffrir dans une nouvelle relation amoureuse apparaissait comme l’épreuve de trop.

Et Avalon ne craignait pas l’engagement parce que ce dernier lui était inconnu ; elle le craignait justement parce qu’il lui était terriblement familier et qu’il avait déjà marqué son cœur à de nombreuses reprises. S’en tenir éloignée de la sorte n’avait rien de naturel pour elle ; il s’agissait d’un réflexe qui avait longtemps été inconscient et dont elle avait saisi les raisons bien trop tardivement. Et, même en les connaissant plus ou moins, Avalon ne parvenait pas à empêcher ce recul instinctuel face à ce qu’elle considérait malgré elle comme un danger. Avec Roy, la peur l’avait saisi au ventre dès qu’elle avait senti que son regard se chargeait d’une intensité amoureuse et, immédiatement, elle avait songé au pire, à ce scénario dans lequel rien ne résisterait à la chute brutale à laquelle elle se préparait déjà : ni ses sentiments naissants, ni leur amitié de longue date. Il avait fallu plusieurs mois à Avalon pour apprivoiser ce qu’elle ressentait pour Roy, pour dessiner les contours de cet amour qui s’était ancré en elle lorsqu’elle avait les yeux fermés. Et même alors qu’elle l’avait reconnu verbalement, même alors qu’elle l’avait exprimé à son ami, Avalon se sentait paralysée par cette possibilité que leur relation ne prenne pas les contours d’un chemin qu’ils auraient parcouru ensemble, mais d’une impasse dans laquelle ils seraient forcés de reconnaître la vérité : ils avaient échoué.

Et c’était exactement cette peur qu’Avalon venait de confier à Roy, les yeux accrochés aux siens. Avalon la valeureuse, Avalon la fière, Avalon l’optimiste apparaissait désormais comme peu la voyait : vulnérable, fragile, blessée. Elle s’exposa à son partenaire en ayant la curieuse sensation d’être encore plus nue devant lui qu’elle ne l’avait été depuis le début de leur échange. Avec ces premières confidences, les barrières d’Avalon s’abaissèrent, puis cédèrent. Le cœur noué par la l’appréhension, elle prit quelques secondes pour observer ses cicatrices qui lui apparaissaient clairement maintenant qu’elles n’étaient plus cachées. Fugacement, elle se demanda si ce passif n’était pas trop conséquent, trop lourd, trop menaçant pour une relation qui n’en n’était qu’à ses premiers balbutiements.

Puis, la parole de Roy brisa le silence et mit à mal ce doute qui s’insinuait en elle. « J’aurais pu le dire pour moi-même » soufflait-il, troublé et stupéfait. A son tour, Avalon le dévisagea avec surprise, cherchant où, chez Roy, ses paroles auraient pu trouver un écho. Elle devinait sa peur de l’échec, elle comprenait cette crainte de ne pas être assez responsable ou assez stable, parce qu’il s’agissait d’éléments qui semblaient découler logiquement de la conversation qu’ils venaient d’avoir sur sa paternité. En revanche, sa peur de l’engagement dans une relation amoureuse n’était jamais apparue clairement pour Avalon. « « On » est bien cassés tous les deux » avançait-t-il. A tel point qu’ils étaient capables de se comprendre.

Silencieuse, Avalon suivit des yeux ses doigts qui caressaient doucement son bras, apaisée par ce mouvement qui l’ancrait dans leur réalité douce et secrète. Elle ne reprit pas la parole, l’esprit plein d’interrogations qu’elle ne formula pas parce qu’il lui semblait que le respect de l’espace qu’ils s’appropriaient doucement était ce qui était le plus précieux dans cette discussion douloureuse. Finalement, Roy reprit la parole, d’abord pour formuler exactement la peur qu’Avalon ressentait vis-à-vis de cette relation qui s’esquissait entre eux – celle d’échouer, celle de souffrir – puis pour faire un aveu pudique, timide, qu’elle accueillit en silence. « La fois de trop » disait-il en faisant, sans le savoir, un écho parfait à ses pensées. Doucement, Avalon leva sa main pour la glisser contre la joue de son partenaire. D’un mouvement en avant, elle se rapproche un peu de lui, retrouvant la chaleur de sa peau nue contre la sienne et le confort d’une étreinte qui s’érigeait en barrière contre l’angoisse et les blessures qu’ils avouaient tous les deux à demi-mots.

Des relations amoureuses de Roy, Avalon ne savait presque rien. Elle le connaissait plutôt joueur avec les femmes, elle se souvenait peut-être d’une amante qui était devenue sa petite-amie il y avait des années de cela et le nom de « June » lui évoquerait probablement de très vieilles images et des discours rapportés de ses plus proches amis. Ce parallèle qu’il faisait de leurs situations respectives avec remué quelque chose en Avalon et déclenché un profond sentiment d’empathie qui transparaissait de cette étreinte dans laquelle elle s’était réfugiée. Elle finit par s’en détacher pour retrouver sa position initiale, au moment où Roy logeait sa main parmi ses cheveux, et la priait, dans un murmure, de lui parler d’elle.

Avalon soutint son regard une brève seconde, avant de le baisser pudiquement, nerveusement, vers ses doigts qui trituraient le drap blanc qui couvrait leurs corps.

« Je ne saurais même pas par où commencer. » avoua-t-elle dans un souffle. Sa voix avait changé ; il lui semblait qu’elle tremblait un peu.

Ce n’était pas tout à fait la vérité ; Avalon savait où commencer. En revanche, elle ne savait pas où elle pouvait commencer. Il y avait quelque chose de terrifiant à aborder de tels sujets avec l’homme qu’elle aimait. Une sorte d’appréhension liée à des souvenirs traumatisants d’un passé qui n’était même pas si lointain et qui, parfois, semblait terriblement proche. Certains aspects de la vie d’Avalon demeuraient toujours secrets, parfaitement gardés au creux de son cœur qu’elle avait pansé avec soin au fil des années. Elle pouvait très nettement pointer l’origine de sa méfiance instinctuelle ; s’en ouvrir immédiatement, en revanche, lui donnait le vertige.

L’histoire était pourtant simple, constituait en une série de mauvaises rencontres et de décisions désastreuses prises par une jeune fille de dix-neuf ans perdue, blessée, qui recherchait désespérément une approbation qu’elle n’avait jamais eu de son enfance, et l’amour dont elle pensait avoir cruellement besoin. L’histoire était finalement commune, c’était celle d’une toute jeune adulte à qui on avait demandait de grandir trop vite, qu’on avait privé de sa liberté de choisir, qu’on avait possédé de force, jusqu’à ce qu’elle parvienne à s’en affranchir ; pas seulement en quittant son environnement familial comme elle l’avait cru au début, mais en se débarrassant des mécanismes autodestructeurs qui s’étaient ancrés dans ses pratiques.

« J’aime des hommes qui ne peuvent jamais s’engager avec moi dans quelque chose de durable. » annonça doucement Avalon sans quitter Roy des yeux. « Des hommes mariés ou qui vivent sur un autre continent… Des hommes qui ne sont pas vraiment là. Au début, j’en plaisantais un peu, et puis… En fait, je crois que c’est parce que je trouve ça terrifiant, d’aimer encore quelqu’un qui peut me faire du mal quotidiennement. Qui peut tout changer, et tout détruire. »  Moi non plus, je n’ai plus la force pour ça, semblait dire son regard qui ne quittait pas le sien, et qu’elle se décida d’expliciter après un bref temps de silence : « Quand j’avais dix-neuf ans, j’ai rencontré ce mec… Thomas. Je ne sais pas si tu t’en souviens, tu as déjà dû le voir quelques fois. C’est celui que Toni déteste. » précisa Avalon, consciente que la haine profonde que vouait son meilleur ami à son ex petit-ami était plus ou moins connue dans leur cercle proche. « A dix-neuf ans, j’étais complètement perdue et il était… Il me paraissait merveilleux. Différent de tous les hommes avec qui j’avais été avant, il était tellement sûr de lui, sûr de ce qui il était et de ce qu’il allait devenir. Je trouvais ça fascinant, terriblement attirant aussi. Moi, à la même époque, j’étais incertaine sur ce que j’allais pouvoir faire la semaine prochaine. » confia Avalon dans un murmure douloureux, qui trahissait chez elle une fragilité liée à ce temps de sa vie qu’elle lui contait. « Quand j’allais mal, il était incroyable. J’avais l’impression qu’il me disait exactement ce que j’avais besoin d’entendre. Je lui ai tout dit, ma famille… » Avalon s’interrompit un bref instant. « … Tout. Et il est resté avec moi. En fait, les choses se sont empirées quand j’ai commencé à aller mieux. » confia-t-elle alors qu’un frisson lui parcourait la peau. « Il détestait que je lui échappe. A l’époque, je n’en n’avais pas conscience mais… En réalité, il voulait juste que je lui appartienne. Il était atrocement jaloux de Fergus et de Toni, il détestait que je passe du temps avec eux, il me disait que je n’avais aucune considération pour lui, que je le traitais mal, que je ne prenais jamais en compte ce qu’il ressentait… Et moi, je pense que je le croyais un peu. » avoua Avalon en baissant brièvement les yeux par pudeur. « Je pensais qu’il m’avait apporté tellement de choses alors, forcément, ça me donnait l’impression que sans lui, j’étais rien. C’était ce qu’il me disait, souvent, mais un peu comme on pourrait dire « je t’aime ». Qu’on n’était rien l’un sans l’autre. »

« Tu n’es rien sans moi et moi, je ne suis rien sans toi », disait Thomas en l’embrassant avec une énième dispute. Avalon acquiesçait ; elle ne savait surtout plus vraiment qui elle était en dehors de lui.

« Mais en réalité, j’étais surtout « rien » quand j’étais quelqu’un d’autre que la femme qu’il voulait que je sois. » témoigna Avalon en retrouvant le regard de son ami. « On s’engueulait beaucoup, tous les deux. Vraiment. » ajouta-t-elle avec un regard qui suffisait à comprendre la gravité de la situation. « Il pouvait devenir complètement fou dans ces moments-là, voire violent. Il m’a… Il m’a frappé, deux fois, le jour où je l’ai quitté. » finit-elle par lâcher dans un murmure qui éveilla une vieille plaie, immense, qui avait suffi à modifier l’intégralité de sa perception des relations aux autres.

D’un mouvement, Avalon bascula sur le dos en s’arrachant au regard de Roy. Elle passa une main lasse sur son visage, secouée de ces confessions qu’elle ne faisait jamais et qui l’exposaient terriblement. Elle conclut d’une voix qui s’éleva à nouveau dans la chambre silencieuse :

« Donc ouais. Les hommes qui vivent de l’autre côté de l’Atlantique, au moins, ils ne peuvent pas vraiment faire de dégâts dans ma vie. » Elle eut une hésitation et lâcha, dans un trait d’humour maigre : « Je te dirais bien que c’est reposant, mais la vérité c’est que ça m’épuise tout autant. »


Avalon Calder

It's your love that's weighted in gold

KoalaVolant
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2890
Profil Académie Waverly
Give your heart a break [Avalon & Roy] Icon_minitimeVen 11 Déc 2020 - 22:59
Le geste qu’Avalon initia vers lui fut une réponse à cette vulnérabilité que Roy lui ouvrait et qu’il accueillit en silence, en passant ses bras autour d’elle. Lui-même préférait les étreintes aux mots, dans ce genre de cas de figure. Pourtant, il était en train de se montrer assez exceptionnellement loquace sur de sujets dont il parlait peu, voire jamais. Mais la situation toute particulière le poussait à s’ouvrir, entre le fait que quelques heures plus tôt, il avait ouvert les vannes de tout ce qu’il contenait depuis si longtemps auprès de Jayce, le fait qu’il se trouvait à un moment de sa vie où il se sentait un peu à bout, nerveusement éprouvé par des insécurités chez lui qui n’avaient jamais été aussi vives, et le fait qu’il sente chez Avalon une écoute précieuse, une empathie, un parcours similaire au sien le poussant à penser qu’ils pouvaient se comprendre. Il lui semblait, par ailleurs, qu’il lui devait quelques explications sur ce qu’il avait vécu et la manière dont il fonctionnait, parce qu’il sentait qu’ils se préparaient mutuellement à prendre une décision importante sur l’avenir de leur relation à tous les deux. Et cette fois, Roy n’avait pas envie d’échouer.

Pour Avalon également, parler de son passé semblait aussi douloureux que nécessaire. Quand ils se replacèrent l’un en face de l’autre, la tête posée sur les oreillers, Roy vit un trouble qu’il n’avait pas l’habitude de voir dans son regard, une crispation au coin de ses lèvres qui avaient cessé de sourire, trahissant un état de nervosité qu’il avait rarement vu chez elle. Aux yeux de Roy, Avalon faisait partie de ces personnes qui semblaient indestructibles, optimistes, pleines d’assurance au quotidien. Évidemment, il savait qu’elle avait, comme tout le monde, ses démons intérieurs, il en avait deviné les contours à des moments où ils s’étaient trouvés proches. Mais il pressentait qu’elle lui offrait un tout nouvel accès d’elle-même, un autre degré de proximité, et qu’elle s’apprêtait à dire le genre de choses qu’on osait à peine s’avouer à soi-même.

Alors il l’écouta en observant un religieux silence, parfaitement conscient du genre d’effort que demandait le fait de poser des mots sur des traumatismes enfouis et que le moindre mot de travers de sa part pouvait briser cet élan. Il était lui-même particulièrement sujet à ce genre de retrait, quand c’était lui qui devait s’exprimer sur une fragilité chez lui. Il l’écouta convoquer le souvenir d’un homme dont le nom lui évoqua les souvenirs lointains d’un visage, qu’il avait déjà croisé dans des soirées et qu’il avait en effet associé à Avalon à l’époque. Roy n’était pas encore véritablement proche d’elle, elle était plutôt l’amie de ses amis, Fergus et Toni en l’occurrence, il ne la voyait pas autrement que dans des rassemblements qui incluaient au moins l’un des deux. A fortiori, il ne connaissait donc pas vraiment ce Thomas même s’il avait déjà entendu Toni râler à son sujet, mais il lui semblait qu’il râlait sur environ toutes les conquêtes masculines d’Avalon, qui n’étaient, à son avis très tranché, jamais assez bien pour sa meilleure amie.

Le récit que lui faisait Avalon était donc nouveau pour Roy, et surtout, stupéfiant. Un décalage lui apparut aussitôt entre la femme indépendante, déterminée, confiante qu’il connaissait et cette jeune fille perdue, fragile, influençable qu’elle décrivait. A la mesure de ce décalage, il jaugea le chemin qu’elle avait parcouru pour devenir celle qu’elle était désormais. Puis sa stupeur devint révolte, tandis que le récit avançait pour dépeindre, cette fois, un ex-copain manipulateur, possessif, violent. A la manière dont Avalon parlait, dans un murmure pudique, avec un regard fuyant, Roy sentit chez elle cette espèce de honte qu’il était difficile d’effacer totalement d’une prise de conscience d’un moment de grande fragilité passée. Il n’y avait pire humiliation que de se rendre compte qu’on avait été manipulé, abusé par une personne qui avait tiré parti de nos faiblesses. Sur ce point, il pouvait comprendre ce que devait ressentir Avalon et plus encore, il pouvait se mettre à sa place.

Si pour le moment, Roy n’en dit rien, cette indignation qu’il ressentait par compassion pour son amie, se lut dans son regard, à chaque nouvelle violence qu’elle évoquait. Il n’avait pas vraiment connu Thomas à l’époque mais il le détestait désormais sans réserve, pour avoir tenté de modeler Avalon, de l’assujettir à ses besoins, et pire encore, pour lui avoir un jour fait penser qu’elle n’était « rien ». Il détesta les mots rabaissants que cet homme avait eus à son égard, il détesta cette main qu’il avait osé porter sur elle. Il sentit, dans ce dernier aveu, qu’il s’agissait d’un souvenir encore douloureux pour Avalon, une blessure qui avait probablement laissé des traces chez elle et dont il put deviner la teneur, avant même qu’elle ne l’explicite : après une telle histoire, aussi violente, n’importe qui se serait senti réticent à ouvrir à nouveau son coeur à quelqu’un d’autre.

'Cause you’ve been hurt before
I can see it in your eyes
You try to smile it away
Some things you can't disguise

Alors elle s’était laissée approcher par des personnes à qui elle ne pouvait jamais s’attacher totalement, expliquait t-elle. C’était sa manière à elle de se protéger d’elle-même et des autres, comprit Roy. Son regard suivit la ligne de son profil, qu’elle gardait obstinément tourné vers le plafond, plongée dans des pensées qui devaient être douloureuses. Il finit par lui répondre d’un geste qu’il amorça vers elle, pour se blottir tout contre elle et retrouver la chaleur d’une étreinte partagée. Il posa doucement son front contre sa tempe, effleura sa joue du bout de son nez, glissa son bras autour de sa taille, et ferma les yeux pendant de longues secondes de silence.

Ce long récit avait réveillé chez lui une foule d’émotions qu’il prit, pour une fois, le temps d’appréhender avant de parler. Il identifia ses propres souffrances, qui entraient en écho avec celles d’Avalon. Il perçut également ses sentiments intacts pour elle, renforcés par cette confiance qu’elle lui accordait en lui dévoilant l’une de ses plus grandes blessures, mais également par la révélation de toutes ces aspérités chez elle, qui la rendaient plus humaine que jamais. Ces déceptions qu’elle avait vécues, ces coups durs qu’elle avait dû encaisser, ces cicatrices intérieures qu’elle soignait encore, toutes ces imperfections la rapprochaient de lui, de ce qu’il pouvait comprendre, de ce qu’il vivait de son côté également. Roy découvrait les épreuves et les souffrances derrière les sourires d’Avalon, et il songeait que, quelque part, elles ne faisaient que mettre davantage en lumière cette force qui lui permettait d’être toujours debout et prête à aller de l’avant.

Et malgré cette dernière et belle pensée, la gorge de Roy restait serrée. Ses mots s’y coinçaient, s’y noyaient, au fond d’un profond sentiment d’injustice qu’il peinait à exprimer. La douce chaleur de sa main sur la peau d’Avalon, le murmure de sa voix contrastaient étrangement avec ce qu’il déclara, sans bouger de sa position :

« Je sais pas quoi te dire, Av’. Tu méritais rien de ce qui t’est arrivé, entre cet enfoiré et tes parents merdiques… Ça me fout la rage. »

Il avait bien conscience que ce sentiment était tout à fait improductif, puisqu’il était le premier à dire que le passé était le passé et qu’il ne servait à rien de nourrir des regrets. Mais il était humain, et parfois, il ne pouvait empêcher la mélancolie et la révolte de s’emparer de lui, jusqu’à ce qu’il se souvienne que les épreuves forgeaient leurs victimes. Qu’il s’agisse de lui ou d’Avalon, ils avaient pu le constater maintes fois par eux-mêmes.

Roy se redressa sur cette pensée, plaçant son visage au-dessus de sa partenaire, en appui sur son coude posé sur l’oreiller. Pendant quelques secondes, il se contenta de la contempler, l’esprit bousculé de mille réflexions et le coeur tourmenté d’autant d’émotions.  

« Moi aussi, quand je fais le bilan de mes relations, celles qui étaient sérieuses, précisa t-il, j’arrive sur la même conclusion que toi. Que ça a tout changé, tout détruit » répéta t-il en reprenant ses mots. « Et c’est fatigant de réparer après. Enfin, je sais pas si je répare ou si je marche juste par-dessus jusqu’à oublier, mais je… »

Il s’interrompit, troublé par sa propre introspection, par le souvenir de la conversation qu’il avait eue, quelques heures plus tôt avec Jayce, et qui avait mis en lumière beaucoup de choses, par le regard qu’Avalon posait sur lui. C’était une chose de s’ouvrir à son meilleur ami qui le connaissait depuis des années, c’en était une autre de parler à la femme qu’il aimait et avec qui il tentait de ne pas répéter ses inlassables erreurs passées. Un tic nerveux passa au coin de ses lèvres, comme un faux sourire, alors qu’il cherchait ses mots.

There's just so much you can take
Give your heart a break


« Quand je m’investis dans une relation, je le fais totalement, déclara t-il, finalement. Et en général… Je finis par m’y perdre, genre… Tout donner au point de m’oublier moi-même, tu vois ? » Il laissa un bref silence s’écouler, conscient que cela ne ressemblait pas à l’image qu’il donnait de l’extérieur, qu’il avait plutôt l’air de cet homme coureur de jupons qui maîtrisait son jeu avec les femmes, et non de celui qui se laissait attraper et manipuler. Mais la nuance tenait justement de ce qu’il évoquait : le moment où il devenait cet autre homme était celui où il décidait de s’investir dans une relation, parce que des sentiments passionnels rentraient en jeu. Il reconnut, en baissant brièvement le regard : « J’ai pas été amoureux de beaucoup de femmes. Mais à chaque fois, c'est devenu malsain et ça s'est terminé super violemment. »

Les raisons en étaient variées et Roy ne pouvait prétendre qu’il n’était qu’une victime à chaque fois, sans aucune part de responsabilité dans les schémas destructeurs qu’il répétait. Il avait lui-même ses comportements nuisibles et il ne pouvait accuser personne de lui faire ignorer ses propres limites, de les brûler allègrement, comme il le faisait dans sa vie en général.

« Ce serait long de tout détailler. Mais la première femme que j’ai aimée, on n’était pas du tout du même monde, elle et moi, alors on se cachait. Enfin, moi je m’en foutais, je pouvais assumer mais pas elle… Evidemment, ça pouvait pas tenir longtemps dans ces conditions et ça a fini par exploser. Après je suis tombé sur une meuf qui m’a planté un couteau dans le dos puis j’ai découvert plus tard qu’elle était totalement tarée » grogna t-il, en fronçant les sourcils avec cette grimace qui accompagnait chaque évocation de June. « Bref, que des histoires comme ça, avec des femmes avec qui ça n’a aucune chance de marcher ou qui sont juste toxiques » admit t-il, avec cette désagréable piqûre à sa fierté qui suivait ce genre d’aveu.

Reconnaître qu’il faisait de mauvais choix avait quelque chose d’humiliant. Malgré la confiance qu’il accordait à Avalon et qui lui permettait de se dévoiler ainsi face à elle, Roy n’aimait pas retracer son passé, tout comme il n’aimait pas réveiller des blessures particulièrement sensibles. Malheureusement, ces souffrances s’étaient dernièrement ravivées avec une telle force et un tel impact sur ce qui se dessinait entre lui et Avalon, qu’il ne pouvait pas les ignorer. Il était venu dans l’optique de jouer cartes sur table, avec elle. C’était le moment de se rappeler et se raccrocher à cet objectif, songea t-il en risquant un regard vers Avalon, tandis qu’il poursuivait ses confessions, avec plus d’hésitation :

« Et ma dernière histoire… était la pire. Et elle est récente. Vraiment récente. »


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
Messages : 692
Profil Académie Waverly
Give your heart a break [Avalon & Roy] Icon_minitimeDim 13 Déc 2020 - 19:57
Il y avait certains sujets sur lesquels Avalon ne s’attardait jamais très longuement, par pudeur et par habitude. Il y avait des années qu’elle n’avait pas évoqué Thomas d’une manière aussi directe, et avec un aussi grand recul sur une situation largement problématique dans laquelle elle s’était perdue pendant plus d’un an. Il lui avait fallu des mois, après leur rupture, pour réaliser le caractère hautement toxique de leur relation, et encore quelques mois supplémentaires pour panser son cœur douloureux. Armée de ces dix années qui la séparaient désormais de cette période de sa vie, Avalon revoyait les évènements avec un mélange de douleur et de honte pour cette jeune fille qu’elle était alors, aveuglée par ce profond besoin d’aimer et d’être aimée en retour. Et elle avait aimé Thomas ; elle l’avait aimé comme si sa vie en dépendait car, au fond, peut-être en dépendait-elle véritablement pendant un temps. Elle avait aimé cette assurance qu’il dégageait et cet avenir qu’il embrassait sans peur. Elle était tombée amoureuse de ses certitudes inébranlables et de la façon dont il l’observait, parfois, qui lui donnait l’impression d’être un trésor à ses yeux. Avec les années, Avalon ne parvenait plus exactement à déceler à partir de quel moment leur relation s’était teintée d’une toxicité d’abord subtile puis de plus en plus évidente, qu’elle niait avec force. Il y avait d’abord eu des mots, des disputes, des crises de jalousie, des accès de colère noire, et puis des excuses qui n’en n’étaient pas vraiment. Puis des gestes, enfin des coups ; Avalon était partie le jour où Thomas avait levé la main sur elle pour la première fois, comme s’il s’agissait finalement du déclic suffisant pour la forcer à ouvrir les yeux.

S’il avait été difficile de rester avec Thomas, le quitter avait été encore plus dur. Aussi néfaste sa présence était-elle pour Avalon, elle avait eu le mérite de venir parer une sensation de vide terriblement vertigineuse qu’elle ne désirait retrouver pour rien au monde. Elle avait fini par s’y confronter, après plusieurs mois, et alors des millions de détails lui avaient brusquement sauté aux yeux. Cette façon que Thomas avait de toujours la ramener à des évènements douloureux pour elle. Cette condescendance dont il faisait souvent preuve envers son entourage. Cette manière qu’il avait à la fois de la dénigrer et de la mettre en valeur. Cette jalousie immense qui le consumait et qu’il mettait sur le compte de tromperies passées. Cette peur qui lui serrait le ventre, souvent, sans qu’elle ne parvienne à identifier le sentiment à l’origine de cette douleur somatique. Les paralysies qu’elle vivait dans son sommeil. Tout lui était revenu avec une netteté impressionnante, et elle avait été terriblement ébranlée par ces signes si évidents qu’elle n’avait pas voulu voir. Elle avait eu honte, un peu. Elle avait eu mal, surtout.

Avalon n’évoquait plus Thomas depuis longtemps, ni même avec Fergus ou Toni. Elle ne taisait pas cette histoire par déni d’une souffrance qu’elle tenait à distance, mais par volonté de ne s’appesantir dessus. Il y avait des fragilités qu’elle ne montrait pas et qu’elle vivait dans l’intime ; s’en ouvrir à Roy ce soir revenait à lui offrir une part de sa vie qu’elle ne donnait à personne. Les yeux rivés sur son plafond blanc, la gorge un peu nouée, la jeune femme accueillit l’étreinte de son ami comme un rempart aux sentiments douloureux soulevés par ces confessions. Elle posa sa main sur son torse qu’elle effleura doucement dans le silence qui s’était instauré entre eux et qui apaisait les battements de son cœur. Finalement le murmure qui parvint à son oreille, s’il lui serra un peu la gorge, lui tira aussi un minuscule sourire qui s’étira maigrement sur ses lèvres. Il lui semblait que cela faisait des années que la colère l’avait quitté – le temps avait, dans ce cas de figure, été un allié nécessaire à ce lâcher-prise. La rage d’Avalon avait été sa pire ennemie pendant des années, source pour elle de comportements largement destructeurs qu’elle continuait à reproduire perpétuellement. A bien y réfléchir, Avalon avait grandi en étant en colère. Contre ses parents, contre son milieu, contre son frère, contre elle-même, contre ce qu’elle avait subi, contre celui qu’elle avait aimé, contre tout. Lorsqu’elle s’était stabilisée dans un métier épanouissant, lorsqu’elle avait appris à être heureuse seule, lorsqu’elle avait compris comment apaiser son cœur et calmer ses angoisses, alors, enfin, Avalon avait cessé de s’épuiser dans une colère qui ne trouvait jamais de fin.

Quel soulagement cela avait été.

Alors, pour toute réponse au commentaire de Roy, Avalon se contenta de tourner vers lui un regard reconnaissant et tendre. Elle allait bien, disait-elle ainsi. Elle allait mieux. Retrouver le confort des yeux de Roy, lorsqu’il se redressa pour se positionner au-dessus d’elle, acheva d’apaiser son cœur. Elle capta l’agitation qui ternissait ses prunelles, et contempla celui qui semblait accueillir au creux de son cœur toutes les confessions qu’elle lui faisait, sans les questionner, sans les remettre en cause, et sans les minimiser. Avalon apprécia ce sentiment de ne pas seulement être écoutée mais entendue, comme celui de ne pas être seulement regardée mais vue. Elle l’imprima dans sa mémoire, le chérit dans ses souvenirs, et chercha à le lui offrir en retour.

Aussi, elle resta silencieuse alors que Roy reprenait la parole pour s’ouvrir sur ce sujet qui semblait agiter ses pensées. Il disait être fatigué de réparer ce qui avait été détruit, avec une honnêteté désarçonnante qu’elle accueillit au creux de la paume qu’elle posa contre sa joue. Elle conserva ce geste pendant l’intégralité du récit de Roy, qu’elle n’interrompit pas une seule fois, consciente que ce qui se jouait entre eux était trop sérieux, trop chargé d’émotions pour laisser une question glisser entre ses lèvres et interroger un aspect d’une histoire qui n’était pas la sienne. Seul son regard soutint celui de son ami, lui répondit à plusieurs reprises avec des expressions parfois soucieuses, souvent empathiques. Oui, Avalon savait comment on pouvait se perdre dans une relation au point de s’oublier et combien on pouvait se sacrifier au nom d’un amour qui n’avait parfois d’amour que le nom. Elle connaissait suffisamment bien le caractère entier de Roy pour s’y identifier sans mal et comprendre sans qu’il n’ait à le formuler les raisons de cette perdition.

Il y avait cependant quelque chose d’étonnant à découvrir de Roy cette part de lui qu’elle n’aurait jamais pu deviner autrement. Avalon ne savait rien des histoires qui l’avaient précédemment liées à certaines femmes, comme elle ne savait rien des déceptions qui avaient suivi ces relations. Elle le connaissait volontiers charmeur, assuré dans des flirts qu’ils avaient même déjà partagés. En revanche, elle le savait bien moins vulnérable et fragile dans ses rapports aux autres. Et pourtant, impossible de ne pas deviner une vulnérabilité certaine dans les mots qu’il utilisait, dans la façon dont il décrivait ses histoires et leurs fins.

Roy parlait d’histoires impossibles, de femmes toxiques, et Avalon sentit un bref éclat de révolte passer dans le fond de ses yeux bruns. Elle le réprima rapidement en décelant son hésitation, et l’encouragea d’une légère caresse sur sa joue à s’ouvrir à elle. Sa dernière phrase, qu’elle sentait encore plus lourde que les précédentes, lui tira un regard surpris qu’elle ne chercha pas à dissimuler. L’insistance qu’il mettait sur la temporalité de sa dernière histoire lui soufflait qu’il s’agissait probablement d’un des nœuds particulièrement complexes de sa propre réflexion. De mémoire, Avalon n’avait pas connu Roy en couple récemment – ni dans les derniers mois, ni dans les deux dernières années. Elle ne se souvenait pas non plus avoir entendu l’un de leurs nombreux amis en commun mentionner une femme qui aurait été spéciale à ses yeux. Aussi, Avalon devina qu’il y avait quelque chose, dans cette confession qu’il lui faisait, qui relevait davantage du secret qui n’avait pas été souvent partagé.

Parce qu’elle le sentait fébrile, parce qu’elle le sentait hésitant, Avalon prolongea sa caresse quelques secondes, effleura les traits de son visage du bout des doigts, les dessina en silence dans un geste apaisant, qui témoignait de sa volonté d’entendre tout ce qu’il était venu lui dire. Mais, parce qu’elle savait que la condition à leurs confidences était aussi le fait qu’ils aient le choix de ne rien dire, son intervention prit la forme d’une question :

« Tu veux m’en parler ? » Sa voix, douce, n’était qu’un chuchotement. Elle ajouta, comme pour témoigner d’une présence qui mêlait à la fois sentiments amicaux, amoureux, et confiance qui se teintait d’absolu : « Je suis là, pour toi. »



Avalon Calder

It's your love that's weighted in gold

KoalaVolant
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2890
Profil Académie Waverly
Give your heart a break [Avalon & Roy] Icon_minitimeJeu 4 Fév 2021 - 23:59
Chose assez rare pour être notée, le discours de Roy n’était pas très fluide, il s’emmêlait dans ses phrases, hésitait sur ses mots, peu habitué à les poser sur des émotions très personnelles, à un endroit où il se sentait un peu trop vulnérable. Mais il s’accrocha à sa volonté de parler, tout comme il s’accrochait au regard attentif qu’Avalon posait sur lui et à cette main qu’elle laissa sur sa joue, comme un rappel de sa présence, de son soutien malgré le silence qu’elle observait en le laissant parler. Il s’arrêta au moment où il confia le caractère très récent de sa dernière relation, car il sentait que cet aveu allait soulever des multiples questions chez elle, des questions qu’il s’était posé lui même.

Qui était t-elle ? Pourquoi avaient t-ils rompu ? Qu’est-ce que cette relation passée signifiait pour lui, désormais ? Est-ce que Avalon n’était qu’un pansement ?

Pourtant, elle ne posa aucune de ces questions. Ses doigts glissèrent sur les contours de son visage, comme pour en lisser les rides de contrariété, les tics de nervosité. Puis elle lui offrit simplement son écoute, avec une sincérité et une attention qui touchèrent Roy en plein coeur. Il perçut, au fond de ses yeux bruns, le souci désintéressé de cette amie qu’elle était toujours pour lui malgré l’évolution de leurs sentiments et sur lequel il pouvait toujours compter. Il entendit dans sa voix basse un amour attentif, doux, bienveillant qui l’attira irrémédiablement. A son tour, il glissa sa main contre sa mâchoire, son pouce retraça la courbe de sa joue dans une caresse reconnaissante et il adopta une position plus confortable en appui sur l’oreiller, sans rompre le contact de leurs regards.

Les mots ne vinrent pas tout de suite. Le silence s’étira entre eux, tissé de pensées secrètes, d’émotions contenues, de regards troublés. Roy voulait s’ouvrir à elle, pas seulement pour se décharger d’un poids, mais surtout parce qu’il sentait qu’il y avait certaines choses qu’elle avait besoin de savoir s’ils devaient s’engager dans une relation, tous les deux. Il voulait qu’Avalon soit prévenue de ce qu’il était, de ce qui l’avait marqué profondément. Il voulait qu’elle sache vraiment où il en était dans sa vie, et cela incluait autant cette future paternité qu’ils avaient déjà évoquée, que ses blessures amoureuses plus ou moins cicatrisées. Il voulait être certain que si elle l’acceptait dans sa vie à elle, elle savait ce qu’elle achetait, et sans zones d’ombre.

S’engager dans une telle démarche d’honnêteté, c’était déjà accorder beaucoup d’importance à Avalon et à ce qu’elle représentait pour lui. Il la voulait à ses côtés, il ne l’avait pas encore formulé vraiment, mais il le sentait au fond de lui. Il la voulait et il n’avait pas envie d’échouer dans cette entreprise. Cette conversation était un premier pas important, où chaque mot comptait, alors il mit un certain temps à les choisir, les yeux plongés dans ceux de sa partenaire.

« C’était compliqué, c’était une relation totalement secrète. On était obligés de se cacher pour… plein de raisons » souffla t-il finalement, conscient qu’il ne pouvait pas non plus dévoiler tous les détails à celle qui était la nouvelle chef de la Milice. « Encore aujourd’hui, personne ne sait, à part ma soeur et depuis peu, Jayce. »

Un aveu qui avait été difficile à faire et avait provoqué un choc bien compréhensible chez son meilleur ami. Roy avait craint que ce moment fatidique de vérité ne brise quelque chose entre eux et ne le déçoive assez pour l’éloigner de lui. Cette crainte n’était d’ailleurs pas totalement écartée de son coeur. Face à Avalon, il ressentait un genre de peur similaire, de voir son regard et son attitude changer à cause des confidences assez lourdes qu’il s’apprêtait à faire.

Mais c’était le moment de les faire malgré tout, Roy en était intimement convaincu. Il n’avait pas envie de démarrer une relation sur des secrets. Il sortait d’un couple pourri de l’intérieur par des secrets, c’était tout ce qu’il voulait éviter, désormais. Sur ces premières informations qui ne l’exposaient pas encore beaucoup et posaient plutôt un contexte, Roy se tut à nouveau, le temps de rassembler ses mots qui s’emmêlaient. Comment décrire la passion destructrice ? Comment parler de culpabilité permanente, d’amour aveugle, de trahison ? Il choisit de rester assez factuel, comme pour essayer de se protéger de ces violentes émotions du passé :

« Je suis resté avec elle un an et demi, à peu près, même si les derniers mois étaient vraiment durs… On s’est séparés l’an dernier, en novembre. » Ce qui semblait très loin désormais et très proche à la fois. Roy était conscient qu’Avalon allait sûrement penser que c’était plutôt très proche. « Ça devenait juste impossible, on était arrivés à un stade où on pouvait plus du tout se projeter, on avait plus du tout les mêmes attentes non plus. Alors on a arrêté en coupant totalement les ponts. Sur le coup, une part de moi se disait que c’était la pire décision, que j’avais perdu quelque chose de précieux… » Il haussa légèrement les épaules, admettant un constat qu’il avait mis quelques mois à faire : « Maintenant je regrette surtout de ne pas avoir arrêté plus tôt. Avec le recul, c’est une relation qui m’a fait beaucoup de mal. C’était… beaucoup de culpabilité autour du secret, beaucoup de pression aussi. Et j’ai mis tellement de temps à m’en rendre compte, à comprendre que j’étais pas le problème dans la situation, que j’avais pas à changer ou à devenir quelqu’un d’autre pour que ça colle, en fait. C’était ça, qu’elle attendait de moi. Que je sois quelqu’un d’autre. En même temps, c’est bien caractéristique de moi de me foutre dans ce genre de situation, hein… » Un léger sourire amer tordit ses lèvres, alors qu’il baissait les yeux, sur cette partie de son récit dont il n’était pas fier. « Tellement amoureux et aveuglé que j’ai fait n’importe quoi, menti à tout mon entourage, et pris des engagements impossibles à tenir. »

Il laissa cette phrase en suspens et se tut, sur ce qui était peut-être l’aveu le plus difficile à faire. Il dut prendre son courage à deux mains pour affronter le regard d’Avalon, sans réussir à masquer totalement son inquiétude face à la réaction qu’il allait susciter chez elle. Son coeur cognait si fort dans sa poitrine qu’il eut l’impression de n’entendre que ça quand il finit enfin par dire ce qu’il craignait tellement d’avouer :

« On était fiancés. On n’a jamais… été jusqu’au bout, on est restés des mois comme ça. Maintenant, je me dis que c’était surtout une manière un peu désespérée de nous sentir liés malgré les circonstances, mais voilà… On a été jusque là. »

Exposer cette histoire pour Roy était déjà une forme d’épreuve, un poids assez lourd qu’il devait porter, alors il imaginait assez quel genre d’effet cela devait avoir sur Avalon qui se prenait toutes ces informations d’un coup. A sa place, il savait très bien quel genre de réaction il aurait pu avoir : un instinct de fuite, certainement, ou au moins, une peur vivace, une irrépressible remise en question de tout ce qui se passait. En venant chercher le contact de leurs regards et celui de sa main qu’il noua à la sienne, il voulut éteindre ces incertitudes et la raccrocher à ce qui comptait vraiment : leur présent à eux.

« Je te dis tout ça parce que… Je veux que tu saches où j’en suis vraiment, Av’. Ce dont je te parle là, c’est du passé pour moi. Mais y a deux mois quand on a commencé à se plaire toi et moi, c’était encore assez douloureux. Pas parce que j’étais dans des regrets, mais parce que ça m’a… Ça m’a marqué, cette histoire, ça m’a laissé des sales trucs en moi. Ça me faisait vraiment flipper d’envisager une autre relation sérieuse où je risquais de me perdre encore ou de perdre mon indépendance. En plus, je savais pas encore très bien ce que je ressentais, tu étais mon amie et j’avais pas envie de faire de toi une espèce de pansement. » Si cette question avait pu se poser aux débuts de leur histoire, Roy était désormais certain de ce qu’il venait chercher chez Avalon et ce n’était pas l’oubli d’une femme qui était désormais un fantôme de son passé. Son regard s’ancrait résolument dans celui de son amie, comme pour confirmer toute la sincérité des moments qu’ils avaient passé ensemble, en particulier celui qu’ils venaient de vivre, dans l’intimité de cette chambre. « J’ai fait mon deuil, assura t-il en glissant sa main le long de sa nuque dans une tendre caresse. Ce qu’on a vécu ces dernières semaines, ce qu'on vient de vivre là, ce soir… C’est juste toi et moi. Je suis venu pour toi. »


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
Messages : 692
Profil Académie Waverly
Give your heart a break [Avalon & Roy] Icon_minitimeSam 6 Fév 2021 - 11:21
Roy ne disait plus rien ; Avalon non plus. Ils s’observaient dans le silence agité de leurs pensées, sans un geste, comme figés par un secret qui se révélait entre eux. Un secret que Roy avait gardé longtemps, qu’Avalon n’avait jamais soupçonné – que personne, apprit-elle, n’avait réellement su non plus. Pas même Jayce, le frère de cœur de Roy depuis des années, son partenaire et associé. Les sourcils de la jeune femme se froncèrent légèrement, sous le coup de questions qu’elle ne verbalisa pas. Elle sentait Roy fébrile en face elle ; il parlait difficilement, dans un souffle angoissé, si bien qu’elle sentait que sa parole était fragile. Elle préféra l’accueillir sans l’interrompre, gardant pour elle les nombreuses interrogations qui dansaient dans ses yeux. Au fond, Avalon pouvait supposer sans trop de mal pourquoi une relation avec Roy Calder avait dû se vivre dans l’ombre d’un secret. Elle s’imagina sans difficulté le conflit d’intérêt qui avait pu se poser, sans se douter qu’elle était à la fois terriblement proche et atrocement loin de la vérité.

Ce dont elle était loin de se douter également – mais ce que Roy ne tarda pas à annoncer, non sans lui arracher une expression de surprise – était que ce qu’il qualifiait d’histoire « récente » semblait, pour Avalon, avoir pris fin hier. Novembre. Trois mois avant la soirée qui avait vu naître une étincelle particulièrement vivace entre eux. Cinq mois avant aujourd’hui. La temporalité était vertigineuse, et noua son cœur d’interrogations légitimes, qui s’exprimaient sans mal dans les traits soucieux de son visage. Avalon connaissait le vide immense laissé par une rupture, elle connaissait aussi ce sentiment de solitude désespérant, qui poussait n’importe qui à chercher à le combler, et parfois à n’importe quel prix. Difficile de lutter contre l’envie de relire les évènements de ces derniers mois, de voir un double-discours derrière des gestes, et des messages cachés derrière des paroles. Elle fut arrachée à cet exercice aussi douloureux qu’improductif par la suite du récit de Roy, qu’elle écouta, sans faire un mouvement.

Et, si elle avait senti son cœur piqué par ses premières révélations, elle décela un familier sentiment de révolte poindre au creux de son estomac au fur et à mesure du discours pudique de son ami. Il disait « culpabilité », il disait « pression », il parlait de changer, de devenir quelqu’un d’autre et, malgré tout ce que cette situation suscitait chez elle, Avalon comprenait. Elle savait. Elle connaissait l’amour aveugle, l’amour qui signait la perdition, celui qui, finalement, n’avait d’amour plus que le nom. Elle connaissait la culpabilité amoureuse, elle savait comment elle était capable de changer et de remodeler chaque comportement. Elle voyait comment on pouvait étouffer la flamme de la lucidité, et capturer celle de la raison. C’était exactement le récit qu’elle avait fait à Roy, quelques minutes plus tôt, de sa relation désastreuse avec Thomas. Une souffrance similaire, un sentiment de perte immense, et, à son origine, un amour aveuglant, qui balayait tout. Rien ne faisait sens et, pourtant, dans les dynamiques instaurées au sein d’un couple comme celui qu’elle avait vécu et comme celui que Roy lui dressait, tout était signifiant.

Signifiant au point de poursuivre cet engagement. Au point même de l’officialiser, de le rendre tangible. Le mot tomba lourdement entre eux, « fiancés », et remua une insécurité familière chez Avalon, qui ne quitta pas le regard de Roy, comme pour déceler, chez lui, les répercussions de ce terme. Elle ne vit qu’une vive inquiétude, une tension liée à cet aveu difficile, qu’il lui faisait dans un souci d’honnêteté qu’il ne tarda pas à lui expliquer, mettant seul des mots sur les questions qu’elle n’avait pas encore posé. Il reprit leur histoire pour y inclure les incidences de ce secret, pour lui retracer les doutes qu’il n’avait jamais verbalisé. Avalon avait longtemps attribué les réticences de Roy au mieux à une volonté de maintenir son indépendance, au pire à des blessures passées qui, comme chez elle, ne le laissaient pas entièrement libre de ses choix. Découvrir des plaies si récentes, peut-être à peine cicatrisées, créa chez elle une peur irraisonnée qui fut sensible à ses derniers mots, alors qu’il glissait une main dans sa nuque. L’ultime phrase qu’il lui murmura, dans le secret de leur étreinte, était teintée d’une telle sincérité qu’il était difficile de la remettre en question.

Pour autant, Avalon ne répondit pas immédiatement. Sans repousser l’étreinte de son ami, elle resta immobile face à lui, les yeux plongés dans les siens, prenant un temps nécessaire, essentiel sûrement, pour assimiler ses confidences et en mesurer les conséquences. La surprise n’avait pas disparu, ni même la peur ou les insécurités soulevées par ce secret. Une part d’Avalon, qu’elle assimilait à son instinct de préservation, avait allumé dans son cerveau une alerte qui annonçait un danger – ici, ce danger prenait les contours fantomatiques d’une autre femme.  L’autre part d’elle avait terriblement envie de croire Roy.

Parce qu’elle l’avait senti sincère dans les mots qu’ils s’étaient murmurés tout à l’heure, dans les gestes qu’il avait eus pour elle, dans ces confessions qu’il lui faisait. Parce qu’elle sentait bien que, s’il n’avait pas été honnête sur ses intentions, s’il n’y avait pas réfléchi au préalable, il n’aurait jamais pris la peine de venir, et encore moins de lui parler de quelque chose qu’il avait gardé secret depuis tellement longtemps. Il y avait, dans sa démarche, dans sa façon d’être, quelque chose d’apaisant.

Et puis, le discours de Roy avait réveillé chez Avalon une profonde empathie, qu’elle ne parvenait pas à laisser de côté. Elle décelait ses blessures dans son regard agité et les regrets d’une relation qui avait duré trop longtemps. Il était difficile pour elle ne de pas se mettre à sa place, ne pas se souvenir du piège de la culpabilité, de celui de la pression permanente qui enfermait, qui réduisait à un silence duquel il était presque impossible de sortir. Quelque chose en elle l’empêchait d’en vouloir à Roy pour quelque chose qui, lui semblait-elle, lui avait absolument échappé.

Et ce fut ce qu’elle témoigna d’abord, bien avant ses interrogations qui viendraient après. D’un geste, elle se redressa légèrement pour venir déposer ses lèvres sur le front de Roy. Elle y resta longtemps, une main posée sur sa joue, puis souffla contre sa peau :

« Je suis désolée que tu aies vécu ça. »

Elle retrouva son regard, y accrocha le sien, et reprit avec sincérité :

« Je sais ce que c’est, de se perdre quand on aime quelqu’un. De sortir d’une relation avec l’impression de n’avoir jamais été soi-même, d’avoir juste cherché à être ce que l’autre voulait, je… Je sais. » assura-t-elle en effleurant doucement l’arrondi de sa joue du pouce. « Parce que moi aussi, quand j’aime quelqu’un, j’aime entièrement. Je sais pas comment on peut compartimenter, comment on mesure son amour. J’aime un homme qui va devenir père et qui a été fiancé il y a cinq mois. » annonça-t-elle avec un bref sourire, mais un regard terriblement sérieux. « Mais justement, je t’aime, et je peux pas me perdre là-dedans avec quelqu’un qui n’est pas vraiment avec moi. Cinq mois, c’est proche, elle est peut-être même encore dans ton entourage, j’en sais rien… » Avalon haussa brièvement les épaules. « Toi et moi, c’est sérieux. » annonça-t-elle comme un constat. « On sait qu’il y a beaucoup de choses en jeu… Je sais que c’est sérieux, je le sens. Et… Je te crois, quand tu dis que tu m’aimes, mais s’il y a une part de toi qui n’est pas prête pour ça, si elle est encore présente quelque part alors… Alors j’ai besoin que tu sois honnête maintenant avant qu’on en souffre tous les deux. »


Avalon Calder

It's your love that's weighted in gold

KoalaVolant
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2890
Profil Académie Waverly
Give your heart a break [Avalon & Roy] Icon_minitimeSam 27 Fév 2021 - 21:59
Le coeur battant, Roy attendait une réaction de la part d’Avalon, dont il avait vu le regard se teindre de plusieurs émotions, au fur et à mesure qu’il parlait. Cet aveu était aussi difficile que celui qu’il avait dû faire à Jayce, mais pour des raisons différentes. Avec son meilleur ami, il avait craint que cette révélation de son histoire secrète avec Juliana n’ébranle la confiance entre eux et ne change quelque chose dans leur amitié fraternelle installée depuis des années. Avec Avalon, il avait peur que cet aveu ne la fasse fuir et ne les empêche de vivre la suite de leur histoire qu’ils commençaient à peine à écrire.

Il s’attendait à beaucoup de choses. Il s’attendait à ce que, au mieux, Avalon ne lui réponde que c’était beaucoup d’informations, qu’elle avait besoin de les digérer, d’y réfléchir, et il aurait accepté cette réponse qui ne fermait pas la porte à quelque chose entre eux. En revanche, il ne s’attendait pas à ce qu’elle lui réponde d’un baiser sur son front et de paroles pleines de compassion pour ce qu’il avait vécu.

Figé devant elle, Roy l’écouta rappeler qu’elle avait connu une histoire similaire, une histoire où elle s’était perdue, comme elle le lui avait révélé quelques minutes plus tôt. Il écouta chacun de ses mots, sans en interrompre un seul, conscient de l’importance de ce moment. Ils y étaient. Ils ne parlaient plus de leurs passés et de leurs blessures, ils parlaient d’eux deux. Les mots qu’Avalon choisit firent le plus beau des échos à ce que Roy ressentait de son côté. Il les grava en lui, un peu fasciné par cette facilité avec laquelle Avalon annonçait ce qui était devenue une évidence pour eux : c’était sérieux, entre eux.

C’était sérieux. Roy ne l’avait jamais dit, à personne, pas même à lui-même, et pourtant cette phrase lui parut parfaitement juste. Il ne l’avait jamais dit mais il le savait depuis un moment, au fond de lui. Parce que c’était sérieux, il avait refusé d’aller trop vite avec Avalon. Parce que c’était sérieux, il se dévoilait entièrement à elle, dans sa plus grande honnêteté, refusant de démarrer leur relation sur des secrets. Parce que c’était sérieux, il sentait tout son corps, toute son âme réclamer la présence d’Avalon à ses côtés. Savoir qu’elle était sur la même longueur d’onde que lui, prête aux mêmes engagements et dans un soutien sincère face à ce qu’il avait vécu était un puissant réconfort qui permit d’apaiser l’angoisse au creux de son estomac liée à ses aveux difficiles.

Ses premiers mots furent donc un signe de cet immense sentiment de reconnaissance qui le saisissait, alors qu’il contemplait les traits d’Avalon sous la caresse de ses doigts :

« Merci. »

Roy s’arrêta brièvement, confronté à la difficulté de poser les mots précis sur cet emmêlement de sentiments qui gonflaient son coeur. Il se sentait chanceux d’être face à une femme dont la première réaction après avoir appris qu’il avait récemment été fiancé et engagé dans une relation toxique ne soit pas de se sentir menacée mais d’être désolée pour lui. Il se sentait chanceux d’obtenir un amour aussi fort de la part de cette femme qui était aussi son amie de longue date. Parce qu’il ne savait pas comment dire tout cela, il se contenta de le résumer en quelques mots, alors que ses doigts effleuraient les contours de son visage :

« Tu es… parfaite. » Son regard grave posé sur elle offrait un curieux contraste avec le sourire léger qui étira ses lèvres. « Je suis nulle part ailleurs qu’avec toi. Toi et moi, c’est sérieux » répéta t-il en initiant un mouvement vers elle.

Ses mots se déposèrent sur les lèvres d’Avalon, teintés de la douceur toute particulière de ce moment entre eux. Ce geste, tout simple, semblait couronner ce long moment de confidences et sceller la conclusion à laquelle ils arrivaient tous les deux. Maintenant qu’ils avaient en main tous les éléments importants sur l’autre, tout ce qui leur permettait de savoir dans quoi ils mettaient les pieds, ils reconnaissaient leur envie de s’engager ensemble, tout aussi présente, peut-être même plus forte que tout à l’heure, quand Roy avait passé le pas de la porte. Cette certitude agrandit le sourire de Roy quand il se détacha de son amie, jusqu’à le faire rire légèrement.

« Ah la la, je flippais tellement de ça encore hier, du fait que ça soit sérieux, et maintenant ça me paraît… réconfortant ? admit t-il, avec un peu d’étonnement dans le regard. C’est… je sais pas, c’est juste vraiment bien. Et à sa place. » D’un mouvement de ses bras, il attira Avalon contre son torse. Sa main se glissa dans ses cheveux tandis que ses yeux s’égaraient dans l’obscurité du mur en face, dans un silence un peu émerveillé de ce qui s’esquissait entre eux. « Du coup si tu veux bien, on peut s’aimer entièrement mais en évitant de se perdre, cette fois ? J'espère que t'as un bon sens de l'orientation. »


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
Messages : 692
Profil Académie Waverly
Give your heart a break [Avalon & Roy] Icon_minitimeDim 28 Fév 2021 - 20:28
Ils avaient été honnêtes l’un envers l’autre, n’avaient pas cherché à se cacher de la vérité pour préserver une histoire qui était de toute façon bien trop ancrée dans la réalité pour pouvoir en masquer une partie. Roy lui avait confié ses peurs, puis ses blessures récentes, et Avalon les avait écoutées, assimilées, sans jamais les questionner. Il y avait entre eux un respect du silence et de la parole qu’elle n’avait pas voulu trahir avec des interrogations qui, pour le moment, ne lui paraissaient pas nécessaires. En revanche, il avait été primordial pour elle de poser des limites à ce qu’elle était capable de prendre en compte dans leur relation. Avalon pouvait appréhender des blessures récentes, une relation dont la toxicité semblait manifeste et qui avait pris fin peu de temps avant aujourd’hui. Elle avait cependant besoin de l’assurance de ne pas être ce pansement sur une plaie béante ; et, plus encore, l’assurance que Roy était animé par la même envie de s’engager avec elle sur un chemin commun.

Avalon aimait fort et elle avait tendance à aimer inconditionnellement. Elle le savait et, avec les années, savait aussi que cette manière d’aimer pouvait se retourner contre elle. Elle n’avait pas utilisé l’expression « se perdre » à mauvais escient ; elle était réellement terrifiée par l’idée de retrouver une relation semblable avec son ami de longue date. Quelque chose, dans ce qu’ils avaient partagé ces derniers mois, et dans le lien amoureux qu’elle percevait entre eux, la rassurait sur ce fait. Les paroles de son amant, en revanche, furent ce qui autorisa son cœur à s’apaiser enfin et à le dénouer d’une angoisse diffuse. Face à Roy, les yeux plongés dans les siens, Avalon fit le choix – risqué, mais évident – de le croire. Elle accepta ses paroles, puis le baiser qu’il vint déposer sur ses lèvres, comme pour imprimer ses mots sur elle.

Glissant sa main sur sa joue, Avalon lui rendit son étreinte, les lèvres scellées aux siennes, avec la curieuse impression d’avoir fait un immense pas en avant en l’espace de quelques heures à peine. Et ce n’était plus de la peur, qu’elle ressentait au creux de son cœur, ni même une certaine appréhension. Avalon se sentait terriblement soulagée de cette décision, qui faisait écho à ce qu’elle désirait depuis longtemps maintenant. Elle se sentait merveilleusement bien, malgré les obstacles qui se dressaient face à eux et qu’ils avaient pris le temps de détailler ensemble, dans la pénombre de sa chambre. Elle avait curieusement confiance en l’avenir, et confiance en eux. Elle avait l’impression d’avoir trouvé en Roy une part de ce qu’elle avait longtemps cherché, plus ou moins consciemment. Ce sentiment, incroyablement fort, fit gonfler son cœur et apaisa ses craintes. Pour le moment, il suffisait à oublier le rester.

Parce que tout semblait à sa place, comme le disait justement Roy, en lui tirant un sourire amoureux. Chaque geste qu’ils avaient l’un pour l’autre semblait juste. Il y avait, finalement, un sentiment d’évidence qui poussait Avalon à se projeter dans une relation sérieuse avec son ami. Tout ce qu’ils venaient de se dire n’avaient fait que majorer cette envie, la rendre plus réelle, en même temps que Roy devenait encore plus humain à ses yeux. Ils s’étaient montrés vulnérables, et cela n’avait fait que renforcer la confiance qu’ils s’accordaient déjà. Impossible pour Avalon d’envisager de se détourner de ce qu’ils avaient déjà esquissé ensemble. Roy le résuma d’une manière qui lui tira un rire amusé :

« Sache que j’ai un excellent sens de l’orientation, Calder. Ça fait partie de mes nombreux talents. » souligna-t-elle en déposant un baiser dans le creux de son cou. « Donc on peut absolument faire ça. » acquiesça-t-elle en venant retrouver son regard, pour y planter le sien, particulièrement lumineux au moment où ils prenaient la décision d’officialiser leur relation. Avalon eut un sourire tendre, puis un léger rire, qu’elle expliqua : « Ça me fait rire, j’ai passé tellement de temps à me convaincre que c’était probablement une mauvaise idée, alors que c’était clairement ce dont j’avais envie depuis un moment ? » Elle secoua la tête. « J’ai perdu beaucoup d’énergie à essayer de te sortir de ma tête, je te jure. » Avalon effleura doucement sa joue du bout de ses doigts. « Mais tu as raison. Tout est à sa place, maintenant. » conclut-elle finalement, avant de venir retrouver l’étreinte de son partenaire en appuyant sa tête contre son torse.

Un léger soupir s’échappa de ses lèvres, alors qu’elle fermait les yeux brièvement pour savourer ce contact. Un léger silence s’installa entre eux, qu’Avalon vint trahir d’une question :

« Tu restes ici ce soir ? Je bosse pas demain. » expliqua-t-elle en levant les yeux vers lui. « Et je crois que j’ai envie de, allez, dix heures seule avec toi avant de me confronter aux meilleurs « j’en étais sûr » et « ça fait deux mois que tu veux pas m’écouter » de Toni. » Elle eut un air grave, contredit par son sourire moqueur.


Avalon Calder

It's your love that's weighted in gold

KoalaVolant
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2890
Profil Académie Waverly
Give your heart a break [Avalon & Roy] Icon_minitimeDim 7 Mar 2021 - 18:20
« C’est ce qu’on va voir » répliqua Roy face à Avalon qui, comme toujours, vantait ses qualités.

S’il connaissait chez elle cette tendance à fanfaronner et faire preuve de mauvaise foi, il espérait qu’elle disait vrai cette fois-ci. Il avait admis pour lui-même et face à Avalon que cette relation qui changeait entre eux et prenait un nouveau tournant était quelque chose de précieux pour lui, de sérieux. Trop de fois, par le passé, Roy avait échoué à préserver des relations importantes pour lui et il refusait de perdre, encore une fois. Mais cet essai qu’il s’accordait avec Avalon sonnait un peu différemment de ces histoires passionnées dans lesquelles il s’était jeté à corps perdu. Pour la première fois, Roy avait mûrement pesé cette décision. Pour la première fois, il avait clairement défini ses limites, énoncé ses craintes, partagé ses doutes. Plutôt que d’entamer une relation indéfinie dont il n’avait aucune idée d’où elle allait, il avait l’impression cette fois-ci d’avoir balisé le terrain avec Avalon, avec cette longue période de réflexion qu’ils s’étaient accordés, cette prudente exploration des changements entre eux et cette conversation totalement sincère qu’ils venaient d’avoir.

Pour un homme tel que Roy qui ne planifiait pas grand chose dans ses relations, ce changement d’approche avait quelque chose de rassurant.

Cette pensée lui fit répliquer à la suite d’Avalon qui plaisantait, avec le même sourire qu’elle :

« Ouais mais c’est une énergie qu’on a dépensé à être certains de ce qu’on voulait aussi, donc… Disons que c’est pas totalement perdu. »

Il en était convaincu maintenant : ces mois qu’ils avaient passé à se tourner autour, à essayer de se tenir à distance sans vraiment y parvenir, leur avait permis de faire correctement le tri entre ce qu’ils désiraient et ce qu’ils étaient prêts à faire. La conclusion de ce cheminement était telle qu’Avalon l’énonçait : désormais, tout était à sa place. Sur ces paroles, Roy entoura de ses bras son amie qui venait se loger contre son torse, avec un sentiment d’apaisement qu’il n’avait pas connu depuis bien longtemps.

C’était le bon moment pour se perdre dans des rêveries et il aurait pu s’y laisser complètement glisser si la voix d’Avalon ne l’avait pas de nouveau interpelé. Son invitation et son commentaire lui tirèrent un bref rire, son regard se perdit sur le plafond, alors qu’il admettait :

« Hum… J’avoue, il va pas nous lâcher, c’est sûr. Ah ça me fatigue d’avance. Moi je suis pour qu’on s’enferme ici pendant vingt quatre heures, même, y a beaucoup trop de choses que je veux faire avec toi avant d’aller affronter le monde extérieur. »

Roy ponctua cette proposition d’un regard suggestif vers elle et d’un baiser sur ses lèvres, qui s’éternisa de longues secondes. Il aurait aimé s’y perdre et laisser ses mains s'aventurer davantage sur elle, mais une dernière pensée occupait de plus en plus de place dans son esprit. Cette plaisanterie sur Toni avait laissé le champ libre à une interrogation entre eux, qui méritait d’être posée et tranchée dès le départ. Il finit donc par détacher ses lèvres de celles d’Avalon et fouiller ses yeux des siens.

« On pourrait avoir d’autres raisons qu’éviter les blagues lourdes de Toni, de rester discrets, toi et moi… » A tout hasard, éviter le scandale d’un couple entre la chef de la Milice et d’un homme à la réputation sulfureuse. Roy ne l’explicita pas, conscient qu’Avalon devait le savoir bien mieux que lui : c’était après tout surtout elle qui risquait de perdre quelque chose dans cette affaire. Aussi, malgré le malaise que lui inspirait l’idée de se lancer à nouveau dans une relation secrète, cela sembla plus juste de la laisser exprimer en première comment elle sentait les choses de son côté, ce qu’il fit en lui demandant assez directement : « Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse ? »


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Contenu sponsorisé
Profil Académie Waverly
Give your heart a break [Avalon & Roy] Icon_minitime