Retour [Rachelle & Beth]

Depuis le début des cours, Dorian n'avait pas encore eu l'occasion de rendre visite à l'infirmière. Il faut avouer qu'il n'avait pas vraiment eu d'occasions ou de raisons de le faire puisqu'il était non seulement occupé par ses cours mais également parce qu'il n'avait plus besoin que Miss Bloomwood le fournisse en potions anti-douleurs. Fort heureusement, d'ailleurs ! Dernièrement, le jeune homme avait dépassé de loin la précédente prescription qu'elle lui avait recommandée. Il n'y avait donc aucun doute que la jeune femme lui eut fait la leçon si elle avait eu encore à le voir régulièrement. La fin de leurs rencontres toutes les deux semaines avait été signée lors du début des grandes vacances. Désormais, Dorian n'aurait plus à aller la voir puisqu'il prévoyait toujours un grand stock de potions avec lui... Il avait donc été grandement soulagé de ne plus avoir à rendre des comptes à Rachelle ou à se rendre à l'infirmerie. Du moins, c'est ce qui aurait du se produire sans l'intervention d'Henry en cours de potions ...

On ne pouvait décidément pas faire plus opposés que les deux frères et le Serpentard avait une nouvelle fois honoré sa maison. Faisant mine de verser discrètement un ingrédient supplémentaire dans la potion de son jumeau avec un sourire goguenard, Henry avait distrait le Serdaigle alors occupé à couper ses racines de marguerite. Une vilaine entaille était apparue sur les fines mains du jeune homme et le sang qui s’en écoulait légèrement avait réduit à néant l’application qu’il avait prise pour découper soigneusement ses ingrédients. Dorian aurait sans doute continué tranquillement sa potion en recommençant sa découpe avec un mouchoir enroulé autour de sa minuscule blessure si le professeur Adamson qui passait entre les bancs pour
voir l’avancée de leurs mixtures, ne lui avait vivement conseillé de se rendre à l’infirmerie.

- « Rien ne presse, professeur ! », avait-iltenté de la rassurer, « C’est une blessure tout à fait bénigne ».

Il n’avait cependant guère été convaincant puisque l’enseignante avait insisté de plus bel, lui assurant qu’il pourrait venir terminer sa potion plus tard. Le jeune homme avait donc quitté la classe en lançant un regard peu amène à son frère qui riait sous cape. Une fois dehors, il s’était lentement dirigé vers l’infirmerie où une fois arrivé, il avait pris le soin de frapper avant d’entrer. L’endroit semblait complètement désert, à l’évidence. Le Serdaigle prit le chemin du bureau de Miss Bloomwood lorsqu’un mouvement l’interpella à sa gauche.

- « Alors l’infirmerie n’est pas aussi vide que je le pensais ! Sais-tu où est l’infirmière ? »

Ne souhaitant pas intimider l’enfant qui lui faisait face, il jeta un coup d’œil circulaire autour de lui, cherchant visiblement de quoi désinfecter rapidement la plaieavant de quitter l’endroit avant l’arrivée de son occupante principale.

Le début de l'année était plutôt calme à l'infirmerie. Quelques premières années qui s'étaient fait avoir par la marche escamotable étaient venus la voir après une chute, quelques migraines qui arrivait toujours avant les cours de sortilèges, bizarrement, mais rien de très grave. Et elle n'allait certainement pas s'en plaindre, ça voulait dire que les élèves allaient bien, donc tout allait bien. N'ayant aucun pensionnaire aujourd'hui, Rachelle pouvait s'adonner à une de ses activités favorites : le ménage. Bon, elle l'avait déjà fait hier, et un peu avant-hier. Mais au moins l'infirmerie était propre ! Elle devrait peut-être sortir un peu de temps à autre, aller discuter un peu avec ses collègues, elle n'avait pas eut le temps de parler à William depuis la rentrée. Alors que la jeune femme envisageait la possibilité d'abandonner l'infirmerie quelques minutes, en laissant un mot pour qu'on puisse la trouver évidement, on frappa à la porte. Comme quoi, elle avait bien fait de rester !

Rachelle accueillit une première année adorable qui lui avoua être tombée en glissant sur une flaque d'eau. Ce n'était rien de très grave, un peu d'onguents contre les bleus et l'histoire serait réglé. L'infirmière ouvrit un placard à la rechercher de la pommade en question, mais impossible de remettre la main dessus ! Par Rowena ! Elle aurait juré en avoir encore un pot il y a quelques jours !

"Je n'ai plus d'onguents, mais ce n'est pas long à préparer comme mixture. Attends moi ici deux petites minutes que j'aille chercher les ingrédients et je te ferai ça en un instant !"

L'infirmière se précipita dans les cachots où elle emprunta quelques ingrédients à Margot. Ne souhaitant pas faire attendre la petite fille trop longtemps seule à l'infirmerie, Rachelle se mit à courir pour y retourner mais, alors qu'elle traversait un couloir, elle glissa sur une flaque d'eau. Ses fioles lui glissèrent des mains et elle laissa échapper un cri. Tombant lourdement sur les genoux, elle grimaça mais s'estima néanmoins heureuse de constater que tous les élèves devaient en cours, le couloirs était désert. Pestant contre cette fichue flaque, l'infirmière se releva et ramassa ses ingrédients avant de reprendre sa route, en se contentant de marcher rapidement.

C'est un peu essoufflée qu'elle finit par rejoindre l'infirmerie. Elle fut surprise d'y trouver un deuxième élève. Le hasard faisait bien mal les choses, elle n'avait rien eu à faire pendant des jours et voilà qu'en dix minutes elle était complètement débordée ! En s'approchant la jeune femme reconnut Dorian Butler, qu'elle était censée voir tous les dix jours depuis leur entretient au mois de Mai mais qui ne s'était pas présenté depuis la rentrée. Elle crut un instant qu'il était venu pour la tenir informée de l'évolution de sa maladie, comme il avait promis de le faire, mais remarqua vite le mouchoir enroulé autours de sa main. Bon, onguent contre les bleus ou potion pour la cicatrisation ?

"Bonjour Dorian, il est un peu tard pour venir me voir...lui reprocha-t-elle, sans en dire plus pour ne pas en dévoiler trop à la jeune première année. Je m'occupe de toi tout de suite, appuie le mouchoir sur la coupure, l'entaille est profonde ?"

Tout en questionnant le jeune homme sur sa blessure, Rachelle avait déjà jeté les ingrédients nécessaires à l'onguent contre les bleus dans un chaudron et alluma un feu en dessous de celui-ci d'un coup de baguette.

"Ce sera près d'une minute à l'autre Miss...Comment tu t'appelles ma grande ?" demanda-t-elle avec un sourire en se tournant vers la petite blonde.

Maintenant que la préparation pour l'onguent était lancé, Rachelle ouvrit un tiroir et en sortit une fiole de potion. Elle fit venir un verre à elle, dans lequel elle versa quelques gouttes de la potion. Elle compléta avec de l'eau et tendit le verre à Dorian.

"Et voilà, mais ne te sauves pas tout de suite, demanda-t-elle en gardant son sourire. Il faut que nous discutions un peu, ajouta-t-elle un peu plus fermement. "

L'infirmerie n'était pas si vide que ça finalement. Une jeune enfant de première année sans doute aussi blonde que la couleur dominante de sa maison se tenait déjà là.

- <<L'infirmière est partie chercher de quoi me soigner. Mais j'en oublie la politesse, je m'appelle Beth Sweet, j'ai 11 ans, je suis dans la maison Poufsouffle. Et toi, tu es dans quelle maison ? Tu as quel âge ? Tu t'appelles comment ? Qu'est que tu aimes dans la vie ? Tu as des animaux de compagnie ? C'est quoi tes matières préférées à Poudlard ? C'est quoi les matières que tu détestes faire à Poudlard ?C'est bien de jouer au Quidditch ? Tu fais parti de l'équipe de quidditch de ta maison ? Pour quoi est-que tu es venu à l'infirmerie ? Moi, j'ai glissé sur une flaque d'eau dans les couloirs en sortant du cours de sortilège. >>

Comme il l'avait pensé, miss Bloomwood était absente. A n'en pas douter, elle était sans doute tomber à court de potions. Aussi Dorian s'apprêtait-il à quitter le lieu en inventant exceptionnellement une excuse qu'il pourrait sortir au professeur pour être revenu aussi tôt sans être soigner, lorsqu'il se souvint de la tirade de la jeune Poufsouffle. Partir sans lui avoir répondu aurait été très impoli et Ayleen ne l'avait pas éduquer de la sorte.
Résigné, le jeune homme vint s'asseoir aux côtés de l'enfant à laquelle il fit un sourire chaleureux.

- " Ohlà, du calme ! Nous avons tout le temps mademoiselle. Je m'appelle Dorian en septième bis chez les Serdaigle. Je n'ai pas d'animaux de compagnie, non. Mais quelque chose me dit que toi oui, je me trompe ? Je n'ai guère de matière préférée ou détestée, tout est intéressant. Je ne fais pas partie de l'équipe de Quidditch. Actuellement, je préfère entièrement me consacrer à mes études. Tu es déjà montée sur un balai, Beth ? "

Face à la raison qui l'avait poussée à se rendre à l'infirmerie, il fit rapidement un check-up du regard de la jeune fille. Elle ne paraissait pas trop blessée fort heureusement.

- " Tu devrais être plus prudente. Une chute anodine aurait pu prendre une grande ampleur."

* Un peu comme moi avec ce fichu tissu chez Swann... *

Lorsqu'il vit l'infirmière arriver visiblement essouflée, le jeune homme se releva. Inutile de rester assis trop longtemps, il souhaitait juste un bête petit pansement pour rassurer son professeur et pouvoir ainsi regagner sa classe.

- "Bonjour Dorian, il est un peu tard pour venir me voir...lui reprocha-t-elle, sans en dire plus pour ne pas en dévoiler trop à la jeune première année. Je m'occupe de toi tout de suite, appuie le mouchoir sur la coupure, l'entaille est profonde ?"

Face au reproche à peine voilé de la jeune femme, Dorian ne put que soupirer. A n'en pas douter elle le retiendrait pour discuter de l'évolution de son mal. Or il ne souhaitait vraiment pas en reparler pour l'instant. Après tout, il l'avait bien avertie qu'il ne reviendrait plus à l'infirmerie une fois que sa réserve serait réapprovisionnée. Bien décidé à ne pas se laisser faire, le Serdaigle adopta l'attitude qu'il avait lorsqu'il remplaçait sa mère dans leur entreprise où il était respecté.

- " Bonjour miss Bloomwood. Tard ? Je ne crois pas. J'ai tenu mon engagement aussi longtemps que je vous en avais avertie. "

Se radoucissant un petit peu, il lança un sourire rassurant à l'infirmière en montrant sa main.

- " Ne vous inquiétez pas pour l'entaille. Je ne sens vraiment rien du tout."

Le sourire qu'il avait quelques secondes plus tôt s'effaça une fois ces paroles sorties. Dorian venait de faire une grosse erreur qu'il espérait vainement que la soignante ne remarquerait pas. Ces derniers temps, le jeune homme avait outrepassé la prescription qu'elle lui avait faite. Du coup, il était généralement anesthésié à la douleur. Pour combien de temps cela dit ...
Lorsqu'elle lui tendit un verre remplit d'une potion, le soulagement marqua ses traits. La potion ingurgitée, il s'apprêtait à partir lorsqu'elle le retint sous prétexte qu'elle souhaitait avoir une discussion avec lui.

- " Miss Bloomwood, je n'ai rien à vous dire et j'ai cours. Je ne souhaite vraiment pas être davantage en retard sur mes condisciples. Vraiment. "

" Ohlà, du calme ! Nous avons tout le temps mademoiselle. Je m'appelle Dorian en septième bis chez les Serdaigle. Je n'ai pas d'animaux de compagnie, non. Mais quelque chose me dit que toi oui, je me trompe ? Je n'ai guère de matière préférée ou détestée, tout est intéressant. Je ne fais pas partie de l'équipe de Quidditch. Actuellement, je préfère entièrement me consacrer à mes études. Tu es déjà montée sur un balai, Beth ? "

- " Tu devrais être plus prudente. Une chute anodine aurait pu prendre une grande ampleur. "
Beth répondit:

Moi, je ne suis jamais montée sur un balais mais j'ai vraiment hate de le faire.J'ai hate d'avoir mon premier cours de vol. Et tu avais raison, j'ai un animal de compagnie, c'est un petit chat. Il s'appelle Moustache, il est noir et blanc et il est vraiment trés calin. Il est super mignon. Et merci, j'écouterais tes recomandations.

Le conseil que lui avait donnée Dorian lui rappelait, quand elle était tombé dans l'escalier une fois dans le restaurant de son père. Elle s'était retrouvée en béquille pendant trois semaine, cela l'avait beaucoup embétée car en sport dans son école, ils faisait de la piscine. Quand elle pouvait à nouveau faire du sport, ils ne faisait plus de la piscine mais du football. Elle avait trouvée ça beaucoup moin bien.

Tout en questionnant le jeune homme sur sa blessure, l'infirmière avait jeté des ingrédients dans un chaudron e t alluma un feu en dessous de celui-ci d'un coup de baguette.

Puis elle s'adressa à Beth :

"Ce sera près d'une minute à l'autre Miss...Comment tu t'appelles ma grande ?" demanda-t-elle avec un sourire.

Je m'appelle Beth Madame Beth Sweet.

Elle ouvrit un tiroir et en sortit une fiole de potion. Elle fit venir un verre à elle, dans lequel elle versa quelques gouttes de la potion. Elle compléta avec de l'eau et tendit le verre à Dorian. Il le but et s'apprétait à partir quand l'infirmière l'interpela:

"Et voilà, mais ne te sauves pas tout de suite, demanda-t-elle en gardant son sourire. Il faut que nous discutions un peu, ajouta-t-elle un peu plus fermement. "

Toujours occupée à remuer la mixture censée devenir un baume contre les bleus, Rachelle fronça les sourcils quand Dorian lui avoua ne rien sentir du tout. L'entaille n'avait, certes, pas l'air profonde, mais ça devait le brûler un minimum, au moins le picoter un peu. Tout en posant un regard plein de soupçons sur le jeune homme, qui avalait la potion qu'elle lui avait donné, elle demanda son nom à la petite Poufsouffle qui lui répondit qu'elle s'appelait Beth Sweet. Rachelle tiqua, comme à son habitude, à l'entente de l'éternelle "madame" mais ne corrigea pas la fillette. Elle devait faire moins jeune que quand elle avait commencé puisque tous les élèves l'appelaient ainsi à présent, alors qu'avant certains tentaient encore un "mademoiselle". Bon, l'onguent avait l'air prêt, bonne couleur, bonne consistance, c'était parfait.

"C'est terminé Beth, mais on va attendre un peu que ça refroidisse, je ne voudrais pas te brûler, lui expliqua-t-elle en souriant. Où est-ce que tu t'es fait mal ?"

Alors qu'elle questionnait la jeune fille, Rachelle s'aperçut que Dorian s’apprêtait visiblement à quitter les lieux et le retint en lui assurant avoir besoin de lui parler. Le Serdaigle n'en avait visiblement pas conscience, et sans doute s'en fichait-il complètement, mais elle s'inquiétait pour sa santé, contrairement à lui qui ne paraissait pas prendre son mal au sérieux. La jeune femme avait beaucoup songer au cas de Dorian durant l'été et pensait peut-être avoir trouvé un traitement, mais elle ne pourrait rien faire pour l'adolescent si celui-ci refusait de la laisser l'aider.

"Miss Bloomwood, je n'ai rien à vous dire et j'ai cours. Je ne souhaite vraiment pas être davantage en retard sur mes condisciples. Vraiment."

Il n'avait rien à lui dire ? Rien que ça ! Et le fait qu'il ne ressente plus la douleur alors ? C'était loin d'être un fait anodin et plus l'infirmière y pensait plus elle commençait à croire que c'était du à une consommation abusive de potions contre la douleur. Un abus qui pouvait se révéler dangereux sur le long terme.

"Donne moi ton bras, demanda-t-elle calmement. Sans attendre la réponse du Serdaigle, l'infirmière l'attrappa par le poignet et lui pinça assez fort l'avant bras avec ses ongles. Ça te fait mal ? Encore une fois elle répondit à la place du jeune homme. J'imagine que non, tu ne t'es pas crispé et c'est à peine si tu as cligné des yeux. Je crois que tu as plus de choses à me dire que ce que tu sembles croire Dorian. Tu vas attendre ici cinq minutes." Et ce n'était pas une question.

Retournant auprès de son chaudron, qui devait avoir refroidi maintenant, Rachelle transféra d'un coup de baguette l'onguent dans un pot en verre et s'approcha de la jeune Beth, qui devait en avoir bien marre d'attendre, la pauvre. Lui adressant un sourire d'excuses, l'infirmière se demanda si la jeune fille n'avait pas raté de cours trop importants.

"J’espère que je ne t'ai pas fait loupé trop de cours, je te ferai un mot de toute façon ne t'en fais pas, assura-t-elle. Quant à toi Dorian, je te ferai un mot également, mais je crois savoir que tu fais partie des septièmes années redoublant, donc tu n'as pas à t'en faire pour ton prétendu retard sur tes camarades."

Pour un Serdaigle, il aurait pu trouver plus intelligent comme argument que cette histoire de retard ! A croire qu'il la prenait vraiment pour une idiote.

- Moi, je ne suis jamais montée sur un balais mais j'ai vraiment hate de le faire.J'ai hate d'avoir mon premier cours de vol. Et tu avais raison, j'ai un animal de compagnie, c'est un petit chat. Il s'appelle Moustache, il est noir et blanc et il est vraiment trés calin. Il est super mignon. Et merci, j'écouterais tes recomandations.

L'enfant était tellement enjouée que cela le fit sourire. Depuis son enfance, il avait été séparé de son jumeau. Sa mère n'ayant pas d'autres enfants, c'est loin des jeux de son âge qu'il avait grandi. Dès qu'il avait été en âge d'apprendre à lire et écrire, des précepteurs avaient été appelés. Son entrée à Poudlard n'avait guère changé la situation et ce n'est qu'à ses 16 ans que les cours s'étaient arrêtés lorsqu'il rentrait chez lui.

- " Ce petit chat me semble avoir une propriétaire adorable qui l'aime énormément. Il a de la chance."

Ébouriffant très légèrement les longs cheveux blonds de Beth, un sourire chaleureux qu'il destinait généralement à ses proches naquit sur ses lèvres à son attention.

- " C'est bien si tu suis mes recommandations."

L'infirmière s'approchant et s'occupant visiblement de la Poufsouffle, Dorian se détourna en direction de la sortie. Manque de chance cependant miss Blomwood le rattrapa aussi rapidement qu'il avait tenté de filer. Aux traits de son visage, le Serdaigle put constater avec un léger agacement qu'elle n'allait pas en rester là. A n'en pas douter, elle avait tiqué lorsqu'il avait dit ne rien sentir et rien ne la distrairait ... pour l'instant tout du moins.

- "Donne moi ton bras, demanda-t-elle calmement. Sans attendre la réponse du Serdaigle, l'infirmière l’attrapa par le poignet et lui pinça assez fort l'avant bras avec ses ongles. Ça te fait mal ? Encore une fois elle répondit à la place du jeune homme. J'imagine que non, tu ne t'es pas crispé et c'est à peine si tu as cligné des yeux. Je crois que tu as plus de choses à me dire que ce que tu sembles croire Dorian. Tu vas attendre ici cinq minutes."

Dorian n'avait pas eu le temps d'esquisser le moindre mouvement pour l'empêcher de le confondre et cela l'agaçait prodigieusement. Il ne sentait plus la douleur jusqu'à ce qu'à nouveau la dose d'anti-douleur qu'il ingurgitait chaque matin ne soit plus suffisante. Quand bien même aurait-il pu anticiper son geste que le jeune homme n'aurait rien pu faire de plus. Il est bien difficile de simuler un mal et seul l'entrainement ciblé justement pour ce type de simulacre aurait pu l'aider. Mais c'était des enseignements sur comment se montrer impartial, juste et froid comme tout bon chef d'entreprise selon Ayleen qu'il avait reçu.
Une lassitude non dissimulée face à l'entêtement de l'infirmière marqua les traits du jeune homme. Même s'il comprenait son inquiétude, il n'était guère disposé à être materné de la sorte. Ses problèmes ne regardaient que lui et personne n'avait besoin d'y être mêlé. Retirant brusquement le bras que la femme avait saisi pour son test, il ramena sa longue toison en arrière en lui montrant ouvertement qu'elle l'agaçait.

Mais voilà déjà que Rachelle Bloomwood retournait à son chaudron où elle s’affaira à transvaser la potion dans un verre qu'elle apporta à Beth.

"J’espère que je ne t'ai pas fait loupé trop de cours, je te ferai un mot de toute façon ne t'en fais pas, assura-t-elle. Quant à toi Dorian, je te ferai un mot également, mais je crois savoir que tu fais partie des septièmes années redoublant, donc tu n'as pas à t'en faire pour ton prétendu retard sur tes camarades."

Bien décidé à ne pas se laisser faire, Dorian fixa droit dans les yeux l'infirmière. Toute l'équipe professorale avait l'habitude d'un élève studieux et rêveur mais aucun d'entre eux n'avait encore eu à faire avec la personne qu'il pouvait être au sein de l'entreprise familiale lorsque des milliers de personnes dépendaient de sa droiture.

- " Mademoiselle, les cours de potions sont très importants à mes yeux. Ma situation familiale... Bref, je dois y aller. Que dis-tu si je te reconduis jusqu'à ta classe, mademoiselle Sweet ?" , fit-il en s'abaissant au niveau de Beth.

Après avoir avalé la potions, Beth tendit à Rachelle le verre vide que l'infirmière alla reposer sur son bureau. En revenant vers les deux élèves, la jeune femme entendit Dorian proposer à la petite blondinette de la raccompagner jusqu'à son prochain cours. Rachelle fronça les sourcils, voilà que le Serdaigle se servait de Beth comme excuse pour quitter les lieux, c'était déloyal ! Résignée, la jeune femme soupira. Soit, il n'avait qu'à prendre la fuite, mais il ne lui échapperait pas éternellement. Rien n’empêchait Rachelle de passer par Peter pour que son élève soit convoqué à un rendez-vous obligatoire à l'infirmerie, mais elle aurait préféré ne pas en arriver là.

Néanmoins, Beth répondu qu'elle n'avait plus cours et qu'elle avait l'intention d'aller à la bibliothèque ou de rentrer à sa salle commune. Elle remercia Dorian pour sa proposition, puis Rachelle pour l'avoir soigné, déclarant qu'elle n'avait plus mal du tout. L'infirmière sourit largement à la fillette avant de lui ouvrir la porte de l'infirmerie.

"Au revoir Beth, et attention aux flaques !" lança-t-elle avec un clin d'oeil.

Refermant la porte derrière la jeune Poufsouffle, Rachelle se tourna vers Dorian en retenant difficilement un sourire victorieux. Elle ne voulait pas lui faire croire qu'il était "piégé", ce n'était pas un jeu. Mais le Serdaigle ne semblait vraiment pas prendre cette histoire au sérieux et elle ne savait pas comment lui faire comprendre qu'elle cherchait simplement à l'aider. Elle n'était pas là pour lui faire la morale ou se mêler de sa vie privée, juste pour lui éviter de souffrir trop longtemps de cette maladie, ou d'en mourir.

Croisant les bras, Rachelle observa un instant le jeune homme. Elle avait compris que Dorian détestait qu'on le traite comme un adolescent -ce qu'il était encore, quoiqu'il en dise- et se demandait si elle aurait plus de succès en lui parlant d'adulte à adulte. Il était temps d'opérer un changement de stratégie. Décroisant les bras, l'infirmière s'assit sur le lit que Beth venait de quitter, comme pour donner un cadre moins formel à cet échange.

"Je te demande dix minutes de ton temps, très précieux je n'en doute pas, d'accord ? Je veux juste discuter un peu de ça Dorian, rien de plus. Faire le point sur la situation, pour voir si je peux faire quelque chose, je peux surement t'aider, ce serait dommage de ne pas en profiter, tu ne trouves pas ? Elle trouvait surtout ça idiot, en plus d'être dommage, mais se garda de partager cette opinion avec le jeune homme. Et ça restera entre nous évidement, ajouta-t-elle en se souvenant que le jeune homme tenait par dessus tout à garder son état de santé secret. Juste dix minutes, d'accord ?"

Elle n'en revenait pas de se retrouver à marchander pour s'occuper d'un élève atteint d'une maladie grave. Les jeunes devenaient vraiment étranges...

Visiblement la jeune Beth semblait assez mature pour son âge, pour comprendre que l'infirmière voulait lui parler en privé. En effet, elle lui expliqua qu'il s'agissait de sa dernière heure de cours et que donc elle allait travailler à la bibliothèque. Cherchant un moyen sûr et efficace de se débarrasser de l'infirmière, Dorian pensa tout d'abord à lui proposer sa compagnie jusqu'à la bibliothèque. Cela dit, ce genre de techniques serait très clairement peu discrètes si ce n'est carrément grossières.
Une idée pour le moins pratique lui venant, il arbora un vague sourire contrit.

- " C'est que je désirais également bosser à la bibliothèque. J'ai certaines choses à ... préparer, mademoiselle."

Se détournant, le Serdaigle s’apprêtait à, enfin, triompher et ainsi gagner le droit de s'échapper lorsqu'il remarqua l'attitude adoptée par l'infirmière. Celle-ci, les bras croisés, parut le juger quelques instants avant de finalement s'installer sur le lit que la jeune Poufsouffle avait quitté. Cela rendait la discussion beaucoup moins informelle que ça aurait du l'être. Quelque peu méfiant, Dorian s'immobilisa pour voir la suite des événements.

- "Je te demande dix minutes de ton temps, très
précieux je n'en doute pas, d'accord ? Je veux juste discuter un peu de
ça Dorian, rien de plus. Faire le point sur la situation, pour voir si
je peux faire quelque chose, je peux surement t'aider, ce serait dommage
de ne pas en profiter, tu ne trouves pas ?Et ça restera entre nous évidement. Juste dix minutes, d'accord ?"

Des douleurs commençaient à revenir dans la poitrine du jeune homme. L'heure de reprendre sa potion s'était rapprochée et le mal reprenait tout bonnement ses droits sur sa personne. Cachant tant bien que mal une grimace face à un élancement, il tenta de garder son calme. Ca ne lui ressemblait tellement pas de s'énerver mais la situation pressante qui se déroulait actuellement ne faisait qu'accroitre son agacement. Miss Bloomwood-là, il ne pouvait décemment pas se permettre d'engloutir une potion. Elle ne le lâcherait plus si elle voyait la quantité qu'il ingurgitait.

-" Juste dix minutes ? Pour dire quoi exactement ?", s'irrita-t-il, "Pour faire le point sur quoi ? L'idée que j'ingurgite plus de potions anti-douleurs que de nourriture solide ? Que voulez-vous donc faire ? Testez diverses choses sur moi comme un cobaye ? Passez votre chemin, mademoiselle. Je me débrouillerai tout seul et tout ira bien. Ca passera. Ne vous investissez donc pas de la sorte dans les problèmes d'une personne majeure qui ne souhaite pas vous voir outre mesure impliquée. Cela ne changera rien et ne vous fera pas expiée une quelconque faute que vous semblez vous reprocher concernant votre fiancé..."

S'arrêtant court, courbé en deux par les élancements violents et brutaux qui se déchainaient dans sa poitrine, Dorian regretta immédiatement les dernières paroles qu'il venait de prononcer. L'infirmière essayait juste de l'aider, elle ne méritait ni sa colère ni les mots blessants qu'il venait de lui lancer au visage.

- "Désolé...vraiment.", murmura-t-il faiblement et péniblement avant de sombrer dans l'inconscient.

Rachelle ne comprenait absolument rien au comportement de Dorian. Elle ne voyait pas ce que le jeune homme pouvait encore lui reprocher, elle aurait pu être beaucoup plus insupportable que ça. Elle ne lui demandait presque rien si ce n'était de lui accorder dix pauvres minutes pour qu'elle essaie de lui sauver la vie ! Comment pouvait-il lui refuser ça ? La jeune femme était complètement prise au dépourvu, elle n'avait aucun moyen de contraindre le Serdaigle à se laisser faire et il ne semblait pas se rendre compte de la gravité de la situation. Il ne lui restait plus qu'à le laisser partir et à regarder sa maladie s'aggraver lentement, et elle s'y refusait. L'infirmière afficha une expression outrée quand Dorian prétendit qu'elle cherchait à se servir de lui comme d'un cobaye.

"Mais qu'est ce qui peux te faire dire ça ? s'exclama-t-elle en se levant. Je cherche à t'aider Dorian, ça ne semble pas être quelque chose que tu puisses comprendre mais je cherche juste à t'éviter de mourir, d'accord ?"

Sans même s'en rendre compte, Rachelle avait haussé le ton. Elle qui voulait avoir une conversation calme entre adultes, c'était fichu. Elle soupira profondément et se passa une main sur le visage pour reprendre ses esprits. Elle ne criait jamais sur les élèves. Elle les soignait, elle les écoutait, les conseillait parfois, mais il ne lui arrivait jamais de leur crier dessus, elle n'était pas là pour ça. Mais la situation la dépassait. Elle n'avait pas l'habitude qu'un élève refuse de se faire soigner sous prétexte qu'il se "débrouillait tout seul" et que "ça passerait". Rachelle se retint de lever les yeux au ciel face à cette démonstration d'ignorance. C'était bien la preuve que Dorian ne se guérirait pas tout seul. Une maladie comme la sienne ne "passait" pas et même de lourds traitements avaient parfois du mal à en venir à bout. Cependant, elle ne pouvait pas trop s'avancer sur ce qu'il avait étant donné qu'il refusait de se laisser examiner...

"Ne vous investissez donc pas de la sorte dans les problèmes d'une personne majeure qui ne souhaite pas vous voir outre mesure impliquée. Cela ne changera rien et ne vous fera pas expiée une quelconque faute que vous semblez vous reprocher concernant votre fiancé..."

Cette fois Rachelle eut tout simplement le souffle coupé et dévisagea l'adolescent comme si il venait de la gifler. Est-ce qu'il avait vraiment dit ce qu'elle avait entendu ? Ce n'était pas possible pourtant. Il n'était pas censé savoir pour Simon, seul le reste de l'équipe pédagogique était au courant. Elle ne comprenait pas comment cela avait pu arriver aux oreilles du Serdaigle, mais surtout elle ne comprenait pas pourquoi il parlait de faute. Elle avait tout essayé pour sauver Simon mais même la meilleure combinaison de sortilèges de guérison et le plus efficace des massages cardiaque ne pouvaient rien sur un cadavre. Bien sur sur le moment elle s'en était voulut atrocement, d'être encore là alors que lui était parti et de ne pas avoir pu le sauver, mais avec le recul elle avait réaliser que ce n'était pas de sa faute et qu'elle n'aurait rien pu y faire. Et voilà Dorian venait de tout chambouler avec ses insinuations.

Rachelle voulut poser un regard grave sur l'adolescent mais au moment ou elle tournait les yeux vers lui il se pliait en deux, visiblement en proie à un élancement particulièrement douloureux.

"Dorian ? s'inquiéta-t-elle en se penchant à sa hauteur pour capter son regard. Viens, allonge toi" reprit-elle avec douceur en voulant poser une main sur son bras pour l'entrainer vers un des lits.

Mais à peine sa main avait-elle effleuré le bras du Serdaigle que celui-ci s'effondrait sur le sol de l'infirmerie, inconscient, arrachant un cri à Rachelle. S'agenouillant au coté de l'adolescent elle posa deux doigts au niveau de sa carotide et soupira de soulagement en constatant que son pouls était faible, mais régulier. L'infirmière tira sa baguette d'une de ses poches et fit léviter le corps du Serdaigle jusqu'au lit le plus proche avant de lancer d'une voix chargée d'émotions :

"Enervatum"

Rachelle s'approcha alors du jeune homme et le secoua doucement par l'épaule, sachant que son sortilège avait déjà du lui faire reprendre conscience mais qu'il fallait encore qu'il ouvre les yeux pour qu'elle soit sûre que tout allait bien.

"Dorian ?" l'appela-t-elle doucement.

Avant de sombrer, le jeune homme avait juste eu le temps d'entrapercevoir le visage grave. Il l'entendit également l'appeler par son prénom avant de lui demander doucement de venir s'allonger. Cependant impuissant, il se sentit vaciller. Puis tout fut sombre et douloureux. Il lui semblait que sa poitrine menaçait d'exploser alors que les élancements s'intensifiaient.

Lorsqu'il revint à lui, la première chose qu'il vit fut le plafond blanc étincelant de l'infirmerie. Ses douleurs continuaient de se répandre, s'insinuant de plus en plus loin et de plus en plus fort. A sa droite, un mouvement l'obligea à tourner la tête en fronçant les sourcils.

- "Dorian ?"

L'infirmière... Se redressant brusquement, il laissa échapper un petit cri alors qu'une grimace tordait ses traits. Tenter de s'échapper de l'infirmerie était désormais un espoir lointain réduit consciencieusement en bouillie. Miss Bloomwood ne le laisserait pas repartir tranquillement et l'agacerait encore avec ses questions sordides auxquelles il n'avait pas envie de répondre.

- " Voilà ce qui arrive quand vous me retenez contre... mon gré.", lui fit-il avec un faible sourire, " Je présume que vous ne me laisserez plus partir, n'est-ce pas ? "

Son ton était clairement las. Le jeune homme en avait clairement assez de devoir jongler pour pouvoir cacher son état à tous. Marre également de se confronter à l'infirmière qui ne cessait de le houspiller.

- " Bien... Laissez-moi deux minutes, s'il vous plait. Et surtout, ne posez pas de questions et ne tentez rien."

Sortant de sa poche la fiole d'anti-douleurs concentrée qu'il aurait du prendre bien plus tôt pour éviter ce cirque, Dorian la but d'une traite ne laissant aucune chance à Rachelle de la lui arracher. Reposant sa tête sur les oreillers, il ferma quelques instants les yeux en cherchant à calmer sa respiration saccadée due aux élancements.

- " Je vous en prie, commencez donc l'interrogatoire.", lui lança-t-il sans même ouvrir les yeux une fois un semblant de tranquillité retrouvée.

Rachelle sursauta quand Dorian se redressa subitement et le repoussa sur ses oreillers, mais trop tard, le jeune homme souffrait déjà d'un nouvel élancement qui lui arracha un cri. Inquiète, elle guetta la réaction du jeune homme. Celui-ci ne regardait pas autours de lui l'air complètement perdu, ce qui était plutôt bon signe. Pas de perte de mémoire. L'infirmière attrapa le poignet du garçon pour prendre son pouls. Légèrement irrégulier, et encore un peu faible, mais il n'y avait rien d'alarmant.

" Voilà ce qui arrive quand vous me retenez contre... mon gré.", lui fit-il avec un faible sourire, " Je présume que vous ne me laisserez plus partir, n'est-ce pas ? "

Rachelle haussa les sourcils, partagée entre l'envie de dévisager l'adolescent avec stupeur et celle d'éclater de rire. Il venait de perdre connaissances avec une tirade digne d'une tragédie et trouvait le moyen de faire de l'humour. Un sourire amusé finit par étirer les lèvres de l'infirmière. Dorian la mettait hors d'elle, avec son entêtement à ne pas se laisser soigner, mais c'était un garçon attachant malgré tout.

"Évidement que non je ne te laisserais pas partir. Je serais idiote de ne pas profiter de t'avoir enfin sous la main pour te poser quelques questions."

Il n'avait qu'à passer la voir régulièrement, comme elle le lui avait demandé. Il n'avait pas l'air de se rendre compte qu'elle s'en faisait réellement pour lui. Son frère lui reprochait souvent de prendre son travail trop à cœur. Étalant toute sa maturité, il disait que ce n'était pas ses enfants donc "qu'elle s'en fichait s'ils avaient la crève". Sauf qu'évidement elle ne s'en fichait pas, il n'y avait que Chris pour penser ça.

Elle avait choisit cet emploi parce que le souvenir de Simon hantait chaque couloirs de Sainte-Mangouste, chaque pièce de l’hôpital, chaque salle de repos -surtout les salles de repos d'ailleurs. Mais même aujourd'hui elle n’échangerait son travail avec celui d'un médicomage de Sainte-Mangouste pour rien au monde. Rachelle aimait ce qu'elle faisait, elle adorait le contact des élèves et le fait de se sentir utile en mettant fin à leurs petits malheurs. Elle avait droit à de grands sourires et à des regards reconnaissants pour avoir soigné un genoux écorché ou mit fin à un rhume. Elle n'avait jamais été confronté à des maladies vraiment graves, même si sa formation l'y avait évidement préparé, et elle était un peu désemparée face au cas de Dorian. Et l'adolescent ne l'aidait pas vraiment.

Ce dernier lui demanda de lui laisser deux minutes, sans intervenir. L'infirmière fronça les sourcils mais avant qu'elle ait le temps de faire quoi que ce soit le Serdaigle sortit une fiole de potion anti-douleur de sa poche et la vida d'une traite, sous le regard scandalisé de la jeune femme.

" Je vous en prie, commencez donc l'interrogatoire." lui lança-t-il après avoir reposé la tête sur son oreiller les yeux fermés.

Rachelle secoua la tête de gauche à droite et soupira face à cette prise de potion parfaitement déloyale. Les adolescents étaient vraiment idiots parfois. Elle lui en aurait sans doute donné une, de dose d'anti-douleur, mais il aurait pu attendre d'avoir son autorisation.

"Pour commencer ne t'avise plus de me prendre de vitesse de la sorte, la prévint-elle sur un ton grave. Sinon...hum, ne t'avises plus de le faire, c'est tout. Très bon argument Rachelle. Bon, maintenant dis moi combien tu bois de fiole de potions anti-douleur par jour, et sans mentir. C'est dangereux d'en consommer de trop, s'il y a des restrictions c'est parce qu'il y a de bonnes raisons, ça peut t’anesthésier définitivement, te causer des problèmes de concentrations...C'est mauvais, en somme. Elle n'allait pas réciter tout son cours de troisième année de médicomagie au pauvre Dorian sinon elle allait l'endormir. Il existe d'autres potions avec des effets similaires qui permettent d'alterner, parce qu'en plus de tous ces symptômes tu pourrais bien finir par développer une véritable dépendance."

Ça faisait un peu peur dit comme ça et il allait jugé qu'elle exagérait mais ça arrivait plus vite qu'on ne pensait. Elle même avait bien failli devenir accro à la potion de sommeil-sans-rêves.

Après avoir fermé les yeux et calé sa tête dans l'oreiller, Dorian attendit patiemment que l'infirmière commence son interrogatoire en règle. La connaissant, elle ne louperait pas une occasion pour le faire... Ca faisait longtemps qu'il aurait du y passer mais il était jusqu'à présent parvenu à esquiver. Cette fois, son mal en avait décidé autrement. Il l'entendit plus qu'il ne la vit soupirer. A n'en pas douter, elle devait sans doute secouer la tête de gauche à droite, dépitée face à son entêtement. Mais il ne changerait pas. C'était ainsi et même si elle continuait à le considérer comme un adolescent à peine capable de se débrouiller seul, lui tenant tête uniquement par plaisir de se faire plaindre ou par esprit rebelle et complètement immature, c'était loin d'être le cas. Effectivement prendre avec si peu de sérieux sa maladie pouvait paraitre irraisonnable ou tout bonnement stupide mais le jeune homme ne tenait pas à changer sa façon de faire pour ce qui le rongeait. Cela ressemblait trop à une sorte d'abandon et laissait donc la maladie gagne sur lui. Or cela était tout particulièrement désagréable.

- "Pour commencer ne t'avise plus de me prendre de vitesse de la sorte, la prévint-elle sur un ton grave. Sinon...hum, ne t'avises plus de le faire, c'est tout. Bon,maintenant dis moi combien tu bois de fiole de potions anti-douleur par jour, et sans mentir. C'est dangereux d'en consommer de trop, s'il y a des restrictions c'est parce qu'il y a de bonnes raisons, ça peut
t’anesthésier définitivement, te causer des problèmes de concentrations...C'est mauvais, en somme. Il existe d'autres potions avec des effets similaires qui permettent d'alterner, parce qu'en plus de tous ces symptômes tu pourrais bien
finir par développer une véritable dépendance."

La prise de potion paraissait lui avoir clairement déplu, il s'en serait douté mais Dorian n'avait pas eu le choix. Ne pas pouvoir aligner deux mots sans ressentir des douleurs effroyables dans la poitrine ou manquer de s'évanouir n'était pas ce qu'il préférait. Quant à lui en demander une, il y avait fort à parier comme ses paroles le lui confirmèrent qu'elle ne lui en aurait donné qu'une infime quantité. Beaucoup trop peu, en somme, pour calmer ses élancements. Sa solution avait été la meilleure option possible et il se félicitait de l'avoir choisie à temps.
Se lançant le temps de répondre, quelques longues minutes s'écoulèrent dans le silence tout juste brisé par leurs respirations.

- " Bon par quelle reproche commence-t-on?", plaisanta-t-il faiblement.

Marquant à nouveau une pause, il entrouvrit un oeil brièvement pour voir l'expression peu encline à l'humour de l'infirmière. Refermant sa paupière, Dorian soupira.

- " Je vois que vous n'êtes pas d'humeur à plaisanter. Je m'en serais bien douté cela dit et ne peux vous le reprocher. Je ne le serais sans doute pas dans pareille situation avec l'un des ouvriers de ma mère. Commençons par la potion. Si je l'ai pris avant que vous ne puissiez rien faire, c'est à dessein. Cela fait bien longtemps que je ne suis plus vos prescriptions et outrepasse largement la dose prescrite. La raison en est ... que cela ne fait plus effet sans cela. Ce que je viens de prendre ne calmera mes élancements que durant quelques heures tout au plus. "

Réfléchissant au nombre de potions qu'il engloutissait par jour, son esprit en vint vite à la conclusion qu'il ne faisait désormais plus attention à leur quantité. Oh il ne devait pas en prendre tant que ça, si ? Dès que la douleur commençait à se faire sentir pour éviter tout mal, il en ingurgitait une sans en faire le compte. Miss Bloomwood n'aimerait certainement pas sa réponse. Il lui faudrait donc tenter une pathétique excuse pour essayer de minimiser la chose.

- " Pour le nombre de mixture que j'avale par jour, je suis dans l'impossibilité de vous le dire. Je suis assez occupé pour l'instant avec l'entreprise familiale. Dès lors, je n'en tiens pas le compte. Dès que mon mal se fait sentir, je reprends une fiole.".

S'arrêtant de parler quelques instants, le Serdaigle cogita sur la manière d'aborder les deux autres sujets évoqués par la femme. Qu'importe comment il pensait l'aborder, rien ne lui semblait convenir. Quoiqu'il dirait l'infirmière ne le lâcherait plus d'une semelle désormais. Elle continuerait sans doute également de s’inquiéter à outrance. Se redressant pour s'asseoir de manière plus convenable puisque les douleurs s'amenuisaient doucement, il rouvrit les yeux pour faire face à Rachelle Bloomwood. Il venait décidément d'être acculé au mur et ne pouvait désormais plus se défiler.

- " Pour l'effet anesthésiant, ...", commença-t-il avec lassitude tout en montrant la paume qu'il s'était ouverte en potion, "je pense que je suis bien au courant de la chose. Ce n'est que lorsque j'ai vu le sang sur la planche me servant à couper mes ingrédients et que j'ai entendu l'exclamation effrayée de mon condisciple de cours que je me suis rendu compte que je m'étais blessé à la main. Je n'ai rien senti que ce soit avant, pendant ou après. A ce niveau-là, je pense que c'est trop tard. Pour ce qui est de la dépendance, je ne pense guère en être à un stade plus glorieux malheureusement. Cela dit, ça passera lorsque tout ira mieux... Et tout ira mieux, miss Bloomwood, sans votre aide."

Balançant ses jambes sur le côté comme pour descendre du lit qu'il occupait, ses pieds se posèrent au sol et Dorian tenta de se remettre sur son séant. Si dans un premier temps, il se sentit légèrement faible et nauséeux, l'effet s'estompa rapidement lui permettant de ne point défaillir à nouveau. Par précaution néanmoins, le jeune homme continua de s'appuyer contre la couche. Mieux valait être prudent surtout si les questions continuaient de pleuvoir. Elle ne le retiendrait sans doute pas assez longtemps pour qu'il doive se rasseoir, n'est-ce pas?

- " Oh... Concernant ce que j'ai dit avant de ... avant de m'effondrer, j'en suis désolé. Sincèrement désolé. C'était impoli et inexcusable de ma part d'utiliser cette information contre vous pour me défendre. Si vous avez terminé, puis-je regagner mon dortoir ?"

Rachelle avait pensé que ces arguments auraient un certain impact sur le jeune homme -personne ne souhaitait être définitivement anesthésié ou devenir dépendant une potion- et pourtant il ne montra pas la moindre réaction, gardant les yeux fermés. Elle soupira à nouveau en se disant que le prochaine fois elle évoquerait les problèmes d'impuissance, ça avait peut-être plus de chances de faire réagir un adolescent de dix-huit ans. Du moins, s'il y avait une prochaine fois car il y avait fort à parier que Dorian continuerait d'éviter consciencieusement l'infirmerie, quoiqu'elle dise. Raison de plus pour le retenir aujourd'hui. En reportant son attention sur le Serdaigle, Rachelle commençait à se demander si ce dernier ne s'était pas endormi, quand il prit enfin la parole.

" Bon par quelle reproche commence-t-on?"

L'infirmière fronça les sourcils. La situation n'avait rien de drôle, il n'échapperait pas à ses questions en essayant de se défiler avec l'humour. L'adolescent parut s'en rendre compte car il poursuivit en assurant qu'il comprenait qu'elle ne soit pas encline à plaisanter, il aurait au moins compris quelque chose aujourd'hui à défaut de réaliser qu'il mettait sa santé en danger, et qu'il ne pouvait pas le lui reprocher. Il justifia alors le fait d'avoir avalé toute une fiole de potion sans lui laissé le temps d'intervenir par le manque d'effet des doses qu'elle lui avait précédemment prescrites. Rachelle nota cette information dans un coin de sa tête.

"C'est normal, plus tu en prends moins elles font effet, ton corps s'y habitue."

Le jeune homme était apparemment incapable de lui donner le nombre exacte de fioles qu'il vidait par jour. L'infirmière ne savait pas si elle devait le croire où si il mentait parce qu'il avait parfaitement conscience que les doses qu'il s'autorisait étaient dangereuses. Elle penchait plutôt pour la seconde option.

"Tu dois bien avoir un ordre d'idée non ?" l'encouragea-t-elle.

Mais le jeune homme poursuivait déjà sur le problème de l'effet anesthésiant, visiblement désireux d'éviter sa question -ce qui la fit définitivement choisir la deuxième option- et déclara qu'il était déjà trop tard puisqu'il n'avait absolument pas sentit sa blessure. Il ajouta qu'il n'en était pas à un stade plus glorieux pour ce qui était de la dépendance. Rachelle soupira à nouveau, se demandant comment il pouvait dire ça avec tant de légèreté. Il n'avait pas l'air de se rendre compte qu'il était en train d'altérer sa santé sur le long terme. Ces prochaines paroles ne firent que le confirmer.

"Cela dit, ça passera lorsque tout ira mieux... Et tout ira mieux, miss Bloomwood, sans votre aide."

Non, ça ne passerait pas. Une maladie de ce genre ne passait pas toute seule, même avec un traitement il fallait parfois plusieurs mois avant une guérison complète. Cependant, elle ne savait pas si elle devait le lui dire ou pas, elle ne voulait pas l'effrayer, juste lui faire prendre conscience de la situation.

"Je ne veux pas te faire peur Dorian, mais il y a peu de chance que ça "passe" si tu refuse de te faire soigner."

Le jeune commençait déjà à se lever, apparemment pressé de quitter les lieux. Il s'excusa alors pour ce qu'il avait dit juste avant de s'évanouir et l'infirmière balaya ses excuses d'un geste de la main. Ça l'avait atteint, c'était vrai, mais cela n'aurait pas du, elle n'avait rien à se reprocher. Néanmoins, elle se demandait bien d'où le jeune homme tenait cette fausse information, elle n'aimait pas vraiment l'idée qu'on répande de fausses rumeurs à son sujet, même si c'était sans doute inévitable, elle travaillait dans un collège tout de même !

"Excuses acceptées, répondit-elle avec un sourire. Cependant j'aimerais bien savoir où tu as entendu ça."

Dorian demanda alors à rejoindre son dortoir et Rachelle hésita. Le sommeil était la première chose qu'elle lui aurait conseillé mais elle aurait préféré le garder à l'infirmerie.Cependant, si elle lui demandait de rester il n'allait sans doute pas dormir et négocier son départ jusqu'à ce qu'elle craque.

"Tu peux y aller, commença-t-elle, mais à certaines conditions, ajouta-t-elle rapidement, avant que le jeune homme n'ait eu le temps de s’éclipser. Il faudrait que tu me laisses te faire une prise de sang, avec des analyses je pourrai en savoir un peu plus et sans doute te prescrire une potion anti-douleur plus adaptée. Sauf qu'elle ne pourrait jamais la lui prescrire s'il fuyait l'infirmerie. Mais pour ça il faut que tu me promette de revenir. Je ne te demande pas de passer tous tes après-midi ici, juste de m'accorder une dizaine de minutes de temps en temps, c’est un sacrifice qui me semble raisonnable, non ?"

L'infirmière était légèrement ennuyeuse aujourd'hui. Il tentait de rester le plus évasif possible en lui donnant des éléments de réponses mais la femme semblait s'entêter à ce qu'il dise les mots qu'il ne souhaitait surtout pas dire.

- "Tu dois bien avoir un ordre d'idée non ?" l'encouragea-t-elle.

Soupirant profondément, Dorian tenta de garder son calme. Après tout, elle ne faisait que son travail... Rien de plus.

- " Puisque je vous dis que je n'en sais strictement rien, miss Bloomwood. Par pitié !", répondit-il un peu sèchement en se massant le front.

Mais la guérisseuse ne semblait pas en avoir encore fini après lui avoir rappelé que cela ne passerait pas, elle accepta ses excuses tout en lui demandant d'où il tenait l'information. Devait-il vraiment lui dire la vérité ? Il ne pouvait décemment pas lui dire qu'il avait retourné toute sa vie au peigne fin juste pour tenir un élément contre elle si elle venait à aller contre leurs engagements. Surtout que celui qui les avait le plus bafoué se trouvait être lui ...

- " Il y avait un certain bruit de couloir il y a plusieurs années concernant un fiancé perdu... Lorsque vous avez appris pour mon état, j'y ai repensé et j'ai sciemment fait quelques recherches personnelles à ce sujet. Juste au cas où ... Ecoutez miss Bloomwood, l'idée n'était pas de vous blesser ou de vous piéger. Je souhaitais juste m'assurer votre silence. Si ma mère l'apprenait ... "

Si Ayleen l'apprenait, il y avait fort à parier qu'elle en ferait elle-même une maladie. Celui qu'elle considérait comme son unique fils, futur héritier de surcroit, tombant malade et c'était le monde de sa mère qui s'écroulait. Lorsqu'il demanda à regagner son dortoir, il s'attendait à ce qu'elle refuse mais ce ne fut pas le cas ... Tout du moins pas à proprement parlé.

-"Tu peux y aller, commença-t-elle, mais à certaines conditions, ajouta-t-elle rapidement, avant que le jeune homme n'ait eu le temps de s’éclipser. Il
faudrait que tu me laisses te faire une prise de sang, avec des
analyses je pourrai en savoir un peu plus et sans doute te prescrire une
potion anti-douleur plus adaptée. Sauf qu'elle ne pourrait jamais la lui prescrire s'il fuyait l'infirmerie. Mais
pour ça il faut que tu me promette de revenir. Je ne te demande pas de
passer tous tes après-midi ici, juste de m'accorder une dizaine de
minutes de temps en temps, c’est un sacrifice qui me semble raisonnable,
non ?"

Des conditions ? Et puis quoi encore ? Allait-elle trouvé à chaque fois un nouveau stratagème pour le ramener ici ? A n'en pas douter, elle venait de Serpentard celle-là ! Mais il n'avait pas vraiment le choix n'est-ce pas? Et le sacrifice était encore raisonnable.

- " Bien ... Je présume que je n'ai guère trop le choix. Je passerai de temps en temps et vous pourrez me faire une prise de sang si ça vous chante, miss Bloomwood."

Se détournant, le jeune homme quitta l'infirmerie après un vague salut à son occupante.