[Soirée de fin d'année] Four colours, four words (A partir de la 4ème année)

Cette soirée était sympa, décidemment, songea James en défaisant un à un les boutons de sa chemise, dans l’optique de la passer à Clara. Un moment avec ses meilleurs amis, de la musique, et un peu d’alcool, que demander de plus ? Aussi, il adressa un sourire malicieux à la Serpentard en lui tendant son vêtement jaune, avant de lui réclamer quelque chose de vert. Ce n’était pas que rester torse-nu le dérangeait plus que ça mais il comptait bien terminer la soirée  avec les quatre couleurs. Il observa la jeune fille se retourner pour faire tomber son haut par l’avant, dévoilant sa lingerie. Il releva les yeux pour la dévisager, le rouge aux joues, alors que des pensées pas forcément très appropriées lui traversaient l’esprit. Il détourna le regard, et porta la bouteille de Whisky à ses lèvres, avant d’en boire une longue gorgée, tandis que Clara se rhabillait de sa chemise. Il rattrapa son haut vert, alors qu’elle se rapprochait de lui. Elle était près, d’ailleurs. Très près de lui, constata-t-il, un peu éméché, alors qu’il posait sa main dans le dos de la jeune fille pour la maintenir contre lui. Il baissa les yeux vers ses lèvres, avec une envie de s’en emparer bien présente. D’ailleurs, elle se rapprochait encore, et il n’avait qu’à avancer de quelques centimètres pour l’embrasser. Mais elle avança encore, se retrouva collée contre lui, une main sur na nuque. Son deuxième bras se referma sur sa taille, alors qu’elle lui hurlait de ne pas abimer son haut en le passant. Il eut un sourire en se détachant d’elle.

« Je ferai attention ! » répondit-il en retour, tout en tentant d’enfiler le haut.

C’était beaucoup trop petit. Et ridicule. Une fois vêtu, il jeta un coup d’œil à Clara, avant d’éclater de rire. Le vert lui allait décidemment mieux qu’à lui ! Cependant, sa chemise lui allait particulièrement bien, songea-t-il en observant la jeune fille. Elle était belle, Clara, il le savait depuis longtemps. Mais là c’était différent, il la percevait différemment. Il secoua rapidement la tête, pour chasser ces pensées de son esprit, et salua Amely et Emma qui arrivaient, vêtue respectivement de bleu et de vert – avec une petite touche de jaune pour la Serpentard. La Serdaigle le félicita pour la soirée, et il la remercia chaleureusement.

« J’en fais un défi personnel. » lança James après que la jeune fille ait déclaré qu’elle ne boirait pas.

Il lui lança un sourire innocent et s’apprêtait à rajouter quelque chose lorsqu’il se sentit tiré par le coude. Il se laissa entraîner à la suite de Clara, qui voulait visiblement partir à la chasse au rouge. Du regard, il chercha Ashley qui, au vu de sa tenue, pouvait leur fournir tout le rouge qu’ils voulaient, mais la Serpentard préféra les conduire vers Victor Lloyd, un Gryffondor de quatrième année. Arrivé devant lui, James le salua puis resta immobile, un regard interrogateur posé sur Clara, qui priait le rouge et or de bien vouloir commencer à échanger avec Amely. Pendant ce temps là, la jeune fille se rapprocha une nouvelle fois de lui, dans l’optique cette fois de prendre le verre d’Emma, qu’elle remplit d’un aguamenti. Il passa un bras autour de la taille de la Serpentard, tout en lui adressant un regard complice. Il termina son énième propre verre, avant d’attraper celui qu’il devait tendre à Amely.

« Evidemment, un truc normal. » déclara-t-il en lui fourrant le gobelet dans les mains, tout en lui adressant un sourire parfaitement innocent.

Il l’observa quelques instants la Serdaigle, curieux de voir si elle tomberait dans le piège ou pas, mais son attention fut bien vite détournée par une voix suave qui s’éleva. Il se retourna et se retrouva face à Peggy, une deuxième année. Ses sourcils se froncèrent instantanément alors qu’il se souvenait qu’elle n’était qu’en deuxième année. Comment avait pu-t-elle entrer ? Elle n’avait déjà pas pu recevoir d’invitation ! Il soupira, alors qu’elle lui proposait d’échanger quelque chose. Baissant les yeux vers sa tenue, il se décida finalement à se séparer de son bracelet jaune, qu’il lui tendit.

« Sauve-moi, par pitié. » glissa-t-il à l’oreille de Clara, avant de s’adresser à Peggy. « Tu ne devrais pas être là, Peggy. » commença-t-il doucement. « Bon écoute, fais juste attention, d’accord ? » recommanda-t-il finalement, peu désireux de s’attarder aux côtés de l’adolescente. « Je vous retrouve dans quelques minutes » articula-t-il à l’intention d’Emma et Amely, alors que, le bras toujours autour de la taille de la Serpentard, il s’éloignait, l’entraînant avec lui.

Il parcourut quelques mètres, souhaitant mettre un peu de distance entre le petit groupe et eux. Finalement, il s’appuya contre un mur lumineux, Clara en face de lui.

« J’y crois pas, elle est en deuxième année ! » rit-il. « Bon, tu n’as pas de rouge, du coup. On pourra aller voir Ash tout à l’heure, si tu veux, il en a plein, lui. » expliqua le jeune homme avant de rajouter avec un sourire en coin : « Même si je pense sincèrement que ma chemise te va très bien… »

Oui, réellement, constata-t-il en se détachant du mur, les idées un peu embrouillées par l’alcool. Il l’observa, vrillant son regard dans le sien. Il ne savait pas vraiment ce qu’il faisait, mais s’en fichait éperdument. A vrai dire, tout ce qu’il avait à l’esprit, en ce moment-même, c’était les yeux gris de sa meilleure amie, ses joues rouges, et ses lèvres tentatrices. Il s’avança encore, lui adressa un sourire, et posa une main sur sa hanche,  glissa la deuxième dans ses cheveux blonds. Enfin, il se pencha vers elle, et captura ses lèvres. La musique, les gens, le bruit, tout lui semblait loin, très loin d’eux. Sa main posée sur la hanche de la jeune fille passa dans son dos, alors que, les yeux clos, il continuait d'embrasser la jeune fille. Après quelques instants, il se détacha d’elle, un sourire plaqué sur le visage. Puis il la dévisagea, longuement.

« Clara… » finit-il par lâcher.

Rien du tout. Il voulait juste savoir à quoi elle pensait.

Bien entendu, la sage Amely avait pris soin en se préparant de ne pas porter quelque chose sous le haut dont elle se débarrassait. Elle l'offrit à Emma tout en réceptionnant le large T-shirt que cette dernière lui tendait. Elle avait à peine fini de l'enfiler lorsque Clara les propulsa – il n'y avait pas d'autres mot – vers Victor Lloyd, qu'elle avait visiblement très envie de voir, et affirma qu'une fois que la Serdaigle porterait du rouge, ils la feraient boire. Pendant que James renchérissait, Amely leva les yeux au ciel mais laissa tout de même échapper un petit rire. Sans avoir le temps d'émettre la moindre vague protestation, elle se retrouva en face de Victor Lloyd, à qui elle n'avait jamais parlé de sa vie, tandis que son amie le sommait de lui refiler du rouge.

« Que préfères-tu que je te donne ? demanda Amely au Gryffondor. Passe-moi ce que tu veux, ça n'a pas d'importance. »

Après tout, c'était lui l'expert en mode, peut-être désirait-il assortir le mieux possible sa panoplie. Elle pouvait lui proposer une ceinture bleu foncé, un ruban de même teinte, des bracelets bleu ciel ou un foulard transparent bleu pâle, mais c'était dans tous les cas hors de question qu'elle ôte sa jupe !

Une fois l'échange effectué, James lui fourra un verre d'eau dans les mains et Clara l'enjoignit à trinquer avec eux. Ils insistèrent lourdement sur la normalité de la boisson mais comme tous deux semblaient passablement éméchés, la jeune fille ne s'en formalisa pas. Elle leva son gobelet à leur santé et le vida sans se poser de question, du moins jusqu'aux dernières gorgées dans lesquelles un drôle d'arrière goût de manifesta. De la part du Poufsouffle, le geste n'avait éveillé aucun doute mais l'investigatrice de cette petite farce était probablement la Serpentard. Les crapules. Ils lui avaient fait boire du Whisky. Bien. Elle garderait la tête claire, elle n'était pas Amely Anderson pour rien. Malheureusement pour elle, cette dernière caractéristique contrecarrait sa volonté de rester sobre : c'était la première fois qu'elle buvait de l'alcool. Et même s'il seraient aussi réduits que la quantité qu'elle avait ingérée, il y aurait des effets.

« Les fourbes ! » dit-elle à Emma, amusée.

James fut alors alpagué par une deuxième année trop maquillée. Elle lui proposa d'une voix suave d'échanger un vêtement, mais leur ami l'avertit qu'elle ne devrait pas être là puis lui conseilla finalement de prendre garde à elle, bien trop gentiment au goût d'Amely. En tant que co-organisateur de la soirée, il aurait dû l'éjecter ! C'était du James tout craché. De toute façon, ça ne servirait pas à grand chose de jeter cette petite dévergondée en dehors de cette fête. Malgré tout, celle-ci était formellement interdite aux élèves en dessous de la quatrième année, il en était ainsi depuis des années et cette règle était toujours de vigueur. Or, la Serdaigle avait toujours voué un respect tout particulier aux règlements (si on exceptait sa présence en cette soirée illégale).

« Tu n'as rien à faire ici », cingla-t-elle beaucoup plus fermement avant de tourner le dos à la deuxième année, sans prendre conscience que ça ne changerait probablement rien.

Amely chercha alors du regard ses deux manipulateurs préférés qui s'étaient éloignés. Ses yeux ne les trouvèrent pas mais tombèrent sur la Capitaine de l'équipe de Serpentard qu'elle avait aperçue près du bar tout à l'heure. Samaël Smith, un Poufsouffle qu'elle connaissait pour être parti en Laponie avec lui, venait de lui renverser un peu de Whisky sur son chemisier. Elle répondit un peu sèchement que ça allait puis sortit sa baguette en assurant avec plus de réserve qu'elle s'occupait de nettoyer la tâche. Abandonnant le mince sourire d'excuse de Highlands, le regard d'Amely rencontra enfin James... et Clara... James et Clara... en train de s'embrasser.

Ce fut comme si un Troll lui assénait un violent coup de massue sur le crâne. Le spectacle lui paraissait tellement... inapproprié. Il était James, elle était Clara, ils étaient James et Clara, ils étaient amis, ils étaient ses amis... Jamais elle n'avait envisagé la possibilité de percevoir leur relation sous un autre angle. Les voir si brusquement ensemble, la bouche de James contre celle de Clara, les lèvres de Clara sur celles de James, une image si décalée de sa vision de la réalité ! Comme si elle redescendait sur Terre, elle secoua la tête, les pensées un peu embrouillées – l'œuvre de l'alcool ou bien du choc ? Elle avait soudain l'impression qu'on lui dissimulait beaucoup de choses, ou plutôt qu'elle se les cachait à elle même. Et si tout ça lui avait échappé ? Et si elle avait mal interprété ces simples petits gestes d'affection entre eux comme un bras autour de la taille ou un bisou sur la joue ? Et si les signaux avant-coureurs de ce qui était en train de se produire clignotaient depuis longtemps ? Avait-elle été aveugle à ce point ?

« Tu vois ce que je vois ? » demanda-t-elle un peu abruptement à Emma tout en faisant un signe de tête en direction de leurs deux amis.

C'était tellement inconcevable.

Samantha lui demanda, avec son habituel ton pince-sans-rire, s'il ne voulait pas se ridiculiser pour la faire rire un peu. Après avoir écouté ses plans pour la soirée, et connaissant son état psychologique actuel (ou, du moins, le devinant), Jordan songea qu'il faudrait qu'il se ridiculise vraiment beaucoup pour la faire rire. Et franchement, même s'il y mettait toute la bonne volonté du monde, se ridiculiser serait difficile. Jordan avait pour habitude de penser que n'étaient ridicules que ceux qui ne s'assumaient pas, et il avait bien trop d'assurance pour réussir dans ce domaine. Ce qui lui faisait penser ça était simple: lorsqu'on provoquait le rire moqueur d'une assemblée, on pouvait rougir de honte, déguerpir, vouloir s'enterrer, pleurer, ou assumer la situation en rire et en tirer parti. Il allait sans dire qu'il tirait toujours parti d'une situation, eh. Cependant, ne voulant pas briser les illusions de Sam, il décida de répondre d'une manière qui paraîtrait moins arrogante:

"Me ridiculiser si tu ne comptes pas rester lucide serait dommage, tu m'en voudrais à mort de ne pas avoir pu assister au spectacle. Je ne tiens pas à subir ta terrifiante colère."

Jordan termina de défaire les boutons de manchette et les rangea dans la poche de la chemise que portait Sam, histoire qu'il perde le tout ou ne perde rien du tout. Comme il s'efforçait de ne pas avoir l'air de la tripoter, Kidnap My Heart raisonna dans la salle et la jeune fille eu un rire étrange. Jordan, qui tournait le dos à la piste de danse, ne compris pas les raisons de son hilarité mais ne commenta pas. Il ne savait pas quelle quantité d'alcool elle avait incurgité, ni si c'était un vrai rire parce qu'il s'était passé quelque chose de drôle ou si c'était un signe de désabusement profond, par exemple parce que Nora Weaver s'était décidée à embrasser Irving Whitaker. Jordan préféra répondre à la taquinerie de Samantha, bien décidé à lui sortir le frisé de la tête.

"Les Nimbus de Pompadour ne vont jamais dans des endroits tape-à-l'oeil, tu devrais le savoir. Ma mère a horreur du manque de délicatesse, ça fait nouveau riche, selon elle."

Il eu un sourire, sachant combien cette critique blessait les bourgeois et paraissait d'un autre siècle à ceux du peuple - enfin, aux classes moyennes et ouvrières.

"Plus sérieusement, je reste te tenir compagnie bien sûr. Tu n'imaginais pas que j'allais te laisser tranquille cet été, tout de même? Je fais un stage au département de fabrication des potions chez Nimbus. Je serai sur place vingt-quatre heures sur vingt-quatre, tu ne pouvais pas rêver mieux!"

Jordan avait dit la majorité de son discours sur un ton humoristique, mais son ton était devenu un peu agressif sur la fin. Il était parfois fatigué du petit jeu auquel Samantha jouait avec lui, acceptant de le fréquenter mais passant son temps à lui envoyer des piques, comme pour se rattraper d'être aimable avec lui. Lui ne passait pas son temps à lui envoyer son manque d'argent à la figure, qu'il le sache. Décidant cependant de ne pas gâcher sa soirée avec ça, et de continuer à marquer des points pendant que Whitaker en perdait, il lui tendit la main.

"Tu veux danser?"

Mais il n'eu pas l'occasion d'entendre la réponse de Sam, car ils furent dérangés par Steven Harrisson, un garçon de la même maison que Jordan. Celui-ci fut, pour une fois, vraiment agacé qu'un gamin de son âge vienne perturber leur discussion et lui fasse perdre l'occasion de danser avec Sam. Disposant d'un peu moins de self control qu'à l'accoutumée à cause de l'alcool, il répondit sèchement au jeune garçon:

"Si, ça me dérange. Et tu ne vois pas qu'elle a quelque chose de jaune, déjà? Je suis sûr qu'il y a plein de quatrième années qui n'attendent qu'un sourire de ta part, va donc jouer avec ceux de ton âge."

Il réalisa que Sam n'allait probablement pas apprécier son coup d'éclat. Eh bien tant pis, elle le faisait poireauter, il employait les grands moyens.

Après une première réaction un peu violente, l'inconnue de Gryffondor s'adoucit. Comme quoi, s'excuser avait toujours du bon, et ça ne coûtait rien. Aaron lui adressa un sourire moins contrit et s'apprêtait à reprendre son chemin lorsqu'elle lui demanda d'échanger quelque chose de bleu. Ah, pourquoi pas. Lui avait déjà du rouge en pagaille, cependant. Il ressemblait à un sapin de Noël en pleine crise d'asphyxie.

"Hum, je veux bien te donner quelque chose, mais j'ai assez de rouge sur moi, je crois!"

Il regarda ce qu'il pouvait bien donner à la jeune fille et se décida pour la ceinture. Il la déboucla rapidement et la lui tendit. Problème, il se retrouvait avec un élément en moins, maintenant, et toujours une unique couleur. Et comme il ne voulait plus de rouge... Une idée lui traversa subitement l'esprit.

"Puisque j'ai suffisamment de rouge, en guise de remboursement, tu dois m'aider à trouver du vert ou du jaune!"

La Gryffondor avait déjà une chemise et un bracelet jaune, remarqua-t-il, mais il ne tenait pas à la dépouiller d'une couleur pour son propre challenge. Ce serait amusant, de jouer à chercher des couleurs pour les autres, tiens. Benjamin, l'un de ses camarades de dortoir, passa à côté de lui, une bouteille de whisky pur-feu à la main. Aaron l'attrapa au passage, en bu une grande gorgée et la proposa ensuite à la jeune fille... dont il ne connaissait toujours pas le nom.

"Tiens. Au fait, je m'appelle Aaron. Et toi?"

Il était bien décidé à profiter de la soirée. C'était l'endroit idéal pour clore son année scolaire sur une bonne note, en dépit de tous les malheurs qui lui arrivaient ces derniers temps. Peu importe ce qu'il dirait pendant qu'il serait saoûl, personne ne serait capable de s'en souvenir. Il pourrait oublier Swaguicheuse, qui jouait les Kelsey avec ce mec de Poufsouffle, Maïngrate, qui de toute façon avait déjà tout oublié, elle. Il avait bien le droit, puisque tout le monde s'amusait, lui aussi. De toute façon, même en râlant, il n'avait jamais été du genre à cracher sur une soirée.

Ce ne serait probablement pas la seule fois de la soirée où Emily se ferait bousculer, mais elle ne rencontrerait certainement pas à chaque fois un garçon qui prendrait la peine de s'excuser et qui aurait en plus l'air d'être sincère. C'est pourquoi la jeune sorcière se radoucit très vite. Et comme il ne fallait pas oublier pour autant le challenge de la soirée, elle en profita pour essayer de soutirer un peu de bleu à son nouvel ami. Celui-ci refusa d'ailleurs le rouge qu'elle lui proposait et, en y regardant bien, Emily remarqua qu'il n'en avait effectivement pas du tout besoin.

"C'est dommage. Tu rates un super occasion de porter des talons hauts."plaisanta-t-elle, maintenant parfaitement détendue.

Le garçon dont elle ignorait toujours le nom sembla réfléchir quelque seconde à ce qu'il pourrait bien lui donner et l'adolescente le regarda déboutonner sa ceinture sans savoir si elle devait en rire ou pleurer. Elle remarqua cependant avec soulagement qu'il lui tendait l'objet et n'allait pas plus loin. Emily avait vu des jeunes filles se retrouver en soutien gorge et des garçons en caleçon. Or, elle préférait quitter tout de suite la fête plutôt que de faire quelque chose d'aussi déplacé. Elle n'était pas excessivement pudique, mais son éducation traditionaliste lui avait tout de même donné un certain sens des convenances. Et puis, même sans cela, le bon sens voulait qu'on ne se déshabillait pas devant n'importe qui. Si on en jugeait par l'attitude de certains, ils avaient laissé leur bon sens à la porte de la salle du demande.

Son interlocuteur lui proposa de s'entraider. Puisqu'il n'avait pas besoin de rouge, elle l'aiderait à trouver du vert ou du jaune. Emily fit mine de réfléchir quelques secondes avant d'accepter. Cela pourrait être amusant et puis elle n'avait pas encore croisé de personne qu'elle connaissait vraiment. Ou alors ils étaient tous très occupés à se déshabiller les uns les autres. Il serait plus agréable de continuer le jeu à deux.

Emily tourna sur elle-même pour essayer d'apercevoir la poufsouffle et elle ne tarda pas à la trouver en train d'embrasser un jeune homme. Elle la désigna d'un mouvement de tête.

Alors qu'un autre sorcier passait près d'eux, une bouteille de whisky pur feu dans la main, son interlocuteur s'en empara de la manière la plus naturelle qui soit, bu une gorgée et lui en proposa. Emily resta quelques secondes interdite à fixer la bouteille. Elle n'avait pas pour habitude de boire au goulot. Oh et puis, tant pis. De toute manière, personne ne se souciait de savoir si elle buvait dans un verre ou non. 

"Merci." dit-elle en s'emparant de la bouteille.

Elle but une gorgée à son tour, contente de la tournure que prenait la soirée. Elle n'était plus toute seule ; il ne lui manquait qu'une seule couleur maintenant qu'elle avait enfilé la ceinture bleue autour de sa taille fine ; et elle avait finalement atteint le but qu'elle s'était fixée un peu plus tôt, à savoir boire un "verre" de whisky. Entre temps, le jeune homme s'était présenté.

"Tu as une manière bien à toi d'offrir un verre à une fille, Aaron."plaisanta-t-elle en lui rendant la bouteille. "Je m'appelle Emily. Contente de te rencontrer. Bon, alors repartons à la chasse aux couleurs. Tu vois une dominance de vert ou de jaune ?"

Emily pivota sur elle-même afin d'avoir une vue d'ensemble sur la foule et de dénicher un ou une serpentard ou poufsouffle.

Théo Nott, Oubliator ? Pourquoi pas. C'était un travail respecté dans leur société, les Oubliators étaient indispensables au fonctionnement de leur monde, ils les protégeaient des moldus tout comme ils protégeaient les moldus eux-même d'une vérité qu'ils étaient loin d'êtres prêts à entendre. Cassandre ne connaissait pas les moldus, ou alors uniquement à travers les cours du Professeur Mason, la matière que le MIM avait rajouté à son emploi du temps cette année. C'était encore une réforme coûteuse et mal fichue : même les nés-moldus ou les Sang-Mêlés étaient obligés de suivre ce cours alors qu'ils connaissaient parfois le monde moldu sûrement mieux que le Professeur Mason, qui était fille de sorciers, elle le tenait d'Edmund. Enfin, ce n'était pas le moment de s'attarder sur les trop nombreuses erreurs du gouvernement. Qu'est-ce qu'elle avait hâte de pouvoir voter, tout de même ! Plus que deux ans avant sa majorité. Elle était née en début d'année, ce qui lui permettrait de passer son permis de transplanage en sixième année. Elle aurait ainsi beaucoup plus de liberté et comptait bien s'en servir. Théo avait de la chance de quitter Poudlard, songea Cassandre. Elle allait rentrer en cinquième année et aurait aimé avoir déjà terminé, pour se lancer dans la vie d'adulte plutôt que de rester cantonnée ici, au fin fond de l’Écosse, avec des gens comme Victor Lloyd. Quand son ami annonça qu'il n'était pas doué pour garder les secrets, Cassandre garda pour elle une remarque caustique. C'était loin d'être contre lui mais elle était persuadée que tout le monde pouvait garder un secret lorsque des enjeux importants entraient en compte. C'était peut-être pessimiste, mais elle savait très bien que l'honnêteté était rarement la caractéristique première de l'humain. Tout le monde pouvait mentir, tout le monde mentait et personne n'aimait se faire prendre sur le fait. Alors les gens gardaient le secret. Plus prosaïquement, les Langues-de-plomb étaient soumis à un sortilège, sûrement du Gardien du Secret, alors ce n'était pas très compliqué pour eux de se taire s'ils tenaient à la vie.

- Ils ont eu tort, déclara-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine lorsque Théo lui annonça que la Justice Magique avait dit non à sa candidature. Je trouve le Ministère bien présomptueux, s'il estime pouvoir se passer des services de bons candidats. De toute manière, depuis qu'ils sont au pouvoir, être Sang-Pur est encore moins en vogue qu'avant. Je propose que nous allions tous fricoter avec des moldus pour que Fiennes nous donne des bons points, cingla-t-elle, agacée.

Évidemment, elle savait que le fait que les Nott soient une famille de Mangemorts avait pesé fortement dans la balance. Mais la guerre était terminée depuis des années déjà, qu'est-ce que cela changeait d'engager un Nott ou un Smith ? Elle se demandait régulièrement comment le sorcier lambda voyait les personnes issues de familles de Mangemort. Qu'est-ce qu'il croyait ? Qu'ils se faisaient des tatouages « Marques des Ténèbres » sur tout le corps, se baladaient tout le temps en robe sombre, un livre de Magie Noire sous le bras, un serpent domestique à leurs pieds et en marmonnant des mauvais sorts, courant comme des dératés après les nés-moldus qu'ils croisaient ? Et depuis l'élection du MIM, c'était être de Sang-Pur qui commençait à être un peu mal vu. Comme si être Sang-Pur signifiait que vous étiez obligatoirement anti-moldu. Certes, parfois, c'était le cas. Mais la plupart du temps, c'était juste que vous souhaitiez conserver les valeurs de vos ancêtres sans céder à ce phénomène de « paix et amour, aimons-nous, sorciers, moldus, Strangulots ! » Elle-même se fichait des moldus, ils faisaient ce qu'ils voulaient et les sorciers faisaient de même, chacun dans son monde avec ses habitudes et ses traditions. Réunir les deux était une bêtise phénoménale, tout comme les Mardoliens étaient des abrutis finis, entendons-nous bien. Réunir Moldus et Sorciers, c'était comme faire de Serpentard et Gryffondor une seule maison : une bêtise.

Elle répondit par un regard entendu au sourire de Théo, concernant les attentes de leurs parents qui reposaient sur leurs épaules. Théo devait les connaître en tant qu'aîné et seul fils de ses parents tandis que Cassandre les connaissait en tant que fille unique. Le problème la concernant étant que ses parents n'avaient pas les même ambitions à son égard et c'était leur plus grand sujet de dispute. Sa mère imaginait pour elle l'avenir de toute fille de bonne famille : un mariage avantageux, généreusement financé par les fonds de la famille Harper qui possédait encore – tous réunis – une fortune conséquente et une position respectée dans le monde sorcier. Son père avait peut-être été déchu de son poste mais il restait des Harper bien placés dans le monde sorcier : le frère ainé de son père, Gaïus, gérait toutes les parts de la famille dans les entreprises sorcières ce qui leur permettait d'avoir de l'influence auprès de pas mal de personnes. Son cousin Sebastian était un avocat reconnu,  notamment dans le domaine des affaires et surtout, les Harper avaient conservé l'avantage qui leur avait permis de se hisser dans la bonne société au fil des siècles : ils étaient liés à des familles puissantes et respectées, comme les Harris ou les Bones. Néanmoins, il était hors de question à ses yeux qu'elle devienne une femme au foyer tout juste bonne à donner des réceptions ou à élever des enfants. Et son père partageait cet avis : il voulait qu'elle rentre au Ministère, à la Coopération, pour reprendre son poste un jour et prendre ainsi leur revanche. Si la Coopération ne l'attirait pas plus que cela, Cassie était intéressée par la Justice Magique et un emploi d'avocate. Elle voulait faire carrière, monter les échelons et surtout ne jamais être dépendante d'un homme qui pourrait demander le divorce quand il voulait pour aller fricoter avec sa secrétaire de vingt-cinq ans en lui refilant deux enfants et une pension alimentaire. Elle n'avait pas une idée très sympa du mariage, elle avait trop écouté les potins de sa mère. C'est comme cela qu'elle avait appris qu'Adriana Flint avait été trompée par son moldu de mari.

- Je ne suis pas « toute jeune », répliqua-t-elle sèchement en relevant le menton. J'ai bientôt seize ans.

Plus quinze ans que seize ans en réalité, mais l'idée était là. Elle n'aimait pas qu'on la considère comme une enfant, surtout qu'elle avait l'impression d'être  plus âgée que les gens de sa classe alors que ce n'était pas le cas. Elle avait passé l'âge d'être traitée comme une enfant et elle essayait déjà de le faire comprendre à ses parents, ce n'était pas pour que ses camarades fassent le contraire. Elle en était là de ses réflexions lorsqu'ils furent interrompus par Artémis Nott, la sœur cadette de Théo. La seule fois où elle avait eu affaire à Artémis c'était le vingt-quatre Février, lorsqu'elles avaient été enfermées dans la Tour d'Astronomie avec Darren, Keller et Highlands et si la présence de Keller et d'Artémis l'avait surprise, c'était surtout le comportement du premier qu'elle avait retenu. Théo était-il au courant que sa sœur prenait des « cours d'Astronomie » privés avec Keller, d'ailleurs ? Il faudrait qu'elle lui en touche un mot. Elle remarqua son froncement de sourcils quand elle l'aperçue mais répondit à son hochement de tête. Elle s'était même retenue de demander si elle avait un problème, par égards pour Théo. Soit Artémis était surprise de la voir là ce qui était peu probable étant donné que c'était la deuxième année consécutive, soit elle était surprise de la voir parler à son frère. Et encore une fois, ce n'était pas la première fois même si elle était probable qu'elle n'ait rien remarqué. Le ton qu'employa la cadette Nott confirma la deuxième hypothèse et permit même à Cassandre de comprendre qu'elle n'était pas ravie que Théo et elle soient en train de parler. Oh, Miss Nott faisait des manières ? Cassie avait beau apprécier Nora, elle avait du mal avec ses amies de Poufsouffle, Mason en premier lieu. Elle avait toujours été neutre vis à vis d'Artémis mais cette dernière allait finir par arriver à la même place que Jane. Néanmoins, elle était consciente qu'Artémis était également la sœur de Théo, ce qui impliquait qu'elle lui devait un certain respect.

- J'avoue que je ne sais pas, lança-t-elle, narquoise. Je dirais que c'est à un Gryffondor mais je ne suis pas vraiment sûre de moi, j'hésite.

Elle avait dit respect, pas sympathie. Et encore, sa remarque était tout à fait correcte. Rien de bien méchant là-dedans. Elle aurait pu l'être trois fois plus. Théo finit par révéler que le t-shirt était à elle – oh, quelle surprise, une Gryffondor, elle avait vraiment un flair d'Auror ! - et elle retint une nouvelle fois une réplique. Un peu de tenue, tout de même. Quand il mentionna qu'il s'était disputé avec Samaël Smith, Cassandre mit quelques secondes à le replacer. Elle devrait vraiment faire plus attention à son environnement, dis donc. Smith. Septième année, batteur de Poufsouffle, meilleur ami de Théo, elle voyait qui c'était. Il fallait retenir maintenant. Elle avait une mémoire assez sélective : elle ne retenait que ce lui l'intéressait et que ce qu'elle voulait. Et Smith n'entrait pas vraiment dans cette catégorie. Enfin, il faudrait bien, si c'était un ami de Théo... Surprise, elle manqua presque de sursauter quand il passa un bras autour de ses épaules, ainsi que de celles d'Artémis, visiblement pris d'un élan d'amour Poufsoufflien. C'était effrayant. Cassandre était loin d'être quelqu'un de tactile et elle avait tendance à prendre ce genre de contacts comme des agressions, c'était assez hérissant. Sauf que là, elle n'avait même pas eu le temps de réagir. De toute manière, songea-t-elle, Théo avait bu et n'aurait même pas remarqué ses réticences, même si ces dernières avaient été exprimées. L'alcool faisait des ravages, décidément. Elle était sur le point de se dégager – pas trop brusquement quand même pour ne pas vexer Théo – quand Nora se planta devant eux, visiblement très contente de sa soirée. Cassie aimait bien Nora, vraiment. Mais elle avait l'impression de parler à trop de gens ce soir, comme si elle avait une vie sociale. Ou des amis. Enfin, c'était plutôt effrayant et un peu oppressant. Il y avait du bruit, de la musique et elle avait soudainement trop chaud. On ne pouvait pas la laisser un peu tranquille ? Chassez le naturel et il revient au galop : elle n'aspirait désormais qu'à un peu de calme loin de la fête. Néanmoins, c'était Nora et elle voulait bien faire un dernier effort pour son amie, aussi se força-t-elle à lui adresser un sourire.

- Ça va, assura-t-elle. Toi aussi ?

Elle aimait beaucoup Nora, vraiment. Mais sa proposition de disparaître était tentante. Surtout si elle prenait Artémis avec elle. Mais même si elle n'avait pas eu beaucoup d'amis dans sa vie, Cassandre savait que ce n'était pas très amical de répondre cela à une fille qu'elle appréciait. Aussi, elle retira le ruban qui nouait sa tresse, laissant ses boucles brunes retomber dans son dos et tendit le ruban à Nora, ce dernier exhalant une odeur de shampoing à la vanille.

- Si quelqu'un te demande du rouge, tu pourras garder le tien et donner le mien. D'ailleurs, j'ai cru voir que... Quelqu'un demandait du rouge. Par là ! lança-t-elle en désignant une direction au hasard avec son doigt. Tu devrais y aller, ils ont besoin de toi. On se voit tout à l'heure ?

Ce n'était pas méchant, vraiment. Elle s'excuserait auprès de Nora demain ou dans les jours à venir. Artémis semblait avoir moins bu et ne tomberait sûrement pas dans le panneau, mais tant pis. Peut-être que Nora l'emmènerait avec elle, vu qu'elles étaient amies. Profitant de la distraction, elle se tourna vers Théo.

- Ça te dit d'aller faire un tour dans le couloir deux minutes ? Il fait vraiment trop chaud ici et c'est bruyant. Et l'air frais te fera du bien, avant que tu n'ailles déclarer ton amour secret pour Katy Scott, déclara-t-elle en avisant les verres vides que Théo laissait derrière lui.

Elle attrapa Théo par le bras pour l'entrainer dehors, où la température était beaucoup plus acceptable. Une fois la porte refermée, le bruit de la musique ne retentissait même plus, remarqua Cassie en s'appuyant contre le mur face de la tapisserie des Trolls qui apprenaient à danser.

- Je suis prête à parier que tu auras oublié une partie de cette soirée demain matin, annonça-t-elle, un peu narquoise. Peut-être que ça vaut mieux, ajouta-t-elle en jetant un coup d’œil à sa tenue.

Quelques secondes s'écoulèrent avant qu'elle ne reprenne la parole.

- On dirait presque que c'était voulu... Pas la tenue, hein. L'oubli.

Si Théo claironna un grand "salut !" à l'arrivée de Nora, les propos de la Poufsouffle eurent le don de doucher tout l'enthousiasme du jeune homme. Samaël avait perdu son copain ? Quel copain, lui ? Se pourrait-il que Samaël ait parlé de lui à Nora ? Non, il n'aurait pas osé, pas vrai ? Il n'aurait pas fait ça ? Ou alors peut-être que si, mais sans dire son nom. Oui, c'était sûrement cela, car Nora n'avait pas l'air de réaliser qu'elle parlait au copain en question. A moins que cela ne soit pas un copain-copain mais un copain-ami, comme Damien, par exemple. Oui, voilà, Samaël devait avoir perdu Damien ! ...Mais Damien n'était pas exactement caché, songea Théo en jetant un regard ennuyé à son camarade de dortoir. Peut-être alors que Sam parlait bien d'un copain-copain, mais qui n'était pas lui ? Son coeur se serra à cette pensée et il fit glisser ses bras le long de son corps, libérant les épaules de Cassandre et Artémis. Non...il ne pouvait pas lui avoir fait cela. Il ne pouvait pas avoir rencontré quelqu'un d'autre, si peu de temps après leur séparation ! D'ailleurs, ce n'était pas une vraie séparation, pas vrai ? C'était une simple parenthèse, voilà, une erreur de rien du tout et ils allaient se réconcilier. Après tout, si Sam parlait de lui à Nora, c'était bien qu'il devait penser à lui, au moins un tout petit peu... Peut-être même que Théo lui manquait...

Sans prêter attention au babillage de Nora, Théo jeta un long regard éperdu d'espoir en direction de Sam, mais celui-ci ne sembla pas le voir. Alors, Théo vida son nouveau verre d'un trait, et le reposa sur le bar en un geste brusque, les joues en feu. Il faisait chaud, non ? Il avait l'impression de mourir de chaud, peut-être même qu'il allait s'enflammer, et il n'y avait pas de piscine, cette fois ! Il comprenait mieux l'intérêt de la salle de bain des préfets de l'an dernier, en fait, c'était pour éteindre les incendies. Contrairement à ce déluge de couleurs qui semblait les attiser, cette année. Théo finit par détourner son regard de Samaël, de peur de se brûler, et accueillit avec soulagement la proposition de Cassandre. Sortir d'ici ! Oui, c'était une excellente idée, ainsi il pourrait retrouver une température corporelle à peu près normal. Cassandre semblait avoir trop chaud, elle aussi, et avait l'air de penser qu'il en avait besoin. Retrouvant quelque peu les pieds sur terre, Théo adressa un grand sourire à Nora avant qu'elle ne s'éloigne et l'attrapa par le poignet pour la retenir, le temps de lui coller une bise sur la joue. Elle était chouette, Nora ! Puis il reporta son attention sur Cassandre, haussant les sourcils d'un air septique.

"S'il y a une personne à qui je n'avouerai jamais mon amour secret, c'est bien Katy !", s'exclama-t-il d'une voix un peu trop forte, à en juger par le regard noir que lui adressa la concernée un peu plus loin.

*Non, mon amour secret, c'est Sam*, conclut-il mentalement.

Il ne put s'empêcher de jeter un dernier regard à son ancien amant avant de quitter la pièce, bousculant au passage une Serpentard qui se retrouva projetée contre Jordan, mais Samaël avait l'air de très bien s'amuser sans lui. Le coeur lourd, Théo baissa la tête et observa fixement la main de Cassandre qui enserrait son bras, trouvant cette vision bien moins dangereuse pour sa raison. Ainsi, l'envie de traverser la pièce pour sauter sur Sam et l'embrasser fougueusement se faisait moins forte. Une fois dans le couloir, Théo laissa échapper un soupir de soulagement. Il n'allait pas prendre feu ! Il faisait bon, ici, et cela ne cassait pas les oreilles comme dans la salle. Et puis il était bien avec Cassandre, elle était très chouette, Cassandre ! Et jolie, avec ses cheveux détachés, c'était mieux que sa tresse. Et puis elle allait avoir seize ans, ce qui était une information intéressante parce que...parce que...non, en fait, il s'en moquait, un peu. Qu'elle en ait quinze ou dix-sept ne changeait rien à sa personnalité, pas vrai ! Et elle était bien plus agréable que certaines filles de l'âge de Théo, comme Katy, pour ne pas la nommer.

Théo cessa ses digressions mentales et se posta face à Cassandre, qui s'était appuyée face à la tapisserie. Il tenta d'observer sa tenue mais il avait du mal à faire le point et tendit le bras pour prendre appui contre le mur. Peut-être avait-il légèrement abusé sur la boisson, songea-t-il en tentant de déterminer si l'impression de flottement qu'il ressentait était agréable ou non. Déroutante, en tout cas...

"Quoi, tu veux dire que ma mise n'est pas impeccable, moi, Théo Nott ?! Merlin, si ma famille apprenait cela !", lâcha-t-il, partagé entre dérision et amertume. Il avait bien pire à dissimuler qu'un peu de ridicule à une soirée clandestine.

Se redressant légèrement lorsque Cassandre mentionna sa volonté d'oublier, il lâcha le mur et vrilla un regard perdu dans le sien. Oublier dans l'alcool...oui, il ne pouvait nier que c'était son objectif, ce soir. Tout du moins, cela l'était devenu à force de constater que Samaël ne tentait aucun rapprochement à son égard. Peut-être que c'était vraiment fini entre eux, tout compte fait, que les mots échangés avaient été trop durs, la pression du silence trop forte. Et cela, Merlin ! Il voulait l'oublier, oui. Oublier Sam et leurs longues années d'amitié, consumées en quelques semaines par une romance folle, déraisonnée. Oublier ses baisers, leurs étreintes, leurs moments complices et tendres, oublier tout cela. Car c'était trop dur de s'en souvenir comme de quelque chose de passé, de fini, sans espoir d'un renouveau...

Mais si c'était vraiment fini, qui pourrait lui faire oublier Sam ? Qui saurait l'aider à se reconstruire ? Était-ce seulement possible ? Une telle personne existait-elle réellement, ou alors Sam était-il l'amour de sa vie ? Que de questions, et si peu de réponses...

"Tu es perspicace, Cassandre", répondit-il finalement avec un sourire triste. "Il y a bien quelque chose...que je souhaite oublier. J'ai voulu tout avoir et...je crois que je suis en train de remettre les pieds sur terre. Et ça fait mal. Alors...l'alcool...est peut-être un moyen d'oublier cette douleur le temps d'un soir. L'alcool, la musique, la compagnie..."

Théo adressa un sourire reconnaissant à son interlocutrice.

"Et ça marche plutôt bien", souffla-t-il en se rapprochant instinctivement de la jeune fille. Oui, cela marchait plutôt bien, grâce à elle. Cassandre était l'une des rares personnes suffisamment importantes pour lui faire oublier en partie son affliction, avec son caractère de feu, ses remarques pertinentes et ses principes bien établis. Elle lui rappelait pourquoi il aimait tant ce monde de la noblesse sang-pur, car elle en incarnait toutes les qualités, et Théo songea l'espace d'un instant qu'il serait bien plus simple de rendre les armes et de retourner pleinement à cet univers. Après tout, presque personne ne savait qu'il s'en était écarté... Un silence s'instaura entre les deux jeunes gens durant lequel Théo posa sur Cassandre un regard doux. Cassandre, la petite Cassandre qui n'était pas si petite que cela, finalement. Seize ans, presque une femme.. Cassandre, la fiancé dont sa famille rêvait... Celle qui aurait pu être la femme de ses rêves, de sang-pur sans être fade ou insignifiante. Ou peut-être qu'elle l'était réellement ? Il ne savait pas, il ne savait plus rien, à part que ses pensées étaient engourdies, que son coeur l'était aussi, et que Cassandre était là, toute proche de lui. Elle était proche, et elle sentait bon la vanille, et ses yeux étaient si grands qu'il s'y perdit un moment, réduisant inexorablement la distance qui les séparait. Et il y avait ses lèvres, elles étaient proches, ces lèvres, vraiment très proches, et elles avaient l'air douces, il se demandait quel effet cela ferait de les sentir contre les siennes...

Leurs deux corps se frôlaient désormais et Théo avait penché la tête vers celle de Cassandre, prêt à s'emparer de ses lèvres. Mais l'image de Samaël apparut nettement dans son esprit et il s'écarta précipitamment, les joues empourprées. Qu'est-ce qu'il était en train de faire, par Salazar ! Une grosse erreur, voilà ! Ses plaies étaient loin d'être guéries et ce n'était pas en se jetant sur Cassandre que cela allait arriver, en bousillant sa relation avec une autre personne, une fois de plus... Une fois de trop... Mortifié, Théo réussit à comprendre à travers la brume qui envahissait son cerveau qu'embrasser Cassandre n'était vraiment pas une bonne idée, pas sans être absolument certain que sa relation avec Sam était achevée, et pas avant d'avoir laissé passé une longue, très longue période de deuil et d'introspection. Après un instant de profond embarras, Théo se résolu à affronter le regard de la jeune fille, l'air confus et malheureux. Il était vraiment irrattrapable...

"Je crois que j'ai assez oublié et que je vais arrêter de boire, maintenant, ça vaut mieux", murmura-t-il finalement en guise d'excuse, avant d'ajouter tout bas : "Pardonne-moi..."

Les yeux de Samantha se rétrécirent légèrement à l'expression de Jordan. "Nouveaux riches", c'était bien une formulation de Nimbus de Pompadour, ça ! Un imperceptible soupir franchit ses lèvres tandis que Jordan lui expliquait ses projets d'été. Elle lui jeta un regard mi-figue mi-raisin, ne sachant trop que penser de sa plaisanterie. A quoi ils jouaient, tous les deux ? Comme s'ils avaient une chance, un jour, d'être de véritables amis ! Non, trop de choses les séparaient, c'était évident. Le stage de Jordan au département de confection des potions de Nimbus était la preuve ultime de ce qu'elle avançait. Elle sentit une légère amertume lui envahir le palais et elle retint la remarque acide qui lui brûlait les lèvres. Jordan n'était pas responsable personnellement de la Consumeuse... Mais il finirait un jour par s'investir dans l'entreprise, jusqu'à en prendre la tête si son père lui laissait la place. Comment pourraient-ils s'entendre dans ces conditions ? Jordan appartenait à l'ennemi, voilà tout. Inexplicablement, cet état de choses l'attristait, et elle n'avait pas envie d'en tirer les conclusions logiques. Ce soir, elle n'était qu'une adolescente au coeur brisé qui avait besoin qu'on lui accorde un peu d'attention, et qui avait besoin de croire que Jordan pouvait réellement éprouver une certaine affection pour elle.

"Chouette..., répondit-elle d'un ton neutre. "Intéressant, pour ton stage. J'avais envisagé de postuler, moi aussi, mais..."

Mais sa pétition pour la Consumeuse était passée par là et avait causé suffisamment de remous pour qu'elle se sorte cette idée de la tête. Samantha haussa les épaules sans finir sa phrase. De toute façon, faire ce stage aurait été complètement hypocrite et opportuniste de sa part. Elle voulait observer et apprendre mais jamais, au grand jamais, elle n'approuvait les méthodes de Nimbus et voulait y adhérer... Non pas que cela lui pose vraiment problème de se montrer hypocrite et opportuniste, au fond, mais elle se sentait néanmoins soulagée d'aller contre Nimbus plutôt que de ravaler ses velléités politico-syndicales.

Samantha considéra un instant la main tendue de Jordan, se demandant si elle allait accepter l'invitations. Une partie de son instinct lui criait de l'envoyer balader pour retrouver Lauren ou Dave, mais elle était tentée. Personne ne l'avait invitée à danser, l'an dernier... Elle s'apprêtait à répondre lorsqu'ils furent interrompus par un Poufsouffle qu'elle connaissait à peine. Si Sam fut légèrement agacée par cette arrivée, elle fut surtout surprise par la réponse sèche et, disons-le, impolie, de Jordan. Ce dernier était d'ordinaire plus accommodant et elle se demanda si elle avait fait quelque chose pour provoquer son courroux. Probablement, ils étaient doués pour se mettre mutuellement les nerfs en pelote !

"Salut", répondit Samantha avant d'ajouter, avec une moue d'excuse : "Désolé, Steven, on allait partir danser... Bonne soirée !"

Sans plus de cérémonie, Samantha glissa sa main dans celle de Jordan et l'entraîna quelques mètres plus loin, à l'écart du pauvre Steven. Légèrement mal à l'aise, elle considéra un instant le jeune homme en se demandant comment au juste on faisait pour danser avec un garçon. Elle jeta un coup d'oeil à Jeremy et Juliet et décida qu'ils étaient bien trop proches pour que Jordan et elle puissent les imiter. Cessant de tergiverser, elle posa sa main libre sur l'épaule de Jordan et décida de le laisser mener la danse. Il devait avoir l'habitude, avec toutes ses réceptions de la haute.

"Et bien, on s'en prend aux pauvres petits quatrième année sans défense ? Quelque chose ne va pas ?", s'enquit-elle avec curiosité. "Désolée si j'ai dis quelque chose de stupide. Je ne voudrais pas que ma mauvaise humeur soit contagieuse, alors je vais essayer de m'en débarrasser ! Peut-être que je peux passer une bonne soirée autrement qu'en me noyant dans l'alcool."

Elle lui adressa un petit sourire avant de se fustiger mentalement. Jordan était l'ennemi ! Mais, comme le disait le proverbe, il fallait être proche de ses amis, et plus encore de ses ennemis...

La jeune fille, qui se présenta sous le nom d'Emily, était moins hautaine qu'il n'y paraissait. Elle pris la bouteille, le remercia et accepta très gentiement de participer à la chasse aux couleurs. C'allait parfaitement à Aaron, qui voulait avoir de quoi s'occuper. Il ne gagnerait hélas pas le concours -  certains étaient décidément très rapides, mais ça n'empêchait rien. Et puis, c'était sa dernière soirée à Poudlard, sa dernière occasion de s'amuser et de faire la fête. Il n'allait pas laisser passer ça. 

"Je vois beaucoup de bariolé, surtout!" s'exclama-t-il.

Fixer la foule et reconnaître les gens devint de plus en plus difficile à mesure que la soirée avançait. Il continua de boire, échangeant la bouteille avec Emily dans leur quête de couleurs. Aaron finit par repérer Will Mendler, un Poufsouffle un peu hautain d'un an plus jeune qu'eux, et entraîna la jeune fille dans son sillage.

"Salut Will!" s'exclama-t-il. "Tu me prêterais ta chemise? Quoique non, j'en ai déjà. Bon, une chaussure alors? Avec un peu de whisky pur-feu en échange?"
"S'il y a du Whisky en échange, comment refuser?" répondit le Poufsouffle, qui portait même du violet - il n'avait pas du comprendre le principe, ou alors avait subi un sortilège plutôt raté. Will défit l'une de ses chaussures qu'il lança au jeune homme, avant de darder un regard perçant (enfin, pas trop sur Emily). Visiblement, il connaissait la jeune fille, puisqu'il lui adressa un sourire sincère.
"Tu veux du jaune aussi, Emily?"

La conversation dura encore quelques minutes, entrecoupées de gorgées de whisky - et d'autres mélanges qu'Aaron n'identifia pas, puis ils repartirent à la chasse au vert. C'était plus difficile pour le Serdaigle maintenant qu'il avait pas mal d'alcool dans le Sang, et une idée étrange lui traversa l'esprit lorsqu'il vit Dave Marchebank collé à une jeune fille.

"Eh, Emily, il nous faut du vert à tous les deux, et il en a, celui-là... Je ne suis pas sûr qu'il lâche facilement  les fausses clés qu'il a à la ceinture, ça te dit on fait Robin des Bois?"

Avec un éclat de rire, il sortit sa baguette et murmura successivement plusieurs formules. L'une pour détacher la ceinture du jeune homme, l'autre pour faire subtilement glisser les clés. C'était un travail de marionnetiste et Aaron, caché derrière une table avec Emily, trouva cela très drôle. Il n'était pas doué, mais Dave devait être aussi joyeux que lui, ou trop attiré par sa cavalière, car il ne s'aperçu de rien. Après un Accio bien placé, Aaron fit venir le trousseau à lui et le tendit à sa nouvelle camarade.

"A vous de choisir, miss!"

La soirée battait son plein, il était une heure du matin, et la vie était belle. Swann n'était plus dans son champ de vision, Maïa avait disparu de ses pensées, il portait les quatre couleurs des maisons. C'était sa dernière soirée à l'école, sa dernière soirée adolescente, et il en profitait. Il fallait qu'il fase part de ces pensées à Jeremy. Tout de suite. Alors Aaron s'élança à travers la foule, et continua de chercher, de rire et de danser. Le réveil du lendemain matin allait être dur.

Mais qu'est-ce qu'elle faisait là, franchement ? Elle se posait la question depuis au moins deux heures et la vérité était qu'elle n'en savait rien. Elle n'avait rien à faire là. Elle détestait les fêtes, et elle détestait les gens. La musique était trop forte, et elle était nulle en plus. Les gens étaient tous bourrés, ou complètement stupide, voire les deux. Souvent les deux mêmes. Et puis cette idée de s'échanger des vêtements, c'était ridicule. Elle n'avait aucune envie de prêter quoi que ce soit à qui que ce soit. D'ailleurs elle portait encore l'intégralité de sa tenue verte, de son pantalon de camouflage à sa veste en jean kaki. Bon, ça faisait un peu militaire comme look, mais elle préférait ça au vert fluo de Kelly Murdoch. C'était d'ailleurs cette bécasse que Dave observait du coin de l'œil depuis le début. Même si Lauren n'écoutait pas vraiment son camarade avec attention -et ce n'était rien de le dire- elle n'avait pas pu manquer les regards qu'il jetait à la plus stupide des K-Girl. Comment pouvait-on à la fois être assez intelligent pour parler finance pendant deux heures complètes et assez bête pour mater Kelly ? C'était paradoxal. Elle savait que Dave était un peu bizarre, c'était pour ça qu'elle l'aimait bien, mais là il atteignait des sommets.

En quête d'un peu de distraction -non parce que les gobelins ça allait bien deux minutes- Lauren retint une grimace de dégout en apercevant Weaver se promener avec le t-shirt que portait Whitaker quelques minutes plus tôt. Ridicule. Il était quatre fois trop grand pour cette espèce de brindille en plus. C'est en cherchant le frisé dans la foule -s'il n'était pas avec sa stupide blondinette où était-il ?- qu'elle se souvint de pourquoi elle était venue. Elle devait surveiller Samantha. Ce n'était pas qu'elle n'avait pas confiance en son amie, loin de là. C'était en tout les autres qu'elle n'avait pas confiance. Sam avait le cœur brisé, elle avait dû boire un peu trop, et ça la rendait vulnérable. Et le premier qui en profiterait le regretterait amèrement, Lauren s'en était fait la promesse. Elle ne l'avait pas dit à Samantha, évidement. Celle-ci n'apprécierait sans doute pas de se savoir surveiller comme une enfant. Mais c'était plus fort qu'elle, Lauren se sentait investie d'une mission de garde du corps vis-à-vis de sa meilleure amie. De Garde du cœur plutôt.

Sauf qu'elle allait avoir du mal à protéger quoi que ce soit étant donné qu'elle avait perdu Samantha dans la foule. Lauren soupira et vida la bouteille de bière qu'elle avait à la main. Elle allait avoir besoin de courage pour sillonner la foule. Elle n'avait aucune envie de se coller à tout le monde et de se faire presser de tous les côtés par des imbéciles qui cherchaient du vert. Elle n'eut cependant pas le temps de quitter le coin dans lequel elle s'était réfugié depuis le début de la fête puisqu'un Poufsouffle surgit devant ses yeux et se présenta. Lauren arqua un sourcil, dubitative et un peu agacée. Non, ils ne s'étaient jamais rencontré, et c'était très bien ainsi. Et oui elle avait l'air de s'ennuyer. Parce que non, elle ne passait pas une bonne soirée. Il était complètement bête ou bien ? C'était évidemment qu'elle s'ennuyait à mourir, inutile de venir le lui signaler !

Elle ouvrit la bouche avec l'intention de l'envoyer balader mais se radoucit légèrement quand le Poufsouffle, qui s'appelait Steven d'ailleurs, ajouta qu'il s'ennuyait un peu aussi, à force d'être tout seul. Ça craignait d'être seul quand même. Mais bon, il l'avait sans doute mérité, il devait être particulièrement insupportable ou quelque chose du genre, il n'avait pas l'air méchant pourtant. Quoiqu'il en soit, elle n'aurait pas aimé se retrouver complètement seule et était bien contente d'avoir Dave à ses côtés, ça faisait au moins un bruit de fond. Un bruit e fond qui s'était arrête, d'ailleurs. La jeune fille se retourna pour voir ce qui avait fait taire son camarade mais celui-ci avait disparu. Après une rapide recherche il s'avéra que ce dernier avait tenté sa chance auprès de Kelly. Elle soupira. Elle avait assez d'une demoiselle au cœur d’artichaut à surveiller, hors de question qu'elle joue les gardes du cœur pour Dave aussi ! Elle se retrouverait aussi seule que Steven maintenant. Génial.

"Euh... Tu veux du jaune ? Moi j'ai besoin de vert alors... On fait un échange ?"

Lauren braqua un regard noir sur son camarade. Elle commençait presque à le trouve supportable -leur solitude commune aidant- et voilà qu'il voulait lui échanger un vêtement. Autant dire qu'il venait de chuter dans son estime. Il lui suffit d'un regard pour savoir que, de toute façon, elle ne rentrerait jamais dans aucun des vêtements du Poufsouffle. Elle était plutôt grande, elle dépassait le mètre soixante-dix, et elle était bien plus costaud que lui. Elle s’apprêtait à lui dire très poliment d'aller voir ailleurs mais se ravisa. Elle ne portait encore que du vert, elle n'allait pas finir la soirée avec que du vert. Elle ne pouvait pas échouer à quelque chose d'aussi lamentablement simplet que "réunir les quatre couleurs des blasons". Quelle honte. Non, elle ne pouvait pas rater un truc si débile que même Kelly avait réussi. Will Mendler portait même du violet. Tout le monde portait plusieurs couleurs, elle n'avait pas le choix, elle n'allait pas être la seule monochrome de la soirée.

Elle soupira bruyamment et baissa les yeux pour examiner la tenue de son camarade.

"Passe ta ceinture. Elle ôta sa veste en jean sans manches, se retrouvant avec un t-shirt d'une teinte quasiment identique, et la tendit au Poufsouffle. Et elle s'appelle revient. Maintenant déguerpis avant qu'je change d'avis. Elle tourna les talons, décidée à partir à la recherche de Samantha, mais se retourna au dernier moment pour interpeller le jeune homme. Et vaut mieux être seul que mal accompagné !"

Adage que beaucoup de gens balançaient à tout va, mais que peu appliquait. Elle-même le suivait à la lettre. Elle se fichait de ne pas avoir beaucoup d'amis, les gens étaient tellement énervants, elle préférait de loin être seul que de devoir supporter leur bêtise sous prétexte qu'être entourée c'était mieux que d'être seule. N'importe quoi. Samantha semblait en tout cas décidée à ne pas passer sa soirée seule, elle, puisque Lauren finit par la trouver en train de danser avec De Pompadour. La jeune fille soupira et s'adossa contre un mur, pas loin du couple qu'elle surveillait du coin de l’œil. Qu'est ce que Samantha pouvait bien trouver à ce prétentieux ? Il avait un égo surdimensionné et devait être un vrai macho. En tout cas il n'avait pas intérêt à lui faire le moindre mal. Résignée à jouer les chaperons encore quelques temps, Lauren attrappa une bouteille de bierraubeurre qu'elle sirota tout en regardant Sam danser avec Jordan. Cette vision lui était plus désagréable qu'elle ne l'aurait pensé, sans doute parce qu'elle n'appréciait pas vraiment le Poufsouffle et elle soupira de nouveau avant de croiser les bras. Elle n'aurait jamais dû venir.

Il éclata de rire lorsque son amie lui dit être tombée sur Kelly quelques instants auparavant, et ne pu résister à l’envie de sortir une blague idiote.

« T’es tombée sur Kelly ? Oh, ça a dû faire mal, ça ! »

Ricanant à sa propre plaisanterie, il jeta un coup d’œil alentour, et se remit à pouffer de rire en apercevant ladite Kelly. Imaginer une fille aussi chouette que Lorena avec ce genre de comportement était assez comique.

« Les amis de mes amis sont mes amis, à ce qu’on dit, nan ? Zuuut, je suis keupiiin avec Kelly, maintenant, alors ! Tu as une très mauvaise influence sur moi, Lorena. »

Les deux Gryffondor rirent de concert. Lorena avait raison, songea-t-il alors qu’ils continuaient à discuter joyeusement et qu’elle lui faisait remarquer qu’il était dommage que tant de temps se soit écoulé depuis le dernier moment qu’ils avaient passé ensemble. Se sentant un peu coupable, il s’était éloigné d’elle, et il avait été difficile de revenir en arrière après cela. Sans compter le fait qu’il avait ensuite rencontré Sean, ce qui avait quelque peu fait passer Lorena aux oubliettes, il devait l’avouer… Cela faisait donc bien trop longtemps qu’ils n’avaient pas passé un peu de temps tout les deux, à papoter, à se faire des blagues nulles et à en rire. La jeune fille lui avait manqué.

« Ouais, t’as raison, il va falloir qu’on rattrape ça l’année prochaine ! »

Ashley aurait alors bien plus de temps à lui consacrer, contrairement aux dernières semaines qui s’étaient écoulées, puisque Sean passait à présent ses derniers jours à Poudlard. Le jeune Gryffondor avait passé un maximum de temps avec lui, et avait passé une bonne partie du temps restant à penser à lui, un sourire niais sur le visage. Ashley s’était transformé en une grosse guimauve, et il avait parfois l’impression d’être encore plus niais qu’un personnage de comédie romantique. …oui, il avait déjà regardé des comédies romantiques, et alors ? Il y avait été contraint et forcé, il vous le jure ! Il pleuvait, et il faisait froid, et y’avait rien à faire chez sa grand-mère, et sa cousine monopolisait la télé et elle l’avait obligé et… bon, il admettait qu’il se cherchait des excuses et exagérait un peu. Mais c’était trop la honte, vous comprenez ?
En parlant de honte, il espérait ne pas avoir trop à rougir de ses résultats aux BUSEs. Lorena lui paru sûre d’elle, en revanche, et il en fut ravi. Elle le méritait bien !
 
« Voilà, on est les meilleurs ! »
 
Voilà qui était peut-être un peu excessif, mais peu importait. Il aurait ce qu’il méritait. Il n’avait jamais été un travailleur assidu, et ne s’était mis à réviser de manière assez superficielle et sélective qu’au dernier moment, aussi Ashley ne s’attendait-il pas à des notes mirobolantes. Et puis il fallait avouer qu’il avait été plus que distrait, ces derniers temps, songea-t-il avec un sourire en coin. Où était Sean, d’ailleurs ? Le jeune homme promena son regard autour de lui, plissant les yeux alors qu’il cherchait la silhouette familière. Il le repéra presque immédiatement, et sourit.
 
« Lorena, désolé de t’abandonner comme ça, choupette, mais il me manque encore une couleur ! Ce serait dommage de ne pas jouer le jeu alors que c’est moi qui aie décidé des règles, hein ? »

Il sourit d’un air amusé, lui souhaita une bonne fin de soirée et lui promit de la voir pendant les vacances s’ils n’avaient pas l’occasion de passer du temps ensemble d’ici là. Il se faufila entre les autres élèves, en saluant quelques uns par-ci, par-là, et vint retrouver son petit-ami qui se trouvait en compagnie de Swann. Il leur adressa un grand sourire à tous les deux, avant de se tourner vers Sean.
 
« J’ai pas de bleu ! » annonça-t-il d’un air innocent alors qu’il avait volontairement éviter toutes les personnes en bleu afin d’avoir une excuse pour aller piquer un vêtement à Sean.
 
C’était presque dommage, d’ailleurs, puisque bleu lui allait vraiment très bien, d’après le peu qu’il pouvait en voir avec la faible luminosité de la pièce. De toute façon, Sean était toujours beau, à ses yeux, même dans le noir le plus total. Oui, c’était presque dommage, se dit-il en souriant. Il se rapprocha encore un peu plus du Serdaigle, une idée derrière la tête.
 
« Je voudrais bien ta chemise, Monsieur Fitcher ! » lui glissa-t-il en parlant assez bas – donc plutôt fort au vu du volume sonore ambiant – pour éviter que cela n’atteigne des oreilles indiscrètes. « Je te donne…tout ce que tu veux en échange ! »
 
Il sourit. Une bonne soirée ne pouvait pas être vraiment une bonne soirée s’il n’était pas en compagnie de Sean.

Aaron lui répondit qu'il voyait surtout du bariolé. Il était clair que pratiquement tout le monde s'était lancé dans le défit de la soirée. A part peut-être cette fille de serpentard à l'air taciturne... et bien non, elle aussi était en train d'échanger un vêtement contre une ceinture bleue. Plus personne ne semblait porter une couleur unie à présent. Il ne lui restait que le vert à trouver et elle balaya la salle du regard à la recherche du précieux vêtement. L'obscurité, la foule ... tout ça ne l'aidait pas vraiment. Ils se baladèrent dans la foule, se faisant bousculer de tous côté. En d'autres circonstances, Emily se serait énervée et aurait certainement incendié deux ou trois personne. Mais pas ce soir. Aaron et elle se promenaient bouteille à la main, ne cessant de boire chacun leur tour tant et si bien que le récipient fut bientôt vide. Qu'à cela ne tienne ! Ils en commandèrent une autre. 

Soudain, son camarade sembla avoir repéré quelqu'un car il lui attrapa le poignet et fondit dans la foule. L'alcool aidant, Emily avait du mal à ôter le grand sourire peint sur son visage. Elle suivit le jeune homme sans rechigner pour se retrouver devant Will Mendler. Emily le connaissait pour l'avoir vu plusieurs fois dans les réceptions que donnait sa mère. Si ses souvenirs étaient bons, et il étaient un peu brumeux, il faisait partie de la famille Flint. Visiblement, les deux adolescents se connaissaient. Pendant qu'ils faisaient affaire, la brunette remarqua les vêtements violets que portait Will et ne put s'empêcher de ricaner.

"Tien, je ne savais pas que le violet faisait partie des couleurs de Poudlard. Tu crées une nouvelle maison ?" plaisanta-t-elle.

Celui-ci ne lui répondit pas, mais lui demanda gentiment si elle voulait également un peu de jaune.

"Non merci, j'ai ce qu'il faut."dit-elle en soulevant son poignet pour y montrer ses bracelets. "Passe une bonne soirée !"

Ils repartirent à la recherche du saint graal... ou plutôt d'un vêtement vert qui s'y apparenterait. Elle ne devait pas être très efficace à ce jeu là car c'est encore une fois Aaron qui lui fit remarquer un serpentard collé à une jeune fille. Emily leva les yeux au ciel avant de remarque le trousseau de clé que lui indiquait son camarade. Elle lui sourit d'un air complice en hochant la tête. N'étant pas certaine de connaître ce Robin, elle compris néanmoins l'idée générale au sourire mutin du jeune homme. 

"D'accord, viens par là !" répondit-elle en l'entraînant par son t-shirt derrière une table afin de ne pas sa faire voir.

Elle encourageait Aaron qui essayait de détacher les clés à l'aide de sa baguette. L'alcool n'aidait pas et, malgré ses conseils, ils passèrent quelques minutes à rire dans leur cachette avant d'avoir le précieux objet en main. Emily avait l'agréable impression de retomber en enfance.

"Monsieur, vous êtes trop aimable." dit-elle en choisissant la plus grosse des clés qu'elle réussit à accrocher à l'un de ses bracelets.

Là aussi, la manipulation ne fut pas aisée. Surtout lorsque l'on n'y voyait pas très clair. Lorsqu'elle releva les yeux, Aaron avait disparu dans la foule et elle se retrouvait à nouveau seule. Emily se laissa tomber assise sur le sol. Elle se sentait très fatiguée tout d'un coup. Il lui fallut un peu de temps et beaucoup de courage pour se lever, sortir et retrouver le chemin de son lit. En tout cas, cela faisait bine longtemps qu'elle ne s'était pas autant amusée !

James l'embrassait. Soudainement, tous les doutes de Clara s'évanouirent. Elle oublia qu'elle était une menteuse, une Guipure, qu'elle avait bu et qu'elle venait de jouer un tour pentable à Amely, elle oublia qu'Emma s'ennuierait peut-être toute seule. Elle l'avait vu venir, pourtant, elle avait tout fait pour que cela arrive. Etre belle, ne pas le laisser passer la soirée sans elle... Quand il l'avait entraîné à l'écart, qu'il s'était appuyé contre le mur et avait posé sa main sur sa hanche, elle l'avait pressenti. Heureusement, ça n'enlevait rien à l'explosion de joie dans son coeur, ça n'enlevait rien rien à la sensation des lèvres de James, ça n'enlevait rien du tout.

Une fois que le court-circuit deson cerveau eu pris fin, Clara continua de l'embrasser, passant son bras autour de ses épaules. Elle l'avait eu. Elle avait James, James l'avait embrassé. Ne jamais perdre de vue ses objectifs si l'on voulait arriver à ses fins, telle était la devise des Serpentards. Mais avait-elle eu cet objectif consciemment, telle était la question. Elle n'avait jamais pris le temps de trop réfléchir à ses sentiments pour James, pour ne pas souffrir. Peu important maintenant, il était à elle. Et ça suffisait à faire de cette soirée la plus belle de sa longue existence. Lorsqu'il rompu le baiser, elle le regarda une fraction de seconde avant de nicher sa tête dans le creux de son cou. Elle ne voulait pas voir son regard, un peu trop joyeux, heureux peut-être. Vraiment?

"Eeeeh!" protesta-t-elle brusquement en sentant quelqu'un s'immiscer entre eux.

Clara vit vite que ce n'était qu'Emma, un peu éméchée d'ailleurs, et sa colère s'évanouit. Elle avait l'air bien, comme ça, mieux que ces derniers mois. C'était un progrès. James était un progrès. Cette soirée était géniale. Gé-niale. Elle le pensait toujours en s'endormant, quelques heures plus tard, la chemise de James en guise de doudou.

De manière surprenante, Samantha révéla qu'elle avait été intéressée par un stage chez Nimbus. Jordan haussa un sourcil devant cette affirmation. Etait-il bien en train de parler à la bonne Samantha Miller, celle qui était à l'origine d'une pétition contre Nimbus? Jordan avait bien sûr entendu parler de ce papier de malheur. Irving Whitaker, évidemment - cela il pouvait le comprendre. Cassandre - sa propre cousine. La pilule avait eu beaucoup plus de mal à passer, et il évitait soigneusement la jeune fille depuis, n'ayant pas envie de démarrer une véritable guerre familiale à un moment aussi critique. Il irait lui parler, bien sûr, lorsque le sujet serait moins sensible. Il n'acceptait pas le comportement de la jeune fille. On ne trahissait pas sa famille, son cercle, surtout quand ladite famille venait de sauver la peau de votre père.

Et puis, il y avait Samantha. C'était plus surprenant qu'Irving, moins que Cassandre, mais plus blessant aussi. Il savait qu'elle était du genre engagé et que son entourage avait été frappé par la Consumeuse. Sa participation était logique. Mais voilà, ils s'entendaient bien tous les deux, malgré ses réticenses perpétuelles. Il avait espéré qu'à travers lui, elle avait un peu perdu l'image du gros méchant dirigeant qui ne pense qu'à son argent et pas à la santé de pauvres employés. Il s'était trompé - ce simple fait le contrariait. Samantha n'était finalement qu'une plébéienne comme les autres. Difficile à admettre quand elle vous paraissait si spéciale.

Jordan ne répondit donc pas, se contentant de serrer le poing mentalement, et proposa d'aller danser pour changer la conversation. Il voulait passer une bonne soirée. Buvant une nouvelle gorgée de Whisky, il posa donc verre et bouteille lorsque Sam accepta. Après le départ de Steven, ils partirent sur la piste de danse et Samantha s'excusa d'avoir dit quelque chose qui l'avait énervé. Jordan soupira. Entre la tension de ces derniers temps et l'alcool... Il n'était peut-être pas des mieux disposés. Son flegme habituel en souffrait et Samantha eh bien... elle le provoquait un peu quand même. Il fit donc honneur à sa maison en étant complètement honnête dans sa réponse.

"Ce qui ne va pas, c'est qu'on se connait depuis un moment maintenant et j'espérais que tu avais dépassé l'énorme préjugé 'Nimbus de Pomp' est un gosse de riche donc il est vilain et pas humain'. Mais des fois j'ai l'impression que non, alors je me demande à quoi tu joues."

Au moins, c'était dit. Elle ne verrait peut-être que l'image du gosse de riche qui se plagnait alors qu'il avait tout pour être heureux, et si c'était le cas... Tant pis, il fréquenterait des filles plus sympathiques. Ca ne manquait pas, à Poudlard, n'est-ce pas?

Samantha tourna un visage interloqué sur Jordan. Elle ne s'attendait pas à une telle sortie de sa part, sans que la situation ne s'y prête réellement, et cela doucha considérablement son enthousiasme. Pourquoi les choses ne pouvaient-elles jamais être simples avec Jordan ? Au moment où la Serpentard avait accepté l'idée de passer la soirée avec lui, simplement et sans prises de tête, voilà que le jeune homme s'était décidé à dire ce qu'il avait sur le coeur, probablement depuis un certain temps...

"Je n'avais pas l'impression d'être la seule à jouer", contra-t-elle alors, sur la défensive. "Cette image de gosse de riche, tu ne cherches pas toujours à la démentir, au contraire, tu en joues ! Ou alors c'est simplement ta façon d'être, je ne sais pas. Quand on parle de tout ça, de l'argent et de ta famille, il n'est pas toujours facile de savoir s'il s'agit de dérision ou si tu es sérieux... Parfois, je pense que c'est de l'humour et je te réponds sur le même ton. Parfois, je pense que c'est dans ta nature d'être pédant et arrogant et...et oui, ça m'agace."

Il y avait de quoi, songea-t-elle en jaugeant son camarade du regard. Après tout, il était un gosse de riche qui allait hériter un jour ou l'autre de la fortune et de l'entreprise familiale, qui allait à son tour duper de pauvres employés en leur donnant quelques avantages sociaux au détriment de leur santé, voire de leurs vies. Et elle, qui voyait cette misère et cette hypocrisie du quotidien ne pouvait la cautionner en fréquentant le fils des Nimbus de Pompadour, comme si de rien n'était. Comme si ce n'était pas important, comme si ce clivage n'existait pas... Ce serait une trahison, en quelque sorte, une trahison envers son père et son village d'adoption. Au fond, tout ceci était plus large que Jordan et Samantha, cela les dépassait, et peu importait que Jordan corresponde ou non à son image, au plus profond de lui. Ce qu'il incarnait suffisait à les séparer, ou, du moins, cela aurait du suffire... Car, dans les faits, Samantha éprouvait de plus en plus de mal à rester froide, distante et cassante à son égard. Tout du moins, elle le faisait par habitude, pour se protéger plus que par réel mépris. Cette pensée la fit frémir de culpabilité et elle le considéra du regard un instant. Elle aurait du se moquer de cet agacement dans sa voix, mais non, bien au contraire. L'idée qu'elle puisse perdre l'attention qu'il lui avait toujours accordé jusqu'à présent lui était bien trop désagréable.

"J'imagine que je me suis habituée à nos petites piques et que je ne sais pas comment te parler normalement", avoua-t-elle finalement. "Tu...tu me perturbes, Jordan, parce qu'il est vrai que j'ai un très gros préjugé négatif contre toi, à la base, je ne m'en suis jamais cachée. Pourtant, j'en suis venue à t'apprécier..."

Et les raisons objectives qui l'avaient conduit à le détester avant même de le connaître n'avaient pas disparu. Elle se trouvait prise entre deux feux.

"Voilà pourquoi mon comportement n'est peut-être pas des plus clairs, j'en conviens. Ce n'est déjà pas très clair dans ma tête... Il y a beaucoup de choses qui nous séparent, objectivement parlant, et pourtant je...", elle s'interrompit, choisissant soigneusement ses mots. "Je n'ai plus vraiment envie de me battre contre un rapprochement qui s'opère de lui-même."

Elle n'avait plus envie de se battre tout court, songea-t-elle avec lassitude. Après Irving, après Jayden, la dernière chose dont elle avait besoin était de se disputer avec Jordan et de perdre l'affection qu'il éprouvait pour elle, si tant est qu'elle soit sincère. Sam n'avait jamais bien su quoi en penser, mais à cet instant, elle avait besoin d'y croire. Elle avait besoin d'un peu de tendresse pour panser ses blessures. Son regard tomba alors sur Lauren qui, un peu plus loin, les observait tout en sirotant une biéraubeurre, en compagnie de Steven. Elle adressa un léger sourire à son amie, se sentant coupable de l'abandonner ainsi, et se promit d'aller la voir un peu plus tard. Pour l'heure, elle n'avait pas encore tout à fait envie de quitter Jordan...

"Soyons...amis ?", proposa-t-elle doucement, presque timidement. "Je veux découvrir ta personnalité de Poufsouffle humain et gentil !"

Elle pouffa légèrement en songeant qu'elle ne l'avait jamais vraiment perçu comme un Poufsouffle, mais plutôt comme un Gryffondor un peu trop sur de lui et vindicatif. Or, comme on le savait, Serpentard et Gryffondor n'avaient jamais fait bon ménage... Désireuse de dérider son camarade, elle se haussa sur la pointe des pieds pour embrasser rapidement la joue de Jordan avant de s'écarter tout aussi vite.

"Ne me fais pas la tête ce soir, s'il-te-plait", implora-t-elle à mi-voix, perdant son sourire.

La fête battait son plein et comme à son habitude, Sean était un peu en retrait. Contrairement à l'année dernière, il n'avait pas hésité une seconde à venir. C'était en partie Ashley qui organisait la soirée et il l'avait temps entendu parler de son idée "trop géniale" qu'il n'avait pu que venir, et il devait reconnaitre que c'était bien pensé. Les quatre murs aux couleurs des blasons projetaient une lumière tamisée sur l'ensemble de la pièce et tout le monde semblaient aimer l'idée de s'échanger des vêtements. Lui préférait toutefois resté dans son coin de la pièce à siroter un verre d'il-ne-savait-pas-trop-quoi. Il n'avait pour le moment échangé que sa cravate avec une petite Poufsouffle blonde qui lui avait demandé avec un grand sourire s'il voulait bien de sa ceinture jaune poussin en échange, il n'avait pas pu dire non.

Le Serdaigle avait donc passé la première heure de la soirée à observer les gens autours de lui, sans vraiment participer à la fête. Cela lui convenait parfaitement, il aimait bien regarder les autres. Il y avait des couples qui se formaient, des gens qui dansaient de manière...étrange, d'autres qui ne semblaient pas supporter l'alcool, c'était assez divertissant. Il fut alors rejoint par Swann, qui débarqua en se plaignant du nombre de fautes de goûts repérables au mètre carré, ajoutant que c'était "un crime de superposer du vert pâle et du jaune moutarde". Sean sourit, amusé par les moues de dégout qu'affichait la Serpentard à chaque fois qu'elle croisait quelqu'un portant des vêtements mal accordés, ce qui arrivait souvent. Il laissa la préfète en chef l'examiner longuement afin de savoir si sa veste bleu foncé ne jurerait pas avec sa tenue. Elle finit par la lui demander, estimant que si elle ôtait son gilet vert sapin ça ne devrait pas être trop laid. Il hérita donc du gilet en question, qu'il noua sur ses épaules, et écouta Swann lui parler de la firme de T&T qu'elle allait ouvrir à Milan, soupirant à chaque fois qu'elle s'interrompait pour lui chuchoter avec excitation que "regarde, Clara Guipure avec James Carter !"

Swann était en train de lui expliquer comment fonctionnerait sa boutique mi-sorcière mi-moldue quand Ashley apparut dans son champs de vision. Il lui rendit son sourire alors que Swann félicitait le Gryffondor pour l'organisation de la soirée, avant de s'éclipser pour aller chercher à boire. Le cinquième année annonça alors innocemment qu'il n'avait pas de bleu et Sean rit doucement.

"Et je n'ai pas d...de rouge".

Du rouge il en obtint rapidement, étant donné que ses joues prirent doucement une belle teinte écarlate quand Ashley lui demanda sa chemise. Heureusement qu'il faisait sombre, cela masquait un peu sa gêne. Ce n'était pas temps la demande de son petit-ami qui le mettait mal à l'aise, plutôt le fait de devoir se débarrasser de sa chemise au milieu de la foule. Le Gryffondor ajouta néanmoins qu'il pourrait avoir ce qu'il voulait en échange et, surpris par les pensées qui lui venaient à l'esprit, Sean rougit davantage. Il n'avait toujours aucune envie d'enlever ses vêtements, mais désormais c'était parce qu'il préférait que ce soit Ashley qui s'en charge.

"Eh ! Sean, on ne se dévergonde pas comme ça voyons, tu es un personnage timide et réservé, tu n'as pas envie que qui que ce soit t'enlève ta chemise au beau milieu d'une soirée. Tu n'es pas un personnage intenable, contrairement à certain...
-Pourquoi elle me regarde ?
-Tu veux vraiment une réponse ? Non ? C'est ce que je pensais."

Sean fit un pas vers Ashley, se rapprochant de lui plus que de raisons. Ils étaient un peu trop proches, c'était loin de lui déplaire, mais il y avait tous ces gens qui pouvaient les voir et...

"Oh ça va, saute-lui dessus !
-P...P...Pardon ?
-Ça crève les yeux que t'en meurs d'avis, qu'est ce que t'attends par Helga ? Tu t'approche et tu lui roules une...
-Miss Lorgan, je ne suis pas certain qu'on vous ai demandé votre avis.
-Oh, Professeur Virtanen, je ne vous avais pas vu, c'est drôle d'habitude je ne vous loupe jamais...
-Elle voulait dire quoi ? Lui rouler une quoi ?
-Oh la ferme gamine ! Cette soirée est déjà suffisamment pénible comme ça sans que tu viennes me casser les pieds. Déjà que j'ai l'autre Poufsouffle qui me colle...
-Mais non, cette soirée est géniale...Y a plein d'amis...C'est cool les amis, vous êtes tous mes amis...Je vous aime...
-Ça y est, Weaver est complètement pétée.
-Buvez de l'eau Miss Weaver, beaucoup d'eau. De l'Aspirine ?
-Vous soignez les gueules de bois ? Fallait le dire plus tôt ! Je pensais que vous serviez à rien !
-Merci bien...
-Permettez moi de vous rappeler que vous n'avez pas le droit de boire à Poudlard.
-C'est moche ça, à mon époque on avait le droit.
-Je ne crois pas non...
-Vous êtes sûr ?
-A peu près certain oui.
-Voilà qui explique beaucoup de choses...
-Tiens, salut, on se connait pas, je m'appelle Kelsey...
-Euh...enchanté ?
-Tout le plaisir est pour moi !
-D...Désolé mais est-ce que euh...vous...Vous p...p...pourriez...?
-Eh Fitcher, j'te laisse pas draguer si tu me laisse pas draguer !
-Je ne...ne...
-Il drague personne, ils sont déjà ensembles, ils sont amoureux. C'est bien les amoureux, c'est trop mignon...Moi j'aime tout le monde, surtout Irving, ça pourrait être on amoureux...mais mon amoureux il m'aime pas...Et...Et...
-Ça y est, elle chiale.
-Qu'est ce qui lui arrive ?
-Elle est un peu...Comment dire ? Elle a bu trop l'alcool. C'est dangereux de trop boire, les molécules d'alcool sont très mauvaise pour le fois et contrairement à ce qu'on pourrait croire, la dépendance peut venir très vite et...
- Ouai, ouai ouai, on sait. Boire c'est mal, fumer c'est mal, coucher c'est mal, qu'est ce qu'on a le droit faire au final ?
-Miss Lorgan, votre langage.
-Vous me mettez une retenue Professeur Virtanen ?
-Non...
-Pffff !
-Elle essaie d'établir un record ? Parce que j'ai dépassé les cent-cinquante...
-Et t'en es fier Warlock ?
-Warlock, comme le dirigeant du SPAM ?
-Oui...
-Beurk.
-Très constructif gamine.
-Dites, vous voudriez pas vous taire un peu ? Pauvre Sean, vous aller faire exploser son cerveau !
-Euh...
-En même temps il lui faut vingt minutes de réflexion avant d'embrasser son copain, j'ai déjà embrassé au moins cinq mecs à cette soirée moi !
-Moi j'ai embrassé personne...
-Excuse-nous de ne pas tous être des trainées Lorgan, certains ici se respecte un minimum.
-Quand on se respecte, on s'épile les sourcils.
-Je vais te...
-Eh, on se calme ! J'essaie d'empêcher mon personnage -personnage qui est censé être sage et timide- de faire n'importe quoi, alors vous êtes gentils et vous vous tenez tranquilles.
-C'est cruel.
-Quoi ?
-Faut le laisser faire ce qu'il veut, s'il en a envie qu'il le fasse.
-C'est une joueuse cruelle de toute façon.
-Pardon ?
-Bah, tu m'as laissée à la merci d'Ulrich...
-Tu vas transformer mon père en légume
-Tu m'as fâché avec le miens et tu m'as fait passé sous un bus.
-Et mon père à moi c'est un mangemort et un assassin...
-Ah ouai, quand même...Moi qui me plaignais !
-Et moi j'ai pas d'amoureux...
-La ferme Weaver ! Oh non tu recommences pas à pleurer !
-Je ne suis pas si méchante que ça quand même ?
-SI.
-Euh...un p-p-peu.
-Si.
-Un petit peu quand même.
-Complètement !
-C'spèce de tarée va.
-T'es pas très sympa quoi...
-Moi je t'aime bien.
-Bon bah puisque c'est comme ça, faites ce que vous voulez, je ne vous brime plus ! Mais ne venez pas pleurer après ! Je n'ai pas envie de vous empêcher de vous jetez sous un train parce que vous faites que des conneries ! Désolée Sean...
-J'vous avait dit qu'elle était sadique.
-Oh ça va hein ! Maintenant tout le monde se tait et on laisse Sean gérer ça tout seul, puisque vous voulez plus de liberté. Silence !
-Puis autoritaire en plus de ça...
-On dirait Harris...
-Silence j'ai dit !
-J'aurais carrément dit Dérébusor moi...
-C'est vrai qu'il y a quelque chose...La coupe de cheveux peut-être ?
-Taisez-vous ou j'en tue un !
-A tout les coups ça va être moi...
-Mais non...Tu veux un câlin ?
-SILENCE !"

Les pensées embrumées par l'alcool, et par les disputes de ses colocataire de cerveau, Sean franchit le peu de distance qui le séparait encore d'Ashley, de façon à ce que leurs corps se frôlent, et écarta légèrement les bras avant de baisser les yeux sur sa chemise.

"Elle est à toi."

Quelque part, très loin au fond de son cerveau de sage Serdaigle, il savait qu'il n'aurait jamais agit ainsi s'il n'avait pas un peu bu, parce qu'ils étaient au milieu de tous leurs camarades, que n'importe qui pouvait les voir alors qu'ils voulaient rester discrets. Mais, il ne savait pas trop pourquoi, ce soir il avait trouvé le courage d'oublier tout ça. Peut-être parce que c'était se dernière soirée au château, peut-être parce qu'Ashley déteignait sur lui, peut-être parce que plein de petites voix dans son esprit l'avaient encouragé...Peu importait.

"Ça devient chaud là...J'aime !
-T'es pathétique Lorgan
-Ils sont trop mignons...
-Oui...
-Chut !
-Ça va, ça va, on se tait.
-Et dire que bientôt vous serez neuf...Je vais devenir folle.
-Tu l'es déjà, un peu, sans vouloir te vexer hein.
-Continue de dire ça et tu seras jamais ministre toi...
-....
-Voilà. C'est mieux comme ça. Quelqu'un d'autre à quelque chose à dire ?
-...
-Parfait."

"C'est génial, ils sont trop mignons, tu trouves pas ?"

L'exclamation de joie d'Emma tira Amely de sa torpeur. Elle n'avait pas détaché ses yeux du couple  et pourtant, il lui sembla qu'elle faisait en sorte de les voir pour la première fois. Et elle les voyait véritablement. Les joues rouges, les yeux enfiévrés de Clara, les mains, le sourire de James. Ils allaient très bien ensemble. Mieux qu'elle ne l'aurait jamais pensé, mais comment l'aurait-elle pu ? L'imagination, ce n'était pas son fort. Elle n'avait rien remarqué, et maintenant, la chute n'en était que plus brutale. Parce qu'honnêtement, ils étaient même parfaits ensemble. Cette constatation lui restait en travers de la gorge. Ils étaient ses amis. Ils n'avaient pas le droit d'être parfaits ensemble. Ils n'avaient pas le droit d'être ensemble tout court. « Égoïste », siffla sardoniquement la voix de son petit frère, dans sa tête.

« Tu as raison, ils sont trop mignons », répondit Amely le plus sincèrement possible.

Elle suivit des yeux la petite Serpentard qui s'éloignait en vacillant sur ses jambes, allant de droite à gauche en marchant. Cette dernière se hissa sur la pointe des pieds pour entourer de ses bras les épaules de leurs deux amis, leur colla un bisou à chacun en leur disant qu'elle les aimait, et qu'elle avait trop bu évidemment. Un sourire attendri naquit sur le visage crispé d'Amely. Elle se souvenait subitement de sa première rencontre avec Emma dans le Poudlard Express, quand James, qui avait fait connaissance avec elle en France, la lui avait présentée. Emma leur avait avoué qu'elle se trouvait stupide et insignifiante, et elle leur avait semblé seule, si seule... Amely lui avait promis que désormais, ils seraient là pour elle. James aussi. Ils lui avaient parlé de Clara et inversement ; les deux Serpentard étaient devenues inséparables. Et aujourd'hui, Emma riait aux éclats, aujourd'hui, elle ne s'était jamais autant amusée, leur disait-elle. Après les horreurs qu'elle avait vécues, c'était sensiblement le plus beau des cadeaux pour Amely que de la voir aussi joyeuse et épanouie.

D'habitude, Amely faisait partie de cette bulle de bonheur dans laquelle ses trois meilleurs amis étaient plongés présentement. James et Clara enlacés, paisibles, Emma s'immisçant entre eux, euphorique... Pourquoi était-elle la seule à être perturbée par l'incongru de la situation ? Pourquoi ne parvenait-elle pas à se réjouir également pour eux ?  « Jalouse » susurra la voix de Robin dans son esprit. Elle n'était absolument pas jalouse, par Rowena ! Pas vraiment. Amely s'efforça d'oublier l'étreinte des deux autres et se concentra sur Emma.

*Regarde comme elle est heureuse...*

Amely, elle, n'avait aucune raison de ne pas l'être. Clara et James formaient un joli couple et Emma allait bien mieux que la semaine précédente. Il fallait qu'elle focalise son humeur là-dessus. Elle se détendit légèrement.

"Et... holà ça tourne."

La Serdaigle combla les quelques pas qui la séparaient de ses amis et rattrapa une Emma chancelante. Visiblement éméchée, celle-ci tenait à peine debout et avait du mal à tenir droit et verticalement sa tête. La fête était terminée, il fut temps de se quitter.

« Bonne nuit Clara » dit simplement Amely en lui confiant Emma qui marchait sans en avoir conscience – elle ne se rappellerait sûrement plus son retour au dortoir le lendemain au début du jour. Puis elle salua James en le félicitant une dernière fois pour la fête et s'en retourna vers la Tour de Serdaigle.

Dès qu'elle se retrouva seule dans les couloirs, le sentiment désagréable qu'il l'avait prise plus tôt dans la soirée s'empara d'elle à nouveau, sans qu'elle réussisse à identifier sa nature. Elle l'avait pourtant chassé assez facilement tout à l'heure mais n'arrivait plus à s'en débarrasser. Comment s'adresser normalement à ses amis la prochaine fois qu'elle les verrait ? Elle n'était pas douée pour feindre, se comporter comme si la situation était dépourvue de tout caractère exceptionnel. Elle tenta de mettre de l'ordre dans son esprit : ranger toutes les émotions de sa journée dans des petites boites lui permettait toujours de mettre sa vie au clair, à plat. Cette méthode, qui réussissait parfois, ne donnait rien, ce jour-là. Quand le désordre régnait autour d'elle, c'était aussi le désordre dans sa tête. Elle détestait ça. Brusquement, Amely se sentit sale dans le T-shirt rouge de Lloyd trop grand pour elle, comme si l'odeur de ce mauvais sentiment lui collait à la peau. Elle résolut rapidement l'énigme de l'aigle de bronze, traversa sa salle commune au pas de course, se précipita dans son dortoir et se barricada dans la salle de bains, bien décidée à y rester le temps qu'il faudrait.

Cette nuit-là, Amely passa deux heures entières sous la douche.

Jouer de son image de gosse de riche? Elle en avait de bonnes, songea Jordan en écoutant Samantha se défendre. Pourquoi chercherait-il à s'en débarasser? Pourquoi voudrait-il qu'on le considère comme n'importe qui, comme l'élève lambda? Pourquoi chercherait-il à être une personne qu'il n'était pas? Pour se faire accepter? Mais lui ne demandait pas à tous ceux qu'il rencontrait d'être riches comme Crésus et éduqués comme un Harper pour les fréquenter, alors pourquoi lui devrait-il faire un effort et changer? Merlin, que les petites gens fantasmaient étrangement sur la richesse. On leur reprochait d'avoir de l'argent - pure jalousie - et on caricaturait cette société. On n'y voyait que l'hypocrisie, les obligations, l'étiquette, les aspects désagréables. Jordan ne pouvait nier que, surtout quand on était jeune, c'était lourd. Mais il y avait tant d'avantages, et puis, si ça dérangeait les pauvres de respecter l'étiquette, personne ne leur demandait de devenir riche. Il vivait bien comme il l'entendait. Est-ce qu'il allait critiquer le fait que Sam ne mange pas avec trois fourchettes différentes quand elle était chez elle? Cependant, elle n'avait pas tort non plus, parfois il en jouait. Essentiellement parce qu'il savait que ça lui posait problème, parce qu'il connaissait les préjugés à son égard et qu'il valait mieux en rire qu'en pleurer.

"Je suis un gosse de riche, Sam, que tu le veuilles ou non. Je ne cherche pas à démentir cette image, parce que je n'en ai pas honte. Avoir de l'argent, ça ne définit pas quelqu'un, que je sache."

Ouh, la mauvaise foi. Ca aidait quand même beaucoup, et les clivages sociaux étaient forts. Sam expliqua justement que son problème venait de là. Ils n'étaient pas du même monde, et mademoiselle était engagée politiquement contre la Consumeuse, voyez-vous. Jordan leva les yeux au ciel. Il pouvait vaguement comprendre que cela lui pose un problème éthique, mais lui non plus n'était pas à l'aise avec la façon dont son père gérait le crise, il s'était senti mal et coupable lors des funérailles de monsieur Whitaker, et pourtant il osait regarder les gens en face, ne pas les ranger dans la case "pétition contre Nimbus = vil gueux, à ne pas fréquenter". Il savait faire la part des choses, était-il donc le seul? Fallait-il qu'il se ballade avec un écriteau "je ne suis pas responsable de la Consumeuse" accroché autour du cou pour que les gens cessent de l'assimiler à son père? Pour une fois qu'il voulait justement prendre de la distance par rapport à Lawrence, au lieu d'être son digne fils!

"Je ne suis pas responsable de la Consumeuse..." commença-t-il à dire, parce que c'était plus fort que lui, avant de s'interrompre. "Oh et puis zut, on parlera politique plus tard."

La suite du discours eu cependant le ton de l'attendrir puisque Sam avoua piteusement qu'elle l'appréciait, qu'elle n'avait plus la force de se battre et qu'elle voulait être son amie. Eh bien, voilà qui était mieux. Il avait son explication quant à son étrange comportement, et également la preuve que sa personnalité affable et sociable réussissait à briser de solides barrières et affaiblissait les préjugés. Comme quoi, il avait raison de ne pas douter de lui. Sam lui sembla plus fragile qu'elle n'en avait l'air, par ailleurs, et il n'eut pas envie de la mettre à terre. Il n'était pas du genre méchant, et il n'avait pas non plus envie de se disputer avec elle.

"Merci de ta franchise" répondit-il donc. "Et comme je suis un Poufsouffle humain et gentil, j'oublierai que tu viens de me traiter de pédant et d'arrogant, et j'accepte, dans ma grande bonté, d'être ton ami."

Il retrouva son sourire et comme le slow faisait place à "Sea, Sun and Spell" du groupe Voldy, il l'entraîna dans un rock endiablé. L'avantage d'être bourge, c'était qu'on savait danser, au moins.

Cassandre poussa un soupir de soulagement quand ils arrivèrent dans le couloir. Cela faisait du bien de quitter cette pièce. Il y avait trop de monde là-bas, trop de bruit et il y faisait trop chaud. L'avantage de vivre au fin fond de l’Écosse, c'est qu'on y trouvait une certaine fraicheur en été tandis que Londres semblait plongé dans une moiteur pesante pendant deux mois. Les vieilles pierres du château de Poudlard conservait le frais et il ne faisait jamais trop chaud entre les murs du château, sauf dans les cachots de potions où des chaudrons bouillonnaient en permanence. L'un des défauts était en revanche que les couloirs étaient glacés en hiver et on y frissonnait souvent quand on y sortait, notamment la nuit. Les Salles Communes étaient chauffées en revanche et la température y était bonne. Surtout que les Gryffondor avaient tendance à s'agiter de partout, alors la pièce était encore plus chaude. Elle ne savait pas si elle aurait tenu encore une minute de plus dans cette pièce. Elle ne savait même pas pourquoi elle était venue. L'année dernière, c'était pour le plaisir d'être la seule de son année à y être allée, pour le plaisir du risque et de oser des choses. Cette année, elle avait pu parler avec Théo. Mais c'était vraiment moins marrant d'y entrer quand on avait une invitation, les choses étaient tout de suite plus ennuyantes. Et l'année prochaine, qu'est-ce qu'elle y ferait ? Théo allait quitter Poudlard dans quelques jours, elle était persuadée qu'il avait ses ASPICS, il n'y avait pas de raison d'en douter. Avec qui est-ce qu'elle parlerait ? Irving aussi s'en allait, il lui avait annoncé. Il partait en France, avec sa mère, et c'était assez compréhensible qu'il veuille se rapprocher de sa famille après la perte de son père, plutôt que de rester dans un pays qui lui rappelait sûrement trop de souvenirs. Oui, elle comprenait. Mais cela l'attristait tout de même. Parce qu'Irving était un ami, en fin de compte.

Elle jeta un regard étrange à Théo lorsqu'il se mit en face d'elle. C'était... Elle n'avait pas le terme exact et précis pour décrire la situation. C'était étrange, incongru, perturbant, nouveau et vraiment inhabituel. Heureusement, Théo finit par se détacher du mur et elle respira de nouveau. Elle ne s'était même pas rendu compte sur le coup qu'elle avait retenu son souffle, bien trop tendue. Son cœur avait accéléré un peu, ce qui l'agaça fortement sans qu'elle ne sache pourquoi. Évidemment, elle ne pouvait pas contrôler son rythme cardiaque mais ce n'était pas une raison pour se sentir ainsi. Théo avait bu et il devait sûrement avoir la tête qui tournait ou autre symptôme de l'ivresse. Elle avait la très désagréable impression d'être une midinette et elle détestait cette sensation. Il s'était appuyé contre le mur parce qu'il avait bu et elle ne savait pas pourquoi elle réagissait comme cela, il n'y avait rien à réagir, elle était ridicule. Elle passa une main sur son visage, cherchant à retrouver un peu de dignité. Si elle avait trouvé le couloir plutôt frais au premier abord, elle avait de nouveau trop chaud, surtout au niveau de ses joues brûlantes. Elle s'interdisait de se faire la moindre idée à propos de ce qui s'était passé, elle refusait de tomber dans ce piège, dans cette faille bien trop facile. D'ailleurs, il ne s'était rien passé, strictement rien passé et elle avait tout intérêt à bien retenir cet état de fait. Il ne s'était rien passé. Et s'il ne s'était rien passé, elle n'avait pas à y penser, tout simplement. Cassandre papillonna légèrement des paupières avant de se forcer à détourner son esprit de Théo, même s'il était encore en face d'elle. Machinalement, elle se mit à faire défiler dans sa tête l'arbre généalogique des Harper, un exercice familier qui avait au moins le mérite de s'éloigner des Nott et plus particulièrement de Théo le plus possible. Elle ne savait pas quoi dire à son ami, surtout pas avec cette sensation étrange qu'elle avait ressenti lorsqu'il s'était approchée d'elle, aussi fut-elle soulagée lorsqu'il pris la parole. Changer de sujet, c'était bien. Converser normalement. Parce qu'il ne s'était rien passé. Absolument rien.

- Tu veux en parler ? interrogea-t-elle lorsque Théo confessa qu'il avait en effet quelque chose sur le cœur.

Elle s'était forcée à le regarder dans les yeux. Si d'habitude elle était quelqu'un de plutôt franc qui n'hésitait jamais à dire les choses en personne et à regarder les gens dans les yeux, cette fois-ci était différente et son premier réflexe aurait été de détourner le regard. Théo Nott était beaucoup trop perturbant pour l'équilibre de Cassie. Elle avait l'habitude de tout contrôler et c'était rarement le cas lorsqu'elle était avec lui. Ce constat l'agaçait plus que tout étant donné qu'elle ne comprenait pas pourquoi elle réagissait ainsi. Théo n'avait rien de particulier, n'est-ce pas ? Il était juste un ami, un bon ami. Elle aurait dû agir normalement, spontanément, comme elle le faisait d'habitude. Elle n'aurait pas dû être ainsi. Elle en voulait presque à Théo de la faire réagir comme cela sans qu'elle ne sache pourquoi. Elle détestait ne pas savoir. Et en plus, il n'y avait aucune raison de réagir comme cela face à Théo, ce n'est pas comme si elle était a... Merlin de Morgane de Godric, pourquoi est-ce qu'il s'était rapproché encore ? Cette fois-ci, Cassandre sentit clairement son cœur manquer un battement et elle tenta de reculer dans un réflexe complètement stupide étant donné qu'elle était appuyée contre le mur. Théo la regardait étrangement. Vraiment étrangement. Très étrangement. Plus qu'étrangement et Cassie ne savait absolument pas comment réagir à part paniquer intérieurement, son cerveau agité de pensées contradictoire et son cœur battant bien trop fort dans sa poitrine. Elle s'était interdit de se faire des idées jusqu'à maintenant mais là, c'était plus fort qu'elle et Théo ne l'aidait pas à se calmer en se rapprochant de plus en plus, la regardant toujours avec ce regard un peu indescriptible. A cet instant, Cassandre était partagée entre deux courants contraires. Le premier lui ordonnait de fuir, de faire reculer Théo, de ne pas rester pétrifiée là avec le cœur battant la chamade et le vertige, alors que ses deux pieds étaient bien ancrés sur le sol. Le deuxième voulait que Théo se rapproche un peu plus. Le deuxième était sûrement un neurone de K-Girl parce que si Théo se rapprochait un peu plus, cela signifiait qu'il allait...

Non, ce n'était pas possible. Cela ne pouvait tout de même pas arriver. Ils étaient amis. Elle se répétait depuis des semaines qu'ils étaient amis et seulement amis et qu'elle imaginait des choses. Il n'allait tout de même pas... L'embrasser ? Mais il était tellement proche, trop proche et la distance qui séparait leurs visages était trop faible pour que cela soit autre chose. Il voulait l'embrasser ? Théo Nott voulait l'embrasser ? Elle allait embrasser quelqu'un ? Quelqu'un allait l'embrasser ? Son vertige s'accentua tandis que Théo se rapprochait encore un peu. Pourquoi est-ce qu'il voudrait l'embrasser ? Enfin, il était plus âgé et puis ils étaient amis et puis il n'avait jamais laissé entendre qu'il pourrait l'embrasser un jour. Oh, Merlin. Théo Nott allait l'embrasser. Un garçon allait l'embrasser. Elle n'avait jamais embrassé de garçon, en réalité, elle n'avait jamais embrassé personne, elle n'avait jamais approché quelqu'un d'aussi près. Son corps frôlait désormais celui de Théo et Cassandre était certaine que son cœur n'avait jamais battu aussi vite de sa vie. Qu'est-ce que cela faisait, d'embrasser quelqu'un ? Cela allait vraiment arriver, là, ce soir, à l'instant ? Cassie posa un regard incertain sur Théo, ne sachant que faire ou que dire. Mais est-ce qu'il y avait vraiment quelque chose à dire ? Elle promena ses yeux sur son visage avant de s'arrêter quelques secondes sur ses lèvres, se forçant ensuite à le regarder de nouveau dans les yeux. Qu'est-ce que cela voulait dire, un baiser ? Qu'est-ce qu'il allait vouloir dire, ce baiser-là ? Et est-ce qu'elle en avait envie ? Cassandre regarda de nouveau Théo, d'un air un peu perdu, le genre d'air qu'elle abordait rarement, préférant une assurance à toute épreuve. Ou presque. Est-ce qu'elle voulait l'embrasser ? Elle avait le coeur battant, le vertige et une irrépressible envie de se rapprocher un peu plus, de franchir la maigre distance qui les séparait encore. Elle aimait bien Théo, elle ne pouvait pas le nier, ils s'entendaient bien. Et puis cela ne pouvait pas être une expérience désagréable, non ? D'embrasser un garçon que l'on aimait bien.

Et c'est ce qu'elle s'apprêtait à faire au moment où Théo recula précipitamment, presque comme si elle l'avait giflé. Ce fut comme si Cassandre ressortait la tête de l'eau au vu de la respiration qu'elle prit, comme si elle avait arrêté de respirer au moment où Théo s'était approché d'elle pour la première fois. Les joues rouges, honteuse et mal à l'aise, Cassandre détourna les yeux, fixant un point au bout du couloir. Elle ne savait pas ce qui venait de se passer, ni de ce que cela voulait dire, mais c'était extrêmement gênant. Elle avait voulu embrasser Théo. Elle avait en avait eu envie. Et elle en avait eu la possibilité. Il s'était penché vers elle, il avait failli l'embrasser, il avait voulu l'embrasser. Et sans qu'elle ne puisse l'expliquer, elle ressentait maintenant une certaine frustration à l'idée d'être passée si près de ce baiser. Parce qu'elle avait eu envie. Véritablement eu envie, même si elle avait du mal à l'admettre elle-même. Et toujours sans savoir pourquoi, elle se sentait véritablement mal. Ses yeux étaient légèrement humides et sa gorge était nouée. Elle avait eu l'impression de se prendre une claque lorsque Théo avait reculé à la dernière seconde. Pourquoi est-ce qu'il avait reculé ? Ce n'était pas comme si c'était elle qui avait essayé de l'embrasser, c'était lui qui avait tout fait. Pourquoi est-ce qu'il avait changé d'avis ? Cela ne l'aurait pas dérangée. Elle avait eu envie de l'embrasser, vraiment. Et maintenant, elle avait juste ce goût amer dans la bouche, cette frustration et cette déception.

- Ce n'est rien, répondit-elle d'une voix blanche, un peu machinalement.

Elle n'osait plus le regarder en face. Elle garda les yeux fixés sur le bout du couloir, n'osant pas croiser le regard de Théo. Elle ne voulait pas savoir pourquoi il avait reculé. Elle savait juste que cela l'attristait. Et qu'il était désormais inutile de se voiler la face encore longtemps. Si elle avait eu envie d'embrasser Théo, si ce rejet l'attristait, c'était parce qu'elle l'aimait peut-être un peu trop pour le simple terme d'ami qu'elle aimait se répéter, comme pour s'en convaincre. Et elle n'aimait pas cela tout simplement parce visiblement, Théo ne voulait pas d'elle. Sinon il n'aurait pas reculé. Mais dans ce cas, pourquoi s'était-il avancé ? Elle n'en savait strictement rien. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle avait envie de rentrer à la Tour de Gryffondor et d'oublier ce qui s'était passé. Parce que c'était tout simplement douloureux et elle ne voulait pas être cette fille-là. Cette fille qui tombe amoureuse d'un ami plus âgé et qui est rejetée parce qu'elle n'est rien de plus qu'une gamine. Théo avait trop bu, c'est tout. Il n'y avait rien d'autre que cela. Il était ivre et elle était juste là. Et elle était ridicule d'apporter de l'importance à ce qui venait de se passer. Mais elle ne pouvait pas s'en empêcher, c'était là, bien présent et elle avait l'impression qu'elle ne pourrait rien y faire. Elle avait l'impression de sentir encore le souffle brûlant de Théo sur sa peau. Soudainement, elle n'y tient plus et se redressa, sans pour autant regarder son ami en face.

- Il est tard. Je vais rentrer.

Elle ne voulait pas supporter une minute de plus de ce silence pesant.

- On se voit demain, ajouta-t-elle par mécanisme, pour faire comme si tout était normal. Fais attention à toi.

Elle voulait rentrer et se mettre sous une douche brûlante, ne serait-ce que pour effacer la sensation du corps de Théo qui effleurait le sien et son souffle contre sa peau. Pour ce soir, elle avait envie d'oublier, de ne plus penser, d'étouffer ce flot de pensées tourbillonnant dans sa tête. Et puis Théo avait bu aussi. Peut-être que lui oublierait véritablement. Mais elle ne savait pas si c'était une chance ou un malheur. Peut-être un peu des deux, après tout.

RP TERMINE POUR CASSANDRE

Heureusement pour lui, Sean n’avait pas plus de rouge que lui-même n’avait de bleu. Le jeune homme était bien content que Swann se soit éloignée, même s’il n’avait rien contre elle, il préférait que ses oreilles ne traînent pas trop alors qu’il avait pour idée de faire quelques propositions indécentes au Serdaigle. Malgré la pénombre, Ashley devina la légère gêne de son petit-ami, et s’en voulu un instant d’avoir été peut-être un peu trop…direct. Il réfléchissait rarement avant de parler. Tourner sept fois sa langue dans sa bouche ? Pourquoi faire ? Il était un Gryffondor, que diable ! Il ne voulait pas le mettre mal à l’aise, et s’apprêtait à revenir sur ses propos lorsque Sean se rapprocha de lui, un peu plus, puis beaucoup plus, jusqu’à ce que leurs corps se frôlent. Ashley sourit. Ce garçon était vraiment plein de surprise. Le jeune homme frissonna alors que le Serdaigle lui dit que sa chemise était à lui. Il haussa un sourcil, et son sourire s’agrandit.

« J’vais pas me le faire dire deux fois ! » répondit-il avec malice.

Il rougit légèrement et vint poser sa main sur la boutonnière de la chemise bleue de Sean. Le Gryffondor jeta un coup d’œil autour d’eux.

« Personne ne fait attention à nous… »

Il franchit l’infime distance qui le séparait de Sean et l’embrassa tendrement, glissant sa main derrière son cou. Non, personne ne leur prêtait attention, et si par malheur quelqu’un les observait, il y avait de grandes chances que la personne en question soit quelque peu alcoolisée et ne se souvienne de rien le lendemain, ou pense avoir halluciné – il était vrai que l’on aurait pu croire à une hallucination en voyant Sean Fitcher embrasser quelqu’un en public. Ashley détacha maladroitement les deux premiers boutons de la chemise de son petit-ami, avant d’approfondir le baiser, et de passer une main dans son dos, sous le tissu. Il frissonna au contact de sa peau, et, conscient qu’il était en train de se laisser un peu emporter, mit doucement fin à leur étreinte et se recula légèrement, un peu rougissant. Ashley ne quittait pas Sean des yeux, du moins autant que cela était possible dans la quasi-obscurité.

« Et si…on allait continuer ça…ailleurs ? Qu’est-ce que t’en dis ? » demanda-t-il presque timidement à l’oreille, avec un grand sourire.