Boulevard of broken dreams [Andrew & Kathrina]

Kathrina Keller
Kathrina KellerSixième année
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Boulevard of broken dreams [Andrew & Kathrina] Icon_minitimeLun 4 Mar 2024 - 7:47
17 avril 2012, Tintagel

Kathrina n’osait plus bouger un membre sur le canapé où elle se trouvait. Elle regardait le mur devant elle, parfaitement immobile. Derrière son regard absent défilaient des dizaines d’images dont elle ne parvenait plus à se défaire. Maintenant qu’Owen Harper lui avait révélé son vrai visage en apprenant qu’elle était enceinte, c’était comme si ses souvenirs de lui s’éclairaient différemment sous cette nouvelle lumière. Elle prenait conscience d’autres moments qu’elle avait préféré ignorer, où il s’était montré manipulateur avec elle. À lui offrir des fleurs et des mots doux, à lui faire miroiter des choses, tout en prenant garde à ce qu’elle ne franchisse jamais les limites qu’il avait définies pour elle. Au fond, elle ne l’avait jamais vraiment connu. Elle s’était contenté d’un fantasme de lui.

Et maintenant, elle en payait le prix fort.

Elle n’arrivait plus à pleurer. Ses yeux restaient désespérément secs alors que tout hurlait en elle. Elle restait figée, allongée sur le canapé, comme si elle craignait que ce petit être qui grandissait en elle et dont elle s’apprêtait à se débarrasser ne bouge à un moment. Elle ne voulait pas, elle ne pourrait pas le supporter.

Toute la procédure était si longue. L’entretien en clinique, l’échographie de datation, le prélèvement sanguin… Kathrina avait suivi chaque étape en retenant ses envies de secouer les médicomages et les infirmiers qui l’avaient examinée. Elle n’avait pas envie de savoir depuis combien de temps elle était enceinte, elle n’avait pas envie qu’on lui explique en long en large et en travers ce qui se passait, elle voulait simplement qu’ils agissent.

Qu’ils fassent tout disparaître, maintenant.

Elle était rentrée chez elle avec plusieurs potions, dont l’une était désormais vide devant elle, sur la table basse. Elle était sensée faire effet au bout d’une quarantaine de minutes. Une heure au plus tard.

Cinquante-deux. C’était interminable.

Brusquement, une douleur à lui couper le souffle la saisit. Un sensation de torsion familière, similaire à ses douleurs menstruelles, mais d’une intensité plus forte. Elle tendit la main vers Andrew assis à côté d’elle, pour chercher son contact et son soutien.

« Je crois que ça commence… » souffla t-elle péniblement, en ramenant ses jambes contre elle.


***


Boulevard of broken dreams [Andrew & Kathrina] Kat10
Kathrina Flint, 28 ans

24 septembre 2023, Gloucestershire

Kathrina l’avait appris avec le temps, son mari n’aimait pas les cérémonies et les fêtes de manière générale. Il se contentait de passer une heure ou deux à celles où sa présence était requise, avant de s’éclipser pour vaquer à ses occupations chronophages de magistrat. Il n’avait d’ailleurs pas vraiment compris ce concept de « baby-shower » importé des États-Unis, mais comme toujours quand Kathrina réclamait quelque chose -et encore plus depuis qu’elle était enceinte- il lui avait dit « si ça te fait plaisir, chérie » puis lui avait offert une belle enveloppe ainsi qu’une totale carte blanche. Il passerait en fin d’après-midi, avait t-il annoncé à Kathrina. En coup de vent, devinait t-elle. Elle ne s’en plaignait guère ; c’était même très bien ainsi.

Cela lui laissait tout le loisir de s’occuper de chaque détail sans devoir se justifier, d’installer tout ce qu’elle désirait et de recevoir ses amis pour passer un bon moment. Et comme toujours, Kathrina n’avait pas fait les choses à moitié. Habiter dix ans dans un manoir digne des plus grandes familles Sang-Pur, avec un portefeuille presque illimité, lui avait donné un grand goût pour l’élégance et le luxe, qu’elle ne se priva pas d’exprimer dans son installation.

La serre lui était vite apparue comme le lieu idéal pour cette occasion. Haute de plafond, largement ouverte sur les côtés, il y faisait bon, c’était parfait pour profiter des derniers rayons de soleil de septembre et pour s’abriter si jamais il se mettait à pleuvoir. Elle offrait une magnifique vue sur le manoir et sur les jardins en fleurs qui l’entouraient. Avec l’aide de Rachel et de son imparable goût pour la décoration, Kathrina finalisait les derniers détails de son installation, pour cette fête placée sous le signe de la fin de l’été. Les subtiles touches de bleu dans les fleurs et les cupcakes de la pâtisserie Eden révélaient ce que tout le monde savait déjà ; elle attendait un garçon. Et c'était pour bientôt, comme le montrait son ventre imposant de huit mois.

Kathrina attendait une quinzaine d’invités. Son frère arriva le premier, puis ses amis les plus proches. Elle vit défiler Henry, Baen, Imogen, Louise et son copain, David et son compagnon, les bras chargés de cadeaux qu’ils déposèrent sur la table prévue à cet effet. Les coupes de vin des Elfes et de jus de citrouille circulèrent de mains en mains, dans une atmosphère douce et légère. Kathrina écoutait Ahren lui parler de ses derniers déboires au Ministère quand elle attrapa dans sa vision périphérique un signe de Rachel derrière lui.

Une nouvelle personne venait de pénétrer dans la serre, une personne que Kat avait invitée mais qu’elle n’était pas sûre de voir venir.

« Je reviens » glissa t-elle à son frère.

Elle se dirigea vers Andrew avec un sourire incertain sur les lèvres. La dernière fois qu’elle l’avait vu, son ventre était bien moins gros et elle en était très consciente à cet instant. L’étreinte qu’elle lui offrit fut un peu maladroite, à cause de la taille de son ventre, ce qui n’empêcha pas le remerciement qu’elle glissa à son oreille d’être sincère :

« Merci d’être venu. »
Andrew O. Dubois-Cavill
Andrew O. Dubois-CavillJoueur de Quidditch professionnel
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Boulevard of broken dreams [Andrew & Kathrina] Icon_minitimeMer 6 Mar 2024 - 0:02
17 avril 2012, Tintagel

La maison était relativement calme. Andrew entendait sa mère dans la cuisine, en train de fouiller dans des placards. Oscar faisait encore la sieste à l’étage et Doug était absent pour quelque jours, parti rendre visite à ses parents, dans le Surrey. Kathrina était allongée sur le canapé, à côté de lui, il l’entendait respirer. Elle n’avait pas dit grand-chose depuis qu’ils étaient revenus de la clinique, ce matin. Ils avaient passé beaucoup de temps là-bas, ces derniers jours, enfin surtout Kat. Lui restait dans la salle d’attente, principalement, avec sa mère, quand elle n’accompagnait pas Kat. Il connaissait désormais par coeur les différents posters au mur de la salle d’attente du Planning Familial Magique d’Oxford et de la Clinique pour la Santé des Sorcières, avec des numéros d’urgence, des informations sur la contraception, le Violentomètre. Il avait appris pas mal de choses, en vrai. Ce n’était normalement pas un endroit où il passait du temps, avant ces vacances de printemps.

Cela faisait quelques jours que Kat lui avait confessé, en larmes, qu’elle était enceinte, de ce mec plus âgé que personne ne connaissait et qu’elle fréquentait depuis quelques temps. Un type qui, même s’il était plus vieux, l’avait juste laissée se débrouiller avec cela. Elle était effondrée. Lui, à part la serrer dans ses bras et lui répéter que cela allait aller, il n’avait pas su quoi lui dire sur le moment. Il ne s’y attendait pas. Il n’avait jamais réfléchi à cette situation. Alors il lui avait proposé la seule chose qui lui semblait sensée : en parler à sa mère. Sa mère saurait quoi faire, elle savait toujours quoi faire.

Encore une fois, cela avait été le cas. Sarah avait séché les larmes de Kat, lui avait frotté le dos, lui avait posé des questions sur comment elle se sentait et surtout, sur ce qu’elle voulait faire. Puis elle avait pris rendez-vous à la clinique, elle l’avait accompagnée, à chaque rendez-vous. Elle lui avait proposé de passer le reste des vacances à la maison. Andrew avait dit qu’il laisserait sa chambre, ils avaient installé un matelas dans la chambre d’Oscar pour lui et ils avaient fait de la place à Kathrina. Elle lui avait dit qu’elle pouvait rester autant qu’elle le voulait, même après la reprise des cours si elle le souhaitait, le temps de se remettre. Il y avait eu aussi cette fois où Andrew les avait longuement entendues parler un soir dans la cuisine, sans vraiment percevoir ce qu’elles se disaient. Il était remonté à l’étage, il n’avait pas voulu les déranger.

Sa mère l’avait pris un soir à part, également. Elle lui avait demandé, une nouvelle fois, s’il était impliqué dans cette grossesse. Elle avait promis qu’elle ne se fâcherait pas, mais qu’elle avait besoin de le savoir. Il avait de nouveau promis que non. « Je te l’aurai dit, sinon » avait-il promis. C’était la vérité, de toute manière. Elle l’avait longuement regardé, avant de le serrer dans ses bras, murmurant qu’il était un bon ami, alors.

Il ne savait pas trop s’il l’était. Il se sentait un peu démuni. Il aurait aimé pouvoir aider Kat plus que ça, trouver les mots qu’il fallait pour la consoler, pour qu’elle se sente un peu mieux. Il aurait voulu pouvoir arranger la situation. Il avait l’impression de ne servir à rien, de ne pas pouvoir l’aider dans ce qu’elle traversait. Ses yeux se posèrent sur la fiole vide de potion sur la table, qu’elle avait prise en rentrant. C’était censé déclencher tout le processus. Il descendit un peu plus dans le canapé, calant sa tête contre le dossier. Peut-être qu’il aurait dû dire quelque chose ? Mais qu’est-ce qu’on disait dans ces moments-là ? Ça n’était pas dans les brochures du Planning, il avait regardé, pourtant.

Soudain, il sentit Kat se tendre à ses côtés. Elle vint attraper ses doigts entre les siens et les serra fort. Il se redressa, pour mieux la regarder. Elle disait que cela commençait, que la potion faisait son effet. C’était douloureux, c’est ce que les médicomages avaient dit. Que c’était comme de très très grosses douleurs de règles, une échelle qu’il n’avait pas.

- Attends, souffla-t-il. Il se pencha pour attraper le plaid qui traînait sur le fauteuil d’à côté, récupérant sa main le temps de l’étendre sur elle.

Il ne faisait pas très froid mais il faisait gris dehors et les rayons du soleil ne venaient pas réchauffer le salon comme ils pouvaient le faire parfois.

- Tu as besoin d’un truc ? Tu veux une bouillotte ?

C’était ce qu’utilisait sa mère, en tout cas, et Aby, aussi. Il entremêla ses doigts avec les siens.

- Dis-moi ce que tu veux que je te ramène.

24 septembre 2023, Gloucestershire

Andrew avait amené deux cadeaux. Il avait hésité à les faire livrer, tout comme il avait hésité à ne pas venir. C’était facile d’être absent. Il avait toujours une bonne excuse, un match, une mise au vert, un entraînement, une grève des contrôleurs de Portoloin. Tout le monde aurait compris. C’était habituel désormais. Il avait longtemps caressé cette idée. Même là, alors qu’il remontait l’allée du manoir où vivait Kat, la pensée avait traversé son esprit. Il avait à la fois l’envie d’être ailleurs et en même temps, l’impression qu’il devait être là.

Il ne voulait pas lui faire de peine.

C’était cette idée-là qui l’avait fait passer les portes de la serre. Partout où il posait le regard on voyait des ballons, des compositions florales, des desserts, dans des teintes de bleu pastel. C’était bien un petit garçon qui était attendu, si quiconque en doutait. Félix Flint devait être ravi, songea-t-il avec un peu d’âpreté. C’était ce qu’on voulait chez les sang-pur, un petit héritier à qui transmettre argent, manoir, privilèges et idéologie. Ses yeux clairs sondèrent la salle, pour voir qui était présent. Il rencontra avec soulagement les figures familières de ses amis, le rire franc de Baen, le sourire de Rachel, les cheveux blonds de Louise, les grands gestes d’Imogen, l’allure de David, la tranquillité d’Henry.

Le sourire incertain de Kat, qui venait l’accueillir.

Il lui sourit en retour, machinalement, tout son esprit absorbé par sa silhouette. Ils ne s’étaient pas vus depuis plusieurs mois. Il ouvrit les bras pour répondre à son étreinte, ses doigts se refermant sur ses présents pour qu’ils ne glissent pas. Il sentit contre lui son ventre rond. Il y eut quelque chose de maladroit dans cette brève embrassade, pour des raisons bien distinctes. Lorsqu’ils se séparèrent, il fit un léger pas en arrière. Elle l’avait remercié d’être venu et il savait que c’était malvenu de lui confesser à quel point il avait hésité.

- Je t’ai apporté quelque chose... déclara-t-il en tournant la tête vers l’endroit où étaient posés les cadeaux, enfin, je vous ai apporté quelque chose. Toi et le bébé, précisa-t-il, qu’elle ne pense pas qu’il s’était fendu d’un cadeau pour le futur papa.

Il se sentait un peu bête, avec ses paquets mal emballés dans les mains. Son assistant, Juan, lui avait proposé de le faire avant qu’il ne quitte Barcelone mais Andrew avait refusé. À cet instant, à la vue des piles de présents couleur layette, remplis de bolducs, de rubans et de noeuds, il le regrettait un peu.

- Tu es... fit-il en posant de nouveau les yeux sur elle. Enceinte, finit-il par conclure, après un silence.


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Kathrina Keller
Kathrina KellerSixième année
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Boulevard of broken dreams [Andrew & Kathrina] Icon_minitimeLun 11 Mar 2024 - 2:23
À ses côtés, Andrew se pressa pour lui offrir plus de confort. Quand il revint vers elle avec un plaid, Kathrina en profita pour installer sa tête sur ses jambes. Elle mit quelques secondes à répondre, surprise par la violence des montées de douleur. Les larmes aux yeux, elle songea un instant à l’horreur que cela aurait été de vivre ça toute seule. Elle s’agrippa un peu plus à la main de son ami.

« Non, reste avec moi » lui intima t-elle finalement.

Elle n’était pas certaine qu’une bouillotte la soulage -ça ne l’aidait pas beaucoup pendant ses douleurs menstruelles, alors ici, ce serait plus inefficace encore. La présence d’Andrew, en revanche, l’évident souci qu’il se faisait pour elle, ça, c’était réconfortant pour elle. Parce que le plus douloureux à cet instant pour elle n’était pas tant la souffrance physique des contractions que la morsure de la honte et l’humiliation.

Elle se sentait si stupide, si naïve d’avoir imaginé qu’Owen serait présent pour elle. Elle avait même pensé que cette grossesse inattendue pourrait le pousser à officialiser les choses entre eux, à prendre soin d’elle. A la place, il l’avait rejetée comme une malpropre et n’avait plus échangé un seul mot avec elle depuis, malgré tous les messages qu’elle lui avait envoyés. Cette réaction la laissait avec l’impression de n’être rien d’autre qu’un secret honteux, une histoire passagère dont il pouvait se débarrasser du jour au lendemain sans l’ombre d’un remord.

Elle savait exactement où elle s’était trompée : elle pensait qu’il l’aimait. Qu’il l’aimait sincèrement, pas juste comme un objet de désir.

Quelle idiote elle avait été. Elle ne s’était pourtant bercée d’aucune illusion avec les autres garçons qu’elle avait fréquentés. Pas même avec Andrew qui avait été le plus gentil et attentif de tous. Il ne l’aimait pas comme elle voulait être aimée. Il était un ami, un sincère et véritable ami qui avait toujours pris soin d’elle et qui le faisait encore ici. Et pour le moment, elle était peut-être même la fille dont il était le plus intimement proche. Mais cela changerait, Kat en était persuadée. Elle savait pour qui le coeur d’Andrew battait secrètement et une fois qu’il aurait trouvé le courage de l’aborder, elle repasserait au second plan.

Personne ne la choisissait elle, inconditionnellement, sans préférer quelqu’un d’autre. Personne ne faisait d’elle sa priorité. Ni les hommes qu’elle fréquentait, ni ses frères, et encore moins ses parents avant eux.

Elle était juste ce paquet encombrant qui se baladait de famille en famille, de bras en bras, à la recherche de quelqu’un pour rester près d’elle. Elle avait un peu honte d’être ici, d’ailleurs, chez les Cavill. N’avoir d’autre choix que de se reposer sur les parents de ses amis lui rappelait cette constante dans sa vie : il n’y avait aucun adulte pour veiller sur elle. Personne pour lui donner durablement cet amour dont Sarah Cavill couvait ses fils. Elle n’était là que depuis quelques jours et elle comprenait pourquoi Andrew était si affectueux et équilibré comme garçon. Sa mère le regardait grandir en le nourrissant continuellement de tendresse, comme le soleil le faisait avec des plantes.

Elle avait honte d’être ici mais elle ne pouvait pas se résoudre à partir. Elle voulait un peu de lumière, elle aussi. Juste un peu, le temps de se redresser.

Elle prit conscience qu’elle pleurait en sentant le pantalon d’Andrew s’humidifier contre sa peau. Elle s’excusa en essuyant ses joues.

« Pardon, je suis vraiment nulle. »


*****


Onze ans plus tard, il y avait une forme de constante dans la relation entre Andrew et Kathrina, un fonctionnement dont ils connaissaient bien les rouages. Des phases d’éloignement qui succédaient à des rapprochements, sans que jamais le contact ne soit complètement coupé entre eux. Et pourtant, les obstacles avaient été nombreux : le mariage de Kathrina, les multiples déménagements d’Andrew à l’étranger, ses longues histoires d’amour avec d’autres femmes, leurs incompréhensions mutuelles, des attentes qui différaient et même des frustrations. Malgré tout ça, ils n’avaient jamais disparu de la vie de l’autre.

À cet instant, Kathrina le mesurait encore une fois, en s’approchant d’Andrew. Elle savait qu’il ne comprenait pas ses choix de vie, qu’il n’avait jamais varié de position sur son mariage avec un homme de trente ans plus âgé qu’elle et que le fait qu’un enfant vienne s’ajouter à cette situation l’inquiétait. Pourtant, il répondait présent à cette fête, avec des cadeaux sous le bras. Elle sentit quelque chose se dénouer en elle.

Elle n'avait pas mesuré combien elle espérait le voir, aujourd'hui.

« Merci, tu es adorable » le remercia t-elle en attrapant les cadeaux.

Patty, leur elfe de maison, passa près d’elle pour la décharger des paquets et les ramener près des autres. Andrew fit alors un commentaire qui tira un vague sourire à la jeune femme. Derrière ce commentaire un peu maladroit qui aurait pu prêter à rire ou se moquer, Kathrina savait quels conflits intérieurs se cachaient. Elle n’avait pas forcément envie de les convoquer maintenant. Pas alors qu’elle n’avait pas vu Andrew depuis plusieurs mois.

Elle répondit sans animosité et même plutôt avec franchise :

« C’est étonnant, hein ? J’ai du mal à réaliser aussi » avoua t-elle dans un souffle, en posant la main sur son ventre rond.

Elle avait vu son corps changer au fil des mois, et ses émotions varier tout autant vis-à-vis de cette grossesse. Celle-ci, elle l’avait choisie et anticipée. Pour autant, les huit derniers mois n’avaient rien eu d’évident pour elle, alternant vagues de soulagement et crises d’angoisse à la pensée qu’elle allait devenir mère bientôt. Elle se pensait prête, la plupart du temps.

Et parfois, elle se demandait quelle énorme bêtise elle avait faite.

Elle ne partagea pas cette profonde remise en question à Andrew qui, pour beaucoup de raisons, n’était pas le meilleur public pour l'entendre. Elle préféra rester sur un terrain plus stable :

« Mais j’ai hâte qu’il sorte, maintenant » dit-elle avant de hausser les épaules. « Sûrement parce que j’en ai marre de ne plus pouvoir mettre mes chaussures toute seule. »
Andrew O. Dubois-Cavill
Andrew O. Dubois-CavillJoueur de Quidditch professionnel
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Boulevard of broken dreams [Andrew & Kathrina] Icon_minitimeDim 24 Mar 2024 - 21:37
- Je suis là, souffla simplement Andrew lorsque Kathrina le pressa de ne pas s’éloigner.

Sa présence était bien la seule chose qu'il pouvait lui offrir. Il aurait aimé avoir les bons mots, savoir quoi dire pour apaiser son chagrin. Elle était très triste, il ne fallait pas être un Serdaigle pour le voir.  Il aurait aimé pouvoir lui proposer une solution magique, un Retourneur de Temps, un sortilège pour qu’elle puisse se sentir mieux. Il n’y n’en avait pas. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était rester à côté d’elle, tenir sa main et promettre en vain que tout allait s’arranger. Elle avait installé sa tête sur ses genoux et il avait posé sa main sur son épaule, qu’il caressait doucement. Machinalement, il vont remonter légèrement le plaid sur elle avant de s’enfoncer un peu plus profondément dans le canapé. Peut-être qu’il pourrait lui proposer de monter, de l’aider à s’installer dans son lit. Peut-être qu’elle y serait mieux.

Il lui avait laissé sa chambre depuis qu’elle était arrivée, parce qu’il avait un grand lit et parce qu’elle y serait plus tranquille. Sa mère et lui avaient installé un matelas par terre dans la chambre d’Oscar pour qu’il puisse y dormir. Ils avaient initialement essayé de le caser dans la toute petite pièce qui servait de bureau à son beau-père mais cela ne passait pas, à quelques centimètres près. Cela ne le dérangeait pas trop de dormir avec Oscar pour que Kat soit bien. Le premier matin, son petit frère avait entrepris de lui faire rouler ses voitures de courses sur la tête mais ils avaient vite dépassé ce stade. Des fois, il rigolait dans son sommeil, de son petit rire aigu et c’était assez mignon. Il se levait assez tôt, ce qui avait tendance à le réveiller mais ça n’était pas bien grave, il gardait le rythme pour Poudlard comme ça.

Avant qu’il ne puisse proposer de monter à Kat, il réalisa qu’elle pleurait. Il se redressa un peu alors qu’elle s’excusait, balayant ses joues humides. Sa main délaissa son épaule pour venir caresser sa pommette de son pouce, tentant aussi d’essuyer ses larmes par la même occasion.

- Mais non, ne dis pas ça, s’empressa-t-il d’affirmer. C'est... c’est normal que tu sois triste, ça... ça craint, tout ça, balbutia-t-il, regrettant une nouvelle fois que son éloquence se limite aux discours de Quidditch. Mais t’es pas nulle, tu vis juste un truc vachement difficile.

Sa main vint se poser sur ses cheveux et il se plia en deux pour venir déposer un baiser sur sa joue.

- J’suis désolé, j’aurai aimé avoir quelque chose pour que tu te sentes mieux...

Caressant toujours ses cheveux, il se redressa légèrement.

- Tu veux une chocogrenouille ? murmura-t-il.

La solution universelle aux chagrins.

******

Il se sentit immédiatement stupide après avoir déclaré que Kat était enceinte, comme s’il allait lui apprendre quelque chose. En dehors des discours de motivation sur le terrain, il pouvait être très nul avec les mots... Il avait été un peu pris par surprise parce qu’il savait qu’elle attendait un bébé, elle le lui avait annoncé voilà plusieurs mois. Mais il y avait une différence entre le savoir intellectuellement et le constater là, très concrètement. Elle lui semblait différente, son visage s’était arrondi, son ventre aussi, sur lequel elle posait les mains. Elle ne se formalisa pas de sa remarque idiote, lançant que c’était étonnant, n’est-ce pas ? Leurs yeux clairs se rencontrèrent une seconde et Andrew sentit quelque chose se pincer, quelque part en lui. Il lui adressa pourtant un léger sourire.

- Oui, souffla-t-il en réponse.

Mais elle était jolie, comme ça. Il n’osa pas le lui dire.

- Parce qu’en temps normal tu n’as pas de domestique pour te mettre tes chaussures ? Kathrina, tu t’es faite avoir, les sangs-purs, ça n’est plus ce que c’était... plaisanta-t-il en retour.

Et à moitié. Il avait des idées assez arrêtées sur la société sang-pure, la manière dont ils constituaient une véritable oligarchie au sein de la Grande-Bretagne, même en 2023. Ils possédaient un part importante des richesses, des postes de pouvoir et oeuvraient pour conserver leurs privilèges au sein de leur petite classe. Evidemment, il se gardait bien d’en parler à Kat, qui connaissait de toute manière connaître le fond de sa pensée. Il ne voulait pas lui faire de la peine ou qu’elle pense qu’il l’incluait dans tout cela. Il l’avait dit à Félix Flint, une fois, lors d’une soirée qui ne s’était pas bien terminée. Il était même presque étonné d’avoir eu le droit de remettre les pieds ici, sans qu’un enchantement ne vienne le renvoyer avec le reste de la plèbe.

- Il est censé naître quand, déjà ? Avant le 23 novembre, j’espère, il ne va quand même pas rater le lancement de la Coupe du Monde, l’évènement de son année de naissance ! souffla-t-il avec un sourire en coin, sans pouvoir s’en empêcher.

 


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Kathrina Keller
Kathrina KellerSixième année
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Boulevard of broken dreams [Andrew & Kathrina] Icon_minitimeDim 31 Mar 2024 - 7:18
Andrew était un garçon adorable. C’était un ami attentif, loyal, gentil. Kathrina se le répétait souvent, elle chérissait ses liens avec lui. Il faisait partie des quelques personnes dont elle se disait qu’il pourrait être présent au long terme dans sa vie. Il n’y en avait pas beaucoup. Cette intimité plus charnelle qu’ils avaient partagée sur quelques semaines n’avait ni remplacé ni invalidé leur amitié longue de plusieurs années. Elle l’avait plutôt renforcée, tout comme ce moment douloureux qu’ils étaient en train de vivre ensemble.

Kathrina n’oubliait pas les mains qui lui avaient été tendues. Il n’y en avait pas eu beaucoup non plus. Elle savait à cet instant qu’elle n’oublierait jamais cette journée infernale où elle avait du se rendre à une clinique de planning familial, repartir avec des portions abortives et endurer une douleur inouïe sur ce canapé, en pleurant toutes les larmes de son corps contre sa bêtise pour s’être retrouvée dans une telle situation. Elle n’oublierait pas qu’Andrew avait été présent tout du long et l’avait consolée, avec des mots certes maladroits, mais profondément sincères.

Elle n’avait pas oublié non plus ce jour où, plusieurs années plus tôt, Andrew lui proposait une chocogrenouille dans un couloir désert de Poudlard où elle s’était réfugiée pour pleurer après la mort de son grand frère.

Plus encore que ses mots réconfortants, son baiser sur sa joue, cette proposition anodine la réconforta. Dans son malheur, parfois elle oubliait qu’il y avait quand même deux ou trois personnes constantes dans son entourage et qu’Andrew en faisait partie.

Un maigre sourire se glissa sur ses lèvres, entre ses larmes.

« Seulement si tu en manges avec moi » souffla t-elle.

Elle se redressa le temps qu’Andrew lui ramène son paquet de chocogrenouilles. Elle ouvrit son sachet et s’appuya contre l’épaule du jeune homme, tout en mâchouillant le chocolat sucré. Entre ses mains, une carte d’Harry Potter luisait. Elle en avait déjà au moins trois de lui. Elle soupira contre l’épaule d’Andrew.

« Parle-moi d’un truc chouette… Tout ce que tu veux » lui demanda t-elle.

N’importe quoi qui l’aiderait à se changer les idées.

***

Andrew était très beau quand il souriait. Elle l’avait toujours pensé. Elle sentit son coeur se réchauffer en le voyant plaisanter même si tout n’était pas tout à fait naturel. Mais il essayait, il faisait un effort pour elle. Et ça faisait beaucoup de bien à Kathrina, à cet instant.

« Que veux-tu, j’ai un peu trop de fierté pour que quelqu’un d’autre m’habille comme si j’étais une enfant… » répondit t-elle sur le même ton.

Andrew fit une nouvelle plaisanterie, un peu plus sincère, celle-ci, elle le vit dans son sourire. Dès que ça parlait de Quidditch, de toute manière, son visage s’animait différemment. Elle eut un petit rire.

« Ne t’en fais pas, il sera bien là pour la Coupe du Monde, même s’il sera trop petit pour que je l’emmène jusqu’en Australie… Pas trop petit pour suivre avec moi tes exploits sur un écran Pear, par contre. Le terme est prévu pour le 4 novembre » révéla t-elle.

Jetant un regard autour d’elle, Kathrina constata que ses invités étaient tous en bonne compagnie et prenaient plaisir à prendre des nouvelles les uns des autres. Le moment lui sembla parfait pour faire une proposition à Andrew :

« Tu veux qu’on marche un peu dans le jardin ? »

Cela faisait trop longtemps qu’elle n’avait pas parlé avec Andrew en tête à tête ; lui, trop occupé par ses matchs et ses voyages à l’étranger et elle, trop fatiguée par sa grossesse pour envisager de le rejoindre quelque part. Elle avait envie d’un vrai temps pour discuter avec lui plutôt que se contenter de papotages dans un environnement bruyant. Elle retrouva avec plaisir le calme du jardin derrière la serre et la bise légère de cette fin d’été, tout en marchant aux côtés d’Andrew.  

« Comment vont tes parents ? Et Oscar ? Et tes soeurs ? »
Andrew O. Dubois-Cavill
Andrew O. Dubois-CavillJoueur de Quidditch professionnel
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Boulevard of broken dreams [Andrew & Kathrina] Icon_minitimeDim 14 Avr 2024 - 22:57
À sa proposition d’une chocogrenouille, un maigre sourire perça sur le visage de Kathrina et Andrew s’en sentit un peu soulagé. Il lui en adressa un en retour, sans cesser de caresser ses cheveux. Il se sentait toujours démuni face aux larmes. Devant sa réponse, il secoua la tête comme si ce qu’elle disait était aberrant.

- Quand est-ce que tu m’as déjà vu refuser un chocogrenouille, Kat ?

C’étaient ses chocolats favoris. Il en avait toujours quelque part sur lui, souvent au fond de son sac, un peu écrasés. Il les dégainait pour remonter le moral, celui des autres ou le sien. Cela faisait un peu rire parfois, comme si cela semblait être la solution à tout, mais l’espace d’un instant, cela faisait du bien.

- Attends, souffla-t-il pour qu’elle se redresse, afin qu’il puisse se lever.

Il s’extirpa du canapé pour rejoindre la cuisine, où sa mère n’était plus. Il ne l’avait pas vue quitter la pièce, elle avait dû monter à pas feutrés. Farfouillant dans les placards bleus, il en extirpa un grand sachet de chocogrenouilles entamé. Retournant dans le salon, il se réinstalla sur le canapé à côté de Kathrina, lui tendant le paquet. Alors qu’elle se réinstallait contre son bras, il déchira l’opercule de la sienne, en dégageant une carte Ignatia Wildsmith, l’inventeuse de la poudre de Cheminette. Mordant dans la tête de la confiserie, il sentit le goût du chocolat se répandre dans sa bouche. Cela faisait longtemps qu’il n’en n’avait pas mangé, réalisa-t-il. Il ne savait même pas pourquoi. Les derniers flous s’étaient écoulés dans un terrible et douloureux brouillard, percé d’éclats vivaces de peine. Aussi, lorsque Kath lui demanda de lui raconter quelque chose de chouette, le vide se fit dans son esprit.

Depuis son accident, tout avait été extrêmement complexe. Les douleurs, la rééducation, l’impression que sa vie lui échappait, ses espoirs d’avenir qui lui filaient entre les doigts, ce sentiment pesant, constant, permanent, de tristesse qui lui enserrait le coeur et la gorge. Ces derniers jours, il n’avait pas eu trop l’occasion de s’y appesantir, trop concentré sur Kath et le moment difficile qu’elle était en train de vivre. C’était terrible à dire, mais se focaliser sur d’autres problèmes que les siens lui avait fait du bien.

- Je pense que je vais revenir à l’école après les vacances, finit-il par souffler.

Cette question était en débat depuis qu’il était revenu à la maison. Ses parents s’inquiétaient pour lui et lui avaient proposé de terminer l’année à la maison, quitte à lui payer des cours particuliers. Il l’avait envisagé, tant il se sentait en décalage à Poudlard, où tout semblait lui refléter la vie d’avant. Mais depuis que Kat était à la maison, les choses étaient différentes.

- J’ai pas envie que tu reviennes seule là-bas.

Pas après tout ce qui s’était passé et l’aura de chagrin qui se dégageait d’elle. Désireux de ne pas plomber l’atmosphère alors qu’elle lui avait demandé quelque chose de chouette, il ajouta :

- En plus, si je ne reviens pas, Baen va être en roue libre, ça sera intenable pour vous.

****

Kat eut un léger rire à sa plaisanterie - qui n’en n’était pas vraiment une, la Coupe du Monde de Quidditch était littéralement l’évènement de cette année - et cela lui fit un peu de bien. Il avait appréhendé cette fête, il appréhendait toujours un peu, dans le fond. Voir qu’ils arrivaient à discuter normalement l’apaisait un peu. Lorsqu’elle lui révéla que le terme était prévu pour le quatre novembre - dix-neuf jours avant l’ouverture de la Coupe - il hocha la tête.

- Trois semaines de vie, c’est par-fait pour apprécier le spectacle d’ouverture, prétendit-il, faussement sérieux. Abandonnant cette mine, il ajouta. À peu de temps près, vous auriez pu partager un anniversaire. Elle était du 24 novembre. En tout cas, il sera de l’année après à Poudlard, constata-t-il.

Comme Kat, ou Rachel, ou Sasha. Elles avaient eu l’avantage de passer leur permis de transplanage en avance. Lorsqu’elle lui proposa d’aller marcher dans le jardin, il fut pris un peu au dépourvu. Il n’avait pas encore salué leurs amis, qui étaient plongés dans une grande discussion un peu plus loin, mais... Peut-être qu’elle avait quelque chose à lui dire, sans être observés comme ils avaient pu l’être à leur arrivée. Ni Baen ni Rachel n’avaient rien manqué de sa bourde introductive.

- Oui, si tu veux, accepta-t-il en s’effaçant pour la laisser passer.

Ils se retrouvèrent derrière la serre, le regard clair d’Andrew se portant sur l’imposante maison et les jardins encore plus grands qui l’entouraient. C’était une propriété magnifique, tout de même. Les rayons du soleil venaient caresser les murs de la bâtisse et les différents parterres fleuris. Kat marchait à côté de lui, le gravier résonnant légèrement sous leurs pas.

- Ça va, répondit-il. Avec la Coupe du Monde qui arrive, mon père est très sollicité, comme moi, avec la Coupe de la Ligue à côté... Ma mère ça va ! Elle a de nouveaux élèves de piano, alors elle est contente.

Cela avait toujours été son rêve, d’enseigner la musique. Mais ce n’était pas très facile d’en vivre, surtout qu’elle n’avait pas pu s’y investir autant qu’elle l’aurait voulu après Poudlard, avec sa naissance... Depuis quelques années et le remariage de ses parents, elle avait revendu la librairie et s’était consacrée à la musique.

- Oscar est à Poudlard, la sixième année... Mais il va très bien réussir, on le sait tous. Susan est hyper chargée avec la Coupe du Monde aussi - sa petite soeur travaillait à la Ligue, à la communication - et Grace est rentrée en troisième année de kinémagie ! Elle est en stage, là. À Flaquemare, ajouta-t-il avec un petit sourire. C’est de famille.

Elle voulait être kinémage du sport alors le faire dans un club de Quidditch s’était imposé comme une évidence.

- En somme, tout le monde va bien.

Il haussa légèrement les épaules.

- Et toi ? Ahren est toujours Ahren ? Il est content de devenir oncle ?

Il n’avait pas croisé son camarade depuis plusieurs années mais c’était loin de le déranger.



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