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KID B [Joséphine, Igniacio & Angus]

Angus Rice
Angus RiceGrande Prêtresse d'Aresto
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KID B [Joséphine, Igniacio & Angus] Icon_minitimeDim 11 Fév 2024 - 17:56
19 septembre 2023

Angus n’avait pas remis les pieds dans ce café de Leopoldgrad depuis plus de onze ans. La décoration avait changé et l’irlandais détonnait encore– si ce n’est plus- avec le décor. Il n’avait toujours pas pris rendez-vous  chez le coiffeur- ni chez le barbier- et sa tenue aurait mérité un petit sortilège de repassage mais sa mise était bien le cadet de ses soucis ces jours-ci (et d’une manière générale, soyons honnête). Il balaya la pièce du regard en convoquant le souvenir de son dernier passage ici. Le mobilier était différent  mais la vue sur les buildings de  la ville mouvante demeurait toujours aussi impressionnante. Pourtant Angus était un peu  trop préoccupé pour apprécier pleinement le paysage en cette belle matinée de septembre.
L’ancien milicien prit place à une table quatre personnes située devant la baie vitrée et commanda – une fois n’est pas coutume- un café.

C’était dans ce lieu que sa collaboration avec Joséphine avait commencé. Elle l’avait surpris en plein rendez-vous avec une potentielle mère porteuse et elle avait décidé de candidater au poste, en quelque sorte.
Angus se souvenait assez bien de cette conversation où la jeune femme s’était invitée à sa table.  Ils s’étaient livrés sur leurs attentes respectives dans ce projet qui avait rapidement fait consensus : Aucune négociation n’avait été nécessaire pour fixer les limites imposées à chacun. Joséphine avait évoqué son don de voyance, puis ils avaient parlé du suivi de la grossesse et  des contreparties financières de ce projet.  

Dix mois après cette rencontre, Joséphine avait donné naissance à Ciaràn, puis elle était sortie de leur vie, comme convenu.

Elle avait rempli sa part du marché, et lui aussi d’ailleurs, mais Angus était sûr que lors de cet entretien Joséphine lui avait dit ne pas vouloir être mère, au sens conventionnelle du terme. Il s’en souvenait car cette affirmation l’avait rassuré : Elle n’essayait pas de concrétiser un projet d’enfant qu’elle n’avait pas réussi à construire avec quelqu’un d’autre. Elle lui avait dit fréquenter un homme – qu’Angus avait rencontré par la suite, le fameux Ignacio des Folies- mais leur relation ne semblait pas vraiment établie.

Même si Joséphine changeait d’avis concernant son désir d’enfant, Angus avait pensé avoir une poignée d’année d’avance …Pourtant, onze ans plus tard, Ciaràn se retrouvait avec une demi-sœur d’à peine dix mois sa cadette. Il s’en était fallu de peu pour que Louise et son fils soient dans la même année à Poudlard.

L’idée ne plaisait pas à Angus, très clairement. Il avait toujours joué la carte de la sincérité avec son fils : Il lui avait expliqué avec des mots simples comment il avait été conçu. Ciaràn savait que son père avait demandé à une femme inconnue de l’aider  à avoir un enfant et que cette femme – ma foi fort sympathique- avait accepté. Il ne s’était pas étendu sur les aspects financiers et juridiques car l’idée principale était là : Angus aimait Ciaràn avant même sa naissance et il avait tout fait pour qu’il existe.

Mais aujourd’hui, l’ancien milicien n’était plus tout à fait en accord avec sa conscience. Le visage de Louise hantait ses journées et ses nuits d’autant plus que la petite semblait très amie avec Alma Calder.

Alma , le principal sujet de conversation de Ciaràn quand il appelait son père le soir après les cours. « Alma et Victoria par si,… Alma et Victoria par là… »

Angus était heureux de voir son fils lier des amitiés –surtout après l’accident traumatisant qu’il avait vécu- mais il n’arrivait pas à pleinement  se réjouir. Il appréhendait l’idée que Ciaràn et Louise soient amenés à interagir l’un avec l’autre sans connaitre leur lien de sang.

Des profondes rides de contrariétés striaient son front à cette idée lorsque Joséphine et Ignacio apparurent dans le café. Angus leur fit un signe et il se leva pour leur serrer la main et les inviter à s’asseoir en face de lui.

« Qu’est-ce que vous prenez ? » demanda-t-il avant de passer leur commande au serveur qui patientait non loin de là. Il se racla la gorge et remonta les manches de sa chemise à carreaux sur ses avant-bras tatoués avant de regarder tour à tour Joséphine puis Ignacio.

« Je voulais vous appeler avant mais avec l’accident, c’était un peu compliqué ces derniers jours. »
Ils avaient forcément entendu parler du déraillement du Poudlard Express qui avait fait la Une de tous les journaux. Angus avait particulièrement mal vécu cet épisode et il l’avait fait savoir au directeur Forbes et au service des transports magiques du Ministère. Il avait fait partie de la délégation de parents reçue par le directeur de ce département et les murs de la salle de réunion du niveau 6 tremblaient encore des lourds reproches d’Angus Rice.
Ignacio Walker
Ignacio WalkerPropriétaire d'un haras
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KID B [Joséphine, Igniacio & Angus] Icon_minitimeLun 12 Fév 2024 - 7:04
Ignacio avisa le café de Leopoldgrad où Angus leur avait donné rendez-vous et traversa la rue pour le rejoindre. Joséphine lui avait expliqué que c’était ici qu’elle et Angus avaient esquissé les prémices du projet qui l’avait fait devenir mère porteuse de son fils et il avait songé qu’il aurait peut-être été de meilleur goût de choisir un établissement mais, pour ne pas envenimer une conversation qu’il redoutait déjà, il n’avait rien dit.

Joséphine et lui avaient longuement parlé de ce moment et même à plusieurs reprises depuis qu’ils avaient croisé Angus sur le quai du Poudlard Express. Maintenant que Louise et Ciaràn s’étaient officiellement rencontrés, la question se posait de savoir s’il fallait ou non leur révéler leur lien de parenté. Ignacio et Joséphine étaient rapidement tombés d’accord sur la même réponse : non, ce n’était pas franchement nécessaire. Pas dans l’immédiat, du moins ; Louise n’avait même pas encore fait sa rentrée à Poudlard et ne serait presque pas en contact avec Ciaràn pendant encore un an. Et puis, ce n’était même pas dit qu’ils se fréquentent réellement, puisqu’ils n’étaient pas dans la même année. Ignacio avait toutefois émis une réserve qui avait laissé Joséphine silencieuse un instant ; l’idée que, peut-être, dans un avenir lointain (très lointain !) Ciaràn et Louise puissent nourrir d’autres sentiments l’un envers l’autre, inconscients du lien de sang qui les liait.

Bon.

C’était effectivement une possibilité à examiner avec sérieux. Dans quelques années.

Pour l’instant, ils étaient tombés d’accord sur le fait que c’était une information que Louise était trop petite pour recevoir. Car il ne s’agissait pas seulement de lui expliquer qu’un jour, sa maman avait aidé un autre homme à avoir un bébé (ce qui aurait pu être un geste très altruiste) mais aussi que sa maman avait fait ça car elle était certaine de ne pas vouloir un enfant, qu’elle était tombée enceinte d’elle juste après avoir accouché de Ciaràn et qu’elle avait sérieusement songé à ne pas la garder auprès d’elle puisque son père était un homme de main dans un gang anglais et que son précédent emploi constituait à se prostituer.

Bon.

Ils avaient quelques réserves légitimes à émettre.

En entrant dans le café, ils repérèrent Angus sans difficulté. Ignacio lui serra la main avant de prendre place face à lui, à côté de Joséphine et une femme s’approcha d’eux pour prendre leurs commandes.

« Un café, s’il-vous-plaît. »

Il y eut un léger flottement après le départ de la serveuse, puis Angus lança la conversation en leur expliquant les raisons de son silence. Ignacio hocha la tête ; ils avaient effectivement entendu parler de l’accident du Poudlard Express et Joséphine en avait même eu une vision, quelques minutes avant l’accident. Cette évènement avait créé un scandale dans la communauté sorcière et avait contribué à raviver les rancœurs de certains sorciers sur le changement de l’antique locomotive.

« Ouais, j’imagine… » répondit Ignacio avec une légère grimace. Il était bien heureux que Louise n’ait pas fait sa rentrée cette année-là et envisageait très sérieusement de la déposer lui-même devant les portes de l’école l’année prochaine. « Ton fils va comment ? »


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Joséphine Walker
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KID B [Joséphine, Igniacio & Angus] Icon_minitimeLun 12 Fév 2024 - 22:18
Si on lui avait dit douze ans plus tôt qu’elle confierait un jour sa fille à Roy Calder, même pour quelques heures, Joséphine aurait certainement éclaté de rire. Pourtant, Ignacio et elle venaient de déposer Louise au haras où elle pourrait s’occuper de Cannelle sous la surveillance de Roy, pendant que ses parents retrouvaient Angus dans un café de Léopoldgrad.

La dernière fois qu’elle était entrée dans ce café, Joséphine était une femme très différente. Elle venait de quitter les Folies Sorcières avec perte et fracas. Son corps portait encore les marques laissées par les coups des Veilleurs. Elle était en quête de sens, et d’argent, et c’était ce qui l’avait poussée à se proposer comme mère-porteuse auprès d’Angus. Le projet, à l’époque, lui convenait parfaitement. Cela lui permettait d’utiliser son corps pour autre chose que de remplir les poches de la mafia, d’avoir le sentiment de faire quelque chose de bien, et de s’assurer un revenu. Et surtout, le contrat proposé par Angus exigeait qu’elle n’ait plus aucun lien avec l’enfant après sa naissance, ce qui lui avait semblé être la meilleure solution. Et malgré une séparation difficile après son accouchement, elle n’avait jamais douté de ce point. Les choses étaient mieux ainsi. Elle n’avait rien à faire dans la vie de cet enfant, et vice-versa.

Mais cet enfant avait aujourd’hui onze ans, et une demi-sœur d’à peine un an de moins que lui qui le rejoindrait à Poudlard l’année prochaine. Louise ne faisait pas partie du plan de départ. Joséphine se revoyait très bien affirmer à Angus qu’elle ne voulait pas devenir mère. Elle ne lui avait pas menti, ce jour-là. La vie lui avait simplement réservé quelques surprises. Des surprises qui la rendaient très heureuses aujourd’hui, mais qui avaient été très difficiles à accepter. Se confronter à Angus et devoir lui expliquer la situation la replongeait dans de sombres souvenirs, et Joséphine se sentait plus nerveuse qu’elle ne l’aurait imaginé.

Elle pressa doucement la main d’Ignacio dans la sienne, pour se donner un peu de courage et ils entrèrent dans le café où ils identifièrent rapidement Angus. Le couple s’installa en face de l’ancien milicien, et Joséphine commanda un expresso, même si une tisane aurait certainement été plus utile pour calmer ses nerfs.

"Oui, on a appris ça… Elle l’avait même appris quelques minutes avant l’accident, ce qu’elle se garda bien de préciser. J’espère que les enfants n’ont pas été trop perturbés…"

Elle fut reconnaissante à Ignacio de demander des nouvelles de Ciaran, ce qu’elle n’avait pas osé faire. Elle ne savait plus vraiment ce qu’elle pouvait ou ne pouvait pas dire à son sujet. Avait-elle le droit de s’inquiéter pour lui plus que pour d’autres ? De poser des questions à son sujet ? Le contrat était clair. Angus et elle n’étaient plus censés échanger la moindre information après l’accouchement. Bien sûr, le simple fait de se retrouver dans ce café violait déjà cette clause, et aucun article du contrat ne prévoyait les règles à suivre pour les demi-sœurs surprises, ils avançaient donc en terrain inconnu, et Joséphine ne savait pas comment se comporter.

Ils en avaient longuement parlé avec Ignacio, et ils étaient tombés d'accord sur le fait qu'ils préféreraient ne pas dire la vérité à Louise, du moins pas tout de suite. Il aurait été trop compliqué de lui révéler seulement une partie de la vérité et ils étaient conscients que, s'ils s'engageaient sur cette route avec elle, ils prenaient le risque qu'elle y découvre bien d'autres secrets. Joséphine n'était pas prête à avouer à sa fille qu'elle avait eu un autre bébé, dix mois avant sa naissance, un bébé qu'elle n'avait pas élevé car elle n'avait jamais voulu être mère.

Alors, même si Ignacio l'avait traumatisée en suggérant un éventuel rapprochement entre Ciaran et Louise qui lui avait donné des sueurs froides, Joséphine s'accrochait à l'espoir qu'ils puissent rester encore un peu dans le secret. Et elle espérait qu'Angus partagerait leur position.


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KID B [Joséphine, Igniacio & Angus] Icon_minitimeSam 17 Fév 2024 - 6:08
Angus apprécia qu’Ignacio prenne des nouvelles de Ciaràn.

« Ca va, En toute objectivité, son fils allait bien mais Angus ruminait cet accident depuis plus de deux semaines maintenant, Il était avec la petite d’Avalon et Roy quand c’est arrivé. Les gamins ont surtout eu très peur car une autre copine s’est blessée dans l’accident. Elle s’est ouvert le crâne et foulée la cheville.  Les gosses étaient perdus, ils ne savaient pas vers qui se tourner et en plus le train commençait à brûler…»

Le visage d’Angus s’assombrit. De son point de vue, ils avaient frôlé la catastrophe avec ce déraillement. C’était tout bonnement inadmissible. Les institutions avaient eues de la chance que les gamins soient un minimum dégourdis et qu’ils ne cèdent pas à la panique. Un mouvement de foule pouvait s’avérer fatal, les personnes présentent au Bloody Sunday du Chemin de Traverse en 2008 ne le savaient que trop bien. Mais les élèves étaient restés remarquablement calmes et organisés :  Ciaràn lui avait même  raconté que certains d’entre eux avaient pris en charge les adultes blessés.

Dire que tout ceci était arrivé à cause d’une locomotive sans chauffeur !

Angus n’était pas content du tout et  le discours d’apaisement servi par le ministère avait fini de le mettre en rogne. Lors de la réunion  avec le directeur du département des transports magiques, on lui avait demandé, à lui, de se calmer ! Angus s’était fâché tout rouge. Il avait fini par dire à Eiluned « Je sors parce que je vais lui en mettre une à l’autre cognard ! » Et en tant que membre de la PM, ça la foutait plutôt mal.

Aujourd’hui, il n’était toujours pas apaisé mais il ne comptait pas cracher son venin devant Joséphine et Ignacio. Ils n’étaient pas là pour ça.

« Mais ça va, les élèves plus vieux ont été remarquables, expliqua-t-il, Ciaràn a été pris en charge par un préfet  qui s’est super bien occupé du petit groupe. Angus esquissa enfin un sourire. Son fils n’avait pas tari d’éloge sur le fameux « Oscar ». D’ailleurs Angus voulait absolument le rencontrer et le remercier personnellement pour son intervention. En plus c’est le préfet de sa maison. Dit-il avant de se tourner plus spécifiquement vers Joséphine, Il a été réparti chez Serdaigle. »

Il n’était pas sûr que cela l’intéresse, songea-t-il alors. Théoriquement, ils étaient censés ne plus avoir la moindre interaction au sujet de leur fils. Le contrat était clair et Angus l’avait relu pas plus tard que le matin même. Mais ça, c’était avant de connaitre l’existence de la petite Louise.
Angus ne comptait pas tourner autour du chaudron pendant des heures. Il recentra donc la conversation sur le sujet qui les intéressait tous les trois.

«  Bref, on est pas là pour parler de Ciaràn. Enfin si, mais pas que de lui, rectifia -t-il  en observant tour à tour Joséphine et Ignacio, Voila, je ne vais pas vous le cacher, j’ai été très étonné de découvrir l’existence de votre fille l’autre jour. Il accompagna sa phrase d’un léger sourire pour qu'elle ne soit pas perçue comme un reproche. Il était conscient de marcher sur des œufs puisque personne n’avait à se justifier de son désir d’enfant : il était bien placé pour le savoir, Et j'ai trouvé ça perturbant de voir Louise  interagir avec Ciaràn.  Il se racla la gorge, Leur faible différence d’âge va les amener à se côtoyer très certainement à l’avenir et ce constat a soulevé énormément de questions. Des questions que vous avez sans doute dues vous poser bien avant moi. Joséphine et Ignacio connaissaient cet état de fait depuis le début contrairement à Angus qui venait tout juste de le découvrir. « Du coup, j’aimerai bien avoir votre avis sur la situation et savoir ce que vous avez imaginé pour la gérer au mieux. »

Angus avait bien quelques idées mais il tenait à connaitre la position du couple avant de les exposer...
Ignacio Walker
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KID B [Joséphine, Igniacio & Angus] Icon_minitimeDim 18 Fév 2024 - 22:21
Le fils d’Angus se portait bien, malgré l’accident du Poudlard Express qui faisait couler beaucoup d’encre dans les journaux. Le drame avait été évité de justesse mais les parents étaient – à raison – très remontés contre le Ministère et contre l’école. A l’occasion des articles qui étaient sortis, Ignacio avait pu découvrir quelques éléments qu’il ne possédait pas, lui qui n’avait pas fait sa scolarité en Angleterre. Comment ça, les élèves faisaient le trajet seuls, sans membre de l’équipe pédagogique pour les accompagner ? Comment ça, leur surveillance était confiée à d’autres enfants, les fameux préfets dont les plus âgés étaient à peine majeurs ? Et pourquoi les parents ne pouvaient pas simplement décidés de déposer leurs enfants devant les grilles du château, comme c’était le cas dans la plupart des pays du monde ? Quel était le sens de ce voyage en train, alors que le monde sorcier comptait au moins trois moyens de transport beaucoup plus rapides et qui ne risquaient pas de s’encastrer dans un arbre ?

C’était absurde.
Mais Ignacio ravala ses remarques car ce n’était pas exactement l’endroit idéale pour se lancer dans un tel débat. Quoique, vu l’air qu’affichait Angus, il serait probablement d’accord avec lui, ce qui n’était pas dit quant à l’autre sujet qu’ils devaient aborder aujourd’hui.

Ciaràn et Louise.

Ciaràn qui avait été réparti à Serdaigle – la maison que Louise rêvait de rejoindre – et qui se liait d’amitié avec Alma Calder, la meilleure amie de leur fille.

Cette idée ne lui plaisait pas beaucoup.

Tout comme la remarque d’Angus, lancée pourtant avec un sourire. Ignacio sentit quelque chose remuer en lui, comme un sentiment d’indignation qu’il garda enfermé dans son ventre sans lâcher le policier des yeux. Il n’avait pas franchement envie de justifier l’existence de sa fille ni d’admettre qu’eux aussi en avaient été très étonnés. Il garda donc le silence, préférant ne pas se laisser guider sur un chemin qu’il ne voulait pas emprunter. Mais la suite n’arrangea pas son malaise intérieur ; le pire étant qu’Angus avait raison : ils avaient eu une dizaine d’années pour se préparer et réfléchir à ce moment, ce qu’ils n’avaient finalement fait que très précipitamment la semaine dernière.

Mais ce n’était pas non plus quelque chose qu’Ignacio avait envie d’avouer.

Plutôt bon menteur – et il remerciait sa carrière dans le commerce pour ça – Ignacio croisa les mains devant lui et soutint le regard d’Angus alors qu’il répondait :

« Oui et en même temps, on n’était pas certains que ça poserait problème un jour. On a longtemps hésité à déménager en France ou aux Etats-Unis. » expliqua-t-il. Ce qui n’était pas faux. Il se garda simplement de préciser que cette idée, si elle avait été présente dans les premières années qui avaient suivi la naissance de Louise, s’était aussi rapidement effacée de leurs esprits. « Mais c’est vrai qu’on commence à être bien installés sur le territoire et, surtout, Louise meurt d’envie d’aller à Poudlard. » Ce qu’il trouvait très curieux, en bon américain qu’il était.

Il échangea un regard avec Joséphine, assise à ses côtés puis se lança dans le discours sur lequel ils s’étaient entendus :

« On n’a pas dit à Louise que Joséphine avait porté un autre enfant avant elle. On a prévu de le faire un jour mais, pour l’instant, on estime que ce n’est pas le bon moment pour elle. »

Enfin, plutôt pour eux.


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Joséphine Walker
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KID B [Joséphine, Igniacio & Angus] Icon_minitimeLun 19 Fév 2024 - 8:38
Joséphine fut rassurée d'apprendre que Ciaran allait bien. Ils avaient déjà eu un récit plus ou moins objectif de ce qui s'était passé à bord du train -via Louise qui avait supplié sa mère de lui prêter son Pear pour appeler Alma. On aurait pu croire qu'un accident si grave aurait tempéré un peu l'impatience de la fillette de faire sa rentrée à Poudlard mais il n'en était rien. Elle craignait en revanche que ses parents ne soient effrayés par cet accident et redoublait d'arguments pour leur vanter les mérites de l'école de magie anglaise. Elle leur avait longuement expliqué que, puisque le train avait déraillé cette année, il allait subir beaucoup de contrôles et qu'il était statistiquement très improbable qu'il déraille à nouveau l'année prochaine.

"Tant mieux, répondit-elle avec soulagement quand Angus expliqua qu'un préfet avait pris en charge les plus jeunes et s'était très bien occupé d'eux. Oh c'est bien ça, ajouta-t-elle quand elle apprit que Ciaran avait été reparti à Serdaigle. Ça lui plait ?"

C'était la maison que souhaitait rejoindre Louise, pour de nombreuses raisons, dont le fait que leur salle commune était "la plus belle" et que leurs uniformes étaient bleus, mais aussi parce qu'elle aimait les valeurs de la maison. Joséphine s'en servait régulièrement contre elle, quand elle ne la trouvait pas assez sage, ce qui marchait plutôt bien. N'ayant jamais été répartie elle-même, elle se demandait si le fameux "Choixpeau", dont elle avait beaucoup entendu parlé, tenait compte des préférences.

Elle aurait voulu poser la question à Angus mais n'en fit rien. Ils n'étaient pas venus ici pour discuter des spécificités un peu loufoques de Poudlard. Le policier ne tarda d'ailleurs pas à aborder le sujet qui les intéressait, et Joséphine sentit son ventre se nouer.

"Louise a été une surprise pour nous aussi..." répondit-elle en s'efforçant de rendre son sourire à Angus.

Elle savait qu'elle n'avait pas à se justifier mis elle n'avait pas envie qu'il pense qu'elle lui avait menti ce fameux jour, il y a douze ans, dans ce même café. Elle ne voulait pas non plus s'entendre reprocher d'avoir planifié cette situation depuis le début alors qu'elle leur était tombé dessus sans qu'ils ne l'aient vraiment choisi.

Elle hocha la tête quand Angus poursuivit en avouant qu'il avait été perturbé de voir Louise et Ciaran discuter ensemble. Joséphine avait été complètement bouleversée elle aussi. Elle se souvenait s'être sentie très mal à l'aise, et elle se souvenait également de cette peur irrationnelle qui l'avait saisi aux tripes. Cette peur que la vérité éclate d'un seul coup, et révèle aux grands jours tous les secrets qu'ils avaient gardés de Louise.

Joséphine redoutait un peu la réaction de Ciaran, s'il venait à apprendre la vérité un jour, mais elle se figurait que le choc serait moins violent. Si Angus avait suivi la ligne de conduite qu'il s'était fixé, douze ans plus tôt, son fils savait déjà qu'il avait une mère biologique, quelque part, qui n'avait jamais voulu d'enfant et qui avait simplement permis à son père à en avoir un. Apprendre qu'elle était cette mère biologique serait un chamboulement, mais il était parfaitement libre de lui en vouloir, même de la détester s'il le souhaitait. Ce n'était pas ce que souhaitait Joséphine, et elle savait que si Ciaran en venait un jour à la détester, elle en souffrirait, mais cela n'affecterait pas la relation entre eux, puisqu'il n'en avait aucune.

C'était autrement plus compliqué avec Louise. Elle avait tellement peur de ce que sa fille pourrait penser d'elle, si elle apprenait la vérité. Que dirait-elle de cette mère, qui avait abandonné un autre bébé, quelques mois avant sa naissance, et qui ne lui en avait jamais parlé ? Que penserait-elle de ces parents qui lui avaient caché tant de secrets ? Elle pouvait tolérer d'être détestée par Ciaran, mais pas par sa propre fille.

Le regard de Joséphine croisa celui d'Ignacio à côté d'elle et elle l'encouragea à poursuivre, ce qu'il fit en expliquant qu'ils n'avaient rien révélé à Louise de la première grossesse de Joséphine et qu'ils n'avaient pas l'intention de le faire tout de suite.

"Si on lui révèle ça, il y a d'autres choses qu'il va falloir qu'on lui dise, reprit Joséphine en croisant le regards d'Angus. Le fait que sa mère ne voulait pas d'enfants, entre autre chose, où la façon dont elle avait rencontré le père de Ciaran. Et elle est encore petite. Elle était toujours trop petite, à leur yeux. On a encore un an avant qu'elle ne rentre à Poudlard, peut-être qu'on pourrait attendre jusque-là et voir comment ça se passe ? Peut-être qu'ils ne seront pas si proches ?"

Sa voir trahissait un espoir auquel elle avait du mal à croire elle-même. Elle s'y accrochait malgré tout. Ciaran était ami avec Alma Calder aujourd'hui, mais ils avaient été répartis dans des maisons différentes et les amitiés à cet âge se faisaient et se défaisaient très rapidement. Peut-être que, lorsque Louise arriverait à Poudlard, elle serait elle aussi répartie dans une autre maison et qu'ils ne seraient pas amenés à se fréquenter.


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KID B [Joséphine, Igniacio & Angus] Icon_minitimeMar 20 Fév 2024 - 7:24
Si Ignacio ne s’étendit pas sur cette question, Joséphine laissa entendre que le couple n’avait pas planifié la venue de Louise. Angus hocha la tête. Il ne savait pas si Joséphine disait vrai. Peut-être que la naissance de Ciaràn avait réveillé ses instincts maternels et son désir d’enfant mais qu’aujourd’hui, c’était plus simple de lui faire croire que l’arrivée de Louise était un heureux accident pour ne pas lui donner l’impression qu’elle lui avait menti.

Quoiqu’il en soit, le problème n’était pas là. Joséphine et Ignacio n’avait pas de compte à lui rendre mais force était d’admettre que Louise était une fillette de dix ans qui venait de rencontrer son demi-frère quinze jours plus tôt, sans le savoir. Ignacio avait beau dire qu’il n’était pas certain que cela poserait un problème un jour parce qu’ils avaient envisagé un temps de déménager à l’étranger, les faits disaient le contraire.

Angus passa une main dans sa barbe, l’air passablement soucieux. La conversation était mal embarquée, il le sentait. Ignacio tournait autour du pot et l’intuition du policier se vérifia lorsque l’ancien barman lui révéla que Louise ignorait tout de Ciaràn.

« Vous ne lui avez rien dit ? » La phrase lui avait échappé mais l’étonnement primait.

Angus avait bien du mal à comprendre cette stratégie : Ils avaient laissé grandir leur fille sans lui avouer qu’elle avait un demi-frère de dix mois son ainé, demi-frère qu’elle risquait fort de croiser sur le quai de la gare en cette rentrée 2023 … et pendant six ans de scolarité ensuite. Les faits étaient là.

Il aurait compris l’omission si les Walker s’étaient effectivement installés à l’étranger mais là, très clairement,  Angus ne voyait pas l’intérêt à maintenir Louise dans l’ignorance.

« On estime que ce n’est pas le bon moment pour elle. »
« Et elle est encore petite. »

Angus retint sa remarque cette fois. Pour rester poli, il trouvait que Joséphine et Ignacio se fourvoyaient totalement. Ils érigeaient eux-mêmes un mur entre Louise et la vérité. Brique par brique. Ils étaient pris dans cet engrenage depuis dix ans déjà : Plus ils attendraient, plus la vérité serait difficile à dire…et à entendre pour Louise.  D’autant plus que le processus était déjà enclenché. Les enfants s’étaient rencontrés. Ils avaient même échangé quelques mots sans connaitre leur lien de sang.
En soit, Angus n’avait pas son mot à dire sur les choix des Walker mais cette omission impactait ses codes en matières d’éducation et rentrait en conflit avec sa propre ligne de conduite.

« On a encore un an avant qu'elle ne rentre à Poudlard, peut-être qu'on pourrait attendre jusque-là et voir comment ça se passe ? Peut-être qu'ils ne seront pas si proches ?"

« Et s’ils le deviennent Joséphine. S’ils deviennent proches, comme tu dis. Lança Angus en se penchant au dessus de la table. Il regarda Ignacio, Vous pensez vraiment que ce sera plus facile de leur révéler la vérité à ce moment là ? » Il laissa passer quelques secondes, «  Je ne crois pas. Plus on attend, plus ça sera compliqué, moins on ne se sentira de le faire car une révélation aussi choquante entamera trop la relation de confiance que nous voulons tisser avec nos enfants. »

Joséphine émît une objection : Si elle se lançait dans des aveux elle allait être obligé de révéler d’autres aspect de son passé. Angus devinait qu’elle faisait sûrement allusion à ses activités de prostituée aux Folies.

« Je ne crois pas non. Vous pouvez très bien garder le secret sur votre vie privée. Votre vie avant elle. » Il les regarda tour à tour et s’arrêta sur Joséphine, Par contre, tu peux lui dire que tu as fait le choix, à un moment donné de ta vie, d’aider quelqu’un comme moi à avoir un enfant. Tu n’as rien fait de mal dans cette démarche, argua-t-il, tu m’as aidé à me sentir pleinement heureux. Tu as mi au monde un enfant merveilleux. Tu lui as donné la vie pour que je puisse l’aimer ! Tu penses vraiment que Louise serait incapable de comprendre ça ? »
Joséphine Walker
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KID B [Joséphine, Igniacio & Angus] Icon_minitimeMar 20 Fév 2024 - 9:00
L'étonnement d'Angus fit voler en éclat le peu d'assurance de Joséphine. L'ex-milicien n'ajouta pas de commentaire mais sa réaction parlait pour lui. Il pensait clairement qu'Ignacio et elle avaient pris la mauvaise décision en cachant la vérité à Louise. La surprise d'Angus réveilla toutes les vieilles craintes de Joséphine. Elle avait toujours eu peur de faire les mauvais choix pour sa fille. Elle s'imaginait que c'était des doutes que tous les parents traversaient, mais qui avait été très difficile à dépasser pour elle. Aujourd'hui elle estimait qu'ils s'en étaient plutôt bien sortis, avec Ignacio. Louise était une petite fille heureuse, leur famille était soudée.

Il suffit pourtant de cette remarque d'Angus pour qu'elle ne soit plus une mère de famille accomplie et qu'elle redevienne la femme pleine de doutes qu'elle avait été lors de la naissance de Louise. Elle était certaine que, quelques jours plus tôt, Ignacio et elle avaient trouvé des dizaines de bonnes raisons de ne pas révéler la vérité à Louise tout de suite, mais elle n'arrivait plus à en trouver aucune pour contrer l'étonnement d'Angus.

Les arguments de l'ex-milicien avaient du sens, elle était obligée de l'admettre. Elle savait qu'il avait raison, quand il affirmait que plus ils attendaient, plus ce serait difficile de révéler ces secrets. Mais elle avait le sentiment que ce serait difficile dans tous les cas, alors était-ce un crime de vouloir retarder un peu l'échéance ?

Angus semblait croire que les choses ne seraient pas si difficiles que ça, qu'ils pouvaient garder le secret sur leur vie avant Louise, et que cette dernière serait capable de comprendre ce que sa mère avait fait pour Angus et Ciaran. Présentée comme il le faisait, les choses paraissaient effectivement simples, mais Joséphine savait que ce ne serait pas si facile en pratique, quand elle se retrouverait face à sa fille et à toutes ses questions.

"C'est sûr que présenté comme ça... Angus la faisait presque passer pour une sainte. Ils savaient tous les deux que c'était un peu plus compliqué que ça. A commencer par le fait que Joséphine n'avait pas fait ça bénévolement, ce que Louise n'avait pas à savoir pour le moment. Je sais que Ciaran est très heureux avec toi, ça se voit, assura-t-elle avec un sourire. Mais pour Louise, qui a grandi avec ses deux parents, ne pas connaitre sa maman c'est... C'est horrible. Et je... J'ai peur qu'elle m'en veuille, d'avoir fait ça à Ciaran."

Elle se montrait bien plus honnête et vulnérable qu'elle n'avait prévu de l'être. Elle aurait voulu pouvoir rester plus formelle, s'en tenir à parler de ce qui était mieux pour les enfants, mais sur ce terrain-là l'argumentaire d'Angus était infaillible. Ignacio et elle avaient fait de mauvais choix, et elle ne pouvait plus qu'essayer de les justifier, et expliquer qu'ils les avaient fait avec de bonnes intentions.

La question n'était même plus de savoir s'ils devaient parler à Louise du fait que sa mère ait eu un autre bébé avant elle, il s'agissait de lui révéler l'identité de ce premier enfant. S'ils leur disaient la vérité, Louise et Ciaran seraient au courant qu'ils étaient demi-frère et demi-soeur. Joséphine avait du mal à envisager toutes les conséquences que pourraient avoir cette révélation.

"Et si on leur disait, reprit-elle, hésitante. Hypothétiquement, précisa-t-elle. Comment tu penses que Ciaran réagirait, s'il apprenait que Louise est sa demi-soeur ?"

Le simple fait de prononcer ces mots à voix haute la perturbait. C'était surréaliste. Ciaran était censé être cet enfant avec qui elle n'aurait aucun contact, qu'elle ne rencontrait jamais. Et d'un seul coup, il pouvait devenir le demi-frère de sa fille. Cette discussion pouvait radicalement changer le cours de leur vie, et elle n'était pas certaine d'être prête à affronter ce bouleversement.

"Parce que Louise..."

Elle ne termina pas sa phrase et se tourna vers Ignacio. Ils connaissaient leur fille et, si elle leur pardonnait ce secret, elle serait certainement ravie d'apprendre l'existence de ce demi-frère. S'ils se lançaient dans cette voix, il allait être difficile de s'arrêter à mi-chemin.


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Ignacio Walker
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KID B [Joséphine, Igniacio & Angus] Icon_minitimeMer 21 Fév 2024 - 6:31
L’étonnement d’Angus heurta Ignacio à un endroit assez sensible chez lui et intensifia le sentiment d’indignation qui ronronnait dans son estomac. La désapprobation était visible dans les yeux du policier qui s’empressa de leur expliquer sur le ton de l’évidence pourquoi leurs réserves étaient infondées, comme s’il avait une fine connaissance de leur fille et de la manière dont elle pouvait réagir à une telle révélation. Il balayait leurs craintes en tant que parents comme si elles ne valaient rien et ne méritaient même pas d’exister. Les sourcils d’Ignacio se froncèrent légèrement mais il préféra garder le silence, laissant Joséphine répondre à la question qui lui avait été adressée.

Si Ignacio était aussi piqué par la remarque d’Angus, c’était parce qu’il savait, au fond de lui, qu’il n’avait pas foncièrement tort. Cela ne servait à rien de se voiler la face ; ils ne pourraient pas cacher indéfiniment la vérité aux enfants. Mais ce n’était pas la même chose de faire ce constat et de s’engager réellement dans une démarche auprès de Louise et de Ciaràn pour leur révéler leur lien de sang. Car tout ne s’arrêtait pas à la vérité ; il fallait ensuite assumer les conséquences derrière. Joséphine avait raison lorsqu’elle évoquait ses craintes quant à la réaction de Louise et Ignacio nourrissait les mêmes. Il connaissait sa fille, il savait qu’elle aurait du mal à comprendre pourquoi sa maman n’avait pas voulu s’occuper de ce premier bébé. Ignacio l’entendait déjà dire quelque chose comme : « d’accord, il a un autre papa, mais t’aurais pu le voir le weekend, comme ma copine Ellie avec ses parents divorcés ! »

Le deuxième point que souleva sa femme était tout aussi pertinent. Ignacio hocha la tête en croisant le regard de Joséphine en appuya ses paroles :

« Louise ne comprendrait pas que Joséphine n’est pas la maman de Ciaràn. » acheva-t-il finalement. « Et ça fait des années qu’elle nous demande d’avoir un frère ou une sœur, alors j’imagine qu’elle serait ravie de voir ce souhait enfin exaucé. » Ignacio laissa passer un court moment de silence avant d’ajouter : « C’est aussi pour ça qu’on la trouve encore petite pour comprendre tout ça. Toutes les subtilités de la situation, disons. C’est même pas juste une question de « juste » dire la vérité aux enfants, c’est une question d’assumer ce que ça peut provoquer comme bouleversements, dans nos deux familles. »



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Angus Rice
Angus RiceGrande Prêtresse d'Aresto
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KID B [Joséphine, Igniacio & Angus] Icon_minitimeVen 23 Fév 2024 - 8:09
Angus envisageait la situation à travers son propre vécu. Il avait fait le choix de révéler la vérité à son fils très tôt, estimant qu’il s’agissait là de la meilleure alternative.  Bien sûr, le policier avait gardé certains détails pour lui mais Ciaràn connaissait les grandes lignes de l’histoire. Angus ne se voyait pas lui mentir sur sa conception. Ils étaient les deux seuls membres de leur petite bulle familiale, ils devaient être en mesure de se faire confiance mutuellement.

« Je sais que Ciaran est très heureux avec toi, ça se voit. »

Cette remarque le déstabilisa un instant. Il s’apprêtait à boire son café mais il reposa sa tasse dans sa soucoupe avant qu’elle n’atteigne ses lèvres.  Il ne s’y attendait pas mais ce constat de Joséphine le touchait au cœur. Sans le savoir, elle venait de mettre le doigt sur la plus grande crainte d’Angus, celle qui l’avait animé depuis la naissance de son fils et qui l’inquiétait encore aujourd’hui.
Ciaràn était-il heureux ? Souffrait-il de l’absence de sa mère ? Angus avait-il été trop égoïste pour faire passer son désir d’enfant avant d’être en mesure de lui offrir la présence d’une mère aimante à ses côtés ?

Il avait parfois l’impression que le choix d’élever Ciaràn dans une famille monoparentale impliquait ce devoir d’exemplarité : Il fallait que son fils soit heureux. Angus le lui devait. Il ne pouvait pas se permettre d’échouer dans sa tâche. Il avait orienté toute son existence autour de son bien-être et il  avait l’impression d’avoir réussi – du moins jusqu’à aujourd’hui- mais cette crainte restait tenace et solidement encrée en lui.

Avec cette simple phrase, Joséphine balayait une partie de ses doutes et confortait Angus dans ses choix éducatifs.

Mais les choix du couple Walker semblaient bien différents des siens et Joséphine ne tarda pas à les justifier en exposant ses propres craintes.  Le policier ne pouvait pas rester insensible à son argumentaire. Il la comprenait quand elle disait craindre la réaction de sa fille. Aucun parent n’avait envie de décevoir son enfant.

« Louise ne comprendrait pas que Joséphine n’est pas la maman de Ciaràn. » appuya Ignacio pour aller dans le sens de sa femme.

Angus massa son front strié de fines rides. Il n’avait pas envisagé les choses sous cet angle. Il restait persuadé que Ciaràn et Louise devaient connaitre le lien qui les unissait mais force était d’admettre que les répercussions de cette annonce pouvaient s’avérer dévastatrices pour le couple. Angus ne cherchait pas à faire imploser la famille Walker,  il souhaitait simplement trouver une solution à l’amiable qui contente tout le monde.

Il était plongé dans ses réflexions lorsque Joséphine le questionna sur la potentielle réaction de Ciaràn s’il venait à apprendre toute la vérité. Comment réagirait –il en découvrant sa sœur et l’identité de sa mère biologique ?

« Honnêtement j’en sais rien, Il secoua la tête, je n’y ais même jamais réfléchi. Il releva les yeux vers le couple. Cette éventualité lui avait toujours semblé impossible, du moins, jusqu’à ce jour de rentrée scolaire 2023, J’ai toujours dit à Ciaràn qu’il ne rencontrerait  jamais sa mère biologique parce qu’elle avait accepté les clauses d’un contrat que j’avais moi-même fixées, alors de la à se découvrir une éventuelle sœur ! Angus secoua la tête, ce serait forcement un choc pour Ciaràn,  Il sait qu’il ne connaitra rien de sa branche maternelle excepté ce que sa génitrice  a bien voulu lui dire dans la lettre qu’elle lui a laissé. » Il se tourna alors vers Joséphine «  Je la lui ais donné mais il ne l’a pas encore ouverte. » Angus s’appuya sur la table tout en réfléchissant à ce que cela disait de Ciaràn. Il resta un instant dans ses réflexions avant de poursuivre :  «  Je pense qu’il n’est pas encore en quête de ses racines. Ce qu’il connait de lui et de ses origines semble lui convenir pour le moment et je ne suis pas sûr qu’il souhaite -ou qu’il se sente prêt- pour avoir des réponses aux questions qui se poseront un jour. » Il passa une main dans sa barbe «  Et pourtant, malgré ça,  je continue à croire que je dois lui révéler la vérité maintenant que je la connais.» Sur ce point, Angus n’avait pas varié d’un pouce même si le couple Walker tenait à lui faire prendre conscience de toutes les répercutions que cette annonce impliquait.

Leur deux familles seraient forcément impactées séparément… et conjointement. Que se passerait-il si Ciaràn avait envie de passer du temps avec sa mère ou sa demi-sœur ? Joséphine accepterait- elle ? Serait-elle prête à l’accueillir dans sa vie ? Elle n’avait pas signé pour se retrouver avec un fils de 11 ans et Ignacio encore moins…

Angus savait déjà qu’il ne supporterait pas l’idée de voir son fils rejeté par Joséphine et dans le même temps, il n’était pas certain d’avoir envie que Ciaràn intègre la vie de famille des Walker.  Ces émotions contradictoires le plongeaient dans un inextricable dilemme.

« C’est compliqué,  lâcha-t-il passablement désappointé, mais que voulez-vous qu’on fasse ? Qu’on ne leur dise rien, juste parce que ça nous arrange, nous ? » Il secoua la tête «  J’ai bien compris que vous vouliez attendre. »  Sur ce point Angus voulait bien faire un effort. Un petit effort. «  Pourquoi pas. Mais après ? On fait quoi ? Est-ce qu’on est prêt à mettre en place des choses pour qu’une relation fraternelle puisse exister entre eux s’ils en éprouvent l’envie ou le besoin ? Angus laissa passer un moment avant d’enchainer avec la deuxième question qui lui brûlait les lèvres,  Et vous ? Très honnêtement, insista-t-il, est-ce que vous vous sentez prêts à accueillir mon fils dans votre vie ? »

Il n'attendait pas une réponse immédiate  mais la question était légitime.
Joséphine Walker
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KID B [Joséphine, Igniacio & Angus] Icon_minitimeVen 23 Fév 2024 - 9:10
Joséphine hocha silencieusement la tête quand Angus lui apprit qu'il avait remis sa lettre à Ciaran, mais que ce dernier ne l'avait pas encore ouverte. Maintenant qu'elle vivait avec la possibilité de rencontrer l'enfant qu'elle avait porté, et de se présenter à lui comme sa mère biologique, elle aurait préféré qu'il ne lise jamais cette lettre.

Elle y avait expliqué qu'elle ne voulait pas d'enfant, et qu'elle ne serait jamais une bonne mère, qu'elle savait qu'il serait parfaitement heureux seul avec son père. Elle pensait chacun de ces mots quand elle les avait écrit, bien sûr. Ils étaient un peu plus difficiles à assumer onze ans plus tard, surtout avec une fille âgée de dix ans. Que penserait Ciaran s'il apprenait que ces mots avaient été écrits par la mère de sa camarade ? Et surtout, que ressentirait Louise si elle découvrait un jour le contenu de cette lettre ?

Perdue dans ses pensées, Joséphine prêtait une oreille distraite aux explications d'Angus, qui semblait croire que son fils n'était pas encore en quête de ses racines. Plus elle y réfléchissait, plus elle était certaine d'une chose : elle ne pouvait pas être à la fois une bonne mère biologique pour Ciaran -celle qui lui aurait donné la vie et qui en serait aussitôt sortie- et une bonne mère pour Louise. Soit ils gardaient le secret, ce qui impliquait de mentir à leurs enfants, mais permettait à Joséphine de conserver l'anonymat auprès de Ciaran, et de ne pas bouleverser sa vie en lui révélant l'identité d'une mère qu'il pensait ne jamais connaitre. Soit ils racontaient la vérité, et affrontaient les conséquences que cela aurait inévitablement sur leurs vies et celles de leurs enfants.

Angus semblait avoir déjà fait son choix, et Ignacio insista sur le bouleversement que représenterait une telle révélation, au sein de leurs deux familles.

"On fait quoi ? Est-ce qu’on est prêt à mettre en place des choses pour qu’une relation fraternelle puisse exister entre eux s’ils en éprouvent l’envie ou le besoin ?"

Joséphine consulta brièvement Ignacio du regard. Ils n'avaient pas été si loin dans leurs réfléxions de ces derniers jours. Ils étaient tombés d'accord sur le fait que révéler la vérité aux enfants provoquerait forcément de grands changements dans leurs vies, mais n'avaient pas songé à ce que représenterait concrètement ces changements. Etaient-ils prêt à laisser Louise construire un lien fraternel avec Ciaran si elle le souhaitait ? Cette idée mettait Joséphine mal à l'aise, parce qu'elle avait l'impression que Ciaran représentait cette vie d'avant et tous les secrets qu'elle avait caché à sa fille, et pourtant elle ne se voyait pas l'en empêcher.

"Si on leur dit la vérité, on aura pas trop le choix, non ? répondit-elle finalement. Je ne me vois pas les empêcher de faire connaissance, ils seront certainement curieux l'un vis-à-vis de l'autre..."

La prochaine question d'Angus la laissa sans voix. Elle n'avait pas réfléchi à ça. Elle s'était inquiétée de la réaction de Louise, de celle de Ciaran, de ce qu'ils pourraient penser de leurs parents, et de la relation entre eux. Mais elle, était-elle prête à accueillir Ciaran dans sa vie ? Ce bébé qu'elle avait porté, et à qui elle avait dit au revoir seulement quelques heures après sa naissance. Elle sentit son coeur se serrer et baissa momentanément les yeux sur ses mains, nouées sur ses cuisses. Se séparer de Ciaran avait été plus difficile qu'elle ne l'aurait cru, mais elle était toujours restée persuadée qu'il s'agissait de la meilleure chose à faire, pour lui comme pour elle. Aujourd'hui, les choses étaient différentes, et cette séparation n'était peut-être plus la meilleure option.

Le simple fait de s'imaginer parler à Ciaran lui donnait le vertige. Une part d'elle fantasmait cette conversation. Elle avait tant de choses à lui dire, tant de questions à lui poser, elle voulait tout savoir de sa vie. Une autre part d'elle craignait qu'il lui refuse cette discussion, qu'il ne veuille rien savoir d'elle, même s'il apprenait un jour qu'elle était sa génitrice. Elle se sentait potentiellement prête à faire de la place pour cet enfant dans sa vie, mais la réciproque était-elle vraie ?

"Je... Je ne sais pas, répondit-elle à Angus en relevant les yeux vers Ignacio. Il faudra qu'on en parle mais je pense que... Que si c'est ce que veulent les enfants, s'ils veulent faire partie de la vie l'un de l'autre, on fera ce qu'il faut, non ?"

Ce qui impliquait qu'Ignacio et elle accueillent Ciaran et Angus dans leur vie, et que ce dernier laissent entrer la famille Walker dans le duo qu'il formait avec son fils. Ils étaient loin, très loin du cadre posé par le contrat signé douze ans plus tôt.


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KID B [Joséphine, Igniacio & Angus] Icon_minitimeSam 24 Fév 2024 - 10:23
Si les questions d’Angus étaient légitimes et nécessaires, elles laissèrent toutefois Ignacio silencieux. Il était incapable d’y répondre sincèrement, tiraillé par des émotions contradictoires qui n’étaient pas évidentes à identifier. La vérité avait cela de vertigineux ; une fois qu’elle était dite, il n’y avait plus aucun retour en arrière possible. Or, les trois parents détenaient une information qui avait le pouvoir de changer radicalement leurs dynamiques familiales, ce qu’Ignacio appréhendait un peu. Dans son esprit, Ciaràn ne s’était jamais incarné comme un enfant. Il était cette idée d’un bébé qu’il n’avait jamais rencontré même si, paradoxalement, il avait été davantage aux côtés de Joséphine pendant sa grossesse qu’avait pu l’être Angus. Ciaràn avait été confié à son père juste après l’accouchement et, ainsi, était sorti de la vie du couple.

Jusqu’à réapparaître sur le quai du Poudlard Express.

Ignacio avait été déstabilisé par cette vision et frappé par la ressemblance qu’il percevait entre le petit garçon et Joséphine. Ils avaient les mêmes yeux, la même chevelure rousse et, de ce qu’il avait entendu d’une conversation entre les enfants, la même passion pour la danse. Ces éléments tournaient en boucle dans son esprit depuis, créant un léger malaise qu’il ne savait pas comment expliquer.

Ce malaise s’intensifia au cours de cette conversation, alors qu’ils envisageaient précautionneusement de révéler la vérité aux enfants. Ignacio le savait ; s’ils expliquaient à Louise son lien de parenté avec Ciaràn, ils ne pourraient pas lui interdire de le voir par la suite ou l’empêcher de créer un lien avec lui. Il connaissait bien sa fille, il savait déjà qu’elle serait curieuse de ce frère avec qui elle n’avait pas grandi. Elle n’aurait que faire des subtilités de la démarche entre Joséphine et Angus, elle qui avait toujours désespérément eu envie d’avoir une plus grande famille. Souvent, Louise regrettait les grandes assemblées familiales qu’elle voyait chez ses amis.

Alors il faudrait accepter que sa fille ait un frère dont il n’était pas le père. Plus encore, songea Ignacio lorsque Joséphine tourna un regard vers lui, il faudrait accepter que cet enfant fasse éventuellement partie de leur vie car, s’il était désireux de connaître sa mère biologique, il aurait été cruel de lui refuser. Cette idée était déstabilisante et cet état s’entendit dans le silence qu’il laissa s’écouler.

Au fond, Ignacio craignait un peu que cette annonce chamboule l’équilibre de leur famille qui n’avait pas été facile à trouver. Joséphine avait été bouleversée par la naissance de Louise et une part de lui s’inquiétait de ce qu’elle pourrait ressentir face à ce premier enfant qu’elle avait porté.

« C’est compliqué, admit-il finalement. Mais je suis d’accord avec Jo, si on dit la vérité aux enfants, alors ça veut dire qu’on leur laisse la possibilité de faire ce qu’ils veulent de cette information… Et il faut qu’on soit prêts à en assumer les conséquences. » Cela signifiait accueillir éventuellement Angus et Ciaràn au sein de leur famille. L’idée était curieuse, déroutante. Ignacio ne la rejetait pas mais il avait du mal à l’appréhender. Il préféra interpeller le policier à son tour. « Et la question se pose pour toi aussi, d’ailleurs. Est-ce que tu serais prêt à laisser Ciaràn venir chez nous ? A accueillir Louise chez toi, si elle veut connaître Ciaràn ? » Il remua machinalement son café dans sa tasse. « En tout cas, il faut qu’on réfléchisse à tout ça avant de faire quoique ce soit. Qu’on y réfléchisse vraiment, je veux dire, avec ce qu’on est capables de faire, ou non. »


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KID B [Joséphine, Igniacio & Angus] Icon_minitimeLun 26 Fév 2024 - 5:54
La conversation soulevait énormément de scénarios qu’Angus n’avait pas forcément imaginé de prime abord. Evidemment qu’il souhaitait dire la vérité à son fils mais les incidences potentielles de cette annonce étaient multiples, diverses et impactantes pour tous les cinq.

Fort heureusement, il pouvait au moins être rassuré sur un point : la réponse de Joséphine à sa question le soulagea quelque peu. Même si elle semblait hésitante dans ses propos, elle se disait prête à faire «  ce qu’il faut » pour accueillir au mieux Ciaràn dans leur vie de famille. La danseuse chercha le regard de son mari qui abonda dans son sens. A partir du moment où les parents décideraient d’informer leurs enfants, ils devraient en assumer toutes les conséquences.
Absolument toutes, quel que soit le chemin prit par leurs enfants : Que se passerait-il si Ciaràn ou Louise préférait ignorer son frère ou sa sœur ? Ou si, au contraire, ils s’entendaient si bien au point de vouloir se côtoyer davantage ?

Angus prenait conscience petit à petit de la place que risquait de prendre les Walker dans sa vie et dans l’éducation de son fils.  Joséphine et Ignacio  allaient forcément faire partie de son futur. Ce constat était plus que perturbant pour lui. Il ne connaissait rien du couple, ni de leur méthode en matière d’éducation.

« Est-ce que tu serais prêt à laisser Ciaràn venir chez nous ? A accueillir Louise chez toi, si elle veut connaître Ciaràn ? »

Angus laissa passer un moment de silence. Accueillir Louise ne lui posait aucun problème en soit mais il avait beaucoup plus de mal à l’idée de laisser Ciaràn seul chez les Walker. Il avait entretenu une relation tellement fusionnelle avec son fils depuis 11 ans qu’il ne se voyait pas le confier à d’illustres inconnus. Et pas n’importe lesquels, deux membres des Veilleurs.  Angus avait complètement quitté cet univers après la naissance de son fils si bien qu’il ne savait pas vraiment si Joséphine et Ignacio s’étaient rangés depuis mais il était hors de question que Ciaràn côtoie des mafieux. Angus avait travaillé assez longtemps au sein de la police magique et de la Milice pour savoir que les enfants étaient toujours les victimes collatérales et innocentes des conflits entre gangs.

Et puis, il y avait ce dernier point de réticence chez Angus nettement plus personnel et dont il n’était pas particulièrement  fier. Admettons que Ciaràn côtoie les Walker, que ferait-t-il si son fils se plaisait vraiment avec eux ? Si son Piou avait envie de passer plus de temps au sein de cette famille, famille qu’Angus n’avait jamais pu lui offrir : Une seconde figure paternelle – plus jeune et surement moins déconnectée- une mère, une sœur…

Cette éventualité réveillait de vieilles insécurités chez l’ancien milicien. Les mêmes insécurités qu’il avait ressenties  lors des premiers mois de vie de son fils où il avait maintes fois imaginé Joséphine venir récupérer son bébé et l’emporter loin de lui.

Ses craintes étaient sans doute infondées mais Angus se rendait compte qu’il avait besoin d’un peu de temps, lui aussi, pour digérer et préparer ce bouleversement à venir.

« C’est possible, oui, fit-il d’un air pensif, mais je pense qu’il faut qu’on se prépare- nous même je veux dire- avant de l’annoncer aux enfants. Parce qu’en soit, on ne se connait pas tous les trois. Il regarda tour à tour Joséphine et Ignacio, J’imagine que vous n’avez pas envie de confier Louise à un parfait inconnu et moi je vous avoue que c’est pareil. J’ai besoin de voir qui vous êtes devenus  avant de prendre des décisions trop hâtives. »

Cette demande pouvait sembler quelque peu intrusive si bien qu’Angus décida de faire  le premier pas :

« On peut poursuivre la conversation chez moi si vous voulez. Vous verrez un peu mon cadre de vie et les conditions d’accueil de Louise, si ça doit arriver un jour… »
Joséphine Walker
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KID B [Joséphine, Igniacio & Angus] Icon_minitimeVen 1 Mar 2024 - 15:09
En théorie, ils semblaient tous les trois prêts à envisager de faire se rencontrer leur deux familles. Mais c'était une chose d'en discuter autour d'un café, et c'en était une autre de mettre ces promesses à exécution. S'ils s'engageaient réellement dans cette voie, cela signifiait qu'ils seraient potentiellement amenés à se côtoyer, tous les cinq, comme une drôle de famille décomposée.

Joséphine se sentait un peu dépassée par l'ampleur des répercussions possibles de leur discussion. Elle s'inquiétait de l'impact de leur décision sur les vies de Louise et de Ciaran. Elle connaissait sa fille et s'imaginait qu'elle serait ravie de se découvrir un demi-frère, elle qui se plaignait souvent d'être enfant unique. Mais elle pouvait se tromper. Peut-être Louise serait-elle jalouse de cet autre enfant que sa mère avait porté, peut-être verrait-elle ce demi-frère comme une menace venue troubler son cocon familiale ? Et si Ciaran avait d'autres envie ? Si l'un des enfant souhaitait créer un lien fraternel mais pas l'autre ?

Elle redoutait un peu la rencontre entre les deux enfants, mais ce n'était rien face à l'appréhension qu'elle ressentait à l'idée de rencontrer officiellement Ciaran, et de se présenter comme sa mère biologique. Elle avait peur de ce qu'il penserait d'elle, elle craignait qu'il ne la déteste ou qu'il lui en veuille, et elle avait peur de ce qu'elle-même pourrait ressentir. Depuis qu'elle l'avait revu le jour de la rentrée, sur le quai de la gare, elle était curieuse d'apprendre à le connaitre. Elle luttait contre cette curiosité parce qu'elle allait à l'encontre de ce qui était avait été prévu, mais c'était plus fort qu'elle. Elle voulait observer sa façon d'être, entendre sa voix, découvrir son caractère, apprendre ce qu'il aimait, ses passions, ses rêves.

Maintenant que cette possibilité se concrétisait et que sa curiosité pouvait être assouvie, l'idée la terrifiait. Et si elle en venait à regretter de ne pas l'avoir élevé ? Si elle ressentait soudainement le besoin de créer un lien avec son premier enfant et qu'il le lui refusait ? Ou pire, si elle ne le ressentait pas ? Si elle n'en éprouvait jamais l'envie ? S'il était trop tard ?

Joséphine avait mis du temps, à réussir à créer un lien avec Louise. Trop de temps. C'était quelque chose qu'elle regrettait terriblement et dont elle avait encore honte aujourd'hui. Pendant les premières semaines de vie de sa fille, elle n'avait pas réussi à se sentir proche d'elle. Elle n'était même pas certaine d'être capable de l'aimer. Et si la même chose se produisait avec Ciaran ? Personne n'attendait d'elle qu'elle devienne sa maman, mais s'il découvrait un jour son identité, elle voulait au moins lui offrir une chance de construire une relation avec elle. Et si elle n'en était pas capable ?

Angus avait raison, ils devaient se préparer eux-mêmes avant de parler aux enfants. Joséphine sentait qu'elle avait beaucoup de travail à faire de son côté. Il poursuivit en ajoutant qu'ils ne se connaissaient pas, tous les trois, et elle hocha silencieusement la tête. Elle avait l'impression de déceler une certaine méfiance derrière les propos de l'ancien milicien et, si elle ne pouvait pas l'en blâmer, elle en était un peu gênée. Angus n'avait certainement aucune envie de confier son fils unique à un couple qui, aux dernières nouvelles, était composé de deux membres des Veilleurs, et plus particulièrement d'une prostituée et d'un barman étrangement secret.

Elle devinait, derrière son envie de "voir ce qu'ils étaient devenus", le besoin de constater qu'ils avaient quitté ce milieu. Elle lutta contre l'envie de lui expliquer tout de suite qu'ils avaient quitté les Veilleurs. Elle n'avait pas vraiment envie de se lancer dans leur défense immédiatement.

Douze ans plus tôt, elle avait du prouver à Angus qu'elle était apte à être la mère biologique de son fils. Elle avait passé des examens médicaux, produit des bilans sanguins, s'était engagée à adopter un mode de vie sain pendant la grossesse. Aujourd'hui, elle avait l'impression de devoir lui prouver qu'elle était une bonne mère, et l'exercice lui semblait bien plus difficile. Elle avait pourtant élevé une petite fille de dix ans qui semblait parfaitement heureuse mais l'idée d'être jugée sur sa capacité à être un bon parent réveillaient en elle de vieilles incertitudes.

Elle se détendit légèrement quand Angus proposa de les accueillir chez lui, pour leur montrer son cadre de vie. Elle préférait effectivement qu'il se plie à l'exercice en premier.

"D'accord, répondit-elle après avoir rapidement consulté Ignacio du regard. On te suit. Elle termina d'une gorgée le fond de sa tasse de café. Et euh...Tu pourras passer à la maison ensuite, si tu veux ? On est installés à Oxford."

Histoire de constater qu'ils ne vivaient pas dans un bordel rempli de mafieux.


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KID B [Joséphine, Igniacio & Angus] Icon_minitimeDim 3 Mar 2024 - 21:51
Les trois parents arrivaient finalement à la même conclusion : ils avaient besoin de temps pour réfléchir aux conséquences de cette révélation. Ignacio ne voulait pas prendre une décision trop hâtivement car il n’était pas encore capable d’identifier ce qu’il ressentait à l’idée d’accueillir Ciaràn chez lui ou de laisser Louise à Angus pour qu’elle puisse nouer une relation avec son demi-frère. Il n’avait pas envie de fermer complètement cette porte parce qu’une part de lui savait que ce n’était pas juste pour sa fille mais il ressentait un léger malaise lorsqu’il se projetait dans un tel scénario. Joséphine et lui avaient mis un certain temps à trouver leur équilibre en temps que famille et, s’ils étaient parfaitement heureux aujourd’hui, Ignacio ressentait une forme d’appréhension à l’idée que cet équilibre puisse être bouleversé. Mais pour l’avoir vécu, il savait très bien que les enfants pouvaient nourrir une curiosité parfois maladive envers certains liens de filiation et il ne se sentait pas tout-à-fait à l’aise avec le fait de priver Louise et Ciaràn de ça, comme s’il venait trahir quelque chose chez lui aussi.

Alors il avait besoin de temps pour y penser et surtout pour évoquer plus longuement le sujet avec Joséphine. S’ils donnaient leur accord, il fallait qu’ils réfléchissent en amont au cadre que pouvait prendre cette nouvelle dynamique familiale. Angus en arriva aux mêmes conclusions et ajouta un autre élément qui attira l’attention d’Ignacio. « J’ai besoin de voir qui vous êtes devenus avant de prendre des décisions trop hâtives. » Le sous-entendu était limpide : hors de question que je confie mon fils à une prostituée et à un mafieux.

Ignacio n’aurait pas dû s’en formaliser et, si les positions avaient été inversées, il aurait peut-être été moins tendre dans le choix de ses mots. Mais la remarque d’Angus venait appuyer sur le point sensible de sa légitimité à être père et il n’aimait pas l’idée de devoir prouver sa valeur en tant que parent. Qu’est-ce qu’Angus s’attendait à trouver chez eux ? se demanda-t-il en attrapant sa tasse de café pour la vider d’une gorgée. Une baignoire remplie d’acide dans laquelle ils faisaient fondre des cadavres ? Une salle tapissée de velours où Joséphine recevait des clients après avoir couché leur fille ? Il aurait franchement préféré qu’Angus leur pose la question directement, plutôt que de la sentir dans son ton et son regard. Il reposa sa tasse un peu trop brusquement – lui qui était toujours si mesuré dans ses gestes – et se racla la gorge. Il tourna la tête vers Joséphine et finit par hocher la tête à son tour.

« Ouais, approuva-t-il. On doit juste aller chercher Louise pour dix-sept heures. » confirma-t-il en consultant sa montre. Il sortit son portefeuille et trouva quelques pièces pour régler sa consommation et celle de Joséphine. « Tu vis où, toi ? » demanda-t-il à Angus alors que les trois adultes se levaient pour rejoindre l’extérieur du restaurant et retrouver les rues animées de Leopoldgrad.



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Angus Rice
Angus RiceGrande Prêtresse d'Aresto
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KID B [Joséphine, Igniacio & Angus] Icon_minitimeDim 10 Mar 2024 - 9:36
Angus fit mine de ne pas percevoir la contrariété d’Ignacio pourtant une tension latente venait de s’installer autour de leur table. Il sentait que l’ancien barman nourrissait quelques réticences à l’idée qu’ils apprennent à mieux se connaitre et qu’ils se dévoilent leurs quotidiens respectifs…
Ignacio avait-il des choses à cacher ? Le couple entretenait-il encore des liens avec la mafia ?
Tout dans le comportement d’Ignacio le laissait entendre, songea  Angus habitué à déceler les mouvements d’humeur lors d’interrogatoires qu’il avait menés pendants plusieurs années au sein de la Milice. Il devait donc considérer cette éventualité très sérieusement. Il régla sa consommation et se leva tout en réfléchissant à cette possibilité et aux options qui s’offraient à lui, loin d’imaginer les véritables raisons de l’agacement de l’ancien barman.

« Je vis en Irlande, sur la cote atlantique. » répondit-il en rangeant son porte feuille dans la poche arrière de son pantalon.

Il ne s’était pas départi de son attitude détachée mais son cerveau fomentait déjà un plan d’action. Il avait gardé de bons contacts au service des renseignements –des gars comme Dane qui lui en devait une – et dès ce soir, l’ancien milicien allait activer son réseau pour savoir si Ignacio et Joséphine Walker entretenait encore des liens avec les Veilleurs de Bristol ou une autre organisation criminelle.

« Oxford, c’est sympa comme ville. Vous y êtes depuis longtemps ? »

Il allait les chercher, tous les deux, dans les fichiers de la police magique et il comptait bien faire une petite visite de courtoisie aux commissariats de Bristol et d’Oxford. Jamais trop prudent. S’il trouvait quoique ce soit qui puisse laisser entendre une quelconque activité illicite, Angus savait d’hors et déjà qu’il ne prendrait aucun risque : Il ne leurs confierait pas son fils. Jamais.

Fort de cette résolution, il guida tranquillement le couple jusqu’au miroir d’eau de la place Merlin.
«  On va rejoindre la transplaneuse publique de mon village et on finira à pied jusqu’à la maison… » Il s’engouffra le premier dans le passage miroitant sous le soleil de Leopoldgrad et déboucha sur la place vide de son petit village sorcier noyée sous un ciel bas et un crachin typique de la côte atlantique.

« Bienvenue en Irlande. » s’exclama-t-il en zippant sa parka imperméable kaki. Il remonta sa capuche sur sa tête et riva ses poings au creux de ses poches «  Le centre ville bouillonnant de Braon Liath. » Goutte grise, un choix toponymique  particulièrement adéquat. Il n’y avait pas âme qui vive sur la petite place du village cernée de maisons en pierre humide. Une épicerie/dépôt de pain/poste était toutefois éclairée entre le pub « ouvert à partir de 17h » et une devanture condamnée surplombée d’enseigne défraichie  « Pompes Funèbres Rice. »

« Venez c’est par là. » dit-il en indiquant d’un geste du menton une petite ruelle descendante à l’angle du commerce fermé. Ils empruntèrent une volée de marches pavées et quittèrent progressivement le village. Le chemin devint caillouteux, puis carrément boueux. Ils étaient cernés par un bas brouillard épais qui ne rendait clairement pas grâce au magnifique paysage verdoyant qu’ils étaient pourtant en train de traverser.

« Bon là, on voit rien mais  en bas il y a la rivière, Angus désigna une direction qui descendait en pente douce en contre bas du chemin mais qui se perdait rapidement dans le brouillard,  elle serpente jusqu’à l’océan.  On y est en 10 minutes à pieds en coupant par les champs. Ciaràn y va souvent. »

Ils débouchèrent alors sur une clôture magiquement électrifiée que l’ancien milicien désactiva pour laisser passer ses deux invités. « C’est pour les abraxans » expliqua-t-il avant de réactiver le dôme.

Une forme sombre se matérialisa alors, un peu plus bas au milieu de la brume : un tas de planches avec des clous rouillés entreposé au pied d’un vieux mobil-home délabré. Des poules en liberté coquetaient sur un tas de fumier un peu plus loin. Angus descendit dans l’herbe grasse jusqu’à la caravane.

« C’est la cabane de Ciaràn. Il y passe ses journées. » L’ancien milicien ouvrit la porte de ce qui avait été sa maison pendant de nombreuses années. «  Et ses nuits l’été, il aime bien dormir là. » Il désigna le lit un peu défoncé recouvert de plaids et de coussins à la propreté douteuse. « Qu’est-ce tu fais là toi ? » Un miaulement contrarié se fit entendre et une tête de flereur jaillit d’un édredon taché. Feudeymon appréciait moyennement d’être réveillé de sa sieste. Sors d’ici ! Allez Oust ! » Angus tapa  dans les mains et l’animal feula en s’enfuyant entre les jambes d’Ignacio.  Quel caractère de cochon celui là. »  Il regarda tour à tour ses deux invités qui n’était pas tout à fait équiper pour cette balade sous la pluie. «  Bon venez on va aller se mettre au chaud. »

Les trois parents remontèrent le terrain jusqu’à la dalle de béton fissurée qui faisait office de terrasse. Les chaises de jardin étaient toutes entassées sauf une, située à l’extrémité de la chape. Angus aimait bien s’y asseoir le soir pour observer le paysage alentour mais la météo du jour n’invitait pas vraiment à la contemplation.   Ils entrèrent donc dans la maison et furent accueillit par le vieux Nox dans son panier qui ne bougea pas d’un pouce. Seule sa queue frappa doucement le sol lorsque son maitre s’adressa à lui.

« Alors mon gros pépère. On est fatigué ? Tu te lèves même plus pour dire bonjour aux invités ? » Angus gratifia son chien de quelques grattouilles affectueuses derrière les oreilles avant de se redresser. « Il a de l’artrose. » expliqua-t-il comme si cela intéressait réellement Ignacio et Joséphine.  Il balaya alors le rez de chaussée du regard et ajouta «  Voila, c’est chez moi. »

L’endroit était assez fonctionnel, une partie cuisine ouverte sur un bar central et sur le salon, situé face à une grande baie vitrée donnant sur la terrasse. Le mobilier était simple et dépareillé. Il n’y avait pas de décoration aux murs, ni de plantes vertes, pas de babioles, ni d’objets décoratifs mise à part une étagère remplie de disques. Le canapé gris semblait aussi vieux que Nox . Un bol trainait encore sur l’ilot et une assiette ainsi qu’une bouteille de bière vide sur la table basse du salon.
Angus fit léviter le tout jusqu’à l’évier après avoir enlevé sa veste et débarrassé ses convives.

« Je vis seul. » finit-il par dire comme si l’évidence ne parlait pas d’elle-même. « Et j’ai personne dans ma vie. » crut-il bon de préciser sans s’étendre outre mesure. Il se racla la gorge et poursuivit «  La chambre de Ciaràn est à l’étage, venez  je vais vous la montrer. » Il grimpa l’escalier situé dans le fond de la pièce qui grinça légèrement sous ses pieds et tourna directement à gauche pour pousser la porte d’une belle chambre, lumineuse malgré la météo maussade,  parfaitement bien rangée. Les efforts de décoration contrastaient avec le reste de la maison. Du linge de lit coordonné, aux cadres sur les murs renfermant des photos de Ciaràn au jardin ou à la danse, en passant par le joli bureau en bois clair assorti à la malle à jouet, l’endroit était parfaitement bien entretenu.  Angus s’avança dans la pièce jusqu’au rebord de la fenêtre sur lequel il s’assit. Son piou aimait bien s’installer ici avec un bouquin. Il esquissa un léger sourire, le cœur serré et releva finalement le regard en direction du couple.

«  La chambre est assez grande. On peut rajouter un matelas si Louise veut venir passer un week-end un jour. » Il posa ses deux grosses paluches sur le rebord et  laissa passer un bref moment de silence « Mais avant il faut que je vous demande quelque chose et j’aimerais que vous me répondiez très sincèrement. Est-ce que vous êtes encore liés, d’une quelconque manière, avec la mafia ? »
Joséphine Walker
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KID B [Joséphine, Igniacio & Angus] Icon_minitimeSam 16 Mar 2024 - 9:18
Lorsque Joséphine avait choisi sa tenue ce matin-là, elle l’avait fait selon le programme de sa journée, qui se résumait à partager un café avec Angus avant son cours de danse de ce soir.  Elle avait pris en compte la faible distance qui séparait le café du miroir d’eau de la place Merlin et estimé qu’elle aurait peu de marche à faire et qu’elle pouvait donc se permettre des talons tout à fait vertigineux. Elle avait porté tant de talons hauts au cours de sa vie qu’elle les supportait très facilement -et qu'elle avait désormais mal aux pieds dès qu’elle enfilait des chaussures plates- mais elle aurait certainement opté pour des chaussures moins hautes (et une jupe moins moulante) si elle avait su qu’une promenade en pleine campagne irlandaise l’attendait.

En seulement quelques secondes, ils se retrouvèrent sur la place d’un petit village apparement désert et Joséphine frissonna dans son pull rose, qui semblait être la seule touche de couleur du paysage environnant, plongé dans la grisaille. La météo était encore relativement douce en ce mois de septembre -à Oxford du moins- et elle n'avait pas apporté de manteau. Elle promena son regard autour d'elle en se demandant si la place était parfois animée -après l'ouverture du pub peut-être- et suivit Angus en direction d'une volée de marches en pierre. Elle dut s’accrocher fermement au bras d’Ignacio pour progresser sur les pavés irréguliers d’une démarche hasardeuse.

"C’est pas drôle ! pesta-t-elle à voix basse en sentant le sourire amusé de son mari fixé sur elle. Je vais me faire une entorse et tu seras obligé de me porter !"

Elle espérait qu'Angus n'habitait pas loin. Ils s'éloignèrent du "coeur" du village et leur guide indiqua une direction qu'il affirmait être celle de l'océan. Joséphine essaya d'imaginer ce à quoi le paysage devait ressembler sans la pluie et le brouillard. L'endroit devait certainement être magnifique sous le soleil, mais on avait l'impression qu'il n'avait pas brillé ici depuis longtemps. Elle voulait bien croire que Ciaran adore venir ici, Louise aussi adorait aller à la plage.

Ils finirent par déboucher sur un vaste terrain que l'ex-milicien désigna comme étant chez lui. Joséphine avisa le sol boueux et maudit ses talons de douze centimètres. Elle échangea un bref regard avec Ignacio quand leur hôte les entraina en direction d'une vieille caravane rouillée mais fut rassurée quand elle l’entendit expliquer qu’il s’agissait uniquement de la cabane de Ciaran. Le ménage laissait à redire, mais elle imaginait que cette préoccupation n'empêchait pas le petit garçon de profiter de ce petit havre de paix rien qu'à lui.

Ils quittèrent donc la caravane, après en avoir chassé un drôle de chat, et se dirigèrent vers la maison, heureusement plus traditionnelle. L'endroit manquait un peu de décoration, et d'un coup de propre, mais était bien aménagé et fonctionnel. Toujours sur le seuil de la porte, Joséphine promena son regard autour d'elle en s'arrêtant sur tous les détails qui laissaient deviner des aspects de la vie quotidienne de deux occupants des lieux. Deux paires de chaussons -une immense et une beaucoup plus petite- étaient posées près de la baie vitrée, comme si elles attendaient que le père et le fils rentrent de ballade et cette vision lui tira un sourire.

Elle s'apprêtait à demander s'ils devaient retirer leurs chaussures -maculées de boue- mais avisa le sol qui aurait eu besoin d'un coup de balais et décida qu'elle n'avait pas vraiment envie de marcher pieds nus dans ce qui semblait être un mélange de poussière et de poils de chien. Elle finit par tirer sa baguette de son sac pour nettoyer ses escarpins. Ils étaient loin d'avoir récupéré leur éclat -elle n'était pas une excellente ménagère- mais ils n'étaient plus couverts de boue, contrairement aux chevilles de Joséphine qui restaient maculées de terre.

Angus leur précisa qu'il vivait seul -ce qu'ils auraient pu déduire de la vaisselle en exemplaire unique qui trainait sur la table, ou de l'absence d'une troisième paire de chaussons. Joséphine était parfaitement bien placée pour savoir qu'on pouvait très bien grandir sans la présence d'une mère à ses côtés, mais elle se demandait quelles femmes avaient une place importante dans la vie de Ciaran. Elle croyait se souvenir qu'Angus avait une soeur, et se demanda si celle-ci était proche de son neveu.

Leur hôte les invita à le suivre à l'étage, dans la chambre de Ciaran et ils furent saisis par le contraste entre cette pièce et le reste de la maison. Il y avait quelque chose de touchant à constater tous les efforts qui avaient été faits ici. Joséphine fut naturellement attirée par les photos accrochées au mur et les observa longuement. Ciaran y avait tout l'air d'être un petit garçon parfaitement heureux, son père avait fait du bon travail. Elle n’en a jamais douté, et avait même eu davantage confiance en la capacité d’Angus à élever Ciaran qu’en sa capacité à elle à élever Louise.

Elle se surprit à noter malgré elle les points communs entre les deux enfants. Un certain goût pour la scène, même si Louise avait préféré le théâtre à la danse. Un intérêt pour les cheveux, avec ou sans ailes. Ils ne manqueraient pas de passions communes, s’ils venaient un jour à se rapprocher. Plus elle y pensait, et moins l'idée la dérangeait.

"C'est une belle chambre, complimenta-t-elle en se retournant pour faire face à Angus. Il doit être bien ici. Vous êtes bien installés."

L'ex-milicien ne semblait toutefois pas disposé à parler décoration d'intérieure puisqu'il les interrogea de but en blanc sur leurs liens avec la mafia. Au fond, Joséphine était un peu soulagée qu’il pose la question, qui flottait entre deux depuis qu’ils se s'étaient rejoints dans le café, même s'il n'était jamais agréable d'être encore rappelée à ce passé qu'elle essayait de laisser derrière elle. C'était comme si, peu importait qu’ils aient consacré les dix dernières années de leur vie à élever leur fille du mieux qu’ils pouvaient, ils restaient une prostituée et un assassin. Elle-même avait mis du temps à ne plus se considérer ainsi, à se sentir légitime en tant que parent, mais elle avait réussi. Elle espérait qu'Angus y parviendrait aussi.

"Non, plus aucun lien, ni l’un ni l’autre, répond-t-elle pour éclaircir tout de suite ce point. J’avais déjà tout arrêté avant d’être enceinte de Ciaran. C'était dans le contrat qu'elle avait signé avec Angus. Et je n’avais pas repris quand je suis tombée enceinte de Louise -à peine six semaines plus tard. Je suis professeur de danse à Oxford, depuis."

En vérité elle était restée quelques années sans travailler, après la naissance de Louise, et avait commencé à donner des cours de façon régulière quand leur fille avait trois ans. Elle se tourna alors vers Ignacio pour le laisser répondre à son tour.


KID B [Joséphine, Igniacio & Angus] Signature-Jo
Ignacio Walker
Ignacio WalkerPropriétaire d'un haras
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KID B [Joséphine, Igniacio & Angus] Icon_minitimeVen 22 Mar 2024 - 7:53
Louise et Ciaràn avaient eu une enfance radicalement différente. Le petit garçon semblait avoir passé onze années à courir dans les champs et à s’occuper des animaux sur le terrain de son père, quand Louise avait vécu toute sa vie dans un appartement en duplex en plein cœur d’Oxford. La petite se plaignait parfois que ses parents ne la laissaient rien faire seule – alors qu’elle était grande, comme elle aimait le leur rappeler huit fois par jour. Ce n’était pas tout à fait faux ; leur quotidien en ville ne les poussait pas vraiment à l’autoriser à sortir seule de la maison, ce qu’elle réclamait de plus en plus. “Mais juste pour aller chercher le pain !” “Juste pour aller au parc dix minutes !” Louise avait soif d’une liberté que ses parents rechignaient un peu à lui donner.

Ni Joséphine ni Ignacio ne ressentait le besoin de garder un œil permanent sur leur fille mais ils aimaient savoir où elle se trouvait et qui était garant de sa sécurité. Ils la laissaient volontiers chez ses amis de classe, chez les Calder ou même au haras lorsqu’elle manifestait l’envie d’y aller parce qu’ils savaient pertinemment que les adultes qui y travaillaient la connaissaient et feraient attention à elle.

Ciaràn, lui, semblait avoir grandi dans un petit écrin de liberté. Évidemment, le contexte s’y prêtait bien mais Ignacio était certain que Louise serait envieuse de savoir ça. Pouvoir aller à la plage seule, en coupant à travers les champs ? C’était un rêve pour elle.

Sans surprise, cette idée engendra chez Ignacio un léger malaise. Il n’aimait pas songer à tout ce que sa fille pourrait trouver de merveilleux ici, comme si cela affichait immédiatement ses propres manquements en tant que père. Évidemment, la petite remarque d’Angus un peu plus tôt était ce qui avait ouvert cette faille en lui et chaque élément venait mourir le petit monstre normalement endormi de ses entrailles. Un peu malgré lui, Ignacio nota les petits détails dérangeants qui lui sautèrent aux yeux alors qu’ils visitaient le terrain d’Angus : les clous rouillés qui sortaient des planches (heureusement que Louise était vaccinée contre le tétanos), les édredons tâchés par l’humidité (super pour la moisissure), les poils de chien au sol, les miettes... Seule la chambre de Ciaràn trouva grâce à ses yeux ; contrairement au reste de la maison, elle était lumineuse, joliment agencée et décorée.

“La chambre est assez grande. On peut rajouter un matelas si Louise veut venir passer un week-end un jour” déclara Angus depuis le rebord de la fenêtre où il était appuyé.

Ignacio se contenta d’hocher la tête en observant autour de lui. Il imaginait sa fille, allongée sur un matelas au sol, blottie sous des couvertures et cette vision provoquait en lui un mélange d’émotions contradictoires. Il savait qu’offrir la possibilité à Louise de nouer un lien avec Ciaràn était sûrement la meilleure chose à faire, d’autant plus qu’elle se plaignait souvent de sa solitude dans leur famille. Elle était fille unique et n’avait pas de cousins pour compenser ce manque. Alma, sa grande amie, avait une famille très nombreuse dont elle était parfois jalouse. Mais accepter que Louise puisse entretenir une relation fraternelle avec Ciaràn revenait aussi à accepter qu’elle puisse venir ici, en Irlande, loin de chez eux et loin de tout ce qu’elle avait toujours connu. C’était forcément prendre le risque qu’elle s’y sente bien, qu’elle s’y sente mieux, même, qu’elle réclame d’y passer plus de temps. Et c’était donc accepter qu’elle noue avec cette famille qui serait celle de sa fille mais pas la sienne.

L’idée ne l’enchantait pas beaucoup.

Il n’était visiblement pas le seul à avoir ses réserves puisqu’Angus profita du silence qui s’installait pour les interroger frontalement sur leurs liens avec la mafia. Joséphine se chargea de répondre pour elle avant de tourner la tête vers lui, comme pour lui laisser le soin de compléter ses paroles.

La pensée qu’il pouvait toujours se montrer un peu trop mystérieux pour effrayer Angus et leur éviter de prochaines rencontres lui effleura tout de même brièvement l’esprit.

“Je suis parti quand Jo’ était enceinte de Louise” précisa-t-il finalement. “Et depuis, non, plus rien.” Une part de lui avait vraiment très envie de s’arrêter là mais une part plus raisonnable le poussa à continuer encore un peu : “J’ai repris un haras il y a quelques années, avec Roy. Roy Calder.” Il savait qu’Angus savait qui était Roy et, surtout, il savait qu’il connaissait son ancienne position chez les Veilleurs. “Il a tout arrêté après la naissance de sa fille, lui aussi.” Voilà, ils n’étaient pas deux mafieux qui avaient repris une écurie pour blanchir leur argent sale qui leur venait de la drogue et des meurtres, c’était dit. “On élève des chevaux pour la compétition. Des chevaux et des Abraxans” précisa-t-il à nouveau. “Louise est souvent là-bas, elle adore les animaux.”



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Angus Rice
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KID B [Joséphine, Igniacio & Angus] Icon_minitimeSam 13 Avr 2024 - 8:50
Assis sur le rebord de la grande fenêtre de la chambre de Ciaràn, Angus observait le couple Walker. Il venait de poser la question qui planait sur leurs échanges depuis le début de leur rendez-vous. Le couple était-il encore affilié, d’une quelconque manière,  à la mafia ?
Angus cherchait à décrypter le comportement de ses interlocuteurs, à interpréter les regards échangés et les silences un peu trop longs. Même s’il n’avait pas mené d’interrogatoires depuis de nombreuses années, il conservait ses vieux reflexes de milicien sous son allure débonnaire.
Toutefois le couple ne chercha pas à se dérober à cette question délicate. Joséphine fut la première à répondre en leur nom : Ils avaient  raccroché depuis de nombreuses années. Depuis la naissance de leur fille, naissance qui avait, semble-t-il, fait figure d’électrochoc.

Angus hocha la tête en guise de réponse.

«  Très bien, c’est une bonne chose. » assura-t-il. Il  comprenait aisément ce brusque revirement. Accueillir un enfant dans son existence ouvrait de nouvelles perspectives et nécessitait d’adapter drastiquement son mode de vie. A la naissance de Ciaràn il avait quitté l’unité d’intervention de la milice pour un métier moins dangereux, aux horaires adaptés à sa nouvelle paternité. Il avait fait un choix et privilégié sa vie de famille à sa carrière professionnelle trépidante.  Cela n’avait pas été compliqué, il avait eu un peu de paperasse à remplir pour justifier son changement de corps, on lui avait fait passer un entretien –pour la forme- et il avait réintégré rapidement la brigade flérotechnique de la Police Magique en qualité de dresseur animalier.
Il y avait toutefois peu de chance pour que le processus ait été aussi simple pour les Walker.  Avec ses passes, Joséphine avait sûrement ramené beaucoup de galions aux Veilleurs et le mystérieux Ignacio avait sans doute du occuper un poste stratégique au sein de l’organisation criminelle pour que le secret de ses fonctions ait été si bien gardé.  

Rares étaient les membres de la mafia  qui parvenaient à s’en affranchir totalement. Angus avait rencontré bon nombre d’entre eux lors de ses auditions à la PM et si la majorité confessait avoir voulu  quitter la mafia à un moment donné, quasiment aucun n’avait réussi : l’organisation n’était pas prête à laisser filer ses agents trop facilement…

La mention de Roy Calder dans la conversation intrigua quelque peu Angus. Ignacio avait des affaires communes avec le parrain de Bristol. Enfin, l’ancien parrain. Aux dernières nouvelles, il avait raccroché lui aussi pour laisser le soin à ses seconds de gérer son business.
Ignacio confirma cette thèse qui courrait au sein de la Police Magique depuis plusieurs années maintenant. Calder s’était rangé pour élever des Abraxans …et ses nombreux enfants issus de son union avec Avalon.

Joséphine et Ignacio avaient peut-être négocié leurs départs des Veilleurs en même temps que lui ?
A moins que les Calder et les Walker soient tous liés dans un nouveau business illicite et florissant sous couverture de leur haras ?

Quoi qu’il en soit Angus allait se renseigner auprès de ses collègues. Il voyait bien qu’Ignacio n’était pas très disposé à en dire davantage : Il suffisait de voir la manière dont il réorientait la conversation sur les enfants et la passion de sa fille pour les animaux pour deviner qu’il était assez peu disposé à se justifier davantage.

« Ciaràn aussi aime les bêtes, reprit Angus. Il sentait qu’Ignacio s’était braqué depuis le café de Leopoldgrad et il ne comptait pas insister davantage sur le sujet mafia. On a des abraxans palomino et un sombral dans le parc – des poules, quelques chèvres, un fléreur et un vieux chien également- On va se balader à la plage, souvent. On est sur un territoire exclusivement sorcier donc on peut voler à dos d’abraxans sans trop de craintes, expliqua-t-il en se redressant. Il traversa la pièce et invita ses convives à le suivre pour retourner au rez-de chaussée, Mais sa passion reste la danse, souffla-t-il en se tournant vers Joséphine, sacrée coïncidence hein ? dit-il à celle qui enseignait dorénavant cette discipline, il fait du classique, il a eut le premier prix dans sa catégorie au dernier concours… ajouta-t-il avec fierté. Il est vraiment doué. »

Angus descendit l’escalier et ils se retrouvèrent de nouveau dans le salon. Un rayon de soleil perçait les nuages et éclairait la terrasse humide visible depuis la baie. Nox n’avait pas bougé de son panier mais Feudeymon patientait derrière la porte d’entrée vitrée. L’animal se mit à miauler bruyamment en découvrant son maitre qui vint lui ouvrir pour le laisser entrer. Le fléreur slaloma entre les jambes d’Angus, ses pates humides laissèrent des traces sur le carrelage tandis qu’il trottinait pour s’installer sur le sofa  tout en défiant du regard Joséphine et Ignacio : visiblement il tenait à les dissuader de s’installer sur son canapé. Il commença sa toilette tout en s’arrêtant régulièrement pour fixer le couple alors qu’Angus parlait encore de son fils tout en préparant un café.

« Il est un peu timide mais il sait ce qu’il veut, expliqua-t-il . En gros, danser, ah et au fait,… il a hérité de ton don Joséphine, poursuivit-il en posant des tasses dépareillées sur l’îlot central, il a eu sa première vision vers 6 ans je dirais. Depuis je l’ai fait suivre par un psychomage pour qu’il apprenne gérer et à apprivoiser cette faculté. » Il regarda tout à tour Joséphine et Ignacio : Louise est voyante aussi ? »
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