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Chroniques d'une parentalité en construction [scènettes de la famille Avaloy]

Roy Calder
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Chroniques d'une parentalité en construction [scènettes de la famille Avaloy] - Page 2 Icon_minitimeJeu 4 Jan 2024 - 9:27
Comme souvent, Avalon finit par mettre fin à ce petit jeu pour Roy, avec un sourire indulgent aux lèvres. Roy faisait partie de ces adultes qui prenaient au sérieux l’intelligence des enfants et qui prenait plaisir à la challenger. D’abord parce qu’ils avaient toujours de la répartie, et ça l’amusait beaucoup. Ensuite parce qu’il y avait quelque chose de presque fascinant à les voir surenchérir avec leur logique à la fois très décalée et pas du tout stupide.

Alma s’était visiblement construit son propre récit sur la conception des bébés, sur la base de ses expériences personnelles. Roy voyait très bien comment elle pouvait s’imaginer qu’un bébé pouvait s’acheter ; après tout, ses parents pouvaient tout acheter ou presque. Là où un rire sonore lui échappa, ce fut quand Alma s’exclama que sa mère l’avait mangée, avec une figure sincèrement stupéfaite.

Il n’y avait rien de plus drôle que cette manière dont les enfants avaient de tout prendre au premier degré.

Avalon ne s’en sortit pas trop mal dans ses explications, jusqu’à ce qu’Alma pose la question fatidique : et le rôle du papa ? Roy sentit que cette question serait pour sa pomme car Avalon tourna son regard vers lui et sa fille en fit de même. Évidemment. Il n’avait pas exactement prévu qu’Alma s’intéresse si tôt à la conception des bébés mais il lui sembla avoir déjà lu un genre de réponse toute faite qu’il donna :

« Eh bien… En se faisant un gros câlin. Mais un câlin spécial d’adultes, où le papa met une graine dans le ventre de la maman. Et hop, la graine grandit jusqu’à devenir un petit bébé, comme elle t’a expliqué, maman.
-Ah mais c’est facile alors ! T’as qu’à mettre une graine dans le ventre de maman, et comme ça, ça fera un autre bébé ! »affirma joyeusement Alma regardant son père.

Roy échangea un regard équivoque avec Avalon. De toute évidence, Alma était très enthousiaste à cette idée dont elle ne démordait pas. Il ne savait pas encore si c’était une lubie passagère ou non. Dans tous les cas, ce n’était pas maintenant qu’ils allaient résoudre cette question délicate, alors Roy préféra botter en touche :

« On y réfléchira. Allez maintenant, finis ton petit déj’, princesse » intima t-il à sa fille, en ébouriffant gentiment ses cheveux.


Roy Calder

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Avalon Calder
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Chroniques d'une parentalité en construction [scènettes de la famille Avaloy] - Page 2 Icon_minitimeJeu 4 Jan 2024 - 20:35
Alma était revenue à la charge deux fois dans la journée, visiblement très enthousiaste à l'idée de pouvoir avoir un petit frère ou une petite sœur. C'était la première fois qu'elle manifestait cette envie, même si Avalon l'avait déjà vu observer avec beaucoup d'attention les nourrissons de leur entourage. Galaad, son frère jumeau, était récemment devenu papa d'un petit Ajay et Alma était fascinée par ce tout petit bébé, comme les enfants pouvaient l'être parfois. Visiblement, cette fascination était passée à un autre stade, désormais.

Avalon ne savait pas trop quoi en penser. Évidemment, les demandes répétées et maladroites d'Alma étaient attendrissantes mais elles appuyaient aussi à un endroit sensible, qu'elle s'était bien gardée d'observer depuis un long moment. La question de la maternité n'avait jamais été simple pour elle et la manière dont elle y était entrée - par un déni de grossesse puis cet enlèvement dramatique - avait ancré de sérieuses craintes en elle qu'elle n'était pas certaine d'avoir dépassées.

Cette pensée lui fit lever les yeux vers Roy, qui se débarrassait de sa chemise. Alma était endormie depuis plusieurs heures maintenant et Avalon sentait bien qu'une conversation planait entre eux. Elle n'avait pas forcément su comment l'aborder avant mais, cette fois, la question franchit ses lèvres sans même qu'elle n'y pense :

« T'as toujours envie d'avoir d'autres enfants, toi ? »

C'était plus simple pour elle de le laisser répondre le premier.


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Chroniques d'une parentalité en construction [scènettes de la famille Avaloy] - Page 2 Icon_minitimeVen 5 Jan 2024 - 8:54
Comme souvent depuis qu’ils étaient parents, ce fut dans l’intimité de leur chambre, une fois Alma couchée, que Roy et Avalon purent aborder le sujet qui avait plané sur leur journée. Fidèle à elle-même, Avalon interrogea son mari sans introduction, comme une continuité des pensées qu’elle devait nourrir depuis quelques heures. Les yeux rivés sur les boutons de sa chemise qu’il défaisait un à un, Roy ne répondit pas immédiatement.

La question ne le surprenait pas et il avait déjà retourné le sujet dans sa tête pendant la journée, mais la réponse n’était pas si simple.

« Je sais pas » finit t-il par dire.

C’était une réponse sans doute un peu décevante mais c’était la plus honnête. Il fit un bref détour vers le dressing pour y abandonner ses vêtements, dans le panier de linge sale masqué derrière la porte d’une armoire, avant de revenir vers sa femme.

« Je crois que oui » admit t-il en prenant place sur un des côtés du lit. « Mais… je sais pas, je suis pas sûr que ça soit le bon moment. Alma est encore petite et… on commence juste à trouver nos repères ici » rappela t-il avec une certaine pudeur. « Alors je sais pas si j’ai envie de tout chambouler maintenant, quoi… Et toi ? »



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Chroniques d'une parentalité en construction [scènettes de la famille Avaloy] - Page 2 Icon_minitimeVen 5 Jan 2024 - 18:00
La réponse de Roy n'étonna pas particulièrement Avalon. Elle aurait été plus surprise qu'il lui affirme un désir brûlant de devenir père pour la troisième fois ; si tel avait été le cas, il lui en aurait sûrement déjà parlé.

Ses mots firent écho à sa propre incertitude et Avalon poussa un léger soupir lorsque son mari lui renvoya la question. Elle appuya son dos contre la tête du lit et laissa brivement son regard se perdre sur le mur qui lui faisait face. Elle ne parvenait pas à trouver de réponse satisfaisante. Lorsqu'elle envisageait la possibilité d'avoir un autre enfant, elle sentait son estomac se serrer d'appréhension. Et quand elle caressait l'idée de ne jamais agrandir leur famille, elle sentait une pointe de déception l'envahir.

Pour l'instant, elle ne savait pas lequel de ces deux sentiments était le plus fort.

Ce fut donc aussi une réponse en demi-teinte qu'elle offrit à Roy :

« Dans la théorie, je pense que j'aimerais avoir d'autres enfants, oui. Dans la pratique... » Avalon grimaça. « J'arrive pas à me projeter dans une deuxième grossesse. C'était tellement compliqué la première fois... » Et forcément, une part d'elle craignait d'être sujette à la même maladie qui avait forcé Alma à naître prématurément. Dans l'imaginaire d'Avalon, la grossesse était loin d'être associée à d'heureux souvenirs tendres ; il était alors plus que compliqué de vouloir y tendre. « Et puis... J'aime bien le rythme qu'on a trouvé, avec Alma, Teresa et Vivianne. On a tellement galéré pour arriver à ça que... Ouais, moi non plus je sais pas si j'ai envie de tout bouleverser. »


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Chroniques d'une parentalité en construction [scènettes de la famille Avaloy] - Page 2 Icon_minitimeLun 8 Jan 2024 - 3:25
Roy pouvait déjà deviner la réponse de sa femme juste à voir l’expression sur son visage. S’il était réticent à l’idée de traverser une nouvelle grossesse et d’accueillir un nouvel enfant dans leur foyer, pour Avalon, cela devait paraître plus difficile encore. C’était son corps à elle qui avait été marqué par sa première grossesse, son corps qui avait connu la maladie, qui avait craint à chaque jour de perdre le bébé qu’il abritait. Son corps qui avait dû se reconstruire après cette douloureuse épreuve, puis l’attaque de Norvel.

Roy n’était pas certain non plus de vouloir la voir traverser une autre grossesse difficile.

Et pourtant, il n’était pas non plus rebuté par l’idée qu’Alma puisse avoir un petit frère ou une petite sœur. Il avait même un peu d’attendrissement à imaginer leur fille jouer avec un autre enfant à eux. Avec Vivianne à Poudlard et Teresa à l’autre bout du monde, ils se retrouvaient souvent juste à trois dans cette grande maison qui ne demandait qu’à être peuplée.  

Alors pourquoi pas ?

Avalon semblait être au même point que lui : l’idée d’agrandir leur famille était séduisante sur le papier mais ce que cela impliquait dans la réalité lui faisait peur. Roy passa un bras autour des épaules de sa femme et garda un silence pensif.

Il comprenait et en même temps, cela ne leur ressemblait pas beaucoup de laisser leurs peurs décider de leur avenir.

« Après si tu retombes enceinte, ça sera pas forcément aussi difficile que la première fois » souligna t-il, songeur. « Et puis si ça arrive, c’est parce qu’on l’aura décidé et prévu cette fois. » Il eut un vague sourire en coin. « Ça devrait déjà pas mal nous changer hein. »

Parce qu’ils n’avaient pas davantage d’argument et d’envie de poursuivre sur le sujet, la conversation passa sur autre chose et ils s’imaginèrent que de la même manière, Alma passerait rapidement à autre chose en constatant que ses parents n’y donnaient pas suite.

***
12 avril 2015, à la Nouvelle-Orléans

En vérité, Alma continua de réclamer régulièrement à ses parents un autre enfant pour pouvoir jouer avec, en soulignant qu’elle s’ennuyait beaucoup à la maison -et elle le disait avec beaucoup de dramatisme. Pour cette raison, Avalon et Roy s’accordèrent à l’inscrire pour la prochaine rentrée dans cette garderie du quartier sorcier d’Oxford où Ignacio et Joséphine avaient inscrit leur fille et dont ils ne cessaient de vanter les mérites.

Mais ce qui parvint à distraire réellement Alma de cette envie obsédante d’avoir un nouveau compagnon de jeu, ce fut de retrouver sa demi-sœur Teresa pour les vacances de Pâques. Ils étaient arrivés à la Nouvelle-Orléans depuis trois jours, Roy avait récupéré Teresa chez sa mère pour la prendre chez lui pour une semaine et depuis, les deux petites filles étaient inséparables.

Elles se tenaient par la main en trottinant quand il fallait sortir dehors. Elles pouffaient de rire en chuchotant comme si elles partageaient de grands secrets. Elles s’échangeaient leurs poupées, imaginaient des jeux ensemble, chahutaient gentiment dans le jardin autour de la maison.

Un vrai bonheur à regarder pour leur père qui ne cessait de s’extasier intérieurement et d’échouer à contenir ses irrépressibles envies de dévorer de baisers leurs joues rebondies.

Parce que le climat tropical de la Nouvelle-Orléans était assez capricieux, il y eut une journée entière de pluie incessante qui les poussa à s’abriter à l’intérieur pour la journée et trouver des occupations. De nature plutôt calmes, les deux petites filles n’eurent pas de mal à s’occuper avec des jeux et des activités plus artistiques. Alors qu’elles avaient sorti un jeu du Memory d’un tiroir, Roy les surveillait du coin de l’œil, assis sur un canapé.

Teresa, qui démontrait de bonnes capacités d’observation et un bon sens du détail, s’en sortait un peu mieux que sa plus jeune sœur. À un moment où Alma retourna une mauvaise carte, elle lui indiqua :

« Le lion il était là, je l’ai retourné tout à l’heure. »

Sur le tour suivant, ce fut Alma qui glissa un indice à Teresa et bonne joueuse, elle la laissa récupérer la carte, sous le regard de leur père qui finit par se lever pour rejoindre Avalon dans la cuisine. Quand il fut près d’elle, il lui partagea ses pensées :

« Les filles sont en train de jouer dans le salon… Elles ont vraiment aucun sens de la compétition » commenta t-il avec un léger rire. « Je sais pas si c’est désespérant ou hyper mignon. »


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Chroniques d'une parentalité en construction [scènettes de la famille Avaloy] - Page 2 Icon_minitimeMar 9 Jan 2024 - 6:54
Peu après la naissance d'Alma, Avalon et Roy avaient acheté une jolie maison à la Nouvelle-Orléans, suffisamment éloignée du centre-ville pour profiter d'un certain calme dans le jardin. Ils y passaient plusieurs semaines dans l'année, parfois à l'occasion des vacances scolaires et parfois en dehors, pour permettre à Alma de grandir avec sa sœur et à Roy de voir sa fille plus régulièrement. Ils avaient trouvé un certain équilibre ainsi et construisaient doucement cette drôle de famille recomposée qu'ils formaient avec Alma, Teresa et Vivianne. Les trois filles s'entendaient à merveille. Vivianne - qui était la benjamine d'une très grande fratrie - était ravie de pouvoir s'occuper des deux petites. Elle jouait avec elles et prenait un plaisir évident à leur expliquer certaines choses. Alma et Teresa, quant à elles, se retrouvaient à chaque fois avec bonheur. Elles passaient des heures ensemble, à échanger des secrets en riant et à imaginer mille histoires qu'elles jouaient ensuite.

Avalon ne se lassait pas de les observer, heureuse de constater qu'elles parvenaient à créer un vrai lien malgré la distance. Elle avait eu des inquiétudes après la naissance d'Alma et avait souffert de cette double-vie que menait Roy ; une en Angleterre et l'autre en Louisiane. Elle avait craint pour l'équilibre de leur famille et avait eu du mal à se sentir à la bonne place. Les choses allaient mieux maintenant qu'ils pouvaient réellement créer une unité familiale qui n'était plus aussi divisée qu'avant. Roy, surtout, paraissait plus serein, moins tiraillé entre ses deux filles qui grandissaient à une vitesse ahurissante et qu'il pouvait voir ensemble plus souvent.

Occupée dans la cuisine, Avalon avait laissé les deux petites aux bons soins de leur père. Elle finissait tout juste la vaisselle lorsqu'il entra dans la cuisine avec un léger sourire et une remarque qui lui tira un rire.

« Je sais, répondit-elle en essuyant ses mains sur un torchon. Ce matin elles jouaient à cache-cache avec Vivianne et Viv' faisait semblant de ne pas les voir, raconta Avalon. Du coup, elles sont sorties de leur cachette pour lui montrer où elles étaient. » Elle secoua la tête, amusée. « Je sais pas du tout de qui elles tiennent ça. Pas de toi, clairement, le chambra-t-elle avec un regard en coin. Ni de moi pour Alma et, de ce que j'ai pu voir de Joséphine, pas d'elle non plus. » Elle haussa légèrement les épaules en se rapprochant de son mari. « C'est un mystère mais, pour répondre à ta question, c'est plutôt très mignon. »


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Chroniques d'une parentalité en construction [scènettes de la famille Avaloy] - Page 2 Icon_minitimeSam 13 Jan 2024 - 4:26
L’anecdote que lui partagea sa femme tira un léger rire à Roy. Il n’avait pas assisté à cette partie de cache-cache mais ce récit ne l’étonnait guère. Vivianne était plutôt compétitive comme jeune fille, mais évidemment, face à des enfants aussi petites qu’Alma et Teresa, elle jouait le jeu de la bonne perdante. Les deux plus jeunes, en revanche, semblaient plus intéressées par le fait de coopérer que de gagner. En cela, elles étaient bien différentes de leurs parents, comme le souligna Avalon à juste titre.

« Va pour très mignon » admit t-il. « Moi je veux bien qu’elles soient bien différentes de nous, hein, ça nous facilite la tâche… Mais dis jamais à mes parents que j’ai dit ça » ajouta t-il avec un regard entendu.

Parce que sa compagne se rapprochait, Roy ouvrit les bras pour l’accueillir contre lui. Dans cette étreinte, il savoura ce sentiment de sérénité qu’il avait si durement acquis, après des années à regarder par-dessus son épaule. Il pouvait s’émerveiller de ces petites scènes de vie familiale et en apprécier la douceur, parce qu’il n’avait plus constamment l’impression d’être en danger. Il se sentait en sécurité et heureux.

Tout allait bien.

Cette pensée le ramena à une autre qui avait fait son chemin dans sa tête et qu’il finit par partager à Avalon.

« Tu sais… Plus j’y réfléchis et plus je me dis qu’on pourrait faire un autre enfant. » Roy se recula pour croiser le regard de sa femme et tenter d’y lire ce qu’elle en pensait de son côté. « Surtout quand je vois Teresa et Alma ensemble… Elles sont tellement contentes de se voir. » Ce qui faisait fondre son fragile coeur de papa. « En plus, je suis sûr qu’Alma serait une très bonne grande soeur. »


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Chroniques d'une parentalité en construction [scènettes de la famille Avaloy] - Page 2 Icon_minitimeSam 13 Jan 2024 - 5:32
Avec un rire, Avalon se glissa dans les bras de Roy. Son cœur était léger et ses pensées douces ; la Nouvelle-Orléans ne ressemblait plus à ce lieu où ils s’étaient cachés pendant plusieurs mois mais à une familière demeure où ils établissaient leur famille. Avalon ne portait plus le poids de la peur sur ses épaules ; au fil des années, l’ombre s’était faite plus discrète et avait fini par se dissiper entièrement. Elle conservait des cicatrices, évidemment, comme celles que Roy abordait toujours sur son torse. Ils n’étaient plus les mêmes depuis ce jour maudit.

Mais ils n’étaient plus hantés par les pensées entêtantes qui les avaient si longtemps privés de sommeil.

Ils s’étaient accrochés à la vie, même dans les moments les plus douloureux, ceux où une voix les suppliait de faire quelque chose pour que tout s’arrête. Ils n’avaient pas laissé leurs vieux démons les rattraper et, s’ils avaient vacillé à plusieurs reprises, ils n’avaient jamais basculé dans quelque chose de regrettable. Ils avaient avancé ensemble, un jour après l’autre, un pas après l’autre.

Jusqu’à pouvoir profiter de la douceur d’une scène familiale, sans avoir le cœur déchiré par l’idée qu’elle aurait pu ne jamais exister.

Avalon se sentait bien. Apaisée.

Elle ne prit conscience du léger nœud dans son estomac que lorsque Roy reprit la parole. Prise de court, elle se recula légèrement.

La dernière conversation qu’ils avaient eue sur ce sujet remontait à moins de deux mois. Avalon ne s’était pas réellement penchée à nouveau sur la question ; avec leur mariage qui approchait à grands pas, elle n’avait pas eu le temps d’y penser.

Ce qui, au fond, ne lui avait pas franchement déplu.

Face à une remarque aussi catégorique de son mari, elle fut obligée d’examiner rapidement cette masse émotionnelle inconfortable qui s’agitait doucement en elle.

Pour constater que, si elle se sentait apaisée, cette sérénité semblait ne pas résister à la pensée d’un tel bouleversement.

« Ouais… » fit-elle, incertaine, lorsque Roy mentionna qu’Alma ferait une très bonne grande sœur.

Elle n’avait aucun doute sur le fait que leur fille soit ravie de pouvoir investir ce rôle mais Avalon ne parvenait pas à se projeter dans ce projet de maternité. Elle essayait de visualiser un avenir dans lequel elle serait enceinte et quelque chose en elle se figeait. Il y avait un poids douloureux dans son ventre et une sensation d’urgence au bout des doigts.

« Je sais pas… » finit-elle par répondre en retrouvant le regard de son mari. « Je le sens pas… »

Elle soupira et s’écarta pour s’appuyer contre le plan de travail. Avalon sentait bien qu’elle parlait avec une peur qui, des années plus tôt, ne lui était pas familière mais le sujet lui semblait trop important pour qu’elle l’écarte ainsi.

Ces dernières années, la vie les avait incités à plus de prudence et elle ne pouvait pas ignorer cette voix en elle, aussi irrationnelle soit-elle.

« Je sais pas, j’ai l’impression qu’on va faire un deuxième enfant et qu’un truc va encore nous tomber dessus. » lui confia-t-elle avec un sourire désabusé.



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Chroniques d'une parentalité en construction [scènettes de la famille Avaloy] - Page 2 Icon_minitimeSam 13 Jan 2024 - 9:26
Très vite, Roy sut qu’il s’était un peu emballé et qu’Avalon n’allait pas exprimer le même engouement que lui. Il voyait déjà dans son regard incertain et craintif ses doutes s’exprimer. Elle avait perdu son sourire et désormais, une ombre semblait flotter sur son visage.

Elle ne le sentait pas, avoua t-elle, sur un ton un peu coupable. Roy ne dit rien, la regardant s’éloigner vers le plan de travail. Elle ne semblait pas avoir fini sa phrase mais déjà, il en imaginait la suite. Roy savait très bien ce par quoi elle était passée, pendant sa première grossesse. Il savait aussi que de fait, ils ne pouvaient pas être égaux sur ce plan-là, ils ne pouvaient pas appréhender les mêmes choses. De la même manière qu’il avait plus vite et plus facilement accepté le déni de grossesse, il pouvait mieux se projeter dans l’accueil d’un nouvel enfant.

Avalon, elle, avait un corps marqué par des épreuves dont il avait seulement été témoin.

Ce fut ce que Roy entendit dans la crainte qu’elle lui confia. Des peurs motivées par des « et si ». Et si la grossesse se passait mal, encore ? Et si elle retombait malade ? Et si une autre horreur leur tombait dessus ?

Ce n’était pas rationnel, rien ne disait qu’ils allaient à coup sûr repasser par de lourdes épreuves. Et pourtant, c’était comme une petite voix craintive et traumatisée qui se réveillait chez Avalon pour lui rappeler de ne pas aller trop loin. Roy comprenait, il avait exactement la même voix en lui, qui agitait les mêmes peurs. Mais à la différence d’Avalon, il commençait à se sentir prêt à les dépasser.

Ou plutôt, il sentait qu’il avait la force de les affronter, parce que la récompense derrière l’attirait suffisamment fort pour qu’il se lance dans cette bataille.

Mais il ne pouvait pas mener ce combat seul. Et il ne pouvait pas non plus pousser Avalon à le suivre. Dans d’autres circonstances où ils n’auraient pas vécu des choses aussi lourdes, Roy aurait sûrement tenté d’argumenter, de convaincre et de rassurer sa femme. Mais dans la situation où ils se trouvaient, une telle approche ne sonnait pas juste. Tout ce qu’ils avaient pu mettre en place de proactif, dans leur processus de guérison depuis la naissance d’Alma, avait eu son importance et son effet.

Mais ce qui leur avait permis d’avancer, c’était surtout le temps qu’ils s’étaient accordé.

Du temps. Roy sentait derrière le regard troublé d’Avalon que c’était ce dont elle avait besoin, pour prendre une décision, quelle qu’elle soit. C’était inutile de chercher à contrer ses peurs par des discours de raison. Il sut alors ce qu’il voulait lui dire et même, ce qu’il devait lui dire. Il s’approcha d’elle, désireux de retrouver son contact. Doucement, il embrassa son front, une manière silencieuse de lui assurer qu’il acceptait cette divergence entre eux.

« Quand on s’est mariés, je t’ai dit qu’il y a rien que je m’imagine pas faire avec toi » rappela t-il, en repensant à ses voeux. « C’est toujours vrai. Quel que soit ce qu’on décide de faire, d’ailleurs. Avoir un autre enfant ou non… Tout ce que je demande, c’est qu’on y réfléchisse. »


Roy Calder

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Chroniques d'une parentalité en construction [scènettes de la famille Avaloy] - Page 2 Icon_minitimeMer 17 Jan 2024 - 8:05
Avalon se laissa attirer contre Roy, le cœur agité par toutes les émotions que cette conversation charriait. Elle n’avait tiré aucun plaisir à faire l’aveu de cette peur terrible qui l’habitait toujours mais savait aussi qu’elle n’aurait pas pu le taire. Ses craintes étaient figées dans sa chair, dans son corps qui avait été si dur et si injuste avec elle pendant cette première grossesse. Avalon n’avait pas vécu cette première expérience le cœur léger et l’esprit apaisé ; elle avait passé des semaines à s’inquiéter, à tressaillir, à guetter le moindre signe annonciateur d’un malheur, à douter de tous ses choix. Le premier mois d’Alma n’avait pas été plus facile ; elles avaient passé quatre semaines entre les murs d’un hôpital, entourées d’infirmiers et de médicomages, de termes techniques compliqués et d’appareils effrayants. Puis elles étaient venues au bout de cette longue hospitalisation et Alma avait disparu.

Les catastrophes s’étaient enchainées sur un temps très court : son déni de grossesse, sa pathologie, l’accouchement prématuré, l’hospitalisation, l’enlèvement.

Difficile, dans ces conditions, de se projeter dans une expérience similaire sans ressentir une bouffée d’angoisse.

Avalon n’était pas certaine de pouvoir revivre de telles épreuves.

Et, contrairement à Roy, elle n’était pas certaine de vouloir voir l’équilibre durement acquis de leur famille menacé par l’arrivée imminente d’un bébé.

Paradoxalement, l’idée d’une famille nombreuse lui plaisait et elle ne parvenait pas entièrement à y renoncer.

Ce fut finalement son époux qui mit fin à ses intenses réflexions, d’un baiser qu’il déposa sur son front. Avalon eut un sourire lorsqu’il lui rappela leurs vœux, soulagée que cette divergence entre eux ne soit pas source d’un conflit comme il pouvait l’être dans beaucoup de couples. Elle n’avait aucune envie d’explorer le sujet pendant des heures avec son partenaire et d’écouter ses arguments raisonnables pour la convaincre. Elle avait besoin de temps pour savoir ce qu’elle désirait réellement et ce qu’elle était prête à faire – ou non – pour l’obtenir.

« On peut y réfléchir. » murmura-t-elle en réponse, son front toujours posé contre celui de Roy.

Elle scella cette promesse d’un baiser.

***

28 octobre 2015

Cela faisait presque quatre ans qu’Avalon n’avait pas mis les pieds à Ste-Mangouste. Après l’enlèvement d’Alma, ils avaient fait transférer tout son dossier médical dans une clinique moldu où elle avait été assidument suivie pendant plusieurs années et où elle continuait à se rendre parfois pour des rendez-vous de contrôle. Ste-Mangouste était un lieu qui charriait bien trop de souvenirs douloureux pour eux et, comme quelques autres endroits liés à ce jour maudit, Roy et Avalon l’avaient plus ou moins consciemment évité pendant toutes ces années. Dans les premiers mois, il s’agissait effectivement d’une décision consciente qui s’inscrivait dans une volonté de se tenir loin de tout ce qui leur rappelait la disparition de leur fille. Puis, au fil des années, ils avaient tout simplement exclu cet endroit de leur quotidien. Ils n’y retournaient jamais mais, se disaient-ils inconsciemment, cela était uniquement dû au fait qu’ils faisaient appel à d’autres méthodes pour soigner leur fille.

Aussi, Avalon prit conscience de ce mensonge éhonté seulement lorsqu’elle se retrouva face au mannequin d’une vitrine ordinaire en plein cœur de Londres. Elle avait un poids dans la poitrine et un nœud dans la gorge lorsqu’elle présenta sa baguette après avoir demandé à se rendre aux urgences de l’hôpital.

Alma y avait été amenée une demi-heure plus tôt, après une mauvaise chute à la garderie. La directrice avait appelé à Avalon alors que la petite était déjà en direction de l’hôpital. Elle s’était cognée, lui avait-elle expliqué, suffisamment fort pour ouvrir l’arcade sourcilière. Ce n’était sûrement rien, avait-elle voulu la rassurer, mais Alma avait besoin de quelques soins pour bien cicatriser.

Avalon avait reçu cet appel avec une sensation d’effroi. Elle s’était levée et, dans la précipitation, avait renversé son café sur un dossier qu’elle examinait pour la création de sa fondation. Elle avait attrapé son manteau et son Pear pour joindre Roy. Elle était tombée sur sa messagerie et lui avait laissé un message en espérant qu’il l’écoute assez tôt. Portée par son inquiétude pour sa fille, Avalon n’avait pas réfléchi à ce qu’elle ressentirait lorsqu’elle foulerait le carrelage blanc de cet hôpital, presque quatre ans après le drame qui avait bouleversé toute sa vie.

Ce fut un mélange d’inconfort et de peur, étouffé par son besoin urgent de retrouver Alma. Elle distingua son visage sans effort ; ses grands yeux bruns étaient embués de larmes et son menton tremblait un peu. Elle était assise sur un lit bien trop grand pour elle, recouvert d’un tissu blanc. Il y avait du sang sur sa peau et cette vision lui mit un coup au cœur.

« Oh, mon bébé… » fit-elle en arrivant à sa hauteur. Elle se pencha vers elle pour la serrer dans ses bras et lui embrassa doucement les cheveux, à un endroit où ils n’étaient pas maculés de sang. « Qu’est-ce qui s’est passé ? Comment tu vas ? Tu as mal ? »



Avalon Calder

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Chroniques d'une parentalité en construction [scènettes de la famille Avaloy] - Page 2 Icon_minitimeSam 27 Jan 2024 - 7:02
Chroniques d'une parentalité en construction [scènettes de la famille Avaloy] - Page 2 76519f88e87768f2398146172cacc010
Alma Calder, 3 ans et demi, rien de grave mais un peu apeurée.

Cela faisait deux mois qu’Alma était entrée à l’école maternelle. Il y avait plein de choses qu’elle aimait bien : les nombreux jouets de toutes les formes et toutes les tailles, la grande collection de feutres de couleur pour faire des dessins, les moments où la maîtresse leur lisait des histoires. Par contre, elle n’aimait pas trop les bousculades. Dans la cour de récréation, elle faisait toujours attention à ne pas trop s’approcher des enfants plus grands qui couraient vite ou de ceux qui voulaient toujours jouer à la bagarre.

Sauf que cette fois, elle avait voulu faire plaisir à Kelly, sa nouvelle copine, en la suivant pour aller jouer à la marelle dans un coin de la cour, un peu trop proche d’une bande de garçons qui jouaient au ballon. Alors qu’elle était concentrée à sauter à pieds joints dans ses cases, elle n’avait pas vu venir la balle vers elle et l’impact l’avait faite tomber tête la première par terre, pile sur un endroit où se trouvait un caillou un peu tranchant.

Sur le coup, elle n’avait pas bien compris ce qui se passait. Elle n’avait commencé à pleurer qu’en voyant la maîtresse accourir vers elle d’un air inquiet et sortir un mouchoir pour éponger son front. Un mouchoir qui s’était très vite tâché de sang.

La douleur avait rapidement suivi la peur. Ce n’était pas la première fois qu’elle tombait, une fois elle avait beaucoup saigné du genou aussi, mais Alma ne se souvenait pas s’être déjà fait aussi mal que cette fois-ci. Elle pleurait à chaudes larmes dans les bras de l’infirmière de l’école quand elles arrivèrent ensemble devant l’hôpital. Elle ne comprit pas bien ce qui se passait parce qu’on l’emmena dans un endroit qu’elle ne connaissait pas du tout, qui ne ressemblait pas à la clinique où ses parents l’emmenaient parfois pour voir le docteur. Les médecins ici avaient des blouses vertes et portaient des baguettes magiques à la main. Le hall était rempli de gens qui semblaient victimes d’incidents qui se gravèrent comme d’étranges images dans les yeux d’Alma.

Secouée et apeurée, elle resta silencieuse sur le lit où on finit par l’installer, avant de faire venir un médecin pour elle. Les yeux humides et la lèvre tremblante, elle se laissa péniblement faire en reniflant, pendant que le monsieur nettoyait la plaie sur son front. « Ça pique » n’osa t-elle pas dire en grimaçant.

« T’es super courageuse, bravo, dis donc ! » la félicita le docteur, sans toutefois réussir à faire sourire Alma. « Hop, je te mets un petit pansement et on attend tes parents pour terminer de soigner ça, d’accord ? »

Une lueur s’alluma dans le regard d’Alma, qui s’enquit avec espoir :

« Ils vont arriver maintenant ? 
-Bientôt » la rassura l’infirmière de l’école, assise à côté d’elle. « On a prévenu ta maman tout à l’heure, elle ne devrait plus tarder. »

Alma se raccrocha à cette information et eut l’impression qu’il s’écoula une éternité avant que la silhouette de sa mère ne se profile enfin devant elle. Elle gigota sur son lit pour la rejoindre mais sa mère fut plus prompte qu’elle. Alma eut la sensation d’un poids qui se libérait de ses épaules quand elle retrouva l’étreinte familière de ses bras, et dans le même élan, sa parole se libéra également :

« Oui ça fait maaaaal » geignit t-elle en laissant à nouveau couler les larmes qu’elle avait contenues. « C’est pass’que j’ai… En fait, je jouais à la marelle et… Et… Après je suis tombée à cause d’un ballon et… Après y avait plein de saaaang » raconta t-elle confusément, sous le coup de l’émotion. « Et après, on est venues ici et… et… » Elle hoquetait, sans trop savoir comment exprimer son mal-être dans cet endroit qu’elle ne connaissait pas, loin de ses parents et ses repères. « Eh bah moi je voulais que toi tu viens » se plaignit t-elle finalement.
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Chroniques d'une parentalité en construction [scènettes de la famille Avaloy] - Page 2 Icon_minitimeSam 27 Jan 2024 - 8:28
Les larmes qu’Alma contenaient difficilement roulèrent sur ses joues à l’instant où Avalon referma ses bras autour d’elle. Elle sentit sa fille hoqueter contre elle et son cœur se serra de cette peine qui lui était si familière désormais.

En devenant mère, Avalon avait fait l’apprentissage d’une empathie si forte qu’elle pouvait parfois se révéler douloureuse.

Pour l’apaiser, elle caressa doucement le dos d’Alma alors qu’elle lui racontait son accident dans des mots hachés et des phrases indistinctes. Malgré la détresse évidente de sa fille, son récit rassura Avalon ; elle s’exprimait sans difficulté et semblait plus secouée que réellement blessée. En revanche, sa peur s’entendait très clairement dans ses sanglots.

Alma n’avait jamais été conduite à l’hôpital avant aujourd’hui. Elle s’était blessée une fois au niveau du genou, en jouant chez ses grands-parents, mais rien que sa tante Irina n’avait su soigner. Elle avait été un peu malade au fil des hivers, sans que les infections ne s’aggravent au point de la conduire aux urgences. C’était aussi la toute première fois qu’elle venait à Sainte-Mangouste et, contrairement à la clinique moldue où elle avait l’habitude de se rendre, les lieux regorgeaient de scènes étonnantes et parfois effrayantes pour une toute jeune enfant.

« Je suis là, Almalita… » souffla-t-elle à son oreille. « Je suis là. Tout va bien, les médicomages vont bien te soigner et ensuite on va rentrer à la maison... »

Un soignant en blouse verte s’approcha d’ailleurs d’elles, un sourire avenant affiché sur le visage.

« Vous êtes la maman ? » demanda-t-il en tirant un tabouret pour s’installer face à elle. Avalon hocha la tête. « Alma avait hâte de vous voir.
-J’ai fait au plus vite, répondit-elle en caressant les cheveux de sa fille. Tout va bien ?
-Oui. C’est toujours très impressionnant les plaies au niveau de l’arcade sourcilière parce que c’est un endroit qui a tendance à beaucoup saigner, mais ce n’est pas grave. On va refermer la plaie et vous pourrez rentrer chez vous.
-C’est tout ? s’assura Avalon, un peu inquiète.
-C’est tout, confirma le médicomage. Il faudra surveiller qu’elle ne se sente pas nauséeuse dans la soirée mais, dès demain, tout sera rentré dans l’ordre. » Avalon hocha à nouveau la tête. « Ce qu’on va faire, Alma, c’est que je vais te demander de t’allonger sur le lit, d’accord ? Tu vas mettre ta tête bien à plat et moi, avec une petite pipette comme ça – il montra un outil transparent – je vais venir déposer des petites gouttes de potion sur ton bobo. Ça pique un tout petit peu mais, tu vas voir, ça passe très vite. » Il se releva et s’adressa à Avalon : « Je vous laisse l’installer correctement ? Je reviens dans deux minutes. »

Il s’éloigna en griffonnant sur son calepin et Avalon baissa les yeux vers Alma.

« Allez querida, viens, il faut t’allonger sur le lit. » Comme sa fille ne semblait pas très coopérante, Avalon lui embrassa les cheveux. « Je vais rester à côté de toi, d’accord ? Et si tu as peur ou si tu as mal, tu pourras me serrer fort, fort la main, d’accord ? » Elle resta assise sur le bord du lit et aida Alma à s’allonger. « Tu sais, reprit-elle pour lui changer les idées, tu es née dans cet hôpital, toi. Et tu avais tellement hâte de naître que tu étais encore toute petite quand tu es arrivée ! Alors, toi et moi, on est restées un mois ici. »


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Chroniques d'une parentalité en construction [scènettes de la famille Avaloy] - Page 2 Icon_minitimeSam 27 Jan 2024 - 9:39
Chroniques d'une parentalité en construction [scènettes de la famille Avaloy] - Page 2 76519f88e87768f2398146172cacc010
Alma Calder, 3 ans et demi, un peu flippée mais facile à distraire

Parfois, Alma avait de gros chagrins. Mais tout semblait beaucoup moins grave quand elle se blottissait dans les bras de sa mère et qu’elle retrouvait son odeur familière autour d’elle. Elle aimait bien l’odeur de sa maman, c’était comme le parfum d’un gâteau sucré qui cuisait au four. Souvent, il suffisait qu’elle la serre contre elle et qu’elle caresse son dos ou ses cheveux pour qu’Alma sente ses émotions s’apaiser et sa tranquillité revenir doucement.

Elle aurait pu se calmer de cette manière, en quelques minutes mais le médicomage revint un peu trop vite pour le lui permettre. Il commença à expliquer des choses qu’elle ne comprit pas complètement, avec des mots compliqués comme arkadssoulière ou quelque chose comme ça. Elle comprit en revanche qu’on lui demandait de se faire examiner encore une fois et de prendre une potion qui allait lui faire mal et instinctivement, Alma se recroquevilla dans les bras de sa mère. En voyant le médecin repartir, elle se prit à espérer qu’il l’oublierait et ne reviendrait pas.

Mais sa maman, elle, ne semblait pas du même avis. Parce qu’elle était obéissante, Alma se laissa faire, non sans demander avec inquiétude :

« Ça va faire beaucoup mal ? »

Allongée sur le lit, elle serrait déjà la main de sa mère dans la sienne, en anticipation du moment désagréable qui allait arriver. Ce fut l’instant qu’Avalon choisit pour lui raconter quelque chose de nouveau, dont elle n’avait aucune idée et qui agrandit ses yeux de surprise.

« Haaaan ! C’est quand je suis sortie de ton ventre ? »

Elle se souvenait de ce que sa maman lui avait expliqué à propos des bébés, elle se rappelait de l’histoire de la graine du papa dans son ventre. Alma avait beaucoup réfléchi à cette explication et elle avait même parlé avec des copines à l’école et l’une d’entre elles avait expliqué quelque chose à propos d’un phénix qui déposait des bébés devant les portes. Alma n’avait pas trop aimé cette histoire qu’elle trouvait bizarre : comment le phénix pouvait savoir devant quelle porte il devait déposer le bébé ? Et puis c’était dangereux, les bébés pouvaient tomber !

Elle préférait l’histoire que lui avaient raconté ses parents et elle était contente d’avoir l’occasion d’en savoir plus alors elle posa des questions :

« Et pourquoi on est restées ici, c’est les mimicomages qui t’ont dit ? »
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Chroniques d'une parentalité en construction [scènettes de la famille Avaloy] - Page 2 Icon_minitimeLun 29 Jan 2024 - 2:38
Alma ne protesta pas lorsque sa mère l’incita à s’allonger sur le brancard mais Avalon vit passer dans ses yeux une lueur d’appréhension qui lui serra le cœur. Elle resta assise à côté d’elle, une main logée dans la sienne et l’autre posée dans ses cheveux sombres qu’elle caressait doucement. Autour d’elles, les médicomages s’affairaient. Il y avait des sonneries, des appels, du bruit, et Avalon voyait bien qu’Alma y était sensible. Alors elle entreprit de rendre ce lieu inconnu un peu plus familier, avec un récit que sa fille n’avait jamais entendu auparavant. L’éclat de surprise qui passa dans son regard et son exclamation étonnée lui prouvèrent qu’elle avait réussi son entreprise. Avec un sourire tendre accroché sur les lèvres, elle approuva :

« C’est ça, le jour où tu es sortie de mon ventre, on était ici. »

Contrairement à d’autres parents, Roy et Avalon ne revenaient pas souvent sur la naissance d’Alma, qui s’était tenue dans des circonstances particulières et qui avait été suivie de près par une catastrophe. Ils ne lui avaient jamais raconté cette histoire, sûrement parce qu’ils la trouvaient trop jeune pour l’entendre, assurément parce qu’ils n’étaient pas prêts eux non plus à lui faire ce récit. Avalon conservait toujours cette petite crainte, au fond d’elle, qu’Alma puisse apprendre un jour qu’elle n’avait pas été désirée par ses parents et qu’elle expérimente ce même manque qu’elle avait pu ressentir dans son enfance, face à son père et sa mère. C’était aussi pour cette raison qu’elle investissait sa parentalité avec beaucoup de tendresse ; Avalon avait été une enfant qui avait manqué d’amour et il était impensable pour elle de reproduire ce schéma.

« Oui, répondit-elle avec un sourire discrètement amusé face à la faute de sa fille. Tu sais, avec papa, on t’a expliqué que les bébés grandissaient dans le ventre des mamans, tu te souviens ? Et qu’il fallait beaucoup de temps pour qu’ils grandissent. Neuf mois, en tout. » précisa Avalon en haussant légèrement les sourcils. A quatre ans, neuf mois était presque un synonyme d’éternité. « Toi, tu es née avant les neuf mois. Tu étais trop pressée qu’on puisse te faire des câlins, plaisanta-t-elle en tapotant le bout de son nez. Mais du coup, tu étais encore toute petite, quand tu es sortie de mon ventre, et il te fallait encore du temps pour grandir. Alors, les médicomages ont dit qu’il fallait qu’on reste ici, toi et moi, pour que tu puisses grandir en sécurité. » La suite de son discours, qu’elle prononça presque sans réfléchir, lui laisse un goût étrange dans la bouche : « Parce que tu sais, ici, c’est un hôpital sorcier très connu, où on soigne très bien les enfants. Et toi tu ne t’en souviens pas mais moi, je sais qu’il y a plein de médicomages ici qui ont pris bien soin de toi quand tu étais un tout petit bébé. » affirma Avalon en embrassant la main d’Alma. « Alors ils vont encore prendre bien soin de toi aujourd’hui et tout va bien se passer. »


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Chroniques d'une parentalité en construction [scènettes de la famille Avaloy] - Page 2 Icon_minitimeDim 4 Fév 2024 - 5:01
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Alma Calder, 3 ans et demi, un peu flippée mais facile à distraire

Alma ne saisit pas tout à fait l’importance du temps que sa mère lui donna, même si elle avait commencé à apprendre à prononcer le nom des mois - elle luttait encore sur février, son mois d’anniversaire. Mais elle eut la sensation que c’était beaucoup de temps et cette déclaration lui fit une forte impression. Elle rigola alors que sa mère tapotait le bout de son nez. C’est vrai qu’elle aimait beaucoup les câlins. Elle ne se souvenait pas du tout avoir déjà été dans le ventre de sa mère -et ça lui paraissait encore un peu étonnant comme idée- mais elle pouvait bien imaginer pourquoi elle avait eu envie de sortir.

« Bah oui, pass’que neuf mois c’est beaucouuup ! » se justifia t-elle.

Puis Avalon lui raconta qu’elle avait du rester pour continuer de grandir sous la surveillance des médicomages et cette information la laissa songeuse. Alma se mit à regarder autour d’elle, tous ces lits répartis dans cette grande salle où des gens étaient allongés. Certains d’entre eux prenait des potions, d’autres discutaient avec des médicomages qui les regardaient d’un air très sérieux. Un monde d’adultes. Alma trouvait les adultes rassurants parce que tous ceux qui faisaient partie de son entourage s’occupaient bien d’elle et surtout ses parents. Alors si sa maman disait que les adultes ici allaient prendre bien soin d’elle, comme ils l’avaient fait quand elle était plus petite, Alma voulait bien la croire.

Tout à coup, cet environnement qui lui avait paru intimidant lui parut plus familier et elle reprit la parole pour faire un parallèle qui avait beaucoup de sens pour elle :

« Les mimicomages c’est comme tata Irina, ils sont gentils. »
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Chroniques d'une parentalité en construction [scènettes de la famille Avaloy] - Page 2 Icon_minitimeMer 7 Fév 2024 - 2:02
3 novembre 2015

Alma n’avait même pas une cicatrice à l’endroit où elle s’était cognée quelques jours plus tôt. Elle était ressortie de l’hôpital les yeux humides mais son chagrin s’était dissipé dès qu’elle avait retrouvé l’environnement familier de sa maison. Elle avait passé le reste de l’après-midi à jouer tranquillement dans le salon, sous le regard soucieux de sa mère qui conservait de cette visite à Ste-Mangouste un sentiment étrange au creux de l’estomac. Elle avait mis du temps à l’identifier ; ce n’était ni agréable, ni désagréable, plutôt le simple constat d’une peur envolée.

Avalon n’avait pas eu peur en parcourant les couloirs blancs de l’hôpital. Elle avait été inquiète pour sa fille mais pas terrifiée par les ombres qui avaient si longtemps hanté ses nuits. Elle avait été soulagée en retrouvant Alma, mais pas submergée par cette tristesse qui rendait la séparation insupportable. Elle avait embrassé ses joues rebondies sans penser qu’elle aurait pu ne plus jamais le faire.

Elle était revenue à l’endroit exact où sa vie avait basculé et en était ressortie avec sa fille dans les bras, ce dont elle avait été privée quatre ans plus tôt.

Elle n’avait plus peur. Plus comme avant, en tout cas. Avalon sentait au fond d’elle qu’elle garderait toujours un fond d’inquiétude pour Alma, car c’était ainsi qu’elle était devenue mère ; en craignant de perdre son enfant. Mais ce n’était plus cette peur insupportable, celle qui guidait tous ses choix et qui l’empêchait de réaliser ses envies.

Avec ce constat étaient venues d’autres pensées, toutes celles qu’elle réprimait depuis plusieurs mois désormais, par habitude de cette crainte avec laquelle elle avait appris à vivre. La première – et la plus importante – concernait son désir de maternité. Roy et elle n’en avaient pas reparlé depuis la dernière fois et Avalon soupçonnait son mari d’attendre qu’elle fasse le premier pas vers lui. Elle avait eu besoin de temps pour cheminer de son côté, jusqu’à trouver une réponse à la question qu’il lui avait posée quelques mois plus tôt. Désirait-elle d’autres enfants ?

Avalon avait toujours nourri l’envie de fonder une famille nombreuse, sans forcément prendre le temps de se questionner sur les raisons de ce désir. L’arrivée d’Alma était forcément venue la questionner à cet endroit, notamment après les circonstances compliquées de sa grossesse et de son accouchement. Une pensée, surtout, dépassait toutes les autres : et si quelque chose se produisait à nouveau ? Avalon ne savait même pas exactement ce qu’elle mettait derrière ces deux mots, derrière ce quelque chose pouvait tout et ne rien dire. Une seconde grossesse pathologique ? Un accouchement long et dangereux pour la santé du bébé ? Un autre séjour à l’hôpital, dans ce service de néonatologie qu’elle avait appris à connaître par cœur ? Un deuxième drame, un deuxième berceau vide ? Elle ne savait pas. Ce qu’elle sentait au plus profond de son cœur, en revanche, c’était qu’elle serait incapable de supporter une telle épreuve à nouveau.

Désormais, une autre pensée chassait celle-ci. Celle qui lui soufflait que, peut-être, tout irait bien. Ces dernières années, Avalon avait vu des proches accueillir un enfant dans leur foyer. Son frère jumeau, Galaad, était récemment devenu le papa d’un petit Ajay. Sa compagne Alisha était tombée enceinte et, outre des nausées tenaces au premier trimestre, elle avait expérimenté une grossesse facile qui s’était soldé par un accouchement un peu long mais soulagé par une péridurale. Les parents étaient fatigués, comme souvent les parents pouvaient l’être. Et c’était tout.

Alors peut-être que tout irait bien, avait-elle songé à quelques reprises ces derniers mois, lorsque ses pensées s’égaraient vers ce questionnement.

L’accident d’Alma, six jours plus tôt, lui avait ouvert les yeux sur une autre pensée : peut-être que tout irait bien et peut-être qu’elle serait capable d’affronter les difficultés inhérentes à une seconde grossesse.

Après tout, elle était bien sortie de l’enfer.

Cette réalisation lui avait tiré un sourire. Dans son cœur, une idée s’était épanouie.

Elle brillait doucement en elle alors que, les yeux rivés sur le dos de Roy, elle l’observait se servir une part de tarte. Alma était couchée depuis plus d’une heure et ils étaient installés autour de la table de leur salon.

« J’ai quelque chose pour toi. » lui annonça Avalon en se penchant vers le sol pour attraper un petit sac cartonné. Elle le lui tendit avec un sourire et répondit à son regard curieux par un rire : « Ouvre, c’est juste un petit truc. »  


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Chroniques d'une parentalité en construction [scènettes de la famille Avaloy] - Page 2 Icon_minitimeMer 7 Fév 2024 - 5:59
Huit mois s’étaient écoulés depuis ce jour où Avalon et Roy avaient discuté ensemble de la possibilité de faire un autre enfant. Roy n’avait pas ramené le sujet sur la table depuis. Ce désir d’agrandir cette famille n’était ni pressant, ni certain chez lui, parce qu’il dépendait entièrement de ce qu’Avalon serait prête à faire. Alors, en attendant qu’elle trouve de la clarté dans ses envies à elle, il avait préféré ne pas trop y penser, pour ne pas se mettre à nourrir trop d’espoirs qu’il faudrait ensuite éteindre.

Maintenant qu’elle allait à l’école et qu’elle interagissait avec beaucoup d’autres enfants, Alma n’évoquait plus non plus le sujet d’un petit frère ou d’une petite soeur. Alors l’idée était parfaitement absente de l’esprit de Roy quand, à l’occasion de cette soirée qui n’avait rien d’inhabituel, Avalon lui tendit un petit sac.

Parce qu’il adorait recevoir des cadeaux et qu’ils avaient l’habitude de s’en faire avec Avalon, un sourire se glissa sur le visage de Roy.

« Oh mais t’es trop mignonne, c'est quel genre de petit truc ? » s’enquit t-il, curieux.

Le sac était aussi léger que s’il n’y avait rien à l’intérieur. Intrigué, Roy en sortit une feuille au grain épais, où figurait un dessin. Pour avoir déjà observé beaucoup d’oeuvres de sa femme, Il reconnut très vite sa patte. Elle les avaient représentés tous les deux, entourés de Teresa, Alma et Vivianne, dans une douce scène de famille. Un détail particulier lui sauta vite aux yeux : le ventre rond d’Avalon, comme si elle était enceinte. Puis, au bas du dessin, une petite phrase écrite.

« Ok pour un autre enfant mais je te préviens, elle s’appellera pas Reyna. »

Un rire échappa à Roy, trop surpris pour réagir par l’humour. Il leva les yeux vers Avalon, avec un sourire incrédule. Il peinait à y croire et demanda aussitôt :

« C’est pour de vrai ? Tu veux qu’on fasse un autre enfant ? »


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Chroniques d'une parentalité en construction [scènettes de la famille Avaloy] - Page 2 Icon_minitimeMer 7 Fév 2024 - 7:10
Parfois, Roy se plaignait de la manière dont Avalon amenait ses propos ; de manière franche et brute, sans prendre la peine de les introduire. Il râlait pour la forme et elle prenait un malin plaisir à le surprendre mais, cette fois-ci, elle avait eu envie de faire les choses différemment. En se projetant dans une seconde grossesse, Avalon avait réfléchi à toutes ces choses qu’elle n’avait pas pu faire la première fois : prendre la décision en amont, faire l’amour avec Roy en espérant tomber enceinte, attendre impatiemment les résultats d’un test de grossesse, puis la première échographie, acheter les premiers chaussons, les premiers pyjamas, réfléchir à un prénom et organiser un repas pour l’annoncer à leurs proches. Sa première grossesse avait été très courte et marquée par les difficultés.

Alors, désormais, Avalon aspirait à la douceur d’une maternité sans nuage.

Cette douceur commençait ici et maintenant, dans ce dessin qu’elle avait fait dans la journée. Elle avait choisi de représenter leur famille, leur grande famille composée et recomposée, dans la maison qu’ils avaient acquis à la Nouvelle-Orléans. On y voyait Teresa et Alma, penchées sur Vivianne qui leur lisait une histoire. Roy et elle se tenaient au second plan, mais leurs yeux étaient rivés sur cette scène tendre. Sa main à elle était posée sur son épaule. Sa main à lui effleurait son ventre arrondi. En bas de la feuille, elle avait écrit une phrase plus humoristique, que son mari ne sembla même pas relever.

Son sourire incrédule la fit sourire à son tour.

« Oui, assura-t-elle en tendant sa main pour la poser sur la sienne. J’y ai beaucoup réfléchi ces derniers mois et… Ça y est, je sais que je suis prête. » Elle avait le visage lumineux et les yeux brillants. « J’ai envie qu’on fasse un autre enfant, toi et moi. » Elle eut un rire et plaisanta, avec un fond de sérieux dans le regard : « Mais je te préviens, je veux la totale, même les trucs un peu clichés genre… une baby shower ou un shooting photo sur une plage. » Ce fut avec une expression plus tendre qu’elle continua, en pressant ses doigts contre ceux de Roy : « Tu es toujours partant pour qu’on agrandisse notre famille ? »


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Chroniques d'une parentalité en construction [scènettes de la famille Avaloy] - Page 2 Icon_minitimeVen 9 Fév 2024 - 6:32
Roy s’était empêché de trop penser à ce projet de bébé pour ne pas nourrir des espoirs qui seraient déçus. Mais il sut que sa posture n’était pas aussi neutre qu’il le pensait quand Avalon lui fit l’annonce qu’il attendait tout de même malgré lui. Son visage s’illumina devant sa déclaration qui allait au-delà de ses espérances. Il pouvait s’imaginer lui dire qu’elle pouvait l’envisager, qu’elle voulait bien le laisser la convaincre. Il s’attendait à discuter, chercher des arguments. Mais visiblement, Avalon avait déjà fait son introspection pour régler le sujet de son côté.

Elle était prête et plus que ça, elle en avait vraiment envie. Les lueurs dans ses yeux, le sourire sur ses lèvres, tout laissait voir qu’elle nourrissait un désir sincère. Elle en avait assez envie pour commencer à en rêver ; c’était ce que Roy voyait dans le dessin entre ses mains.

A son tour, il fut saisi d’une émotion qu’il n’avait pas anticipée. Hilare, il s’élança vers Avalon pour la soulever dans ses bras et la faire tournoyer dans une véritable danse de la joie.

« Bien sûr que je suis partant ! Et bien sûr qu’on va faire la totale, tu crois quoi, que je fais les choses à moitié, moi ? » Entre deux rires, il se mit à picorer ses joues de baisers. « Je sens qu’on va se battre encore sur les prénoms mais… On aura bien le temps, hein. »

C’était fantastique de pouvoir prévoir et organiser ce désir d’enfant. C’était tout ce qu’il n’avait pas pu faire jusque là, songea Roy en ralentissant ses mouvements. Car ce n’était pas une mais deux grossesses imprévues qu’il avait vécues à quelques mois d’écart. Et même s’il ne regrettait aucune d’entre elles, l’idée d’expérimenter une grossesse choisie et préparée lui plaisait beaucoup.

Etait-ce cette possibilité qui avait fini par séduire Avalon ? se demanda t-il.

« Qu’est-ce qui t’a décidée ? » l’interrogea t-il, curieux.


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Chroniques d'une parentalité en construction [scènettes de la famille Avaloy] - Page 2 Icon_minitimeSam 10 Fév 2024 - 9:30
Roy eut un rire joyeux, presque incrédule, qui s’éleva et rebondit contre les murs. Les lèvres étirées en un large sourire, Avalon se laissa attirer dans une étreinte heureuse, le cœur gonflé par une douce euphorie. C’était tellement simple, tellement léger et tellement fort. Il n’y avait pas meilleure manière pour conclure ces années à redouter l’avenir et à craindre la catastrophe. Enlacée contre Roy, Avalon sentait un poids s’envoler de son cœur, en même temps que celui-ci se mettait à battre pour un espoir qui esquissait désormais des rêveries dans ses pensées.

Ils allaient avoir un autre enfant.

« Bien sûr qu’on va se battre sur les prénoms, acquiesça Avalon en riant. Et cette fois-ci on aura même neuf mois pour le faire, alors t’as intérêt à préparer tes meilleurs arguments… »

Pour Alma, ils n’avaient pas vraiment eu l’occasion de faire ça. La grossesse avait été courte et compliquée, si bien qu’ils n’avaient pu investir pleinement les préparatifs de la naissance. Ils s’étaient accordés sur un prénom quelques heures avant sa naissance, lorsqu’Avalon était déjà hospitalisée. Cette fois-ci, ils allaient avoir le temps d’attendre un enfant. D’en parler avant même qu’il ne soit conçu et de préparer sa naissance. Ce qu’Avalon avait eu tant de mal à faire la première fois la faisait sourire d’impatience maintenant ; elle hâte de choisir les premiers meubles pour la nurserie et d’hésiter longuement sur la couleur des rideaux.

« Mhh, pas mal de choses, répondit-elle à la question de Roy alors qu’il ralentissait ses mouvements. Je crois qu’au fond, je me suis toujours imaginée avoir plusieurs enfants. Mais… Avec la naissance d’Alma et tout ce qui s’est passé après, je flippais grave. Dès que j’y pensais, je me disais qu’on allait encore vivre un truc du genre. Et… Tu sais, quand Alma a eu son accident la semaine dernière et que je suis allée la récupérer aux urgences ? Bah, je me suis rendue compte que c’était la première fois que je remettais les pieds à Ste-Mangouste depuis son enlèvement. Et c’était dur, oui, mais… Ça allait ? J’avais plus ce truc en moi où j’étais juste… Certaine que j’allais la perdre. »

Il y eut un silence, pendant lequel ils échangèrent un regard lourd de sens et de cette compréhension mutuelle qu’ils avaient du vécu de l’autre.

« Je sais pas, ça a débloqué quelque chose, je pense. C’était comme si c’était vraiment la preuve que j’étais sortie de tout ça, tu vois ? » Elle noua ses doigts à ceux de son époux, un doux sourire sur les lèvres. « Et maintenant, quand je nous imagine avoir un deuxième enfant, je pense pas à tout ça. Tu sais, aux examens toutes les semaines et tout… Je nous imagine juste faire les échos, le voir bouger, chercher un prénom, décorer sa chambre… Et j’ai trop envie de tout ça. » avoua-t-elle avec un petit rire.



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