-40%
Le deal à ne pas rater :
Tefal Ingenio Emotion – Batterie de cuisine 10 pièces (induction, ...
59.99 € 99.99 €
Voir le deal

Entre deux mondes [Avalon & Roy & bébés]

Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2891
Profil Académie Waverly
Entre deux mondes [Avalon & Roy & bébés] Icon_minitimeDim 26 Fév - 21:19
3 mars 2012, Nouvelle-Orléans

Les félicitations de Joséphine n’avaient pas été très chaleureuses quand Roy lui avait annoncé la naissance d’Alma ce matin, en arrivant à la Nouvelle-Orléans. Il s’y attendait, il savait très bien d’où ça venait mais il avait choisi de ne pas relever. Joséphine s’était montrée contrariée par l’annonce de la grossesse d’Avalon, quelques mois plus tôt, si contrariée qu’ils en étaient très vite arrivés à avoir une conversation à ce sujet. L’avantage avec Joséphine était que -à l’inverse de sa cousine Isobel- elle ne cherchait pas à masquer ses états d’âme et ses pensées. Roy pouvait assez facilement avoir des conversations honnêtes avec elle. Elle avait fini par reconnaître ses craintes de le voir s’éloigner et se désintéresser de leur fille au profit de celle qu’il aurait avec Avalon.

Roy lui avait dit et répété que rien ne changerait dans ses engagements envers Teresa, mais il savait que Joséphine restait méfiante, qu’elle attendait de voir ses actes plutôt que de croire aveuglément ses mots. Alors, même si Avalon venait juste d’accoucher, qu’il aurait aimé pouvoir rester avec elle jusqu’à ce qu’elle sorte de l’hôpital, Roy avait choisi d’honorer son pacte avec Joséphine et ne pas décaler son week-end.

Ce n’était pas seulement par volonté de faire ses preuves auprès de Joséphine. Garder ses habitudes qui avaient commencé à se mettre en place avec Teresa était important pour lui, il commençait juste à trouver une routine qui tournait bien. Il prenait un Portoloin à quatorze heures de Londres pour arriver, en comptant le décalage horaire, vers huit heures du matin à la Nouvelle-Orléans. Comme Teresa n’avait que cinq mois, elle restait dépendante de sa mère qui l’allaitait alors Roy n’avait d’autre choix que de se conformer à son emploi du temps. Il alternait les moments où il prenait sa fille seule pour une balade et ceux où il la voyait en présence de Joséphine, là où elle se trouvait : chez elle, au Chaudron, chez des membres de sa famille. Les deux parents essayaient toujours de se réserver un déjeuner, le samedi ou le dimanche, où ils pouvaient discuter en tête à tête. Roy profitait des moments où Teresa faisait la sieste pour se balader dans la ville et partager des moments avec les Lavespère, qu’il commençait à bien connaître pour certains. La mère de Joséphine l’invitait régulièrement à dîner. André le saluait toujours quand il passait au Chaudron. Antoine essayait de lui vendre désespérément ses cerbères.

En somme, il commençait à se construire ses petites habitudes dans cette ville et dans cette grande famille qui l’accueillait deux fois par mois et il s’y accrochait du mieux qu’il le pouvait. Par amour pour Teresa, par volonté de jouer son rôle de père au mieux.

Car en vérité, Joséphine avait appuyé sur un point sensible chez lui, en lui reprochant de faire si vite un deuxième enfant. Lui aussi, il avait peur de mal faire, de moins donner à Teresa, d’être moins impliqué parce que son temps devait forcément se partager entre ses deux filles encore toute petites et qui avaient besoin de tant d’attention. Il avait peur que, d’une manière ou d’une autre, Teresa sente que quelque chose avait changé. Ou qu’elle se sente un jour moins aimée que sa soeur qui aurait la chance de vivre au quotidien avec lui.  

Ce souci n’avait jamais été aussi présent chez lui que maintenant qu’il tenait Teresa dans ses bras, tout en ayant une pensée pour Alma, à des milliers de kilomètres, qu’il avait quittée quelques heures plus tôt.

Tiraillé entre ses deux vies de père, l’une aux Etats-Unis et l’autre en Angleterre.

Son regard préoccupé flottait dans le vide, perdu quelque part dans les arbres du parc où il s’était installé. Il sortit de sa léthargie en sentant sa fille s’agiter sur ses genoux. Elle s’était pris d’un vif intérêt pour son Pear One qu’elle avait attrapé entre ses mains et qu’elle tenait fermement entre ses petits doigts. Quand Roy tira légèrement pour le reprendre, il s’aperçut que Teresa lui opposait sa force, décidée à ne pas laisser partir son nouveau jouet.

« Oh bah, tu as de la force toi maintenant dis donc ? » Amusé, il la tourna sur ses genoux de manière à lui faire face et lui fit un sourire. « Tu veux pas me rendre mon Pear ? »

Teresa répondit par un sourire tout aussi large, en faisant un petit bruit adorable, comme si elle cherchait à lui parler. Les bébés grandissaient à une vitesse ahurissante, il ne l'imaginait pas avant de le voir sur sa fille. A chaque fois que Roy venait la voir, il avait l’impression de découvrir une nouvelle chose chez elle, une nouvelle capacité. Elle n’était pas aussi réactive à ses sourires, ni aussi bavarde la dernière fois qu’il était venu. Il avait l’impression qu’elle commençait à explorer les sons de sa bouche et qu’elle essayait de communiquer à sa manière.

C’était à la fois attendrissant et frustrant de la voir évoluer si vite.

Elle commençait même à développer sa motricité fine et elle le montra en portant à sa bouche son Pear One. Roy tendit aussitôt la main vers l’objet pour le reprendre et le remplaça par la tétine de Teresa.

« Non, on ne met pas le Pear One dans la bouche, c’est sale… » 

La petite fille parut désarçonnée, déçue d’avoir perdu sa distraction. Roy quitta le banc où il s’était installé en la soulevant dans ses bras.

« Tu veux qu’on aille faire les boutiques, mon bébé ? T’acheter des petits jouets que tu vas pouvoir mettre dans ta bouche ? Tu veux faire ça avec Papa ? » Elle se remit à babiller et il ne résista pas à déposer de nombreux baisers sur ses grosses joues. « Mais oui, on va faire ça. Juste toi et moi. » Il s’arrêta sur cette phrase. Teresa tendait ses petites mains vers lui, les posait d’une manière un peu hasardeuse sur son visage. « On est bien toi et moi, hein ? »

Il attrapa l’une des toutes petites mains de sa fille. Un peu plus grande que celles d’Alma qu’il tenait encore ce matin. Mais toujours très petite dans sa main d’adulte. Il l’embrassa longuement.

« Tu es le trésor de Papa, tu le sais, hein ? » Teresa fixait de ses grands yeux noirs recouverts de longs cils le visage de son père tout proche du sien. « Le plus grand trésor. »


******

4 mars 2012, Londres

La séparation avec Teresa fut plus difficile pour Roy qu’elle ne l’avait été lors de ses derniers week-end. Il la couvrit de tant de baisers qu'il gardait encore le souvenir et la sensation de ses joues rebondies contre ses lèvres quand il atterrit à la gare de Portoloin de Londres. Habituellement, il se dirigeait aussitôt chez lui pour aller se reposer et tenter de rattraper ce décalage horaire qui l’épuisait. Mais cette fois-ci il se dirigea directement vers Sainte Mangouste, sans passer par Bristol.

Le Portoloin suivi du transplanage le laissa avec une sensation de vertige que sa fatigue n’arrangeait pas mais il ne s’y attarda pas. D’un pas vif, il marcha jusqu’au passage secret qui menait à l’hôpital magique.

Sa présence était désormais bien connue du personnel de l’hôpital qui le laissa accéder à la chambre où se trouvait Avalon, malgré l’heure tardive. Il frappa à la porte et trouva sa femme seule dans la pièce, car le temps des visites était terminé. Un sourire éclaira ses traits tirés en l’apercevant penchée sur Alma, une image douce et heureuse dont il ne se lassait pas. Dans une routine bien établie désormais, il passa d’abord devant la table à langer où se trouvait le gel dont il se servit pour désinfecter ses mains, avant de s’approcher d’elles deux. Son premier baiser fut pour Avalon.

« Ça va ? » lui souffla t-il. « Pas trop fatiguée ? » Blottie dans les bras de sa mère, Alma les contemplait tous les deux de ses petits yeux bruns. Roy lui adressa un grand sourire. « Mais tu es encore réveillée, toi ? » Il déposa un baiser plus léger, un effleurement sur le front encore fragile de sa fille. « Coucou, cariña… »


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
Messages : 693
Profil Académie Waverly
Entre deux mondes [Avalon & Roy & bébés] Icon_minitimeLun 27 Fév - 10:18
« Coucou petite puce, murmura Célice Davies, penchée sur le berceau d’Alma. Coucou. Tu veux venir voir ta tante préférée ? Oui ? » Elle leva les yeux pour interroger Avalon du regard. Cette dernière hocha la tête en souriant. Précautionneusement, Célice fit sortir Alma de la couveuse et la cala dans ses bras d’un geste assuré. « Oh bah, tu es toute légère, toi. Oh non, ne pleure pas. » Elle la berça doucement, sans la quitter du regard. « Tout va bien, regarde. Voilà. »

Attendrie, Avalon contempla la scène pendant quelques secondes. C’était la première fois que Célice rencontrait Alma – entre son travail et son fils en bas-âge, elle n’avait pas pu se libérer avant pour passer à l’hôpital. Ce n’était même pas comme si elle pouvait y venir simplement ; le lieu était totalement invisible pour les moldus, qui n’avaient même pas conscience de sa présence en plein cœur de la capitale anglaise. Il avait fallu qu’Avalon missionne Fergus pour la guider jusqu’au passage secret, puis jusqu’au service de néonatologie où elle était hospitalisée avec sa fille.

« Tu sais qu’il y a des chances que ce soit Vivianne, sa tante préférée ? commenta-t-elle finalement, brisant le silence qui s’était instauré dans la chambre.
-Chhht, n’écoute pas ta maman, elle dit n’importe quoi. » rétorqua Célice d’une voix douce. Un sourire étirait ses lèvres et, après s’être assurée qu’Alma était calmée dans ses bras, elle s’installa sur le fauteuil qui se trouvait à côté du lit de sa sœur aînée. « Comment tu te sens ? l’interrogea-t-elle en réajustant le petit bonnet qui recouvrait le crâne d’Alma.
-Un peu fatiguée, admit Avalon.
-Ouais, normal. Et encore, t’as l’air en forme pour quelqu’un qui a accouché il y a cinq jours. »

Avalon eut un vague sourire. Elle sentait encore son corps fatigué de l’accouchement mais, en effet, cela n’avait rien à voir avec les heures qui avaient suivi ce moment. Elle prenait scrupuleusement les potions qu’on lui déposait chaque matin et se forçait à sortir, à marcher un peu, pour que ses muscles ne fondent pas pendant cette longue hospitalisation. Sa fatigue était essentiellement liée à ses nuits entrecoupées par la nécessité d’allaiter Alma.

« Il est pas là, Roy ? reprit Célice après un temps de silence.
-Non, il passe le weekend aux Etats-Unis.
-Hein ?
-Avec sa fille. » précisa Avalon. Devant l’expression surprise de Célice, elle ajouta : « Teresa, tu sais ?
-Non mais oui, je sais très bien qu’il a déjà une fille. » Sa sœur avait froncé les sourcils. « Mais bon, tu viens d’accoucher, je pensais qu’il resterait un peu avec toi, quoi. Ça veut dire que t’es toute seule depuis hier ?
-Je suis pas toute seule, corrigea Avalon en levant les yeux au ciel.
-Oui, enfin, tu comprends ce que je veux dire. »

Oui, Avalon comprenait parfaitement ce que Célice voulait dire. Roy était parti la veille aux Etats-Unis, sans parvenir à masquer son embarras de la quitter aussi vite. Evidemment, elle lui avait assuré que tout irait bien, qu’il fallait qu’il aille voir Teresa et qu’il passe du temps avec elle et que, de toute façon, elle serait très entourée par leurs proches pendant son absence. Elle n’avait pas menti en disant tout cela ; elle y avait vraiment cru. Jusqu’à ce qu’elle se retrouve toute seule, dans cette chambre d’hôpital impersonnelle. Alors qu’elle berçait Alma, l’émotion lui avait un peu noué la gorge. Elle s’était sentie à la fois triste, fâchée et, par conséquent, immensément coupable. Comme si elle lisait dans ses pensées, Célice lui demanda :

« Ça te fait pas chier, franchement ?
-Bah non, c’est comme ça. » répondit Avalon, presque par réflexe. Visiblement peu convaincue, Célice haussa les sourcils.
« Oui enfin, c’était comme ça avant. Là c’est différent, vous avez aussi un enfant ensemble. » Parce qu’elle sentait que sa sœur se refermait, elle tenta une autre approche : « Non mais après tant mieux si toi, ça te convient. Moi, j’aurais été grave jalouse. »

Avalon tiqua sur ce dernier mot. Pourtant, elle n’avait jamais eu l’impression d’être jalouse de Joséphine. Elle se souvenait bien du jour où Teresa était née, elle avait longuement attendu ce moment avec Roy, dans les jardins du Temple. Evidemment, cela lui avait fait un peu bizarre de se dire qu’elle attendait avec son petit-ami que l’enfant qu’il avait fait avec une autre femme vienne au monde ; ce n’était pas une position très confortable pour elle. Mais elle avait été sincèrement heureuse pour lui et il avait été très fier de pouvoir lui présenter sa fille, quelques jours plus tard. Après la naissance, Roy avait multiplié les allers-retours aux Etats-Unis mais elle ne s’était jamais sentie menacée par ça. Ils échangeaient beaucoup de toute façon ; il l’appelait souvent ou lui envoyait des photos de Teresa. Elle l’avait accompagné à la Nouvelle-Orléans en décembre, quelques jours après Noël et gardait de jolis souvenirs des moments qu’ils avaient passés là-bas. Elle ne s’était pas sentie jalouse de la place que Teresa prenait pour Roy – elle avait même été plutôt touchée de le voir aussi proche de sa fille.

Pourtant, c’était bien de la jalousie qu’elle ressentait lorsqu’elle imaginait Roy, aujourd’hui, câliner sa première fille à l’autre bout du monde. Parce qu’il était là-bas et qu’elle était ici.

« Oui bah… » Avalon s’agita un peu. Elle finit par hausser les épaules. « Ok, c’est pas idéal comme situation, mais on fait comme on peut. »

Elle n’était même pas jalouse du fait que Roy ait une autre fille. Elle était jalouse qu’il ait une autre vie, une autre famille, à laquelle elle n’appartenait pas. Ils étaient mariés, ils s’étaient promis une vie commune avec une idée d’éternité et, pourtant, elle était tenue à l’écart d’une immense partie de l’existence de son époux. C’était d’autant plus difficile que Roy et elle fonctionnaient comme une paire ; ils partageaient tout, construisaient ensemble, avançaient main dans la main. Elle s’était sentie seule quand il était parti hier et ce sentiment s’était majoré lorsqu’il l’avait appelé, un peu plus tard, avec Teresa. Elle avait souri face à la petite fille – qui n’avait plus rien du bébé qu’elle avait vu en décembre – mais elle avait bien senti que ses exclamations joyeuses sonnaient faux. Elle avait été frustrée par cet appel et avait eu du mal à le chasser de son esprit.

« Je sais, fit Célice. Ce que je dis c’est juste que, maintenant que tu es mère, c’est normal si t’as envie de prioriser ta fille. »

Avalon ne répondit pas. Elle ne ressentait pas le besoin que Roy priorise Alma au détriment de Teresa. Elle n’avait pas la même crainte que Joséphine, qui redoutait qu’il ne parvienne pas à s’investir suffisamment auprès de Teresa car elle savait que, du fait de la configuration de leur vie, il serait de fait investi auprès d’Alma. Mais elle se posait forcément des questions sur l’impact que cette situation particulière pourrait avoir sur eux, sur leur fille. Leur fille. Qui avait une sœur, âgée d’à peine quelques mois de plus qu’elle, qui vivait à des milliers de kilomètres de là. Sa belle-fille, qu’elle connaissait à peine.

Avalon, profondément mal-à-l’aise par cette conversation qui éveillait en elle des sentiments qu’elle n’avait pas envie d’explorer davantage, préféra changer de sujet. Les deux sœurs passèrent l’après-midi ensemble mais, lorsque Célice la quitta après un dernier baiser déposé sur le front d’Alma, Avalon replongea dans ses pensées, en caressant le dos de sa fille qu’elle avait allongée contre sa peau nue. Elle médita longtemps en silence sur ce nœud qui serrait son estomac, jusqu’à ce qu’elle sente Alma s’agiter contre elle.

« Oh, pardon mon bébé, tu as faim ? » l’interrogea-t-elle en se redressant légèrement.

Elle jeta un coup d’œil à l’horloge et dégagea davantage sa poitrine en veillant à maintenir sa fille contre elle, puis réajusta les coussins pour soutenir son dos. Alma s’apaisa dès qu’elle se mit à téter, les yeux rivés sur le visage de sa mère. Cette dernière lui adressa un large sourire, toujours attendrie par ces moments précieux où elle percevait de façon très physique ce lien qui les unissait. Ce moment doux chassa ses pensées agitées et elle se concentra uniquement sur cette bouffée d’amour vertigineuse qui la saisissait encore quand elle observait sa fille. Une fois Alma repue, Avalon la garda contre elle. Généralement, elle s’endormait assez rapidement après la tétée, bercée par la voix de son père ou de sa mère. Pour une fois qui n’était pas coutume, elle garda ses yeux bruns grands ouverts.

« Tu n’es pas fatiguée, querida ? l’interrogea Avalon en caressant doucement son ventre. Ça y est, c’est la crise d’adolescence, tu veux passer toute la nuit debout à faire la fête ? » Alma agita ses petits poings vers elle et elle étouffa un rire. « On m’avait prévenu que je ne verrai pas le temps passer, mais quand même… »

La porte de sa chambre s’ouvrit sur cette remarque. Avalon releva les yeux pour découvrir le visage fatigué de Roy, qui se frictionnait déjà les mains avec la solution hydroalcoolique de l’hôpital. Elle lui adressa un sourire lorsqu’il s’approcha d’elle et lui rendit son baiser.

« Non, ça va. » lui répondit-elle lorsqu’il l’interrogea sur sa fatigue. Elle ne lui retourna pas la question ; des cernes creusaient son regard. « Oui, c’est la fête ce soir apparemment » lui expliqua-t-elle lorsqu’il s’étonna de trouver Alma encore éveillée. Elle baissa à nouveau les yeux vers elle. « Tu attendais ton papa avant d’aller dormir, peut-être ? » Sa fille lui répondit d’un long regard. Avalon l’embrassa à son tour sur le front.

Lorsqu’elle se redressa, elle se décala légèrement pour faire plus de place à Roy sur le lit qu’elle occupait. Elle pivota pour l’observer, libéra une main pour venir caresser doucement sa joue.

« Comment ça s’est passé, ce weekend ? Teresa va bien ? »




Avalon Calder

It's your love that's weighted in gold

KoalaVolant
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2891
Profil Académie Waverly
Entre deux mondes [Avalon & Roy & bébés] Icon_minitimeLun 27 Fév - 11:04
« C’est vrai, ça, tu attendais Papa ? » répondit-il avec un sourire en tournant son regard vers Alma. Il caressa ses bras emmitouflés dans un vêtement un peu grand pour elle. « Je suis là, maintenant. »

Cette simple phrase résonna chez lui, comme une promesse accompagnée d’un sentiment de soulagement. Il était là et cela lui faisait du bien. Pendant ces deux jours passés aux Etats-Unis, il avait ressenti dans sa chair le manque de son bébé laissé en Angleterre. Pouvoir enfin sentir le toucher et l’odeur d’Alma comblait ce manque.

Mais Roy se sentait toujours un peu vide, d’une certaine manière. Un vide qui se manifesta quand Avalon évoqua le nom de Teresa et qu’il essaya de masquer par un discours positif.

« Très bien. Elle grandit bien… Elle sourit beaucoup, c’est fou ! On dirait qu’elle commence à comprendre quand on s’adresse à elle, tu sais, elle relève la tête et elle te regarde quand tu lui parles. »

Il s’était émerveillé devant les réactions de Teresa, qui lui donnait l’impression de pouvoir vraiment communiquer avec elle et créer un vrai lien de complicité. Ce sentiment lui manquait.

Mais maintenant, il était avec Alma et Avalon, se rappela t-il, comme pour se recentrer et revenir dans l’autre partie de sa schizophrénie intérieure qui commençait à s’installer chez lui.

« C’était bien mais vous m’avez manqué, toutes les deux. » Il déposa un baiser sur le front d’Avalon avant de se tourner vers Alma. « Je peux la prendre ? »

Il se positionna un peu mieux contre le dossier du lit où Avalon lui laissait une place, afin de trouver une position plus confortable. Il accueillit Alma dans ses bras et pendant quelques instants, toute son attention se focalisa sur elle. Il retraça du regard les traits de son visage, comme pour les redécouvrir après son absence. Ses yeux marrons qu’elle ouvrait un peu plus, maintenant, ses fins cheveux noirs qui dépassaient de son bonnet, le bout rond de son nez, ses joues douces, ses minuscules mains et sa toute petite bouche rose. Roy fronça légèrement les sourcils.

« Je sais pas si c’est juste une impression mais… C’est fou, on dirait qu’elle a un peu changé depuis hier. »

Quelque chose lui paraissait un peu différent sans qu’il ne puisse mettre le doigt sur quoi exactement : la manière dont elle ouvrait les yeux ? La forme de son crâne ? La couleur de sa peau ? Il ne savait pas mais les médicomages les avaient prévenus sur le fait que les bébés changeaient très vite physiquement pendant la première semaine. Il l’avait déjà observé avant de partir, quand il avait comparé l’aspect du visage de sa fille avec les premières photos prises sur son Pear One. Elle semblait plus ronde, sa peau moins rose et plus lisse, ses yeux mieux ouverts comme s’ils étaient plus habitués à la lumière naturelle.

« Toi aussi, tu grandis vite » souffla t-il, un peu troublé, en déposant un baiser sur la petite main d’Alma.


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
Messages : 693
Profil Académie Waverly
Entre deux mondes [Avalon & Roy & bébés] Icon_minitimeLun 27 Fév - 11:57
« C’est vrai ? réagit Avalon lorsque Roy mentionna Teresa. C’est fou, elle était encore toute petite la dernière fois que je l’ai vu… »

Mais à cet âge, les enfants changeaient à toute vitesse. Avalon était bien placée pour le savoir ; elle avait vu, de loin, ses frères et sœurs grandir lorsqu’elle n’était pas là. A chaque fois qu’elle revenait chez ses parents – pour les vacances par exemple – elle retrouvait des enfants différents. Plus grands, plus autonomes, dont le caractère s’était déjà affirmé en son absence… Cela devait être encore plus vertigineux à constater avec sa propre fille, songea-t-elle avec un regard un peu soucieux pour Roy.

« Tu m’as manqué aussi. » Elle déposa un baiser sur son épaule. « Oui bien sûr. Attends… »

Avec précaution, Avalon déposa Alma dans les bras de son père. Elle les laissa se retrouver, attendrie par ce long moment qu’ils partagèrent en silence. Sa remarque lui fit tourner la tête vers lui mais il s’écoula une seconde de trop avant qu’elle n’y réponde.

« Elle prend du poids, c’est pour ça, commenta Avalon en baissant les yeux vers sa fille. D’ailleurs, j’ai une bonne nouvelle ! Le pédiatre est passé ce soir et, normalement, Alma n’aura plus besoin de la couveuse. Ils veulent la garder encore un peu à l’hôpital mais elle pourra aller dans un berceau normal… »

Cela avait été la bonne nouvelle de la journée, qu’Avalon avait accueilli avec beaucoup de soulagement. C’était le signe qu’Alma se développait bien et qu’ils se dirigeaient doucement vers un retour à leur domicile. Elle avait rédigé un message pour Roy, puis s’était ravisée avant d’appuyer sur le bouton d’envoi. Il était aux Etats-Unis, il était occupé avec Teresa, elle préférait le lui dire lorsqu’il serait de retour auprès d’elles. Brusquement, cette idée ne lui parut plus aussi judicieuse qu’elle l’avait été sur le moment.

Avalon et Roy se connaissaient très bien. Ils étaient amis depuis de longues années, ils s’étaient vus grandir et, depuis qu’ils étaient en couple, cette connaissance qu’ils avaient l’un de l’autre était devenue encore plus fine. Elle décodait facilement ses silences et ses regards. Parfois, Avalon avait l’impression d’avoir l’intuition de son mari. Elle parvenait à deviner le chemin de ses pensées car les siennes avaient tendance à suivre le même. Alors, forcément, elle n’eut pas besoin de beaucoup de contexte pour savoir ce que Roy mettait derrière ses paroles troublées.

En l’observant avec Alma, Avalon sentit son cœur se serrer légèrement. Il disait « toi aussi » et, s’il trouvait que sa fille cadette changeait en l’espace d’un jour, il devait avoir l’impression de rencontrer un bébé différent à chaque fois qu’il retrouvait sa fille aînée, après deux semaines d’absence.

« Teresa te manque, quand tu es ici, hein ? » finit-elle par lui demander d’une voix douce.


Avalon Calder

It's your love that's weighted in gold

KoalaVolant
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2891
Profil Académie Waverly
Entre deux mondes [Avalon & Roy & bébés] Icon_minitimeLun 27 Fév - 13:06
« Oh c’est vrai, déjà ? » s’exclama Roy alors qu’Avalon lui annonçait que leur fille allait pouvoir arrêter d’être en couveuse. « C’est bien, ça, trop bonne nouvelle ! » Il avait un sourire en se tournant vers Alma, dont il tapota affectueusement le bout du nez. « Tu es une fille trop forte, toi, hein. Aussi forte que tes parents » s’enorgueillit-il avant de reporter son attention sur Avalon. « Il t’a dit autre chose, le pédiatre ? »

Jusque là, il n’avait rien raté des discours des médicomages qui passaient quotidiennement vérifier l’état d’Alma et d’Avalon, il notait scrupuleusement dans sa mémoire leurs recommandations. C’était d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles il s’était senti coupable de partir. En l’occurrence, tout allait bien et c’était tant mieux mais si cela n’avait pas été le cas ? Si un médicomage venait apporter une mauvaise nouvelle à Avalon et qu’il n’était pas avec elle ? Et s’il ratait quelque chose d’important ?

Cette question le tracassait car il savait bien que dans l’état actuel des choses, le temps qu’il ne passait pas avec Alma, il le passait avec Teresa et inversement. Et il savait qu’il avait déjà raté beaucoup de choses de la vie de Teresa. Pas tout car Joséphine lui envoyait quotidiennement des photos et des vidéos et se montrait toujours disponible s’il voulait l’appeler. Mais ce n’était jamais pareil que d’être physiquement présent. Contempler des photos ne suffisait pas toujours, ce n’était qu’un pansement sur ce sentiment omniprésent et vif qu’Avalon identifia aussitôt.

Son premier réflexe fut de se sentir un peu coupable. Se retrouver à penser à Teresa alors qu’il tenait Alma dans ses bras le rendait mal à l’aise. Et il avait ressenti le même malaise avant la naissance d’Alma, pendant qu’Avalon traversait une grossesse très difficile et qu’il se faisait un sang d’encre pour elle deux, que son esprit était toujours ailleurs alors même qu’il partageait ses précieux et courts moments avec Teresa.

Il avait la sensation de ne jamais pouvoir être totalement dans le moment présent et cela le frustrait terriblement.

Mais cela ne servirait à rien de le nier face à Avalon, elle le connaissait trop bien et au fond, cela commençait à devenir lourd à porter pour Roy. Il parla parce qu’il avait besoin de parler, sans se réfugier dans de faux semblants :

« Ouais »
admit-il sans quitter du regard son bébé qui commençait à s’assoupir dans ses bras. « Je sais déjà qu’il y a de grandes chances que je sois pas là pour plein de moments de sa vie, comme… je sais pas, le premier mot qu’elle va prononcer, les premiers pas qu’elle va faire. Alors, je peux compter sur Jo’ pour la filmer et tout, y a pas de souci mais… C’est pas pareil. C’est juste une image, je peux pas interagir avec elle. Je suis toujours… à côté. »

Ce mot résumait bien sa position. Il avait parfois l’impression d’être à côté. Il était le témoin qui regardait une belle scène familiale dehors, par la fenêtre, sans pouvoir rentrer à l’intérieur. Quand il était avec Teresa, cela allait mieux, il passait beaucoup de temps avec elle, il prenait pleinement sa place de père, Joséphine était encourageante et aidante dans ce sens-là. Mais quand il revenait en Angleterre, il redevenait ce témoin lointain qui n’avait de sa fille que des échos.

Et cela ne lui convenait pas totalement mais il ne savait pas vraiment quoi faire pour changer la situation. Joséphine ne déménagerait jamais de la Nouvelle Orléans où se trouvait toute sa famille, ses filles, son coven, ses amis, sa vie. Et lui, c’était la même chose, il avait toute sa vie ici. Il aurait pu envisager de partir plus longtemps aux Etats-Unis dans d’autres circonstances, de partir une ou deux semaines par-ci par-là, dans une configuration de vie où il vivait seul avec Avalon. Mais c’était difficile à envisager maintenant qu’il était installé avec elle, qu’ils avaient Vivianne sous leur responsabilité et qu’ils venaient d’accueillir leur tout petit bébé dans leur foyer.

Alors Roy essayait de se résigner, en se disant que les choses seraient différentes plus tard, dans quelques années, quand il pourrait emmener Teresa ici en Angleterre et qu’elle pourrait faire le voyage quand elle en aurait envie. Qu’il avait juste à faire avec cet arrangement pour le moment.

Cette pensée, mêlée à sa culpabilité tenace, le poussa à revenir sur ses mots :

« Bref, c’est comme ça, de toute manière. » déclara t-il en tournant son regard vers Avalon. « Désolé, je viens juste de vous retrouver et on parle que de Teresa alors qu’Alma m’a manqué aussi… » Il conclut sur un ton qu’il voulait plaisantin mais qui sonna un peu amer : « Quand c’est pas l’une, c’est l’autre, hein. »


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
Messages : 693
Profil Académie Waverly
Entre deux mondes [Avalon & Roy & bébés] Icon_minitimeLun 27 Fév - 14:44
« Non, il est vraiment passé en coup de vent pour me dire ça. » lui assura Avalon. « Mais il repassera sûrement demain matin, si tu veux lui poser des questions. »

En réalité, Roy n’avait pas manqué grand-chose. L’expression amère qui passa brièvement sur son visage lui serra le cœur mais elle resta silencieuse quelques secondes, comme pour mesurer ce qu’elle s’apprêtait à dire. Lorsqu’elle lança le sujet d’une voix douce, elle vit son époux se raidir et pria pour qu’il ne se braque pas immédiatement comme il avait parfois tendance à le faire. Mais, si Roy ne tourna pas la tête vers elle comme pour fuir son regard, il parla sincèrement.

A côté. Avalon médita longuement sur ces deux mots, qui résonnèrent particulièrement en elle. Roy avait l’impression d’être à côté de la vie de sa fille aînée. Elle-même avait l’impression d’être à côté d’une importante partie de la vie de son mari. C’était comme s’ils construisaient deux familles très distinctes, côte-à-côte mais séparées par un mur immense que la distance ne faisait que renforcer. Avalon s’agita sur son lit, mal-à-l’aise. Elle percevait bien la souffrance de son compagnon à travers son discours et le manque dont il parlait lui apparaissait de façon beaucoup plus tangible depuis la naissance d’Alma. Elle aurait trouvé intolérable le fait de ne pas pouvoir rester avec sa fille, de devoir se contenter de la voir uniquement pendant les horaires d’ouverture du service. Elle ne pouvait pas imaginer ce que Roy ressentait quand il constatait que Teresa grandissait loin de lui mais, quand elle transposait leurs situations pour se mettre à sa place, elle sentait un creux immense s’ouvrir en elle.

Il était malheureux, cela se devinait facilement dans le regard qu’il finit par tourner vers elle. Il était malheureux, se sentait coupable d’être ici et de penser à Teresa, sûrement autant qu’il se sentait coupable d’être là-bas et de penser à Alma.

« Non, non, t’excuse pas… » souffla Avalon avec un air désolé en tendant sa main pour la poser sur son bras. « C’est comme ça pour le moment, c’est vrai mais… Ça peut changer, aussi. »

Elle y avait pensé toute la journée. Elle avait tourné et retourné le problème dans sa tête, jusqu’à admettre qu’il n’y avait qu’une seule solution à celui-là. Roy était malheureux d’être aussi loin de sa fille. Elle n’arrivait pas à se faire à l’idée qu’il ait une famille dont elle ne savait rien, que sa fille avait une sœur avec laquelle elle ne grandirait jamais. Roy et elle avaient l’habitude de séparer leurs existences en différentes parties qui ne se rencontraient jamais, c’était notamment ce qu’ils avaient toujours fait avec leurs familles respectives. Et, si les mécanismes à l’œuvre n’étaient pas les mêmes dans cette situation, elle se doutait que le résultat serait malgré tout plus ou moins similaire. Elle n’avait pas envie de ça pour eux, ni pour leur fille.

« Je sais que t’es malheureux de voir aussi peu Teresa. Et c’est normal… Ça doit être dur pour toi de constater toutes les deux semaines à quel point elle a changé. Et moi… » Avalon se mordit la lèvre, hésita un instant avant d’offrir à Roy la pensée qui l’avait hantée tout le weekend : « J’ai un peu l’impression que t’as une famille que je connais pas du tout alors qu’on est censés partager la même vie, toi et moi. »

Parce que cet aveu drainait une culpabilité assez lourde, Avalon s’empressa d’enchaîner :

« J’ai pas mal réfléchi ce weekend. J’ai pas envie qu’on construise notre famille comme ça, toujours entre deux continents et toi qui fais le voyage à chaque fois… Je me disais qu’on pourrait peut-être acheter ou louer quelque chose là-bas ? Et, je sais pas, prévoir d’y passer une semaine ou deux dans le mois ? Ça ne posera pas de problème avec Alma si je suis avec elle pour l’allaiter et l’école n’est même pas encore obligatoire pour Viv’ et ensuite elle rentrera à Poudlard, alors… » Elle s’agita un peu. « Je sais pas, je sais que c’était pas ce qu’on avait prévu mais… Les choses sont différentes, maintenant qu’on a Alma. »


Avalon Calder

It's your love that's weighted in gold

KoalaVolant
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2891
Profil Académie Waverly
Entre deux mondes [Avalon & Roy & bébés] Icon_minitimeLun 27 Fév - 15:56
Voyant qu’Avalon avait l’air peinée pour lui, Roy s’efforça de retrouver la maîtrise de ses émotions. Il n’avait pas envie qu’elle s’inquiète ou qu’elle se tracasse sur le sujet, surtout pas maintenant. Elle venait de passer par une longue période de grossesse stressante et éprouvante, elle avait accouché quatre jours plus tôt, elle était encore fatiguée, Alma lui prenait déjà beaucoup d’énergie.

Mais Avalon semblait malgré tout décidée à ouvrir le sujet avec lui et dit quelque chose qui retint son attention.

« Comment ça ? »

Lui aussi, il avait réfléchi au problème et ne voyait pas comment la situation pouvait changer, pour le moment. A part en déménageant et en décidant de vivre à la Nouvelle-Orléans, mais il lui semblait que cette solution n’était pas vraiment envisageable.

Avalon avait très bien cerné le problème, même s’il ne lui en avait pas vraiment parlé jusqu’à aujourd’hui. Roy soupira légèrement, sans répondre, se contentant de simplement hocher la tête. Il y avait quelque chose d’assez rassurant et confortable de constater qu’elle savait toujours comprendre ce qu’il ressentait, déceler ses non-dits sans qu’il n’ait besoin de les exprimer, parfois même anticiper ce dont il avait besoin. Elle lui épargna des aveux qu’il avait du mal à faire, avant d’en faire un à son tour, qui piqua l’attention de Roy.

Il tourna la tête vers elle, prêt à dire quelque chose mais elle ne lui en laissa pas vraiment l’occasion. Elle enchaîna aussitôt, en lui présentant une proposition qui semblait être le fruit d’une longue réflexion chez elle et que Roy n’attendait pas du tout.

Bien sûr, il avait déjà pensé à ce qu’elle était en train de lui exposer. Il s’était dit que ce serait parfait si la famille qu’il formait avec Avalon, Vivianne et Alma pouvait le suivre jusqu’aux Etats-Unis et passer quelques jours, voire semaines, avec lui là-bas, avec son autre bout de famille. Mais c’était plus une image idéale, il n’avait jamais osé explorer cette possibilité comme une réelle possibilité, parce qu’il n’imaginait pas qu’Avalon soit prête à faire ça pour lui. Passer des vacances là bas, oui, mais la moitié du mois ?

Il tourna un regard surpris, dérouté, vers sa femme. Il y avait déjà une liste de contre-indications qui s'imposait dans son esprit et qu'il ne manqua pas de dérouler :

« Mais c’est… Tu es sûre ? Je veux dire… J’adorerais l’idée, hein. Ce serait parfait si on pouvait faire ça, mais… Ça va pas faire beaucoup de déplacements et de changements pour Alma ? Et pour toi ? Et même pour Vivianne, d’accord l’école n’est pas obligatoire mais elle adore y aller… Et puis y a ton travail aussi. Pour l’instant, t’es en congé maternité mais quand tu vas reprendre, ça va être compliqué de tenir ce rythme. Et puis… Y a nos familles. Déjà, que ma mère m’en veut de pas pouvoir ramener Teresa ici, si en plus on s’en va avec Alma aussi… »

Il grimaça légèrement à cette pensée qui ne le quittait jamais totalement car il y avait toujours sa culpabilité qui revenait le titiller quand il voyait ses parents exprimer leur déception de ne pas pouvoir voir Teresa plus souvent. Cela avait été difficile pour eux d’accepter l’arrangement qu’il avait conclu avec Joséphine et pour lui de leur faire entendre qu’il n’avait pas vraiment le choix.

Mais peut-être qu’il avait davantage de marge de manoeuvre qu’il ne l’imaginait. Il était resté sur l'idée qu’Avalon était partante pour l’accompagner de temps en temps quand il allait aux Etats-Unis, parce que c’était là-dessus qu’ils s’étaient arrêtés la dernière fois qu’ils en avaient discuté, avant qu’ils ne découvrent sa grossesse. Ils avaient trouvé cet accord en se disant que cela permettrait à Avalon de connaître Teresa et faire partie de sa vie, tout en laissant à Roy l’espace de construire son lien de père avec elle.

Mais les choses changeaient, soulignait t-elle. Ils avaient Alma. Ils faisaient une famille à eux deux également. Et Avalon avait mis en évidence un point qui était douloureux à reconnaître mais que Roy ne pouvait pas nier. Dans l’état actuel des choses, il menait une espèce de double vie. Il le savait, même s'il ne le disait pas, car il ressentait ce tiraillement dans sa chair.

Et s’il le ressentait lui, il n’y avait aucune raison pour qu’Avalon et leur fille ne le ressentent pas non plus.

Pensif et mal à l’aise face à cette nouvelle lecture de leur situation, Roy resta un instant silencieux. Il baissa les yeux vers Alma, qui dormait à poings fermés, maintenant.

« Mais c’est sûr que ça serait bien qu’elles puissent grandir ensemble, elles deux… » souffla t-il. Il tourna un regard hésitant et un peu coupable vers Avalon. « Et que tu puisses voir Teresa quand j’y vais, aussi. J’avais pas mesuré que… Enfin, j’ai pas envie que tu te sentes exclue d’une partie de ma vie. »

Et il avait justement essayé de ne pas le faire, en prenant soin de l'appeler quand il allait aux Etats-Unis, pour lui raconter sa journée et lui montrer Teresa. Mais s'il ne s'en contentait pas quand c'était Joséphine qui faisait ça avec lui alors... il n'y avait pas non plus de raison pour qu'Avalon s'en contente de son côté.

Si ce n’était que ça, il aurait pu arriver à cette conclusion tout seul. Au fond de lui, Roy savait qu’une autre présupposition l’avait empêché de considérer les choses de cette manière. Si une part de lui se réfugiait dans ce qu’il connaissait bien, ce qu’il savait bien faire, à savoir garder ces deux pans de sa vie séparés, c’était parce que c’était plus facile. Moins risqué. En gardant sa famille avec Avalon d’un côté et sa famille avec Joséphine et Teresa de l’autre, il limitait les risques de confrontation entre les deux. Sa situation n’avait rien d’anodin et on le lui rappelait souvent. Ils avaient démarré leur couple en sachant que Roy s’apprêtait à accueillir un enfant avec une autre femme. Avalon avait eu assez de courage et assez d’amour pour lui pour accepter de se lancer dans cette aventure mais Roy se doutait bien que cela ne devait pas être évident pour elle non plus. Même si elle n'en parlait pas, qu'elle ne lui faisait aucun reproche et qu’elle s’était toujours montrée sincèrement heureuse de la présence de Teresa dans sa vie, ce bébé restait l’enfant d’une autre femme. Une femme qui n’était pas elle.

Et Roy était prudent avec ça. Il n’avait pas envie de créer des situations où Avalon se sentirait mal à l’aise ou jalouse. Il n’avait pas non plus envie de se prendre la tête avec Joséphine, elle se montrait assez méfiante envers tout ce qui pouvait menacer l’équilibre qu’ils cherchaient encore dans leur co-parentalité. Alors, plus ou moins inconsciemment, il avait adopté la posture de ne pas trop en demander à Avalon. Notamment de ne pas lui demander de s’impliquer autant que lui dans ses visites à Teresa.

Le fait qu’elle lui propose volontairement d’en faire plus le questionnait donc beaucoup et il voulait comprendre ce qui la motivait. Parce qu'il ne savait pas exactement quelle question poser, il resta assez imprécis et maladroit :

« Mais toi, ça te ferait pas bizarre de venir aussi souvent là-bas ? »


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
Messages : 693
Profil Académie Waverly
Entre deux mondes [Avalon & Roy & bébés] Icon_minitimeLun 27 Fév - 17:57
En écoutant Roy lui lister tous les obstacles qui se dressaient devant cette nouvelle organisation, Avalon secoua la tête :

« Non mais bien sûr, il y a des choses à prendre en considération mais… On peut l’envisager quand même. »

Elle s’agita à ses côtés, un peu mal à l’aise. Elle avait conscience que ce projet supposait de revoir toute l’organisation qui avait été mise en place jusqu’à présent mais elle ne pouvait pas faire taire ce sentiment qui lui donnait l’impression de ne pas être à la bonne place en restant ici, en Angleterre, alors que Roy partait sur le continent américain deux fois par mois. Elle n’avait pas envie qu’ils construisent leur vie comme ça, pas alors qu’ils s’étaient mariés et qu’ils avaient un enfant ensemble. Lorsqu’ils étaient simplement en couple, l’enjeu était encore différent mais la naissance d’Alma avait forcément remis les choses en question. L’absence de Roy pendant ce weekend avait forcé Avalon à ouvrir les yeux sur un sentiment piquant, un sentiment qu’elle savait très bien reconnaître parmi ceux qui la traversaient parfois. La jalousie. L’envie.

Elle n’en était pas très fière, d’autant plus que Roy passait la majeure partie de son temps auprès d’elle et que, dans cette situation, Joséphine avait beaucoup plus de raisons d’être méfiante qu’elle. Mais c’était plus fort qu’elle ; elle se sentait jalouse, un peu envieuse de cette vie dont elle ne faisait pas partie. C’était d’ailleurs ce dernier élément qui majorait ce sentiment ; en ne voyant rien, Avalon avait le loisir de tout imaginer.

Pourtant, elle avait pleinement confiance en Roy. Elle savait très bien qu’il ne risquait pas de tomber fou amoureux de Joséphine et de l’abandonner pour aller vivre à la Nouvelle-Orléans avec elle et Teresa. Elle n’avait pas peur pour son mariage ; elle avait peur pour sa famille. Elle se demandait si Roy pourrait être entièrement disponible pour Alma si Teresa lui manquait autant qu’elle pouvait l’imaginer, s’il pourrait être véritablement heureux ici, avec elles, alors qu’une part de lui aurait toujours envie d’être ailleurs. Ce n’était pas une situation confortable pour lui, ni pour elle, et cela finirait forcément par peser sur Alma un jour aussi. Lorsqu’elle avait identifié cette crainte, un peu plus tôt dans la journée, elle s’était sentie en colère. En colère parce qu’elle fondait à peine sa famille et qu’il fallait qu’elle compose avec la double-vie de son mari. En colère parce qu’elle aurait voulu avoir du temps pour elle, pour Alma, pour eux. Et en colère parce qu’elle se sentait immensément coupable de ressentir ça, alors qu’elle avait assuré son soutien à Roy à de nombreuses reprises.

Elle ne voulait même pas qu’il « choisisse » leur famille au profit de celle qu’il avait en Louisiane ; elle pensait toujours très sincèrement ce qu’elle lui avait dit la première fois qu’ils avaient ouvertement parlé de sa paternité. Avalon savait ce que c’était de grandir avec un père défaillant, un père absent et elle ne souhaitait cela à personne et encore moins à cette toute petite fille qu’elle avait rencontrée quelques jours après sa naissance. Elle était fière de l’investissement de Roy auprès de Teresa, surtout alors qu’elle savait très bien que beaucoup d’hommes auraient fui face à ces mêmes responsabilités. Son histoire personnelle et sa souffrance familiale faisaient qu’elle aurait trouvé intolérable de partager sa vie avec quelqu’un qui aurait balayé une telle situation d’un revers de main.

Mais ce n’était pas facile pour autant. Ce n’était pas facile de trouver sa place dans cette famille que Roy construisait loin d’elle, sur un autre continent. Ce n’était pas facile de digérer le fait qu’elle ne lui donnerait jamais son premier enfant.

La question de son époux flotta quelques secondes entre eux. Avalon triturait machinalement le drap de son lit d’hôpital, visiblement nerveuse. Elle finit par avouer, en fuyant le regard de son mari :

« Je sais pas… Peut-être. »

Elle n’avait pas envie de lui mentir en prétendant que les choses étaient évidentes pour elle, qu’elle se faisait très bien à cette situation parfaitement inédite dont ils n’avaient même pas pu discuter pendant sa grossesse qui avait été bien trop anxiogène pour qu’ils aient le loisir de penser à « l’après ». Avalon lutta un moment contre ses propres mots, se raccrochant à cette pudeur qu’elle avait du mal à abandonner, surtout lorsque les sentiments qui bataillaient en elle n’avaient rien de glorieux.

« C’est sûr que c’est pas hyper confortable pour moi, comme situation parce que… Eh bien, parce que t’as eu un enfant avec quelqu’un d’autre. » Elle eut un rire nerveux qui s’étrangla dans sa gorge. « Mais justement, c’est presque pire de rester ici quand tu vas là-bas parce que c’est comme si je restais derrière. Dans ton autre vie, tu vois ? »

Elle se mordit la lèvre et poursuivit, les yeux baissés vers ses mains agitées.

« On fait tout ensemble, toi et moi. On rend Toni dingue à cause de ça mais voilà, c’est un fait, c’est comme ça qu’on fonctionne. Sauf que deux fois dans le mois, tu pars aux Etats-Unis et j’ai aucune idée de ce que tu fais là-bas, de comment est ta vie quand t’es là-bas… Je crois que ça me rend un peu jalouse. » admit-elle malgré le nœud qui s’était formé dans sa gorge. « Et tu sais bien que je trouve ça hyper important que tu sois là pour Teresa, que ça me rend heureuse que tu puisses passer du temps avec elle… » Cette fois-ci, elle releva les yeux vers lui, comme pour lui prouver sa sincérité, « Je le pense vraiment. Mais… »

Il y eut un silence, à peine troublé par la respiration d’Alma qui dormait profondément.

« J’ai pas envie de te regarder construire une famille à côté de la nôtre. » Elle observait toujours Roy, cherchant à deviner sur son visage l’impact de son discours. « Et j’ai envie de faire partie de ta vie là-bas aussi. De ta vie et de celle de Teresa parce que c’est ma belle-fille maintenant. C’est la sœur de ma fille. » Elle conclut finalement en se redressant légèrement : « Ecoute, je veux pas m’imposer non plus et c’est important que vous passiez du temps juste tous les deux. Mais justement, c’est pour ça que je me disais que, si on partait ensemble plus longtemps là-bas, on pourrait faire tout ça. Tu pourrais passer du temps juste avec elle sans avoir l’impression d’en manquer et on pourrait aussi faire des choses tous ensemble… »  


Avalon Calder

It's your love that's weighted in gold

KoalaVolant
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2891
Profil Académie Waverly
Entre deux mondes [Avalon & Roy & bébés] Icon_minitimeLun 27 Fév - 21:03
La réponse incertaine d’Avalon jeta un malaise dans leur conversation. Parce qu’il sentait qu’elle réfléchissait à ses prochains mots et parce qu’il était lui-même pris d’une agitation intérieure, il se leva du lit et fit quelques pas vers la couveuse. Il profita de ce bref temps de latence pour déposer précautionneusement Alma dans son berceau et réfléchir à ce qu’il voulait dire de son côté. Il n’était pas surpris de la réponse d’Avalon, bien au contraire : ce qui l’aurait surpris, c’était qu’elle lui dise qu’il n’y avait rien d'étrange ou de délicat pour elle, que tout était normal. Il savait bien que ce n’était pas le cas. Tous les couples ne se construisaient pas tout en attendant la naissance d’un enfant d’un autre lit.

« Ouais, je vois » répondit-il simplement, sans s’étendre sur ce qui était un fait et une évidence.

Avalon prenait déjà admirablement bien les choses, Roy s’en rendait bien compte et il n’avait pas besoin qu’on le lui dise pour le voir. Dans une situation inverse, il n’était pas sûr qu’il aurait aussi bien réagi. Il aurait probablement été jaloux et méfiant vis à vis de cet homme dont Avalon portait l’enfant. Il n’aurait pas beaucoup aimé l’idée de la laisser passer un week-end entier en sa présence, sans qu’il ne soit là. Il se serait senti à part, exclu d'une part importante de la vie de sa partenaire, menacé par celle qu'elle partageait encore avec un ex. Il aurait peut-être fini par accepter les choses et prendre sur lui, mais avec difficulté. Avalon, elle, si elle éprouvait des sentiments négatifs vis à vis de la situation, elle parvenait à ne pas le laisser transparaître et se montrer toujours soutenante envers lui.

Roy ne fut donc aucunement surpris de l’entendre prononcer le mot qu’il devinait derrière son discours. Jalouse. Il s’y attendait mais ce ne fut pas sans effet sur lui pour autant. La culpabilité qu’il ressentait déjà augmenta d’un cran. Il faisait tout ce qu’il pouvait pour épargner ce sentiment à Avalon, en étant le plus transparent possible avec elle, mais cela ne suffisait pas.

Elle se sentait laissée en arrière et ce fut un reproche douloureux à encaisser.

Mais elle n’était pas jalouse de Joséphine, comprit Roy en l’écoutant parler. Ni de Teresa. Elle était jalouse de la situation plutôt que d’une personne. Elle était jalouse de le voir construire une part très importante de sa vie sans qu’elle n’en fasse partie. Elle voulait faire partie de toutes les sphères de sa vie et Roy ne pouvait guère le lui reprocher : c’était ce qu’il désirait aussi avec elle et c’était ce qu’ils s’étaient tous les deux promis pour l’éternité en se mariant.

Quand il revint vers elle, il s’assit à nouveau sur le rebord du matelas, mais de manière à lui faire face, cette fois. Son expression était soucieuse car face à cet aveu, inévitablement, une inquiétude familière refaisait surface chez lui. Est-ce qu’elle regrettait ? Est-ce que tout ce qu’elle lui avait dit avant la naissance de Teresa n’était plus valable face à la réalité des choses ? C’était facile d’assurer qu’elle le soutenait tant que le bébé n’était pas là mais c’était autre chose de se confronter réellement à la situation.

Alors Roy se détendit quand Avalon lui assura que rien n’avait changé sur ce point-là, qu’elle était toujours heureuse de le voir s’impliquer dans sa paternité avec Teresa. Il apprécia qu’elle l’affirme et le répète et il le signifia en prenant dans sa main celle d’Avalon.

« Je sais, bébé » souffla t-il, en pressant sa main dans la sienne, comme pour la remercier silencieusement et l’encourager à finir ce qu’elle avait à lui dire.

Car il y avait forcément un « mais » à la suite de cette phrase.

« J’ai pas envie de te regarder construire une famille à côté de la nôtre. Et j’ai envie de faire partie de ta vie là-bas aussi. De ta vie et de celle de Teresa parce que c’est ma belle-fille maintenant. C’est la sœur de ma fille. »

Cette affirmation toucha Roy à un endroit sensible et lui fournit toutes les réponses dont il avait besoin. Il n’avait pas tout de suite compris pourquoi Avalon lui proposait de partir aussi longtemps et aussi loin, dans la situation où ils étaient, mais désormais ses motivations étaient limpides.

Elle le faisait pour lui. Et également pour elle et pour leur famille, pas seulement la famille qu’ils étaient avec Alma mais aussi celle qu’ils formaient avec Teresa.

Touché, Roy baissa brièvement les yeux, le temps de réévaluer la situation telle qu’Avalon la décrivait. Les choses n’avaient pas à être aussi compliquées qu’il se l’imaginait. Elle lui offrait sur un plateau ce qu’il n’avait pas osé proposer et dont il se contentait de rêver. Elle lui proposait de passer de longues périodes aux Etats-Unis pour qu’il puisse profiter de la présence de sa fille, pas seulement pour lui faire plaisir mais aussi parce que c’était important pour elle. Elle voulait sincèrement s’investir dans toutes les sphères de sa vie et prendre soin de la famille recomposée un peu étrange qu’ils constituaient entre eux deux, Alma, Vivianne et Teresa.

Parfois, il se demandait ce qu’il avait fait pour mériter une femme comme Avalon et cette réalisation lui donnait le vertige, le laissait muet et contemplatif.

« Je me souviens, quand on s’est mis ensemble, tu me disais que tu aimerais forcément mon enfant parce que ça serait une part de moi… » Et déjà à l’époque, cela l’avait beaucoup touché. Il poursuivit avec un sourire : « Mais c’est la première fois que tu me dis que tu la vois comme ta famille. »

Il ne chercha pas à poser des mots sur ce que cette nouvelle donnée créait comme sentiments chez lui. Il préféra exprimer sa reconnaissance et son amour dans son regard sur elle et le baiser qu’il déposa au creux de la paume d’Avalon. Il eut un temps de réflexion, les yeux rivés sur elle, pendant qu’il cherchait ses mots.

« Tu sais, moi je demande rien d’autre que de te laisser être dans toutes les parts de ma vie, surtout des parties aussi importantes. Si j’ai commencé à aller voir seul Teresa, c’était parce qu’on avait pas trop le choix avec la grossesse mais aussi parce que… Bah j’étais pas sûr de ce que tu ressentais de ton côté. Je veux dire, je sais très bien que la situation est… bizarre et pas confortable. Je me doutais que ça pouvait te mettre mal à l’aise ou te rendre jalouse à des moments. J’aurais été jaloux aussi, à ta place. » Il secoua la tête avec un sourire en coin. « Grave jaloux, t’es une sainte à côté de moi » admit-il avec un demi-rire, sans trop d’effort car elle le connaissait et elle devait s’en douter. « Bref, je comprends que t’aies pas envie de continuer de rester à l’écart, d’autant plus maintenant qu’on a notre fille aussi. Si tu as envie qu’on y aille ensemble avec Alma, ça me ferait vraiment plaisir… Moi aussi, j’ai envie que Teresa vous voit comme des membres de sa famille, toi et Alma. »

Il s’éclaircit la gorge, comme pour chasser l’émotion qui commençait à monter. Tous ces trucs de parentalité, ça le rendait faible, décidément. A nouveau, il embrassa la main de sa femme.

« Merci de me proposer ça… Bon. Par contre, je redis ce que je disais tout à l’heure, si on veut acheter aux Etats-Unis et passer du temps là-bas, ça pose plein de questions quand même. »


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
Messages : 693
Profil Académie Waverly
Entre deux mondes [Avalon & Roy & bébés] Icon_minitimeLun 27 Fév - 23:05
Avalon n’aimait pas reconnaître qu’elle était jalouse ; cela lui donnait l’impression d’admettre un tort, une faiblesse. Cet aveu était d’autant plus difficile à faire dans ce contexte particulier car il y avait beaucoup d’enjeux et qu’elle ne voulait pas prendre le risque d’ajouter un élément de complexité à une situation déjà compliquée. Mais c’était une confession nécessaire ; elle le sentit dans le poids qui quitta son cœur au moment où elle s’ouvrait à Roy. Elle avait beaucoup pris sur elle, depuis qu’il lui avait annoncé la grossesse de Joséphine. Elle avait fait le choix de remiser au second plan les émotions qui s’agitaient en elle, parce qu’elle n’avait pas voulu les imposer à Roy à un moment où il construisait difficilement sa paternité. Elle l’avait soutenu, avec sincérité, sans se pencher réellement sur ce qu’elle ressentait. Et puis, le temps avait défilé à toute vitesse – il y avait eu le conflit pour la garde de Vivianne, la refonte de la justice magique après la mort du ministre, ses migraines, son déni de grossesse, le diagnostic de prééclampsie… Cela avait été facile de ne pas penser au fait que son compagnon menait une autre vie de l’autre côté de l’Atlantique.

Mais, évidemment, cela avait fini par lui sauter au visage.

Face à Célice, elle s’était évidemment braquée – le jour n’était pas encore venu où Avalon mènerait une conversation à cœur ouvert avec sa petite sœur. Mais elle savait qu’elle pouvait s’ouvrir à Roy ; au vu de la situation, elle savait même qu’elle devait le faire. Elle ne pouvait pas nourrir éternellement de la rancœur envers cette situation qui, quoiqu’il arrive, resterait la même. En revanche, elle pouvait choisir de se positionner autrement. Elle pouvait dire qu’elle voulait plus, qu’elle voulait mieux pour leur famille.

Et c’est ce qu’elle fit, en pesant chacun de ses mots, les yeux rivés dans ceux de Roy. Elle parla sans détour, jusqu’à voir un éclat tendre passer dans le regard de son mari. Sa remarque lui tira un sourire.

« C’est vrai, réalisa Avalon. Mais c’est la vérité. Elle fait partie de ma famille aussi. » Elle serra doucement ses doigts dans les siens puis ajouta dans un souffle amusé : « Mais ne dis pas à Joséphine que j’ai dit ça comme ça, elle va s’imaginer que je veux lui voler sa fille. »

Au mariage d’Isobel et Abel, elle lui avait assuré qu’elle n’avait aucune envie de lui voler sa place ou d’outrepasser son rôle auprès de Teresa. Elle le pensait toujours mais elle ne pouvait pas nier que son statut avait légèrement changé depuis leur discussion et que, par conséquent, ses attentes n’étaient plus les mêmes non plus. Elle avait envie de connaître Teresa, de faire partie de sa vie et qu’elle fasse partie de la sienne et de celle d’Alma. Elle voulait prendre cette place de belle-mère auprès d’elle pour achever de lier leur famille recomposée qui, pour le moment, se composait de deux foyers très distincts. Elle sentait que c’était important pour elle… Et que c’était important pour Roy. Avalon voyait bien qu’il était malheureux de voir aussi peu sa fille aînée. Ils n’en parlaient pas beaucoup mais elle devinait parfois sa tristesse quand il recevait des vidéos de Joséphine qui, si elles lui permettaient d’assister aux progrès de sa fille, lui pointaient irrémédiablement son absence. Elle ne voulait pas qu’il regrette, plus tard, de ne pas avoir pu s’investir suffisamment auprès d’elle.

Et elle était prête à modifier son quotidien pour éviter ça.

Cette preuve d’amour sembla profondément toucher Roy. Après un petit temps de silence, il lui confia que, s’il avait mis en place une telle distance entre leur quotidien et cette vie qu’il avait aux Etats-Unis, c’était également pour la préserver d’une jalousie qu’elle aurait été légitime de ressentir. Une jalousie à laquelle il pouvait totalement s’identifier.

« J’aurais été jaloux aussi, à ta place. Grave jaloux, t’es une sainte à côté de moi.
-Mh, oui, rappelle-moi à quel point je suis une femme formidable. » souffla Avalon avec un rire.

Sa conclusion lui fit hocher doucement la tête et elle le laissa embrasser tendrement sa main, sans se départir de son sourire doux.

« Oui, évidemment. T’as raison, j’ai pas non plus envie de trop changer les habitudes de Vivianne en Angleterre, surtout qu’elle prend encore ses marques à Bristol mais… Regarde, on est déjà en mars. On pourrait prévoir de partir pendant les vacances de printemps ? Ça ferait deux semaines sur place, déjà. Ce sera plus facile à partir de l’été, elle sera en vacances pendant plus de deux mois et elle commencera Poudlard en septembre. Pour Alma, c’est différent, du moment qu’elle est avec nous… Même si c’est vrai qu’il vaudrait peut-être mieux privilégier des périodes un peu plus longues au début, peut-être au moins dix jours, histoire qu’elle ait le temps de s’habituer. » Avalon grimaça. « Je sais que tes parents seront pas ravis mais c’est pas comme si on parlait de s’installer durablement là-bas… On y passerait juste un peu plus de temps. Et puis, ajouta-t-elle, je suis sûre qu’ils comprendront, au fond. »

Elle s’interrompit, cherchant visiblement comment amener la suite de sa pensée. Elle finit par lâcher, en accrochant le regard de Roy :

« Pour mon taf… Justement, c’était aussi quelque chose dont je voulais te parler. » Cela faisait déjà quelques semaines qu’elle y songeait mais elle n’avait encore jamais formulé cette pensée à voix haute. « Je suis pas sûre d’avoir envie de reprendre mon poste au ministère. »




Avalon Calder

It's your love that's weighted in gold

KoalaVolant
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2891
Profil Académie Waverly
Entre deux mondes [Avalon & Roy & bébés] Icon_minitimeMar 28 Fév - 11:31
Avalon était effectivement une femme formidable et Roy n’avait jamais assez de mots pour le dire. Même si leur mariage s’était organisé très rapidement, après une demande très spontanée, il ne l’avait pas du tout épousée sur un coup de tête. Avalon était sa paire, sa partenaire de vie, celle avec qui il surmontait tous les obstacles et construisaient tous ses projets. Malgré leurs caractères explosifs et les conflits qu’ils pouvaient connaître parfois, elle était la femme qui le connaissait le mieux et qui le complétait parfaitement. Rien ne le rendait plus heureux que de construire sa famille avec elle et le fait qu’elle y accepte pleinement la fille qu’il avait eue avec une autre était l’une des plus belles preuves d’amour qu’elle pouvait lui donner.

Sa profonde reconnaissance émanait donc de ses mots et de ses regards qu’il posait sur elle. Il était toujours un peu fasciné de la manière dont ils parvenaient toujours à se comprendre et à trouver un terrain d’entente, alors même que le reste de leur entourage leur reprochait souvent de ne pas assez communiquer avec eux. La différence tenait sans doute du fait qu’il n’y avait rien qu’il n’osait pas dire ou montrer à Avalon, cela pouvait lui prendre du temps parfois de s’ouvrir à elle, mais il finissait toujours par le faire et c’était à chaque fois un grand soulagement pour lui.

Ce fut le sentiment qui l’envahit une fois qu’ils eurent trouvé une forme d’accord. Il savait qu’il y avait encore beaucoup de détails à régler mais il pouvait désormais se projeter dans un nouveau projet, une nouvelle situation où il allait pouvoir réconcilier les deux parties de sa famille entre lesquelles il se sentait si tiraillé. Et c’était déjà un progrès immense, qui lui éclaircissait les idées et allégeait son coeur.  

Il se montra donc plein de bonne volonté en répondant aux propositions d’Avalon :

« Oui c’est une bonne idée, on peut se dire qu’on part pendant les vacances de printemps et en été. Et quand Vivianne sera à Poudlard, ça pourra être plus souvent. Et on pourra profiter de ce temps-là pour prospecter, j’ai déjà commencé à faire des recherches sur l’immobilier à la Nouvelle-Orléans, c’est pas un marché facile » reconnut-il en grimaçant. « Mais on peut trouver quelque chose, quitte à s’éloigner du centre-ville. »

Il avait déjà discuté longuement de ce sujet avec des membres de la famille de Joséphine, son grand-père André, notamment, qui connaissait bien les opportunités locales. Le souci était qu’une bonne partie des appartements du Carré Français appartenait aux familles Laveau et Lavespère, qui les avaient achetés des siècles plus tôt quand l’immobilier ne valait rien. Avec le rayonnement et le tourisme galopant de la ville, les prix s’étaient envolés, ce qui poussait ces deux familles à garder jalousement leurs propriétés, pour se les transmettre en héritage.

Il y avait cependant chez les Laveau quelques personnes qui avaient fait leur fortune sur la commercialisation d'immobilier et Roy comptait bien demander son aide à Abel.

Il tourna le regard vers Avalon quand elle évoqua ses parents. L’idée de leur annoncer qu’il prévoyait de partir plus souvent aux Etats-Unis et d’emmener Alma avec lui ne l’enchantait pas particulièrement car il voyait leur déception venir. Mais il ne fermait pas la porte, il n’avait jamais pris ses décisions en fonction de ses parents, de toute manière. Et Avalon avait raison sur un point : ils pourraient tout à fait comprendre leur choix.

« Ouais, t’as raison. Je leur en parlerai. »

Ce que sa femme lui annonça ensuite, en revanche, Roy ne s’y attendait pas du tout. Il posa des yeux ronds sur elle. L’entendre dire qu’elle voulait lever le pied sur son travail, réduire ses horaires pour pouvoir passer plus de temps avec Alma, il pouvait l’imaginer. Mais arrêter totalement ce travail qui l’animait et la passionnait ?

« Sérieusement ? s’étonna t-il. Mais… t’adores ton taf ! Pourquoi t’as plus envie ? »


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
Messages : 693
Profil Académie Waverly
Entre deux mondes [Avalon & Roy & bébés] Icon_minitimeMar 28 Fév - 15:42
« On peut commencer à regarder sur les sites de ventes immobilières et prévoir quelques visites pendant les vacances de printemps ? Ce serait bien que Vivianne soit là pour ça. »

Avalon n'avait pas envie que sa petite sœur se sente rejetée dans la constitution particulière de leur famille. Vivianne avait déjà une place compliquée : elle était sa sœur mais son jeune âge faisait qu'Avalon se retrouvait à adopter un rôle plus maternant envers elle, sans pouvoir toutefois endosser celui de mère. C'était aussi l'une de ses inquiétudes pour les prochains mois où elle serait, de fait, très occupée par Alma ; elle ne voulait pas que Vivianne se sente délaissée ou exclue de leur noyau familial. Cette nouvelle organisation lui faisait forcément craindre d'éventuelles répercussions sur sa petite sœur ; aussi, elle songeait que l'impliquer activement dans ce projet pourrait lui permettre d'y trouver sa place plus facilement.

Avalon se rassurait en se disant que Vivianne, en plus d'être conciliante de nature, serait avec eux, partagerait toujours le même quotidien. Leurs proches auraient peut-être plus de mal à accepter la nouvelle, quand bien même ils ne prévoyaient pas de partir définitivement aux Etats-Unis. Roy évoquait ses parents, mais Avalon redoutait également l’impact qu’une telle décision pourrait avoir sur sa famille et notamment sur les liens, parfois encore précaires, qu’elle avait avec ses frères et sœurs. Ils étaient plus proches depuis sa grossesse et elle craignait l’effet d’un brusque éloignement au moment où ils construisaient des relations plus apaisées. Pour autant, et malgré les questions qui demeuraient, Avalon sentait qu’ils avaient pris la meilleure décision pour la famille que Roy et elle formaient. Exactement comme Célice le lui avait dit un peu plus tôt ; elle ressentait le besoin de prioriser sa fille et son environnement familial qui, de fait, incluait Teresa.

« On pourra leur en parler ensemble, si tu veux, lui proposa-t-elle. Une fois qu’Alma sera sortie de l’hôpital. »

Pour le moment, Alma ne pouvait encore quitter le sol anglais et il était peut-être plus judicieux de différer de quelques semaines une conversation aussi importante, le temps qu'eux-mêmes puissent prendre la juste mesure de tout ce que cette nouvelle organisation impliquait. Faisant le lien avec un autre sujet qui la taraudait, Avalon finit par confier à Roy ses réflexions sur son activité professionnelle ce qui ne manqua pas de surprendre son époux.

« Ouais, je sais, mais… » Elle secoua la tête. « C’est compliqué. »

Avalon avait adoré sa carrière au sein de la justice magique. Elle était entrée au BDA à dix-huit ans et, après les trois années de formation initiale, avait passé cinq ans à travailler en tant qu’Auror. Elle avait quitté le BDA au moment de la création de la milice pour un poste de lieutenante et y avait évolué jusqu’à être nommée à la tête de l’agence des renseignements. Cela faisait désormais un an qu’elle occupait ce poste à responsabilités et Roy avait raison, elle adorait son travail. Elle aimait tant son travail que l’idée de devoir le quitter pour partir en congé maternité avait été insupportable, au début.

Jusqu’à ce qu’elle se retrouve effectivement arrêtée par les médicomages de Sainte-Mangouste.

Elle avait été perturbée par cette immobilité forcée, après plus de dix ans à ne pas compter ses heures dans le cadre de son travail. Puis, elle avait retrouvé le plaisir d’avoir du temps. Le luxe de pouvoir aller récupérer Vivianne à la sortie de l’école quand, d’ordinaire, elle ne quittait pas le ministère avant dix-neuf ou vingt heures. Cette pensée l’avait beaucoup travaillée sur les derniers jours de sa grossesse, alors qu’elle se projetait davantage dans « l’après ». Elle ne voulait pas passer plus de cinquante heures au ministère dans la semaine, à enchaîner les briefings avec ses équipes et les réunions avec les différents cadres de la justice magique. Elle n’avait pas envie d’embrasser sa fille le soir, en rentrant, alors que cette dernière était déjà couchée. Avalon sentait qu’elle avait besoin de s’investir dans son rôle de mère ; peut-être encore davantage au regard des circonstances particulières de sa grossesse.

Mais elle savait que son poste au ministère requérait un engagement lourd et une grande disponibilité. Ce n’était pas pour rien que la plupart des postes similaires étaient occupés par des hommes ou par des femmes qui n’avaient aucune obligation familiale et il était probable qu’Avalon, si elle n’était pas tombée enceinte, aurait poursuivi dans cette voie pendant encore quelques années. La naissance d’Alma l’avait forcé à réorganiser son quotidien, à se demander pourquoi elle tenait tant à ce poste qui, bien que stimulant, n’avait plus grand-chose à voir avec son métier d’enquêtrice qu’elle aimait tant.  

« J’ai pas envie de passer ma vie au ministère, finit-elle par avouer en accrochant le regard de Roy. Tu sais bien que je quitte jamais le taf avant au moins dix-neuf heures et encore, c’est dans les bons jours, grimaça-t-elle. Ma promotion aux renseignements, c’était vraiment important pour moi mais… Je sais pas, je me dis de plus en plus que c’est pas non plus ce que j’aime faire au point de sacrifier une grosse partie des moments que je pourrais passer avec toi, Alma et Vivianne. C’est beaucoup d’administratif, beaucoup d’enjeux politiques aussi, et avec la refonte de la justice magique depuis la mort de Marchebank, c’est pire que tout. Si je n’étais pas tombée enceinte, j’aurais vu ça comme un défi et j’aurais sûrement voulu continuer mais… Je sais pas, ça a moins de sens pour moi, maintenant. »

Son évolution au sein de la justice magique ne lui avait pas seulement permis de vivre très confortablement ; cela lui avait donné un statut important dans un monde qui n’était pas complètement le sien et c’était ça que sa promotion était venue consacrer.

« J’ai toujours aimé mon travail d’enquêtrice et c’est pas à ça que je passe la plupart de mes journées, maintenant. Le souci, c’est que je peux pas rétrograder dans le même service. On est une trop petite équipe et j’ai quasiment créé l’unité, ce serait trop bizarre de repasser simple agente. Et franchement, retourner au BDA… » Avalon échangea un long regard avec Roy. « C’est pas envisageable. C’était déjà compliqué à cause de la scission entre les aurors et la milice mais là… J’aurais aucune crédibilité. » En voyant un éclat passer dans le regard de son compagnon, elle ajouta : « Ça fait des années que je sais que ça va me tomber dessus un jour, Roy. Je peux pas tout avoir, c’est comme ça. » Ses liens avec la mafia était connu depuis longtemps ; son mariage n’avait fait que les concrétiser aux yeux de tous. « Je suis pas en train de te dire que je veux que tu m’entretiennes pour le restant de ma vie, conclut-elle avec un sourire, même si je mériterais carrément ton argent. Je pense juste que c’est le moment pour moi de faire autre chose. »


Avalon Calder

It's your love that's weighted in gold

KoalaVolant
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2891
Profil Académie Waverly
Entre deux mondes [Avalon & Roy & bébés] Icon_minitimeMar 28 Fév - 20:14
Sur le plan du travail, là encore, Avalon et Roy se ressemblaient beaucoup. Passionnés par ce qu’ils faisaient, très impliqués, ils ne comptaient pas les heures, ils s’investissaient à la hauteur de leurs responsabilités de chef. Dès les premiers mois de leur couple, ils étaient partis sur un même pied d’égalité, ils n’avaient pas cherché à pousser l’autre à s’investir moins dans son travail, qu’ils savaient important pour leur équilibre personnel.

Avalon avait mis un premier frein, léger, à ses activités, avec l’arrivée de Vivianne chez eux, parce qu’il avait fallu sortir plus tôt le soir pour aller la chercher à l’école et s’occuper d’elle. Généralement, elle rattrapait son travail manqué sur ses soirées. Mais le vrai frein avait été l’annonce de sa grossesse puis quelques semaines plus tard, un arrêt total à l’annonce de sa pré-éclampsie. Sur cette dernière étape, Roy l’avait accompagnée en levant franchement le pied sur ses activités, ne passant aux Folies et sur la Voie des Miracles que deux ou trois fois dans la semaine, pour pouvoir passer l’essentiel de son temps avec Avalon.

Au début, ils avaient trouvé cette situation un peu inconfortable, trop différente de leurs habitudes. Mais ils avaient fini par s’y faire et même s’ils n’avaient pas eu l’occasion de prendre du recul et d’en parler ensemble, ils pouvaient déjà tirer quelques conclusions de cette expérience.

Tout d’abord, le monde ne s’était pas arrêté de tourner. La vie continuait à la fois pour leurs collègues et collaborateurs qui s’étaient réajustés ensemble mais également pour eux qui avaient trouvé d’autres manières de dépenser leur temps. Quand Roy pensait aux deux derniers mois, il voyait les longues après-midi passées avec Avalon à rire ensemble, préparer l’arrivée de leur bébé, s’endormir l’un contre l’autre devant un film. Il voyait aussi les matinées au parc, les soirées jeux de société avec Vivianne, les dîners avec sa famille ou avec ses amis.

Et cela n’avait pas du tout été désagréable, bien au contraire.  

Alors il comprenait tout à fait qu’Avalon n’ait pas envie de revenir au rythme effréné de travail où ils avaient à peine le temps de se voir le soir en semaine et attendaient les week-end pour éventuellement souffler. Les moments qu’ils pouvaient passer en famille, à développer et chérir leurs liens, ils en avaient eu un joli aperçu ces derniers mois. Et maintenant qu’Alma s’ajoutait à ce cercle, Roy avait lui aussi envie de passer beaucoup de temps avec elle.

Avalon en arrivait à cette même conclusion mais si Roy pouvait être très flexible sur son travail, en étant le patron multimillionnaire de sa propre organisation, elle avait beaucoup moins de liberté avec le Ministère. Il n’y avait pas d’entre deux, pour elle, soit elle pouvait assumer entièrement les responsabilités d’une cheffe de la Milice, soit elle devait laisser sa place. Elle avait fait la balance entre ce qu’elle perdait et gagnait dans chacun des cas, et elle lui présentait désormais ses résultats.

Roy comprenait la logique qu’elle lui déroulait mais il ne put s’empêcher de poser un regard inquiet -et un peu coupable- sur elle. Il y avait beaucoup de domaines dans lequel leur couple les tirait vers le haut et leur donnait de la force. Mais en ce qui concernait la carrière d’Avalon, Roy savait que leur couple présentait à l'inverse un obstacle. Il y avait eu des articles de journaux, des bruits de couloir, des moqueries. La cheffe de la Milice en couple avec un mafieux notoire, connu des services de police ? Ils avaient identifié ce risque dès le départ et avaient décidé de se lancer malgré tout. Les accointances entre la Milice et les Veilleurs avaient aidé Avalon à balayer les critiques mais elle avait raison, tout cela ne pouvait durer éternellement. Surtout pas dans le contexte politique instable où ils se trouvaient, fragilisé par la brusque disparition de Leopold.

Quant au BDA, ce n’était même pas la peine de l’imaginer, Avalon portait l’étiquette de milicienne et d’épouse d’un mafieux et malgré son parcours auréolé de réussite, ces deux étiquettes la plaçaient automatiquement dans la catégorie des indésirables.

Alors, ils s’y attendaient, ils savaient que cela leur tomberait dessus un jour, comme Avalon le soulignait. Mais pour autant, il y avait quelque chose d’un peu triste à devoir s’y résigner.

Roy médita quelques instants sur ses paroles. Il finit par soupirer, tripoter sa barbe d’un geste pensif, avant d’admettre :

« C’est vrai qu’on s’y attendait mais… T’es pas trop déçue ? Moi je veux bien t’entretenir hein » reprit t-il avec un bref sourire. « Mais on s’en fiche de l’argent, c’est pas le sujet, ni pour toi ni pour moi. La question c’est plutôt… Est-ce que ça te convient ou est-ce que tu t’es juste résignée à ce qui devait arriver ? » Il tendit la main pour attraper celle d’Avalon dans la sienne. « Je comprends que t’aies envie de passer plus de temps en famille avec nous, c’est mon cas aussi, je vais continuer à lever le pied sur les Veilleurs pour profiter d’Alma mais… Toi c’est différent. Tu parles de démissionner totalement du Ministère, d’un poste que t’aimais beaucoup, c’est pas comme si tu pouvais être à moitié là-bas. » Et il connaissait assez Avalon pour savoir que malgré son discours très raisonnable, elle devait ressentir une certaine frustration. « Je sais pas, j’ai juste pas envie que tu regrettes, quoi. Ça sera compliqué de revenir en arrière, si tu décides de tout quitter. » Et tout quitter pour quoi ? Dans tout son discours, elle ne l’avait pas mentionné, ce qui poussa Roy à ajouter : « Quand tu dis que c’est le moment de faire autre chose, t’as une idée de ce que ça pourrait être ? »


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
Messages : 693
Profil Académie Waverly
Entre deux mondes [Avalon & Roy & bébés] Icon_minitimeMar 28 Fév - 21:22
Faire le deuil de sa carrière au Ministère n’était pas une chose aisée ; malgré son discours éclairé sur la situation, Avalon ressentait forcément une pointe de déception à l’idée de démissionner d’un poste aussi prestigieux que le sien. Lorsqu’elle s’était lancée, onze ans plus tôt, dans la formation d’Auror, elle n’aurait jamais imaginé que son évolution professionnelle prendrait une telle tournure. Pour elle, cela n’avait pas été qu’un honneur d’être nommée lieutenante, puis commandante, c’était une revanche sur sa vie, sur cet univers sorcier qui lui avait paru si hostile pendant de longues années. Elle s’était fait un nom au sein du département de la justice magique, elle avait gagné un statut social prestigieux qu’elle ne devait qu’à elle-même.

Et il n’était pas simple d’y renoncer.

Ce n’était même pas qu’une question de statut ; Avalon aimait réellement son travail. Elle avait adoré son parcours chez les Aurors et les missions liées à son poste de lieutenante. Elle aimait l’enquête, l’investigation, le sentiment de faire quelque chose d’utile et d’important. Mais cela ne servait à rien qu’elle se voile la face ; malgré l’amour qu’elle portait à son métier, malgré son parcours sans faute professionnelle, elle n’avait plus aucune crédibilité à travailler dans les services de police. Cela la guettait depuis un moment, maintenant ; elle ne pouvait pas s’appeler Avalon Calder sans que cela n’ait de conséquences sur sa vie professionnelle. Quand ils s’étaient mis en couple, un an auparavant, elle avait évidemment essuyé des remarques désagréables mais la configuration du gouvernement lui avait permis de garder son poste sans trop de difficultés. Mais depuis la mort de Marchebank, elle sentait bien que les choses étaient différentes et que des accointances aussi visibles entre la justice magique et la mafia ne seraient pas tolérées aussi facilement.

Or, on ne pouvait rien faire de plus visible que d’épouser et de fonder une famille avec Roy Calder.

Elle avait fini par admettre, non sans une pointe de regret, qu’elle ne pouvait pas tout avoir. Il n’était même plus question de faire un choix – elle l’avait fait depuis longtemps – mais d’assumer les conséquences de ce dernier. Et elle préférait encore le faire d’elle-même plutôt que d’être lynchée par ses collègues Aurors et licenciée par le Ministère.

« Si, forcément, je suis un peu déçue, admit-elle en haussant les épaules. J’aimais vraiment ce que je faisais et, dans d’autres circonstances, j’aurais peut-être pu viser un poste de lieutenante chez les Aurors mais… Les choses sont comme elles sont. Et je ne regrette rien, lui assura-t-elle en croisant son regard, toi et Alma, vous êtes plus importants que le reste. »

Puis, ce n’était même pas comme si Roy était son seul lien avec la mafia bristolienne… Lors de leur mariage, ses témoins étaient deux autres figures emblématiques du gang.

« On savait que ça risquait d’arriver, après la mort de Marchebank. Et je préfère encore partir maintenant, plutôt que d’attendre que ça me tombe dessus dans quelques mois. » avoua-t-elle dans un sursaut de fierté.

La dernière question de son partenaire – légitime au cœur de cette conversation qui redessinait leur avenir – lui tira un sourire un peu incertain. Elle finit par hocher la tête.

« J’ai quelques idées, oui. C’est pas encore très abouti mais… Tu sais, je me faisais la remarque il y a quelques semaines que, dans le monde sorcier, la plupart des structures de soins sont centralisées autour de Sainte-Mangouste. Le milieu associatif et social est globalement peu développé, même s’il y a des services d’aide un peu similaires à ceux qu’on peut avoir, nous, dans le monde moldu. » Elle laissa passer un temps de silence. « Je crois que j’aimerais bien fonder une association pour développer des structures qui viendraient en aide aux jeunes précarisés, isolés, vulnérables... Des foyers mères-enfants, des maisons de quartier, des centres de désintox’, ce genre de choses. » Elle tapota distraitement le dos de sa main avec le bout de ses doigts. « Tu te souviens, quand je t’ai raconté ma conversation avec Néro ? Je crois que ça m’a donné envie de faire quelque chose, tu vois ? Quelque chose de concret. »


Avalon Calder

It's your love that's weighted in gold

KoalaVolant
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2891
Profil Académie Waverly
Entre deux mondes [Avalon & Roy & bébés] Icon_minitimeDim 5 Mar - 17:11
La réponse d’Avalon fut celle dont Roy avait besoin pour se rassurer. Elle ne faisait pas le choix de mettre fin à sa carrière par dépit et par conséquent, elle ne regrettait rien. Il préférait l’entendre présenter les choses de cette manière car il savait qu’il se serait inévitablement fait du souci pour elle s’il avait senti chez elle une forme de regret ou d’amertume. Quand elle lui affirma que la famille qu’ils fondaient était sa priorité, Roy abonda dans son sens.

« C’est pareil pour moi » souffla t-il, avant de sourire face à la remarque suivante de sa femme, qui trahissait tout son caractère orgueilleux. « T’as raison, t’as pas donné toute ton énergie dans cette carrière pour sortir par la porte de derrière comme une malpropre. »

L’importance de garder la tête haute, même quand on finissait par renoncer, Roy comprenait parfaitement.

Mais maintenant qu’ils avaient établi ce bouleversement à venir dans la vie d’Avalon, il restait encore une zone d’ombre et pas des moindres. S’engager dans les forces de police après Poudlard semblait être la seule voie qu’Avalon ait sérieusement envisagée et suivie. Roy savait qu’elle avait dealé pendant un temps après être partie de chez ses parents, plus par nécessité que réelle envie de le faire. C’était sa carrière d’Auror qui l’avait passionnée et donné du sens à son parcours, pas le fait de négocier avec des gros bras et faire circuler toutes sortes de substances illégales. Roy avait déjà entendu certains de ses amis dire qu’ils avaient envisagé d’autres carrières, Toni par exemple racontait à qui voulait l’entendre qu’il aurait pu ouvrir un restaurant. Lui-même s’était vu devenir médicomage ou apothicaire, à une période de sa vie. Mais il ne lui semblait pas avoir déjà entendu Avalon exprimer un autre souhait.

L’entendre évoquer son intérêt pour le milieu associatif et social fut donc une découverte pour Roy, qui l’écouta attentivement. Une découverte mais pas une surprise totale non plus. Il voyait très bien dans le discours de sa femme ce qui résonnait avec le reste de son parcours et de ses engagement.

Avalon avait ce besoin assez évident de réparer. Réparer le mal que ses parents leur avait causé à tous. Elle réparait en ne refusant jamais d’apporter son aide que l’un de ses frères et soeurs réclamait. Elle réparait en allant jusqu’au tribunal pour faire incarcérer ses parents et récupérer la garde de Vivianne. Elle réparait même probablement en ayant rejoint les forces de police, le pôle opposé de tout ce que sa famille avait jamais connu.

C’était ce fil rouge qui l’animait et qui se poursuivait dans ce projet qu’elle lui présentait. Elle avait besoin de faire, comme elle le disait. Son discours faisait sens avec ce que Roy connaissait d’Avalon et il pouvait tout à fait l’imaginer mener à bien ce type d’entreprise.

Et pourtant, quelque chose mettait Roy un peu mal à l’aise, mais il ne parvint pas à mettre le doigt dessus. A défaut d’y parvenir, il préféra hocher la tête, après quelques instants de réflexion.

« Ouais, je vois ce que tu veux dire… » Il pressa la main d’Avalon qu’il tenait toujours dans la sienne. Ecartant la gêne passagère qu’il ressentait, il préféra se positionner comme un soutien, comme il l’avait toujours fait avec elle : « C’est un beau projet, en tout cas. Si c’est ce que tu veux faire, on fera en sorte de rendre ça possible. » Il ponctua sa promesse d’un baiser sur le dos de sa main, suivie d’une brève plaisanterie : « En plus, faire venir un peu du monde moldu dans le monde sorcier, c’est bien ton truc. »


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
Messages : 693
Profil Académie Waverly
Entre deux mondes [Avalon & Roy & bébés] Icon_minitimeDim 5 Mar - 18:12
Adolescente, Avalon ne s’était pas rêvée médecin, policière ou avocate ; la misère de son environnement l’avait empêché de fantasmer des carrières qu’elle savait inatteignables pour elle. Elle avait beau étudier dans une prestigieuse école de magie, elle n’avait jamais pu se défaire de ce sentiment de ne pas être à sa place, de ne pas appartenir à cet univers qui, à cette époque, ne voulait pas d’elle non plus. A la fin de sa septième année, elle était retournée chez ses parents sans aucune perspective d’avenir. Elle avait passé deux mois à baigner dans un monde qui n’était pas non plus le sien, à tenter de se réapproprier des codes qu’elle ne partageait plus entièrement non plus. Puis elle était partie.

Avalon ne savait plus exactement comment lui était venue l’idée de rejoindre les Aurors. A l’époque où elle avait pris cette décision, elle n’avait pas perçu que ce choix s’inscrivait dans une énième rupture familiale ; elle était entrée dans les forces de l’ordre alors qu’elle avait été élevée dans la plus parfaite illégalité. Le sentiment d’utilité qu’elle avait ressenti en évoluant au sein de la justice magique avait donné un sens à son parcours et s’était inscrit dans son cheminement vers une forme de réparation qu’elle cherchait dans plusieurs aspects de sa vie. Elle avait besoin de faire plus, de faire mieux, d’illustrer de façon tangible sa différence avec ses parents. Elle voulait réparer ce qu’ils avaient détruit chez elle, réparer ce que le monde avait détruit autour d’elle. Réparer les dégâts de la précarité, de l’isolement, de l’addiction, de la violence.

Avalon dédiait une partie de sa vie à guérir les autres, comme pour se guérir elle-même de cette insupportable défaillance parentale.

Il était évident que la suite de son projet professionnel irait dans le même sens. Au fond, elle se sentait animée par cette urgence à faire quelque chose avec les moyens et l’influence qu’elle avait acquis dans le monde magique. Elle avait le pouvoir d’agir ; parfois, elle sentait même qu’une culpabilité tenace lui imposait le devoir de le faire. Pendant longtemps, elle avait été la seule de sa fratrie nombreuse à pouvoir espérer un avenir un peu différent. Elle avait évolué loin d’eux, loin de leurs parents violents, loin de la pauvreté, loin de la misère. Elle s’était enrichie, s’était fait un nom et une place et avait désormais ce besoin presque inconscient de rendre ce qu’on lui avait donné.

« Merci, répondit-elle à Roy qui déposait un baiser sur sa main. J’ai pas encore réfléchi à tout ce que ça impliquait mais… C’est un début. »

Et, si le soutien qu’il lui avait témoigné immédiatement lui avait tiré un doux sourire, sa plaisanterie lui fit lever les yeux au ciel.

« C’est tellement typique des sorciers de dire ça, commenta-t-elle en haussant les sourcils.
-Comment ça ? releva Roy.
-C’est pas mon « truc » de faire venir un peu du monde moldu dans le monde sorcier c’est… C’est moi. Je suis un peu du monde moldu dans le monde sorcier. »


Avalon Calder

It's your love that's weighted in gold

KoalaVolant
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2891
Profil Académie Waverly
Entre deux mondes [Avalon & Roy & bébés] Icon_minitimeDim 5 Mar - 21:01
Roy n’avait pas particulièrement réfléchi en faisant cette remarque sur le monde moldu, il l’avait lancée comme une plaisanterie mais elle n’eut pas l’effet escompté sur Avalon. A la place, la jeune femme se raidit et le reprit d’une manière qui le surprit. Sa réponse fut étrangement sérieuse, donnée sur un ton qui poussa Roy à réfléchir cette fois.

En vérité, ce n’était pas la première fois qu’Avalon le reprenait sur ce qu’il disait du monde moldu et du rapport qu’elle entretenait avec. Rapidement dans le développement de leur couple, Roy avait noté leurs différences de modes de vie, avant même qu’ils n’emménagent ensemble. Tout était dans des petits détails du quotidien. Avalon utilisait très peu de magie en dehors de son travail, par exemple, elle évitait d’utiliser sa baguette pour tout ce qu’elle pouvait faire à la main, même si cela lui faisait perdre du temps. Les modes de déplacement sorcier trouvaient peu grâce à ses yeux - à l’exception du transplanage. Elle n’allait voir que des médecins moldus, elle ne fréquentait Sainte Mangouste que lorsqu’elle n’avait pas le choix. Elle se montrait critique de plein de choses que les sorciers adulaient, comme le Quidditch, et ne manquait jamais de comparer les sports sorciers aux sports moldus qu’elle trouvait plus élaborés et amusants. Roy avait déjà remarqué ce type de comportement chez d’autres nés-moldus, Toni, par exemple, mais pas aussi accentué que chez Avalon qui semblait parfois même oublier qu’elle était une sorcière.

En somme, elle avait un rapport assez étonnant au monde sorcier pour une sorcière et Roy ne s’était pas privé de le lui faire remarquer à plusieurs reprises, sur le ton de la plaisanterie. Cela était toujours resté sur le registre de chamailleries entre eux. C’était peut-être la première fois qu’elle lui répondait si sérieusement.

Et il répondit en retour :

« Ouais, je sais. »

Bien sûr, il savait et il voyait, même. Il voyait tout ce qu’Avalon avait gardé de sa culture moldue et continuait de cultiver. Il voyait les membres de sa famille, parfaitement moldus, eux, vivre un autre genre de vie. Il voyait Vivianne essayer de trouver sa place à elle aussi, dans les multiples identités qui étaient les siennes.

Mais savait-il vraiment ?

Ses sourcils se froncèrent. Il sentait que l’atmosphère avait un peu changé de ton et il n'était pas sûr de comprendre pourquoi.

« Je t’ai vexée ? »


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
Messages : 693
Profil Académie Waverly
Entre deux mondes [Avalon & Roy & bébés] Icon_minitimeLun 6 Mar - 8:06
Avalon avait l'habitude des taquineries au sujet de son rapport à la magie. On lui rappelait souvent, avec une pointe d'indulgence, qu'elle était une sorcière, qu'elle pouvait utiliser la magie - comme si elle pouvait réellement l'oublier. On ne comprenait pas toujours qu'elle ne saisisse pas systématiquement sa baguette pour laver une assiette ou pour déplacer un plat de la cuisine jusqu'à la salle à manger. Personne ne remettait franchement en question son attachement à la culture moldue mais sa manière de vivre étonnait, questionnait. Fergus se désolait qu'elle refuse d'aller voir de « vrais guérisseurs » au profit de médecins moldus. Finn se moquait gentiment de sa passion pour le Tournoi des Six Nations alors que « les joueurs ne faisaient que courir sur le sol ». Et Roy lui disait que c'était son « truc » de ramener un peu du monde moldu dans le monde sorcier, comme si son existence ne se résumait pas déjà à ça.

Elle n'était pas entièrement moldue. Pas complétement sorcière non plus. Jamais pleinement là-bas, jamais parfaitement ici non plus.

Avalon avait réagi un peu vivement en entendant cette plaisanterie. Elle n'avait pas été sèche mais n'avait pas répondu sur un ton léger comme elle avait habitude de le faire. Elle se sentait un peu sur les nerfs - ce qui n'était pas bien étonnant puisqu'elle avait accouché moins d'une semaine plus tôt, dormait peu et avait passé le weekend à  appréhender des sentiments complexes alors que son époux était de l'autre côté de l'océan Atlantique. Roy put donc lire sans difficulté la pointe de contrariété qui passa sur son visage et ne tarda pas à la questionner à ce sujet.

« Non, je suis pas vexée. » répondit-elle en tournant la tête vers lui. Un court moment de silence passa, pendant lequel Avalon chercha ses mots pour traduire ce léger malaise qui s'était installé en elle. « Mais parfois, j'ai l'impression que tu réalises pas vraiment que je suis pas entièrement une sorcière. » finit-elle par lâcher en haussant légèrement les épaules. « Le monde moldu c'est mon monde aussi. Ce sera celui d'Alma aussi. » ajouta-t-elle en désignant leur fille endormie du menton. « Et c'est pas que « j'oublie » d'être une sorcière ou que je déteste la magie. » précisa-t-elle en secouant doucement la tête.


Avalon Calder

It's your love that's weighted in gold

KoalaVolant
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2891
Profil Académie Waverly
Entre deux mondes [Avalon & Roy & bébés] Icon_minitimeLun 6 Mar - 12:10
Malgré la contrariété qui se lisait dans son attitude, Avalon assura qu’elle n’était pas vexée. Roy ne réagit pas, sentant qu’elle gardait pour elle une part de ses pensées, le temps de trouver les bons mots pour les partager. Ces longues années d’amitié puis de couple lui avait appris à reconnaître les moments où Avalon était embêtée pour quelque chose d’anodin qu’ils pouvaient régler en deux minutes et ceux où elle était tracassée par quelque chose de plus profond. Il lui semblait qu’ils étaient dans le deuxième cas de figure alors il préféra la laisser parler.

S’il ne dit rien, en revanche, ce qu’il pensait du discours de sa femme se vit sur son visage. Il se montra d’abord interloqué, incertain de comprendre là où elle venait en venir. En effet, de son point de vue, Avalon était une sorcière à part entière, donc il agissait comme tel avec elle. Evidemment, il était conscient et témoin de son héritage moldu mais à ses yeux, cela ne l’empêchait pas d’être une sorcière comme les autres. Il n’y avait bien que des Mangemorts ou des Sang-Purs conservateurs pour considérer l’inverse.

Quand elle évoqua Alma, il détourna instinctivement son regard vers leur bébé qui dormait paisiblement. Elle venait d’arriver au monde alors personne ne pouvait encore dire si elle manifesterait des pouvoirs un jour, même s’il y avait de grandes chances que ce soit le cas. Mais Roy s’aperçut que ce n’était même pas tellement une question pour lui. Sa fille était une sorcière dans son esprit, parce qu’elle était comme eux, parce qu’elle allait évoluer dans un monde sorcier.

Mais pas uniquement, soulignait Avalon. Elle avait toute une partie de sa famille parfaitement moldue et complètement ignorante du monde sorcier, Roy l’avait bien vu pendant le mariage : les frères et soeurs d’Avalon avaient manifesté leur stupéfaction à plusieurs reprises en les voyant exécuter des sorts. Même si elle ne vivrait pas avec ses oncles et tantes, Alma allait forcément s’imprégner de leur mode de vie également. Tout comme elle allait s’imprégner de celui de sa mère qui se considérait ni tout à fait sorcière, ni tout à fait moldue.

Cette pensée éveilla de lointains souvenirs chez Roy, des scènes et des conversations partagées avec son meilleur ami. Aujourd’hui, Jayce était beaucoup plus apaisé avec son identité de sorcier, mais Roy se souvenait de moments à leur adolescence où il avait perçu chez lui une véritable ambivalence. Il lui avait parfois donné l’impression de se haïr lui-même, tant le sentiment de rejet inculqué par ses parents moldus intolérants l’avait marqué. Et en même temps, se retrouver dans un château habité par des sorciers et toutes sortes de créatures merveilleuses lui avait donné l’espoir d’y trouver sa place quelque part.

Les choses avaient changé depuis, Jayce avait grandi, il avait trouvé ses marques et le contexte politique avait changé également. Depuis la défaite des Mangemorts et la fin de la guerre, le monde sorcier s’était plutôt orienté vers une ouverture sur le monde moldu. Par culpabilité et volonté de réparation, peut-être. Roy n’avait jamais beaucoup interrogé Avalon à ce sujet. Globalement, personne parmi les sorciers n’évoquait beaucoup cette sombre période de leur histoire dont ils ressortaient tous avec des pertes et des traumatismes plus ou moins importants et encore un peu trop récents. Tout ce que Roy savait à ce sujet, c’était qu’Avalon n’était pas allée à Poudlard pendant l’Année des Ténèbres, qu’elle était restée un an chez ses parents où les Rafleurs n’étaient jamais venus la chercher.

Alors ce n’était pas seulement son amour pour le sport moldu qu’Avalon allait transmettre à leur fille, mais aussi ce lourd héritage. Une enfance et une adolescence passée à essayer de trouver sa place dans un monde sorcier qui n’avait pas toujours voulu d’elle et à se retrouver rejetée par ses parents qui détestaient ses pouvoirs magiques.

Roy sentit qu’il y avait un peu de cette histoire douloureuse, de ce malaise-là dans les paroles pudiques d’Avalon, parce qu’il avait déjà vu la même chose à l’oeuvre chez Jayce. Et maintenant qu’il y repensait, il se souvenait comme la naissance de Chandra, sa première fille, avait réveillé des vieilles inquiétudes enfouies chez lui. « Je sais même pas si j’espère qu’elle développera un jour des pouvoirs magiques » lui avait-il dit un jour, tandis qu’ils regardaient la petite fille de deux ans jouer dans le jardin. Il n’avait pas ajouté grand-chose de plus. Roy n’avait pas insisté.

Mais s’il avait préféré laisser l’espace à Jayce de garder le silence s’il le souhaitait, cette fois-ci, la situation était différente. C’était sa femme et sa fille, c’était sa vie à lui aussi, leur vie à tous les trois. Alors il avait besoin de comprendre et il interrogea Avalon dans ce sens, les sourcils froncés :

« Ouais peut-être que je réalise pas parce que… Bah pour moi tu es une sorcière. Je veux dire, tu n’es pas moins une sorcière que ceux qui naissent dans une famille de sorciers. » Affirmer ce message lui paraissait important parce qu’il plaisantait à ce sujet parfois et il n’avait pas envie qu’elle s’imagine qu’il remettait en question sa légitimité. « Mais qu’est-ce que tu essayes de me dire, du coup ? Que tu veux faire de la place à ta culture moldue avec Alma ou… autre chose ? »


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
Messages : 693
Profil Académie Waverly
Entre deux mondes [Avalon & Roy & bébés] Icon_minitimeLun 6 Mar - 15:24
Les enfants moldus se rêvaient souvent sorciers, voyants, magiciens, sans imaginer une seule seconde qu’ils vivaient à côté d’un monde magique dont ils ne connaissaient rien. Avalon avait découvert son don avec un mélange d’effroi et de fascination et, lorsqu’elle avait reçu la visite du professeur McGonagall, elle n’avait pas ressenti de la fierté ou de la joie, mais un immense sentiment de solitude. Ses parents, méfiants, ne voulaient pas la laisser partir et son père avait accusé la sous-directrice de Poudlard d’être membre d’une secte. « Avalon est une sorcière » disait-elle, « elle sera à sa place à Poudlard. »

A sa place.

Elle était partie le premier septembre pour Poudlard, le ventre noué par l’appréhension et le cœur serré par la tristesse de quitter tous ses proches et tous ses repères. Elle ne quittait pas seulement sa famille ; elle quittait aussi son école et ses amis qui, tout l’été, avaient parlé avec animation de leur rentrée au collège. Pour justifier son absence, elle avait été obligée de leur mentir. Personne n’avait jamais vraiment compris pourquoi ses parents avaient décidé de l’envoyer en pensionnat alors que tous ses frères et sœurs restaient à Londres. A l’époque, il y avait eu des rumeurs qui ne s’étaient jamais vraiment taries.

En arrivant à Poudlard, Avalon avait été confrontée à un autre monde, une autre culture. Le château était peut-être situé en Ecosse mais il aurait pu être sur un autre continent que cela lui aurait fait le même effet. Il y avait un code vestimentaire particulier, un langage spécifique, un sport national dont elle ne comprenait ni les règles, ni les enjeux. Les matières enseignées à l’école ne ressemblaient pas à celles qu’elle avait suivies à l’école primaire ; la métamorphose avait remplacé les mathématiques et, au lieu d’avoir cours d’histoire-géographie, un fantôme lui retraçait les différentes guerres gobelines. Il y avait un chapeau magique, des tableaux qui parlaient, des elfes qui cuisinaient. Les photos bougeaient, les balais volaient dans les airs et il n’y avait ni électricité, ni télévision, ni téléphone. Elle ne pouvait plus jouer au foot comme elle avait l’habitude de le faire avec ses frères. D’ailleurs, elle ne pouvait même pas les appeler.

Elle était rentrée à Londres pour les vacances de Noël. Galaad lui avait parlé du collège, de la dissection qu’il avait fait en cours de sciences, de son professeur d’anglais qui ne jurait que par Hamlet. Avalon lui avait raconté ses cours de potions et de botanique. Son jumeau lui avait posé des questions, il avait essayé de comprendre mais, déjà, Avalon avait senti qu’un fossé se creusait doucement entre eux.

Les années avaient renforcé ce sentiment ; elle ne se sentait pas entièrement à sa place à Poudlard, où son statut de née-moldue lui valait son lot d’insultes ou de remarques moqueuses. Elle ne se sentait pas non plus à sa place au sein de sa propre famille, tant leurs quotidiens différaient.

La remarque de Roy lui fit lever un regard pensif vers lui.

« Je sais mais en même temps, on peut pas nier qu’on est différents, toi et moi. Ça fait pas de moi une moins bonne sorcière, j’ai pas moins de valeur parce que mes parents sont moldus mais… Je suis pas sorcière comme toi tu es sorcier. »

Roy était né dans ce monde. Il n’avait pas eu à en apprendre les codes, à devoir redoubler d’efforts pour comprendre certaines conversations. Personne n’avait jamais pointé du doigt son ignorance envers la culture sorcière, personne n’avait jamais remis en question sa légitimité à faire partie cet univers.

« C’est pas une question de faire de la place à la culture moldue, reprit Avalon en se redressant légèrement. C’est une question de qui elle est, d’où elle vient. Bien sûr qu’elle fait partie de ma famille mais j’ai envie qu’elle puisse vraiment partager des choses avec ses oncles, ses tantes, ses cousins, expliqua-t-elle. Moi, je me suis toujours sentie en décalage partout. Trop sorcière dans ma famille, pas assez sorcière à Poudlard… Et j’avais personne pour faire le lien entre les deux. Mais j’ai pas envie d’élever Alma uniquement comme une sorcière parce que… Eh bien, c’est pas ce que je suis. C’est pas ce qu’elle est non plus. » Elle eut un petit rire, un peu désabusé. « Je sais qu’on attend des enfants issus de parents moldus qu’ils s’assimilent parfaitement dans le monde sorcier, mais ça marche pas comme ça, on peut pas faire de choix. »



Avalon Calder

It's your love that's weighted in gold

KoalaVolant
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2891
Profil Académie Waverly
Entre deux mondes [Avalon & Roy & bébés] Icon_minitimeLun 6 Mar - 19:41
« Je suis pas sorcière comme toi tu es sorcier. »

Cette phrase laissa Roy silencieux quelques instants. Il n’avait pas considéré les choses sous cet angle. Peut-être était-ce une forme de naïveté de sa part ou peut-être était-ce l’effet des discours de tolérance qui avaient inondé l’espace public après la défaite du Seigneur des Ténèbres. Il était devenu de très mauvais ton de dénigrer les personnes né-moldues depuis, même les familles Sang-Pur les plus anciennes tenaient leur langue -du moins en public. Quant à Roy, il n’avait jamais entendu ce type de discours intolérant chez lui, il y avait eu des métissages dans sa famille à des degrés assez proches, sans que cela ne soit un sujet. Quand, plus jeune, il avait appris les sévices que Jayce subissait de la part sa famille à cause de ses pouvoirs magiques, cela l’avait révolté lui autant que ses parents.

Alors peut-être, dans cette volonté de ne pas discriminer des personnes comme Avalon ou Jayce, Roy se montrait parfois aveugle à la réalité de leur vécu. Même s’ils n’étaient plus à une époque où la vie des né-moldus était menacée par d’horribles mages noirs et un gouvernement complice, cela ne signifiait pas que tout était réglé. Les situations sociales qui leur rappelaient sans cesse qu’ils avaient encore plein de choses à apprendre, qu’ils n’avaient pas les bonnes références, qu’ils ne faisaient pas les choses comme le reste des sorciers, étaient nombreuses. Roy lui-même y avait participé, sans trop réfléchir, par exemple en faisant remarquer à Avalon dès le début de leur installation ensemble que le ménage était mieux et plus vite fait avec un petit coup de baguette magique. Ce n’était même pas méchant. Mais cela n’avait pas besoin d’être des remarques méchantes pour faire l’effet à Avalon d’un pénible rappel de sa différence.

C’était le décalage dont elle parlait et qu’elle ne voulait pas qu’Alma ressente. Roy fut d’abord perturbé de l'entendre dire que leur fille n’était pas uniquement une sorcière car, là aussi, il n’avait pas considéré les choses de cette manière. Il n’y avait pas tout simplement réfléchi, en fait, s'aperçut-il. Ce n’était pas une question pour lui car il venait d’un monde où l’on considérait qu’un enfant né de deux parents sorciers était un sorcier également. Aussi bête qu’une simple équation mathématique.

Mais le point de vue d’Avalon était plus nuancé et complexe, à l’image de son vécu dans lequel Roy essayait de se glisser à cet instant. Les choses ne marchaient pas comme ça, disait-elle. Elle n’avait pas su choisir entre les différentes parts de son identité et elle n’avait pas envie que leur fille le fasse. Il grattait sa barbe d’un geste machinal et pensif, tout en rebondissant :

« D’accord. Je comprends ce que tu veux dire, enfin, je crois… Mais j’ai du mal à savoir ce que ça implique, exactement. Tu voudrais quoi, pour Alma, par exemple ? Qu’est-ce qu’on pourrait mettre en place pour éviter ce… décalage dont tu parles ? De quoi t’as manqué, toi ? » l’interrogea t-il avant d’ajouter avec une légère grimace : « Je veux dire, si on met de côté tes parents ? »


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
Messages : 693
Profil Académie Waverly
Entre deux mondes [Avalon & Roy & bébés] Icon_minitimeMar 7 Mar - 10:42
Avalon avait dû construire son identité de sorcière à une époque où les nés-moldus étaient persécutés par les Mangemorts. Elle finissait sa troisième année lorsque Voldemort avait affronté Harry Potter au Département des Mystères. L’année suivante, il y avait eu un déferlement de haine envers les moldus et les nés-moldus qui s’était évidemment ressenti dans l’enceinte de Poudlard. La première fois qu’on avait traité Avalon de « sang-de-bourbe » elle n’avait pas su à quoi cela faisait référence. Elle avait perçu la dimension insultante d’une telle étiquette, mais avait compris avec un temps de retard la définition exacte de cette injure. « Bourbe : dépôt qui s’accumule au fond des eaux croupissantes. » Voilà ce qui coulait dans ses veines, voilà ce que son ascendance moldue lui donnait comme statut dans ce monde : celui d’un déchet indésirable.

La fin de sa quatrième année avait été marquée par la mort d’Albus Dumbledore et, comme tous les autres élèves, Avalon avait assisté à son enterrement. Elle était rentrée chez ses parents quelques jours après ça, le ventre noué par la peur. Elle avait appris la chute du Ministère de la Magie dans une lettre d’Angelina, une de ses camarades de dortoir. Cette dernière lui avait conseillé de ne pas retourner à Poudlard en septembre et lui avait également transmis un long article sur les dangers encourus par les sorciers nés-moldus. Avalon se souvenait encore de la nausée qui l’avait saisie lorsque ses yeux étaient tombés sur le mot « rafle ».

Elle avait passé une année entière à sursauter au moindre bruit et à regarder par-dessus son épaule lorsqu’elle marchait dans les rues moldues de Londres. Elle s’était sentie traquée et persécutée, s’était mise en colère contre cette magie qui s’était manifestée chez elle sans qu’elle ne puisse y faire quoique ce soit.

Lorsqu’elle était revenue à Poudlard, ce sentiment n’avait pas entièrement disparu. Les pertes étaient immenses, plusieurs promotions avaient été décimées par la guerre. Et, si Avalon avait retrouvé Angelina dans le dortoir des Poufsouffle, le lit de Laurel était resté vide. Elle avait été raflée quelques semaines après la chute du ministère.

Evidemment, après la guerre, le monde sorcier avait choisi la voie de la repentance et de la réparation. Il y avait eu de grandes campagnes pour assurer l’inclusion des nés-moldus et les discours politiques abondaient tous dans ce sens. « Les nés-moldus sont des sorciers. » « Le même sang coule dans nos veines » « Pas de statut de sang, uniquement des sorciers unis. » Ces récits – nécessaires après une telle vague de haine – avaient gommé toutes les différences entre les sorciers. Ils ne devaient plus faire qu’un.

Mais la réalité reflétait une tout autre vérité.

Et c’est ce qu’Avalon essaya de transmettre à Roy :

« Je crois que j’ai manqué d’un lien entre les deux mondes. Il y avait ma vie « là-bas » et ma vie « ici » mais jamais les deux en même temps. Il n’y a pas de place pour la culture des enfants nés-moldus dans le monde magique… D’ailleurs le terme « né-moldu » le dit très bien, souligna Avalon. Je suis « née » moldue mais on considère que j’arrête de l’être à partir du moment où je manifeste un don magique, comme si je devais brusquement épouser la culture sorcière alors que ce n’est pas la mienne. » Une pensée lui traversa l’esprit et elle la partagea avec son mari : « Tes parents ont immigré en Angleterre, comme mes grands-parents. C’est-à-dire qu’ils ont passé une partie de leur vie dans un autre pays, voire un autre continent, avec une toute autre culture, une langue différente, des coutumes différentes puis ils sont arrivés dans un tout autre endroit, avec une autre culture, une autre gastronomie… Ca fait des années et des années qu’ils sont en Angleterre, ils ont appris les codes du pays mais, pour autant, ils continuent à parler espagnol, à apprendre l’espagnol à leurs enfants, à cuisiner les plats traditionnels de leur pays, à célébrer el dia de los muertos… Tu vois ce que je veux dire ? » l’interrogea-t-elle, assez satisfaite d’avoir trouvé ce parallèle que Roy pouvait s’approprier sans trop de difficulté. « C’est un peu pareil, pour nous. Sauf que, nuança-t-elle, on n’a pas le choix d’aller à Poudlard. A onze ans, on te colle dans un train pour l’Ecosse que tu sois d’accord ou pas avec le fait de quitter ta famille, tes amis, ton école… Et la vie, là-bas, elle est complètement différente de la tienne. Tu faisais du foot avant ? Maintenant, ce sera du Quidditch parce que les sorciers ont décidé que c’était le seul sport digne d’intérêt. Tu espérais pouvoir parler à ta famille ? Tu peux éventuellement leur écrire des lettres, qu’un hibou leur déposera. Un hibou, Roy. » Avalon eut un rire en secouant la tête. « Quand tu as l’habitude du téléphone ! C’était comme de communiquer en morse, pour moi. Et, reprit-elle plus sérieusement, quand tu montres que les choses sont différentes chez toi, on te fait toujours remarquer que maintenant tu es une sorcière donc il faut faire comme les sorciers. Jouer au Quidditch comme les sorciers, utiliser la magie comme les sorciers, communiquer comme les sorciers, te faire soigner comme un sorcier. Car, c’est bien connu, la magie surpasse tout. »

Si les discours de haine envers les nés-moldus s’étaient taris avec les années, les sorciers restaient très condescendants envers la manière de vivre des moldus. Certains les trouvaient fascinants mais comme on aurait pu trouver fascinante une communauté autochtone vivant dans des montagnes reculées.

« C’est pas ce dont j’ai manqué, que je veux donner à Alma. Moi, j’ai grandi à une époque où les nés-moldus étaient perçus par une partie de la population comme des déchets, des voleurs, des personnes indignes de pratiquer la magie, alors qu’on n’avait pas choisi d’être là et qu’on galérait juste à s’adapter à un monde qui voulait pas particulièrement de nous. Elle va pas ressentir le même décalage avec le monde sorcier parce qu’on va l’élever aussi dans le monde sorcier, que ta famille est sorcière. Ce que je veux lui transmettre, c’est la richesse de la culture moldue. J’ai pas envie qu’elle intègre le discours majoritaire sorcier qui est de percevoir le mode de vie moldu comme « moins bien » que le mode de vie sorcier. Oui, les moldus n’ont pas de potions pour faire repousser les os, ils ne peuvent pas parcourir une centaine de kilomètres en un claquement de doigts, ils ne peuvent pas voler sur des balais… Mais ils ont inventé tellement d’autres choses. L’électricité, l’aéronautique, le téléphone, l’ordinateur, l’avion, le cinéma, énuméra Avalon. Je veux qu’elle soit fière de ses origines moldues et de son statut de sorcière. »



Avalon Calder

It's your love that's weighted in gold

KoalaVolant
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2891
Profil Académie Waverly
Entre deux mondes [Avalon & Roy & bébés] Icon_minitimeSam 1 Juil - 20:18
Les échanges entre Avalon et Roy étaient souvent vifs, comme des matchs de ping-pong où chacun se renvoyait une balle, parce qu’ils étaient tous les deux expansifs et démonstratifs, avec un avis sur tout et une envie de le faire savoir. Il était rare que Roy garde un silence attentif pendant qu’Avalon déroulait son point de vue, sans l’interrompre une seule fois pour faire une plaisanterie, abonder dans son sens ou au contraire la contredire.

Pourtant, ce fut l’attitude qu’il adopta cette fois-ci, alors qu’elle lui expliquait longuement son rapport à sa double identité de moldue et de sorcière. Il ne dit rien parce que sur le sujet, il avait tout à apprendre ou presque. Il ne dit rien parce qu’il savait aussi que c’était un sujet assez sensible, dont ils parlaient peu tous les deux, alors qu’il était paradoxalement omniprésent dans leur quotidien. Par exemple, ils s’étaient longtemps écharpés sur quelle partie de Bristol ils allaient choisir pour emménager ; aux yeux de Roy, il était évident qu’ils ne pouvaient que choisir le quartier sorcier, puisque c’était leur dénominateur commun. Pourtant, Avalon avait beaucoup insisté pour qu’ils aillent du côté moldu et il avait fini par céder là-dessus. Roy vivait donc à cheval entre les deux mondes avec elle, il fréquentait certains membres de sa famille qui étaient tous moldus, il écoutait Vivianne lui raconter des choses sur ce qu’elle apprenait dans son école moldu. Parfois, il ne saisissait pas tout, il sentait qu’il manquait de références culturelles et ce n’était pas toujours agréable.

Ce que Avalon était en train de lui dire, c’était qu’elle avait constamment eu cette impression de manquer de quelque chose, d’avoir des choses à rattraper pour pouvoir s’intégrer dans le monde sorcier. Pire encore : elle avait senti sa culture moldue d’origine totalement dénigrée dans ce nouveau monde où on la pressait à s’intégrer. Roy n’avait jamais éprouvé ce sentiment-là : les frères et soeurs d’Avalon semblaient toujours très curieux et intéressés d’en savoir plus sur la magie, avec une certaine fascination. Personne chez les sorciers ne se passionnait du fonctionnement d’un micro-ondes, en revanche, ou alors, ils passaient pour des demeurés.

Et malgré lui, il participait un peu à ce climat hostile. Combien de fois avait-il critiqué la médecine moldue devant Avalon ou rappelé les sortilèges qu’elle pouvait utiliser pour aller plus vite dans ses tâches du quotidien ? Comme si de fait, toute technologie du monde moldue était moins valable que celles du monde sorcier. Il n’y avait aucune malice dans ses paroles mais elles pouvaient avoir un lourd impact sur des personnes qui avaient grandi parmi les moldus.

Roy bougea légèrement sur sa chaise, comme si elle se trouvait brusquement inconfortable.

Le parallèle qu’Avalon choisit de faire avec la culture mexicaine de ses parents était particulièrement percutant. C’était un point sur lequel Roy pouvait tout à fait s’identifier, pour le coup. Avec sa peau mate, ses cheveux sombres et son nom de famille d’origine clairement latines, il avait déjà fait face à des préjugés, voire une forme de racisme, au cours de sa vie. Ses parents encore plus que lui, parce que malgré leur très bonne maîtrise de l’anglais, il subsistait un reste d’accent dans leur langage, notamment chez son père, et aussi parce qu’ils affichaient plus clairement leur culture mexicaine dans leur posture et leurs habitudes. Ce n’était pas que le monde extérieur les traitait de sales immigrés mexicains qui feraient mieux de rentrer chez eux -quoiqu’il y avait quelques cons pour le faire. C’était plutôt qu’on méconnaissait cruellement leur culture, qu’on caricaturait leurs coutumes et qu’on sous-estimait leurs aptitudes. On leur faisait entendre que leur mode de vie -bien que tout à fait charmant et folklorique- était au fond moins digne d'intérêt que la culture dominante britannique.

Face à ce genre d’hostilité, une réponse que Roy soutenait totalement était d’affirmer fièrement ses origines pour redorer le blason de son héritage familial. Marcher la tête haute en somme.

Et ce fut ce qu’Avalon demanda pour leur fille : lui transmettre la fierté de l’héritage moldu qu’elle lui léguait. Roy posa brièvement les yeux sur Alma qui s’était endormie à poings fermés, logée dans son berceau. Il se cherchait encore dans son rôle de père mais il était certain d’une chose ; il ne tolérerait jamais qui que ce soit rabaisse ses enfants, de quelque manière que ce soit. Avalon venait de lui rappeler une chose essentielle, en soulignant que leur fille n’était pas seulement une sorcière. Après un tel déroulé, ce ne fut pas difficile pour lui d’aller dans son sens, cela sembla même couler de source.

« Je vois ce que tu veux dire. T’as raison » admit t-il. « Moi aussi je veux que notre fille soit fière de ce qu’elle est. Et c’est vrai, elle est pas juste une sorcière. »

Par ces mots, il reconnut ce qu’il avait nié sans réfléchir tout à l’heure : Avalon non plus n’était pas juste une sorcière. Il chercha son regard en même temps qu’il cherchait ses mots, parce qu’il sentait sa conscience agitée. Avalon avait pointé des comportements problématiques qu’il avait pu adopter lui aussi, ce qui piquait son ego, pour être honnête. Reconnaître ses torts était toujours une entreprise difficile et désagréable pour lui et pour son orgueil mais ce cas de figure lui semblait faire partie de ceux où il ne pouvait pas s’esquiver. Cela aurait été un profond manque de respect envers Avalon à ses yeux, alors il fit l’effort de se mettre dans un posture d’humilité :

« Désolé si je t’ai déjà donné l’impression que… Que c’est moins bien, le monde moldu » grimaça t-il. « C'était pas mon intention. En vrai, c’est surtout que je connais mal alors… je sais pas, je me méfie, je suppose » expliqua t-il maladroitement. La suite fut sur un registre humoristique plus confortable pour lui : « Je t’autorise à me mettre des taquets la prochaine fois que je dénigre la culture moldue. Enfin pas que t’avais besoin de mon autorisation pour le faire, mais… Bref, sinon au lieu de recevoir des taquets, je veux bien apprendre, ça sera peut-être plus utile. J’ai pas envie non plus de passer pour un con auprès d’Alma quand elle viendra me parler de fusées ou je sais pas quoi, déjà que je suis en galère devant Vivianne parfois, ça suffit. »


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
Messages : 693
Profil Académie Waverly
Entre deux mondes [Avalon & Roy & bébés] Icon_minitimeVen 28 Juil - 21:06
Avalon ne parlait pas souvent de son statut de née-moldue dans le monde sorcier. Elle reprenait souvent ses proches lorsqu’ils se montraient ignares de cette culture qu’elle chérissait mais n’avait jamais expliqué aussi précisément son rapport à cette double-identité. Prendre le temps de poser des mots justes sur ce sentiment qui la tiraillait parfois créa en elle une chaleur diffuse, presque réparatrice. Cela ne compensait pas les injustices, les moqueries ou les insultes mais Avalon eut l’impression qu’un poids s’envolait de son cœur. Cela faisait pourtant des années qu’elle entendait ses amis ou ses collègues évoquer son rapport à la magie avec une certaine condescendance – jamais méchante, mais toujours un peu infantilisante. C’était Fergus qui la sommait d’aller voir de « vrais guérisseurs » plutôt que des médecins moldus. C’était Finn, qui la taquinait lorsqu’elle suivait le Tournoi des Six Nations avec attention alors que le match se passait exclusivement sur le sol. C’était Angus, qui déplorait l’arrivée de la technomagie au Ministère et qui regrettait les « méthodes bien sorcières » d’autrefois. C’était Roy, qui lui rappelait les sortilèges qu’elle pouvait utiliser pour se passer d’appareils électriques.

Et Avalon soufflait, levait les yeux au ciel, râlait ouvertement.

Mais elle n’avait jamais pris conscience du poids que cela représentait.

Allongée sur son lit d’hôpital, le souffle court après sa tirade, le regard un peu agité par les émotions, Avalon sembla prendre conscience d’une douleur ancienne et récente, révolue et actuelle.

Aussi, la réaction de Roy fut un baume sur cette cicatrice douloureuse, qu’elle accueillit avec un sourire et un silence en laissant son regard glisser vers Alma qui dormait paisiblement dans sa couveuse. Elle choisit de pas rebondir immédiatement, sentant une certaine fébrilité chez son mari qui finit par se traduire dans des excuses frappées d’un humour un peu maladroit. Sa dernière remarque lui tira un rire.

« Toi, t’as pas digéré le moment où elle t’a parlé des sondes lancées par la NASA. » Vivianne s’était passionnée pour l’exploration de l’espace suite à la lecture d’un article autour des différentes missions spatiales qui avaient parsemé l’année 2011. La NASA avait lancé quatre sondes spatiales interplanétaires : une à destination de Jupiter, une autre vers Mars, la troisième vers la lune et la dernière à destination de la lune martienne Phobos. Elle avait expliqué ça à Roy avec un enthousiasme touchant, sans prendre conscience que la physique et l’astronautique étaient des disciplines parfaitement inconnues des sorciers. Elle commenta, avec un sourire : « Après, t’es mal tombé avec Vivianne, la plupart des enfants moldus de son âge s’intéressent à des trucs vachement moins galères à comprendre normalement. » Elle laissa passer un léger silence et finit par tendre la main de Roy pour entrelacer ses doigts aux siens. « Je sais que c’était pas ton intention. Pour être honnête, je crois que je faisais même pas vraiment gaffe à ce que ça me faisait ressentir parce que… Bah, parce que je suis habituée, j’imagine. » fit-elle en haussant les épaules. « Mais imaginer qu’Alma puisse ressentir la même chose ou qu’elle puisse avoir honte d’avoir une famille moldue… Ça me ferait vraiment chier, je crois. » Elle eut regard songeur et commenta : « C’est peut-être ça que je devrais faire, finalement. Aider les enfants nés-moldus au moment de leur intégration dans le monde sorcier. »

Cette idée flotta quelques instants entre eux, avant qu’Avalon ne reprenne sur un ton plus léger :

« En attendant, je veux bien te donner des cours du soir de culture générale moldue, oui. Qui sait, peut-être que ce sera toi, qui finira par me supplier pour qu’on vive dans le monde moldu, finalement… »


Avalon Calder

It's your love that's weighted in gold

KoalaVolant
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2891
Profil Académie Waverly
Entre deux mondes [Avalon & Roy & bébés] Icon_minitimeVen 28 Juil - 22:51
Roy sut qu’il avait trouvé les bons mots entre ses blagues plus ou moins maladroites, car Avalon parut plus détendue en réagissant. Leur conversation repassa sur un ton de l’humour, dans lequel il se glissa comme dans un fauteuil familier et confortable :

« Je te jure, c’est ma veine ça, de tous tes frères et soeurs il a fallu que ça soit la plus intello qui vienne avec nous ! Alors que je suis sûr que Galaad aurait pas pigé un mot non plus de ces trucs de la NASA, là. »

Il n’en était pas sûr en vérité, mais il aimait bien le penser, parce qu’il avait cru voir passer une forme d’incertitude dans le regard d’Avalon au même moment. Quoiqu’il en soit, ils venaient de tomber sur un accord qui sembla la satisfaire et qu’elle scella de paroles plus sérieuses. Roy pressa sa main dans la sienne, en appuyant ses mots avec un bref sourire :

« T’inquiète, il est pas né celui qui fera ressentir de la honte à notre fille, je lui aurai fait manger le sol avant. » Leur échange revint alors sur le sujet initial, celui d’une éventuelle reconversion pour Avalon, et cette fois-ci, Roy fut plus sérieux en répondant : « Tu le feras très bien, si c’est ce que tu veux faire » assura t-il en déposant un baiser sur le dos de sa main.

Il avait toute confiance en la capacité d’Avalon à s’investir dans un nouveau projet, même si cela signifiait quitter un milieu dans lequel elle évoluait depuis dix ans. Entre la police et le monde associatif, il n’y avait pas grand-chose en commun, et pourtant les deux seyaient étrangement bien à Avalon. Roy pouvait tout à fait la voir accueillir d’autres enfants perdus et isolés, pour les prendre sous son aile et les aider à trouver une voie, exactement comme elle essayait de le faire avec Vivianne et comme elle aurait sans doute aimé que quelqu’un le fasse pour elle-même.

« Alors, doucement. Ne fonde pas trop d’espoir là-dessus non plus, hein. Surtout que bon, t’as même pas besoin de faire ça puisque j’ai déjà accepté qu’on vive dans le monde moldu. Qu’est-ce que je ferai pas par amour pour toi, hein… »

Malgré ses mots piquants, le regard qu’il posait sur elle ne contenait que de la tendresse et ses douces pensées pour elle lui rappelèrent un autre sujet.

« Oh, d’ailleurs, en parlant de monde moldu, j’ai ramené quelque chose pour toi » lança t-il en tendant le bras vers le manteau qu’il avait laissé sur le dos de sa chaise. D’humeur joueuse, il garda la main enfoncée dans sa poche. « Ferme les yeux, d’abord. »

Il attendit qu’elle se plie à sa demande avant de sortir une petite boîte bleue que toutes les femmes américaines connaissaient. Sur les conseils d’Isobel, il avait fait un tour chez le célèbre bijoutier moldu Tiffany, dans l’espoir d’y trouver un cadeau pour Avalon. Il tenait à lui offrir quelque chose pour célébrer la naissance de leur fille, il était entré dans la boutique sans savoir exactement ce qu’il désirait y trouver. Mais quand ses yeux s’étaient posés sur une jolie bague aux entrelacs d’or, surmontée d’une perle nacrée, il avait immédiatement su qu’il s’agissait du parfait cadeau. Il posa l’écrin dans la main d’Avalon, avec un sourire.

« Je veux bien reconnaître que les moldus savent faire des bijoux de qualité » commenta t-il en la laissant découvrir la bague. « C’est des feuilles d’olivier sur l’anneau, comme ton tatouage. Et la perle c’est… Je sais pas, j’aimais bien sa forme toute douce et parfaite. »

Même si c’était lui qui offrait cette bague à Avalon, il savait que c’était elle qui lui avait fait le plus beau des cadeaux, celui qu’il essayait d’honorer avec ce présent bien modeste à côté de la présence de leur bébé. Son regard brillait de cette reconnaissance indescriptible, qu’il exprima avec pudeur en passant la bague sur le doigt d’Avalon et en déposant un baiser sur la perle.


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Contenu sponsorisé
Profil Académie Waverly
Entre deux mondes [Avalon & Roy & bébés] Icon_minitime