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This is what falling in love feels like [Avalon, Roy et petit bébé]

Avalon Calder
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This is what falling in love feels like [Avalon, Roy et petit bébé] Icon_minitimeLun 20 Fév 2023 - 22:12
25 février 2012

Avalon connaissait le bureau du docteur Humphreys par cœur. Le bureau en verre et les deux fauteuils en cuir noir qui lui faisaient face, l’espace de consultation avec la table recouverte par du papier jetable, la machine qui permettait de réaliser les échographies et celle qui servait à mesurer le rythme cardiaque du bébé. Elle y venait environ une fois par semaine depuis que sa prééclampsie avait été diagnostiquée, armée des résultats de la prise de sang qu’elle faisait également hebdomadairement. Cette dernière avait surtout pour but de contrôler l’état de ses reins dont le dysfonctionnement était essentiellement dû à son hypertension artérielle qui peinait à être maîtrisée par les médicaments qu’elle prenait pourtant scrupuleusement.

Alors, chaque semaine depuis le trente janvier, Avalon se rendait au laboratoire. C’était la même chorégraphie à chaque fois ; elle donnait son ordonnance à la jeune femme qui tenait l’accueil, puis elle s’installait sur une chaise jusqu’à ce qu’une infirmière l’appelle. Elle s’asseyait dans un large fauteuil, le bras allongé sur un accoudoir rembourré, on désinfectait sa peau, l’infirmière lui disait de serrer le poing, respirer, elle piquait et, quelques minutes plus tard – après son habituelle analyse urinaire – , elle repartait, un pansement blanc au creux du bras.

Puis il y avait l’attente, parfois insoutenable, jusqu’au rendez-vous avec le docteur Humphreys. Quelques heures, un jour tout au plus et, pourtant, Avalon aurait pu jurer qu’une année entière s’écoulait dans ce laps de temps. Elle s’occupait nerveusement, l’esprit ailleurs. Roy n’en menait pas large non plus ; la tempête de son esprit était largement visible dans son regard sombre et dans l’impatience qu’elle décelait dans ses mouvements. Puis, la gynécomage rassurait les futurs parents ; le bébé allait bien, Avalon se maintenait. Et ils étaient repartis pour une nouvelle semaine.

Depuis qu’Avalon était entrée dans son huitième mois, la pression n’était plus aussi lourde ; leur fille ne risquait plus de naître grande prématurée. Puis leur mariage leur avait aussi permis de souffler, de penser à autre chose qu’à cette épée de Damoclès qui ne cessait de réapparaître au-dessus d’eux. Ils avaient vécu dans une petite bulle de bonheur, si heureux de leur union et de ce qu’elle symbolisait pour eux. Ils s’étaient autorisés ce moment de joie, entourés de leurs proches, comme une parenthèse dans leur quotidien agité.

Installés l’un à côté de l’autre face au bureau du docteur Humphreys, la réalité les rattrapa sans crier gare.

« J’ai bien reçu vos résultats, miss Davies… » La gynécomage releva les yeux vers elle et se corrigea, avec un sourire : « Pardon, Mrs Calder. » Avalon n’eut pas le temps de rebondir sur cette remarque car, déjà, le docteur Humphreys enchaînait : « Ils ne sont pas bons. »

Il y eut un silence. Un silence long, interminable.

« C’est-à-dire ?
-Cela fait quelques semaines que la fonction de vos reins se dégrade. A cause de la prééclampsie, ils ont du mal à faire leur travail et ils s’abîment, si vous voulez. Vos derniers examens montrent que votre taux de protéinurie a considérablement augmenté ces derniers jours et je crains que, si nous n’agissons pas maintenant, il puisse y avoir des conséquences au long-terme. »

Le cœur d’Avalon rata un battement.

« Nous avions parlé de ça, vous vous en souvenez ? Du fait qu’il serait possible que nous déclenchions votre accouchement, si votre grossesse devenait trop éprouvante pour votre corps. » Avalon hocha la tête. « Je pense qu’il est temps. »

Un rire un peu nerveux s’étrangla dans sa gorge alors que sa main trouvait celle de Roy. Avalon serra ses doigts entre les siens, visiblement nerveuse. Elle savait pourtant que ce jour pouvait arriver ; elle s’était préparée à ce moment, à cette annonce. Mais rien n’aurait pu la préparer à cette brusque montée d’angoisse qui l’empêcha complètement d’avoir une pensée cohérente.

« Mais… C’est encore trop tôt, souffla-t-elle simplement.
-C’est tôt, concéda le docteur Humphreys, et je sais que c’est effrayant. Mais nous nous sommes préparés pour ce moment, ajouta-t-elle d’un ton doux. Les potions que l’on vous a administrées ont permis à ses poumons de se développer plus vite et, si tout va bien, elle n’aura même pas à être mise sous respirateur. Vous êtes dans votre trente-quatrième semaine, Mrs Calder, c’est très rassurant. »

Avalon s’efforça de souffler pour chasser l’angoisse qui lui tordait l’estomac. Sa tête lui tournait un peu, comme si elle était prise d’un vertige.

« Qu’est-ce qui va se passer, alors ? demanda-t-elle.
-Nous allons décider d’une date ensemble pour votre convocation à la maternité. On déclenchera votre accouchement… » Elle baissa les yeux vers ses notes. « Normalement, il vous sera possible d’accoucher par voie basse, même si une césarienne ne sera pas à exclure en cas de complications. Quand votre fille sera née, on la gardera sûrement quelques semaines en service de néonatologie, pour surveiller qu’elle se développe correctement, que tout se passe bien, qu’elle prend du poids… »


Avalon Calder

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Roy Calder
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This is what falling in love feels like [Avalon, Roy et petit bébé] Icon_minitimeMar 21 Fév 2023 - 19:34
Cela faisait environ un mois que Roy était dans une relation de amour-haine avec le docteur Humphreys. Quand elle les accueillait avec un grand sourire en disant que tout allait bien, Roy était pris d’un soulagement qui le poussait à remercier mille fois la gynécomage et lui donnait envie de créer un autel en son honneur. Mais quand elle gardait trop longtemps le silence, qu’elle affichait un air soucieux ou qu’elle se laissait aller à sa manie de terminer ses discours par des annonces effrayantes, alors il devait se retenir de passer par-dessus le bureau pour venir la secouer.

Cette fois-ci, alors qu’il venait dans une attitude plutôt optimiste, encore dans sa petite bulle depuis le mariage, le docteur Humphreys ne tarda pas à lui faire prendre l’ascenseur émotionnel.

Vraiment, quel genre de médicomage annonce « vos résultats ne sont pas bons » et laisse un long silence s’écouler derrière ? Elle était médecin ou scénariste en charge du suspense ?

« Pas bons comment ? » demanda t-il en même temps qu’Avalon.

Roy n’y connaissait pas grand chose en médicomagie et il avait simplement besoin d’une échelle à trois valeurs : pas grave, grave, très grave. Mais le docteur Humphreys ne parlait jamais en termes si simples et préférait jeter des mots inquiétants dans ses longs discours. Si bien qu’après ses explications, la tension chez Roy était montée d’un cran.

Il avait toutefois retenu une chose, un morceau d’espoir dans tout ce qu’elle leur expliquait.

« Quand vous dites que c’est rassurant, ça veut dire qu’il n’y a pas de risques pour le bébé ou pour ma femme si elle accouche maintenant ? C’est ce que vous nous disiez la semaine dernière, on a passé le stade de la grande prématuration, c’est ça ?
-C’est ça, confirma le docteur. Votre bébé est beaucoup moins exposé aux complications majeures. Je ne peux pas dire qu’il n’y a pas de risque, il y a toujours un risque pour chaque accouchement, même pour ceux qui sont menés à terme. Mais nous pouvons nous montrer optimistes. »

Serrant la main d’Avalon dans la sienne, Roy échangea un regard avec elle. Cela faisait un mois qu’ils se préparaient à cette éventualité, ils avaient eu le temps de la voir venir et ils avaient remercié le ciel pour chaque semaine qui passait et permettait à leur enfant de continuer de se développer normalement. Roy aurait préféré que l’accouchement ait lieu plus tard mais il était conscient qu’il aurait pu avoir lieu bien plus tôt. Et il ne voulait pas prendre le risque de jouer avec la santé d’Avalon.

Mais lui comme le docteur savaient que le dernier mot ne leur revenait pas. Roy interrogea sa compagne du regard.

« Tu es prête, mi alma ? »


******


27 février 2012, à 11h

Cela faisait deux heures seulement qu’ils étaient à l’hôpital mais Roy avait l’impression qu’il s’en était déjà écoulé dix. Et il savait qu’il n’était pas au bout de sa peine. Les médicomages les avaient prévenus : les accouchements déclenchés pouvaient durer très longtemps, quarante-huit heures en moyenne. Ils allaient donc littéralement camper dans cette chambre d’hôpital et ils avaient prévenu leurs amis proches et leurs familles pour qu’ils puissent passer leur apporter du soutien ou relayer Roy.

La première heure avait été bien remplie, entre l’installation dans la chambre qui leur était réservée, les premiers examens et les interventions des médicomages. Il avait fallu mettre Avalon sous potion d’hormones pour déclencher les contractions, appliquer un gel pour dilater son col. Puis brusquement, la chambre s’était vidée, ne les laissant que tous les deux. Avalon allongée sur le lit et Roy installée sur une chaise, à côté d’elle. Et s’ils papotèrent pour faire passer le temps, un silence finit par s’installer au bout d’un moment. Jusqu’à ce que Roy sente Avalon bouger sur le matelas.

« Ça va ? » l’interrogea t-il aussitôt. « Ça commence à te faire mal ? »


Roy Calder

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This is what falling in love feels like [Avalon, Roy et petit bébé] Icon_minitimeMar 21 Fév 2023 - 21:33
Avalon et Roy s'étaient présentés à neuf heures à la maternité de Sainte-Mangouste, sans parvenir à masquer entièrement leur nervosité. L'équipe médicale - sûrement habituée à prendre en charge les futurs parents anxieux - avait tout mis en œuvre pour se montrer rassurante. Une sage-femme était venue leur expliquer toutes les prochaines étapes de ce séjour hospitalier, qui risquait d'être long. Quarante-huit heures en moyenne - au-delà, la sage-femme les avait prévenus qu'une césarienne serait envisagée pour éviter une potentielle détresse fœtale. Face aux regards un peu hagards du couple, elle s'était empressée de les rassurer : pour le moment, rien n'indiquait qu'Avalon ne pourrait pas accoucher par voie basse.

Malgré cela, Avalon se sentait un peu nerveuse, presque fébrile. Elle s'était pliée à toutes les exigences de l'équipe soignante, avait revêtu une robe d'hôpital qui tombait jusqu'à ses mollets, mais avait dû mobiliser chaque parcelle de sa maigre patience pour rester tranquille. La journée risquait d'être longue ; pour le moment, on lui avait seulement appliqué un gel pour préparer son col à l'accouchement et une infirmière était venue lui passer une première poche d'hormones pour déclencher les contractions, tout en la prévenant qu'elle n'en ressentirait pas les effets avant plusieurs heures.

Il ne lui restait plus qu'à patienter.

Autant dire que ce n'était pas sa principale qualité.

Et encore moins celle de Roy.

Devant sa question empressée, Avalon esquissa un petit sourire.

« Non, non, ça va, je suis juste mal installée. » Elle se redressa difficilement. « T'es sûr que tu veux rester ? Il va sûrement rien se passer avant... Au moins cinq ou six heures. » Au bas-mot.


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This is what falling in love feels like [Avalon, Roy et petit bébé] Icon_minitimeMar 21 Fév 2023 - 22:00
Loin de se contenter de la réponse lui donna Avalon, Roy insista :

« T’as besoin d’un truc ? Une autre coussin ? » Avant de froncer les sourcils face à la remarque qu’elle lui fit. « Mais je vais pas te laisser toute seule, t’es folle ou quoi » dit-il en secouant la tête en signe de négation. « T’inquiète, j’ai connu pire que rester dans un hôpital pour quelques heures… »

Voire journées, en l’occurrence. Il devait bien admettre qu’il n’avait pas l’habitude de rester dans une seule pièce sans rien faire, pour autant de temps. L’immobilité et la patience n’était pas son fort, il le savait. Mais il n’avait aucune intention de laisser Avalon traverser cet accouchement seule. Et de toute manière, il n’aurait pas l’esprit tranquille s’il partait. Il se souvenait des trois petites heures qu’il avait passé à tourner en rond, quelques mois plus tôt, pendant que Joséphine accouchait. Il avait détesté ne rien savoir et se retrouver impuissant. Un sourire se glissa sur son visage à une pensée qu’il finit par dire à haute voix :

« Je peux pas me plaindre, en plus, j’étais frustré de pas pouvoir assister à l’accouchement de Teresa. Au moins là, on va bien avoir le temps de voir notre fille arriver. »


Roy Calder

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This is what falling in love feels like [Avalon, Roy et petit bébé] Icon_minitimeMar 21 Fév 2023 - 22:31
« Non, t’inquiète » assura Avalon lorsque Roy s’enquit de son installation. Sa réponse catégorique lui tira un petit rire. « Je sais, je sais, fit-elle en signe de reddition. Mais tu détestes les hôpitaux. »

Il n’était clairement pas son élément ; Avalon ne voyait jamais Roy aussi nerveux que lorsqu’ils se rendaient ensemble à ses rendez-vous médicaux. Il oscillait toujours entre fébrilité, soulagement et colère – d’ailleurs, il était possible que le personnel des urgences ait gardé un souvenir très vif de lui, le jour où elle avait été hospitalisée.

La pensée qu’il lui partagea pour expliquer son refus de la quitter la fit sourire et elle hocha la tête.

« Si tu fais autant les cent pas aujourd’hui que le jour de la naissance de Teresa, tu vas sûrement parcourir la distance d’un marathon. » le taquina-t-elle. Sa main se glissa jusqu’à son ventre rond. « T’entends ça mon bébé ? Ton père va nous faire une performance sportive si tu ne te dépêches pas. »

27 février 2012 – 14h

Le repas avait été servi deux heures plus tôt mais Avalon avait à peine touché à son plat, écœurée par la purée jaunâtre de son assiette. Elle grignotait une barre de chocolat lorsqu’une infirmière fit son apparition dans la chambre.

« Bonjour ! Excusez-moi, je vous dérange cinq minutes.
-Bonjour. » répondit-elle avec un sourire. L’infirmière s’approcha d’elle, les yeux rivés sur le moniteur positionné au-dessus de son lit.

« Bon, tout a l’air de bien se passer ici. » commenta-t-elle en notant les chiffres sur un dossier papier à l’aide d’une plume blanche. « Comment vous vous sentez ?
-Tout va bien pour le moment, assura Avalon.
-Vous ne trouvez pas le temps trop long ? » s’enquit l’infirmière en observant la perfusion qui avait été posée sur sa main.
La future mère grimaça. « Un peu. Mais écoutez, on va pouvoir mettre à profit toutes ces heures pour enfin se mettre d’accord sur un prénom pour cette enfant… » fit-elle en coulant un regard vers Roy, installé sur une chaise à côté d’elle.
« Ah, releva l’infirmière avec un sourire. Vous êtes toujours en plein débat ?
-J’attends que mon mari cède, lui confia Avalon. Mais il est très têtu. »

L’infirmière eut un petit rire. Elle jeta un coup d’œil à Roy avant de souffler avec malice :

« Je connais bien les futurs papas ; attendez donc d’avoir les premières contractions et vous pourrez lui demander ce que vous voulez. »  


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This is what falling in love feels like [Avalon, Roy et petit bébé] Icon_minitimeMer 22 Fév 2023 - 18:46
Roy détestait en effet les hôpitaux et il y avait plusieurs raisons à cela. L’odeur aseptisée des couloirs, les murs blancs et ternes, les mauvais moments qu’il y avait passé à s’inquiéter pour ses proches et voir des gens y mourir, quand ce n’était pas lui qui était en danger. Mais il y avait aussi les repas franchement dégoûtants qu’on servait ici, dans des barquettes en plastique minables. Roy avait mal regardé l’infirmière qui était venue déposer une vieille purée devant Avalon. A quel moment pensait-elle qu’il allait laisser une substance pareille entrer dans le corps de sa femme et par extension, celui de sa fille ?

Il avait dégainé son Pear pour demander à Toni de leur ramener un déjeuner décent mais ce dernier se faisait tarder. Roy aurait du se souvenir que la notion de « midi » était très large pour son ami avant de faire appel à lui. Il commençait à sentir son estomac gargouiller quand une autre infirmière pénétra dans la chambre pour faire ses contrôles.

Quand Avalon évoqua leurs querelles de choix de prénom et que l’infirmière prit parti pour elle, Roy eut un mouvement de recul presque théâtral.

« Attendez, attendez. C’est de la manipulation, madame ! C’est déloyal. » Il se tourna vers Avalon. « Faut qu’on choisisse maintenant. Ou alors après, quand t’auras accouché et que tu seras convaincue que notre bébé a de toute évidence une tête à s’appeler Carmen » suggéra t-il avec un sourire pas si innocent.


Roy Calder

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This is what falling in love feels like [Avalon, Roy et petit bébé] Icon_minitimeMer 22 Fév 2023 - 19:50
Un rire s'échappa d'Avalon lorsque Roy s'offusqua des paroles de l'infirmière, avec ce ton qu'il adoptait parfois pour mimer l'indignation.

« C'est absolument hors de question que je fasse un choix aussi important après avoir passé quarante-huit heures à accoucher de ce bébé. » lui répondit-elle d'un ton catégorique. « Quarante-huit heures ! » répéta-t-elle en se tournant vers l'infirmière, « On pourrait au moins imaginer qu'il me laisse choisir le prénom.
-Soyez prudente avec ça, lui conseilla la soignante avec un sourire en coin. La plupart du temps, c'est le papa qui va déclarer l'enfant au ministère... » Elle rassembla ses papiers et les ordonna avant de les ranger dans un épais dossier. « Le mari d'une patiente a décidé de changer le prénom de leur enfant sans lui en parler, lorsqu'il est allé remplir les papiers.
-Mais non ? réagit Avalon en se redressant sur ses oreillers. Mais c'est un motif de séparation.
-Oui, je crois qu'elle n'était pas exactement ravie, rit l'infirmière en posant sa main sur la poignée de la porte. Je repasse vous voir bientôt, n'hésitez pas si vous avez besoin de quelque chose. »

Avalon se redressa sur son lit, un peu gênée par l'appareil qui entourait son ventre et traduisait en temps réel le rythme cardiaque du bébé. Son sourire avait laissé place à une expression songeuse sur son visage. Il s'était passé beaucoup de choses depuis qu'elle avait découvert sa grossesse, quelques mois plus tôt. Elle avait l'impression que le temps était passé à toute vitesse, qu'elle avait à peine eu le temps de s'habituer à l'idée d'être enceinte que, déjà, il fallait qu'elle accouche. Il y avait d'abord eu le déni, les difficiles ajustements à cette grossesse non-prévue et découverte sur le tard, puis sa pathologie qui était venue menacer la vie du bébé et la sienne. Elle avait dû se projeter dans cette maternité malgré tous ces obstacles et surtout malgré l'angoisse de perdre son bébé.

Un bébé qu'elle n'avait pas réussi à nommer.

Ils avaient essayé, pourtant. Ils s'étaient proposés des prénoms, ils s'étaient chamaillés parce qu'ils ne tombaient jamais d'accord mais, au fond, ils n'y avaient pas mis beaucoup de cœur. Cela était sûrement dû à la crainte de la perte, qui planait, silencieuse, au-dessus d'eux. Les semaines étaient passées, avaient éloigné la menace d'un accouchement bien trop prématuré et ils avaient réussi à rendre tangible l'arrivée de leur fille. Ils avaient acheté des vêtements, peint sa chambre.

Mais ils ne lui avaient toujours pas donné de prénom.

« Sérieusement, hermoso, il faudrait qu'on trouve son prénom. Il est plus que temps. » lança Avalon en tournant la tête vers Roy. « Je sais, je sais, on est d'accord sur rien. » Elle laissa s'écouler un silence pensif. « Je crois que... Après tout ça, j'ai envie de lui donner un prénom particulier. Un prénom qui veut dire quelque chose, tu vois ? » Elle ajouta, malicieuse : « Pas juste Carmen, quoi. »[/color]


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This is what falling in love feels like [Avalon, Roy et petit bébé] Icon_minitimeMer 22 Fév 2023 - 22:46
Quand l’infirmière referma la porte derrière elle, Roy ne put s’empêcher de se tourner vers Avalon avec son sourire qu’il réservait à ses mauvais coups.

« Tu te souviens quand on s’est promis de rester ensemble pour le meilleur et pour le pire ? Bon. Est-ce que si je te faisais le coup de changer le prénom sur les papiers, ça pourrait rentrer dans la catégorie du pire ? »

Il laissa un rire lui échapper en accueillant la réaction outrée d’Avalon. Mais bien vite, il sentit que l’atmosphère changeait et que l’expression du visage de sa compagne devenait plus sérieuse. Roy sut avant même qu’elle ne parle ce qu’elle allait lui dire. Il était effectivement temps de donner un nom à leur bébé. Il pouvait blâmer leurs désaccords pour n’avoir pas réussi à trouver un prénom jusqu’à maintenant mais Roy savait au fond de lui qu’ils ne s’étaient pas trop autorisés à le faire. Ils avaient traversé tant d’incertitude, tant d’inquiétude autour de cette grossesse que d’une certaine manière, ils s’étaient retenus de franchir certaines limites qui auraient rendu trop réelle la présence de leur bébé.

Et cela commençait par lui donner un prénom.

Roy baissa les yeux sur le ventre rond d’Avalon, tandis qu’il devenait pensif à son tour. Un prénom particulier, avec une jolie signification, qui avait du sens pour eux… Il avait bien une idée, mais il ne savait pas du tout comment Avalon l’accueillerait. Il tourna quelques instants cette pensée dans son esprit, sous tous ses angles, avant de se décider à la partager :

« Qu’est-ce que tu dirais du prénom Alma ? »

Tout en observant sur le visage de sa femme l’effet de cette proposition, il poursuivit :

« Je sais que c’est le prénom de ta grand-mère mais… Justement. Tu me disais que… Ça te faisait un peu chier de ne pas transmettre ton nom à notre fille. »

Roy avait été d’accord pour accoler leurs deux noms de famille, mais Avalon avait finalement décidé qu’elle préférait prendre le nom de Calder et le léguer à leur enfant. Le nom des Davies charriait un passé trop lourd et la rappelait à ses parents avec qui elle avait totalement coupé les ponts. Et même si elle ne voulait pas revenir sur cette décision, Roy sentait qu’elle créait des sentiments ambivalents chez elle. Il attrapa la main d’Avalon dans la sienne.

« Mais tu peux lui transmettre le prénom d’une personne de ta famille qui compte pour toi. » Il laissa quelques secondes s’écouler, le temps d’une réflexion, avant d’ajouter avec un sourire. « En plus, c’est un beau prénom, avec une belle signification. » Une si belle signification que parfois, Roy l’adressait à Avalon comme un surnom d’amour. Mi alma, mon âme, un mot doux qui s’accompagnait toujours de beaucoup de tendresse. Cette pensée le fit conclure : « C'est un peu un bout de nous, ce bébé, ça lui irait bien. »


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This is what falling in love feels like [Avalon, Roy et petit bébé] Icon_minitimeJeu 23 Fév 2023 - 11:15
Après plusieurs semaines d'hésitation, Avalon avait renoncé à transmettre à son enfant son nom de jeune fille. Curieusement, et malgré les sentiments négatifs qu'elle entretenait envers le père qui lui avait légué ce nom, cela n'avait pas été une décision facile. Elle avait mis un peu de temps avant de comprendre l'origine de ce malaise et ne l'avait réalisé que quelques jours plus tôt, au détour d'une conversation avec Célice. Ce n'était pas tant le nom de son père qui lui importait que la transmission de son héritage moldu. Cela paraissait anecdotique aux yeux de ses amis sorciers, mais Avalon était profondément attachée au monde dans lequel elle était née. Roy la taquinait parfois avec ça, lui disait qu'elle oubliait qu'elle était une sorcière lorsqu'elle refusait d'utiliser la magie pour des actes du quotidien, mais la réalité était plus complexe qu'un simple oubli ou un réflexe profondément ancré en elle du fait de son enfance moldues. Ses origines moldues étaient perpétuellement menacées par son identité de sorcière ; elle vivait dans un monde complètement éloigné de celui de sa famille, où les assiettes volaient au gré des sorts, où un bâton devenait une arme, où les os pouvaient repousser en une nuit. Elle avait connu une guerre qui n'avait jamais existé pour sa fratrie.

Avalon ne méprisait pas la magie. Elle ne détestait pas le monde sorcier non plus. Elle y avait construit sa vie d'adulte, elle avait évolué au ministère jusqu'à devenir l'une des figures du département de la justice magique. Elle portait aussi forcément le poids de la reconnaissance envers cet univers qui lui avait donné une telle chance ; une reconnaissance mêlée à une culpabilité d'avoir, pendant longtemps, été la seule de sa grande fratrie à montrer des aptitudes magiques. Pour autant, et malgré toutes les opportunités et les facilités du monde magique, Avalon n'avait jamais renoncé à son ancrage dans le monde moldu. C'était l'univers de sa famille. De son frère jumeau. De ses grands-parents. C'était une culture qu'elle chérissait, dans laquelle elle se retrouvait et qu'elle refusait de perdre au profit de la culture sorcière. Ce n'était pas évident ; rien n'était fait, dans le monde magique, pour accueillir les enfants issus du monde moldu. Ils étaient séparés de leur famille, envoyés dans une école dont ils ne connaissaient rien et où rien ne faisait le lien entre ce nouveau quotidien et leur vie d'avant. Beaucoup de sorciers - quand ils ne les percevaient pas comme des imposteurs - voyaient, chez les enfants nés-moldus, la chance d'avoir développé des aptitudes magiques alors que rien ne les prédisposait à cela.

Mais cela n'avait rien d'une chance de se voir, à onze ans, imposer un secret qui les séparerait durablement de leurs proches. Cela n'avait rien d'une chance non plus de devoir accoucher dans un lieu où elle ne pouvait recevoir la visite d'aucun membre de sa famille.

Le nom « Davies » ne représentait pas que son père ; il symbolisait aussi son héritage. Avalon avait renoncé à le transmettre à sa fille, conscience qu'il charriait beaucoup trop de souvenirs douloureux.

Aussi, la proposition de Roy la toucha à un endroit sensible et Avalon resta silencieuse pendant plusieurs secondes, les yeux rivés dans ceux de son mari.

Alma.

Elle n’y avait jamais pensé ainsi. Alma était le prénom de sa grand-mère, son second prénom à elle, le surnom d’amour que Roy lui soufflait parfois. C’était un prénom qui revenait beaucoup et, pourtant, qu’elle utilisait peu – comme tous ses frères et sœurs, elle appelait sa grand-mère « abuela » depuis qu’elle était enfant. Alma, âme. Un sourire étira ses lèvres.

« C’est parfait. » souffla-t-elle, les yeux brillants.

Un prénom fort, symbolique, qui remplissait cette dimension de transmission qui lui manquait tant. Avalon hocha la tête, prenant le temps de l’assimiler.

« Alma. Alma Calder. » Elle baissa les yeux vers son ventre rond. « Qu’est-ce que tu en dis, mon bébé ? Tu es notre petite Alma ? Notre petite âme ? » Sa main s’égara sur sa peau qu’elle caressa doucement. « Oh, j’adore. » confia-t-elle en retrouvant le regard de Roy. « J’adore, merci. » Elle se pencha vers lui pour aller chercher un baiser. « C’est parfait. » répéta-t-elle sans se départir de son sourire.

Elle se sentait émue d’avoir enfin trouvé le prénom de leur fille. Cela rendait la réalité de cet accouchement encore plus tangible, presque palpable. Bientôt, ils tiendraient Alma dans leurs bras. C’était à la fois très vertigineux, un peu angoissant et, en même temps, Avalons sentait une jolie impatience se répandre dans son corps. Elle avait hâte de la rencontrer.

Il s’écoula quelques secondes de silence, avant qu’elle offre à Roy une pensée qui lui venait :

« Est-ce que tu voudrais qu’on lui donne le prénom de ta mère, en second prénom ? Alma Elena Calder ? Ce serait un joli hommage et puis, ajouta Avalon, elle a été hyper présente pour nous depuis qu’on a appris le diagnostic, pour organiser le mariage aussi… »


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Roy vit le visage d’Avalon changer et s’illuminer face à sa proposition. Et même s’il ne prit pas toute la mesure de ce que cela remuait chez elle, il sentit que l’argument de la transmission la touchait. Avant même qu’elle ne formule son approbation, Roy la devina dans le sourire sincère et le regard ému d’Avalon. Un sourire contagieux, qui illumina son visage à lui à son tour. Il recouvrit d’une main tendre celle qu’elle posait sur son ventre en s’adressant à leur fille.

« Content que ça te plaise, mon amour » répondit-il en accueillant son baiser. En baissant les yeux vers le ventre très rond d’Avalon, Roy réalisa alors qu’ils venaient enfin de prénommer leur fille. Ce n’était plus « le bébé » c’était Alma. Alma Calder. Il tourna cet enchaînement dans sa tête pendant quelques secondes, s’émerveillant de l’harmonie qui s’en dégageait. Il le sentait dans son coeur, ce prénom était le bon. « Ça sonne bien, hein ? Alma Calder. Ça claque, j’adore. » Puis il tourna un regard taquin sur Avalon. « Par contre, je vais plus trop pouvoir continuer à t’appeler mi alma, du coup, faut que je te trouve un autre surnom. »

Mais ce n’était pas ce qui l’inquiétait, des petits noms d’amour pour sa femme, il en avait plein. Empli d’un sentiment d’excitation et d’impatience, il ajouta :

« J’ai encore plus hâte de la rencontrer. »

Puis la proposition d’Avalon détourna son attention et le fit lever les yeux vers elle. Ils n’avaient jamais discuté seconds prénoms tous les deux -trouver le premier était déjà une tâche ardue- Roy n’avait pas vraiment eu l’occasion d’y réfléchir. Traditionnellement, dans leur famille, on transmettait le nom des ancêtres -c’était son cas, Gaspard était le prénom de son grand-père maternel, puis ses parents avaient décidé d’une autre logique pour ses frères et soeur après lui, en leur donnant des prénoms des deux autres rois mages du trio, Melchior et Baltazar, et de la Vierge María pour Irina, en référence à leur héritage catholique. Il n’y avait donc rien de révolutionnaire à proposer le prénom de sa mère Elena pour sa fille, mais Roy comprit que pour Avalon ce n’était pas l’histoire d’une simple tradition. Elle voulait exprimer sa reconnaissance envers sa mère qui avait en effet été très présente et soutenante pour eux, et lui offrir la possibilité de transmettre la même chose qu’elle à leur fille.

Touché, Roy lui répondit par un sourire.

« C’est une bonne idée. Ça fera plaisir à ma mère. » Il déposa un baiser sur le dos de la main d’Avalon. « Et ça me fait plaisir aussi. »


*****

27 février 2012 – 17h

L’ambiance n’était plus au badinage et à la tendresse. Tout le corps de Roy se tendait face à la vision d’Avalon, penchée en avant, le visage crispé par la douleur. Les potions faisaient effet, les premières contractions étaient apparues et commençaient à s’intensifier. Mais s’il s’en inquiétait beaucoup, les médicomages, eux, ne s’affolaient pas du tout. Le travail commençait à peine, selon eux, c’était même « une bonne nouvelle » avaient-ils dit avant de leur suggérer d’aller marcher quelques minutes. Mais Roy avait du mal à considérer comme une bonne nouvelle le fait de voir Avalon suspendue à son bras, en train d’avancer péniblement, tout en ponctuant leur marche de quelques jurons bien sentis.

Vraiment, il allait détester la voir accoucher.

« Ça va ? » l’interrogea t-il, frustré par sa propre impuissance. « Tu veux qu’on continue de marcher ou qu’on s’arrête ? »


Roy Calder

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This is what falling in love feels like [Avalon, Roy et petit bébé] Icon_minitimeJeu 23 Fév 2023 - 12:54
Quand les premières contractions étaient arrivées, Avalon avait naïvement pensé que ce n'était pas si terrible. C'était douloureux, un peu inconfortable, mais pas insurmontable. Elle faisait l'exercice de respiration que la sage-femme lui avait montré et la douleur finissait par refluer. Puis, les contractions étaient devenues plus régulières, plus douloureuses aussi. L'équipe soignante l'avait prévenue au moment de son admission ; le travail était souvent plus douloureux et plus intense lorsqu'il était déclenché artificiellement. Avalon n'avait pas l'expérience d'une autre grossesse pour comparer ce qu'elle était en train de vivre mais, songea-t-elle en se penchant vers l'avant, prise par une vague de douleur, si elle devait encore supporter ça pendant vingt-quatre heures, elle allait probablement devenir folle.

Roy et elle marchaient dans les couloirs de la maternité depuis quelques minutes, sur les recommandations de l'infirmière qui lui avait dit qu'elle ne pourrait pas recevoir de péridurale avant plusieurs heures. Visiblement, l'activité physique serait bénéfique - Avalon, agrippée au bras de Roy, n'en voyait pas vraiment les effets. Occupée à réprimer la douleur qui la saisissait - sans réprimer un juron qui lui échappa dans un marmonnement - Avalon ne répondit pas immédiatement à Roy. Elle attendit que la douleur reflue avant de se redresser difficilement. Son épaule heurta le pied de perfusion qui la suivait et elle râla :

« Putain mais ça me casse les couilles ça aussi. » Elle l'écarta d'elle, les sourcils froncés par la contrariété. « Non, non, on peut continuer, c'est bon. » Quand la vague passait, elle se sentait un peu mieux, même si elle commençait déjà à être fatiguée - cela faisait déjà huit heures qu'ils étaient arrivés à l'hôpital. « Franchement c'est un scandale, les sorciers sont là, à se vanter d'avoir inventé des potions pour faire repousser des os. Repousser des os ! Et il y a pas un putain de sorcier qui a été capable d'inventer, je sais pas, un sort pour accoucher sans passer par tout ça ? » Avalon secoua la tête. « C'est la plus grosse arnaque du siècle, je te le dis. »


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This is what falling in love feels like [Avalon, Roy et petit bébé] Icon_minitimeJeu 23 Fév 2023 - 15:38
Fidèle à elle-même, Avalon exprima sa contrariété en insultant copieusement le pied de perfusion qui flottait dans les airs derrière elle. Elle le poussa d’un coup d’épaule mais l’objet revint, mû par le sortilège qui l’animait. Elle n’en finit pas de blâmer la magie, ou plus exactement les chercheurs en médicomagie qui n’avaient jamais jugé utile de se pencher sur une potion pour accouchement. Roy était certain que sa soeur Irina aurait eu plein de choses à dire sur le sujet -il l’avait déjà entendu maugréer que c’était dingue qu’il existe « des tas de potions pour agrandir des pénis, mais aucune d’efficace pour soulager ces foutues douleurs de règle » - mais lui n’était pas le meilleur interlocuteur sur le sujet. Alors il se contenta de passer un bras autour de la hanche de sa compagne, dans un geste de soutien.

« Je peux aller casser les genoux de deux ou trois médicomages pour réparer ce tort, si tu veux. Promis ils auront aussi mal que toi actuellement, ça va les motiver » assura t-il sans qu’on ne sache trop s’il plaisantait ou non. Une infirmière qui passait dans les couloir sembla les avoir entendus car elle leur jeta un regard circonspect, ce qui poussa Roy à chuchoter à l’adresse d’Avalon : « Non, attends, changement de plan. On attend que t’aies accouché, comme ça ils s'occupent bien de toi, et après on les insulte eux et leurs ancêtres. »

L’humour était une source de distraction comme une autre mais Roy sentit que faire des blagues n’allait plus pouvoir marcher très longtemps pour consoler sa partenaire. Il tourna un regard préoccupé vers elle. Avalon n'était pas du genre douillette -c'était peu de le dire- alors il savait très bien que la douleur qui l'animait actuellement devait être sérieusement intense.

« Ah putain, j’aime pas te voir comme ça… Une potion pour transférer la douleur, sinon, ça serait utile aussi. Hop, tu me donnes tout et pendant ce temps, t’accouches tranquillement. »


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This is what falling in love feels like [Avalon, Roy et petit bébé] Icon_minitimeJeu 23 Fév 2023 - 17:20
La proposition de Roy arracha un sourire à Avalon. Elle répondit sur le même ton, à voix basse :

« Parce que tu crois que je vais attendre encore vingt-quatre heures pour insulter l’intégralité de cet hôpital ? Aucune chance. » Il était même possible qu’elle ait déjà commencé.

Tout en s’appuyant sur Roy, Avalon avança précautionneusement dans le couloir de la maternité, un peu gênée par les différents dispositifs médicaux reliés à elle, qui flottaient derrière. Elle se sentait mieux maintenant que la contraction était passée mais savait aussi que son répit ne serait que de courte durée : six ou sept minutes environ, comme le lui avait dit l’infirmière qui était passée la voir un peu plus tôt. Elle était dans la « phase active » du travail – ce qui ne voulait pas dire « rapide » pour autant car, selon la sage-femme, il restait plus de douze heures avant l’ouverture complète de son col. Avalon avait encaissé l’information en grimaçant et la sage-femme avait essayé de la réconforter : pour un accouchement qui avait été déclenché artificiellement, ce n’était pas si mal.

« Parce que tu crois que tu tiendrais le coup ? » demanda Avalon à Roy avec une moue circonspecte sur le visage, lorsqu’il lui suggéra de lui transférer sa douleur. « Ou est-ce que je vais juste me retrouver avec un bébé prématuré et un mari évanoui dans un coin de la pièce ? » le taquina-t-elle en tournant à l’angle d’un couloir. « Non, non, je vais garder ça pour moi. Puis l’avantage, quand j’ai mal, c’est que tu cèdes à tous mes caprices. » ajouta-t-elle avec un sourire en coin.


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This is what falling in love feels like [Avalon, Roy et petit bébé] Icon_minitimeJeu 23 Fév 2023 - 18:42
« Quoi ! N’importe quoi, j’ai une bonne résistance à la douleur » répliqua t-il avec un sourire en coin. Il n’avait pas la prétention de savoir ce que produisait des contractions dans un corps mais il avait enduré quelques Doloris dans sa vie de mafieux qui lui faisait penser qu’il n’y avait pas de raison pour qu’il supporte moins cette épreuve que sa femme. La réplique suivante d’Avalon le fit rire et il ne put que hocher la tête. « Oui, c’est vrai. Tu peux me demander ce que tu veux. C’est le moment de faire la liste de tes rêves les plus fous, je m’engage personnellement à les réaliser. »

Si cela pouvait changer les idées d’Avalon ou la réconforter, en tout cas, il prenait avec plaisir.


28 février 2012, 5h du matin

Finalement, peut-être que non. Peut-être qu’il ne pouvait pas endurer la douleur qu’Avalon était en train d’essayer de gérer.

Déjà, il avait du mal à supporter de la voir dans cet état, haletante, contorsionnée sur son lit, le visage crispé. Chacun de ses gémissements de douleur était un couteau enfoncé dans son coeur. Et quand Roy était inquiet, que faisait-il ? Il se mettait en colère. Comme il ne pouvait pas diriger sa colère sur Avalon, il la dirigeait sur les médicomages qui entraient dans la pièce. Et la nuit blanche qu’ils venaient de traverser ne l’aidait pas à trouver de la patience.

« Enfin quelqu’un ! » aboya t-il en voyant une sage-femme passer le pas de la porte sur un pas pressé. « Ça fait des heures qu’on attend !
-Ecoutez, monsieur, il y a beaucoup d’accouchements dans le service, on fait de notre mieux. Comment ça se passe, ici, madame ? » demanda t-elle en s’approchant d’Avalon, avant d’annoncer, la main tendue : « Je vais toucher votre col pour mesurer à combien est votre dilatation. »


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This is what falling in love feels like [Avalon, Roy et petit bébé] Icon_minitimeJeu 23 Fév 2023 - 19:13
Avalon avait à peine fermé l’œil de la nuit. Elle s’était assoupie à un moment, épuisée par la journée, mais avait été réveillée peu de temps après par une vague de douleur. Elle avait brusquement trouvé la position allongée insupportable et s’était levée pour faire quelques pas dans la chambre en soufflant bruyamment, une main crispée sur son ventre. Elle avait tout mis en œuvre pour gérer les contractions – s’accroupir, se pencher, inspirer profondément, prendre une douche – mais, depuis une demi-heure, plus rien ne la soulageait de cette douleur qui commençait à devenir franchement insupportable. Elle aurait dû recevoir la péridurale pendant la nuit mais l’anesthésiste de garde avait été appelé en urgence sur une opération compliquée, leur avait expliqué une infirmière. Personne ne savait trop quand il sortirait du bloc opératoire.

Avalon avait désormais trop mal dans le bas du dos pour rester debout mais n’était pas beaucoup mieux allongée dans son lit. Les contractions s’enchaînaient, intenses, longues et douloureuses, ne lui laissant que peu de répit entre chaque. Elle avait chaud et froid en même temps, trouvait parfois le contact du drap contre sa peau insupportable puis réclamait une couverture pour se couvrir, brusquement traversée par un frisson.

Elle réagit à peine lorsque Roy alpagua la sage-femme qui venait d’entrer dans sa chambre, les yeux fermés pour gérer la douleur qui finit par refluer progressivement.

« Ça va » articula Avalon dans une grimace.

Elle hocha la tête, comme pour consentir à cet acte qu’elle avait subi un nombre incalculable de fois depuis son arrivée à l’hôpital. La sage-femme s’approcha d’elle, recouvrant sa main droite d’un gant blanc.

« Mhh, vous y êtes presque, madame. » fit-elle quelques secondes plus tard, en se redressant. Elle jeta le gant dans une poubelle, lava ses mains avec une solution qui sentait fort l’alcool. « Il vous reste à peine un demi-centimètre, d’accord ?
-Encore ? releva Avalon, le visage froissé par un sentiment de désespoir. J’ai vraiment envie de pousser, là.
-Je sais, je sais, c’est normal, le bébé appuie sur votre col. Mais il ne faut pas pousser maintenant, d’accord ? C’est important d’attendre la dilatation complète.
-Ça va prendre combien de temps ? interrogea-t-elle, sans parvenir à masquer son désarroi.
-Une heure au maximum. Ça va passer vite, vous allez voir. » lui assura l’infirmière. Avalon eut un sourire jaune. Cela faisait plus de vingt heures qu’elle était dans cette foutue chambre. « Essayez de respirer d’accord ? »

« Respirez » c’était le seul conseil que tous les foutus soignants de ce foutu hôpital avait à la bouche. « Respirez madame, ça va aider la douleur », « soufflez, il ne faut surtout pas commencer à pousser maintenant » « allez, respirez, c’est bientôt fini ».



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This is what falling in love feels like [Avalon, Roy et petit bébé] Icon_minitimeJeu 23 Fév 2023 - 19:33
Roy n’avait jamais vu autant de doigts rentrer dans le corps d’Avalon sans que que ça soit les siens et si cela l’avait perturbé au départ, maintenant il regardait la scène sans ciller. Cela devait être le dixième toucher vaginal depuis qu’ils étaient arrivés, après tout.

La sage-femme annonça qu’elle y était presque, ce qui créa un peu d’espoir chez Roy. Il n’avait jamais pensé qu’un accouchement pouvait être si long et éprouvant. Même s’il n’était pas le plus à plaindre, il avait à peine fermé l’oeil de la nuit, mal mangé, soutenu Avalon du mieux qu’il pouvait en essayant de contenir son inquiétude et sa fatigue. Alors il ne rêvait désormais que de pouvoir enfin rencontrer leur fille et aller se reposer.

Mais la sage-femme fit redescendre sa montée d’espoir en annonçant qu’ils en avaient encore pour une heure de contractions avant de commencer les poussées. Vu la tête désespérée et crispée que faisait Avalon, cette réponse ne lui convenait pas du tout. Elle ne convainc donc pas à Roy, qui alpagua à nouveau la sage-femme.

« Est-ce que l’anesthésiste s’est libéré, du coup ? Pour la péridurale ?
-Oh c’est trop tard pour la péridurale maintenant, monsieur, on va devoir faire sans. »

L’annonce beaucoup trop brusque fut une claque pour Roy.

« Pardon ?
-Normalement, on la fait au milieu du travail, à six ou sept centimètres de dilatation. On est presque à dix maintenant. » Voyant le regard orageux de Roy et ses narines qui se dilataient de colère, elle s’empressa d’ajouter : « De toute manière, ça n’aurait plus d’utilité même si on la faisait maintenant ! Le temps que ça agisse, il y a de grandes chances que madame ait déjà acc…
-Mais c’est une blague ? Vous allez la faire accoucher sans péridurale ?! Tout ça parce que vous êtes pas foutus d’avoir plus d’un anesthésiste dans ce foutu hôpital de m…
-Monsieur, calmez-vous, exigea la sage-femme en haussant le ton à son tour. Ça ne sert à rien de crier, vous stressez tout le monde, là, dont votre femme !
-Me dites pas de quoi ma femme a besoin alors que vous êtes pas fichus de lui donner SA PÉRIDURALE, PUTAIN !
-Je vous demande de vous calmer ou je vais devoir vous faire sortir ! »


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This is what falling in love feels like [Avalon, Roy et petit bébé] Icon_minitimeJeu 23 Fév 2023 - 20:18
Avalon accueillit l’annonce de la sage-femme avec davantage de résignation que de colère ; elle se doutait déjà plus ou moins que son accouchement devrait se passer d’anesthésique. Elle avait demandé la péridurale vers une heure du matin, alors que la douleur devenait pénible à supporter et qu’elle voyait bien que son corps commençait à montrer des signes de fatigue. Elle s’était dit qu’une fois que le médicament ferait effet, elle pourrait sans doute dormir, prendre des forces pour la dernière ligne de droite... Jusqu’à ce qu’on lui annonce que l’anesthésiste venait d’être appelé en urgence au bloc opératoire. Autrement dit : « débrouillez-vous madame. »

Les heures étaient passées et, sans nouvelle du médicomage, Avalon avait abandonné l’idée de recevoir une péridurale avant de tenir sa fille dans ses bras. Aussi, si elle avait anticipé l’annonce de la sage-femme, elle n’anticipa pas la colère de Roy, qui profita de ce moment pour passer ses nerfs sur la soignante. Il était nerveux, fébrile ; Avalon savait qu’il détestait cette situation dans laquelle il ne pouvait rien faire d’autre que d’attendre auprès d’elle que le temps s’écoule que leur bébé daigne enfin sortir. Elle avait vu des tics agiter ses mains, son visage se tordre d’inquiétude et, fidèle à lui-même, cette agitation anxieuse se traduisit par un éclat de colère. Mais la sage-femme, loin de se laisser impressionner, chercha à le remettre à sa place en haussant le ton à son tour. La menace qu’elle laissa planer fit immédiatement réagir Avalon. Elle agrippa le tissu de la chemise pour le forcer à la regarder.

« Tu vas bien te calmer, lui asséna-t-elle en fronçant les sourcils. Parce que, Roy, je te jure que si tu te fais sortir de cette chambre et que je dois passer les prochaines heures toute seule juste parce que t’es incapable de te tenir correctement, tu vas le regretter pour les huit prochaines années. C’est clair ? »

Ils s’affrontèrent du regard pendant une brève seconde, avant que la sage-femme ne s’éclaircisse la voix.

« Bon, maintenant que tout le monde s’est calmé, est-ce que vous avez besoin de quelque chose, madame ?
-Est-ce que je peux boire quelque chose ? » demanda Avalon. Elle avait le ventre trop noué pour manger, mais elle sentait que sa gorge était sèche.
« Oui, bien sûr. De l’eau ? Un jus ?
-Un jus, c’est parfait. Merci.
-Je vous amène ça tout de suite. » fit-elle en quittant la chambre.

La porte se referma derrière elle. Avalon tourna un regard contrarié vers Roy.

« Mais toi t’es malade de te mettre à agresser la meuf qui va me faire accoucher. Hé on n’est pas sur la Voie ici. Abruti va, t’as failli me laisser accoucher toute seule. » maugréa-t-elle en se redressant sur ses coussins, le dos douloureux.



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This is what falling in love feels like [Avalon, Roy et petit bébé] Icon_minitimeJeu 23 Fév 2023 - 21:12
Tiré vers le bas au niveau du col de sa chemise, Roy perdit momentanément de vue la sage femme, pour se retrouver nez à nez avec une Avalon qu’on n’avait pas du tout envie de contrarier à cet instant. En temps normal, elle ne prenait jamais de gants pour dire le fond de sa pensée mais là particulièrement, la douleur la rendait peu commode. Elle proféra des menaces sur un ton qui ne donna aucune envie à Roy de la contredire. Dans d’autres circonstances, il se serait probablement vexé mais la situation était loin d’être ordinaire. Avalon aurait pu l’insulter copieusement que Roy aurait quand même courbé l’échine pour lui demander pardon, oui ma chérie, tout ce que tu veux.

Exactement ce qu’il fit d’ailleurs.

« Oui, ok. Désolé. Tout ce que tu veux. »

Il s’assit sur sa chaise à côté d’elle et se força lui aussi à faire tout ce que les médicomages ne cessaient de répéter. Respirer. Respirez, madame. Respirer pour monsieur ce n’était pas si mal aussi. Respirer car tout allait bien se passer. Dans une heure tout au plus, la dame avait dit. Dans une heure, il allait pouvoir serrer Alma dans ses bras, embrasser Avalon et s’endormir quelque part, n’importe où, à ce stade, il n’était même plus difficile et il voulait bien faire une sieste sur ce siège d’hôpital inconfortable.

Il ne revint à la réalité que lorsque sa compagne lui adressa de nouveau un reproche face auquel il leva un sourcil, sarcastique.

« Si tu crois que quelqu’un aurait pu me sortir d’ici, tu te trompes. » Mais ce n’était pas la meilleure chose à dire à cet instant où il percevait de l’inquiétude et de la lassitude chez Avalon. Il grimaça légèrement, retrouvant une posture d’humilité. « Désolé, je te jure, je me calme. » Il inspira d’ailleurs un grand coup. « Je suis calme. Je vais pas te laisser toute seule, ok ? » assura t-il en attrapant sa main. « C’est bientôt fini » l’encouragea t-il. Du moins il priait pour. « C’est quoi une heure face aux vingt qu’on a déjà passées ici ? » Il essayait de ne pas pleurer en disant ça. « Rien du tout. Ça va aller. »


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This is what falling in love feels like [Avalon, Roy et petit bébé] Icon_minitimeJeu 23 Fév 2023 - 22:37
Ce petit éclat de colère concentra brièvement toute la fatigue, la nervosité et la lassitude d’Avalon. La remarque sarcastique de son compagnon lui fit lever les yeux au ciel mais elle n’entra pas dans une nouvelle joute verbale, épuisée par les vingt dernières heures. La tension retomba rapidement entre eux et Avalon serra la main de Roy lorsque ce dernier vint enlacer ses doigts aux siens.

« T’as pas intérêt, souffla-t-elle lorsqu’il lui assura qu’il ne la laisserait pas toute seule, j’en peux plus. »

Elle s’accrocha à ses paroles pour retrouver un peu de courage. Une heure, avait dit la sage-femme. Une heure, répéta Roy à côté d’elle.

« C’est quoi une heure face aux vingt qu’on a déjà passées ici »

Avalon grimaça.

« Oui, d’accord, si tu prends les choses comme ça… »

Une heure. Dans une heure, elle tiendrait son bébé dans les bras.

28 février 2012, 7h du matin.

La sage-femme avait menti. Ou, en tout cas, elle avait omis une partie de la vérité car, une heure plus tard, Avalon n’avait toujours pas accouché. On lui avait pourtant dit qu’elle était prête que, désormais, il fallait « juste » que le bébé descende, qu’il se positionne contre son bassin, puis contre son périnée. Naïvement, elle avait pensé qu’il ne s’agissait plus que d’une question de minutes.

Pas du tout.

Cela faisait déjà plus d’une heure.

Elle n’en pouvait plus. Elle avait chaud, elle avait mal, elle était fatiguée. Une mèche de cheveux barrait son front brûlant et elle la repoussa avec lassitude. Elle voulait que tout ça s’arrête. Elle voulait dormir, elle voulait qu’on la laisse tranquille, qu’on arrête de lui dire de respirer, de pousser, de se détendre. Elle n’aurait jamais dû accoucher aujourd’hui, songea-t-elle dans le brouillard de ses pensées. Alma ne voulait pas sortir, elle n’était pas prête. Sa fille était encore trop petite ; elle était bien là, dans son ventre, à l’abri de tout. Elle aurait dû la garder encore un peu. Quelques jours. Quelques semaines. Peut-être que cela aurait été plus facile ?

« Allez madame, on y est presque, l’encouragea la sage-femme, qui commençait à installer son matériel autour d’elle. Votre bébé est bien engagé, maintenant.
-Non, c’est bon, murmura-t-elle, les yeux presque clos. C’est bon, j’arrête.
-Je sais que vous êtes fatiguée mais, vraiment, vous avez fait le plus dur. Encore un petit effort, d’accord ?
-Je suis fatiguée… » Avalon tourna la tête pour attraper le regard de Roy. « J’en peux plus, il faut que ça s’arrête. »

Elle avait la tête qui tournait, de soif, de faim, de fatigue, de nervosité, d’impatience. Elle avait mal partout, au ventre, au dos, aux jambes, à la tête, dans les bras et les mains. Cela faisait vingt-deux heures que son accouchement avait été déclenché et chaque minute supplémentaire avait un goût d’éternité.

« Je vais pas y arriver. » souffla-t-elle, le ventre noué par une brusque montée d’appréhension.



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This is what falling in love feels like [Avalon, Roy et petit bébé] Icon_minitimeJeu 23 Fév 2023 - 23:14
Le temps s’étirait à l’infini dans cette salle d’accouchement où la tension était à son comble. Roy n’en pouvait plus, il était inquiet, stressé, fatigué, nerveux, affamé, mais rien de tout ça ne prenait autant de place que le mal-être et la souffrance qui émanaient d’Avalon. Toute son attention était focalisée sur elle, il répétait en écho les instructions des médicomages, tout en les accompagnant de baisers, d’encouragements et de prières.

« Tu peux le faire, bébé. » Elle poussait, elle poussait tant qu’elle gémissait en même temps. « C’est ça, c’est bien, tu es parfaite. » Avalon s’accrochait à sa main, si fort que Roy avait mal mais il n’y faisait pas attention. « Respire, tu gères, on y est presque... »

S’il s’écoutait vraiment, il aurait quitté cette salle d’accouchement pour ne plus voir cette scène terrible ou alors, il aurait poussé tous ces gens qui s’agitaient autour de sa femme pour qu’ils la laissent tranquille, parce qu’il détestait la voir souffrir à ce point. Il n’avait jamais vu Avalon dans une peine telle qu’elle en pleurait et gémissait de douleur. C’était d’un tout autre niveau que cette période où elle était saisie de migraines terribles, quelques mois plus tôt, et déjà à l’époque chacun de ses épisodes lui faisait mal au coeur.

Mais il avait un rôle à jouer et il n’avait pas le droit de flancher. Il se le répétait à lui-même, il encourageait Avalon autant qu’il s’encourageait lui-même.

« Allez, tiens bon, encore un peu, c'est presque fini… »

En vérité il n’en avait aucune idée, il jetait régulièrement des regards désespérés vers la sage-femme qui semblait très concentrée sur sa tâche. Quand elle annonça que le bébé était bien engagé, Roy fut pris d’un élan d’espoir qui le fit sourire de soulagement. Il se tourna vers Avalon pour partager avec elle cette bonne nouvelle mais il ne vit que la détresse sur le visage de sa compagne. La détresse et l’abandon.

Avalon qui n’abandonnait jamais était en train de douter et de renoncer sous ses yeux.

Il y avait de quoi sentir son coeur se briser en mille morceaux mais Roy repoussa de toutes ses forces cette faiblesse qui menaçait de s’emparer de lui. Il se maintint dans ce rôle qu’il essayait si désespérément de tenir, le seul qu’il pouvait jouer pour aider Avalon, en mobilisant tout le courage qu’il avait dans ses réserves et qui lui avait un jour valu une place à Gryffondor.

« Bien sûr que si, tu vas y arriver » affirma t-il avec la ferme conviction d’un coach qui remobilisait son meilleur élément. « Tu rigoles ou quoi ? Déjà, Avalon Davies elle abandonne jamais, mais alors Avalon Calder, encore moins. » Il porta sa main qu’il serrait dans les siennes jusqu’à ses lèvres pour l’embrasser. « Alma a besoin de toi, là, tu peux pas la laisser tomber. Il faut que tu fasses encore un dernier effort, pour elle… » Son regard décidé tentait de transmettre à sa femme la force qu'il lui manquait. « Donne tout, mon amour, tout ce que t'as. Je te tiens. »


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This is what falling in love feels like [Avalon, Roy et petit bébé] Icon_minitimeVen 24 Fév 2023 - 0:22
Ses pensées étaient embrouillées par la fatigue et la douleur, ses mots s’emmêlaient dans sa bouche. Elle était épuisée, affamée, inquiète. Son corps était brûlant, douloureux – tellement douloureux qu’elle en avait la nausée. La sage-femme disait « encore un effort » mais Avalon se sentait incapable de faire plus, de faire mieux. Cela faisait des heures qu’elle suivait scrupuleusement leurs conseils et cela ne fonctionnait pas. Elle n’y arrivait pas.

Au milieu de ce désespoir et de cette lassitude, la peur se manifesta et lui noua l’estomac.

Le regard qu’elle tourna vers Roy trahissait sans mal ce mélange d’émotions ainsi que sa fatigue tant émotionnelle que physique. Entre eux, le temps se suspendit et, pendant quelques secondes, il n’exista rien d’autre que son compagnon, ses mots d’amour, son soutien infaillible et les baisers qu’il déposa sur sa peau frémissante. Roy avait raison ; elle n’abandonnait pas. Elle était déterminée, persévérante, combative ; elle était capable de remuer ciel et terre, voire même d’aller faire un tour en enfer si cela était nécessaire. Mais elle n’abandonnait rien, ni personne.

Et sûrement pas sa fille.

Avalon hocha la tête. Agrippa la main de Roy dans la sienne. Inspira profondément.

***


Après un ultime effort, un cri déchira l’atmosphère. Une voix minuscule, aiguë. Un cri de nourrisson. Avalon se figea, le corps brusquement délivré d’une tension qui était devenue insoutenable.

« Oh, alors, tu cries pour montrer à ton papa et à ta maman à quel point tu as de bons poumons ? »

La voix de la sage-femme lui sembla lointaine. Avalon voulut se redresser, attirée par ce cri qui l’appelait, mais elle ne parvint pas à se soulever suffisamment.  

« Ne bougez pas, madame, on vous l’amène dans une seconde. » lui assura une autre voix, à la droite. Une infirmière repoussa doucement le tissu froissé de sa robe d’hôpital, dévoilant sa peau nue. Une seconde plus tard, on y déposa son bébé.

Ce fut une brusque explosion, une sensation un peu étrange qui la saisit à la gorge. Avalon sentit ses yeux s’humidifier – d’émotion, de soulagement, de joie – et elle posa une main sur le dos de sa fille, qui pleurait contre elle. Elle sentait son petit cœur battre à toute vitesse. Sa gorge se noua. Avalon, qui avait eu si peur de ne pas réussir à aimer son enfant, qui avait eu si peur de ne pas parvenir à le désirer, voyait toutes ses peurs être brusquement balayées par un sentiment chargé d’une telle évidence qu’elle fut surprise d’avoir pu, un jour, nourrir de telles craintes.

« Oh, mon bébé… » souffla-t-elle. Elle baissa les yeux vers ce tout petit être, la contempla avec fascination. « Tout va bien maintenant, tout va bien. » répéta-t-elle. Bercée par sa voix qu’elle connaissait bien, les pleurs d’Alma se tarirent doucement. « Mais oui, voilà, tout va bien. Coucou, souffla-t-elle posant ses lèvres sur le haut de son crâne. Coucou Alma. » Ses doigts parcoururent doucement son minuscule corps, recouvert d’un lange. « Oh, mon Dieu, elle est si petite. » souffla Avalon. « Almalita. » murmura-t-elle. Petite Alma.

Insensible au ballet des infirmières autour d’eux, Avalon releva des yeux brillants vers Roy, penché au-dessus d’elle.

« C’est notre bébé… » fit-elle dans un souffle, sans parvenir à masquer l’incrédibilité de sa voix.  


Avalon Calder

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This is what falling in love feels like [Avalon, Roy et petit bébé] Icon_minitimeVen 24 Fév 2023 - 10:51
7h56. Ce fut l’heure précise à laquelle Alma Calder émit son tout premier cri.

Toute la tension qui avait maintenu Roy sur le qui-vive pendant ces dernières heures retomba brusquement. Ce cri était la meilleure des nouvelles. Leur fille respirait. Elle avait de bons poumons, comme le soulignait la sage-femme, malgré toutes les craintes qu’ils avaient nourri autour de cet accouchement prématuré. Elle allait bien. Roy eut un vrai soupir de soulagement.

« Oh mon Dieu… »

Il se laissa tomber sur le bord du matelas, passa un bras autour d’Avalon qui ne parut trouver le repos qu’une fois qu’elle eut leur bébé dans les bras. Le premier constat que fit Roy en la rencontrant fut le même qu’il avait fait en découvrant Teresa. Elle était minuscule. Plus petite encore que Teresa, c’était visible. Un tout petit bébé, tout léger, tout fragile. Roy mesura d’autant plus le miracle de la trouver en vie et bien portante.

D’un coup, l’angoisse qu’il portait en lui pas seulement depuis des heures, mais depuis plusieurs mois, dès l’instant où ils avaient découvert la grossesse d’Avalon et ses complications, se libéra de lui et laissa dans son sillage une vive émotion. Un soulagement immense, mêlé d’une grande joie. En voyant Avalon s’adresser à leur petite Alma, d’une voix toute douce et toute émerveillée, Roy sentit les larmes monter à ses yeux. Il échangea le même regard fasciné avec elle, la voix écrasée par l’émotion.

« Mais oui, je sais c’est fou… » Il se pencha vers leur bébé, dont le crâne était recouvert de fins cheveux noirs. Il y déposa un léger baiser, un effleurement. « Coucou toi. » Puis se recula, en l’enveloppant de son regard tendre. « Elle est parfaite. »

L’équipe médicale autour d’eux s’effaçait pour leur laisser quelques minutes d’intimité. A nouveau, Roy échangea un regard avec Avalon et se mit à rire, sans pouvoir le contrôler. Pris d’un élan de reconnaissance et de tendresse, il l’embrassa sur le front.

« Toi aussi t’as été parfaite. Merci. Merci… »


****


28 février 2012, 11h

Les suites de l’accouchement, jalonnées d’étapes pour assurer la bonne santé du bébé et de sa mère, n’avaient pas permis à Avalon et Roy de se reposer. Mais cette fois-ci, ils étaient si soulagés et heureux, qu’ils se plièrent à tout ce que les médicomages demandèrent, sans broncher. Les prises de température, les prises de sang, les potions à boire, le contrôle du poids du bébé. Ils n’avaient pas exagéré en disant qu’Alma était toute petite, elle mesurait à peine quarante centimètres pour un peu plus de deux kilogrammes. Une corpulence normale pour un bébé prématuré, avait assuré la sage-femme pour rassurer les parents.

La première tétée avait été un joli moment, touchant à regarder pour Roy, chargé en émotion pour Avalon. Pour le moment, tout se profilait bien.

Après ses premiers examens, la sage-femme qui avait suivi leur accouchement les accompagna dans une nouvelle chambre, en unité de néonatalogie, où elle expliqua ce qui les attendait.

« C’est votre nouvelle chambre, cette unité est réservée aux bébés nés prématurément, car ils ont besoin de soins spécifiques. Vous allez rester ici trois ou quatre semaines avec votre bébé, madame, selon son évolution, pour que nous puissions surveiller sa croissance. » Elle s’approcha du lit qui trônait à côté de celui d’Avalon, recouvert d’une cage transparente. « Ce petit lit, ici, c’est la couveuse qui a été préparée pour votre enfant. Il faudra l’installer ici à chaque fois qu’elle n’est pas dans vos bras et quand vous dormez. Nous conseillons aux parents de porter le plus possible leur enfant en peau à peau, c’est la meilleure manière de l’aider à réguler sa température et à stimuler son développement. Il faut bien comprendre qu’elle a besoin d’un lien physiologique avec vous, pour compenser le temps qu’elle n’a pas pu passer dans le corps de sa mère. » Elle montra du doigt le boitier au-dessus du lit. « Bon, ça, vous avez l’habitude maintenant, vous donnez un petit coup de baguette pour appeler l’équipe si besoin. Essayez de ne pas en abuser. » ajouta t-elle avec un regard explicite vers Roy. « Et vous, madame, nous allons vous rapporter un repas dans quelques minutes, essayez de bien manger, vous avez besoin de prendre un maximum de forces pour allaiter. » Elle se tourna vers Roy. « Pendant ce temps, je vous suggère de porter la petite en peau à peau, on vous a montré comment faire ? »

Quelques minutes plus tard, guidé par les instructions de la sage-femme, Roy se retrouva torse nu, assis sur un fauteuil, les mains posées délicatement sur le petit corps d’Alma maintenu contre lui par une écharpe en tissu. Entre temps, le repas d’Avalon était arrivé et ils prirent un instant pour savourer ces quelques minutes de calme bienvenu.

Roy ne quittait pas du regard sa fille qui s’était assoupie contre son torse et qui se soulevait au rythme de chacune de ses inspirations profondes. Un murmure émerveillé lui échappa :

« C’est fou, je sens sa respiration et ses battements de coeur contre moi… »

Il n’y avait rien de plus précieux que de sentir aussi intensément la vie de son bébé, au coeur de ses bras. Doucement, il se mit à caresser le dos d’Alma, saisi d’un amour paternel familier, le même déferlement qu’il avait ressenti en tenant Teresa contre lui pour la première fois.

Il se tourna vers Avalon pour partager un regard complice avec elle. Elle mangeait avec un appétit revivifié par la longue épreuve qu’elle venait de traverser.

« Ça va ton repas ou tu veux que je demande à Toni de te ramener autre chose ? » lui demanda t-il. « Il m’a envoyé un message tout à l’heure, il va pas tarder à arriver avec Fergus et Jayce. »


Roy Calder

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This is what falling in love feels like [Avalon, Roy et petit bébé] Icon_minitimeVen 24 Fév 2023 - 14:57
Alma avait été vue par un médicomage quelques minutes après sa naissance. Les conclusions de l'examen avaient été plutôt rassurantes : malgré son petit gabarit, elle semblait plutôt en forme. Elle n'avait pas besoin d'assistance respiratoire et - au grand soulagement d'Avalon - n'avait pas non plus besoin d'être nourrie par sonde. La première tétée avait été un peu difficile car Alma était fatiguée mais, aidée par une puéricultrice, Avalon avait réussi à la mettre au sein assez rapidement. Cela avait été un moment magique, presque hors du temps, où elle n'avait pas quitté sa fille des yeux.

Elle était parfaite. Minuscule et fragile, mais parfaite. Elle expérimentait les limites de son corps qui avait été longtemps contenu dans le ventre de sa mère, agitait doucement ses bras et ses jambes, poussait des timides cris, découvrait le toucher, le goût, l'odorat. Avalon avait observé avec fascination sa fille faire ses premiers gestes, consciente que les prochains jours, les prochains mois, les prochaines années seraient faites d'une succession de premières fois.

Et qu'en tant que mère, elle aurait la chance de pouvoir y assister.

Elle avait savouré ce nouveau mot, ce nouveau qualificatif qui lui était désormais attribué. Maman. Elle était mère. En regardant sa toute petite fille, Avalon avait senti l'importance de ce rôle, elle avait mesuré la force de ce lien particulier et de cet amour aussi farouche que tendre qu'elle ressentait. En tenant Alma contre sa peau nue, Avalon avait songé que plus rien ne comptait autant que de la garder en sécurité, au sein du foyer aimant que Roy et elle avaient construit. Les inquiétudes qu’elle avait eue au cours de sa grossesse lui paraissaient désormais lointaines, presque ridicules. Elle était à sa place. Elle était mère et elle était à sa place.

Alma s’était rapidement endormie et la petite famille avait été transférée en service de néonatologie, dans une unité permettant à Avalon de rester hospitalisée avec elle. La chambre était plus grande, plus spacieuse que celle qu’elle venait de quitter. Il y avait un lit, un grand fauteuil et la couveuse dans laquelle Alma resterait le temps de parvenir à réguler par elle-même sa température corporelle. Avalon écouta avec attention les conseils de la sage-femme, notant avec une certaine satisfaction que son plus grand désir – garder sa fille près d’eux – était visiblement une recommandation médicale. Elle observa avec tendresse Roy nouer une écharpe en tissu autour de lui et positionner délicatement leur fille contre sa peau, pendant qu’elle se redressait sur les oreillers en grimaçant légèrement. Elle avala les potions qu’une infirmière lui avait demandé de prendre avant le déjeuner – une potion de force, une potion régénératrice et une d’anti-douleur – et, malgré le goût épouvantable que cela lui laissa en bouche, se sentit un peu mieux après ça.

Sa faim la rattrapa lorsque sa fatigue la quitta brièvement et Avalon accueillit son plateau-repas avec un sourire gourmand. Elle n’avait pas mangé depuis plusieurs heures – ses contractions lui avaient coupé l’appétit et, en voyant que son accouchement s’étirait en longueur, les médicomages avaient préféré la laisser à jeun, au cas où elle devrait être prise en charge en urgence pour césarienne. Elle mangea donc avec appétit l’assiette de pâtes et la tranche de rôti qui composaient le plat principal, ignorant la sécheresse de la viande et le manque évident de sel dans la préparation.

Son regard, en revanche, restait rivé sur Roy qui s’étonnait avec une pointe d’émerveillement de sentir les battements de cœur de sa fille contre sa peau. Elle sentit son cœur se gonfler face à cette vision pleine de douceur du père et de sa fille enlacés.

« C’est impressionnant, hein ? » réagit Avalon avec un sourire tendre. « Elle a l’air si paisible. » souffla-t-elle en apercevant son petit visage endormi.

Elle grava cette jolie image dans son esprit, savourant cet apaisement et ce calme après ces nombreuses heures agitées.

« Non, ça va pour le moment, t’inquiète. » lui assura Avalon en retirant l’opercule d’une compote à la pomme. « C’était très bien comme repas, j’avais tellement faim que j’aurais pu manger n’importe quoi de toute façon. » avoua-t-elle avec un sourire contrit. « Ils viennent avec tes parents ou ils passeront plus tard ? » lui demanda-t-elle enfin. La mère était de Roy était passée hier soir, tout comme Toni, Fergus et Jayce. Lorsque la douleur avait commencé à devenir trop forte, Avalon avait demandé à être laissée seule et son époux avait cordialement invité leurs proches à sortir. Elle avait eu vent que leurs amis étaient restés une bonne partie de la nuit dans la salle d’attente de la maternité.

Repoussant la table sur laquelle son plateau était posé, Avalon se décala légèrement sur la gauche et invita Roy à venir s’asseoir auprès d’elle. Elle posa sa tête contre son épaule, les yeux rivés sur Alma qui dormait toujours. Du bout des doigts, elle caressa son dos à travers le tissu de l’écharpe, puis effleura avec douceur ses petits cheveux noirs.

« Elle a tes cheveux. » constata-t-elle en relevant son regard vers Roy. « Et elle est aussi matinale que toi. » railla-t-elle avec un sourire tendre.


Avalon Calder

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This is what falling in love feels like [Avalon, Roy et petit bébé] Icon_minitimeVen 24 Fév 2023 - 19:22
Roy jeta un oeil à l’assiette effectivement vide d’Avalon, qui trahissait la force de son appétit car la veille, face à un repas similaire, elle n’avait pas mangé la moitié.

« D’accord. J’irai te chercher quelque chose tout à l’heure, alors. » Il n’allait pas non plus la laisser s’alimenter uniquement de cette bouffe insipide. « Non ils viennent de leur côté. Mes parents vont venir aussi, je sais pas exactement quand… Y a des chances qu’ils arrivent plus ou moins en même temps. »

Ils aviseraient si c’était le cas. Parmi ses multiples indications, la sage-femme avait précisé que seuls trois visiteurs étaient autorisés dans les chambres en unité néonatale et qu’ils étaient sensés se laver soigneusement les mains en rentrant, pour protéger au mieux le bébé.

Mais pour le moment, ils n’étaient encore que tous les trois et ils profitèrent pleinement de cet instant paisible. Quand Avalon eût terminé son repas, Roy la rejoignit avec Alma et la laissa s’appuyer contre eux. Du coin de l’oeil, il observa sa femme qui regardait toujours avec la même fascination que tout à l’heure leur fille. Une tendresse similaire à celle qui transparaissait sur le visage de Roy irradiait les traits d’Avalon. Il y avait quelque chose de magique dans ce moment où ils pouvaient enfin contempler ce petit être qu’ils avaient attendu pendant des mois, avec beaucoup d’appréhension et d’inquiétude. Sa seule présence semblait tout résoudre, tous leurs doutes, tous leurs questionnements. Ils allaient bien tous les trois et rien ne semblait pouvoir briser leur bulle.

Face au commentaire d’Avalon, Roy eut un sourire attendri et laissa son regard se promener sur les cheveux d’Alma. Elle avait raison, ils étaient aussi noirs et lisses que les siens et ce simple détail l’emplissait déjà de fierté.

« C’est vrai, ça. Va falloir que tu te cales sur notre rythme, du coup » glissa t-il à Avalon pour la taquiner. Il se laissa à nouveau happer par la contemplation de son bébé, si petite et si mignonne qu’il avait du mal à ne pas s’extasier sur chaque partie de son corps. Une de ses mains était tellement minuscule que sa paume tenait autour de son doigt et ce détail le fit rire. « Regarde sa main, elle est tellement mignonne. Oh la la, non mais cette petite va briser des coeurs, je te le dis. Je veux dire c’est notre fille, quoi, il suffit qu’elle ait ton sourire et mon regard et c’est fini. C’est fini pour nous déjà, elle va faire ce qu’elle veut de nous, c’est sûr. »

Il avait déjà expérimenté avec Teresa cette intense bouffée d’amour qui le saisissait et lui donnait envie de tout accomplir pour protéger sa progéniture, alors ce n’était pas nouveau pour lui mais cela le surprenait toujours.

Bientôt, leur petit moment à trois se suspendit alors que des coups étaient frappés à la porte. Toni fut le premier à rentrer -et surtout le plus bruyant.

« Bon ALORS où est-ce qu'elle est ma filleule ? » Puis un mouvement de recul. « Mais Roy, pourquoi t’es nu ? »

Jayce prit le relai pour répondre à la place de Roy qui levait les yeux au ciel.

« Pourquoi t’es nu, c’est drôle, je me pose souvent cette question à ton sujet, Toni, sauf que toi, tu n’as jamais de raison valable.
-Lavez-vous les mains, avant d’approcher » rappela Fergus de son habituel ton laconique -mais son regard était soucieux. « Comment ça va ? Tu as pu dormir un peu, Av’ ? Vous nous dites si vous préférez qu’on repasse quand vous serez plus reposés.
-Trop raisonnable, Fergie, moi je ne pars pas tant que j’ai pas vu ma petite nièce, où est-ce qu’elle est cette petite puce… Oh la la. » Penché sur Roy qui tenait toujours Alma contre lui, il resta figé dans une posture théâtrale. « Cette beauté incroyable. Pardon, Roy, je ne parle pas de tes pectoraux pour une fois, mais de ta fille.
-Pousse-toi, j’vois pas !
-Vous lui avez donné un prénom ? »


Roy Calder

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This is what falling in love feels like [Avalon, Roy et petit bébé] Icon_minitimeDim 26 Fév 2023 - 19:55
Avalon ne se lassait pas de contempler Alma et de s'émerveiller de ce qu'elle voyait. Ses cheveux noirs qui recouvraient le haut de son crâne. Sa petite bouche rose. Ses minuscules pieds qu'elle agitait maladroitement. Ses yeux qu'elle gardait essentiellement fermés, aveuglée par la lumière trop forte de ce monde qu'elle découvrait depuis quelques heures seulement. Son adorable petit nez. Elle effleurait doucement son dos à travers le tissu qui la recouvrait, le cœur gonflé par la tendresse. C'était un peu vertigineux de penser que c'était sa fille, que ce bébé était celui qu'elle avait porté pendant huit mois.

Un rire lui échappa lorsque Roy, visiblement tout aussi sous le charme, se lança dans une description émerveillée d'Alma et de sa main qu'elle avait refermée autour de son doigt. Avalon ne pouvait qu'approuver son discours ; leur fille était évidemment magnifique.

« Mais je sais, fit mine de soupirer Avalon, sans se départir de son sourire. Je veux dire, regarde-la, on a déjà envie de tout lui donner, non ? »

Et ce n'était pas comme si Alma risquait de manquer de quoique ce soit, entourée comme elle l'était. Elle n'avait pas été attendue seulement par ses parents ; tous leurs proches avaient été impliqués dans cette aventure. Avalon n'oubliait pas que c'était à Toni qu'elle avait annoncé sa grossesse en premier, qu'elle était avec Fergus lorsqu'elle avait dû partir en urgence à l'hôpital, que Roy avait cherché du soutien auprès d'Irina, que Célice et Galaad s'étaient montrés particulièrement à l'écoute ces derniers mois. Alma était la nièce, la filleule, la petite-fille de toutes ces personnes qui avaient entouré ses parents pendant ces nombreux mois. Elle s'inscrivait dans ces différentes familles...

Et l'une d'elle n'avait pas résisté bien longtemps avant de venir rencontrer cette nouvelle membre.

Avalon accueillit l'arrivée tonitruante de Toni avec un rire. Sa présence bruyante irradia la pièce de sa joie de vivre habituelle, chassant l'atmosphère calme qui s'était instaurée pendant quelques minutes. Elle leva les yeux au ciel face à sa remarque sur la nudité de Roy et lâcha d'un ton moqueur :

« C'est toi qui dis ça, chouchou ? »

Jayce, Toni et Fergus approchèrent et, si les deux premiers cherchèrent immédiatement à apercevoir Alma, Fergus se dirigea d'abord vers elle pour s'enquérir de son état de santé. Il se frottait scrupuleusement les mains avec la solution hydroalcoolique de l'hôpital et posait sur elle ce regard soucieux, presque paternel, qu'il adoptait parfois.

« Ça va, t'inquiète, lui assura Avalon avec un sourire. Je suis contente que vous soyez là. »

La fatigue ne tarderait sans doute pas à s’abattre sur elle mais la potion de force qu’elle avait avalé avant son déjeuner l’avait un peu requinqué. Il était absolument hors de question qu’elle mette un pied hors de son lit – elle n’était pas vraiment certaine que son corps fonctionne encore normalement – mais elle se sentait assez éveillée pour tenir une conversation.

« Elle s’appelle Alma, déclara-t-elle en posant un regard tendre sur sa fille qui s’était réveillée avec l’agitation autour d’elle. Alma Elena Calder.
-Comme ta grand-mère, commenta Fergus en baissant les yeux vers le bébé. Il eut un sourire doux. C’est très joli.
-C’est parfait, rebondit Jayce. J’espérais que ce soit un prénom qui se termine par un « a ». Laoise, Chandra, Meera, Teresa, Alma… On reste dans la même thématique.
-Laoise se termine par un « e », Jayce, fit remarquer Fergus en haussant les sourcils.
-Oui, oui. » Il eut un geste de la main, comme pour chasser cette remarque. « Mais comme les lettres n’ont pas le bon son, ça fonctionne.
-Non, intervint Avalon en voyant une expression outrée passer sur le visage de son ami. Pas de débat sur la prononciation irlandaise dans cette chambre. Vous avez seulement le droit de vous extasier sur la beauté de ma fille. »

Un rire secoua les épaules de Fergus. Il se redressa, posa sa main sur l’épaule d’Avalon.

« Elle est parfaite, Ave. »

Toni, qui avait finalement trouvé un angle pour apercevoir correctement Alma par-dessus l’épaule de Roy, eut une exclamation surprise :  

« Mais elle est pas finie, elle est toute petite ! »

Son commentaire fut suivi d’une seconde de silence, pendant laquelle tous les regards convergèrent vers lui. Jayce vola courageusement à sa rescousse.

« Non mais aussi, on lui a pas traduit « prématuré » en italien, c’est de notre faute. Ni « néonatologie » ni « accouchement prématuré ». Il lui manque des informations.
-En plus, elle fait déjà deux kilos ! s’offusqua Avalon. L’infirmière a dit que c’était très bien pour un bébé de sa taille. Non mais j’hallucine, je te demande d’être son parrain et la première chose que tu dis d’elle c’est qu’elle est « pas finie ». » Elle leva ostensiblement les yeux au ciel, mais un sourire vint corriger cette expression. Elle savait que derrière ces mots bruts se cachait surtout la surprise et l’inquiétude de Toni de trouver Alma aussi petite et fragile. Lorsque son regard trouva celui de son meilleur ami, elle était plus sérieuse : « Tu veux la prendre dans tes bras ? »




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