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Fire meet gasoline [Ignacio & Joséphine]

Ignacio Walker
Ignacio WalkerPropriétaire d'un haras
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Fire meet gasoline [Ignacio & Joséphine] Icon_minitimeLun 1 Nov 2021 - 15:32
22 septembre 2011

L’appartement d’Ignacio occupait le dernier étage d’un bel immeuble dans le quartier sorcier d’Oxford. Il était composé d’une belle pièce principale, d’une cuisine ouverte avec un large ilot central, de deux belles chambres, d’une salle de bain avec baignoire, et d’une grande terrasse sur laquelle s’ouvrait le salon et la chambre principale. Il l’avait acquis plusieurs mois auparavant et l’avait investi après quelques travaux de rénovation et de décoration. L’argent qu’il touchait chez les Veilleurs lui permettait largement de s’offrir ce bel espace de vie, sans avoir à négocier un quelconque crédit immobilier avec la banque. On avait beau dire que la vie n’avait pas de coût, qu’elle ne pouvait pas se monétiser, Ignacio était bien placé pour savoir que cela était un mensonge. La vie d’autrui – ou plutôt, la fin de vie d’autrui – se monétisait très bien et lui rapportait beaucoup.

Installé dans son canapé, les yeux rivés sur son PearTwo dont il faisait défiler le fil d’actualité, Ignacio fronça légèrement les sourcils en sentant l’objet vibrer contre la paume de sa main. Une notification venait de s’afficher en haut de l’écran, qu’il ouvrit d’un geste. Il s’agissait d’un message de Joséphine, dont le contenu lui tira un soupir un peu résigné.

Il observa brièvement la pièce dans laquelle il se trouvait. Il avait déjà noté chez sa petite-amie / future-femme une nette tendance à laisser traîner ses affaires absolument partout – et notamment chez lui. S’en suivait alors de longues recherches pour les retrouver à des endroits parfois improbables, ce qu’il trouvait parfois amusant, et parfois particulièrement insupportable. Son appartement était désormais entièrement marqué de la présence de Joséphine ; il y avait un de ses gilets abandonné sur l’accoudoir d’un fauteuil, des produits pour ses cheveux sur l’étagère de la salle de bain, plusieurs magazines sur le meuble de l’entrée et… Et visiblement, des papiers administratifs liés à sa grossesse.

Ignacio pianota une réponse sur son Pear qu’il envoya à Joséphine. Peut-être aurait-il pu faire l’effort de faire le tour de son appartement pour chercher ce qu’elle lui demandait, mais il était à peu près certain que si ces papiers avaient franchi la porte d’entrée, ils se trouvaient désormais coincés dans une boîte de céréales, ou servaient à marquer la page du dernier roman qui trônaient dans sa chambre.


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Joséphine Walker
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Fire meet gasoline [Ignacio & Joséphine] Icon_minitimeDim 7 Nov 2021 - 10:16
Les démarches administratives n'avaient jamais été le point fort de Joséphine. Heureusement pour elle, Angus gérait la quasi-totalité de cet aspect de sa grossesse. Il prenait les rendez-vous avec les médecins, effectuait les déclarations auprès de la sécurité sociale, et s'occupait globalement de toute la gestion administrative. Il ne lui avait confié qu'un unique formulaire à remplir pour l'inscription à la maternité, formulaire qu'elle avait égaré. Evidement. La jeune femme soupira en balayant rapidement son studio du regard. Le futur père venait lui rendre visite le lendemain et elle aurait aimé pouvoir lui remettre le formulaire complété. Angus l'avait choisie pour porter son enfant et elle n'avait pas envie de lui faire regretter ce choix en lui laissant voir à quel point elle manquait d'organisation.

Elle venait de jeter un "Accio papiers d'inscription à la maternité" infructueux quand elle se rappela avoir emporté le formulaire en question chez Ignacio la veille, avec l'ambition de le remplir en attendant qu'il rentre du travail (ce qu'elle n'avait pas fait). Joséphine avait toujours été un peu étourdie mais elle avait parfois l'impression que sa grossesse impactait sa mémoire, qui lui jouait de plus en plus souvent des tours.

Rassurée d'avoir potentiellement retrouvé la trace des papiers égarés, elle s'empressa d'envoyer un message à Ignacio afin de vérifier qu'ils étaient bien chez lui. La réponse quasi-immédiate du barman lui arracha un soupir. Elle était à peu près persuadée qu'il n'avait même pas levé les yeux de l'écran de son Pear.

L'ancienne danseuse ne savait plus quoi penser de sa relation avec celui qui était apparement son futur mari. Ils avait recommencé à se voir régulièrement et ils passaient souvent de très bons moments ensemble. Ils avaient retrouvé leur ancienne complicité et pouvaient parfois rester éveillés toute la nuit à refaire le monde ou à faire l'amour. Mais il y avait d'autres moments où leur incompatibilité leur explosait au visage et où rien ne semblait pouvoir fonctionner entre eux. Dans ces moments-là elle ne pouvait pas s'empêcher de se demander comment leur histoire allait-elle bien pouvoir les mener jusqu'à l'autel.

Elle pianota une réponse rapide et n'attendit pas la confirmation d'Ignacio pour décider de se rendre chez lui pour récupérer les papiers qu'elle était certaine d'avoir oubliés là-bas. Elle enfila une veste et une paire de bottines à petits talons -elle avait renoncé à porter ses habituels talons de 12cm, son équilibre devenait aussi fragile que sa mémoire- et transplana devant chez lui. Une minute plus tard, elle frappait à sa porte.


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Ignacio Walker
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Fire meet gasoline [Ignacio & Joséphine] Icon_minitimeDim 7 Nov 2021 - 12:04
Ignacio ne pouvait pas dire qu’il ne savait pas où le mènerait sa relation avec Joséphine ; en revanche, il n’avait aucune idée de la façon dont ils allaient atteindre ce but. Ce n’était pas qu’ils ne s’entendaient pas bien, qu’ils n’étaient pas tendres l’un envers l’autre, mais parfois ils ne se comprenaient tout simplement pas. Ils n’avaient pas la même manière de fonctionner, d’appréhender les choses, et se retrouvaient parfois dans de belles impasses. Pourtant, quoiqu’il advienne, quoiqu’ils puissent apprendre l’un sur l’autre, malgré les disputes qui les opposaient, leurs avis différents voire irréconciliables, Joséphine et Ignacio finiraient par se marier. La vision de Joséphine leur avait retiré tout libre-arbitre et, si cela avait parfois un effet réconfortant il n’allait pas non plus sans une pression assez lourde qu’Ignacio ressentait très nettement. Joséphine et lui n’avaient rien d’un couple traditionnel et, pourtant, ils s’apprêtaient à s’engager sur le plus traditionnel des chemins. Or, il était difficile d’envisager ce moment quand plusieurs signes laissaient déjà à penser que cette union se finirait probablement sur une séparation…

Ignacio s’efforçait de ne pas trop y songer – il ressassait beaucoup cette pensée, au début, et il avait rapidement constaté qu’il n’en tirait qu’une nervosité diffuse, difficile à contrer. Il préférait se concentrer sur les bons moments qu’il passait avec Joséphine lorsqu’ils passaient de longues soirées ensemble. Cela arrivait de plus en plus régulièrement, si bien que la jeune femme avait développé une fâcheuse tendance à laisser traîner ses affaires chez lui (dans des endroits qui n’étaient absolument pas adaptés, en plus). Il en avait encore une fois la preuve avec le message qu’elle lui avait adressé et face auquel il avait soupiré, résigné. Pas résigné au point de se lancer dans une fouille complète de son appartement – de mémoire, il ne se rappelait pas avoir vu les documents recherchés par sa petite-amie (et, contrairement à elle, il avait une plutôt bonne mémoire). De toute façon, Joséphine semblait avoir décidé de venir elle-même les récupérer, comme elle le lui demanda dans un message d’elle qu’il ouvrit au moment où quelqu’un toquait à sa porte. Ignacio se leva pour aller lui ouvrir – il n’avait pas trop de doute quant à l’identité de ce visiteur tardif – et l’accueillit avec une phrase moqueuse :

« Faut envisager une carrière dans la police si tu commences à faire des descentes comme ça chez d’honnêtes personnes. »

Il se pencha pour l’embrasser – il n’avait pas non plus envie qu’elle conteste son qualificatif « d’honnête personne » et s’effaça pour la laisser passer. Après avoir refermé la porte derrière elle, il la suivit dans la pièce principale de l’appartement et s’appuya contre la table de la salle à manger.

« Franchement Jo, je pense pas que tes papiers soient chez moi, je les ai pas vu… » Il ajouta : « T’es sûre que t’as bien regardé chez toi ? »


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Joséphine Walker
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Fire meet gasoline [Ignacio & Joséphine] Icon_minitimeMar 9 Nov 2021 - 7:19
L’expression ennuyée de Joséphine se détendit face à la plaisanterie d’Ignacio et elle sourit sous son baiser.

"Honnête personne, vraiment ? répondit-elle, moqueuse. Parce qu’elle en était arrivée au stade où elle faisait des blagues sur le fait qu’il tuait des gens pour gagner sa vie, c’était une façon comme une autre de digérer cette information. Méfie-toi, je pourrais bien me lancer dans une fouille au corps" ajouta-t-elle, malicieuse, en pénétrant dans l’appartement.

Son sourire amusé disparut rapidement quand son partenaire émit quelques doutes quant à la présence des papiers qu'elle recherchait dans son appartement. Elle se retint de lever les yeux au ciel en réponse à sa question. Evidement qu’elle avait vérifié chez elle, elle n’était pas complètement idiote.

"Tu ne les as pas vu ou tu ne les as pas cherchés ?" questionna-t-elle en haussant un sourcil, un peu dubitative. Il avait répondu à son message bien trop rapidement pour avoir eu le temps ne serait-ce que de faire un tour rapide de l’appartement.

Joséphine balaya la pièce des yeux et fut forcée de reconnaitre qu’il ne semblait pas y avoir le moindre formulaire à l’horizon. Bon. Loin de se décourager, la jeune femme tira sa baguette de son sac à main et agita le poignet avec un "Accio papiers de la maternité" en évitant de croiser le regard d’Ignacio qui devait attendre l’échec du sortilège pour pouvoir lui envoyer un "je te l’avais dit" bien senti.

Elle sursauta légèrement quand la porte du frigo s’ouvrit brusquement pour laisser passer deux feuilles de papier, qui renversèrent un sachet de salade sur le sol de la cuisine au passage. Les deux pages du formulaire atterrirent dans la main de Joséphine qui retraça du regard leur trajet jusqu’au frigo. Elle avait oublié ses papiers d’inscription à la maternité dans le frigo, sous un sachet de salade. C'était...original.

Elle laissa passer une seconde de silence, partagée entre l’envie d’éclater de rire et celle de courir consulter un psychiatre, avant de se tourner vers le propriétaire des lieux.

"Je te l’avais dit !" lança-t-elle avec aplomb en levant la main qui tenait le formulaire, comme s’il était parfaitement normal qu’il ait surgi de son frigo.


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Fire meet gasoline [Ignacio & Joséphine] Icon_minitimeJeu 11 Nov 2021 - 12:53
Devant la question de Joséphine, Ignacio leva les yeux au ciel. Il n’avait peut-être pas exactement cherché ses papiers dans son appartement – il avait levé les yeux de son Pear, disons – mais il avait passé la soirée ici et il se serait souvenu d’avoir croisé une liasse de papiers estampillée « Maternité de Sainte-Mangouste ». Il n’était pas étonné que Joséphine les ait égaré non plus – disons qu’elle n’était pas la femme la mieux organisée qu’il connaissait, et qu’elle avait une fâcheuse tendance à perdre les objets qu’elle avait entre les mains dix minutes auparavant.

« Je les aurais vu si tu les avais laissés dans mon salon, Jo… » soupira Ignacio alors que sa petite-amie observait les alentours avec attention.

Mais elle ne semblait pas l’écouter – ce n’était pas une nouveauté – et sortit même sa baguette, probablement pour lancer un sortilège d’attraction. Ignacio la regarda faire, absolument persuadé qu’elle ne pourrait que lui accorder raison après cela, et se rendre à l’évidence que ses papiers devaient être coincés quelque part chez elle (peut-être sous la porte de la salle de bain, qui grinçait). Très assuré, il croisa les bras sur son torse et patienta.

Brusquement, la porte de son frigo s’ouvrit dans un bruit sonore jusqu’à heurter le placard à côté. Un sachet de salade fut propulsé à terre, et deux documents – un peu détrempés – volèrent directement jusqu’à Joséphine qui la réceptionna sans un mot.

D’abord, Ignacio fut forcé de reconnaître – en son for intérieur, évidemment – qu’il avait eu tort : les papiers de Joséphine étaient bel et bien chez lui. Dans son frigo. Sous un paquet de salade. La jeune femme se fit un plaisir de le lui souligner d’ailleurs, d’une phrase lancée avec aplomb qui tira un regard outré à Ignacio. Evidemment qu’il n’avait pas pensé à regarder dans le frigo, il s’agissait d’un des derniers endroits où on stockait des documents administratifs !

« Ben voyons, » ironisa-t-il en lui jetant un regard en coin. « La prochaine fois tu me préviendras qu’il faut que je pense à regarder dans le four du coup ? » Il secoua la tête. « C’est quand même incroyable d’être aussi… » Désorganisée ? Tête-en-l’air ? Bordélique ? Ignacio ne sut quel mot choisir, et abandonna l’idée de finir sa phrase.


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Fire meet gasoline [Ignacio & Joséphine] Icon_minitimeLun 29 Nov 2021 - 14:16
Joséphine répondit par un regard blasé à la remarque d'Ignacio. Ha. Ha. Ha. Très drôle, vraiment. D'accord, elle n'avait pas laissé ses papiers dans l'endroit le plus approprié, et dans d'autres circonstances cela l'aurait probablement fait rire. Mais elle les avait bien oubliés chez lui, et il n'avait même pas pris trente secondes pour jeter un sortilège d'attraction avant d'affirmer que ce n'était pas le cas.

Elle fit quelques pas dans la pièce pour ramasser le paquet de salade tombé au sol qu'elle replaça dans le frigo avant d'en fermer la porte. Elle ne voulait pas qu'il lui reproche de mettre le bazar dans son appartement si bien rangé et impersonnel qu'il ressemblait à une page de catalogue.

Ils avaient des goûts assez opposés en matière de décoration. Leur seul point commun était peut-être un attrait pour les choses très chères, mais là où Joséphine était assez "Baroque Chic", Ignacio était plutôt "Moderne et design". Et il avait une tolérance pour le bordel beaucoup moins élevé que la sienne. Inexistante, à vrai dire. Elle n'avait jamais rien vu trainer chez lui, pas de vêtements abandonnés sur le dossier d'une chaise, pas de verre sale à côté de l'évier, pas de papiers administratifs dans le frigo. Elle aurait presque pu douter du fait qu'il vive vraiment ici.

"C’est quand même incroyable d’être aussi… Joséphine fit volte-face.
- D'être aussi quoi ? répondit-elle en le défiant du regard de bien vouloir finir sa phrase. Aussi stupide ?"

Elle avait une petite susceptibilité, de ce côté-là (et de beaucoup d'autres côtés). Toute sa vie, elle n'avait reçu de compliments que sur son physique. Déjà enfant on disait d'elle qu'elle était mignonne, qu'elle allait faire des ravages plus tard, qu'elle avait de jolies robes. On ne lui avait dit qu'elle était intelligente, qu'elle était compétente, capable. Elle avait fait une scolarité très moyenne mais avait continué à être une "belle jeune fille" et à faire tourner des têtes. Son parcours professionnel n'avait pas aidé à construire l'image d'une femme brillante et elle avait du s'habituer à ce que les gens -les hommes surtout- partent du principe qu'elle était un peu idiote. Elle détestait retrouver ce rapport de force dans ses relations privées.

"Je suis peut-être stupide mais visiblement certains ne maitrisent pas très bien le sortilège d'attraction, ou ne veulent pas faire d'efforts..."


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Fire meet gasoline [Ignacio & Joséphine] Icon_minitimeVen 17 Déc 2021 - 8:20
Ignacio avait remarqué quelque chose depuis qu’il était en couple – enfin, fiancé ; enfin, sur le point de se marier, bientôt, mais il ne savait pas encore quand – avec Joséphine : ses humeurs changeaient très rapidement. Cela contrastait largement avec lui qui, au contraire, avait une humeur assez constante. Joséphine pouvait s’agacer et, la minute d’après, fondre en larmes pour lui demander pardon, puis rire aux éclats comme si de rien n’était. Parfois, Ignacio trouvait cela plutôt attendrissant. Parfois, moins. Surtout quand Joséphine mettait dans sa bouche des mots qu’il n’avait pas dit.

« Stupide » par exemple, voilà un terme qu’il n’avait jamais prononcé. Pour être parfaitement honnête, il s’était surtout retenu de dire quelque chose « aussi bordélique » ou « aussi mal organisée ». Mais Joséphine, visiblement piquée par ce sous-entendu qu’elle avait perçu dans sa phrase, ne lui laissa absolument pas le temps de rebondir et attaqua à son tour pour se défendre. Ignacio fronça les sourcils devant la pique que lui envoya la jeune femme. Non il n’avait pas utilisé un sortilège d’attraction pour chercher ses papiers – et peut-être qu’il n’avait pas non plus regardé avec attention autour de lui – mais ses documents étaient dans son réfrigérateur ! Ce n’était pas non plus comme s’ils étaient bien en évidence sur le comptoir de l’entrée ou sur sa table basse, et qu’il était passé à côté !

« J’allais dire bordélique. » rectifia Ignacio, moins prompt à prendre des pincettes désormais. « Mais oui, heureusement que tu maîtrises à la perfection le sortilège d’attraction pour le coup. Moi tu vois, je me dis que si les papiers que je cherche ne sont pas sur la table, ou sur le bureau, ils doivent être ailleurs. Mais toi… Tu es pleine de surprises, Jo. »

A son ton, on ne pouvait pas vraiment dire s’il s’agissait d’un compliment ou non, et il ne l’explicita pas davantage.


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Fire meet gasoline [Ignacio & Joséphine] Icon_minitimeSam 18 Déc 2021 - 7:35
Parfois elle avait l'impression qu'ils ne parlaient pas la même langue. Et ce problème de communication n'avait rien à voir avec l'accent américain d'Ignacio et son accent français. Joséphine était un livre ouvert, la moindre contrariété se lisait sur son visage et ses grands yeux expressifs trahissaient toutes ses émotions. Elle était du genre à verbaliser quand ça n'allait pas, à dire les choses sans détour. Ignacio, de son côté, était une véritable énigme, toujours d'humeur égale, jamais un mot au dessus de l'autre. Et il avait l'art des sous-entendus et des formules bien trouvées qui pouvaient être interprétées de mille façons différentes.

Aujourd'hui, par exemple, avec son "Tu es pleine de surprise, Jo". S'il avait dit ça en lui souriant ou sur un ton plus tendre, elle l'aurait pris comme un compliment. Mais il y avait quelque chose, dans l'attitude d'Ignacio et dans le contexte de cette déclaration, qui la faisait davantage ressembler à un reproche. Joséphine savait qu'elle avait une fâcheuse tendance à projeter ses insécurités sur les autres et à voir des reproches là où il n'y en avait pas. Mais comment aurait-il pu en être autrement alors que son compagnon lui glissait un "tu es pleine de surprise" un peu amer, à peine un mois après qu'elle lui ait annoncé leur futur mariage.

Il lui en voulait encore d'avoir eu cette vision, elle en était certaine. Ils n'en avaient pas reparlé depuis et elle était trop lâche pour aborder le sujet, mais elle avait l'impression de le sentir dans chacune de leur altercation. Elle pouvait bien oublier des papiers dans son frigo, ce ne serait jamais aussi pénible que ce jour où elle lui avait appris qu'ils allaient se marier, inévitablement. Elle avait l'impression de porter toute la responsabilité de cette situation et n'avait pas le recul nécessaire pour se demander si cela venait de l'attitude d'Ignacio ou de sa propre culpabilité.

"Ça va, j'ai compris, le coupa-t-elle. Ses traits s'étaient assombris et elle semblait davantage contrariée. Pour moi aussi tout ça était une surprise, d'accord ?."

Elle aussi, elle aurait aimé pouvoir recommencer leur relation parce qu'elle en avait envie et pas à cause d'une fichue prédiction. Elle aurait aimé pouvoir vivre chaque jour et chaque étape de leur couple sans savoir comment l'histoire se terminait à la fin, surtout quand la fin paraissait tellement improbable.


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Fire meet gasoline [Ignacio & Joséphine] Icon_minitimeMer 29 Déc 2021 - 18:09
Ignacio et Joséphine s'étaient découverts plusieurs points communs depuis qu'ils se connaissaient, ce qui leur permettait aujourd'hui de construire une relation avec des bases plutôt communes. En revanche, ils étaient incapables de se parler. Ce n'était pas qu'ils ne faisaient pas d'effort pour ça mais, tout simplement, ils ne parlaient pas le même langage. Pour être tout à fait honnête, Ignacio ne parlait pas beaucoup tout court. Pourtant son père avait essayé de l'éduquer à exprimer ses émotions - lui-même venait d'une famille assez bavarde. Cela avait été peine perdue ; Ignacio était du genre silencieux. Du genre à dire deux mots qui pouvaient en sous-entendre douze mais qui réellement ne voulaient en dire que deux.

Le milieu dans lequel il travaillait n'aidait pas. Dans la mafia, on préférait les hommes taiseux parce qu'on avait l'impression de pouvoir leur faire confiance. En tant que mercenaire, le silence était une qualité plus qu'appréciée. Ne rien dire, ne rien exprimer, ne rien laisser paraître. Etre un homme.

Et ce n'était pas dans ses relations intimes qu'Ignacio allait changer. Il pouvait être un peu moins distant, il pouvait cesser de feindre l'indifférence, mais il ne pouvait pas changer qui il était, devenir brusquement quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui ressemblait davantage à Joséphine ou qui remplirait mieux ses attentes. Quelqu'un qui parlerait son langage, finalement, car Ignacio ne parvenait pas à le saisir - à vrai dire, il n'avait pas complètement conscience de cet écart magistral entre eux.

Joséphine disait beaucoup de choses et, surtout, elle interprétait beaucoup les mots qui lui étaient adressés. Elle se sentait souvent piqués par les propos d'Ignacio qui, lui, était plus littéral. Il disait clairement ce qu'il voulait exprimer ; sinon, il ne disait rien. Joséphine, au contraire, sous-entendait, disait sans avoir l'air de vouloir dire. Alors, lorsqu'elle le coupa avec une phrase un peu brusque, Ignacio l'observa en fronçant les sourcils.

Evidemment, il était bien loin de penser qu'elle songeait à leur union en s'exprimant de la sorte. Puisque leur conversation avait démarré sur un sujet, Ignacio répondit en pensant à ce dernier :

"C'était pas complètement une surprise pour toi non plus."
fit remarquer Ignacio. Elle avait l'habitude de retrouver ses affaires dans des lieux improbables. "Franchement j'arrive pas trop à savoir si tu fais exprès ou pas mais c'est absurde un peu." De poser des papiers dans un réfrigérateur. "Excuse-moi de ne pas réussir à prévoir l'imprévisible." conclut-il un peu brusquement à son tour, parce qu'elle l'avait très clairement accusé de ne pas avoir regardé (dans son frigo) pour trouver ce qu'elle cherchait (des papiers qui n'avaient rien à faire là).


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Fire meet gasoline [Ignacio & Joséphine] Icon_minitimeSam 1 Jan 2022 - 8:51
Joséphine haussa les sourcils, perplexe, quand Ignacio laissa sous-entendre que leur situation n'avait pas vraiment été une surprise pour elle. Il enchaina en se demandant si elle le faisait exprès ou non et elle le dévisagea un instant en silence, refusant de croire ce qui était en train de se passer. Etait-il réellement en train de lui reprocher d'avoir eu cette vision, après lui avoir assuré -à maintes reprises- qu'il ne lui en voulait pas, qu'elle ne l'avait pas choisi, qu'elle n'en était pas responsable. Comment pouvait-il changer si brusquement d'attitude et le faire de façon si détaché, comme s'il lui reprochait de pas avoir fait la vaisselle ?

Elle avait une désagréable sensation de déjà-vu. Ce n'était pas la première fois qu'une vision venait faire exploser son couple. Au début ils ne lui en voulaient pas, ils étaient compréhensifs, ils l'écoutaient, mais plus la vision leur collait à la peau plus ils essayaient de se débattre pour s'en défaire. Et quand ils n'y parvenaient pas -parce qu'ils n'y parvenaient jamais- ils la blâmaient elle de la fatalité de leur situation. C'était un schéma classique, connu et éprouvé, pourtant elle avait espéré y échapper cette fois-ci.

Elle avait jugé à tort qu'ils s'en sortaient plutôt bien, jusqu'ici. Le quotidien n'était pas tous les jours facile et il leur arrivait régulièrement de se prendre la tête sur des sujets sans importance mais cela ne durait jamais longtemps et ils se réconciliaient sans garder la moindre rancoeur. Elle avait cru qu'ils pourraient ignorer l'ombre de sa vision, qui planait sur leur couple, qu'ils parviendraient à surmonter cet obstacle. Elle s'était visiblement tromper.

"C'est vraiment ce que tu penses ?" demanda-t-elle finalement d'une voix qui avait perdu toute son agressivité.

Elle était complètement abattue par ce retournement de situation et sa déception se lisait au fond de ses grands yeux noisette. La réponse d'Ignacio acheva de la convaincre qu'elle faisait erreur depuis le début.

"Excuse-moi de ne pas réussir à prévoir l'imprévisible.
- Excuse-moi de l'avoir fait." répondit-elle sur le même ton.

Oui elle avait prédit l'imprévisible, mais elle n'avait pas choisi ce qu'elle avait vu et elle ne pouvait pas le laisser la blâmer pour ça. Elle n'avait pas à supporter ça, pas encore. Elle ramassa les papiers qu'elle avait abandonnés sur le bar de la cuisine.

"Si tu ne pouvais pas accepter ça, tu aurais au moins pu me le dire dès le début !" Elle fit quelques pas pour s'approcher de la porte de l'appartement, prête à partir.


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Fire meet gasoline [Ignacio & Joséphine] Icon_minitimeMer 12 Jan 2022 - 15:43
Ignacio et Joséphine se disputaient assez souvent. Ce n’était jamais très grave, mais dans leur cas, cela révélait une instabilité dans les bases de leur couple. Ils ne se comprenaient pas très bien, ils peinaient à communiquer, à se parler. Alors forcément, de grosses incompréhensions émergeaient entre eux, et ils se disputaient. Cela venait hautement perturber le quotidien du Veilleur, homme plutôt tranquille avant l’arrivée de la tornade Joséphine dans sa vie. A l’inverse de lui, Joséphine s’emportait facilement, changeait d’avis, exprimait son agacement dans ses regards, ses gestes, ses paroles. Elle était très émotive, quand Ignacio peinait à dévoiler ses sentiments – en même temps, on ne devenait pas mercenaire avec des capacités d’empathie élevées. Non, Ignacio était très fort pour compartimenter les choses, les mettre dans des petites cases, et les examiner les unes après les autres. Et quand il était concentré sur une petite case, il faisait fi des autres ; il ne sautait pas brusquement d’une case à une autre, sans prévenir son interlocuteur.

Joséphine, elle, le faisait allégrement.

Ignacio mit du temps à en prendre conscience – lui parlait très sérieusement de sa proportion à perdre n’importe quel objet en l’espace de huit secondes dans une surface de trois mètres – aussi il lui répondit sur ce ton un peu agacé, qui ne s’apaisa évidemment pas lorsque sa petite-amie le provoqua. Mais brusquement, Joséphine cessa d’être en colère. Elle parlait d’une voix plus faible, visiblement blessée… Déçue ? se demanda Ignacio en avisant son grand regard noisette. Un peu perdu, il ne réagit pas immédiatement à ses propos, et fut simplement piqué par la dernière réplique qu’elle prononça en se dirigeant vers la porte :

« Te dire quoi depuis le début ? » demanda-t-il en s’avançant vers elle. « Que j’allais être soulé de voir tes papiers administratifs dans mon frigo ? » Il secoua la tête. « Je comprends pas de quoi tu parles là, j’ai jamais dit que je pourrais pas l’accepter, si ? »


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Fire meet gasoline [Ignacio & Joséphine] Icon_minitimeMer 12 Jan 2022 - 18:00
Joséphine se sentait complètement perdue, et elle ne savait pas si elle devait être agacée par cette conversation qui tournait en rond, ou blessée par les reproches d'Ignacio. Elle était envahie par tout un tas d'émotions contradictoires, certainement amplifiées par les hormones de grossesse, même si elle se refusait à l'admettre. Elle détestait cette croyance populaire qui envisageait les femmes enceintes comme des créatures sentimentales incapables de dominer leurs émotions et prêtes à fondre en larmes devant le moindre chaton égaré, et elle faisait tout pour lutter contre cette image (même si elle avait eu les larmes aux yeux devant une publicité pour des pansements un peu plus tôt dans la semaine).

La mention de ses papiers oubliés dans le frigo la fit basculer dans la colère et elle leva les yeux au ciel.

"Tu es encore là-dessus ? s'agaça-t-elle. Ça va, j'ai dit que j'étais désolée."

Tout lecteur attentif saurait qu'elle ne l'avait pas dit, non, mais Ignacio ne disposait d'aucun moyen de le prouver et elle était prête à soutenir le contraire avec toute la mauvaise foi dont elle était capable. Elle ne comprenait pas pourquoi il en revenait à cette histoire de papiers. Elle pensait que cette discussion était close.

Elle fronça les sourcils quand son compagnon lui demanda de quoi elle parlait -cela lui paraissait évident !- et afficha des yeux ronds de surprise quand il affirma ne jamais avoir prétendu qu'il pouvait l'accepter. Est-ce qu'il se fichait d'elle ou est-ce qu'il souhaitait vraiment revenir sur la conversation très sérieuse qu'ils avaient eu à ce sujet ?

"Bah...de nous, enfin, du mariage, de ma vision...tout ça, répondit-elle finalement, en prenant doucement conscience que, peut-être, ils ne parlaient pas de la même chose depuis le début. Tu parlais de surprise, et de prévoir l'imprévisible, alors... Elle écarta les bras, comme pour lui faire constater la logique implacable de son raisonnement. S'il ne parlait pas de ça lui aussi, alors ou voulait-il en venir avec ses sous-entendus ? Toi, de quoi tu parlais ?"

Se pourrait-il que cette dispute ne soit le résultat que d'une énorme incompréhension ? Ce ne serait pas la première fois.



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Fire meet gasoline [Ignacio & Joséphine] Icon_minitimeMer 12 Jan 2022 - 18:57
Quand Joséphine s’agaça en lui reprochant d’être « encore là-dessus » (l’élément principal de leur conversation), Ignacio fronça les sourcils. Il sentait bien que quelque chose leur échappait, mais il n’arrivait pas exactement à comprendre quoi. Il finit par interroger directement Joséphine pour en avoir le cœur net et, évidemment, resta muet devant sa réponse.

Quand avaient-ils évoqué leur mariage, ou même leur couple, au sein de cette conversation ? Ignacio pouvait l’assurer avec aplomb : jamais. Il n’avait jamais remis en question la vision de Joséphine, ou la décision qu’ils avaient prise ensemble. Ignacio étant un homme de parole – il promettait peu de choses, mais lorsqu’il le faisait, il veillait à ne pas avoir à revenir dessus. Il voulait bien concéder à Joséphine – enfin, il ne le ferait pas vraiment, par fierté – qu’il avait sûrement mal choisi ses mots en parlant d’imprévisible mais il était à mille lieues de penser à leur mariage (qui, tout bien considéré, était hautement imprévisible aussi).

« Quoi ? » réagit Ignacio. « Mais je ne parlais pas du tout de notre mariage ! Je parlais de… De… » Il eut un geste, comme pour désigner la situation. « De tout ça. De ce qu’il se passe aujourd’hui, pas de nous ! » Il avait du mal à voir quand est-ce que Joséphine avait décidé arbitrairement de changer le sujet de leur conversation (sans le prévenir) et à quel point elle avait interprété ses propos dans ce sens. « Je disais que je ne pouvais pas prévoir que tu laisserais tes papiers à cet endroit, mais que ça devait pas être une surprise pour toi parce que tu y étais habituée. » Ignacio dévisagea Joséphine, ne sachant pas trop s’il devait rire ou s’agacer de la situation. Ce fut le deuxième sentiment qui prit le pas, parce que la tension dans la pièce était malgré tout perceptible. « Je comprends pas pourquoi tu ramènes toujours tout au mariage ou à ta vision c’est… Enfin, je sais pas, maintenant que c’est là, on peut plus que vivre avec, tu peux pas passer ton temps à réinterpréter ce que je dis comme ça. » Il eut un soupir un peu las, mais son expression était toujours tendue. « Même si c’est dans les situations comme ça où je comprends pas comment… » Il ne termina pas sa phrase ; Joséphine avait très bien compris.  


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Joséphine Walker
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Fire meet gasoline [Ignacio & Joséphine] Icon_minitimeJeu 13 Jan 2022 - 7:10
Elle était à côté de la plaque depuis le début. Ce constat aurait dû la soulager -Ignacio ne revenait pas sur sa parole, il parlait simplement d'autre chose- pourtant Joséphine restait tendue et sur la défensive. Elle avait peut-être extrapolé un peu, mais seulement parce qu'elle avait eu le sentiment que les mots d'Ignacio ne disaient pas tout ce qu'il pensait. Et cette impression persistait quand il la dévisageait avec une expression indéchiffrable.

"Je comprends pas pourquoi tu ramènes toujours tout au mariage ou à ta vision c’est…
- Je sais pas…" se défendit-elle en baissant les yeux, comme une enfant prise en faute.

Si, elle savait. Elle ramenait tout à leur mariage parce qu'elle vivait avec la peur constante qu’il change d’avis, qu’il réalise tout ce qu’elle lui avait imposé et tout ce dont elle l’avait privé en lui faisant part de cette vision. Elle n'arrivait pas à concevoir qu'il puisse accepter cette situation avec tant de facilité, qu'il puisse ne pas lui en vouloir. Elle cherchait des reproches dans chacune de leur dispute, persuadée qu'un jour il finirait par craquer et par l'accuser de tous leurs maux. Et elle savait que ce sentiment venait de sa propre difficulté à accepter leur situation, et leur destin.

Elle ne pouvait pas lui dire ça, pas maintenant alors qu'il lui reprochait justement de tout ramener à cette vision de leur mariage. Comment pouvait-elle lui dire que c'était là, entre eux, en permanence, qu'elle le voyait dans chacune de leur dispute, dans chacun de ces regards, et qu'elle était incapable de ne pas y penser ? Il ne comprendrait pas. Il lui dirait qu'elle se rendait folle pour rien, qu'elle n'avait pas à douter ainsi, qu'elle créait des problèmes là où il n'y en avait pas, qu'elle comprenait tout de travers. A cet instant, elle détestait l'image qu'il lui renvoyait d'elle-même.

"Même si c’est dans les situations comme ça où je comprends pas comment…
- Mais moi non plus, je ne comprends pas ! s’emporta-t-elle en élevant le voix. Ça n’a aucun putain de sens, ce mariage. Regarde-nous, on est même pas foutus de se parler deux minutes sans se disputer, on n'est même pas un vrai couple !"

Et parfois elle se demandait s’ils ne feraient pas mieux de tout arrêter. L’idée l’effrayait, pas seulement parce qu’elle savait que cela ne changera rien au contenu sa vision, mais parce que malgré leurs disputes incessantes, elle s'était attachée à Ignacio. Elle avait repris goût à sa présence dans sa vie, même si elle n'arrivait pas à faire fi du fait qu'il n'était pas là par choix, mais parce que sa vision l'y avait obligé.


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Fire meet gasoline [Ignacio & Joséphine] Icon_minitimeJeu 13 Jan 2022 - 9:29
Ignacio s’était attaché à Joséphine, lui aussi. Il aimait les moments qu’ils passaient ensemble et les conversations qu’ils partageaient. Au fond, il aimait bien qu’elle soit aussi différente de lui, avec cette fougue imprévisible qui tranchait drastiquement avec son pragmatisme. Parfois, il avait l’impression que leur couple retrouvait un semblant de normalité, malgré tout le contexte autour. Et puis, à d’autres moments – comme celui-ci – cette image s’effondrait. La pression de leur union devenait trop forte pour qu’ils puissent y résister ou la mettre à distance ; quand ils se disputaient, quand les incompréhensions émergeaient entre eux, Ignacio ne pouvait s’empêcher de penser que rien ne pourrait empêcher ce mariage d’advenir. Pas même leurs différences, pas même sa profession que Joséphine désapprouvait, pas même sa grossesse. Rien. Cela aurait pu être rassurant, de se dire qu’ils connaissaient déjà leur avenir et l’endroit où leur relation allait les mener. Peut-être que cela l’aurait été si la vision de Joséphine était intervenue dans un contexte où ils étaient en couple, amoureux… Il y aurait eu une certaine logique, un certain sens.

Le problème, c’était qu’aujourd’hui, ils peinaient à trouver du sens dans ce futur vers lequel ils se dirigeaient. Ignacio et Joséphine se retrouvaient donc face à un constat qui peinait encore à faire sens pour eux : ils allaient se marier, quand bien même rien ne semblait les prédestiner à ça.

Et ce fut exactement ce que la jeune femme chercha à pointer en s’emportant d’un ton colérique. Elle non plus ne comprenait pas le sens de ce mariage, encore moins lorsqu’ils s’apercevaient qu’ils étaient incapables de se parler sans se disputer.

« On n'est même pas un vrai couple ! »
« Mais tu crois que je suis pas au courant ? » répondit Ignacio, s’emportant à son tour. « On s’est dit qu’on essaierait mais la vérité c’est qu’on joue juste la comédie en attendant que ça arrive ! » Ignacio ne se l’était jamais formulé ainsi mais, maintenant qu’il y réfléchissait, c’était exactement ça ; ils essayaient sans trop en faire, comme pour toucher de loin le couple qu’ils étaient censés incarner. Il changea de sujet, un peu déstabilisé : « Parfois j’ai l’impression qu’on parle juste pas la même langue, Jo’. On dit jamais les bonnes choses au bon moment, tu dis « blanc » quand je dis « noir » et on se comprend pas en fait. Moi non plus je sais pas comment on est censés avancer comme ça ! »  


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Fire meet gasoline [Ignacio & Joséphine] Icon_minitimeJeu 13 Jan 2022 - 13:07
Ils jouaient la comédie. La phrase tomba comme un couperet, emportant avec elle les mensonges et les illusions qu’ils avaient bâtis pour dissimuler la réalité. Elle était bien laide à voir, cette réalité, mais il était temps de l’affronter. Ignacio avait raison, ils faisaient semblant. Ils s’étaient remis ensemble parce qu’ils savaient qu’ils se marieraient un jour, pas parce qu’ils en avaient envie. Depuis ils jouaient les fiancés alors qu’aucun d’entre eux ne voulait de ce mariage. C’était ridicule.

Joséphine sentit sa colère retomber doucement pour laisser place à un désagréable sentiment d’échec. Ils auraient au moins essayé, se dit-elle, peut-être pas assez bien, peut-être pas assez longtemps, mais ils avaient essayé.  Ils avaient joué la comédie, du mieux qu’il le pouvait, mais personne n’y croyait, pas mêmes eux.

Une chose était certaine, ils ne pouvaient plus continuer comme ça, et elle savait qu’Ignacio était arrivé à la même conclusion, même s’il ne la formulait pas directement ainsi.

"Alors qu’est-ce qu’on fait ? On arrête ?" suggéra-t-elle finalement d’une voix un peu enrouée.  

Cela aurait dû être facile, puisque tout ça n’était qu’une mascarade, alors pourquoi sentait-elle sa gorge se nouer et les larmes lui monter aux yeux. Cela n’avait aucun sens, de pleurer la fin d’une histoire qui n’était même pas réelle. Pourtant elle ne pouvait pas s’empêcher d’être triste à l’idée de tout ce gâchis. A quoi bon avoir fait des efforts si c’était pour se retrouver au même point qu’avant l’arrivée de sa vision ?

La certitude qu’ils finiraient malgré tout par se marier aurait pu être rassurante mais ne faisait qu’apporter son lot de doutes et d’angoisses. Combien d’épisodes comme celui-ci allaient-ils s’imposer avant d’arriver à l’autel ? Seraient-ils seulement heureux de se marier, le jour où cela arriverait ? Ou est-ce qu’encore une fois, ils ne feraient que jouer la comédie ? Cette idée lui serra le cœur et elle chercha le regard d’Ignacio en se demandant si elle y trouverait la même résignation.


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Fire meet gasoline [Ignacio & Joséphine] Icon_minitimeJeu 13 Jan 2022 - 16:22
Ignacio comprit, à l’expression de Joséphine qui changea instantanément, que ce qu’il venait de dire trouvait son écho dans l’expérience de la jeune femme. D’ailleurs, elle ne l’avait pas contredit. Leur couple était une mascarade, une façon de se donner bonne conscience en attendant l’échéance de leur mariage. Ils avaient essayé, mais pas suffisamment. Ils avaient voulu, mais pas assez fort. Ils avaient espéré qu’en agissant comme si la situation était parfaitement normale, alors elle le deviendrait véritablement. Mais la situation n’était pas normale. Le mariage qui devait les unir venait tout biaiser ; leurs rapports, leurs échanges, la façon dont ils se considéraient. Un jour, à l’hôpital, Ignacio avait dit à une infirmière urgentiste qu’il était le futur mari de Joséphine. Cette verbalisation lui avait laissé un goût étrange en bouche ; pas nécessairement désagréable, mais étrange. Il n’avait pas compris pourquoi et, à vrai dire, il n’avait pas cherché à l’analyser.

Aujourd’hui, il comprenait. Ce goût étrange, ce n’était pas tant du désespoir que du désarroi. Désarroi car au fond, il n’avait pas l’impression d’agir comme le futur mari de quiconque. Il jouait un rôle, voilà tout. Il essayait sans trop savoir où aller et Joséphine faisait exactement la même chose. Preuve était de constater qu’ils n’avançaient pas du tout dans la même direction. Ils étaient peut-être trop différents, tout simplement.

« Alors qu’est-ce qu’on fait ? On arrête ? » suggéra Joséphine d’une voix qui n’était plus celle de la colère.

Ignacio la regarda sans répondre. La solution la plus sage, la plus logique, était sûrement de répondre « oui ». Oui, ils arrêtaient et s’ils devaient se marier un jour, cela surviendrait autrement. S’ils ne pouvaient pas changer leur destin, alors ils pouvaient au moins changer la façon dont ils vivaient l’actuel, le quotidien.

Et il fallait bien se rendre à l’évidence : cette moitié de relation ne fonctionnait pas.

Pourtant, Ignacio eut du mal à reprendre la parole. Sa gorge était un peu serrée, à lui aussi, alors qu’il dévisageait Joséphine, son grand regard triste, sa moue tombante. Cette image venait se superposer à toutes celles qu’il avait emmagasiné d’elle où elle était souriante, flamboyante, rieuse. Des images qu’il chérissait, au fond, et qu’il avait du mal à laisser partir. Ce sentiment qu’il sentait poindre dans sa poitrine, il ne prit pas le temps de le reconnaître, ni de le laisser s’étendre davantage.

« C’est peut-être mieux. » répondit-il alors d’une voix serrée à son tour.


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Fire meet gasoline [Ignacio & Joséphine] Icon_minitimeVen 14 Jan 2022 - 7:02
Est-ce qu’ils baissaient les bras trop vite ? Est-ce qu’ils se seraient battu davantage, si leur avenir avait dépendu de l’énergie qu’ils mettaient à sauver cette relation ? Ils ne pourraient jamais le savoir, mais Josephine était persuadée que l’ombre du mariage qui planait sur leur couple ne les aidait pas à s'y investir, bien au contraire. Elle hocha silencieusement la tête quand Ignacio confirma qu'il serait certainement mieux d'arrêter. Elle ne s'était pas attendu à une autre réponse, pourtant une partie d'elle était un peu déçue.

"Alors, au revoir ? lança-t-elle d'une voix étranglée. Enfin, à bientôt, rectifia-t-elle avec un sourire triste. Ils savaient l'un comme l'autre que ce n'était certainement pas la dernière fois qu'ils se voyaient. Je serai la fille en blanc."

Elle voulut ponctuer sa phrase d'un éclat de rire cynique mais elle le sentit se changer en sanglot dans sa gorge et dut se mordre la lèvre pour l’empêcher de s’échapper.

"Je suis désolée..."

Désolée de faire des blagues nulles sur un sujet qui n'était absolument pas drôle. Désolée de tout ce qu’elle avait pu dire aujourd’hui. Et surtout, désolée de l’avoir entraîné dans cette histoire de vision et de mariage, d’avoir débarqué dans sa vie d’une façon complètement imprévisible et parfaitement inévitable, et désolée de ne pas avoir réussi à faire fonctionner les choses entre eux.

Incapable de lui dire tout ça à cause du noeud au creux de sa gorge, Joséphine se rapprocha timidement d'Ignacio et glissa doucement ses bras autours de son torse pour l'enlacer tendrement. Elle ne pouvait plus porter de talons hauts et elle lui arrivait à peine à l'épaule mais elle posa sa tête contre son torse et savoura une dernière fois le réconfort de son étreinte. Elle n'aurait pas pensé qu'il serait si difficile de lui dire au revoir, quand bien même ils étaient voués à se retrouver un jour, pour le meilleur ou pour le pire.

Le coeur lourd, Joséphine quitta l’appartement, en oubliant derrière elle les papiers qu'elle était venue chercher et qui avaient provoqué cette ultime dispute. Elle libéra les larmes contre lesquelles elle luttait depuis plusieurs minutes à l'instant où la porte se referma derrière elle et s'adossa contre le mur, un peu plus loin dans le couloir, pour reprendre ses esprits. Elle s'accorda un moment avant de se redresser et d'essuyer ses joues humides du bout des doigts. Elle laissa glisser sa main jusqu'à son ventre, qui commençait à s'arrondir sérieusement , qu'elle caressa doucement en s'excusant mentalement auprès de ce bébé à qui elle offrait une hôte un peu perturbée ces derniers temps. Elle le sentit bouger et se surprit à sourire en considérant cela comme un pardon.


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Fire meet gasoline [Ignacio & Joséphine] Icon_minitimeVen 14 Jan 2022 - 10:52
La voix étranglée de Joséphine serra le cœur d’Ignacio, qui la regarda en silence. Son « à bientôt » lui tira un sourire sans joie. La dernière phrase qu’elle prononça, quant à elle, lui remua douloureusement l’estomac. Il eut envie de répondre quelque chose à ça mais les mots se bloquèrent dans sa gorge. Il sentait bien que quelque chose n’allait pas, que la situation lui laissait un lourd sentiment de tristesse, mais il n’ose pas le verbaliser. Il préféra accueillir Joséphine contre lui, posant une main au creux de sa taille, l’autre contre ses cheveux. Dans cette position où elle ne pouvait plus le voir, Ignacio ferma les yeux, déstabilisé par les émotions qui le submergeaient.

« Moi aussi je suis désolé. » souffla-t-il à son tour, d’une voix à peine plus haute qu’un murmure.

Quelques secondes plus tard, Joséphine était partie, laissant Ignacio seul dans son grand appartement silencieux. Quelque chose le faisait se sentir vide, comme coupé de la réalité, et il mit un certain temps avant de la regagner. Le départ de Joséphine lui laissait le goût amer de l’échec. Au fond, il sentait qu’il ne s’était pas assez battu pour donner une réelle chance à leur relation. Il avait fait semblant de s’y investir parce qu’il ne voulait pas trahir sa promesse mais en agissant ainsi, il avait également sa brisé sa parole. Il n’avait pas su comment faire et, plutôt que d’essayer – au risque de se tromper – il avait abandonné. Il avait continué de vivre sa vie exactement de la même manière, comme si cette union avec Joséphine n’était qu’une valeur à ajouter en plus dans sa vie, et pas un élément central, qui allait réellement impacter son quotidien. Ignacio, qui était très fort pour compartimenter les aspects de sa vie, avait mis cette information dans une case, et avait rangé cette case un peu loin des autres. C’était là, sans vraiment être là. Facile.

Evidemment, ça n’avait pas du tout marché.

Ça n’avait pas du tout marché parce qu’une relation, ça ne pouvait pas exister sur uniquement un petit pan d’une existence – du moins, pas une relation qui était censée les mener au mariage. Cette position les avait empêchés, tous les deux, de trouver une place l’un envers l’autre et n’avait fait que renforcer des incompréhensions entre eux. Et voilà où ils en étaient, désormais. Quel gâchis.

Et puis, au milieu de ces sentiments, revenait en boucle une phrase que Joséphine avait prononcé, un peu avant de partir.

« Je serai la fille en blanc. »

Un peu malgré lui, Ignacio avait visualisé cette image. Ni Joséphine ni lui ne connaissaient le contexte dans lequel ce mariage surviendrait, ils savaient seulement qu’il adviendrait quoiqu’il arrive. Un jour – à Oxford ou à Vegas – Ignacio se tiendrait devant un autel et observerait Joséphine remonter l’allée, vêtue d’une robe blanche. Si cette vision était désarçonnante, Ignacio s’aperçut aussi qu’elle n’était pas aussi désagréable que ce que son désarroi lui faisait croire. Le poids de la vision – le poids du destin, même, et du fait de le connaître – était tellement lourd qu’il venait tout annuler sur son passage. De façon très objective – très pragmatique, car Ignacio aimait beaucoup ça – épouser Joséphine Chevalier était loin d’être un destin insupportable.

Mais connaître cet élément, cela avait presque quelque chose d’insupportable, comme s’ils étaient enfermés dans un chemin duquel ils ne pouvaient plus sortir, comme si rien ne pouvait se mettre à travers de ça. Ils pouvaient bien se disputer, se hurler dessus, se détester, cela ne changeait rien. Alors, il y avait un certain fatalisme à leur situation. Un fatalisme qui ne donnait pas envie de se battre, d’essayer, de faire les choses bien. S’il suffisait de se laisser porter et d’attendre, à quoi bon ?

Installé dans un fauteuil, Cali somnolant sur ses genoux, Ignacio ne parvenait pas à se satisfaire de la décision qu’ils avaient prise. Au fond, elle ne venait que signer leur échec, la complaisance avec laquelle ils s’étaient laissés glisser dans la facilité. Ignacio se sentit stupide de ne pas l’avoir compris avant ; il avait fallu lui coller la réalité en face pour qu’il daigne ouvrir les yeux. La réalisation n’était pas bien agréable.

En se dirigeant vers la cuisine pour récupérer quelque chose à boire, Ignacio remarqua que les papiers de Joséphine trônaient toujours sur le plan de travail. Elle avait dû les oublier en partant. Le barman les contempla quelques instants, hésitant sur la démarche. Il finit par tirer son Pear de sa poche pour envoyer un message à Joséphine. Il était tard et il n’était pas certain qu’elle soit encore réveillée.



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Joséphine Walker
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Fire meet gasoline [Ignacio & Joséphine] Icon_minitimeSam 15 Jan 2022 - 7:33
Joséphine n'arrivait pas à trouver le sommeil. Elle s'était forcée à se mettre au lit en voyant minuit arriver, mais ses yeux étaient encore grand ouverts plusieurs heures plus tard. Elle ressassait sa dernière conversation avec Ignacio en boucle et, plus elle y pensait, plus elle avait l'impression d'avoir fait une erreur.

Leur relation ne fonctionnait plus, elle souffrait de la pression imposée par cette vision de mariage, mais devait-elle finir pour autant ? Peut-être auraient-ils pu essayer de réparer ce qui ne marchait pas, de partager leurs craintes ? Elle ne lui avait jamais dit à quel point elle s'était persuadée qu'il lui en voulait, quand bien même il ne lui avait jamais fait le moindre reproche. Avec le recul, elle se disait qu'elle aurait pu essayer de lui expliquer, de lui faire part de cette peur qu'elle avait hérité d'expériences passées. C'était trop tard maintenant, et c'était peut-être pour le mieux.

Pourtant la jeune femme ne pouvait pas s'empêcher de se demander s'ils seraient vraiment plus heureux séparés. Dans une rupture "normale", elle aurait essayé de prendre de la distance avec son ex-compagnon, de ne plus penser à lui et d'envisager son avenir sans lui. Elle aurait fait des projets pour l'oublier, aurait cherché à rencontrer quelqu'un d'autre. Cette fois-ci tout ça lui paraissait vain. Non seulement elle était enceinte de cinq mois et n'était pas certaine de son intérêt ou de ses chances de rencontrer quelqu'un dans cette situation, et de toute façon elle savait qu'elle finirait par épouser Ignacio, un jour ou l'autre. Alors, à quoi bon essayer de reprendre son avenir en main ? Il était déjà tout tracé.

Le problème c'était qu'il ne l'était pas, justement. Elle avait une ligne d'arrivée, certes, mais aucune idée de le façon dont elle était censée l'atteindre, d'autant plus qu'elle semblait s'être éloignée encore davantage. Devait-elle faire sa vie en ignorant cette prédiction, qui finirait bien par se réaliser, ou devait-elle faire en sorte qu'elle se réalise dans les meilleurs conditions possibles ? Elle retournait cette question dans sa tête depuis des heures, et en était arrivée à la conclusion qu'il n'y avait pas de bonne réponse.

Son Pear à la main, elle faisait défiler les pantalons de grossesse d'un site de vente en ligne sans vraiment les regarder. Elle ne rentrait plus dans la grande majorité de ses vêtements et la perspective de devoir refaire sa garde-robe aurait du la réjouir mais elle n'avait pas le coeur à ça. Rien ne trouvait grâce à ses yeux.

Une notification en haut de son écran attira son attention et son coeur se serra en lisant le prénom d'Ignacio. Elle se redressa un peu et hésita une seconde avant d'ouvrir le message. Son contenu lui arracha un soupir mi-résigné mi-amusé. Elle avait oublié les papiers qu'elle était venue chercher ce matin, évidement.

"Je veux bien, merci beaucoup" pianota-t-elle sur son Pear avant de cliquer sur "envoyer".

Elle laissa la conversation ouverte, comme pour maintenir ce lien artificiel entre eux. Elle le visualisait dans son salon à moitié plongé dans l'obscurité, surement dans le fauteuil, peut-être en compagnie de son chat. Elle n'était pas surprise qu'il soit encore éveillé, il avait tendance à vivre la nuit, comme elle, et réalisa avec une pointe de tristesse qu'elle aurait bien aimé être avec lui.

"Désolée pour tout à l'heure" envoya-t-elle, uniquement pour ne pas mettre fin à ce qui était peut-être leur dernier échange avant longtemps.

Elle tapa un nouveau message, qu'elle dévisagea plusieurs secondes avec hésitation avant de l'effacer. Elle soupira, l'écrivit de nouveau, et se décida à l'envoyer.

"Tu vas me manquer."



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Fire meet gasoline [Ignacio & Joséphine] Icon_minitimeMar 18 Jan 2022 - 19:36
Ignacio contempla l’écran allumé de son Pear, sans parvenir à mettre l’appareil de côté. Machinalement, il fit défiler sa conversation avec Joséphine, qui s’était enrichie au fil des semaines. De messages simplement informatifs, ils avaient ensuite développé de réelles conversations qu’ils entretenaient lorsqu’ils étaient séparés. Ces derniers temps, Ignacio avait pris l’habitude de prévenir Joséphine lorsqu’il quittait tardivement les Folies Sorcière ; à cause de sa grossesse, il lui arrivait de dormir mal, ou peu, et elle était alors parfaitement éveillée à des heures incongrues de la nuit. S’en suivait alors de longs échanges de messages – lorsqu’ils ne se retrouvaient pas chez l’un ou chez l’autre – qui les accompagnaient jusqu’à ce qu’ils tombent de sommeil.

Cette fois non plus, Joséphine ne dormait pas. Elle répondit à son message quelques instants après avoir ouvert le sien, et ne quitta pas leur conversation aussitôt. Au-dessus de son nom, un point vert indiquait qu’elle était toujours connectée. Sans la quitter non plus, Ignacio fixa le dernier message qu’il avait reçu d’elle. Les suivants s’enchaînèrent dans les minutes qui suivirent :

« Désolée pour tout à l’heure » écrivit-elle. Cette fois encore, elle ne précisa pas de quoi elle s’excusait. De ces papiers malencontreusement oubliés, qui avaient tout déclenché ? De ces efforts qu’ils n’avaient pas faits ? De cette vision qui avait bouleversé leur quotidien ? Ignacio ne sut le dire, et ne lui fit pas l’affront de lui poser la question ; au fond, cela lui importait peu. Lui aussi se sentait désolé de cette histoire qui ressemblait davantage à une impasse qu’à un chemin.

« Tu vas me manquer » confiait-elle, avec une honnêteté désarçonnante qui serra le cœur d’Ignacio. Il avait toujours été étonné de la manière dont Joséphine exprimait ses émotions ; lui le faisait avec beaucoup plus de difficultés. Ignacio paraissait inébranlable ; à la fois parce qu’il aspirait à l’être et parce que ses activités le poussaient à l’être. Ce n’était pas qu’il ne ressentait rien, c’était simplement qu’il compartimentait très bien ce qu’il ressentait. C’était plus facile ainsi. Alors, face à Joséphine, il se retrouvait souvent désemparé. Elle s’exprimait souvent sans détour ; soit verbalement, soit par des mimiques qui exprimaient tout ce qu’elle essayait de ne pas dire. Colère, déception, joie, doute, tristesse… Elle disait « Tu vas me manquer » quand Ignacio le pensait sans savoir comment le formuler. Il resta un instant devant son Pear allumé, pris par des envies contradictoires. Il y avait ces mots, qu’il avait soufflé à Joséphine, à peine quelques heures auparavant : « c’est peut-être mieux ». Et puis, il y avait ce sentiment d’échec qui avait immédiatement suivi leur séparation, cette impression de vide, ce goût amer de déception. Ce fut finalement cet écran entre eux qui décida Ignacio à écrire. Séparés ainsi par cette interface, il pouvait peser ses mots plus facilement avant de se décider à les relâcher.

« Toi aussi tu vas me manquer, Jo » envoya-t-il d’abord. Il hésita encore un moment, avant d’ajouter : « On n’arrêtait pas de dire que notre mariage n’avait aucun sens mais franchement… Cette séparation n’en n’a pas beaucoup plus, si ? »  


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Joséphine Walker
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Fire meet gasoline [Ignacio & Joséphine] Icon_minitimeMer 19 Jan 2022 - 7:19
Son coeur battait un peu plus vite alors qu'elle gardait les yeux rivés sur son écran pour guetter un message d'Ignacio. Elle n'osait même pas quitter la fenêtre de la conversation, entièrement suspendue à la réponse de son ex-compagnon (ou de son futur mari, tout dépendant de la façon dont on voyait les choses). Elle vit s'afficher les points de suspensions qui indiquaient que son interlocuteur était en train d'écrire et se prépara mentalement à être déçue, juste au cas où. Elle savait que plus elle en attendait et plus elle risquait de tomber de haut si la réponse n'était pas celle qu'elle espérait.

Elle ne fut pas déçue par sa réponse, qui lui serra un peu le coeur. Surprise, oui, mais pas déçue. Elle ne se souvenait pas avoir déjà entendu Ignacio se montrer si vulnérable et elle était à peu près persuadé que, s'ils avaient eu cette conversation face à face, il ne lui aurait jamais dit ça. En réponse à un "tu vas me manquer" elle aurait au mieux obtenu un pudique "toi aussi", mais certainement pas un message aussi sincère.

C'était un des problèmes de leur couple. Joséphine exprimait beaucoup ses sentiments, elle les verbalisait où les traduisait dans ses expressions et son humeur. Elle n'hésitait pas à dire aux gens qu'elle aimait que c'était le cas, ou à leur faire comprendre qu'ils l'avaient blessé quand c'était le cas. Elle était entière et il était assez facile de deviner comment elle se sentait vis-à-vis de quelqu'un. C'était beaucoup plus compliqué dans le cas d'Ignacio, qui semblait toujours d'humeur égale et ne partageait jamais ce qu'il ressentait. C'était très déstabilisant pour elle.

Le problème était surtout de son côté, elle avait conscience qu'elle avait un besoin excessif d'être rassurée, mais elle n'arrivait pas à se contrôler. En couple elle pouvait vite se sentir délaissée, elle avait facilement l'impression qu'on lui cachait des choses, qu'on n'était pas honnête avec elle, qu'on ne l'aimait plus comme avant. Elle avait toujours été comme ça, déjà à l'époque de Camille. Elle avait besoin qu'on le lui dise quand les choses se passaient bien, et quand elles se passaient mal. Il fallait une communication quasi-constante et parfaitement transparente pour qu'elle se sente sûre de son couple, et c'était quelque chose qu'elle avait eu du mal à trouver avec Ignacio.

Cela aurait du la conforter dans leur décision de se séparer, mais cela lui fit seulement réaliser à quel point ils auraient pu communiquer davantage. Elle n'avait jamais exprimé tout ça à Ignacio, ne lui avait jamais partagé ce qu'elle savait être ses faiblesses, ni ses attentes. Comment les choses auraient-elle pu fonctionner alors qu'ils semblaient venir de deux planètes différentes et n'avaient pas cru bon de s'échanger leurs modes d'emplois respectifs ? Elle s'était attendu, naïvement, à ce que les choses se fassent toute seule, de façon naturelle. Mais elle avait assez d'expérience maintenant pour savoir que cela ne se passait jamais comme ça. Une relation demandait un minimum d'efforts, et d'échange. Il n'y avait qu'en apprenant à connaitre l'autre, son histoire, ses défauts, et ses points faibles, que l'on pouvait construire quelque chose de solide.

Et Joséphine était forcée d'admettre qu'ils avaient un peu grillé cette étape. Ils savaient qu'ils allaient se marier et ils avaient redémarré cette histoire en ayant conscience qu'ils finiraient ensemble à la fin. Ils ne s'étaient donc pas donné la peine de parler de leurs attentes vis-à-vis de leur couple, de comment ils voyaient les choses avancer, de ce qu'ils cherchaient dans un partenaire. Le destin semblait avoir répondu à la question pour eux, mais cela ne suffisait pas. Leur relation toute entière ne pouvait pas reposer sur la vision de Joséphine, ils devaient se trouver d'autres raisons d'être ensembles, ou de ne pas l'être.

Ignacio en était visiblement arrivé à la même conclusion -signe qu'ils n'étaient pas si différents que ça- puisqu'il renvoya un message pour affirmer que leur séparation n'avait pas plus de sens que leur mariage. La lecture du message arracha un sourire triste à Joséphine, qui s'empressa de répondre.

"Je crois qu'on fait tout de travers."

Leur histoire était complètement chaotique. Ils en étaient à deux ruptures en moins de six mois et devaient composer avec une grossesse et un mariage qui planait au dessus de leurs têtes. Ils s'étaient concentrés sur ces obstacles pour faire en sorte de les contourner au mieux et, inévitablement, ils avaient fini par foncer dedans. Parfois elle se demandait s'ils n'auraient pas mieux fait de faire comme si sa vision n'existait pas, se fréquenter parce qu'ils en avaient envie et parce qu'ils étaient malheureux sans l'autre, pas parce que l'avenir leur disait de le faire.

"On aurait peut-être dû faire les choses dans l'ordre. En commençant par la début sans se préoccuper de la fin", écrivit-elle ensuite. Constater leurs erreurs était la partie facile, proposer de les corriger l'était moins, pourtant elle renvoya un nouveau message. "On pourrait se donner une autre chance ? Essayer de faire les choses mieux, sans se mettre de pression." Ils pouvaient difficilement faire pire, de toute façon.


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Fire meet gasoline [Ignacio & Joséphine] Icon_minitimeVen 21 Jan 2022 - 10:55
La question d’Ignacio n’en n’était pas vraiment une ; il savait, au fond, que cette séparation n’avait aucun sens.  Evoluer séparément ne mettrait pas pour autant la vision de Joséphine à distance ; elle continuerait de planer au-dessus d’eux. Que construire d’autre à partir de ça ?

C’était pour cette raison qu’ils avaient décidé en premier lieu de ne pas prendre ce chemin. Ignacio y avait longtemps réfléchi, il avait même été tenté par l’idée, puis il s’était ravisé. Il s’était dit qu’il préférait encore embrasser ce destin plutôt que de le subir. En anticipant cette union, Ignacio avait imaginé pouvoir reprendre au futur un peu de maîtrise. Evidemment, il s’était trompé.

Il s’était trompé, et le constat était difficile à faire pour un homme qui n’avait pas pour habitude d’admettre ses erreurs. Ignacio n’avait aucune maîtrise sur sa relation avec Joséphine, précisément parce qu’il avait veillé à ne pas trop s’y investir. Il avait pris pour acquis leur union, et le reste n’avait pas vraiment d’importance. Forcément, la conclusion de cette attitude ne pouvait être autre qu’une séparation.

Joséphine parler de faire les choses dans l’ordre et, bien que cette idée soit alléchante, Ignacio ne savait pas si cela pourrait réellement fonctionner. On ne pouvait pas oublier la fin, si on la connaissait. On pouvait faire semblant, on pouvait prétendre avoir le choix mais ce n’était qu’une illusion. C’était comme avoir un livre devant soi et connaître déjà le dénouement. Joséphine proposait de revenir à la première page malgré tout, mais Ignacio doutait que cela soit suffisant. Ce n’était pas juste une question d’ordre – et il aurait aimé que cela soit le cas – c’était d’abord – pour lui – une question de volonté et de sincérité. Il hésita à en faire part à Joséphine, puis finit par laisser ses doigts courir sur le clavier de son Pear :

« Je ne sais pas si on peut vraiment faire les choses dans l’ordre. On ne peut prétendre que ta vision n’existe pas ou qu’on ne la connait pas. » lui envoya-t-il d’abord. Il continua à écrire, les yeux baissés vers l’écran illuminé de son téléphone : « Je pense surtout qu’on a fait les choses à moitié. Comme si on était ensemble mais pas vraiment. Qu’on faisait semblant, le temps que le mariage arrive. Mais forcément, dans ces conditions, ça ne pouvait pas mener quelque part. » Et surtout pas à un mariage. « On aura toujours la pression du mariage mais je me dis que si on essaie de s’y diriger plutôt que de freiner complètement devant, ça changera la donne aussi. »

Il s’apprêtait à rajouter quelque chose, puis se ravisa à la dernière minute et envoya le message tel quel. Il fronça les sourcils, tapa quelques mots, les effaça, recommença.

« Je ne dis pas ça simplement parce que je pense que c’est notre destin et qu’on n’a pas d’autres choix, Jo. »

Il disait aussi ça parce qu’il n’avait pas envie de la quitter mais, pudiquement, il ne parvint pas à l’écrire.


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Fire meet gasoline [Ignacio & Joséphine] Icon_minitimeDim 23 Jan 2022 - 7:44
Ignacio avait raison, Joséphine le savait. Peu importait à quel point elle aurait voulu que ce soit possible, ils ne pouvaient ignorer sa vision. Ils ne pouvaient pas se débarrasser de l'ombre de ce mariage qui planait au dessus de leur couple. Tout aurait été beaucoup plus simple s'ils avaient pu oublier, et avancer à leur rythme, en écoutant leurs coeurs et leurs envies plutôt qu'en se faisant dicter leurs choix par le destin, mais c'était impossible. Cette constatation lui tira un soupir résigné et elle reposa momentanément son Pear sur son lit ; il vibra aussitôt pour lui indiquer l'arrivée d'un nouveau message.

Elle reconnaissait dans les mots de son compagnon les sentiments qu'elle avait ressenti ces dernières semaines. Cette impression de faire les choses à moitié, de se contenter du minimum, de faire un peu semblant. Ils ne s'étaient pas réellement investis dans cette relation, c'était une certitude, et elle aussi avait envie de croire que c'était ce qui avait provoqué son échec. Mais, et s'il y avait autre chose ? Que se passerait-il si, même avec tous les efforts du monde, ils étaient incapables de ranimer la flamme, de retrouver leurs sentiments ? Ce n'était pas par manque d'envie qu'elle s'était maintenu un peu en dehors de leur relation, c'était par prudence. Il avait été suffisamment douloureux de constater que les choses ne marchaient pas quand qu'ils n'avaient rien fait pour, elle ne voulait pas imaginer l'état dans lequel ils se trouveraient si, après s'être investis corps et âme dans leur couple, ils se retrouvaient au même point.

"On aura toujours la pression du mariage mais je me dis que si on essaie de s’y diriger plutôt que de freiner complètement devant, ça changera la donne aussi."

Joséphine resta pensive, les yeux rivés sur son écran sans vraiment le voir. Au fond c'était exactement ce qu'elle avait envie d'entendre, ou de lire, parce qu'elle n'avait pas envie de quitter Ignacio. Mais accepter d'essayer c'était accepter le risque d'échouer, encore. C'était arrêter de freiner et foncer à pleine vitesse, quitte à se prendre un mur. L'idée était aussi tentante qu'effrayante. Elle s'était cognée suffisamment de fois pour ne pas avoir envie de renouveler l'expérience.

Le message suivant lui arracha un sourire, et la rassura un peu. Savoir qu'Ignacio ne raisonnait pas ainsi que par fatalisme et qu'une partie de lui avait peut-être vraiment envie de leur donner une seconde chance était important pour elle. Pour autant, elle se demandait comment il pouvait affirmer cela ? Comme il le disait lui-même, il leur était désormais impossible d'ignorer cette vision, et chacune de leur décision serait forcément influencée, au moins en partie, par son contenu. Aurait-il eu envie de continuer à la voir s'il n'avait pas eu cette certitude qu'ils se marieraient un jour ? Elle allait devoir accepter le fait qu'elle ne le saurait jamais, et que lui non plus, finalement.

"Tu veux qu'on réessaie, pour de vrai cette fois ?" envoya-t-elle après avoir formulé cette question d'une dizaine de façons différentes.

Elle avait besoin qu'il lui dise sans détours sans laisser place à l'interprétation. Qu'il lui affirme qu'il ne disait pas ça que parce que c'était leur destin ne lui suffisait pas, elle avait besoin d'être certaine qu'il le voulait vraiment.

"Moi je crois que oui" pianota-t-elle après un moment d'hésitation, comme pour se mouiller la première et l'inciter à en faire de même.


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Fire meet gasoline [Ignacio & Joséphine] Icon_minitimeMar 1 Fév 2022 - 7:46
Son dernier message envoyé fut lu quasiment instantanément par Joséphine. Elle non plus ne semblait pas vouloir quitter ce canal de conversation, si bien qu'ils échangeaient de façon presque aussi fluide que s'ils étaient l'un en face de l'autre. Peut-être même plus fluide, songea brièvement Ignacio en observant les points de suspensions qui indiquaient que Joséphine tapait sa réponse. Il se sentait plus en capacité de verbaliser ses pensées avec cet écran entre eux, même s'il maniait toujours les mots avec une certaine pudeur. Joséphine parut cependant lire entre les lignes ou, tout du moins, parvenir à la même conclusion que lui. Il ne servait à rien de prétendre que cette vision n'existait pas. Au contraire, il était plus que temps de lui faire intégrer pleinement leur relation et leur réalité.

Ignacio n'était pourtant pas un homme particulièrement optimiste. A vrai dire, il n'était pas spécialement pessimiste non plus ; il était pragmatique, factuel. Dans les faits, cette union existait - ou existerait prochainement. Dans les faits, ils ne pouvaient pas s'en détourner. Et, dans les faits aussi, il aimait la présence de Joséphine à ses côtés. L'éventualité de cette séparation l'avait véritablement remué, peut-être davantage que ce à quoi il s'attendait. Il s'était habitué à leur dynamique, même s'il était conscient de ne pas l'avoir véritablement investi. Désormais, il fallait faire mieux. Et Ignacio aspirait à mieux.

Il ne savait pas exactement d'où lui venait cette force intérieure qui le poussait dans sa relation avec Joséphine, mais elle était là. Elle s'appelait peut-être "destin", peut-être "sentiment" ; Ignacio ne chercha pas à la nommer. En revanche, il envoya à son tour un message à sa compagne, sans se départir de son air sérieux.

"Oui, j'en ai envie."

Ce qu'il savait réellement, au plus profond de lui, c'était que cette décision le rendait bien plus serein que la perspective de séparation qu'ils avaient traversée un peu plus tôt.

Il relut le message de Joséphine. "Pour de vrai cette fois" avait-elle écrit quelques secondes auparavant. Pour de vrai, se répéta Ignacio en contemplant pensivement son salon vide et silencieux. En cessant de prétendre être ensemble sans véritablement se donner la possibilité de l'être ou de vivre cette relation, comme ils l'avaient fait jusque-là.

Sans réfléchir, il lui envoya : "Est-ce que tu voudrais venir vivre chez moi ?" Il dut se rendre compte de l'impulsivité de cette démarche car il ajouta ensuite : "C'est peut-être quelque chose que j'aurais pu te demander en face, mais puisqu'on en est à discuter des choses importantes..."

Il ne s’excusa pas de la soudaineté de cette proposition qui, pourtant, pouvait paraître aberrante. Ils n’avaient jamais discuté de cette éventualité auparavant même si Ignacio l’avait déjà envisagé à plusieurs reprises – parfois avec envie, parfois avec fatalisme. Pourtant, quelque chose, dans cette idée, faisait sens chez lui. Elle venait gommer cette comédie à laquelle ils se livraient depuis quelques mois maintenant pour leur offrir quelque chose de réel, de vrai. Ignacio n’avait jamais vécu l’une de ses compagnes mais l’idée de franchir ce pas avec Joséphine lui semblait à la fois logique et plaisante.

Voyant que la jeune femme mettait un peu plus de temps que d'ordinaire à répondre, il envoya avec une touche d'humour : "J'ai un immense four dans lequel tu peux laisser traîner tes fiches d'impôt."



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