Masquerade [Nouvel An 2010]

Installée à califourchon sur son partenaire, retenue d'une main ferme posée au creux de son dos, Kessy avait posé la tête contre la sienne, le temps de reprendre ses esprits. Le souffle court, encore étourdie par le moment qu'ils venaient de partager, elle ferma les paupières et savoura encore quelques instants le souvenir tout frais de leur étreinte. La façon dont il avait ôté son masque, pour la dévorer du regard, sa robe qu'il avait fait glisser sensuellement au sol, la bouffée de désir qui l'avait envahi au contact de ses vêtements contre son corps nu... et la suite, qui le faisait rougir intérieurement. Merlin, Melchior avait beau être beaucoup plus âgé que ses amants habituels, il n'en était pas moins fougueux, songea-t-elle tandis que son pouls continuait de battre la cavalcade. Rouvrant les paupières, elle entrouvrit du bout des doigts le rideau épais sur un centimètre, et se perdit dans la contemplation de la piste de danse en contrebas.

Un sentiment de plénitude l'envahi, et elle laissa échapper un long soupir de bien-être, avant de s'écarter pour attraper son regard.

"Tu es très surprenant, Melchior. Je ne pensais pas qu'un directeur de département pouvait être aussi... sexy..." Entre autres choses. Kessy se pencha vers lui pour capturer ses lèvres en un nouveau baiser voluptueux, puis se redressa pour le libérer de son poids et venir s'installer sur la banquette à côté de lui. Effrontément, elle étendit ses longues jambes graciles sur les genoux de son amant.

"2011 commence parfaitement bien", dit-elle avec espièglerie, avant de souffler, car la taquinerie la démangeait : "Cela faisait partie de tes nouvelles résolutions, de coucher avec la fille de ton boss, ou bien est-ce parce que je suis totalement irrésistible ?"

Option 2, évidemment, il avait en tout cas tout intérêt de le prétendre, sous peine de la vexer horriblement. Mais quelque chose lui soufflait que Melchior était trop beau parleur pour s'y tromper. Cela ne la dérangeait pas, de savoir qu'il avait plutôt une réputation de coureur, car c'était aussi son cas : peut-être était-ce dû à ce qu'elle dégageait ou à ses réseaux sociaux, mais Kessy avait l'habitude d'être traitée de fille facile. Elle s'en fichait éperdument, bien décider à savourer la vie de la manière dont elle le désirait : en couple lorsqu'elle le souhaitait, célibataire quand elle le préférait, abstinente ou ayant des amants quand elle en avait l'envie, cela ne regardait qu'elle... cette petite incartade avec Melchior était une illustration parfaite de sa philosophie de vie.

Le souffle court, Melchior reprenait doucement ses esprits, une main dans le dos de Kessy pour la maintenir contre lui. Il esquissa un léger sourire alors qu’il l’admirait les yeux mi-clos. Elle était magnifique dans la semi-obscurité et il ne se lassait pas de la regarder. Il rit doucement sous le compliment et lui rendit son baiser avec passion.

"Tu pensais que tous les directeurs de départements étaient de vieux croûtons impuissant ?"

Il la laissa se détacher de lui et caressa distraitement ses jambes fines lorsqu’elle les allongea sur ses genoux. Son sourire se fit amusé alors qu’elle l’interrogeait sur ses résolutions. Il tourna le regard vers elle et prit son temps pour répondre, caressant sensuellement sa peau satinée, il remonta lentement sa jambe avant de figer son mouvement et de consentir à répondre.

"Tu es totalement irrésistible."

Il décala délicatement les jambes de la jeune femme et se redressa au-dessus d’elle pour venir capturer ses lèvres avec passion.

"La preuve, je suis incapable de résister à tes lèvres voluptueuses."

Il esquissa un sourire charmeur tout en caressant tendrement sa joue, son regard plongé dans le sien. Elle l’avait surpris, il devait bien l’admettre. Il connaissait sa réputation de croqueuse d’hommes, mais il ne s’était pas attendu à une prestation aussi… intense. Elle n’avait rien de la gentille petite fille de Ministre et ce n’était pas plus mal. Elle savait ce qu’elle voulait, n’était absolument pas timide et ce genre de comportement lui plaisait. Il savait qu’elle ne regretterait pas son geste dans quelques jours quand l’alcool aurait quitté son organisme. Lui-même avait toujours assumé ses désirs et ses conquêtes et il détestait lorsque la réciproque n’était pas vraie.

"Et toi ? Pourquoi moi ? Est-ce à cause de mon poste et de ma notoriété publique ou pour mon charme envoûtant ?"

Il ne comptait plus le nombre de femmes qui s’étaient intéressées à lui pour son poste de directeur de département et non pour lui. Son charisme n’était pourtant plus à prouver, mais il était évident que ce n’était plus son seul atout. Chose qu’il regrettait un peu, il devait bien l’admettre. Toutefois, il ne s’arrêtait plus à cela, partant du principe que rien n’était sérieux alors tant que cela lui permettait de s’amuser, il prenait. Il savait parfaitement que ce n’était pas ce qu’elles attendaient de lui, mais elles n’auraient jamais plus. Quelques nuits mais jamais d’attachement, il n’avait pas encore trouvé la personne idéale, celle qui partagerait la même vision du monde que lui et qui ne chercherait pas à l’enfermer dans une relation exclusive. Il en était incapable de toute manière. Il ne l’avait jamais caché, de son point de vue, il y avait les sentiments et il y avait le charnel. Et ce n’était absolument pas la même chose. Ses pères le lui avaient bien prouvé, on pouvait aimer une même personne toute sa vie et vouloir de nouvelles expériences purement physiques. Et ce soir, avec Kessy, à ses yeux il s’agissait d’un moment charnel exquis mais rien de plus. Il l’observa un instant en silence avant de reprendre.

"Il faut que tu retournes auprès de tes invités ou tu peux rester avec moi encore un peu ?"

Il n’était pas contre un deuxième round, il l’avouait bien volontiers.

La réponse de Melchior lui tira un sourire satisfait, tandis que sa caresse sensuelle le long de sa jambe attisait un désir encore vivace. Comme il se penchait sur elle pour venir l'embrasser, elle glissa sa main sur sa nuque et lui rendit son baiser avec passion, collant son corps contre le sien. S'il continuait ainsi, elle allait avoir du mal à ne pas passer toute la nuit dans cette petite alcôve privée, mais ce n'était peut-être pas si grave que cela, tout compte fait... il fallait avoir des priorités dans la vie, et profiter le plus possible de cet amant d'une nuit pour prolonger leurs excellentes étreintes en faisait partie. Quelque chose lui disait qu'elle n'aurait pas dans ses bras un homme de la trempe de Melchior de sitôt. D'ailleurs, ce dernier s'enquit à son tour de ce qui l'avait attiré chez lui, lui tirant un sourire mutin.

"Je suis fille de ministre et je ne suis pas en déficit de popularité moi-même, alors je n'ai pas vraiment besoin de toi pour cela, tu sais...", répliqua-t-elle avec impertinence. "J'imagine que tu as beaucoup mieux à faire que de traîner sur les réseaux magiques mais sache que j'y ai mon petit succès !"

Elle allait peut-être même dépasser les 10K avant Sam, elle l'espérait en tout cas. La pensée du jeune homme, qui l'avait abandonné comme une vieille chaussette ce soir, l'irrita brièvement mais elle l'écarta pour reporter toute son attention sur Melchior. Elle ne s'en sortait pas si mal que cela, finalement, songea-t-elle en faisant courir ses doigts le long de son torse, savourant la caresse de sa peau.

"Donc oui, c'est bien ton charme qui a fait toute la différence", souffla-t-elle en vrillant ses pupilles noires dans celles de Melchior, avant de lui voler un long baiser sensuel. Étouffant un soupir contre ses lèvres, Kessy s'écarta finalement pour déposer sa tête contre son épaule. Un silence agréable s'installa entre eux quelques instants, uniquement rompu par le bruit étouffé de la musique qui leur parvenait en contrebas. Finalement peu pressée de partir, Kessy laissa un sourire gagner ses lèvres lorsque Melchior lui proposa de rester un peu plus longtemps. Il lui semblait lire dans son regard un désir miroir du sien, qu'elle ne demandait qu'à attiser de nouveau...

Elle glissa une main sur la nuque de Melchior et l'attira à elle, enroulant ses jambes fines autour de lui avant de lui murmurer à l'oreille :

"J'ai tout mon temps..."

Un temps qu'elle comptait bien mettre à profit pour poursuivre dans ses bras cette nuit inoubliable.