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Carter's Anatomy [Marlene & James]

James Carter-Barclay
James Carter-BarclayDirecteur de Poufsouffle
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Carter's Anatomy [Marlene & James] Icon_minitimeLun 19 Nov 2018 - 15:19
15 Juillet

James comptait les jours qui le séparaient de son départ de St Mangouste. Il avait – enfin – posé sa démission quelques jours plus tôt, et son contrat prendrait fin dans deux semaines. Dans deux semaines, il serait libre ; plus obligé de marcher dans ces couloirs qu’il avait parcouru avec Samantha, plus obligé de craindre chaque appel, plus obligé de redouter qu’on l’envoie à Skye. Bien sûr, ses collègues lui manqueraient ; le métier en lui-même lui manquerait. Il adorait être ambulancier et, même s’il s’agissait, au départ, d’une voie qu’il avait un peu choisi par défaut, il avait réussi à la faire sienne et à l’épouser pleinement. Peut-être qu’un jour il pourrait à nouveau intégrer le célère hôpital anglais mais, pour le moment, il ne se voyait pas continuer à travailler dans ces conditions.

Encore deux semaines, se répéta-t-il en saluant d’un sourire l’un de ses collègues. Il attrapa les clés de son ambulance et se fit interpeller par Gowan.

« Hé, Carter ! T’es prêt pour la formation ? T’as signé les papiers ? »
« La quoi ? » répéta James en s’arrêtant à la hauteur de son collègue.
« La formation aux soins d’urgence pour les médicomages entrants. Tu t’étais inscrit en mars… »
« Ah merde ! J’avais complètement oublié… » Le jeune homme se frappa le front avec le plat de sa main.
« Dépêche d’aller voir Connie pour signer les papiers, ça commence dans une dizaine de minutes. »

James jura une nouvelle fois et se hâta vers les bureaux administratifs. Il avait complètement oublié que, quelques mois plus tôt, il s’était porté volontaire pour aider à former les jeunes étudiants en médicomagie. Son esprit avait été bien trop pris par les récents événements pour qu’il s’en préoccupe et, il devait bien l’avouer, il s’agissait pour l’instant du cadet de ses soucis. Parvenu devant le bureau de Connie, James frappa quelques coups à la porte avant de l’ouvrir silencieuse. Sans trop de surprise, il fit face immédiatement au regard réprobateur de la secrétaire.

« James, tu es censé partir avec ton élève dans très exactement huit minutes. » Elle lui tendit les papiers avec un regard de reproche.
« Donc je ne suis pas encore en retard… » tenta-t-il de négocier en saisissant la feuille et en la parcourant du regard. Globalement, elle indiquait que l’élève était sous sa responsabilité pour toute la durée de la formation et que, même si l’étudiant avait reçu une base en soins d’urgence, il ne pouvait pas lui déléguer son travail mais uniquement le faire participer dans la limite du raisonnable. James signa le papier et le rendit à Connie, qui soupira une nouvelle fois.
« Ca ira pour cette fois. » grommela-t-elle. « Dépêche-toi de rejoindre la caserne. » James allait quitter la pièce lorsqu’une dernière information retint son attention « Ton étudiante s’appelle Marlene Barclay, elle doit avoir le badge numéro 2987. »
Il se retourna doucement.
« Barclay ? » répéta-t-il lentement, ses yeux s’écarquillant un peu plus sous la surprise.
« Hm hm » fit Connie, à nouveau plongée dans ses documents.
James jura à voix  basse. « Je peux pas changer ? » tenta le jeune homme en se rapprochant de la secrétaire qui haussa les sourcils en le dévisageant d’un air sceptique.
« Non, Carter, tu ne peux pas changer. Tous les papiers ont déjà été faits. » Elle désigna, du doigt, l’épais dossier « formation ». « Maintenant dépêche-toi, tu vas être en retard. »
« Mais… »
« Y a pas de « mais ». Bon sang, je ne sais pas qui est cette Barclay mais par Merlin, Carter, t’es plus à Poudlard, prend un peu sur toi. » Elle lui adressa un regard sévère.

Les épaules de James s’affaissèrent alors qu’il lui tournait le dos pour sortir et se diriger vers la caserne en maugréant. Bien évidemment, il ne suffisait pas seulement qu’il travaille dans le même lieu que son ex petite-amie – avec qui la rupture s’était très mal passée – mais en plus de ça il fallait qu’il soit son tuteur pendant toute une putain de formation. Super, non, vraiment, génial, songea-t-il en envisageant très sérieusement la possibilité de transplaner hors de l’hôpital et d’aller élever des chèvres en Hongrie.

Il arriva dans la salle de formation avant d’avoir eu le temps de se décider et y entra à contrecœur. Il se posta dans le fond de la pièce avec ses autres collègues, cherchant du regard la chevelure noire de Marlene, qu’il ne trouva pas.

« Vous êtes ici pour compléter votre première formation aux soins d’urgence. Cette formation a lieu chaque année, fin juillet, avant le début de vos cours. Vous en suivrez une par an, toujours à la même période. » expliquait Dan, un référent chez les ambulanciers lorsqu’il s’agissait de formation. « Evidemment, nous n’avons pas les mêmes exigences envers vous, étudiants en première année, qu’avec vos collègues en fin de formation. Cependant, » sa voix résonna dans la salle et tira à James un sourire, « nous attendons de vous le plus grand sérieux et la plus grande rigueur. Vous n’agissez plus face à des mannequins et chacun de vos gestes aura des conséquences pour le patient en face de vous. C’est pour cela que vous passerez toute la formation avec un ambulancier diplômé qui sera donc votre tuteur. Ce sera également à lui de remplir votre feuille d’évaluation à  la fin. »

Dan se lança dans quelques explications sur la journée que James écouta d’une oreille distraite. Finalement, il appela les binômes et les étudiants se levèrent pour rejoindre leur tuteur.

« Barclay, Marlène ? » appela-t-il finalement. Il avisa la jeune femme qui avait redressé la tête. « Tu seras avec James Carter. » Il le désigna du menton et James, sans trop savoir pourquoi, leva la main. Il se sentit un peu bête – il se doutait bien que Marlene n’avait pas oublié à quoi il ressemblait en si peu temps – puis sortit de la salle, son ex petite-amie derrière lui.

Elle avait changé, constata-t-il lorsqu’ils furent dans l’enceinte de la caserne, où toutes les ambulances étaient sagement garées. Ses cheveux – normalement d’un noir jais – tiraient à présent sur le châtain et le roux. Ca lui allait bien, commenta-t-il intérieurement en se raclant la gorge.

« Salut. » lança-t-il, mal à l’aise. Il ne savait pas trop quoi dire. Alors, il lui tendit une radio mobile. « Tiens, tu peux l’accrocher ici. » expliqua-t-il en désignant la sienne, fixée sur le haut de sa veste. « C’est ce qui te permet de rester en relation avec la centrale, ou avec moi, si on est séparés sur une grosse intervention. »

Voilà voilà.
Marlene Carter-Barclay
Marlene Carter-BarclayMédicomage
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Carter's Anatomy [Marlene & James] Icon_minitimeMer 21 Nov 2018 - 19:38
Sa cousine Meg faisait une école de coiffure. Ce n'était pas vraiment une information que Marlene répétait à tout va, pas parce qu'elle avait honte, mais parce que tout le monde s'en fichait un peu de savoir que sa cousine Megan apprenait à faire des colorations. Et pourtant, c'était la justification dont elle se servait maintenant à chaque fois qu'elle voyait les gens s'arrêter un peu interloqués sur sa nouvelle couleur de cheveux. Le mois dernier, juste avant son entrée en Médicomagie, elle était allée dormir chez son oncle et sa tante, dans la banlieue de Manchester et en avait profité pour raconter à sa cousine ses malheurs, en long, en large et en travers. Quand elle eut fini de relater les affres de sa rupture avec James, Meg avait hoché la tête d'un air inspiré. Tu devrais te faire une nouvelle coupe, avait-elle dit. Et devant l'air circonspect de Marlene, elle s'était mis à parler un peu trop vite en secouant ses mains. Noooon mais tu vois, ça aide vachement de changer de tête, ça signe le début d'une nouvelle période tu vois, une nouvelle toi et puis franchement, ça t'irait trop bien les cheveux plus courts et puis une nouvelle couleur parce que, tu vois, j'ai cet exam dans deux semaines et j'ai raté mon dernier balayage et j'ai vraiment besoin d'aide, tu vois ?

Et Marlene voyait très bien.

Devant l'insistance de Megan et ses illustrations sur catalogue de ce qu'elle pouvait lui faire, elle avait fini par se laisser entraîner. Sur le coup, un samedi à vingt-trois heures trente, c'était assez drôle de se retrouver avec des papillotes d'aluminium sur la tête pendant que sa cousine s'appliquait à bien étaler le produit avec son pinceau. Le lendemain, quand elle s'était réveillée presque rousse, Marlene avait moins ri. Pour le coup, ça s'appelait changer de tête. Elle qui avait toujours eu l'habitude de ses cheveux très noirs ne savait pas vraiment quoi faire avec cette crinière décolorée. Première étape, la cacher sous un bonnet. En Juin. C'était un style. Megan avait beau lui dire que cela lui allait trop trop trop bien, il avait fallu à Marlene un temps d'adaptation. Le fait que son père lui dise que c'était original n'avait pas aidé non plus, il fallait l'admettre. Au final, elle s'habituait bien et puis même... Cela lui plaisait. C'était joli sous le soleil d'été en tout cas et elle avait fini par abandonner son bonnet (qui n'était de toute manière pas accepté au sein de l'hôpital).

De toute manière, elle était trop occupée avec sa rentrée en Médicomagie pour vraiment penser à autre chose et ses nouveaux cheveux finissaient souvent noués dans un chignon alors qu'elle restait penchée sur ses livres de cours. Les enseignements étaient très intenses, il fallait apprendre plein de choses en même temps, ne pas se perdre entre les cours magistraux et les moments d'observation, comprendre le fonctionnement de l'hôpital (et elle, encore, elle avait été sage-femme pendant six mois) et surtout, il fallait travailler encore et toujours chez soi le soir. Pour l'instant, Marlene n'avait pas trop l'impression de se noyer car elle venait de passer presque six mois à travailler ce qu'elle devait maîtriser. Elle avait beaucoup progressé. Pendant un temps, la rupture l'avait empêchée de travailler correctement, elle avait bien perdu deux semaines où elle n'arrivait pas à se mettre dans ses bouquins et à se concentrer. Son esprit n'arrêtait pas de dériver vers James, de penser à où il était, ce qu'il faisait, s'il était triste comme elle puis elle repensait à leur rupture puis leur histoire et c'était le drame et les pleurs. Finalement, elle avait fini par se dire qu'il était hors de question qu'il gâche tout son travail. Elle avait trop progressé pour laisser tomber maintenant et surtout pas pour un garçon. Un Poufsouffle en plus. Elle s'était remis d'arrache-pied dans son boulot, jusqu'à l'entrée tant attendue en Médicomagie.

Elle était très nerveuse en arrivant, pas très enthousiasmée par l'idée de revoir des camarades de Poudlard (ce n'était pas vraiment la meilleure période de sa vie) mais au final, tout s'était bien passé. Elle ne connaissait pas tellement les sixième année (qui étaient maintenant les premières années de Médicomagie) et elle avait même retrouvé Flora avec qui elle était dans les Jeunesses et avec qui elle s'entendait bien. De toute manière, toute l'attention de la première journée avait été attirée par un nom surprenant à l'appel, celui de Gormghlaith, dont les parents étaient irlandais et tenaient visiblement à le faire savoir. Flora, qui baragouinait un peu la langue, en avait profité pour aller voir la jeune fille et les trois s'étaient liées et avaient déjeuné ensemble. Depuis, elles passaient leurs journées toutes les trois et se faisaient même des sorties, avec les autres gens de la promotion. Pour l'une des premières fois de sa vie... Marlene était bien intégrée. Et c'était franchement agréable. Elle ne se sentait pas à la ramasse parce que son expérience en tant que sage-femme lui donnait une certaine aura auprès de ses copines, elle savait déjà faire des choses et du coup, elle se sentait plus en confiance. C'était plus agréable.

Alors ce matin, puisqu'elles avaient la formation aux premiers secours assez tôt, elles s'étaient réunies pour passer prendre un café avant, boisson que continuait de siroter Flora avec l'air un peu mauvais. Elle n'était pas vraiment du matin alors tout ce qui se passait avant huit heures... La salle de formation était remplie et un peu bruyantes, les années supérieures de Médicomagie s'interpellaient bruyamment et surtout, les cinquième années avaient l'air au bout de leur vie. C'est vrai que cela faisait cinq fois qu'ils faisaient ce truc et puis bon, ils seraient Médico l'année suivante donc bon... Marlene, elle, était plutôt occupée à se repasser dans sa tête ce qu'elle avait appris l'année dernière lors de la sienne, qui était interne à la maternité. S'il fallait aspirer les poumons d'un nouveau-né, elle était là... Laith - oui parce que sinon c'était trop compliqué - se pencha vers elle, triturant sa blouse.

- Tu penses qu'on reste en binômes ?
- Je sais pas... chuchota-t-elle alors qu'un homme au pas énergique entrait dans la pièce.

Laith avait toujours un peu peur de se retrouver seule avec des gens qu'elle ne connaissait pas et Marlene comprenait - et partageait, dans une moindre mesure maintenant - cette crainte, aussi lui adressa-t-elle un sourire rassurant avant de poser sa main sur son épaule. L'homme se lança dans des explications, semblant insister sur le fait qu'ils n'étaient plus face à des mannequins. Très clairement, ils étaient jetés dans le bain... Et encore, elle avait déjà fait face à des patients (elle se raccrochait à cette idée mais c'était très important pour elle) mais pas Gormghlaith par exemple, qui était en plus scolarisée à la maison : elle n'avait même pas été à Poudlard. Ils allaient travailler avec des ambulanciers, précisa l'homme qui parlait. Super. Elle espérait bien qu'elle ne tomberait pas sur James mais les chances étaient quand même minimes puis il était sûrement trop jeune pour former qui que ce soit, elle avait même commencé avant lui à Sainte-Mangouste, alors bon... Marlene fut appelée dans les premières et se leva, un peu nerveuse, quand son nom fut prononcé. Et quand celui du binôme le fut...

- Ah ! s'exclama Flora derrière elle, en ouvrant de grands yeux.

Elle venait d'exprimer sa pensée, tiens. Marlene se retourna vers sa camarade qui eut un signe d'impuissance à son égard. Comme à sa cousine Meg, Marlene lui avait raconté sa rupture - avec moins de détails quand même - puisque Flora les avait connus tous les deux en couple à Poudlard... Mal à l'aise comme pas possible, Marlene traina presque des pieds jusqu'à James qui... levait la main. C'était pour lui dire bonjour ? Parce que bon, elle connaissait assez bien sa tête, sinon... Ne comprenant pas ce qu'il essayait de faire, Marlene leva sa main avec un peu d'hésitation et la secoua mollement, dans une ébauche de "coucou" qui n'avait pas envie d'en être. Super. Cela allait être une merveilleuse journée, tiens, coincée dans une ambulance avec son ex. En plus, il ne l'attendait pas vraiment, il se contenta de sortir de la salle pour se diriger vers la caserne des ambulanciers. Ah bah super poli tiens. Il avait rompu avec la bienséance ou ça se passait comment ? Non, de toute manière, elle n'allait pas faire attention à ce qu'il faisait, c'était tout à fait professionnel, elle était là pour apprendre des soins d'urgence et puis voilà. Tout à fait professionnel. Elle allait oublier que James et elle travaillaient difficilement ensemble - planning des préfets, je crie ton nom - et se concentrer uniquement sur elle-même. Elle était tout à fait remise de cette rupture, bien évidemment. Elle n'avait pas besoin de lui. Elle était une femme digne et indépendante et bientôt Médicomage (dans cinq ans). Prenant une grande respiration comme sa marraine sophrologue lui avait appris, elle releva le menton. James avait-il remarqué qu'elle avait changé de couleur de cheveux... ? Non. Ce n'était pas une question. On s'en fichait de savoir si James avait remarqué.

- Salut.

Cela allait être une bonne journée bien gênante. Les yeux de Marlene se mirent à observer cette passionnante tâche au sol. Sang ou huile de moteur ? Le débat était ouvert. Elle releva la tête vers James quand il reprit la parole, attrapant la radio qu'il lui tendait pour l'accrocher à la poche de sa blouse.

- Ok... merci...

Ils se fixèrent sans un mot quelques secondes. Voilà voilà. Est-ce qu'elle était censée lui demander si ça allait ou ça faisait trop ex ? Ou alors ça faisait trop "tu vas bien depuis notre rupture ?" alors que elle, elle voulait demander s'il allait bien de manière standard, générique, genre "ça va" et elle ne voulait pas qu'il pense qu'elle demandait pour leur rupture parce que, après, elle allait avoir l'air désespérée et elle ne l'était pas. Clairement pas. Elle était cool. Très cool. Grady-cool. Elle pouvait peut-être demander des nouvelles de Grady ? Ou alors c'était bizarre ? Il valait peut-être mieux éviter toute question personnelle histoire de pas sonner trop ex. Parler boulot. C'était bien ça.

- Alors et du coup... maintenant on attend ?

Voilà voilà.

 


Carter's Anatomy [Marlene & James] 191118054952506833

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James Carter-Barclay
James Carter-BarclayDirecteur de Poufsouffle
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Carter's Anatomy [Marlene & James] Icon_minitimeJeu 22 Nov 2018 - 15:32
Quand on rompait avec quelqu’un, chacun y allait de son petit conseil. Surtout ne pas lui parler pendant au moins six mois. Prendre des nouvelles régulièrement au début, puis laisser la distance s’instaurer naturellement. Ne pas se remettre en couple avant d’avoir été célibataire pendant au moins un tiers du temps qu’on avait passé en couple. Trouver une nouvelle copine immédiatement, une « rebond-girl » pour tourner plus rapidement la page. Profiter des avantages du célibat en multipliant les conquêtes. Ne surtout pas tomber dans cette vie de débauche vulgaire (dixit Jane Mason, évidemment). James, après sa rupture quelque peu houleuse avec Marlene, avait donc eu la chance d’être entouré par des amis bienveillants qui avaient à cœur de l’aider. Mais personne – pas même Jane, justement – ne lui avait expliqué comment gérer « être le tuteur de son ex-petite-amie ». Et il n’avait aucune idée de ce qu’il devait faire.

James inspira profondément alors que Marlene attachait sa radio à la poche supérieure de sa blouse. Connie avait raison : il était adulte désormais. Il était ambulancier ; un ambulancier diplômé avec les compliments du jury, depuis peu de temps certes, mais ce n’était pas rien. Il n’allait pas laisser Marlene le déstabiliser, encore moins alors qu’il s’agissait de son premier « vrai » test en tant qu’ambulancier à part entière. Peu de temps auparavant, c’était lui qui avait été appelé dans cette salle de formation, qui avait reçu une radio et qui était parti pour la toute première fois avec son tuteur en intervention. Aujourd’hui, il était dans le rôle du tuteur et Marlene dans celui de l’élève. Et c’était étrange – à un stade qu’il savait que, quand il raconterait ça à Grady en rentrant ce soir, ce dernier aurait une liste interminable de blagues à faire sur la situation.

« Oui, on attend un appel de la Centrale qui va nous positionner sur des interventions. » expliqua James. « Normalement tu dois avoir les mêmes horaires que moi pour ta formation, donc on est ici jusqu’à demain matin au changement d’équipe. » Les gardes à l’hôpital étaient longues, éprouvantes et, les premiers mois, on peinait à s’y habituer. Désormais, James était rompu aux gardes de 24h et avait fini par trouver son rythme – même si, lorsqu’il rentrait chez lui, il passait environ les huit heures suivantes à dormir comme un loir.

James se fit violence pour ne pas se balancer d’un pied sur l’autre – il faisait ça dès qu’il était mal à l’aise et il savait que Marlene le savait et il ne voulait pas qu’elle sache qu’elle le mettait mal à l’aise. Il se racla quand même la gorge, puis se maudit de l’avoir fait parce que c’était bien évidemment un signe qu’il ne se sentait pas tout à fait à sa place. Il allait d’ailleurs lui demander comment ça allait, mais se ravisa au dernier moment, de crainte que sa question soit mal vue par la jeune femme ou mal interprétée.

« Comment s’est passée ta rentrée en médicomagie ? » interrogea-t-il finalement en posant son regard sur la jeune femme.

Voilà, c’était parfait comme question. D’un côté, il brisait le silence qui s’était installé entre eux, avec une question parfaitement professionnelle qu’il aurait pu poser à n’importe quel apprenti qu’il aurait eu avec lui aujourd’hui et de l’autre, il s’intéressait à la jeune femme tout en lui montrant qu’il était suffisamment mature pour pouvoir le faire d’une manière parfaitement détachée parce qu’il avait évidemment tourné la page, lui.

Elle n’avait pas à savoir qu’il se sentait particulièrement déstabilisé par sa présence parce qu’il s’était forcé de ne pas penser à elle depuis ce fameux jour où il avait rompu avec elle. Il ne voulait pas y penser parce que cela l’obligeait à ressentir beaucoup trop d’émotions qu’il n’avait pas envie de ressentir : une pointe de regret, évidemment, de la tristesse, certainement, mais aussi de la colère, cette même colère qu’il avait ressenti ce jour-là. Or, James ne voulait plus ressentir tout ça ; il avait enfoui ces sentiments tout au fond de lui, sous une bonne couche de mauvaise foi et de fierté mal placée. Elle n’avait pas non plus de savoir qu’il trouvait sa nouvelle coupe très jolie et que d’ailleurs, ça mettait parfaitement en valeur ses grands yeux. Il se reprit ; il se fichait bien de la nouvelle coupe de Marlene, et il ne s’était sûrement pas attardé assez longtemps sur les yeux de la jeune femme pour pouvoir dire que son regard était souligné par cette couleur. Non. Définitivement pas.

Par chance, sa radio grésilla à ce moment-là, le sortant de cet inconfort.

« Centrale à 87. »
« Carter à Centrale. » répondit-il en s’identifiant comme on lui avait appris à le faire lors de ses premiers jours ici. Ils n’avaient pas d’ambulance attitrée ; ils en changeaient à chaque début de garde. Aujourd’hui, James avait la 87.
« Carter, accident de Transplanage d’escorte, deux victimes, 27 et 8 ans, 8 rue Saint Great George, Leeds. »
« On y va. » répondit-il en faisant signe à Marlene de le suivre. Sans le moindre mouvement d’hésitation, il se dirigea vers son ambulance, et indiqua à la jeune femme de s’installer à la place du passager alors qu’il faisait le tour pour s’asseoir face au volant.

« Attache-toi. » recommanda-t-il en bouclant sa propre ceinture, avant de démarrer sur les chapeaux de roue et déclencher la sirène d’urgence.
Marlene Carter-Barclay
Marlene Carter-BarclayMédicomage
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Carter's Anatomy [Marlene & James] Icon_minitimeJeu 22 Nov 2018 - 22:10
Marlene hocha la tête quand James confirma qu'ils devaient maintenant attendre. Super, ils étaient vraiment bien tous les deux, plantés au milieu de ce hangar à se regarder en chien de faïence. Seule la mention de la durée de la formation lui fit tourner la tête vers lui, surprise. Elle n'avait pas dû entendre cette information ou mal lire les papiers, car elle n'avait pas réalisé que c'était vingt-quatre heures, comme une vraie garde... Vingt-quatre heures avec James, donc, dans une ambulance. Super. Super programme. Merveilleux. Son malaise devait se voir sur son visage, aussi attrapa-t-elle l'élastique noir qui enserrait son poignet pour se donner une contenance. Elle rassembla ses cheveux en une queue de cheval pour s'occuper les mains et avoir une excuse pour regarder ailleurs. Elle entendit James toussoter, ce qui était le signe qu'il était au moins aussi détendu qu'elle. Ils allaient vraiment passer un excellent moment, dis donc, du temps de qualité. Heureusement, la question qu'il lui posa était assez neutre pour lui donner l'occasion d'embrayer, en prenant un air tout à fait détendu. Parce qu'elle était détendue et cool. Elle allait en parler comme elle en parlerait à un formateur lambda et pas comme à quelqu'un de proche (ou qui avait été un proche). Elle termina sa queue de cheval et glissa ses mains dans les poches de devant de sa blouse. 

- Bien, bien. C'est beaucoup de boulot mais c'est hyper intéressant. On ne fait que de la théorie pour le moment, on aura des premiers stages en septembre.

Sans vraiment savoir quoi ajouter, elle fixa James quelques secondes. Est-ce qu'elle était censée parler d'elle ? C'est ce qu'elle aurait fait avec n'importe quel élève de Poudlard avec qui elle avait eu des vrais liens, c'est ce qu'elle aurait fait avec Grady par exemple. Mais est-ce qu'on était censé parler de soi à son ex, même pour dire des trucs aussi insignifiants que "Je suis contente de m'être réorientée" et "J'ai retrouvé Flora, tu sais, qui était dans la promo d'Emma ?" Heureusement, le grésillement de la radio la sortit de son dilemme : très bien, elle ne dirait rien, c'était sûrement hors-sujet de toute manière. James et elle n'avaient pas parlé depuis leur rupture, c'était auprès de Grady qu'elle avait récupéré les affaires laissées chez son ex. Elle s'efforça de se concentrer sur ce que disait la petite voix altérée de la Centrale. Accident de transplanage, elle en avait vu arriver aux urgences lors de son stage mais n'avait jamais travaillé dessus. Et surtout, avec un enfant impliqué. C'était toujours plus compliqué quand il y avait des enfants, elle avait du mal à se détacher et son stage en maternité n'avait pas aidé...

Elle suivit James d'un pas rapide vers l'ambulance et s'installa sur le siège passager, bouclant sa ceinture alors qu'il faisait le tour pour prendre le volant. Il démarra un peu brusquement, enclencha la sirène et partit sur les chapeaux de roue. Marlene se crispa immédiatement, un peu brusquée par la vitesse, ses mains se serrant un peu sur la ceinture de sécurité. Elle finit même par agripper la poignée qui était au plafond pour mieux se tenir. Elle savait que c'était une urgence mais ce n'était pas en prenant les virages si vite qu'ils allaient gagner du temps, ils allaient plutôt se tuer... Elle prit sur elle néanmoins pour ne rien dire, se contentant d'être rigide comme une armure de Poudlard dans son siège.

- On y sera quand ? finit-elle par lâcher d'une voix un peu blanche après que l'ambulance se soit glissé entre deux véhicules.

Sans magie, ils seraient morts huit fois.


Carter's Anatomy [Marlene & James] 191118054952506833

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James Carter-Barclay
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Carter's Anatomy [Marlene & James] Icon_minitimeSam 24 Nov 2018 - 13:14
James enclencha la marche avant et démarra brusquement, alors que l’alarme si caractéristique des ambulances magiques résonnait dans la caserne. Ils quittèrent l’hôpital en quelques secondes et se retrouvèrent dans le centre de Londres, zigzaguant entre les voitures et les piétons.

James avait toujours été fasciné par la conduite – petit, il passait son temps à demander à ses parents de le laisser conduire sur leurs genoux et s’amusait à faire des tours de pâté de maisons, sa petite frimousse froncée par la concentration. L’été de ses dix-huit ans, quand il était rentré chez ses parents, il s’était inscrit pour passer le permis moldu, qu’il avait obtenu en un mois. C’était important pour lui de ne pas nier complètement ses origines moldues et il avait toujours eu cœur à se rapprocher au maximum de ce qu’il considérait être la « normalité » dans le monde ses parents. Heureusement, il avait un métier que sa famille pouvait comprendre sans trop de soucis ; s’il avait été Oubliator, il aurait plus de difficulté à expliquer l’étendue de ses missions.

En entrant chez les Ambulanciers, James était donc déjà titulaire du permis de conduire mais avait dû repasser une autre formation pour obtenir le permis sorcier, ainsi qu’un supplément pour avoir le droit de conduire une ambulance. A son sens, il était beaucoup plus amusant de conduire chez les sorciers que chez les moldus : la vitesse était grisante et la magie avait une grande incidence sur la conduite – comme, par exemple, le fait de pouvoir se glisser entre deux voitures en modelant la forme du véhicule. Cependant, à force d’être au volant d’un tel véhicule, James avait pris quelques mauvaises habitudes et cela se ressentait sur sa conduite dans le monde moldu : il avait tendance à prendre un peu plus de risques qu’une personne lambda et avait une conduite très sportive.

Conduite que, visiblement, Marlene n’appréciait pas, remarqua-t-il en avisant ses doigts crochetés à la poignée. Il se retint d’hausser les yeux au ciel et bifurqua à droite en maintenant sa vitesse, faisant crisser ses pneus sur le sol.

« Détends-toi. » lui lança-t-il alors qu’ils s’éloignaient du centre de Londres pour déboucher sur des routes périphériques malheureusement noires de monde, « C’est impossible d’avoir un accident en ambulance. »

Il avait prononcé cette dernière phrase sur un ton tranquille, et pourtant la force de cette déclaration le laissa aussitôt muet. Evidemment, cela le renvoyait au décès – au meurtre – de Samantha, mais aussi à sa rupture avec Marlene qui soutenait que sa théorie était complètement farfelue. Cette pensée lui porta un coup au cœur alors qu’il avisait une voiture moldue qui accélérait à sa gauche, le coinçant derrière un bus.

« Bordel… » marmonna-t-il en ralentissant brusquement pour dépasser le bus par la droite, filant entre les voitures et évitant de peu de frotter la barrière de sécurité.

« On arrive dans une dizaine de minutes, je pense. » finit-il par répondre en jetant un coup d’œil aux coordonnées transmises par la centrale. « Tu as eu des cours sur les accidents de transplanage ? » interrogea-t-il finalement après un long moment de silence.
Marlene Carter-Barclay
Marlene Carter-BarclayMédicomage
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Carter's Anatomy [Marlene & James] Icon_minitimeDim 25 Nov 2018 - 0:09
James était parfaitement au courant que Marlene n'était pas vraiment fan de sa conduite. Ils étaient montés en voiture plusieurs fois lorsqu'ils étaient ensemble et comme elle n'avait pas le permis, il avait conduit. C'était notamment pour aller dans des endroits autour d'eux mal desservis par les Cheminettes (parce qu'elle n'aimait pas transplaner à l'aveugle, elle trouvait ça dangereux). Au final, ils avaient souvent fini par se disputer à base de "Mais je t'avais dit que c'était à droite !" "Attention !" "Non mais colle-le un peu plus, tu veux lui rentrer dedans ou quoi ?" En bref, pas les meilleurs moments de leur histoire. Elle avait maintenant le loisir de constater que James n'était pas un conducteur plus délicat au volant d'une ambulance magique qui était, rappelons-le à toutes fins utiles, censée transporter des malades. Donc des gens en mauvais état. Qui n'avaient sûrement pas envie de mourir dans l'ambulance parce qu'ils avaient fini dans le fossé. En tout cas, il sembla remarquer qu'elle n'était pas très à l'aise puisqu'il lui demanda de se détendre. Parce qu'on avait pas d'accident en ambulance.

Marlene lui coula immédiatement en regard en coin qui voulait tout dire. Elle était persuadée qu'ils pensaient tous les deux à la même chose. Samantha Miller s'était tuée dans un accident d'ambulance sur une route dangereuse alors qu'on ne vienne pas lui dire que c'était infaillible... Même si c'était de la magie, les accidents arrivaient. La puissance d'un sort pouvait s'amenuiser ou bien des événements extérieurs pouvaient perturber la magie. Le Titanic était censé être insubmersible, lui aussi... Penser à la dispute qu'ils avaient eu à ce sujet rembrunissait l'humeur de Marlene, qui n'était déjà pas au beau fixe. C'était cette fichue histoire d'ambulance qui avait mené à leur rupture et elle sentait toujours son coeur se pincer très douloureusement à cette idée. Pour dissimuler sa soudaine émotion, elle tourna la tête pour regarder par la fenêtre. Les routes périphériques londoniennes étaient toujours bouchées de partout... C'était même à se demander comment l'ambulance allait pouvoir passer.

Un brusque freinage lui tira un sursaut et sa main vint se poser en réflexe sur le tableau de bord, comme pour se retenir. Elle lança un regard désapprobateur à James (qui n'avait clairement pas dû avoir les points de souplesse au permis, dis donc) alors qu'il doublait par la droite un bus. Ils étaient à cinq centimètres de la glissière de sécurité. Tout allait bien. Tout allait très bien. Ils allaient peut-être mourir ou écraser la petite Ford bleu de devant rafistolée au scotch mais tout allait super bien. Merci James pour ce super moment. Merci Merlin pour cette petite blague de les coller ensemble pendant vingt-quatre heures. C'était peut-être une caméra cachée histoire de voir qui allait craquer le premier.

Elle tâcha de se reprendre en soufflant un bon coup. Bien sûr que non, elle n'allait pas craquer. Elle était professionnelle, tout à fait professionnelle. Elle n'avait rien à reprocher à James Carter, si ce n'est une conduite inconséquente et sa manie d'appuyer sur la pédale d'accélérateur comme s'il était dans Mario Kart. Elle allait rester neutre et posée. Calme et aérienne. La Nouvelle-Marlene, elle, en mieux. Et elle en mieux en faisait pas de remarque sur la conduite à James, elle se contentait de mourir en silence. Elle se racla un peu la gorge avant de répondre à sa question, pour éviter de laisser paraître toute sa crispation. Elle était cool. Super cool. Lambda. Elle était Marlene Lambda même.

- Non, pas encore... J'en ai vu un peu aux urgences lors de mon dernier stage mais j'ai pas pu travailler dessus.

Elle était une sage-femme en formation, ce n'étaient pas ses cas. Elle, elle était plutôt là pour les urgences obstétriques et gynécologiques. Elle posa discrètement sa main sur son ventre pour reprendre une respiration plus calme, comme enseignée par sa marraine, avant de reprendre la parole. Il était hors de question que James sente toute sa nervosité et toutes les pensées qui pouvaient l'agiter. Il faisait cela avec l'ancienne elle, celle qui était préfète-en-chef avec lui. Elle avait évidemment beaucoup changé en quatre mois, ils ne se connaissaient plus du tout.

- Et toi ? Tu en as fais souvent ?


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James Carter-Barclay
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Carter's Anatomy [Marlene & James] Icon_minitimeLun 3 Déc 2018 - 15:39
James ignora volontairement le regard de Marlene et garda son regard braqué devant lui. Il n’avait pas envie de penser à Samantha, dont la pensée lui était encore douloureuse, ni aux raisons de sa rupture avec Marlene. Il ne fallait pas qu’il y pense parce qu’il allait s’énerver ; Marlene avait ce don exquis de le faire sortir de ses gonds. Sa conduite, cependant, se fit bien moins délicate – elle ne l’était pas déjà beaucoup – et il fut obligé d’écraser la pédale frein pour éviter de justesse un autobus. Le regard de Marlene lui fit lever les yeux au ciel.

« Tu veux prendre le volant, peut-être ? » demanda-t-il, narquois, en terminant son dépassement par la droite. Quelques secondes plus tard, ils quittaient l’agglomération londonienne et se dirigeaient vers Leeds, bien plus au Nord.

La route était dégagée – seuls quelques véhicules moldus avançaient tranquillement mais il pouvait les doubler sans même s’attirer un regard réprobateur de sa passagère – miracle.

« Oui, ce sont nos cas les plus nombreux même. » expliqua-t-il en jetant un coup d’œil à sa montre. Le temps filait à une vitesse folle et, en pensant aux deux victimes qui les attendaient, il accéléra un peu. « Parfois, ce sont de simples désartibulages, comme un ongle par exemple. Tout dépend du niveau de concentration lors du transplanage. Lorsque le transplanage est hasardeux, ou réalisé dans de mauvaises conditions  - comme sous l’emprise de stupéfiants – les dommages peuvent-être plus graves. Le pire, c’est quand ça atteint les vaisseaux sanguins, comme l’aorte ou la veine cave. » indiqua-t-il en mettant son clignotant à droite pour s’engager sur une voie rapide.

Un jour, lorsqu’il était en début de formation, il avait accompagné sa tutrice sur une intervention similaire. Quand ils étaient arrivés sur place, la victime était déjà décédée ; tentant de transplaner alors qu’elle était en pleine crise psychotique liée à une prise importance de stupéfiants, le cœur avait toujours simplement été déchiré en deux. C’était rare mais, dans ces cas-là, l’issue était forcément mortelle.

« Ce qui est particulier, » poursuivit James en accentuant ses essuie-glaces car il commençait à pleuvoir, « c’est qu’il y a deux victimes dans l’accident. On a encore du mal à comprendre comment le désartibulage affecte les personnes qui voyagent en transplanage d’escorte. Parfois, elles sont plus touchées, parfois moins… » Il haussa les épaules ; il savait que plusieurs études étaient faites sur la question. « Donc on a deux victimes, une de 27 ans et une de 8 ans. » énonça-t-il. La pluie s’écrasait désormais sur les carreaux. Douce Angleterre. « Tu as retenu quoi des prises en charge d’urgence ? » interrogea-t-il en tournant un regard curieux vers Marlene, oubliant un instant la gêne qui subsistait entre eux.
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Carter's Anatomy [Marlene & James] Icon_minitimeLun 3 Déc 2018 - 23:26
Marlene coula un regard noir à James quand il lui demanda si elle voulait prendre le volant. Alors elle n'avait peut-être pas le permis mais elle était sûre qu'elle conduirait plus prudemment, elle ! Elle n'avait jamais pris la peine de le passer parce qu'elle avait eu son permis de transplanage assez tôt mais elle respecterait le code de la route. Alors c'est vrai qu'une ambulance était surtout censée aller vite mais ce n'était pas une raison pour se mettre dans le fossé. En plus, elle prenait déjà sur elle pour ne pas lui faire de remarque et elle était presque vexée qu'il ne l'ait pas remarqué. Certes elle se crispait très fort et retenait des petits cris à chaque virage mais c'était un progrès !

- Regarde la route au lieu de te moquer de moi, persifla-t-elle.

Non mais. Ils n'avaient pas gardé les moutons ensemble quand même. Enfin ils avaient fait pire mais ce n'était pas une raison ! Heureusement, leur conversation sembla reprendre une allure normale et elle tourna la tête vers lui quand il mentionna que les accidents de transplanage étaient l'une de leurs principales interventions. Elle ne pensait pas que cela arrivait si souvent... Elle n'allait pas arrêter d'y penser à chaque fois maintenant, c'était malin.

- On vous appelle vraiment pour un ongle désartibulé... ?

Qu'est-ce que les gens ne comprenaient pas dans le terme "urgence" ? C'était Kalamity Chambers qui avait appelé, ce n'était pas possible sinon. Une urgence ongle brisé, ce n'était pas vraiment une urgence. En revanche, elle voulait bien imaginer pourquoi les gens dont les artères étaient touchées étaient en urgence vitale. Et si c'était le cas aujourd'hui ? Et si quelqu'un mourait ? Elle n'avait jamais vu quelqu'un mourir, même lors de son stage aux urgences, car elle n'était pas encore sur les cas graves. À la maternité, des drames pouvaient arriver mais il n'y avait rien eu pendant ses gardes à elle, juste quelques récits de collègues. L'angoisse sera brusquement le ventre de Marlene alors que la pluie se mettait à tomber. Ce n'était pas le temps idéal pour une intervention, elle n'avait jamais travaillé dehors non plus... Mais elle devait garder son sang-froid, même si c'était sa première sortie en tant qu'apprentie médicomage. Elle devait prouver qu'ils n'avaient pas eu tort de la sélectionner et d'accepter sa réorientation. En plus comme le disait James, il y avait deux victimes dont un enfant... Elle avait peur d'être pétrifiée devant les souffrances d'un enfant. Et s'il mourait ? Elle inspira profondément pour calmer son angoisse et plongea la main dans sa poche pour vérifier qu'elle avait bien son petit tube d'huile essentielle à respirer en cas de stress trop grand. Elle l'avait pendant les ASPICS et ça c'était mieux passé que les BUSES.

Que James fasse appel à ses connaissances la rassurait un peu. C'était toujours plus concret pour elle de se raccrocher à ce qu'elle maitrisait. De la poche de sa blouse, elle sortit un petit carnet dans lequel elle avait rassemblé des informations importantes de ses cours de sage-femme et de ses révisions. Elle avait noté les protocoles pour différentes situations et faisait tourner les pages pour trouver ce qui pourrait correspondre au mieux à un désartibulage. Elle ne savait pas... Elle avait arrêt cardiaque et hémorragie. Hémorragie peut-être, comme James avait dit qu'il pouvait y avoir de graves saignements... Elle se pencha vers sa petite écriture ronde pour se relire.

- Alors...  dans le cas d'une hémorragie... reconnaissance de la situation d'hémorragie, pression artérielle systolique en dessous de 90, tachycardie au dessus de 120 bpm... Il faut ensuite s'assurer de la transmission du bilan secouriste... Ah bah non ça c'est nous, réalisa-t-elle un peu penaude en secouant la tête. Et euh... Faire l'anamnèse... Notamment sur les traitements anticoagulants et bêtabloquants, vérifier les paramètres vitaux... Prioriser les gestes secouristes de contrôle des hémorragies externes, administrer de l'oxygène le plus précocement possible... mise en place d'une VVP de gros calibre et réalisation d'un groupage sanguin pour la potion de régénération sanguine... Et euh c'est tout ce que j'ai noté.

Elle releva la tête vers James, tournant machinalement les pages de son carnet. Elle réalisa un peu tard que ce carnet-là, elle l'avait eu à Noël dernier dans un lot de papeterie qui lui avait été offert... Par lui, justement. Elle adorait les carnets, il le savait et celui-là était très beau alors elle avait mis dedans toutes les informations importantes pour l'emmener avec elle toute la journée. Gênée, elle s'empressa de le ranger dans sa blouse en rougissant. Génial, maintenant il allait croire qu'elle était encore folle amoureuse de lui et qu'elle s'endormait le soir en sniffant l'odeur des cadeaux qu'il lui avait offert. Alors que pas du tout. C'était un beau carnet elle avait commencé à le remplir quand ils étaient encore ensemble, elle n'allait pas le jeter. Et puis elle aurait pu avoir ce carnet n'importe où, clairement. Même si James avait fait graver la couverture émeraude avec son prénom à elle, dans une belle écriture. Pure coïncidence. Elle fit mine de se rattacher les cheveux pour dissimuler un peu sa gêne, le coeur battant.

- J'en ai d'autres, des fiches, finit-elle par dire avec un peu d'hésitation, mais comme on ne sait pas vers quoi on va... C'est dur ça, en fait. À l'hôpital, on te dit ce qui arrive et toi... tu sais jamais ce que tu trouves, par contre.


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James Carter-Barclay
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Carter's Anatomy [Marlene & James] Icon_minitimeDim 23 Déc 2018 - 12:49
« Je suis multitâche, je peux faire les deux. » rétorqua James avec un sourire impertinent.

Il reporta toutefois son regard sur la route, qui se dégageait au fur et à mesure qu’ils sortaient de la banlieue de Londres pour filer vers le Nord. Il accéléra encore, lançant l’ambulance à pleine vitesse alors qu’un regard à l’heure qui s’affichait sur le tableau de bord lui tirait une grimace.

« On nous appelle pour moins que ça encore. » soupira James. « C’est à celui qui travaille à la Centrale de répartir les appels en fonction de leur degré d’urgence, voire de conseiller aux patients de rester chez eux et de se rendre chez leur médecin le lendemain. Mais parfois, ils ne donnent pas les véritables détails. Il y a… deux semaines, je dirai, j’ai été appelé pour ce qui semblait être une fracture ouverte du tibia. La dame s’était juste cogné le pied dans une table et avait dû mal à le poser par terre… » James soupira, enclencha son clignotant droit et emprunta la sortie à toute vitesse, sans prendre la peine de décélérer.

James écouta avec attention les paroles de Marlene, ses sourcils légèrement froncés par la concentration et hocha la tête comme pour confirmer ses propos.

« Sur la théorie, c’est à peu près ça. » lança-t-il en contrôlant ses rétroviseurs. « Il y a quelques ajustements à faire en fonction de la situation. Ce qui est vraiment difficile, en fait, c’est de parvenir à déterminer le degré d’urgence dans une situation. » Il hésita un instant, puis reprit : « Par exemple, quand une femme enceinte a un accident, on essaie de sauver la femme avant le bébé. Quand on peut faire les deux, c’est mieux, mais quand ce n’est pas le cas… » il grimaça ; c’était une décision qui alourdissait la conscience de chaque secouriste. « C’est la même chose lorsqu’il y a plusieurs victimes : on doit secourir le plus urgent, mais, surtout, celui qui a le plus de chance de s’en sortir. Dans des situations de crise, on organise un triage et on étiquète les patients qui ne sont pas morts mais que, pour autant, on ne va pas traiter, parce qu’on sait qu’on perdra trop de temps à essayer de les sauver par rapport aux chances qu’ils ont de s’en sortir. » Il poussa un long soupir et secoua la tête pour chasser ces sombres pensées.

Son mouvement le conduit à apercevoir, du coin de l’œil, le carnet que Marlene tenait entre les mains. Il n’eut pas besoin de plus d’une seconde pour faire le lien et sentit une gêne l’envahir doucement. Ce carnet, il l’avait offert à Marlene lors du dernier Noël qu’ils avaient passé ensemble. Ce n’était pas simple carnet qu’il avait acheté dans une papeterie ; il avait passé des jours et des jours à le chercher pour finalement le dénicher dans une minuscule librairie au sud de Londres. Le papier était épais, antique, et sentait bon l’odeur des vieux livres. Il avait inscrit le nom de Marlene avec un sort de gravure et s’était exercé plus d’une centaine de fois sur du bois pour être satisfait de l’écriture.

La vue de ce carnet eut don de faire accélérer les battements de son cœur et ses doigts se resserrèrent autour du volant de l’ambulance. Pour contenir son malaise, il se passa une main dans les cheveux, dévoilant au passage une jolie montre bleue qu’il portait toujours au poignet. Montre offerte par Marlene, réalisa-t-il en se raclant la gorge. Cette constatation lui laissa un goût amer dans la bouche alors qu’une habituelle sensation de tristesse s’emparait de lui.

Marlene finit par briser le silence qui s’était installé dans l’habitacle, permettant à James se rebondir sur ses paroles.

« Oui, parfois il vaut mieux attendre d’être face à la situation pour pouvoir agir sans avoir d’idées préconçues. » confirma James. Il s’apprêtait à rajouter quelque chose lorsque sa radio grésilla.

«  87, vous en êtes où ? »
« On arrive à Leeds dans trois minutes. » répondit James en accélérant encore un peu.
« Reçu. »

La centrale coupa court à la concentration et le visage de James se ferma, tendu par la concentration. En quelques minutes ils furent à l’adresse qui leur avait été transmise. En un bond, James fut à l’extérieur de l’ambulance. Il saisit un imposant sac qu’il balança sur ses épaules et en lança un semblable à Marlene.

« Ici ! Ici ! » appela une sorcière qui accourut vers eux. Elle avait les yeux embués, sa robe barbouillée de sang et son chapeau de travers. « Dépêchez-vous ! » James la suivit sans hésiter et pressa le pas jusqu’à se retrouver sur le perron d’une petite maison de banlieue.

Le spectacle qu’il découvrit lui fit écarquiller les yeux et il dût faire appel à son professionnalisme pour retenir un hoquet de surprise et d’effroi. Un homme – la victime de 27 ans, assurément – avait perdu sa main dans le transplanage. Il tenait contre lui avec son bras valide le corps d’un petit garçon de huit ans qui sanglotait faiblement. James se fraya un passage vers eux.

« Monsieur, pardon… » lui lança-t-il avant de le repousser sans ménagement. La vue brouillée par les larmes, l’homme en question s’effondra contre le mur, laissant à James l’occasion d’examiner les blessures de l’enfant. Il présentait une plaie ouverte à l’abdomen qui saignait abondamment. James retint de justesse un juron, passa des gants en latex et saisit une large compresse avec laquelle il appuya sur la blessure.

« Marlene, occupe-toi de la blessure du monsieur. Elle ne saigne pas, donc tu peux seulement la bander pour l’instant et prendre les PV. » indiqua-t-il. « Madame ? C’est votre enfant ? » interrogea-t-il. La sorcière, le visage baigné de larmes, acquiesça. « Est-ce qu’il a des problèmes de santé ? Est-ce qu’il prend des médicaments ? »
« N… N… Non. » bégaya-t-elle.

James reporta son attention sur le petit garçon, qui l’observait avec un regard absolument effrayé. James lui offrit son sourire le plus réconfortant.

« Salut bonhomme. » lança James, « Comment tu t’appelles ? »
« Er… Erwan. »
”Enchanté Erwan, moi c’est James. Et elle, c’est Marlene. » indiqua-t-il en la désignant du menton. « Comment tu te sens ? » demanda-t-il alors qu’il s’affairait auprès de l’enfant. Il fouilla un instant dans son sac et en sortit un petit boitier noir pourvu de long fils et de patchs qu’il apposa à différents endroits du corps de l’enfant.
« Fatigué. » répondit-il d’une voix faiblarde.
« Tu ne vas quand même t’endormir devant moi, Erwan ? » demanda James en enclenchant la petite boîte noire qui lui permettait de lire les paramètres vitaux de l’enfant. Ils n’étaient pas excellents, mais pas catastrophiques non plus. « Parce que là on s’apprête à partir à l’aventure et ce serait quand même bien dommage que tu dormes ! »
« A l’aventure ? » interrogea-t-il d’une voix ensommeillée.
« Exactement ! » lança-t-il en saisissant une seringue. Il ajusta le dosage et piqua l’enfant au niveau du bras. « Tu es sur le point de monter à bord du véhicule le plus rapide du monde… »
« Plus rapide que les vaisseaux dans Star Wars ? » demanda l’enfant d’une voix lointaine.
« Rien ne peut être plus rapide que le Faucon, Erwan. » contra James en maintenant le bras gauche de l’enfant pour poser une voie veineuse. Il s’interrompit le temps de parvenir à monter tout le système et reprit : « Mais c’est Han Solo en personne qui m’a appris à conduire… »
« Tu mens… » contra Erwan en toussant. Il cracha un peu de sang, ce qui tira un regard inquiet à James.
« Pas du tout. Je pourrais t’apprendre un jour aussi, si tu veux. » proposa-t-il en bandant consciencieusement l’abdomen du jeune garçon. Le bandage se tacha rapidement de rouge et James s’empressa de lui administrer une seconde potion de coagulation par voie veineuse, couplée à une potion de force.
« Ok, mais seulement si je peux conduire le Faucon… »
« J’en toucherai deux mots à Han, promis. » sourit James.

Puis, il baissa le menton vers sa radio, et contacta la Centrale de St Mangouste.
« 87 à Centrale. On va avoir besoin d’une seconde ambulance pour emmener les patients à l’hôpital. »
« On a prévenu 51, ils devraient arriver d’ici cinq minutes. »
« Merci. »

La communication s’arrêta et James put reporter son attention sur Erwan. Sa tension était remontée légèrement avec la poche de sérum physiologique qui était en train de passer. Les battements de son cœur, encore faibles, n’étaient plus critiques. Seule la blessure continuait de saigner et James n’avait qu’une hâte : quitter les lieux pour l’emmener à l’hôpital.

« Marlene ? Tout va bien ? » demanda-t-il en glissant un regard vers son ex petite-amie. Ses yeux revinrent bien vite sur Erwan, qui sombrait peu à peu dans le sommeil. « Erwan ! Tu ne veux pas manquer le voyage en vaisseau spatial quand même ? »
« Non, non. »

Le ton faiblard de la réponse ne rassura par le secouriste qui s’empressa de lui administrer une nouvelle potion de force avant de consulter sa montre.

Encore trois minutes.
Marlene Carter-Barclay
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Carter's Anatomy [Marlene & James] Icon_minitimeJeu 27 Déc 2018 - 0:12
Marlene leva ostensiblement les yeux au ciel quand James affirma qu'il était multitâche et qu'il pouvait donc conduire et se moquer d'elle. En réalité, elle avait un peu envie de sourire. Elle tourna la tête vers la vitre pour regarder dehors, afin de dissimuler un peu son amusement. Elle n'était pas censée s'amuser, il n'était pas censé l'amuser. Ils étaient séparés donc ils ne s'amusaient plus et elle ne le trouvait plus drôle et d'ailleurs, il n'était pas drôle, il était juste prétentieux et absolument pas multitâche. C'était comme quand il fabriquait des balais en papier quand ils étaient en réunion préfectorale : complètement inadapté. D'ailleurs, le fait de s'amuser avec lui était également inadapté parce qu'elle n'en n'avait plus envie. On ne s'amusait pas avec le garçon qui avait rompu avec vous.

Heureusement que la situation lui permettait de vite retrouver son sérieux. Ils n'étaient clairement pas là pour plaisanter et elle n'en n'avait d'ailleurs pas envie (car, rappelons-le, il n'était pas drôle).  Parce qu'ils étaient là, ils s'amusaient, il lui faisait un sourire et après elle se faisait des idées et après c'était la déprime, la dépression et le pot de glace devant Vampire Diaries. Donc non merci. Elle allait être très professionnelle à partir de maintenant et oublier que James et elle étaient sortis ensemble. Il n'était que Carter, comme avant. Et elle, elle était une Médicomage en formation et elle avait beaucoup de choses à apprendre. En plus, elle allait être notée sur cette journée et elle ne voulait pas avoir une mauvaise note. Enfin, il n'allait pas lui en mettre une et saborder sa formation, non ? Ils se connaissaient. Il lui devait quand même une bonne note, non ? En même temps, elle ne pouvait pas à la fois se dire professionnelle et espérer une bonne note de la part de son ex, c'était un peu contradictoire... Un peu perturbée et agacée par tout cela, Marlene se redressa dans son siège pour écouter James qui lui racontait sa dernière intervention. Professionnelle on avait dit. Ne plus penser à rien en dehors du boulot. Ils avaient vingt-quatre heures à tirer et pendant ces vingt-quatre heures, elle n'aurait aucune pensée déplacée. À chaque pensée déplacée, elle claquerait l'élastique sur son poignet en guise de punition. Le conditionnement par la douleur, très utile selon son père.

- Et vous l'avez emmenée aux urgences, du coup ? interrogea Marlene en rattrapant le fil de la conversation.

Elle se tendit alors qu'il accélérait et serra un peu plus fort la poignée dans sa main. Elle notait de ne plus monter en voiture avec lui après cette journée, plus jamais. Enfin, elle n'aurait plus de raison de monter puisqu'ils ne se voyaient plus depuis leur rupture... Marlene chassa cette brusque pensée triste de son esprit et fit claquer son élastique noir sur la peau fine de son poignet pour compenser. Ne. Plus. Y. Penser. Parler d'hémorragie, c'était beaucoup moins douloureux (pour elle en tout cas, pas pour les patients...) et cela la rassurait un peu sur ce qui les attendait. Elle connaissait des choses, elle connaissait des soins, elle savait faire un point de compression... Mais le discours de James ne tendait pas à la sécuriser. Nerveuse, elle avait tourné ses yeux noirs vers lui, alors qu'il parlait d'ajustements à faire. Elle n'aimait pas trop les ajustements, elle aimait les règles claires...

- C'était aussi la règle à la maternité, répondit-elle d'une petite voix. Mais j'ai jamais eu à faire ce choix-là, j'étais toujours encadrée et quand on a eu des soucis, ça s'est toujours bien terminé pour les deux... Sauf que là, c'était différent, ce n'était pas une naissance dans le contexte sécurisé de la maternité avec les gynécomages et les sage-femmes, c'était le terrain, là où son seul filet de sécurité était James. Et ils avaient commencé à travailler en même temps. Elle se sentait tendue. Même la vision réconfortante de ses notes ne l'aidait pas. Elle savait bien qu'en se lançant en Médicomagie, elle verrait des choses plus brutales, comme lors de son stage aux urgences mais c'était angoissant d'y être de nouveau confrontée. Quand James parlait de triage, elle se doutait bien de la situation à laquelle il référait. Il travaillait ce jour-là lui aussi. C'est pas les choses que j'ai hâte de croiser, souffla-t-elle.

Elle avait assuré à son entretien qu'elle saurait capable de les gérer et elle l'espérait. C'est juste que c'était sûrement très difficile et elle en avait peur, elle ne se sentait pas assez formée malgré ses études précédentes et ses jolies notes. Elle sentit le regard de James sur son carnet et elle sut qu'il l'avait reconnu, ce qui l'embarrassa. Elle se dépêcha de le ranger dans sa poche de blouse comme pour le cacher. Super, cela allait arranger l'ambiance entre eux, vraiment. Elle s'attendait presque à ce que James fasse une remarque mais il se contenta de passer sa main dans ses cheveux, parce qu'il était gêné. Elle le connaissait bien. Il devait la prendre pour une pauvre fille. Enfin, il aurait pu s'il ne portait pas cette montre au poignet... C'était son cadeau de Noël. Elle voulait lui offrir quelque chose de véritablement utile et qu'il puisse avoir souvent avec lui. Elle l'avait fait graver, au dos... Cette constatation, le fait qu'il la porte encore, lui mit un véritable coup au coeur qu'elle n'avait pas anticipé. Elle sentit une vague de chagrin la saborder et elle se tourna un peu brusquement vers la fenêtre pour cacher ses yeux un peu humides, qu'elle essuya discrètement. C'était toujours comme cela, elle avait ses hauts, ses bas, les moments où elle se disait que tant pis pour lui, il ne la méritait pas, et elle allait très bien s'en sortir sans lui, elle n'avait pas besoin de lui. Et les autres, où il lui manquait terriblement, au point qu'elle en ressente comme un creux dans la poitrine. Il y avait ces nuits où elle n'arrivait pas à dormir parce qu'elle avait envie de se blottir dans ses bras, ces mauvaises journées où elle relisait toutes leurs conversations et leurs lettres. Toutes ces fois où elle avait failli aller frapper chez lui pour s'excuser et lui dire qu'elle allait faire tous les efforts du monde, qu'elle promettait.

Elle souffla pour se calmer, profitant de l'appel de la radio pour essuyer bien ses yeux et être sûre que James n'ait rien vu. Elle sortit son petit stick d'huiles essentielles de sa poche pour en déposer un peu sur son poignet, afin de se calmer. Ce n'était clairement pas le moment de déprimer à cause de sa rupture, pas avec son ex à côté, et pas alors qu'ils arrivaient sur une intervention. Le silence se fit dans l'ambulance jusqu'à ce qu'ils arrivent, sous une pluie battante. James descendit de l'ambulance en un bond, Marlene fut un peu plus lente, avec moins de réflexes. Sans qu'elle comprenne vraiment ce qui lui arrivait, il lui avait balancé un gros sac dans les bras - qu'elle se prit un peu dans le visage - et se dirigeait déjà vers une sorcière pleine de sang à l'air déboussolé. Il pleuvait dru, ce qui n'aidait pas à la visibilité. Ils avancèrent jusqu'au perron d'une maison, jusqu'à une scène assez cauchemardesque. Un homme, dépossédé de sa main, tenait contre lui un enfant qui saignait abondamment. Les pierres étaient nimbées de rouge. Heureusement qu'elle avait déjà assisté à des hémorragies plus sanglantes encore, sinon, Marlene aurait été pétrifiée. James repoussa l'homme sans grande douceur, qui alla s'effondrer contre le mur, visiblement bouleversé.

Marlene hocha la tête quand James lui lança de s'occuper de la victime la plus âgée, pas mécontente de ne pas gérer la plaie thoracique du petit qui avait l'air grave. Les adultes, elle maitrisait mieux. Elle prit une inspiration et s'agenouilla auprès de l'homme,  prenant son poignet sans main entre ses doigts.

- Bonjour, souffla-t-elle alors qu'il ne la regardait même pas, trop concentré sur l'enfant. Je m'appelle Marlene.

À la maternité, en tant que sage-femmes, elles se présentaient toujours à leurs patientes, pour les rassurer, et elle avait gardé ce réflexe.

- Je vais examiner votre main, d'accord ?

L'homme hocha la tête mais il semblait s'en ficher, trop préoccupé par le devenir de l'enfant, Erwan. Elle tendait l'oreille vers James, pour savoir comment cela se passait de son côté. La blessure était très propre, le transplanage avait au moins eu cet avantage. On apercevait l'os parfaitement sectionné et elle ne pouvait pas s'empêcher de trouver ça beaucoup trop intéressant. Elle ouvrit le sac pour fouiller dedans afin de trouver de quoi désinfecter et bander, tout en posant les yeux sur le petit Erwan et James. Qu'il se sente fatigué, ce n'était pas vraiment bon signe, il avait sûrement perdu beaucoup de sang... Elle extirpa des compresses qu'elle imbiba avant de nettoyer par prudence la plaie. James savait y faire en tout cas, avec le petit, il arrivait à faire ses soins tout en le faisant parler - pour qu'il reste conscient - et le rassurait. Il était adorable avec ses allusions à Star Wars, qui semblaient fonctionner sur Erwan. Marlene dû retenir un sourire alors qu'il mentionnait le Faucon. Ils avaient revu ces films ensemble, elle s'en rappelait encore, quand ils avaient passé quelques jours ensemble autour du Nouvel An, ils venaient à peine de se mettre ensemble... Elle chassa ces pensées de son esprit alors qu'elle appliquait consciencieusement sa bande autour du moignon, sans trop serrer. Professionnelle, on avait dit. Elle ne pouvait pas trouver son collègue adorable, sauf professionnellement parlant.

- Pas trop serré ? s'enquit Marlene auprès de l'homme qu'elle soignait.

Ce dernier secoua la tête alors qu'elle fouillait dans le sac pour trouver de quoi prendre les constantes.

- Ça va aller ? demanda-t-il d'une voix rauque, sans lâcher Erwan du regard.

Marlene aurait aimé répondre et promettre que oui mais elle avait déjà appris à ne pas le faire. Elle tourna la tête vers James et le petit garçon ensanglanté, avec ses voies de posées, ses bandages ensanglantés et elle posa les yeux sur son patient à elle.

- On fait tout ce qu'il faut.

Lui, en tout cas, il irait sûrement bien. Ses constantes étaient plutôt bonnes, constata-t-elle en vérifiant, et il ne semblait pas avoir d'autres blessures. Évidemment, on n'était pas à l'abris de dégâts internes mais sa tension était bonne, songea-t-elle en enlevant le brassard, ce qui était bon signe. James avait déjà appelé une autre ambulance pour les transporter. Elle se rendit compte à cet instant, où elle se relâcha quelque peu, qu'elle avait le coeur qui battait très vite, du sang sur sa blouse, parce qu'elle s'était agenouillé sur le sol souillé. Elle avait arrêté de sentir la pluie, un peu trop concentrée sur ce qu'elle faisait. Elle se repassait dans sa tête ses listes d'intervention, pour ne rien oublier, mais il lui semblait qu'elle ne passait à côté de rien. L'interpellation de James lui fit tourner la tête. L'espace d'un instant, elle crut que c'était de son état à elle qu'il s'enquérait, comme s'il pouvait s'inquiéter pour elle. Mais non, il parlait sûrement du patient. Elle hocha la tête.

- Tout va bien, j'ai bandé la blessure, pas de saignement, les constantes sont bonnes.

Ce fut ce moment-là que choisit Erwan pour somnoler un peu. Ce n'était jamais bon signe, du tout. La dernière fois qu'ils avaient eu ça, à la maternité, la maman faisait une hémorragie de la délivrance. Mais ils étaient plusieurs, à l'hôpital. Là, ils étaient tous les deux sur un perron. La dame qui les avait accueillis revenait vers eux en courant, tenant à bout de bras un linge à carreaux. Elle avait perdu son chapeau et semblait encore plus perdue que tout à l'heure.

- Je l'ai retrouvée ! s'exclama-t-elle. Je l'ai retrouvée !

Elle tendit le paquet à Marlene qui le saisit, un peu circonspecte, pour l'ouvrir. À l'intérieur, il y avait une main coupée. Il manquait un doigt à ladite-main, le majeur, mais sinon, elle semblait plutôt entière. Bonne nouvelle pour le patient, même si c'était un peu dégoûtant quand même... Marly se tourna vers James.

- J'ai, euh, le bout manquant.
- C'est ma main ? souffla son patient.
- Oui mais c'est bien qu'on l'ait retrouvée, peut-être qu'on pourra vous la remettre...

Elle ne trouvait pas de sachet en plastique comme ils avaient à la maternité dans le sac, aussi attrapa-t-elle un gant en latex qu'elle agrandit d'un coup de baguette magique afin d'en faire un sac (en forme de main, donc, pour y mettre une main coupée, beaucoup d'ironie là-dedans).

- Glacere, murmura-t-elle pour faire apparaître de la glace pilée à l'intérieur.

Souvent utilisé pour des mojitos, ce charme paraissait moins anodin, soudain. Elle referma le sac à main (littéralement) afin que le membre ne s'abime pas trop avant d'arriver à l'hôpital. L'ambulance de soutien ne devrait plus tarder maintenant...




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Carter's Anatomy [Marlene & James] Icon_minitimeJeu 27 Déc 2018 - 16:21
James hocha la tête avant de couler un regard inquiet vers Marlene. Pris dans l’action du moment, il avait oublié de s’enquérir de l’état de cette dernière, qui n’était pas habituée à intervenir sur des scènes aussi sanglantes. D’autorité, il lui avait attribué le patient le moins « compliqué » et venait seulement de prendre conscience que, pour autant, se retrouver face à un moignon n’était pas exactement évident non plus. Il eut envie de la questionner, mais se ravisa au dernier moment ; déjà, parce qu’Erwan menaçait cruellement de s’endormir et ensuite parce qu’il s’efforçait de rester professionnel vis-à-vis de la jeune femme ; or, ce pincement au cœur qu’il ressentait à l’idée de l’avoir mise en difficulté n’avait rien de professionnel.

« Erwan ? » James posa une main sur l’épaule du garçon, qui ouvrit les yeux, visiblement un peu rasséréné par la potion de force qu’il venait de lui administrer. « Reste éveillé bonhomme… » lui intima-t-il en changeant la poche de solution saline qui lui permettait de maintenir sa tension dans des valeurs à peu près correctes.

Le garçon hocha la tête avec application et, alors que James s’apprêtait à relancer la conversation avec lui, son regard fut happé par la femme qui les avait accueillis précédemment et qui s’avançait désormais vers eux en brandissant un sachet.

« Ah. » lâcha James. ”Met-la dans de la glace, on verra ce qu’ils peuvent faire à l’hôpital. » lui lança-t-il en reportant son attention sur Erwan.

« C’est quoi ? » interrogea-t-il.
« La main de ton père » faillit lâcher James, beaucoup trop honnête comme à son habitude. Il se rattrapa de justesse.
« Quelque chose qu’on doit amener à l’hôpital. » répondit prudemment James en vérifiant d’un coup d’œil les constantes du garçon. Elles n’étaient pas catastrophiques, mais pas vraiment stables non plus. Les battements du cœur étaient bien trop rapides pour ne pas être inquiétants…
« On part quand ? J’veux monter dans l’Faucon moi. »
« Dans deux minutes on attend seulement que… » Une sirène retentit alors et le visage de James s’éclaira d’un sourire : « Ah ! Voici les renforts ! »

Gowan bondit hors de l’ambulance, chargea un sac sur son dos et se précipita vers eux, suivit de près par une jeune étudiante en médicomagie dont James n’avait pas retenu le nom  au moment des présentations.

« Explique ? » lui lança Gowan en s’approchant avant de laisser tomber son lourd sac sur le sol.

James lui résuma brièvement la situation, indiqua les constances des deux patients et les actes déjà réalisés par Marlene et lui. Le froncement de sourcils inquiet de son collègue ne lui disait, malheureusement, rien qui vaille. Il préféra ne pas s’attarder dessus.

« On va amener Erwan à l’hôpital… »
« On reste avec le monsieur pour finir les soins et on vous suit. » termina Gowan en s’approchant de l’homme. Il fouilla dans son sac et lui administra une potion de force en intraveineuse.

« Marlene ? Tu peux m’aider avec le brancard ? » s’enquit James en faisant léviter jusqu’à eux une planche.

Une fois Erwan allongé correctement sur le brancard, James se chargea de le faire léviter jusqu’à son ambulance. Il l’installa à l’intérieur et monta à l’arrière à la suite de Marlene. La jeune femme n’avait pas son permis ; il était impossible qu’elle conduise l’ambulance à sa place. Pourtant, James n’était pas serein avec le fait de la laisser seule avec un enfant dont l’état était absolument instable.

« Bon, Erwan, on va pas tarder à décoller. » déclara James d’une voix grave, qu’il adoucit d’un sourire.
« Le Faucon d’Han Solo est beaucoup plus classe… »
« Il faut bien que je puisse venir sur Terre sans me faire remarquer ! » contra James en vérifiant les voies veineuses qu’il avait posé – elles étaient toujours en place
« C’est l’arnaque… »
”Attends de voir un peu comme il va vite… »

James sentait qu’il s’attardait un peu trop  à l’arrière, craignant de prendre le volant et qu’un malheur arrive. Il amorça un mouvement pour descendre.

« Tu vas où ? » l’interrompit Erwan en esquissant un geste pour se redresser. Il s’affaissa sur le brancard et poussa un râle de douleur.
« Eh bien, il faut bien qu’Han Solo conduise son vaisseau, sinon on ne va jamais partir ! »
« Oh… »
« Mais tu vas rester avec Marlene et tu vas voir, elle est top ! » assura James.
« C’est la princesse Leia ? » interrogea le garçon en coulant un regard vers la jolie rousse.
« Exactement. » répondit James avec un sourire doux qui lui meurtrit le cœur d’une douleur qu’il connaissait aujourd’hui trop bien. « Je te laisse avec la princesse, on se revoit tout à l’heure ! »

Il descendit de l’ambulance, s’apprêtait à refermer les portes, mais capta le regard de Marlene. « Tout va bien se passer » articula-t-il avant de bondir jusqu’à la place conducteur pour prendre le volant et démarrer sur les chapeaux de roues. En quelques secondes, le petit pavillon des parents d’Erwan était déjà loin et James s’engageait à toute vitesse sur une route nationale qui filait vers Londres. Il lâcha le volant d’une main pour ouvrir une trappe qui donnait directement sur l’arrière de l’ambulance. De cette façon, il pouvait observer Marlene et Erwan dans le rétroviseur.

« Tout va bien ? » demanda-t-il d’une voix forte.  
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Carter's Anatomy [Marlene & James] Icon_minitimeVen 4 Jan 2019 - 23:01
Marlene eut un air soulagé en entendant les sirènes de l'ambulance approcher. Avec les secours, elle se sentirait mieux car elle avait honnêtement l'impression de ne pas servir à grand-chose et de ne rien avoir à apporter sur cette scène. D'accord, elle avait pris les PV et fait un bandage mais ce n'était pas exceptionnel... James, lui, était un professionnel mais elle craignait de faire des bêtises. L'homme qui les avait accueillis à Sainte-Mangouste sortit du véhicule, accompagné d'une étudiante en Médicomagie des années supérieures que Marlene avait déjà croisé dans les couloirs de la petite aile de l'hôpital réservée aux étudiants et aux salles de classe. Un peu rassurée par cette soudaine arrivée, elle recula un peu face à son patient, pour laisser les vrais professionnels s'en charger. James fit un bon récapitulatif de la situation à l'autre ambulancier, alors que l'étudiante en Médico fouillait déjà dans un gros sac similaire au leur pour continuer les soins sur l'homme qui avait perdu sa main.

Marlene se redressa et hocha la tête quand James lui demanda de l'aide avec le brancard. À vrai dire, elle n'était pas certaine de ce qu'elle devait faire et de comment elle devait l'aider, aussi eut-elle l'air un peu perdu, les bras ballants quelques secondes. Finalement, James fit venir à eux la planche et elle l'aida à installer Erwan, qui souffrait quand on le déplaçait. Elle lui fit un sourire alors qu'elle tenait ses perfusions en hauteur, pour que les tubulures ne s'accrochent pas à quelque chose.

- Tu es prêt ? interrogea-t-elle alors qu'ils s'apprêtaient à le soulever pour qu'il puisse monter dans l'ambulance.

James le fit léviter et Marlene récupéra leurs sacs respectifs pour les charger à l'arrière, avec le reste du matériel. Elle pouvait sentir l'inquiétude de son ex, elle le connaissait bien, et il est vrai que l'état du petit garçon n'avait rien de rassurant. Heureusement, Erwan ne semblait pas trop s'inquiéter, grâce aux bons soins de James qui savait très bien comment le rassurer. Il savait toujours y faire avec les enfants, elle l'avait bien vu avec sa nièce, la petite fille de sa soeur, il adorait jouer avec elle. Même si leur jeune patient était déçu de ne pas voir le Faucon - il allait changer d'avis au vu de la vitesse où allait James, si on lui demandait son avis - il parlait et c'était bon signe. Elle essayait de se concentrer sur cela plutôt que sur l'angoisse qui montait petit à petit parce qu'elle réalisait que, James étant le conducteur, elle allait rester seule à l'arrière du véhicule. Alors elle avait déjà été seule avec des patients, elle avait fait des consultations, mais c'était dans un contexte tout à fait différent. Même les consultations gynécologiques d'urgence ne représentaient que rarement des dangers mortels et lors des accouchements, même quand elle passait faire des bilans seule, ses collègues sage-femmes n'étaient pas loin. En plus, elle savait faire naître un enfant... Là, c'était très différent. Elle croisa le regard de James alors qu'il s'apprêtait à descendre, ce qui fit vivement réagir Erwan, qui s'affaissa bien vite de douleur. Elle lui posa une main réconfortante sur l'épaule, pour l'inciter à rester allongé. Il valait mieux qu'il ne bouge pas trop.

Quand James la compara à la princesse Leia pour rassurer le petit garçon, elle eut un sourire et secoua doucement la tête, presque amusée. Ce n'était pas normal que ce bref compliment, que le fait qu'il dise à un patient qu'elle était "top" pour le rassurer, lui fasse tant plaisir. Elle devait surtout se concentrer sur assurer le voyage retour et que tout se passe bien pour Erwan. Elle sentait le léger poids de son carnet dans sa poche et cela la rassurait mais elle savait qu'en cas d'urgence, elle n'aurait pas le temps de le consulter patiemment pour aller de page en page. Elle croisa le regard de James alors qu'il s'apprêtait à descendre et il sembla sentir sa nervosité puisqu'il tenta de la rassurer silencieusement. Nerveuse, elle hocha la tête et se força à lui faire un sourire. Mais oui, cela allait. Erwan était plutôt stable pour le moment, les potions de force faisaient son effet. La porte se referma et Erwan et elle se retrouvèrent seuls alors que James allait démarrer. Marlene s'approcha du petit garçon et lui sourit, essayant de rester stable en se tenant aux poignées alors que l'ambulance partait en trombe.

- Alors, tu préfères lequel des Star Wars ?

Elle sembla lui avoir posé une colle puisque les sourcils du petit garçon se froncèrent alors qu'il réfléchissait à sa question.

- Euuuh.

Il entreprit de lui expliquer pourquoi il aimait bien La menace fantôme mais que, quand même, Le retour du Jedi, c'était cool aussi. Il avait la voix un peu pâteuse, elle l'entendait, semblait somnolent mais était toujours cohérent dans ses explications. Elle était en train de remplacer une poche quand la voix de James retentit. Elle tourna la tête pour voir qu'il avait ouvert la trame de séparation et hocha la tête alors qu'elle la fixait sur le pied à perfusion.

- Ça va pour le moment, n'est-ce pas Erwan ? On parle Star Wars...

Le sujet avait l'avantage de stimuler leur petit patient. Ce dernier hocha légèrement la tête et ferma les yeux. Il vivait un moment difficile, ses blessures étaient quand même importantes. Mais il ne pouvait pas s'endormir, c'était important qu'il reste bien éveillé.

- Erwan ? l'interpela Marlene. Tu redis à James ce que tu m'expliquais sur l'Académie des Jedis ?

Mais alors qu'il était si prompt quelques minutes plus tôt à exposer toutes ses théories, le petit garçon resta muet. Elle fronça immédiatement les sourcils, se penchant sur le brancard. Elle posa sa main sur son épaule et le secoua légèrement.

- Erwan ? Reste réveillé mon grand.

Mais aucune réponse. La main de Marlene glissa dans son cou pour prendre son pouls et sa brusque anxiété trouva un écho.

- Merde, jura-t-elle, ce qu'elle ne faisait que rarement. Il est en arrêt, s'exclama-t-elle.

Elle eut un instant d'hésitation. Que devait-elle faire ? Masser ? Tenter les sorts de réanimation ? Elle savait masser et lancer les sortilèges mais elle se retrouva pétrifiée quelques secondes. L'ambulance pila brusquement et elle ne se tenait plus alors elle fut un peu projetée à l'avant. Le temps qu'elle se redresse, les portes s'ouvraient sur James.

- Qu'est-ce qu'on fait ?!


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Carter's Anatomy [Marlene & James] Icon_minitimeMer 27 Mar 2019 - 20:38
James roulait rapidement, et son regard faisait des allers-retours entre la route – qui défilait à une vitesse folle – et le rétroviseur qui lui permettait de garder un œil sur ce qu’il se passait à l’arrière de l’ambulance. Les blessures d’Erwan étaient graves et engageaient sérieusement son pronostic vital. Les enfants étaient résistants – parfois même plus que les adultes – mais James ne pouvait s’empêcher de sentir une angoisse sourde gronder dans sa poitrine.

Aussi, il tendit l’oreille lorsqu’il perçut Marlene appeler le petit garçon à plusieurs reprises, sans avoir de réponses en retour. Inquiet, il risqua un regard un peu plus long vers la cabine, le temps d’apercevoir la jeune femme glisser ses mains dans son cou pour vérifier son pouls. Son exclamation délivra en James une décharge d’adrénaline et il pila sur la bande d’arrêt d’urgence pour sauter hors du véhicule. Une fraction de secondes plus tard, il ouvrait les portes de l’ambulance pour bondir aux côtés de la jeune femme dont l’anxiété était percevable dans le ton qu’elle employait. Il ne prit pas le temps de lui répondre, apposant ses deux mains sur le torse du petit pour commencer une réanimation cardio-pulmonaire. Son souffle s’accéléra sous l’effort et il jeta un regard inquiet et suppliant en direction du visage inanimé d’Erwan.

« Continue. » intima-t-il en lui laissant la place, pour fouiller sans attendre dans un des nombreux tiroirs de l’ambulance.

Il y sortit deux baguettes, qui ressemblaient à s’y méprendre à des baguettes magiques. Il décolla un embout plastique, et les apposa toutes les deux sur le torse du petit garçon.

« Stop, écarte-toi. » il pressa un bouton de la machine qui délivra une décharge. Le corps d’Erwan se souleva et retomba sur le brancard comme s’il avait été une poupée de chiffon.

« Allez… » souffla James en reprenant les compressions. Lorsque la machine, derrière lui, le lui indiqua, il cessa la réanimation et une seconde décharge fut envoyée.

Une seconde s’écoula – une seconde qui lui parut durer une éternité. Puis un « bip » régulier retentit dans l’habitacle.

« C’est bon, on a un rythme cardiaque. » Il sentit une énorme charge quitter ses épaules. « Salut bonhomme. » reprit-il d’une voix qu’il espérait ne pas être trop enrouée par l’émotion. Erwan, les yeux mi-clos, somnolait toujours mais son rythme cardiaque avait retrouvé une certaine stabilité. « Alors comme ça on ne supporte pas un petit vol en Faucon ? » James réarrangea ses perfusions, vérifia son bandage, et poursuivit : « Allez, on repart immédiatement, on n’est plus très loin de l’hôpital. » Il croisa le regard de Marlene. « Tu gères, tout va bien se passer. » Son ton ne souffrait d’aucune forme de contradiction.

Il quitta la cabine de l’ambulance pour se glisser derrière le volant et remit le contact. Il s’engagea sur la route, toujours aussi rapidement, gardant cette fois-ci son attention fixée sur la route, mais son oreille tendue vers l’habitacle. Les « bip » réguliers qui lui parvenaient suffisaient à le rassurer quant à l’état du garçon. Merlin merci, il resta à peu près stable pendant le reste du trajet et, enfin, James s’engagea dans la voie de l’hôpital réservée aux ambulances. Il freina le plus doucement possible, sortit du véhicule et ouvrit les portes arrières, immédiatement rejoint par deux médicomages.
« Erwan, 8 ans, accident de transplanage, plaie à l’abdomen, pas de problème de santé connu, pas de traitement. TA à 89/67, BPM à 80, Sat à 93%, Glasgow à 13 en arrivant sur les lieux. Probable hémorragie interne. Il a fait un arrêt dans l’ambulance, on l’a récupéré au bout de trois minutes. Il a 500mL de NaCl qui passe en ce moment. » James donna les dernières explications, puis tendit un dossier au médicomage le plus proche, alors qu’ils faisaient pénétrer le brancard dans un box des urgences. [color=orange] « Son père arrive dans l’autre ambulance. »[/coor] précisa-t-il.

Le médicomage hocha la tête et pénétra dans le box à la suite de son collègue. La porte se referma derrière eux et James poussa un profond soupir. Sa mission s’arrêtait là ; ce qui se passait derrière cette porte close n’était plus de son ressort, même s’il espérait fortement que l’issue soit favorable pour le petit Erwan. L’adrénaline retomba brutalement, le laissant étonnement épuisé. Il ferma brièvement les yeux et les rouvrit pour poser son regard sur Marlene.

« Tu as assuré, félicitations. » lança-t-il avec un sourire franc, sincère. « Tu te sens bien ? Tu as l’air un peu pâle… » ajouta-t-il ensuite en avisant la tête de son ex petite-amie.
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Carter's Anatomy [Marlene & James] Icon_minitimeMar 9 Avr 2019 - 12:37
Au cours de sa toute jeune carrière, Marlene n'avait fait face qu'à un arrêt cardiaque. C'était un sorcier de cinquante trois ans, lors de son stage aux urgences. Il était arrivé avec une douleur thoracique qui avait très vite dégénéré. Sa tutrice avait commencé le massage puis lui avait passé le relai, pour qu'elle s'entraîne un peu. Elle avait fait des compressions jusqu'à ne plus avoir de souffle, puis un infirmier avait pris le relai. Il avait été réanimé par les Médicomages et elle en avait été très soulagée. Ce souvenir évoquait chez elle des émotions tiraillées, entre inquiétude et fascination. Face au coeur arrêté d'Erwan, la réponse à apporter était pourtant claire mais elle n'arrivait pas à se lancer, à appuyer ses mains sur cette fine cage thoracique pour la presser. L'arrivée de James fut salvatrice et la poussa à se reprendre un peu alors qu'elle l'observait faire, plus réactif qu'elle. Marlene se sentait inutile, les mains relevées et ballantes, les pulsations de son propre pouls battant à ses oreilles. Sauf qu'elle ne put pas rester longtemps en retrait de la situation : elle se força à réfléchir et attrapa un ballonnet pour ventiler le petit garçon pendant les compressions de James. Ce poste lui allait très bien, jusqu'à ce qu'il se tourne vers elle pour lui intimer de prendre son relai. Son premier réflexe, infime, fut de secouer la tête. Mais elle ne pouvait pas avoir cette attitude, elle était étudiante en Médicomagie maintenant. Alors elle se poussa elle-même, se força et commença à masser avec une morbide inquiétude. Les seules choses qui défilaient dans sa tête étaient ses cours et formations sur le sujet. Placement des mains, rythme, elle comptait, recomptait, comptait, recomptait, ignorant son souffle qui s'échappait et ses muscles qui s'endolorissaient.

James avait fouillé dans les sacs pour en sortir les baguettes de réanimation, qui étaient spécialement ensorcelées pour jeter les sorts adéquats. Elle leva les mains comme on lui avait appris alors que la décharge partait. Anxieusement, elle guetta le visage d'Erwan comme s'il allait rouvrir les yeux immédiatement. Il n'en fit rien : James reprit les compressions alors qu'elle l'observait avec anxiété, pressant le ballon de manière régulière. Lorsqu'il cessa pour laisser place à la seconde décharge, le dos de Marlene touchait presque la paroi de l'ambulance tant elle avait reculé. Tout l'air de ses poumons sembla s'échapper alors qu'un immense soulagement le remplaçait, le son du coeur du petit garçon reprenant toute sa place dans le petit espace confiné. Elle approcha de nouveau, souriant doucement à l'enfant. James avait repris le contrôle de la situation et cherchait même à plaisanter pour le réanimer. Il vérifia la perfusion et elle s'apprêtait à lui demander ce qu'ils faisaient maintenant, s'ils attendaient de l'aide, quand il se tourna vers elle, pour lui dire d'un ton qui n'appelait pas au débat qu'elle allait gérer.

- Je...

Elle savait qu'il devait conduire et qu'ils ne devait pas rester là, sur le bord de la route, mais l'idée de rester seule avec Erwan la terrifiait. Et s'il faisait un nouveau arrêt ? Elle s'efforça de rationaliser ses pensées. Elle savait masser, elle avait massé et James avait été là immédiatement quand elle l'avait appelé. Ils pouvaient gérer. Et puis cela allait être son travail maintenant, elle voulait devenir Médicomage, elle allait devoir apprendre à gérer de telles situations. Un jour, elle serait entièrement responsable. Ce stage était là pour les confronter à la réalité du terrain et aux premiers secours et les premiers secours, c'était cela. Alors elle prit sur elle, enferma ses peurs dans un coin de son coeur et hocha la tête alors que James redescendait pour reprendre le volant. Elle croisa le regard d'Erwan et lui sourit, parce qu'elle ne pouvait pas avoir l'air terrifiée alors qu'elle devait s'occuper de lui. Elle fit le tour pour être à sa gauche, comme au début, et prit sa toute petite main dans la sienne pour le rassurer. Il avait la respiration un peur rapide et elle se retourna pour attraper un masque à oxygène, déverrouillant le petit chaudron qui contenait le produit.

- Attends, regarde, je vais te déguiser en Dark Vador.

Elle installa le masque sur son visage, ajustant l'élastique et Erwan prit une grande inspiration.

- Tu as vu ? Tu respires pareil.

Elle eut l'impression de distinguer en dessous un petit sourire et reprit sa main, surveillant avec anxiété ses constantes. Heureusement, James avait raison et ils n'étaient plus très loin de Sainte-Mangouste. Il se maintint jusqu'à l'arrêt de l'ambulance et l'ouverture des portes. Elle aida le reste de l'équipe à descendre le brancard alors que son ex faisait le bilan rapidement, les Médicomages commençant déjà à marcher vers les urgences. Le dossier fut transmis et Erwan fut emmené, laissant James et Marlene derrière, les portes de l'ambulance ouvertes et celles des urgences refermées. Ça y est, c'était terminé, leur petit patient était dans d'autres mains. Elle espérait que cela irait pour lui...

Comme un ballon qui se dégonfle, elle sentit l'adrénaline retomber et elle eut un vertige. Ses oreilles bourdonnaient un peu et elle n'entendit pas la voix de James avant qu'il ne lui demande si elle se sentait bien. Elle secoua la tête et se pencha un petit peu, ses mains prenant appui sur ses genoux.

- J'ai un peu la tête qui tourne... Je crois que j'ai besoin d'une minute.

Elle ferma les yeux, soufflant un bon coup. Cela avait été un gros coup de stress et même si maintenant, elle était plus rassurée, elle avait toujours l'impression que son coeur allait à mille à l'heure.

- Je ne sais pas comment tu fais ça tous les jours, dit-elle sans rouvrir les yeux, toujours voutée.  


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Carter's Anatomy [Marlene & James] Icon_minitimeJeu 25 Avr 2019 - 17:08
James observa Marlene avec une inquiétude non feinte peinte sur son visage. Complètement concentré sur Erwan, il avait oublié que la jeune femme n’était pas habituée à assister à de telle scène, ni à agir avec la rapidité qu’on exigeait des ambulanciers. Il comprenait parfaitement que cela soit difficile à assimiler ; il gardait d’ailleurs un souvenir très clair de ses premières interventions lorsqu’il débutait sa formation, son attitude était alors très proche de celle de Marlene.

Il avisa ses yeux fermés, ses traits tirés et ne put s’empêcher de poser une main sur son épaule.

« Viens. » lui dit-il doucement en la guidant hors des urgences de St Mangouste – bondée aujourd’hui. Ils prirent immédiatement à gauche et se retrouvèrent dans une petite salle de pause, déserte à cette heure-ci. James lui intima de s’asseoir et se dirigea vers un mini réfrigérateur duquel il tira deux jus d’orange – sans pulpe pour Marlene, bien évidemment. Il lui tendit une brique et en garda une pour lui qu’il posa sur la table, avant de prendre place à côté de Marlene.

« Ca va un peu mieux ? » demanda-t-il en avisant le visage de Marlene ; il avait l’impression qu’elle reprenait un peu des couleurs.

Il frotta sa nuque rendue endolorie par le stress et laissa un petit silence s’installer entre eux.

« Je pense qu’on prend l’habitude. » lâcha-t-il ensuite, sans préambule, répondant à la question que Marlene lui avait posé quelques minutes plus tôt et à laquelle il n’avait pas pris le temps de répondre. « Tu te souviens du jour où j’ai fait ma première vraie intervention, ici ? Quand je suis rentré le soir, j’ai fait un malaise devant la porte d’entrée et tu m’as trouvé affalé sur le paillasson… » Il eut un léger rire – ce n’était définitivement pas son meilleur moment. « Tu m’avais fait avaler de force de l’eau sucrée absolument immonde, mais après, ça allait quand même mieux. En intervention, on n’a pas le temps de réfléchir, d’analyser l’effet que ces scènes ont sur nous. On agit, le plus vite et le plus efficacement possible. On fait des choix qui nous paraissent impossibles en seulement quelques secondes, on se bat à chaque moment contre la mort… Et quand tout ça retombe, quand d’un coup, on se retrouve seul, on est complètement sonné. » Il hocha doucement la tête. « Je me suis évanoui après ma première intervention. J’étais persuadé que je ne serai jamais capable de partir seul. Et pourtant… On s’habitue. On s’habitue à tout, je pense. »

Il releva son regard vers Marlene.

« Je ne plaisantais pas, tout à l’heure. Tu as assuré, aujourd’hui. Ce n’était pas évident, en plus, pour toi, de savoir comment te positionner. Et regarde-toi ! Première intervention, massif accident de transplanage, et tu es encore debout ! Tu t’en sors bien mieux que moi. » Il ricana un peu, avant de reprendre, plus sérieusement. « Tu es faîtes pour les urgences, j’en ai jamais douté. »  
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Carter's Anatomy [Marlene & James] Icon_minitimeJeu 27 Juin 2019 - 13:54
Marlene sentit la main de James se poser sur son épaule et elle secoua une nouvelle fois la tête comme pour lui demander de lui laisser deux minutes. Elle avait besoin de se poser un peu, le temps de se remettre de ce qu'ils venaient de vivre. Elle le réalisait maintenant mais Erwan aurait pu mourir, elle avait fait son massage mais il aurait pu mourir et cela aurait été... Elle ne voulait pas y penser. Elle savait que la formation aux premiers secours, que la journée passée auprès des ambulanciers, pouvait être intense mais elle le voyait maintenant qu'elle le vivait. Elle rouvrit les yeux alors qu'il lui intimait de venir, se redressant un peu, la tête bourdonnante. Elle se sentait vraiment faiblarde, c'était sûrement une petite chute de tension maintenant qu'elle relâchait la pression. Il la guida jusqu'à" une salle de pause et elle se vautra plus qu'elle ne s'assit sur l'un des canapés un peu trop mous. Elle appuya sa tête sur le dossier en soupirant, suivant James du regard. Il avait ouvert le frigo et lui tendait une petite brique de jus d'orange.

- Merci, souffla-t-elle en plantant la petite paille en plastique dans le carton.

Il s'installa à côté d'elle et elle eut le léger réflexe de se décaler, sans savoir pourquoi. Ils ne s'étaient pas revus depuis leur rupture et jusqu'ici, cela avait été plutôt professionnel, c'était plus facile d'être à l'aise (même si tout était relatif.) Là, c'est comme si elle ressentait le besoin de prendre un peu de distance, comme pour concrétiser leur nouveau lien. Elle sirota donc son jus d'orange à la paille, hochant la tête lorsqu'elle lui demanda si elle se sentait un peu mieux. Effectivement, elle avait l'impression d'être moins faible, son coeur se calmait un peu, surtout si elle ne repensait pas trop à leur intervention. Il fallait qu'elle se concentre sur les faits et les choses plus rationnelles, comme le fait que Erwan semblait aller bien, du moins, il était vivant lorsqu'il avait été pris en charge par les urgentistes. Un petit silence s'était noué entre eux, presque reposant. Ils laissaient tous les deux la tension retomber, enfin, elle imaginait que c'était aussi le cas pour James, même s'il était plus habitué. Il finit d'ailleurs par reprendre le terme, troublant la quiétude du lieu. Sans se redresser du canapé, Marlene tourna la tête vers lui pour l'observer.

- Oui je me souviens, répondit-elle dans un souffle, un petit sourire presque timide perçant sur ses lèvres.

Il était rentré si mal de ses premières gardes qu'elle s'était inquiétée pour lui. James était quelqu'un qui avait beaucoup d'empathie alors elle s'était dit que peut-être, ce n'était pas un métier pour lui à cause de toutes les choses difficiles qu'on pouvait y voir. Mais il avait fini par s'y faire, par s'endurcir en quelque sorte et cela lui avait beaucoup plu, il avait toujours eu l'air de s'y épanouir et c'était bien pour lui. Il avait raison, il y avait sûrement une part d'habitude et elle était toute nouvelle dans le domaine. Même s'il y avait eu des urgences dans sa précédente formation, à la maternité, elles avaient souvent été toutes autres puisqu'elle ne s'occupait pas des plus graves, la plupart du temps. Elle n'était alors qu'une débutante. Là, elle venait à peine de commencer les cours et c'était sa première véritable confrontation au terrain, sur le plan des urgences vitales, du moins. Alors lorsqu'il lui dit qu'elle s'en sortait très bien, qu'elle était faite pour les urgences, elle ne put s'empêcher d'avoir un grand sourire et le rouge lui monta un peu aux joues.

- Merci, c'est gentil !

C'était lui qui l'avait poussée à s'inscrire en Médicomagie, à demander sa réorientation alors qu'elle était persuadée qu'elle n'était pas assez bonne et qu'on allait lui dire non. C'était lui qui avait cru en elle sur ce plan et... elle l'en remerciait, elle l'avait fait quand elle avait été admise. Pourtant, cela n'avait pas vraiment été salutaire pour eux. Elle ne pouvait pas dire qu'ils s'étaient séparés à cause de cela mais lorsqu'elle y avait repensé plus tard, elle s'était dit que cela n'avait pas aidé. Elle avait moins de temps à leur consacrer car elle avait un planning de travail très chargé pour se mettre à jour dans ses apprentissage et lui était assez absorbé par son service et ses nouveaux copains, chose qu'elle ne pouvait pas forcément suivre. Ils s'étaient séparés avant qu'elle ne rentre en formation mais elle pensait que cela avait joué. Peut-être qu'il le pensait aussi, elle ne savait pas, ils n'avaient pas fait de bilan sur la question. Pourtant, il la soutenait encore. Elle en était bêtement contente.

- J'ai un peu peur de ne pas y arriver quand même, finit-elle par ajouter en levant légèrement ses épaules, sa blouse frictionnant contre le canapé. Ce sont tous des têtes de classe dans ma promo...

Elle, elle obtenait toutes ses bonnes notes au bout d'un dur labeur et des fois, elle échouait quand même.


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James Carter-Barclay
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Carter's Anatomy [Marlene & James] Icon_minitimeDim 22 Sep 2019 - 15:06
James sentit un sourire étirer ses lèvres en écho à celui que Marlene affichait sur son visage. Le moment était particulier, presque doux, et c'était étonnant avec ce lourd passif qu'ils traînaient derrière eux. Mais, brièvement, James eut l'impression de revenir des mois en arrière, quand Marlene et lui passaient des journées entières à bavarder sur son lit, et qu'il faisait des chocolats chauds très sucrés avec de la cannelle et de la guimauve, ce qui la faisait râler parce qu'elle trouvait qu'elle avait pris du poids et qu'elle devait faire plus attention à sa ligne. Alors James, pour couper court à ses protestations, la prenait dans ses bras et la portait jusqu'à la cuisine avec une facilité plutôt déconcertante, en lui expliquant qu'elle pourrait se préoccuper de ça lorsqu'il ne parviendrait plus à la soulever. Elle soupirait en souriant, alors il promettait qu'ils mangeraient une salade le soir, puis Grady rentrait avec une pizza au fromage et il lui faisait un regard contrit comme pour s'excuser, et mettait de la mâche à côté de la part de Marlene, "pour compenser." Le souvenir de ces doux moments le heurta avec une violence inouïe alors qu'il dévisageait la jeune femme dont le visage tiré témoignait de sa fatigue et du choc émotionnel qu'elle avait subi pendant cette intervention particulièrement éprouvante. Ils avaient été heureux, si heureux.

Mais repenser à ces instants de bonheur le ramena aussi à ce moment où tout avait basculé, où ils étaient passés d'amoureux à inconnus, où brusquement, tout avait cessé. Cela n'avait pas simplement été difficile, mais destructeur, comme un deuil qui arrivait, sans prévenir. Pendant des mois, il avait essayé de composer avec le deuil de Samantha, celui de Lauren, et celui de sa relation avec Marlene et il avait eu de la peine à maintenir la tête hors de l'eau. Les choses commençaient doucement à aller mieux, maintenant, mais il sentait encore que certains évènements mettaient à l'épreuve cette reconstruction difficile.

Pris entre deux sentiments contradictoires, qui lui enserraient le cœur et lui tordaient l'estomac, James lutta pour ne pas prendre la main de Marlene lorsqu'elle mit une nouvelle fois en doute ses capacités à venir au bout de sa formation de médicomage.

"Ce n'est pas parce que sont des têtes que ce seront de meilleurs médicomages que toi." affirma James en tournant la tête vers elle pour l'observer attentivement. "Evidemment, il y a énormément de choses à savoir, à retenir... Mais une fois sur le terrain, tu auras beau avoir eu de supers notes en cours, ça ne fera pas tout." Et il en était certain : combien d'élèves médicomages avaient cessé de pratiquer, une fois que leurs stages devenaient plus difficiles, où ils faisaient face à de grandes responsabilités ? "Etre médicomage c'est aussi... Instinctif, je dirais. Savoir comment traiter un patient, individualiser une prise en charge, savoir comment réagir dans telle ou telle situation... Ca ne s'apprend pas dans les livres." Il laissa un court moment de silence passer, et ajouta, presque rapidement, "Et ça, je sais que tu en es capable."

Le silence de la salle de garde dans laquelle ils se trouvaient se fit plus pesant, au fur et à mesure que James prenait conscience de sa proximité avec Marlene. C'était une mauvaise idée, lui souffla une petite voix dans sa tête alors qu'il observait la jeune femme. Ses yeux glissèrent vers ses lèvres et la petite voix se fit plus discrète, avant de disparaître complètement lorsqu'il prit conscience qu'il avait réellement envie de la retrouver, là, maintenant. Il ne saurait pas l'expliquer, il ne savait même pas ce que cela signifiait, il savait juste qu'il mourrait d'envie de l'embrasser.

Biiiiiiip, biiiiiiiiiiiiiip, biiiiiiiiiiiip.

Un son strident le tira de ses pensées brumeuses et il sursauta vivement en saisissant le petit boîtier noir accroché à sa ceinture. Celui qu'il avait donné à Marlene bipait en écho au sien. Il consulta les quelques informations distribuées (Londres, adulte 28 ans, conscient, probable fracture du fémur), et lança en se relevant d'un bond :

"Le devoir nous appelle, princesse Leïa !"
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Carter's Anatomy [Marlene & James] Icon_minitimeVen 18 Oct 2019 - 22:13
Cette discussion sonnait comme un écho pour Marlene. Ils avaient déjà discuté de ses craintes, de ses peurs. Elle avait toujours peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas être assez douée. Au début, elle ne voulait même pas postuler. L'envie avait commencé à la tarauder après quelques mois de formation. Elle aimait être sage-femme, elle aimait tout ce qu'elle apprenait mais elle avait l'impression qu'elle serait toujours limitée dans ce qu'elle ferait. La Médicomagie offrait plus d'opportunités... Mais elle ne se sentait pas d'aplomb. Avoir raté ses BUSES il y a quelques années avait fait du mal à sa confiance en elle. C'était James qui l'avait encouragée à postuler, c'était lui qui avait cru en elle. Elle n'aurait jamais eu le cran de se lancer sans son soutien. Et il avait eu raison : elle avait été admise, ce qui signifiait que sa candidature n'était pas complètement ridicule. Il l'avait soutenue dans ce projet alors qu'elle avait contrarié les leurs, les rêves qu'ils avaient faits pour eux. Comme ils étaient dans des formations courtes alors, ils se projetaient très vite dans un avenir commun. Cinq ans d'études, au minimum, c'était long. Pourtant, il l'avait toujours encouragée. Même maintenant, alors qu'ils avaient rompu, de manière conflictuelle, il la soutenait toujours. Il la rassurait encore.

Elle avait tourné la tête vers lui pour soutenir son regard. Elle pouvait voir dans ses yeux bruns à quel point il était sincère. Cette constatation réchauffait le coeur de Marlene autant qu'elle l'accélérait. Encore une fois, il avait les bons mots, une nouvelle fois, il savait exactement quoi lui dire pour l'apaiser. Les derniers mots qu'il ajouta firent rougir ses joues mais elle ne baissa pas la tête pour le cacher. Elle eut un sourire timide à son égard et un regard reconnaissant.

- C'est gentil...

C'était presque amusant de constater qu'ils étaient plus gentils l'un envers l'autre après avoir rompu qu'avant de sortir ensemble. Ils ne pouvaient pas se voir en peinture avant, elle ne se souvenait même plus pourquoi. Cela avait toujours été un peu comme ça, ils s'exaspéraient réciproquement. Cela n'avait pas disparu miraculeusement d'ailleurs : il était capable de la faire sortir de ses gonds et le contraire était parfaitement réciproque. Il la rendait dingue, des fois. Dans tous les sens du terme... Mais ils avaient appris à se découvrir quand ils étaient devenus Préfets-en-chef ensemble et surtout, après ce baiser volé échangé dans le Poudlard Express. Elle connaissait toutes ses qualités, autant que ses défauts, elle savait ce qui était merveilleux chez lui. Elle savait exactement ce qui lui manquait depuis leur séparation. L'instant s'effilait entre eux, sans qu'ils ne se lâchent du regard. À ce moment précis, l'espace entre eux était aussi nécessaire que terrible. Elle avait envie de se rapprocher de lui, elle avait envie de glisser sa main sur sa joue comme avant, elle avait envie de l'embrasser, de sentir ses doigts sur sa taille, son souffle sur sa peau, sa présence contre son coeur. C'était l'un de ces moments suspendus comme ils en avaient tant eu, surtout à Poudlard. Elle ne fit rien pour le troubler. Elle repoussa au loin toutes les voix rationnelles de son esprit qui lui disait de ne pas s'aventurer sur cette pente aussi tentante que glissante. Elle ne voulait pas penser. Elle ne voulait absolument pas réfléchir, pas maintenant. Elle ne voulait rien gâcher, elle ne voulait pas prendre de risques.

Elle fit un infime mouvement vers James.

Un son strident émana brusquement de son bipeur.

Elle sursauta brusquement, prise en faute. Leur moment volé s'écrasa contre le mur de la réalité, ramenant Marlene à des considérations plus profanes. Elle tenta d'annihiler le mélange de frustration et de culpabilité qu'elle ressentait tout en se redressant. Elle chercha une contenance quelque part du côté du sol, alors qu'elle n'osait plus regarder James. Elle n'avait pas eu des désirs très professionnels, contrairement à toutes ses bonnes résolutions. Et c'était une bêtise. Une très grosse bêtise. Elle savait parfaitement que rien de bien ne ressortirait de tout cela. Elle n'avait pas le loisir de se laisser aller à de tels élans, surtout pas dans le cadre du travail. Elle n'en ressortirait que plus blessée. Sa rupture avec lui n'était toujours pas digérée, ses sentiments pour lui n'étaient toujours pas effacés. Elle le savait parfaitement. Elle devait prendre sur elle, se rappeler de toutes ses belles résolutions et rester émotionnellement loin de James à défaut de pouvoir l'être physiquement. Ils allaient finir cette garde sagement, elle allait arrêter ses bêtises et tout allait bien se passer. Éprise de toutes ces bonnes décisions, Marlene se releva pour le suivre, hochant la tête. Pas de faiblesse. Pas de problèmes.


OOOOOOO
 

Elle n'aurait jamais pensé qu'il y aurait tant d'appels. James et elle n'avaient pas arrêté de la journée puis de la soirée et ils n'étaient pas les seuls. L'alarme résonnait tout le temps dans la caserne. Ils n'avaient pas pu se poser vraiment, juste une fois vers quinze heures pour déjeuner un peu, sur le pouce, avant de repartir pour un accouchement. Forcément, cela avait été l'une de ses interventions préférées, celle où elle s'était sentie le plus à l'aise. La naissance n'avait pas eu lieu sur place puisqu'ils avaient eu le temps d'amener la parturiente à la maternité mais elle s'était permis de prendre un peu le contrôle des choses. Ce domaine, elle maîtrisait et elle avait été plutôt fière de le montrer à James, lui qui l'avait guidée toute la matinée. Elle ne savait d'ailleurs pas comment il arrivait à enchainer autant : il parvenait à rester concentré, efficace et dynamique alors qu'elle commençait à être sur les rotules. La nuit était tombée depuis quelques heures sur le Royaume-Uni, il était presque minuit. Encore huit heures de garde. Elle espérait bien que les choses s'apaiseraient un peu, que les sorciers iraient se coucher pour qu'elle puisse elle aussi somnoler en salle de garde.

Ils venaient à peine de rentrer l'ambulance après une intervention sur un presque coma éthylique d'un étudiant de Lycaon (et on était mercredi et il n'était pas minuit, ils devaient vraiment se calmer ceux-là, l'alcool, ce n'était pas lol...) quand l'alarme stridente (qui commençait à irriter les nerfs de Marlene) avait retenti de nouveau. Heureusement, l'intervention n'était pas pour eux. Il restait encore un binôme d'ambulanciers, sans étudiant celui-là, qui avait pu prendre le cas. Marlene serait bien repartie à son casier, dans l'aile de la fac de Médicomagie, mais c'était bien trop loin. Tant pis, elle allait abandonner son panier repas sain et se contenter de manger une barre de chocolat issue des distributeurs. James était resté en bas pour remplir quelques papiers et elle était montée dans la salle de pause. Le canapé l'appelait, il l'appelait par son prénom, même. Elle avait glissé une noise dans la machine pour obtenir sa sucrerie en guise de dîner et avait enchaîné avec un café. Elle avait posé son repas de fortune sur la table basse. Sa blouse verte pâle était tâchée de potion de régénération sanguine (une poche avait éclaté entre ses mains en fin d'après-midi, quand James avait pris un dos d'âne à une vitesse hallucinante. Elle s'était légèrement crispée.) Elle avait un change dans son casier mais encore une fois, c'était si loin. Elle retira donc son haut et lança un Récurvite dessus. La tâche fut envahie de mousse et Marlene abandonna la pauvre blouse à sécher sur le dossier d'un fauteuil avant de se vautrer sur le canapé.

Elle ne devait pas avoir fière allure, songea-t-elle. Le débardeur noir qu'elle portait en dessous de sa blouse était un peu petit et remontait sur son ventre, ses baskets blanches avaient une tâche de sang, suite à l'intervention de ce matin, avec le petit Erwan. Elle avait recoiffé ses cheveux cinq fois dans la journée mais sa queue de cheval ne devait plus ressembler à grand-chose. Elle n'aurait pas dû se maquiller les yeux avant de partir, songea-t-elle, parce qu'elle ne pouvait pas les frotter sous peine de ressembler à un panda. Elle avait pourtant très envie de le faire : elle était épuisée. Elle étouffa un bâillement et attrapa le coussin qui était coincé sous ses genoux pour le mettre sous sa tête. Elle arracha l'emballage de sa barre de chocolat pour la décapiter, sans pour autant se redresser. Elle n'avait pas envie de choisir entre manger et dormir. Elle voulait essayer de faire les deux à la fois. Elle ferma donc les yeux tout en grignotant et ne les rouvrit même pas en entendant la porte de la salle s'ouvrir. C'étaient les pas de James, elle connaissait ce son par coeur. Elle ne poussa pas non plus ses jambes du canapé pour lui laisser une place. Première arrivée, première servie.

-Je pense que je vais dormir pour toujours, prévint-elle. Je ne sais pas comment tu tiens debout.

Parce qu'il était debout. Vu qu'elle ne lui laissait pas le canapé. Privilège de la rupture, d'ailleurs. Larguée = je garde le canapé.

 


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Carter's Anatomy [Marlene & James] Icon_minitimeDim 27 Oct 2019 - 7:36
James ne se rappelait pas la dernière fois qu'il avait eu une journée aussi éreintante. Les appels s'étaient enchaînés, sans leur laisser une seule fois la possibilité de s'accorder une véritable pause digne de ce nom. Son dernier vrai repas remontait à si longtemps qu'il ne se souvenait même plus de ce qu'il avait mangé, et il n'avait eu le temps que de croquer dans une barre de céréales entre deux interventions.

Malgré la fatigue, il se sentait particulièrement fier de sa garde ; les appels avaient été nombreux, avec beaucoup de véritables urgences - mais un faux-appel qui l'avait mis hors de lui parce qu'ils avaient dû traverser la moitié du pays pour ça - et tous ses patients avaient été amenés à l'hôpital, sains et saufs. Ils étaient désormais entre les mains des médicomages et probablement qu'il n'en entendrait plus jamais parler, quoiqu'il advienne, mais James pouvait au moins se féliciter d'avoir fait tout ce qu'il était en son pouvoir pour eux, et c'était un sentiment de satisfaction intense.

Son binôme avec Marlene fonctionnait étonnement très bien. Non, ce n'était même pas une nouvelle particulièrement étonnante, parce qu'ils se connaissaient pas coeur, mais le lourd passif entre eux auraient pu mettre en péril cette journée de formation pour la jeune femme, et James était bien heureux que cela ne soit pas le cas. Il s'était fait un plaisir d'avoir quelqu'un à former, de pouvoir expliquer sa démarche, pourquoi choisissait-il tel produit à la place de tel autre ; cela avait été un exercice très stimulant intellectuellement. Et puis il s'était rendu compte que Marlene lui manquait toujours, ce qui n'était pas très agréable comme sensation, mais pas tout à fait désagréable non plus, puisqu'ils étaient obligés de passer du temps ensemble, au moins aujourd'hui.

Il venait d'ailleurs d'entrer dans la salle de pause des ambulanciers magiques, où Marlene se trouvait, vide à cette heure avancée de la nuit, où tous ses collègues avaient été appelés plus ou moins en même temps alors qu'ils rentraient tout juste de St Mangouste après avoir déposé leur dernier patient. James jetait des coups d'oeil à son bipeur, comme si cela allait l'empêcher de sonner. Pitié, songeait-il, juste vingt minutes de pause. Vingt minutes, c'était tout ce qu'il demandait pour s'asseoir, manger, fermer les yeux. Les sorciers pouvaient bien dormir paisiblement pendant vingt minutes, non ?

James avisa la jeune femme, allongée sur le canapé et esquissa un sourire mi-attendri mi-moqueur, alors qu'il prenait une barre de chocolat dans le distributeur magique et qu'il se servait un café, bien noir, dans sa magnifique tasse "Hufflepuff".

"Je ne tiens pas debout." grommela-t-il, "Pousse-toi." Il ne lui laissa pas le choix et souleva les jambes de la jeune femme pour pouvoir s'installer sur le canapé à son tour. Il retira ses chaussures, et posa ses pieds sur la petite table basse en soupirant de contentement ; soupir qui s'accentua encore plus lorsque le chocolat de sa barre vint fondre dans sa bouche.

Le silence était délicieux - car bien trop rare dans cette caserne généralement bondée.

"Je vais dormir, et personne ne me réveillera parce que les sorciers auront compris que la nuit est faite pour dormir et seront tous sagement dans leurs lits, loin de tout danger." affirma-t-il, les yeux fermés. "Ou alors tu iras seule. Je suis sûre que c'est dans le processus de formation, un truc comme, "laisser l'étudiant voler de ses propres ailes"." Un sourire étira le coin de ses lèvres, "Au moins, tu pourras conduire l'ambulance et arrêter de grimacer à chaque fois que je bouge le volant..."
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Carter's Anatomy [Marlene & James] Icon_minitimeMer 30 Oct 2019 - 17:56
Marlene ne rechigna pas trop lorsque James souleva ses jambes pour les pousser du canapé. Elle s'efforça de lui faire un peu de place, sans pour autant se redresser. Elle était trop fatiguée pour le faire. Si l'alarme retentissait dans la caserne, elle envisagerait de rouler jusqu'à l'ambulance. Ou bien de se faire porter. Le silence s'établit entre James et elle. Elle eut un sourire en apercevant sa tasse Hufflepuff (impossible de faire plus fier que lui) et ferma les yeux, se cachant le visage de la luminosité de la pièce avec son bras. Un bâillement lui échappa et elle se sentit somnoler, elle qui, pourtant, mettait toujours du temps à s'endormir. Elle aurait pensé qu'elle se sentirait plus stressée avec James à coté d'elle mais c'était au contraire très familier, presque apaisant. Cela faisait longtemps qu'ils n'avaient pas passé de temps ensemble. Depuis leur rupture en fait... Elle s'efforça de ne pas laisser ses pensées gambader, afin de juste se reposer et de ne pas se prendre la tête, pour une fois. La voix de James finit par troubler le silence mais Marlene ne rouvrit pas les yeux, toujours dissimulée par son avant-bras.

- Tu rêves, répondit-elle devant sa supplique de sommeil, il y aura toujours un idiot pour s'ouvrir avec un couteau à pain en faisant son sandwich nocturne.

Sa proposition de l'envoyer seule en intervention tira un léger rire à Marlene. Bien sûr, c'était tout à fait dans les recommandations de la journée.

- Tu conduis comme un fou, admet-le, James. Et je sais bien que tu aimes ça, tu m'as emmenée voir Fast&Furious l'année dernière... Je conduirais plus prudemment. Mais, concéda-t-elle, j'irais beaucoup moins vite aider les gens. Donc bon. C'est un peu pour la bonne cause.

Elle enleva son avant-bras pour lui adresser un demi-sourire.


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Carter's Anatomy [Marlene & James] Icon_minitimeVen 15 Nov 2019 - 8:54
"Nooooon, ne dit pas ça, ça va nous porter malheur..." gémit James, les yeux fermés et la tête renversée en arrière.

Il ne fallait jamais faire des hypothèses sur une intervention, où il y avait de grandes chances pour que cette hypothèse se révèle être vraie ; c'était une règle d'or de la caserne. Comme Marlene n'était pas ambulancière mais étudiante, James décida que cela ne comptait pas et que ses propos ne pouvaient pas être validés. Voilà, c'était beaucoup plus simple comme ça. Le monde magique dans son intégralité allait dormir tranquillement jusqu'au matin, sans toucher à quoique ce soit de dangereux.

"Ah ah !" s'exclama James lorsque Marlene avoua qu'il conduisait vite pour la bonne cause (il n'avait absolument pas retenu le "un peu", mémoire sélective oblige). "Avoue que je conduis vite, mais parfaitement bien et de façon parfaitement sécurisée." tenta-t-il ensuite, pour voir jusqu'où elle pouvait lui donner raison - il avait comme l'impression qu'il en demandait trop ; Marlene mettait toujours un point d'honneur à ne jamais lui donner raison. Il tourna la tête vers elle et répondit à son demi-sourire par la même expression. Il resta immobile un long moment, prenant doucement conscience de leur proximité sur ce minuscule canapé, alors que l'envie de la prendre dans ses bras, qui l'avait saisi tout à l'heure, le reprenait. Un long moment passa, et James sentit le silence entre eux devenir très significatif de ses pensées. Il se racla la gorge, un peu embarrassé. "C'était chouette, de passer cette journée avec toi." finit-il par avouer d'une voix douce, sans bouger d'un centimètre.
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Carter's Anatomy [Marlene & James] Icon_minitimeDim 17 Nov 2019 - 23:37
- Pardon, pardon ! répondit Marlene en riant légèrement lorsque James la supplia de ne pas leur porter la poisse.

Ces petites superstitions étaient présentes dans chaque service. Comme il lui arrivait de croire à ces choses là de temps à autres (tout comme à l'astrologie ou aux signes de l'univers, souvent lorsque cela l'arrangeait), elle espéra qu'elle n'avait rien provoqué. Ils avaient vraiment besoin de se reposer après une garde sur les chapeaux de roues. Elle espérait même pouvoir s'assoupir un peu, histoire de récupérer. Heureusement, elle n'avait officiellement pas cours le lendemain (justement parce qu'ils finissaient demain) mais elle devait tout de même travailler. Elle avait beaucoup à faire (elle devait en plus faire les courses et un brin de ménage, comme à chaque fois qu'elle avait du temps libre.)

Comme pour se motiver un peu, Marlene se redressa pour s'assoir sur le canapé, à côté de James. Elle était bien en étant vautrée mais ce n'est pas comme cela qu'elle trouvait le courage d'aller jusqu'à une salle de garde pour grappiller un peu de sommeil avant le prochain appel, s'il avait lieu. La manière dont son ex essaya de la forcer à lui donner raison la fit doucement sourire et elle secoua la tête, étouffant un bâillement de sa main au passage.

- Tu conduis vite. Et correctement, concéda-t-elle.

Elle n'était pas certaine qu'on puisse parler de "bien conduire" lorsqu'on avait peur de mourir à chaque tournant. Quant à la manière sécurisée... Elle ne voulait pas revenir sur le débat qui avait enclenché leur rupture, en partie du moins. Elle tourna justement la tête pour croiser les yeux bruns de James, qui la regardaient avec une certaine intensité. Elle sentit quelque chose se tordre dans son estomac et se redressa, inconsciemment. Ils étaient très proches, comme cela. Le mot gentil qu'il eut pour elle fit fondre son coeur comme du beurre sur une tartine. Elle aurait aimé que ce ne soit pas le cas. Elle aurait bien voulu être la Marlene qu'elle aspirait à être, très détachée. Celle qui pourrait répondre "Ok, cool." Elle avait décidé ce matin qu'elle serait professionnelle et distante. À croire que la fatigue (et les jolis yeux doux de James) avaient raison de sa détermination.

- Moi aussi, souffla-t-elle sans s'éloigner. Je suis contente qu'on n'ait pas recommencé à se détester, comme avant...

Cela avait été sa crainte, avec la rupture, surtout qu'ils ne se parlaient plus. Elle, elle avait l'impression que malgré toute la colère qu'elle pouvait ressentir envers lui des fois, elle n'arriverait jamais à le détester. Qu'il y aurait toujours une part d'elle qui avait juste envie de s'assoir à coté de lui et de recevoir un sourire de sa part.


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Carter's Anatomy [Marlene & James] Icon_minitimeSam 23 Nov 2019 - 10:02
"Je me contenterai de "correctement." souffla James, les yeux à moitié fermés, un vague sourire sur les lèvres.

De toute façon, il sentait bien qu'il n'obtiendrait pas un plus grand compliment de Marlene sur sa conduite, et il était plutôt satisfait d'avoir réussi à lui tirer. Il se souvenait très bien du jour où ils avaient pris la voiture de son père pour aller se balader la journée dans la campagne proche de la base militaire de Mr. Carter. James avait obtenu son permis moldu dès qu'il avait eu sa majorité, poussé par ses parents qui étaient rassurés de le voir passer un examen qu'ils connaissaient et qu'il pouvait l'aider à réviser. Le jeune homme n'avait pas rechigné bien longtemps ; il venait d'une famille moldue et il savait que c'était la bonne chose à faire. C'était déjà suffisamment compliquée d'expliquer à ses cousins pourquoi il n'avait pas suivi une scolarité "normale", alors s'il devait en plus trouver une excuse pour justifier qu'il était incapable de conduire une voiture moldue... Ainsi, alors que les deux amoureux passaient le weekend dans la maison des parents de James, ce dernier avait proposé à Marlene de s'éloigner un peu du domicile familial pour aller se balader dans la campagne environnante. Elle avait accepté... Puis avait, probablement, profondément regretté, puisqu'elle avait passé le trajet à se tenir la portière de la voiture, en grommelant qu'il conduisait mal. James avait levé les yeux au ciel, et avait rétorqué qu'il avait eu son permis avec un score tout à fait honorable. Ils avaient fini par se disputer parce qu'ils avaient loupé la sortie - alors que c'était Marlene qui tenait le plan, il tenait à le préciser - et s'étaient réconciliés en mimant des scènes cultes du cinéma moldu qu'ils chérissaient tous les deux tant.

Ce souvenir lui tira un sourire mélancolique alors qu'il observait Marlene juste après lui avoir confié qu'il avait aimé passer cette journée avec elle. Il ne savait pas trop pourquoi il avait dit ça, mais il lui avait paru important de le signifier.

"Moi aussi." souffla-t-il en réponse, avant d'ajouter avec un sourire : "Quoique. Ca m'avait presque manqué que tu m'appelles "Carter."

Il se figea un instant après avoir utilisé le terme "manquer" qui était un peu significatif, puis décida de ne pas s'attarder dessus et continua simplement à sourire tranquillement.
Marlene Carter-Barclay
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Carter's Anatomy [Marlene & James] Icon_minitimeDim 24 Nov 2019 - 18:58
- C'est tout ce que tu auras, de toute manière, déclara tranquillement Marlene lorsque James concéda qu'il se contenterait de correctement.

Elle n'allait tout de même pas lui mentir pour lui faire plaisir, quand même. Ou lui donner raison. Elle avait l'impression de revenir un peu dans le temps, de retrouver une vieille dynamique avec lui, de vieux schémas. Ils avaient toujours eu l'habitude de se provoquer un peu, moins pendant leur relation, où ils étaient plus tendres l'un avec l'autre, mais avant, pendant les quelques semaines qui avaient suivi leur rentrée de septième année. Ils ne sortaient pas ensemble, se fréquentaient juste en refusant obstinément de reconnaître qu'ils s'appréciaient un minimum. Ils se cachaient dans les coins obscurs du château pour s'embrasser, elle laissait James l'emmener sur des chemins inconnus pour elle, ils se chamaillaient pour des bêtises, se réconciliaient presque aussi vite. Repenser à cette période la rendait nostalgique. C'étaient leurs premiers émois, leurs premières étreintes, leurs premières découvertes, personne ne savait, il n'y avait qu'eux deux et leur secret. Les choses s'étaient compliquées après, avec le professeur Greengrass, les Jeunesses, la sortie de Poudlard, leurs apprentissages, la Médicomagie, le gouvernement. Auparavant, ils ne parlaient pas de cela. Avant, il n'y avait qu'eux.

Elle avait l'impression que cette nostalgie se diluait dans l'air, dans le regard doux que James posait sur elle, dans son sourire et sa proximité. Elle ne fit rien pour s'en échapper. Elle ne chercha pas à ramener la réalité dans la petite salle de pause, aux fenêtres obscurcies par la nuit. La mention de James confirma à Marlene qu'à cet instant précis, il ressentait la même chose qu'elle, ou du moins, c'est ce qu'elle voulait croire. Son sourire à elle se fit malicieux, son regard s'intensifia alors qu'elle haussait légèrement les épaules.

- Je peux recommencer s'il n'y a que ça pour te faire plaisir, murmura-t-elle.    


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James Carter-Barclay
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Carter's Anatomy [Marlene & James] Icon_minitimeDim 23 Fév 2020 - 0:49
La tension qu'il pensait percevoir entre lui et Marlene s'installa définitivement après les derniers mots de la jeune femme. Il la dévisagea longuement, à la fois sérieux et malicieux, tandis qu'il pesait les mots qu'il voulait prononcer. Marlene lui manquait, depuis des mois - depuis le jour où elle avait quitté son appartement. Tout chez elle lui manquait - même cette horrible manière de s'agripper à la portière à chaque fois qu'il prenait le volant. Alors, actuellement, tout son être le poussait à se rapprocher d'elle, à aller dans le sens de l’ambiguïté évidente qu'ils entretenaient depuis quelques minutes.

Mais était-ce bien raisonnable ? Probablement pas. Evidemment que non, même. Ils venaient à peine de retrouver un semblant de relation apaisée, et tout pouvait voler en éclat en quelques secondes ; c'était souvent comme ça entre eux, de toute façon. Ils se déchiraient aussi forts qu'ils s'aimaient. Non, ce n'était pas judicieux... Et pourtant, il en mourrait d'envie. De sentir juste une dernière fois son corps proche du sien, de retrouver juste un instant un semblant de complicité intime avec la femme qu'il avait aimé pendant des années. C'était plus fort que lui ; comme à chaque fois que cela concernait Marlene, il ne parvenait pas à être raisonnable.

"Il n'y a pas que ça dont j'ai envie, évidemment." lança-t-il avec aisance, alors que son coeur ratait un battement et qu'il se rapprochait un peu plus de Marlene.
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