Juliana ne put retenir un petit sourire attendri face à la réponse un peu gênée de Roy. Elle savait fort bien lui crier dessus lorsqu'elle se sentait déçue par son comportement, mais il était bien plus agréable de l'embarrasser de compliments lorsqu'il faisait preuve de générosité... Elle laissa échapper un soupir de bien-être sous l'effet de sa caresse et se blottit contre lui, la tête posée contre sa poitrine. Elle pouvait sentir son coeur battre à un rythme régulier qui l'apaisait, loin du monde extérieur, de sa violence et de ses peines.

Sa plaisanterie acheva de la détendre et elle éclata d'un rire taquin : "Oh, mais c'est bien plus amusant de taper sur ton gang à toi, mon amour... Mais c'est vrai qu'on forme un bon duo, le mafieux et la terroriste, on est plutôt bien assortis finalement. Peut-être qu'on pourrait avoir des cellules voisines à Azkaban", plaisanta-t-elle avant d'ajouter : "Il y a donc des mafieux qui osent embêter le grand Roy Calder ? Je suis surprise, moi qui pensait que c'était toi, le plus fort !"

« Huuum, j’ai bien d’autres projets avec toi que de me retrouver à Azkaban à flirter à travers un mur de pierre » sifflota Roy, en la rapprochant de lui.

Déjà pour lui même, il comptait bien éviter la prison, et c’était entre autres ce pour quoi il avait noué une alliance avec le ministère, à un moment où l’on chassait sérieusement les mafieux de Bristol. Quant à Juliana, il rêvait plutôt d’un futur sans guerre avec elle, un futur simple et heureux où il pourrait l’aimer à la vue de tous, où il pourrait avoir des projets avec elle… Revenant sur Terre à la petite pique de son amante, il feint un air suffisant et confiant :

« Mais c’est moi le plus fort ! Et c’est bien pour ça que toutes les petites frappes m’envient et veulent me faire tomber. »

Les choses étaient plus complexes, évidemment, mais il y avait un fond de vérité dans ce qu’il disait. Les Veilleurs avaient tant attiré l’attention sur eux avec leur ascension fulgurante qu’ils s’étaient forcément attiré des ennemis du même coup : ceux dont ils avaient volé la place, notamment. Chassant ces pensées peu réjouissantes de sa tête, il reporta son attention sur Juliana, dont il captura la taille. Puis il souffla entre deux baisers languissants, bien décidé à la retenir :

« Reste encore un peu, mon amour… »

Juliana éclata d'un rire mi-moqueur, mi-attendri face à la suffisance de son amant. Oui, elle pouvait bien l'imaginer en petit caïd que ses ennemis souhaitaient faire tomber... Mais il avait su conclure les meilleures alliances, et si Juliana ne les approuvait pas, elle les rassurait au moins sur un point : Roy avait les moyens d'assurer ses arrières...

De quelques baisers allanguis, ils éloignèrent ces considérations de leurs esprits, Juliana s'abandonnant aux bras de Roy qui l'avait faite prisonnière. Mais l'heure n'avançait pas et sa voix de la raison intérieure ne cessait de lui répéter qu'il était temps de rentrer, avant que son absence n'attire les suspicions, aussi agréable cette grasse-matinée soit-elle...

"J'aimerais, mais il faut vraiment que j'y aille", protesta-t-elle mollement en tendant une main à l'aveugle pour tenter de récupérer ses vêtements, sans grand succès. "Tu n'as pas vu mon t-shirt ?"

A contrecoeur, Roy desserra son étreinte sur son amante, la regardant chercher ses vêtements. Il se recula tout à fait, jeta un oeil par terre de son côté du lit, pour apercevoir le T-shirt en question, à moitié masqué par sa chemise à lui. Une idée de farce en tête, il se tourna vers sa belle, lançant comme si de rien n’était :

« Tu as regardé par terre, de ton côté ? Il doit être près de ton pantalon. »

Juliana eut momentanément le dos tourné. Roy en profita pour attraper sa baguette sur sa table de chevet, et lancer un informulé. Le haut devint invisible, et Roy n’eut que le temps de se débarrasser de sa baguette près ses vêtements par terre avant que Juliana ne l’attrape. Il fit mine de retourner ses vêtements -histoire de- puis se tourna vers elle, haussant les épaules.

« Pas là non plus. C’est bien dommage, on dirait que tu vas devoir rester comme ça… » sifflota t-il.

Evidemment, Roy avait l’air un peu trop satisfait de la situation pour être crédible, son sourire le grillait déjà.

« Un bisou ? »

Suivant les conseils avisés de son compagnon, Juliana se pencha à la recherche de ses vêtements, et trouva effectivement son pantalon... Mais pas de trace de son haut. Elle poussa un petit soupir de frustration, se demandant par quelle magie elle s'arrangeait toujours pour perdre toutes ses affaires. Entre Roy et Joel, elle était pourtant entourée de personnes ordonnées, mais avec elle, il n'y avait rien à faire : elle serait capable de perdre un éléphant dans un magasin de porcelaine...

Son attention se reporta alors sur Roy, qui chercha mollement avant d'adopter un air tellement louche qu'elle comprit immédiatement la farce. Juliana secoua la tête d'un air mi-incrédule, mi-amusé, se demandant s'il avait trois ans d'âge mental.

"Hmm, le voilà ton baiser, espèce de petit chenapan", rit-elle en se coulant contre lui pour l'embrasser longuement. "Où est-ce que tu l'as caché ? Dis le moi..."

Plongeant dans son cou, elle le couvrit de baisers, espérant que sa douce torture allait délier sa langue. Bien sûr, elle aurait pu se contenter d'attraper sa baguette pour lancer un Accio, mais... dans ces cas là, la magie manquait vraiment de charme.

Son sourire s’agrandissant à la réponse de Juliana qui n’était pas dupe, Roy feint l’innocence d’abord :

« Quoi ! C’est toujours de ma faute ! Pourquoi tu penses que je l’ai caché ? »

De toute façon on ne le croyait jamais quand il se défendait, et on avait bien raison : c’était souvent de sa faute, ou en tout cas, il n’était pas complètement innocent. Il ne protesta pas davantage, toutefois, préférant savourer les baisers de sa belle, qu’il enlaça de nouveau.

« Mmh, ça me donne encore plus envie de te retenir, ça… »

Sa main glissant dans son dos, il captura ses lèvres pour un autre baiser qu’il prolongea autant qu’il put, comme pour en profiter au maximum avant de la laisser s’en aller, car il fallait bien que cela arrive, n’en déplaise à Roy… Avec un soupir, il relâcha ses lèvres, se reculant légèrement pour contempler le visage de son amante. Ses doigts vinrent écarter des mèches de son front, se faisant la réflexion qu'elle était bien trop belle comme cela, ce qui se traduisit dans ses paroles lancées avec fatalisme :

« Ah, comment je suis sensé te laisser filer, maintenant ? »

Surtout s’il ne savait pas quand viendrait la fois prochaine… Une lueur espiègle revint dans son regard, et il continua son discours hautement responsable :

« Moi je pense qu’une panne de vêtements, c’est une bonne excuse pour rester au lit toute la journée. Ca disparaît si vite, ces choses, ça a genre quarante secondes d’espérance de vie quand on se voit, c’est pas ma faute. »

"Parce que c'est marqué en grand sur ton front, quand tu fais une bêtise", riposta Juliana. On aurait dit un enfant qui niait avoir terminé le gâteau au chocolat alors qu'il avait plein de miettes autour de la bouche.

Leurs taquineries laissèrent bientôt place à un long baiser de plus, et Juliana poussa un soupir de bien-être quand ils se séparèrent. Non, décidément, ce n'était pas facile de partir pour s'enfermer dans des caves - aussi agréables soit-elles, grâce à leur archimage - quand Roy déployait tous ses efforts pour la retenir.

Elle éclata de rire à sa remarque sur l'espérance de vie de leurs vêtements, et ne résista pas à l'envie de lui chatouiller légèrement le flanc en guise de punition pour ses bêtises.

"Comment je suis censée partir, quand tu essaies de me retenir comme ça ?", répliqua-t-elle en le couvant d'un air mi-affectueux, mi-indigné. "Tu ne me simplifies pas la tâche... Si on se fait griller, ça sera complètement ta faute !"

Sur ce, elle se tortilla pour échapper à l'étreinte de Roy et pour attraper sa baguette magique échouée sur la table de nuit. Un accio et un finite plus tard, elle retrouva ses vêtements à regret, et entreprit de les enfiler en évitant de regarder son amant tentateur.

"Tss, tu veux m'empêcher de résister avec tes méthodes déloyales, espèce de vendu de la dictature !"

Atténuant la pique d'un baiser furtif sur ses lèvres, elle bondit hors du lit avant qu'il ne trouve encore le moyen de la retenir. Un coup d'oeil à l'horloge accrochée au mur lui confirma qu'elle n'avait déjà que trop traîné...

« Justement, tu n’es pas sensée partir, dans mes plans ! répliqua Roy, tout sourire à la fois à cause de ses propres plaisanteries, et des chatouilles de Juliana. C’est toujours ma faute de toute façon, je suis un mauvais garçon, tu sais, j’ai l’habitude. »

C’était souvent le même numéro, Roy avait cet avantage par rapport à elle d’être plus libre de ses mouvements et de ses horaires. Mais il savait rester dans les limites du raisonnable, car comme elle le disait, il ne s’agissait pas de se faire découvrir parce qu’ils auraient manqué de discrétion… Il commença donc à récupérer ses sous-vêtements à son tour, mais ne put s’empêcher de s’étendre une dernière fois sur son lit, accoudé sur l’oreiller vers Juliana, présentant son corps et son sourire charmeur comme ses derniers arguments. Des méthodes déloyales ? Vraiment pas son genre. La remarque lui tira un rire, il rentra dans son jeu :

« Zut, découvert ! Il va falloir que je trouve autre chose pour te mettre des bâtons dans les roues. »

Il n’en fit plus rien, toutefois, achevant de s’habiller lui aussi. Il était temps de redevenir raisonnable et de rentrer dans leurs rôles respectifs de chefs très responsables. Une fois que Juliana fut prête, il s’approcha pour l'attraper par la taille et l’embrasser encore une fois, en tout bien tout honneur.

« Allez, file résister, ma petite sauvage. » Un dernier baiser et il ajouta sur un ton plus sérieux : « Fais attention à toi. »

La porte finit par se renfermer sur elle, et Roy attendit une bonne vingtaine de minutes avant de sortir à son tour, par précaution. Sa route vers les Folies Sorcières fut comme toujours pleine des souvenirs des dernières heures avec sa belle, qu’il espérait revoir très vite…