Le deal à ne pas rater :
Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot 6 Boosters Mascarade ...
Voir le deal

Just to hold you once again [Roy & Juliana]

Juliana McNeil
Juliana McNeilRésistante DPP
Messages : 1377
Profil Académie Waverly
Just to hold you once again [Roy & Juliana] Icon_minitimeDim 28 Déc 2014 - 14:21
3 janvier 2009

Frapper à la porte de Roy Calder n'avait jamais été une bonne idée auparavant. Juliana s'en était déjà mordu les doigts par le passé, et elle s'était promis de ne jamais recommencer - certaines personnes étaient mieux placées dans le passé. Les évènements récents jouaient d'ailleurs en la faveur d'une telle résolution, car Roy semblait déjà bien différent de l'homme qu'elle fréquentait un an auparavant - mais qu'elle connaissait si mal, finalement. Tout laissait penser que trop de choses les séparaient désormais pour pouvoir s'entendre. Ce n'était plus seulement une affaire de mensonges ou de sentiments, de petits trafics et de divergences d'opinion, cette fois, un fossé était en train de se creuser entre eux, à l'image du pays tout entier. Il y avait Roy, le maître des Folies, le mafieux de l'ombre, et il y avait Juliana, la maître du Triton, la résistante de l'ombre. La jeune femme en savait suffisamment pour savoir que le conflit qui se profilait ne serait pas beau à voir, et tout laissait penser que Roy et elle ne seraient pas dans le même camp.

Et pourtant, là voilà, par cette soirée enneigée de la nouvelle année, emmitoufflée dans une cape de fourrure, sur le palier de l'appartement de Roy. Elle avait bien songé à ne pas venir et à laisser de côté sa discussion avec Klemens, mais elle n'avait pu s'y résoudre. En dépit - ou à cause - de tout ce qui s'était passé entre eux au cours de l'année passée, Roy restait quelqu'un d'important pour elle et il lui était difficile de rester inactive lorsqu'elle avait l'impression de le voir dériver loin de ses amis. Juliana ne savait pas grand chose, vraiment, et il lui était presque ironique de constater qu'elle semblait répéter encore et encore le même schéma - débarquer chez Roy sans prévenir, débouler dans sa vie pour obtenir des explications, pour tenter de comprendre. Comprendre son comportement, comprendre ce qui se passait dans sa tête. Avait-elle le droit d'être ici ? Pas vraiment, sans doute, au vu de la façon dont ils s'étaient quitté la dernière fois... Mais si elle ne le faisait pas, alors qui ? Y avait-il vraiment encore quelqu'un pour débarquer à l'improviste chez Roy et le secouer un bon coup ? Elle n'en était plus si sure. Car Klemens... Eh bien, c'était Klemens, l'acolyte de toujours, le meilleur ami de l'ombre, celui qui restait toujours dans les parages. Elle les avait cru inséparables, tout comme Klemens certainement, et pourtant, les voilà séparés. Cruelle vérité.

Et Juliana avait le coeur lourd, elle aussi, par cet hiver agité qui voyait l'Angleterre sombrer dans ce que certains commençaient à appeler une dictature. Elle avait le coeur lourd et elle voulait tenter de s'accrocher aux personnes qui comptaient pour elle avant qu'il ne soit trop tard. Peu certaine de comment elle serait reçue, elle prit une profonde inspiration sur le palier de la porte avant de frapper quelques coups décidés. Le temps de l'hésitation était passé. Janvier 2009 annonçait l'action, il était temps de prendre les choses en main, de prendre sa vie en main, et de ne plus - trop - regarder en arrière.

Un certain soulagement s'empara d'elle lorsqu'elle constata que Roy était chez lui, et que son visage familier apparut dans l'encadrement de la porte. Bien. Elle ne savait pas exactement ce qu'elle allait lui dire, mais au moins, ils allaient parler. Ce silence n'avait que trop duré. Les fêtes avaient été longues, et passablement difficiles pour la jeune femme, mais elle avait préféré attendre qu'elles passent pour venir voir Roy. D'une part, elle avait pesé sa décision de venir lui parler, et d'autre part, elle s'était à moitié attendue à ce que les choses s'arrangent très vite entre Klemens et lui malgré tout. Car ces deux là s'aimaient, c'était évident, non ? Eh bien, visiblement, ce n'était pas suffisant... sauf si elle avait son mot à dire. Il n'était peut-être pas trop tard pour attirer Roy du côté lumineux de la force...

"Salut, Roy", dit-elle avec un léger sourire. "Excuse-moi de passer à l'improviste... Est-ce qu'on peut discuter ?"


Just to hold you once again [Roy & Juliana] 18091301182779390
Merci à Juliet
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2891
Profil Académie Waverly
Just to hold you once again [Roy & Juliana] Icon_minitimeDim 28 Déc 2014 - 15:52
Laisser entrer Juliana McNeil chez lui était une chose que Roy s’était promis de ne plus faire. Il s’y était tenu, depuis septembre. Il n’avait même pas recroisé la jeune femme, mais cela ne signifiait pas qu’elle était sortie de sa vie. Comment cela aurait-il pu être le cas ? Ils habitaient dans la même rue, ils avaient des amis en commun et surtout, ils vivaient la même sombre époque, à Bristol. Roy n’avait jamais été démonstratif, c’était encore plus vrai envers les personnes qui comptaient vraiment. Juliana ne faisait plus partie des personnes qu’il fréquentait, et pourtant, elle était là, parmi celles dont Roy se préoccupait, dans l’ombre. Comme convenu, il s’était assuré qu’elle ne craigne pas de représailles pour le meurtre qu’elle avait commis, en tuant toute rébellion des sharacks dans l’oeuf. Le sombre mafieux sans scrupules que Klemens l’avait accusé d’être n’était pas si détaché qu’il ne le laissait paraître, Roy ne cessait jamais de veiller sur ceux qui lui étaient chers, au fond… Il ne le montrait simplement pas.

Tout comme il ne montrait pas à quel point la fin de son amitié avec Klemens l’affectait. C’était toujours ainsi, Roy préférait s’enfermer dans une carapace de froideur et de déni, plutôt qu’avoir l’humilité d’affronter ses torts et ses faiblesses. Il était décidé à combler à tout prix le gouffre que l’absence de son meilleur ami créait en lui, que n’avait-il pas pour le faire ? Ce n’était ni d’autres amis, ni de femmes dont il manquait pour trouver du réconfort, ni de problèmes pour s’occuper l’esprit, après tout. Ces derniers jours, Roy faisait son travail avec un automatisme inquiétant, qui ne tolérait aucun imprévu. Aucun des Veilleurs n’avait vu leur chef dans un tel état d’irritabilité, et pourtant, quand Roy rentrait chez lui, il redevenait cet homme forcé de faire face à la solitude et au remord…

Car entre Klemens, et ses frères, il avait l’affreuse sensation de perdre toutes les personnes qui lui étaient vraiment chères. Inexplicablement, au moment où il ouvrit sa porte, Juliana ne lui apparut pas tant comme l’ex qu’il tentait désespérément d’oublier que comme une femme dont il avait été proche un jour. En vérité, seul le soulagement de voir qu’elle ne faisait pas partie de ceux qui lui tournaient le dos le retint de lui claquer la porte au nez, comme il s’était promis de le faire si elle revenait un jour chez lui. Le soulagement et la surprise, parce qu’il avait du mal à croire qu’elle soit venue, quand on savait comment s’était terminée leur dernière rencontre.

C’était perturbant de voir comme la situation se répétait, d’ailleurs. Elle qui débarquait à l’improviste, avec la volonté de lui parler, et lui, qui hésitait entre la rembarrer et la laisser entrer. Quand on savait ce que lui avait coûté son choix la dernière fois… D’un autre côté, refuser le dialogue avec la dernière personne qui avait voulu lui parler n’avait pas eu de glorieux résultats non plus. Le sourire et le ton de Juliana le poussaient à croire qu’elle ne venait pas pour déclencher des hostilités. Roy finit par choisir de s’y raccrocher, même s'il ne parvenait pas à empêcher une certaine méfiance de se lire sur son visage. Encore une fois, il était incapable de savoir ce à quoi elle pensait, ni comment agir avec elle. Ce fut ce qui l’empêcha de lui ouvrir tout à fait sa porte dans un premier temps : il ne voulait pas se faire avoir une deuxième fois. La main sur l’encadrement de sa porte, Roy préféra demander d’abord, sans animosité, mais avec prudence :

« De quoi tu veux qu’on parle ? »


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Juliana McNeil
Juliana McNeilRésistante DPP
Messages : 1377
Profil Académie Waverly
Just to hold you once again [Roy & Juliana] Icon_minitimeSam 3 Jan 2015 - 23:44
Si Juliana ne s'était pas attendue à ce que Roy lui ouvre grand sa porte, elle ne put s'empêcher d'être un peu blessée par la méfiance qui se peignait sur son visage. Oui, elle lui avait fait du mal lors de leurs dernières rencontres, elle le savait pertinemment, mais cela avait été bien malgré elle. Elle ne s'était pas attendue à ce qu'il lui fasse une déclaration au moment où elle était perdue, elle ne s'était pas plus attendue à ce que Roy et Alicia ne se croise dans les locaux des Folies Sorcières - mais l'instant avait été suffisamment chaotique pour qu'ils n'aient guère à se parler - et elle n'avait pas plus prévu de voir le meilleur ami de Roy débarquer dans son restaurant dans un sale état. Mais Juliana commençait à avoir l'habitude des imprévus, dans sa vie, et commençait même à les embrasser plutôt qu'à les repousser. Si Klemens et elle s'étaient rapprochés, peut-être que Roy et elle pouvaient en profiter pour passer à une nouvelle étape de leur relation, plutôt que de rester ces deux ex qui tenaient toujours à l'autre mais ne savaient comment se comporter avec lui. Peut-être qu'il était temps de rétablir le dialogue...

L'hésitation fut lisible sur le visage de Juliana pendant quelques secondes. La jeune femme venait animée des meilleurs intentions du monde, mais ne disait-on pas que l'enfer était pavé de bonnes intentions ? Dans leur cas, cela avait été vrai par le passé, et elle ne tenait pas à faire plus de mal qu'il n'y en avait déjà entre Klemens et Roy, ni entre Roy et elle - ni, d'une façon générale, dans la vie non conventionnelle du trafiquant. Mais elle avait fait l'effort de venir ici, après en avoir discuté longuement avec elle-même, puis avec Alicia, et elle ne comptait pas faire demi-tour maintenant. S'il y avait une chance pour qu'elle puisse arranger les choses pour les deux jeunes hommes, elle comptait bien la saisir. Juliana savait qu'il y avait du bon en Roy, tout comme elle connaissait sa propension à l'enfouir pour des raisons plus ou moins mystérieuses... Prenant son courage à deux mains, elle répondit :

"Je voulais prendre de tes nouvelles, et savoir comment tu allais."

Redressant légèrement le menton avec défi, elle soutint le regard de Roy, le défiant de l'envoyer balader. Elle se fichait de savoir si ce n'était pas le genre de choses que l'on demandait à son ex, car en vérité elle tenait toujours à lui, bien qu'elle ait choisi quelqu'un d'autre pour faire sa vie. Ce qui lui arrivait lui importait, d'autant plus après ce qu'il avait fait pour elle suite à la guerre des gangs, et elle ne comptait pas se laisser congédier sans avoir tenté avec suffisamment de convictions d'obtenir audience avec Roy.

Elle hésita un nouveau quart de secondes avant d'expliquer, sur un ton plus doux :

"J'ai vu Klemens après votre... dispute, et je... voulais savoir comment tu allais."

Basculant d'une jambe sur l'autre, elle poussa un léger soupir, consciente de se répéter mais n'osant pas développer le fond de sa pensée. Elle préférait largement laisser Roy parler et construire ses réponses en fonction, histoire d'éviter une nouvelle discussion explosive comme ils savaient si bien les faire... Mais cela impliquait que Roy la laisse entrer et s'ouvre à elle, ce qui était un pari risqué.


Just to hold you once again [Roy & Juliana] 18091301182779390
Merci à Juliet
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2891
Profil Académie Waverly
Just to hold you once again [Roy & Juliana] Icon_minitimeDim 4 Jan 2015 - 15:58
S’il y avait une personne que Roy ne s’attendait pas à voir passer pour savoir comment il allait, c’était bien Juliana. Il avait cru que leur dernière rencontre avait scellé toute forme de tentative de contact entre eux. C’était ce qu’il s’imaginait en tout cas, lorsqu’il essayait de se mettre à la place de son ex. Sa déclaration parfaitement improvisée l’avait mise mal à l’aise, et c’était bien normal, elle venait au pire moment, quand Juliana était fragile, mais aussi profondément amoureuse d’Alicia. Roy avait bien compris le message, il n’y aurait plus jamais rien entre eux. Peut-être qu’il n’aurait jamais dû lui avouer ses sentiments, mais quelque part, malgré la douleur de s’être fait rejeter, Roy ne regrettait pas. Il n’aurait jamais pu garder cela pour lui, et tirer un trait sur la jeune femme en même temps.

Non, à la place de Juliana, il ne serait pas venu confronter une personne avec qui il savait que la discussion serait délicate et malaisée, mais c’était peut-être trop réfléchir avec un égoïsme qui lui était propre. Il fut un peu décontenancé face à l’attitude décidée de son ex, comme si elle le défiait de la repousser, puis la douceur avec laquelle elle réitéra ses propos. Ainsi donc Klemens lui avait parlé de leur dispute. Cette révélation laissa le trafiquant muet quelques secondes, en proie à des réflexions agitées. Pourquoi ? Pourquoi Klemens s’était tourné vers elle, précisément ? Peut-être parce qu’il sait exactement où appuyer, comme il l’a fait ce soir-là, lui chuchotait une sombre voix intérieure. Roy était partagé entre prendre cela pour une nouvelle trahison ou lui laisser le bénéfice du doute pour tenter de comprendre quel raisonnement l’avait poussé vers Juliana. Mille questions lui fourmillaient la langue. Que lui avait-il dit, exactement ? Et elle, s’inquiétait-elle réellement pour lui ? Cherchait-elle à arranger les choses entre lui et Klemens ? Des questions auxquelles il ne pouvait de toute évidence par répondre tout seul, s’il ne la laissait pas entrer.

Roy fit tomber la main qui tenait l’encadrement de la porte, en baissant un regard qui trahissait son trouble. Il venait de comprendre que si Juliana était là après avoir parlé à Klemens, c’était qu’elle tenait à lui. D’une façon peut-être inexpliquée, ou même inexplicable, mais c’était là, un lien les liait encore tous les deux. Fallait-il le détruire pour s’empêcher de se blesser encore, ou s’accrocher à cette relation un peu hybride et instable, pour tenter de la faire évoluer autrement, en quelque chose sur lequel ils pourraient au moins poser un mot, à défaut d’en être complètement satisfaits ? Roy ne pouvait empêcher une petite voix de lui murmurer qu’il préférait cela à un rien, au fond. Et puis, il n’avait pas la moindre envie de repousser une personne qui ne venait pas l’accabler de reproches, pour une fois. Il n’avait le droit qu’à cela, ces derniers temps. Les seules personnes dont il avait tiré un peu de réconfort étaient celles que Roy étaient volontairement parti voir dans ce but, comme Isobel, ou Thelma. Juliana était la première qui faisait le chemin dans l’autre sens. Alors non, il n’avait pas la moindre envie de la rejeter.

Après ce qui lui parut un temps infini, il finit par soupirer, sans savoir comment lui répondre autrement :

« Ok… Que dire ? Il n’avait rien de plus à ajouter. Entre. »

Il s’écarta pour la laisser entrer, tout en se disant qu’elle avait décidément un don pour lui faire fondre ses résolutions comme neige au soleil. Autant pour combler le silence qui allait s’installer que pour penser à autre chose, Roy proposa en sortant sa baguette :

« Du café ? »

Juliana était davantage amatrice de rhum que de café, mais ce n’était peut-être pas la meilleure boisson indiquée pour les premiers jours de l’an, où l’on se remettait encore de la cuite du réveillon. Du café, c’était très bien, c’était neutre, cela les réveillerait tous les deux. Roy se sentait assommé comme s’il venait de se réveiller, alors que l’obscurité dehors l’informait que la journée avait déjà pris fin. C’était fou comme le temps passait sans qu’il ne le voie filer, depuis sa dispute avec Klemens. Cela faisait plus d’une semaine, mais il avait l’impression de l’entendre l’insulter comme s’il était toujours là, debout contre son bar.

Deux tasses fumantes vinrent se poser entre eux deux et interrompre ses pensées. Roy attrapa la sienne pour commencer à faire tourner le liquide entre les parois, sans le boire. Ah... Mais quelle était cette mine piteuse, Roy Calder ? Depuis quand ne savait-il plus masquer son cafard ? Il ne serait même pas crédible à prétendre que tout allait bien face à Juliana, aussi choisit-il d’évincer la question, pour en arriver au vif du sujet.

« Alors… Klem t’a tout raconté ? »

Tant qu’il ne savait pas ce qu’il lui avait dit, Roy ne saurait pas comment ajuster ses réactions. Il ne savait pas ce qu’il ressentait à cet instant précis, il ne savait pas non plus ce que Juliana pensait de tout cela. Reparler de cet incident pouvait tout aussi bien le mettre dans une colère noire que le plonger dans un état de déprime auquel il détestait se laisser aller. Mais parfois, c’était bien plus fort que lui.


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Juliana McNeil
Juliana McNeilRésistante DPP
Messages : 1377
Profil Académie Waverly
Just to hold you once again [Roy & Juliana] Icon_minitimeSam 10 Jan 2015 - 18:14
Le visage crispé de Juliana se détendit quand Roy accepta de la laisser rentrer, bien que sans grand enthousiasme, et elle esquissa un sourire. Le plus dur était fait, Roy acceptait lui parler. Qu'allait-elle lui dire exactement ? Elle n'avait pas réfléchi jusque là. Juliana était une Gryffondor impulsive, elle improvisait sur le moment, elle ne prévoyait pas et ne retournait pas les situations mille et une fois dans sa tête. Le plus important, elle le savait, était de parvenir à construire un pont entre Roy et elle. Un lien, quoique ténu, existait toujours entre eux et c'était le plus important. Leurs différends, la gêne qui existait entre eux ? Peu importe. Il était important pour elle et il avait besoin d'elle, elle le sentait, ou tout du moins elle l'estimait... Et elle ne comptait pas accepter un non, quitte à lui imposer sa présence s'il le fallait. Et il le fallait, puisque Klemens avait baissé les bras...

"Merci", murmura-t-elle en passant devant lui, pour entrer dans l'appartement familier. Son coeur se serra lorsqu'elle s'assit sur le canapé, tandis que ses souvenirs lui revenaient en flash. Les bons, les mauvais, toutes les émotions fortes qu'elle avait vécu ici. Heureusement, comme chaque fois qu'elle se sentait sur le point de se perdre dans son trop plein d'émotions ces temps-ci, son esprit pouvait se raccrocher à Alicia et cela l'apaisait.

La jeune femme accepta le café et observa Roy en silence, détaillant ses traits, cherchant à deviner son état d'esprit. Le sorcier semblait un peu perdu hors du temps, et elle n'osa pas l'interrompre, sentant son coeur se serrer à nouveau. Juliana réprima son impulsion qui la poussait à prendre Roy dans ses bras, peu certaine que c'était ce dont il avait envie, et attendit qu'il prenne la parole. Sa question, légitime, la plongea dans l'embarras et elle ne chercha pas à le dissimuler. Vrillant son regard dans le sien, elle pesa le pour et le contre avant de se décider pour la vérité. A quoi bon mentir ? Il y avait eu beaucoup trop de faux semblants entre eux par le passé, cela ne pourrait rien apporter de bon d'en apporter de nouveaux. Elle était venue là pour tenter de réconcilier Klemens et Roy, tant pis si elle se faisait crier dessus au passage. Juliana n'avait pas grand chose à perdre de toute façon, ce n'était pas comme si Roy et elle entretenaient une réelle relation d'amitié... Inspirant lentement, elle répondit sur un ton doux, désireuse de montrer qu'elle n'était pas venue pour l'accuser, ni même lui faire la morale.

"Il m'a dit que votre dispute n'était pas comme les précédentes, qu'il ne t'avait jamais vu comme cela. Visiblement, il s'inquiète pour toi, pour ton..."

Nouvelle hésitation. Voilà le sujet de toutes les discordes qui arrivait sur le tapis.

"Tes activités", reprit-elle, à défaut d'un meilleur qualificatif. "Il m'a dit qu'il avait essayé de t'en parler, parce qu'il craignait que tu deviennes..."

Un mafieux arrogant, assassin et pourri jusqu'à la moelle ? Et si c'était exactement ce que Roy était devenu ? Pourraient-ils l'assumer ? Klemens avait visiblement choisi son camp... Mais elle, pourrait-elle ? Quelques mois plus tôt, elle aurait juré que non, sans l'ombre d'un doute. Après tout, elle n'avait même pas réussi à composer avec l'idée qu'il trafiques un peu de mandragore, alors ça... Mais la guerre des gangs avait radicalement bousculé sa vision des choses, sa vision du bien et du mal. Elle aussi avait tué de sang-froid, même si Klemens n'en savait rien. Alors serait-elle assez forte pour tourner le dos à Roy définitivement, s'il s'avérait que Klemens avait raison et qu'il n'y avait plus de retour en arrière pour lui ? Juliana préférait ne pas envisager cette situation. C'était trop dur à imaginer, elle préférait faire tout ce qui était en son pouvoir pour le maintenir près d'eux.

"Ecoute, il ne m'a pas dit exactement le fond de votre dispute, mais si j'ai bien compris, tu as gagné du galon dans la Voie récemment... Non ? Cela ne serait pas étonnant, tous ces sharacks arrêtés, cela a dû laisser de la place", supposa-t-elle tandis que son regard fuyait le sien, pour se poser sur sa tasse de café. Elle n'aurait jamais voulu savoir tout cela, mais pouvait-elle réellement se plaindre ? C'était sa faute si les sharacks avaient perdu leur chef, et cela l'arrangeait bien s'ils avaient perdu en influence au profit de la bande de Roy. Au profit de Roy lui-même ? Cette pensée l'intimidait, mais c'était clairement ce qu'avait sous-entendu Klemens... et cela paraissait logique au regard de l'infuence de son ex, qui avait su la protéger de toute vengence après son meurtre.

"Quoi qu'il en soit, si j'ai bien compris, il a tenté de te faire la morale, tu t'es énervé, vous avez dit des choses que vous regrettez... Tu lui as balancé des choses de son passé, visiblement. C'est plus ou moins ça ?"

Il y avait deux visions à chaque histoire, deux versions à chaque dispute, elle le savait bien. Pourtant, elle même avait déjà trop subi la colère de Roy pour ne pas pencher naturellement en faveur de Klemens. Cela dit, cela ne voulait pas dire qu'elle n'était pas prête à écouter le récit de son ex... Car l'on pardonnait toujours aux personnes que l'on aimait, et elle l'aimait toujours, d'une certaine façon.


Just to hold you once again [Roy & Juliana] 18091301182779390
Merci à Juliet
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2891
Profil Académie Waverly
Just to hold you once again [Roy & Juliana] Icon_minitimeDim 11 Jan 2015 - 3:31
Roy resta imperturbable face à l’hésitation qui se peignit sur le visage de son ex-petite amie. La connaissant, elle était venue sans vraiment préparer ce qu’elle allait dire, simplement avec une ferme intention de venir. Elle était bien plus Gryffondor que lui, qui avait tendance à calculer toutes ses approches. Qu’elle soit venue spontanément, de cette façon, ne l’étonnait que parce qu’il s’agissait de lui. Il ne pensait plus mériter ce genre d'attention de sa part.

Il l’écouta sans l’interrompre lui faire le récit de ce que Klemens lui avait révélé. Il avait l’impression que Juliana pesait ses mots, comme si elle veillait à utiliser des termes qui ne le froisseraient pas. Lorsqu’elle en arriva au fond du problème, elle laissa sa phrase en suspens, ce qui tint Roy dans une espèce d’anxiété. Il craignait qu’il devienne… quoi ? Une pourriture ? Un homme sans coeur ni scrupule ? Bien vite, l’amertume reprit le dessus dans le coeur du trafiquant. Oui, il avait bien saisi de quoi l’insultait Klemens. Il ne s’y reconnaissait pas, il s’était senti blessé que son meilleur ami pense cela de lui.

Roy préféra ne rien dire lorsque Juliana émit ses hypothèses sur son statut dans la Voie. Ironiquement, elle en savait désormais plus que Klemens, qui avait pourtant côtoyé des criminels un certain temps avant de se ranger. La différence était qu’elle vivait à Bristol, et qu’elle avait connu le traumatisme de la guerre des gangs, quelques mois plus tôt. D’ailleurs, Roy avait la sensation que c’était justement l’évènement qui les avait un peu rapprochés tous les deux. Pas seulement parce qu’elle était venue en panique pour le voir, qu’il l’avait réconfortée et même ouvert son coeur, mais aussi parce qu’ils partageaient désormais un même état de conscience. Quelque chose disait à Roy qu’elle ne le jugeait plus aussi hâtivement qu’avant, précisément parce qu’elle avait des informations, maintenant, et qu’elle avait elle-même fait certaines choses, cette nuit-là. Elle ne pouvait plus l’accuser de ne pas avoir de principes, de la même façon que lorsqu’ils avaient rompu. Elle l’avait fait, à ce moment-là, sans aucune pitié. Et maintenant ? Elle adoptait clairement la posture de celle qui cherchait à comprendre et aider, plutôt qu’accuser, chose qui plongeait Roy dans une espèce de mélange confus entre la reconnaissance et le regret. Il fallait qu’il se fasse à l’idée que les évènements n’arrivaient malheureusement pas toujours dans l’ordre qu’on aurait voulu...

Juliana finit par résumer ce qu’elle avait compris de la situation. Roy grimaça légèrement, pour une phrase en particulier. Klemens avait donc été jusqu’à lui donner des détails sur ce qu’ils s’étaient envoyés à la figure. Mais avait-il dit de quoi lui l’avait insulté ? Avait-il dit qu’il l’avait accusé de mettre sciemment sa soeur en danger ? D’être un assassin sans coeur ? Non, évidemment que non. Si Roy savait qu’il avait été trop loin dans certaines de ses paroles envers lui, il estimait ne pas avoir été le seul fautif dans cette histoire, le seul à avoir prononcé des mots malheureux. Pourquoi alors devrait-il faire le premier pas, encore ?

A ces pensées, sa rancoeur lui était remonté à la gorge. La première attitude de Roy fut butée et amère, alors qu’il répondait en fusillant du regard sa tasse de café :

« Il m’a pas fait que la morale. C’était mon procès. »

C’était ce qu’il se répétait à ses moments de faiblesse, pour réveiller son indignation, parce qu’il lui était toujours plus aisé de se laisser aller à la colère, plutôt qu’à la déprime. Mais cette fois, Roy était fatigué de se dresser des défenses, surtout quand il ne se trouvait même pas convaincant. Qu’est-ce qu’il essayait de faire ? Il ne s’était ouvert à aucune femme autant qu’à Juliana, ce n’était pas à elle qu’il pouvait rejouer le numéro du mafieux inatteignable. Au fond, il n’en avait même pas envie. Il ne s’était confié à personne sur son véritable ressenti, parce qu’il n’avait pas trouvé l’interlocuteur pour le faire. Isobel était la seule qu’il considérait assez proche, mais elle ne connaissait pas vraiment Klemens, elle ne l’avait pas côtoyé comme Juliana l’avait fait, à une époque. C’était peut-être l’occasion de vider son sac, de façon sincère.

Comme un abandon, ses muscles se décrispèrent. Roy reposa sa tasse de café -dont il n’avait rien bu, finalement, cela l’écoeurait- puis poussa un léger soupir. Il posa son regard sur la jeune femme, un peu hésitant, avant de commencer un discours décousu :

« J’étais… blessé qu’il pense ça de moi, finit-il par avouer. J’veux dire, c’est l’une des personnes qui me connaît le mieux, il ne m’a jamais résumé à mes activités, c’était même pas un truc dont on parlait, en fait. Il s’en fichait, au fond, il était pas clean non plus. Ca remettait rien en question entre nous. J’ai toujours cru qu’il le pensait en tout cas, donc quand il est venu me voir pour commencer à me faire des reproches… Je sais pas, je me suis senti… Roy se tut quelques secondes, le temps de se remémorer ce qu’il avait ressenti sur le coup pour trouver le bon terme. Trahi. Depuis le temps qu’on se connaît, je lui ai confié plein de choses, et lui, il s’en est servi pour appuyer là où il savait que ça ferait mal. Alors oui, je me suis énervé et j’ai fait la même chose, j’ai dit des choses que j’aurais pas dû dire, comme… »

Comme avec elle, des mois plus tôt. Roy laissa sa phrase en suspens, son regard fuyant le sien. Ah ça, Juliana était l’une des personnes les mieux placées pour savoir quel genre de méchancetés il était capable de dire lorsque la colère l’emportait sur sa raison. Il n’avait pas vraiment envie de s’en souvenir, le rappel de sa dispute avec Klemens était suffisamment proche et douloureux pour qu’il ne pense encore à ses autres erreurs.

« Y a des trucs que je ne peux pas lui dire. C’est comme ça, c’est comme avec ma famille, j’ai toujours considéré Klem comme un frère et… Je veux pas qu’il lui arrive des sales trucs, parce qu’il en sait trop ou qu’il aura essayé de s’en mêler. Jusque là, il l’avait toujours compris. Je comprends pas ce qui l’a fait changer à ce point. »

Il ne mentait même pas, Roy ne se rendait pas compte que l’avertissement qu’avait essayé de lui donner Klemens était réel et fondé. A ses yeux, il exagérait beaucoup trop la situation. Evidemment qu’il changeait côté professionnel, il avait de toutes autres responsabilités, il brassait un trafic avec des enjeux mille fois plus importants qu’avant, il faisait par conséquent des choses qu’il ne faisait pas auparavant… Mais il était toujours le même Roy, non ? Toujours celui qui considérait Klemens comme son meilleur ami, il n’avait pas changé de caractère, ni de centres d’intérêts alors pourquoi un tel réquisitoire à son encontre ? La brutalité et la vitesse à laquelle cet incident lui était tombé dessus, et les conséquences surtout, laissaient Roy complètement désemparé. Il ne le cachait même pas face à Juliana. Il ne savait tout simplement pas quoi faire.


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Juliana McNeil
Juliana McNeilRésistante DPP
Messages : 1377
Profil Académie Waverly
Just to hold you once again [Roy & Juliana] Icon_minitimeJeu 22 Jan 2015 - 22:25
Juliana retint un soupir quand la colère de Roy se fit sentir, le trafiquant affirmant que Klemens avait fait son procès. Juliana en doutait fortement. Autant elle-même avait certainement rejeté Roy d'un bloc lorsqu'elle avait appris pour ses activités diverses, autant Klemens, lui, avait toujours accepté Roy pour ce qu'il était, en connaissance de cause. Même si Roy avait pu avoir l'impression d'être jugé et rejeté par Klemens, Juliana, sans même avoir assisté à la conversation, se doutait que les intentions de Klem avaient été toutes autres. Sans doute était-il inquiet pour Roy, triste de le voir s'éloigner pour prendre une voie qu'il désapprouvait, sans doute cherchait-il à le faire réagir ou à établir le dialogue, certes maladroitement... Mais ne disait-on pas que l'enfer était pavé de bonnes intentions ? C'était une maxime qui ne cessait de se vérifier pour Juliana. Sans doute pourrait-elle expliquer cela à Roy pour qu'il retrouve ses esprits.

La jeune femme sentit cependant sa détermination fondre comme neige au soleil quand elle croisa le regard désemparé de Roy. Elle s'était toujours sentie personnellement touchée lorsque Roy baissait la garde, abandonnait sa foutue fierté et laissait apparaître sa sensibilité. C'était si rare et cela l'attendrissait et l'attristait à la fois, un sentiment de mélancolie et une bouffée d'affection l'envahissant. Les confidences de son ex ne firent que renforcer cela, en particulier la référence qu'elle devina à leur propre dispute passée. Détournant le regard à l'instant exact où Roy en faisait de même de son côté, Juliana médita ces propos en silence, tout en l'écoutant d'une oreille. C'était l'un de ces moments. Un de ces moments difficiles, qu'elle avait du mal à affronter, et qui la mettaient mal à l'aise. L'un de ces moments où elle se rappelait pourquoi elle s'était attaché à Roy, où elle le découvrait plus humain encore que ce qu'il n'avait laissé paraître du moment de leur couple. C'était l'un de ces moments où elle se posait cette question terrible, ce "et si"... Et s'ils étaient restés ensemble ? Et si elle l'avait laissé le reconquérir ? Et si elle était passée à côté de "la" bonne personne ? Son coeur rattait un battement, elle laissait ces questionnements l'envahir, juste une seconde, puis elle les repoussait tout aussi vite, sans grande difficulté. Parce que sa vie lui plaisait, parce qu'elle avait fait un choix et qu'elle ne regrettait pas, parce qu'elle ne croyait pas aux âmes soeurs, et que si elle devait y croire, alors Roy n'était pas la sienne. Mais c'était elle qui était partie, malgré tout, elle qui avait renoncé, et c'était sans doute pourquoi elle avait besoin de garder ses distances avec Roy, la plupart du temps. Parce qu'il lui rappelait qu'elle avait choisi une personne et renoncé à une autre...

Un léger soupir s'échappa de ses lèvres lorsqu'elle réalisa que le silence s'était instauré dans la petite pièce, que Roy attendait une réponse. Elle n'était pas venue aujourd'hui pour elle, ni pour eux, elle était là pour ses amis. Et si la dispute entre les deux meilleurs amis lui en évoquait une autre plus vieille, elle n'allait pas laisser cela l'ébranler pour autant. Pour autant, elle ne put résister à son impulsion du moment et se leva pour aller s'asseoir auprès de Roy. Elle l'observa un instant en silence, dévisageant ce visage familier sur lequel elle avait vu passer tant d'émotions différentes - la colère, la joie, l'arrogance, le mépris, l'amour, la tristesse... Puis elle glissa un bras autour de ses épaules et l'attira contre elle, sans vraiment réfléchir. Ce n'était pas un acte romantique, et elle ne s'inquiétait pas de savoir si cela allait l'attrister ou non, elle sentait qu'il en avait besoin à cet instant, c'était tout. Et, au fond, elle en avait besoin elle aussi.

Après l'avoir serré contre elle pendant un long instant, elle finit par s'écarter puis par poser sur lui un regard soucieux.

"Je pense que vous avez été trop loin tous les deux, dans vos paroles, et que vous le savez. Tu le sais, Roy, tu sais que tu vas trop loin parfois, par fierté j'imagine, parce que tu es blessé, alors tu veux blesser aussi et... Je ne sais pas, parfois, j'ai l'impression que tu réalises un peu à retardement que ce que tu peux dire ou faire blesse les gens qui tiennent à toi."

Le ton n'était pas réprobateur, elle n'était pas là pour faire son procès, justement. Mais il était temps que Roy cesse de se voir comme une victime et reconnaisse ses torts, s'il ne tenait pas à répéter encore et encore les mêmes schémas et à perdre peu à peu tout son entourage.

"Alors, voilà, c'est quelque chose que les gens peuvent comprendre, que Klem peut comprendre... Mais il ne le fera, je pense, que si toi, tu fais l'effort d'essayer de revenir vers lui. Parce que..."

Juliana hésita, cherchant à ordonner ses pensées, puis finit par plonger son regard dans celui de Roy.

"Tu ne peux pas dire que rien n'a changé. Tu ne peux pas dire que ce que tu fabriques sur la Voie n'a aucune incidence, que cela n'en aura jamais. Et surtout, Roy, tu es trop intelligent et trop influent pour me faire croire que tu ne vois pas ce qui se passe. Tu sais très bien que les choses changent, à Bristol, à Nimbus... Pardon, Cosmos. Les choses ont déjà changé. Klem a déjà changé. Tu ne peux pas le préserver, quand bien même tu le voudrais, et oui, il se sent impliqué, et oui, il s'inquiète pour toi, il s'inquiète pour lui, pour son entourage, pour sa ville, pour son pays. Roy... Je ne sais pas exactement ce qui se passe entre Klem et toi, qui est en tort, qui a raison, très sincèrement on sait tous les deux que les choses sont rarement noires ou blanches. Mais je sais une chose, Roy. Les choses changent. Les ennuis ne sont plus cantonnées à la Voie des Miracles, tu le sais très bien, et tu ne peux pas préserver les gens autour de toi. Et très honnêtement, je pense que cela ne fait que commencer... Il va y avoir des conséquences à tout cela. Il va y avoir des conséquences aux choix que nous faisons aujourd'hui, et aux personnes que nous décidons de garder à nos côtés."

La voix grave de la jeune femme donnait des accents sombres à son discours, qui semblait annoncer de biens sombres moments. Juliana ne savait pas si Roy percevrait les sous-entendus en filigrane, tant elle avançait vers l'inconnu ici, uniquement guidée par son intuition qui lui soufflait que Roy, Klemens et elle étaient prêts à s'engager irrémédiablement sur des chemins différents...


Just to hold you once again [Roy & Juliana] 18091301182779390
Merci à Juliet
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2891
Profil Académie Waverly
Just to hold you once again [Roy & Juliana] Icon_minitimeDim 1 Fév 2015 - 21:02
Roy sut presque aussitôt ce que comptait faire Juliana, au moment où elle vint s’asseoir près de lui. Elle le dévisageait avec une expression qui ne laissait pas vraiment de doutes sur ses intentions. Et pourtant, Roy ne put rien faire d’autre que rester parfaitement immobile, comme si ses neurones venaient de s’anesthésier en un instant. Il retint même sa respiration sans s’en apercevoir, au moment où la jeune femme l’encercla de ses bras. Alors qu’il s’y attendait, le geste lui procura malgré tout de la surprise, et le plongea dans ce mélange familier de sentiments contradictoires, dès qu’il s’agissait de Juliana. C’était toutefois moins désagréable et déstabilisant qu’avant. Même si les conséquences avaient été dures, se déclarer lui avait fait plus de bien qu’il ne le pensait au premier abord. Roy savait désormais qu’il ne servait à rien de lutter face à ce qui était une évidence : Juliana tiendrait toujours une place particulière pour lui. Quand bien même il n’avait pas réussi à vivre ce qu’il aurait voulu avec elle, quand bien même cela n’arriverait sans doute jamais, il ne regrettait pas d’avoir dit ce qu’il ressentait. Autrement, il n’aurait sans doute pas pu accepter les faits : Juliana ne serait jamais à lui.

Pour lui, en revanche, elle était là, et cela faisait déjà une belle différence par rapport à leur situation quelques mois plus tôt. Un instant, avec une certaine consternation, il se fit la réflexion qu’il devait être vraiment amoureux pour se contenter de si peu avec Juliana, alors qu’il avait envie de tellement plus. Roy Calder, accepter de laisser filer la femme qu’il aimait pour qu’elle vive son bonheur auprès de quelqu’un d’autre ? Eh bien, c’était du jamais vu. Si Juliana n’avait pas été réellement importante pour lui, il se serait contenté de la rayer de sa vie, comme toutes ses autres ex avec qui la rupture avait été brutale, car il était hors de question de courir après des causes perdues. Mais la repousser, alors qu’elle venait lui apporter son soutien, sa présence ? C’était au-dessus de ses forces. Si c’était le seul lien qu’il pouvait avoir avec elle, il s’en contenterait car c’était toujours mieux que rien, et tant pis si cela faisait de lui l’ex petit ami qui devait rester à sa place. C’était ce qu’il était de toute manière, et Juliana était une femme, sûrement la seule, pour laquelle Roy voulait bien étouffer son ego.

Alors il mit de côté son trouble, pour enfin accepter son étreinte en renfermant doucement ses bras autour d’elle. Ce simple geste lui fit un bien fou, presque instantanément, alors qu’il fermait les yeux pour mieux s’abandonner dans ses bras. Enfin. Enfin, il acceptait de lâcher prise. S’ériger des barrières se révélait beaucoup plus épuisant qu’il ne l’imaginait. A cet instant, Roy n’avait aucune envie de mentir, ni sur ce qu’il ressentait pour elle, ni sur sa peine concernant Klemens. Il avait juste envie de se laisser réconforter. S’il n’avait pas été Roy Calder, il aurait même avoué que sa gorge se nouait un peu, et quelque part, s’il ressentit une pointe de regret en sentant Juliana s’éloigner de lui, il la laissa reculer avec un certain soulagement aussi : il aurait peut-être fini par craquer réellement dans ses bras, dans l’état des choses.

Evidemment, Juliana n’était pas venue seulement pour le consoler. Roy l’écouta sans la regarder lui dire des choses qu’il savait, au fond de lui. Combien de fois avait-il blessé des personnes auxquelles il tenait, consciemment ou non ? Cela semblait être une habitude chez lui de détruire ses relations. S’il ne faisait rien contre, c’était parce que c’était souvent trop tard, le mal avait été fait, car Roy était de nature bien trop impulsive. Et surtout, il avait tendance à s’enfermer dans une carapace de fierté et penser qu’il n’avait besoin de personne. Que personne n’était irremplaçable. Qu’une femme en valait bien une autre. Qu’un ami finirait par revenir. Qu’un frère ne lui en voudrait jamais complètement. Ce raisonnement avait longtemps fonctionné. Roy en était à une étape où pour la première fois, il n’était plus si tranquille, où il doutait de l’avenir. Et si tout était définitivement perdu, cette fois ? Et s’il était vraiment allé trop loin ? Et si Klemens ne revenait jamais ?

A un moment de son discours, le regard de Juliana fut trop difficile à soutenir. Lorsqu’elle déclara que Klemens avait changé, qu’il ne pouvait pas le préserver, Roy détourna les yeux, puis se leva du canapé, pour commencer à arpenter la pièce jusque sa fenêtre. Il ne pouvait pas préserver les gens qu’il aimait. Il aurait voulu, pourtant, oh, il aurait voulu. C’était ce qu’il avait toujours essayé de faire. Ne pas mêler ses amis, sa famille à ses propres magouilles. Il le faisait maladroitement, brutalement, mais c’était avant tout mû par une volonté de les protéger. Oh, c’était aussi égoïste. Parce qu’il savait que s’il tenait ses proches au courant de tout ce qu’il faisait, il les pousserait à le faire changer, au mieux, il les décevrait, au pire. Et il n’avait pas envie qu’on lui dicte quoi faire de sa vie.

Que Juliana commence à lui parler de choix, de personnes à garder à ses côtés, lui faisait inévitablement sentir qu’il était dans une situation qu’il détestait : celle de devoir choisir un camp. Comment les choses dans leur pays s’étaient-elles aggravées pour qu’ils en arrivent à ce point là ? Pour que même Juliana, qui au fond, ne savait pas grand chose de ce qui se tramait à l’envers du décor, pressente qu’ils couraient droit vers des conflits ? Pourquoi elle et Klemens étaient plus lucides que lui sur la situation, alors qu’ils savaient bien moins de choses que lui ? Se mettait-il volontairement des oeillères, pour s’empêcher de remettre en question ses choix ? Pour s’empêcher de gâcher ses affaires et sa nouvelle vie confortable, pour des histoires de convictions, celles que Klemens lui avait reproché de ne pas avoir ? Roy était un homme ambitieux mais il n’était pas quelqu’un d’engagé. Il avait toujours vécu pour ses propres envies. Chacun ses merdes, voilà ses convictions. Tant que les choses ne le touchaient pas personnellement, il ne ressentait pas l’envie de se bouger pour un groupe, et cela ne datait pas d’hier, il avait toujours agi de la sorte. Les autres pouvaient bien peiner, si ce n’était pas lui, ni ses amis. Juliana avait raison, il était influent, il l’était même plus que ce qu’elle devait s’imaginer. Il se sentait dorénavant dans une position assez confortable pour influer sur le cours des choses. Si l’un de ses amis se retrouvait un jour en difficulté, il avait les passes-droits au Ministère pour les sortir de leurs ennuis. S’ils étaient menacés, il avait les moyens d’éliminer ce -et même ceux- qui les entravaient. Alors, de quoi allait-il se plaindre ? Pour un homme comme Roy qui réfléchissait comme un homme d’affaires, et non comme une personne de convictions, cela ne faisait aucun sens de renoncer à tout ce pouvoir, tous ces avantages, pour le bien commun. Et son bien à lui ?

« Je sais… Je sais tout ça, Julia. »

Il savait que les choses changeaient. Mais il ne voulait pas qu’elles changent. Et Roy était le genre d’homme capable de se leurrer longtemps sur la concordance entre ses désirs et la réalité. Soupirant, il se tourna vers son ex, toujours debout. Il commença par lui assurer une chose, la seule dont il était certain, en vérité :

« Je ne veux pas perdre Klem. Je ne veux pas vous perdre. » Car il incluait la jeune femme dedans. « Mais qu’est-ce que je peux faire ? Même si… Roy prit une inspiration, l’idée de faire le premier pas ne lui plaisait toujours pas. Même si j’allais le voir et que je m’excusais, je le connais, il va m’envoyer bouler. Je lui ai dit trop de choses impardonnables. Et ça changerait rien au fond du problème. Il a mis son nez dans des affaires dont il n’aurait jamais rien dû savoir. »

Le regard agité, Roy s’interrompit quelques secondes, le temps de trouver comment formuler toutes les pensées qui se bousculaient dans sa tête. Comment expliquer à Juliana ? Comment lui faire part de ses craintes et de ses doutes sans absolument tout dire ? Il se souvint qu’une chose les rapprochait encore. Un évènement les avait marqués tous les deux, comme il n’avait marqué aucune personne de leur entourage commun. S’il ne pouvait pas tout lui dire, il pouvait en revanche faire des parallèles, pour lui faire comprendre les dilemmes dans lesquels il se trouvait.

« Qu’est-ce que tu ferais toi, si Alicia savait ce que tu as fait ce soir-là et qu’elle te repoussait pour ça ? »

Il ne savait pas si Juliana avait trouvé le courage de tout dire à la médicomage, mais au fond, cela n’avait pas d’importance. Elle s’était trouvée comme lui, avec de sombres secrets sur la conscience qu'on préférait cacher, face à des proches qui n’attendaient qu’une chose : savoir.


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Juliana McNeil
Juliana McNeilRésistante DPP
Messages : 1377
Profil Académie Waverly
Just to hold you once again [Roy & Juliana] Icon_minitimeMer 25 Fév 2015 - 12:57
"Elle sait."

Juliana avait ce ton tranquille de celle qui avait fait une erreur et se sentait suffisamment sereine pour la reconnaître, pour en accepter les conséquences, et ne plus jamais la refaire. Oui, son manque de confiance, sa défiance même et son absence de communication envers Alicia avaient bien failli lui coûter sa relation avec la jeune femme. Oui. Mais elle l'avait compris, et elle était prête à s'assurer que cela n'arrive plus jamais, maintenant qu'elles avaient mis le doigt sur le problème. Celui de Roy, en revanche, était qu'il n'avait pas compris cela. Qu'il pensait toujours que ses actions étaient au coeur du problème et non pas la façon qu'il avait de réagir face à son ami. Un ami pouvait tout accepter et tout pardonner, ou presque - elle ne s'aventurerait pas trop sur ce terrain, tant les activités de Roy lui paraissaient contestables - mais pour cela, encore fallait-il que la personne en face ne se braque pas... Car dans ce cas là, il n'y avait plus rien à faire. Toute la bonne volonté du monde de la part de Klemens n'empêcherait pas Roy de s'enfermer dans ses mystères et ses secrets, dans son ego et dans son silence. Et lutter contre le silence, eh bien... C'était impossible, tout simplement.

"Elle sait, on en a parlé et elle m'a pardonné pour cela. Du moins... elle l'a accepté. Elle était capable d'accepter un meurtre, en revanche elle a bien failli me quitter pour lui avoir menti, pour m'être éloignée et ne pas lui avoir fait suffisamment confiance pour lui en parler."

La jeune femme se leva du canapé à son tour et vrilla son regard dans celui de Roy. Voyait-il le parallèle entre leurs deux situations ? Elle était prête à enfoncer le clou si nécessaire. Après tout, si elle-même avait réussi à arranger les choses avec Alicia, Roy pouvait encore peut-être le faire avec Klemens.

"Ce n'est pas Klemens qui s'est détourné de toi, Roy, c'est toi qui t'es détourné de lui. Peut-être bien qu'il a mis son nez dans des affaires personnelles, c'est ce que font les amis qui s'inquiètent, et peut-être que tu trouves ça trop intrusif. Libre à toi de t'éloigner complètement de lui parce que c'est plus simple et que votre relation est devenue trop compliquée compte tenu de tes... secrets. Libre à toi de considérer que... gagner de l'argent facilement, alors que tu n'es clairement pas dans le besoin, est plus important."

Un sombre sourire éclaira les lèvres de la jeune femme. Ne pas juger Roy ? Elle avait tenu dix minutes. Juliana se sentait bien trop indignée pour ne pas le faire, Roy devait en avoir conscience, mais qu'importe au fond ? Cela n'enlevait rien au fond de son discours.

"Mais ne va pas croire que c'est lui qui se détourne. Il ne te repousse pas pour ce que tu fais, tout ce qu'il voulait, c'était que tu lui parles, tout simplement."

Ce n'était pas tout à fait vrai, songea Juliana avant d'apporter une nuance :

"En fait, si Alicia a pu me pardonner ce meurtre, c'est aussi parce qu'elle a vu que... Je n'y étais pas indifférente, cela m'avait touché, tu comprends ? Peut-être que Klem a l'impression que ce n'est rien, pour toi. Ôter des vies, piétiner la vie des autres pour ton propre bénéfice... Je ne sais pas, c'est peut-être l'impression que tu lui as donné. Même si on sait tous les deux que c'est faux."

Elle hésita un court instant avant d'ajouter :

"Même si on sait tous les deux que tu vaux bien mieux que ça."

Oui, Roy valait mieux que cette voie sur laquelle il était en train de s'engouffrer. Juliana le sentait sur le point de se perdre pour de bon et il lui était insupportable d'assister à cela, sans essayer de le retenir. La jeune femme avait envie de lui crier dessus, de le secouer, de lui ouvrir les yeux pour qu'il réalise l'énorme bêtise qu'il était en train de faire... Pour qu'il réalise qu'il n'était pas trop tard. Car il n'était pas encore trop tard, n'est-ce pas ? Peut-être qu'elle pouvait le convaincre de se retirer de tout cela, de revenir à la raison. Elle pouvait au moins essayer, songea-t-elle en tournant vers lui un visage déterminé.


Just to hold you once again [Roy & Juliana] 18091301182779390
Merci à Juliet
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2891
Profil Académie Waverly
Just to hold you once again [Roy & Juliana] Icon_minitimeMar 17 Mar 2015 - 3:01
Roy resta songeur face à la première réponse de Juliana, les parallèles s’établissaient déjà d’eux-mêmes dans son esprit. Avait-il mal compris ce que Klemens cherchait réellement en venant le confronter ? Ce ne serait pas étonnant, il n’avait pas vraiment réfléchi sur le coup. Il s’était senti immédiatement attaqué dès que le loup avait commencé à lui parler de ses sombres activités, c’était plus fort que lui, presque instinctif, il se mettait toujours sur la défensive dès que l’on cherchait un peu trop à en savoir sur cette partie peu reluisante de lui. En avait-il honte ? Non, c’était ce qu’il était, c’était les choix qu’il avait faits, et tout en sachant que ce n’était pas la meilleure part de lui-même, il était agacé de devoir s’en justifier. Il estimait ne pas avoir de comptes à rendre, il avait toujours considéré qu’il pouvait faire ce qu’il voulait tant qu’il l’assumait. Mais précisément, et si cette fois… Il n’avait pas assumé ? Sa vie avait complètement changé de rythme, c’était à mille lieues de son ancien petit train tranquille de jeune délinquant qui trafiquait par-ci par-là, selon une routine bien établie, et des dangers moindres. Il changeait ses habitudes, il changeait ses relations, il changeait lui-même, tout court. Il se retrouvait à assumer des responsabilités et accomplir des actes qu’il n’aurait peut-être pas fait auparavant, mais tout ceci s’était inscrit dans un processus, un enchaînement d’évènements, et… Il en était là, tout simplement. A devoir assumer la mort de deux gamins qui étaient là au mauvais endroit, au mauvais moment, comme deux obstacles à la machine de ses affaires. Car c’était une machine, désormais, une usine, même, dont il était le maître chargé d’en surveiller les moindres rouages, et dont les enjeux étaient désormais trop importants pour qu'il se permette de s'effondrer à la moindre panne.

Alors il s’était senti acculé quand Klemens était venu lui demander des explications sur cette affaire, quand Roy lui-même était encore fébrile et incertain sur ce qu’il devait ressentir, quand il se demandait encore comment il avait pu laisser cela arriver, et surtout comment il venait froidement de décider qu’il n’y aurait aucune suite, juste un nettoyage des preuves qui pourraient l’embarrasser. Il n’avait pas su répondre aux questions frontales de son meilleur ami, alors il avait préféré louvoyer, comme toujours. Fuir, détourner la conversation, renverser la situation, reporter les réflexions à plus tard. Et ce que Juliana était en train de faire… Eh bien, c’était la même chose que Klemens, à sa façon, avec la différence qu’elle s’y prenait mieux, en quelque sorte. Si Roy avait senti ses dents se serrer en l’écoutant affirmer que lui, son égoïsme et sa cupidité -pour faire simple- étaient responsables de cette situation, il se sentit… ramollir, c’était le mot, à la conclusion de son discours. L’expression sur son visage devait d’ailleurs se balancer quelque part entre la contrariété, l’étonnement et une espèce de trouble qu’il se dépêcha d’enfouir en détachant son regard de celui déterminé de la jeune femme.

Ah, c’était bête, par Merlin, il se sentait bête. Elle venait de toucher à une corde que l’on n’avait plus titillé chez lui depuis un certain temps. Car les discours accusateurs et déçus de ses proches restaient éternellement les mêmes, à savoir, uniquement accusateurs et déçus, si bien que Roy n’y mettait plus aucune volonté pour les écouter. Avec le temps, et on ne pouvait pas leur en vouloir, ces personnes qui tenaient à lui en oubliaient de rappeler ce qui les motivait en premier lieu, si bien que Roy s’était enfermé -avec un certain manque de maturité- dans l’idée que puisque personne ne croyait en ses qualités, eh bien, à quoi bon essayer de changer ? Autant continuer dans le chemin où il était, où il réussissait d’ailleurs mieux qu’ailleurs. « De toute façon, ce n’est pas comme si quelqu’un allait un jour être fier de moi ». « Je suis un connard, très bien, si vous êtes vingt à me le dire, c’est que vous devez avoir raison. » Autant de pensées cyniques qu’il avait nourries longtemps, avec amertume au départ, puis résignation, ensuite.

Alors, oui, cela le rendait un peu confus qu’une femme -qui l’avait giflé en le traitant de gosse pitoyable avant de le quitter, rappelons-le, elle était tout de même haut placée dans la liste des personnes déçues par Roy Calder- lui déclare qu’il valait quelque chose, qu’il valait bien mieux, même. Son trouble mis à part, il devait reconnaître que cela comptait pour lui, que quelqu’un lui tienne ce discours. Et s’il devait être tout à fait honnête, cela comptait d’autant plus que ce soit Juliana, précisément.

Son envie première de se braquer venait donc de parfaitement s’envoler, et Roy s’étonna encore une fois de ce pouvoir qu’elle avait de le pousser dans ses derniers retranchements, avant de se reprendre, car ce n’était décidément pas le moment de disserter sur tout ce que Juliana McNeil était capable de lui faire faire sans le savoir. Lui-même ne savait pas tout, et n’avait pas forcément envie d’être mis au courant… Avec un soupir, il revint s’asseoir à son canapé, dans le principal but de gagner du temps pour réfléchir à quoi répondre. Quelques secondes s’écoulèrent avant qu’il n’ôte ses mains de son visage et se mette à les croiser entre elles, coudes sur ses genoux. Sa réponse fut loin de sa volubilité habituelle :

« Ok... J’irai lui parler. »

Il avait tourné les paroles de Juliana dans sa tête, en s’efforçant d’effacer ce qu’il pouvait prendre pour des attaques directes, et au fond, il s’agissait de mots qui portaient une certaine forme d’espoir. Il en tirait la conclusion que Klemens pouvait toujours lui pardonner, car on pouvait pardonner beaucoup de choses à quelqu’un que l’on aimait, si tant est que l’échange existait toujours. Roy ne pouvait nier, il avait arrêté de parler de beaucoup de choses à Klemens, depuis un certain temps, pour le protéger et ne pas le décevoir. Il avait fait une erreur, visiblement, il était prêt à tenter de rectifier le tir, car il ne pouvait pas se mentir là-dessus : son meilleur ami lui manquait réellement, et il était fatigué de batailler avec lui-même pour déterminer qui devait faire le premier pas. Il fallait que quelqu’un le fasse, avant que cela ne soit trop tard et irrémédiable, ce que craignait le plus Roy, finalement. Ses doigts commençaient d’ailleurs à pianoter nerveusement son genou à la pensée que ses élans de repentir étaient peut-être complètement vains, et son ton trahit cet espèce de pessimisme un peu amer, à mi-chemin entre le désabusement et l’humour cynique, qui l’envahissait :

« Bon, je ne sais pas trop comment je vais faire vu qu’officiellement, on ne peut plus se voir en peinture, j’imagine que je vais devoir encaisser des portes qui claquent, mais ça fait toujours moins mal qu’une gifle. »

Merlin savait comme Roy était parfaitement connaisseur de ce qu’était une gifle. Il cessa enfin de regarder les lattes du parquet pour relever les yeux vers Juliana, hésitant sur ce qu’il convenait de lui dire, maintenant. Merci ? Il n’était même pas sûr qu’elle ait fait cela pour lui plus que pour Klemens. Il était tenté d’arrêter leur conversation ici, car il ne voulait pas trop se livrer. Il sentait qu’elle se posait des questions elle aussi, à travers ce qu’elle lui transmettait de l’opinion de Klemens. Mais il préférait ne pas trop s’y aventurer, qu’elle reste sur son opinion moins tranchée sur lui que celle qu’elle avait au moment de leur rupture lui convenait, et lui paraissait surtout un état un peu trop fragile pour qu’il commence à jouer avec. Et puis, en soi, il ne lui devait plus rien, il était bien libre de ne pas la tenir au courant des détails de sa vie : elle n'en faisait plus partie… Officiellement. Dans les faits, ni l’un ni l’autre n’avaient l’air d’avoir intégré le principe.

« Désolé que tu sois mêlée à ça » finit-il par dire doucement, son regard posé sur elle.

C’était peut-être la seule chose à dire. Même si Roy n’avait pas vraiment de contrôle là-dessus, il ne pouvait que constater que ces derniers temps, Juliana n’entendait parler de lui que dans des circonstances catastrophiques, auxquelles il aurait largement préféré qu'elle ne soit pas mêlée. Entre le Bloody Sunday, la guerre des gangs, et maintenant, sa violente dispute avec Klemens, elle devait penser qu’il avait décidé de l’entraîner dans les pires moments de sa vie. Baissant la tête pour masquer son léger sourire face à ce constat -pas très drôle, il fallait le dire- Roy, fidèle à lui-même, se sentit obligé de le dédramatiser un peu :

« Mais sinon, je t’assure que je ne fais pas exprès de rejaillir dans ta vie pour te faire partager les joyeusetés de la mienne. »


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Juliana McNeil
Juliana McNeilRésistante DPP
Messages : 1377
Profil Académie Waverly
Just to hold you once again [Roy & Juliana] Icon_minitimeDim 22 Mar 2015 - 0:31
Pendant que Roy méditait visiblement ses propos, Juliana éjecta ses chaussures puis ramena ses jambes sous son corps, s'installant confortablement au fond du canapé. Puisqu'ils en étaient à évoquer des crimes et des choix existentiels, elle pouvait bien faire comme chez elle. Quelque part, cette situation lui semblait si familière - Roy, elle, et un tas de problèmes à fort potentiel explosif... Elle l'observait, elle observait son expression soucieuse, ses épaules tendues, et elle avait l'impression qu'elle le connaissait par coeur, et si peu à la fois. Ce qui était un peu le cas. Du temps de leur relation, lorsqu'ils avaient réellement passé du temps ensemble, elle avait appris à connaître l'homme qu'il était au quotidien. Mais ce n'était qu'après, lors de leurs rares mais toujours mouvementées rencontres ultérieures qu'elle avait l'impression d'avoir véritablement appréhendé qui il était, au fond. C'était comme s'il lui avait laissé entrevoir ce qu'il y avait de plus sombre dans sa personnalité, mais aussi ce qu'il y avait de meilleur, comme si quelque chose les unissait à présent qui ne disparaîtrait jamais complètement, quand bien même ils ne se parlaient pas durant des mois. Comme s'ils étaient complices.

Aussi ne fut-elle pas réellement surprise lorsque Roy, après un instant de réflexion, décida de cesser de se draper dans sa fierté et accepta son raisonnement. Il allait essayer, il allait faire le premier pas avec Klem, quitte à se prendre une porte dans la figure. Ce qui ne manquerait sans doute pas d'arriver, et au vu de ce que lui avait raconté Klem, ce serait mérité, mais au moins Roy aurait-il essayé. Klem ne pourrait pas lui reprocher l'inverse ni se cacher derrière la fausse idée que Roy n'était qu'un monstre d'indifférence et de cruauté. Ainsi, il ne tiendrait qu'à lui de décider de lui pardonner ou non. Juliana s'apprêtait à lui répondre avec gentillesse lorsque sa réflexion cynique la prit de court. Pourquoi mentionnait-il cela ? Etait-ce une pique destinée à son attention ? Comme trop souvent, Juliana réagit au quart de tour, marmonnant d'un ton acide :

"Oui, eh bien, parfois les gifles sont méritées."

Elle ne comptait certainement pas s'excuser pour les siennes. Une gifle faisait peut-être mal, mais toujours moins qu'une tromperie... Enfin, il n'était pas temps de revenir là-dessus, beaucoup d'eau avait coulé sous les ponts et elle se doutait bien que ce n'était pas contre elle que Roy gardait une rancoeur, mais bien contre Klem, en dépit de la bonne volonté dont il faisait preuve sur ses conseils. Au passage, en ce qui la concernait, elle trouverait cela parfaitement mérité de la part de Klemens d'en coller une à Roy après ce qu'il lui avait sorti, mais elle préféra ne pas enfoncer le clou. D'autant plus que le ton doux avec lequel Roy s'adressa ensuite à elle la pris de court.

"Ce n'est rien. Ecouter les clients râler sur leurs meilleurs potes fait partie du boulot", plaisanta-t-elle pour détendre l'atmosphère. Heureusement, tenter de règler les problèmes de ses clients ne faisait pas partie de son quotidien, mais cette situation était particulière. Les informations qu'elle recevait à propos de Roy étaient trop intrigantes pour qu'elle reste à l'écart, et puis Klemens lui avait fait de la peine, si elle devait être honnête. La jeune femme esquissa un sourire un peu incertain à l'entente de sa remarque suivante. Essayait-il de lui dire qu'il aurait préféré qu'elle se tienne à l'écart, et que les circonstances ne cessent de la pousser dans ses pattes ? Ce serait justifié, après tout, elle n'avait pas vraiment de bonne raison d'être ici si ce n'est celle, peu avouable, qu'elle tenait encore à lui. Ou celle, encore moins avouable, du moins à Roy, qu'elle aimerait bien avoir plus d'informations quant à ce qu'il traficotait donc dans la Voie...

"C'est vrai que le sort n'arrête pas de nous pousser à nous rencontrer dans de charmantes circonstances...", commenta-t-elle finalement.

Le sort... Comme si ce n'était pas par choix qu'elle était ici.

"Peut-être que la prochaine fois que nous nous croiseront, ce sera pour une occasion plus joyeuse."

Pas de sous-entendus ni d'ambiguité dans sa voix, mais elle exprimait un voeu sincère. De toute évidence, ils n'en étaient plus à vouloir s'étriper et se crier dessus comme lorsqu'ils s'étaient croisés par hasard chez Irving, aussi elle n'aurait rien contre le fait de le croiser de temps en temps de façon plus amicale. Cela lui éviterait de n'avoir de ses nouvelles que par des personnes qui étaient fâchées contre lui, songea-t-elle tandis qu'un souvenir qu'elle occultait depuis bien longtemps lui revint en mémoire. Son regard se posa de nouveau sur Roy et elle l'observa un long instant, semblant le jauger. Juliana avait pris le parti d'ignorer ce qu'elle avait appris sur son ex, ce qui était relativement facile lorsqu'il n'était qu'un souvenir dans son esprit, mais maintenant qu'elle l'avait sous les yeux... Elle doutait. Elle l'observait et songeait à combien il serait facile de croire en ce qu'elle avait appris. Sans aucun doute, Roy Calder n'était pas un homme ordinaire et elle se savait à deux doigts de croire qu'il puisse avoir ce pouvoir sur quelqu'un, cette faculté à mentir, voire à manipuler son entourage. Le problème était qu'elle ne voulait pas y croire... Mais comment savoir ? Il n'y avait pas cinquante façons d'ôter ce doute de son esprit...

Se mordillant l'intérieur de la joue, Juliana tourna sept fois sa langue dans sa bouche puis laissa échapper un soupir de frustration. La serveuse entoura ses jambes de ses bras et posa son menton sur ses genoux, le regard posé dans le vide. Elle était partagée entre la honte de ce qu'elle s'apprêtait à demander et l'appréhension de ce qu'elle pourrait découvrir - une confirmation de ses craintes. Pourtant, elle finit par se décider, souhaitant en avoir le coeur net, une bonne fois pour toute.

"Roy... Il y a quelque chose dont je voulais te parler depuis longtemps. J'ai rencontré une femme à Bristol il y a quelques mois, qui m'a... beaucoup parlé de toi. Tu la connais bien, il semblerait... Je pense que son nom va te dire quelque chose. Elle s'appelle June Byrd."

Tournant son visage vers Roy, elle observa sa réaction du coin de l'oeil, attendant qu'il se décide à dévoiler ses cartes. Elle-même n'était pas pressée de le faire.


Just to hold you once again [Roy & Juliana] 18091301182779390
Merci à Juliet
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2891
Profil Académie Waverly
Just to hold you once again [Roy & Juliana] Icon_minitimeDim 5 Avr 2015 - 23:16
Pour la première fois, juste l’espace de quelques secondes, il sembla à Roy qu’ils venaient de réussir à effacer cette tension perpétuelle entre eux, résultat des ressentiments, des regrets et de la méfiance qui avaient découlé de leur rupture. Intérieurement surpris, Roy se demanda si Juliana répondait à ses plaisanteries et évoquait la possibilité de se revoir dans de meilleures circonstances par politesse, ou si elle exprimait un espoir sincère. Il ne s’était jamais imaginé qu’il pourrait renouer quoique ce soit avec Juliana, encore moins qu’elle serait celle qui le proposerait. Elle l’avait sorti de sa vie avec une telle violence que Roy s’était simplement dit qu’il devait se faire à l’idée qu’il n’avait plus le droit d’en faire partie. Mais c’était difficile, c’était même plus ou moins impossible, quand on savait qu’ils habitaient la même rue, fréquentait certains endroits et partageaient quelques amis. Par la force des choses, ils s’étaient revus à plusieurs occasions. Roy ne savait que penser de la tournure que prenait leur relation. Il était à la fois contrarié de ne pas réussir à la sortir complètement de sa vie -tout aurait été tellement plus simple- et paradoxalement satisfait de voir que ce n’était pas le cas de Juliana non plus. Elle n’avait même pas besoin de le reconnaître pour que Roy en fasse l’hypothèse : le fait qu’elle soit venue chez lui le voir par elle-même à deux reprises le laissait songeur, et même, quelque part, plutôt flatté…

« Espérons, oui. » glissa t-il avec un léger sourire, sans rien ajouter de plus.

Il avait failli dire « On a le droit de rêver » mais un peu d’optimisme ne mangeait pas de pain, surtout s’il n’était pas pour durer. La tension revint bien vite alourdir l’atmosphère. Du coin de l’oeil, Roy attrapa le petit manège gestuel de Juliana. Il avait toujours eu l’impression de pouvoir lire assez facilement ce que la jeune femme pensait, tout simplement parce qu’elle n’en cachait rien, contrairement à lui qui était habitué à feindre, à mentir. Qu’hésitait t-elle à lui dire ? Roy n’était pas certain de vouloir savoir. Il avait réussi à se sortir d’un tournant délicat de leur conversation en restant évasif -la pente des prises de position politique lui avait étrangement paru bien glissante- mais si Juliana remettait le sujet sur le tapis, il n’allait pas pouvoir esquiver longtemps. Il ne la poussa donc pas spécialement à parler, mais son attention augmenta d’un cran, alors qu’elle préambulait son discours. Quelque chose dont elle voulait lui parler depuis longtemps. Les sourcils de Roy se fronçaient un peu plus à ses mots, jusqu’à se hausser de stupeur, alors qu’un nom était enfin lancé. Pendant trois secondes, il fut incapable de réagir, comme si quelques connexions manquaient. June et Juliana ? Pourquoi ? Au nom de quoi ? A quelle occasion ? Comment ? Qui là-haut lui en voulait à ce point ?

« June ? répéta t-il, incrédule. Comment tu la connais ? Qu’est-ce qu’elle t’a dit ? »

En fait, c’était proprement inquiétant. Pas tant par rapport à ce que June pouvait dire, mais plutôt pour ce qu’elle était capable de faire. Depuis qu’elle était revenue Bristol, cette femme s’appliquait à lui pourrir l’existence, au sens propre du terme. Il sentit une vague de colère monter en lui, et son poing se serra à la pensée qu’elle n’avait décidément pas compris qu’elle avait déjà franchi la limite rouge. Il venait de se souvenir que June, quelques mois plus tôt, lui avait laissé entendre qu’elle connaissait Juliana. Sur le coup, il avait cru qu’elle s’était simplement renseignée sur elle, en apprenant qu’elle avait un lien avec Roy. Mais Juliana lui annonçait qu’elles avaient discuté, elle s’était donc approché d’elle. L’avait-elle abordée en toute connaissance de cause ? Ou était-ce le simple fruit du hasard ? Roy ne parvenait pas à croire qu’elles aient pu tomber l’une sur l’autre dans une parfaite coïncidence, il était plutôt fortement convaincu que tout ceci n’était qu’une machinerie de plus de la part de June, pour l’atteindre, lui… Comme elle l’avait fait avec Irina. Quelque chose dans l’estomac de Roy se révulsa au souvenir du récit que sa soeur lui avait fait, June pénétrant dans son appartement en se présentant comme son amie, avant de révéler son véritable visage… Malgré lui, les parallèles s’établirent aussitôt dans son esprit, et il sentit son coeur changer de rythme, l’espace de trois secondes, alors que son regard animé d’une lueur d’inquiétude fouillait celui de Juliana.

« Elle t’a fait quelque chose ? »

La question était sortie avant qu’il ne songe à la retenir et passer par des détours pour tenter de savoir de quoi il en retournait. June Byrd était désormais un sujet plus que sensible chez Roy, et même, susceptible de le rendre paranoïaque, à force. Juliana n’avait pourtant pas l’air différente ou traumatisée, à vue de nez. Il n’empêchait qu’elle avait préféré garder le silence après avoir évoqué June et Roy ne savait pas comment interpréter ce silence, alors il allait très vite se faire des idées si les réponses ne venaient pas... Comme le suggérait le regard pressant qu’il posait sur Juliana.


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Juliana McNeil
Juliana McNeilRésistante DPP
Messages : 1377
Profil Académie Waverly
Just to hold you once again [Roy & Juliana] Icon_minitimeLun 6 Avr 2015 - 15:34
Si Juliana s'était attendue à ce que le sujet "June" provoque une conversation animée, elle n'imaginait pas pour autant une réaction aussi forte de la part de Roy. Son interlocuteur semblait proprement ahuri par le nom qu'elle venait de lâcher et mis plusieurs secondes à réagir, avant de lui poser une question des plus inattendues, sur un ton pressant qui semblait trahir de l'inquiétude...

"Non, non, elle ne m'a rien fait", répliqua Juliana en fronçant les sourcils, ne comprenant pas la réaction de Roy. S'attendait-il à ce que June dise de mal de lui et n'entâche son image dans son dos ? Sans doute était-ce le cas, mais pourquoi craignait-il qu'elle lui ait fait quelque chose ? Elle n'avait fait que parler en mangeant des petits fours, pas de quoi en faire tout un plat... Décidément, il y avait bien un lourd passé entre June et Roy et elle avait bien fait de poser la question, car il était hors de question qu'elle parte d'ici avant d'avoir les tenants et les aboutissants de cette histoire.

"On s'est rencontré à une réunion de l'OFFRE et on a simplement fait connaissance, elle avait l'air de quelqu'un de sympathique", expliqua-t-elle prudemment, avant d'ajouter : "De fil en aiguille, on s'est rendu compte qu'on avait une connaissance en commun, à savoir toi, et... Eh bien, elle m'a parlé un peu de votre histoire."

Les yeux clairs de Juliana vinrent accrocher ceux, anxieux, de Roy. C'était le moment de vérité... Celui où Roy pourrait infirmer ou confirmer les accusations de June, celui où Juliana pourrait lire la vérité ou le mensonge dans son regard. La serveuse sentit son pouls s'accélérer lorsqu'elle entreprit de rapporter les paroles de la jeune femme.

"Elle m'a raconté que tout allait bien au début, que vous ne vous voyiez pas de façon régulière au début, et puis c'est devenu sérieux... Mais tu l'as trompé plusieurs fois, et tu lui mentais sur tes activités."

Juliana marqua une pause et détourna le regard, le parallèle avec leur propre histoire étant trop évident à son goût. C'était ce qui lui avait mis le doute, dans ce récit, ce qui l'avait toujours fait pencher en faveur de la véracité du récit de June. Leurs situations étaient si semblables, qu'elle n'avait pas pu l'inventer... Se mordillant l'intérieur de la joue, elle fouilla un instant sa mémoire avant d'ajouter :

"Elle m'a dit que la police magique est venue plusieurs fois à votre domicile, que tu lui sortais de fausses excuses, et qu'elle a fini par partir sans prévenir ni se retourner. Elle m'a dit... Que tu as un ego surdimensionné, que tu ne te remets jamais en question..."

Tant d'accusasions qu'elle avait pu lui faire elle-aussi, ce récit aurait pu être le sien, à l'exception sans doute de la police magique, mais cette femme aurait pu être elle, Juliana avait simplement ouvert les yeux plus tôt que June. Merlin, cette histoire lui laissait un goût de cendre dans la bouche et elle ne pouvait s'empêcher d'espérer que Roy aurait une bonne explication pour tout cela. Qu'il n'était pas qu'un immonde cognard qui répétait encore et encore la même histoire et les même mensonges avec différentes femmes, qu'il restait du bon en lui. Et, surtout, Juliana conservait un espoir qu'elle n'osait s'avouer, celui d'apprendre qu'elle avait vraiment compté pour lui, au moins un peu, qu'il n'avait pas tout inventé pour satisfaire son ego.

Tournant un regard presque craintif vers le chef de gang, Juliana murmura :

"Que tu répètes toujours les mêmes schémas..."

Et dans ses yeux se lisait une prière, celle qu'il démente.


Just to hold you once again [Roy & Juliana] 18091301182779390
Merci à Juliet
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2891
Profil Académie Waverly
Just to hold you once again [Roy & Juliana] Icon_minitimeLun 6 Avr 2015 - 22:30
La réponse et l’attitude interloquée de Juliana détendirent quelque peu Roy, qui comprit qu’il était monté au créneau un peu trop vite. Il s’était imaginé le pire, mais visiblement, ses deux ex n’avaient fait que discuter. Restait à savoir ce que June avait dit, la connaissant, elle avait du arranger la vérité, aussi Roy s’attendit à entendre quelques éléments faux dans le discours de Juliana.

Et pourtant, il tomba parfaitement des nues. Au fur et à mesure qu’elle lui racontait ce qu’elle avait entendu, le corps de Roy envoyait des signaux qui trahissait un tumulte intérieur qui grandissait et grondait, un marasme d’émotions contradictoires qui laissait l’homme indécis entre exploser littéralement de colère ou se laisser abasourdir au point d’en devenir muet. Il eut d’abord envie de rire jaune en entendant Juliana qualifier June de « quelqu’un de sympathique ». Si elle savait… La suite manqua de le faire s’étouffer d’indignation. Lui mentir sur ses activités ? Mais ils travaillaient ensemble, par Merlin, elle était aussi délinquante que lui, comment aurait-il pu lui mentir ? La première phrase qui le piqua vraiment fut celle qui l’accusait d’avoir trompé June, à l’époque où ils étaient ensemble. C’était faux. A l’époque, Roy n’était pas aussi libertin et volage qu’aujourd’hui, il avait cru à leur début de couple, naïvement comme le lui avait prouvé la suite des évènements. Précisément, cette histoire faisait partie des multiples choses qui avaient fait ce qu’il était aujourd’hui : un homme qui refusait de se fixer. Se faire accuser de cette erreur, alors que c’était lui qui s’était fait tromper par la bouille angélique de cette mercenaire sans coeur, cela ne passait pas du tout, comme le laissait deviner sa mâchoire qui se crispait. De toute évidence, June s’était faite passer pour l’exacte inverse de ce qu’elle était, une pauvre femme trompée, naïve et amoureuse, alors qu’elle avait été la seule manipulatrice dans cette histoire.

Mais par Merlin, comment ? Comment était t-il possible de détourner la vérité à ce point ? Roy n’avait aucune leçon à faire en la matière, le mensonge, il s’y était souvent adonné, et pourtant, il se trouvait comme si c’était la première fois qu’il y avait affaire. Sans doute parce qu’on lui avait rarement fait un tel sale coup.

« Sérieusement ? Mais… »

Sa phrase fut coupée par une dernière intervention de Juliana, qui le désarma totalement. Il avait été trop obnubilé par sa propre indignation pour réellement prêter attention à la façon dont son ex le regardait. De nouveau silencieux, Roy repassait ses paroles dans sa tête pour reconstituer l’histoire grotesque qu’avait inventé June et… Merlin, il y avait quelques points communs qu’il aurait préféré ne pas voir mais qui n’avaient pas pu échapper à Juliana. Elle n’était pas en train de lui parler innocemment de ce que June lui avait raconté, c’était clair dans l’hésitation qui l’avait rendue nerveuse, au fur et à mesure de son récit, et dans ce regard implorant qu’elle posait sur lui désormais. Le coeur de Roy cognait furieusement dans sa poitrine, parce qu’il se sentait l’indignation d’un homme face à une injustice, mais aussi parce qu’il était en train de se dire que décidément, ses erreurs par rapport à Juliana n’allaient jamais cesser de le poursuivre. Il lui suffisait de se mettre à sa place. Après tout, pourquoi le croirait-elle lui, l’homme qu’elle savait menteur et trompeur, plutôt qu’une gentille femme inconnue qui disait avoir vécu la même chose qu’elle ? Alors qu’il n’avait jamais ressenti pour aucune femme ce qu’il pouvait ressentir pour Juliana, alors qu’il avait même trouvé le courage de le lui dire… Etait-elle en train de le remettre en question ? Cette simple pensée plongeait Roy dans un mélange de sentiments confus, dont ne ressortit que la frustration de ne pas avoir June sous la main pour lui faire payer de le mettre dans une telle situation.

« Ce n’est qu’un putain de tissu de mensonges de… »

Roy inspira un coup et se leva brusquement, crachant des jurons entre les mains dont il couvrit son visage. Il s’arrêta assez vite de faire les cent pas, pour se presser à prendre une décision. Revenir sur son histoire avec June était profondément déplaisant pour lui, mais il ne pouvait pas laisser Juliana croire une telle histoire. Il fut incapable toutefois de retrouver complètement son calme, et ne put s’empêcher de parsemer sa réponse de quelques rires sans joie, qui révélaient toute son amertume :

« La police dans notre domicile, bah voyons ! Déjà, on ne vivait pas ensemble. Ensuite, elle avait tout autant de raisons que moi de se faire coffrer, vu qu’elle faisait du trafic avec moi. Le seul truc vrai dans tout ce qu’elle t’a dit, c’est qu’elle est effectivement partie sans prévenir ni se retourner. » Roy enfouit ses poings serrés dans ses poches en détournant le regard, une façon comme une autre de ne pas laisser voir toute la fureur qui l’habitait. Il finit par lâcher après un certain silence, la voix défaite : « Elle est partie un jour, en emportant certains de mes contrats avec les clients. C’est moi qui l’ait initié au milieu, avant qu’on commence à sortir ensemble… Donc quand elle a eu fini d’amasser ce qu’elle voulait, eh ben, elle s’est cassée, tout simplement. »

Plus il y pensait, moins il comprenait pourquoi June avait ressenti le besoin de se faire passer pour la pauvre femme éplorée de l’histoire. Il lui avait pourtant semblé qu’elle assumait parfaitement sa trahison, pas une seule seconde elle n’avait exprimé de regrets, bien au contraire, elle s’en était vantée. Ah comme elle avait été maligne et bonne comédienne, et lui, manipulé et naïf, s’il fallait résumer.  Pourquoi avoir inventé cette histoire à Juliana, alors qu’elle aurait pu se contenter d’éluder ? Cherchait-elle encore à lui faire du mal en détruisant son image ? Si c’était son but, c’était assez réussi. Roy était envahi d’amertume, il prenait ce mensonge éhonté comme une preuve supplémentaire que décidément, leur histoire n’avait jamais compté pour June, car une fois encore, elle en avait souillé le souvenir. Roy ne ressentait désormais plus qu’un profond rejet pour cette partie de sa vie.

Agacé d’y repenser à nouveau, il s’efforça de reporter son attention sur Juliana, dont la dernière phrase tournait toujours dans sa tête. Oui, il répétait les mêmes schémas. Pas tout à fait ceux que Juliana pensait, toutefois. Il répétait les mêmes schémas quand il entassait les conquêtes d’un soir, inlassablement, sans penser au lendemain. Il répétait les mêmes schémas quand il cachait ses véritables activités, pour ne pas avoir à répondre à des questions. Roy n’était pas un saint, ce n’était même pas un homme bien, on pouvait l’accuser de beaucoup de choses dans son rapport avec les femmes, son égoïsme et son machisme en tête, mais il n’était pas un sombre cognard sans l’ombre d’estime pour elles. Jamais il n’avait manipulé de femme pour lui faire croire à des sentiments qui n’existaient pas, non, il avait toujours été clair avec ses amantes : ce n’était jamais sérieux. Et quand c’était sérieux, eh bien, il le disait aussi, ou le faisait comprendre. Alors oui, il avait trompé Juliana du temps où ils étaient ensemble, il ne lui avait pas dit qu’il était trafiquant, il s’était laissé dépasser par son ego. Mais il s’était remis en question, aujourd’hui, il s’en mordait même les doigts, et il refusait de laisser les mots venimeux de June détruire les paroles sincères qu’il avait pu dire à Juliana, trois mois plus tôt.

Plus calme, Roy revint à sa place sur le canapé, à une certaine distance de la jeune femme qu’il s’efforçait de maintenir. Il contenait ses élans, précisément comme la dernière fois, en septembre, et cette fois, il les contiendrait jusqu’au bout. Un premier échec lui avait bien suffi. Son ton fut plus doux que tout à l’heure, alors qu’il concluait le sujet :

« C’est une mercenaire aguerrie et dangereuse. Ne t’approche plus d’elle et si elle revient vers toi, esquive-la, ça vaut mieux. Si je t’ai demandé si elle t’avait fait quelque chose, c’est parce que ce n’est pas la première fois qu’elle s’en prend à des personnes qui comptent pour moi. »

Il ne terminait pas innocemment sur ces mots. Roy voulait qu’ils restent en mémoire à Julia, qu’elle sache qu’il ne lui avait pas menti la dernière fois. Leur histoire était peut-être finie, définitivement gâchée, mais cette sincérité dont il avait fait preuve ce jour-là, c’était la seule chose qu’il lui restait pour ne pas sombrer complètement dans le remord. Alors il y tenait, il s’y accrochait, même.


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Juliana McNeil
Juliana McNeilRésistante DPP
Messages : 1377
Profil Académie Waverly
Just to hold you once again [Roy & Juliana] Icon_minitimeMar 7 Avr 2015 - 22:14
Juliana sursauta sur son bout de canapé lorsque Roy se leva brusquement sous l'effet de la colère. Du regard, elle l'observa silencieusement tandis qu'il laissait échapper une floppée de jurons entre ses mains, visiblement furieux. Juliana n'était pas certaine de savoir ce qu'il fallait en conclure, mais de toute évidence, son récit ne le laissait pas indifférent... La jeune femme attendit avec une certaine impatience que son hôte retrouve un semblant de calme et lui explique ce qui le faisait réagir ainsi.

Ses sourcils se froncèrent quand Roy démonta complètement le récit de June. Par Godric ! Juliana s'était attendue à ce qu'il démente, bien sûr, et n'aurait pas été surprise d'apprendre que June avait quelque peu modifié la réalité. Il y avait toujours deux versions de la même histoire... Mais dans le cas présent, la jeune femme avait carrément refait l'histoire ! A moins que ce ne soit Roy qui mente, songea Juliana en suivant le trafiquant des yeux, mais si c'était le cas, il était un excellent comédien... Ce qu'elle savait bien qu'il n'était pas. Roy mentait, oui, mais était aussi un homme impulsif et bouillonnant qui ne savait pas toujours mener ses mensonges jusqu'à leur terme. Ainsi, elle doutait qu'il ait pu inventer une nouvelle version de l'histoire de June à chaud, sans réfléchir, et sa colère lui semblait bien trop réelle pour être feinte.

Peut-être croyait-elle également la personne qu'elle avait envie de croire, mais son instinct lui disait de faire confiance à Roy, aussi étrange cela semblait-il de la part d'une personne qu'il avait déjà trompé. Oui, Roy avait fait des erreurs dont elle avait pati, et pour lesquels elle lui en avait voulu, longtemps. Mais beaucoup d'eau avait coulé sous les ponts, sa colère, sa rancoeur s'étaient évanouies il y a bien longtemps. Roy était assurément un homme imparfait, qui commettait des erreurs, mais elle avait aussi la conviction intime qu'il n'irait pas jusqu'à la manipuler de la sorte. Pas de la façon dont June le suggérait, comme un maître du mensonge, qui jouait les amoureux transis pour entourlouper ses proies... Juliana n'adhérait pas à cette thèse, d'une part parce que Roy n'avait plus rien à attendre d'elle et donc plus aucun intérêt de continuer à lui mentir, d'autre part parce que certaines choses ne se feignaient pas. L'amour ne se feignait pas. Et l'expression de son regard lors de leur dernière fois qu'ils s'étaient vus... Merlin, il ne l'avait pas feinte, elle ne pouvait pas le croire. Et sans doute qu'elle ne voulait pas le croire non plus.

June lui aurait donc menti... Juliana réalisa que cette pensée la soulageait. Il fallait dire que cela lui permettait de ne pas avoir à regarder cette époque de sa vie, celle qu'elle avait partagé avec Roy, avec dégoût et avec l'impression de s'être fait avoir en beauté... L'ombre d'un sourire naquit naturellement sur les lèvres de la jeune femme, qu'elle réprima en constatant que Roy, lui, n'avait pas du tout envie de sourire. Cela se comprenait, vu ce qu'elle venait de lui apprendre. La situation devait lui paraître injuste et la manoeuvre de son ex particulièrement grossière. Pourtant, Juliana avait un peu de mal à appréhender la situation. Pourquoi June, qu'elle venait juste de rencontrer, lui avait raconté une histoire pareille ? Etait-elle complètement obsédée par Roy pour vouloir lui nuire à tout prix ? Avait-elle simplement bien cerné la personne qu'elle avait face à elle, ce jour-là, ou bien avait-elle fait des recherches sur Juliana avant de l'aborder ? Tout ceci l'intriguait et, avec le recul apporté par la connaissance, lui faisait naître des sueurs froides. Décidémment, côtoyer Roy n'apportait jamais rien de bon. Et pourtant... Quand il disait des choses comme cela, elle n'avait pas vraiment envie de le rayer de sa vie pour de bon.

Un soupir s'échappa de ses lèvres et elle passa une main lasse sur son visage.

"Une mercenaire, hein... Comme quoi... Les personnes les plus dangereuses ne sont pas toujours celles qui en ont l'air", commenta-t-elle, songeuse, plus pour elle même que pour Roy.

Reportant son attention sur lui, elle le rassura : "Elle ne m'a plus approché à part cela, enfin, on a pu se croiser à l'occasion mais nous n'avons pas reparlé de toi et elle ne m'a rien fait. Du coup... Je ne comprends pas vraiment pourquoi elle a ressenti le besoin de me raconter ce mensonge, ni..."

Juliana marqua une pause, hésitant à formuler ses pensées, pour ne pas vexer son interlocuteur.

"...comment elle a su quoi raconter pour faire mouche", acheva-t-elle avec un petit sourire un peu timide. Elle s'en voulait, bien sûr, d'avoir laissé une telle psychopathe faire naître le doute en elle et entâcher les souvenirs qu'elle avait de Roy, mais en même temps... Ce dernier pourrait difficilement l'en blâmer. "Elle a fait ça pour le plaisir de te nuire, tu penses ? Parce que... je trouve que c'est un peu de la méchanceté gratuite. Je ne comprends pas quel intérêt elle avait à me raconter ça, à me faire douter de toi."

Et comme elle ne comprenait pas, elle restait un peu chiffonnée. Son regard accrocha celui de Roy et elle fouilla au fond de ses prunelles, espérant y trouver la vérité et surtout, de la sincérité.

"C'est la vérité, Roy, ce que tu me dis ? Est-ce que je peux te faire confiance ?"

Elle n'allait pas s'excuser de poser la question. N'importe quelle personne sensée d'esprit se la serait posée aussi. En réalité, n'importe quelle personne sensée d'esprit se serait éloigné de Roy depuis bien longtemps... Il fallait croire qu'elle n'avait déjà plus toute sa tête.


Just to hold you once again [Roy & Juliana] 18091301182779390
Merci à Juliet
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2891
Profil Académie Waverly
Just to hold you once again [Roy & Juliana] Icon_minitimeSam 11 Avr 2015 - 19:23
June avait fait mouche. Entendre Juliana reconnaître ce que Roy craignait le piqua plus qu’il ne le laissa paraître. Il pouvait comprendre, oui. Il pouvait assez bien s’imaginer que du point de vue de son ex petite amie, il était devenu un homme en qui l’on pouvait avoir difficilement confiance. Entre le fait qu’il l’ait trompée, puis qu’elle ait appris la nature de ses véritables activités, et désormais, qu’elle sache qu’il avait pris du galon dans la mafia… Non, il ne pouvait raisonnablement pas lui en vouloir de remettre en doute ce qu’il disait, voire, ce qu’il était. Que savait-elle vraiment de lui, après tout ? Il lui avait caché tant de choses, aujourd’hui encore, il ne la laissait effleurer que la surface de ses secrets. Alors il ne pouvait pas attendre d’elle qu’elle lui fasse confiance et le croie sur parole, sous prétexte qu’il était pour une fois la victime d’un odieux mensonge.

Pourtant, Roy était contrarié, chiffonné de voir que même après lui avoir ouvert son coeur lors de leur dernière rencontre, l’opinion qu’elle avait de lui restait fragile, puisqu’il avait suffi d’une inconnue pour qu’elle remette en question leurs souvenirs ensemble. Lorsqu’elle finit par lui poser la question franchement, Roy laissa planer quelques secondes de silence, plantant ses yeux noirs dans ceux clairs de la jeune femme. Il ne savait pas trop ce que son expression renvoyait. Sans doute ne parvenait-il pas tout à fait à masquer la frustration et la pointe de désarroi dans laquelle elle le mettait, avec sa question. Pourtant, il savait exactement quoi dire, et même, il était prêt à le répéter autant de fois qu’il le faudrait, sa voix fut donc parfaitement calme :

« Tu peux me faire confiance. Au moins pour ça. »

Il ne comprenait pas pourquoi cela revêtait tant d’importance à ses yeux qu’elle le croie, comme si c’était la dernière chose à laquelle il pouvait s’accrocher avec elle. Il ne comprenait pas non plus pourquoi il s’accrochait, d’ailleurs, pourquoi ce que Juliana pouvait penser de lui importait tellement, pourquoi il cherchait encore à maintenir un lien avec elle, aussi fragile et confus soit-il, pourquoi il avait à ce point envie de… réparer les choses, en quelque sorte. Il était honnête avec elle, sur ce sujet-là, à défaut de l’être pour certaines des récentes composantes de sa vie, et dont Juliana n’avait assurément pas besoin d’être au courant. Il n’allait d’ailleurs pas lui expliquer tous les détails mafieux de cette sombre affaire avec June. Nul besoin de préciser qu’elle était une chef de gang contre laquelle il était en guerre... Lâchant un bref soupir, Roy détourna le regard, prêt à clore le sujet en se contentant de faire comprendre à Juliana qu’il n’y avait qu’une chose à faire, c’était de se tenir loin de June Byrd.

« Elle cherche clairement à me nuire, elle l’a déjà fait. Elle a peut-être su pour nous deux, et elle a voulu… Je sais pas, salir mon image pour t’éloigner de moi. Encore que cela n’avait pas grand sens, puisqu’ils n’étaient plus ensemble, songea aussitôt Roy, qui émit alors une autre hypothèse, le ton amer et ironique. Ou peut-être qu’elle voulait juste détruire sur son passage. Je ne saurais même pas t’expliquer son raisonnement, je t’avoue que j’ai découvert récemment qu’elle tenait plus de la sociopathe que de la gentille fille qu’elle prétendait être. C’est pas le genre à s’embarrasser d’états d’âme, donc méchanceté gratuite ou pas… Enfin, disons qu’elle n’a pas forcément besoin de justification. »

Voilà qui le redorait par la même occasion, tout à coup, car c’était le genre de personne qui composait son entourage. Pour le coup, il s’agissait même d’une femme avec qui il était resté un certain temps en couple. Roy Calder ? Un homme très fréquentable, qui n’apportait jamais d’ennuis à personne, surtout pas à sa famille, à ses amis, ou à ses ex comme Juliana qui n’avaient rien demandé...

« Hum, du coup… Désolé que tu aies été mêlée à ça aussi. »

Il avait moins envie de rire que tout à l'heure, maintenant. Lui était avis que Merlin là-haut avait un humour bien pourri à le fourrer dans des situations pareilles.


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Juliana McNeil
Juliana McNeilRésistante DPP
Messages : 1377
Profil Académie Waverly
Just to hold you once again [Roy & Juliana] Icon_minitimeSam 11 Avr 2015 - 20:50
Roy n'avait décidément pas perdu cette faculté de la désarmer d'un regard... Juliana détâcha rapidement le sien, n'aimant pas vraiment constater qu'elle se sentait toujours coupable lorsqu'il l'observait ainsi, avec un désarroi palpable, lorsqu'il laissait paraître sa déception. Car elle n'avait jamais voulu le décevoir - et pourtant Merlin sait qu'elle-même avait été déçue. Mais c'était ainsi, on n'accordait pas toujours son affection et l'on ne s'investissait pas toujours dans une relation de façon égale, et Juliana devait bien constater qu'elle tenait toujours à Roy et tenait à ce qu'il ait une bonne opinion d'elle, quelles que soient les choses de son côté. A en juger par ce qu'il lui avait dit la dernière fois, c'était réciproque, et cette information la culpabilisait - tant vis-à-vis de Roy, parce qu'elle s'efforçait de ne pas y penser, que vis-à-vis d'Alicia.

Quant à sa réponse, elle n'était pas certaine de savoir quoi en penser non plus. "Au moins pour ça...". Donc, a contrario, Roy reconnaissait pour la première fois au passage qu'il était loin d'être digne de confiance, le reste du temps. Ce n'était pas ce qu'elle avait envie d'entendre, elle qui aurait aimé qu'il s'ouvre à elle, mais comment l'exiger vu la situation ? De plus, cela avait le don d'être honnête, ce qui signifiait que Roy avait au moins cessé de se cacher derrière des faux semblants avec elle. Sans doute en étaient-ils au stade "Klemens" de leur relation, celui où Juliana savait qu'il y avait de grosses zones d'ombres dans la vie de Roy, dont il ne lui parlerait pas. A elle de composer avec... Ou de s'en aller. Aucune de ces deux solutions ne séduisaient la jeune femme têtue et acharnée, qui ne s'estimait pas vaincue - pas encore. Mais pour l'heure, elle laissait courir. Sa "relation" avec Roy était bien trop fragile pour l'heure pour qu'elle puisse exiger quoi que ce soit de sa part, et certainement pas des informations sur son gang...

Juliana se contenta donc d'un hochement de tête en guise de réponse, avant de redresser la tête pour l'observer lorsqu'il lui parlait de June. A vrai dire, elle n'avait plus vraiment envie d'en savoir plus au sujet de cette femme. Tout ce qu'elle voulait, c'était suivre le conseil de Roy et s'en tenir éloignée. Qu'elle soit réellement dangereuse ou non, Juliana n'aimait décidément pas qu'on lui mente et détestait se sentir instrumentalisée dans un conflit qui ne la concernait pas. Si elle devait être impliquée, alors elle voulait l'être de son plein gré, et elle voulait être actrice de cette implication... Cela fonctionnait avec Roy et June, mais aussi avec les tensions croissantes qui agitaient le pays. Juliana estimait avoir subi et vu subir trop d'injustices dans sa vie, elle s'était senti trop souvent manipulée, méprisée et écrasée, il était temps que cela cesse. Cela valait pour son entourage comme pour le gouvernement, elle tiendrait tête à quiconque se dressait en travers de ce qu'elle estimait juste, et June Byrd faisait mieux de ne jamais, jamais lui faire un coup pareil.

"Je me tiendrai éloignée d'elle", murmura-t-elle simplement. La dernière remarque de Roy la fit sourire doucement.

"Oui, eh bien comme on le disait tout à l'heure, le sort nous pousse à nous rencontrer... Je crois que je ne pourrai pas rester à l'écart même si j'essayais."

Elle réalisa un peu tard que ses paroles pouvaient prêter à confusion, mais ne chercha pas spécialement à démentir non plus. Pouvait-elle vraiment prétendre qu'elle n'avait pas saisi cette opportunité pour prendre des nouvelles de Roy et avoir une discussion avec lui ? Bien sûr que non. Pourtant, cette réalisation ne lui plaisait guère ou, du moins, la rendait mal à l'aise. Bien vite, il lui sembla vital de s'éloigner de Roy et de sa présence magnétique, qui semblait toujours la rendre confuse.

"Bon, eh bien je vais te laisser...", lança-t-elle sur un ton un peu trop léger pour être naturel. Bondissant sur ses pieds, elle se dirigea vers la porte d'entrée, raccompagnée par son hôte. Juliana se tourna vers Roy avant de partir, posant sur lui un regard chargé d'une pensée qu'elle ne parvenait pas à exprimer. Un doute, une émotion, qu'elle préféra finalement garder pour elle, se contentant de lâcher un "Prend soin de toi, Roy" emprunté, avant de déposer un baiser rapide sur sa joue, et de s'engouffrer hors de chez lui.

Ses joues empourprées sur le rapide chemin du retour traduisaient ses pensées confuses, tandis qu'elle se demandait ce qui avait bien pu lui passer par la tête. Son coeur battait un peu trop vite et elle secoua la tête pour en faire sortir Roy, June et toutes ces histoires de gang - en vain. "Tu es sur le point de faire des bêtises, Juliana", lui soufflait son instinct. Mais elle savait aussi qu'elle allait courir droit dans le piège plutôt que de s'en écarter. Parce que c'était ainsi, et qu'elle n'aurait pas été elle autrement...
RP terminé


Just to hold you once again [Roy & Juliana] 18091301182779390
Merci à Juliet
Contenu sponsorisé
Profil Académie Waverly
Just to hold you once again [Roy & Juliana] Icon_minitime