On partage ? [James]

James était confus, réellement. Il ne savait pas vraiment ce qu'il s'était passé - à un moment, il était face à Marlene, et juste après il se retrouvait collé à elle, en train de l'embrasser ! Le monde n'avait pas de sens, songea-t-il alors qu'elle le repoussait. Il recula encore plus, et vrilla sur elle un regard effaré, alors qu'elle se mettait à l'insulter.

"Parce que tu penses que j'ai aimé ça, ou encore voulu ça ?" répliqua James immédiatement.

Quelle idée ! C'était sûrement pire chose qui pouvait arriver. De toutes les filles de Poudlard, il avait fallu que ça tombe sur Marlene ! Sur la personne qu'il détestait le plus ! Sur celle qu'il avait eu envie de frapper, quelques minutes auparavant ! La vie était mal faîte, définitivement, songea-t-il en essuyant sa bouche avec le dos de sa main, quelqu'un - Merlin, sûrement - lui en voulait.

"J'aurais préféré sauter du train plutôt que ce truc arrive, Barclay !" s'exclama-t-il en fronçant les sourcils.

Il allait devoir effacer ce souvenir de son esprit - pour toujours. Il ne voulait plus jamais penser à sa bouche collée contre celle de Marlene Barclay ! Par Merlin, quelle horreur, il ne s'en remettait pas.

- Mais dans ce cas faut consulter Carter, parce que t'as juste mis trois plombes à réagir ! s'exclama Marlene.

Elle, elle avait une excuse. C'était la première fois qu'elle embrassait un garçon et Carter lui avait tout simplement volé ce moment qu'elle avait imaginé bien autrement. Cela lui donnait même envie de pleurer à l'idée que c'était ça, son premier baiser. Ce pathétique petit instant dans un couloir du Poudlard Express avec un type qu'elle ne pouvait pas supporter. Elle aurait voulu que ça se passe autrement, dans un cadre romantique, avec un garçon qui lui plaisait ! Ils auraient parlé tout l'après-midi, ils auraient ri et puis il se serait penché vers elle et...

Sa main vint de nouveau s'écraser sur le visage de James dans un claquement retentissant.

Bon, d'accord, celle-là n'était pas forcément justifiée. Voire même pas du tout. Mais Marlene était à la fois en colère et bouleversée et elle avait la main plutôt preste.

- T'es vraiment rien qu'un abruti, Carter ! cracha-t-elle encore une fois.

Elle se passa une main sur le visage, cherchant à reprendre ses esprits.

- Tu ne méritais pas cette claque là, concéda-t-elle en relevant les yeux vers lui. Mais moi j'en avais besoin.

Son premier baiser par Merlin ! Et dire qu'elle était censée s'en souvenir toute sa vie !

- Ca n'aurait pas dû se passer comme ça, laissa-t-elle échapper, toute colère disparue pour ne laisser place qu'à un sentiment de déception. Et le pire, c'est que ce n'était même pas totalement la faute de James.

James écarquilla les yeux lorsqu'il sentit la main de Marlene s'abattre sur son visage - encore une fois. Il n'avait rien fait ! Ce n'était pas de sa faute, qu'est-ce qu'elle allait croire ! Il n'avait pas voulu ce baiser - jamais ! Il n'y était pour rien si le train avait prit un virage serré ! Et puis, elle n'avait pas qu'à s'approcher si près de lui, aussi.

"Hé !" protesta-t-il en portant une main sur sa joue - c'était que ça allait finir par lui faire mal.

Il allait lui répondre lorsqu'elle l'insulta une nouvelle fois, mais la jeune fille se reprit en avouant qu'il n'avait pas mérité cette gifle. Bien évidemment qu'il ne l'avait pas mérité ! Cette fille était une furie, voilà tout, songea James.

"On gifle pas les gens pour se sentir mieux, Barclay." lui fit-il remarquer.

Non mais qu'avait-il fait à Merlin pour se retrouver dans une situation comme ça ! Il était devenu presque bon - disons passable - en classe, il n'avait rien fait de totalement répréhensible pendant l'été... Peut-être que c'était Prewett, qui, d'en-haut, se vengeait de la fois où il s'était moqué d'elle... Ah, il la retenait, celle-là.

"C'est qu'un baiser, tu sais." déclara-t-il en haussant les épaules. Il n'avait jamais compris pourquoi on faisait tout un mythe du "premier baiser." C'était seulement le premier d'une longue série ! "Ce sera pas celui là auquel tu penseras quand tu seras vieille, mais à ton premier baiser avec une personne que t'aime !" affirma-t-il. "Donc, comme tu m'aimes pas, et que je t'aime pas, ça compte pas."

- Si ça marche... répliqua Marlene en haussant les épaules quand James lui fit remarquer qu'on ne frappait pas les gens.

Ce n'était pas certes une méthode très civilisée - de toute manière, rien dans cette conversation n'avait été civilisé - mais au moins, cela lui avait fait du bien. Elle se sentait un peu plus calme, même si toujours terriblement embarrassée et un peu attristée, une énorme sensation de déception s'étant installée en elle. Elle leva des yeux outrés sur James lorsqu'il affirma que ce n'était "qu'un baiser". Comment pouvait-on manquer à ce point de romantisme ? Ou même de sensibilité ?

- Oh ça c'est sûr ! s'exclama-t-elle sans attendre quand James dit qu'ils ne s'aimaient pas. Et c'était important pour moi ! Et en plus, maintenant, je ne pourrais plus jamais de Patacitrouilles sans que ton horrible image s'impose à moi ! Merci bien.

James soupira lorsque Marlene lui affirma que c'était important pour elle. Il allait répliquer, lorsqu'une idée lui traversa l'esprit. Ce n'était pas une très bonne idée, en soit, mais James n'avait pas assez de recul pour s'en rendre compte. A vrai dire, il songeait plutôt que, par ce moyen, il allait pouvoir clouer le bec de la jeune fille, et prendre le dessus sur elle - ce serait, d'une certaine façon, la victoire tant attendue.

"Puisque je suis condamné à être ton premier baiser..." souffla-t-il en vrillant son regard dans le sien.

Il se rapprocha de la jeune fille, sans la lâcher du regard. Son cerveau semblait déconnecté, et il ne prit pas en compte la petite voix de la sagesse qui lui hurlait de reculer. Au contraire, il glissa son bras dans le dos de la jeune fille, tandis que son visage se rapprochait du sien. Finalement, ses lèvres virent se poser sur celles de Marlene et jouèrent avec elles un petit moment. Finalement il recula de quelques pas - craignant la gifle. Un sourire en coin se dessina sur visage - sourire insupportable.

"Puisque c'était si important pour toi."

Il retint un sourire - il avait gagné, il le savait.

Le regard que James posa sur elle fit tout de suite sentir à Marlene qu'elle n'allait pas apprécier la suite des évènements.

- Carter, tu n'as pas intérêt à...

Mais le bras que passa James dans son dos la fit taire dans sa litanie de protestation - chose assez rare pour être signalée - et elle n'eut pas vraiment le temps de penser avant que James ne l'embrasse, cette fois-ci pour de vrai. Elle ferma les yeux quelques instants avant qu'il ne se recule et qu'elle vrille sur lui un regard mi-accusateur, mi-scandalisé, quelque peu contrebalancé par la teinte qu'avaient pris ses pommettes.

- T'es un grand malade, balbutia-t-elle, faut te faire soigner Carter. T'es...

James était peut-être complètement instable aux yeux de Marlene, mais elle, elle était complètement perturbée.

- Peut-être qu'on ne gifle pas les gens pour les faire taire, mais on ne les embrasse pas non plus !

Le petit sourire que lui servait James était insupportable et elle se retint à grand-peine de lui hurler - bien plus franchement - dessus pour qu'il cesse de pavoiser.

- D'abord, tu ne m'approches plus jamais t'entends ? Et y'a pas intérêt à ce que ceci s'ébruite !  

Elle et James Carter, il ne manquerait plus que ça.

- Et honnêtement au vu de ce qui vient de se passer... Je plains Kessy Brooks de s'être fait baver dessus pendant des mois.

Abandonnant tout de même la partie, c'est une Marlene de très mauvaise foi - qui ne reconnaîtrait jamais que cela avait été loin d'être désagréable - qui planta James en plein milieu du couloir, remontant le train à toute vitesse pour rejoindre le compartiment des préfets.

Tout ça pour une Patacitrouille.

James observa Marlene, les bras croisés sur la poitrine, un petit sourire aux lèvres.

"Que ça s'ébruite ? Hors de question." approuva James.

Il n'y avait pas moyen pour que Poudlard apprenne que Marlene et lui s'étaient embrassés dans le Poudlard Express - il avait une réputation à tenir, par Merlin ! Sa dernière pique sur Kessy lui fit lever au ciel.

"Tu peux parler, c'est toi qui embrasse comme un strangulot en manque d'air..." rétorqua-t-il.

Jamais - même sous la torture - il n'avouerait que ce baiser n'avait pas été si désagréable que ça. Il s'agissait de Marlene Barclay, tout de même, ce n'était pas une simple fille ! C'était la peste de Poudlard - surpassant même Cassandre Harper !
Le départ précipité de la jeune fille lui arracha un sourire.

"A la prochaine, Barclay !" lui lança-t-il tandis qu'elle s'éloignait.

A son tour, il reprit le chemin de son compartiment, se composant un visage impassible.

"T'es resté vachement longtemps dehors ! T'as foutu quoi ?" demanda un de ses camarades alors qu'il se laissait tomber lourdement sur la banquette. "Et t'as rien à manger en plus ?"

"Longue histoire, mais en gros, le charriot avait été dévalisé par les première année." expliqua James en haussant les épaules, avant de lancer la conversation sur le Quidditch.