On partage ? [James]

1er Septembre 2008 - Poudlard Express

Le Poudlard Express filait à vive allure à travers la campagne en direction du collège de sorcellerie et le soleil commençait à fortement taper sur les vitres du train. La plupart des élèves s'étaient confortablement installés dans les compartiments pour se raconter leurs vacances mais ce n'était pas le cas de Marlene qui n'avait pas encore trouvé de partenaire de voyage. De toute manière, en tant que nouvelle préfète-en-chef elle devrait bientôt rejoindre le compartiment des préfets et cette idée l'angoissait, tant sa nomination était une surprise et une angoisse. Et si elle n'y arrivait pas ? Elle n'avait jamais fait cela de sa vie et n'avait jamais pensé devenir préfète en chef !

Quoi qu'il en soit, toute vêtue de son uniforme aux couleurs de sa maison, ses cheveux soigneusement tressés autour d'un bandeau vert émeraude, Marlene remontait le train à la recherche de la marchande de sucreries, histoire d'acheter quelques bonbons pour essayer de dénouer son estomac tendu par le stress. Apercevant enfin la vieille dame et son chariot, la jeune fille accéléra le pas et s'empressa de sortir sa bourse - elle ne voulait pas être en retard, cela faisait mauvais genre - fouillant dedans pour en trouver le compte.

- La dernière Patacitrouille, s'il vous plaît.

Se rendant compte qu'elle avait parlé en même temps que quelqu'un d'autre, Marlene leva les yeux vers la personne qui osait réclamer sa Patacitrouille. James Carter. Ben voyons.

- Excuse-moi, fit-elle avec un sourire mielleux, mais il me semble que j'étais là avant.

"Je reviens, je vais chercher un truc à manger ! Vous voulez quelque chose ?" demanda James en se levant. Face aux réponses négatives de ses camarades, il sortit en haussant les épaules et se dirigea vers l'arrière du train, en direction du charriot de marchande de sucreries.

Son été avait été plutôt calme. Il avait partagé son temps entre sa bande de copains moldus, et sa bande copains sorciers. Il avait suivi de près les évènements du monde magique, surprit de voir que les choses prenaient une tournure aussi grave... L'incident du Bloody Sunday était encore dans les mémoires et James était bien heureux de ne pas avoir participé à l'expédition des élèves de Poudlard... Au château, les choses avaient visiblement changées. Margot Adamson n'était plus directrice - ni même enseignante - et il se disait que c'était Daisy Mason sa remplaçante... James, qui aimait bien sa prof de potion, trouvait cela bien dommage.

Il arriva à la hauteur du charriot, analysant rapidement ce qu'il restait. Puis, baissant les yeux pour compter ses mornilles et ses noises, il s'adressa à la vieille femme, lui demandant la dernière Patacitrouille. Il releva vivement la tête lorsqu'il se rendit compte qu'il avait parlé en même temps que quelqu'un d'autre. Marlene Barclay - forcément, le destin s'acharnait sur lui.

"Épargne moi tes sourires mielleux Barclay, j'étais là bien avant que tu n'arrives. Il y a plein d'autres bonbons sur le charriot, tu peux manger autre chose !"

Marlene haussa un sourcil plus que sceptique quand James affirma qu'il était là en premier. Mais quel menteur ! Et puis quelle impolitesse ! Elle était là avant lui, elle avait demandé avant lui et il n'avait qu'à tourner les talons pour retourner jouer ailleurs.

- Tu délires ou quoi ? J'étais là avant. Et même si ce n'était pas le cas - et ça l'est - la galanterie, tu connais pas ? T'es pas censé être un Poufsouffle, tu sais, ces trucs niais et mous qui trainent du coté des cuisines ? Retournes-y tiens, ça fera des vacances aux autres. La Patacitrouille s'il vous plaît, reprit-elle avec un sourire à l'adresse de la marchande de bonbons.

Et puis même, il n'avait qu'à prendre autre chose ! Pourquoi est-ce qu'elle devrait céder alors qu'elle était parfaitement dans son bon droit ?

"La galanterie ?" James haussa les sourcils, un air moqueur sur le visage. Evidemment, si ça avait été une toute autre fille, il lui aurait laissé ce fichu bonbon. Mais ce n'était pas une toute autre fille, c'était Marlene Barclay. "Et pourquoi je devrais être galant avec quelqu'un comme toi, au juste ?" interrogea-t-il en croisant les bras.

Non mais, elle pouvait toujours courir pour qu'il cède, songea James en la regardant adresser un grand sourire à la vieille dame, qui ne savait plus où se mettre, ni quoi faire.

"Tu peux toujours rêver, je ne serais pas galant avec quelqu'un qui méprise et juge les autres comme tu le fais... Tu fais que contribuer au cliché de la fille de Serpentard qui ne sait vivre qu'en rabaissant les autres... T'as pas autre chose en stock ? Au bout de six ans, ça commence à me lasser..." il eut une moue méprisante.

"Et arrête de t'entêter, j'étais là avant, et tu le sais très bien !" finit-il en se redressant.

- Quelqu'un comme moi ? interrogea-t-elle, bras croisés sur sa poitrine en signe de défiance. Qu'est-ce que tu sous-entends, Carter ?

Outrée, elle l'écouta déballer son petit argumentaire, le cœur battant à tout rompre et les joues empourprées. Marlene n'était pas faite pour les affrontements directs, elle préférait rester dans l'ombre plutôt que de tenir tête ainsi. Elle n'avait pas particulièrement de verve ou de sens de la répartie, elle avait besoin de travailler ce qu'elle allait dire, de peaufiner ses répliques et généralement, la parfaite petite phrase assassine lui venait des heures après l'altercation. Mais il ne serait pas dit qu'elle avait fuit devant un hypocrite comme James Carter !

- Parce que qu'est-ce que t'es en train de faire, toi ? Du haut de ton sacro-saint statut de moralisateur ? Tu ne me connais et tu te te permets de me mépriser et de me juger. Alors arrête de te bercer d'illusions à te croire meilleur que moi, t'es qu'un hypocrite.

Elle le fusilla du regard, ses mains tremblants dissimulées au mieux.

- Je suis peut-être le cliché de la méchante Serpentard comme tu dis mais moi au moins, je fais pas semblant d'être quelqu'un d'autre.

"Moi, je suis hypocrite ?" lança James en haussant les sourcils.

Il ne fit pas attentions aux précédentes remarques de Marlene, parce que, en son for intérieur, il savait bien qu'elle avait - très légèrement - raison. Lui non plus ne connaissait pas tant que ça la jeune fille et se permettait de la juger. Mais ce n'était pas la même chose, assurément. Parce que Marlene Barclay était très probablement la fille la plus hypocrite qu'il connaissait.

"Je ne fais pas semblant d'être quelqu'un d'autre, je ne vois pas où tu vas chercher ça. Je n'ai jamais caché que je ne t'aimais pas." lâcha-t-il en toisant la jeune fille. "Et n'inverse pas les rôles, de nous deux, c'est toi l'hypocrite..."

Après tout, c'était bien elle qui avait arrêté de parler à Samantha Miller après sa transformation - et il tenait cette information de Lauren McGowan, or, il était certain que McGowan ne mentait pas, elle.

"Tu peux toujours essayer de te cacher derrière tes grands airs, mais arrête de penser que tu es mieux que tout le monde ! Tu vaux pas mieux que tous les gens que tu méprises..."

- Justement ! répondit-elle avec un sourire mauvais. Tu ne me connais pas. Mais tu as décrété que tu ne m'aimais pas, ce qui me brise teeeeellement le cœur. C'est très Poufsouffle, en effet !

Elle ne se souvenait même plus d'où remontait leur inimité en réalité, cela avait toujours été là, dès la première année. Elle n'avait même pas cherché à comprendre, ils ne s'aimaient pas tout simplement. C'était presque... physique. Et avec le temps, cela faisait même partie de son paysage.

- Si tu penses que je vaux si peu que ça, alors pourquoi tu t'entêtes à me faire la morale, hein ? cracha-t-elle avec haine. Retourne donc avec tes amis pleins de belles valeurs et laisse-moi tranquille !

Elle avait déjà suffisamment perdu de temps avec cette conversation stérile. Mais si elle tournait le dos à Carter, elle ne tournerait pas le dos à sa Patacitrouille. Autoritairement, elle posa sa monnaie sur le plateau du chariot.

- La Patacitrouille, je vous prie. Monsieur ici présent se contentera d'une bonne dose d'idioties en sucre, trempées dans un moralisme à la mords-moi le nœud.

"Que veux-tu, ta présence me met dans tous mes états !" ironisa-t-il lorsqu'elle répéta une nouvelle fois qu'il la jugeait sans la connaître et que ça n'était pas très "Poufsouffle".

James retint par la suite une réplique cinglante, lorsqu'elle évoqua ses amis, et croisa les bras sur sa poitrine, toisant la jeune fille d'un regard noir. Il était rare qu'il se mette dans des états pareils, à vrai dire. Généralement, il était bien plus pacifiste. Mais, il ne savait pas pourquoi, la présence de la jeune fille lui était presque insupportable. Ils se détestaient mutuellement - sans comprendre vraiment les raisons de cette inimité. C'était physique, il n'y pouvait rien.

"La princesse va peut-être arrêter de décider pour les autres ?" interrogea-t-il, en faisant sonner le mot "princesse comme une insulte". "Vous n'allez pas lui laisser, madame, vous voyez bien comment elle se comporte depuis le début !" argua James.

La vieille femme ne savait décidément pas quoi répondre, ni quoi faire. Heureusement, une diversion arriva sous la forme d'un élève qui entrait visiblement en première année.

"Bonjour madame, est-ce que je pourrais avoir la dernière Patacitrouille, s'il vous plait ?" lui demanda-t-il à toute vitesse, en levant vers elle un main avec l'argent nécessaire.

- Va falloir calmer tes ardeurs et te trouver une copine alors Carter, persiffla-t-elle en haussant un sourcil.

Marlene n'était peut-être pas très courageuse mais elle était sacrément tenace. Et il allait sans dire qu'abandonner cette Patacitrouille aux mains de James Carter serait une profonde atteinte à son égo. Si cela avait été quelqu'un d'autre, elle aurait sûrement cédé avec un - faux - sourire pour se faire bien voir mais pas devant Carter. Tout mais pas lui, elle ne le supportait pas, la moindre de ses manières l'hérissait, la manière dont il parlait, ses mimiques... Elle ne pouvait juste pas.

- C'est lui qui passe son temps à m'agresser, vous voyez bien ! répliqua-t-elle, outrée de la manière dont James retournait la situation. Mais assume un peu, espèce de lâche ! l'apostropha-t-elle en se tournant vers lui brusquement.

Heureusement pour James - et la claque qu'elle sentait venir au bout de ses doigts - leur petite altercation fut interrompue par une voix fluette, qui, sans le vouloir, mit un pied en territoire miné. Abandonnant son air courroucé, Marlene colla un sourire sur son visage, les mains appuyées sur ses hanches, penchée en avant vers la gamine.

- Désolée ma puce, elle est déjà prise. Tu veux peut-être une Plume en Sucre à la place ?

James leva les yeux au ciel lorsque Marlene persista à dire qu'il l'agressait et était sur le point de répondre, lorsqu'une petite fille arriva, les sauvant de la troisième guerre des sorciers. Le Poufsouffle offrit un grand sourire à la petite, avant d'hocher la tête lorsque Marlene prit la parole.

"Oui, effectivement, je viens de l'acheter, mais il y a des très bons autres bonbons sur ce chariot et..."

"Oooh, mais vous n'allez pas commencer à voler des bonbons aux enfants, vous deux !" s'exclama la vieille dame, qui semblait avoir retrouvé sa voix. "Tiens ma puce." lança-t-elle en donnant la Patacitrouille - la Patacitrouille sacrée ! - à la première année qui lui tendit l'argent et fila sans demander son reste.

James lâcha un grognement et lança un regard noir à Marlene - qui, bien évidemment, était à l'origine de tout ça.

"Quant à vous, du balai ! Qu'est-ce que c'est que ce comportement honteux pour deux personnes de votre âge... Filez ! Et que je ne vous revois plus !" déclara la marchande en poussant son charriot pour aller vers l'avant du train.

James soupira et jeta un coup d'oeil à la Serpentard.

"Merci bien, maintenant je vais mourir de faim en attendant le dîner..."

Au regard outré que posa Marlene sur la vieille dame, on aurait pu croire que cette dernière avait éventré un chaton devant leurs yeux. Elle avait payé cette Patacitrouille, songea-t-elle en récupérant sa monnaie d'un geste rageur. C'était une atteinte aux lois du commerce, elle en était certaine ! Si Carter n'était pas intervenu, elle aurait obtenu sa Patacitrouille et l'affaire était réglée, pas la peine d'en faire un drame ! songea-t-elle en dardant un regard flamboyant sur son camarade de classe.

- La faute à qui ? riposta-t-elle. Tu aurais pu choisir n'importe quel autre bonbon, moi je n'aime que les Patacitrouilles !

C'était vrai en plus. Elle n'était pas une grande fan de chocolat, elle trouvait les Plumes en Sucre écœurantes, sans parler des Dragées Surprises de Bertie Crochue ! Surtout que Marlene se trouvait trop grosse et s'assignait à un régime strict : elle ne s'accordait des bonbons qu'aux grandes occasions, comme la rentrée ou Noël. Et voilà que Carter lui avait gâché son moment !

- T'es vraiment qu'un abruti, Carter.

"Et qui te dit que j'aime autre chose ?" riposta James lorsque Marlene lui avoua n'aimer que les Patacitrouilles. "Excuse-moi de ne pas connaître tous les goûts de son Altesse" ironisa-t-il.

C'était à moitié vrai. Il avait toujours eu du mal avec les bonbons sorciers - par Merlin, ne pouvaient-ils pas faire quelque chose de normal ? Mais il aimait bien le chocolat. Toutefois, il avait eu envie d'une Patacitrouille, c'était comme ça ! Et comme s'il devait se tenir au courant de ce que aimait Marlene ou nous... Il soupira.

"Moi, un abruti ? Tu peux parler... " déclara-t-il en vrillant son regard dans celui de Marlene. "T'as pas autre chose à faire que me prendre la tête à chaque fois qu'on se croise ?" demanda-t-il en soupirant.

Il ne bougea pas d'un pouce, planté face à Marlene, les bras croisé sur la poitrine. Il ne comptait sûrement pas lui laisser gagner cette bataille - ni même la guerre ! Encore moins alors que son estomac allait vite commencer à protester qu'il ne mange rien... Il irait piquer quelque chose à Grady - il était certain que Grady avait une réserve de bonbons dans le train.

- Oh pitié ! Tu crois que je ne t'ai pas vu te goinfrer comme un licheur à la table des Poufsouffle ? Et arrête avec ta vanne, c'est bon, on a compris que tu maitrisais le vocabulaire de la royauté, youhou, champagne  !

Il avait trouvé un filon et il semblait en être fier. Tant mieux pour lui, la prochaine leçon : les mots de plus de trois syllabes ! Sérieusement et dire que ce type était plutôt apprécié dans Poudlard. Les gens n'avaient vraiment aucun goût ! Bien décidée à ne pas se laisser marcher sur le pied par un goujat pareil, Marlene soutint son regard, ses bras toujours croisés sur sa poitrine. James était un peu plus grand qu'elle et elle était persuadée qu'il en tenait une satisfaction infantile.

- Excuse-moi mais là, c'est toi qui reste planté là à continuer le débat. Retourne bécoter Kessy Brooks dans les toilettes, c'est en adéquation avec ta grande classe.

"Oui, j'en suis très fier." répondit-il en hochant la tête, avant de lever au ciel, exaspéré par Marlene.

Ce n'était pas possible d'être aussi horripilante, tout de même ! Non, définitivement, c'était trop... "Trop" pour lui. Et, si d'un côté il voulait partir et tourner le dos à cette fille, il était hors de question pour lui de perdre la face en fuyant ! C'était une question d'ego, très certainement, mais il n'allait pas céder ainsi. Sinon, elle ne cesserait de lui faire remarquer, à coup sûr - et il ne pourrait pas le supporter.

"J'suis plus avec Kessy." lâcha-t-il en la toisant d'un regard noir. "Cela dit, si les toilettes sont en adéquation avec ma "grande classe" comme tu dis, j'imagine que je te retrouverais là-bas ?" demanda-t-il avec un petit rire.

Elle devait sérieusement arrêter de se prendre pour quelqu'un, c'était tout bonnement insupportable...

"Bah alors Barclay, pourquoi t'es toujours pas retournée dans ton compartiment ? Tu t'es attachée à moi ? Je suis flatté..." lâcha-t-il avec un sourire ironique - il aimerait bien qu'elle s'en aille vite, histoire qu'il puisse mettre cette histoire derrière lui.

Marlene haussa un sourcil quand James la toisa, peu décidée à se laisser intimider par un grand dadais de Poufsouffle. Il se pensait effrayant ? Il avait juste l'air d'un gamin qui se prendrait pour un homme.

- Ne prends pas tes rêves pour la réalité, Carter, répliqua-t-elle lorsqu'il dit qu'il la retrouverait aux toilettes.

Le voir ainsi se moquer d'elle ouvertement l'exaspérait au plus au point et elle n'avait qu'une idée : le plaquer contre un mur pour lui mettre une gifle retentissante. Il l'exaspérait au plus au point et elle commençait à bouillir de rage à peine contenue face à son rire idiot, ses haussements de sourcils et ses regards censés l'effrayer.

- Contrairement à toi, j'ai autre chose à faire que de glander pendant huit heures. Mais tu ne vas pas rejoindre tes amis demeurés ? Ils veulent plus de toi ? En même temps, je les comprends... Si t’arrive même à te faire jeter par une cagole comme Kessy Brooks...

"Cauchemars, tu veux dire." rectifia-t-il.

Comme s'il rêvait d'elle. Rien que l'idée lui donnait envie de vomir, tiens ! Il détestait tout chez cette fille. La façon dont elle se tenait, la manière dont elle parlait, ses sourires méprisants, ses gestes, ses regards. Il fronça le nez avec dédain, prêt à partir - finalement, il avait besoin de retrouver un certain calme avant de se mettre à lui hurler dessus. Mais, alors qu'il esquissait un mouvement pour repartir en direction de son compartiment, les paroles de Marlene le figèrent sur place. Il vrilla un regard sombre dans celui de la jeune fille et la poussa sans ménagement contre le mur.

"La ferme, Barclay. Tu la fermes." gronda-t-il en la maintenant contre la paroi quelques secondes supplémentaires, la dominant de toute sa hauteur, avant de la relâcher.

"T'es vraiment une garce." lâcha James. "Pourquoi tu fais ça ? T'es jalouse ?" demanda-t-il, le visage fermé. "Ca se comprendrait... C'est pas demain que tu trouveras un mec qui voudra bien de toi..." déclara-t-il, en l'observant. "Un conseil ? Arrête un peu les Patacitrouilles."

Il ne se rendait pas vraiment compte de la portée de ses paroles - à vrai dire, il ne se rendait pas compte de grand-chose, seulement qu'il bouillait de rage.

Le dos de Marlene vint heurter brusquement la paroi du wagon mais elle s'en fichait complètement. Tout ce qu'elle voulait, c'était rendre la monnaie de sa pièce à Carter, qu'il regrette amèrement chacun de ses mots et chacun de ses gestes et qu'il lui délivre des excuses, à genoux s'il le fallait ! Elle n'avait jamais été quelqu'un de très emporté mais à cet instant très précis, elle n'avait jamais été aussi furieuse de toute sa vie, elle n'avait jamais eu envie de blesser quelqu'un comme elle voulait le faire maintenant.

Elle se fichait des conséquences et elle n'arrivait même plus à comprendre comment ils en étaient arrivés là pour une simple Patacitrouille. Mais dans le fond, cela allait bien plus que cela, ce n'était pas une simple querelle stupide. James et Marlene s'étaient détestés pendant six longues années sans vraiment le matérialiser et pour la première fois, ils se retrouvaient réellement l'un face à l'autre. Et elle ne comptait pas perdre. Alors quand James toucha pour la première fois de la soirée un de ses vrais points faibles, Marlene n'eut même pas à réfléchir. Sa main vint s'écraser sur la joue de son camarade et elle poussa de toutes ses forces pour qu'il recule.

- Vas te faire foutre, cracha-t-elle avec haine, vas te faire foutre ! Tu me dégoûtes ! T'es là, à faire croire au monde que t'es quelqu'un de bien mais tu vaux pas mieux que les autres !

La main de Marlene qui vint s'abattre sur le visage de James ne suffit pas à lui remettre les idées en place, et les paroles qui suivirent ne firent que renforcer sa colère. Il ne s'était jamais senti aussi furieux qu'aujourd'hui. Il avait envie de frapper dans quelque chose. A défaut de pouvoir frapper Marlene - on ne cogne pas les filles, même si la fille en question est Marlene Barclay - il tapa dans le mur, à côté de la tête de la jeune fille.

"Et toi ? Et toi ?" lança-t-il, en dardant sur elle un regard noir. "En voulant faire croire à tout le monde que tu es miss-parfaite, alors que tu n'es qu'une parfaite hypocrite, qui offre des sourires mielleux aux gens avant de cracher derrière leur dos !" s'exclama-t-il.

Il recula et observa la jeune fille.

"Tu me dégoûtes." déclara-t-il à son tour, pour reprendre son expression, mais sur un ton plus calme. "Je comprenais pas que t'es pas le moindre d'ami... Maintenant si. T'es complètement tarée." cracha-t-il. "Fous moi la paix maintenant ! Dégage !"

Le coup de James contre le mur la fit sursauter mais Marlene ne le lâcha pas du regard un seul instant, l'abattant de ses yeux sombres si elle en avait eu la possibilité. Comment quelqu'un pouvait arriver à la mettre dans un état pareil ? Une personne qu'elle ne pouvait pas supporter en plus, qu'elle détestait au plus haut point. Tout ce qu'elle voulait, c'était qu'il se taise, qu'il arrête de parler et qu'il disparaisse de sa vue à tout jamais !

- Moi je suis tarée ? Hein ? Mais pour qui tu te prends ? Tu penses que t'es mieux que moi ? C'est ça que tu penses ?

Elle se décolla brusquement du mur pour se rapprocher doucement de James, un air mauvais sur le visage et le ton doucereux.

- Tu essayes de faire croire au monde que t'es quelqu'un de bien mais regarde toi... A deux doigts de me frapper, incapable de contenir ta colère... Tu penses peut-être que je suis méprisable, Carter, mais je suis mille fois plus franche que toi. T'es pitoyable, ajouta-t-elle dans un murmure. T'es un lâche, Carter et tu le seras toujours.

"Qu'est-ce que tu fais toujours là ?" grogna James lorsque Marlene reprit son discours de moralisatrice.

Étonnement, après cet éclat de colère, il se sentait un peu plus apaisé. Oh, bien évidemment, la colère était toujours là ! Mais il ne ressentait plus l'envie, le besoin, même, de frapper dans quelque chose, d'évacuer sa fureur. Il secoua doucement la tête, blasé par l'attitude du la Serpentard. C'était le même discours qu'elle lui resservait à chaque fois !

"Alors tu peux te féliciter d'être aussi exaspérante." répliqua James. "Tu t'es jamais dit que ça venait de toi ?" il la dévisagea. "T'es fausse Barclay ! T'es tout ce qu'il y a de plus faux ! Tu viens pour la première fois de faire tomber ton masque de petite hypocrite... Mais t'es pas franche, ça ne sert à rien de te bercer d'illusions. Tout le monde le sait !" il eut un mouvement de dégoût. Puis, se rapprochant de la jeune fille, il baissa la voix. "Je ne suis pas lâche. Toi, par contre, tu l'es. C'est pour ça que tu vas être gentille et dégager d'ici."

Il vrilla son regard dans le sien, décidé à ne pas céder.

Marlene n'avait jamais vraiment eu d'amis. Lorsqu'elle était enfant, elle déménageait au moins une fois par an, ce qui n'aidait pas vraiment à la socialisation. Elle avait grandit en vase clos, avec ses frères et ses parents, jusqu'à la mort de sa mère. Son arrivée à Poudlard avait été le moment où elle avait pu commencer à se poser, étant donné qu'elle resterait dans le même établissement pour sept ans. Mais bien trop timide pour s'intégrer en première année, elle avait raté le coche et ne s'était jamais vraiment liée aux gens, d'un tempérament plutôt solitaire. A ses yeux, il n'était question que d'occasions manquées et si cela lui manquait un peu, elle était persuadée que si elle l'avait vraiment voulu, elle se serait fait des amis. Et ce n'était sûrement pas James Carter qui allait remettre ça en question. En réalité, les mots de James allait tourner dans sa tête et la tracasser pendant des semaines, avant qu'elle ne les rejette dans un coin de son esprit en se disant qu'il n'était qu'un idiot. Mais tout cela, elle ne l'avouerait jamais.

- Je ne bougerai pas d'ici, articula-t-elle, ne bougeant pas d'un pouce lorsque James se rapprocha. C'est sympa comme coin, ça me plait bien. Et puis surtout... Je ne te donnerai jamais ce plaisir, Carter. C'est bien plus amusant de te voir bouillir intérieurement sans jamais pouvoir rien y faire.

James se retint de lever les yeux au ciel lorsque Marlene rétorqua qu'elle ne lui laisserait pas ce plaisir. D'un côté, le jeune homme avait envie de lui démontrer qu'elle n'était qu'une enfant en partant de lui-même, drapé dans sa dignité. De l'autre, s'il partait, elle prendrait ça comme une victoire. Et il n'avait aucune envie de la voir gagner. Pas après toute cette dispute. Et puis, elle chargerait de le lui rappeler, à coup sûr, en l'insultant de "lâche" à chaque fois qu'ils se croiseraient. Il allait attendre, décida-t-il. Il y avait beaucoup de chances pour qu'elle craque la première.

"Très bien, si tu veux jouer à ça !" lança-t-il en ne se décalant pas d'un pouce. "Je n'ai aucun problème à rester debout, à vrai dire, j'avais bien besoin de me dégourdir un peu les jambes, après tout ce trajet !" fit-il en esquissant un sourire. "Oh, et s'il-te-plait Barclay, n'inverse pas les rôles. Tu es peut-être furieuse, mais moi, je suis parfaitement bien à présent." il hocha la tête, comme pour approuver ses propres paroles.

Il resta à sa place, le regard vrillé dans celui de Marlene.

"Je suis un Poufsouffle, la patience fait partie d'un de mes traits de caractère." annonça-t-il tranquillement, une lueur toutefois méprisante au fond des yeux.

Oh que oui elle pouvait jouer à ça. Et elle pouvait même gagner, songea-t-elle en défiant James du regard, un insupportable petit sourire au coin des lèvres. Marlene avait l'art et la manière de se montrer parfaitement exaspérante. Lorsqu'elle était enfant, pour attirer l'attention, elle avait toujours su trouver le point faible pour faire sortir les gens de leurs gonds et elle n'était pas prête d'arrêter face à James Carter.

- Mais je suis parfaitement détendue, répondit-elle avec toujours le même sourire en coin, ses yeux bruns fixés dans ceux de James. Et je suis une Serpentard, répliqua-t-elle. J'arrive toujours à mes fins.  

S'il fallait fixer James pendant tout le reste du trajet pour finalement avoir raison, elle ne renoncerait pas à ce plaisir. Elle lui adressa un sourire mielleux - comme elle savait si bien les faire, exaspérants au possible - et glissa une boucle brune derrière son oreille.

- J'ai hâte de te voir perdre, souffla-t-elle en relevant un peu le menton, leurs visages assez proches pour qu'elle distingue tous les détails de celui de James.

"C'est ce qu'on verra." répondit tranquillement le Poufsouffle en haussant les épaules.

Il savait qu'il avait assez de volonté pour rester face à Marlene jusqu'à ce qu'elle cède. Ce serait une petite victoire - bien maigre, certes, mais une victoire quand même. Et James s'en contenterait. Après cette échange houleux, il ne pouvait sûrement pas la laisser repartir comme ça ! De toute façon, il était trop tard - il s'était lancé dans le jeu, et il ne pourrait pas en sortir tant qu'il n'aurait pas gagné. Sa fierté et son égo en prendraient un trop gros coup, sinon.

Il observa Marlene se rapprocher, et lui souffler qu'elle avait hâte de le voir perdre. Il esquissa un sourire en coin insolent, et haussa les sourcils.

"Ne rêve pas." répliqua-t-il simplement, bien décidé à attendre.

Et, il aurait bien attendu - aussi longtemps qu'il le fallait, même ! - tranquillement que le trajet se termine ou que Marlene cède et rentre dans son compartiment. Toutefois, c'était sans compter l'arrivée du destin, qui, à coup sûr, étaient contre eux. Car, au moment moment où Marlene rapprochait son visage du sien, le Poudlard Express prit un virage serré, qui fit basculer James en avant. Il se retrouva contre Marlene, et ses lèvres trouvèrent les siennes.

Il se passa plusieurs secondes avant que James ne se rende compte de ce qu'il faisait. Il embrassait Marlene. Soit.

Ils allaient voir, en effet, songea Marlene. Ou plutôt, James allait voir qu'il ne servait à rien d'essayer de lui résister : elle allait gagner. Il était hors de question qu'elle laisse cet idiot remporter la partie après ce qu'il lui avait dit ! Plantée face à lui, les bras croisés sur la poitrine, Marlene fixait son camarade avec insolence, essayant par tous les moyens de le pousser à s'en aller, ce qui lui permettrait de l'écraser. Elle avait deux frères, elle savait comment tenir tête à quelqu'un et ce n'était pas face à un type comme James Carter qu'elle céderait.

Ils étaient donc partis pour de longues minutes d'affrontement silencieux quand le Poudlard Express bringuebala ce qui la déséquilibra, l'entrainant en arrière ainsi que James. Elle n'aurait pas su dire comment ils se retrouvèrent dans cette situation mais au moment où le dos de Marlene toucha de nouveau la paroi du wagon, les lèvres de James se posèrent sur les siennes. Elle ne s'était jamais retrouvée si proche d'un garçon et surtout, surtout, elle n'avait jamais embrassé personne. Et voilà qu'elle échangeait son premier baiser - accidentel, certes, mais tout de même - avec James Carter. La personne qu'elle détestait le plus dans tout Poudlard. Quelqu'un lui en voulait très sérieusement.

Gênée et perturbée, Marlene repoussa James de toutes ses forces, son malaise se changeant en colère tandis que son cœur battait à tout rompre. 

- Et c'est moi qui suis tarée ? Ne t'avise plus jamais de m'approcher, Carter !