Le talent n'est pas donné à tout le monde [Sean & Juliet]

10 octobre 2006

Juliet marchait déjà depuis quelques minutes dans les couloirs, un papier à la main. Elle cherchait une personne qui n’était qu’autre que Sean Fitcher, un Serdaigle de la même année qu’elle. La rouge et or ne lui avait jamais vraiment parlé, mais était au courant, comme à peu près toute personne étant à Poudlard l’année précédente – à moins de s’être caché toute l’année scolaire dans son dortoir, coupé du monde – de la terrible histoire qu’il lui était arrivée.

Et si aujourd’hui elle voulait lui parler, c’était pour une raison bien particulière. En effet, alors qu’elle regardait le carnet a dessin de sa petite sœur, elle était tombée sur un croquis étonnant et vraiment bien réalisé. Elle connaissait déjà le talent de Leah pour le dessin. En effet, depuis quelques années la petite Wilson, s’était découvert une passion pour l’art. Elle se plaisait à dessiner plusieurs heures d’affilés, pouvant passer des journées entières à faire et refaire un paysage, un portrait… Et si la Gryffondor admirait le talent de sa jeune sœur elle avait été grandement surprise en trouvant le dessin qu’elle avait dans les mains. Ce dernier était parfaitement réalisé, d’une justesse et d’une précision à couper le souffle. Elle allait en parlant à Leah lorsqu’elle s’était aperçue que le dessin était signé Sean Fitcher. Après une légère hésitation, Juliet s’était mise à la recherche du garçon.

Tournant à l’angle d’un couloir, la Poursuiveuse salua Eva, sa nouvelle coéquipière qui était entourée de quelques amis. Puis, se remettant en marche, elle prit encore quelques minutes avant de trouver le Serdaigle. Elle hésita à l’appeler puis se ravisa et se contenta d’accélérer le pas pour le rattraper. Une fois arrivée derrière lui, elle commença :

« Sean ? Euh salut… »

Lui adressant un sourire, elle poursuivit :

« Tu vas bien ? »

Encore hésitante sur la façon d’aborder la chose, elle décida de ne pas tourner autour du pot et entra dans le vif du sujet directement.

« Je suis la grande sœur de Leah Wilson et… En regardant ses dessins que je suis tombée sur ça » déclara-t-elle en lui tendant le croquis « Je crois que c’est à toi non ? »

Admirant une nouvelle fois le dessin, elle constata :

« Tu dessines vraiment bien. »

Toujours souriante, elle attendit que le jeune homme prenne la parole.

Sean sortit de la salle de divination parmi les premiers et prit aussitôt le chemin de la bibliothèque. Il y passait le plus clair de son temps ces temps-ci. Il était bien décidé à intégrer l'Académie des arts magiques à la rentrée prochaine, mais il se rappelait très bien des mises en gardes du Professeur Harris quant au niveau très élevé requis dans plusieurs matières. Ce n'était pas encore gagné mais grâce aux dizaine d'heure qu'il avait passer caché derrière d'énormes ouvrages, il avait au moins rattrapé tout le retard qu'il avait accumulé l'année dernière. Il s'en était d'ailleurs plutôt bien sorti à son premier test de sortilège, ce qui l'avait encourager à persévérer.

Désormais la seule difficulté des heures de cours était de tout faire pour ne pas croiser le regard d'Harmonie. Il ne lui avait pas parlé depuis son retour à Poudlard et ne savait pas s'il trouverait la force et l'envie de le faire. Peut-être, un jours, ou pas. Avec cette année supplémentaire à Poudlard, il s'efforçait d'aller de l'avant et de ne plus se concentrer sur les....incidents, de l'année précédente. Mais c'était quelque peu difficile quand il passait plusieurs heures dans la même pièce que celle qui avait causé tous ses tourments.

Plongé dans ses réflexions, il sursauta en entendant prononcer son nom, il fallait reconnaitre que ça n'arrivait pas très souvent d'un autre coté. Persuadé d'avoir oublié un livre en classe, ou quelque chose du genre, il s'attendait à se trouver face à un de ses camarades de divination et fut étonné de reconnaitre Juliet Wilson, qui ne suivait pas cette option.

« Tu vas bien ? » lui demanda-t-elle en souriant.

Sean fronça un peu les sourcils, avant de se forcer à lui sourire. Depuis quand Juliet Wilson se souciait-elle de son humeur ? personne ne se souciait de son humeur. Un peu décontenancé, le Serdaigle garda le silence un moment avant de bredouiller :

"Bah, euh...Je...ça va. P...Pourquoi ?"

Il aurait évidement du lui retourner sa question plutôt que de lui demander pourquoi elle venait lui parler. D'un autre coté c'était tellement surprenant, qu'il n'avait pas put cacher son étonnement. Néanmoins, surpris ou pas, il pouvait tout de même rester à peu près courtois, aussi s'empressa-t-il d'ajouter en rosissant :

"Enfin je...je veux d...dire : et toi ?"

Heureusement, Juliet ne fit pas attention à ses bafouillages ridicules et poursuivit en expliquant qu'elle était la sœur de Leath Wilson, et qu'en regardant ses dessins elle était tombée sur un croquis qu'elle lui tendit et qu'il reconnut immédiatement.

Il y a deux semaines, alors qu'il travaillait sur un devoir d'aritmancie particulièrement difficile à la bibliothèque, et ne parvenant pas à répondre à une seule question, il s'était naturellement mis à crayonner. La jeune Leath était alors venue s'asseoir à sa table, et l'avait observé un moment, en silence. Il avait trouvé ça un peu étrange au début, puis finalement s'était dit qu'elle était simplement comme lui : elle n'aimait pas parler. Il avait finit par lui proposer une feuille et un crayon, et la gamine s'était mise à dessiner à coté de lui, toujours sans rien dire, elle se débrouillait plutôt bien. Une fois son dessin terminé, la fillette l'avait signé "Leath" et le lui avait offert. Surpris mais touché, le septième année lui avait alors donné son propres croquis.

Depuis, le Serdaigle et la petite Gryffondor s'étaient retrouvés plusieurs fois à cette même table. Leath ne parlait pas beaucoup, mais ce n'était certainement pas Sean qui allait le lui reprocher, et elle avait l'air de vraiment aimer dessiner. Si bien que le jeune homme avait fini par développer une affection un peu fraternelle à l'égard de la fillette.

« Je crois que c’est à toi non ? » lui demanda Juliet, le tirant de ses pensées.

"Oui ce...c'est à moi mais elle...p...peut le garder, ce...si elle veut."

Juliet le complimenta alors sur son croquis et le Serdaigle baissa les yeux en rougissant d'avantage. Il ne s'habituerait jamais aux critiques, qu'elles soient bonne ou mauvaises. Il mettait tellement de lui dans tout ce qu'ils dessinait ou peignait qu'il était toujours assez mal à l'aise quand on jugeait son travail.

"Me...merci. Ta sœur, elle se...enfin, elle dessine p...pas trop mal. Elle est...l'est même douée."

Réfléchissant à ce qu'il venait de dire et réalisant que la situation pouvait prêter à confusion, il ajouta aussitôt :

"Elle me...m'a donné un dessin le...l'autre jour, on...on était à coté à la b...bibliothèque."

Il ne voulait surtout pas que Juliet s'imagine qu'il passait son temps à espionner des petites filles de douze ans.

Juliet haussa un sourcil, étonnée, lorsque Sean lui demanda pourquoi elle s’inquiétait de son humeur. Que pensait-il donc ? Qu’elle était une commère qui voulait seulement savoir s’il se remettait du retour de son ex-petite amie afin d’alimenter ses ragots ? Ce n’était pas le cas. Certes, elle avait eut une pensée pour le Serdaigle lorsqu’elle avait été mise au courant du retour de la Serpentard, mais elle ne se sentait pas en droit de venir lui demander comment il vivait cette situation, n’étant pas spécialement proche avec lui.

« Pour savoir » répondit-elle simplement avant qu’il ne change sa question. « Ca peut aller » termina-t-elle avec un léger sourire, s’efforçant de dissimuler ce qu’elle ressentait continuellement par son sourire.

Abordant ensuite le sujet du dessin que la Gryffondor avait trouvé dans les affaires de sa jeune sœur, la jeune fille fut une nouvelle fois surprise quand le jeune homme déclara que Leah pouvait le garder. Elle pensait que la petite Gryffondor l’avait emporté par mégarde. Et bien non. C’était visiblement un cadeau de Sean. A fois heureuse de voir que sa petite sœur avait trouvé quelqu’un avec qui passer un peu de temps et interloquée : comment Leah (deuxième année, Gryffondor) et Sean (Septième bis, Serdaigle) pouvaient se connaître ? Juliet se raisonna. Les deux pouvaient s’être rencontrés dans plusieurs situations après tout.

Lorsqu’il mentionna que Leah était douée, la rouge et or ressentit une immense fierté envers la petite Gryffondor. Elle avait toujours admiré son talent, et sa patience à passer des heures sur un dessin. Esquissant un petit sourire, elle se remémora les vacances qu’elle avait passées avec sa petite sœur, et surtout des nombreux croquis que cette dernière avait dessinés.

Le Serdaigle la tira de ses pensées lorsqu’il se justifia, disant qu’elle lui avait donné un dessin lorsqu’ils étaient tout les deux à la bibliothèque. Ca alors ! Leah, si timide, si renfermée, avait osé, d’elle-même, donner un de ses dessins à un individu qu’il ne connaissait pas. Elle qui était pourtant assez mal-à-l’aise vis-à-vis de son travail. C’était, sans aucun doute, un réel progrès.

« Oui, elle est douée » confirma la grande sœur en souriant. « Crois-moi, ça m’étonne qu’elle t’ait montré son dessin, elle… Elle n’aime pas spécialement ça, normalement. Mais c’est vraiment super. »

Elle laissa passer quelques secondes avant de demander :

« Elle vient souvent dessiner à la bibliothèque ? »

Juliet parut un peu surprise quand Sean lui avoua que Leah lui avait donné son dessin et lui expliqua que sa petite soeur n'aimait pas vraiment montré son travail en général. Le Serdaigle pouvait parfaitement comprendre la petite Gryffondor, lui même détestait que les autres voient ses dessins. Surtout en ce moment, depuis les évènements de l'année dernière il l'avait l'impression que ses croquis ou peinture prenaient une tournure plus personnelles et s'appliquait à les garder pour lui. Pourtant n'importe qui lui dirait qu'il ne pourrait s'améliorer qu'en faisant face à la critique, mais c'était plus facile à dire qu'à faire. De toute façon il serait bien obligé d'y passer un jour où l'autre s'il voulait intégrer l'Académie des arts magiques, mais il n'y était pas encore...

"En fait je...je pense que...qu'elle l'a fait p...parce qu'elle a vu que je d...dessinais aussi, donc...enfin p...peut-être, je sais pas."

Non, en fait il n'avait aucune idée de ce qui avait fait que cette fillette qu'il ne connaissait pas lui avait offert un dessin, comme ça, sans raison. Il avait trouvé ça mignon mais c'était vrai que c'était plutôt bizarre en fait. Pourtant, sur le moment, ça ne lui avait pas parut si étrange que ça. Pourtant, il trouvait tout le temps les gens bizarre, tout en sachant au fond de lui que c'était lui qui était anormal et pas les autres. Peut-être que Leah était étrange comme lui finalement, et que pour cela ils ne se trouvaient pas bizarres l'un l'autre, c'était possible. Après avoir laissé passer un cours silence, Juliet lui demanda si sa sœur venait souvent à la bibliothèque et Sean hocha la tête.

"Oui, elle euh...on s'est déjà croisé p...plusieurs fois mais elle euh....elle ne p...parle pas beaucoup."

Mais qu’est ce qu'il racontait ? Il n'était pas vraiment la personne la mieux placée à Poudlard pour reprocher à quelqu'un de ne pas parler, il avait déjà passé des jours entiers sans ouvrir la bouche. Seulement lui il avait une bonne raison, outre le fait qu'il était d'une timidité maladive il écorchait un mot sur trois et c'était en général une raison suffisante pour que ses charmants camarades se moquent de lui. Mais il se demandait se qui pouvait poussé une petite Gryffondor de douze ans à s'enfermer dans un tel silence, surtout quand on regardait sa sœur qui était plutôt bavarde en cours. Peut-être qu'elle avait ses raisons elle aussi, et peut-être que ces raisons ne le regardaient absolument pas d'ailleurs. Sean s'empressa donc d'ajouter.

"Mais elle d...doit être timide...peut-être, non ?"

C'était plus ou moins bien rattrapé, non ? Non. Tant pis, ça lui faisait une autre raison de se taire en permanence : éviter de poser des questions sur des sujets qui ne le regardaient pas. Il n'était même pas de nature curieuse, c'était juste que cette petite Leah l'intriguait.

Lorsque Sean émit une hypothèse pour justifier le fait que Leah lui avait donné un dessin, Juliet hocha la tête. Sa sœur était surprenante. Elle pouvait avoir vu en la présence du Serdaigle quelqu’un de confiance et lui avait témoigné cela par ce don. Peut-être. Un léger sourire éclaira le visage de la Gryffondor et elle ne pu s’empêcher intérieurement de ressentir un élan de fierté quasiment maternelle.

« Peut-être » concéda-t-elle avec un haussement d’épaule « Mais c’est vraiment bien, qu’elle te l’ait donné. »

Ce qui pouvait paraître un geste naturel était en réalité un immense effort pour la petite fille. D’ailleurs, Sean lui fit la remarque sa petite sœur ne parlait pas beaucoup. Le regardant avec stupeur, Juliet resta interdite quelques instants. Il se pouvait que le jeune homme ne soit pas au courant de la situation de sa petite sœur. En effet, si l’année dernière uniquement une minorité de personne était au courant, cette année la majorité des élèves connaissaient la situation de Leah. Même les première année, tel que Ahren Keller. Légèrement hésitante sur sa réponse, elle laissa passer quelques secondes avant de commencer :

« Non, elle ne parle pas beaucoup… Mais euh... Tu sais… »

Préférant arrêter de parler plutôt que de tourner autour du pot pendant des heures, elle attendit quelques instants que le Serdaigle prenne la parole. Ce qui ne tarda pas à venir. Il lui demanda si Leah était timide, ce qui ne fit que renforcer ce que Juliet avait pensé : Sean ne savait pas que la petite Gryffondor était autiste.

« Il y a de ça oui… mais c’est surtout parce que hum… »

Elle baissa la tête et se passa une main derrière la nuque avant de reprendre :

« C’est surtout parce que Leah est autiste. »

Bien qu’elle avait toujours du mal à avouer cela, sa discussion avec Irving et Jeremy dans le hangar à balai l’avait aidé à accepter la situation. Le fait que toute l’école était au courant aidé aussi, sachant que d’une façon ou d’une autre, le Serdaigle aurait fini par le savoir.

Alors que Sean soulignait le fait que Leah ne parlait pas beaucoup, oubliant momentanément qu'il était peut-être la personne la moins bien parlé pour faire une telle remarque, Juliet parut un peu mal à l'aise. Voilà, il ne parlait jamais et quand il se décidait à ouvrir la bouche, c'était pour faire des bourdes. Moralité : mieux valait qu'il se taise éternellement. Si les efforts qu'il faisait pour essayer de discuter normalement ne servait qu'à blesser les autres, il faisait plus de bien en gardant le silence, chose qu'il se promit de faire à l'avenir.

La Gryffondor, qui semblait avoir perdu de son assurance commença sa réponse avec un "Tu sais..." qui ne trouva aucun écho chez le Serdaigle. Parce qu'il ne savait pas. Ou alors il ne voyait pas du tout de quoi elle voulait parler, ce qui était également possible car ses capacités mentales venaient d'être sérieusement altérées par un devoir d'arithmancie particulièrement difficile. Sean tenta de se rattraper comme il pouvait en suggérant que Leah était sans doute timide. tentative qui tomba à plat quand Juliet lui répondit "qu'il y avait de ça", signifiant ainsi clairement qu'il y avait aussi autre chose. Et visiblement cette autre chose la mettait mal à l'aise, plongeant par la même occasion Sean dans un terrible embarras.

Le jeune homme regarda autours de lui à la recherche d'une bonne raison pour s'éclipser, afin de fuir le malaise qui s'était installé, mais les deux seules personnes présentes dans le couloir étaient des premières années de Poufsouffle. Merlin n'était décidément pas avec lui. Juliet se passa nerveusement une main dans la nuque avant de lui avouer finalement que sa petite sœur était autiste.

"Oh je...je savais p...pas."

Évidement qu'il ne savait pas, sinon il n'aurait pas poser toutes ces questions stupides ! Quel idiot il faisait, l'arithmancie ne le réussissait vraiment pas. La façon dont Juliet le lui avait dit lui avait clairement faire comprendre qu'il aurait du savoir. Pourquoi il ne le savait pas ? Il ne savait jamais rien de toute façon, peut-être était-ce lié au fait qu'il ne parlait presque à personne. Surement même. Alors que son visage prenait petit à petite une couleur aussi rouge que le blason de la maison de sa camarade, Sean sentit un mélange de compassion et d'affection à l'égard de la jeune Leah, mais surtout une immense gène à l'égard de sa grande sœur.

"Je...hum, je suis de...Désolé."

Désolé de quoi ? De cette nouvelle ou de ne pas l'avoir su plus tôt ? Sans doute un peu des deux. Ça devait être difficile pour Juliet, et pour Leah surtout. Il avait une idée de ce que cela pouvait faire d'être rejeté, il savait ce qu'on ressentait quand les autres se moquaient de vous, quand on chuchotait dans votre dos. Et il se demandait comment une petite fille à l'air aussi fragile que la jeune Leah pouvait supporter tout ça. Lui en souffrait continuellement, alors que son handicap se résumait à un stupide bégaiement, et il ne pouvait qu'imaginer la douleur de la fillette.

Il aurait voulut dire tout ça à Juliet, lui demander comment sa sœur vivait ça, lui témoigner son soutient et lui assurer que Leah avait de la chance de l'avoir, mais il n'osait pas. Premièrement parce qu'en butant sur un mot sur trois il lui faudrait dix minutes pour faire une telle déclaration, et deuxièmement parce qu'il ne se permettrait pas de s’immiscer dans la vie privée de la jeune femme. Il avait toujours été de nature plus que réservée et ce n'était vraiment pas son genre de pousser les autres à se confier sur des sujets personnels.

Il voulut poser une main réconfortante sur l'épaule de Juliet mais suspendit son geste et laissa son bras retombé le long de son corps avant de balbutier.

"Ce...Ca doit pas être facile mais, euh...elle a de...de la chance de t'avoir, vraiment. Et euh...ce, c'est une chouette gamine."

Il n'avait jamais parlé à Leah, mais il avait passé plusieurs heures en sa compagnie et il était sûr de ce qu'il avançait. C'était une petite fille adorable et il ne pouvait que lui souhaiter d'être assez forte pour affronter les difficultés qu'elle rencontrerait.

Après avoir annoncé à Sean que sa sœur était autiste, ce dernier bégaya qu’il ne savait pas. Hochant la tête, Juliet rassura le jeune homme d’un sourire. Cela était surprenant que le Serdaigle ne soit pas au courant de la maladie de sa sœur, c’était également rassurant. En effet, s’il ne l’avait pas remarqué, d’autres après lui ne le remarqueront pas. Et ça ne pouvait être que bénéfique pour Leah, en soit.

« T’inquiète pas. » souffla finalement la jeune femme, dans le but de rassurer le garçon et qu’il ne se sente pas mal à l’aise.

Cela ne fonctionna visiblement pas, car le garçon resta silencieux quelques instants avant de déclarer qu’il était désolé. Désolé de quoi ? Que sa petite sœur soit atteinte d’autisme. Oui, Juliet aussi l’était, désolée. Et pourtant, elle n’y pouvait rien. Sean non plus après tout. C’était injuste, dur. C’était la vie, en somme. Cependant, touchée par les paroles du garçon, elle lui sourit avec gratitude. Elle ne pouvait pas imaginer avec exactitude à quoi ressemblaient les journées du Serdaigle mais était certaine qu’elles n’étaient spécialement toujours joyeuses. Elle n’osait pas lui demander comment il vivait le retour d’Harmonie à Poudlard. Ce n’était pas ses affaires, après tout, et elle ne voulait pas se mêler de ce qui ne la regardait pas. Elle se doutait que ça ne devait pas être facile tous les jours pour le jeune homme, et avait peur de le mettre mal à l’aise avec des questions déplacées.

Alors qu’elle s’apprêtait à lui répondre, le Serdaigle leva le bras comme pour le poser sur son épaule et pourtant suspendit son geste avant de laisser retomber son bras le long de son corps. Esquissant un sourire, elle s’apprêtait à le remercier pour sa compassion lorsqu’il la devança et prit la parole :

"Ce...Ca doit pas être facile mais, euh...elle a de...de la chance de t'avoir, vraiment. Et euh...ce, c'est une chouette gamine."

C’était probablement la phrase la plus longue – et la plus adorable – que Sean avait prononcé depuis que Juliet l’avait abordé quelques minutes auparavant. Touchée par ses paroles, la Gryffondor prit la parole :

« Je… C’est adorable ce que tu dis, vraiment. Merci. Elle est géniale, Leah, il faut juste prendre la peine de la connaître, et c’est malheureusement ce que les gens ne prennent pas la peine de faire. »

Ce n’était pas le cas que pour sa petite sœur. Beaucoup ne tenaient pas à avoir au dessus des apparences. Ce qui était en soit, bien dommage.

Juliet parut touchée par les paroles de Sean, et lui répondit même que c'était adorable. Le serdaigle haussa les épaules, il ne cherchait pas à être adorable, c'était honnête, il le pensait vraiment. La jeune fille poursuivit en expliquant que Leah était génial mais que beaucoup de gens ne prenaient pas la peine d'apprendre à la connaitre. Il hocha la tête en signe d'approbation. Elle disait vrai, et les gens n'étaient pas ainsi qu'avec Leah malheureusement. Tout se jouait sur des apparences et des premières impressions. Il n'était pas le mieux placé pour parler en même temps. Pendant sept ans il avait considéré Swann comme une commère sans cœur qui prenait un malin plaisir à faire courir des rumeurs sur le dos de personnes qui ne lui avaient rien demander, et en apprenant à la connaitre il avait appris à apprécier la jeune femme talentueuse et déterminée qu'elle était. On passait vraiment à coté de rencontres à refuser de voir autre chose que des étiquettes.

"Ouai ce...c'est dommage."

Bravo Sean, très profonde réflexion, vraiment. Et il lui avait fallut plusieurs secondes de réflexion pour arriver à ça ? Ridicule. Se sentant plus idiot que jamais, le Serdaigle passa nerveusement une main derrière sa nuque. Heureusement, il avait cours de métamorphose et pourrait bientôt s'éclipser et arrêter de se donner en spectacle. Sauf que Juliet avait métamorphose elle aussi, et il ne voulait pas la contraindre à se rendre en cours avec lui. Elle avait sans doute plein d'amis beaucoup plus intéressants à aller retrouver. Il n'allait pas lui imposer sa présence plus longtemps.

"Je dois aller che...chercher mon....ma baguette de...dans ma salle commune a...avant le cours." mentit-il

Non seulement cela permettrait à Juliet de se débarrasser de lui, et de plus il ne tenait pas à arriver trop tôt dans la salle de classe du Professeur Nolan. Moins de temps il passait en compagnie d'Harmonie et mieux il se portait. Elle avait l'air normal, elle discutait, elle riait parfois, mais il ne pouvait pas s'ôter de l'esprit son regard haineux et déterminé, ses mains glacées resserrant leur emprise mortelle de son cou, la douleur insoutenable de l'endoloris. Il n'arrivait pas à oublier. Adressant un bref signe de tête à Juliet, il s'éloigna d'un pas.

"A...a plus tard alors, je...je vais che...chercher mon livre."

Il n'avait pas parlé d'une baguette ? Génial, non seulement il ne savait pas mentir et en plus il s’emmêlait les pinceaux, fabuleux. Elle allait le prendre pour un imbécile. Et elle aurait bien raison. Rougissant jusqu'aux oreilles, le jeune homme s'empressa de disparaitre.