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Enchanted [Charleen & Maeva]

Charleen White
Charleen WhiteProfesseure de danse
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Enchanted [Charleen & Maeva] - Page 2 Icon_minitimeJeu 21 Mar 2024 - 4:08
La nuit est tombée et avec elle, les derniers rayons de soleil qui donnaient à Charleen l’impression qu’elle pouvait sortir sans veste de chez elle. Un frisson la saisit à l’instant où elle sort du bar avec Maeva. Le vent s’engouffre sous son haut bien trop léger, en même temps qu’elle prend conscience de la situation dans laquelle elle se trouve. Ses épaules se redressent d’un mouvement instinctif.

C’est vertigineux, ce qui se passe.

A ses côtés, Maeva semble tranquille, elle. Elle lance la conversation sur un ton taquin, glisse naturellement sa main dans la partie dénudée de son dos. Charleen frissonne à nouveau et cette fois-ci, ça n’a pas grand-chose à voir avec le froid.

« Franchement, non » admet t-elle en souriant. « T’avais rien glissé sur tes préférences, j’étais persuadée que t’étais hétéro ! » Elle poursuit, sur le ton de l’humour : « En plus, j’ai trop pris de râteaux dans ma vie, à me faire des films… Moi, j’ai mis du temps à saisir les subtilités des codes de l’amitié féminine hein. C’est trop flou, franchement, on est là à se faire des câlins et des déclarations d’amour tout le temps, à se dire qu’on est belles, et tout, maintenant il me faut des signaux clairs ! »

Ce qu’elle lui a amplement donné, tout à l’heure, songe t-elle en tournant les yeux vers Maeva. Son profil captive le regard de Charleen qui s’approche légèrement pour affirmer leur contact.

« Après, c’était pas évident mais… J’ai quand même mis une tenue adaptée au cas où c’était un date » avoue t-elle avant de se laisser aller à un peu d’autodérision : « Ce qui me vaut de mourir de froid maintenant. »


 
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Maeva Virtanen
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Enchanted [Charleen & Maeva] - Page 2 Icon_minitimeJeu 21 Mar 2024 - 5:10
Charleen n’a pas tort ; parfois, la ligne entre l’amour et l’amitié est assez floue entre deux femmes. La proximité peut survenir plus rapidement, les mots tendres aussi, sans qu’ils ne soient foncièrement orientés dans une dimension amoureuse. Avec Ji-Sun, Maeva se souvient avoir entretenu cette confusion un peu trop longtemps parce que c’était agréable d’éviter toutes les questions que cette brusque attirance pour elle soulevait. Elles ont dormi ensemble, leurs jambes s’enlaçaient dans la nuit et Maeva a fait semblant de ne rien voir, comme pour jouer un peu plus longtemps sur ce flou qui lui permettait de tout et de ne rien avoir en même temps. Les choses sont différentes aujourd’hui ; elle est plus alerte de ce sentiment qui creuse son ventre et plus claire dans ses envies et intentions.

“En même temps...” lance-t-elle alors. “Je dois dire que j’agis surtout comme ça avec mes amies quand j’ai très envie de les embrasser. Sinon je suis plus mesurée !”

Un rire lui échappe puis s’évanouit lorsque Charleen se rapproche d’elle. Sa main, qui n’était qu’un effleurement dans son dos, s’y pose plus franchement. Ses doigts rencontrent sa peau nue et ce contact lui plaît beaucoup. Elle en apprécie la douceur, la chaleur qui s’en dégage encore. Son aveu la fait sourire et, quand elle tourne la tête, son regard se promène un bref instant sur la tenue qu’elle porte. Elle songe, pour la énième fois, qu’elle est vraiment belle.

“Oh, pardon, réalise Maeva lorsque Charleen évoque la température extérieure. J’ai pas pensé à ça en te proposant de sortir. Tu veux ma veste ?”

La phrase résonne un peu trop longtemps à ses oreilles. Elle a un rire et secoue la tête en croisant le regard de la jeune femme.

“Laisse-moi être un homme galant, va, commente-t-elle en faisant glisser sa veste le long de ses bras. Tiens, prends-la. Ça va, je t’assure.” Ses bras sont pourtant aussi dénudés que son ventre, désormais. “Un jour, mon beau-père nous a fait dormir sous tente dans le nord de la Finlande. Là, il faisait froid. Mais l’Angleterre fin septembre ?” Un frisson la traverse mais elle hausse les épaules. “Facile.”


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Enchanted [Charleen & Maeva] - Page 2 Icon_minitimeJeu 21 Mar 2024 - 7:35
Charleen n’est pas très difficile à charmer mais il faut reconnaître que Maeva s’y prend particulièrement bien, à venir chercher son contact tout en lui offrant des sourires et sa veste dans un geste de galanterie. Surprise et touchée à la fois, elle lui demande à plusieurs reprises :

« Oh non mais t’es sûre ? Tu vas avoir froid aussi, t’es encore plus découverte que moi… »

Ses bras et une partie de son ventre se dévoilent sous les yeux de Charleen qui ne cherche pas vraiment à détourner le regard. A cette délicieuse vision s’ajoute l’odeur de Maeva qui imprègne sa veste et qui vient l’entourer ; discrètement, Charleen l’inspire pour mieux s’en enivrer. Exactement le parfum qu’elle imaginait sur cette élégante femme d’affaires quand, trois semaines plus tôt, elle l’abordait pour la première fois ; des notes d’épices et de vanille qui s’envolent, caressantes, voluptueuses, laissant derrière elles un souvenir envoûtant.

Charleen souffle doucement, les joues chaudes. Elle referme sur elle les pans de la veste blanche, avant de rebondir sur les mots de Maeva :

« Quoi ! Vous avez campé en Finlande ?? Mon Dieu, c’était quoi, un test de survie en territoire hostile ? » À ce moment-là seulement, Charleen se remémore qu’elle a glissé un pull dans son sac, justement au cas où elle regrettait son choix de tenue. Elle plonge la main dedans pour récupérer une maille rose pêche, qu’elle dépose délicatement sur les épaules de Maeva. « Oh mais pardon, en fait, j’avais amené ça au cas où… Laisse-moi être un chevalier servant moi aussi » plaisante t-elle. Elle lui offre un long regard et un sourire, avant d’ajouter, en laissant négligemment ses doigts s’envoler le long de son bras : « Et laisse-moi aussi te dire que ce rose est vraiment ta couleur, dis donc. »


 
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Maeva Virtanen
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Enchanted [Charleen & Maeva] - Page 2 Icon_minitimeJeu 21 Mar 2024 - 16:29
Le vent frais lui caresse les épaules et fait frissonner légèrement sa peau mais Maeva insiste pour que Charleen prenne sa veste. Cette étincelle qui crépite en elle lui permet de conserver un semblant de chaleur et le regard de la jeune femme qui effleure son corps ne fait que majorer ce sentiment. Elles avancent l’une à côté de l’autre, passent un portail pour arriver dans la partie moldue de Londres et descendent vers les quais de la Tamise.

“Une tentative de meurtre, corrige Maeva avec un air grave sur le visage. Mais c’était très sympa, si tu oublies le moment où j’ai failli perdre mes doigts tellement il faisait froid.”

Maeva est partie deux ou trois fois en Finlande avec Peter et Lou. Elle en garde de jolis souvenirs ; des paysages magnifiques, des bains gelés qu’elle a regrettés instantanément, des soirées au coin du feu, des chamallows grillés au bord d’un lac. Et cette nuit sous tente, complètement imprévue au programme, en plein cœur d’un parc national.

Un discret sourire se dessine sur les lèvres de Maeva et s’agrandit lorsque Charleen se rapproche d’elle pour poser sur ses épaules un gilet en laine qu’elle tire de son sac.

“Oh, merci” souffle-t-elle en ajustant la maille autour d’elle. Un éclat de malice passe dans son regard et elle confesse : “J’étais en train de regretter mes choix vestimentaires, j’avoue.” Puis son regard est attiré par la main de Charleen, qui dévale son bras et s’envole. Maeva fait un geste pour la retenir, enlace sa main à la sienne. Son cœur bat un peu plus vite, comme tout à l’heure dans le bar, alors qu’elles échangent un regard un peu plus long. “Merci” lance-t-elle à nouveau mais cette fois-ci, sa voix est plus basse et son sourire plus appuyé.

La nuit les voit parcourir les rues de Londres jusqu’à son cœur. La capitale anglaise est curieusement calme, outre les quelques acclamations qui émanent des bars. Elles se promènent le long de la Tamise, passent devant Big Ben et le London Eye, les mains nouées. Parfois, elles s’arrêtent pour partager une étreinte, un baiser, un rire. Elles s’embrassent à en perdre le souffle juste devant le Tate Museum et Maeva en a le vertige. C’est dans ce baiser, où ses mains glissent sous la veste qu’elle a prêtée à Charleen pour retrouver la peau de son dos, qu’elle prend conscience qu’elles sont toutes les deux frigorifiées. Ses doigts sont gelés contre la peau de la jeune femme et ce contraste la fait sourire lorsqu’elles se séparent. Paradoxalement, Maeva n’a pas vraiment envie de s’éloigner, en témoigne sa main qu’elle laisse logée contre la joue de la jeune femme.

“On est d’accord qu’il fait hyper froid, là ?” souffle-t-elle, les yeux brillants. Parce que Charleen approuve, elle poursuit : “Est-ce que tu veux qu’on trouve un endroit où se poser ?” Elles ont croisé quelques bars encore ouverts sur leur chemin. “Ou rentrer ?” Prise d’une soudaine inspiration, elle ajoute : “Ou... Est-ce que tu veux passer chez moi ? Je vis à Leopoldgrad, précise-t-elle. Et je peux nous trouver un truc pour nous réchauffer, si ça te dit.” Il y a un silence.
Elle rit et secoue la tête. “Je parlais d’une tisane, je précise.” Enfin, elle peut aussi parler d’autre chose.



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Enchanted [Charleen & Maeva] - Page 2 Icon_minitimeVen 22 Mar 2024 - 7:35
Il y a quelque chose d’un peu romantique dans cette petite balade à deux le long de la Tamise, devant tous les célèbres monuments de la ville, sous les lueurs nocturnes qui projettent des tâches colorées sur leurs visages rieurs. Les deux jeunes femmes se tiennent par la main sans cesser de bavarder et doivent renvoyer l’image d’un petit couple aux passants. Et pourtant, elles font encore connaissance ; Maeva parle de ses séjours en Finlande, patrie de son beau-père, Charleen évoque ses origines écossaises du côté de sa mère et ghanéennes du côté de son père, ainsi que le regret qu’elle a de n’avoir jamais pu visiter cette partie de l’Afrique. De fil en aiguille, elles évoquent tous les pays qu’elle ont eu l’opportunité de découvrir dans leurs vies respectives et Charleen apprend que Maeva est une véritable globe-trotteuse. Entre son travail qui l’emmène dans des chantiers à travers le monde et sa vie de jeune célibataire dynamique, elle a une longue liste de voyages que Charleen envie. Son rêve à elle, c’est la Corée du Sud, dévoile t-elle avec des étoiles dans les yeux.

Les conversations s’enchaînent et le temps file sans qu’elles ne le voient passer. Elles en oublient même les signaux de leurs corps engourdis par le froid, toutes occupées à se découvrir par leurs mots et leurs baisers. Maeva fait une proposition sensée, celle d’aller se mettre à l’abri et Charleen a à peine le temps d’examiner ses options qu’une dernière émerge, avec un évident double sens. Son coeur manque un battement alors qu’elle songe à tout ce qui l’amenait ici en premier lieu.

Elle n’avait pas espéré une seconde pouvoir entrer chez Maeva aussi vite et aussi facilement. Un mélange d’appréhension et d’excitation la saisit. Elle ne peut pas laisser passer une si belle occasion. Pourtant, même si tout l’y pousse, une pointe de culpabilité embrouille ses pensées. Son regard figé sur Maeva donne l’impression qu’elle hésite.

Mon Dieu, une part d’elle aurait préféré qu’elle ne soit pas une personne si adorable et si charmante.

« Avec plaisir » dit-elle pourtant, en retrouvant son sourire. « Je te suis. »

Un des portails menant à Leopoldgrad n’est pas loin du musée, elles s’y faufilent, mains nouées. Le quartier où Maeva habite est résidentiel, paisible, assez éloigné du centre-ville. Un petit havre de paix et de verdure où elles pénètrent ensemble pendant que Charleen laisse ses yeux curieux traîner partout. Les bâtiments ne sont pas très hauts ici et les terrasses généreuses ; bien différent du minuscule appartement qu’elle partage avec sa colocataire en centre-ville.

Mais la vraie surprise survient quand, quelques minutes plus tard, Charleen entre dans l’appartement de l’archimage qu’elle imaginait très design, à l’image de ce que renvoient les clichés autour de sa profession ; épuré, dans des tons neutres, minimaliste, avec du mobilier de créateur où on ose à peine s’asseoir. A la place, elle découvre un salon très chaleureux, plein de couleurs, de plantes, de photos, de tableaux, de tapis moelleux. La cuisine qu’elle aperçoit au loin est tout aussi joyeuse. Elle tourne un visage délicieusement surpris vers Maeva :

« Mais c’est hyper mignon chez toi, j’adore ! Toutes ces couleurs, c’est trop beau, je rêve d’un canapé comme ça ! C’est toi qui a tout décoré ? Oui pardon, je suis bête, tu es archimage… Mais à ta place, je sortirais jamais d’ici en fait ! »


 
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Maeva Virtanen
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Enchanted [Charleen & Maeva] - Page 2 Icon_minitimeVen 22 Mar 2024 - 16:47
Maeva retrouve avec plaisir la chaleur de son appartement mais son corps refroidi frissonne encore lorsqu’elle retire le gilet posé sur ses épaules. D’un coup de baguette magique, elle allume les lumières puis dépose son sac dans l’entrée avant de s’avancer dans le salon. Le visage surpris de Charleen et ses commentaires enthousiastes la font sourire et la flatte un peu ; elle a effectivement refait l’intégralité de l’appartement en l’achetant quatre ans plus tôt (enfin, la banque l’a acheté pour elle et elle s’est endettée auprès de la banque pour des années.) Elle a pensé chaque pièce pendant des heures, a réalisé mille croquis différents, a hésité des heures sur les couleurs et sur les sols. Elle a rendu fou plus d’un vendeur pour trouver la teinte exacte qu’elle désirait pour le jaune de la cuisine ou le vert du canapé. Elle s’est amusée à trouver des luminaires un peu moins conventionnels que la normale, à courir les jardineries pour y acheter des plantes (dont elle s’occupe même relativement bien). Elle adore le tapis du salon, dont le côté ancien tranche avec le reste mais se marie bien avec le parquet (du parquet en bois, bien sûr). Il y a aussi plusieurs photos encadrées, posées ici et là ou accrochée sur le réfrigérateur. Peter et Lou en Finlande. Lou et elle au bord d’un lac, dans ce parc national finlandais qu’elle a mentionné un peu plus tôt à Charleen. Lisa, Kasya et elle au mariage de Kasya et Phil. Jules, son filleul, dans ses bras. Elle et Peter, le jour où elle a été diplômée. Et parmi toutes ces photographies, il y en a deux de ses parents. Maeva les a posées là un jour, quelques mois après une séance douloureuse chez son psychologue au cours de laquelle elle a confessé son envie dévorante de ne plus se souvenir et sa peur paralysante de tout oublier. Elle ne sait plus exactement ce qu’il lui a répondu, quelque chose comme “de quoi est-ce que vous avez envie de vous souvenir ?” et elle est restée muette un long moment.

Depuis quelques années, dans son salon, il y a la photo de James Smith, juste après la victoire de Flaquemare à la ligue anglaise de 1999. Elle a six ans à cette époque, des tresses et un maillot au couleur du club un peu trop grand pour elle. Il la soulève dans ses bras, sous les confettis qui pleuvent autour d’eux et elle rit aux éclats. Il y a aussi la photo de Chloé Hellsoft, installée dans le jardin de ses parents, les cheveux lâchés sur les épaules et non tirés vers l’arrière dans son habituel chignon, qui fait rebondir une toute petite fille sur ses genoux. Et c’est tout. Deux photos pour se souvenir et la fâcheuse habitude de les ignorer dès que la date de l’anniversaire de la mort d’un de ses deux parents approche.

“Oui, c’est une souffrance tous les matins” confirme Maeva en riant lorsque Charleen souligne qu’elle ne sortirait jamais de chez elle si elle vivait ici. En s’éloignant dans la cuisine, elle attrape le regard de la jeune femme : “T’as l’air surprise. Avoue, tu t’attendais à un appartement en noir et bois avec des sculptures vibe “art contemporain” ?”

Elle met de l’eau à chauffer dans une bouilloire et ouvre une boîte.

“Alors j’ai... Une tisane ”esprit tranquille”, une tisane ”bien-être et calme intérieur” et une autre ”Légèreté de l’âme et détox”.” Elle retrouve le regard de Charleen avec un sourire. “En fait, je te propose une tisane supplément “effet deux ans de psychothérapie”, visiblement. Si le monde savait qu’il suffisait de boire une infusion verveine-menthe-camomille-cannelle pour réparer son âme, franchement...” Elle remplit deux tasses d’eau chaude. “Tu veux quoi ?”


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Enchanted [Charleen & Maeva] - Page 2 Icon_minitimeDim 24 Mar 2024 - 6:41
Maeva a l’air tout à fait au courant des clichés qui pèsent sur sa profession et elle les affiche avec une autodérision plaisante, qui amuse Charleen :

« Est-ce que je passe pour une meuf trop jugeante si je dis oui ? » Puis elle ajoute en se souvenant d’une autre conversation qu’elles ont eu : « Non mais après j’ai pas fait d’effort parce que j’aurais du me souvenir des vestiaires que t’as aménagé à l’AJS. C’était clairement pas une vibe art contemporain, plutôt une vibe cosy. »

En même temps qu’elle prononce ces mots, elle se demande si toutefois elle a ce type d’approche et de délicatesse dans tous ses projets ; elle a comme un doute là-dessus. La proposition de Maeva la rattrape avant que ses pensées ne s’égarent trop loin.

« Arrête, ça marche trop bien ces trucs sur moi ! J’ai trop l’impression que si je bois des tisanes nuit tranquille après je vais forcément passer une bonne nuit, ne brise pas tous mes rêves comme ça » proteste t-elle en riant avant de répondre plus sérieusement : « Je préfère les tisanes épicées, je te laisse choisir. »

De son côté, elle était trop occupée à observer les photos accrochées sur le réfrigérateur. L’une d’entre elles attire son attention, car elle y reconnait sans mal les traits fins de Maeva, toute souriante et surtout toute petite. Elle la pointe du doigt en interpelant la jeune femme, avec un large sourire aux lèvres :

« Mais la bouille adorable que t’avais, c’est interdit, ça. T’étais un peu blonde, en fait, c’est trop chou. » D’autres personnes blondes occupent les photos et Charleen s’essaye à les identifier. « Tiens je crois reconnaître le camping de l’enfer en Finlande, ici. C’est ton beau-père et ta soeur, c’est ça ? »


 
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Enchanted [Charleen & Maeva] - Page 2 Icon_minitimeDim 24 Mar 2024 - 8:59
“Non mais c’est sans doute vrai ! assure Maeva en riant lorsque Charleen évoque les tisanes pensées pour améliorer la qualité du sommeil de ceux qui les consomment. Après tout, la camomille ça aide à euh, dormir.” Un sourire glisse sur ses lèvres. “La camomille et leur excellente équipe de communication...”

Elle actionne la bouilloire, sort deux tasses et choisit deux sachets de la même tisane, “Rêves d’hiver”, qui sent bon la cannelle. Elle laisse Charleen observer les lieux avec curiosité et son regard se porte forcément sur les photos accrochées ici et là dans la cuisine. Elle en pointe une en particulier où Maeva ne doit pas avoir plus de six ans.

“Un peu, c’est vrai, reconnait-elle en s’approchant d’elle. J’avais les cheveux plus clairs quand j’étais petite.” Maintenant, sa chevelure ressemble davantage à celle de sa mère, même si elle a tendance à s’éclaircir dès qu’elle s’expose un peu trop longtemps au soleil. Elle tend une tasse fumante à Charleen et acquiesce à nouveau. “Exactement. Peter, mon beau-père et Lou, ma petite-sœur.” Sur la photo, sa sœur ne doit pas avoir plus de neuf ans. Elle est toute souriante, ses cheveux blonds cachés sous son bonnet. “Et j’ai une autre sœur... Ici. Felicity” explique-t-elle en pointant une jeune fille aux cheveux bruns. “C’est la fille de mon père et de ma belle-mère.” Elle est assez neutre sur le ton qu’elle emploie mais préfère ne pas laisser la porte ouverte à des questions plus précises ; il y a certains sujets, comme celui-là, qu’elle n’a pas foncièrement envie d’aborder si vite. “T’as des frères ou des sœurs, toi ?”

Alors qu’elles s’installent dans le salon, Maeva apprend que Charleen a un grand frère, Alexander. La nuit est bien avancée lorsqu’elles déposent leurs tasses vides sur la petite table basse, au terme d’une discussion assez légère où elles ont pu évoquer ensemble quelques souvenirs de leur scolarité à Poudlard et quelques anecdotes amusantes sur leurs professions. Charleen lui raconte le cours de danse le plus fastidieux qu’elle ait eu à donner et Maeva lui donne un aperçu de ses projets scolaires les plus absurdes pendant ses études d’archimagie. Occupées à rire, elles ne voient pas le temps passer. Il est plus d’une heure du matin lorsque Maeva se lève pour ramener leurs tasses dans la cuisine et attraper son Pear qu’elle a abandonné sur le plan de travail. Elle ne se sent pas fatiguée et doit cette énergie à deux choses ; cette rencontre qui l’anime et l’habitude qu’elle a pris de ne dormir qu’une poignée d’heures toutes les nuits.

“Il est presque deux heures du matin...” annonce Maeva en reprenant sa place auprès de Charleen. Les lumières éclairent son visage et accentue la chaleur de ses traits. Elle lui adresse un sourire. “Tu veux peut-être rentrer chez toi ?”


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Enchanted [Charleen & Maeva] - Page 2 Icon_minitimeLun 25 Mar 2024 - 5:41
Ce n’est pas un effort pour Charleen d’entretenir cette conversation. Elle se déroule toute seule, comme si les deux jeunes femmes avaient déjà passé des soirées similaires à se raconter leurs vies auparavant. Rien de profondément personnel ne ressort de cet échange, rien de trop intime. Charleen y veille, parce qu’elle sait qu’elle peut facilement se mettre à confier des choses assez secrètes à quelqu’un qui lui plaît, mais elle ne veut pas se mouiller à ce point pour le moment. Si elle peut l’éviter, c’est mieux.

Mais même les échanges légers sont agréables avec Maeva et lui donnent l’impression de se connecter à elle. Sans doute pour cette raison, ni l’une ni l’autre ne remarque le temps qui passe. Quand Maeva les rappelle à la raison en désignant l’heure, Charleen a l’impression de sortir la tête d’un autre espace-temps.

« Hum… Oui, ce serait raisonnable » admet t-elle en vérifiant l’écran de son Pear.

Il est tard, elle a des dizaines de messages qu’elle n’a même pas ouverts dans ses notifications. L’aspect plus stratégique de cette rencontre se rappelle à elle. Elle n’a pas besoin de rester plus longtemps, songe t-elle. Maintenant qu’elles ont créé un vrai lien toutes les deux, elle pourra revenir, plus tard et saisir le bon moment de faire ce qu’elle a à faire ici.

Elle n’a pas besoin de rester mais en a t-elle envie ?

Charleen accorde un sourire à Maeva, le coeur pris entre des intentions dissimulées et d’autres plus sincères.

« Merci pour cette soirée, c'était vraiment chouette. »

Elle devrait partir et pourtant, elle ne se lève pas du canapé. Son regard reste accroché à celui de Maeva. Elle ne sait pas qui d’elles deux impulse le premier mouvement vers l’autre mais quelques instants plus tard, leurs lèvres se retrouvent avec douceur.

Un dernier baiser et elle s’en va, murmure une voix dans sa tête.

Mais son corps, lui, se saisit de l’opportunité de cette dernière fois pour la rendre mémorable. Peu à peu, leur baiser s’anime de cette brûlante énergie qu’elles ont effleuré sur les quais, tout à l’heure, avant de la tempérer. Maintenant qu’elles sont à l’abri des regards, rien ne les retient de laisser se manifester ce désir patiemment entretenu au fil des dernières heures ; et précisément parce qu’il a gentiment attendu son moment, Charleen n’en soupçonnait pas l’ampleur avant de le sentir éclater en elle sans prévenir. Elle se laisse emporter dans ce baiser qui la dépasse et la dévore, elle se sent toute petite entre les mains de Maeva qui dansent dans son dos. Elle se rapproche, avec l’envie évidente de se fondre contre elle. Quand ses lèvres se détachent des siennes, ce n’est pas pour reprendre son souffle mais bien au contraire pour plonger davantage ; directement dans le creux de ce cou gracile qui l’appelait déjà tout à l’heure quand elle se prenait de fascination pour son parfum sucré.

Et dans cette douce folie qui la saisit, la seule manière d'évacuer ce reste de culpabilité en elle est paradoxalement de se dire que plus vite elle sera proche d'elle, plus vite elle pourra accomplir sa mission et plus facilement elle pourra ensuite disparaître.


 
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Enchanted [Charleen & Maeva] - Page 2 Icon_minitimeLun 1 Avr 2024 - 9:37
Charleen s’apprête à se lever. Elle esquisse un geste vers l’avant puis leurs regards se croisent et elle s’immobilise. Maeva se dit qu’elle va ajouter quelque chose, peut-être une proposition ouverte, un “on pourrait se revoir, si ça te dit” qu’elle s’empresserait d’approuver avec un sourire. Elle a passé une très bonne soirée, vraiment et nourrit l’envie de réitérer ce moment. Elle en a apprécié tous les instants ; les verres qu’elles ont partagés, leurs mots complices et enjôleurs, leurs discussions légères et captivantes.

Leurs baisers brûlants et passionnés.

Comme celui qu’elles échangent, enlacées l’une contre l’autre sur son canapé.

Maeva ne sait pas exactement comment elles sont passées de cette scène où elles se disent aurevoir à celle où leurs lèvres se saluent à nouveau. Elle ne cherche pas à résoudre ce mystère ; elle est trop occupée à se perdre dans cette étreinte, la bouche scellée à cette de Charleen, les mains glissées dans son dos. Elle sent dans les gestes de la jeune femme un empressement qui fait accélérer les battements de son cœur. Ses doigts se perdent dans ses cheveux lorsque Charleen plonge dans son cou pour l’embrasser. Dans son ventre, un vif tiraillement colore ses joues de rose. Quand leurs regards s’attrapent, elle lui glisse à voix basse :

“Tu peux aussi rester, si tu veux.”

La main de Charleen se pose doucement sur sa joue.

“J’espérais que tu dises ça” lui confie-t-elle.

Et Maeva embrasse le sourire coupable qui étire ses lèvres.

***

Il ne reste plus qu’une poignée d’heures avant le lever du jour. Deux ou trois, peut-être, Maeva ne sait pas exactement l’heure qu’il est. Elle est allongée dans son lit, son corps nu recouvert par une couverture. Mais la source de chaleur qui réchauffe sa peau émane de celle qui est blottie contre elle, sa tête appuyée sous sa clavicule, un bras passé autour de son ventre. Maeva, elle, trace et retrace des formes imaginaires dans son dos. Elle essaie de rassembler ses pensées, de reprendre son souffle, de retrouver d’autres mots que ceux qu’elle a murmurés quand leurs corps brûlants se sont séparés. Parfois, ses lèvres se posent contre la tempe de Charleen et elle y dépose un baiser. Parfois, c’est sur sa joue et parfois, sur ses lèvres.

Ce court moment de silence l’aide à calmer les battements frénétiques de son cœur.

Quand elle y parvient, son regard se perd sur la silhouette blottie contre elle. Ses yeux attrapent une forme noire, encrée dans son dos, qu’elle ne découvre pas mais qu’elle observe avec curiosité.

“Il est beau, ton tatouage” lui dit-elle en retrouvant ses yeux. Son pouce s’attarde sur sa joue. “Est-ce qu’il a une signification ?”


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Enchanted [Charleen & Maeva] - Page 2 Icon_minitimeMer 3 Avr 2024 - 7:49
Charleen a l’habitude des premières fois frénétiques, habitées d’un désir aussi vif que rapidement consommé. Elle connait ces premières fois exaltantes mais au fond, faciles à oublier. Celles qui se confondent un peu dans sa tête, car elle ne sait plus s’il s’agissait de Vanessa ou Maddison… à moins que c’était Natasha ?

Ce n’était pas ça avec Maeva. Pas du tout. C’était doux, intense, lent. Des mots tendres, des compliments sincères, des caresses attentives. Pas le genre d’intimité qu’elle atteint si vite, normalement. Elle ne s’est pas seulement sentie désirée et admirée dans les bras de Maeva, elle s’est sentie… respectée. Un genre de respect que Charleen elle-même s’accorde peu.

Elle ne sait pas d’où ça vient. Pourquoi elles se sont touchées de cette manière, comme si elles se connaissaient déjà. Ou en tout cas, qu’elles voulaient se connaître vraiment. C’est déroutant.

Charleen a les émotions en vrac, le souffle court, le coeur désordonné et les pensées retournées quand Maeva brise ce silence contemplatif entre elles pour lui poser une question.

Une question plus intime qu’il n’y paraît.

Elle a plusieurs tatouages sur le corps, tous réalisés par Silvia, sa meilleure amie. A l’époque où elle débutait à peine et cherchait à s’exercer, Charleen lui avait gracieusement offert son corps comme terrain d’expérimentation : de cette époque de leur jeunesse, elle garde un petit coeur un peu absurde sur son épaule, puis, un peu plus tard, une simple phrase qu’elle avait trouvé très punchy - « she is art » - sur sa cote. Le tatouage que Maeva désigne, sur son dos, est le plus récent et le plus symbolique pour elle.

Après ce qu’elles viennent de partager toutes les deux, après la manière dont elles se sont montrées vulnérables l’une avec l’autre, Charleen ne songe pas à esquiver cette question.

« C’est des Adinkra, des symboles qui viennent de la culture ghanéenne. La culture de mon père » explique t-elle. Si elle répond sincèrement, elle ne révèle toutefois pas tous les tenants et aboutissants de ce qui l’a menée à la décision de se rapprocher de son héritage paternel ces dernières années. Trop lourd. Pas un récit pour aujourd’hui. « Chaque symbole est un concept, c’est comme… une maxime, tu vois ? »

Charleen n’a pas besoin d’un miroir pour se rappeler l’ordre précis des symboles qu’elle a choisi de graver sur la ligne de sa colonne vertébrale, les uns après les autres, comme littéralement les piliers qui la soutiennent et la font avancer.

«  Le premier, avec plein d’épis, ça représente l’endurance. Celui en-dessous, qui ressemble à un coeur, c’est le fait d’apprendre du passé. Les losanges, c’est l’amour et la sécurité. Et le cercle barré, c’est la force. »


 
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Enchanted [Charleen & Maeva] - Page 2 Icon_minitimeMer 3 Avr 2024 - 18:16
Les doigts de Maeva effleurent encore et encore le dos de Charleen, tracent une ligne imaginaire le long de sa colonne vertébrale et s’attardent sur les symboles noirs qui l’ornent. Elle les observe avec intérêt, même si la pénombre ne lui permet pas d’en déceler tous les détails. Pendant quelques secondes, elle se contente de ça ; caresser et contempler, les pensées encore confuses de cette soirée qui semble ne jamais vouloir prendre fin. Charleen a plusieurs tatouages, Maeva les a vu lorsqu’elles se sont déshabillées un peu plus tôt. Un cœur sur l’épaule, quelques mots inscrits sur la côte et ces quatre symboles dans son dos. Tous ont sûrement une histoire – pas forcément un sens, mais au moins un contexte – et, après le moment qu’elles ont partagé, Maeva ressent de la curiosité pour ces formes sombres qui renferment des pans d’une histoire de vie. La question qu’elle pose brise le silence qui s’est installé entre eux mais, paradoxalement, renforce l’intimité qu’elles partagent.

Maeva baisse les yeux vers Charleen lorsqu’elle prend la parole. Ses yeux retracent les courbes de son visage, se perdent brièvement sur ses lèvres qui s’animent avant de retrouver les symboles de son dos lorsqu’elle les lui décrit. L’endurance. Apprendre de son passé. L’amour et la sécurité. La force. Maeva descend ses doigts au fur et à mesure de ces explications. La symbolique derrière ces formes est puissante, tout comme leur emplacement ; dans le dos, le long de cette colonne qui est le pilier du corps. Elle sourit.

“C’est beau” dit-elle simplement en retrouvant les yeux de Charleen. “Et fort. C’est comme si tu étais soutenue par tout ça, un peu.” Ses doigts s’arrêtent sur le dernier symbole, celui de la force. “Les Finlandais se tatouent des runes, eux. Chaque rune est associée à un ou plusieurs sens mais aussi à des propriétés magiques... La force, par exemple, c’est juste ça.” Elle trace le trait qui sépare le cercle en deux. “Īsaz”. Les souvenirs des cours et des explications de Peter ne sont plus aussi précis qu’avant. Maeva serait bien incapable de déchiffrer un texte – surtout que les runes ont un sens différent lorsqu’elles sont associées les unes avec les autres – mais il lui reste quelques bases. “C’est ce que ma sœur veut faire, explique-t-elle finalement. Devenir tatoueuse et utiliser les runes dans son travail.” Sa main quitte son dos, remonte le long de son bras et effleure son épaule, là où un minuscule cœur est gravé. “Et ça, c’est aussi pour symboliser quelque chose ou...” Un sourire glisse sur ses lèvres. “C’est le souvenir d’une soirée où t’étais un peu trop bourrée et tu t’es dit “pourquoi pas” ?”



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Enchanted [Charleen & Maeva] - Page 2 Icon_minitimeLun 8 Avr 2024 - 5:21
Charleen sent les doigts de Maeva glisser dans son dos et retracer les symboles, comme si elle essayait de mieux les appréhender. Ce contact particulièrement intime lui tire un frisson. Elle est troublée par ce qui se passe, mais pas de manière tout à fait agréable ; elle sent qu’avec ces confidences, elle ouvre une porte entre elles qu’il va être difficile à refermer.  

Et ça lui fait peur, parce que ce n’est pas la manière dont elle imaginait son plan, à la base.

Alors il y a un petit noeud d’inquiétude qui se forme dans son estomac quand Maeva lui confie des choses sur elle, à son tour, sur la culture de sa famille d’adoption, sur les rêves de sa petite soeur qui veut être tatoueuse. Charleen rit un peu nerveusement quand son amante lui envoie une boutade sur ce petit coeur tatoué son épaule.

« Plutôt la deuxième option, tu devines bien » admet t-elle.  

Maeva la devine bien, c’est vrai. C’est peut-être ce qui trouble le plus Charleen et cette étreinte qu’elles viennent de partager a été révélatrice de ce point de vue. C’était bien plus intime comme contact que ce qu’elle projetait avant de l’initier.

À ce rythme, à quel point Maeva devinera vite ce qui l’amène réellement ici ?

Cette pensée lui tord l’estomac d’un coup. Elle se redresse sur le lit et cherche aussitôt un prétexte pour quitter la pièce.

« Je peux utiliser tes toilettes ? »

Maeva lui donne des indications -à gauche au bout du couloir. Charleen prend soin de refermer la porte de la chambre derrière elle pour ne pas être vue. Si elle n’a pas beaucoup de temps pour accomplir ce pourquoi elle est là, alors il faut qu’elle agisse vite.

***

21 juillet 2023

« Je suis désolée. »

La voix de Charleen s’écrase dans sa gorge, comprimée par les sanglots qu’elle ne parvient pas à retenir. Elle essuie ses joues à plusieurs reprises, en vain. Les larmes coulent toutes seules, elle n’arrive pas à s’arrêter depuis hier.

C’est stupide. C’est elle qui pleure alors que ce n’est pas elle qui se trouve de l’autre côté des barreaux de ce sinistre parloir.

« Pourquoi t’es désolée, Charly ? C’est ma faute ce qui se passe… T’as rien à voir là-dedans. »

Il a beau être dans cette hideuse tenue réservée à tous les prisonniers d’Azkaban et avoir perdu dix kilos depuis les cinq mois qu’il y croupit, Alexander essaye de faire bonne mine devant sa soeur cadette. Mais Charleen n’a plus douze ans. Elle n’a plus le loisir de voir chez son aîné un protecteur infaillible, un pilier sur lequel elle peut se reposer pleinement. Encore moins dans la situation où il se trouve.

Le maigre sourire qu’il affiche sur ses lèvres est là uniquement pour donner le change, pour la réconforter. Son regard, lui, est hanté.

C’est insupportable pour elle de voir ça.

« C’est pas ta faute. Tu devrais pas être ici » assène t-elle.

Ca fait des mois qu’elle dort à peine. Elle a mis tellement d’espoir dans ce procès en appel qui s’est conclu hier. Tellement d’espoir déçu. Tellement d’injustice. Ça lui donne la gerbe, elle ne sait pas comment Alexander supporte d’être emprisonné pour un crime qu’il n’a pas commis, sans avoir envie de tout brûler.

Non, il est là, devant elle, les épaules baissées. Résigné.  

« On a fait tout ce qu’on pouvait… Si je me comporte bien ici, je peux obtenir une réduction de peine. 
-Alex… » Charleen secoue la tête, incrédule, révoltée. « T’as pris dix ans. Réduction de peine ou pas, c’est… C’est… » Elle en perd ses mots tellement c’est insoutenable. Est-ce qu’il croit vraiment que de savoir qu’il peut gagner deux ou trois ans la réconforte de quelque manière que ce soit ? « Je peux pas. Je peux te laisser là. »

Sa voix s’écrase dans sa gorge. Devant elle, Alexander ne sait plus quoi dire. Son regard s’est voilé, lui aussi. Ce qui est insupportable aussi, c’est qu’elle ne peut même pas vraiment entrer en contact avec lui, alors qu’un câlin pourrait vaguement lui faire du bien, à cet instant. Il y a cette putain de barrière magique qui les sépare, mur invisible entre les prisonniers et les visiteurs qui les empêche de se toucher.

A défaut de pouvoir se réfugier dans les bras de son frère, Charleen se met à cogiter en mordillant sa lèvre. Ils ont épuisé leurs recours juridiques, c’est vrai. À moins de trouver de nouveaux éléments d’enquête qui parviennent à prouver l’innocence d’Alexander, l’affaire est close, lui a expliqué son avocat avec regret. C’est peut-être ça qu’elle pourrait faire, investiguer de son côté. Elle n’a aucune idée de par où commencer mais…

« Arrête. »

Charleen s’est mise à ronger ses ongles et regarder fixement un point au sol sans même s’en rendre compte. Devant elle, Alexander fronce les sourcils d’un air d’avertissement. Sa petite soeur, il la connaît par coeur, il sait quand elle prépare une grosse bêtise, surtout quand elle a ce regard fou de digne Gryffondor prête à tout.

« Je sais ce que t’es en train de te dire. Lâche l’affaire, lui intime t-il d’une voix ferme. Je veux pas que tu te mettes dans ce bourbier, c’est dangereux, c’est des mecs dangereux qui m’ont piégé là, ok ? C’est hors de question que tu t’approches d’eux. »

Elle mord sa lèvre, frustrée. Il n’a pas tort là-dessus. Elle non plus n’a aucune envie d’aller sur ce terrain-là mais quel autre choix lui reste t-il ? Son regard désespéré part sur la gauche. Elle attrape à ce moment-là une silhouette féminine. Le fait qu’elle soit la seule femme qu’elle ait vu dans cette aile réservée aux détenus hommes l’interpelle. Un membre du personnel, devine t-elle en la voyant sortir sa baguette magique pour déverrouiller une grille d’accès interdit aux visiteurs.

« C’est qui ? »

La toubib, l’informe Alexander en suivant son regard. Il saisit aussitôt cette occasion de changer de sujet et se met à raconter une anecdote sur elle que Charleen n’écoute à moitié, toute prise dans des pensées plus folles encore que les précédentes.  

A la fin de sa visite, suivie par un vigile, la jeune femme se débrouille pour passer près de la grille et fait mine de refaire ses lacets juste à cet endroit-là. En se relevant, elle ramasse discrètement un long cheveu blond et fin laissé au sol.

***

Son plan est loin d’être parfait. Il est même tout à fait bancal. Mais Charleen n’en a pas d’autre. En bonne Gryffondor, elle se dit qu’elle saura improviser et s’ajuster au fur et à mesure qu’elle parvient à obtenir des informations.

Pour le moment, la seule promesse qu’elle s’est faite, c’est de tout faire pour sortir son frère de l’enfer où il se trouve. Lui même l’a sortie de celui où elle était encore six ans plus tôt, quand elle songeait sérieusement à mettre fin à ses jours.

Elle lui doit au moins ça.  

Là où elle est le plus avancée, c’est sur la manière dont elle pourrait rentrer dans la prison par effraction. Le Polynectar ne suffit pas, elle le sait. Les lieux sécurisés comme celui-ci sont protégés par des périmètres de sortilèges qui décèlent ce type de subterfuge. Il lui a fallu débourser presque toutes ses économies auprès d’un gars de la Voie des Miracles pour obtenir le bon tuyau. Sur le marché noir aussi, la technomagie s’est infiltrée et on y trouve tout un tas de gadgets utiles et hors de prix pour contrer les sorts anti-intrusion. Sur un temps limité, a t-il précisé. En fonction de la puissance des sorts posés, c’est une heure au plus.

Ca ne sert donc à rien si elle n’a pas les plans de cette foutue tour infernale et labyrinthique pour pouvoir s’orienter rapidement à l’intérieur une fois qu’elle y est.

Maeva est l’archimage en charge de la rénovation de la prison d’Azkaban. Charleen le sait parce que le bâtiment est public et alors le nom de l’agence lauréate du concours aussi. Pas le projet bien sûr ; au vu de la sensibilité des données, aucun plan n’est rendu public. Elle a su que c’était Maeva parce qu’elle s’est rendu tous les jours au parloir pour voir son frère et qu’au passage, elle lisait discrètement la liste des visiteurs passés avant elle au moment de signer à l’accueil.

Elle a mémorisé tous les noms des employés de Laveau&Wells. Le seul qu’elle a vu apparaître à plusieurs reprises sur ce registre est celui de Maeva Virtanen.

Maintenant, elle est plus proche de son but encore. Elle se trouve chez Maeva, dans le couloir de son appartement, vêtue uniquement de ses sous-vêtements, le coeur battant à tout rompre dans sa poitrine.

Mon Dieu. Entrer dans la Voie des Miracles, en comparaison, c’était facile.

Sa main tremble quand elle pousse la porte non pas de la salle de bain, mais de la pièce qui se trouve directement à côté. La seule autre pièce de l’appartement qui n’est pas la chambre de Maeva. Charleen s’attend à trouver un bureau derrière. Une pièce qui contiendra des papiers, et dans laquelle elle peut s’accorder deux minutes pour faire du repérage. Elle suppose que si Maeva emporte des plans avec elle, c’est forcément ici.

Mais à la place, elle tombe sur ce qui ressemble fortement à une chambre. Pire encore : une chambre d’adolescente.

C’est évident. Les vêtements qui traînent, les photos et les posters de groupes de métal au mur, le bureau en bazar, les Doc Martens au pied du lit. Prise de court, Charleen fait rapidement demi-tour. Si c’est bien une chambre d’ado, elle ne voit qu’une seule explication : Maeva vit avec sa petite soeur qu’elle a mentionnée à quelques reprises pendant leurs conversations.

Cette déconvenue la pousse à reporter sa recherche à plus tard. Quand elle revient dans la chambre, après avoir fait mine de passer dans la salle de bains, Charleen s’efforce de masquer son trouble devant Maeva. Elle se glisse sous les draps avec elle et l’interroge, l’air de rien :

« J’ai vu qu’il y avait une deuxième porte à côté des toilettes… » glisse t-elle sans préciser qu’elle l’a poussée cette porte. « Tu as une coloc ? »


 
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Enchanted [Charleen & Maeva] - Page 2 Icon_minitimeMer 10 Avr 2024 - 22:55
Le regard de Maeva retrace les contours de la silhouette de Charleen lorsqu’elle se glisse hors de son lit. La porte se referme doucement derrière elle et le silence retombe dans la chambre.

Maeva a l’impression que les sept dernières heures ont duré sept jours. Les conversations joyeuses du bar bondé dans lequel elles se sont retrouvées au début de la soirée lui paraissent tellement lointaines, maintenant. Tout comme leur premier baiser, partagé au-dessus de leurs verres vides. Elle a un sourire sur les lèvres et un brouillard dans la tête ; tout est allé si vite que c’en est un peu vertigineux. Pas désagréable, loin de là, mais vertigineux.

Alors Maeva profite de ces quelques minutes de solitude pour reprendre pied dans la réalité. Elle n’a pas pour habitude de partager des moments si intimes avec des personnes qu’elle connaît si peu. Elle a eu quelques aventures, notamment après sa rupture très douloureuse avec Ji-Sun où la multiplication des rencontres vides de sens est venue trahir son besoin de retrouver de la valeur dans les yeux des autres. Ce soir, Maeva s’est évidemment sentie valorisée dans le regard de Charleen.

Mais elle n’a pas l’impression que ce moment était dépourvu de sens ; elle a simplement du mal à saisir celui qu’il prend pour elle. Cette pensée la traverse mais s’envole aussitôt ; ce n’est pas le moment d’y songer. Elle est bien là, empêtrée dans les draps qui ont conservé la chaleur de leurs corps, enveloppée par l’odeur que Charleen a laissé sur sa peau. L’appartement est calme, silencieux ; c’est doux, agréable. Maeva n’a absolument pas conscience du trouble qui agite son amante, elle l’accueille avec un sourire lorsqu’elle revient près d’elle, se tourne sur le côté pour pouvoir ancrer son regard dans le sien. Sa question lui tire un vague sourire.

“Non, c’est la chambre de ma sœur” révèle Maeva. Un bref silence s’installe ; c’est fou, même avec les années, il y a toujours quelque chose de difficile à prononcer. “Nos parents sont morts, en fait et, comme elle est encore mineure, je suis sa tutrice.” Ce n’est jamais une information évidente à glisser dans une conversation. Maeva en a l’habitude, pourtant ; ça fait des années qu’elle répète cette phrase. “Ils sont morts” ça devrait être facile maintenant mais, en réalité, ça l’était bien plus à dix-sept ans qu’à trente. Là, il y a le poids des années et des deuils successifs. Son père. Sa mère. Peter.

Ce qui est difficile, aussi, c’est de se confronter perpétuellement aux réactions de ses interlocuteurs. Les “je suis désolée”, les “je ne savais pas”, les “tu es courageuse, quand même” qui n’ont jamais ôté un seul gramme de sa peine. La pitié lui fait horreur depuis le jour où elle s’est retrouvée orpheline, enfermée dans un château avec des centaines d’élèves qui avaient connu sa mère. Elle ne sait pas comment y répondre, c’est pour ça que l’humour est resté sa meilleure défense. C’est dans ce registre qu’elle tombe pour alléger un peu l’atmosphère :

“C’est un peu comme ma coloc, finalement, sauf que je paye aussi sa part du loyer. Et ses courses. Et ses fringues. Et ses sorties.” Maeva hausse les sourcils et ajoute, avec un bref rire. “C’est du sponsoring très déséquilibré, en fait.”  


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Enchanted [Charleen & Maeva] - Page 2 Icon_minitimeDim 5 Mai 2024 - 23:06
Réinstallée sous les draps et tournée vers Maeva, Charleen entend une réponse qui est un choc pour elle. A aucun moment de leurs échanges jusqu’ici, la jeune archimage n’a laissé transparaître une telle tragédie familiale. Elle n’a pas évoqué ses parents, c’est vrai, réalise t-elle soudain ; mais Charleen ne le fait pas non plus et ses parents ne sont pas morts pour autant. La personne que Maeva a évoquée, c’est son beau-père qui les a emmenées en Finlande et qui a sa photo sur le frigo dans la cuisine. Mort aussi ?

Un poids chute dans son estomac, parce qu’elle réalise brutalement ce qu’elle est en train de faire.
Elle s’est introduite dans la vie d’une femme adorable, généreuse et brillante, une vraie personne qui n’a rien demandé, qui n’a pas mérité qu’on vienne fouiner dans ses affaires, pire, qu’on la manipule en secret. Une femme qui a perdu ses parents et qui est le seul repère de sa petite sœur aujourd’hui. Petite sœur qui a une existence pour Charleen, maintenant qu’elle a vu sa photo, qu’elle connait les noms de groupes de métal dont elle est fan pour avoir aperçu les posters dans sa chambre.

Si Maeva venait à avoir des ennuis à cause d’elle, qui s’occuperait de Lou ?

Cette pensée lui tord les entrailles. Elle peut s’identifier à cette situation bien plus que Maeva ne peut l’imaginer ; elle aussi, elle a été la Lou de son grand frère, à une époque. La cadette perdue, esseulée, en perte de repères, en quête d’une figure parentale qu’elle n’a jamais trouvée chez sa mère défaillante ou son beau-père violent et qu’elle a perdue jeune chez un père parti trop tôt.
Alexander a été sa Maeva à elle. Alexander qui s’est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment et qui le paye derrière les barreaux d’une prison.

Exactement le genre de situation que Maeva pourrait éventuellement vivre, si Charleen poursuit sur sa lancée. Qu’est-ce qui lui garantit qu’elle ne finirait pas ses jours en prison, elle aussi, pour avoir été complice bien malgré elle d’un plan d’évasion ?

Tout à coup, c’est évident. Ce n’est pas elle, ce n’est pas du tout elle de faire une chose pareille. Elle ne peut pas faire ça. Elle pouvait l’envisager quand Maeva n’était qu’un nom, un simple visage, et qu’elle était désespérée et prête à tout.

En fait, elle ne peut pas aider son frère à n’importe quel prix.

Le problème, c’est qu’elle n’est pas dans une situation qui lui permet de prendre du recul et de réfléchir. Elle doit réagir et maintenant, avant de paraître bizarre. Maeva lance une blague ; peut-être pour relancer la conversation après le silence troublé de Charleen.

« C’est ça les cadets, des vrais parasites, haha ! »

Ha ha, elle a plutôt envie de mourir, là. Elle a l’impression de sonner tellement faux, malgré son sourire collé aux lèvres.

Elle est trop conne, Maeva vient de lui dire qu’elle était orpheline de père et de mère et elle fait une blague.

« Je suis désolée d’apprendre ça pour tes parents, en tout cas. » Au moins, ça sonne plus sincère maintenant et elle arrive à regarder Maeva dans les yeux. « Ta soeur... elle a de la chance de t’avoir. »


 
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