Nouveau départ [RP commun]

L’expression de Gavin changea radicalement quand Adèle affirma que leur histoire était terminée. Contrairement à des centaines de fois auparavant, elle ne se remit pas en question face à ce brusque revirement dans le comportement de son ex. Même si elle se sentait fébrile, elle savait que ce n’était plus à elle de s’interroger.

Elle ne comptait plus le nombre de fois où elle s’était demandée pourquoi Gavin lui en voulait. Qu’avait-elle fait de mal pour provoquer ce mouvement d’humeur  radical chez lui ?
Il avait la faculté très troublante de passer d’une émotion à une autre en une fraction de seconde. Il suffisait d’un mot malheureux de sa part pour que son adorable amoureux devienne ce mec menaçant et jaloux. La mâchoire serrée, le regard noir, les muscles tendus : Gavin n’avait pas besoin de parler pour irradier de colère et de ressentiment. Adèle avait été particulièrement déstabilisée par ses sautes d’humeur, au début, mais avec le temps, elle avait appris à tenir sa langue et à adapter son attitude  pour essayer de les éviter. Elle voulait rassurer Gavin sur ses intentions dans l’unique espoir qu’il ait, enfin, pleinement confiance en elle.

Mais tous ses efforts avaient eu un effet pervers : Gavin avait semblé attendre toujours plus d’elle. A moins qu’elle ait, d’elle-même, anticiper les attentes de son ex, elle ne savait plus trop. Adèle était un peu perdue à vrai dire  et elle ne parvenait pas à prendre le recul nécessaire pour analyser cette situation. Elle sentait toutefois que leur relation n’était ni équilibrée ni saine : Elle n’avait pas à être insultée par le garçon qu’elle aimait. Ce  point de non retour avait agi comme un électrochoc et elle avait trouvé la force de mettre  un terme à cette histoire qui la rendait malheureuse.
Et aujourd’hui, elle réaffirmait cette volonté d’en finir.

Elle ne fut  pas étonnée de voir Gavin se braquer de la sorte et se murer dans cette attitude distante et hostile qui le caractérisait tant.

Elle savait qu’elle aurait dû se sentir soulagée ; le message était passé, Gavin avait compris qu’il venait de la perdre définitivement mais elle ne pouvait pas s’empêcher de ressentir une forme de tristesse ambivalente. Elle avait beau être persuadée d’agir dans son propre intérêt, de grosses larmes roulaient sur ses joues.

Elle renifla et hocha la tête lorsque, pragmatique, il lui demanda de lui restituer ses affaires par l’entremise de Joshua.

« Ok. » souffla-t-elle la gorge serrée.

Sans plus de cérémonie, il tourna les talons et la planta là, dans la foret, en l’appelant une dernière fois par son prénom polonais qu’il réservait habituellement à leur moment de complicité et de tendresse.

Adèle sentit son cœur se serrer douloureusement. Elle le regarda s’éloigner et rejoindre ses amis tandis que les premiers gyrophares éclairaient la pénombre de la forêt. Les véhicules de secours venaient de se matérialiser à proximité de l’accident et les médicomages quittaient leurs ambulances pour aller à la rencontre des élèves blessés.
Encore un peu sonnée par tout ce qui venait de lui arriver, Adèle ne bougea pas d’un pouce.  Elle avait voulu que tout se déroule ainsi mais elle avait du mal à réaliser : sa première histoire d’amour était belle et bien définitivement terminée.

«Ça va meuf ? »

Megan venait de la rejoindre et l’observait d’un air inquiet. Adèle planta son regard encore humide dans les yeux de son amie. Les lumières des secours éclairaient son visage d’un éclat bleu et rouge  lorsque sa mâchoire se mit à trembler.

« Non. » murmura-t-elle en contenant difficilement les sanglots qui menaçaient de la submerger de nouveau.

Megan  s’empressa de la rejoindre pour la serrer dans ses bras. Adèle ferma les yeux et se laissa câliner par son amie.

Pourquoi se sentait-elle si mal et si malheureuse ?

« Ça va aller ma puce, souffla Megan avant de l’embrasser sur le front.  Elle lui caressa doucement les cheveux, Ça va aller.» lui promit-elle.