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Take a piece of my heart and make it all your own [Avaloy]

Métamorphomage
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Take a piece of my heart and make it all your own [Avaloy] Icon_minitimeMer 4 Jan 2023 - 15:37
20 février 2012, chez Avalon et Roy

Take a piece of my heart and make it all your own [Avaloy] 10395210

Vivianne Davies, 11 ans, sœur d'Avalon.



Les yeux rivés sur le miroir de sa salle de bain, Vivianne Davies grimaçait, ses bras douloureusement relevés au-dessus de sa tête. Ses doigts, qui tenaient fermement ses longs cheveux, se figèrent un instant et le doute s’empara d’elle : quel brin devait-elle passer, maintenant ? Celui de droite ? Elle hésita quelques secondes avant de faire passer la mèche de cheveux au milieu, formant une tresse maladroite qui ne ressemblait en rien au modèle qu’elle suivait sur son magazine.

Pourtant, les instructions étaient simples et Vivianne les suivait à la lettre. Mais ses doigts s’emmêlaient, ses cheveux ne tenaient pas comme elle le voulait et, inévitablement, des bosses se formaient à divers endroits, ce qui ne manquait pas de la faire maugréer – et tout recommencer.

En soupirant, Vivianne baissa les bras, laissant ses cheveux retomber sur ses épaules. Elle saisit sa brosse pour les remettre en ordre et jeta un coup d’œil au magazine qui détaillait à peine les étapes nécessaires à la réalisation de la coiffure photographiée sur la page d’à-côté. Si au moins elle parvenait à aplatir les bosses qui se formaient sur son crâne… Elle avait bien des barrettes, mais elles étaient trop grosses – et trop colorées – pour masquer efficacement ses petites erreurs. Non, elle avait besoin des fines barrettes marrons qui se fondaient dans les cheveux… Comme celles qu’Avalon utilisait parfois lorsqu’elle tressait ses cheveux, pour ses compétitions de boxe. Avec ça, elle pourrait peut-être obtenir un résultat plus ou moins similaire à celui de la photo. Et, si elle s’entraînait suffisamment, elle pourrait peut-être même reproduire la coiffure pour l’anniversaire de son amie Mallory, qui avait invité presque toute la classe chez elle le weekend prochain.

Forte de cette résolution, Vivianne quitta sa salle de bain et se dirigea vers le salon. Elle n’y trouva pas Avalon mais Roy, qui était installé dans un canapé, le nez plongé dans l’écran de son téléphone.

« Roy ? » l’appela-t-elle en s’avançant vers lui. « Est-ce que tu sais où Avalon range ses pinces pour les cheveux ? »
Roy Calder
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Take a piece of my heart and make it all your own [Avaloy] Icon_minitimeMer 4 Jan 2023 - 16:49
Le repos forcé était aussi peu naturel chez Roy que chez Avalon. L’un comme l’autre investissait beaucoup de temps et d’énergie dans son travail, aussi Roy ressentait une certaine frustration à devoir déléguer et laisser ses affaires aux Folies Sorcières et dans la Voie des Miracles se faire principalement sans lui. Il s’y pliait parce qu’il préférait rester avec Avalon tant qu’elle était arrêtée par les médicomages : il ne supportait pas l’idée qu’il puisse lui arriver quelque chose sans qu’il ne soit là. Il se tenait sur le qui-vive depuis que la gynécomage les avait prévenus : même s’ils faisaient tout pour qu’elle parvienne au terme, Avalon pouvait accoucher à tout instant, désormais.

Les premiers jours après le retour de l'hôpital leur avaient fait un étrange effet. Ils s’étaient rendus compte qu’ils n’avaient pas l’habitude de passer autant de temps ensemble, en intérieur, à ne rien faire. Pendant les premiers mois de leur vie de couple, le temps qu’ils ne passaient pas dans leur travail, ils le passaient ensemble dehors, entourés de leurs amis, à prendre des verres, à sortir, faire la fête, danser. Quand Vivianne était arrivée chez eux, ils avaient appris à réduire leurs sorties nocturnes et faire des activités à trois, à la maison, au cinéma, au restaurant, dans les boutiques ou au parc. Toujours entourés d’une certaine agitation et vie urbaine, en somme.

Ils continuaient de sortir tous les jours pour s’occuper -Avalon n’était pas alitée non plus- mais ils sentaient bien que leurs journées n’étaient pas aussi pleines que d'habitude et que l’ennui revenait vite. Qu’ils faisaient rapidement le tour de leurs possibilités. Alors naturellement, ils avaient commencé à se chamailler. Pas tant parce qu’ils s’énervaient que pour se distraire, les disputes sur tout et rien étaient une occupation comme une autre, finalement, presque aussi agréable et divertissante que le sexe. Bon peut-être que Roy énervait réellement Avalon à la couver autant et à vouloir régenter ses journées pour qu’elle se ménage le plus possible. Mais qu’y pouvait-il s’il était inquiet pour elle et le bébé ?

Le point positif de cette vie en forte promiscuité était qu’ils avaient tout le loisir de parler de leur bébé et commencer à rentrer dans leur quotidien de futurs parents. Préparer l’arrivée de leur fille en se préoccupant de détails matériels leur offrait une bouffée d’air frais, un semblant de normalité bienvenue au milieu des inquiétants discours médicaux ambiants. Évidemment ils se querellaient là aussi sur tout : la couleur de la chambre, le style des vêtements, la forme du lit. Leur dernière chamaillerie en date concernait le choix des prénoms, sur lequel ils étaient en profond désaccord. Roy avait dressé une liste de prénoms tout à fait valables, gracieux et jolis comme Carmen ou Maribel -des prénoms de vieux Sang-Purs de soixante-dix ans au goût d’Avalon- tandis qu’elle n’avait choisi que de laids prénoms d’objets ou de concepts, ou pire, de candidates de télé-réalité -qui appelait sa fille Cayetana ou Guadalupe, franchement ?

Tout ça pour dire que travailler manquait à Roy et qu’il ne parvenait pas à lâcher complètement prise là-dessus. Il gardait un oeil à distance sur les affaires des Veilleurs, en échangeant quotidiennement par Pear avec ses comparses et en passant les voir plusieurs fois par semaine. Il était justement en train d’écrire un message pour Mildred concernant un événement prévu au cabaret dans quelques jours quand la voix de Vivianne lui fit lever la tête.

« Euh… » Roy prit une seconde pour se remémorer les routines d’Avalon dans leur salle de bain -auquel il était attentif, aussi étonnant soit-il pour un homme. « Elle les met dans un pot sur l’étagère au-dessus de l’évier de notre salle de bains. » Voyant la petite fille prête à repartir et songeant au fait qu’avec ses recherches, elle risquait de déranger le rangement bien maîtrisé de son espace personnel, Roy la retint : « Attends, ne bouge pas, je vais te les amener, ça sera plus simple. »

Il sortit sa baguette magique pour lancer un Accio. Le petit pot qu’il avait en tête mit une dizaine de secondes à parvenir dans la paume de sa main. Il était le seul dans cette maison à avoir le réflexe d’utiliser la magie -Avalon avait tendance à oublier qu’elle était une sorcière et Vivianne ne savait pas encore lancer de sorts. Parfois il le faisait juste pour amuser Vivianne ou attiser sa curiosité car elle avait toujours de l’intérêt pour le sujet.

« Toujours pratique pour retrouver ce qu'on veut, un sortilège d’attraction, tu verras quand tu l’apprendras » lança Roy à la jeune fille, avec un sourire en coin. Il ouvrit le pot sous les yeux de Vivianne, pour lui montrer le contenu intérieur. « C’est bien ça que tu veux ? »


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Take a piece of my heart and make it all your own [Avaloy] Icon_minitimeMer 4 Jan 2023 - 20:21
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Vivianne Davies, 11 ans, sœur d'Avalon.


Cela faisait plusieurs mois que Vivianne vivait avec Avalon et Roy. Les premiers temps avaient été un peu difficiles car elle avait perdu l’intégralité de ses repères. Elle avait été très réservée au début, n’osant pas réellement investir les lieux. Au fur et à mesure des semaines, elle avait appris à appréhender ce nouvel environnement, cette nouvelle ville, sa nouvelle routine et les choses étaient devenues plus simples pour elle.

Elle aimait sa nouvelle vie. Elle avait une chambre pour elle – avec une salle de bain ! – de nouveaux habits, une bibliothèque pleine de livres. Elle faisait du judo le jeudi soir et allait au club lecture organisé par la bibliothèque le mercredi après-midi, après l’école. Cependant, même si elle s’était habituée à ce nouveau rythme, Londres lui manquait parfois. Son ancienne école, ses copines et les après-midi passés à jouer dans le parc, en bas de l’immeuble. Garlan et Morgane, qu’elle voyait moins depuis qu’ils vivaient à Leeds. Sa mère.

Elle n’osait pas encore dire toutes ces choses-là à Avalon. Parfois, elle voulait lui demander son téléphone pour appeler leur mère, mais elle avait peur de lui faire de la peine. Elle savait qu’Avalon était très en colère contre leurs parents, qu’elle leur en voulait beaucoup depuis la dispute de cet été. Et puis, elle n’avait pas envie qu’elle pense qu’elle n’était pas heureuse de vivre avec elle et Roy, alors qu’elle se sentait bien ici, avec eux. Elle aurait juste aimé pouvoir voir sa mère de temps en temps, lui parler de ses nouvelles copines à l’école ou des notes bizarres que donnaient les sorciers. Elles s’entendaient plutôt bien, toutes les deux. Quand son père était à la maison, c’était plus compliqué ; il criait beaucoup et il lui disait qu’elle lui donnait mal à la tête. Mais quand elle était toute seule avec sa mère, c’était différent. Parfois, elles se pelotonnaient dans le lit, devant la télé, et mangeaient de la glace devant les derniers épisodes d’une télénovelas qu’elles regardaient ensemble. Morgane trouvait ça stupide, mais Vivianne aimait bien les histoires d’amour, les rebondissements, et l’assurance qu’à la fin, le gentil héros finissait toujours avec la femme qu’il aimait.

Elle avait parfois envie de retrouver ces moments partagés mais ne savait pas vraiment comment le verbaliser. Et puis, avec le bébé qui arrivait et les problèmes de santé d’Avalon, elle ne voulait pas causer plus de soucis alors que tous les médecins disaient que sa sœur devait se reposer.

D’ailleurs, depuis qu’Avalon avait arrêté de travailler, Vivianne était bien occupée et cela lui avait permis de ranger cette envie dans un petit coin de sa tête et de ne pas trop y penser. Elles faisaient beaucoup de choses ensemble, le soir pendant la semaine ou les weekends. Parfois, Roy et elle venaient la récupérer après l’école, et ils allaient prendre un goûter tous les trois dans un bon salon de thé de Bristol, à côté du port, qui faisait d’excellentes pâtisseries. Ensuite, ils se promenaient un peu dans le centre-ville ou ils allaient au cinéma, à la patinoire (enfin, pas Avalon, elle ne voulait pas prendre le risque de tomber, à cause du bébé, mais elle la regardait) … Le weekend dernier, ils avaient été visités un zoo magique et Vivianne avait été fascinée par toutes ces créatures qui, normalement, n’existaient que dans les livres ou les films. Elle avait bu les paroles de Roy, qui lui avait présenté plus en détails quelques créatures magiques et était rentrée avec une peluche Niffleur absolument adorable, qui décorait maintenant son lit.

Vivianne aimait beaucoup les moments qu’ils passaient tous les trois. Elle s’entendait bien avec Roy et s’amusait toujours beaucoup avec lui, surtout quand ils faisaient des blagues à Avalon ensemble et qu’elle criait à la trahison. Il prenait aussi toujours le temps de répondre à ses questions, de lui expliquer des choses du monde sorcier, ou de faire de la magie devant elle.

Il n’y manqua pas cette fois non plus et elle observa avec un éclat d’intérêt dans le regard un petit pot blanc léviter jusqu’à eux. Elle haussa les sourcils, impressionnée.

« Trop bien ! » s’exclama-t-elle en s’approchant du pot qu’il venait d’ouvrir. Elle jeta un coup d’œil à l’intérieur. « Oui, c’est ça. » confirma-t-elle en constatant avec plaisir qu’ils y avaient plusieurs épingles à l’intérieur, ainsi que des petits élastiques presque invisibles. Elle releva les yeux vers Roy pour le confier : « J’essaie de faire une coiffure que j’ai vu dans un magazine, mais j’arrive pas à bien la faire avec mes barrettes à moi, elles sont trop grosses. Et si j’en met pas, j’ai des bosses, c’est moche. » annonça-t-elle d’un ton catégorique. « Tu crois que je peux lui prendre ? » demanda-t-elle, saisie d’un doute. « Je les remettrai dans le pot après, promis. »

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Take a piece of my heart and make it all your own [Avaloy] Icon_minitimeJeu 5 Jan 2023 - 22:15
Roy ne profitait pas de chaque occasion de faire de la magie devant Vivianne uniquement pour le plaisir de provoquer des réactions émerveillées et amusées chez elle. Il s’était fait une promesse -et il en avait fait une à Avalon également- de tout faire pour accueillir au mieux Vivianne dans leur foyer. Il voulait qu’elle puisse devenir avec eux tout ce qu’elle n’avait pas pu être auprès de ses parents abusifs : une petite fille insouciante, confiante, joyeuse, qui n’aurait pas peur d’être pleinement elle-même. Et notamment d’être une sorcière. Alors les petits tours de passe-passe qu’il réalisait devant elle, ses anecdotes rigolotes sur les créatures qu’ils allaient observer au zoo magique de Leopolgrad, toutes ces petites choses jouaient un rôle très important derrière leur apparente légèreté : cultiver chez Vivianne une envie de découvrir ses propres capacités qu’on avait bridées chez elle et changer son regard sur ce monde magique qu’on lui avait trop présenté comme dangereux et mauvais.

Cela semblait fonctionner sur Vivianne, qui manifestait un réel désir d'apprendre. Elle avait la grande qualité d’être une enfant très curieuse, une qualité que Roy valorisait beaucoup. Il avait craint au départ de ne pas réussir à trouver sa place et à construire un lien avec Vivianne qu’il ne connaissait pas bien, mais il avait fini par constater que nouer une complicité avec une fille aussi vive et dégourdie qu’elle n’était pas très difficile. Il avait toujours aimé les enfants malins et débrouillards -c’était comme ça qu’il faisait du tri dans ses petits cousins pour décréter lesquels étaient ses préférés- alors il s’était assez naturellement attaché à cette capacité qu’avait la jeune soeur d’Avalon pour questionner et décortiquer son environnement. Roy s’amusait à la challenger, parfois, en répondant à ses questions par d’autres questions, jusqu’à ce qu’elle trouve elle-même ses propres solutions. Mais il était tout de même plus gentil avec elle qu’avec ses cousins -Carla Rosebury pouvait témoigner des pétrins dans lesquels il l’avait laissée, par le passé, juste pour voir comment elle allait s’en sortir- et ça, c’était le signe qu’il avait pris quelques années de maturité entre temps.

Un autre point commun qu’il partageait avec Vivianne -et qui lui faisait grandement plaisir- était un certain perfectionnisme qui la poussait non seulement à être ordonnée avec ses affaires mais aussi à savoir exactement ce qu’elle voulait. La manière dont elle décréta avec certitude que la réussite de sa coiffure dépendait de détails sur ses barrettes, sinon c’était « moche », fit sourire Roy. Il n’aurait pas dit les choses autrement si c’était lui qui se trouvait devant son miroir alors il comprit tout à fait les préoccupations de Vivianne.

« T’inquiète pas, sers-toi, elle ne dira rien » lui répondit-il en lui confiant le petit pot. Ce n’était pas Avalon qui allait l’empêcher de prendre ses barrettes, d’abord, elle était prêteuse de ses affaires -contrairement à lui- et en plus, elle ne refusait pas grand-chose à sa petite soeur. « C’est quoi la coiffure que tu essayes de faire ? »


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Take a piece of my heart and make it all your own [Avaloy] Icon_minitimeJeu 5 Jan 2023 - 22:49
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Vivianne Davies, 11 ans, sœur d'Avalon.

Vivianne esquissa un sourire en saisissant le pot que Roy lui tendait. Il avait raison ; Avalon ne disait jamais trop rien lorsqu’elle lui empruntait des affaires. Ce n’était pas le cas de toutes ses sœurs : Célice, par exemple, n’était pas très partageuse et pouvait se mettre très en colère si on prenait ce qui lui appartenait. Morgane était sûrement la seule à ne pas du tout s’en préoccuper – elle adorait lui piquer ses vêtements et ses chaussures. Quand elle allait garder leur neveu Elio chez leur sœur aînée, elle repartait toujours avec quelque chose, en disant qu’elle prenait ça en guise de paiement. Célice râlait à chaque fois, mais elle continuait de faire appel à Morgane.

Cela ne dérangeait pas Vivianne de prêter ses affaires, mais seulement si on y prenait soin. Par exemple, Garlan lui rendait toujours ses bandes-dessinées à moitié déchirées, ce qui l’agaçait prodigieusement parce qu’elle s’efforçait de garder en bon état ce qu’elle possédait. Depuis qu’elle vivait à Bristol, c’était beaucoup plus facile : elle avait une grande bibliothèque pour ranger ses livres et ses magazines, un immense placard où ses vêtements reposaient sur des ceintres, sans pli, et une commode avec plusieurs tiroirs pour entreposer ses jeux. Quand elle vivait encore à Londres et qu’elle partageait sa penderie avec Garlan et Morgane, ses vêtements étaient toujours froissés, voire roulés en boule dans un coin de leur chambre.

« C’est, hum, deux macarons ici. » Elle montra le haut de sa tête. « Entourés par des tresses qui viennent du bas. Attends, je te montre. »

Elle l’abandonna quelques secondes pour aller récupérer son magazine, abandonné sur le meuble de sa salle de bain. Elle revint dans le salon et le lui tendit, désignant la photo du doigt :

« C’est ça. Je pensais que ce serait facile, ils ont mis que quatre étapes… » Elle grimaça. « Mais j’arrive pas à comprendre comment on passe de la deux à la trois. Et puis, mes cheveux sont trop longs alors j’arrive pas à bien les tenir. » Elle soupira en s’asseyant sur l’accoudoir du canapé. « Je voulais me coiffer comme ça pour l’anniversaire de ma copine Mallory, samedi, mais c’est un peu trop compliqué. »

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Take a piece of my heart and make it all your own [Avaloy] Icon_minitimeVen 6 Jan 2023 - 18:47
Si on avait dit à Roy un an plus tôt qu’il se retrouverait bientôt face à une enfant de onze ans, en train d’examiner sur un magazine beauté une coiffure qu’elle avait envie d’essayer, il aurait bien entendu rit aux éclats, sans y croire une seconde. Mais il ne l’aurait pas cru non plus si on lui avait annoncé qu’il serait dans une relation amoureuse stable et qu’il serait l’heureux papa d’une petite Teresa et bientôt d’une autre petite fille. Il commençait à être sérieusement entouré de filles, plus qu’il ne l’avait été de toute sa vie, tiens.

Mais ce n’était pas si désagréable. Et maintenant qu’il avait relevé des défis vraiment pénibles comme changer les couches sales d’un bébé -une épreuve mentale que Joséphine Lavespère avait eu le culot de filmer- Roy se sentait beaucoup moins intimidé par la vue d’une coiffure complexe à réaliser. Un jour ou l’autre, il devrait s’y mettre, alors autant s’entraîner dès maintenant.

« Bah c’est pas une énigme que deux cerveaux pourront pas résoudre, montre-moi ça » répondit-il en attrapant le magazine entre ses mains pour voir l’image de plus près. Il avait évidemment parlé trop vite : il ne voyait pas vraiment comment on pouvait réaliser des tresses à l’envers et les enrouler autour d’un chignon qui semblait lui aussi tressé, mais il eut trop de fierté pour l’admettre. « Hum… L’étape trois tu dis ? » Il lut une première fois le texte, un peu trop vague et pas assez illustré à son goût. Une deuxième fois. Il releva la tête vers Vivianne. « Si c’est la longueur de tes cheveux qui t’embête, je peux t’aider à les tenir pendant que tu fais les tresses ? »

Ça n’avait pas l’air trop compliqué, ça.


Roy Calder

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Take a piece of my heart and make it all your own [Avaloy] Icon_minitimeVen 6 Jan 2023 - 19:47
« Tu veux lui écrire un truc ? » demanda Avalon, le téléphone coincé entre l’oreille et l’épaule. Anticipant la réponse de son frère, elle ajouta : « Ou je signe juste pour toi à côté de moi ?
-Ouais, c’est bien, ça. » répondit Galaad, tirant à sa jumelle un sourire narquois qu’il ne pouvait pas voir.
« Ok, alors, attends… » Avalon ajouta le nom de son frère sur une carte d’anniversaire, à la suite des quelques mots qu’elle avait rédigés. « Joyeux anniversaire, Ys !» lut-elle à son frère. « On pense fort à toi et on espère que ce petit colis te fera sourire. Tu nous manques, on espère te voir vite. Et après j’ai signé « Avalon et Galaad ». Ça te va ?
-Nickel. T’as la bonne adresse ?
-Normalement oui, c’est celle que Célice m’a donnée. »

Un léger silence se fit, pendant lequel Avalon confia le colis à un agent du bureau de poste de Bristol. Elle quitta les locaux et poursuivit la conversation :

« C’est bon !
-Tu gères, merci.
-T’inquiète. » Avalon resserra les pans de son manteau autour d’elle. Le vent de février était froid et s’engouffrait dans ses vêtements. « Non mais c’est bien, ça m’a occupé pendant… » Elle consulta sa montre. « Au moins vingt minutes. » A l’autre bout du fil, Galaad s’esclaffa.
« Comment tu tiens le coup ?
-Ça va.
-Mhh ?
-Non mais ça va, je me fais juste chier quoi. Je suis pas habituée à passer autant de temps chez moi, à rien faire comme ça. Je vais bientôt terminer Friends, c’est sûr.
-Carrément ? T’en es où ?
-Saison 6, quand Rachel s’aperçoit qu’elle est toujours mariée avec Ross.
-Ah ouais, ricana Galaad, t’as vachement avancé depuis la dernière fois.
-Et je sais pas ce que je vais faire quand je l’aurai fini, maugréa Avalon en traversant un passage piéton.
-Dormir avant la naissance du bébé ? Passer du temps avec ton mec ? suggéra son jumeau avec une pointe de moquerie dans la voix.
-Oh, crois-moi, on passe notre vie ensemble, en ce moment. A peu près toutes les heures de chaque journée.
-T’as l’air ra-vie, commenta-t-il en riant.
-Je suis ravie ! Non, vraiment, lui assura Avalon, s’imaginant sans mal son expression dubitative. Franchement, ça fait du bien de se retrouver après tout ça, on en avait besoin.
-Mais… ?
-Mais je te jure, parfois je crois qu’il me réveille pendant la nuit pour s’assurer que je suis encore vivante. »

Galaad lâcha un petit rire et Avalon se fendit d’un sourire.

« Il est inquiet, Av, t’abuses.
-Je sais ! Mais je connais Roy, sa façon de passer son inquiétude c’est de me casser les couilles. Si je l’écoutais, je crois que je me lèverai pas de mon lit pendant les trois prochains mois.
-En même temps, t’es quand même sacrément mauvaise à prendre soin de toi. Moi, je trouve ça plutôt rassurant que ton mec te les brise pour que tu respectes les directives des médecins, sinon tu serais en train de courir un marathon je sais pas où en Angleterre.
-Mais n’importe quoi, râla Avalon. Et puis, t’es censé être de mon côté, c’est quoi cette arnaque là !
-Ok, ok, capitula Galaad. Vas-y, je te laisse cinq minutes pour te plaindre de ton mec qui a arrêté de taffer pour rester avec toi pendant la fin de ta grossesse.
-Merci. Alors, déjà, il veut appeler notre fille Reina. Reina ? Tu te rends compte ? Pour que ça fasse « Roi » et « Reine » … »

Lorsqu’Avalon pénétra dans le hall de l’immeuble, elle était de bien meilleure humeur. Elle s’était levée un peu maussade, ce matin. Cela faisait quelques jours qu’elle avait des bouffées de chaleur la nuit qui l’empêchaient d’avoir un sommeil réparateur et cela se ressentait parfois sur son état d’esprit. L’angoisse lancinante qui tiraillait son estomac n’aidait en rien, et son repos forcé ne lui permettait pas de se changer les idées aussi facilement que d’ordinaire. Même si Roy et elle s’efforçaient de ne pas penser aux pires éventualités, elle sentait qu’elles planaient parfois entre eux. Et, comme ils ne savaient gérer ni l’inquiétude, ni l’impuissance, l’ambiance entre eux devenait parfois électrique. Ils se réconciliaient toujours très vite – à vrai dire, ils ne se disputaient pas vraiment mais se tapaient parfois réellement sur les nerfs. Ils n’étaient pas faits, ni l’un, ni l’autre, à une vie confinée à l’intérieur d’un appartement, à guetter inconsciemment les signes du malheur.

La petite balade solitaire d’Avalon et son appel téléphonique avec Galaad lui avaient permis de souffler un peu et ce fut l’esprit plus apaisé qu’elle pénétra dans l’entrée, après la sonnerie caractéristique de l’ascenseur qui annonçait son arrivée. Elle retira ses chaussures, suspendit son manteau dans un grand placard et abandonna son sac au pied d’une console.

« Je suis rentrée ! » annonça-t-elle – elle entendant la voix de Roy, dans le salon. « J’étais au téléphone avec Gal sur le chemin et… Bah, qu’est-ce que vous faîtes ? »

Avalon s’était arrêtée au milieu du salon et contemplait une scène étonnante. Vivianne était assise par terre, devant un Roy très concentré, qui tenait dans ses mains les mèches de cheveux de sa sœur. Vivianne avait le Pear de Roy entre les mains, et tous les deux semblaient observer une vidéo avec attention. « Et là, disait une voix féminine, vous faîtes passer la première mèche sous la seconde, puis sur la troisième. »

« C’est un tuto coiffure ? » demanda-t-elle avec un sourire en coin, en s’approchant.
Roy Calder
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Le problème de Roy était qu’il n’aimait pas capituler, parce qu’il était incapable d’admettre l’échec. A partir du moment où il avait commencé à aider Vivianne, c’était fichu. Il ne pouvait pas laisser tomber sans avoir réussi. Il n’allait quand même pas se laisser avoir par un tuto dans un stupide magazine féminin, non ?

C’était donc face au tableau d’une suite de conséquences impliquant l’entêtement de Vivianne et l’orgueil de Roy qu’Avalon se trouva quelques minutes plus tard, avec un air incrédule. Les deux comparses avaient du revoir quelque peu leurs objectifs en cours de route car la coiffure du magazine ne figurait pas exactement dans les tutos qu’ils avaient trouvé sur instamag. Heureusement, le monde des influenceuses beauté était assez vaste pour leur offrir tout ce dont ils avaient besoin en terme de chignons tressés compliqués, ils se retrouvèrent donc assez vite à suivre les conseils d’une certaine VélaneGryffy qui commençait toutes ses vidéos par un crispant « Coucou les fiiiiilles, j’espère que vous allez bien, alors aujourd’hui on se retrouve pour -insérer n’importe quelle dernière tendance à la mode » et que Roy ponctuait de commentaires de plus en plus contrariés. Il n’entendit d’ailleurs pas l’arrivée d’Avalon dans le vestibule, trop occupé à suivre les gestes de l’influenceuse.

« Et là, vous faites passer la première mèche sous la seconde, puis sur la troisième.
-Mais c’est pas l’ordre des mèches le problème, c’est que ça va de travers ! »

La première tresse plaquée sur le crâne de Vivianne qu’il avait réalisée était plutôt satisfaisante. Lancé dans son élan de réussite, il avait du aller trop vite sur quelque chose car la deuxième s’était mise à bifurquer et ce manque flagrant de symétrie le fâchait.

« Attends reviens en arrière, sur la vidéo ? Quand elle explique au début ?
-C’est un tuto coiffure ? »  

La voix d’Avalon le tira de sa concentration. Vivianne fut la plus rapide à répondre :

« Euh, oui, on essaye de reproduire une coiffure que je voulais faire pour l’anniversaire de Mallory… On a pris tes barrettes mais promis je te les rends après ! »

Un « Aïe » réflexe lui échappa dans son discours, pendant que Roy tirait sur l’une de ses mèches.

« Ah désolé, je t’ai fait mal ? Je voulais juste rattraper une mèche qui veut pas se mettre dans le rang, bordel de c… » Il se retint à temps de ne pas déballer tous les synonymes de ses parties génitales en guise de juron. « Hum, tu me passes la brosse ? »


Roy Calder

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Take a piece of my heart and make it all your own [Avaloy] Icon_minitimeSam 7 Jan 2023 - 14:58
Pendant la longue enquête qui avait précédé l’obtention de la garde de Vivianne, Avalon n’avait pas eu le temps de réfléchir à « l’après ». L’urgence de la situation ne lui avait pas permis de se projeter au-delà du procès qu’elle avait tout autant attendu que redouté pendant de longues semaines. Quand le juge avait prononcé son jugement en sa faveur, elle avait eu l’impression de reprendre pied mais avait alors été assaillie par les doutes et l’inquiétude. Comment allait-elle réussir à prendre soin d’une enfant de dix ans ? Est-ce que Vivianne s’adapterait correctement à son nouveau quotidien ? Regretterait-elle Londres, la ville où elle vivait depuis sa naissance ? Comment se passerait la cohabitation avec Roy ? Arriveraient-ils à trouver un rythme, tous les trois ?

Plusieurs mois s’étaient écoulés depuis l’arrivée de Vivianne et Avalon avait tout le loisir de constater – avec un immense soulagement – que les choses se passaient bien. Vivianne semblait heureuse de vivre à Bristol ; elle aimait sa nouvelle école et elle était souvent invitée chez ses camarades. Elle allait au judo, à la bibliothèque et Avalon l’emmenait parfois à la piscine ou à la patinoire… Elle remerciait le ciel d’avoir donné à Vivianne un caractère aussi facile et une attitude aussi exemplaire, ce qui lui évitait d’avoir à faire preuve d’une trop grande autorité envers elle. Vivianne faisait ses devoirs en avance (parce qu’elle aimait ça), ne laissait pas traîner ses affaires (parce qu’elle aimait que les choses soient ordonnées) et, contrairement à Avalon au même âge, faisait peu de caprices. Elle était parfois un peu maussade – elle était susceptible et pouvait se vexer facilement – mais pas rancunière. Elle s’entendait bien avec Roy, ce qui réjouissait Avalon car le contraire aurait pu compliquer leur situation. Mais son compagnon prenait très au sérieux la promesse qu’il lui avait faite quelques mois auparavant et se rendait souvent disponible pour répondre aux questions de Vivianne ou jouer avec elle. Il allait parfois la récupérer après l’école et l’emmenait prendre un goûter dans un salon de thé sorcier qu’il affectionnait particulièrement.

En revanche, Avalon ne l’avait encore jamais vu essayer de natter les cheveux de sa petite sœur, ce à quoi il s’appliquait aujourd’hui très consciencieusement. Cette scène lui tira un sourire un peu incrédule puis un éclat de rire amusé.

« Tu peux les garder, » répondit-elle à Vivianne au sujet de ses épingles à cheveux, « j’en ai plein. »

Son activité professionnelle l’obliger parfois à rassembler ses cheveux – elle visait moins bien lorsqu’ils se mettaient devant ses yeux. C’était moins le cas depuis qu’elle avait été promue à la tête des Renseignements car elle faisait moins de missions de terrain mais, lorsqu’elle partait en intervention avec les Aurors ou la Milice, elle veillait toujours à attacher ses cheveux : soit en une queue de cheval, soit en une ou deux tresses qui partaient du haut de son crâne et tombaient dans son dos. Avec les années, elle était devenue assez agile pour réaliser ces coiffures ; Roy, en revanche, semblait découvrir ce plaisir.

« Tiens, » lui fit Vivianne en lui passant sa brosse à cheveux. « Tu veux que je remette la vidéo au début ? Et je peux tenir mes cheveux, peut-être, comme ça ils t’embêtent pas. »

Avalon réprima un sourire et s’approcha de Roy. Elle posa sa main sur son épaule pour attirer son attention :

« T’as besoin d’aide ? »

Elle était sûre qu’il allait dire non.


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Take a piece of my heart and make it all your own [Avaloy] Icon_minitimeSam 7 Jan 2023 - 22:45
« Ouais, tu peux remettre au début, le passage sur la natte collée sur le crâne, là. »

Qui aurait cru que faire des nattes serait aussi technique ? Parfois, Roy apercevait Avalon du coin de l’oeil, dans leur salle de bains, en train d’attacher ses cheveux avant de se rendre au Ministère. Elle faisait ses nattes en une minute et demi, top chrono, elle. Alors, forcément, avoir ses petits conseils aurait pu l’aider mais Roy eut trop d’ego pour accepter.

« Non, je gère » répliqua t-il à sa compagne qu’il sentit se placer derrière lui. Il lui accorda un regard en coin et constata que la scène semblait beaucoup l’amuser. Ils échangèrent un sourire et Roy la rabroua pour la forme : « Ohé, te fous pas de nous, c’est très sérieux, ce qu’on fait ! Et on va y arriver, on est une vraie team, pas vrai Vivianne ?
-Après… » La petite fille se tourna vers eux avec un adorable sourire coupable. « Peut-être que ça ira plus vite si Avalon nous montre comment elle fait ses tresses… ?
-Trahison ! s'offusqua le mafieux.
-Non mais elle nous montre juste sur ses cheveux et on refait nous-mêmes en même temps qu’elle ? Ça sera plus facile que de refaire la vidéo dix fois…
-Ton sens pratique fait mal à mon coeur, c’est tout ce que je dis. »

Vivianne gloussa de rire en haussant les épaules en signe d’excuses et en interrogeant sa soeur du regard.


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Take a piece of my heart and make it all your own [Avaloy] Icon_minitimeSam 7 Jan 2023 - 23:36
« Non, je gère » répliqua évidemment Roy, tirant un sourire amusé à Avalon qui s’installa derrière lui pour observer son travail.
« Mais je vois que vous prenez ça très au sérieux ! » commenta-t-elle. « On croirait être à une compétition même, tellement vous êtes sérieux. »

Elle taquinait peut-être Roy mais cette scène l’attendrissait surtout beaucoup. Elle voyait bien qu’il prenait très à cœur son rôle auprès de Vivianne et que cette dernière était ravie de ce moment. Elle avait un air rieur et semblait beaucoup s’amuser de leurs échecs.

« Moi ? Mais Roy n’a pas besoin d’aide, il gère… » répondit Avalon en lorgnant sur la deuxième tresse de Vivianne – visiblement, son compagnon s’était mélangé les pinceaux car elle n’était pas régulière et que la mèche de gauche était beaucoup plus dense que celle de droite. Elle fit mine de céder face au regard de sa sœur. « Bon, bon. Mais c’est seulement pour vous éviter de relancer encore une fois la vidéo.
-Mais oui, renchérit Vivianne, de toute façon on y serait arrivés tous les deux si tu étais rentrée plus tard. Là c’est juste pour gagner du temps, c’est tout.
-Evidemment. » fit-elle avec un sourire narquois. « Allez, décale-toi un peu, je vais m’asseoir à côté de toi. »

Vivianne obtempéra et Avalon s’installa à côté d’elle, en prenant appui sur le genou de Roy pour maîtriser sa descente – se mouvoir devenait de plus en plus délicat avec son ventre rond.

« Vous voulez faire une tresse collée, c’est ça ?
-Oui ! Comme les tresses que tu fais pour aller à la boxe.
-Alors… » Avalon sépara sa chevelure en deux et positionna ses mains sur le haut de son crâne. « Tu commences en haut, tu prends trois mèches de cheveux. Et à chaque fois que tu fais passer une mèche au milieu, tu récupères un peu de cheveux de l’extérieur. Donc… » Elle forma ses brins et commença à tresser. « Là, tu veux faire passer ta mèche de gauche au milieu, donc tu récupères un peu de cheveux de l’extérieur, tu les mets dans la mèche, et tu la mets au milieu… Ensuite tu fais pareil à droite… Puis encore à gauche… Et ainsi de suite.
-Mais Aaaav, tu vas encore plus vite que la fille de la vidéo et toi, on peut pas te remettre depuis le début, lança Vivianne en posant une main sur son avant-bras, comme pour l’inciter à ralentir.
-Pardon, pardon. » Avalon s’appliqua à poursuivre sa tresse plus lentement. « C’est peut-être ça que je devrais faire pour m’occuper, tiens. Des tutos de coiffures.
-Ouais, renchérit Vivianne en riant. Avec Roy, et tu lui apprendrais à faire des trucs.
-Vas-y, fais-nous une intro d’influenceur coiffure pour voir si je t’embauche ? » demanda Avalon avec un sourire en coin en se tournant vers son compagnon, les doigts toujours plongés dans ses cheveux.


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Take a piece of my heart and make it all your own [Avaloy] Icon_minitimeDim 8 Jan 2023 - 12:28
« Nan, pas besoin de ton aide, tu peux aller te faire du sucre au chocolat chaud » répliqua Roy, car c’était bien dans cet ordre qu’étaient constitués les breuvages préférés d’Avalon.

Mais Vivianne trouva la réponse sensée ménager l’ego du mafieux, qui vit clair dans son jeu et ne manqua pas de le souligner :

« Hum, il y a des talents de diplomatie par ici, je te vois, Vivianne. »

Il daigna alors faire une place à sa compagne à ses côtés, sans broncher cette fois-ci : il n’allait pas l’admettre mais Avalon était en train de lui sauver la mise. S’appliquant pour suivre ses explications, il eut un éclat moqueur à la boutade qu’elle lui envoya :

« Ha ! Je suis grave plus calé que toi en vidéos d’influenceuse beauté, tu sais pas combien de temps on a passé à en regarder là, c’est moi qui devrais checker si je peux t’embaucher. » Tout en séparant les cheveux de Vivianne en brins, il prit sa plus belle voix aigüe insupportable et ses meilleures mimiques : « Salut les filles-anh, j’espère que vous allez bien ! Alors aujourd’hui on se retrouve pour un tuto sur mes trois millions de palettes de fond de teint, payées par des marques obscures, je les adoooore. Pour celles qui découvrent ma chaîne, n’oubliez pas de mettre un petit coeur à la fin de la vidéo-anh ! » Il s’interrompit, pour saluer sa propre prestation. « J’ai vraiment manqué une carrière de comédien. »

La suite de leurs aventures capillaires se solda par une relative réussite -heureusement qu’Avalon s’était jointe à eux- dont ils retirèrent surtout une bonne humeur et de nombreuses vannes mutuelles. Quand il vint lui souhaiter bonne nuit plus tard dans la soirée, Roy eut droit à des remerciements sincères de la part de Vivianne, qui touchèrent son petit coeur désireux de bien faire avec cette jeune enfant. Il était minuit passé quand il rejoignit Avalon dans leur lit, prêt à se coucher avec elle, et qu’il surprit chez elle un regard plutôt intense. Intrigué, il recula légèrement la tête, avec un sourire moqueur sur les lèvres.

« T’as pas assez mangé pour me dévorer du regard comme ça ? Je sais que je suis super beau, mais quand même. »


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Take a piece of my heart and make it all your own [Avaloy] Icon_minitimeDim 8 Jan 2023 - 17:15
« Au fait, » se rappela Vivianne, pourtant déjà emmitouflée sous sa couette, « t’es sûre que tu veux pas récupérer tes barrettes ?
-Non, non, vraiment, tu peux les garder, j’en ai beaucoup trop. » lui assura Avalon en se redressant, après l’avoir embrassé. « Bonne nuit, Viv.
-Bonne nuit, Av. »

Avalon s’éclipsa en silence et referma la porte derrière elle. Le soleil s’était couché depuis plusieurs heures maintenant, et la nuit était déjà bien entamée. Après leur aventure capillaire au début de l’après-midi, Avalon, Vivianne et Roy s’étaient lancés dans une partie très sérieuse de Monopoly qui s’était soldée par une victoire d’Avalon – contestée évidemment par ses deux adversaires, qui avaient argué que sa grossesse les obligeait à la laisser gagner pour ne pas la contrarier. Ils avaient terminé la soirée par un film devant lequel elle avait somnolé (elle avait un vague souvenir du début, de quelques scènes au milieu, et de la fin) puis Vivianne était montée dans sa chambre. Après lui avoir souhaité bonne nuit, Avalon se dirigea vers sa propre chambre et se déshabilla pour se glisser sous la douche. Elle passa ensuite son pyjama – un t-shirt qui avait autrefois été un peu trop large pour elle mais dont le tissu était désormais tiré par son ventre proéminant – et s’installa dans son lit, le buste soulevé par ses oreillers.

Roy fut à ses côtés quelques minutes plus tard. En l’observant accomplir son petit rituel quotidien – poser sa montre sur la commode, son téléphone sur la table de chevet (l’écran tourné vers le meuble pour éviter d’être dérangé par les notifications), boire une gorgée d’eau – Avalon ne put retenir un sourire de s’étirer largement sur ses lèvres. Son regard se chargea de tendresse et n’échappa pas à son compagnon, qui l’interrogea, un peu moqueur.

« Chhht. » Elle posa un doigt sur ses lèvres. « J’étais en train de contempler mon mec parfait. Ne gâche pas tout en parlant. » Elle haussa les sourcils mais vint glisser sa main contre la mâchoire de Roy.

Elle se sentait apaisée, ce soir. La journée s’était écoulée avec une certaine douceur qui avait gonflé son cœur de joie. Dans la tempête qui secouait leur quotidien depuis quelques semaines maintenant, les moments comme celui-ci ne paraissaient que plus intenses, plus brillants, plus lumineux. Elle finit par souffler dans un sourire, sans le quitter du regard :

« Tu es vraiment bien, avec elle, tu sais. »



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Take a piece of my heart and make it all your own [Avaloy] Icon_minitimeDim 8 Jan 2023 - 17:52
Amusé, Roy haussa les sourcils en répliquant :

« Ok, je vais me contenter de retenir l’info principale, à savoir que je suis un mec parfait. »

Occupé à se glisser sous leurs draps, il ne comprit pas tout de suite à quoi elle faisait référence mais cela lui apparut plus clairement ensuite. La remarque qu’elle lui fit, sans qu’elle n’ait besoin de préciser le nom de Vivianne pour qu’il comprenne, le toucha bien plus fort que son précédent compliment. S’il y avait bien un terrain sur lequel Roy pouvait nourrir des doutes sur ses capacités ou sa légitimité, c’était bien celui où il se trouvait avec Vivianne et Teresa. Il craignait de ne pas être à la hauteur de ce qu’on attendait d’une figure paternelle, de les décevoir un jour ou pire, de les mettre en danger malgré lui.  Chose n’était pas coutume, il se trouvait donc dans une posture d’humilité sur le sujet, ce qu’il laissa voir en répondant :

« J’essaye. »

Il changea de position en se tournant vers sa partenaire et en calant un oreiller sous son bras. Quelques mois plus tôt, les choses n’étaient pas si évidentes, Roy avait perdu les pédales pendant une période, en réalisant toutes les responsabilités que cela impliquait d’accueillir une enfant dans sa vie. Puis ils en avaient discuté à bâtons rompus avec Avalon et ils s’étaient arrêtés sur une conclusion, une promesse pas si facile à tenir pour eux qui avaient tendance à se montrer très exigeants envers eux-mêmes : faire de leur mieux. Puis ce qui leur avait paru si terrifiant avant de s’y mettre avait fini par prendre les atours d’un quotidien bien rôdé. Roy se faisait moins de souci sur sa place auprès de Vivianne, maintenant qu’il était parvenu à en trouver une, que leur foyer avait un équilibre plutôt satisfaisant et que Vivianne semblait heureuse avec eux.

Cependant, c’était toujours agréable de voir ses efforts reconnus et il remercia Avalon d’un baiser sur ses lèvres. Un sourire apparut sur son visage quand il se redressa.

« En même temps c’est pas très compliqué de s’attacher à elle. Elle te ressemble beaucoup, tu sais…. Et je parle principalement de votre capacité à faire preuve de mauvaise foi et à détester perdre. Par contre, elle est quand même beaucoup plus mignonne que toi ! »


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Take a piece of my heart and make it all your own [Avaloy] Icon_minitimeDim 8 Jan 2023 - 19:20
Avalon connaissait les doutes que Roy nourrissait sur sa capacité à s’occuper d’enfants et ne pouvait pas nier avoir les mêmes inquiétudes pour elle-même. Ils s’étaient posés beaucoup de questions avant d’accueillir Vivianne, soucieux de lui donner un environnement stable dans lequel grandir. L’urgence de la situation n’avait pas donné à Avalon le luxe de réfléchir à ce qu’elle désirait faire ; l’évidence l’avait frappé et elle avait mobilisé toute son énergie à obtenir la garde de Vivianne. Elle ne savait exactement ce qu’elle pouvait donner à sa sœur mais elle était intimement convaincue qu’elle pouvait faire mieux que ce qu’elle avait reçu jusque-là. Elle voulait lui donner cette chance qu’elle n’avait pas eu elle-même, celle d’avoir une enfance protégée de ce monde violent dans lequel elle avait grandi.

En voyant Vivianne ce soir, Avalon avait eu le sentiment de ne pas complètement échouer dans cette entreprise. Evidemment, des questions persistaient mais, pour l’instant, elle faisait le choix de les ignorer. Elle s’évertuait à s’habituer à cette nouvelle routine, ce nouveau rôle qu’elle endossait – pas celui d’une mère mais plus exactement celui d’une sœur non plus. Elle jouait avec les lignes, se retrouvait parfois parent, parfois sœur, parfois amie d’une petite fille en quête de repères. Elle n’était pas toujours certaines de ses choix et des décisions qu’elle prenait mais elle s’efforçait de garder un cap qu’elle espérait cohérent.

Dans cette aventure, Roy était son meilleur allié. Leur couple lui apportait une stabilité salvatrice et elle s’appuyait souvent sur lui. Si les papiers officiels lui accordaient la garde complète de Vivianne, Roy et elle se partageaient beaucoup de charges liées à sa présence. Et puis, Vivianne s’était beaucoup attachée à lui, cela se voyait. Elle prenait parfois sa défense quand Avalon le taquinait et lui demandait régulièrement son avis, visiblement en quête de son approbation.

Peut-être étaient-ils maladroits, parfois. Peut-être faisaient-ils des erreurs. Mais – et cela, Avalon pouvait le jurer sur tout ce qu’elle avait de plus précieux – ils faisaient tout ce qui était en leur pouvoir pour lui donner un foyer stable et aimant.

« Quoi ? » s’offusqua Avalon avant de faire mine de réfléchir. « Non, tu as raison, c’est exactement ça. » Elle attrapa la main de son compagnon pour la faire glisser jusqu’à son ventre. « Et ce n’est que le début. Cette maison va être peuplée de filles qui me ressemblent beaucoup mais qui sont encore plus mignonnes que moi. Tu cours à ta perte, guapo. »

Elle ponctua ses paroles d’un petit rire avant de se rapprocher de lui pour déposer un baiser sur ses lèvres.

« Ça se voit qu’elle s’attache à toi, elle aussi. » poursuivit-elle après un petit silence. « Et c’est bien pour ça que je dis rien à chaque fois que vous faîtes équipe contre moi, tous les deux. » Elle conclut, avec un sourire : « Mais j’ai jamais eu aucun doute sur le fait que vous alliez bien vous entendre, tous les deux. Viv’ est aussi obsessionnelle que toi. Remercie le ciel que ce soit elle, soit la deuxième sorcière de la famille. Si on avait eu Garlan, t'aurais fait une crise de nerfs à chaque fois tu aurais mis un pied dans sa chambre. »



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Take a piece of my heart and make it all your own [Avaloy] Icon_minitimeDim 8 Jan 2023 - 20:13
La réponse d’Avalon tira un rire à son partenaire, qui baissa les yeux vers son ventre arrondi.

« Ça c’est ce que tu dis. Elle a aussi mes gènes, cette petite. Si ça se trouve, elle va te rendre folle à être toujours d’accord avec son papa. »

Roy ponctua ses mots d’une caresse sur son ventre. Ils n’avaient pas beaucoup d’occasions d’évoquer sa grossesse en des termes légers, car la menace d’un accouchement prématuré planait toujours au-dessus d’eux, alors chaque opportunité de passer sur un autre registre avait une saveur particulière et précieuse. Et après cette soirée placée sous le signe d’une belle ambiance familiale, c’était une jolie conclusion.

Roy reporta son attention sur Avalon qui revenait sur sa petite soeur. Au fond, il avait été agréablement surpris de constater que ce qu’elle disait était vrai : il avait plusieurs points communs avec la jeune fille. Cela ne lui avait pas sauté aux yeux, les premières fois qu’il avait échangé avec Vivianne. Il s’était trouvé plus de ressemblance avec d’autres soeurs d’Avalon, comme Célice ou Morgane, qui n’avaient pas la langue dans leur poche et mettaient un point d’honneur à se montrer provocantes et orgueilleuses. Vivianne, à côté, semblait toute douce et gentille. Elle lui était davantage apparue comme une petite fille à protéger, que comme quelqu’un avec qui il allait pouvoir nouer de la complicité.

Mais Vivianne faisait partie de ces gens qui révélaient leur véritable personnalité plus tard, après avoir appris à connaître et faire confiance à leur interlocuteur. La cohabitation les avaient menés à se révéler l’un à l’autre des côtés de leur personnalité qu’ils ne montraient pas à tout le monde : Vivianne avait dévoilé son assurance, sa répartie, son côté malicieux et ses petites manies, tandis que Roy lui avait laissé voir sa générosité et ses capacités à se faire embarquer dans des tutos coiffure juste pour lui faire plaisir.

« Oh m’en parle pas » répondit-il avec une grimace amusée au sujet de Garlan. « Je crois que de tous tes frères et soeurs, Vivianne était celle avec qui ça pouvait le mieux se passer. »

Les autres étaient plus difficiles à aborder, plus endurcis et plus âgés. Avec un adolescent, il aurait été plus difficile de tisser ce lien un peu flou, entre figure d’autorité et tonton sympa que Roy essayait d’incarner. Encore que pour lui, c’était un positionnement un peu plus facile à avoir que celui qu’Avalon essayait de tenir pour sa soeur dont elle essayait aussi d’être la mère, d’une certaine manière. Cette pensée le fit tourner la tête vers elle et ajouter, en attrapant sa main dans la sienne :

« Toi aussi, tu te débrouilles bien avec elle. Parfois je me dis que… Je sais pas. On dirait que t’as fait ça toute ta vie. »

Il admirait sincèrement la dextérité avec laquelle Avalon savait aussi bien réconforter que faire rire sa soeur, tantôt s’amuser avec elle et tantôt se montrer ferme pour son bien. Il avait un aperçu tout à fait rassurant de la mère qu’elle allait devenir. Prenant conscience qu’il n’avait jamais pris la peine de le lui dire, alors même qu’ils étaient tellement inquiets et plein de doutes sur leur devenir de parents, le visage de Roy se fit plus sérieux. Il effleura du dos de sa main la joue d’Avalon, en posant sur elle un regard semblable à celui qu’elle avait tout à l’heure et dont il s’était moqué.

« Tu vas être parfaite avec notre bébé. »  


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Take a piece of my heart and make it all your own [Avaloy] Icon_minitimeLun 9 Jan 2023 - 15:34
Depuis qu’Avalon avait arrêter de guetter l’apparition du moindre signe de joie, depuis qu’elle avait cessé d’interpréter sa lassitude comme une marque de son désintérêt, il était plus facile pour elle de se réjouir ou de s’émerveiller des petits moments qui venaient ponctuer ses journées. Son repos forcé l’obligeait à se concentrer davantage sur elle, sur ce qu’elle ressentait et sur les effets de sa grossesse. Ces derniers n’étaient pas que positifs ; outre sa pathologie, Avalon expérimentait depuis quelques jours des douleurs lombaires, des bouffées de chaleur nocturnes et des brûlures d’estomac qui rendaient son quotidien difficile et fatigant. C’était sans oublier l’angoisse générée par les examens médicaux qu’elle réalisait toutes les semaines pour contrôler les conséquences de son hypertension artérielle. Elle se rendait au laboratoire tous les lundis et recevait ses résultats le lendemain. Pour le moment, ces derniers étaient positifs mais, tous les sept jours, les dés étaient relancés. Pour l’instant, les effets de sa prééclampsie semblaient encore maîtrisés, même si certains chiffres avaient un peu augmenté. La principale inquiétude de sa gynécomage concernait le fonctionnement de ses reins, mais l’équipe médicale s’était mise d’accord pour faire durer sa grossesse aussi longtemps que possible.

Cependant, en dépit de l’angoisse et des désagréments, Avalon goûtait également à quelques joies qui égayaient son quotidien et la rassuraient. Elle avait fini par s’habituer aux mouvements du bébé et s’émerveillait parfois de voir qu’elle semblait réagir à sa voix. Roy et elle s’étaient enfin accordés sur la couleur et la décoration de la chambre et elle avait entamé une large fresque sur le mur principal (ce qui avait l’avantage de bien occuper ses journées). Le weekend dernier, elle avait craqué pour la première fois dans une boutique de puériculture et avait fait l’acquisition de plusieurs pyjamas dans les tons beiges et oranges. Au vu du contexte anxiogène, ces moments étaient d’autant plus précieux et lui permettaient de s’accrocher à un futur dans lequel, peut-être, tout irait bien.

Roy et elles naviguaient à vue dans une mer difficile, mais leur proximité retrouvée les aidait à garder un cap. Si Avalon se plaignait parfois des précautions que prenait son partenaire avec elle, elle savait qu’elle n’aurait jamais réussi à mener ce combat de front seule, sans son soutien indéfectible.

« Pas loin. » sourit Avalon en réaction au commentaire de Roy sur son attitude avec Vivianne. « On s’est toujours beaucoup occupés des petits, avec Gal. »

Surtout son jumeau, à vrai dire, qui n’avait jamais quitté Londres quand elle passait parfois plusieurs semaines d’affilées à Poudlard. Galaad avait accompagné Morgane lors de son premier jour d’école, il avait signé les contrôles d’Yvain, appris à Garlan à utiliser un couteau à table. Vivianne était née plus tard, au moment où Avalon finissait son premier cycle d’étude, ce qui lui avait permis d’être davantage présente pour elle.

Mais il était vrai que la facilité avec laquelle Vivianne s’était habituée à son nouvel environnement la rassurait sur sa capacité à devenir mère. Ce n’était pas exactement la même chose, évidemment, mais elle avait l’impression de ne pas échouer complètement à lui offrir un cadre de vie stable et aimant.

Le regard que Roy posa sur elle semblait rejoindre ses pensées et elle esquissa un sourire, touchée par son compliment qui venait adoucir une peur lancinante.

« J’espère. » souffla-t-elle en portant sa main jusqu’à ses lèvres pour y déposer un baiser. « Je me dis qu’on fait de notre mieux avec Vivianne et que ça a l’air de bien marcher alors… Ca devrait aller pour le bébé aussi. » Elle eut un sourire, avant d’ajouter : « Enfin, de toute façon, je compte couver cette enfant jusqu’à ses vingt-cinq ans au moins pour compenser tout ce qu’on vit là. »



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Take a piece of my heart and make it all your own [Avaloy] Icon_minitimeLun 9 Jan 2023 - 18:23
Roy hocha la tête tandis qu’Avalon lui rappelait qu’elle avait participé à élever ses plus jeunes frères et soeurs. C’était dans ce genre de détails qu’il mesurait à quel point ils avaient grandi dans des milieux différents et n’avaient pas endossé les mêmes charges. Il y avait onze ans de différence entre Roy et son plus jeune frère mais il n’avait jamais eu à s’occuper de lui au quotidien -même si sa mère n’aurait pas refusé un coup de main et s’en plaignait. Et d’ailleurs il avait toujours fui ces tâches un peu ingrates, si bien qu’il avait du reconnaître face à Joséphine quelques mois plus tôt qu’il n’avait jamais changé de couche -et l’apprentissage n’avait pas été très agréable. Avalon, elle, n’avait jamais été qu’une soeur pour Vivianne, elle avait toujours du endosser un rôle plus maternel, avant même le procès pour sa garde, parce que ses parents avaient toujours failli à leurs responsabilités.

Cet apprentissage forcé lui permettait aujourd’hui d’apporter à sa jeune soeur tout ce dont elle avait besoin. Roy voyait bien qu’Avalon ne mesurait pas l’ampleur de ce qu’elle parvenait à lui offrir, de tout le bien qu’elle réussissait à faire à Vivianne. Elle parut touchée quand il le souligna. Il pressa sa main dans la sienne, comme pour approuver son discours, avant de rire face à sa plaisanterie. Toute tentative d’humour était bonne à prendre dans la situation stressante où ils se trouvaient, pour dédramatiser un peu leurs pensées et leurs échanges.

« Ses quarante, même, renchérit-il en attirant Avalon dans ses bras. Elle aura pas intérêt à s’en plaindre. »

Il se tut, une main glissée dans la chevelure de sa partenaire et le regard fixé dans le vague, devant lui. C’était un peu vertigineux de songer au fait que, dans quelques jours ou semaines -Roy espérait des semaines- leur vie allait changer du tout au tout, alors qu’ils traversaient déjà tellement de changements qu’ils avaient à peine le temps d’éprouver. Roy n’avait pas encore la sensation d’avoir tout à fait trouvé sa place avec Teresa, elle grandissait trop vite à ses yeux, il avait à peine le temps de s’investir auprès d’elle que déjà il devait préparer la naissance de son autre fille. En parallèle, Avalon et lui commençaient juste à trouver un quotidien avec Vivianne et maintenant, ils devaient faire de la place à une quatrième personne dans leur foyer.

Mais de toutes les perspectives incertaines de leur avenir, celle qui effrayait le plus Roy était la possibilité que peut-être, Avalon ne soit plus à ses côtés pour mener cette vie avec lui.

Les médicomages avaient beau se montrer pédagogues et rassurants, le coeur de Roy cessait de battre et son souffle se suspendait une fois par semaine, à chaque lundi, quand Avalon allait faire ses examens et qu’ils attendaient les résultats. À chacune de ces occasions, Roy ne parvenait pas à s’empêcher d’envisager le pire et souvent, son esprit se mettait à élaborer scénarios. Il ne les partageait pas à sa compagne, pour ne pas renforcer l’anxiété qu’elle ressentait déjà et parce qu’ils n’en auraient rien tiré de bon. Toutefois, dans tous ces scénarios, l’un d’entre eux avait quelques bonnes raisons d’être évoqué et Roy songea, allongé sur son lit, que c’était peut-être le moment adéquat.

Il resta silencieux pendant de longues minutes, cherchant comment exprimer ses pensées. A défaut de trouver un angle d’approche qui sonnait bien, il finit par s’impatienter et lâcher la phrase qui ne faisait que tourner dans sa tête :

« Je pense que je devrais faire une demande de tutelle pour Vivianne. » Il sentait le regard d’Avalon le brûler mais, par pudeur, n’osa pas le croiser tout de suite. « Parce que bah… Elle est bien avec nous. Et si jamais il t’arrive quelque chose… Faut pas qu’elle se retrouve n’importe où. »


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Un rire secoua Avalon alors qu’elle se logeait dans les bras de son partenaire, sa tête appuyée contre son épaule. Ils en riaient parfois ensemble mais Avalon savait que Roy ne dormait jamais vraiment, la nuit qui précédait la délivrance de ses résultats hebdomadaires. Elle savait aussi qu’il guettait le moindre signe de faiblesse chez elle avec une expression inquiète. Ils en riaient sans jamais se départir de l’angoisse qui rongeait lentement leurs estomacs noués.

Avalon n’était pas dupe ; son bel optimisme était complètement inutile tant qu’ils ne tiendraient pas leur fille, en bonne santé, dans leurs bras. Elle donnait le change face à son entourage, répétait les statistiques rassurantes des médecins mais, au fond d’elle, elle était incapable de se débarrasser des scénarios terribles qui peuplaient ses cauchemars. D’un commun accord, Roy et elle évitaient d’en parler mais, quand Avalon se levait, les yeux cernés par ses rêves agités, son compagnon devinait sans mal la raison de ses terreurs nocturnes. Crise convulsive, hématome, mort fœtale, mort maternelle, étaient des expressions qui s’agitaient parfois dans son esprit, comme des présages funestes qu’elle s’efforçait d’ignorer, en vain.

Chaque semaine passée était synonyme de soulagement, comme si un poids immense s’envolait de ses épaules, bien qu’immédiatement remplacé par un autre. Ils avançaient étape par étape, semaine par semaine, conscients qu’à ce stade chaque jour supplémentaire permettait à leur fille de poursuivre son développement mais menaçait la santé d’Avalon, dont le corps souffrait de cette grossesse.

Cela faisait des années qu’Avalon n’avait pas mis les pieds dans une église mais elle s’était soudainement mise à prier, le soir, quand le silence assourdissant de la nuit laissait à ses pensées l’espace de s’étendre. Blottie contre Roy, elle adressa une prière à Dieu ou n’importe quel Saint qui voudrait bien l’entendre.

Contre elle, son compagnon semblait également plongé dans des pensées agitées. A plusieurs reprises, il sembla vouloir prendre la parole avant de se raviser. Avalon ne l’interrogea pas, se contentant de faire courir lentement ses doigts sur son dos dénudé, comme un léger encouragement. De longues minutes s’étirèrent pourtant avant que Roy ne lui livre ses réflexions.

Avalon tourna la tête vers lui, cherchant son regard qu’elle ne trouva pas car il observait l’horizon, les sourcils légèrement froncés. Elle suspendit ses gestes.

Elle ne pouvait pas dire que l’idée ne lui avait pas traversé l’esprit lorsqu’on lui avait diagnostiqué sa pathologie. Le soir, en cherchant vainement le sommeil, elle avait réfléchi aux possibles conséquences et à ce qu’elles impliquaient. Une chance sur dix, au fond, ce n’était pas grand-chose. C’était quatre-vingt dix pourcents de chance que les choses se passent bien, qu’elle mène sa grossesse jusqu’au terme et que rien ne menace sa vie ni celle de son bébé. Mais il restait ces dix pourcents, ces dix minuscules pourcents qui paraissaient pourtant énormes lorsqu’elle s’y penchait sérieusement. La perspective de mourir lui avait toujours paru effrayante ; elle n’était pas, comme Toni, de ceux qui brûlaient la vie par les deux bouts sans se soucier des conséquences. Mais depuis quelques mois, l’idée de sa disparition lui pesait encore plus ; probablement parce que, paradoxalement, son avenir lui semblait radieux. Elle avait Roy, elle avait Vivianne, elle avait cette famille qu’ils construisaient ensemble et dans laquelle le bébé qu’elle portait allait s’inscrire.

Alors, évidemment, la perte ne paraissait que plus menaçante.

Evidemment, ces craintes posaient également un problème beaucoup plus concret ; si quelque chose lui arrivait demain, qu’adviendrait-il de Vivianne ? Ses parents avaient été destitués de leur autorité parentale, aussi il n’était pas envisageable que sa petite sœur retourne à leur domicile. Dans un premier temps, elle serait sûrement placée dans un foyer… Moldu ? Sorcier ? Sûrement sorcier, comme Vivianne était inscrite sur les listes de Poudlard, ce qui compliquerait toute démarche de la part de sa famille moldue pour récupérer sa tutelle. Sa grand-mère le ferait probablement, mais elle avait déjà la charge de Morgane et de Garlan et elle n’était plus toute jeune… Alors, évidemment, ses pensées s’étaient tournées vers Roy. Elle n’en n’avait rien dit, oscillant entre trouver cette démarche bien trop prématurée et la trouver nécessaire au regard du contexte.

« Vraiment ? » lui demanda-t-elle en se décalant pour pouvoir l’observer. Elle se redressa sur un coude. « J’y ai pensé moi aussi mais… Je savais pas trop comment tu voyais les choses. » Roy s’était engagé à vivre avec elle et Vivianne, pas à élever sa sœur seul si elle venait à disparaître. « C’est ce que tu voudrais ? »


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Take a piece of my heart and make it all your own [Avaloy] Icon_minitimeSam 28 Jan 2023 - 15:31
Roy avait déjà longuement réfléchi à ce qu’il était en train de proposer, il ne se trouva pas démuni face à la question légitime d’Avalon, qu’il s’était lui-même posée. Et au fond, cette question n’était pas nouvelle pour lui : il avait dû affronter exactement la même au sujet de l’arrivée de Teresa dans sa vie. Voulait-il être un père pour elle ? Il avait refusé de l’être pour la seule raison que c’était ce qu’il devait faire, il devait prendre ses responsabilités. Il avait eu besoin d’être certain qu’il en avait envie, parce qu’au fond de lui, il lui semblait que c’était ce qui distinguait un bon père des autres, un père qui le resterait dans la durée, sans fuir face à la moindre difficulté.

Teresa était sa fille, son sang, un lien invisible les reliait de fait. Vivianne, c’était différent. Que représentait-elle pour lui ? Roy avait pris le temps d’y réfléchir et il essaya de le partager à Avalon, en pesant -pour une fois- chacun de ses mots :

« Eh bien… C’est ce que je te disais tout à l’heure. C’est facile de s’attacher à elle. Et elle est ta famille. Et toi, tu es ma famille alors… D’une certaine manière, elle aussi. » Il tourna son regard vers Avalon, hésitant. « Je sais pas si ça fait sens ce que je dis mais… Ça fait plusieurs mois qu’on vit tous les trois, qu’on s’occupe d’elle, toi et moi. Et je m’arrête pas de le faire quand t’es ailleurs. » Elle en avait eu un bon exemple aujourd’hui, en les découvrant occupés dans un jeu après les avoir laissés seuls. « Donc je vais pas la laisser tomber du jour au lendemain, sous prétexte que… » Il suspendit sa phrase, peu désireux de prononcer cette suite funeste qu’il refusait d’envisager. Il gigota contre son oreiller pour se redresser. « Bref, dans tous les cas, son sort m’importe. » Il ajouta sur un ton plus léger, pour retrouver un peu de maîtrise dans ce moment grave : « Et comme je suis perfectionniste, je vais pas laisser n’importe qui s’occuper d’elle donc autant le faire moi-même. »


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Take a piece of my heart and make it all your own [Avaloy] Icon_minitimeSam 28 Jan 2023 - 21:42
Pour Avalon, le terme « famille » avait toujours été beaucoup plus large que ce que prévoyait la définition traditionnelle. A l’âge de dix-huit ans, elle avait quitté son cercle familial pour en construire un autre. Elle avait rencontré Fergus, puis Toni et ils étaient devenus sa famille, ses frères. Parfois, lorsqu’ils se retrouvaient tous les trois, Avalon songeait avec tendresse aux trois jeunes adultes qu’ils étaient alors, perdus, broyés par la vie, qui s’étaient trouvés au moment où ils en avaient le plus besoin. Elle n’avait pas besoin de partager leur sang pour savoir qu’elle ferait n’importe quoi pour eux et que la réciproque était toute aussi vraie.

Alors elle comprit parfaitement ce que Roy essayait de lui dire. Son silence ne tenait pas tant de sa surprise que de son émotion et, à son tour, Avalon se redressa légèrement pour s’asseoir face à lui. C’était peut-être la preuve la plus évidente de son amour pour elle, du souci qu’il avait pour la famille qu’ils construisaient ensemble et qui ne pouvait pas se résumer juste à eux et à l’enfant qu’elle portait. Les paroles de Roy firent aussi écho à ce qu’elle lui avait dit plusieurs mois auparavant au sujet de Teresa. Au cœur de leur étreinte, elle lui avait murmuré qu’elle l’aimait et qu’elle aimerait aussi cette enfant qui ferait partie de lui. Roy et Avalon s’aimaient ainsi ; entièrement et sans condition.

Ils savaient dès le début que leur relation n’avait rien d’un flirt léger ou insouciant. « C’est sérieux » s’étaient-ils dit la première fois. Avalon avait soutenu Roy dans son chemin vers la paternité ; il avait été présent pour elle tous les jours jusqu’à ce qu’elle obtienne la garde de Vivianne. Ils avaient emménagé ensemble car rien ne faisait plus sens que de poursuivre cette aventure dans un quotidien partagé. Evidemment qu’ils étaient une famille. Ils l’étaient déjà avant qu’ils ne découvrent sa grossesse et cette dernière n’avait fait que de mettre en évidence le lien fort et tangible entre eux. Ils avaient traversé la peur, l’incompréhension, le doute, l’anxiété brûlante, sans que ces épreuves ne parviennent à entacher durablement leur relation. Ils étaient forts dans l’adversité, plus liés que jamais lorsque les obstacles de la vie cherchaient à les séparer.

« Ça fait sens. » lui assura-t-elle en posant sa main sur son genou. « On est une famille, tous les trois. Tous les cinq. » corrigea-t-elle avec un sourire. « Et si jamais quelque chose se passe mal… Je serais rassurée de savoir qu’elle est avec toi et pas dans un foyer ou en famille d’accueil. » Elle vint nouer sa main à la sienne. « Merci. » lui souffla-t-elle en serrant ses doigts.

Le cœur gonflé par l’émotion et le visage orné d’un sourire, Avalon échangea un long regard avec son partenaire.

« On doit pouvoir déposer une demande à la justice magique, auprès des services sociaux. Bon, ce serait sans doute plus facile si on était… » le dernier mot s’arrêta au bord de ses lèvres. Elle le pesa un instant avant de le laisser s’échapper, un peu malgré elle : « mariés. »

Elle n’avait pas repensé au mariage depuis le mois de décembre. Elle avait pourtant planifié sa demande dans les moindres détails : le chalet perdu dans la montagne, la montre, le repas, le champagne, la musique. Elle avait pensé à ce qu’elle voulait lui dire, à la manière dont elle voulait amener cette proposition. Et puis elle avait découvert sa grossesse ; toute sa vie avait été bouleversée. Elle s’était retrouvée propulsée dans une maternité qu’elle n’avait pas choisie, dans un corps qui ne lui obéissait plus. Elle avait annulé ses réservations et le boîtier de la montre était resté dissimulé entre les pulls soigneusement pliés dans son armoire. Les semaines s’étaient écoulées, on lui avait diagnostiqué sa pathologie et l’angoisse lui avait ôté toute capacité de se projeter dans le beau moment qu’elle avait imaginé pour eux.

Jusqu’à ce soir.

« Je suis pas en train de te demander de m’épouser pour faciliter une démarche administrative. » ajouta Avalon avec un temps de silence un peu trop long pour être complètement neutre. Elle eut un rire un peu nerveux. « Mais… »

Elle repoussa les couvertures et bascula sur les genoux pour se rapprocher de lui. Sa main retrouva la sienne, la seconde s’envola vers sa mâchoire où elle se logea. Elle chercha ses mots un instant, les joues un peu roses, le sourire incertain.

« J’avais prévu de te demander en mariage, à la fin du mois de décembre. Tu sais, quand je t’avais demandé de réserver un weekend, juste avant le nouvel an… C’était pour ça. J’ai découvert que j’étais enceinte quelques jours avant et après ça… C’était plus vraiment le moment. » Ses doigts qui caressaient sa joue descendirent jusqu’à son torse dénudé. « J’avais réservé un chalet magnifique dans les Pennines, commandé ton vin préféré… Je me disais qu’il fallait au moins ça pour que tu acceptes que je te vole ton moment. » plaisanta-t-elle avec un sourire en coin. « Alors je… J’avais pas vraiment prévu de faire ça comme ça, » alors qu’elle n’était vêtue que d’un simple t-shirt qui dévoilait son ventre proéminant, qu’il était torse-nu face à elle, qu’ils étaient installés dans leur lit défait, au cœur de leur chambre silencieuse « mais… Tant pis. » Elle prit une inspiration, le cœur battant. « Tu es ma famille, Roy. Ce qu’on construit ensemble, c’est sûrement ce que j’ai de plus précieux. Alors évidemment, avec ce qui se passe en ce moment, je suis terrifiée à l’idée de tout perdre mais je crois que, paradoxalement, je n’ai jamais su aussi clairement ce que je voulais. Toi. Nous. Notre famille. C’est tout ce qui m’importe vraiment. » Elle avait les yeux brillants, la voix chargée par l’émotion. « Tu sais, j’ai l’impression de t’aimer depuis une éternité. C’est tellement évident, toi et moi, que ça me paraît presque absurde que ça n’ait pas toujours existé… Et j’ai envie que ça existe pour toujours. Epouse-moi, Roy. » le pria-t-elle sans le lâcher des yeux. Elle eut un sourire. « Epouse-moi. Notre vie est complètement folle, l’univers passe son temps à nous mettre à l’épreuve et j’ai pas envie de passer un jour de plus sans être ta femme. »



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Take a piece of my heart and make it all your own [Avaloy] Icon_minitimeDim 29 Jan 2023 - 20:24
Cinq. Ce chiffre fit naître un sourire reconnaissant sur les lèvres de Roy. Il savait que dans ce compte de famille élargie qu’ils étaient en train de construire ensemble, Avalon incluait Teresa avec sincérité et évidence. Il se souvenait encore quand, un an plus tôt, allongés sur un lit dans une posture similaire, juste après leur première nuit d’amour, Avalon lui disait sans sourciller qu’elle était prête à aimer ce bébé tout comme elle aimait n’importe quelle partie de lui. Cette longue conversation, que Roy ne pourrait jamais oublier, avait été le point de départ d’une belle histoire d’amour, dont il était déjà convaincu à l’époque qu’elle pouvait être l’histoire d’une vie. Il ne s’était pas trompé et ils se le prouvaient tous les jours, en ne cessant jamais d’être présent pour l’autre.

Pour Roy, il y avait donc quelque chose d’évident à prendre la tutelle de Vivianne, comme la simple continuité de ce lien de famille qui le liait déjà à Avalon. Il sentit sa compagne touchée par sa proposition qu’elle finit par accepter et répondit à ses remerciements en embrassant la paume de sa main logée dans la sienne. Il prit un ton plus plaisantin pour conclure :

« Bon, il faut que Vivianne veuille bien de moi aussi… Je lui demanderai » promit-il.

Dans le regard qu’Avalon laissa glisser sur lui, Roy surprit cette intensité qui l’avait amusé tout à l’heure, comme un éclat de tendresse si lumineux qu’elle semblait lui dire « je t’aime » de ses yeux. Et, petit troll qu’il était, il s’apprêtait à la taquiner de nouveau à ce sujet mais elle le prit de court avec un commentaire qu’il n’avait pas attendu.

« Bon, ce serait sans doute plus facile si on était… mariés. »

Si Roy n’avait pas déjà envisagé cette possibilité dans un coin de son esprit, il aurait sans doute éclaté de rire. Mais comment ne pas l’envisager ? Avalon allait accoucher de leur fille de manière imminente, ils vivaient déjà comme une petite famille avec Vivianne et il n’avait aucun doute sur son avenir avec Avalon. C’était avec elle qu’il construisait déjà sa vie et avec elle qu’il comptait bien continuer de le faire. Ils n’étaient en couple que depuis un an mais Roy avait l’impression qu’ils en avaient déjà vécu des dizaines ensemble. Alors oui, l’idée de la demander en mariage faisait du chemin dans sa tête, depuis quelques temps déjà. Il n’en faisait rien car il se disait que ce n’était pas le bon moment, qu’ils étaient pris dans d’autres priorités, que mener à bien cette grossesse compliquée leur prenait déjà tout leur temps et toute leur énergie. Qu’il aurait tout le loisir d’organiser après l’accouchement la grandiose demande en mariage qu’il s’imaginait faire pour Avalon…

Aussi, une part de Roy sentait que le sujet n’était pas anodin du tout, mais la manière dont Avalon l’amenait était un peu ambiguë, ni parfaitement sérieuse, ni tout à fait une blague. A défaut de savoir où elle s’aventurait, son premier réflexe fut de répondre par une taquinerie :

« Quoi, tu veux qu’on se marie pour les papiers, c’est ça ? »

Avalon riait aussi, mais d’un rire pas tout à fait naturel. Et surtout, elle prononça les mots qui firent manquer un battement de coeur à Roy :

« Je suis pas en train de te demander de m’épouser pour faciliter une démarche administrative. »

Comment ça en train de demander ?

Incrédule, Roy regarda sa compagne changer de position pour pouvoir lui faire face, assise sur ses genoux. Cette posture annonçait déjà un discours plus sérieux qu’elle commença à dérouler, sous ses yeux stupéfaits. Dès la première phrase, il eut du mal à imprimer ce qu’elle était en train de lui dire.

Comment ça, elle était en train de le demander en mariage et elle avait même déjà prévu de faire ça depuis des mois ?

« Attends, me dis pas que… »

La suite de sa phrase mourut sur ses lèvres tandis qu’il regardait Avalon comme s’il la voyait pour la première fois. Il ne réagit même pas à la boutade qu’elle lui lança, en soulignant qu’elle lui volait ce moment traditionnellement réservé aux hommes. Il voyait très bien à quel week-end elle faisait référence et il n’avait absolument rien vu venir à l’époque. Ils vivaient une période très douce, très fusionnelle, c’était l’époque où ils emménageaient ensemble, où ils accueillaient Vivianne et Teresa dans leur vie et vivaient leur premier Noël de couple. Tout semblait alors idyllique -il n’y avait pas encore de déni de grossesse ni de maladie pour venir les éprouver- mais pour autant, Roy n’aurait jamais pensé qu’Avalon préparait une demande en mariage.

Peut-être parce qu’il se voyait le faire, lui, comme la plupart des représentations de couple le montraient. L’homme qui posait un genou à terre devant un beau coucher de soleil. Jamais la femme qui sortait la bouteille de vin pour faire une demande romantique dans un chalet perdu.

Encore moins la femme enceinte, en t-shirt et culotte, assise sur un matelas devant son mec en caleçon.

Cette image mentale d’eux-mêmes dans ce moment totalement imprévu fit naître un sentiment d’hilarité chez Roy. Sa surprise se mêla à un sourire tout aussi incrédule au fur et à mesure qu’Avalon lui faisait sa plus belle déclaration d’amour. Chacune de ses phrases résonna chez lui comme une vérité qu’il partageait pleinement et qui ne pouvait que le toucher, malgré l’incongruité de la situation. Cela le touchait d’autant plus qu’ils ne se disaient pas souvent ce genre de mots. Ils se le montraient volontiers, leur langage amoureux s’exprimait beaucoup à travers des gestes affectueux, des câlins, des baisers, une présence constante et indéfectible, des petits cadeaux, mais ils passaient plus rarement par les mots. Ils avaient l'accord tacite de ne pas dire « je t’aime » à la légère, ils le faisaient à des occasions particulières, quand ils sentaient leur amour les submerger, comme pour préserver le sens presque magique et sacré de ces quelques paroles.

Aussi, Roy prenait tout à fait la mesure de l’importance du moment qui se jouait et qui n’avait rien d’une blague, même s’il avait envie d’en rire presque nerveusement. Elle le prenait tellement de court qu’il eut du mal à le masquer. Ce fut d’ailleurs sa première réaction après cette demande très audacieuse. Il laissa un rire le traverser, un rire indéfinissable où se mêlait sa surprise, son émotion, une pointe d’indignation -car elle lui volait en effet son moment de son point de vue d’homme très soucieux de sa virilité- mais surtout -il devait le reconnaître- une certaine admiration pour Avalon.

« Putain mais Av’, je… Je sais pas quoi dire... T’es folle. T’es folle et t’es parfaite en même temps. Ton culot, c’est trop. Je t’aime trop. » D’un geste, il l’attira dans ses bras pour la tenir contre son torse. Il la serra contre lui avec force tout en la bombardant de baisers sur sa joue, qu’il ponctua d’un discours aussi confus que son état émotionnel à cet instant :  « Raaah ! Oui, je vais t’épouser. Bien sûr que je vais t’épouser. Mais t’as trop d’audace de m’avoir volé la vedette. Même pas t’attends un mois ou deux pour me laisser poser le genou à terre, t’as jamais le temps toi hein. J’avais des plans de ouf en plus ! Tu sauras jamais pour la peine. Par contre, j’espère que t’as pas caché une bague dans tes affaires, sinon on annule tout. Jamais je vais pouvoir dire aux gars que tu m’as offert une bague pour me demander, c’est trop. »

Il l’embêtait autant qu’il la couvrait d’amour à cet instant, car ses baisers étaient à moitié devenus des chatouilles dans son cou. Mais il daigna s’arrêter à un moment, le temps de quelques secondes, juste ce qu’il fallait pour prendre conscience de la situation.

Il allait épouser Avalon. La femme de sa vie. La mère de sa fille et de -il l’espérait- tous ses futurs enfants.

Le regard qu’il échangea avec Avalon brillait de cette merveilleuse nouvelle et le poussa à souffler une parole sérieuse dans ce florilège de boutades :

« Je t’aime. »

Les bras noués autour d’elle, il se pencha pour déposer un baiser sur les lèvres de sa partenaire. Sa fiancée. Sa future femme. Cela sonnait bien, décida t-il en reculant, un large sourire aux lèvres, avant de revenir à la charge :

« Heureusement que je t’aime plus que tout parce que je te le dis, moi normalement on me demande pas en mariage en pyjama hein, c’est une arnaque, il est où le chalet romantique et le vin, là ?  »


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Take a piece of my heart and make it all your own [Avaloy] Icon_minitimeDim 29 Jan 2023 - 22:28
Lorsqu’Avalon s’était imaginée demander Roy en mariage, elle s’était immédiatement projetée dans un moment très romantique. Depuis les débuts de leur couple, ils avaient multiplié les gestes d’amour, les sorties à deux, les dîners aux chandelles ; il était évident que sa demande en mariage devait s’inscrire dans la même lignée. Alors, elle avait tout organisé et n’avait rien laissé au hasard : l’emplacement, le cadeau, le repas, le champagne, le vin. Elle s’était repassée la scène plusieurs fois dans sa tête, comme pour se préparer à ce grand moment et avait réfléchi à ce qu’elle dirait et quand elle le dirait. Il fallait que ce soit spécial, se disait-elle souvent. Elle voulait créer un moment dont ils pourraient se souvenir toute leur vie.

Alors, évidemment, elle n’avait pas pensé une seule seconde qu’elle finirait par demander Roy en mariage au cœur de la nuit, à moitié dénudée.

Et pourtant, à l’instant où Avalon lui adressa cette question qui ressemblait davantage à une prière, elle eut le sentiment qu’elle était exactement à la bonne place. Ce n’était peut-être pas le moment parfait qu’elle avait esquissé à plusieurs reprises dans le secret de ses pensées mais c’était peut-être d’autant plus authentique. Elle n’avait pas eu le temps de réfléchir à cette longue déclaration ; elle parlait spontanément comme si chaque mot était formé par un élan irrépressible de son cœur. Ce dernier battait à toute vitesse, si bien qu’Avalon eut l’impression de pouvoir l’entendre dans le silence qui suivit ses derniers mots.

Silence qui fut coupé par le rire incrédule, joyeux, indigné de Roy.

« Putain mais Av’, je… Je sais pas quoi dire... T’es folle. T’es folle et t’es parfaite en même temps. Ton culot, c’est trop. Je t’aime trop.
-Dis-moi oui avant de m’insulter. » s’insurgea-t-elle avec un grand sourire en se laissant entraîner contre lui.

Elle rit sous les nombreux baisers qu’il déposa sur ses joues, rit encore en écoutant son discours confus qui traduisait sa surprise mais dont elle ne retint que l’élément principal : bien sûr que oui, il allait l’épouser. Elle se sentit brusquement fébrile, soufflée par une vague de joie qui déferla en elle et lui fit gagner un état d’euphorie dans lequel elle se laissa glisser avec ivresse. Le visage dévoré par un sourire, Avalon fit passer ses bras autour de Roy pour refermer leur étreinte. Ils allaient se marier. Roy allait devenir son mari. Son époux. Cette pensée lui tira un rire incrédule à son tour ; au fond, elle avait un peu de mal à croire qu’ils venaient de se fiancer.

Mais c’était parfait, songea-t-elle avec un sourire tendre, en savourant les mots d’amour de son compagnon. C’était parfait, c’était exactement eux et c’était précisément ce qui rendait ce moment si spécial, si important. Qu’importe le lieu, qu’importe la tenue ; ils n’avaient jamais été très conventionnels, de toute façon. Ils s’étaient dit « je t’aime » avant même de s’embrasser. Elle était tombée enceinte avant même qu’ils n’habitent ensemble. Ils pouvaient bien se fiancer en pyjama.

La remarque de Roy lui tira cependant un éclat de rire et Avalon secoua la tête sans se départir de son regard tendre.

« T’es vraiment une grosse michto, toi. » lui répondit-elle en haussant les sourcils. « J’ai toujours su que tu voulais me pécho pour mon argent. » Elle l’embrassa avant de murmurer contre ses lèvres : « Mais ça tombe bien, j’ai effectivement quelque chose pour toi. »

Elle quitta ses bras et se pencha vers sa table de chevet, où elle avait abandonné sa baguette magique un peu plus tôt dans la soirée. Elle la récupéra et la pointa en direction de leur dressing ; d’un « Accio » informulé, elle fit venir jusqu’à eux une petite boîte noire en velours, qui portait le sceau d’une grande joaillerie sorcière.

« Tu parlais d’une bague, non… ? » le taquina-t-elle en récupérant l’objet qui flottait paresseusement entre eux. Elle aurait pu sembler sérieuse si un sourire ne barrait pas son visage. Très solennellement, Avalon ouvrit la boîte, pour y dévoiler une montre magnifique, où plusieurs éléments tournoyaient lentement dans le cadran transparent. Avalon avait passé plusieurs heures à hésiter devant les nombreux modèles de cette collection et s’était finalement décidée sur celui qui lui paraissait allier à la perfection la modernité et l’élégance. Chaque élément du cadran avait une utilité particulière mais, contrairement aux grosses montres commercialisées par Vargas par exemple, celle-ci avait su garder une subtile touche traditionnelle qui en faisait donc un bel objet.

En cherchant le regard de Roy, Avalon souffla, rieuse :

« A défaut de te passer la bague au doigt, j’ai décidé de te passer la montre au poignet. » Elle l’observa attentivement. « Elle te plaît ? »


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Take a piece of my heart and make it all your own [Avaloy] Icon_minitimeVen 3 Fév 2023 - 12:12
« Ah bah tu sais bien qu’il n’y a que deux choses qui m’intéressent chez toi. Ton argent et ton cul » répliqua Roy avec un sourire provocateur. Mais il perdit bien vite son petit air effronté en la voyant attraper sa baguette magique pour faire venir à eux le cadeau qu’elle avait prévu de joindre à sa demande. « Mais non, déconne pas. Dis-moi que c’est pas une bague ! »

Car sa virilité n’allait guère le supporter.

Heureusement, la boîte qu’elle fit venir à eux semblait trop grande pour contenir une alliance. Et Roy reconnut assez vite le nom de la joaillerie inscrite en lettres dorées sur la boîte de velours. C’était une marque que Fergus lui avait conseillée un jour -il y trouvait les nombreuses bagues et chevalières qu’il aimait porter à ses doigts. Roy y avait déjà acheté quelques montres parmi les nombreuses qui composaient sa collection. C’était peut-être l’un des rares points communs qu’il avait avec Abel Laveau, il s’en était rendu compte pendant ce long périple qu’ils avaient fait pour retrouver un bijou perdu au Mexique, pour Isobel : ils étaient tous les deux férus de montres de luxe.

Et il devait reconnaître que celle qu’Avalon avait choisi visait dans le mille. C’était exactement le genre de modèle qui lui plaisait, moderne et avec juste assez d’éléments traditionnels pour lui donner un caractère unique et intemporel. Admiratif, il laissa son regard glisser le long des nombreux cadrans envoûtés par un sortilège, composés de pièces en or et en pierres précieuses qui tournoyaient à différents rythmes minutieusement calculés, dans un ballet parfaitement maîtrisé.

« Bordel, elle a du te coûter les deux bras, fallait pas… » commença t-il par dire en tendant la main vers la boîte pour admirer la montre de plus près. Mais il se reprit bien vite, avec un regard malicieux. « En fait, si, fallait au moins ça. » Il pouvait bien râler qu’Avalon lui ait volé son moment, au fond, Roy était comme n’importe quelle femme vénale : un joli cadeau luxueux et tout était pardonné. « Franchement, elle est parfaite, t’as bien choisi. »

Et ce n’était pas peu dire venant de la part de Roy qui chipotait sur les moindres détails. Il tendit le poignet, dans un geste presque théâtral.

« Vas-y, passe-moi la montre au poignet, il est grand temps que tu fasses de moi un homme respectable. »

Malgré les plaisanteries et leur ton léger, Roy sentit pleinement la solennité du moment qui se déroulait entre eux. Il garda ses yeux fascinés fixés sur la montre qui semblait faite pour aller sur son poignet et qui représentait surtout un symbole très fort. Il partagea ses pensées avec Avalon, sur un ton plus sérieux :

« Wow, je sais pas si tu te rends compte là mais on est fiancés. C’est fou. »

Il n’aurait jamais pu prédire cela un an plus tôt. Entre l’épanouissement de son couple avec Avalon, leur emménagement, l’arrivée de Vivianne chez eux, la naissance de Teresa, Roy avait l’impression qu’il s’était écoulé dix ans depuis le moment où il avait embrassé Avalon pour la première fois. Il commençait à se réconcilier avec sa famille, il était devenu papa, il allait se marier. Sa vie prenait un chemin inattendu pour l’éternel mafieux célibataire et immature qu’il avait été tout au long de sa vingtaine. Un chemin qui lui donnait à la fois la sensation d’être un tout nouvel homme et exactement celui qu’il était sensé être. Il se sentait bien mieux dans la peau de cet homme là que de celui qu’il était dix ans plus tôt.

Et en même temps, le Roy impulsif et aventureux, qui faisait ce qu’il désirait sur un coup de tête, n’avait pas disparu pour autant. Ce fut cette partie de lui-même qui fit naître une séduisante idée dans son esprit. Le regard pétillant, il lança à Avalon, pris d’un élan d’excitation :

« Tu sais ce qui serait encore plus fou ? Ça serait de se marier genre maintenant. Enfin, pas maintenant tout de suite mais… Avant que tu accouches. »

Ce n’était pas seulement pour son côté inattendu et amusant qu’il était séduit par cette idée. Elle résonnait également de manière juste avec leur parcours et avec la conversation qu’ils avaient eue juste avant qu’Avalon ne lui fasse sa demande. Dans ces temps d'incertitude qu'ils traversaient, cette proposition semblait faire parfaitement sens.


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Take a piece of my heart and make it all your own [Avaloy] Icon_minitimeVen 3 Fév 2023 - 13:49
Avalon n'avait jamais imaginé offrir une bague de fiançailles à Roy - même si l'idée avait longtemps fait ricaner Toni. Si elle était persuadée qu'il serait davantage flatté et admiratif de sa demande - bien qu'indigné - elle doutait qu'il soit très emballé par le fait de recevoir un cadeau traditionnellement féminin. Pour autant, elle avait toujours eu envie que cette demande particulière soit signifiée matériellement par un objet. Assez naturellement, son choix s'était porté sur une montre. Comme Roy en avait déjà une sacrée collection, sa recherche avait été d'autant plus complexe : elle ne voulait pas lui offrir une montre quelconque, semblable à celles qu'il possédait déjà. Elle avait écumé les boutiques sorcières comme moldues, jusqu'à trouver la perle rare dans la toute dernière collection d'Ulysse Storm, célèbre horlogerie sorcière. Elle avait été conquise par l'esthétique classique du cadran et du bracelet mais la dimension résolument moderne des fonctionnalités. Avalon n'avait pas hésité longtemps avant de l'acheter ; en revanche, elle y avait laissé un rein (mais, comme le lui avait dit Toni, il était fortement probable qu'elle devienne millionnaire par association.)

En révélant la montre dans son boîtier en velours, Avalon guettait donc attentivement la réaction de son partenaire. Un large sourire étira ses lèvres lorsqu'elle capta son regard admiratif ; il avait l'air absolument conquis. Elle le laissa se saisir de la boîte pour qu'il puisse admirer davantage le bijou, avant de rire face à sa remarque malicieuse.

« Je savais que tu serais trop content pour être vraiment outré. » commenta-t-elle en secouant la tête.

Roy, qui semblait désormais très amusé de la situation, lui tendit son bras d'une manière théâtrale et Avalon s'empressa de saisir la montre pour la positionner sur son poignet. Avec une grande solennité, elle attacha le bracelet et glissa le lien en cuir dans la boucle pour le fixer. Elle admira le résultat, un peu émerveillée de ce moment, avant de se fendre d'une plaisanterie.

« Juste avant la naissance de notre fille, c'est bon, l'honneur est sauf. »  

Mais ce trait d'humour se perdit dans le silence qui suivit ce moment, où tous les deux gardèrent  les yeux baissés vers les mains jointes. Ils allaient se marier. Cette idée semblait si étonnante qu'Avalon ne put retenir un rire un joyeux ; ils étaient fiancés ! Cette demande très spontanée avait au moins eu le mérite de les surprendre tous les deux, songea Avalon sans se départir de son sourire.

« Je crois que j'ai un peu du mal à réaliser. » avoua-t-elle en retrouvant le regard de Roy. « C'est fou... »  

Mais cette demande en mariage n'était pas la seule chose folle. C'était fou, qu'ils parlent de leur lien comme d'une évidence alors qu'ils avaient passé dix ans à se côtoyer sans rien percevoir de plus qu'une solide amitié. C'était fou, que leur relation naissante ait résisté aux épreuves qu'ils avaient dû affronter très tôt. C'était fou, qu'ils aient acheté un appartement ensemble, pour y vivre avec Vivianne. C'était fou, qu'ils s'apprêtent à accueillir le premier enfant ensemble. C'était fou, qu'ils soient fiancés.

C'était encore plus fou, de penser à se marier avant la naissance de leur fille.

Avalon se redressa légèrement, les sourcils haussés. Roy avait l'air si enthousiaste qu'elle eût du mal à ne pas sourire aussi.

« Avant mon accouchement ? » répéta-t-elle avec un rire. « T'as conscience que je peux accoucher demain ? Bon, pas demain mais disons... La semaine prochaine, le temps qu'ils me déclenchent ? »  

Ce n'était pas du tout une certitude ; elle ne pouvait pas vraiment prévoir la date de son accouchement. Les médicomages voulaient qu'elle puisse poursuivre sa grossesse jusqu'au terme, mais elle avait des examens toutes les semaines pour savoir si cela était envisageable, d'autant plus que les dernières semaines étaient les plus éprouvantes pour le corps.

« Tu voudrais quoi ? Qu'on se marie samedi prochain ? »

Elle avait dit cela en riant, mais ses yeux brillaient un peu trop.


Avalon Calder

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