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From dusk till dawn [Roy & Avalon]

Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
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From dusk till dawn [Roy & Avalon] - Page 2 Icon_minitimeSam 25 Sep 2021 - 15:40
Roy sentait qu’ils étaient en train d’arriver sur un point d’accrochage, peut-être le premier vrai point de discorde qui avait le pouvoir de séparer à terme leurs routes à tous les deux. Il le sentait déjà au fond de lui, la veille quand il avait tenté de noyer ses questionnements dans la moralisa. Cette peur de finir par perdre Avalon faisait partie de ce qui l’avait fuir, tout à l’heure, quand elle avait demandé des explications. Depuis quelques temps, il ne cessait de se demander s’il était quelqu’un de bien pour ses proches : il s’était évidemment posé la question pour le bébé qu’il allait bientôt accueillir, il commençait sérieusement à se le demander au sujet de Vivianne. Mais au fond, il se le demandait aussi pour Avalon.

Qu’elle souligne tout ce qui n’était pas très reluisant et constituait sa vie et ses choix à elle n’était donc pas inutile. Quelque part, cela les plaçait davantage sur un pied d’égalité où l’un ne pouvait pas décréter tirer l’autre vers le bas. Roy était par ailleurs bien placé pour connaître les exactions de la Milice, même si c’était un sujet dont ils ne parlaient pas trop tous les deux : les Veilleurs aidaient précisément à les commettre, cela faisait partie de leur marché. La différence, assez notable, était qu’Avalon avait la loi et le gouvernement de son côté, ce qui la plaçait dans une position de pouvoir un peu différente de celle de Roy : elle n’avait pas à se battre tous les jours pour conserver son influence et sa position qui lui permettait de continuer à faire ce qu’elle faisait.

Pour autant, elle n’était pas exempte de prises de risques. Les affrontements entre la Milice et ses opposants étaient parfois violents. Elle aussi, elle pouvait mourir un beau jour en mission, comme cet homme qu’elle reconnut avoir tué sur le terrain, tirant à Roy une mimique de surprise. Ce genre de détails non plus, ils n’en parlaient pas tous les deux. Ils avaient compris, tacitement, que c’était des sujets à éviter, pour ne pas passer leur temps à s’inquiéter : si Avalon devait prévenir Roy à chaque fois qu’elle s’apprêtait à prendre des risques sur le terrain, il aurait envie de la retenir et l’inverse était tout aussi vrai.

Ils étaient donc deux personnes exposées aux risques et aux règlements de compte, menés à faire des choix difficiles et cruels tous les jours. Mais plus encore, Avalon lui avoua qu’elle aussi elle se sentait appartenir à un monde criminel qu’elle n’était pas certaine de pouvoir quitter. D’abord, Roy ne comprit pas tout de suite ce qu’elle entendait par là : elle avait arrêté le trafic depuis des années, elle ne trempait pas vraiment dedans.

Vraiment ? souffla une voix intérieure. Il y a quelques mois à peine, elle se lançait dans une opération avec eux pour coincer Norvel, une opération dans laquelle elle avait failli perdre la vie. Elle passait ses soirées aux Folies Sorcières, tous ses amis proches étaient liés, de près ou de loin, à la mafia. Les trafiquants connaissaient son nom, pas tellement en tant que chef de la Milice, un poste qu’elle n’avait acquis que récemment : ils la connaissaient bien avant, car Toni en parlait comme de sa soeur, Fergus la protégeait comme un père. Elle faisait entièrement partie de ce monde dont Roy faisait partie également.

Et pourtant, elle choisissait malgré tout de prendre en charge sa soeur, pour des raisons qu’elle ne tarda pas à lui expliquer en se tournant vers lui et qui pouvaient se résumer en une phrase : Vivianne ne pouvait pas attendre qu’elle devienne parfaite. Avalon la tirait d’une situation affreuse pour lui offrir mieux : pas la perfection, juste quelque chose de mieux. Roy médita un instant sur ces paroles qu’elle avait déjà prononcées dans un autre contexte, quand il doutait de ses propres capacités à devenir père et qu’elle lui avait dit qu’il n’avait pas besoin d’être parfait pour l’être. « Il y a juste ceux qui essaient, et ceux qui n’essaient pas du tout », lui avait t-elle dit.

Un enseignement plutôt sage et sensé mais qui allait à l’encontre des croyances qui avaient constitué l’éducation de Roy. S’il était si exigeant et perfectionniste, au point d’en être pénible parfois, c’était parce qu’on lui avait appris à l’être : c’était peut-être l’une des rares choses qu’il gardait encore de ce que son propre père lui avait transmis dès le plus jeune âge. Il devait être excellent dans ce qu’il faisait, ne pas transiger sur ce qui était important pour lui, en somme, aller au bout des choses.

Perdu dans ses pensées, Roy reporta son regard sur Avalon au moment où elle posa sa main sur sa joue et l’interpelait avec une éventualité qui lui donnait des frissons. Avoir des enfants avec elle ? Ils n’avaient encore jamais évoqué cette possibilité et pourtant, ils s’acheminaient déjà vers une forme de co-parentalité : avec Vivianne, potentiellement, et sa fille à lui, qu’il verrait régulièrement. Il s’attarda un instant sur ce que cette manière de présenter les choses éveillait chez lui comme émotions, s’attendant à retrouver la peur qui lui avait serré l’estomac ces derniers jours.

Il trouva un étrange soulagement.

« Mais c’est ma responsabilité de le faire, et si pour toi c’est impossible à envisager alors… »

Cette phrase laissée en suspens fit réémerger une angoisse informulée au fond de lui et le poussa à glisser sa main le long de la nuque de sa partenaire, pour la rapprocher de lui. Il devinait la suite logique de cette phrase et il la rejeta aussitôt :

« J’ai pas envie de te perdre. » C’était peut-être la seule chose dont il était certain à l’heure actuelle. Son front se posa contre le sien et ses doigts se glissèrent dans sa chevelure, raffermissant un contact qu’il ne voulait jamais perdre. « J’ai envie d’être avec toi dans ce que t’essayes de faire en ce moment. Si toi aussi, t’es avec moi, alors… »

Il avait l’impression que c’était le cas, en écoutant ce qu’elle lui disait. Après tout ce discours qui avait souligné les points communs qu’ils partageaient, Roy se sentait tout simplement moins seul dans ses doutes. Elle venait de lui rappeler à juste titre qu’ils étaient deux et surtout, qu’ils pouvaient affronter les changements qui se profilaient ensemble et le faire progressivement. Il n’était pas obligé de savoir tout de suite ce qu’il voulait faire, il n’était pas obligé de prendre des décisions radicales comme quitter la mafia ou quitter Avalon, pour devenir brusquement ce qu’il était sensé être et donner de la cohérence à ses choix.

En somme, il pouvait avoir ses paradoxes et avancer de cette manière, en espérant que le temps l'aiderait à les résoudre. En tout cas, Avalon le lui en laissait la possibilité, en n’attendant pas de lui qu’il change du tout au tout du jour au lendemain ou qu’il prenne un camp entre elle et le reste. Elle-même avait ses propres paradoxes, qu’elle venait justement de souligner.

Il comprit alors un peu mieux l’origine de cet espèce de soulagement qu’il ressentait mais il fut un peu maladroit à l’expliciter :

« Je… J’ai flippé ces derniers jours parce que je me disais qu’il fallait que je fasse absolument un choix, tu vois. Que je pouvais pas continuer de faire ce que je fais actuellement, tout en construisant un truc aussi sérieux avec toi. Moi, j’ai pas l’habitude de me dire que je vais me contenter de faire de mon mieux » avoua t-il avec un sourire nerveux. « Soit je gagne, soit je fais pas. Alors, il faut que j’apprenne à être plus… indulgent, je suppose. Si tu penses qu’on peut avancer comme ça, avec tout ce qu’on a de… d’imparfait, disons…  Je sais pas, disons que c’est moins flippant. Mais faut qu’on soit sérieux sur les limites qu’on pose pour rendre ça possible. »

Il recula la tête, pour pouvoir ancrer son regard dans celui d’Avalon.

« Je sais qu’on n’est pas exactement en train d’avoir des enfants ensemble. Mais c’est pas si loin. Alors faut qu’on soit sûrs de ce qu’on fait, toi et moi, et qu’on soit à l’aise dedans. »

Peut-être avait-il fait cette proposition de manière un peu hâtive et maintenant, des questions irrésolues se manifestaient à eux. Il n’était pas trop tard pour s’y confronter et tenter de les résoudre.


Roy Calder

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From dusk till dawn [Roy & Avalon] - Page 2 Icon_minitimeSam 25 Sep 2021 - 17:34
« J’ai pas envie de te perdre non plus. » déclara Avalon en faisant glisser ses mains sur la nuque de Roy. « Bien sûr, que je suis avec toi. » lui assura-t-elle dans un souffle.

Depuis le début. Depuis qu’elle avait décidé que, dans son cœur, que Roy devienne père ne serait jamais un frein à leur relation, quand bien même le contexte n’était pas idéal pour une histoire d’amour naissante. Depuis qu’elle avait estimé qu’elle l’admirait davantage pour être capable de prendre une décision aussi forte de sens qu’elle ne le désirait que pour elle-même. Depuis qu’ils se soutenaient mutuellement dans leurs réflexions, leurs doutes et leurs choix, d’une manière telle qu’ils se sentaient capables d’offrir le meilleur d’eux-mêmes. Entendre Roy prononcer ces quelques mots avait libéré Avalon d’un lourd poids qui pesait jusqu’ici sur son estomac. Ils désiraient la même chose, au fond. Peut-être la désiraient-ils encore maladroitement, sans savoir comment l’obtenir, mais leurs motivations étaient en harmonie. C’était le plus important à ses yeux ; le reste, se disait-elle, finirait par suivre aussi.

Au contraire de Roy, dont l’exigence de perfection figeait parfois les actions, Avalon avait toujours agi de manière très instinctive sur ce qui lui paraissait être le choix qui prenait le plus de sens pour elle. Elle avait été éduquée à faire du mieux qu’elle pouvait avec ce qu’on lui offrait, et avait dû apprendre à se débrouiller coûte que coûte dans des situations parfois impossibles qui ressemblaient davantage à des impasses. Elle possédait cette résilience, cette foi en l’avenir, que peu de choses avaient déjà réussi à entamer. Ce n’était pas étonnant : lorsqu’on survivait à l’enfer, on apprenait à surmonter le reste. Evidemment qu’elle était terrifiée à l’idée de mal faire, mais cela ne l’empêchait que rarement de faire. Ses décisions, Avalon les prenait souvent vite – parfois un peu trop – mais les tenait bien. C’est ce qu’elle chercha à confier à Roy, dans un sourire en coin :

« Moi, je fais, et je décide que je gagne. »

Et c’était ce que tout son discours avait voulu étayer : elle était incapable de prévoir les résultats de ses actions dans un possible futur. Elle pouvait imaginer douze scénarios différents mais ne pouvait pas les appuyer sur de réels faits. En revanche, elle savait ce qu’elle pouvait faire ici et maintenant pour changer quelque chose qui était à sa portée. Peut-être qu’elle s’apprêtait à faire une terrible erreur, peut-être Vivianne lui en voudrait-elle toute sa vie. Peut-être. En revanche, Avalon était certaine que, si elle ne faisait rien dans le simple espoir d’éviter ce scénario, elle allait laisser une situation impossible et dangereuse s’enliser, et le regretterait jusqu’à la fin de ses jours. C’était ce qu’elle s’efforçait de garder à l’esprit lorsque les choses devenaient difficiles et qu’elle doutait d’elle-même. Elle allait faire au mieux, et ce « mieux » serait alors la somme de tous les efforts qu’elle était capable de fournir. Voilà sur quoi Avalon rejoignait Roy : elle était exigeante, mais davantage envers elle-même qu’envers ce qu’on pourrait attendre d’elle. Il était insupportable pour elle d’échouer par manque d’efforts et, dans ces cas-là, elle n’avait que très peu d’indulgence envers soi-même. Mais elle se savait capable de faire ce qui était en son possible pour réussir à tenir une situation pareille, à la fois parce qu’elle en avait envie, et parce qu’elle était persuadée qu’il s’agissait de la meilleure chose à faire.

Cependant, Roy avait raison : ils étaient sur le point de prendre une décision très importante, qu’ils ne pouvaient pas prendre à la légère. S’ils s’engageaient tous les deux dans le fait d’accueillir Vivianne, il était indispensable qu’ils soient d’accord sur plusieurs principes auxquels ils ne pourraient pas déroger. Elle approuva donc ses paroles d’un hochement de tête, sans chercher à s’éloigner de lui pour autant.

« Si on s’engage tous les deux auprès de Vivianne, j’ai besoin de savoir que je peux compter sur toi. » énonça Avalon sans détour. « Parce qu’elle, elle va compter sur toi, et elle pourra pas compartimenter pour te laisser un peu de côté. » fit-elle avec un léger sourire. « C’est envers elle que tu engages ta responsabilité, pas envers moi. » lui souffla-t-elle en caressant légèrement sa joue. « Et… » poursuivit-elle, avec une légère hésitation cette fois-ci, qu’elle surpassa rapidement : « Je pense toujours ce que je t’ai dit la semaine dernière. Je veux qu’elle grandisse dans un environnement aussi préservé que possible de la mafia. De la drogue, surtout. Ça a bousillé ma famille, je veux pas prendre de risques avec elle. » Cette fois-ci, elle veilla bien à préciser : « C’est pour ça que je pensais à ta maison. Elle est trop liée aux Veilleurs, au trafic… C’est pas possible de séparer les choses, là-bas. »

Un moment de silence s’écoula entre eux, pendant lequel Avalon observa attentivement son compagnon, légèrement pensive. Elle finit par reprendre la parole, dans un ton qui n’était pas tant agité qu’apaisé par la certitude qu’elle demandait aussi ce qu’il y avait de mieux pour elle :

« Je dis pas ça que pour Vivianne, mais pour moi aussi. » Si son expression était douce, son ton, lui était sérieux. « La drogue, c’est pas un sujet que je peux prendre à la légère, Roy. Ça fait onze ans que je suis sobre mais… Mais ça fait quand même partie de moi, même si ça se voit plus trop. » reconnut-elle en hochant la tête. Elle lui confia franchement : « Parfois, je te jure, la seule chose dont j’ai envie, c’est de me défoncer. Alors, je sais gérer ça. J’ai l’habitude, je me fais confiance. Mais peut-être pas au point de vivre dans un environnement où je peux avoir accès aussi facilement à… tout ça. » Elle lui sourit doucement en posant ses mains à plat sur son torse. « C’est ma limite aussi. Je te demande pas d’arrêter quoique ce soit pour moi mais… Si on vit ensemble, c'est important pour moi que ça ne rentre pas chez nous. »


Avalon Calder

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Roy Calder
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From dusk till dawn [Roy & Avalon] - Page 2 Icon_minitimeDim 26 Sep 2021 - 21:53
De la même manière qu’Avalon, Roy se sentit soulagé de l’entendre confirmer qu’elle désirait toujours les mêmes choses que lui. Il avait conscience de ne pas avoir eu les réactions les plus appropriées et même si une part de lui avait cherché à tout faire capoter, maintenant qu’il revenait sur une posture plus raisonnée, il était soulagé de n’avoir pas réussi son coup. Ce qu’ils étaient en train de construire à deux comptait beaucoup pour lui. Ce qu’ils essayaient d’entreprendre ensemble pour Vivianne comptait aussi. Cette grande remise en question qu’il était en train de traverser l’ébranlait et le faisait douter de ses capacités, mais Roy savait qu’il n’avait aucune envie de perdre Avalon. Il préférait encore largement prendre le risque d’échouer.

Avalon, elle, avait une technique pour ne jamais perdre, qu’elle lui livra avec un sourire en coin. Le premier réflexe de Roy fut de rire légèrement en réponse et la taquiner :

« C’est donc ça l’explication de toute cette mauvaise foi chez toi. » Son sourire s’atténua alors qu’il réfléchissait plus sérieusement à ce qu’elle suggérait avec ces paroles. « Je vois ce que tu veux dire… »

Avalon avait cette force remarquable pour à la fois vivre dans son présent et croire en son avenir, une capacité qu’il admirait beaucoup chez elle. Elle savait également changer de perspective sur une situation, pour s’y présenter comme la gagnante : un talent qui lui valait cette réputation de mauvaise perdante dans des jeux, mais qui pouvait aussi s’avérer utile dans la vraie vie. Elle voyait les choses du bon côté, tout simplement.

Roy avait aussi l’opportunité de voir les choses sur leur versant positif, sur le sujet qui les occupait présentement : il pouvait passer son temps à douter de sa légitimité et de ses capacités à offrir à Vivianne ce dont elle avait besoin jusqu’à finir par ne rien faire du tout, ou alors il pouvait décider qu’il allait tout mettre en oeuvre pour la sortir d’une situation douloureuse et précaire. Dans la première version de l’histoire, il était ce mafieux infréquentable et instable qu’il ne recommandait pas dans la vie d’une enfant, dans la seconde, il était l’homme qui avait les ressources et l’envie d’aider une petite fille abandonnée. Tout ce qu’il avait à faire de son côté, c’était se demander quelle version de l’histoire il avait envie de réaliser.

Et évidemment, la femme avec qui il partageait sa vie le tirait plutôt du second côté, avec cette détermination et cet optimisme dont elle savait faire preuve. Quand Roy l’interrogea sur ses conditions, elle les déroula avec clarté, sans détour. La première pouvait faire peur, mais Roy ne chercha pas à la remettre en question : il savait de toute manière que s’il s’engageait auprès d’elle et de Vivianne, lui-même serait incapable de ne le faire qu’à moitié. Il avait tout à fait conscience de cette responsabilité qu’elle évoquait et c’était précisément la raison pour laquelle il ne prenait pas cet engagement à la légère.

« Je sais » se contenta t-il donc de répondre, dans un souffle. Ses points suivants furent un peu mieux compris que la première fois qu’elle les avait énoncés et il hocha la tête en réponse. « Ouais, c’est sûr. J’ai pas envie non plus de vous mêler à tout ça. Si on doit vivre ensemble alors… On cherchera un autre lieu. »

Un lieu neuf, vierge de tout autre souvenir que ceux qu’ils pourraient construire ensemble, et surtout loin de tout lien trop proche avec la mafia. Roy aurait pu renchérir, mais il sentit qu’Avalon n’avait pas terminé et hésitait à reprendre la parole. Ce qu’elle finit par déclarer pouvait ressembler à des évidences et pourtant, ce fut une clarification nécessaire, qui fit l’effet d’une piqûre de rappel à Roy. Ses sourcils se haussèrent légèrement de la surprise que lui causait ce discours : Avalon ne parlait jamais de cette addiction qu’elle avait eue par le passé. Elle n’en parlait tellement jamais, comme si elle ne faisait plus partie de sa vie, que finalement, Roy n’y pensait plus non plus. Ce fait lui paraissait appartenir à un passé révolu, qui n’impactait plus Avalon.

Mais c’était oublier le mécanisme d’une addiction qui, au fond, ne disparaissait jamais vraiment et constituait une lutte à vie, avec ses moments de faiblesse, voire de rechute. Avalon n’en était pas exempte, malgré ce qu’elle laissait croire.

« Parfois, je te jure, la seule chose dont j’ai envie, c’est de me défoncer. »

Cette phrase fut une gifle pour Roy, qui prit aussitôt conscience de ce que son comportement de la veille avait du générer chez sa compagne, en plus de l’agacement qu’elle avait laissé voir. Il avait précisément fait entrer de la drogue chez eux, en se présentant à Avalon dans un état qui pouvait susciter de la frustration et du manque chez elle. Un sentiment de culpabilité le saisit aussitôt et, chose rare, le poussa à s’excuser sans même réfléchir :

« Putain, Av’, je suis désolé. J’ai été vraiment con, je… » Il recouvrit de sa main celle qu’Avalon venait de poser sur son torse. « T’en parles jamais alors j’avais pas conscience que ça pouvait être encore dur pour toi. » Et pourtant cela lui semblait une évidence, maintenant qu’elle le soulignait. Il n’avait pas été assez attentif. « Ça rentrera plus chez nous » promit t-il en serrant sa main dans la sienne. « Désolé pour hier » répéta t-il sincèrement. « J’aurais même pas dû me défoncer, c’était juste… » Il eut un moment de retenue pudique, une véritable hésitation à terminer sa phrase, avant de décider que puisqu’ils jouaient cartes sur table, Avalon devait aussi connaître cette part de lui : « Parfois je fais ça quand j’ai trop de pression. »

Il aurait préféré lui dire que ses moments de shoot à la monalisa étaient associés à la fête, qu’il faisait ça juste pour s’amuser, de temps en temps, à l’occasion de soirées un peu trop arrosées. C’était par ce biais qu’il avait consommé les premières fois, dans sa prime jeunesse. Roy ne savait plus dire à quel moment son rapport à la drogue avait basculé, pour faire de lui un consommateur occasionnel attiré par cette formidable capacité qu’avait la drogue à vous tenir au-dessus de tous vos problèmes. Il avait fumé beaucoup de monalisa après sa rupture avec Juliana, au point d’en alerter ses proches et ne plus être tout à fait lui-même. Il s’était repris en main depuis et remplaçait ses joints par du tabac quand l’envie de fumer le tiraillait trop.

Jusqu’à hier, où il avait cédé à nouveau à l’appel de cette vapeur bleue tentatrice et toute la légèreté qu’elle apportait momentanément.

Un silence s’écoula, avant que Roy ne prenne conscience de la conclusion logique à laquelle cette conversation l’amenait. Une bourrasque de vent passagère lui tira un frisson. Il passa nerveusement une main dans ses cheveux, en baissant le regard sur ses genoux.

« Faut que j’arrête cette merde, moi aussi. »



Roy Calder

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Avalon Calder
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From dusk till dawn [Roy & Avalon] - Page 2 Icon_minitimeLun 27 Sep 2021 - 16:44
Son premier joint, Avalon l’avait fumé à l’âge de quatorze ans, en bas de l’immeuble où vivait ses parents, un peu avant noël. Il était assez commun, dans les groupes qu’elle fréquentait, que la drogue passe de main en main et qu’on la propose aux plus jeunes. Des jeunes qui, finalement, n’étaient déjà plus si jeunes et plus si innocents. C’était un ami de Néro qui lui avait tendu le joint, assez machinalement. Elle ne savait même plus pourquoi elle l’avait saisi ; par curiosité, peut-être, par envie d’imiter son entourage, assurément. Néro avait un peu râlé, pour la forme, mais il ne s’y était pas franchement opposé. Chez eux, c’était la norme, tous leurs amis prenaient le même chemin. Et puis, ce n’était qu’un joint ; Avalon avait tiré si rapidement dessus qu’elle en avait à peine senti les effets. Mais le mal était fait ; après avoir dit « oui » une fois, l’habitude remplaçait rapidement la nouveauté. Si la drogue avait toujours fait partie de l’univers d’Avalon, elle s’était immiscée dans sa vie personnelle d’une manière si insidieuse que la fin avait été écrite dès les prémices.  

Adolescente, elle fumait surtout auprès de ses amis, lorsqu’elle rentrait de Poudlard pour les vacances. C’était une manière de réintégrer ce monde auquel elle n’appartenait pas vraiment mais qu’elle ne pouvait pas quitter pour autant, une manière qui lui permettait autant de se faire remarquer que d’entrer dans le moule. Elle commençait à y prendre goût un peu. Les effets étaient agréables, parfois. Pas nécessaires, mais agréables. Et puis, alors qu’elle avait seize ans, Avalon avait passé une année scolaire entière à Londres. Le monde magique était tourmenté, la guerre avait éclaté, et son statut de née-moldue menaçait sa vie. Elle était restée un an chez ses parents, à tenter de renouer avec cette existence si différente de la sienne. Elle était retournée au lycée, avait passé des heures à écouter des professeurs parler de choses qu’elle n’étudiait plus depuis ses onze ans et s’était confrontée à des écarts qu’elle ne pensait pas être si grands entre son mode de naissance et son monde d’adoption. Pas vraiment là-bas, pas vraiment ici non plus, jamais entière quelque part.

L’année avait été longue et l’avait faite plonger dans le quotidien de ses frères et de ses sœurs, qu’elle évitait depuis tant d’années. La drogue, déjà présente autour d’elle, était devenue le cœur de son existence. Son père en chargeait parfois son sac ; souvent pour qu’elle la passe à quelqu’un, parfois pour qu’elle la revende elle-même. Néro, Galaad et elle étaient grands désormais ; suffisamment grands pour vendre. Et, par lien logique, suffisamment grands pour consommer. Avalon avait donc seize ans la première fois qu’elle avait testé les amphétamines. Un comprimé, un seul, dans une soirée à laquelle elle s’était rendue avec ses frères. Les effets n’avaient rien à voir ; ils étaient plus forts, arrivaient plus rapidement, duraient plus longtemps. Elle s’était sentie euphorique, sincèrement heureuse, comme si elle était capable de capturer le bonheur et d’en extraire son essence. Le contraste avec son quotidien était magistral et l’envie de retrouver ces moments s’était faite plus pressante.

En revanche, son addiction avait véritablement commencé à sa sortie de Poudlard, lorsqu’elle était revenue chez ses parents. Perdue quant à un avenir qui était de plus en plus flou, incapable de partir ou de rester quelque part, Avalon avait vu en la drogue un moyen de fuir sans fuir, de s’évader sans difficulté et sans douleur. Cette sensation d’euphorie chassait tous ses questionnements et toutes ses craintes. Elle se sentait brièvement invincible, capable de déplacer des montagnes. Survoltée, elle imaginait des projets qu’elle abandonnait dès le lendemain, dessinait compulsivement des esquisses qu’elle ne finissait jamais, promettait monts et merveilles à des personnes qu’elle ne rappelait pas. Elle finissait souvent par s’endormir, épuisée, et s’éveillait des heures plus tard avec des maux de tête et une anxiété paralysante. Alors, forcément, elle voulait recommencer. Avoir plus, ressentir plus.

Un jour, elle n’avait plus rien ressenti du tout. Et ce jour-là avait marqué le début d’un sevrage difficile où, pendant les trois premiers jours s’étaient succédées des envies incontrôlables de manger, une extrême fatigue suivie de pics d’agitation, des idées profondément noires et une impossibilité à trouver le sommeil. Les mois suivants n’avaient pas été simples non plus ; l’envie demeurait et se faisait d’autant plus pressante lorsqu’elle se sentait déprimée, stressée, angoissée. Chaque instant faisait l’objet d’une lutte contre elle-même. Être en manque et chercher à y résister, c’était toujours emprunter la voie la plus douloureuse, la plus difficile, au lieu de celle simple et désirable qui se traçait d’elle-même. Elle avait tenu bon – et devait beaucoup à Fergus pour ça – et, au fil des années, le combat s’était moins fait moins dur. L’envie était toujours là, et ne disparaîtrait probablement jamais, mais Avalon savait la gérer et la traiter. Souvent, elle n’y pensait plus. Parfois, elle ne pensait qu’à ça. Lorsqu’elle était partie de chez ses parents, la dernière fois, l’idée s’était imposée d’elle-même, comme une main secourable à de trop grands problèmes.

Mais Avalon était solide dans ce sevrage ininterrompu depuis plus de dix ans. La drogue, elle la côtoyait toujours ; la mafia, elle ne l’avait jamais quittée non plus. Les tentations étaient nombreuses et si Avalon les évitait depuis des années, certaines paraissaient plus menaçantes que d’autres. La limite qu’elle exprima à Roy était la seule qu’elle cherchait à se fixer dans cette existence paradoxale qu’elle reconnaissait mener ; celle d’une addict qui avait choisi des mafieux pour son nouveau départ. La drogue, elle la tolérait ailleurs. En soirée, lorsqu’elle observait Toni tirer sur des joints de monalisa, dehors, en boîte, chez les autres, parce qu’elle avait toujours la possibilité de partir si les choses devenaient trop dures. Mais pas chez elle.

La réaction de Roy, aussi impulsive que sincère, lui tira un sourire. « C’est rien. » lui assura-t-elle en captant son regard effaré. Il ne la laissa pas continuer, se répandant en excuses qu’elle accueillit en hochant doucement la tête. En soit, ce n’était pas de la faute de Roy ; il n’avait pas à se sentir responsable de ce que son addiction provoquait chez elle. Elle s’apprêtait à lui signifier, lorsqu’une hésitation dans le ton qu’il avait pris la poussa à garder le silence. La pudeur qu’elle décelait dans son attitude avait retenu son attention, suffisamment pour qu’elle lui laisse l’espace de terminer ce qu’il avait esquissé.

« Pourquoi » avait demandé Avalon, quelques heures plus tôt. Roy lui livrait sa réponse en baissant les yeux. « Je m’en doutais » aurait-elle pu lui faire remarquer. Elle préféra glisser une main dans sa nuque, dans une étreinte légère. Elle savait à quel point la tentation de soulager la pression avec un joint pouvait être forte, et à quel point l’effet de la drogue pouvait s’avérait être apaisant. Tout paraissait plus facile, plus évident, comme si les réponses se trouvaient à portée de main. Evidemment que Roy ne consommait plus uniquement dans des contextes festifs ; cela avait sûrement été le cas au début de sa vingtaine, comme la majorité de leur entourage. Mais il avait vu, comme elle avait vu, comme tous les consommateurs de drogue avaient vu, voyaient encore, expérimentaient toujours, les effets « positifs » de la drogue sur leur existence. La pression, c’était l’élément qui déclenchait son envie, ce qui le poussait à consommer.

Le silence qui était tombé autour d’eux fut rompu avec une dernière phrase de Roy, qui venait comme une conclusion un peu difficile à admettre, mais qu’Avalon osa approuver d’un léger hochement de tête. Elle fit courir ses doigts jusqu’à son menton pour l’inciter à relever les yeux vers elle, et se perdit un instant dans son regard.

« Si tu te sens prêt, » commença-t-elle – parce que le sevrage dépendait surtout d’une question de volonté et que cette volonté, personne ne pourrait la placer entre ses mains à part lui-même – « je peux t’aider. » Elle osa une pointe d’humour, avec un sourire en coin : « J’ai de l’expérience à revendre, il faut dire… » Et c’était toujours plus facile de pouvoir se reposer sur quelqu’un lorsque l’envie se faisait trop forte. Pendant longtemps, pour Avalon, cette personne avait été Fergus, puis Toni. « Ça devient de plus en plus facile, avec le temps. » lui assura-t-elle. Elle hésita un instant, puis décida que ce moment d’honnêteté ouvrait la voie à toutes leurs confessions : « Hier, j’étais pas fâchée contre toi parce que t’étais défoncé. Enfin, un peu mais… J’étais surtout fâchée que ça me fasse cet effet-là de te voir comme ça. C’est pas tout le temps… Tout le temps comme ça. C’est juste en ce moment, avec mes parents, Vivianne, le procès pour la garde… C’est moins facile, pour moi. » admit-elle pudiquement, avec cette expression sur son visage qui se peignait lorsqu’elle avouait des faiblesses. « Mais c’était pas de ta faute, et j’aurais pas dû t’agresser comme ça ce matin. Je savais que t’étais pas dans ton état normal non plus. » Son cœur battait un peu plus fort lorsqu’elle termina : « Mais ce qu’il s’est passé hier… ça change pas ce que je veux avec toi. Et ça résume pas la personne que t’es non plus, ni celle que tu vas devenir. »


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From dusk till dawn [Roy & Avalon] - Page 2 Icon_minitimeSam 6 Nov 2021 - 12:32
Quand Avalon lui offrit son aide avec un geste tendre, le premier réflexe de Roy fut de vouloir la repousser de son traditionnel « ça va, je gère ». Il avait toujours eu du mal à reconnaître ses problèmes et ses faiblesses, et encore plus à accepter l’aide qu’on lui proposait, retenu par sa trop grande fierté. Pourtant, il retint ce réflexe bien ancré, cette fois-ci. Il avait d’excellentes raisons de mettre son ego de côté pour s’efforcer d’évoluer. La première était une petite fille qui portait ses gènes, qui n’allait pas tarder à venir au monde et qui aurait besoin d’un père digne de ce nom. Et la seconde était face à lui. Le désir qui animait Roy d’aider et d’accompagner Avalon était bien plus forte que son envie instinctive de s’enterrer dans un déni confortable qui lui permettrait de prétendre que tout allait bien.

Alors il réprima tous ses réflexes habituels pour s’accrocher au regard si bienveillant de sa partenaire. Sa réponse fut réservée, mais sincère :

« Ok. »

Il fut plus facile pour lui de l’écouter lui confier ses faiblesses à elle, ravivées par la situation très tendue qu’elle vivait avec sa famille. Roy ressentit aussitôt de l’empathie pour ce qu’elle traversait : à sa place, il aurait probablement déjà cédé à l’idée de noyer ses problèmes dans n’importe quel type de drogue. Il lui exprima silencieusement son soutien en serrant sa main dans la sienne, sans insister davantage, car il savait ce que lui coûtait un aveu aussi intime de faiblesse : sur ce plan, ils étaient faits du même bois tous les deux.

Ce qu’elle ajouta pour le déculpabiliser toucha directement Roy et lui procura ce familier sentiment d’être à sa place, qu’elle savait si bien lui faire ressentir. Il ne savait pas comment lui exprimer par des mots sa profonde reconnaissance de l’aimer pour tout ce qu’il était, même dans ses pires vices, alors il préféra passer par le langage des gestes, bien plus naturel pour lui, en l’attirant dans ses bras. « Merci » fut le seul mot qui franchit ses lèvres, dans un souffle perdu dans sa chevelure qu’il embrassa à deux reprises. Le coeur rasséréné par leur discussion qui apaisait un peu ses doutes, il avait même un sourire quand il se détacha d’elle pour déplacer leur échange sur un registre plus léger :

« Bon, maintenant qu'on est d'accord… Je te préviens, si on doit chercher un appartement ensemble, ça sera dans Bristol. »

FIN DU RP



Roy Calder

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