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From dusk till dawn [Roy & Avalon]

Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
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From dusk till dawn [Roy & Avalon] Icon_minitimeSam 7 Aoû 2021 - 15:32
30 août 2011

« Le jugement ne sera pas rendu avant mi-septembre ? » Les sourcils froncés, Avalon tapotait la table en verre du bout des doigts. « Oui mais… » voulut-elle protester, mais son avocate coupa son argumentaire avant même qu’elle n’ait le temps de le commencer. « Je sais. » finit-elle par soupirer. « Je trouvais ça juste plus logique pour elle qu’elle soit installée dès septembre pour commencer l’année scolaire. » Elle interrompit le mouvement de sa main. « Si bien sûr, dans une école élémentaire sorcière. » Elle finit par saisir son stylo pour le faire tourner lentement. « Je m’arrangerai avec Jayce, on trouvera une solution. » Son interlocutrice reprit une dernière fois la parole. « Oui. Très bien, je passerai demain matin pour déposer les derniers papiers. Merci, bonne soirée ! »

Avalon coupa la communication et verrouilla son Pear avant de la déposer sur la table. Depuis qu’elle avait lancé la procédure auprès de la justice magique pour récupérer la garde de Vivianne, elle passait une grande partie de ses journées au téléphone avec son avocate pour construire et alimenter un dossier qui devait être aussi solide qu’inébranlable. Il y avait des preuves à apporter, des témoignages à fournir, ainsi que plusieurs enquêtes qui étaient menées par l’unité de protection infantile du département de la justice. Chaque jour avait son lot de papiers administratifs à remplir et à renvoyer, de pièces justificatives à trouver et à fournir. Et, si la procédure était largement facilitée par le poste d’Avalon au sein du ministère – et sa relation avec la directrice du département en charge de l’affaire – sa patience était mise à rude épreuve par l’administration sorcière, dont la plupart des formulaires semblaient complètement dépourvus de logique. Sa nervosité était d’autant plus exacerbée par le fait de savoir Vivianne loin d’elle. Si elle semblait s’acclimater à son nouvel environnement auprès de Jayce et Sun, Avalon la sentait triste, perdue au milieu d’un conflit familial qui n’avait jamais été aussi fort, et duquel on la tenait éloignée coûte que coûte.

Avalon aussi s’en était éloignée – physiquement du moins. Elle n’avait pas passé une nuit à Londres depuis qu’elle avait récupéré sa petite sœur. Elle était passée chez elle à plusieurs reprises pour récupérer des affaires, mais n’était jamais revenue plus de quelques heures. La capitale anglaise était, pour le moment, bien trop chargée de souvenirs qu’elle ne voulait pas remuer. Depuis quelques semaines, elle passait donc la majeure partie de son quotidien à Bristol, chez Roy. Ce dernier, plus que d’être un simple soutien dans le combat titanesque qu’elle menait, s’était révélé être un allié de choix, prêt à remuer ciel et terre avec une force et une détermination similaire à la sienne.

Installée face à une liasse de papiers qu’elle s’affairait à remplir, les sourcils froncés par la concentration, Avalon n’entendit pas Roy s’avancer derrière elle. Elle sursauta légèrement en sentant ses mains se poser dans sa nuque, et eut un sourire en relevant la tête vers lui. Elle croisa son regard un bref instant, avant de le reporter sur les documents qui jonchaient son espace de travail. Plusieurs cases étaient encore à remplir.

« Je ne veux pas t’impressionner, mais je connais mon numéro d’assurance santé par cœur. » lâcha-t-elle avec un léger rire dans la voix, en inscrivant le dernier des seize numéros.


Avalon Calder

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From dusk till dawn [Roy & Avalon] Icon_minitimeDim 15 Aoû 2021 - 13:30
En poussant la porte de chez lui en début de soirée, Roy s’attendait à retrouver Avalon dans le salon, comme c’était quotidiennement le cas depuis qu’elle avait décidé de déserter Londres. Depuis le jour où elle avait récupéré Vivianne pour ne plus la rendre à leurs parents abusifs et entamer des procédures judiciaires de demande de garde, l’environnement de Londres lui semblait hostile. Roy sentait que c’était une période où Avalon avait également besoin de soutien et qu’elle boudait en partie son appartement où elle était seule pour cette raison, alors il n’avait pas hésité à lui proposer de rester chez lui. Il y avait toujours des gens qui passaient dans sa villa, quand ce n’était pas Toni ou d’autres de leurs amis, c’était lui-même. Il rentrait plus souvent que d’habitude, d’ailleurs, pour pouvoir être avec elle et l’accompagner dans cette période difficile. Quand il sentait que sa présence aux Folies Sorcières ou dans la Voie des Miracles n’était pas forcément nécessaire, ou qu’il pouvait déléguer ses tâches, il faisait en sorte de s’éclipser pour retrouver Avalon.

Cette fois-ci, il la trouva attablée dans la salle à manger qui donnait sur le salon et lui signifia sa présence en glissant doucement ses mains sur sa nuque. Il la trouva fidèle à elle-même : souriante et prête à plaisanter, même quand elle traversait de lourdes épreuves.

« Quel talent, répondit t-il sur le même ton. Encore plus impressionnant que la mention chef de la milice sur ton CV. »

Toujours debout, il se pencha juste assez pour l’embrasser, un peu longuement, comme une marque silencieuse de son soutien. Il n’était pas bien dupe face à ce sourire entraîné : il sentait Avalon tendue sous ses mains et il entama un petit massage de sa nuque en se redressant.

« Tu fais quoi ? l’interrogea t-il. Encore des papiers pour Vivianne ?  »


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From dusk till dawn [Roy & Avalon] Icon_minitimeLun 16 Aoû 2021 - 0:38
« Mais je sais bien. » répondit-elle en hochant gravement la tête. « Je veux dire, c’est une compétence de directrice de la justice magique ça, au moins. Je vais songer à ma promotion » plaisanta Avalon en levant le visage vers Roy, au moment où ce dernier se penchait vers elle pour l’embrasser longuement.

Elle se laissa aller à cette étreinte avec un léger soupir, heureuse de retrouver sa présence. Depuis quelques semaines, leur quotidien avait pris une tournure bien différente. Avalon, qui avait complètement délaissé son appartement londonien, rentrait tous les soirs dans la villa bristolienne de Roy. Elle y prenait ses marques peu à peu, réconfortée par l’idée de ne pas affronter des soirées solitaires pendant cette lourde période qu’elle vivait. Elle sentait Roy particulièrement conciliant avec l’idée de la laisser vivre chez lui un temps et lui en était reconnaissante – bien qu’il eût été un peu moins conciliant avec certaines de ses habitudes de vie mais, maintenait Avalon avec force, c’était ce qui la rendait profondément charmante.

« Ouais. » fit-elle en faisant tourner son stylo entre ses doigts, les yeux mi-clos sous la caresse de Roy. « J’ai eu mon avocate au téléphone, elle pense que le jugement ne sera pas rendu avant mi-septembre, minimum… » Elle soupira. « Sauf que je veux inscrire Vivianne dans une école début septembre. Une école sorcière, pour qu’elle s’habitue doucement à son nouvel environnement tu vois, que ça ne lui fasse pas un choc lorsqu’elle rentrera à Poudlard. Elle sera encore chez Jayce au moment de la rentrée, mais on pourra s’arranger, je pourrais la déposer et aller la chercher en transplanant… Comme ça, » poursuivit-elle en levant les yeux vers Roy, « je peux l’inscrire dans une école proche de l’endroit où on sera, ce sera plus simple et elle aura pas à changer en cours d’année. » Son regard glissa vers la case « adresse de résidence » qui était restée vide sur le formulaire qu’elle cherchait à remplir. Il était difficile pour Avalon de se projeter avec Vivianne dans une vie en plein cœur de Londres, alors qu’elle savait que ses parents n’étaient qu’à quelques arrêts de métro de chez elle et connaissaient son adresse. Elle craignait les retombées de ce conflit juridique qu’ils se menaient, et encore plus les conséquences sur Vivianne. « Ou peut-être dans une école proche du ministère, je suis sûre de ne pas être loin… » réfléchit la jeune femme à voix haute. Elle eut un sourire un peu fatigué en songeant qu’elle devait absolument se renseigner sur les écoles élémentaires avant la fin de la semaine. « Et toi ? » l’interrogea-t-elle ensuite, « ça a été ta journée ? »


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From dusk till dawn [Roy & Avalon] Icon_minitimeLun 16 Aoû 2021 - 12:00
Toutes ces procédures judiciaires apportaient leur lot de problèmes et de paperasse qui semblaient ne jamais s’arrêter. Régulièrement, Roy retrouvait Avalon occuper à lire, écrire ou contacter son avocat, quand il rentrait chez lui. Un chez lui qui était en quelque sorte devenu un chez eux, maintenant : puisque leur cohabitation était complète et sans interruption depuis deux mois, Avalon avait pris des habitudes et laissait des marques de sa présence dans la maison. C’était de petits indices par-ci par-là : les beignets et les paquets de gâteaux trop sucrés qu’elle avait introduit dans les placards de la cuisine pour son petit déjeuner, ses jeans et ses paires de baskets préférées dans un des dressing, sa brosse à dents et ses produits dans la salle de bain attenante à la chambre de Roy, son parfum qui imprégnait le linge de maison. Alors que leur cohabitation s’était fait de manière plutôt soudaine, pressée par des événements imprévues, elle s’était paradoxalement installée avec naturel, sans qu’ils ne se posent de questions. Roy avait indiqué à Avalon qu’elle pouvait rester autant de temps qu’elle le souhaitait et ni l’un ni l’autre ne plaçait précisément une date de fin à cette situation.

Mais depuis quelques jours, Roy, lui, se posait des questions. Il savait qu’Avalon cherchait le futur lieu de vie où elle espérait pouvoir s’installer avec Vivianne si le jugement allait dans le bon sens, mais il savait aussi que tout était flou pour elle. Elle ne souhaitait pas retourner à Londres mais il était plutôt évident qu’elle avait du mal à se projeter dans un autre endroit. Elle menait ses recherches sans grande conviction, elle n’avait visité aucun appartement encore, et Roy sentait que c’était un sujet de préoccupation qui éveillait une certaine anxiété chez elle, car elle se retrouvait face à un problème qu’elle ne parvenait pas à dénouer.

Ecouter les hésitations d’Avalon au sujet de l’école où elle souhaitait inscrire sa soeur redirigeait donc les pensées de Roy vers cette question qui le préoccupait lui aussi : où allait-elle habiter dans les prochains mois ? Et aussi : avec qui ? Il avait eu le temps d’y réfléchir et examiner ce qu’il désirait, lui, de son côté.

« Ça va » répondit t-il évasivement à sa question.

Il n’avait pas forcément envie d’évoquer le détail de ses transactions de produits illicites avec Avalon et surtout, il lui semblait qu’ils avaient d’autres points plus importants à discuter. Il finit par cesser ses mouvements de massage dans sa nuque, pour s’asseoir sur la chaise à côté d’elle, en posant un coude sur la table et en se tournant dans sa direction, dans une posture qui indiquait clairement qu’il voulait lui parler.

« Tu sais… Je réfléchissais l’autre jour, déclara t-il en plantant son regard dans le sien, un peu incertain des mots qu’il convenait d’utiliser pour exprimer ses pensées. Il guettait avec un peu d’appréhension les réactions d’Avalon. « Et je me disais que vous pourriez rester ici, avec Vivianne. Enfin… Si tu le veux aussi. »


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From dusk till dawn [Roy & Avalon] Icon_minitimeLun 16 Aoû 2021 - 13:00
La réponse évasive de Roy quant au contenu de sa journée n’inquiéta pas Avalon en outre mesure ; tous les deux évitaient généralement de se raconter en détail ce qui les occupait lorsqu’ils travaillaient. Ils étaient conscients du large conflit d’intérêt qui étaient susceptible d’éloigner un des têtes de la justice magique et un éminent mafieux. Pour préserver la paix de leur couple, ils avaient tacitement décidé d’éviter de se mettre en difficulté, et évoquaient plutôt entre eux les éléments qui ne supposaient pas de profonds désaccords professionnels tant qu’ils pouvaient les éviter. Aussi, Avalon offrit simplement à Roy un léger sourire, et le laissa s’installer à côté d’elle. Elle s’apprêtait à replonger dans le dossier qu’elle remplissait, mais la position de Roy lui indiqua rapidement qu’il ne comptait pas simplement s’occuper de son côté le temps qu’elle termine. Il était tourné vers elle, le coude posé sur la table, avec l’air de celui qui hésite et qui a des mots au bord des lèvres. Avalon interrompit son geste qu’elle laissa en suspens, et se tourna plus franchement vers lui à son tour.

Silencieuse, Avalon fronça légèrement les sourcils. Roy semblait un peu nerveux, ce qui était déjà suffisamment rare pour être notifié. La suite de sa phrase la plongea dans une profonde surprise qui marqua les traits expressifs de son visage.

« Tous les trois, ici ? » répéta-t-elle en cherchant son regard, comme pour s’assurer d’avoir bien compris ce qu’il sous-entendait par là. Elle trouva la confirmation dans son regard, et hocha doucement la tête à plusieurs reprises, comme pour assimiler une proposition qu’elle ne s’était jamais autorisée à faire.

La vie d’Avalon s’apprêtait à changer drastiquement – du moins, elle l’espérait profondément. Vivianne n’était âgée que de dix ans et vivrait donc une année complète avec elle avant d’être scolarisée à Poudlard. Tout son quotidien allait être bouleversé par cette nouvelle dynamique, Avalon le savait et l’attendait autant qu’elle l’appréhendait. Une enfant ne vivait pas comme une adulte – contrairement à ce que laissaient croire ses parents par leur attitude – et avait des besoins spécifiques que la jeune femme comptait bien respecter. Elle voulait fournir à Vivianne un cadre, une stabilité, un environnement sûr et calme où elle pourrait s’épanouir, et savait que cela impliquerait forcément des sacrifices de sa part. Elle sortirait moins, n’inviterait plus autant de monde chez elle qu’elle en avait l’habitude. Sa vie allait changer, c’était indéniable mais c’était aussi – et surtout – nécessaire.

Bien que consciente de ces nombreux changements, Avalon n’avait pas su aborder avec Roy la manière dans il voulait en faire partie. Inconsciemment sûrement, elle s’était laissée porter par leur relation et la façon dont son partenaire avait su l’épauler au cours des deux mois qui s’étaient écoulés. S’il avait été difficile pour elle de se projeter dans un quelconque futur, Roy avait su être présent dans l’instant et lui apporter exactement ce dont elle avait besoin pour mener ce long combat judiciaire. Elle s’était installée chez lui, sans vraiment poser de mot sur cette cohabitation, et ils avaient modifié légèrement leur quotidien pour prendre en compte cette nouvelle donnée dans leur relation. Avalon n’avait pas vraiment réfléchi à la suite – probablement se l’interdisait-elle un peu. Roy, en revanche, semblait avoir eu une longue réflexion à ce sujet.

Il lui proposait de vivre avec lui, réalisa-t-elle avec un temps de retard. Pas seulement elle, se corrigea-t-elle intérieurement. Elle et Vivianne. Si cette idée lui avait traversé l’esprit au cours de leur nombreuses soirées passées ensemble, blottis sur le canapé de son salon, Avalon n’aurait jamais cru la verbaliser aussi vite. Qu’elle se sente prête à accueillir sa sœur était une chose – c’était à la fois ce dont elle avait envie, et son devoir en tant qu’aînée. Mais Roy n’avait pas à faire le même choix qu’elle, et ce fut d’abord ce qu’Avalon chercha à lui signaler, d’une voix un peu douce :

« Je… Attends, attends, tu m’as un peu prise par surprise, là. » fit-elle avec un petit rire incrédule.  « T’es sûr de ce que tu me proposes là ? Qu’on habite tous les trois ensembles ? Je veux dire, Vivianne n’a que dix ans, c’est encore une enfant… Je sais qu’il y aura des sacrifices que je vais devoir faire sur ma vie pour lui offrir un cadre stable et je sais que je vais le faire parce que… Eh bien c’est ma sœur, j’en ai envie et c’est ma responsabilité mais… T’es pas obligé de faire la même chose. » Elle s’accouda à son tour à la table pour mieux se tourner vers lui, eut un instant d’hésitation, avant de poursuivre : « J’aime vivre avec toi. » déclara-t-elle sans plus de préambule. « Mais c’est pas une décision qu’on peut prendre à la légère pour elle. »


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From dusk till dawn [Roy & Avalon] Icon_minitimeSam 21 Aoû 2021 - 15:33
« Oui. Tous les trois ici » répéta Roy sans ciller, malgré le noeud d’appréhension au fond de son estomac.

Il y avait réfléchi assez longuement pour être sûr de ce qu’il désirait et être capable de l’affirmer face à Avalon. Cela faisait deux mois qu’ils vivaient ensemble, même s’ils s’étaient au départ lancés dedans en songeant que ce serait temporaire. Mais maintenant qu’il voyait Avalon faire des recherches d’appartement et essayer de se projeter dans une nouvelle vie avec sa soeur, il avait commencé à ressentir une petite pointe d’inconfort dont il n’avait pas identifié tout de suite les origines. Il avait compris, un peu plus tard, qu’il n’avait pas vraiment envie de la laisser partir, qu’il espérait un peu au fond de lui que ce départ serait lointain. Il aimait bien cette vie à deux avec elle, il aimait bien la retrouver quand il rentrait ou l’attendre quand elle n’était pas encore rentrée, il aimait partager sa chambre avec elle, la rejoindre dans la douche le matin, choisir ses vêtements devant elle, faire des courses en songeant à ce qu’elle aimait manger, se chamailler sur ce qu’elle laissait traîner dans le salon, discuter longuement le soir sans devoir s’organiser pour le moment où elle allait devoir rentrer, il aimait tous ces petits moments de vie qui commençaient à créer des habitudes chez eux et il aimait la sensation d’avoir tout le temps du monde pour faire tout ce qu’il souhaitait avec elle. Faire machine arrière dans cette progression de leur vie de couple lui semblait étrange, pas vraiment à sa place.

Au fond de lui, il savait que s’il n’y avait pas Vivianne dans l’équation, il n’aurait pas hésité à l’idée de lui proposer de vivre ensemble. S’il réfléchissait uniquement du point de vue de leur relation amoureuse, il se sentait prêt à franchir ce pas. Mais il y avait Vivianne également dans cette équation et il ne pouvait pas l’ignorer, comme Avalon ne tarda pas à le souligner. La réponse qu’elle lui donna, prudente, Roy s’y attendait et il répondit ce qu’il avait maintes fois pensé répondre, en se jouant mentalement cette future conversation ces derniers jours :

« Je sais, assura t-il. J’y ai pensé. Le truc c’est que… J’ai envie de vivre avec toi. On le fait déjà, ça me fait bizarre de me dire qu’on va arrêter. Ce projet d’obtenir la garde de ta soeur, eh bien… Je suis au courant depuis le début, tu m’avais prévenu, tout comme je t’ai prévenue du fait que j’allais avoir un enfant, et ça nous a pas retenus. C'est pas quelque chose que je dois accepter maintenant, tu vois. C'est là depuis le début. Tu te souviens de ce que tu m’avais dit le soir où on s'est mis ensemble ? »

Les mots exacts d’Avalon étaient encore gravés dans sa mémoire, car ils avaient beaucoup touché Roy. Il avait compris ce soir-là qu’il faisait face à une femme capable d’aller loin avec lui, qu’ils étaient en train d’entamer une histoire sérieuse, importante, qui pourrait peut-être durer toute une vie. Et chaque jour qui était passé depuis n’avait fait que confirmer ce sentiment que son couple avec Avalon était ce genre de relation dans laquelle il pouvait se projeter loin, très loin et la présence de Vivianne ne changeait rien à cette certitude.

« "Je t’aime et cet enfant fait partie de toi. Il va représenter beaucoup pour toi alors j’imagine que pour moi aussi, quoiqu’il arrive" » répéta t-il, sans quitter sa compagne des yeux, en s’identifiant totalement à ce « je » qu’il citait. « C’est ça que tu m’avais dit. Je peux te dire la même chose au sujet de Vivianne. » Il ajouta, avec un léger sourire : « J’ai même un pas d’avance sur toi, puisque Vivianne je la connais, moi. »

Et je me suis attaché à elle, songea t-il, sans parvenir à le dire. Difficile de ne pas éprouver de l’affection pour cette jeune fille fragilisée, en quête désespérée de repères et d’affection. Ce n’était pas uniquement par amour pour Avalon qu’il avait décidé de l’aider dans cette bataille judiciaire. Quelque chose chez lui ne pouvait pas supporter la maltraitance que Vivianne avait subie et dont il avait été témoin, et ce sentiment d’injustice lui donnait aussi de l’énergie et l'envie d'être présent pour la petite fille.

« Et je me bats déjà avec toi pour elle, souligna t-il. Tu sais que je sais pas faire ce genre de choses à moitié. »


Roy Calder

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From dusk till dawn [Roy & Avalon] Icon_minitimeSam 21 Aoû 2021 - 17:27
En deux mois, Avalon avait eu le temps d’expérimenter une vie à laquelle il était difficile, à présent, de renoncer. Une vie faite de réveils doux et amoureux, de repas partagés sur la large table de salle à manger, de conversations qui les menaient parfois au cœur de la nuit. Et de rires. Les siens, pleins, entiers, amusés ou offusqués. Et ceux de Roy, provocateurs, tendres, qui imprimaient sur son visage ces sourires en coin qu’elle aimait tant. En quelques semaines, Avalon et Roy avaient bâti un quotidien qui, bien que banal, ne cessait de les émerveiller et de les surprendre. Avalon, habituée à une solitude amoureuse, s’était glissée dans cette nouvelle vie avec une facilité étonnante qu’elle mettait sur le compte de l’évidence de leur relation. Pourtant, une part d’elle avait cherché à en faire le deuil, au fur et à mesure que les démarches qu’elle avait commencées pour récupérer la garde de Vivianne se mettaient en place et s’accéléraient. Cette cohabitation était temporaire, s’était-elle rappelée à plusieurs reprises lorsqu’elle laissait ses pensées s’égarer vers un futur proche commun.

Alors, entendre Roy prendre part à ce futur qu’elle envisageait auprès de sa sœur troubla profondément la jeune femme qui observa son compagnon avec un regard un peu incertain. Lorsqu’il évoqua sa propre fille, dont la naissance ne tarderait à arriver, Avalon hocha doucement la tête. Il avait raison sur ce point : ils n’avaient jamais laissé quoique ce soit les retenir dans l’établissement de leur couple. Ils étaient ainsi faits, tous les deux : entiers et capables de saisir à bras le corps tout ce qui les touchait, de près comme de loin. Mais entre le savoir et avoir la confirmation sincère par une proposition aussi franche que celle que Roy lui faisait, il y avait un pas énorme qu’il avait franchi sans crainte. En trouvant, au fond de son regard, cette lueur pleine de certitudes, Avalon sentit un sourire poindre sur ses lèvres. D’un geste, elle vint glisser sa main dans la sienne.

« Tu t’en souviens… » souffla-t-elle simplement en le dévisageant, alors qu’il citait très exactement des paroles qu’elle avait prononcé quelques mois plus tôt. Elle secoua doucement la tête, conquise par ses paroles et serra sa main dans la sienne. Ce qu’ils s’étaient dit, ce soir-là, restait également gravé dans ses souvenirs comme l’une des conversations les plus importantes qu’ils avaient partagée. Avalon ne pouvait pas oublier cet élan qu’elle avait ressenti vers Roy, plus fort que n’importe quel doute qu’elle aurait pu avoir. A vrai dire, elle le ressentait toujours aujourd’hui, plus être plus fortement encore, à la lumière de ce futur commun qui se dessinait devant eux et qui ne voyait aucun obstacle à sa réalisation. Roy, d’une dernière parole, enjamba les dernières incertitudes qui persistaient. « Je me bats pour elle » disait-il avec un ton sérieux qui frappa Avalon par sa véracité.

Roy se battait littéralement pour Vivianne. Bien plus que n’importe quel adulte – en dehors d’elle – ne l’avait jamais fait depuis le début de sa vie.

« Tu sais que je sais pas faire ce genre de choses à moitié. »
« C’est le moins qu’on puisse dire. » commenta-t-elle avec un petit rire. « C’est fou, » poursuivit-elle alors simplement, sans le quitter des yeux, mais sans se départir de son sourire, « parfois, tu dis des choses et moi, je tombe encore plus amoureuse de toi qu’avant. » Ca aussi, c’était quelque chose qu’il lui avait dit le soir où ils s’étaient véritablement aimés pour la première fois.

Un léger silence s’installa entre eux, fait de toutes les pensées d’Avalon qui s’agitaient dans sa tête. Sa main n’avait pas lâché celle de Roy et elle réfléchissait, le cœur battant, à une décision qui s’imposait pourtant avec évidence dans son esprit.

« Moi aussi, j’ai envie de vivre avec toi. » finit-elle par lui avouer en l’observant. « J’aime vraiment ce qu’on a et j’ai pas envie d’y renoncer. Je pensais qu’on y serait obligés parce que… Eh bien, j’avais pas vraiment pensé au fait que tu te sentes prêt à vivre avec Vivianne et moi dès maintenant. » lui confia-t-elle. « Mais tu as raison. Tu te bats déjà pour elle et, vu comme ça, ça paraît presque logique qu’on l’accueille ensemble. » souffla Avalon.

Pendant un instant, ils s’observèrent. Avalon avait un sourire sur les lèvres et une lumière dans les yeux qui égayait son visage. La force des mots qu’ils venaient de se dire l’avait éloigné des détails plus pratiques, mais tout aussi essentiels. Elle reprit la parole une poignée de secondes plus tard :

« Moi aussi, je veux vivre avec toi » répéta-t-elle une nouvelle fois. « Mais Roy… » elle mordit brièvement sa lèvre, pensive, « pas ici. »



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From dusk till dawn [Roy & Avalon] Icon_minitimeLun 23 Aoû 2021 - 19:02
« Tu t’en souviens… »

Roy y répondit d’un bref sourire, en reposant sa main sur celle d'Avalon. Evidemment, il s’en souvenait. Il n’était bien sûr pas capable de citer tout ce qu'elle avait pu lui dire ce soir-là -leur conversation avait été longue et se faisait lointaine désormais- mais certaines paroles l’avaient marqué pour toujours. Celles-ci, en particulier, lui avaient inspiré le sentiment d’être pleinement accepté, soutenu et aimé, ce qui lui avait procuré un immense réconfort. Il avait alors ressenti un puissant élan vers Avalon, lui faisant prononcer des mots qu’elle reprit à cet instant face à lui. Il la regarda pendant quelques secondes, pris par surprise et touché à la fois. Un de ses rares sourires tendres et sincères qu’il réservait à son entourage le plus proche se glissa sur ses lèvres, alors qu’il comprenait qu’il venait de procurer le même sentiment de sécurité et de soutien à Avalon.

« Que veux-tu, c’est mon charme fou, ça » répondit t-il pour la taquiner.

Ses doigts s’entrelacèrent à ceux de sa compagne, tandis qu’un bref silence tombait. Roy sentait Avalon prise dans des réflexions qu’il ne chercha pas à interrompre. La décision qu’ils avaient à prendre était sérieuse, il n’attendait pas forcément une réponse tout de suite et il s’apprêtait à le dire quand Avalon finit par prendre la parole. Il fut pris de soulagement et l’appréhension qui l’avait saisi tout à l'heure se dénoua dans son ventre quand elle lui confirma qu’elle avait le même désir que lui.

« Oui. Ça me paraît logique aussi » confirma t-il, content qu’elle parvienne aux mêmes conclusions que lui. « Mais on peut aussi faire ça progressivement si tu penses que c’est mieux pour Vivianne. »

Il ne voulait pas non plus s’introduire trop rapidement et trop franchement dans la vie de la petite fille, si Avalon estimait que ça risquait de la perturber. Il n’était pas un parfait inconnu, ils avaient noué un lien tous les deux, mais c’était une chose de passer du temps avec le copain de sa soeur sur un week-end, et c’en était une autre de vivre avec. Sur ce point, il estimait que c’était à Avalon de décider. En tout cas, une chose semblait déjà certaine pour elle et elle l’avoua après un temps de silence : elle ne souhaitait pas vivre dans la grande maison que possédait Roy depuis quelques années maintenant. Il réagit aussitôt, sans comprendre tout de suite les raisons de ce refus et sans tarder à lui opposer les arguments qui lui avaient fait penser à leur proposer sa maison :

« Pourquoi ? C’est grand et sécurisé, tu as déjà pris des habitudes ici et vous pourriez chacune avoir votre espace, sans que personne ne vienne vous embêter. Et puis ça t’évite le casse-tête de devoir trouver un appartement tout en menant ta bataille avec la justice. »


Roy Calder

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From dusk till dawn [Roy & Avalon] Icon_minitimeMar 24 Aoû 2021 - 21:31
Le sourire tendre qui s’esquissa sur les lèvres de Roy fut suffisant pour qu’Avalon laisse passer sa remarque taquine sans y répondre autrement que d’un regard lumineux qu’elle lui offrit. Ses doigts noués aux siens, Avalon sentait son cœur battre légèrement plus vite, sous le coup de cette décision importante qu’ils prenaient ce soir et qui marquait un véritable tournant dans la vie de leur couple. Et ce choix, Avalon le faisait sereinement, armée de la certitude qu’il représentait ce qu’elle désirait profondément et ce à quoi elle se destinait.

« Je vais y réfléchir. » lui assura-t-elle en serrant sa main dans la sienne. « Et en parler à Vivianne, surtout. »

Sa petite sœur n’avait jamais vécu dans un environnement très stable. A vrai dire, depuis sa naissance, elle n’avait jamais eu un lieu véritablement « à elle ». Dans le logement que ses parents louaient en banlieue de Londres, elle partageait sa petite chambre avec Garlan et Morgane, et l’appartement n’offrait aucun endroit où s’isoler. Petite, elle avait été souvent baladée entre différents membres de sa famille, plus disposés à s’occuper d’elle que ses parents. Avalon l’avait souvent accueilli chez elle, mais elle avait aussi passé quelques semaines chez Célice, un temps chez Galaad, un autre chez Néro avec Yseut. Aussi, il importait particulièrement à Avalon de donner à Vivianne quelque chose dont elle avait toujours été privée : un chez-elle qu’elle n’aurait pas à quitter. Au fond, Avalon voulait offrir à Vivianne ce dont elle-même avait cruellement manqué dans son enfance : un cadre avec, pour le tenir, des adultes sur lesquels on pouvait compter. Et elle avait ce sentiment, bien ancré en elle, que Vivianne pourrait compter sur Roy. Il l’avait dit lui-même : il ne savait pas faire ce genre de chose à moitié.

En revanche, si une chose n’entrait pas dans le cadre qu’Avalon souhaitait construire pour sa sœur, c’était bien la villa dans laquelle ils se trouvaient tous les deux. Sans surprise, Roy réagit immédiatement à ce refus, en lui opposant des arguments tout-à-fait légitimes, qu’elle approuva même d’un hochement de la tête.

« C’est vrai, ta maison est sécurisée… » commença Avalon en jetant un coup d’œil à la large baie vitrée derrière elle « mais seulement de l’extérieur. » Et ce n’était pas sur ça qu’Avalon butait lorsqu’elle imaginait Vivianne entre ces murs. « Honnêtement, Roy, on ne peut pas faire vivre des enfants ici, ni Vivianne, ni ta fille. Je veux dire, il y a la moitié de ton gang qui y passe quatre fois par jour et je suis à peu près certaine qu’on peut trouver de la drogue dans ton salon. Tu sais que j’aime les Veilleurs mais je peux pas tirer ma sœur de ce milieu pour la remettre dans un environnement similaire. Même si c’est plus grand, plus propre, et qu’il y a deux piscines. Qui ne sont pas clôturées. » ajouta-t-elle d’ailleurs – parce que Roy allait avoir un bébé dans quelques mois et que sa maison était loin d’être adaptée à la sécurité d’un bambin. « Si ça ne tenait qu’à moi… Non, si ça ne tenait qu’à moi, je te dirais que j’ai pas envie de vivre dans un endroit où tu as ramené les trois quart des femmes du monde magique. » lâcha-t-elle avec un sourire en coin. « Mais là, j’ai des raisons encore plus valables ! »


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From dusk till dawn [Roy & Avalon] Icon_minitimeMer 22 Sep 2021 - 19:47
« Oui, normal, j’attendais pas de réponse tout de suite. Prends ton temps » assura Roy, en réponse à Avalon.

Un sourire s’était toutefois glissé sur ses lèvres et son coeur se faisait soudainement plus léger, alors qu’ils faisaient tous les deux un pas important dans leur vie de couple. Rien n’était confirmé, ni certain, mais ils venaient tout de même de s’avouer leur envie réciproque de vivre ensemble. Pour Roy, cela faisait quelques temps que ce désir prenait une place de plus en plus importante et évidente. De fait, il vivait déjà en colocation avec Avalon et il ne se voyait plus revenir en arrière, mais bien au contraire, officialiser cet état de fait. Quant à Vivianne, il avait beaucoup d’affection pour elle et se sentait déjà investi dans cette lutte que menait Avalon pour la ramener dans un cadre plus stable.

Cadre qu’il pensait pouvoir proposer, au sein de la maison où il vivait, mais sa partenaire ne partageait pas son point de vue. Les points qu’elle souleva pouvaient paraître comme des évidences, et pourtant, Roy n’y avait même pas pensé avant qu’elle ne le souligne. Depuis plus de dix ans, maintenant, il évoluait dans un milieu où la drogue étaient dans les conversations, dans le porte monnaie, dans les mains, dans tous les recoins, si bien qu’il ne faisait plus vraiment attention. Il avait une routine qui incluait en effet de voir régulièrement des Veilleurs passer chez lui, pour patrouiller, boire un coup ou lui déposer une malle de Gallions. Certainement, des joints de monalisa et des sachets de Volubilis traînaient dans les tiroirs, mais pas seulement : des armes, aussi, des baguettes magiques illégales. Des papiers importants, des photographies compromettantes, des objets dangereux, des potions du marché noir. Tous ces détails auxquels Roy s’était tellement habitué, qu’il en oubliait la dangerosité. Il n’avait pas cherché à y faire le tri, alors même qu’il allait bientôt devenir père lui-même, tout simplement car il n’était pas prévu que sa future fille fasse le voyage jusqu’en Angleterre avant au moins un an, voire deux, c’était son accord avec Joséphine.

Mais Vivianne était aussi une jeune enfant, qu’ils cherchaient justement à tirer d’un milieu malfamé, comme Avalon le rappela. Le trait d’humour qu’elle fit passa sous le radar car Roy était plongé dans ses pensées. D’un geste machinal qui trahissait sa réflexion, il caressa le bout de sa barbe.

« J’avais pas… vu les choses sous cet angle » avoua t-il. Et par conséquent, il n’avait pas envisagé non plus qu’emménager avec Avalon signifierait forcément changer de lieu d’habitation. Cette nouvelle donnée le perturbait dans ses plans, ce qui le fit dire : « Je sais pas trop… » Il échangea un regard avec Avalon, hésitant. « Je suis pas opposé à l’idée de bouger mais faut que je réfléchisse. T’as qu’à en parler avec Viv’ de ton côté et… On en reparle. »


******


8 septembre 2011

Les escaliers se multipliaient sous les yeux de Roy qui avait l’impression d’être revenu à Poudlard : est-ce que les marches n’étaient pas en train de bouger ? Il était à peu près sûr que si. Pourtant, son pied semblait toujours trouver où se poser sans qu’il ne tombe. Il était trop fort. Il avait célébré un gros contrat avec les Veilleurs dans la Voie des Miracles, tout à l’heure, alors il se sentait déjà comme le roi du monde, mais maintenant, il se sentait encore plus fort. Pris d’un sentiment d’euphorie, un sourire victorieux s’immisça sur ses lèvres alors qu’il avançait d’un pas un peu hasardeux sur le pallier de l’étage. Quelques lumières du couloir seulement étaient allumées, mais aux yeux de Roy, les murs étaient aussi colorés et chatoyants que pendant la dernière soirée disco du K-Club. Eux aussi, ils bougeaient, non ?

Quand il poussa la porte de sa chambre, il vit quelque chose d’encore plus lumineux au beau milieu de la pièce : la merveilleuse silhouette de sa magnifique petite amie, qui était allongée sur le lit, occupée avec son Pear. Il eut un grand sourire en s’approchant d’elle.

« Oooh mais t’es là ! »

Qu’est-ce qu’il aimait cette femme, bon sang. Elle était tellement belle, tellement drôle, elle était super forte du haut de son petit mètre soixante, et en plus, elle était trop intelligente. Mais à cet instant, pour être honnête, ce n’était pas le super cerveau d’Avalon qui attirait le regard de Roy, mais plutôt le galbe parfait de sa silhouette étendue sur le lit, et surtout, le creux de cette chute de reins lui donnait l’impression qu’il faisait mille degrés dans cette pièce, tout à coup. Mais plus que la température supposée de l’air, ce fut quelque part entre le nombril et l’entrejambe de Roy qu’un incendie se déclara soudainement : un signal sioux pour lui indiquer qu’il était temps de se déshabiller. Ses talents célèbres en séduction lui parurent s’exprimer dans toute leur splendeur quand il logea son visage dans le cou d’Avalon pour réclamer un câlin :

« Tu m’as trop manquéééé ! J’ai trop envie de toi… »

La faute à la monalisa, connue pour ses effets désinhibateurs et aphrodisiaques, qu’il avait ingurgitée plus tôt ? Peut-être.


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From dusk till dawn [Roy & Avalon] Icon_minitimeMer 22 Sep 2021 - 21:56
Avalon était rentrée tard du ministère, aujourd’hui. Une réunion s’était éternisée autour d’un dossier que la milice partageait avec les Aurors. Au sein de la justice magique, le travail en collaboration entre deux unités n’était jamais évident ; les égos des uns se heurtaient toujours à ceux des autres. Les Aurors avaient une dent contre la milice depuis des années, et notamment contre les agents qui avaient quitté leurs rangs pour devenir miliciens. Parmi eux, Avalon était loin de faire consensus et, malgré le professionnalisme des corps de police qui avaient un respect certain pour la hiérarchie, cela ne facilitait jamais les réunions qu’elle devait animer sur leurs dossiers communs. Ce soir, elle s’était retrouvée face à deux lieutenants qui frôlaient la cinquantaine, visiblement décidés à apprendre son métier à ce petit bout de femme qui s’agitait devant eux. Autant dire qu’Avalon n’avait pas apprécié la fin de sa journée.

Elle était rentrée relativement tard à Bristol, dans la villa de Roy plongée dans la pénombre. Son estomac criait famine et évidemment, aucune nourriture stockée dans les placards ne trouvait grâce à ses yeux. La journée avait été longue, et planifier une heure de plus à cuisiner – même dix minutes, à vrai dire – semblait au-dessus de ses ressources disponibles. Elle avait fini par commander un burger indécent devant lequel Roy se serait étouffé d’indignation, et l’avait dégusté perchée sur un tabouret de bar, perdue dans la contemplation d’instamag. Une douche plus tard, la jeune femme était allongée sous un simple drap – il faisait encore chaud en cette fin du mois d’août – décidée à s’endormir devant le premier film qu’elle trouverait.

L’intrigue, plutôt prenante, l’avait finalement maintenu éveillée. Elle s’était tournée sur le côté, la joue contre son oreiller, et tenait son Pear à hauteur de ses yeux. Sur la table de chevet, une lampe éclairait la pièce.

Si Avalon était plongée dans son film depuis plus d’une heure désormais, l’arrivée bruyante de Roy au rez-de-chaussée lui fit relever la tête. Il montait les escaliers lourdement, de telle manière qu’Avalon ne pouvait pas se faire de grandes illusions quant à l’état dans lequel il se trouvait. Elle se tourna au moment où il pénétra dans la chambre, et ils se firent face un instant ; elle allongée sur le lit et lui debout dans l’encart de la porte.

« Bah oui, tu voulais que je sois où ? » répondit-elle avec un petit rire, en plissant les yeux pour essayer de discerner son visage dans la pénombre.

Elle n’eut pas faire cet effort très longtemps ; Roy finit par s’approcher d’elle et Avalon put constater quelque chose très rapidement : si ses joues étaient rouges, son teint était un peu plus pâle qu’à l’accoutumée, et ses pupilles étaient largement dilatées. Avant même de sentir l’odeur très caractéristique de monalisa qui avait imprégné autant sa peau, ses vêtements que son haleine, Avalon avait compris que son compagnon n’était pas seulement sous l’influence de l’alcool dont elle percevait également les senteurs. Ce constat la fit souffler, alors que Roy s’étendait de tout son long à côté d’elle.

Pourtant, Avalon fréquentait Roy depuis des années ; ce n’était pas la première fois qu’elle le voyait sous l’influence de la drogue. Dans les nombreuses soirées qu’ils faisaient ensemble, les joints passaient souvent de mains en mains. Jamais dans celles d’Avalon, évidemment, qui depuis dix ans évitait soigneusement les substances créant de l’accoutumance. Roy, en revanche – et elle le savait, elle ne tombait pas des nues ce soir – était un consommateur plus ou moins régulier. Sur le papier, cela ne l’avait jamais profondément dérangé. Jusqu’à ce soir.

Peut-être était-ce ce décalage entre eux – elle en pyjama, épuisée par sa journée et passablement de mauvaise humeur et lui encore habillé, désinhibé par la monolisa. Ou peut-être était-ce la conversation qu’ils avaient eue plus tôt et qui s’était soldée sur le refus d’Avalon de vivre de façon permanente dans un environnement autant lié à la drogue. Peut-être encore était-ce l’impression de revivre une scène déjà vécue à maintes et maintes reprises dans sa jeunesse, soit parce qu’elle en avait été spectatrice comme aujourd’hui, soit parce qu’elle avait été – à de nombreuses fois – à la place de Roy. Quoiqu’il en soit, ces différents éléments ne mettaient guère Avalon dans un état d’esprit capable de recevoir les avances peu subtiles de son partenaire. Agacée, elle se décala un peu brusquement pour s’extirper de son étreinte.

« Ah ouais mais même pas avec un bâton tu me touches quand t’es défoncé frère, c’est mort. » lâcha-t-elle, peu charmée par ses paroles.


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From dusk till dawn [Roy & Avalon] Icon_minitimeMer 22 Sep 2021 - 22:40
Avalon était d’abord souriante. Et d’un coup, elle n’était plus du tout souriante. Roy se retrouva avachi sur le matelas, repoussé d’un brusque coup de coude par sa partenaire, sans qu’il ne comprenne pourquoi. Elle le rembarra de paroles qui le laissèrent à la fois frustré et perplexe :

« Mais ! J’suis pas ton frère » protesta t-il d’abord. Quelle idée, il ne pouvait pas être son frère et faire des choses avec elle comme se déshabiller, c’était sale. Il posa sa main sur le bras sa petite amie, en espérant la faire changer d’avis : « Même pas un bisou ? Maaaais… Moi je t’aime. Juste un câlin ? » Voyant qu’elle était inflexible, il essaya de se justifier : « J’suis même pas défoncé, j’suis… »

Sa phrase se perdit en suspens, sur une suite de mots qu’il ne trouva pas. D’abord, maintenant qu’il était allongé sur le matelas, c’était peu comme si son cerveau se mettait en mode dodo et réfléchissait moins bien. Ensuite, Avalon n’avait pas complètement tort. Elle avait même un peu raison. Il se souvenait avoir attrapé un joint de monalisa que lui tendait Toni, en se disant qu’il en prenait juste quelques bouffées. Il n’avait pas prévu de se défoncer ce soir. Il ne savait pas trop comment c’était arrivé. Simplement, à un moment donné, ce petit joint entre ses doigts lui était apparu comme une échappatoire salvatrice et il avait cessé de le faire tourner pour le garder entre ses doigts.

Echappatoire de quoi ?

En basculant sur le dos, Roy laissa son regard se fixer sur le plafond, alors qu’il peinait à constituer des pensées cohérentes. Il se sentait bizarre. Euphorique, excité, nerveux mais aussi un peu mélancolique soudainement. Bien mais pas super bien. Un peu mal, au fond, mais bien au fond. Il brisa le silence qu’il avait laissé s’étendre en se tournant légèrement vers Avalon, sans la toucher cette fois.

« T’es fâchée ? »


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From dusk till dawn [Roy & Avalon] Icon_minitimeMer 22 Sep 2021 - 23:58
L’insistance dont Roy fit preuve ne lui attira qu’un regard agacé de la part de sa petite-amie, peu convaincue par ses paroles amoureuses et peu attendrie par les gestes qu’il avait envers elle. Avalon s’était déjà amusée de retrouver Roy certains soirs, passablement éméché après une soirée un peu trop arrosée. Il en devenait très bavard, le genre à s’emmêler dans ses mots en lui promettant la lune. Elle riait de ses déclarations, un peu moqueuse, en se laissant attirer contre lui. Elle appréhendait la situation d’une manière parfaitement différente ce soir, alors qu’il était sous l’influence de la monolisa ; de toute évidence, cela faisait résonner chez elle une histoire particulière qui heurtait quelques points encore sensibles.

Et puis, c’était tout-à-fait différent de fréquenter Roy dans ces moments-là lorsqu’ils n’étaient que de simples amis, et de le vivre maintenant qu’ils étaient installés dans une relation amoureuse. D’ailleurs, il lui semblait bien que c’était la première fois qu’elle le découvrait dans un tel état depuis qu’ils étaient en couple tous les deux. Le choc venait peut-être aussi de cette nouvelle découverte, avec laquelle elle ne se sentait pas parfaitement à l’aise. Il n’était pas difficile de savoir ce qui travaillait autant Avalon ; il s’agissait de l’introduction de la drogue – et de ses effets – dans sa sphère intime, privée. Dans son lit, dans sa relation amoureuse, dans les yeux dilatés de l’homme qu’elle aimait. Avalon – qui pourtant, fréquentait des milieux où la drogue était monnaie courante – effleurait peut-être cette limite qui s’était posée autour d’elle pour la protéger de quelque chose qu’elle avait mis des années à chasser de ses pratiques. Et au fond, ce n’était pas tant par rejet de l’autre, que par crainte de voir ses propres motivations faiblir, puis céder, pour retomber dans la facilité de ce qu’elle avait été.

Aussi, Avalon resta inflexible, et Roy finit par s’allonger sur le dos à ses côtés. Un silence s’abattit dans la chambre, à peine brisé par le bruit de leurs respirations. Brusquement, l’atmosphère sembla devenir très lourde, faite de leurs réflexions respectives qui trahissaient sans le vouloir beaucoup de leurs fragilités. Finalement, son partenaire tourna un regard vers elle, eut une question un peu étouffée qu’elle accueillit en se mordant la lèvre. Elle n’était pas vraiment fâchée. Elle était de mauvaise humeur, agacée et embêtée. Peut-être un peu inquiète de ce que cet état révélait chez Roy, et du sens qu’il avait exactement à ce moment-là de sa vie – et de leur vie de couple, juste après qu’ils aient mentionné l’éventualité de vivre ensemble. Elle finit par secouer la tête.

« Je suis fatiguée, c’est tout. » prétexta-t-elle en se redressant sur un coude pour l’observer. Elle finit par déposer une brève caresse sur son front. « Je vais dormir, j’ai eu une longue journée au taf… ».

***

Mais la nuit avait été plutôt agitée ; Avalon n’avait pas l’habitude de dormir dans le même lit que Roy, sans venir se blottir dans ses bras. Elle s’était réveillée à plusieurs reprises, et avait ouvert les yeux assez tôt le matin. A côté d’elle, Roy dormait toujours. Le soleil n’était pas encore vraiment levé lorsqu’elle était partie courir, en quittant la chambre sans faire de bruit. Elle était revenue un peu plus tôt, le temps de prendre une douche et de réfléchir à ce qu’il s’était passé hier soir, à peine perturbée par la préparation du café, qu’elle faisait couler bien noir.

Finalement, à l’étage, le bruit d’eau qui avait démarré quelques minutes plus tôt se coupa. Un instant plus tard, Roy apparut en haut des escaliers.

« Tu veux du café ? » proposa Avalon d’un ton neutre, en l’observant. « J’en ai fait pour toi. »


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From dusk till dawn [Roy & Avalon] Icon_minitimeJeu 23 Sep 2021 - 19:54
Le problème avec la monalisa, ou n’importe quelle drogue de manière générale, se situait dans ce qui s’appelait une descente et suivait les quelques heures d’euphorie et d’invincibilité ressenties pendant la prise. Roy en perçut les premiers effets au début de sa nuit agitée. La sensation de froid et de chaud, en même temps, qui lui donnait de désagréables frissons. La difficulté à trouver le sommeil. Le noeud d’anxiété au fond de son estomac. Il n’osa pas perturber le sommeil d’Avalon qui était déjà fâchée contre lui et resta bien de son côté du lit. Quand il se réveilla vraiment, il eut l’impression de n’avoir pas dormi du tout. En plus d’un mal de tête caractéristique, il ressentit une pointe de tristesse qui accompagnait souvent les excès de monalisa, un sentiment qui s’accentua quand il s’aperçut qu’il était seul dans la chambre. Il mit un long moment à trouver le courage de se lever et son premier réflexe fut d’aller s’enterrer sous l’eau chaude dans la douche, dans l’espoir d’y trouver un peu de réconfort.

Quelques minutes plus tard, malgré le rafraîchissement sous l’eau, son reflet dans son miroir trahissait sa nuit difficile, entre son regard vitreux et ses cernes. Il songea avec une pointe d’amertume que ses jeunes années de la vingtaine où il pouvait enchaîner les soirées arrosées en éprouvant à peine les effets étaient bien loin : chaque excès se payait sur son visage, désormais. La seule chose utile dans ces cas-là que les années lui avaient permis d’acquérir était la perfection dans ses talents en potion, notamment pour préparer des décoctions efficaces -mais dégoûtantes- contre les gueules de bois.

Quand il descendit au rez-de-chaussée, Roy n’avait qu’une envie, boire un peu de café pour faire passer le goût de la potion et ressentir un peu de réconfort. Il n’était pas certain de trouver Avalon présente dans la maison et il ne savait pas trop dans quelle humeur il la trouverait, alors la découvrir dans la cuisine lui apporta un curieux mélange d’émotions, entre le soulagement et l'appréhension.

« Ah. » Elle adoptait un ton neutre, mais elle avait des attentions pour lui. Difficile de savoir si elle lui en voulait ou non. « Merci. »

Il s’approcha de la cafetière avec sa tasse, sans manquer l’évident malaise qui s’installait entre eux. Habituellement, quand ils partageaient le petit-déjeuner ensemble, c’était un moment bruyant, taquin ou câlin. Il l’embêtait sur les douze kilos de sucre qu’elle ingurgitait dès le matin. Elle critiquait l’amertume de son café. Elle laissait la cuillère s’enfoncer dans le pot de confiture et il râlait parce que ça salissait le manche. Il lavait ses couverts en sortant de table pour ne pas les laisser traîner dans l’évier et elle venait se blottir contre son dos en disant qu’il faisait une bonne ménagère. Une matinée normale entre eux, finalement. Rien à voir avec le silence qu’ils s’imposaient actuellement, en osant à peine se regarder.

Une attitude adulte et responsable dans cette situation consistait probablement à lancer un « je pense qu’on devrait revenir sur ce qui s’est passé hier » mais c’était sans compter sur le fait que Roy n’aimait pas parler aussi sérieusement, et encore moins lancer ce type de conversation. Avec un peu de chance, ils allaient mettre ça sous le tapis et dans quelques heures c’était oublié ? Si on n’en parlait pas, ça n’existait pas.

En même temps, ce silence était insupportable. Il fallait dire quelque chose, n’importe quoi.

« T’en veux ? » lança t-il en sortant la boîte de biscottes du placard.


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From dusk till dawn [Roy & Avalon] Icon_minitimeJeu 23 Sep 2021 - 21:12
Avalon observa Roy s’emparer de l’une de ses tasses et entreprendre de la remplir du café qu’elle avait fait couler quelques minutes plus tôt. Elle-même buvait distraitement son breuvage – un café aromatisé à la vanille dans lequel elle avait rajouté du lait d’amande – perdue dans ses pensées. Son regard s’était fait songeur, et sa main droite triturait machinalement le manche d’une cuillère, trahissant une certaine nervosité qui ne l’avait pas quitté depuis ce matin. Le silence qui s’établissait entre eux ne faisait que majorer cet état, où plusieurs émotions bataillaient sans qu’elle ne puisse véritablement les démêler. Contrairement à ce que Roy songeait, Avalon n’était pas véritablement fâchée ; le sursaut d’agacement qu’elle avait eu lorsqu’il était rentré lui était passé depuis bien longtemps. Elle se sentait davantage anxieuse, incertaine de ce qui allait ressortir de cette situation et ce qu’elle signifiait véritablement.

C’était la première fois, depuis qu’ils étaient ensemble, que Roy et Avalon étaient confrontés à un tel contexte. Jusqu’ici, ils avaient toujours été en harmonie sur le rythme de leur vie commune, et vivaient d’une façon assez similaire – si l’on omettait leurs profonds désaccords culinaires. Il y avait peu de choses que l’un faisait en s’attirant la vive désapprobation de l’autre ; curieux de nature, ils avaient davantage tendance à se laisser entraîner dans les passions et les activités qu’ils pratiquaient. Or, ils avaient heurté hier un point irréconciliable.

Il aurait été hypocrite de dire qu’Avalon était fermement opposée au mode de vie de Roy ou qu’elle condamnait violemment la prise de substances illicites. Elle n’avait jamais choisi un tel chemin, incapable de fermer la porte à un monde qui avait été le sien, qui était encore celui de sa famille et de ses plus proches amis. Elle n’y participait plus activement, ne vendait rien et ne consommait rien, mais ne l’avait jamais véritablement quitté ; c’était, au fond, tout ce qu’elle avait toujours connu. En revanche, elle avait réussi à s’en éloigner drastiquement et avait ainsi veillé à s’en tenir suffisamment à distance pour s’en protéger. Quelque chose en elle tremblait à la perspective de faire à nouveau un pas vers cet univers.

Pourtant, ce n’était rien, voulait lui souffler une voix apaisée. Roy était rentré en plein milieu de la nuit et, d’accord, peut-être avait-il consommé de la drogue au cours de la soirée mais, au fond, ce n’était pas grand-chose. Ce n’était même pas comme si cela arrivait vraiment souvent. Il n’était même pas accro, même pas un véritable addict.

Peut-être pas lui. Mais elle, si.

Et au fond, elle le resterait toute sa vie. Elle avait beau être sevrée depuis plus de dix ans, elle savait que la pente vers les enfers était bien plus facile à descendre qu’à remonter. On prenait des mois et des mois pour s’en sortir, mais il suffisait d’un seul soir, d’un seul « allez, juste pour cette fois » pour rebasculer.

Et ce point de chute, Avalon ne voulait pas l’effleurer. Brusquement, les arguments dont elle s’était servie une semaine plus tôt pour expliquer à Roy pourquoi elle ne pouvait pas faire emménager Vivianne dans la maison qu’il occupait prirent une autre teinte, beaucoup plus personnelle. Elle non plus ne pouvait pas vivre dans un environnement aussi ancré dans quelque chose qu’elle avait mis autant de temps à quitter. A l’heure actuelle, Avalon se sentait forte, solide dans ce sevrage vieux d’une dizaine d’années et capable de gérer ces envies parfois terribles ; mais qu’en serait-il demain ? Dans dix jours ? Dans dix ans ? Et comment réagirait-elle si, dans l’un de ces moments, la seule chose qui la séparait de cette envie insupportable, était un simple placard à ouvrir ?

C’était ce que son regard tendu exprimait en suivant Roy des yeux, le ventre noué par l’appréhension. Elle ne savait pas comment exprimer ce sentiment et, pire encore, elle avait peur de le faire et de les amener dans une impasse. Roy, de son côté, ne semblait pas en mener plus large.

« Ah. » fit-elle en observant le paquet qu’il avait à la même. « Euh, ouais, ok. » répondit-elle finalement en tendant la main pour attraper deux biscottes et les poser à côté de sa tasse.

Elle ne prit même pas la peine de les tartiner ; à vrai dire, elle n’avait même pas vraiment faim. Elle en cassa une en deux, et trempa machinalement un bout dans son café. Quelques secondes passèrent encore avant qu’Avalon ne relève la tête vers Roy, dans l’espoir de croiser son regard. Ses pensées tournaient rapidement dans sa tête et semblaient en même temps un peu anesthésiées, comme si elle ne pouvait jamais se fixer véritablement sur l’une d’elle. Elle se mordit légèrement la lèvre, avant de demander, un peu précautionneusement, en pesant ses mots :

« Pourquoi t’étais déchiré, hier ? »

« Pourquoi » était sa première question. Pas prononcée sur le ton du reproche, mais plutôt sur celui de celle qui ne comprenait pas vraiment – ou qui avait peur de comprendre. Avalon connaissait la drogue, elle connaissait aussi ceux qui en consommait – occasionnellement, quotidiennement, à outrance. On pouvait expliquer les premières consommations par la pression des pairs, la curiosité, l’envie de découvrir. Mais passée cette période, elles venaient davantage combler quelque chose. Un manque. Une peur. Une difficulté.


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From dusk till dawn [Roy & Avalon] Icon_minitimeJeu 23 Sep 2021 - 22:07
Avalon n’était pas en colère, finalement. Roy la connaissait assez pour savoir que si ça avait été le cas, il n’aurait eu aucun doute : elle l’aurait fusillé du regard, elle n’aurait pas cherché à lui adresser la parole. Non, elle n’était pas fâchée, elle était simplement comme lui : mal à l’aise. C’était presque pire.

Le silence s’éternisa entre eux pendant qu’ils tâchaient de prendre un petit-déjeuner. Rien n’était comme d’habitude. Avalon n’engloutissait pas quatre gâteaux d’un coup, elle grignotait avec peine une moitié de biscotte. Quant à Roy, il avait actuellement la capacité à faire la conversation d’un mollusque. Peut-être aurait-il du davantage se creuser la tête pour trouver un sujet à lancer, car cela lui aurait évité de devoir répondre à la question qu’Avalon finit par poser et qu’il n’attendait pas.

Pourquoi. Elle lui demandait pourquoi, alors que lui, il attendait des reproches de sa part, pas des demandes d’explication. Déstabilisé, il ne répondit pas tout de suite et se laissa le temps de siroter une gorgée brûlante de café, en observant Avalon. Elle n’avait toujours pas l’air fâchée, simplement tendue. Probablement perdue aussi. Déçue, certainement. Roy se sentit pris d’un désagréable sentiment de honte face à elle, contre lequel il se protégea en répondant avec désinvolture :

« Bah… Comme ça. » Il haussa les épaules, en reposant sa tasse de café. « On fêtait un contrat, on a un peu déconné, c’est tout. »

Surtout toi, oui, l’accusa une petite voix intérieure. Il n'était pas honnête, son coeur n’était pas tant à la fête, quand il avait commencé à tirer plus que de raison sur les joints qu’ils se faisaient tourner entre Veilleurs. Il savait très bien ce qu’il avait vu dans cette fumée bleue, chaude, caractéristique de la monalisa et ce n’était pas une opportunité de se divertir ; plutôt des bras tendus pour oublier ses angoisses, taire ses doutes, et se glisser dans une certaine zone de confort où il lui semblait se reconnaître, et ça, Roy se l’admettait à peine. Trouver les mots pour le reconnaître face à Avalon lui semblait hors de portée, encore plus à ce moment où il devinait une forme de contrariété, et même de déception, chez elle.

Se réfugier dans une attitude défensive fut un réflexe bien plus naturel chez lui :

« C’est un problème ? »

Et contre toute attente, ce n’était pas un « non » que plébiscitait son for intérieur, mais tout le contraire.

Dis-le, que c’est un problème, qu’on en finisse.


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From dusk till dawn [Roy & Avalon] Icon_minitimeJeu 23 Sep 2021 - 22:53
Avalon ne savait pas exactement quelle réponse attendait-elle de la part de Roy. Elle ne savait pas exactement ce qu’elle ouvrait en posant cette question, n’était même pas certaine de désirer le savoir, mais avait été incapable de s’en empêcher. L’appréhension qui creusait son estomac était un peu trop forte pour qu’elle puisse simplement se décider à l’ignorer. « Pourquoi » voulait-elle savoir, incapable de croire qu’il ne puisse s’agir que d’un hasard, que d’une coïncidence. Pas maintenant, pas à ce moment précis de leurs vies, pas après la conversation qu’ils avaient laissé en suspens quelques jours plus tôt.

Pourtant, c’était bien ce que Roy maintenait, un peu nonchalamment, en haussant les épaules. Une fête qui avait un peu trop duré, un contrat à célébrer. Instantanément, Avalon se tendit, les doigts crispés autour de sa tasse de café qu’elle ne buvait plus. C’était peut-être encore plus difficile pour elle de faire face à une telle justification, et cela se ressentit dans son attitude qui, brusquement, se referma. Avalon se contenta d’hocher la tête avec raideur, sans quitter Roy des yeux.

« C’est tout » disait-il, en heurtant des points sensibles chez elle. C’était tout, répéta une voix dans le for intérieur d’Avalon, pas de quoi en faire un drame. Une simple soirée un peu festive ; il n’était ni le premier ni le dernier à en vivre. D’accord, peut-être que cela faisait douloureusement écho à une envie vive chez elle, qu’elle ressentait férocement depuis qu’elle s’était lancée dans son combat judiciaire contre ses parents, mais elle la gérait plutôt bien, après tout. Et puis, c’était son problème, pas celui de Roy. Sa responsabilité, pas la sienne. Sa vie. Cela faisait déjà dix ans qu’elle n’avait pas touché à une seule drogue. Pas une seule pilule, ni même un médicament contre la douleur. Elle n’allait pas flancher à la moindre difficulté, elle n’était pas comme ça.

Avalon se mordit la lèvre, en proie à des dilemmes intérieurs qui ne la laissaient pas tranquille. Quoique cette voix tentatrice puisse lui souffler, le poids dans son estomac ne s’allégeait pas pour autant. Un poids salvateur, qui l’empêchait de fermer les yeux sur un élément bien trop important pour être enterré : sa propre sécurité. Aussi, quand Roy reprit la parole, sa question la heurta de plein fouet, comme s’il venait de la gifler. Elle eut presque un sursaut en se redressant pour l’observer. « C’est un problème ? » demandait-il, comme si elle ne lui avait jamais fait part de son avis sur la question une semaine auparavant, comme si une partie de sa vie personnelle et familiale n’avait pas été détruite par la drogue qui s’était immiscée partout dans son histoire. Elle l’observa un long moment sans rien dire, avant de lâcher, du bout des lèvres :

« Visiblement pas pour toi. »

Avalon croisa les bras sur sa poitrine, dans une posture volontairement défensive. Elle ne croyait vraiment pas à la coïncidence, et reliait assez facilement cet évènement nouveau aux lourdes décisions qu’ils étaient en train de prendre pour leur futur. Peut-être Roy s’était-il ravisé, en mesurant ce qu’elle lui demandait. Peut-être était-ce sa façon de le lui dire, sa manière de lui exprimer qu’il refusait de changer son quotidien. Elle finit par faire claquer sa langue contre son palais, visiblement nerveuse.

« Si tu veux me dire quelque chose, dis-le maintenant, hein. »



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From dusk till dawn [Roy & Avalon] Icon_minitimeVen 24 Sep 2021 - 19:44
Et voilà, la colère arrivait. Roy la voyait apparaître comme une lueur au fond du regard de sa partenaire, une note dans le ton qu’elle prenait. Elle était de toute évidence heurtée par ses propos et Roy ne chercha pas spécialement à corriger le tir : lui-même se sentait sous tension, pressé par des questions auxquelles il ne voulait pas répondre. Ce « pourquoi » d’Avalon arrivait trop vite, trop brusquement, à un moment où il se sentait vulnérable et bien en peine de s’expliquer son propre geste. Elle essayait de tirer sur le voile qui recouvrait pudiquement des questionnements et des doutes enfouis chez lui, ce qu’il vivait actuellement comme une agression. Non, il n’avait pas envie d’expliquer à Avalon ce qui se passait dans sa tête, pas tout de suite, en tout cas, et quand Roy n’avait pas envie de s’ouvrir, il était impossible de le voir céder du terrain aussi facilement.

Alors, à son tour, il se braqua un peu, en répondant de manière brève :

« Non, j’ai rien à dire. C’est toi qui me pose des questions mais j’ai répondu. »

Il aurait pu dire « désolé, je n’ai pas envie d’en parler pour le moment » mais cela aurait ouvert une porte qu’il n’était pas certain de vouloir ouvrir. Etaient-ils obligés d’en parler, vraiment ? Pour le moment, Roy avait plutôt envie de mettre ça derrière eux et passer à autre chose. Il sentit toutefois qu’il faisait preuve d’une mauvaise foi qui ne lui rendait pas service et qui semblait blesser Avalon alors il tenta de mettre un peu d’eau dans son vin :

« J’aurais pas dû rentrer comme ça » admit-il. Il avait bien senti qu’Avalon n’avait pas du tout apprécié de le voir dans cet état la veille et il pouvait deviner pourquoi.  « Ça se reproduira pas » promit-il en espérant clore la conversation de cette manière.

Heureusement, Avalon n’insista pas davantage, mais le malaise ne disparut pas pour autant entre eux. Ils ne s’éternisèrent pas sur le petit-déjeuner et partirent rapidement vaquer à leurs occupations, dans une volonté évidente de prendre l’air.

Tous les efforts que Roy concentra à ne pas repenser à cette histoire pendant le reste de la journée furent vains. Ce n’était pas la première fois qu’il se disputait avec Avalon mais ils réglaient généralement le problème très vite, et surtout, ils n’hésitaient pas à laisser éclater leur colère et se dire le fond de leurs pensées, avant de trouver un terrain d’entente. Ils fonctionnaient de manière assez similaire face au conflit tous les deux : ils criaient un bon coup pour marquer leurs limites, avant de trouver des compromis et passer rapidement à autre chose sans se garder rancoeur.

Cette fois-ci était bien différente. C’était la première fois que la communication s’avérait si difficile avec Avalon au sein de leur couple, ce qui tracassait Roy, et au fond de lui, il savait pourquoi : c’était lui qui n’arrivait pas à parler. Cette difficulté occupa tellement son esprit qu’il finit par s’en ouvrir à Jayce, en fin de journée, au détour d’une discussion qui démarrait sur tout à fait autre chose.

Il aurait pu se livrer pendant des heures aux conseils avisés de son meilleur ami qui le poussait comme toujours à se poser les bonnes questions. Mais il n’eut que quelques dizaines de minutes, car ils furent interrompus par l’arrivée bruyante des filles qui rentraient de l’école, en compagnie de Sundari. Meera et Chandra se jetèrent rapidement dans les bras de leur père, tandis que Vivianne s’approchait de Roy avec un grand sourire surpris :

« Oooh mais je savais pas que tu serais là ! T’es venu avec Avalon ?
-Euh… Non, pas cette fois, avoua t-il.
-Elle est sensée passer, elle m’a envoyé un message à l’instant, elle devrait pas tarder, annonça Sundari en rentrant dans le salon tout en se débarrassant de ses affaires. Elle ne t’a pas dit ? »

Mais elle sentit à un échange de regards avec Jayce et Roy qu’elle avait mis les pieds dans le plat d’une situation gênante et eut le réflexe de changer de sujet :

« Enfin bref, elle arrive dans quelques minutes ! Vivianne, ma puce, tu veux prendre un goûter ? 
-Attends, d’abord je veux montrer un truc à Roy ! »

L’affection et l’attention que lui portait Vivianne faisait habituellement plaisir à Roy mais cette fois, il se sentit pris d’un mélange d’émotions contradictoires en la voyant accourir vers lui. Il s’efforça de cacher ce sentiment étrange de ne pas être tout à fait à sa place derrière un sourire : Vivianne n’avait pas besoin de se confronter à ses états d’âme, alors il essaya de lui donner le change le mieux possible.

« Oh wahou c’est beau, c’est quoi ? » l’interrogea t-il en la voyant revenir avec une grande feuille de papier remplie de dessins colorés.

Elle prit place sur l’accoudoir du fauteuil où se trouvait Roy, dans une position plus confortable pour lui dérouler ses explications sur ce dessin fait de plusieurs étages et plusieurs compartiments, trahissant déjà un esprit rationnel et ordonné chez elle.

« C’est notre projet en arts plastiques ! On devait représenter la maison idéale selon nous. » lança t-elle, sans s'apercevoir que sa soeur venait de passer le pas de la porte du salon.


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From dusk till dawn [Roy & Avalon] Icon_minitimeVen 24 Sep 2021 - 21:15
La position défensive qu’adopta immédiatement Roy braqua Avalon, qui l’observa en fronçant légèrement les sourcils. Bien trop fière pour relancer la conversation après un tel rejet, elle demeura muette, la nuque raide et le visage fermé. Un peu blessée par l’attitude de son compagnon et nerveuse de ce qu’elle sentait encore planer entre eux, elle ne réagit qu’à peine à ses excuses. Un simple « Ok. » accompagné d’un hochement de tête, vint conclure cette conversation désagréable qui lui laissait un goût amer en bouche. Avalon ne s’éternisa pas dans la cuisine, et quitta rapidement Bristol pour se rendre à Londres, où la perspective d’être submergée de travail pour le reste de la journée lui paraissait pour une fois réjouissante. Malheureusement, cette manœuvre ne rencontra pas un franc succès, et Avalon sentit une agitation nerveuse demeurer en elle, la rendant irritable. Elle passa ses nerfs sur deux jeunes recrues qui avaient supprimé malencontreusement des fichiers dans leurs dossiers, et n’en tira qu’une brève satisfaction. Ses pensées ne parvenaient pas à quitter les récents évènements, qu’elle se trouvait de surcroît incapable d’analyser. Roy s’était borné à quelques phrases sèches pour expliquer quelque chose qui, pour elle, revêtait une importance particulière. Ne lui restait que quelques suppositions et, pour l’instant, Avalon était bien trop amère pour les explorer davantage.

Elle passa la majeure partie de la journée entre les quatre murs de son bureau, pendue au téléphone avec Vargas pour récupérer leurs dossiers supprimés, ce qui n’arrangea guère son humeur. Profondément inefficace dans le reste de son travail, Avalon quitta les lieux sur les coups de dix-sept heures, juste après avoir envoyé un message à Sundari pour lui demander si elle pouvait passer voir Vivianne, sortie de l’école un peu plus tôt. Elle ne pensa pas à prévenir Roy de ce changement dans son emploi du temps – après tout, ils n’avaient rien à se dire – et transplana depuis une ruelle de Londres. En remontant la rue jusqu’à la maison occupée par la famille Bowers, Avalon veilla à mettre de côté ses sentiments personnels, soucieuse de ne pas les afficher face à sa petite sœur, qui était déjà suffisamment troublée depuis quelques semaines. Malgré une acclimatation assez aisée dans sa famille d’accueil – ce qui était permis à la fois par son caractère social et par l’attention que les Bowers lui portaient – Avalon sentait Vivianne beaucoup plus fragile. Elle pleurait souvent, profondément inquiète et isolée de tout ce qu’elle avait toujours connu à Londres. Elle n’avait pas revu ses parents depuis le mois d’août et, quand bien même Avalon veillait à passer la voir aussi souvent que possible, cela ne remplaçait pas une présence quotidienne. Les choses allaient cependant un peu mieux depuis qu’elle avait repris l’école.

La porte d’entrée de la maison s’ouvrit sur le visage souriant de Sundari, qu’Avalon salua chaleureusement – les deux femmes étaient très souvent en contact depuis quelques semaines, ce qui les avait indubitablement rapprochées.

« Vivianne est dans le salon, » lui indiqua Sundari, précédant sa question. Elle ajouta en revanche un élément auquel elle ne s’attendait pas : « Roy est avec elle. »
« Ah, d’accord » répondit Avalon, un peu embarrassée à son tour. Sun eut cependant le bon goût ne rien relever, et de s’effacer pour la laisser se diriger vers la pièce de vie.

Elle n’y fit qu’un seul pas, s’arrêtant dans l’encart de la porte, le regard attiré par une scène bien plus douce que ne l’avaient été ses pensées depuis hier soir. Vivianne était plongée dans une grande explication, en tenant devant Roy un dessin aux couleurs vives. Elle lui montrait plusieurs éléments, en cherchant visiblement son approbation car elle ne cessait de tourner son regard vers lui. Un sourire finit par étirer les lèvres d’Avalon, apaisant ce conflit qu’elle nourrissait et qui, face à cette image, n’avait plus exactement le même sens – ou, tout du moins, ne paraissait plus complètement irrésolvable. Le bruit de la porte derrière elle finit par trahir sa présence à Vivianne, qui se tourna vers elle.

« Aaaav ! » s’exclama-t-elle en souriant, alors que sa grande sœur s’approchait d’elle pour l’embrasser.
« Ça va ma puce ? » interrogea-t-elle en s’installant derrière elle sur l’accoudoir où elle était perchée.
« Regarde ce que j’ai fait à l’école ! » répondit-elle plutôt, sans se soucier de la question. « C’est mon projet en art plastique, pour ma maison idéale ! »
« Wow, » fit Avalon en se penchant légèrement pour l’examiner, « mais y a beaucoup de pièces dis donc ! »
« Bah oui, » fit Vivianne sur le ton de l’évidence, « une par activité, comme ça c’est bien organisé et c’est pas le bazar dedans. »
« C’est malin. » commenta sa grande sœur avec un rire. « C’est quoi tout ça ? » l’interrogea-t-elle en désignant une série de pièces un peu similaires.
« Des chambres, » expliqua Vivianne, « pour que pleins de gens puissent venir et dormir. Ça c’est celle pour Mo’, avec son doudou. » montra-t-elle en désignant une forme rouge posée sur un lit (Morgane dormait en effet toujours avec son doudou, une couverture rouge d’enfant.) « Et là c’est nous trois ! »
« Nous trois ? » reprit Avalon en baissant les yeux vers Vivianne.
« Bah oui, t’as dit qu’on irait peut-être vivre avec Roy, alors je nous ai mis tous les trois dans le salon. Regarde, là. » Son doigt se posa sur les silhouettes de trois personnages.

Le cœur d’Avalon se gonfla un peu. Le nœud dans son estomac était loin d’être défait mais il lui semblait qu’il ne pesait plus aussi lourd, et qu’elle ne tenait plus à le maintenir à cette place, dans une forme de rancœur qui allait de pair avec la colère et le désagréable sentiment de rejet. Un peu timidement, Avalon tenta un regard vers son compagnon. Ils se dévisagèrent un instant en silence. Puis, dans un geste de paix, elle glissa une main dans son dos.

« Et j’ai mis un chat aussi. » commenta Vivianne, tirant Avalon de sa contemplation.
« Un chat, ben voyons. » s’amusa l’aînée.
« Mais c’est hyyyyyper mignon ! Ou des poules, comme Jayce et Sun ! »




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From dusk till dawn [Roy & Avalon] Icon_minitimeVen 24 Sep 2021 - 22:18
Quand Roy aperçut Avalon dans l’encadrement de la porte, tout en écoutant Vivianne lui détailler son dessin, il échangea brièvement un regard avec elle. C’était difficile de dire dans quel état d’esprit elle se trouvait. Sans doute préoccupée, c’était assez évident qu’elle n’avait pas passé une très bonne journée, elle avait les traits plutôt tirés et le léger sourire sur ses lèvres n’était pas aussi lumineux que d’habitude. Et pourtant, elle souriait, malgré tout, parce qu’elle faisait face à sa petite soeur qui pouvait attendrir n’importe quel coeur et parce que quand ça concernait Vivianne, elle était capable de puiser dans des ressources insoupçonnées en elle pour agir comme il le fallait. Roy en avait une nouvelle preuve sous ses yeux, dans ce sourire sincère qu’elle offrait à Vivianne et il songea que c’était l’une des choses chez Avalon qu’il aimait le plus.  

Cette tendresse qu’il ressentait pour elle, mais aussi pour ces moments qu’il partageait avec elle et Vivianne, furent comme un couvercle sur la boule d’émotions nerveuses et complexes qui l’avait agité tout à l’heure. Il choisit de se concentrer sur le moment présent et offrir lui aussi des sourires sincères à la petite fille qui semblait si ravie de leur expliquer son projet.

« Une par activité, comme ça c’est bien organisé et c’est pas le bazar dedans, déclara t-elle, en s’attirant tout le respect de Roy qui était si rigide sur le rangement et la propreté.
- C’est malin.
- C’est brillant, même » renchérit t-il.

Il retint une boutade à l’égard d’Avalon : il ne savait pas encore s’il pouvait se permettre de souligner que sa soeur avait le bon goût d’être mieux organisée qu’elle ou s’il risquait de se récolter un regard noir. Il eut bientôt sa réponse, quand Vivianne fit un commentaire qui les laissa tous les deux songeurs. A cet instant, Roy ressentit un mélange de culpabilité et d’espoir dont il cernait mieux les tenants et les aboutissants, depuis qu’il avait pu échanger avec Jayce. Il attrapa d’ailleurs le regard entendu de son meilleur ami, assis face à eux, qui semblait deviner ce qui se passait dans sa tête. Son regard passa à Avalon et Roy sut qu’elle laissait, elle aussi, tomber quelques unes de ses barrières. Il accepta, avec un certain soulagement, l’offre silencieuse de paix qu’elle lui fit en posant sa main dans son dos. Plus à l’aise, il participa à la conversation :

« Un chat, c’est trop chouette » approuva Roy, dans l’espoir de lui ôter cette idée saugrenue qu’elle avait d’adopter des poules. « En plus, tu pourrais l’emmener avec toi à Poudlard, ils acceptent les chats là-bas. 
-Oh c’est vrai ? S’extasia Vivianne. Aaaav’, je pourrai avoir un chat, diiiis ? »

Ils restèrent encore un moment à profiter de la présence de la jeune fille qui avait toujours beaucoup de choses à raconter. Dans d’autres circonstances, ils auraient pu rester dîner, comme le leur proposa d’ailleurs Sundari, mais les deux amoureux déclinèrent d’un commun accord : ils sentaient qu’ils avaient à se parler tous les deux, ce qui les empêchaient d’avoir le coeur à faire la conversation toute une soirée. Après avoir chaleureusement souhaité bonne nuit à Vivianne, ils quittèrent ensemble la grande maison et se retrouvèrent sur le perron. Roy se tourna vers Avalon en lui tendant sa main :

« Ça te va si on prend un peu l’air avant de rentrer ? »

Il attendit qu’elle lui donne son accord pour focaliser son esprit vers la destination qu’il imaginait : celle où il aimait se réfugier précisément quand il avait besoin de réfléchir. Il avait déjà partagé à Avalon ce coin isolé en surplomb de la mer, aux débuts de leur relation balbutiante, et ils avaient eu l’occasion de revenir ensemble quelques fois depuis. Quand ils atterrirent, Roy garda la main de sa compagne dans la sienne. Il fit ce qui le démangeait depuis tout à l’heure et l’attira doucement contre lui, en signe de paix, mais surtout d’excuses silencieuses. Ses mots furent aussi sa manière à lui de lui demander pardon :

« Je t’ai même pas embrassée ce matin. »


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From dusk till dawn [Roy & Avalon] Icon_minitimeVen 24 Sep 2021 - 23:19
La main d’Avalon s’était posée au milieu du dos de Roy, dans une caresse silencieuse qui signifiait autant « je ne veux plus me battre » que « je suis là ». Son pouce traçait des cercles réguliers, retenant une partie de l’attention de la jeune femme sur ce contact tendre, le premier depuis plusieurs longues heures. Rien n’avait été dit, et pourtant la tension entre eux semblait s’être apaisée. La présence de Vivianne y était pour beaucoup, de même que cette bulle presque familiale dans laquelle elle les incluait avec une étonnante facilité. Le regard d’Avalon ne cessait d’accrocher les trois silhouettes qu’elle avait dessiné, si bien qu’elle ne réagit pas immédiatement à sa question. Cette dernière, maligne, en profita :

« Ça veut dire « peut-être » ? » demanda-t-elle en levant les yeux vers son visage. Avalon lui sourit et tapota doucement sa joue.
« On verra. » répondit-elle, s’attirant une moue de la part de sa petite-sœur. « Promis, on verra quand tu seras installée, d’accord ? »

Raisonnable, la petite fille hocha la tête, puis entreprit de raconter une anecdote sur sa nouvelle école, où elle avait fait sa rentrée quelques jours plus tôt. Malgré ses efforts, Avalon se sentait un peu ailleurs. Pensive, elle observait Roy qui échangeait avec Vivianne avec un intérêt non feint. Le moment perdura encore un peu et ne cessa de gagner en chaleur, jusqu’à ce que s’échappe de l’attitude de la jeune femme toute froideur conservée de leur dernière discussion. Un peu avant le dîner, Roy et Avalon prirent congé de la famille Bowers et de Vivianne, tous deux conscients que l’heure n’était pas tant au repas qu’aux aveux. Ils se retrouvèrent ensemble sur le perron, derrière la porte close, et s’observèrent un instant.

« D’accord. » accepta Avalon, soulagée d’une telle proposition, qu’elle espérait mais ne se sentait pas légitime de faire après ce matin.

Elle saisit la main de son compagnon, et se sentit partir vers une destination dont elle perçut l’odeur caractéristique avant même d’ouvrir les yeux. L’air chargé par les embruns avait cette senteur particulière qu’elle commençait à reconnaître sans mal. Ce n’était pas la première fois que Roy et Avalon prenaient le chemin de ces falaises pour lancer entre eux une conversation qu’ils savaient délicate. Ce lieu avait quelque chose d’apaisant dans son essence – le bruit de la mer qui venait s’écraser sur les rochers, peut-être – et avait le don de libérer leur parole. Toutefois, ni l’un ni l’autre ne se précipita pour la prendre. Au contraire, ce fut silencieusement qu’Avalon se laissa entraîner contre son compagnon, les yeux mi-clos. Elle fit glisser ses bras dans son dos et se blottit contre lui, posant sa tête contre son épaule dans un geste serein. Son commentaire finit par lui tirer un sourire.

« Ça devrait être considéré comme un délit » souffla-t-elle en relevant les yeux vers lui. « Franchement, on a mis des gens en prison pour moins que ça. »

Sa tentative d’humour fut coupée dans le baiser qu’elle déposa sur les lèvres de Roy. D’abord un, puis un second, un troisième, un quatrième, qui gonflèrent son cœur et semblèrent remettre les choses dans leur ordre, enfin. Avalon ne se détacha pas tout de suite de son compagnon ; à vrai dire, elle préférait rester enlacée contre lui pour ne pas avoir à affronter son regard dès à présent. Un peu incertaine, la jeune femme ne lança pas leur discussion aussi frontalement qu’elle en avait l’habitude – elle considérait d’ailleurs que c’était à Roy de le faire, vu comment il avait réagi lorsqu’elle l’avait questionné un peu plus tôt. A ce sujet, une certaine pointe de culpabilité sembla poindre dans son estomac, comme une piqûre désagréable qu’elle ne pouvait soigner seule. Elle finit par relever les yeux pour admettre :

« C’était nul ce matin, pardon. »


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From dusk till dawn [Roy & Avalon] Icon_minitimeSam 25 Sep 2021 - 0:06
Ce lieu isolé, en surplomb d’un paysage immuable et contemplatif, avait le don de pousser aussi bien à la confidence qu’à la réflexion. Loin de l’agitation et des regards d’une ville qu’il connaissait trop bien, Roy se sentait plus anonyme ici, plus tranquille. C’était le meilleur endroit auquel il pouvait penser pour la discussion qu’il voulait avoir avec Avalon. Il cernait un peu mieux ce qu’il avait envie, ou en tout cas devait, lui dire.

Mais il commença par puiser un peu de courage dans une longue étreinte avec elle. Soulagé de la sentir réceptive, il glissa ses mains dans son dos.

« Tu as mis des gens en prison, tu veux dire. » Son humour noir fit surface : « Moi par contre, j’ai torturé des gens pour moins que ça. »

Puisqu’ils s’autorisaient à plaisanter, Roy considéra qu’ils étaient cette fois-ci dans de bonnes dispositions pour s’ouvrir l’un à l’autre. Il accueillit les baisers de sa partenaire avec tendresse et réconfort, après cette longue nuit et cette pénible journée passée à lui tourner le dos, et il y trouva le courage qu’il cherchait. Avalon fut toutefois plus rapide que lui à lancer le sujet, en lui présentant des excuses qu’il n’attendait pas. Il réagit aussitôt, en secouant la tête :

« T’excuse pas, c’est pas ta faute. » Le ton était monté des deux côtés, mais Roy savait qu’Avalon avait des raisons légitimes de lui en vouloir, tandis que lui, il l’avait repoussée simplement par refus de se confronter à elle et répondre à ses questions. Il reconnut enfin : « C’est moi, j’ai merdé. » Roy s’arrêta sur cet aveu, les yeux plongés dans ceux d’Avalon qui de toute évidence, attendait une suite. Il décida assez vite que ce contact visuel ne l’aidait pas à éclaircir ses pensées et à mettre de l’ordre dans les mots qui s’emmêlaient dans sa tête. « Viens. »

D’un geste de la main, il l’entraîna un peu plus loin et l’invita à le rejoindre sur l’herbe, dans une position où il pouvait garder contact avec elle sans la regarder dans les yeux : il l’incita à s’installer au sol, entre ses jambes, et la laissa appuyer son dos contre son torse, tandis qu’il passait ses bras autour de sa taille. Ce n’était plus les deux grands yeux bruns interrogateurs d’Avalon qui lui faisaient face, de cette manière, mais le mouvement incessant et lointain des vagues jusqu’à l’horizon. Les aveux devenaient tout à coup bien plus faciles à faire.

« Tu sais… Quand on a parlé d’emménager ensemble, avec Vivianne… Tu m’as dit que tu voulais pas remettre ta soeur dans le même genre d’environnement que celui de ta famille. Et c’est normal, tu as totalement raison de vouloir lui donner le cadre le plus sain possible. Mais, je… » Il s’arrêta de longues secondes, la suite de ses mots noués quelque part au fond de lui. « Je ne sais pas ce que j’ai à offrir de tellement différent, moi. »


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From dusk till dawn [Roy & Avalon] Icon_minitimeSam 25 Sep 2021 - 10:04
Avalon ne s’excusait pas souvent – sa fierté l’en empêchait la plupart du temps. Le moment qu’ils avaient passé avec Vivianne avait permis d’apaiser suffisamment son orgueil pour la rendre ouverte à des excuses. Si elle considérait que les torts étaient largement partagés par son compagnon, elle reconnaissait ne pas avoir agi particulièrement bien envers lui non plus. Qu’il reconnaisse sa faute en admettant être à l’origine de ce conflit stérile la rasséréna à son tour et, si elle se garda bien d’approuver ses paroles, elle leva les yeux pour attraper son regard. Cependant, Roy ne tarda pas à rompre ce contact pour la guider plus loin dans l’étendue d’herbe qui surplombait la mer. Avalon se laissa entraîner à sa suite et prit position comme il le lui intima, appuyant son dos sur son torse, une main posée sur sa cuisse qui entourait son bassin et ses jambes.

Les yeux perdus dans la contemplation de l’océan agité face à elle, Avalon ne parvenait pas à se départir d’une certaine pointe d’appréhension au creux de son estomac, nerveuse à l’idée qu’il confirme certaines hypothèses qu’elle avait construit au fil des heures silencieuses qui les avaient séparés. Mais aucune ne s’approchait de ce que Roy lui confia, dans une phrase un peu étouffée.

« Attends quoi ? » fut sa première réaction, un peu vive, qui témoignait de sa surprise. « Mais c’est pas du tout ce que je voulais… »

Le reste de sa phrase mourut sur ses lèvres. Ce n’était pas ce qu’elle avait voulu dire, mais c’était bien le parallèle qu’elle avait tracé, un peu maladroitement. Elle avait en effet comparé l’environnement de sa famille avec celui dans lequel travaillait Roy depuis des années. Et cette comparaison n’était pas quelque chose qu’elle pouvait réfuter : la mafia restait la mafia, qu’il s’agisse des bas-fonds de Londres ou des hautes sphères de Bristol.

« Roy… » souffla Avalon en allant chercher sa main pour y entrelacer leurs doigts. Elle fut tentée de se retourner pour le regarder, mais se ravisa au dernier moment pour conserver cette position qu’il lui avait fait prendre. Quelques secondes de silence s’écoulèrent où le contact réconfortant de leurs mains fut la seule réponse d’Avalon. Cet élément venait éclairer plusieurs points et détruire la plupart des inquiétudes qu’elle avait nourri aujourd’hui. Le rejet dont il avait fait preuve envers elle n’était pas l’aveu d’un manque d’envie, c’était la confession de sa peur. Une peur qu’Avalon pouvait comprendre, d’abord parce que Roy s’était déjà ouvert à elle sur le sujet, et parce qu’elle en ressentait une similaire dans chacune des cellules de son corps. Cette peur avait un nom ; et elle se résumait même plus à une phrase.

Et si je n’étais pas assez bien ?

En traçant le parallèle entre l’environnement familial de Vivianne et celui de Roy, Avalon avait remué des craintes évidentes. Elle se sentit stupide de ne pas avoir étayé davantage son propos et de l’avoir laissé planer entre eux de la sorte pendant aussi longtemps.

« J’aurais pas dû dire ça comme ça, c’est pas ce que je pense. Pas du tout. » lui assura-t-elle en serrant sa main. « Moi, je vois très bien ce que tu pourrais apporter à Vivianne… Et ce que tu apporteras aussi à ta fille. » ajouta-t-elle, parce qu’elle sentait que le sujet flottait dans leur conversation. « Si j’avais le moindre doute sur ça, j’envisagerais jamais de la faire vivre avec toi, tu sais. Mais je vois comment tu es avec elle… Comment tu es, tout court. Et crois-moi, c’est ça, qui est différent de tout ce qu’elle a reçu, là-bas. » expliqua-t-elle en désignant par ces mots l’environnement familial dans lequel sa sœur avait grandi. Avalon laissa un moment de silence s’écouler, pendant lequel elle porta la main de Roy à ses lèvres pour y déposer un baiser. Puis, les yeux face à l’horizon, lui souffla : « Je me disais que tu n'avais plus envie de vivre avec elle. Avec nous. Qu'après ce que j'avais dit sur ta maison, tu t'étais rendu compte de ce que ça représentait vraiment, et que tu avais changé d'avis. »


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From dusk till dawn [Roy & Avalon] Icon_minitimeSam 25 Sep 2021 - 11:37
Roy sentit Avalon sursauter de surprise contre lui et devina la fin de sa phrase sans qu’elle n’ait à la terminer. Evidemment, ce n’était pas ce qu’elle avait voulu dire. Si elle avait vraiment voulu dire qu’elle pensait sa présence et son influence néfastes dans la vie de sa petite soeur, elle ne l’aurait jamais laissé approcher et encore moins accepté de discuter d’un emménagement avec lui. Roy n’avait pas de doute sur le fait qu’elle lui fasse assez confiance pour vivre avec elles. Il doutait en revanche de l’objectivité des raisons qui la poussaient à prendre cette décision : elle était amoureuse de lui, elle l’aimait entièrement pour ce qu’il était, ce qui aurait pu largement suffire s’il n’y avait pas la vie et le bien d’une enfant en jeu. Mais cet emménagement ne les concernait pas seulement tous les deux. Quand Avalon avait souligné à quel point la mafia et la drogue faisait partie de sa vie, jusqu’à être présente dans sa propre maison, Roy avait commencé à se dire que quelque chose ne marchait pas bien dans ce qu’ils projetaient de construire.

Evidemment, il avait songé à sa future fille également, qui allait naître d’ici un mois. Cette échéance se rapprochait à vive allure, et il était à peu près aussi impatient que terrifié à l’idée de l’accueillir. Mais ce n’était pas tout à fait pareil : une part de lui se réconfortait beaucoup du fait que son bébé vivrait avec sa mère et pas avec lui. La distance entre leurs deux continents et la protection dont Joséphine bénéficiait en vivant au sein d’un redoutable coven de sorcières tranquillisait assez Roy, pour le moment. Mais il savait que tôt ou tard, il allait devoir traiter une question à laquelle d’autres personnes comme Jayce était confronté depuis un moment maintenant : comment pouvait-il accueillir et éduquer une enfant dans un environnement stable et bénéfique s’il continuait à risquer sa vie et sa liberté tous les jours, en étant au coeur d’entreprises mafieuses ? A tout moment, la roue pouvait tourner pour lui et il pouvait se retrouver à nouveau sous la menace d’une baguette magique ou d’un poison prêt à le tuer. Il pouvait également mal calculer ses alliances et finir par se retrouver derrière les barreaux et il savait quel genre de peine attendait un ponte de la mafia tel que lui : la perpétuité, si ce n’était une condamnation à mort. Pire encore : ses ennemis pouvaient utiliser ses enfants contre lui, pour le faire plier à leurs chantages.

Ce dernier point lui était particulièrement insupportable et l’avait déjà poussé, quelques années plus tôt, à s’éloigner de sa famille pour l’impliquer le moins possible dans les risques qu’il prenait. Evidemment, il aurait pu prendre la décision de ne plus tremper dans ces affaires bien plus tôt mais les choses ne s’étaient pas faites ainsi, il avait suivi le fil d’opportunités sans trop réfléchir, à une époque où il était jeune, et désormais, il avait tant progressé que faire machine arrière lui semblait impossible.

Mais cette version de l’histoire n’était pas tout à fait vraie et le plaçait trop dans une position de victime, alors qu’il avait largement été acteur de son propre destin. Il le savait, il ne le niait pas. Malgré ses états d’âme envers ses proches, Roy était loin d’être un enfant de choeur : c’était un homme ambitieux, avide de pouvoir et d’argent, avec un sens de la morale très discutable. Tous ces vices chez lui l’avaient poussé à poursuivre sa quête de reconnaissance dans un milieu aussi dangereux que la mafia. Sa drogue à lui, ce n’était ni la monalisa, ni la volubilis qu’il faisait vendre dans toutes les rues de Bristol et les quartiers huppés de Leopoldgrad. C’était l’adrénaline formidable, la délicieuse sensation de pouvoir que lui procurait le fait d’être à la tête d’un gang puissant.

Et maintenant qu’il se trouvait dans une situation où la raison et ses responsabilités le poussaient à reconsidérer son train de vie, il était tout simplement incapable de savoir s’il pourrait se passer un jour de cette drogue qui l’avait maintenu en vie pendant les onze dernières années. Et c’était tout bonnement effrayant.

Alors Avalon avait beau essayer de lui faire voir les qualités qu’il avait certainement et qu’elle voyait chez lui, cela n’empêchait pas Roy de se sentir insuffisant, indigne d’entreprendre quelque chose d’aussi sérieux que de construire un foyer avec elle. Son estomac se noua un peu face à son discours sensé le rassurer : il ne se sentait que plus imposteur encore.

« Je me disais que tu n'avais plus envie de vivre avec elle. Avec nous. Qu'après ce que j'avais dit sur ta maison, tu t'étais rendu compte de ce que ça représentait vraiment, et que tu avais changé d'avis. »

Face à cet aveu qui ne le surprenait pas complètement, Roy resta d’abord silencieux. Evidemment qu’elle avait pensé qu’il faisait machine arrière, il lui avait tout donné pour qu’elle le pense. Il avait rapidement mis fin à leur discussion, sans revenir dessus. Quelques jours plus tard, il était rentré chez lui complètement défoncé, alors qu’elle lui avait précisément dit qu’elle ne voulait pas voir ce type de comportement autour de Vivianne. Jayce lui avait judicieusement parlé d’autosabotage tout à l’heure et si Roy avait d’abord nié, l’idée avait eu le temps de faire du chemin dans sa tête depuis. Il se savait assez doué pour tout faire capoter quand il ne se sentait pas capable de réaliser quelque chose, sans doute pour se protéger d’un échec qu’il ne supporterait pas : plus facile de gâcher une opportunité avant qu’elle ne démarre que de prendre le risque d’aller au bout.

Plus facile également que la décision de faire machine arrière vienne d’Avalon et non de lui. C’était un « je crois que c’est mieux qu’on n’emménage pas ensemble » qu’il avait inconsciemment cherché à provoquer avec son comportement. Si elle voyait d’elle-même qu’il n’était pas la bonne personne à placer dans l’environnement de Vivianne, alors tout serait réglé.

Pourtant ce n’était pas si simple. D’abord parce qu’Avalon se refusait à suivre ce récit, mais aussi parce que Roy n’avait, au fond, pas très envie de faire machine arrière non plus. Il finit par l’avouer du bout des lèvres, après un long silence :

« Ce n’est pas que j’ai plus envie. C’est juste que… Je sais pas si je suis bien placé pour ça. »

« Digne » était le mot le plus juste, mais Roy le garda en son for intérieur. Il se fit violence pour continuer de parler et d’essayer d’expliquer à sa compagne ce qui le tracassait tellement :

« Ma fille, elle va vivre avec sa mère, loin d’ici. Vivianne et toi, vous… Enfin disons que c’est différent si on partage un quotidien. Tu sais ce que je fais au quotidien, Av’. C’est pas différent de ce que font tes parents. C’est même pire, par certains côtés. » Les Davies tenaient un commerce de drogue, dans ses aspects les plus répugnants, dans la saleté et la pauvreté la plus crasse. Roy faisait la même chose, avec le petit côté glamour en plus du pouvoir et de la richesse. Mais les paillettes des Folies Sorcières et le luxe de sa maison cachaient un même envers du décor : des règlements de compte, de la tricherie, des magouilles, de l’addiction, des meurtres. « Je peux apporter du confort à Vivianne. De l’affection aussi, ouais. » Il le disait sans mal : il le faisait déjà, il tenait à cette petite fille qui avait tant besoin d’attention. « Mais la sécurité et la stabilité qu’elle mériterait… »

Son regard se baissa sur les étendues herbeuses à leurs pieds. Avec un soupir, il enfouit son visage au creux du cou de sa compagne, dont l’odeur familière le réconfortait. Ils étaient seuls à des kilomètres à la ronde, mais sa voix fut malgré tout un murmure qui se mêla au bruit du vent fort.

« Je sais pas si tu espérais que ça change un jour mais… C’est possible que ma vie soit toujours comme elle est actuellement, Av’. Je sais pas si je pourrai changer ça un jour. »


Roy Calder

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From dusk till dawn [Roy & Avalon] Icon_minitimeSam 25 Sep 2021 - 13:30
Avalon décela la réponse de Roy dans son silence avant même qu’il ne reprenne la parole. Elle sentait que la peur qu’il exprimait s’appuyait sur cette crainte bien ancrée en lui de ne pas être à la hauteur et de décevoir son entourage. De la décevoir elle, de décevoir Vivianne, en étant incapable de lui apporter ce dont elle avait besoin pour grandir. Au fond, Avalon partageait largement cette peur, qu’elle avait décidé de taire davantage par nécessité que parce qu’elle avait fait la paix avec. Le violent conflit qui l’avait opposé à ses parents avait été le déclic dont elle avait besoin pour mettre de côté ses craintes et agir pour ce qu’elle croyait être pour le mieux. Tant pis pour ses inquiétudes, pour tous ces « et si » et tous ces « peut-être » auxquels elle ne trouvait jamais de réponses ; il y avait en elle certaines certitudes suffisamment fortes pour les surpasser. Avalon s’était accrochée à cela durant ces dernières semaines. Roy, en revanche, avait un choix à faire. Un choix qui reposait entièrement entre ses mains, comme lui avait déjà souligné à plusieurs reprises sa partenaire. Jamais elle n’aurait songé à lui imposer la présence de Vivianne.

Le fait était que Roy avait décidé de créer ce chemin en lui proposant de vivre avec lui, une semaine auparavant, avant d’entamer une presque volte-face, six jours plus tard. Avalon avait été perdue par ce comportement changeant et avait forcément mis des mots sur ceux qu’il ne voulait pas prononcer. Et elle s’était trompée, mais n’était pas entièrement à côté de la plaque et cette réalisation était un peu douloureuse à faire. Elle sentait son cœur se serrer d’appréhension, les yeux accrochés aux mouvements des vagues en contrebas.

Roy était plongé dans l’illégalité depuis près de dix ans. La mafia était devenue son monde, sur lequel il régnait avec plus ou moins de succès, mais jamais sans dangers. Avalon en était bien consciente – à vrai dire, elle l’avait même expérimenté à ses côtés à la fin du mois de janvier. Malgré les protections dont il bénéficiait, il n’était pas à l’abris qu’une attaque contre lui finisse par lui coûter la vie. Sa vie, celle de ses proches, ou de toute personne se mettant sur le chemin de ses ennemis. Roy vivait une vie faite de risques, de dangers, une vie où la faucheuse pouvait le cueillir à tout moment. Une vie qu’il ne souhaitait pas changer à tout prix. C’était ce qu’Avalon entendait derrière sa dernière phrase : « je sais pas si je pourrai changer ça » Pas « je ne sais pas si je pourrai quitter la mafia un jour » - elle savait bien à quel point cela pouvait s’avérer difficile, voire impossible. Pas « quitter » mais « changer ». Parce qu’au fond, Roy ne restait pas par dépit, par obligation. Il restait par choix.

Avalon se mordit la lèvre. Il aurait été hypocrite de sa part de le lui reprocher. Elle aussi restait par choix, d’une manière ou d’une autre. Le monde de la mafia était tout ce qu’elle avait toujours connu ; elle avait intériorisé ses codes, depuis son enfance, et n’en n’était jamais vraiment partie. Après sa famille, les Veilleurs, sans presqu’aucune transition. Au fond, Avalon sentait bien qu’il était hypocrite d’attendre de Roy quelque chose qu’elle n’avait jamais été capable de faire. Pourtant, le discours de son compagnon touchait chez elle un point sensible, parce qu’il soulevait l’une de ses plus grandes contradictions, auquel elle avait du mal à répondre. Elle voulait le mieux pour Vivianne, vraiment et, pourtant, le sacrifice qu’elle aurait pu – aurait dû ? – faire pour elle, celui de la faire grandir dans un environnement complètement éloigné de celui dans lequel elle évoluait depuis sa naissance, était difficilement envisageable. Parce qu’il ne s’agissait pas que de Roy. Il s’agissait aussi de Fergus, et de Toni, et des Veilleurs qui étaient devenus au fur et à mesure sa famille et ses amis. Au fond, il s’agissait même simplement d’elle, de ses proches choix de vie qui n’étaient pas toujours les plus évidents, les plus sains, les plus logiques, les plus corrects ou le plus moraux. Ce paradoxe, Avalon avait mis des années à l’accepter – et sûrement que ce travail n’était pas complètement terminé non plus, parce qu’elle ne sentait pas toujours très solide dans ses réflexions.

« Tu sais de quoi est faite ma vie, Roy ? » interrogea finalement Avalon après un long moment de silence. « De décisions plus que discutables sur le plan éthique moral. De procès expéditifs. De probables meurtres politiques qu’on nous fait déguiser plus ou moins subtilement en accidents. De moyens parfois franchement liberticides qu’on utilise sur des gamins à peine sortis de l’école. » énonça-t-elle en se gardant bien de le regarder car, s’il y avait bien une facette de son travail qu’elle n’évoquait pas avec lui – avec quiconque – il s’agissait bien de celle-là. « J’ai tué quelqu’un en mission il y a quelques mois, parce que j’ai complètement merdé dans la préparation. » avoua-t-elle à mi-voix. « Alors ok, je peux dire que mon boulot est légal mais franchement ? Il est pas bien plus reluisant. » Et pourtant, elle non plus n’avait pas fait le choix d’en changer. Parce qu’une part d’elle se sentait attachée à cette unité dans laquelle elle avait évolué depuis sa création, parce qu’elle aimait l’adrénaline procurée par les missions, parce qu’elle se sentait responsable de ses agents, parce qu’elle savait qu’on comptait sur elle. « Et tu sais quel monde j’ai jamais vraiment quitté non plus ? Le mien. Le tien. Alors, » continua-t-elle immédiatement pour ne pas qu’il l’interrompe d’une protestation, « je sais que c’est pas exactement pareil, que j’y bosse plus mais… J’y suis restée. Et je sais pas si je pourrais le quitter entièrement non plus. »

Et là était tout le paradoxe ; Avalon avait beau ne plus toucher à la drogue, elle était sans cesse en contact avec la mafia. Elle travaillait avec Roy. Elle vivait chez lui depuis plusieurs semaines. Elle dînait chez Fergus toutes les semaines. Jayce était le père de famille d’accueil de sa sœur. Toni était le frère auquel elle tenait le plus au monde. Toute sa vie était trop emmêlée dans ce monde pour la couper entièrement. Elle savait qu’il en allait de même pour Roy.

« Moi, j’attends rien de toi. Mais je sais ce que Vivianne attend de moi, par contre : que je la sorte de cette situation merdique dans laquelle elle est. » S’arrachant à la contemplation de la mer, Avalon finit par se retourner pour faire face à Roy, glissant ses jambes de part et d’autre de son bassin. « Tu crois que je flippe pas de faire une erreur avec elle ? Que j’ai pas peur qu’on s’en prenne à elle à cause de mon boulot ? » Elle secoua la tête. « J’ai peur de merder avec elle, de pas être assez bien. Mais… Mais elle est là. Et elle a besoin de moi maintenant, pas quand j’aurais trouvé comment régler tout ça, alors que je sais même pas si j’en suis capable. » Son regard accrocha le sien. « Le seul truc que je peux faire c’est… De faire de mon mieux, avec elle. Vraiment. Et de tout faire pour la protéger. C’est la même chose pour toi avec ta fille, et ce sera pareil pour nous deux si on décide d’avoir des enfants ensemble. » Elle posa une main sur sa joue. « On n’est pas peut-être pas parfaits, la situation est peut-être pas idéale mais… C’est pas pour ça qu’on peut pas faire les choses bien. » Un léger silence suivit ses paroles, avant qu’elle ne conclue : « Et oui, moi, pour faire les choses bien pour Vivianne, j’ai besoin de poser certaines limites autour de l’endroit où elle va vivre. Pour elle, et pour moi aussi. » admit-elle après une hésitation. « Mais c’est ma responsabilité de le faire, et si pour toi c’est impossible à envisager alors… » Avalon laissa sa phrase en suspens. Quelque chose, au fond d’elle, l’empêchait de la continuer.


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