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I know fear is what it really was [Roy & Avalon]

Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
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I know fear is what it really was [Roy & Avalon] Icon_minitimeJeu 1 Oct 2020 - 19:44
6 avril 2011

Avalon ne pouvait plus respirer. Elle avait beau se débattre, porter sa main à sa gorge, ouvrir la bouche, pas une once d’air ne parvenait jusqu’à ses poumons. Elle allait mourir, réalisa-t-elle avec effroi, les yeux écarquillés par la peur. Cela ne servait à rien de crier, personne ne l’entendrait, elle en était persuadée. Elle ne pouvait plus respirer. Elle allait mourir.

Avalon se réveilla en sursaut, le cœur serré dans sa poitrine. Elle se redressa brusquement, la respiration rapide et haletante, comme si elle venait de retrouver la capacité de respirer à nouveau. Elle resta un long moment prostrée de la sorte, incapable d’esquisser le moindre mouvement. Le ventre noué, les mains portées à la poitrine, Avalon s’efforçait de reprendre sa respiration. Elle n’avait pas simplement rêvé de manquer d’air ; elle avait eu véritablement la sensation de suffoquer, comme si sa respiration s’était bloquée d’elle-même pendant son sommeil. Ce cauchemar, s’il n’était pas fréquent, revenait tout de même de façon récurrente depuis qu’Avalon avait frôlé la mort quelques mois auparavant. A sa sortie de l’hôpital, il avait été difficile pour elle de fermer l’œil sans sentir sa vie menacée. Et, si elle s’était remise de ce choc initial, Avalon avait de toute évidence gardé quelques séquelles de ce moment particulièrement traumatisant. Elle en prenait conscience lors de nuits comme celle-ci, où elle se réveillait en nage, l’esprit agité, le cœur douloureux.

Le rythme cardiaque d’Avalon s’apaisa au fur et à mesure que sa respiration ralentissait et devenait plus profonde. Elle s’allongea dans le lit qu’elle avait investi pour une courte nuit avec Toni, qui ronflait comme un bienheureux depuis plusieurs heures désormais. La jeune femme ferma les yeux, mais son cauchemar reprit alors vie sous ses paupières closes. Le corps encore fébrile, elle se releva sans un bruit ; cette chambre, aussi spacieuse soit-elle, lui donnait l’impression d’étouffer.

La jeune femme se dirigea en silence vers une petite terrasse, à l’arrière de la maison de Roy, où elle avait passé une partie de sa soirée quelques heures plus tôt. Elle était allée se coucher vers quatre heures du matin ; et à en juger par l’obscurité qui n’était encore qu’à peine percé par l’aube, il ne devait pas être plus de six heures. Avalon se laissa tomber dans un canapé d’extérieur, et ramena ses genoux contre sa poitrine. Elle ferma les yeux et respira lentement jusqu’à en oublier tout bruit et tout mouvement extérieur.

Elle gardait de cette soirée de jolis souvenirs teintés de rires de jeux, de longues conversations animées qui avaient créé de grands débats stériles auxquels elle avait évidemment pris part avec plaisir. Avalon tâcha de se concentrer sur ces souvenirs récents pour chasser ceux, plus anciens, qui étaient à l’origine de cette réminiscence nocturne.

Concentrée comme elle l’était sur sa respiration, qui permettait à ses muscles de se détendre, Avalon n’identifia pas immédiatement les bruits de pas qui se dirigeaient vers elle. Elle n’ouvrit les yeux qu’en sentant une présence à la fois étrangère et étonnement familière à ses côtés. Son regard trouva la silhouette de Roy et elle marqua un temps de surprise à cette vision, avant de lui sourire légèrement.

« Tu ne dors pas non plus ? » demanda-t-elle en dépliant ses jambes pour poser ses pieds à terre, troublée d’avoir été surprise dans une position - et surtout dans une attitude - si vulnérable.


Avalon Calder

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Roy Calder
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I know fear is what it really was [Roy & Avalon] Icon_minitimeJeu 1 Oct 2020 - 23:49
L’insomnie était une amie que Roy accueillait de temps à autre dans son lit et qui lui offrait une compagnie qu’il finissait par se résigner à accepter. Ses pensées se promenaient alors dans le silence de sa chambre, sans forcément tenter de constituer des structures cohérentes. Parfois il se laissait surprendre d’une idée lumineuse qui débloquait des dilemmes insolubles, parfois il se perdait simplement dans des chemins labyrinthiques et mouvants. Il ne s’était pas vraiment couché, d’ailleurs, il n’avait pas quitté ses vêtements, se contentant de s’allonger sur son lit qu’il avait rejoint quand ses invités -ou plutôt ses squatteurs réunis pour une soirée imprévue chez lui- avaient fini par quitter les lieux ou s’assoupir dans un coin de sa maison.

Ses occupations sur son Pear et ses divagations mentales le tinrent éveillé assez longtemps pour qu’il finisse par percevoir des bruits dans sa demeure, qu’il attribua d’abord à quelqu’un qui cherchait à accéder à des toilettes : environ la seule raison de se lever en pleine nuit. Mais les bruits de pas sur la terrasse en contrebas le poussèrent à reconsidérer son hypothèse et, puisqu’il n’avait rien de mieux à faire, Roy se leva pour accéder au balcon de sa chambre.

La fraîcheur de la nuit lui tira aussitôt un frisson et il s’étonna de la tranquillité avec laquelle Avalon s’installait sur la terrasse en-dessous de son balcon, sans même avoir revêtu sa cape. Son regard ne put s’empêcher d’épouser les contours familiers de sa silhouette, avec cette aise inavouable qu’il ressentait à être observateur sans être observé. Pas de commentaire provocateur de Toni, pas de regard réprobateur de Fergus pour le couper dans son attitude contemplative. Les yeux de Roy passèrent sur le creux de sa taille fine, retracèrent la ligne légère de ses épaules, glissèrent sur sa nuque dégagée par ses cheveux relevés, dans une vision qui faisait écho à des pensées qui l’avaient saisi dans l’obscurité de sa chambre, tout à l’heure. A chaque soirée qu’Avalon gratifiait de sa présence, elle imprimait ses sourires et ses postures dans l’esprit de Roy, sans qu’il n’ait de contrôle là-dessus. Il remarqua que sa poitrine se soulevait à un rythme lent, profond, comme si elle cherchait à gonfler ses poumons d’air frais. Parce que, bien malgré lui, il était de plus en plus attentif aux variations d’attitudes chez elle, un instinct lui souffla qu’elle était agitée.

Roy aurait aimé affirmer qu’il descendait les marches pour accéder au niveau inférieur uniquement parce qu’il était un peu curieux et qu’il n’avait rien de mieux à faire. Il fut difficile à sa conscience de maintenir qu’il n’était pas venu chercher exactement le petit sourire qu’Avalon lui offrit en le voyant arriver. Pour autant, il ne s’attarda pas sur cette pensée, en s’approchant d’elle, et adopta un ton faussement sérieux :

« Non. J’ai des vrais problèmes dans ma vie, tu sais. J’occupe mes nuits à passer des niveaux sur Angry Buck. »

Il prit place à ses côtés, sur le canapé, à cette distance qu’ils avaient tacitement jugée adéquate entre eux, depuis cette discussion qu’ils avaient eue et qui leur avait permis de définir un cadre à leur relation en évolution. Les bornes d’une amitié platonique étaient quelque peu mises à l’épreuve quand il surprenait Avalon dans des situations de flirt avec d’autres hommes ou qu’il sentait son regard un peu trop divaguer sur elle. Malgré tout, Roy continuait de croire au fait que leur relation allait finir par se décharger de cette tension, à force de ne pas y donner de réponse, et il s’efforçait de se concentrer sur le reste, sur tout ce qui n’avait pas bougé dans sa dynamique avec Avalon et qu’ils entretenaient depuis quelques années maintenant. Il s’enquit à son tour, en croisant son regard, sans perdre ce registre d’humour qui lui permettait de se sentir à peu près à l’aise et d’oublier les non-dits qui flottaient entre eux :

« Et toi ? C’est parce que Toni ronfle que t’as fui ? »


Roy Calder

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I know fear is what it really was [Roy & Avalon] Icon_minitimeVen 2 Oct 2020 - 8:44
Les yeux d’Avalon croisaient souvent ceux de Roy depuis quelques mois. Au début, il s’agissait de regards appuyés, rieurs, parfois caressants, qui ponctuaient des paroles appuyées, rieuses, parfois caressantes. Lorsqu’ils avaient décidé de s’imposer une certaine distance pour ne pas voir leur relation leur échapper, les regards d’Avalon s’étaient faits plus discrets et moins ambigus – pas moins nombreux. Sans en avoir véritablement conscience, elle cherchait souvent son ami des yeux lors d’évènements qui les rassemblaient tous les deux. Elle ne s’attardait jamais sur cette pensée, parce que cela reviendrait à s’attarder sur une situation qui n’avait plus lieu d’être depuis plusieurs semaines. Mais, si ses regards restaient presque secrets, elle ne pouvait empêcher un sourire de naître dans la lueur de ses yeux, à l’instar de celui qu’elle offrit à Roy lorsqu’il s’installa à ses côtés, après une remarque qui lui avait tiré un rire.

« Et ça ose jouer au mafieux débordé après… » railla Avalon en secouant la tête.

Comme sa dernière conversation avec son lieutenant avait comme sujet une sombre revanche sur Pearstation en salle de pause, Avalon préféra ne pas s’attarder trop longtemps sur cette légère contradiction et répondit à la question de son ami avec un sourire désabusé :

« Cet homme est bruyant tout le temps. Même quand il dort. » insista Avalon. « Heureusement pour lui que j’ai le sommeil lourd, ça fait longtemps que je l’aurais étouffé avec un oreiller sinon. »

Mais il n’y avait rien qui pouvait réveiller Avalon la nuit – parfois, elle se disait que le monde pourrait bien s’écrouler, elle ne le constaterait qu’au matin. Elle faisait partie de ces personnes chanceuses qui pouvaient s’endormir dans n’importe quel lieu, n’importe quelle situation et n’importe quel contexte, dans des positions incongrues et apparemment très inconfortables, et s’enfoncer tout de même dans un sommeil lourd et profond, dont rien ne parvenait à la tirer.

Rien, sauf ces cauchemars douloureux et angoissants, qui l’empêchaient même de se rendormir correctement. Avalon avait toujours eu une vie diurne relativement agitée – ou du moins, elle avait toujours eu plus ou moins conscience de cette agitation. En fonction des périodes de sa vie, des cauchemars notamment revenaient cycliquement, signe qu’un évènement qu’elle avait vécu n’était pas totalement assimilé et digéré. Cette expérience de mort imminente l’avait marqué bien plus qu’elle ne l’avait laissé voir dans un premier temps – sûrement parce qu’elle n’en n’avait pas véritablement conscience non plus à ce moment-là. Les raisons de ce traumatisme étaient évidentes, et Avalon savait qu’elle finirait par apaiser son esprit agité ; chez elle, le temps finissait toujours par faire son effet. Avalon avait ainsi une capacité de résilience étonnement forte, qui avait été mise à l’épreuve plus d’une fois depuis sa naissance.

Pensive, la jeune femme posa un regard sur Roy, une lueur agitée au fond de ses yeux bruns. Elle n’aimait pas cette fébrilité vulnérable qu’elle ressentait dans chaque fibre de son corps, mais elle savait aussi qu’elle ne s’en débarrasserait pas d’un simple claquement de doigt. Des mots hésitants voulurent franchir la barrière de ses lèvres, mais Avalon les retint de justesse, muselée par une fierté immense qui l’habitait. Celle-ci fut quelque peu mise à mal par la silhouette de Roy, dont Avalon observait les contours dans l’obscurité. Elle finit par lâcher, sans autre introduction que ce regard songeur qui avait duré quelques secondes de trop :

« Tu as déjà rêvé que tu mourrais ? Genre au point de le ressentir physiquement en te réveillant ? »



Avalon Calder

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I know fear is what it really was [Roy & Avalon] Icon_minitimeVen 2 Oct 2020 - 19:53
« Voilà la raison pour laquelle je ne dors jamais avec Toni dans la même pièce » reconnut Roy, en prenant tranquillement place sur le canapé.

A l’inverse d’Avalon, il avait le sommeil léger, comme s’il ne dormait jamais totalement et qu’une partie de son corps restait sur le qui-vive, prête à se défendre si besoin. Il n’avait jamais été un grand dormeur et cette affirmation semblait se confirmer avec les années qui passaient. Roy pouvait se contenter de six heures de sommeil plus ou moins agité pour attaquer sa journée, moyennant quelques litres de café. Toni n’était pas un grand dormeur non plus mais, comme le soulignait Avalon, il ne fallait pas craindre les ronflements, les coups de pieds et le vol impuni de couverture.

Un bref silence s’installa entre les deux amis, uniquement percé des bruissements du jardin, un silence qui n’était pas pesant mais où Roy sentait une relative absence d’Avalon. Il coula un regard discret vers elle, retraçant la ligne de son profil, examinant le pli soucieux de ses lèvres.  Avalon était ce genre de personne dont il n’était pas difficile de deviner les émotions, pour un peu qu’on était observateur. Et depuis quelques temps, Roy devait l’avouer, il se rendait particulièrement attentif à la palette des émotions qui modulaient ses traits réguliers. Il lui semblait connaître ce regard perdu dans le vague. Quand elle finit par le tourner vers lui, il fut, encore une fois, frappé par l’expressivité de ces grands yeux. Les lèvres de Roy s’entrouvrirent légèrement, sans qu’il ne dise rien, toutefois. Cette porte qu’Avalon lui ouvrait sur sa vulnérabilité le troublait mais, par pudeur, il ne chercha pas à la franchir. Il attendit, de longues secondes, qu’elle esquisse un geste pour l’inviter à entrer, ce qu’elle fit, en posant une question tout à fait intime.

Pendant quelques secondes, Roy ne fit rien d’autre que contempler les traits de son amie, traversés d’une fragilité qu’il n’avait pas l’habitude de voir chez elle. Avalon lui avait toujours paru incroyablement forte. Il se souvenait encore de leur réveil, après le traumatisme qu’ils avaient vécu tous les deux. Il l’avait trouvée solide, même plus que lui, s’il devait être honnête. Quelques jours plus tard, à la soirée d’inauguration de la Milice, elle était déjà radieuse, souriante. Aucune épreuve ne semblait pouvoir effacer ce sourire puissamment optimiste chez elle. Elle dégageait une espèce de force tranquille qui ne pouvait qu’attirer le respect et dont Roy s’était souvent demandé d’où elle pouvait la tirer.

C’était sans doute la première fois qu’Avalon le laissait voir aussi clairement chez elle une faiblesse toute humaine, assez prégnante pour l’empêcher visiblement de dormir. Roy détourna brièvement le regard, pensif, prenant toute la mesure de cette confiance qu’elle lui accordait avec cette simple question. Porté par l’envie de lui donner de la réciprocité, un aveu lui échappa, sans qu’il ne cherche à le retenir :

« Plein de fois. »

Des rêves de sa propre mort, Roy en avait fait suffisamment pour ne plus pouvoir les compter. Dans la vie qu’il menait, se voir planter un couteau dans le dos, littéralement, était une fin commune. Le jour, il était un mafieux impitoyable, chef de gang sans peur, qui avançait coûte que coûte dans la voie qu’il s’était fixée. La nuit, son inconscient révélait ses peurs profondes et lui rappelait régulièrement qu’il pouvait à tout instant tomber dans un piège et y perdre brutalement la vie, dans des cauchemars chargés de ses propres expériences où il avait frôlé ce destin. La plus récente était celle qu’il avait partagée avec Avalon et dont les souvenirs flottaient à cet instant entre eux. Roy ancra son regard dans celui de la jeune femme, plutôt calme et maître de lui-même à cet instant, parce qu’il n’était pas celui qui s’était fait tirer de son lit avec l’impression d’asphyxier. Mais ses mots furent honnêtes :  

« C’est des sensations vécues qui reviennent, comme si mon corps se souvenait encore du danger… On peut pas contrôler ça. » dit-il en englobant Avalon dans ce ressenti, conscient qu'ils vivaient probablement la même chose.


Roy Calder

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I know fear is what it really was [Roy & Avalon] Icon_minitimeSam 3 Oct 2020 - 0:13
Les mots d’Avalon transpiraient d’une vulnérabilité qu’elle ne dévoilait généralement pas devant les autres, par pudeur ou par fierté. Elle connaissait ses fragilités, pourtant, elle avait conscience des limites de son corps et de son esprit parce qu’elle les avait déjà éprouvées à plusieurs reprises, des années plus tôt. Elle se souvenait très précisément de ces moments où sa vulnérabilité s’était exprimée sans détour, à travers des sanglots douloureux qui avaient trempé ses joues de larmes. Certains soutenaient que, lorsqu’on avait déjà connu l’enfer, rien ne pouvait égaler cette souffrance. Avalon n’était pas d’accord ; c’était plutôt parce qu’elle avait réussi à en sortir qu’elle se sentait capable de surmonter toutes les épreuves que la vie, en cruelle amie, dressait sur son chemin.

Elle ne savait pas exactement s’il s’agissait d’une force ou d’un optimisme naïf qui finirait par se heurter à plus fort que lui, mais ce mantra avait fait ses preuves depuis longtemps. Avalon avait vécu et subi depuis sa naissance plusieurs traumatismes à des degrés divers, qui l’avaient marqué plus ou moins profondément. Certains sujets restaient, chez elle, particulièrement sensibles – deux, majoritairement, qu’elle taisait généralement : sa famille et son agression. Ce silence n’était pas tant un signe d’un déni inquiétant que d’une difficulté à poser des mots résonnaient de façon suffisamment juste en elle pour exprimer ce qu’elle avait véritablement vécu et d’une pudeur très étonnante de sa part sur des sentiments aussi intimes.

Mais, de ces douloureux traumatismes, Avalon avait appris à se relever sans faillir et à faire preuve d’une résilience absolument incroyable dont son entourage avait bien plus conscience qu’elle. Elle se souvenait, un jour, avoir dû répondre à un curieux « mais comment tu fais ? » Avalon avait haussé les sourcils, puis les épaules. Elle n’avait jamais eu l’impression de « faire » quelque chose. A l’inverse, elle avait relâché depuis plusieurs années tout contrôle exacerbé qu’elle aurait pu vouloir exercer sur sa vie et les évènements qui y survenaient. Faire la paix avec le fait de ne pas pouvoir avoir la main sur l’intégralité de son existence avait été un premier pas vers une tranquillité d’esprit d’où provenait sa véritable force.

Mais ses peurs finissaient toujours par la rattraper – la nuit, souvent, quand son inconscient n’était plus brimé par sa fierté un peu trop grande et son ego un peu trop large. Ce rêve angoissant en était l’un des marqueurs les plus évidents contre lequel elle ne pouvait pas lutter. Avalon accueillait souvent son angoisse dans l’intimité du silence et de la solitude qui l’entourait. L’exprimer face à Roy était loin d’être un automatisme pour elle et pourtant, sa confession était claire au regard des mots qu’elle venait d’employer.

La réponse de son ami la laissa silencieuse et pensive, et elle tourna vers lui un regard réfléchi, sans reprendre la parole pour autant. Elle appréciait son honnêteté et la façon dont il lui avait répondu sans détour. Une nouvelle fois, Avalon eut tout le loisir de constater à quel point le lien qui les liait était fluide et évident. Une nouvelle fois, Avalon eut tout le loisir de ne pas s’attarder sur cette dernière pensée.

Elle préféra ancrer son regard agité dans celui plus calme de son ami, silencieuse. « Comme si son corps se souvenait encore du danger » disait-il simplement, et Avalon hocha la tête. C’était exactement ce qu’elle ressentait aussi, ce danger perpétuel, cette peur panique qui la saisissait au ventre. Son cauchemar l’avait secoué avec force, l’avait ramené à des considérations désagréables mais visiblement nécessaires pour entamer cette nouvelle journée.

« Ça m’arrive aussi. Souvent. » témoigna Avalon après un temps de silence. « J’ai toujours fait des cauchemars de ce genre, depuis que je suis relativement petite. » avoua-t-elle sans s’attarder sur la raison. « Et ils ont repris depuis quelques mois. » fit-elle en haussant les épaules parce que Roy semblait avoir compris là où elle voulait en venir.

Son regard s’égara une brève seconde sur le visage de son ami, où elle nota une certaine tranquillité contagieuse qui réchauffa son cœur et apaisa sa respiration agitée.

« Depuis ce qu’il s’est passé avec Norvel, ça m’arrive de me réveiller avec l’impression que je ne pouvais pas respirer pendant mon rêve. Comme si je retenais véritablement mon souffle en dormant. » précisa Avalon.

Elle tapota du bout des doigts l’accoudoir contre lequel elle était appuyée, les yeux dans le vague.

« Ca me donne l'impression que je vais mourir. » confia Avalon dans la nuit à peine éclairée. "C'est ce qui m'a réveillé il y a un quart d'heure."


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I know fear is what it really was [Roy & Avalon] Icon_minitimeSam 3 Oct 2020 - 22:20
Roy attrapa dans le regard qu’Avalon lui envoya une forme de compréhension mutuelle, dont il n’était pas difficile de deviner la source. Puisqu’ils avaient traversé la même épreuve de mort imminente, il pouvait aisément se mettre à la place de la jeune femme et deviner ce qu’elle avait pu ressentir. Mais s’il pouvait se projeter dans cette expérience qu’ils avaient subie tous les deux, il n’aurait pas pu deviner ce qu’elle lui révéla sur le fait qu’elle avait déjà vécu ce genre de cauchemar, bien plus jeune. Roy posa un regard sondeur sur elle, sans pouvoir s’empêcher de se demander quelle part de ce passé trouble avait pu créer des rêves de pure angoisse chez l’enfant qu’elle avait été. Elle ne s’était pas ouverte assez souvent avec lui sur sa famille et les sordides affaires dans lesquelles elle avait été traînée avec eux pour qu’il puisse tirer des conclusions certaines. Mais il pouvait assez bien imaginer le genre de pression qu’elle avait du porter sur ses épaules pendant des années, face à ses parents qui l’avaient traitée comme une adulte dès son plus jeune âge, à l’impliquer sur des trafics qu’elle n’aurait jamais dû approcher, ni de près, ni de loin.

Roy ne chercha toutefois pas à poser de question, respectant le silence de son amie à ce sujet et la direction qu’elle souhaitait donner à leur conversation, puisqu’elle était celle qui semblait avoir besoin de se confier. Elle lui fit un aveu qui craquela quelque peu cette image de femme indéfectible qu’elle avait toujours arborée et qui la rendit plus humaine que jamais aux yeux de Roy. Quelque chose dans son coeur se serra malgré tout, une espèce de culpabilité sourde dont il n’était jamais parvenu à se défaire totalement, puisqu’il était celui qui l’avait entraînée dans ce plan foireux face à Norvel.

Mais il se tut à ce sujet, préférant prendre ses responsabilités en lui apportant le soutien dont elle semblait avoir besoin. Il lui apparut assez naturellement que la meilleure chose qu’il pouvait faire, c’était de lui assurer qu’elle n’était pas seule : lui-même ressentait un certain réconfort à apprendre ce soir qu’il n’était pas seul dans ses propres cauchemars.

« J’ai déjà fait ce rêve aussi. Plusieurs fois. »

Il ne l’avait jamais dit. Le monde de ses rêves relevait d’un intime qu’il ne racontait généralement pas, surtout s’il s’agissait de quelque chose qui l’exposait particulièrement. Il s’était reposé autrement sur ses amis proches, en cherchant vengeance avec eux, en cherchant soutien à leurs côtés. Mais il ne leur avait pas détaillé avec des mots sa peur profonde face à une menace bien réelle de mort, même s’il savait qu’elle se devinait, probablement.

C’était différent d’en parler avec Avalon, parce qu’il n’avait pas besoin d’expliquer. Elle savait déjà, elle vivait avec le même traumatisme. Jusque là, Roy n’avait pas forcément ressenti le besoin d’en parler avec elle et de toute évidence, elle non plus. Pourtant, le moment qui se dessinait ne lui semblait pas inadapté. Bien au contraire, il découlait d’une compréhension naturelle, d’une proximité qu’il ne forçait même pas -qu’il régulait même, à vrai dire, parce qu’il avait toujours en tête ces limites qu’ils avaient décidé de ne pas franchir. Un bref instant, Roy vacilla, au bord d’une hésitation, incertain sur la signification de cet élan qui poussait son coeur à vouloir s’ouvrir à Avalon ce soir. Il était tentant de se convaincre qu’il partageait simplement une expérience commune avec une amie qu’il appréciait et en qui il avait confiance. Il était tentant de ne pas voir l’intimité de leurs regards qui, même s’ils n’étaient plus aguicheurs depuis un moment, ne cherchaient pas moins à s’explorer dans leurs moindres nuances.

Et évidemment, il fut tenté.

« Dis-toi qu’en vrai, c’est l’inverse de la mort. C’est notre corps qui s’assure qu’il est toujours vivant. » Il avança légèrement vers elle, en s’accoudant sur le dossier. « On a la chance de l’être » souffla t-il.


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I know fear is what it really was [Roy & Avalon] Icon_minitimeDim 4 Oct 2020 - 11:09
Avalon posa sur Roy un regard pensif alors qu’il lui avouait à son tour avoir déjà connu plusieurs expériences semblables à celle qu’elle venait de vivre et fut frappée par la similarité de leur comportement. Elle se souvenait parfaitement de la longue conversation qu’ils avaient eu à l’hôpital, où leurs mots transpiraient d’une envie de vengeance mutuelle. Ils s’étaient montrés forts, vaillants, braves, sans laisser d’espace à cette peur pourtant légitime qu’ils devaient ressentir au fond d’eux. Ce soir, plongés dans une pénombre et dans un silence léger et apaisant, ils s’ouvraient pour la première fois l’un à l’autre, comme s’ils avaient enfin décidé de laisser tomber les armes, initialement brandies pour se venger d’un homme qui avait failli leur ôter la vie. Pour un temps au moins, Avalon et Roy n’étaient plus ces deux personnes fières et obstinées, mais deux amis qui avaient vécu le même traumatisme et en acceptaient les conséquences et la peur qui allait de pair.

La confiance et la compréhension mutuelle de cet échange tira un léger sourire à Avalon, son regard toujours ancré dans celui de Roy, qui avançait son buste vers elle. Il y avait quelque chose, dans la facilité qu’elle avait de lui parler, qui ne cessait de l’étonner mais qu’elle se refusait d’interpréter véritablement. Elle se trouvait des excuses évidentes pour expliquer un fait qui, lui, ne l’était pas vraiment et encore moins depuis qu’ils avaient clairement décidé de poser des limites à leur relation qui ne cessait d’évoluer, incontrôlable. Depuis cette discussion qu’ils avaient eue, enlacés l’un contre l’autre, Roy et Avalon avaient scrupuleusement respecté cette décision mutuelle. Ils ne flirtaient plus outrageusement, évitaient soigneusement de poser des mots sur ces pointes de jalousie qui survenaient de temps à autre, et, pourtant, même s’ils refusaient de le voir, leur relation continuait à leur échapper.

Cela se sentait dans le sourire qu’Avalon offrit à Roy après à sa dernière remarque et dans cet éclat tendre, lumineux, qui passa dans son regard.

« En effet, » approuva-t-elle avec un rire, « je prends rarement autant de plaisir à respirer qu’en me réveillant. »

Roy avait raison ; ils avaient de la chance d’être en vie, tous les deux. A quelques poignées de secondes près, toute cette histoire aurait pu être bien différente. Les médicomages, à Sainte-Mangouste, avaient été formels : ils avaient échappé à une mort certaine, ainsi qu’à des dommages cérébraux. Et, dans tout ce tourbillon d’évènements et d’émotions, Avalon n’avait pas pris le temps d’apprécier cette chance qu’elle avait, en effet, d’être encore en vie aujourd’hui.

« Tu as raison. » fit-elle finalement après un temps de silence. « On a tendance à l’oublier, parfois. » avoua-t-elle avec un demi-sourire.

Et, accueillir ce sentiment était pourtant un pansement sur ses craintes et ses blessures, Avalon le nota lorsque les battements de son cœur cessèrent d’être erratiques.

« Parfois, je me dis que lorsqu’on l’aura retrouvé, tout ça s’arrêtera… Mais en réalité, je n’en suis pas certaine. » Elle hésita un instant sur ses mots, comme pour choisir ceux qui refléteraient au mieux sa pensée : « Parce que je n’ai pas spécialement peur de lui. » fit-elle, avant de poursuivre sur un registre humoristique, un sourire dans la voix : « A vrai dire, à conditions égales, je pense que c’est plutôt lui qui a intérêt à avoir peur. » Elle retrouva son sérieux pour conclure : « J’imagine qu’on a seulement besoin de temps, pour s’en remettre. On aurait pu mourir, ce jour-là. Ce n’est pas le genre de chose qui s’efface du jour au lendemain. »

Et c’était avec cette philosophie qu’Avalon avançait généralement dans sa vie semée d’embuches : en laissant la vie faire son œuvre, et en acceptant les conséquences de ses choix et de ses décisions sans pour autant les remettre en question. Elle ne regrettait pas l’aide qu’elle avait apporté à Roy ce jour-là, et elle lui avait toujours dit que, si elle avait à le refaire, elle le referait sans hésitation, quand bien même l’issue resterait la même. Cette pensée, associée à cette connexion qu’elle percevait entre eux et à l’envie de lui témoigner à son tour son soutien, la poussa à se pencher vers Roy, dans une volonté évidente de l’enlacer. Avalon, qui avait toujours été une personne tactile et bien plus à même de s’exprimer avec ses gestes qu’avec ses mots, se ravisa cependant au dernier moment, lorsqu’elle croisa le regard de son ami.

Son hésitation, ainsi que ce geste avorté qui avait été perçu par Roy, lui tira un sourire embarrassé. Elle se redressa, observa son ami, puis balaya toute forme de raison qui lui soufflait, à juste titre, que ce contact n’avait rien de nécessaire ni de raisonnable :

« Je peux te faire un câlin ? En tant qu’amie qui a vécu la même expérience traumatisante ? » demanda-t-elle avec une honnêteté désarçonnante mais un regard hésitant.



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I know fear is what it really was [Roy & Avalon] Icon_minitimeDim 4 Oct 2020 - 23:01
La plaisanterie d’Avalon sur un sujet pourtant sérieux, et même plutôt dramatique, tira un bref sourire à Roy qui se mit, encore une fois, à la contempler un peu trop longuement. Il ne savait pas d’où cette femme tirait ses sourires, mais chacun d’entre eux semblait illuminer son visage de mille lueurs et faire pétiller son regard, comme si elle y puisait une véritable force positive. Il avait pour cet optimisme -qu’il savait ne rien avoir avec de la naïveté, pour bien connaître Avalon- une certaine admiration. Son regard à lui ne manquait jamais de s’obscurcir et ses dents se serrer quand on évoquait le nom de Norvel. Il en était de même pour ses trois acolytes qui ne rêvaient que de leur vengeance. S’il venait de se réveiller d’un de ces cauchemars traumatisants qu’il faisait parfois, où son souffle venait à lui manquer, Roy n’aurait jamais pu sourire comme le faisait maintenant Avalon. Pendant un instant, il s’abreuva de cet éclat sur son visage, se demanda si c’était de l’affection qu’il lisait dans son regard et il ne put s’empêcher de chercher une forme de proximité avec elle, plutôt chaste, en s’avançant légèrement vers elle.

Peut-être parce que ce n’était pas la première fois qu’il frôlait la mort, Roy préférait se focaliser sur la pensée qu’il était toujours en vie et qu’il allait employer cette vie à être plus fort, pour ne plus se retrouver confronté à la situation où il avait été face à Norvel, ou d’autres de ses ennemis, auparavant. Il le rappelait de la même manière, à Avalon : ils avaient failli mourir, oui, mais ils étaient surtout en vie. C’était la seule pensée qui lui permettait de s’apaiser à peu près, quand il se réveillait en nage. Il eut l’impression que les épaules de son amie se détendaient légèrement à ses paroles et il en tira un certain réconfort. Il la laissa exposer son ressenti, en ne faisant rien d’autre que l’écouter silencieusement, et observer les modulations des traits de son visage, toujours aussi expressif chez elle. Il y vit l’hésitation froncer ses sourcils, une tranquille confiance lui tirer un sourire, une résignation la faire conclure sur une affirmation à laquelle il était déjà arrivé pendant ses longues insomnies. Il hocha brièvement la tête.

« Ça ne s’arrêtera pas si on le retrouve, confirma t-il en reportant son regard pensif sur le jardin face à eux. Toi et moi, on est dans des positions qui nous exposent forcément à tout un tas de menaces et de gens qui veulent nous achever… Des Norvel, il y en aura d’autres. Ce n’est pas de lui que tu as eu peur. C’est de la mort. » Ce « tu » qu’il employait était aussi un « je » mais il supposa qu’Avalon pouvait le comprendre sans qu’il n’ait à le dire. « Et c’est normal. »

Voilà la conclusion à laquelle il était arrivé, après dix ans passés dans un milieu qui mettait régulièrement sa sécurité et sa vie en danger, après des heures passées à cogiter ou à se lancer dans de grandes discussions philosophiques avec Jayce. C’était ça, la peur panique qui le réveillait parfois en pleine nuit, poussant son corps dans des états d’alerte, des réflexes de survies, comme face à un danger imminent. C’était la peur de sa propre mort, logée au fond de son estomac, plus ou moins discrète, qui se ravivait selon les événements de sa vie. Roy en avait probablement pour quelques temps encore, avant que ses rêves ne s’espacent jusqu’à revenir très ponctuellement, avant d’enchaîner sur un autre cycle car il ne doutait pas que l’avenir lui réservait d’autres traumatismes.

Avalon avait vécu ce type de traumatisme très jeune, elle l’avait laissé échapper tout à l’heure. Elle savait donc très bien dans quel genre de cycle on pouvait se retrouver embarqués. Roy avait appris à accepter cette tournure des événements et compter sur sa résilience, sa force et le soutien de son entourage pour faire tourner la roue. Bientôt, il serait de nouveau en haut. C’était comme ce que lui avait dit Jayce, quelques jours plus tôt : c’était une pente qu’il descendait et bientôt, il allait la remonter.  

Il ne doutait pas des capacités d’Avalon à en faire de même, puisqu’elle l’avait déjà fait. Quand il perçut un léger mouvement de sa part, il se tourna vers elle pour constater qu’elle était bien plus proche, et un peu inexplicablement, le coeur de Roy s’emballa, comme s’il pressentait ce qu’elle allait faire. Mais elle s’arrêta avant d’avoir terminé son geste, dans une posture embarrassée et hésitante qui attira le regard du mafieux. Il sut qu’il avait correctement interprété son élan quand elle lui posa une question tout à fait inattendue, presque touchante d’honnêteté, face à laquelle, d’une manière très étonnante venant de sa part, il se sentit parfaitement désarmé.

Car vraiment, qui osait poser une telle question ?

Il avait déjà pu constater que la franchise d’Avalon s’embarrassait de peu de limites et pouvait s’avérer surprenante dans certaines situations. Il lui semblait par contre que c’était la première fois qu’elle revêtait à ses yeux un caractère plutôt adorable. Adorable, c’était le mot.

Avalon était juste vraiment très mignonne.

Par contre, lui il devait avoir l’air stupide à la regarder sans rien dire comme s’il venait de recevoir un coup sur le crâne mais pour sa défense, il n’avait pas été préparé. Il savait très bien d’où venait la question d’Avalon, pourtant. Il savait que cette hésitation traduisait sa crainte à franchir les limites qu’ils avaient fixées, car possiblement, cette étreinte qu’elle voulait initier pouvait les ramener à celle qu’ils avaient partagée dans un lit en reconnaissant qu’ils avaient du désir l’un pour l’autre. Depuis, ils avaient tous les deux veillé à réguler leur proximité de manière à revenir sur une relation platonique. Il comprenait le sous-entendu derrière sa question mais à sa place il n’aurait jamais osé poser les choses de cette manière, à admettre une envie qui l’agitait et sur laquelle il pouvait clairement se prendre un refus. Elle s’exposait frontalement à la possibilité d’un « non » de sa part avec un courage désarmant.

Sans doute ce fut ce qui le convainquit, et s’il avait été honnête, il aurait reconnu que cela le charmait également. Mais il préféra ignorer ce petit sursaut de son coeur et passer doucement un bras autour des épaules d’Avalon, pour l’attirer contre son torse. Un câlin. Un simple câlin d’amis, répéta t-il dans sa tête. Comme pour conjurer le sort, il se sentit obligé de dire des bêtises :

« T’es culottée, toi, hein. » Il referma son deuxième bras autour de ses épaules, pour compléter cette étreinte qu’il appréciait déjà beaucoup. « Tu viens et tu dis que tu fais des cauchemars, tout ça pour m’arracher un câlin d’une manière fourbe, et après ça prétend être allée à Poufsouffle, eh bien bravo. »


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I know fear is what it really was [Roy & Avalon] Icon_minitimeLun 5 Oct 2020 - 12:58
« Ce n’est pas de lui que tu as peur. C’est de la mort. »

Avalon reporta à son tour son regard sur le jardin encore plongé dans l’obscurité. Les paroles de Roy résonnaient fortement en elle et effleuraient une sensibilité qu’elle expérimentait rarement avec quelqu’un de cette manière.

Oui, Avalon avait peur de la mort, depuis des années. Depuis son enfance, sûrement, parce qu’elle avait été confrontée à la violence bien trop tôt pour que de telles angoisses ne fassent par leur apparition. Ce qui la terrifiait plus, dans la mort, était le caractère soudain dont elle pouvait se revêtir. A un moment vous étiez en vie et vous vous délectiez de cette dernière avec un arrière-goût de triomphe. L’instant d’après, vous agonisiez au sol. Seules quelques brèves secondes séparaient ces deux visions. On pouvait mourir d’une seconde à l’autre. Cette pensée était terrifiante et faisait écho à une peur blottie au creux de l’estomac d’Avalon. Elle enviait ces quelques rares personnes qui ne craignaient pas la mort, celles qui avançaient dans leur vie sans se préoccuper de cette dernière, l’esprit libre de ce poids. Ce n’était pas son cas ; Avalon redoutait le moment où sa vie viendrait à prendre fin, parce qu’elle avait peur que cela arrive trop vite, trop tôt. Roy avait raison ; ils avaient tous les deux de nombreux ennemis qui ne souhaitaient rien d’autre que de les envoyer six pieds sous terre, et ce moment pouvait survenir n’importe quand : demain, dans dix ans, dans vingt ans, ou jamais. Et Avalon avait bien des difficultés à ignorer cette échéance aléatoire. Pourtant, l’idée même de songer que sa vie pouvait prendre fin demain lui était parfois saugrenue, comme si elle ne pouvait pas envisager de quitter la Terre si rapidement.

En fait, Avalon était terrifiée de mourir avec des regrets. Elle en avait peu, parce qu’Avalon ne les cultivait volontairement pas, mais les principaux concernaient sa famille et étaient particulièrement lourds à porter. Ils l’accompagnaient quotidiennement depuis plus de dix ans maintenant, et elle n’avait jamais réussi à s’en défaire. Malgré les disputes, malgré l’indifférence, malgré les difficultés à garder des relations saines, Avalon était profondément attachée à sa fratrie. Mourir sans leur avoir témoigné cela serait un ultime déchirement.

Un soupir s’échappa de ses lèvres et s’envola dans la nuit. Avalon tourna la tête vers Roy pour l’observer un instant. Elle avait senti que son discours s’adressait autant à elle qu’à lui, et que ce « tu » dévoilait la même peur chez le mafieux. Ce brusque aveu d’humanité était déstabilisant – sûrement pour les deux – parce que Roy lui avait toujours paru être un homme que rien ne pouvait ébranler. Avalon apprécia la sincérité avec laquelle il se confiait à elle, sans détour, lui offrant un pan de sa propre vulnérabilité qu’elle accueillit dans un silence compréhensif. Cette peur partagée semblait moins lourde à porter dans la nuit ; moins lourde en présence de son ami.

« Il est toujours temps de nous reconvertir. » commença Avalon sur le registre de l’humour, comme pour ôter son sérieux à la suite de ses propos, pourtant graves : « Evidemment que la mort est terrifiante. Je ne comprends pas pourquoi certaines personnes n’en n’ont pas peur. Peut-être qu’ils n’ont rien à perdre. » songea Avalon, le regard toujours songeur. « Comme on ne peut pas lutter contre ça, contre le fait que, quoiqu’on fasse, quelqu’un cherchera à nous atteindre et qu’on finira de toute façon par mourir un jour… Autant l’accepter. C’est la seule façon de continuer à avancer. »

Sinon, ils se figeraient, s’immobiliseraient, et Avalon refusait d’entrer dans un tel état. Elle avait toujours ressenti ce besoin presque vital d’avancer, d’être en mouvement – pas tant pour fuir le passé que par envie de connaître ce que le futur lui réservait.

Et c’était exactement de cette façon qu’elle comptait gérer ces cauchemars qui survenaient ponctuellement : en poursuivant sa vie et en pansant ses blessures au fur et à mesure qu’elles survenaient. Le temps faisait toujours son effet.

Le regard qu’elle échangea avec Roy était à la fois fort de cette décision qui avait toujours été la sienne, et éclairé d’une lueur de reconnaissance. Cette conversation avait été étonnement apaisante et ouverte sur des sujets pourtant particulièrement intime. Avalon aimait la facilité avec laquelle ils se parlaient et comment ils parvenaient à s’écouter sans jamais forcer une quelconque parole. Ils se confiaient l’un à l’autre, libres de toute pression extérieure et de toute question intrusive.

Ce lien surprenant qui se maintenait entre eux, malgré les limites qu’ils avaient posé à leur relation, ne cessait d’étonner Avalon, qui constatait tous les jours que leur connexion ne disparaissait jamais vraiment mais se renforçait plutôt de rapports presque plus intimes que ceux qu’ils avaient entretenus quelques semaines auparavant.

Et, animée par ces sentiments d’une jolie douceur, poussée par ce moment privilégié qu’ils vivaient dans une pénombre rassurante, Avalon eut un geste flou, qu’elle retint au dernier moment avec une pudeur dont elle ne faisait que rarement preuve. Parce qu’elle était une personne entière, à la franchise déstabilisante, une question particulièrement étonnante franchit ses lèvres sans effort. Elle parut pourtant assommer Roy, qui resta silencieux quelques secondes.

Avalon savait que ses pensées suivaient un chemin similaire aux siennes : quelles étaient les nouvelles limites qui régulaient leur relation ? Quels gestes pouvaient-ils avoir l’un envers l’autre, sans trahir cette promesse qu’ils s’étaient faites, un peu plus tôt ? Avalon n’avait jamais eu à réfléchir de la sorte auparavant : elle était très spontanée, et cela s’en ressentait dans ses actes et dans ses paroles. Pendant un moment, seuls leurs regards s’étaient rapprochés. Puis, finalement, les traits de Roy furent traversés par un éclat et il glissa ses bras autour de ses épaules. Avalon esquissa un sourire, passa ses bras dans son dos pour refermer cette éteinte et posa son menton contre son épaule.

« Ne change pas l’histoire, Calder. » fit-elle remarquer en riant. « C’est toi qui es venu me chercher ici. »

Et elle était heureuse qu’il l’ait fait, songea-t-elle, sans pour autant verbaliser cette pensée. Avalon tirait de cette étreinte une étrange douceur, qui n’avait rien à voir avec le désir brûlant qu’elle avait ressenti pour Roy par le passé. Tout ce qu’elle ressentait – la sensation de son corps contre le sien, la chaleur qu’il dégageait, son souffle qu’elle sentait contre son cou – semblait imprégné d’une lenteur exquise et d’un éclat particulier qu’elle ne chercha pas à définir.

« En plus, je ne t’arrache pas un câlin, je t’en fais un. » souligna-t-elle, les mains refermées dans son dos. Elle laissa tomber son masque d’humour pour rajouter, plus sérieusement en reprenant les propos qu’elle avait eu quelques secondes auparavant : « Merci d’être venu me chercher. Je ne savais pas que j’en avais besoin, mais ça m’a fait du bien de te parler. »



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I know fear is what it really was [Roy & Avalon] Icon_minitimeMer 7 Oct 2020 - 20:10
« Parce qu’ils n’ont rien à perdre, oui… Ou parce qu’ils n’y pensent pas, tout simplement. C’est facile de ne pas craindre la mort si tu ne l’as jamais côtoyée. »

Roy l’avait approchée sous de multiples formes, parce que c’était son quotidien depuis plusieurs années. La mort rôdait dans chaque recoin du marché noir, à proximité des règlements de compte dans les rues, dans les échanges musclés avec les autorités, derrière les barreaux des prisons, dans les lits des camés. Il l’avait d’abord vue, puis frôlée, et chaque contact lui avait tiré des frissons d’effroi, des noeuds dans l’estomac. Désormais, elle était une connaissance familière qui se manifestait parfois dans ses rêves les plus sombres.

Avalon expérimentait elle aussi ce type de contact, comme elle le confiait du bout des lèvres, avec une honnêteté qui touchait Roy. Il apprécia cette marque de confiance qu’elle lui offrait en s’ouvrant sur un sujet aussi intime que celui de ses peurs, un sujet dont ils n’avaient jamais vraiment parlé jusque là. Cette scène le ramena un bref instant à celle qu’ils avaient vécue le soir de l’anniversaire de la jeune femme, assis sur des sièges, dans un autre jardin, à se confier mutuellement des choses sur leurs familles. Encore une fois, il s’étonna de cette aptitude qu’elle avait à le faire parler, lui qui pourtant ne s’ouvrait qu’auprès de quelques rares personnes. S’il s’écoutait, il aurait admis que cet élan qu’il avait vers elle venait d’une envie pas totalement assumée de la connaître ; la connaître vraiment.

Et plus il avançait dans cette entreprise, plus il se rendait compte d’une chose : Avalon lui ressemblait énormément.

« C’est exactement ce que je me dis aussi » souffla t-il, en regardant dans sa direction.

Avancer quoiqu’il arrive, son mantra de tous les jours. Ne jamais rester à terre, ne jamais laisser les épreuves lui arracher une défaite, ou pire, un abandon. C’était cette rage de vaincre qui était son moteur quotidien. Ne pas s’accrocher à ses peurs ou à ses regrets du passé lui permettait de ne pas se figer dans une posture d’échec qui ne le mènerait nulle part.

Il en allait de même avec ce cauchemar dont Avalon et qui ponctuait parfois ses nuits à lui aussi. Ils ne devaient pas les laisser les paralyser, ils avaient trop de choses à accomplir, dont une revanche à prendre sur celui qui les avait poussés au bord du gouffre. Avalon n’avait pas perdu cette résolution, elle était même déjà en train de mettre derrière elle le traumatisme de sa nuit, Roy le vit dans le regard plein de reconnaissance qu’elle lui renvoya et qui remua quelque chose chez lui.

Pendant quelques instants, il mesura cette proximité qu’ils étaient en train de nourrir par leurs mots réconfortants, leurs confidences intimes et leurs regards troubles, sans trop savoir s’ils étaient en train de franchir une ligne rouge ou non. Il eut cette même incertitude en la serrant contre lui et en sentant ses mains à elle s’accrocher au tissu de sa chemise. Ce n’était plus un désir charnel qui les poussaient à chercher le contact de l’autre, mais Roy sentait bien que malgré tout, cette intimité qu’ils partageaient différait de leur proximité habituelle et amicale. Tout à ses pensées, il répliqua à la réponse amusée d’Avalon :

« C’est parce que tu avais la posture de quelqu’un qui attend de la compagnie et moi j’aime bien rendre service. »

En vérité, elle semblait très bien s’accommoder d’être seule et de récupérer son souffle dans l’air frais de la nuit, mais Roy n’allait pas avouer qu’elle avait raison, qu’il était venu chercher sa compagnie. Il n’en regrettait rien, malgré la confusion que leur échange créait chez lui. Il appréciait toujours autant cette possibilité de découvrir Avalon sur des aspects qu’il n’avait pas soupçonnés jusqu’à maintenant et une part de lui n’avait qu’une envie : poursuivre cette découverte. Il voulait savoir ce qu’elle ressentait, comment elle se positionnait sur des sujets importants, ce qu’elle cachait à la plupart des gens, parce que ces révélations dépeignaient une personnalité de plus en plus éclatante à ses yeux. Parce qu’il aimait le privilège de pouvoir accéder à une certaine proximité avec elle, aussi.

S’il avait été honnête, il aurait admis qu’il voulait également connaître la sensation de ses cheveux sous ses doigts, de son souffle dans son cou. Sa main le devança dans ce désir informulé, en se posant doucement sur la nuque d’Avalon, comme un geste pour accepter ses remerciements sincères. Roy laissa s’écouler quelques secondes, appréciant silencieusement cette reconnaissance qu’elle lui exprimait, avant de répondre, sans oser rompre leur étreinte :

« C’est quoi ta technique pour t’apaiser, d’habitude ? »

Parce qu’il voulait tout savoir d’elle.


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I know fear is what it really was [Roy & Avalon] Icon_minitimeJeu 8 Oct 2020 - 13:49
« N’essaie pas de me faire croire que tu es altruiste. » railla Avalon. « Laisse donc cette qualité aux Poufsouffle. »

Mais cet élan moqueur fut rapidement avorté par ce moment doux, presque tendre, qu’ils vivaient l’un contre l’autre. Une sensation de chaleur, qui trouvait son origine au niveau de sa poitrine, se répandit dans l’intégralité de son corps et tira à la jeune femme un sourire conquis, un peu rêveur. Si elle s’était levée, un peu plus tôt, dans l’espoir de reprendre ses esprits dans le silence et la solitude de la nuit, la compagnie de Roy la ravissait. A vrai dire, et même si elle ne put le formuler de cette manière à l’instant présent, Avalon avait l’impression d’être exactement à l’endroit où elle devait être. A l’image de leur lien, leurs gestes l’un envers l’autre étaient fluides, teintés d’une évidence surprenante, exquise. Et, si une hésitation les avait saisis au départ, elle avait été rapidement balayée par cette étreinte qui réchauffait son cœur d’une telle manière que la qualifier « d’étreinte amicale » semblait être une douce plaisanterie.  

Et ses paroles ne firent que renforcer cette connexion intime qui s’était créée entre eux. « Merci d’être là » voulait dire cette étreinte qui ne cessait de se prolonger, comme si ni l’un, ni l’autre, ne souhaitait la rompre. Lorsque la main de Roy se posa sur sa nuque, Avalon ferma les yeux un bref instant. Son souffle devint plus lent et plus profond, les battements de son cœur ralentirent et les tensions dans ses épaules semblèrent diminuer. Avalon fermait les yeux de la même manière qu’elle fermait les yeux sur la dangereuse profondeur qu’elle percevait dans leur relation – qu’elle sentait être à un tournant particulier – pour se concentrer sur le moment qu’ils vivaient, loin de toutes autres considérations extérieures. Alors, blottie contre Roy, elle se laissa apparaître comme elle était véritablement, dans toutes ses fragilités, toutes ses forces, et toutes ses vulnérabilités.

Finalement, Roy brisa le silence qui les entourait d’une question qui la laissa songeuse quelques instants, alors qu’elle réfléchissait à toutes ces méthodes qu’elle avait mises en place, au fur et à mesure des années, pour lutter contre ses angoisses, contre ses peurs, ou pour se vider l’esprit. Un sourire s’étira sur ses lèvres, et la jeune femme se redressa, pour trouver le regard de son ami.

Parce qu’elle n’osait pas complètement rompre cette étreinte, Avalon s’appuya contre son épaule et fit glisser ses mains dans les siennes.

« La plupart du temps, je dessine. » avoua-t-elle.

Le dessin avait toujours été, pour Avalon, une façon de poser son esprit qui tournait parfois trop vite pour qu’elle parvienne à suivre le court de ses pensées. Elle cultivait cette passion depuis sa plus tendre enfance, et avait rempli au fur et à mesure des années un nombre incalculable de carnets. Elle dessinait ce qui occupait ses pensées, parfois des scènes traumatiques, d’autres teintées d’une belle tendresse. Elle dessinait pour ne pas avoir à se concentrer sur autre chose pendant un bref moment que sur la ligne d’un nez qu’elle voulait représenter précisément, ou sur le choix de la couleur idéale.

« Je fais ça depuis longtemps. » expliqua-t-elle, parce qu’il s’agissait d’un loisir qu’elle pratiquait généralement seule. « Je crois que ça m’aide à poser mes pensées. Je dessine ce qui me préoccupe et j’ai l’impression d’en être déchargée… Au moins un temps. »

Cela lui permettait aussi de faire face à certaines peurs, ou de se remémorer des jolis souvenirs qui avaient don de réchauffer son cœur. Parfois, quand elle regardait les carnets qu’elle avait noirci au fil du temps, elle s’apercevait qu’un ou plusieurs dessins revenaient régulièrement, signe d’une épreuve, d’un traumatisme, qu’elle avait mis plus ou moins de temps à digérer.

« Parfois, je vais courir ou je vais à la boxe mais ça n’a pas le même effet. » reconnut Avalon avec un demi-sourire. « Quand je dessine, j’affronte ce que j’ai en tête, ça m’aide à réfléchir, parfois à trouver des solutions à des problèmes. Le sport, ça me sert plus à me défouler. » Elle reconnut, dans un rire : « Mais parfois, j’en ai bien besoin aussi. »

Ses mains toujours nouées à celles de Roy, Avalon l’observa quelques secondes, ses yeux bruns ancrés aux siens.

« Et toi ? » lui demanda-t-elle alors, avec une curiosité évidente dans le regard.

Et, fugacement, Avalon eut l’impression que leurs rythmes, déjà similaires, s’étaient accordés l’un sur l’autre.



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I know fear is what it really was [Roy & Avalon] Icon_minitimeJeu 8 Oct 2020 - 21:28
« C’est bien parce que je suis altruiste que j’accepte de vous laisser cette qualité. Il faut bien que vous en ayez quelques unes, vous les blaireaux » répliqua Roy en souriant légèrement, avec son fidèle air narquois.

Se moquer de leurs maisons respectives était une blague qui perdait en récurrence avec les années, après leur sortie de Poudlard, mais qui les plongeait toujours dans un amusement nostalgique quand elle resurgissait. Le temps de leur jeunesse insouciante était loin, semblait leur dire cette conversation pleine de confidences, sur leurs peurs les plus profondes. Et pourtant, ce noeud d’angoisse, toujours plus ou moins présent au fond de leurs estomacs, semblait se dénouer délicatement tandis qu’ils prenaient tous les deux la mesure de ce réconfort qu’ils étaient capables de s’apporter mutuellement.

Roy n’avait jamais été aussi réceptif à la présence d’Avalon.

Elle était partout, dans le contact étroit de leurs bustes soulevés par leurs respirations apaisées, dans la caresse de ses cheveux sur la peau de son cou, dans le parfum sucré mêlé à l’air qu’il inspirait, dans la chaleur de son corps contre le sien. Pendant quelques instants, Roy se figea dans cette étreinte, le coeur battant, tiraillé entre le plaisir indéniable qu’il tirait de ce moment et une espèce d’anxiété indicible, présente en ligne de fond chez lui, comme s’il approchait de quelque chose qu’il redoutait. Il regardait Avalon, dont il ne voyait pas le visage mais qu’il sentait se détendre totalement contre lui, se laisser aller dans un apaisement et un bien-être où, au fond, il mourait d’envie de la rejoindre, sans oser faire le premier pas.

Puis elle eut ce geste, celui qui devait l’attirer à sa suite. Elle lui prit les mains comme pour le guider à faire ce pas vers elle qu’il ne parvenait pas à faire. Elle lui prit les mains comme pour recouvrir de sa douceur ses tourments qui ne le lâchaient plus depuis des semaines.

Fatigué de résister, épuisé de lutter, quelque chose chez Roy céda à cet instant. Il refusait toujours de poser des mots sur ce qui se passait, de faire rentrer dans une case cette relation qui lui échappait mais il décida qu’après tout, il n’était pas obligé de le faire. Pourquoi ne pouvait-il pas simplement se contenter d’accepter des constats évidents ? Il était évident que la présence d’Avalon lui faisait du bien, qu’il était curieux de la découvrir, qu’il aimait cette nouvelle proximité et ces contacts plein d’attention et de douceur. En s’accrochant aux mains de son amie, Roy s’accrocha à son envie de lâcher prise, qui commençait à se manifester de plus en plus fort au fond de lui. Si les évolutions de sa relation avec Avalon devaient le conduire à partager ce moment de proximité avec elle, un moment qui leur plaisait à tous les deux, alors soit. S’ils en venaient à se serrer l’un contre l’autre, à nouer leurs mains et se confier leurs secrets, et que cela leur plaisait, alors soit. Ils pouvaient simplement en jouir, sans anticiper des choses qui n’avaient pas lieu. Se concentrer sur le moment présent : c’était quelque chose qu’il savait bien faire, normalement. Avait-il oublié ?

Evidemment, il était plus facile de se dire cela quand il vivait ce moment qu’il ne voulait pas interrompre et peut-être que plus tard, dans quelques heures, dans quelques jours, à tête plus froide, ses angoisses profondes reviendraient à la charge. Mais pour le moment, Roy décida d’éteindre cette petite voix effrayée dans sa tête qu’il n’avait plus l’énergie de gérer et de porter toute son attention sur la présence d’Avalon et cette chaleur délicieuse qu’elle faisait naître chez lui.

Alors il referma ses doigts autour des siens, acceptant silencieusement ce rapprochement entre eux.

Il se concentra également sur ses mots, ceux qui lui permettaient de ne pas totalement se perdre dans une proximité physique qu’il appréhendait encore, et d’en apprendre plus sur des aspects d’elle qu’il connaissait mal. Après plusieurs années d’amitié, Roy savait qu’Avalon dessinait, en revanche, il n’avait jamais vu ses oeuvres, sur lesquelles elle était très discrète. Il avait compris que c’était une sorte de jardin secret pour elle, où il n’avait donc jamais empiété. C’était la première fois, lui semblait-il, qu’elle lui confiait des choses sur son rapport à cette activité qui semblait plus récurrente qu’il ne le pensait. Il accueillit cette nouvelle confidence en se plaisant à l’imaginer penchée sur un carnet, derrière le long rideau de ses cheveux, et en se demandant quelle expression elle arborait dans ces moments-là… Plutôt concentrée ? Ou au contraire, très détendue, avec un léger sourire flottant sur ses lèvres ? Ses rêveries vagabondèrent brièvement, avant que le discours d’Avalon ne le raccroche à des sensations qu’il connaissait très bien. Il n’avait pas les mêmes méthodes qu’elle mais il s’identifiait bien à ce qu’elle décrivait.

« Ouais, je vois, répondit-il en souriant légèrement à sa plaisanterie. Ça te permet de te canaliser et te recentrer sur l’essentiel. C’est bien que tu aies cette échappatoire aussi. »

Il la sentit légèrement bouger contre son épaule, ce qui le fit baisser la tête. Leurs regards se rencontrèrent alors, emprunts d’une même lueur d’intérêt que leurs mots avaient éveillé chez l’autre, une curiosité qui semblait débarrassée de tout jugement et libre de s’étendre à l’infini. Roy se laissa happer par ce moment hors du temps et ces grands yeux bruns face à lui qui lui donnaient l’impression qu’il pouvait tout dire. L’une de ses mains bougea légèrement, sa paume se logea contre celle d’Avalon et ses doigts s’entrelacèrent aux siens, dans une silencieuse envie de l'entraîner à son tour avec lui et de lui ouvrir un bout de son monde.

« Je peux te montrer, si tu veux » dit-il plus bas, les yeux dans les siens.

Il avait lui aussi sa méthode pour se vider de ses angoisses et remettre de l’ordre dans sa tête mais il avait l’impression que les mots ne pourraient pas vraiment lui rendre justice.


Roy Calder

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I know fear is what it really was [Roy & Avalon] Icon_minitimeVen 9 Oct 2020 - 16:30
Il y eut, dans cette étreinte qu’ils partageaient, un « avant » et un « après ». Un « avant » où leur hésitation était perceptible, où leurs gestes étaient retenus par une pudeur qui ne les laissait pas s’abandonner l’un à l’autre. Un « après » où, finalement, leurs barrières cédèrent. D’abord celles d’Avalon, qui s’apaisa contre Roy et dont la respiration devint profonde et lente. Enveloppée d’une chaleur qu’elle percevait à la fois de leur étreinte et des sentiments qu’elle créait, Avalon abandonna toute réserve pour se dévoiler sous un jour plus intime. Elle n’avait pas oublié pour autant les réserves qu’ils avaient émis tous les deux, quelques semaines plus tôt. A vrai dire, elles ne lui avaient jamais semblé plus tangibles qu’à cet instant, parce qu’elle sentait son cœur basculer vers une réalité à la fois très douce et effrayante. La soudaine lenteur dans leur relation – alors qu’ils avaient joué à s’en brûler les ailes plus d’une fois – devenait brusquement non pas source de frustration mais de réassurance.

Chaque geste, chaque pas qu’ils faisaient l’un envers l’autre lui paraissait désormais être chargé d’une plus lourde signification, qu’elle n’identifia pas mais dont elle pesa le poids des conséquences. Cette étreinte n’était pas amicale, pas tout à fait romantique non plus, mais à la frontière floue d’une relation en perpétuelle évolution et dont Avalon sentait l’importance de ne pas la brusquer. Alors, lorsqu’elle se redressa pour retrouver le regard de Roy, lorsque leurs visages ne se retrouvèrent séparés que de quelques ridicules centimètres, Avalon s’éloigna avec douceur, les yeux pourtant plongés dans ceux de son ami. Puis, d’un geste fluide, presque naturel, elle fit glisser sa main dans la sienne.

Et alors, il sembla à Avalon que ce fut aux barrières de Roy de céder, de s’évanouir, si bien qu’ils se retrouvèrent face à face, véritablement. Sans jeu de séduction pour les pousser l’un vers l’autre, sans les regards moqueurs ou désapprobateurs de leurs proches, sans les limites qu’ils s’étaient imposées à eux-mêmes. Roy et Avalon s’observaient avec des yeux emplit de curiosité ; ceux d’Avalon brillaient également d’une tendresse qui se reflétait dans le regard de son ami.

Enfin, Avalon parla, réduisit entre eux le silence qui s’était installé, et évoqua avec une étonnante facilité de ce loisir secret qu’elle gardait généralement éloigné des regards indiscrets. Elle avait partagé quelques croquis avec Fergus, avec Toni ou avec son jumeau, mais cela lui semblait en tout point différent qu’exprimer qu’elle utilisait aussi le dessin pour faire face à ses démons et à ses cauchemars. Elle sentit ses paroles accueillies par une compréhension silencieuse qui la toucha, au moins autant que lorsque les doigts de Roy s’entrelacèrent aux siens, dans une étreinte discrète mais délicieuse.

« C’est ça. » approuva-t-elle avec un sourire en coin, après un léger temps de latence.

La proposition de Roy, faite quelques secondes plus tard, la laissa silencieuse et songeuse quelques secondes. Sans détourner le regard, Avalon finit par hocher la tête.

« Je veux bien. » souffla-t-elle simplement, en caressant doucement le dos de sa main avec son pouce.

Curieuse de découvrir un aspect de lui qui lui paraissait important au point de préférer le lui montrer plutôt que de seulement lui évoquer, Avalon l’observa avec un intérêt qu’elle ne chercha pas à dissimuler dans son regard. Ils étaient proches, leurs yeux ne se quittaient pas, leurs mains, qui s’étaient longtemps cherchées, s’étaient définitivement trouvées. Mais, au-delà de cette proximité physique, Avalon ne s’était jamais sentie dans une telle proximité avec Roy. Il y avait, dans leur façon de se dévoiler l’un à l’autre, avec douceur, pudeur et délicatesse, une troublante impression d’emprunter un chemin à la fois terriblement inconnu et hautement familier.



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I know fear is what it really was [Roy & Avalon] Icon_minitimeVen 9 Oct 2020 - 22:06
Leurs mots restaient parcimonieux, mais leurs regards, eux, disaient tout ce qu’ils n’exprimaient pas à haute voix. Roy lut dans les grands yeux de son amie un abandon et une tendresse qui lui laissèrent un troublant frisson près du coeur. Il comprit dans ses gestes, dans son regard doux, dans cette légère caresse qu’elle initia sur le dos de sa main, qu’elle avait elle aussi décidé de lâcher prise. Il le fit sans regret, car il n’avait pas vécu de moment aussi agréable et réconfortant avec une femme depuis de longs mois. Ce fut cette réalisation qui apaisa son coeur agité et le poussa à profiter simplement de ce moment où ils s’offraient tous les deux une affection toute particulière et une profonde confiance.

Pour le moment, c’était tout ce que Roy voulait bien voir dans le changement subtil de leurs rapports : du réconfort, de la tendresse sincère qu’il appréciait et dont il avait besoin, certes pas tout à fait amicale ni platonique, il en était bien conscient, mais pas hors de contrôle non plus. Cette étreinte qu’ils partageaient lui plaisait, ce contact de leurs mains les poussait à un niveau d’intimité qu’il voulait bien atteindre, sans en faire beaucoup plus pour le moment. Pour une fois, Roy avançait à pas petits et prudents, plutôt que d’assumer sa posture de conquérant habituel. Ce n’était pas le fait de conquérir Avalon, qu’il recherchait. Il voulait simplement la connaître, plus intimement, dans toutes ses forces et ses vulnérabilités qu’elle voulait bien lui dévoiler, au détour de leurs confidences et leurs rapprochements progressifs.

Et, de la même manière, il avait envie de se dévoiler un peu plus à elle, ce qui le poussa à lui proposer de le suivre. Raffermi par l’intérêt et la confiance qu’il lisait dans le regard qu’Avalon posait sur lui, il se leva doucement et l’entraîna à sa suite, sans lâcher sa main.

« Allons-y, alors, je t’emmène. »

Quand elle fut prête, il ferma brièvement les yeux, en se laissant envahir d’une image qu’il connaissait si bien qu’il pouvait en visualiser chaque détail. Quelques secondes plus tard, ils ouvrirent les yeux sur une étendue herbeuse, en surplomb de la mer agitée par la houle, à l’écart des sentiers bien dessinés. Les lumières de Bristol sorcier scintillaient derrière eux mais ils pouvaient facilement les oublier en tournant le dos. Roy ne comptait plus les fois où il s’était laissé happer par le mouvement imperturbable des vagues au bas de la falaise, qui semblaient broyer le temps après lequel il courait dans sa vie quotidienne. Ce tableau infini lui offrait la solitude, la tranquillité et la stabilité dont il manquait parfois cruellement. La nuit, ce paysage avait quelque chose d’encore plus hypnotisant qu’en plein jour, car il était difficile d’en discerner tous les contours, ce qui laissait place à d’autres sens. C'était le meilleur moment pour savourer le parfum des embruns, se laisser bercer du chuchotement de la houle.

Ici, il avait tout le loisir de se poser et se perdre dans ses pensées, un luxe dans la vie innervée d’adrénaline qu’il menait. Peu de personnes connaissaient le refuge qu’il trouvait dans ce lieu coupé de la vie citadine et qu’il préférait préserver du regard et du jugement des autres. Avalon venait de rejoindre ce cercle de confiance, ce qui lui fit un étrange effet lorsqu’il le réalisa. C’était peut-être la chose la plus intime qu’il lui confiait ce soir, plus intime encore que leurs contacts physiques. Sa main n’avait pas lâchée la sienne après le transplanage, leurs bras se frôlaient toujours. Pourtant, ce fut avec ses mots murmurés que Roy eut l’impression de se rapprocher véritablement d’Avalon :

« C’est ça. Ce qui m’apaise. » Il tourna la tête vers son amie, cherchant son regard. « Comme pour toi avec tes dessins, ça m’aide à m’isoler et mettre de l’ordre dans mes pensées. »


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I know fear is what it really was [Roy & Avalon] Icon_minitimeSam 10 Oct 2020 - 1:19
La première chose que sentit Avalon, lorsque ses pieds retrouvèrent la sensation du sol, fut une brise légère et odorante, qui caressa ses joues. Le bruit, quant à lui, était caractéristique d’un paysage qu’elle prit plaisir à découvrir par ses autres sens, avant d’ouvrir les yeux. La sensation de l’herbe grasse sous ses chaussures, dont les brins les plus audacieux chatouillaient ses chevilles. Le son des vagues qui semblaient s’écraser en contrebas de l’endroit où ils se tenaient et qui dégageaient des embruns délicieux. Finalement, Avalon se confronta à ce tableau dont elle venait de peindre les contours intérieurement.

Ils se tenaient en haut d’une falaise, dont le sol était couvert d’une herbe aplatie par le vent. On pouvait deviner la mer agitée – grande étendue d’eau noire qui reflétait le croissant de lune qui la surplombait – et les vagues qui léchaient la falaise, dans un bruit régulier et apaisant. Le regard d’Avalon se promena aux alentours, sans trahir le silence de sa contemplation. Il y avait quelque chose de magique dans ce décor de bord de mer, comme si le temps ne pouvait pas y avoir d’emprise. Rien ne semblait soumis aux troubles et aux tracas quotidiens d’une vie humaine : les vagues revenaient sans cesse s’échouer sur les mêmes rochers qui luttaient sans cesse pour les repousser. Ce combat, dont elle devinait les principales attaques en contrebas, avait une dimension hypnotisante et subjuguante.

Ce furent finalement les mots de Roy qui la ramenèrent dans une toute autre réalité, plus tangible mais toute aussi plaisante. Avalon le laissa trouver son regard et hocha la tête. Elle comprenait pourquoi son ami avait trouvé dans cet espace naturel un refuge, un rempart même, contre les soucis qu’il vivait quotidiennement. En le découvrant, Avalon avait l’impression de pénétrer dans une part de l’intimité de Roy qu’elle ne soupçonnait pas. Elle pouvait l’imaginer facilement face à la mer, parfois assis, parfois debout, toujours plongé dans ses pensées, entouré d’un silence libre de toute autre présence humaine. Ce secret partagé la toucha profondément, et cela s’en ressentit à la façon dont elle raffermit leur étreinte discrète qu’ils n’avaient pas relâchés.

« C’est incroyable, ici. » souffla-t-elle après un temps de silence. « Merci de m’y avoir emmené. » ajouta-t-elle alors avec un regard reconnaissant pour son ami.

Cette confidence lui avait semblé être chargée d’un lourd poids émotionnel – du moins c’était ce qu’elle avait cru en percevoir des mots de Roy. Parce qu’elle voulait s’en montrer digne, et parce qu’elle aimait l’idée de prolonger leur moment en haut de cette falaise, Avalon esquissa quelques pas en direction d’un rocher, où elle s’installa. Elle invita Roy à faire de même, se rapprocha de lui suffisamment pour glisser un bras dans son dos, et cala sa respiration sur la sienne.

Bientôt, ce bruit se mêla à celui des vagues, et Avalon se retrouva enveloppée d’une sensation de bien-être qu’elle n’expérimentait pas souvent en compagnie d’autrui. Cette découverte l’étonna, l’interpella, la questionna, mais à l’image de cette décision qu’elle avait prise un peu plus tôt, elle la laissa s’emparer brièvement de ses pensées, puis partir sans qu’elle ne fasse d’effort pour la retenir. Plus tard, songeait Avalon. Il serait toujours temps, plus tard, de revenir sur la signification d’une telle prise de conscience.

Pour l’instant, rien ne comptait si ce n’était la mer qui s’agitait et leurs mains qui s’enlaçaient à nouveau. Mue par cette tendresse qui ne les quittait plus, Avalon appuya sa tête contre l’épaule de Roy et ses yeux se perdirent dans ce paysage qui s’offrait à elle.

« Je comprends ce que tu viens chercher ici. » lança-t-elle alors. Un moment de silence s’écoula, moment pendant lequel une pensée – qui lui aurait paru saugrenue à tout autre instant mais qui, actuellement, était teintée d’une évidence chaleureuse – fit doucement son chemin dans son esprit, jusqu’à ce qu’Avalon puisse la verbaliser totalement.

« J’aimerais bien te montrer ce que je fais. » annonça-t-elle sans autre préambule. « Si tu es d’accord, tous mes dessins sont chez moi. »


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I know fear is what it really was [Roy & Avalon] Icon_minitimeDim 11 Oct 2020 - 0:39
La reconnaissance qu’Avalon lui transmit à travers ses mots et son regard fut une légère surprise pour Roy qui tourna la tête vers elle. Il se demanda si ce sentiment qu’elle lui exprimait venait de la beauté du paysage qu’elle avait face à elle et qu’il lui faisait découvrir, ou s’il s’agissait de sa manière de recevoir la confiance qu’il lui accordait en l’amenant ici. Dans les deux cas, cette réaction lui fit plutôt chaud au coeur et lui ôta toute appréhension qu’il pouvait ressentir à lui ouvrir une part si personnelle de lui-même, dont il pouvait constater qu’elle se montrait tout à fait digne. A son tour, il lui exprima sa reconnaissance sans rien dire, en serrant simplement sa main dans la sienne.

Bientôt, ils furent tous les deux installés sur un rocher, blottis l’un contre l’autre, happés par le spectacle offert sous leurs yeux, qui transporta Roy dans ses familières introspections. Il avait rarement partagé ce moment avec une autre personne, et jamais dans une proximité telle qu’il pouvait sentir sa respiration contre son torse. Quelle étrangeté, cette sensation très paradoxale d’être hautement conscient de la présence troublante de son amie dans ses bras et en même temps, dans une si parfaite concordance avec elle, qu’elle semblait simplement s’installer dans le prolongement de ses pensées et ses émotions. Pendant de longues minutes, Roy appréhenda ce rapport très trouble qu’il était en train d’expérimenter avec Avalon, empli d’une conviction un peu inexplicable qu’ils n’avaient pas besoin de parler, ni même de mettre des mots sur la situation, pour partager quelque chose de très fort. Le murmure de la mer s’accordait parfaitement à leurs souffles mêlés, le roulis des vagues mimait le soulèvement régulier de leurs poitrines. Il sembla alors à Roy que la présence d’Avalon contre lui ne faisait qu’embellir ce paysage qu’il avait toujours adoré.

« Je comprends ce que tu viens chercher ici » dit-elle, lui laissant tout le loisir de faire une supposition qu’il exprima d’une voix basse :

« Je suis content que tu le ressentes toi aussi. »

Roy le savait, l’apaisement qui avait gagné son coeur ne tenait pas qu’au cadre exceptionnel qui les environnait. Ici, les cauchemars qui pouvaient agiter leurs nuits mouraient au creux de leur étreinte, avant même d’avoir gagné le large de l’océan.  

« J’aimerais bien te montrer ce que je fais. Si tu es d’accord, tous mes dessins sont chez moi. »

Cette proposition extirpa Roy de l’état profondément contemplatif dans lequel il s’était délicieusement égaré. Le passage d'un vent froid le saisit d’un frisson, son coeur frissonna lui aussi, de surprise, ébranlé par le chemin que prenait leur rencontre en plein milieu de cette nuit qui semblait coupée du reste de leurs existences. Avalon lui proposait de venir chez elle, pour la première fois, en pleine nuit, c’était ce que, factuellement, il se passait. Plus métaphoriquement, elle lui ouvrait une porte supplémentaire sur ses secrets, elle lui donnait la possibilité de découvrir une part d’elle qu’il n’avait jamais vue, elle lui offrait une preuve supplémentaire de sa confiance.

Après ce qu’ils venaient de partager, après tout ce qu’ils avaient vécu avant d’en arriver à ce moment, il parut inapproprié à Roy de donner à cette proposition la signification qu’on aurait pu lui donner, dans un tout autre contexte. Il n’y avait eu aucune lueur de séduction dans les regards qu’ils échangeaient, ni maintenant, ni plus tôt dans leur soirée. Ce n’était pas le sens de ce qu’ils partageaient. Cette pensée évacua les doutes qu’il lui restait et lui permit de se laisser simplement porter, comme il avait décidé de le faire depuis quelques minutes.

« Je te suis. »

Aussi étonnant cela puisse t-il paraître, après toutes ces années d’amitié, Roy n’avait jamais pénétré dans l’appartement de la milicienne. Comme Toni, elle semblait réserver cette espace à une sphère très privée. Il l’avait toujours fréquentée dans un contexte de groupe, où ils avaient d’autres lieux de rassemblements, plus spacieux. Il se leva, prêt à se laisser guider, avec une curiosité toujours aussi manifeste au fond de son regard.  


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I know fear is what it really was [Roy & Avalon] Icon_minitimeDim 11 Oct 2020 - 11:12
« Je suis content que tu le ressentes toi aussi. »

C’était le cas. Difficile de ne pas laisser son cœur être gagné par l’apaisement qui émanait à la fois du paysage qu’ils contemplaient ainsi que de cette énième étreinte qu’ils partageaient. Depuis qu’ils s’étaient trouvés un peu plus tôt, il semblait à Avalon que ni elle, ni Roy, ne souhaitaient rompre ce premier contact qui avait été initié entre eux. Et, si ce dernier n’avait, de fait, rien de sensuel, il était pourtant chargé d’un sens profond qu’Avalon peinait encore à découvrir dans son intégralité. Elle n’avait jamais été aussi consciente de la présence de Roy à ses côtés – présence à la fois physique et psychique. Elle sentait son souffle se mêler au sien alors que la pulpe de ses doigts effleurait, par intermittence, le dos de sa main. Elle devinait dans son silence des pensées peut-être désorganisées mais apaisées, dont elle ne questionna pas le contenu, elle-même plongée dans un état réflexif et contemplatif qu’elle souhaitait prolonger.

Le bruit incessant des vagues avait ce don, chez Avalon, de faire défiler ses pensées sans qu’elle ne cherche à en retenir une particulièrement. Elles s’imposaient à elle, parfois sans qu’elle n’en comprenne la raison, parfois pour lui apporter une solution tant espérée. Elle gardait son neveu Elio, la semaine prochaine – elle avait organisé sa journée pour être totalement disponible, après dix appels de sa sœur. Le travail qu’elle faisait à la milice était-il à la hauteur des espérances de ceux qui avaient placé en elle une telle confiance ? Sa sœur lui manquait. Elle irait la voir demain. Elle allait mourir un jour. C’était terrifiant. La présence de Roy n’était pas seulement agréable ; cela faisait longtemps qu’elle ne s’était pas sentie aussi bien.

Ses pensées, pourtant décousues, s’arrêtèrent plus longuement sur ce dernier fait. Avalon sentit un sourire étirer ses lèvres, alors que ses yeux restaient fixés sur l’horizon assombri par la nuit environnante. Quelque chose en elle – une volonté de poursuivre ce chemin qu’ils avaient entrepris ensemble, sans doute – la poussa à son tour à lui proposer de franchir avec elle une autre étape de cette relation si particulière qu’ils cultivaient.

Roy n’était jamais venu chez Avalon. A vrai dire, personne ne venait jamais chez Avalon – à part Fergus et Toni, peut-être. Elle avait longtemps vécu à Manchester – depuis qu’elle était entrée chez les Aurors, à vrai dire. Elle avait récemment déménagé à Londres, après sa nomination à la tête de la milice, pour investir un appartement un peu plus grand, doté d’une petite terrasse qui donnait sur la Tamise. Rien à voir avec les appartements et autres villas de ses proches ; l’appartement d’Avalon était modeste – bien qu’elle soit désormais l’heureuse propriétaire de deux chambres, dont l’une était investie comme bureau la plupart du temps.

L’accord de Roy lui tira un sourire, et elle se redressa à son tour. Leurs mains ne se séparèrent pas et, lorsqu’Avalon ferma les yeux pour transplaner, elle l’entraîna à sa suite jusqu’à une ruelle londonienne, uniquement éclairée par le néon rouge d’une arrière-boutique alimentaire. Ils gagnèrent l’immeuble d’Avalon, situés quelques mètres plus loin, et elle invita Roy à la suivre dans la cabine d’un ascenseur. Elle pressa le bouton « 6 » et les portes se refermèrent. Dans la promiscuité de cette cabine, le cœur d’Avalon accéléra doucement dans sa poitrine. Faire entrer Roy dans cette espace qu’elle ne partageait pas revenait à atteindre avec lui un niveau de proximité particulièrement fort, lourd d’une symbolique qu’elle ne pouvait pas nier. Qu’elle avait cessé de nier depuis qu’ils s’étaient retrouvés ce soir mais qu’elle ne parvenait pas à affronter totalement non plus.

Une poignée de secondes plus tard, Avalon ouvrait la porte de son appartement et invitait Roy à y pénétrer. La porte d’entrée donnait immédiatement sur un salon aménagé dans les tons blancs, avec de larges cadres accrochés aux murs. La cuisine était séparée du salon par un îlot central au milieu duquel traînait une plaquette chocolat-amandes caramélisées déjà bien entamée. Un couloir, plongé dans le noir, menait aux chambres et à la salle de bain.

« Bienvenue. » souffla-t-elle avec un sourire en coin.

Elle se dirigea vers sa table basse, sur laquelle trônait un épais carnet à dessin, qu’elle saisit entre ses mains et qu’elle observa un bref instant. Puis, elle se tourna vers Roy, le regard désormais habité par une certaine nervosité qu’elle ne chercha pas à dissimuler. Elle lui tendit le carnet.

« J’ai l’impression de te donner une part de moi. » commenta-t-elle avec un sourire amusé, largement trahi par le sérieux de ses yeux.

Il y avait quelque chose de terriblement intime à révéler son art aux yeux de quelqu’un. Ce carnet était noirci de moments de sa vie qu’Avalon ne partageait pas toujours, ou de souvenirs dont elle voulait garder une trace. Toni qui riait aux éclats. Toni une nouvelle fois, qui perdait une partie de poker face à un Fergus imperturbable. Fergus et Laoïse. Vivianne, dans une robe d’un jaune éclatant, un sourire lumineux sur le visage, qui posait à côté d’une statue beaucoup plus grande qu’elle. Jayce et Roy, en grande conversation autour d’un verre. Galaad et elle, qui s’affrontaient au Puissance 4. Le visage de Norvel, illuminé de cet air mauvais qu’elle avait capté chez lui juste avant de perdre connaissance. Un portrait de Roy, réalisé quelques heures après ce jour où ils s’étaient réveillés l’un contre l’autre. Vivianne et elle, attablées devant une énorme coupe glacée, les joues de sa petite-sœur rouges d’impatience. Son bureau à la milice, des croquis qui n’avaient jamais été terminés, d’autres qui avaient été abandonnés voire raturés.

Un pan de sa vie, dévoilé sans filtre.


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I know fear is what it really was [Roy & Avalon] Icon_minitimeDim 11 Oct 2020 - 22:59
Le silence de la cabine d’ascenseur, après le grandiose vacarme des vagues qu’ils venaient de quitter, fit un étrange effet à Roy. De la même manière que les étages défilaient devant ses yeux, toutes les scènes qui avaient composé les dernières heures repassèrent dans sa tête, comme pour rejouer le film de cette incroyable et étonnante nuit avec Avalon, qui semblait s’étirer à l’infini, en dehors des règles du temps. La logique de cette connexion qui s’était établie entre eux ne lui apparaissait pas et pourtant il ne chercha pas à la remettre en question. Il en savoura seulement la sensation, qui lui faisait l’effet d’une caresse apaisante sur son coeur, comme si, malgré toute l’étrangeté de la situation, il était tout à fait là où il devait être.

C’était en l’occurrence au milieu du grand salon où Avalon vivait, et que Roy embrassa de son regard. D’une certaine manière, le lieu ressemblait à sa propriétaire, dans ses tons blancs lumineux, ses coussins moelleux, ses matières douces, ses lignes arrondies et sa décoration pleine de simplicité. Il aperçut quelques détails qui trahissait franchement les intérêts et les habitudes de son amie -les photographies de ses proches, la collection de tasses où elle mélangeait probablement ses breuvages sucrés, des paires de baskets colorées dans l’entrée, quelques livres sur les étagères, les petites haltères glissées sous la table basse, le gros plaid doux sur le canapé, la tablette de chocolat laissée sur le plan de travail- ce qui lui tira un léger sourire. Du bout du doigt, il effleura un cadre sur sa gauche occupée par le portrait d’une petite fille d’une dizaine d’années, avant de suivre les pas d’Avalon dans cet intérieur qui révélait déjà beaucoup de son intimité. Le carnet qu’elle lui tendit en révélait davantage, Roy le comprit en voyant son épaisseur, avant même qu’elle ne l’avoue. Il tâcha de la rassurer et la détendre avec une plaisanterie, en attrapant l’objet :

« Promis je vais pas la prendre en otage en réclamant une rançon. »

Il se sentait plutôt honoré de cette confiance qu’Avalon lui accordait en lui donnant cet objet et en le laissant le découvrir librement, entièrement. Il voulait s’en montrer digne. Parce qu’il sentait que cette découverte serait longue et chargée d’émotions, il s’installa d’abord sur le canapé, en attendant qu’Avalon le rejoigne avant d’ouvrir le carnet. Accompagné du léger souffle de son amie dans son cou et du contact de son bras contre le sien qui lui rappelait sa présence, il tourna une par une, lentement et silencieusement, les pages qui composaient ce récit du quotidien d’Avalon Davies.

Sous ses yeux émerveillés, prirent vie des silhouettes de feutre, des visages de crayon de papier, traversés de dialogues qui n’étaient pas écrits mais que Roy entendait à son oreille comme des sons familiers. Le rire tonitruant de Toni, les plaisanteries de Jayce, la voix profonde de Fergus, les commentaires timides de Laoise. Il fut frappé par l’exactitude et la précision de postures qu’il connaissait bien. Il se sentit curieux des silhouettes qu’il connaissait moins bien mais qui parsemaient régulièrement des pages de son carnet, comme des pans de la vie d’Avalon dont il n’était pas encore familier et qu’il avait envie de découvrir. Un peu plus longuement, il s’attarda sur les croquis qui le représentaient lui, songeant qu’ils traduisaient la manière dont Avalon le voyait et qu’il n’y avait pas plus intime aveu de sa part. « Voilà comme je te vois » lui disait t-elle, à travers la douceur de ses aplats, la souplesse de ses lignes, la profondeur de ses ombres, l’éclat de ses couleurs et la tendresse des images qu’il en résultait. Une douce chaleur s’épanouit dans sa poitrine à cette vision, fit tomber sa retenue le temps qu’un aveu lui échappe, dans un souffle :

« Tu vois, j’ai pas de vanne à faire parce que c’est juste incroyable. »

Il était encore plus admiratif du fait qu’elle semblait faire ces dessins par le seul travail de sa mémoire, dans le secret de son appartement, puisqu’il ne l’avait jamais vue dessiner quand elle passait des moments avec lui ou avec les autres. Plus que son quotidien, Roy découvrait également des talents qu’il ne soupçonnait pas chez elle et qui ne la rendaient que plus éclatante à ses yeux.

« Comment tu fais ça ? » demanda t-il avec une sincère curiosité, sans cesser de tourner les pages.

Il ne savait pas s’il y avait une réelle explication à donner à cet art qui semblait animer Avalon et dont il était encore subjugué par la beauté. Il s’arrêta sur l’énième portrait d’une même petite fille qui occupait plusieurs pages de ce carnet et qui lui semblait ressembler en tous points à la photographie dont il avait effleuré le cadre quelques minutes plus tôt.

« C’est l’une de tes soeurs ? » devina t-il. « Elle te ressemble… »


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I know fear is what it really was [Roy & Avalon] Icon_minitimeLun 12 Oct 2020 - 13:46
Dans un silence qui trahissait sa nervosité, Avalon s’installa aux côtés de Roy sur son canapé et l’observa ouvrir un carnet qui dévoilait de sa vie bien plus que ce qu’elle en disait au quotidien. Des portraits de ses plus proches amis, des dessins de ses frères et de ses sœurs, certaines de ses peurs esquissées au milieu de pages blanches, ses rêves qui avaient pris vie sous son crayon. Tous ses dessins respiraient une sincérité touchante, troublante, qui s’exprimait dans la justesse des regards et dans ces lignes directement tracées au feutre ou au crayon sur le papier. Il y avait, dans cette énième révélation qu’elle lui offrait ce soir, à la fois une vulnérabilité et une force qui s’esquissaient toutes deux au gré des pages que Roy tournait lentement.

Jamais Avalon ne s’était sentie aussi proche de Roy qu’à cet instant, livrée sous ses yeux sans le moindre apparat ni la moindre trace d’humour pour atténuer la profondeur de ses propos. Ses dessins disaient d’elle ce qu’elle ne lui avait jamais exprimé véritablement : son attachement profond à sa famille, l’amour inconditionnel qu’elle portait à Toni et Fergus, la façon dont elle le percevait, lui, à travers un regard dans lequel elle ne parvenait pas à marquer un certain élan de tendresse. Et, si Avalon n’en n’avait pas forcément conscience au moment où elle avait réalisé ce dessin quelques jours plus tôt, cela lui paraissait désormais évident à la lumière de ce lien qu’elle venait de créer avec Roy et dont elle était capable d’en apprécier chaque aspect.

Le commentaire de son ami, prononcé dans un souffle incrédule, lui tira un sourire léger qui fit passer sur son visage un éclat lumineux.

« Ce n’est pas tous les jours que j’arrive à te rendre muet. » fit-elle remarquer en haussant les sourcils, l’air amusée.

Et, pourtant très prompte à fanfaronner sur ses victoires et ses réussites, Avalon se replongea dans un silence contemplatif, les yeux posés sur les esquisses que Roy faisait défiler sous ses yeux. Elle ne les avait jamais observées avec autant d’intensité, poussée par le regard curieux qu’elle sentait émaner de Roy. Avalon dessinait beaucoup, et souvent sans réfléchir. Elle saisissait une feuille, elle s’emparait d’un crayon, et elle esquissait une scène qui l’avait fait sourire, qui l’avait fait vibrer, qui l’avait fait trembler. Elle reproduisait, de mémoire, un souvenir heureux, nostalgique, dont elle voulait garder une trace. Elle dessinait sans brouillon, parfois directement avec un feutre noir, comme en témoignait les nombreuses lignes qui pouvaient tracer le contour d’un visage ou d’une chevelure. Ces carnets constituaient finalement un album photo personnel et intime de son quotidien, et dont elle ne révélait que rarement le contenu. Roy était une exception troublante, à qui elle autorisait l’accès à son sanctuaire, preuve d’une confiance dont elle ne mesurait pas encore toutes les conséquences.

« Je ne sais pas. » répondit Avalon avec un petit rire, amusé par la question. « Je dessine depuis que je suis petite, ça m’a toujours paru facile. » confessa-t-elle en haussant les épaules.

Ses dessins montraient évidemment une progression, une affirmation dans un style plutôt que dans un autre, mais elle n’avait jamais vraiment eu l’impression d’apprendre. Elle essayait, elle se trompait parfois, et le suivant était plus réussi. Elle avait gardé ses premiers carnets, et se plaisait parfois à les feuilleter pour redécouvrir ce qui lui avait paru si important à l’époque pour qu’elle le crayonne, mais également pour constater à quel point, avec le temps, ses traits s’étaient affinés, précisés.

Lorsque Roy s’arrêta sur l’un des nombreux portraits de Vivianne qu’elle avait réalisé, Avalon sentit un autre sentiment de tendresse, bien plus filial cette fois-ci, gagner son cœur, comme toujours lorsque son regard rencontrait les doux traits du visage de sa petite-sœur. Les traces de sa petite-sœur, dans son appartement, étaient partout : une photographie sur une étagère, une autre sur la commode, des dessins dans son carnet, son dernier bulletin de notes accroché sur son frigo, ses céréales préférées dans ses placards, un manteau qu’elle avait oublié suspendu dans l’entrée.

« Oui. » acquiesça-t-elle à sa question. « Vivianne, la plus petite, elle a neuf ans. » précisa-t-elle, sans parvenir à masquer la fibre maternelle qui transparaissait de ses mots.

Vingt ans d’écart. Elle était la petite dernière de la fratrie Davies, l’ultime bébé qui n’avait pas été prévu. Avalon, quant à elle, était déjà plus ou moins adulte lorsque Vivianne avait vu le jour – elle avait, tout du moins, quitté le domicile parental depuis plus deux ans. La naissance de Vivianne avait été ce qui l’avait poussé à y revenir plus souvent, pour prendre soin de cette petite-sœur qui n’intéressait pas grand-monde. Avalon ne savait pas exactement quel lien elles avaient noué toutes les deux, si Vivianne la considérait comme sa grande-sœur ou sa mère de substitution, sûrement quelque chose entre les deux, mais l’amour qu’elles se portaient était évident, presque palpable.

« Elle est beaucoup plus facile à vivre que moi. » confia-t-elle avec un sourire entendu. Car, si on retrouvait chez Vivianne l’attitude solaire et sociale d’Avalon, elle avait, en revanche, un caractère bien moins tempétueux. Elle n’en n’était pas moins très obstinée, mais plutôt parce qu’elle était perfectionniste. « Mais c’est vrai qu’on se ressemble un peu. » fit-elle en effleurant le dessin. Même chevelure, mêmes yeux bruns en amande, et même sourire. « Elle vient souvent avec moi, je pensais que tu l’avais déjà vu. »

Les enfants Davies, en réalité, se ressemblaient tous plus ou moins. Tous bruns, avec des regards très expressifs. Il y avait, cependant, comme dans toutes les fratries, certains membres qui étaient bien plus similaires aux autres. Néro et Yvain, Célice et Yseut. Morgane et Garlan. Galaad, Avalon et Vivianne.

« Vous vous ressemblez, tes frères et toi ? » demanda-t-elle, curieuse, sans préciser si elle évoquait une ressemblance physique ou mentale.


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I know fear is what it really was [Roy & Avalon] Icon_minitimeMar 13 Oct 2020 - 0:22
« Profite, car ça ne dure jamais longtemps » répliqua Roy, plus pour avoir le dernier mot qu’autre chose.

Pour le moment, sa stupéfaction contemplative était bien partie pour durer quelques minutes, tant chaque croquis le transportait dans des scènes familières, soit parce qu’il les connaissait, soit parce qu’il pouvait s’identifier. Chaque page tournée confirmait ce qu’Avalon lui avait dit en lui tendant ce carnet, car chacun révélait avec délicatesse un morceau d’elle : ici un souvenir, une peur, une affection, un moment. Il les cueillit entre ses mains, avec pudeur, avec révérence aussi, car il mesurait bien la confiance qu’elle lui offrait avec ce cadeau. Le caractère exceptionnel de ce moment se confirma quand Avalon lui révéla qu’elle dessinait depuis toute petite. S’il ne découvrait ce talent chez elle que maintenant, après plusieurs années d’amitié, cela ne signifiait qu’une chose : elle devait le dévoiler à très peu de personnes.

« C’est vraiment ton jardin secret, alors. » Après quelques secondes de silence et quelques croquis plus tard, il ajouta d’abord sérieusement, avant qu’un sourire ne refasse surface : « En tout cas, tu as vraiment un talent… Profite aussi, d’habitude mes compliments ne sont pas gratuits. »

Roy poursuivit ses découvertes, tout en savourant cette ambiance un peu plus légère que tout à l’heure, mais tout aussi douce qui s’installait entre eux et le poussa à poser des questions à Avalon. Il savait qu’elle avait une famille nombreuse, de huit frères et soeurs, même s’il n’en avait rencontré qu’un, son jumeau Galaad, dont elle était la plus proche. Elle ne parlait pas beaucoup de cette famille, sujet sur lequel Roy ne lui avait jamais posé beaucoup de questions, d’abord parce qu’il était lui-même peu prompt à parler de la sienne, mais aussi parce qu’il savait qu’elle venait d’un milieu difficile, pauvre et violent. Pourtant, l’évocation de Vivianne ne semblait provoquer que de la douceur chez elle. Roy vit un sourire lumineux s’épanouir sur le visage de son amie, une profonde tendresse s’emparer de son regard tandis qu’elle parlait de sa plus jeune soeur et cette vision le troubla un peu. L’amour et la fierté qu’elle vouait à cette petite fille apparaissait avec une transparence et une sincérité chez elle qui ne cessaient de le captiver. Roy ne regardait plus les traits de la petite fille couchés sur le papier, il regardait ceux d’Avalon, bien réels, à quelques centimètres seulement de ses yeux, doux, souriants. Solaires.  

« Elle te ressemble beaucoup même » commenta t-il, comme pour justifier ce regard qui s’éternisait alors qu’en vérité, ses pensées s’étaient égarées bien plus loin que le sujet de leur conversation. Il dut se forcer à recentrer son attention et détourner les yeux pour les reposer sur le carnet ouvert. « Tu as l’air de tenir beaucoup à elle. »

Il n’avait pas souvenir d’avoir déjà vu Avalon en compagnie d’une petite fille, mais peut-être était-ce arrivé, sans qu’il n’y prête beaucoup d’attention. Il était certain de n’avoir jamais parlé à cette petite Vivianne en tout cas, dont le visage et le nom l’aurait marqué, si cela avait été le cas. Elles avaient vingt ans de différence, tout de même, nota t-il, en mesurant assez bien le type de changement que ce genre d’écart d’âge pouvait induire. Lui-même sentait que son rapport avec Adrian était bien différent de celui qu’il avait avec Jason ou Irina, car avec leurs onze années de différence, il était déjà presque un adulte quand Adrian n’était encore qu’un petit enfant, ce qui expliquait chez lui une tendance à vouloir le protéger lui, particulièrement.

Comme si elle avait suivi le fil de ses pensées, Avalon évoqua à son tour ses frères et soeurs, ce qui lui fit tourner la tête vers elle de nouveau.

« Physiquement ? Hum… Plutôt, ouais. » Il voulait bien l’admettre. La plupart des personnes qui rencontraient les quatre enfants Calder n’avaient aucun mal à les identifier comme membres d’une même famille. Ils arboraient tous une peau légèrement hâlée, des traits réguliers, des cheveux et des yeux sombres et une barbe pour les garçons -celle d’Adrian viendrait bientôt, il ne fallait pas désespérer. « En terme de personnalité par contre… Jason et moi, c’est vraiment le jour et la nuit, littéralement, tu prends mes traits de caractère et tu renverses tout. » Autant dire qu’ils reflétaient parfaitement le concept d’incompatibilité. « Je pense que c’est ma soeur qui me ressemble le plus. C’est une grande gueule, hein. Adrian, il est assez différent de moi… De nous tous, en fait, je dirais, dit-il, songeur, avant d’esquisser un sourire moqueur. En même temps il a un petit côté fourbe qu’il n’a pas encore totalement révélé, hein, il nous a tous surpris quand il a été à Serpentard… Tu sais qu’on a tous les quatre été dans une maison différente de Poudlard ? Tu prends notre fratrie, tu as les quatre maisons, voilà, c’est pour te dire comme mes parents ont brassé large. »

Sur cette plaisanterie, Roy reposa le carnet encore ouvert sur la table basse avec précaution, comme pour mieux se dédier à cette discussion entamée. Il s’appuya contre le dossier du canapé sur lequel il étendit son bras qui frôlait Avalon jusque là. Sans rien dire d’abord, il la regarda avant de lancer sur une espèce de coup de tête, un léger sourire aux lèvres :

« Parle-moi de tes autres frères et soeurs. »


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I know fear is what it really was [Roy & Avalon] Icon_minitimeMar 13 Oct 2020 - 12:32
Avalon hocha doucement la tête, un sourire accroché sur les lèvres, sensible au regard que Roy posait sur elle alors que ses yeux étaient fixés sur l’esquisse de sa petite-sœur. Avalon avait des rapports particuliers, complexes, avec sa famille. Comme dans toutes les familles sûrement, leurs relations étaient souvent chaotiques, parfois même franchement tendues, et elle avait le sentiment que cela était exacerbé par leur nombre et par le milieu dans lequel ils avaient grandi. Pouvait-on réellement entretenir avec ses frères et ses sœurs des relations saines, apaisées, lorsque le cadre qui les entourait ne l’était pas lui-même ? Ou s’agissait-il simplement d’une excuse derrière laquelle elle se dissimulait pour expliquer le tableau confus de sa famille ? Et pourtant, malgré tous les liens compliqués qui s’étaient noués entre eux, Avalon sentait qu’elle était profondément attachée à sa famille. Elle n’avait, de fait, jamais réussi à couper les ponts avec eux.

Peut-être aurait-elle dû, lorsque, à dix-huit ans, elle avait quitté le domicile parental pour ne plus jamais y remettre les pieds. Elle y avait songé – à plusieurs reprises, même. Elle ne s’était jamais entendue avec ses parents, Néro la méprisait cordialement – et l’inverse était tout aussi vrai – et beaucoup de ses jeunes frères et sœurs ne la connaissaient pas vraiment, puisqu’elle passait l’année à Poudlard, éloignée d’eux et de leur quotidien. Elle était cette sœur qui revenait pendant les vacances, qu’on ne voyait pas beaucoup et qui apportait souvent des tensions dans une famille déjà soumise à des difficultés bien réelles. Elle avait hésité, plusieurs mois, à revenir dans ce milieu où elle avait connu des souffrances si fortes, si intenses, qu’elles l’avaient marqué à jamais. Mais – et Avalon le constatait désormais avec un recul pris lors de ces dix dernières années – cette hésitation n’avait jamais été réelle. Elle ne s’était jamais éloignée, parce qu’elle n’avait jamais pu se résoudre à le faire – plus jeune, elle pensait simplement qu’à chaque fois qu’elle y songeait, quelque chose la retenait. Yseut qui n’allait pas bien. Vivianne qui voyait le jour, Néro qui devenait papa, Célice qui tombait enceinte… En réalité, tous ces prétextes n’avaient été que des excuses pour aider Avalon à affronter le fait qu’elle était tout simplement bien incapable de quitter sa famille, malgré tous ses jolis discours d’indépendance. Au final, Avalon s’était toujours identifiée comme faisant partie de cette grande famille. Elle était une des « enfants Davies », bien connus dans le quartier où ils résidaient depuis plus de trente ans.

Et, poussée par ses propres pensées qui vagabondaient vers sa fratrie, Avalon interrogea Roy sur la sienne, s’arrachant à l’observation des traits de sa petite-sœur pour se replonger dans ce regard dont elle connaissait désormais l’éclat, et qui lui paraissait encore plus lumineux qu’avant. Elle écouta sa réponse sans l’interrompre, parce qu’elle sentait que ce n’était pas un sujet sur lequel il avait l’habitude de s’épancher. Force était d’ailleurs de constater que, depuis les dix années qu’ils se connaissaient, ce n’était que la seconde fois qu’il abordait le sujet aussi librement avec elle, et Avalon voulait se montrer digne de ses confidences. Elle releva toutefois certains détails qu’il avait tus mais qui s’exprimaient malgré lui dans ses paroles : la façon dont il évoquait Jason, ces caractères incompatibles qu’il soulignait et qui, le devina Avalon, ne devaient pas faciliter leurs rapports ; sa manière de parler d’Irina, avec une certaine fierté ; le sourire qui s’était affiché sur ses lèvres lorsqu’il avait mentionné Adrian. Tant de détails minuscules, infimes même, mais qui indiquaient déjà, aux yeux d’Avalon, les premières esquisses des relations que Roy entretenait avec sa fratrie.

« Laisse-moi deviner… Jason à Serdaigle et Irina à Poufsouffle ? » tenta Avalon en cherchant quelle maison pouvait être l’exacte inverse du caractère de Roy. Pas Poufsouffle à son sens car elle le savait loyal. Pas Serpentard non plus car il lui semblait que Roy ne manquait pas d’ambition. « C’est étonnant, j’ai toujours eu l’impression que les membres d’une même famille avaient tendance à se répartir dans une ou deux maisons. » commenta Avalon, songeuse. « Cela dit, » ajouta-t-elle en l’observant, « tu parles du « côté fourbe » de ton frère, mais je suis certaine que le Choixpeau a hésité à t’envoyer à Serpentard. »

Qu’on ne lui fasse pas croire qu’on se retrouvait à la position de Roy sans savoir faire preuve de ruse. Elle admettait cependant volontiers que l’impulsivité de son ami – ainsi que la bravoure qu’elle sentait émaner de lui – lui valait parfaitement sa place chez les Gryffondor.

A vrai dire, il avait toujours semblé à Avalon que cette répartition était légèrement artificielle car, si elle mettait en effet en avant un trait de caractère présent chez un jeune sorcier, elle ne pouvait pas non plus nier cette multiplicité de facettes qu’on retrouvait chez tout individu. Fugacement, Avalon songea que sa propre répartition chez les Poufsouffle ne l’empêchait pas de se sentir curieusement semblable à Roy, sur tant d’aspects qu’elle découvrait seulement et dont il était difficile de tenir le compte. Un sourire s’étira sur ses lèvres à cette pensée, alors que son ami glissait son bras derrière elle, les rapprochant à nouveau. Avalon accueillit cette proximité retrouvée avec un regard qui se voila de douceur alors qu’elle s’appuyait à son tour contre le dossier, à la fois très proche, et très loin de lui. Sa requête la trouble un bref instant, mais elle finit par hocher la tête.

« Ils sont huit, j’espère que tu as du temps. » lâcha-t-elle avec humour. Un silence suivit sa déclaration. « Je ne sais pas par où commencer. » avoua-t-elle avec un rire. « Attends. »  Elle extirpa de sa poche son Pear, qu’elle déverrouilla d’un geste. Elle ouvrit son album photo, fit défiler les nombreux clichés qu’elle n’avait jamais pris le temps de trier, avant de trouver celui qu’elle cherchait. Il apparut sur l’écran et lui tira un sourire ; c’était la seule photographie récente où tous les enfants Davies étaient réunis. C’était Alma, leur grand-mère – abuelita comme ils l’avaient toujours appelé – qui avaient fait des pieds et des mains pour l’obtenir et, comme toujours, elle avait réussi. Avalon se souvenait de ce jour ; ils s’étaient tous réunis pour célébrer le dix-huitième anniversaire d’Yvain.

Prise d’une hésitation qu’elle étouffa bien rapidement, Avalon se pivota légèrement pour appuyer son dos contre le torse de Roy, et sa tête contre son épaule, de façon à tenir l’écran de son téléphone à hauteur de ses yeux. Ce contact occasionna en elle une sensation de chaleur qu’elle commençait à bien connaître et qu’elle savoura un bref instant dans un petit moment de silence. Son pouce désigna alors un homme à l’air revêche.

« C’est Néro, mon frère aîné. » lui indiqua-t-elle. « Il a trente-et-un ans mais même si on est relativement proches en âge, on ne s’entend pas très bien. Je crois que c’est parce qu’on se ressemble un peu trop, au fond. Mais tout ça, » elle fit un geste de la main, comme pour englober cet univers qu’elle ne fréquentait plus, « ça l’a rendu mauvais. Violent. » se corrigea Avalon, en taisant cependant ce coup qu’il lui avait porté quelques mois plus tôt. Son doigt désigna un autre jeune homme, au visage plus jovial. « Galaad, mon jumeau, que tu as déjà rencontré… Les autres disent qu’on est insupportables quand on est ensemble mais, » elle haussa les épaules, « c’est juste que c’est un superbe allié. » Et qu’ils prenaient toujours le parti l’un de l’autre. Quand ce n’était pas le cas, il valait mieux ne pas se retrouver entre eux. « Ça c’est Célice, elle a vingt-six ans et crois-moi, si ton frère à un « côté fourbe » elle, c’est tout son être qui est dédié à ça. Elle arrive toujours à obtenir ce qu’elle veut, c’est impressionnant. Elle vit encore chez mes parents, avec son fils, Elio, qui a trois ans. » Elle désigna le petit garçon brun, assis au premier plan de la photo, puis effleura le visage d’une autre femme, aux traits plus doux. « Là c’est Yseut… » Elle s’interrompit. « Je t’avais dit qu’on avait tous des prénoms tirés de la légende du Roi Arthur ? Donc, Yseut, qui a vingt-deux ans. Je crois que c’est la plus douce d’entre-nous. » confia Avalon avec un sourire. « Yvain, dont on fêtait les dix-huit ans, qui voue une véritable admiration à Néro sauf quand il s’agit de lui filer de la thune et là, je deviens sa sœur préférée. Il est en pleine crise d’indépendance depuis ses treize ans alors « t’es pas ma mère » et « je suis majeur je fais ce que je veux » sont littéralement ses phrases préférées. » fit Avalon sans pouvoir retenir un léger rire. « Morgane, qui ressemble beaucoup à Yvain aussi. Elle m’appelle toutes les semaines pour me raconter ses histoires d’amour, » fit Avalon en levant des yeux rieurs vers Roy, « Je ne peux jamais lui donner le moindre conseil mais il paraît que ça l’aide beaucoup. » Parce que dès qu’elle disait « mais tu sais Mo’, peut-être que tu pourrais… », sa sœur raccrochait. « Ici c’est Garlan, il a treize ans. Il est très susceptible, ça peut devenir une véritable dramaqueen à des moments. Et Vivianne, donc. Elle est lumineuse. » commenta Avalon en effleurant le sourire de la petite-fille, installée sur ses genoux pour la photo.

Consciente que cette présentation de ses frères et sœurs omettait une grande part de leur existence, qu’elle avait volontairement passé sous silence, Avalon ajouta :

« Ce milieu dans lequel on a grandi… C’est dur, de ne pas le laisser te changer. Pour moi, ce n’était pas pareil, j’avais Poudlard donc j’étais absente presque toute l’année mais Néro, par exemple, la drogue, ça l’a complètement bousillé. » Elle reprit, d’un ton un plus léger, en verrouillant son téléphone qu’elle rangea, « Enfin, tu serais surpris de voir à quel point on se ressemble quand même tous plus ou moins. On doit avoir un sacré gène de l’insolence. »

Etonnée d’avoir tant parler sur un sujet qu’elle taisait si souvent, et de l’avoir fait avec autant de facilité, comme si elle était assurée que ses paroles seraient accueillies de la même façon que toutes ses confidences précédentes, avec une bienveillance et tendresse, Avalon laissa fleurir sur son visage un petit sourire. Elle resta appuyée contre Roy, posa même une main sur son bras qui s’était glissé le long de l’assise du canapé. Il y eut un léger silence, pendant lequel elle pivota légèrement la tête pour venir chercher son regard.

« Parle-moi encore de ta famille. » lança-t-elle avec un sourire. « Ta sœur est médicomage et les autres, ils font quoi ? »


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I know fear is what it really was [Roy & Avalon] Icon_minitimeMar 13 Oct 2020 - 21:37
« Bien vu. Quels talents de déduction, dis donc, y en a une qui n’est pas enquêtrice pour rien » répondit t-il un peu moqueur. Il fut en revanche franchement amusé de la voir deviner un élément à son sujet qu’il ne lui avait jamais dit. « Eh bien… Tu as totalement raison. J’ai failli atterrir à Serpentard. Ça s’est joué à peu. Mon côté altruiste, sûrement. »

Ou tête brûlée. Roy ne regrettait pas le moins du monde d’avoir fait sa scolarité chez les rouge et or, où il y avait rencontré Jayce et puis, il fallait le dire, c’était mieux en terme d’image d’être dans la maison Gryffondor à cette époque, du côté des gens gentils, plutôt que fréquenter le nid à Mangemorts qu’était devenu Serpentard. Depuis son époque marquée par l’avènement du Seigneur des Ténèbres, les choses avaient changé, comme en témoignait la scolarité d’Adrian, dans la maison des serpents, quelques années plus tard. A priori, il ne portait pas de tatouage de tête de mort et autre symbole nazi, donc tout allait bien.

« Bah franchement… Il est un peu plus de quatre heures du matin, déclara Roy en jetant un oeil à sa montre, moi je dis on a le temps qu’on veut. »

Leur perception était quelque peu biaisée par le fait que le temps ne semblait plus s’écouler de la même manière depuis qu’ils s’étaient retrouvés sur sa terrasse, pour se lancer dans de longues discussions très personnelles. Roy n’avait pas envie de mettre un terme à cette douce atmosphère de confidences qui se maintenait entre eux. Plus Avalon lui parlait d’elle et plus il avait envie de la connaître. Porté par cette certitude, il la laissa chercher de son Pear One et s’appuyer contre son torse dans une position qui ne le laissa pas indifférent. Le parfum de sa chevelure effleura ses narines d’une caresse délicieuse qu’il prit le temps de savourer. Après une brève hésitation, il replia son bras de manière à l’entourer, son coude posé sur l’accoudoir du canapé. Comme s’ils s’ajustaient tous les deux à la présence de l’autre, un petit temps de silence s’écoula, avant qu’Avalon ne commence à commenter la photographie qu’elle avait placée sous ses yeux.

Avec curiosité, le regard de Roy analysait les traits de chacune des personnes, comme s’il essayait d’y retrouver à la fois des points communs avec Avalon et les caractéristiques de leur personnalité qu’elle décrivait. Il ne fit pas part de toutes ses pensées -notamment pas que Néro portait les signes caractéristiques de l’abus de drogues sur son visage- mais il commenta parfois, entre deux phrases :

« Tu es proche de lui ? » l’interrogea t-il au sujet de Galaad. « Mais en fait tu as un neveu ! Je ne savais pas » s’étonna t-il à la mention d’Elio. « Oh non mais la légende du roi Arthur, sérieusement ? s’esclaffa t-il. Tes parents sont fans ? Hé en vrai, tu t’en es bien sortie avec Avalon, c’est le plus beau prénom » glissa t-il, en lui jetant un bref regard. « Je vois très bien, le cliché de l’adolescent en crise » ricana t-il quand Avalon lui cita les plus belles répliques d’Yvain. « Tu lui ressembles vraiment, c’est fou » souffla t-il à propos de Vivianne, après un léger temps d’arrêt.

Elles avaient le même regard doux et le même sourire joyeux. Pendant quelques secondes, le regard de Roy repassa sur chacune de ces personnes qui avaient marqué la vie d’Avalon, qu’elle voyait toujours, et dont elle se souciait toujours, malgré toutes leurs tensions dont elle lui avait esquissé les contours un autre soir, quelques semaines plus tôt. Elle les aimait tous, c’était évident. Le ton qu’elle avait emprunté pour parler de chacun d’entre eux, même de Néro, était marqué d’une affection certaine. L’inquiétude qu’il perçut au fond de sa voix alors qu’elle poursuivait trahissait tout autant l’importance qu’ils gardaient dans son coeur. Il baissa légèrement les yeux sur elle, sans manquer sa tentative de changer de sujet.

« Ça ne m’étonne pas du tout, c’était sûr que c’était ancré dans ton ADN, pour que tu sois aussi insolente. »

Après cette plaisanterie, Roy la regarda silencieusement, un peu trop longuement, signe que ses pensées s’agitaient. Il avait déjà perçu une forme de culpabilité chez elle, la dernière fois qu’elle lui avait parlé de ses frères et soeurs et du fait qu’elle avait eu la chance, elle, d’aller à Poudlard. Il n’était pas intervenu là-dessus mais cette fois-ci, le moment lui parut opportun pour le faire. Il pressa doucement sa main dans la sienne, dans un geste de réconfort.  

« C’est une chance que tu aies échappé à ce milieu. Mais tu n’en es pas responsable. » Elle n’avait rien demandé à personne après tout, des pouvoirs magiques lui étaient tombés dessus et elle y avait vu une échappatoire qu’elle avait parfaitement eu raison de saisir, vu le cadre dans lequel elle évoluait. « N’importe qui à ta place aurait saisi cette chance aussi… T’as l’air d’être une bonne grande soeur pour eux. » Il avait cru comprendre au fil de ses différents récits qu’elle était toujours là pour les aider, les sortir du pétrin ou leur prêter une oreille attentive quand il le fallait. « En tout cas, tu les aimes, ça se voit. »

Même si elle avait quitté le domicile familial bien plus tôt que les autres, elle n’avait pas coupé les ponts avec eux et s’occupait toujours régulièrement de ses jeunes frères et soeurs, semblait prendre de leurs nouvelles, ce qui était quelque chose que Roy faisait beaucoup moins, il n’était donc pas bien placé pour la juger. Il la sentit bouger légèrement contre lui et posa sa main sur son bras, dans un contact qui lui tira un léger frisson. Quand elle leva les yeux, il put presque prédire ce qu’elle allait lui demander avant même qu’elle ne le fasse. Après s’être autant livrée, il s’attendait à ce qu’elle se montre curieuse à son tour, ce qui ne le mit pas mal à l’aise. Ils avaient évoqué ce soir des choses encore plus intimes que leurs relations avec leurs frères et soeurs, alors Roy se laissa simplement porter par leur discussion :

« Jason bosse aux Transports Magiques. Il fait du développement du réseau, un truc comme ça. » Il ne fallait pas non plus lui demander de citer avec exactitude son poste, Roy avait toujours trouvé qu’ils avaient tous des noms de postes incompréhensibles au Ministère. Chargé de valorisation, chargé de pilotage performance… Cela ne voulait rien dire, franchement. « Adrian, il a… erré un certain temps on va dire, dit-il avec un bref sourire. Maintenant il est botaniste dans une ferme en Irlande. Vraiment personne n’avait prédit ça mais écoute, ça a l’air de lui plaire. »

Son long voyage en Argentine semblait avoir développé chez lui un amour de sa tranquillité et désormais, Roy aimait penser à lui comme une espèce d’ermite des montagnes irlandaises. En tout cas, pour la pratiquer lui-même, la botanique était une activité qu’il trouvait bien plus intéressante qu’être vigile dans une librairie, il ne pouvait donc que saluer le changement d’orientation de son petit frère.

« Attends, je vais te les montrer moi aussi. »

Puisque Avalon avait fait cet effort, il lui semblait juste de lui présenter correctement sa fratrie à son tour. Il bougea légèrement, de sorte à extirper sa baguette magique et ramener à eux le portefeuille en cuir laissé dans sa veste, dans l’entrée. L’objet semblait neuf et pour cause, il ne l’avait que depuis peu, ce qu’il expliqua à son amie :

« Adrian m’a offert ce portefeuille pour mon anniversaire le mois dernier. Et dedans, il y avait… Ça. »

Il sortit une petite photo qu’il avait logée dans l’un des interstices pour la lui montrer, une photo absolument adorable qui lui avait tiré un rire en la voyant. Signe qu’il devenait vraiment vieux, il se sentait parfois nostalgique de cette époque où Adrian lui arrivait aux genoux et qu’il arborait la bouille la plus mignonne du monde.

« C’est pas lui qui l’a laissée, j’ai pas bien compris comment ça avait atterri dedans, mais j’allais quand même pas lui faire le plaisir de lui rendre cette photo collector. Du coup j’ai décrété que ça faisait partie du cadeau et il m’a répondu un truc comme « Va mourir » » raconta t-il avec un large sourire à ce souvenir.

Il laissa Avalon la prendre pour la regarder de plus près et chercha pendant ce temps sur son Pear d’autres photographies plus récentes qui rendraient mieux justice à son jeune frère, ce qui le poussa à fouiller son compte instamag.

« Voilà c'est lui, plus grand, toujours aussi beau gosse mais toujours aussi imberbe. » Sous les yeux d’Avalon, il fit défiler le fil de photos rapidement, en s’arrêtant seulement sur celles qui l’incluaient lui ou un membre de leur fratrie. « Ah putain ! Ce bâtard il avait fait un montage photo de Jason et moi, pour tenter de réaliser son rêve de nous voir ensemble. Bon bah du coup, voilà Jason. » Il défila de nouveau, ce qui le mena sur une autre photo d’Adrian bébé mais, un peu trop tard il remarqua qu’il y était aussi. « Ah. Vraiment fais comme si tu n’avais rien vu. »

Avec un rire, il leva son bras pour l’empêcher de prendre le contrôle de son Pear One et regarder cette photo de plus près. Après quelques chamailleries, il finit par céder et la laisser s’emparer de l’appareil pendant quelques secondes. Son regard à lui, plus doux, resta plutôt sur la première photo qui montraient Irina et Adrian ensemble.

« Oh attends je dois en avoir d’autres de ma soeur où elle est petite, fais voir, je retrouve ça. » Quand il reprit son appareil, il passa sur le compte instamag de sa soeur et n’eut pas de mal à retrouver le cliché, puisqu’il avait été de mode à une période de poster des photos de soi bébé. « Elle est pas genre trop mignonne ? Putain par contre elle a toujours ce regard de tueuse, on dirait qu’elle va te défenestrer à tout moment. »  Il passa à la photo suivante. «  Non mais sérieux regarde, on dirait pas qu’elle va aspirer ton âme ? » Mais il disait cela avec beaucoup d’affection évidemment, car Roy était surtout très fier de sa soeur, ce qui se vit dans ses commentaires sur les photos suivantes. « Hé ma soeur c’est le genre de meuf, même habillée en clocharde, elle est canon, c’est chaud. Elle est comme moi, au fond » décréta t-il avec beaucoup de modestie. « Bon après elle poste des photos comme ça, elle fatigue. »


Roy Calder

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I know fear is what it really was [Roy & Avalon] Icon_minitimeMer 14 Oct 2020 - 0:58
Appuyée contre Roy, enveloppée de la chaleur qu’elle sentait se dégager de son corps, Avalon répondait à ses commentaires, un sourire étirant ses lèvres. Oui, elle était proche de Galaad, même s’il lui reprochait ses terribles goûts musicaux. Elle avait un neveu, en effet, ainsi qu’une nièce, lui précisa-t-elle, la fille de Néro qui vivait avec sa mère. Elle eut un rire lorsqu’il mentionna ses parents et secoua la tête. Non, ce n’était pas eux qui étaient mordus d’histoire arthurienne mais l’infirmière qui avait fait accoucher sa mère dans un dispensaire et qui avait choisi leurs prénoms. Avalon était d’ailleurs, lui fit-elle remarquer, le seul prénom qui n’en n’était pas vraiment un, puisqu’il s’agissait à la base d’une île. Et enfin oui, Vivianne lui ressemblait beaucoup.

Cette façon d’évoquer ses frères et ses sœurs lui paraissait presque incongrue, tant cela faisait longtemps qu’elle n’en n’avait pas fait une présentation aussi libre à quelqu’un. Généralement, lorsqu’elle en parlait à Fergus ou à Toni, c’était pour se plaindre de l’énième coup de fil de Néro et de la dernière requête de Célice. Pouvoir peindre les principaux traits de leurs caractères de cette manière n’était pas une activité familière pour Avalon, qui avait pris pour habitude de passer sous silence cet aspect de son existence, mais qu’elle prenait plaisir à révéler à Roy ce soir. Il semblait l’écouter avec beaucoup d’attention, cela se sentait au regard qu’il posait sur elle, à cette façon qu’il avait de l’entourer de son bras.

« C’est parfait alors, » commenta-t-elle, « si c’est ancré dans mon ADN, c’est une excellente excuse pour continuer à l’être en toute impunité. »

Ce n’était d’ailleurs pas tant de l’insolence qu’un culot monstre – bien que, parfois, il s’agissait tout simplement d’une insolence pure et simple. Car, si Roy avait failli être réparti chez les Serpentard, Avalon, elle, aurait très bien venir gonfler les rangs des Gryffondor. Sa loyauté et sa persévérance – ou plutôt son obstination – avaient fini par l’envoyer chez les Poufsouffle, mais sa témérité aurait très bien pu faire d’elle une digne représentante des rouge et or.

Le contact de la main de Roy sur la sienne lui fit relever les yeux vers lui et elle le dévisagea un long moment alors qu’il reprenait la parole sur un sujet qu’elle avait d’abord passé sous silence, avant de l’évoquer très brièvement au détour d’une remarque plutôt générale sur sa fratrie. Ce que Roy disait, ce qu’il lui affirmait ce soir, Avalon se l’était déjà dit et redit des centaines et des milliers de fois. Elle avait échappé à une vie de misère grâce à un hasard et elle ne pouvait pas s’en vouloir pour ça toute sa vie. De façon très rationnelle, Avalon savait qu’elle n’avait jamais demandé à personne d’être dotée de pouvoirs magiques et que cette caractéristique s’était manifestée chez elle en dépit de toute logique. Mais il était difficile de ne pas garder une trace de culpabilité, même inconsciente, à l’idée d’avoir été la seule à bénéficier de cette chance, de cette porte de sortie. Cependant, touchée par les mots de Roy, Avalon serra à son tour sa main dans la sienne avec un regard reconnaissant. Il avait adopté cette position avait une telle évidence que cela lui réchauffait le cœur.

« J’essaie. » répondit-elle simplement lorsqu’il argua qu’elle était une bonne grande-sœur. « Ils ne me rendent pas la tâche facile, ils sont huit. » fit-elle remarquer avec un trait d’humour.

Mais en effet, comme Roy le soulignait, elle les aimait. Elle les aimait tous, mais pas tous de la même façon. Elle n’avait pas le même rapport avec Néro qu’avec les autres membres de sa fratrie – car, malgré l’affection qu’elle lui portait, leurs caractères étaient trop différents – ou plutôt trop différemment semblables – pour que leur relation en soit apaisée. Elle avait, avec les deux plus jeunes, une relation un peu plus privilégiée, parce qu’elle les avait vu grandir avec des yeux d’adulte. Galaad avait également un statut particulier dans son cœur, et ils se voyaient plus régulièrement maintenant qu’elle vivait à Londres également.

Comme elle s’était livrée, sans détour, sur sa famille, Avalon se sentit légitime à questionner à nouveau Roy sur la sienne. Elle accompagna sa demande d’un geste tendre qu’elle eut pour lui en posant sa main sur son bras qui l’enlaçait, et eut un sourire en l’écoutant accéder à sa requête. Les yeux observant sans le voir un cadre qui était suspendu au mur en face d’elle, Avalon se surprit à imaginer le quotidien de cette famille dont Roy lui esquissait les contours. Un frère au ministère, l’autre en Irlande, et sa sœur à Sainte-Mangouste… Il lui avait déjà évoqué, quelques jours plus tôt, qu’il avait dû mal à trouver sa place dans cette famille qui ne l’acceptait pas totalement, lui et sa profession. Il avait notamment parlé de son père, avait aujourd’hui souligné son incompatibilité avec son frère, et Avalon se demanda si ses rapports avec Adrian et Irina étaient plus apaisés.

« Botaniste ? » releva-t-elle. « C’est cool qu’il fasse ça. » Elle l’informa, en passant : « J’aimais bien ça quand j’étais à Poudlard. » Parce que, à la différence de l’étude de la magie par exemple, où elle avait récolté des notes terriblement mauvaises pendant cinq ans, il y avait bien plus de pratique que de théorie, ou, tout de moins, Avalon avait été intéressée bien plus par la pratique.

La jeune femme se redressa légèrement en sentant Roy bouger derrière elle, et eut un sourire lorsqu’il décida, de lui-même, de lui présenter sa fratrie via une série de photographies dont la première ne tarda pas à apparaître devant ses yeux. Avalon eut du mal à retenir une exclamation devant ce petit garçon aux joues rondes et aux grands yeux bruns qui semblaient briller de joie.

« Ah bah, en plus, on ne peut pas reprendre un cadeau. » commenta Avalon en réceptionna la petite photo qu’elle observa avec attention. « Oh la la mais cette tête, il était adorable. » fit-elle en souriant. « C’est sûr qu’il faisait ce qu’il voulait de toi. »

Car eux, aînés, étaient soumis aux fourberies de leurs cadets qui, avec leurs grands yeux suppliants, leurs joues rouges et leurs petites mains, pouvaient obtenir n’importe quoi. L’injustice était réelle.

Avalon déposa la photographie d’Adrian sur le portefeuille de Roy, avant d’observer celles qu’il lui présentait sur son Pear. Elle nota, un peu incrédule, l’évidente ressemblance entre les trois frères Calder, telle que Roy la lui avait déjà dépeinte quelques minutes plus tôt.

« Hé, Galaad a été imberbe jusqu’à ses vingt-cinq ans. » nota-t-elle après le commentaire de Roy. « Rien n’est trop tard pour ton frère. » Ses yeux se perdirent d’abord sur la photo qui montraient une étonnante complicité entre les deux frères aînés – complicité fausse, comprit rapidement Avalon, qui partit d’un grand rire. « Eh bien, au moins, il est proactif dans son envie de vous réconcilier. » Finalement, son regard rencontra une énième photographie sur laquelle elle aurait aimé s’attarder un peu plus longtemps. « Pas si vite, Calder. Est-ce que je viens de croiser une photo de toi bébé ? » Elle leva le bras pour essayer de s’emparer de son téléphone. « Non tu ne peux pas me faire ça, je veux absolument voir ça. »

Ils se chamaillèrent quelques instants – et, malheureusement, Avalon n’était pas installée dans une position suffisamment offensive pour penser gagner – mais, finalement, Roy lui rendit son téléphone et elle eut tout le loisir d’observer le cliché qu’il avait voulu lui cacher. Elle eut un petit rire, pas tant moqueur que conquis.

« J’y reviens pas à quel point tu étais mignon. » lâcha-t-elle, un peu incrédule. « Cela dit, je suis sûre que tu étais aussi insupportable quand tu étais petit. »

Quelque chose lui soufflait que son caractère actuel avait bien dû commencer à apparaître dans l’enfance… Tout comme celui de sa sœur, dont elle observait désormais les traits à travers les photos présentées par Roy. Elle esquissa un sourire en percevant la fierté dans sa voix, et secoua la tête.

« C’est pas du tout un style de clocharde putain, ça c’est depuis que tu portes des fringues qui coûtent l’équivalent de mon emprunt à la banque que tu te permets de dire des choses comme ça. » Avalon éclata de rire, avant de reprendre, plus sérieusement : « Cela dit, j’avoue qu’avec un regard pareil, t’as pas envie d’être son ennemi… Elle me plaît bien. » décida Avalon en observant, songeuse, la femme qui s’affichait sur l’écran.

Son hilarité retomba doucement, alors qu’elle se blottissait légèrement contre Roy, dont le bras la maintenait toujours contre lui. Elle se sentait étonnement légère, malgré toutes les lourdes confessions qui étaient venues ponctuer leur conversation.

« Ça m’a fait plaisir de découvrir ta famille. » commenta Avalon en pressant doucement sa main entre ses doigts. « Et de te découvrir toi en tant qu’enfant… » ajouta-t-elle, malicieusement. Elle hésita un instant avant de sortir une nouvelle fois son téléphone de sa poche. Elle tapota un dossier d’images qu’elle fit défiler, et s’arrêta sur l’une d’elle, avant de déposer son Pear dans la main libre de Roy. « Allez tiens, c’est cadeau. »

Elle le laissa découvrir cette ultime photographie, avant de la commenter :

« Quand j’étais petite, dès que j’étais chez elle, mon abuela passait son temps à me mettre toute sorte de nœuds dans les cheveux, c’était sa passion. J’étais sa première petite-fille alors… » Avalon esquissa un sourire, « Ma théorie c’est qu’avant mes cinq ans, j’avais largement épuisé tout mon quota de robes et que c’est pour ça que je n’en mets presque plus aujourd’hui. »



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Roy Calder
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I know fear is what it really was [Roy & Avalon] Icon_minitimeVen 16 Oct 2020 - 0:30
« C’est vrai, tu aimais bien la botanique ? » Il la regarda une brève seconde, avant de convenir, avec un sourire : « En vrai ça ne m’étonne pas. »

Il l’imaginait volontiers ne pas rechigner à mettre la main à la pâte et préférer les matières plus pratiques que théoriques. C’était son cas à lui également, ce point ne faisait que confirmer qu’ils avaient de nombreux points communs, tous les deux. Il avait même envisagé à une époque de s’orienter sur des voies professionnelles en rapport avec la botanique, mais le format des études ne lui avait pas plu. Il n’avait pas perdu cet intérêt toutefois, pour cette matière et pour celle des potions, qu’il avait nourri de manière autodidacte au fil des années.

C’était un point commun avec Adrian qu’ils pourraient cultiver à l’avenir, songea t-il brièvement. Cette pensée en accompagna d’autre sur son petit frère, dont Avalon découvrait les traits, avec un grand sourire. Il hocha la tête pour nier, alors qu’elle arguait qu’il devait faire ce qu’il désirait de lui, avec une tête aussi adorable :

« Pas du tout. » Si. « Je me fais pas avoir si facilement, moi. »

Petit à petit, Roy se prêta au jeu de raconter des choses sur sa fratrie, à Avalon, ce qui le poussa à sortir son Pear One pour lui parler d’un peu tout le monde. Comme toujours, il fut moins prolixe sur Jason que sur Irina et Adrian, dans une attitude assez révélatrice de la distance qui s’était fortifiée avec le temps entre les deux aînés. Roy se sentait plus proche des plus jeunes, même si c’était relatif : une fracture s’était créée avec eux, depuis qu’il avait quitté le domicile familial et s’était lancé dans des activités illicites dont il les tenait fermement à l’écart.

Avalon avait déjà plus ou moins cet historique en tête, puisqu’il lui en avait parlé quelques semaines plus tôt, alors il ne revint pas dessus. Ce n’était pas vraiment le ton de leur conversation, de toute manière. Ils étaient plutôt occupés à faire des plaisanteries, se charrier et se chamailler. Il finit par céder pour la photographie qui le dévoilait bébé après de déloyales chatouilles mais ne regretta pas ce geste. Le petit sourire attendri qu’il surprit chez Avalon valait largement cet effort. Roy sourit à son tour, en haussant les sourcils.

« Alors attends, je sais pas si je dois m’offusquer ou être flatté du coup. Est-ce que tu insinues que je suis moins mignon maintenant ? » Il espérait plutôt le contraire, songea t-il sans l’admettre. « Je n’étais pas insupportable, j’étais charmant, moi, madame. C’était bien plus utile pour obtenir ce que je voulais. Rappelle-toi, j’ai failli aller à Serpentard. »

Mais bien vite, la conversation se remit à tourner autour de ses frères et soeurs, en particulier Irina, dont Roy vanta les qualités sans manquer de la vanner au passage, car il ne fallait pas en demander trop non plus. Il savait que si Irina avait été présente, elle l’aurait rembarré avec quelques remarques bien senties, mais cela ne lui manqua puisque Avalon se chargea de le faire à sa place. Aussitôt, quelque chose le frappa et lui échappa :

« Putain en vrai, vous vous entendriez bien, toutes les deux. » Il ne savait si c’était l’impression qu’elle avait répliqué quelque chose qu’Irina aurait pu parfaitement dire ou le fait que, ce style vestimentaire qu’elle défendait, Avalon le portait elle-même au quotidien. Il secoua légèrement la tête à son dernier commentaire. « Que Merlin me préserve d’une rencontre entre vous, hein. »

Avec leurs deux caractères affirmés, il craignait ce que cela pouvait donner… ou en était au contraire très curieux ? Difficile à dire. Cette pensée quitta son esprit en sentant Avalon bouger pour chercher un peu plus de confort dans ses bras. Il la laissa se blottir contre lui en serrant légèrement sa main qu’elle avait gardé dans la sienne, le coeur étrangement serein. Il avait aimé le moment qu’ils venaient de passer, à se parler de leurs familles respectives, ce qui était plutôt étonnant venant de sa part : il évitait habituellement ce sujet. Il avait encore du mal à poser le doigt sur ce qui, chez Avalon, le poussait à parler autant de lui. Mais ce petit échange équivalent qui avait ponctué leur soirée, à dévoiler chacun leur tour des morceaux de leurs vies et de leur personnalité, le laissait empli d’un sentiment qu’Avalon cita la première : un plaisir certain.

Comme si elle se sentait une dernière dette, Avalon lui tendit son Pear One sous les yeux intrigués de Roy, qui comprit avant même qu’elle ne la décrive l’origine de la photographie qu’elle lui montrait. Pendant quelques secondes, il se contenta d’observer l’image, en zoomant de ses deux doigts dessus, comme pour mieux faire les constats qui s’imposaient :

« Mais Av’… Vas-y, j’allais dire que t’as volé la photo à quelqu’un d’autre mais en vrai non, c’est clairement les mêmes yeux. Et le même petit nez. C’est abusé, t’étais trop mignonne. Tu portes un noeud dans les cheveux, quoi. Un noeud. »

Un sourire un peu incrédule restait sur ses lèvres parce qu’il ne pouvait pas faire preuve de mauvaise foi face à une telle image. Avalon avait été un beau bébé, un bébé qui portait des robes et des noeuds, cependant, c’était les éléments qui la distinguaient de la femme qu’elle était devenue en grandissant, comme elle ne tarda pas à le souligner.

« Ma théorie à moi, c’est qu’on t’a pas assez dit que les robes t’allaient très bien, oui, tu devrais en parler à la personne qui t’a sapée quand tu étais petite, elle a bon goût. » Il ne pouvait pas oublier le fait que, la première fois qu’Avalon lui avait plu au point qu’il s’en rende réellement compte, elle portait une somptueuse robe de soirée, à l’occasion de l’inauguration de la Milice, alors évidemment, il n’était pas contre l’idée de la voir plus souvent porter ce genre de choses. Interpelé par un détail, il tourna un regard perplexe vers elle, en délaissant momentanément la photographie : « C’était ta abuela, tu as dit… ? Tu as des origines espagnoles ? »


Roy Calder

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Avalon CalderChef de la milice
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I know fear is what it really was [Roy & Avalon] Icon_minitimeVen 16 Oct 2020 - 10:56
La question de Roy tira un sourire malicieux à Avalon, qui leva les yeux vers lui. Elle l’observa un bref instant et, presque par habitude, détailla les traits de son visage. Peau hâlée, yeux expressifs, mâchoire joliment dessinée, lèvres pleines. Avalon ne savait plus si elle avait toujours trouvé Roy beau – de façon purement objective, ces dix dernières années – ou si cela l’avait frappé particulièrement récemment, à un point où elle était capable de le noter à des moments insignifiants de la journée. A vrai dire, elle le remarquait particulièrement à des moments insignifiants de la journée. Blottie contre lui de cette manière, Avalon n’avait jamais trouvé Roy aussi beau ; ou peut-être que ce charme qu’elle sentait émaner de lui était exacerbé par la sensation de chaleur que leur étreinte créait chez elle. Malgré elle, un sourire s’étira sur ses lèvres à cette pensée, trahissant des pensées qu’elle ne lui partageait plus depuis cette fameuse nuit qui lui paraissait aujourd’hui très loin et terriblement proche.  

« Je préfère ne pas répondre. Si je suis honnête avec toi, ta tête risque encore de doubler de volume et mon appartement est pas aussi grand. » lâcha-t-elle avec un trait d’humour. Elle rajouta finalement, après lui avoir rendu son téléphone : « Ouais en fait, tu cultives les mêmes méthodes pour obtenir ce que tu veux des autres depuis l’enfance, c’est ça ? Ça m’étonne pas trop de toi. »  

A la différence de Roy, Avalon n’avait pas été une enfant très charmante – ou plutôt, elle l’avait été malgré elle. Avec ses grands yeux et son immense sourire, elle parvenait rapidement à conquérir le cœur de ceux qui l’entouraient, mais ces derniers déchantaient généralement rapidement. Petite, Avalon avait été une enfant colérique et capricieuse au caractère bien trempé. Elle passait généralement d’une émotion à une autre en un clin d’œil : souvent des rires sonores aux cris indignés. Cet aspect de sa personnalité, songea-t-elle fugacement, n’avait pas totalement disparu non plus – pour ne pas dire qu’il était même bien présent chez elle. Avalon avait tendance à vivre assez fortement les émotions qu’elle vivait ; à vrai dire, ces dernières semblaient littéralement émaner de son corps et occuper l’espace dans lequel elle était, les rendant plus qu’accessibles à l’ensemble de son entourage.

A cet instant, c’était une profonde sérénité qui semblait se dégager à la fois de ses mots et de ses gestes, alors qu’elle contemplait la sœur de Roy sur les photographies qu’il lui présentait. Amusée par sa réflexion, elle répondit avec insolence :

« De toute évidence, car ta sœur a d’excellents goûts vestimentaires. » Et qu’elle semblait être aussi dotée d’une personnalité très forte ce qui plaisait généralement à la jeune femme. « Tu n’y survivrais pas. » commenta Avalon, narquoise.

Finalement, leurs chamailleries et moqueries cessèrent, laissant place à un silence qui s’écoula avec lenteur entre eux. Avalon appuya sa tête contre l’épaule de Roy, alors qu’elle était traversée par plusieurs émotions qu’elle peinait à identifier mais dont la première restait cette douceur qui avait teinté ce moment hors du temps qu’ils avaient passé tous les deux. Avalon sentait, au fond d’elle-même, que quelque chose avait changé, qu’ils avaient laissé leur relation prendre un tournant imprévu. Pourtant, cette longue conversation différait hautement de toutes celles qu’ils avaient eu auparavant – si l’on omettait le moment qu’ils avaient partagé à son anniversaire. Leurs regards n’avaient jamais été brûlants, leurs mots n’avaient jamais été chargés de lourds sous-entendus, leurs sourires ne s’étaient jamais faits charmeurs. Et pourtant, Avalon avait cette étrange sensation de n’avoir jamais été tant conquise et séduite par son ami. Ce lien qui s’était tissé entre eux, au fil des heures, était devenu si intime qu’il surpassait n’importe quel autre contact physique qu’ils auraient pu avoir – et qu’ils avaient tant désiré avoir quelques jours plus tôt. Dans les bras de Roy, Avalon se sentait exister d’une manière terriblement sincère qu’il fut difficile de ne pas faire perdurer, encore un peu, ce moment.

Le dernier cliché qu’elle mit entre ses mains dévoilait également une partie de son enfance, plus heureuse, plus joyeuse, qu’elle chérissait aujourd’hui particulièrement. Les grands yeux heureux de cette petite-fille témoignaient d’un bonheur et d’un bien-être dont Avalon n’avait que peu de souvenirs aujourd’hui, mais qu’elle était heureuse de pouvoir contempler à travers quelques clichés.

Quand elle était encore petite – de sa naissance jusqu’à ses quatre ou cinq ans sûrement – Avalon avait passé beaucoup de temps chez ses grands-parents maternels : Alma et Mateo Delgado. Ils vivaient au nord de l’Angleterre, alors Néro, Galaad, Avalon – puis Célice lorsqu’elle était née – passaient souvent plusieurs semaines d’affilées chez eux. Leurs parents semblaient se satisfaire pleinement de cette aide gratuite qui les déchargeait de la responsabilité de leurs enfants plusieurs fois dans l’année ; les petits, eux, adoraient passer du temps chez leurs grands-parents. Puis, pour des raisons obscures qu’elle ne connaissait toujours pas entièrement aujourd’hui, une immense dispute avait éclaté entre Edith et sa sœur, Carmen et, pour ce qu’Avalon en savait, les deux sœurs ne s’étaient plus jamais reparlées depuis. Puis, par la force des choses, Edith s’était éloignée de sa mère – que son mari détestait cordialement – et les enfants Davies avaient cessé leurs escapades régulières chez leurs grands-parents.

« Je sais, ça choque beaucoup. » admit Avalon en partant d’un grand rire. « Enfin, » reprit-elle, malicieusement, « le coup des nœuds je veux dire. »

Touchée des commentaires de Roy, qui lui tirèrent un sourire en coin, Avalon fronça les sourcils à l’entente de sa remarque suivante, et ne tarda pas à rebondir dessus :

« Ça veut dire quoi ça ? Que moi j’ai pas bon goût ? » demanda-t-elle en haussant les sourcils, comme pour le défier de répondre à cette question par l’affirmative. Avalon admettait volontiers ne pas avoir une penderie qui débordait de robes et de jupes, en revanche elle avait un style vestimentaire qu’elle adorait et qui reflétait largement mieux sa personnalité. « Non cela dit je suis d’accord que, quitte à me faire porter des robes, ma abuela les choisissait pas trop mal. » admit Avalon en récupérant son téléphone des mains de Roy.

La question de ce dernier, qui rebondissait sur un mot qu’elle avait employé naturellement, lui fit froncer les sourcils. Elle leva vers lui un regard curieux et le dévisagea une brève seconde, surprise, avant de répondre : « Bah. Oui ? Tu ne savais pas ? »

Effectivement, ni son prénom ni son nom de famille ne trahissait ses origines espagnoles, mais Avalon aurait pu parier les avoir déjà mentionné – à de nombreuses reprises puisqu’elle défendait fièrement la cuisine espagnole face à Toni – devant Roy. Devant la mine incrédule de ce dernier, elle reprit :

« Soy bilingüe, ¿no sabías? » Visiblement, non. Elle expliqua : « Mi madre nació en España, se mudo a Inglaterra cuando tenía… diez años. Mis abuelos no hablan muy bien inglés y pasé mucho tiempo con ellos cuando era pequeña. » Un rire incrédule la secoua et elle répéta : « De verdad, nos conocemos desde hace diez años, y ¿no sabías? »


Spoiler:




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