Happy New Year ? [Kleming]

Il haussa un sourcil surpris aux paroles de son ami. Et si lui, il s'en fichait qu'on le reconnaisse ? Si il jugeait qu'il préférait qu'on le reconnaisse plutôt que d'avoir trois nez sur le visage. C'était beaucoup moins pratique pour draguer, trois nez. Il poussa un soupir et pouffa alors que Irving prenait un ton snobinard pour imiter un sang-pur le dénonçant.

"Comme si sa parole allait voir quelque chose aux yeux des Miliciens. C'est censé être un terroriste."

Toutefois, il sentait que cette fois-ci son voisin ne plaisantait pas et ne lui laisserait pas le choix. Il lui jeta un regard perçant avant d'esquisse un sourire mutin à sa dernière remarque.

"Pour ça c'est carrément un esthétimage qu'il me faudrait."

Il esquissa un sourire avant de secouer la tête en soupirant et de pointer sa baguette sur son visage. Si il se ratait, il saurait qui accuser.

Irving fut satisfait de voir que Klemens suivait son conseil. Il était persuadé que le fait d'agir à visage découvert n'était pas une bonne solution. Il suffisait de voir comment cela s'était terminé pour Rufus qui avait simplement fait entendre sa voix un mois plus tôt lors de la réunion à la Cité Nimbus. Les détracteurs du gouvernement étaient jugés et emprisonnés en un temps record alors l'ancien Gryffondor osait à peine imaginer le sort que les Miliciens réservaient aux résistants qui défiaient véritablement la politique de Marchebank.

Et il n'avait pas envie de le savoir ce soir. Il accueillit donc la boutade de son ami avec un léger sourire mais il s'assura toutefois que ce dernier modifiât bien son apparence. Même s'il ne parvenait pas à se métamorphoser en Griffe, Irving était prêt à accepter n'importe quelle allure pourvue qu'elle ne ressemble pas à celle du Klemens original. Aussi quand son ami eut fini sa métamorphose, il haussa les sourcils d'étonnement devant ce nouveau faciès avant de laisser échapper un léger rire.

"C'est juste par-fait." conclut-il avec un sourire espiègle.

Tirage de dés:
Apparence 1
Apparence 2
apparence 3
Apparence 4
Apparence 5
Apparence 6

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'Dé à 6 faces' : 1

Le sourire espiègle d'Irving lui fit froncer les sourcils. Il avait l'impression que ce n'était pas aussi parfait que ça. Il avait la désagréable impression d'avoir raté quelque chose. Il poussa un soupir et décida d'aller s'admirer sur le dos de la petite cuillère qu'il avait emprunté à son ami un peu plus tôt.

Et ce qu'il vit le laissa un instant admiratif. Il ne se pensait pas capable d'une telle prouesse magique. Il resta un instant en contemplation devant son propre reflet avant de se tourner vers son voisin avec un léger sourire aux lèvres.

"C'est plus que parfait à ce niveau là mec. 'Tin si c'était pas moi, j'me sauterais dessus sérieux. Avoue que je suis carrément canon."

Son sourire se fit alors charmeur. Il s'approcha sensuellement d'Irving et posa une main sur l'épaule du jeune homme avant de se pencher légèrement vers son oreille.

"Avoue que t'es tenté mon petit Vigounet."

Irving observa d'un air amusé son ami occupé à se mirer dans le dos d'une petite cuillère. C'était du Klemens tout craché: Tellement au taquet, qu'il bavait même sur son propre reflet.

"Putain, tu crains Klem'." souffla-t-il en attrapant son sac à dos, prêt à partir. A vrai dire, il était un peu stressé à l'idée de se lancer dans cette première mission d'extraction et il devait avouer que le présence de son ami avec lui le rassurait quelque peu. Enfin, c'était sans compter avec le fait que ce dernier cherche à lui faire des avances.

"Klem..." le prévint-il en fronçant les sourcils.

Il n'aimait pas quand son ainé s'amusait à l'aguicher. Qu'il soit en homme ou en femme. Même s'il devait avouer que Klemens avait parfaitement réussi son déguisement -Irving avait un faible pour les blondes- il se sentait toujours mal à l'aise face à l'audace dont faisait preuve son camarade sur ce terrain là.

"Tenté par quoi ? répondit-il donc,un peu sur la défensive, en reculant d'un pas, ok t'as un corps de rêve mais n'oublie pas qu't'as toujours ta grosse voix d'gars poilu !" grommela-t-il d'un ton bourru.

Vue de l'extérieur, on pouvait voir cette superbe créature tentant vainement de séduire un vieux ronchon, c'était plutôt drôle, mais Irving n'était pas très disposé à rire.

"Bon on y va ?" s'enquit-il en passant une main dans ses cheveux.

Un léger sourire s'étira sur les lèvres de Klem lorsque Irving le repoussa. Il fallait croire que même sous une apparence féminine est plus que désirable son ami ne se laissait pas tenter. Il jeta un regard goguenard à son voisin avant de s'éloigner de lui en secouant la tête.

"Ok, j'ai compris. T'y es vraiment accro à ta Nora, hein ?"

Klem transforma rapidement la plume de son ami en portoloin avant de hocher la tête à sa question.

"On y va. T'es prêt ?"

Il tendit la plume en direction du jeune homme pour qu'il en saisisse une extrémité. Il espérait réellement qu'il était prêt et qu'il ne paniquerait pas si les choses tournaient mal. Même si il n'y avait aucune raison que ça se passe mal.

"On dirait bien." répondit-il quand Klem affirma qu'il était accroc à sa Nora.

Il avait galéré pendant trois ans avant d'obtenir le statut de petit-ami aux yeux de la poufsouffle alors il n'allait très certainement pas gacher tous ses efforts avec son pote lycanthrope bisexuel métamorphosé en femme pour l'occasion !

Irving fut d'ailleurs soulagé que Klemens n'insiste pas puisqu'il s'occupa d'enchanter la plume afin de la transformer en portoloin. L'ancien-Gryffondor était admiratif de la facilité avec laquelle son ami parvenait à réussir des enchantements si compliqués. Le pire, c'est qu'il ne semblait même pas être conscient de son don ! Il suffisait de le regarder tendre la plume nonchalamment comme s'il venait de réaliser un sort des plus basiques pour en être persuadé. Irving poussa un soupir et attrapa toutefois l'extrémité du portoloin qui les mena instantanément à destination.

Leurs pieds se posèrent en extérieur, devant des hautes grilles closes richement ouvragées. Irving cligna des paupières, le temps que ses yeux s'habituent à l'obscurité et il discerna enfin la silhouette d'un manoir, plongé dans l'obscurité et le silence, à quelques centaines de mètres derrière le portail où ils étaient. Aucun mouvement, aucune lumière, pas d'âme qui vivent à l’horizon, rien. Le jeune homme attrapa sa baguette fermement et jeta un regard entendu à son ami avant de déverrouiller les grilles qui grincèrent légèrement à leur passage.

"Dire qu'on est attendu... J'me d'mande quel genre d'accueil on aurait eu si ça n'avait pas été le cas.." souffla-t-il en s'enfonçant dans l'obscurité en direction de la demeure...

A peine Irving eut-il saisit l'extrémité de la plume qu'ils furent transportés à destination en une fraction de seconde. Il sentit le tiraillement désagréable dans son estomac et l'atterrissage brutal dans ses jambes. Il jeta un coup d'oeil autour de lui laissant ses yeux s'habituer à la pénombre du lieu. Il suivit son ami dans le parc qui jouxtait le manoir et sourit à sa remarque. Il connaissait mal les Sang-pur lui, c'était certain.

"Quand on te dit qu'un aristo t'attend, ça veut dire qu'il t'attend à l'intérieur de son manoir. Il ne va quand même pas attendre dans le froid. Ce serait honteux. Et puis c'est mieux qu'ils restent dedans, ce sera plus facile de les protéger au cas où les Miliciens déboulent plus vite que prévu."

Il se dirigea en silence jusqu'à la porte d'entrée en jetant de temps en temps des regard à Irving pour voir comment il se sentait. Les missions de terrain étaient ce pour quoi il s'était engagé. Il se sentait réellement utile dans ces moments là. Il s'arrêta sur le perron et frappa quelques coups discrets contre l'un des battants de porte qui s'ouvrit quasiment instantanément sur un elfe rachitique.

"Tes maîtres nous attendent."

Klemens frappa à la porte et Irving se posta dos à lui pour assurer leurs arrières en surveillant les environs. Il se sentait un peu fébrile mais la concentration primait sur l'anxiété. Il était prêt à riposter si les Miliciens débarquaient de nul part et même à transplaner en embarquant son ami avec lui si les robes bleues s'avéraient trop nombreuses. Toutefois il n'eut pas à le faire puisque Klem obtint rapidement le droit d'entrer. Irving suivit son ami dans le hall et découvrit enfin l'elfe rachitique qui venait de leur ouvrir.

"Bonjour." souffla-t-il ne sachant pas trop comment se comporter avec le serviteur.

"Les maîtres sont au premier." répondit-il en les guidant jusqu'à un large escalier somptueux. Merlin, tant de richesse en un seul lieu ! songea-Irving en gravissant les marches. Il jeta un regard à Klemens et haussa les sourcils peu habitué à cet étalage de luxe.

Les trois individus débouchèrent enfin sur le palier et l'elfe de maison leur indiqua la porte d'une chambre dont la lumière filtrait au dessous. Irving se racla la gorge puis il frappa avant de pénétrer dans la pièce.

"A vous voila enfin ! Par Salazar j'ai cru que vous n'arriveriez jamais ! s'exclama une femme qui faisait manifestement les cent pas avant leur arrivé, voilà nos bagages, ajouta-t-elle en désignant des dizaines de malles contre le mur comme si Klemens et Irving allaient s'en occuper, Rigel ! Antarès ! Les passeurs sont là, finit-elle par dire en revêtissant sa cape dorée.

Klem entra rapidement dans le hall d'entrée lorsque l'elfe s'écarta pour le laisser entrer. Il laissa Irving pénétrer à son tour dans l'immense manoir avant de suivre la minuscule créature qui les menait vers un majestueux escalier. Il laissa à peine son regard vagabonder tant toute cette richesse lui rappelait son enfance. Il avait un jour vécu dans un endroit comme celui-ci et il n'y retournerait pour rien au monde.

Les codes qui dictaient cette façon de vivre étaient bien trop pesant pour lui. Il était bien plus heureux maintenant. Même si il avait un petit appartement et qu'il gagnait à peine la moitié de ce qu'il avait en argent de poche lorsqu'il était adolescent. Ce qu'il avait lui convenait parfaitement. Il perçut le trouble de son ami et haussa les épaules pour montrer qu'il n'y avait rien d'extraordinaire là-dedans. Il y avait des manoirs beaucoup plus imposants en comparaison. Il pénétra à la suite d'Irving dans la pièce que leur avait désigné l'elfe de maison et haussa un sourcil blasé face à la remarque de l'hôtesse de maison. D'un rapide mouvement de baguette, il miniaturisa les malles que la femme lui avait indiqué.

"Nous ne sommes pas des elfes de maison mais des passeurs. Merci de faire la distinction. Maintenant que vos biens ont été miniaturisés, je pense qu'ils tiendront aisément dans vos poches et si ce n'est pas le cas tant pis. Nous n'avons pas de temps à perdre avec ça."

Puis sans attendre une réponse, il se saisit d'un bibelot doré qui traînait et le transforma rapidement en portoloin. Il fallait qu'ils se dépêchent, les Miliciens n'allaient pas tarder à arriver. Il avisa l'arrivée d'un homme et d'une fillette et se tourna vers eux.

"Pressez-vous, il faut partir."

Irving fut satisfait de voir que Klemens prenait les choses en main. A vrai dire, il était presque inutile tant son ami gérait les choses de main de Maître: Miniaturiser les malles, remettre les sang-purs à leur place, ensorceler un portol...

"Par Salazar ! Mais que venez vous de faire à l'Urne qui contient les cendres de Grand-Maman !" s'exclama alors la femme en attrapant le bibelot doré des mains de Klem.

Oh bordel de Troll. La situation était tragique mais Irving fut instantanément prit d'une terrible envie de rire. Il s'efforça de ne pas croiser le regard du lycanthrope et se concentra sur un détail d'une tapisserie au mur. Ne pas rire. Ne pas rire, s'intima-t-il en pressant fermement ses lèvres l'une contre l'autre.

Dès qu'il eut retrouvé un semblant de calme, il reporta son attention sur la mère de famille qui câlinait toujours affectueusement l'artefact magique.

"On va trouver un autre objet madame, souffla-t-il, tu peux annuler ton sort ? demanda-t-il alors à Klemens.

Enfin quoi ! Ils n'allaient pas prendre le risque de voyager avec l'urne de Grand-Ma qui risquait de s'ouvrir à tout moment ! Irving n'aurait pas toléré que l'on fasse cela avec les cendres de son propre père après tout !

Mais au moment où il pensait cela un bruit se fit entendre à l'étage inférieur.

"Kruiky, c'est vous ?" s'enquit alors la femme.
"Non maîtresse, je suis là..." répondit l'Elfe rachitique en poussant la porte de la chambre.

Le sang d'Irving ne fit qu'un tour, il croisa le regard de Klemens et se rua sur la petite fille qu'il attrapa par la main avant de se diriger vers l'Urne, laissant le soin à Klem de s'occuper du père et, éventuellement, du nouveau portoloin.

Klem eut à peine le temps de réagir que son portoloin lui était arraché des mains. Il regarda un instant la sorcière qui lui faisait face et l'urne qu'elle tenait entre les mains. Il poussa un soupir. C'était bien sa veine tient d'avoir transformé la grand-mère en portoloin. Un tic nerveux lui déforma le coin des lèvres alors qu'il faisait tout pour ne pas exploser de rire. Il remarqua qu'Irving évitait son regard. Et à raison, il ne pourrait pas rester sérieux autrement.

Il laissa son ami calmer la mère de famille avant de réfléchir à une solution. Il hocha lentement la tête lorsqu'il lui demanda si il pouvait annuler le sort. C'était possible mais beaucoup plus long que de le jeter. Il poussa un soupir avant de redresser vivement la tête lorsqu'il entendit un bruit. Et ce n'était pas l'elfe de maison. Ils n'avaient plus le temps, il fallait partir.

"Va fermer la porte s'il-te-plaît" demanda-t-il à l'elfe avant de se tourner vers le mari. "Allez auprès de votre femme. MAINTENANT !"

Si en plus, ils ne mettaient pas du leur, ils n'y arriveraient jamais. Il verrouilla la porte et insonorisa la pièce. Cela leur ferait gagner un peu de temps mais pas énormément.

"On a plus le temps. Grand-maman va faire parti du voyage. Vous pourrez dire que c'est grâce à elle que vous êtes vivants quand on sera sorti d'ici."

Il vérifia que Irving tenait bien la petite et le portoloin, il posa la main du mari sur l'urne et attrapa l'elfe de maison avant de lui même poser sa main sur l'objet. Il ne leur resté qu'une minute avant le départ, il espérait que ce serait assez rapide. Il vit la porte exploser alors que la sensation aux creux de son estomac apparaissait et qu'ils disparaissaient ne laissant que le vide derrière eux.

Parmi tous ses souvenirs de la Salamandre, Irving se remémorera ce moment comme le plus drôle qu'il ait jamais vécu. Même bien des années plus tard, la vision de Klemens atterrissant dans la planque un elfe sous le bras et les cendres de Grand-Maman le recouvrant intégralement lui arrachera un éclat de rire. Pourtant sur le coup, il n'avait pas trouvé la situation si amusante...


"Tout l'monde est là ?" souffla-t-il un peu hagard en brandissant sa baguette devant lui.

Il avait eu le temps d’apercevoir un pan de robe bleu foncé dans l'embrasure de la porte avant leur téléportation et il s'attendait presque à voir transplaner les hommes de la Milice d'un moment à un autre. Il tourna sur lui-même et s'assura que l'ensemble de la petite famille était arrivé à bon port. Ils étaient tous recouverts de cendres, certes, mais sain-et-saufs. Machinalement, Irving épousseta sa cape, faisant tomber les résidus de Grand-maman sur le parquet. Ce geste arracha un sanglot à la Sang-pur qui se laissa choir au sol.

"Oh. Désolé. souffla Irving en se rendant compte de sa sottise. Il fit alors léviter les cendres jusqu'à l'urne tandis que la petite fille se précipitait pour consoler sa mère. Passablement gêné, il passa une main dans ses cheveux et jeta un regard en biais à Klemens au moment où le mari s'approchait du Lycanthrope.

"Merci madame. C'était moins une." commenta-t-il sobrement.

Klem ouvrit les yeux et lâcha l'elfe de maison lorsque la voix d'Irving le ramena à la réalité de la situation. Il poussa un soupir en constatant qu'il était couvert de cendre et s'apprêtait à s'épousseter lorsqu'il capta l'air défait de la Sang-Pur. Il poussa un soupir et se lança un sort pour que les cendres rejoignent l'urne. Au moins, Grand-Maman ne s'était pas trop éparpillée au cours du voyage. Il jeta un coup d'oeil surpris au mari lorsque ce dernier s'approcha de lui et le remercia. Il croisa le regard d'Irving avant de reporter son attention sur l'homme.

"Pas de quoi. Et désolé pour Grand-Maman."

Il esquissa un léger sourire avant de se diriger vers Irving en jetant un coup d'oeil à sa montre.

"Quelqu'un d'autre va venir nous retrouver pour la suite du voyage. Il va être temps de nous dire au revoir."

Irving hocha la tête lorsque Klem affirma qu'ils allaient bientôt devoir partir. C'était Scarlett et lui qui avaient préparé cette planque de transition dans le quartier moldu de Camden à Londres. C'était surement l'endroit le plus adapté pour cacher une famille de sorciers même si les sang-purs devaient être prudents.

"La relève passera demain, dans la journée, ils viendront par le réseau de Cheminettes. Expliqua-t-il.

Il était bien placé pour le savoir puisque se serait surement sa binôme et lui qui assureraient ce nouveau transfert sous de fausses identités.

"Ils vous amèneront dans une seconde cache. En attendant, vous avez de quoi manger pour ce soir et demain matin ici, souffla-t-il en désignant un panier d'un geste du menton, et il y a des couvertures dans l'armoire de la chambre."

Le petit appartement était bien vétuste à comparé à leur manoir mais l'endroit était nettement plus sûr.

"Vous êtes en terre moldue donc pas de magie..." prévint-il en s'approchant de Klemens pour partir, ...et bon courage." finit-il par dire, un peu troublé.

Ils semblaient si perdus et si tristes d'avoir laissé leurs vies derrière eux. Pourtant Irving savait qu'il les avait tirer d'affaire mais il ne parvenait pas à se réjouir pleinement devant leur désarroi. Le père de famille tentait de faire bonne figure mais l'ancien-Gryffondor devinait l'émotion au fond de ses yeux. L'avenir devait lui sembler sombre et incertain...

"Au revoir." souffla-t-il finalement en tendant la main pour le saluer, Mesdames, ajouta-t-il en hochant la tête dans leur direction.

Puis sans s'attarder il transplana jusqu'à son appartement.

Klem légèrement à l'écart laissa Irving expliquer la suite des opérations à la famille. Pour sa part, il avait fait son travail. L'avenir de cette famille ne le regardait plus. Ce n'était pas du mépris ou de l'indifférence. C'était une façon comme une autre de se protéger. Il ne pouvait pas se permettre de s'attacher à chaque personne qu'il aurait à escorter. Surtout dans le cas où la mission échouerait. Il ne pouvait pas se permettre de se laisser influencer par des émotions parasites. Il préférait donc garder une distance entre ses missions et lui. Il attendit que son ami termine et revienne auprès de lui avant d'esquisser un clin d'oeil et de transplaner à son tour après avoir salué une dernière fois la famille.

"Bon... et bien ça s'est plutôt bien passé, lâcha-t-il une fois affalé sur l'un des poufs de son voisin alors qu'ils venaient de rentrer. Ça s'est joué à quelques secondes mais finalement le timing était bon."

Il esquissa un léger sourire à Irving avant de plonger son regard dans le sien. Il était curieux de connaître son ressenti.

Ils avaient quitté cet appartement à peine quelques minutes plus tôt  pourtant Irving se sentait différent. Le mélange d'appréhension et d'excitation qu'il avait ressenti au moment du départ avait laissé place à un sentiment mitigé.
L'ancien Gryffondor ôta son écharpe afin de recouvrer son apparence normale mais il resta debout au milieu de la pièce observant Klemens s'affaler sur un pouf, comme si de rien n'était. Lorsque le lycanthrope esquissa un sourire à son encontre, il s'efforça de lui rendre la pareille. Il avait raison après tout: La mission s'était bien passée. La famille était en lieu sûr tout comme les passeurs. Pourtant Irving n'arrivait pas à se débarrasser de cette impression de malaise...

Il se dirigea dans la salle de bain, faisant mine de vouloir ranger son écharpe en lieu sûr, mais aussi -et surtout- pour se soustraire momentanément au regard du loup qui semblait nettement plus serein que lui. Trouver et préparer des planques, traficoter le réseau pour le compte de la Salamandre, ces missions précédentes ne l'avait jamais confronté directement à d'autres personnes et il se rendait pour la première fois compte du pouvoir qu'il avait sur la vie d'autrui. A vrai dire cela l'effrayait quelque peu mais il ne pouvait décemment pas révéler cet état de fait à quiconque. Il devait être fiable et sûr de lui, s'intima-t-il en revenant d'un pas décidé dans le salon.

"Ouep, le timing était bon, souffla-t-il en s’asseyant face à Klem, et t'as même réussi à sauver la Grand-mère !" ajouta-t-il en affichant un sourire espiègle afin d'oublier son trouble.

Irving semblait légèrement secoué par leur petite expédition. Il le laissa donc se soustraire à son regard sans un mot. Il avait sans aucun doute de solitude. De réfléchir à tout ça à tête reposée. Il hésita un instant à partir discrètement pour laisser son ami avec ses réflexions. Mais il revint de lui même pour confirmer ses paroles. Il esquissa un léger sourire lorsque le jeune homme évoqua la grand-mère.

"Oui, on a eu un passager clandestin. Mais finalement, j'suis sûr qu'ils sont content d'avoir Grand-Maman avec eux."

Tout avait été si vite. Et il devait reconnaître qu'il avait un peu pris le premier truc qui lui était tombé sous la main sans réfléchir plus. Il n'avait rien demandé, il avait agi. Mais après tout, ils étaient là pour sauver des gens, pas pour prendre le thé. Il ne regrettait absolument rien. Pas même les mots un peu dur qu'il avait prononcé. Il posa son regard sur Irving et le contempla un instant avant de reprendre la parole.

"Ça va toi ?"

"Enfin j'crois qu'il te reste des bouts de Grand-Mère dans les ch'veux, cela dit en passant..." souffla-t-il pour répondre à la boutade de Klem.

Mieux valait en rire qu'en pleurer, songea-t-il en accrochant un sourire sur ses lèvres. Il s’efforça de chasser la vision de la mère de famille pleurant dans un coin et se concentra sur la bonne action qu'il avait faite ce soir. Il avait mis en sécurité trois personnes, dont une enfant. Il ne pouvait qu'être fier de lui, n'est-ce pas ? songea-t-il en s'enfermant une nouvelle fois dans un léger silence.

Klemens sembla deviner son trouble puisqu'il lui demanda s'il allait bien:

" Ça va, t'inquiète...J'uis juste crevé: Réveillon -Témoin d'Mariage - Nuit blanche-Révélations fracassantes sur Roy- Entrainement -Sauvetage de Sangs Purs-... Je crois qu'c'est un peu trop pour un seul homme en si peu d'temps !" lâcha-t-il en se grattant les yeux.

Il n'était pas sûr de faire illusion auprès de Klemens qui commençait vraiment à bien le connaitre mais il espérait que son ami se contenterait de cette explication ce soir.

Une grimace de dégoût passa furtivement sur le visage de Klemens. Il frotta énergiquement le haut de son crâne pour faire disparaître les morceaux de grand-mère qui auraient pu s'accrocher à ses cheveux. C'était juste dégoûtant et un frisson le saisit à cette idée. Berk, berk et berk.

Toutefois, le comportement d'Irving l'inquiétait et il laissa donc son souci capillaire de côté pour s'intéresser à l'état de son ami. Il le fixa intensément alors qu'il lui donnait une explication plausible mais peu convaincante. Avec le temps, il apprenait à connaître le jeune homme et il voyait bien qu'autre chose le tracassait. Mais ce n'était peut-être pas le moment d'insister. Lui aussi avait besoin de sommeil de toute manière. Même si le lit de Joel avait été très confortable. Mais il s'égarait.

"Ok mec. Bon, je crois que j'ai besoin d'une bonne douche. J'ai pas envie que Grand-Maman s'incruste dans mes cheveux."

Il esquissa un léger sourire espiègle avec son ami avant de se lever et de se diriger vers la porte.

"Et si jamais t'as besoin de parler ou quoique ce soit... tu sais où me trouver. Ma porte est ouverte."

Une promesse de soutien, c'était tout ce qu'il pouvait apporter à Irving pour le moment. Il n'allait pas le forcer ni rien.

Irving laissa échapper un léger ricanement à la remarque de Klemens avant de le suivre des yeux lorsqu'il se leva afin de rejoindre ses pénates. L'ancien Gryffondor ne chercha pas à retenir son ami avec une dernière gobière et il se redressa à son tour afin de le saluer avant qu'il ne parte. Lui aussi, il avait besoin d'une bonne douche et d'une vraie nuit de sommeil afin de se ressourcer et de poser ses sentiments à plat.

Klemens ne tenta pas de lui tirer les vers du nez -Irving lui en fut d'ailleurs reconnaissant- puisqu'il il se contenta de lui rappeler qu'il était là, en cas de besoin.

"Je sais." souffla Irving en lui serrant la main en guise d'au revoir. Il afficha un léger sourire sincère qui valait toutes les révélations du monde avant d'ouvrir la porte d'entrée pour laisser partir son ami. Toutefois, quand ce dernier s'engagea dans les escaliers, Irving l'interpela une dernière fois:

"Hé vieux... Même si j't'aime bien en blonde, oublie pas d'reprendre ton apparence normale."

Il lui décrocha un clin d’œil complice avant de refermer le battant derrière lui.