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[Nouvel an NDP] Sang-purs et sang reproches

Jordan Nimbus dePompadour
Jordan Nimbus dePompadourAncien personnage
Messages : 77
Profil Académie Waverly
[Nouvel an NDP] Sang-purs et sang reproches Icon_minitimeMer 25 Déc 2013 - 18:37
31 décembre 2007 - 18h

La nuit était profonde et l'air frais en cette soirée du réveillon 2008. La cité Nimbus bourdonnait, non pas du bruit de l'usine, mais de la fête populaire qui se tenait ce soir là dans la salle des fêtes, près de la place principale. C'était une joyeuse activité, bruyante et festive, qui n'était pas sans rappeler certaines fêtes de légende. Les griefs contre le patron s'envolaient le temps d'une soirée (c'est qu'il payait l'organisation de la fête), on oubliait la Consumeuse, les problèmes de famille. Ambiance chaleureuse, brouaha de conversations animées, cris de surprise, alcool pour les plus grands et jus de citrouilles pour les plus sages (ou les plus petits), crêpes chaudes et Christmas Pudding, tout était fin prêt pour fêter l'année nouvelle de la meilleure des façons possibles.

Mais tous n'y participaient pas. En haut de la colline, près du cimetière, à l'écart de la ville, le bruit était bien moins dense, étouffé, comme si les lois de la physique elles-mêmes se pliaient à l'exigence de l'étiquette, qui voulait que l'on soit mesuré en toutes circonstances. Depuis la fenêtre de sa chambre, Jordan contemplait les silhouettes minuscules qui s'agitaient sur la Grand Place, songeant que Samantha était probablement l'une d'elles. Il aurait aimé pouvoir échapper à la réception et aller s'amuser sans se soucier des convenances. D'ailleurs, la plupart des jeunes de son âge le feraient probablement, après les douze coups de minuit. C'était presque rituel, pour les jeunes (presques) majeurs de la Haute, de s'éclipser discrètement pour aller se détendre dans un coin isolé du manoir ou de se rendre à une soirée un peu moins guindée - mais toujours bien fréquentée - dans un quartier sorcier, comme à l'allée des Douze Chênes de Bristol. Avec Will, ils étaient descendus à la Cité l'année dernière pour célébrer le nouvel an. Mais cette année, il n'en était pas question. La situation entre Nimbus et les habitants était bien trop tendue pour que l'on accepte de faire abstraction de son nom. Il ne voulait gâcher la soirée de personne. Bah, Will saurait bien où aller.

Jordan quitta sa fenêtre et par là même son instant de mélancolie. Il enfila sa robe de sorcier, tout en se demandant pourquoi diable fallait-il se plier à ces mondanités. Il concevait bien évidemment l'importance de ces coutumes pour les adultes, mais ils avaient été jeunes, eux aussi; ils avaient bien passé des heures à s'ennuyer à mourir lors de ces bals. Il y avait bien suffisamment de fêtes durant l'année pour qu'ils octroient un instant de répit à la jeune génération, non? Enfin, il ne servait à rien de commencer la nouvelle année de façon aussi morose.

Une fois sa robe noir de jais Elisabeth Bourgeois enfilée, il s'apergea d'un léger trait de parfum, appela un elfe pour qu'il l'aider à clipper ses boutons de manchettes, de coiffa et se mira un instant dans le miroir, cherchant négligemment s'il avait oublié un détail. C'était inutile, il le savait: il n'oubliait jamais rien. Mais sa mère lui avait inculqué cette habitude du fait de son rang, et ce soir plus que jamais, il devait être irréprochable. En effet, la famille Nimbus s'était arrogée le droit d'organiser la réception du Réveillon depuis un bon nombre d'années déjà. Leur position de famille la plus aisée du Royaume-Uni - et d'Europe très récemment - leur avait permis d'éclipser progressivement toutes les autres fêtes. L'organisation de l'évènement était en quelque sorte la preuve que personne ne les concurrencerait jamais. Pourtant, pour la première fois depuis bien longtemps, leur supériorité était remise en question.
Les troubles à la Cité Nimbus effrayaient la clientèle à plusieurs niveaux, et l'émergence de Chaudrillon, l'entreprise des Hamilton qui produisait depuis peu certaines potions à un rythme éffrené, mettant Malefoy, leur principal fournisseur, dans une position difficile, fragilisait Nimbus. Les ventes de balais avaient ralenti en dépit des fêtes et la sortie du Nimbus Furtif deuxième génération - Jordan comptait d'ailleurs en offrir un à Joy, discrètement, lors de la soirée. Les différents placements et filiales de la famille stagnaient, faute à la crise économique qui subissait côté moldu et commençait à influencer le côté sorcier, notamment à cause du change et aux sorciers d'origine moldue qui étaient à la mode ces temps-ci. Par conséquent, la fortune des Nimbus étaient fragilisées et ils se trouvaient, pour la première fois, en concurrence avec les Harris.

Jordan ne supportait pas cette situation. Il avait été élevé dans l'idée qu'il était particulier: il n'était pas l'un des enfants d'une famille aisée britannique, mais l'héritier unique de la famille la plus fortunée du royaume. Il n'était pas un élève parmi d'autre mais le Préfet-en-Chef le plus brillant. Il avait toujours été premier en tout, et l'idée que cela puisse changer l'irritait profondément. Même si, en pratique, son train de vie ne risquait pas vraiment de ressentir les perturbations, la simple pensée d'Helen Harris s'appropriant la réception du nouvel an, ou celle de devoir traiter Edmund en supérieur plutôt qu'en simple professeur suffisait à effrayer le jeune homme. Il était le premier, c'avait toujours été comme ça, et il refusait le changement. Il faisait confiance à son père pour rétablir la situation au plus vite, mais la pression qu'il ressentait le poussait à s'investir corps et âme dans cette crise. Et à garder le rapport sous clé.

Jordan jeta un coup d'oeil machinal au tiroir qu'il n'avait pas rouvert depuis le mois d'août avant de s'en détourner résolument et de descendre la volée de larges escaliers qui conduisaient au rez de chaussée. Il traversa la salle où les convives prendraient le dîner. C'était une longue salle boisée aux couleurs chaleureuses, rouge, comme pour rappeler les briques du manoir. La moquette et le plafond plutôt bas rendaient une ambiance intimiste qui ravissait les invités et donnaient à beaucoup plus d'importance qu'ils n'en avaient. Une horde d'elfes, sous la direction de  Luky, l'elfe en chef de la famille, traversaient l'étage pour vérifier que rien n'avait été laissé au hasard. Clarissa avait confié le soin à Luky d'engager les elfes de son choix pour la soirée, et la famille avait fait appel au traiteur elfique du chemin de traverse pour l'occasion. Ils avaient également engagé un chef sorcier français, car Lawrence tenait beaucoup à ses origines et aux mets fins de leurs voisins d'outre manche. Certains invités seraient d'ailleurs étrangers. Jordan dépassa deux elfes qui étaient en train de disposer les salières - à gauche, coutume sorcière - et déboucha sur le grand hall.

Celui-ci servirait pour le début et la fin de soirée. Y seraient servis le buffet et le dessert, et c'est là que se dérouleraient les danses. D'une blancheur éclatante, elle contrastait avec la pièce précédente, les six portes en bois sombre qui bordaient ses murs et l'escalier recouvert d'un tapis rouge qui menait à l'étage. Elle n'aurait jamais tenu dans le manoir si elle n'avait pas été construite par un architecte magique renommé une centaine d'année auparavant. Directement inspirée par la galerie du château de Chenonceau, elle avait été la fierté de son arrière-grand-père, de son grand-père et puis de son père. Jordan supposait qu'il serait fier lui aussi le jour où il serait maître des lieux. Une estrade était placée à une extrémité, et les elfes déposaient les premiers plats sur les tables dressées contre les murs pour le buffet.

Enfin, l'héritier Nimbus déboucha sur le hall d'entrée proprement dit. Il n'était que dix-huit heures, mais les premiers invités arriveraient rapidement. Il s'agissait notamment de la famille proche: les grands-parents de Jordan, la soeur de Lawrence et sa famille, ainsi que les frères de sa mère, Selwyn et leurs familles . Mais surtout, les premiers seraient la famille Harris. Jordan avait appris avec plaisir que Swann rentrait pour l'occasion. Les invités arriveraient ensuite lors de trois vagues respectives, à 19h, 20h et 21h, dans l'ordre inverse d'importance. Le repas serait servi vers 22h, ce qui était exceptionnellement tard pour des anglais.

"Je me demande si le Ministre va venir" disait Lawrence à son épouse lorsque leur fils arriva près d'eux. "Il ne l'a pas fait l'année dernière, pourtant même Shacklebolt prenait la peine de se déplacer."
"C'est le premier ministre qui ne fait pas partie d'une grande famille que nous ayons, et c'est tout à fait dans sa ligne politique" répondait Clarissa. "Ah, Jordan, te voilà".

Clarissa Nimbus de Pompadour, vêtue comme une reine, détailla son fils du regard avant de laisser apparaître un sourire appréciateur sur son visage. Lawrence lui accorda un hochement de tête plutôt sec, mais Jordan ne s'en offusqua pas. Son père perdait son flegme et son assurance habituelle depuis quelques semaines, à sa grande inquiétude, mais il n'en était pas la cause. Sa mère, en revanche, n'offrait pas le moindre signe visible de trouble, bien au contraire. Elle se pencha pour murmurer quelques mots à un elfe qui s'empressa de s'incliner et de partir délivrer le message.

"Bien, tout est prêt. Les Harris ne devraient pas tarder. J'espère que mes frères arriveront à l'heure." dit-elle d'un ton pincé. Elle se tourna ensuite vers son mari pour l'embrasser, dernier geste d'affection avant que les invités n'arrivent.

Pour ne pas être témoins de ce moment privé, Jordan sortit sur le perron pour admirer le grand parc qui entourait le manoir Nimbus. Il était éclairé par des chandelles magiques qui habillaient l'extérieur, qu'il trouvait souvent trop austère, et la fontaine magique construite encore par son arrière-grand père. Un tapis de velours rouge avait été exceptionnellement déroulé jusqu'à l'entrée de la propriété. Jordan tourna la tête vers le portail et distingua l'une des calèches magiques blanche, tirées par des Pégases, qui arrivait justement. En effet, pour ce soir particulier, les Nimbus louaient les services du meilleur haras de Pégases français pour aller chercher puis redéposer les invités en calèche. Il s'empressa de rentrer à l'intérieur.

Les premiers arrivants furent accueillis par des elfes qui s'empressèrent de le débarasser, le temps que le couple Nimbus n'arrivent jusqu'à eux et ne les accueille dans les règles de l'art. Jordan inspira avant d'accrocher son plus beau sourire sur son visage. L'année 2007 se terminait.

HRP:



[Nouvel an NDP] Sang-purs et sang reproches 13011808094169211
Aloysius Selwyn
Aloysius SelwynAncien personnage
Messages : 41
Profil Académie Waverly
[Nouvel an NDP] Sang-purs et sang reproches Icon_minitimeVen 27 Déc 2013 - 22:54
Aloïs jeta un dernier coup d'œil par la fenêtre, avant de laisser retomber le rideau devant sa fenêtre. La neige, le noir, le gel, le froid, tout était réuni pour faire un hiver absolument ma-gni-fi-que. Le manoir Selwyn, perdu au milieu de la campagne du district des lacs, était la seule source de lumière à des lieux à la ronde. Il était beau, ce manoir, avec ses grandes tourelles, ses hauts murs, ses grandes pièces toutes chauffées grâce à d'immenses cheminées… mais Aloïs n'avait jamais aimé l'hiver. Et le manoir était trop grand, beaucoup trop grand.
Comme chaque année, la famille s'était donc rassemblée dans les pièces du rez-de-chaussée, laissant l'étage aux grands-parents, fermant pour l'hiver les pièces des étages supérieurs. Les Selwyn n'avait jamais été de ceux qui faisaient de grandes réceptions d'hiver, préférant profiter de leur immense parc pour faire de grandes garden parties, de grands pique-niques dans la douceur du printemps et de l'été anglais.
Et, chaque année, la fratrie s'échappait de la tristesse de  l'hiver anglais pour partir, enfin, dans un endroit chaud. C'était leur petite tradition, quelques jours où leur père n'était qu'à eux et n'était pas dérangé toutes les vingt minutes par un message urgent du tribunal, où ils ne risquaient pas de se retrouver à la garde de leurs grands-parents… même s'ils étaient plus âgés, même si Caecilia était en âge de se marier, cela n'avait pas d'importance. Mais après leurs quelques jours de l'autre côté du globe, ils avaient dû revenir, comme chaque année, pour la traditionnelle fête du Nouvel An, chez les Nimbus de Pompadour.

Aloïs soupira un bon coup, jeta un bref coup d'œil à son reflet dans la glace. Une robe grise, légèrement teintée de noir au niveau des manches. Une robe neutre, passe-partout, comme à son habitude. Sa sœur allait encore lui dire qu'il faisait tout ce qu'il fallait pour se fondre dans le décor, mais il n'en avait que faire. Il n'avait pas vraiment envie de discuter avec beaucoup de monde, de toute manière. La réception était chez son oncle et sa tante, beaucoup de ses cousins seraient présents, ses grands-parents également, il serait donc obligé de sociabiliser et de faire le jeune héritier modèle. Il le ferait, comme toujours, trop habitué à se rôle et n'ayant aucune envie d'attirer l'attention sur lui plus que nécessaire. Pourquoi tous les plus âgés se sentaient-ils obligés de leur imposer de venir? N'avaient-ils pas eux aussi espéré y échapper, à leurs âges? Il fallait croire que non.
S'estimant bien mis, il sortit de sa chambre, rejoignant dans le petit boudoir qui joignait les chambres des trois enfants Selwyn.
Ses sœurs étaient toutes deux déjà là, Aemilia assise devant le feu qui brûlait doucement dans l'âtre, Caecilia debout devant le grand miroir, s'observant d'un œil critique.

" Tu pourrais me passer les boucles d'oreilles de maman, s'il te plaît? Je n'arrive pas à les attraper, et papa n'est pas encore là. "
" Tu veux les porter? "

Il s'était dressé sur la pointe des pieds, attrapant en haut de l'étagère le coffret qui les contenait, réfrénant mal sa surprise. Ces boucles d'oreilles, elles étaient la marque de leur mère, dix ans auparavant. Elles étaient un cadeau de leur père, et Théoxane ne portait qu'elles. Il échangea un regard lourd de sens avec Aemilia, avant de tendre l'écrin à sa sœur. Ils savaient tous les deux l'admiration que leur aînée avait pour leur mère, mais porter à une réception mondaine la marque caractéristique d'une Mangemorte enfermée à Azkaban, ils n'étaient pas persuadés que cela soit vraiment la meilleure chose à faire. Mais les deux plus jeunes savaient parfaitement que cela ne servait à rien d'essayer de discuter la décision de leur aînée. Et puis, avec un peu de chance, la plupart des invités auraient oubliés la signification de ces bijoux de perles et de diamants.
Aloïs se laissa tomber dans un des fauteuils autour du feu, juste en face de sa sœur. Cette dernière semblait absorbée dans la contemplation de ses mains, manucurées par leur grand-mère, serties de quelques bracelets fins. Elle était belle, sa petite sœur, avec sa robe violette sertie de pierres, avec sa jupe en tulle qui lui tombait jusqu'aux pieds. Avec son air un peu rêveur, ses yeux marron, ses cheveux bruns lâchés en longues boucles sur sa peau toujours bronzée, elle semblait toujours décalée, par rapport au monde qui l'entourait. La plupart des femmes, des jeune filles qui seraient présentes allaient avoir opté pour des robes sans doute plus strictes, plus traditionnelles… pas sa petite sœur. Aemilia ne faisait jamais rien comme tout le monde, et Aloïs n'avait jamais réellement réussi à définir si elle en était consciente.

" Papa ferait mieux de se dépêcher, murmura-t-elle. Si on arrive en retard, je pense que tante Clarissa lui fera regretter. Elle déteste quand il fiche en l'air son organisation. "
" On y sera à l'heure, Milia. Par Merlin, tiens-toi droite! Tu es une Selwyn, pas une roturière ! "

Aemilia leva les yeux au ciel, se lança dans une imitation très convaincante et très peu flatteuse de Caecilia lorsque celle-ci tourna la tête, mais se redressa, posant ses mains jointes sur ses genoux. Aloïs tourna légèrement la tête, souriant doucement en détaillant la tenue de son aînée. Caecilia n'avait jamais autant ressemblé à leur mère, avec son regard charbon rehaussé par ses sourcils parfaitement dessinés, ses lèvres rouge sang sur sa peau pâle. Elle ressemblait aux images qu'Aloïs avait vu des premières années du mariage de ses parents. Sa robe blanche, décorée de broderies noires, rehaussait sa silhouette fine, avant d'onduler autour de ses jambes jusqu'à ses chevilles dans un tissu fluide.
Aloïs savait pertinemment qu'il n'était pas objectif lorsqu'on en venait à ses sœurs. Il s'était chamaillé avec elles, il le faisait toujours. Ils n'avaient pas du tout la même manière de voir le monde, ils se disputaient souvent sur des questions bêtes de politiques et d'évolutions des mœurs. Mais elles restaient ses deux sœurs, et il n'était pas capable de les voir autrement que magnifiques. Et lui, au milieu, faisait tâche. Ses deux sœurs ressortaient, qu'importe l'endroit où elles allaient. Caecilia par l'aura d'intelligence, de froide dignité qui l'accompagnait partout où elle allait. Aemilia par son côté fantasque, ses tenues éthérées, son côté dansant. Lui, avec sa taille moyenne, sa robe neutre, ses cheveux bruns et ses yeux pâles, lui avait un air d'intrus dans cette famille si particulière.
Leur père toqua à la porte, la franchissant. Il avait l'air fatigué, mais il gardait en lui la majesté des représentants des grandes familles de Sang-Purs. Il était vêtu d'une grande robe prune, couleur du Magenmagot, discrètement brodée au niveau des manches, comme s'il ne parvenait toujours pas à se débarrasser, pour une soirée, de son rôle de magistrat.  
Il les regarda tous trois, et Aloïs le vit s'arrêter plus longtemps que nécessaire sur la tenue de son aînée. Il était impossible pour quiconque l'avait connu de ne pas voir à quel point elle ressemblait à Théoxane Selwyn. Aloïs se retint de jeter un regard noir à sa sœur. C'était singulièrement manquer de délicatesse, que d'envoyer à la figure de son père le portrait vivant de la femme qu'il avait aimé et qu'il avait perdu, dix ans auparavant. Mais Caecilia n'en faisait qu'à sa tête, et n'avait sûrement pas pensé à leur père. Aloïs n'était même pas sûr qu'elle soit consciente de la ressemblance qu'elle créait entre elle et sa mère. L'expression de légère douleur dans yeux de son père était elle immanquable, même s'il faisait tout pour la dissimuler.
Il s'arrêta, s'appuya sur le dossier du siège d'Aemilia:

" Milia, tu es ravissante. Caecilia, tu es sûre que… "

Il s'arrêta avant même d'avoir fini sa phrase, soupira un bon coup. Lui aussi savait bien qu'il ne servait à rien de discuter avec son aînée, et qu'il était de toute manière trop tard pour faire des changements.

" Tu es magnifique, Caecilia. Je suis sûr que ta mère serait fière de toi. Aloïs, tu t'es bien occupé d'envoyer ce que ta tante avait demandé? "
" Oui, Elsie s'en est occupé hier. Et j'ai rajouté les fleurs que tu avais demandé, également. "
" Parfait. Et bien… je suppose que l'on peut y aller. "

Son père attachait une très grande importance à la famille. C'était une des caractéristiques qu'ils partageaient tous les quatre, malgré leurs grandes différences de caractère. Mais là, il donnait surtout l'impression qu'il avait envie de retourner se coucher, et de ne surtout pas avoir besoin de se rendre à une réception mondaine.
Mais on ne manquait pas le Nouvel An des Nimbus, premièrement parce qu'il s'agissait d'un des plus grands évènements du monde aristocratique sorcier en Angleterre, et deuxièmement parce que Clarissa ne pardonnerait jamais à son frère s'il ne venait pas.
Les trois adolescents se levèrent, attrapant leurs longues capes noires, indispensables pour affronter les quelques instants de froideur hivernale. Aloïs fut le dernier à quitter la pièce, appelant leur elfe Elsie pour la charger d'éteindre le feu qui brûlait toujours dans l'âtre, et de faire en sorte que leurs chambres soient un minimum chauffés pour le moment où ils rentreraient.

Il rejoint le reste de sa famille dans le carrosse envoyé par son oncle et sa tante, tombant au plein milieu d'une discussion houleuse entre Caecilia et son père, Aemilia ayant déjà porté son regard sur la vitre, dessinant d'un air absent des formes dans la buée de la fenêtre. Ils étaient les premiers à arriver chez les Nimbus, en tant que famille proche, en même temps que les Harris. Et c'était là que cela ne marchait pas, chez Caecilia. Si elle n'avait pas de problème avec les Harris, elle en avait beaucoup plus avec Swann, la fille d'Edmund.

" Qu'est-ce qui est passé par la tête d'Edmund Harris, franchement? On n'amène pas une fille illégitime dans la Haute Société! "
" Elle reste sa fille, Cilia, même si elle n'a aucune influence directe sur la succession. "
" Si au moins elle avait la décence de rester à sa place… Je croyais qu'elle était partie à Milan? "
" Visiblement, elle est revenue. Caecilia, je te prierai de rester courtoise. Je sais que tu ne l'apprécie pas outre mesure, mais elle reste une Harris. Et tu n'as aucune envie de te mettre Helen Harris à dos. "
" Tu ne lui as jamais parlé, Cilia, comment est-ce que tu peux savoir si elle est bien ou pas? "
" Ce n'est pas une question d'être bien ou pas, c'est une question de décence. "
" Cilia, arrête un peu. Elle va être là, et tu n'y peux rien. Ça ne sert à rien de pester. "
" Et Melvin, et Meredith? C'est égoïste, comme comportement, de s'imposer en mettant en difficulté les héritiers légitimes. "
" Caecilia Théovanie Selwyn, tu arrêtes. "

L'aînée leva les yeux au ciel, resserrant sa cape sur ses épaules. Caecilia était un génie, mais Aloïs trouvait qu'elle manquait singulièrement de jugement quand on en venait au comportement des personnes qui l'entouraient. Sans doute parce qu'elle avait conservé une grande partie des valeurs de leur mère, quand lui et Aemilia avaient des idées plus libérales, où les préjugés étaient moins grands. Tout restait relatif, bien entendu, ce n'était pas demain la veille que lui ou Aemilia commenceraient à prêcher l'ouverture aux moldus. Mais sur les questions d'étiquette, de traditions, ils étaient souvent plus ouverts au changement. Quel était le problème avec la venue de la jeune femme, si elle n'avait pas l'intention de dépouiller ses cousins de ce qui leur revenait de droit?
Le reste du trajet se passa dans le silence, leur père ayant fermé les yeux, appréciant ce qui serait sans doute ses derniers moments de silence durant toute la soirée. Sa position était loin d'être appréciable. Haut fonctionnaire, juge du Magenmagot, il avait un poste à responsabilité et se plaçait au même niveau que bien des héritiers de grandes familles. Epoux d'une Mangemorte, il avait dû faire oublier l'implication de sa femme. Heureusement que les Selwyn avaient su conserver une image lisse, durant les deux guerres…

Le carrosse s'arrêta enfin, les pégases ralentissant doucement,  les amenant directement devant les portes du manoir des Nimbus. Tante Clarissa avait encore tout prévu, dans les moindres détails. Les bougies qui éclairaient le grand jardin qui entouraient leur propriété. Le tapis rouge, déroulé pour accueillir les invités de marque. La fontaine magique, une des grandes fiertés des Nimbus, illuminée. Et enfin, le grand manoir en brique rouge, symbole de la famille et de leur réussite. A tous ceux qui disaient que les Nimbus étaient en perte de vitesse, que leur fortune était sur le déclin, cette réception était comme un pied de nez. Aloïs était objectif, il savait que la situation était difficile pour la famille Nimbus. Il n'était pas suffisamment proche de son oncle et de sa tante pour vraiment pouvoir se leurrer.
Mais lorsqu'on arrivait devant le manoir, éclairé par toutes ses bougies, semblant briller de mille feux dans la nuit noire, on ne pouvait être qu'impressionné.

Ils descendirent, accueillis aussitôt par des elfes qui se précipitèrent vers eux pour les débarrasser de leurs capes, avançant vers les maîtres de maison. Flavius se baissa légèrement pour embrasser sa sœur sur la joue, avant de serrer la main de Lawrence. Clarissa était rayonnante, dans sa robe grise, comme à son habitude. Elle faisait partie de ces gens qui élevaient la perfection au rang d'art, et c'était une nécessité, lorsqu'on faisait partie d'une des familles, si ce n'était de la plus grande famille du Royaume-Uni. Même Caecilia s'abstenait de commentaires sur les Nimbus, malgré leur  ascendance moldue.
Les trois enfants attendaient respectueusement derrière, laissant les adultes passer d'abord. Les codes de la Haute Société étaient lourds et contraignants, mais aucune des trois n''aurait jamais eut ne serait-ce que l'idée de passer outre. Ils étaient les héritiers de ce mode de vie, et ils avaient été élevés de cette manière. Sa grand-mère Berenice avait été particulièrement exigeante sur cette question, et c'était à présent comme une seconde nature. Quand bien même ce protocole créait des distances qui n'avaient pas vraiment lieu d'être.

Ses deux sœurs firent la révérence, lui s'inclina devant Lawrence et prit la main de sa tante dans la sienne pour y déposer un baiser, avant de se relever.

" Tante Clarissa, Oncle Lawrence, c'est un plaisir de vous voir. "
" Le parc est absolument magnifique, vous vous êtes surpassés. "
" Cette réception promet d'être magnifique. "

Les salutations usuelles, que beaucoup d'enfants dit "normaux" auraient trouvées complètement déplacés entre membres d'une même famille. Mais c'était ainsi que cela marchait, dans la bonne société. Après avoir esquivé une question sur son état de santé, et discuté quelques instants avec son oncle et sa tante, évitant avec adresse tous les sujets qu'il n'avait aucune envie d'aborder, il repéra un peu plus loin Jordan, son cousin. Ils n'étaient pas particulièrement proches – Aloïs avait tendance à le trouver un peu prétentieux, par moment, un peu trop sûr de lui-même – mais il était pour le moment l'une des rares personnes de son âge. Aemilia s'était déjà échappée pour aller parler avec Swann Twilfit, ravissante et semblant particulièrement à son aise dans cette société qu'elle n'avait découvert pourtant que l'année précédente. Caecilia, elle, était partie discuter avec Elizabeth Ann Jones. Même si travailler était socialement plus accepté maintenant pour les femmes de la Haute, certaines familles très traditionnelles avaient encore un peu de mal avec la nouvelle génération, donc faisait partie Caecilia, dont le seul but n'était plus de fonder une famille, mais également d'avoir une carrière. Il comprenait donc parfaitement la retraite stratégique de son aînée vers une femme qui elle aussi avait fait une carrière par passion, plutôt que de subir la matriarche des Harris et ses sous-entendus sur un futur mariage.

" Aloysius, tu es là! "

Il se retourna, soupirant intérieurement en voyant sa grand-mère au côté de la bien connue douairière des Harris. La saluer était un passage obligé, mais Aloïs avait espéré pouvoir y échapper encore un peu. Mais il était l'héritier des Selwyn, son père était déjà en grande discussion avec Lawrence, ses deux sœurs également, il ne pouvait pas y couper. Il s'avança donc, saluant respectueusement Helen et Daniel Harris, souriant sans rien laisser paraître de sa crispation intérieure. On ne pouvait pas faire mauvaise impression devant les Harris, c'était impossible.

" Je ne me rappelle pas vous avoir très souvent vu, ces dernières années, c'est un grand mal. Que deviendrons-nous si nos héritiers boudent nos réceptions? "
" J'en suis désolé, Lady Harris, ces absences sont dues à des problèmes indépendants de ma volonté. "
" Aloysius a toujours eut une santé fragile, Helen, il ne faut pas lui en vouloir… "

Le jeune homme se retint difficilement de jeter un regard noir à sa grand-mère. Il n'avait pas une santé fragile, il était malade, point, à la ligne. Qu'elle arrête de le faire passer pour un gamin de constitution fragile, qui attrapait toutes les maladies qui trainait et passait son temps alité, parce que ce n'était pas la réalité. Il n'était pas un gamin faible, il était l'héritier des Selwyn, et sa maladie n'était pas quelque chose de bénin, qu'on pouvait faire passer par l'explication d'une faible résistance aux maladies.

" Votre père doit se réjouir de la prochaine réunion de sa famille, n'est-ce pas? "

C'était Daniel Harris qui venait de parler, le regard fixé derrière lui sur Caecilia. Aloïs grimaça intérieurement, tiré entre le soulagement de voir la conversation s'engager sur un autre sujet, et l'appréhension à l'idée que celui-ci pourrait s'avérer plus glissant que le précédent.

" Théoxane reste sa femme et ma mère, malgré ses actes. "
" Et il l'a épousé contre l'avis de tous, on ne peut pas lui dire qu'il n'avait pas été prévenu. "
" Je pense que mon père est suffisamment responsable pour savoir ce qu'il fait. Et il n'est en rien responsable des actes de sa femme. Je pense que vous êtes bien placée pour savoir qu'une femme de caractère arrive toujours à ses fins. "

Une des raisons pour lesquelles il détestait discuter avec les plus âgés. Toujours à rappeler le passé, toujours à critiquer et à trouver des défauts. Helen Harris était réputée pour cela, parmi les jeunes Sangs-Purs, et tous savaient que discuter avec elle était éprouvant.

" Lord et Lady Harris, excusez ma hardiesse, mais je n'ai pas pu résister à la tentation de venir vous saluer. Grand-mère, c'est un plaisir de vous voir également. "

Caecilia, qui s'incrustait dans la conversation, faisant la révérence avec une parfaite maîtrise et relevant son regard noir charbon vers les deux plus âgés. Aloïs ne put s'empêcher d'éprouver une intense sensation de soulagement. Il n'était plus seul, et Caecilia était celle qu'il fallait avoir de son côté lors de ces réceptions.

" Miss Selwyn, c'est un plaisir. Vous travaillez toujours au sein du ministère, c'est bien cela? "
" Au sein du département des mystères, c'est exact. Je ne suis que stagiaire, pour le moment, mais j'ai bon espoir de devenir Langue-de-Plomb dans quelques temps. "
" Et quel est votre aire de recherche? "
" Vous comprenez bien que nous sommes soumis au secret professionnel, aussi je ne peux rien dire sur le contenu de mon travail. "
" J'espère que votre travail ne vous fait pas oublier tout autre envie, ma chère enfant. Vous avez vingt ans, c'est le bel âge, mais il faudrait également penser à ses responsabilités, n'est-ce pas? Je pense que vous en êtes tous les deux conscients. "
" La famille passe toujours d'abord, Lady Harris, mais cela ne m'empêchera pas de suivre la carrière qu'il me plaît. Les responsabilités, le mariage, les enfants… tout cela viendra en temps voulu. "

Avec toujours un sourire froid, légèrement hautain, placé sur le visage. Caecilia était hautaine, c'était la réalité, surtout lorsqu'elle se trouvait face à des personnes dont elle jugeait les idées rétrogrades. La manière dont sa sœur parvenait à combiner son côté féministe avec son côté profondément traditionnel avait toujours surpris le jeune homme. Mais pour le moment, il était bien content de voir sa sœur prendre les commandes de la discussion, le reléguant au second plan. Il n'avait jamais aimé se mettre en avant, de toute manière. Quelques minutes plus tard, après les salutations d'usage, les deux jeunes purent enfin s'échapper de l'emprise des grands-parents.

" Merci. Grand-mère parvient toujours à me mettre dans des situations difficiles, à croire qu'elle a un sixième sens pour trouver le sujet à ne pas aborder. "
" C'est Grand-mère, que veux-tu. Je ne serai pas toujours là pour te sauver la mise, Aloïs, il va falloir que tu te fasses à ça. "
" Parce que ça t'as plu, de recevoir une question sur ton futur mariage, toi? "
" C'est une question normale, Aloïs, la lignée doit avoir une continuité. Si tous les Sangs-Purs décidaient de faire comme les Flints, ou comme Edmund Harris, nous ne survivrons pas. "

Ce n'était pas comme si c'était la première fois que la question lui était posée par les membres les plus âgés de la Haute. Aloysius savait parfaitement que sa grand-mère attendait avec impatience le mariage de l'aînée de ses petits enfants, Caecilia s'arrêta devant une fenêtre, replaçant d'un geste sûr une mèche qui s'était échappée de sa coiffure, avant de se tourner vers l'entrée.
Il était près de dix-neuf heures, la première vague d'invités commençait à faire son apparition. Tout était réglé au moindre détail: les premières familles à arriver étaient celles qui avaient perdu le plus de leur influence pendant la guerre. Sans Flavius et Clarissa, les Selwyn en auraient sans doute fait partie. Il s'agissait des Carrow, des Goyle, des Lestrange… des Nott, également. Avec cinq membres de leur famille à Azkaban, la famille de sa mère pouvait difficilement se faire passer pour exemplaire.

" Tâche de faire honneur à la famille, d'accord? Et évite les plus âgés, si tu n'as pas envie de te retrouver dans une situation difficile. Si c'est le cas… parle-leur de la réussite de leurs propres petits-enfants, ça fait toujours plaisir. "

Et elle partit comme elle était venue, rejoignant un peu plus loin une blonde qu'Aloïs reconnut comme était Rosaleen Lestrange. Elles avaient été ensemble à Poudlard, dans la même année, et avaient présentées toutes deux à la bonne société en même temps, ce qui les avait poussés à créer des liens. Et à en croire le regard noir que sa sœur lança à Théo Nott, qui venait de passer les portes du manoir avec sa sœur et sa mère, elle n'avait pas réellement apprécié la rupture de ses fiançailles. Et si Aloïs avait une position moins extrême que celle de sa sœur, lui non plus ne comprenait pas. On ne se fiançait pas pour les briser quelques temps plus tard, cela n'avait strictement aucun sens… Surtout qu'une union Nott-Lestrange, il n'y avait aucune chance pour que ce soit Aurora qui l'ait organisé. Deux familles de Mangmort ensemble, franchement, c'était une union qui pouvait faire peur. Surtout quand on connaissait les opinions extrêmement conservatrices des grands-parents Rosier.

La pièce commençait à se remplir doucement, le bruit des conversations commençant à envahir l'espace. Aloysius avait récupéré il ne savait comment un verre, dont il but une gorgée d'un air absent, scannant la foule. Il les connaissait tous, ces membres de la Haute Société, les fréquentant depuis son enfance, ayant appris plus jeunes toutes les facettes des arbres généalogiques. Il était capable de montrer tous les liens existants entre toutes les personnes présentes, capables de citer toutes les personnes avec lesquelles il était cousin… mais il ne se sentait proche d'aucune d'entre elles. Il ne pouvait compter que sur lui-même et sur ses sœurs. Il avait des cousins germains: Jordan, Théo, Artémis, Théodore… il les connaissait tous depuis son enfance, mais ils restaient de simple connaissances. La Haute Société n'était pas un endroit où on tissait de réels liens d'amour filial. Et pour quelqu'un d'aussi effacé et peu sociable que lui, ces réceptions avaient un arrière-goût d'horreur.

Mais il ne pouvait pas rester là, sans rien dire, planté au milieu de la foule. Sinon, il pouvait être sûr que quelqu'un qu'il n'avait aucune envie de voir viendrait lui parler. Il posa son verre sur le plateau d'un elfe passant à côté de lui, et scanna la foule à la recherche d'une personne de sa connaissance. Les jeunes avaient tendance à se retrouver tous ensemble, échappant à l'emprise des adultes qui voulait absolument leur parler de leurs projets d'avenir. Parler de mariage à des adolescents, franchement. Ils avaient bien le temps. Et même s'il savait que la plupart se mariaient tôt, dans la Haute, sans quoi les rumeurs commençaient à circuler, il n'avait strictement aucune envie de commencer à y penser maintenant. Il n'était pas comme Caecilia, qui, il le savait, ferait un mariage de raison. Il n'était pas, comme Jordan, l'héritier d'une colossale fortune familiale qui faisait que toutes les mères voulaient qu'il épouse leurs filles. Il était trop effacé pour que beaucoup le retiennent réellement, de toute manière, et c'était ce qu'il voulait.
Enfin, il tomba sur un visage connu, dont il s'approcha, intérieurement ravi de trouver une personne à qui parler, afin d'éviter les conversations gênantes avec les membres les plus âgés de la bonne société.

" Jordan, comment vas-tu? "

Il avait beau être son cousin, Aloïs n'avait jamais réussi à sortir de sa réserve légendaire. Les seules personnes avec lesquelles il ne se refermait pas comme une huître était ses sœurs, et lorsqu'il était avec d'autres, il préférait largement orienter la conversation vers cette personne plutôt que sur lui-même. Les gens adoraient parler d'eux-mêmes, il n'avait pas beaucoup à les forcer.

" Je suis désolé de m'imposer, mais je dois fuir au maximum une deuxième conversation avec Helen Harris, qui à mon avis va décider qu'elle a beaucoup trop parlé à ma sœur et pas suffisamment avec moi… Enfin, j'imagine que pour toi, ça doit être pire, et je ne peux que te soutenir dans cette épreuve. "

Jordan Nimbus de Pompadour, unique héritier d'une famille richissime, préfet en chef, élève brillant promis à une grande carrière à la tête de l'entreprise familiale… beaucoup de mères devaient rêver que leur charmante progéniture épouse le jeune homme. Il se rappelait parfaitement d'Aemilia lui racontant qu'il avait traité la matriarche Carrow de vieille mégère rétrograde, une année ou deux auparavant, parce qu'elle lui avait conseillé de fréquenter une jeune héritière de onze ans. Onze ans, franchement. On n'était plus au moyen-âge. Et si tous les jeunes héritiers savaient pertinemment qu'il serait plus sûr pour eux d'épouser quelqu'un de leur rang, on n'en était plus aux mariages arrangés.
Il laissa son regard bleu passer sur la foule, sans s'arrêter sur aucune personne en particulier. C'était un grand spectacle, en réalité. Un jeu d'apparences, de relations, qu'ils jouaient tous parce que c'était ce qu'ils avaient appris.

Spoiler:
Rosaleen Marchebank
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[Nouvel an NDP] Sang-purs et sang reproches Icon_minitimeDim 5 Jan 2014 - 2:37
Rosaleen était occupée à fixer ses boucles d'oreille lorsque de légers coups retentirent contre le bois de sa porte.

- Entrez ! lança-t-elle sans détourner les yeux de sa coiffeuse.

Oreste se tenait dans l’entrebâillement de la porte, en habit de nuit, son doudou-dragon serré contre lui. Rose se retourna pour lui adresser un sourire et lui fit signe de venir près d'elle, ce que le petit garçon s'empressa de faire, sans un mot. Il avait beau avoir neuf ans, son petit frère ne débordait pas vraiment d'exubérance enfantine ce que Rosaleen attribuait à l'éducation sévère de leurs grands-parents qui passaient leur temps à le reprendre pour faire de lui un parfait petit héritier. Rose s'opposait à eux sur ce point mais ces derniers étaient intransigeants et tout ce qu'elle pouvait faire était apporter de la tendresse et de la douceur au petit garçon, comme la mère qu'il n'avait jamais connu. Elle tendit la main pour lui effleurer la joue tandis qu'Oreste s'installait sur son lit, la regardant sans prononcer le moindre mot.

-  C'est jour de fête, ce soir, tu le sais ? interrogea-t-elle en nouant son collier autour de son cou.  C'est le Nouvel An, c'est pour ça que nous sortons, Reyna, Reda et moi. Dans quelques années, tu viendras avec nous aussi. Tu verras, c'est agréable, les réceptions.
- Je ne veux pas rester seul avec grand-père et grand-mère, déclara soudainement Oreste. Ils sont de mauvaise humeur, j'veux v'nir avec vous.

Rosaleen posa la broche qui devait maintenir sa cape sur le plateau de sa coiffeuse et se retourna vers son frère.

-  Ne mâche pas tes mots, Oreste, parle correctement. Tu n'es pas un ouvrier.
- Je veux venir avec vous, reprit le petit garçon en articulant sciemment.

Rosaleen lui adressa un sourire réconfortant et tendit la main dans sa direction, main que le petit garçon s'empressa de saisir et de presser fort.

- Tu es encore trop jeune, tu le sais en plus. Cela viendra, bientôt tu pourras venir avec nous. Tu sais bien que c'est la première fois que Reda nous accompagne. Tu t’ennuierais ce soir, il n'y a pas d'enfants de ton âge de toute manière.
- Mais je ne suis jamais avec des enfants de mon âge ! cria-t-il en se levant.

Rosaleen le regarda dans les yeux jusqu'au moment où il se rassit sur le lit en baissant la tête. Sa grand-mère l'aurait giflé pour avoir utilisé un tel ton mais Rose refusait de lever la main sur lui, elle ne l'avait jamais fait et le ne ferait sûrement jamais.

- Ce n'est pas négociable, Oreste. D'accord ?

Son petit frère lui adressa un regard malheureux mais Rosaleen ne flancha pas et lui adressa un sourire avant de saisir sa broche et de se lever.

- Nous nous verrons demain matin, je te raconterais. Tu m'embrasses quand même ? interrogea-t-elle en s'accroupissant à sa hauteur, tout en faisant attention au tissu de sa robe.

Oreste sembla hésiter mais il finit par passer ses bras autour du cou de sa sœur et déposa un baiser humide sur sa joue. Rose lui frotta le dos et finit par déposer un baiser sur son front avant de se redresser.

-  Allez, file te laver les mains, vous allez passez à table dès notre départ. Et repose moi ta peluche, tu sais que grand-mère n'aime pas te voir avec.

Le petit garçon fila comme un Nimbus en dehors de la pièce et Rosaleen saisit la lourde cape bleu nuit qu'elle avait abandonné sur le dossier de son fauteuil. Elle la passa autour de ses épaules et l'attacha avec la broche de son arrière-grand-mère. La réception des Nimbus de Pompadour était une ancienne tradition et l'une des réceptions principales de l'année, avec la réception de printemps des Harris. C'était l'évènement où il fallait être vu et c'était toujours des réceptions en grande pompe, où les Nimbus de Pompadour se faisaient un plaisir d'étaler leurs richesses. Toutes les familles le faisaient, certes, mais depuis que c'était les Nimbus de Pompadour qui le faisait, Rosaleen avait entendu ses grands-parents pester sur "Ces parvenus de Sang-Mêlés". Le fait qu'ils ne soient pas invités, comme depuis la fin de la guerre, devait également jouer. Ses grands-parents était exclus de la bonne société la plupart du temps, leur nom et leur réputation étant bien trop salies par la guerre, surtout qu'ils n'avaient pas fait grand-chose pour les faire évoluer. Leurs petites-filles étaient entrées en société grâce à des tiers, notamment les sœurs Bones, Helen Harris et Cora Parkinson de par leur mariage, et les Rosier se contentaient de recevoir les quelques familles qui leur parlaient encore, les autres familles de Mangemorts, donc.

Rosaleen descendit l'escalier qui menait au salon, apercevant leur Elfe de Maison Mercy trottiner vers le hall deux lourdes capes sur les bras. La voix de sa grand-mère donnant ses dernières recommandation lui parvenait tandis qu'elle traversait le salon d'un pas rapide. C'était la première fois que ses grands-parents laissaient Reda venir avec eux et ils étaient visiblement assez nerveux à cette idée. Il n'y avait pas de raisons, Reda était adorable et très bien élevée, elle n'aurait aucun problème à se faire apprécier des membres de la bonne société, il lui suffisait de sourire aux doyennes des Sang-Pur et le tour était joué. De toute manière, Rosaleen veillerait sur elle, ce n'est pas comme si elle avait un fiancé avec qui passer la soirée, songea-t-elle, un peu rancunière. Elle allait à cette soirée seule, encore une fois, et le fait d'arriver sans Théo à son bras allait faire jaser suffisamment pour l'attrister à l'avance. Le message de la rupture de leurs fiançailles serait ainsi clair pour tout le monde.

-  Tu veilleras sur tes sœurs, Rosie, lança sa grand-mère tout en ajustant la robe de Reda avant de l'aider à enfiler sa cape.
- Comme toujours, grand-mère.

Rose croisa le regard indescriptible de Reyna et préféra reporter son attention sur son grand-père, qui la regardait avec intensité.

- Tu ressembles à ta mère, déclara-t-il simplement.

Son grand-père n'était pas très expansif mais elle savait que cette phrase était un énorme compliment à ses yeux. Il ne parlait pas beaucoup des deux enfants qu'il avait perdu mais c'était parce que c'était assez douloureux, Rose l'avait compris avec les années. Elle lui fit une légère révérence avant d'écouter consciencieusement les dernières consignes de sa grand-mère et de sortir dans la nuit glaciale suivie de ses sœurs. Les Nimbus de Pompadour avaient envoyé des calèches pour conduire les invités - ce qui était soit le comble de l'élégance soit de l'exubérance selon les points de vue - et les sœurs Lestrange étaient attendues à partir de dix-neuf heures, avec les autres familles les moins importantes, chose qui avait encore une fois scandalisé leurs grands-parents, même si c'était une chose habituelle.

Reda fut la première à monter dans la calèche, visiblement impressionnée, et Rose laissa passer Reyna avant de saluer une dernière fois ses grands-parents et Oreste - qui s'était niché derrière eux - d'un signe de la main. Elle s'installa en face de Reda et lui adressa un sourire tandis que la calèche démarrait, tirée par les pégases. Rosaleen posa un regard attendri sur sa petite sœur qui semblait ravie d'être dans un carrosse en chemin pour une grande réception mondaine. C'était cette vie qu'elles auraient dû vivre en permanence, si leur famille n'avait pas tant souffert de la guerre. Les Lestrange avaient été fortunés et influents, ils avaient énormément compté au point de pouvoir nouer des alliances et des mariages avec des familles telles que les Black. C'était terminé maintenant et leur blason était plus que difficile à redorer même si Rosaleen ne désespérait pas. Cérès et Rasaben avaient eu cinq enfants et même s'ils n'étaient plus que quatre, c'était bien suffisant pour que chacun réussisse à apporter sa part de lumière à leur nom de famille, même si cette tâche reposait plus sur les épaules de Rosaleen en tant qu'aînée et celles d'Oreste en tant que seul garçon de la famille, depuis le décès de Regulus. Peut-être que ses enfants aurait cette vie-là, si Rosaleen faisait un bon mariage. Du moins, elle l'espérait.

Le carrosse finit par ralentir et Reda se pencha vers la fenêtre pour regarder le vaste manoir des Nimbus de Pompadour. Ce dernier était imposant et le petit manoir de leurs grands-parents - qui s'apparentait plus à une ancienne bâtisse victorienne qu'à un manoir en réalité - et toutes les bougies et la fontaine qui resplendissait renforçait cette impression. Si seulement leur famille avait pu vivre dans ce luxe, comme auparavant... Mais leurs bien avaient été saisis durant les deux guerres et leur patrimoine était désormais dispersé. Lorsque le carrosse s'arrêta, Rosaleen fut la première à en sortir, en tant qu'aînée et représentante de la famille ce soir, suivie de Reyna et enfin de Reda. C'était sûrement la première fois que l'on voyait les sœurs Lestrange toutes ensemble, Reda étant présentées ce soir à la bonne société. Âgée de quatorze ans, la jeune adolescente avait attendu ce moment avec impatience et avait passé tout l'après-midi à se préparer. Elle portait une robe en soie avec des motifs noire et blanche qui avait appartenu à Reyna, des bijoux du coffre de leur grand-mère et était coiffée soigneusement par Mercy. Elle était adorable et ferait sûrement bonne impression ce soir. De toute manière, les enfants Lestrange s'étaient toujours attachés à être irréprochables, encore plus que les autres peut-être, afin de faire oublier leur nom de famille. Ses grands-parents disaient souvent qu'ils avaient trois petites-filles ravissantes, autant le montrer au monde. Rosaleen aussi s'était également attachée à se préparer soigneusement, encore plus que d'habitude. C'était une réception importante et puis... Elle cherchait de nouveau un fiancé, également. Elle portait une longue robe très élégante, avec un bustier et du tulle sur son jupon, le tout d'un bleu profond qui scintillait discrètement par endroit. Mercy s'était surpassée pour celle-ci. Ses cheveux blonds retombaient sur ses épaules et elle portait de riches bijoux que les Lestrange ne sortaient que pour les grandes occasions.

Des Elfes de Maison se saisirent de leurs capes tandis que Rosaleen et ses sœurs se dirigeaient vers leurs hôtes. Elle adressa son sourire le plus charmant à Lawrence et Clarissa Nimbus de Pompadour et fit une profonde révérence devant eux, imitée par ses sœurs. Reda connaissait le protocole plus que jamais, elle l'avait travaillé plus que ses cours pour cette soirée.

- Contempler votre domaine est un émerveillement de tous les sens, assura Rosaleen avec un sourire sincère.  C'est fantastique.

Elle aperçu Reda qui acquiesçait du coin de l'oeil et lui adressa un sourire.

- Je vous présente ma sœur benjamine, Reda, elle fait ses premiers pas dans le monde.

Reda plongea une nouvelle fois dans une profonde révérence avant de balbutier un peu maladroitement quelques compliments à l'adresse des Nimbus de Pompadour et de rougit furieusement devant sa maladresse. Elles échangèrent encore quelques mots avec leurs hôtes avant de continuer vers leur chemin. La famille proche des Nimbus de Pompadour était déjà arrivée comme le voulait la coutume et notamment les Harris. Rosaleen passa un bras autour des épaules de Reda et la guida vers Helen Harris qui discutait avec son mari et son fils. Rose n'avait pas revu le Professeur Harris depuis qu'elle avait quitté l'école mais Reda l'avait encore en enseignant. Il était sévère mais Rosie l'avait toujours considéré comme un bon enseignant. De toute manière, elle avait rarement médit contre ses professeurs, elle avait trop de respect pour eux.

- Lady Harris ! lança Rose avec un grand sourire. Quel plaisir de vous revoir, comment vous portez-vous ?

La matriarche des Harris était l'une des femmes les plus connues et les plus incontournables de la bonne société, tant elle avait su s'imposer au fil des décennies. Elle avait réussi à épouser Daniel Harris qui avait été l'un des partis les plus courus de son temps et son approbation était devenue une condition presque sine qua non à une bonne progression en société. Helen Harris était une femme redoutable, une main de fer dans un gant de velours et c'était un fait connu de tous. C'était grâce à sa sœur Cora que Rose avait pu entrer dans la bonne société et l'avis d'Helen Harris avait compté dans le fait que ses grands-parents la laissent continuer ses études, en plus du fait qu'ils avaient espéré un temps qu'elle épouse Melvin Harris même si celui-ci épouserait Maisie McMillan le quatorze février prochain, un mariage en grande pompe financé en grande partie par les Harris qui ne feraient pas les choses à moitié pour le mariage de leur premier petit-enfant. On parlait de plus d'une centaines d'invités et d'une fête sur plusieurs jours. Quoiqu'il en soit, il était important que Reda fasse bonne impression aux Harris, comme Rosaleen des années auparavant.

- Miss Lestrange ! répondit Helen Harris avec un sourire en coin sur le visage. En compagnie de...
- Reda Lestrange, Lady Harris, répondit sa petite sœur en s'inclinant.

Pour une première rencontre, Reda s'en sortit admirablement bien. Elle répondit correctement à toutes les questions de Mrs Harris, sans tomber dans les petits pièges qui avaient été tendus. Ses grands-parents n'auraient rien eu à y redire et seraient sûrement ravis de savoir que leur éducation stricte portait ses fruits et que la petite dernière des Lestrange était une parfaite jeune fille de bonne famille avec l'éducation sans faille qui allait avec. La conversation se déroulait bien jusqu'au moment où Lady Harris abandonna Reda pour se tourner vers Rose.

- Vous n'êtes pas au bras de Monsieur Nott, ma chère enfant ?

Rosaleen se raidit légèrement mais conserva son sourire. Elle avait pensé que la rupture de leur fiançailles ne nécessitait pas d'annonce publique pour éviter l'humiliation mais elle avait espéré que les gens s'en rendraient compte d'eux-même et auraient la délicatesse de ne pas poser de questions. Malheureusement, elle s'était trompée. Heureusement, le Professeur Harris, sûrement sans le savoir, vint à sa rescousse.

- Mère, vous n'allez pas entretenir toute la jeune génération de propos matrimoniaux. Même si c'est votre activité préférée, comme nous le savons tous ici.

Lady Harris sembla se draper dans toute sa dignité devant son fils avant de lui adressa un regard entendu.

- C'est plutôt toi que j'aurais dû plus entretenir de propos matrimoniaux, jeune homme ! lança-t-elle au Professeur Harris avant de se tourner de nouveau vers Rose, sans laisser à son fils le temps de répondre quoi que ce soit. Puis-je vous emprunter votre délicieuse sœur ? J'aimerais lui présenter quelques personnes.

Se faire introduire par Helen Harris était quelque chose qui ne se refusait pas, aussi Rosaleen laissa-t-elle Reda être emmenée par la matriarche, restant seule avec son ancien enseignant, Daniel Harris ayant disparu dans la foule. Elle avait été amusée par le petit intermède entre le Professeur Harris et sa mère - voir son enseignant se faire reprendre ainsi et se faire appeler jeune homme était quelque chose d'assez rare pour être signalé - mais elle n'en montra rien et garda son sérieux.

- Comment se déroulent vos études, Miss Lestrange ? Vous êtes toujours à Lycaon ?

Elle s'entretint quelques instants avec le Professeur Harris avant que celui-ci ne prenne congé d'elle et que Rose se retrouve quelques instants seule avant d'être approchée par Caecilia. Cilia et elle avaient été dans la même année à Poudlard et même si elles avaient mis du temps à se trouver du fait de la timidité de Rose et de son ostracisation durant ses premières années à Poudlard, les deux jeunes femmes étaient devenues amies et se soutenaient dans le monde parfois un peu difficiles des Sang-Pur. Elles n'avaient pas du tout le même caractère mais composaient très bien ensemble et se comprenaient très bien, malgré leurs différences. Rosaleen admirait chez Caecilia cette manière qu'elle avait de pouvoir imposer ses opinions alors qu'elle-même se pliait au bon vouloir de ses grands-parents alors qu'elle aurait voulu protester parfois.

- Tu es resplendissante ce soir, Cilia, fit Rose avec un sourire.

Elle aperçu le regard noir que lançait son amie à Théo - Cilia avait l'une des premières au courant de la rupture de leurs fiançailles - et passa un bras sous le sien pour la détourner des Nott.

- Ne t'occupes pas de cela, Cillia. Ce n'est pas la peine.

Rose voulait surtout éviter un scandale ce soir. C'était une soirée splendide et il fallait éviter le moindre écart. Les temps étaient difficiles ces derniers mois et Rosaleen avait l'impression que le moindre dérapage mettrait le feu aux poudres.

Et elle ne savait pas encore de quoi elle parlait.


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Adonis Greengrass
Adonis GreengrassChargé de mission performance de l'administration
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[Nouvel an NDP] Sang-purs et sang reproches Icon_minitimeDim 5 Jan 2014 - 20:39
Adonis ajusta sa robe une dernière fois avant de pousser un léger soupir, la soirée s'annonçait longue. Il allait devoir faire courbette sur courbette pour amadouer toutes ses vieilles sorcières de la haute société. Des vieilles mégères aigries qui passaient leur temps à casser du sucre sur le dos de tout le monde. Mais il ne pouvait décemment pas se permettre d'être absent, il devait conserver son image intacte et il était supposé se marier l'année prochaine. Comment trouver la femme qui partagerait sa vie si ce n'était à une réception mondaine ? Il espérait bien apercevoir Rosaleen qui, maintenant que ses fiançailles avec le bébé Nott étaient rompues, pouvait parfaitement tomber sous son charme.

Il avait donc un objectif pour sa soirée, se rapprocher de la jeune Lestrange, celle qui occupait tous ses fantasmes. Il osait espérer à nouveau même si jamais il ne l'aurait avouer, les sentiments étaient une faiblesse et les montrer une bien plus grande. L'amour, la peur, la colère autant de choses qui pouvaient réduire à néant ses ambitions. Et pourtant, il se savait colérique, il se savait impatient mais il prenait sur lui, il faisait fit de cela et gardait la tête froide. Il reposait son masque de parfait gentleman et continuait de charmer la Haute.

Il trouvait cela ridicule au possible, les Nimbus de Pompadour organisaient la plus grande réception Sang-pur du monde sorcier et pourtant, ils n'étaient que des Sang-Mêlés, certes suffisamment fortunés pour être incorporés à leur cercle mais ils n'en restaient pas moins des bâtards, des inférieurs qui ne feraient jamais complètement partie de leur monde. Du moins aux yeux des femmes comme Helen Harris, malgré le fait qu'elle appartienne à leur famille, elle n'avait pas dû apprécier de voir Clarissa Selwyn épouser un Sang-Mêlé, tout fortuné soit-il.

Il s'admira une dernière fois dans sa psyché avant de jeter un coup d’œil à la fenêtre de son appartement. La calèche que ses hôtes lui avait destinée venait d'arriver. Il posa sa cape sur ses épaules et l'attacha habilement avec la broche en or de son grand-père, cadeau familial que son oncle lui avait offert à ses 17 ans. Il était prêt pour le grand carnaval de l'année. Sa seule consolation, la présence de Daphné, de Rosaleen et de Leopold qu'il pourrait entretenir quelques instants. Même si Daphné était beaucoup moins présente depuis ses fiançailles, habituellement, il aurait fait le voyage en sa compagnie ainsi qu'avec sa tante et son oncle mais depuis leur discussion des fiançailles, il évitait tout rapport superflue avec son oncle.

Le voyage se déroula sans encombre et le carrosse s'arrêta bientôt dans le parc des Nimbus de Pompadour qui semblaient s'être surpassés pour l'événement. Il lissa sa robe lorsqu'il descendit de la calèche et se dirigea paresseusement vers l'entrée. Il retrouverait certainement sa famille, les familles de Mangemorts déjà arrivés puisqu'il était d'usage que les familles disgraciées arrivent en second après la famille proche des hôtes. Il devrait néanmoins attendre un peu avant de croiser Leopold ou Astoria et son mari. Cela ne le dérangeait pas plus que ça, la présence de sa cousine et de sa famille ne lui paraissait pas indispensable. Lorsqu'il pénétra dans la salle de réception, il se dirigea vers ses hôtes qu'il complimenta abondamment avant de se retirer. Il fut ensuite abordé par la vieil Harris, il répondit poliment à ses questions d'ordre matrimoniaux avant de prendre congé.

Il ne savait pas ce qu'ils avaient tous avec leurs envies de mariage, peut-être s'ennuyaient-ils et n'avaient-ils rien trouvé de mieux que de se faire inviter à des mariages pour passer le temps, ils avaient donc décidés de se faire entremetteur. Entre son oncle et la vieille chouette d'Harris il n'en voyait plus le bout. Son regard parcourut l'assistance mais il ne vit pas Daphné, elle n'était pas encore arrivée, maintenant qu'elle était fiancée à Andrew, elle était certainement considéré comme une Warlock. Il se rembrunit légèrement avant de reprendre un sourire charmeur lorsque son regard tomba sur Anthony Blackbonnes et sa petite famille. Il s'avança vers lui tout sourire.

"Anthony, quel plaisir de vous voir ici. Nous n'avons pas beaucoup l'occasion de parler au bureau, il faut dire que nous sommes tous très occupé en ce moment."

Son regard tomba alors sur une chevelure rousse, une silhouette un peu enrobée, sans doute avait-elle gardé les rondeurs de l'enfance. Emma Blackbonnes, la fille d'Anthony. La petite responsable de l'incendie de Pré-au-Lard, enfin la petite manipulée par Ana Sorden. Son sourire se fit plus charmeur et il inclina légèrement le buste devant la jeune fille alors que cette dernière, rougissante, faisait la révérence réglementaire.

"Miss Blacbonnes, si je puis me permettre vous devenez de plus en plus jolie. Je jalouse déjà votre futur époux. Faites attention Anthony, votre fille va attirer les convoitises, les jolis minois se font rares."

Puis dans un dernier sourire charmeur et une dernière inclination, il abandonna la jeune Blackbonnes toute rouge et son père visiblement peu satisfait, ce qui lui tira un sourire ravi. Anthony était selon les rumeurs son rival direct pour le post de sous-directeur. Et il était hors de question qu'il perde face à un minable comme Blackbonnes, surtout alors qu'il avait des informations précieuses sur sa fille. Il attrapa une coupe de champagne sur l'un des plateaux, plongea ses lèvres dans le verre pour boire une gorgée d'alcool et laissa une nouvelle fois son regard parcourir l'assemblée. Il remarqua alors Rosaleen dans sa robe, magnifique comme toujours. Son souffle s'arrêta quelques instants avant de reprendre normalement, il afficha un sourire avenant avant de se diriger vers elle et la jeune fille qui lui tenait compagnie. L'aînée des Selwyn, très jolie également mais elle n'avait en rien la grâce de la jeune Lestrange. Il s'arrêta devant elles et inclina le buste pour les saluer.

"Miss Selwyn, Rosaleen... Il marqua un léger arrêt, plongeant son regard dans celui de la jeune fille, son sourire s'agrandissant légèrement. C'est un plaisir de vous revoir."

Il ne l'avait pas revu depuis ses fiançailles et depuis, il n'avait cessé de penser à elle et de maudire ce bébé de Nott. Et maintenant, elle était là devant elle, sans fiancé et plus belle que jamais.

"Je suis désolé pour la rupture de vos fiançailles."

Il n'en était rien, d'ailleurs selon lui l'année 2007 n'aurait pas pu mieux se terminer.


Adonis Greengrass
Margot Adamson
Margot AdamsonAncien personnage
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[Nouvel an NDP] Sang-purs et sang reproches Icon_minitimeMer 8 Jan 2014 - 14:25
Margot descendit du carrosse et leva les yeux sur la somptueuse propriété des Nimbus de Pompadour. Aussitôt, elle se sentit saisie d'une sourde appréhension et prit une inspiration profonde, se demandant pour la millième fois ce qui lui était passé par la tête. Les Adamson étaient une famille de sang-pur d'origine américaine et dont les représentants étaient éparpillés. Ainsi, la mère de Margot se trouvait en France sans la moindre intention de mettre les pieds dans la moindre réception mondaine, et ce depuis plusieurs décennies. Margot elle-même fuyait consciencieusement ce type d'évènements, et la compagnie de ce que certains appelaient pompeusement la Haute Société, et ce depuis la mort de son père durant la première guerre. De l'étiquette et des réceptions rassemblant tout le gratin, elle ne gardait que de vagues souvenirs de jeunesse, se rappelant l'adolescente impressionnée par tant de grandeur et de beauté qu'elle était, tout comme le mépris qu'elle éprouvait déjà à l'époque pour l'hypocrisie ambiante et les courbettes. Il fallait dire que l'époque n'était alors pas aux mondanités, ce qui avait bien changé. Aujourd'hui, ce petit monde semblait plutôt bien se porter et Margot n'était pas mécontente de constater que ce n'était pas une famille de sang-pur qui se trouvait au sommet de la pyramide sociale. La demeure des Nimbus de Pompadour était réellement splendide et ils ne s'étaient épargnés aucune dépense, ainsi Margot avait-elle été à la fois amusée et atterrée de voir qu'un carrosse tiré par des Pégases l'attendait dans le parc de Poudlard.

Que faisait-elle là ? Cette question tournait en boucle dans sa tête alors qu'elle donnait sa cape aux elfes empressés qui se précipitaient pour accueillir les invités. Margot ne pouvait se plaindre, elle était là de son plein gré. C'était elle qui avait fait glisser aux Nimbus qu'elle aimerait bien une invitation cette année - depuis le temps, tout le monde avait probablement oublié la pureté du sang de la nouvelle directrice de l'école et personne ne l'avait invité à ce type d'évènement depuis son retour en Angleterre. Ce qui lui allait parfaitement bien, jusqu'à cette année, où elle avait pressenti que sa place était ici. C'était quelque chose d'étrange que cette impulsion qu'elle avait eu, et Margot avait mis du temps à comprendre de quoi il s'agissait. Pourquoi sentait-elle que cette année serait différente, que cette réception serait particulièrement intéressante à tous points de vue ? Elle ne l'avait pas compris tout de suite, mais sa venue n'était pas liée à une simple intuition. Quelqu'un voulait qu'elle soit là, inconsciemment, quelqu'un avec qui elle s'était liée il y a plus d'un an de cela par un sortilège qui n'avait rien de naturel, un sortilège interdit. Quelqu'un pour qui cette soirée s'annonçait importante, pour ne pas dire vitale, et sur qui elle avait toujours veillé. Alors elle était venue, persuadée que quelqu'un devait garder un oeil attentif sur Théo Nott, sans même savoir exactement de quoi il retournait. Elle avait lu les journaux et l'annonce perturbante de ses fiançailles avec la jeune Lestrange, et n'avait osé questionner Théo à ce sujet. Depuis qu'il n'était plus à Poudlard, Margot ne savait plus vraiment ce qui se passait dans la vie de son ancien protégé. Mais leur lien si particulier ne s'était pas affaibli et elle se rappelait de toute façon avoir vu des choses dans l'esprit de Théo Nott qui n'avaient pas grand chose à voir avec des volontés matrimoniales avec une charmante demoiselle au sang pur... Tout serait tiré au clair ce soir, elle en avait le sentiment. Et, comme le disait souvent Minerva, un directeur de Poudlard se doit parfois de suivre ses intuitions.

Margot n'était pas mécontente d'être là, cela dit, car en tant que directrice, elle se devait de porter la voix de l'école là où elle le pouvait, là où le pouvoir se trouvait. Et, ce soir, le pouvoir se trouvait là, chez les Nimbus de Pompadour... Même si cela signifiait faire des courbettes et des sourires à des gens en tous points exécrables, ce qui n'était clairement pas son point fort. Enfin, elle allait faire l'effort, et ne pas penser à toutes les personnes avec qui elle aurait préféré passer ce réveillon !

La directrice pénétra dans la demeure et se dirigea directement vers les hôtes de la soirée, sans montrer à quel point elle se sentait impressionnée et perdue au milieu de tout ce monde. A côté, le conseil d'administration avec Ana de l'an passé lui paraissait être une promenade de santé... Enfin, il suffisait d'avoir l'air majestueuse et pleine d'assurance, c'était la clef ! Margot avait revêtu les couleurs de sa maison, portant une somptueuse robe émeraude et ses plus beaux bijoux d'agent, ne perdant jamais une occasion de montrer sa fierté d'être une Serpentard. Elle fit la révérence devant Clarisse et Lawrence Nimbus de Pompadour, en se sentant profondément stupide, puis se redressa et leur adressa son plus beau sourire.

"Je vous remercie pour l'invitation, cette soirée promet d'être mémorable. Je n'aurais pas rêvé mieux pour mon retour en société..."

Elle échangea quelques banalités au sujet de leur fils, qui se trouvait être le préfet-en-chef cette année, puis prit congé et fit le tour des invités de sa connaissance. Bientôt, elle eut l'impression d'avoir des courbatures aux joues à force de sourire et poussa un soupir intérieur de soulagement en constatant qu'elle avait terminé. En tant que directrice, elle avait eu droit aux honneurs d'arriver parmi les derniers invités, avec les grandes familles fortunées et les politiques haut placés, ce qui signifiait que tout le monde était déjà là depuis un moment. Son regard se posa justement sur sa cible, Théo, qu'elle aperçut en train de se diriger vers Jordan Nimbus de Pompadour et Aloysius Selwyn, deux élèves de Margot. Si elle ne se trompait pas, le second était son cousin et il allait probablement lui présenter ses respects. Bah ! L'étiquette supporterait bien qu'elle capture Théo quelques instants. Ni une ni deux, l'enseignante décida de l'intercepter en cours de route et se glissa parmi la foule des invités. Parvenue à sa hauteur, elle posa une main sur son épaule pour attirer son attention.

"Théo !", s'exclama-t-elle avec un sourire, qu'il lui rendit aussitôt, apparemment ravi de l'interruption.

"Margot ! Ça alors, mais qu'est-ce que..."

"J'ai pensé que c'était un bon moment pour moi de faire mon retour parmi la haute société", expliqua-t-elle avec un sourire énigmatique. "Pouvons-nous trouver un endroit tranquille pour discuter ?"

"Avec grand plaisir. Mais je te préviens, je risque de te suivre comme ton ombre pour la fin de la soirée. J'éviterai plus facilement les questions sur mes fiançailles avec l'auguste directrice de Poudlard à mes côtés !"

Margot lui coula un regard noir en détectant une légère pointe de moquerie dans son "auguste", et prit son bras pour l'éloigner en direction de l'entrée, loin des autres convives. Ce dont elle devait l'entretenir ne devait pas tomber dans de mauvaises oreilles, de toute évidence. Elle s'immobilisa non loin de l'entrée et dévisagea son ancien élève un moment. Il avait plutôt fière allure, semblant en forme et ayant revêtu ce qui devait être sa plus belle robe, mais quiconque le connaissait bien pouvait discerner son air nerveux et la ride d'inquiétude sur son front.

"Peut-être pas, Théo. Je... Je m'inquiète un peu pour toi, tu sais. Qu'est-ce que c'est que cette histoire de fiançailles ?"

"Ah", soupira Théo en évitant son regard, visiblement nerveux. "C'est fini, les fiançailles, comme tout le monde semble l'avoir compris en me voyant arriver séparément de Rosaleen."

"Quelle raison officielle avez-vous donné ?"

Le regard de Théo bondit derrière l'épaule de Margot, se posant sur les membres de sa famille éparpillés à droite ou à gauche, avant de s'immobiliser sur une personne en particulier, que la directrice ne pouvait voir. Mais qu'elle pouvait tout à fait deviner... Margot garda le silence, patiente, jusqu'à ce que Théo réponde à mi-voix, évitant toujours son regard.

"On a surtout évité les questions jusqu'à présent. Je doute que cela fonctionne ce soir... Fatalement... On va me poser la question. Je ne suis pas sur de vouloir cacher la vérité plus longtemps. J'ai prévenu ma mère, d'ailleurs, mais... Je ne sais pas. Ce ne sera pas une vérité dure à dire, ou à entendre. Je ne sais pas si je vais y arriver..."

"Est-ce que la vérité pourrait avoir un lien avec Samaël Smith ?", proposa Margot doucement.

Cette fois, Théo vrilla son regard dans celui de l'enseignante et entrouvrit la bouche, l'air près à l'ensevelir sous un flot de doutes et de questions. Ce ne fut cependant pas sa voix qui s'éleva pour répondre...

"Cela à tout à voir, si vous voulez mon avis."

Margot et Théo sursautèrent de concert à l'entente de la voix joyeuse et masculine qui s'était exprimée. Leurs deux sangs se glacèrent en constatant que cette voix appartenait ni plus ni moins à un directeur de département et membre de la puissante famille des Marchebank. Leopold s'était immobilisé à côté d'eux, sans gêne et sans prendre la peine d'aller saluer les autres invités, tandis que son épouse lui glissait un regard agacé avant de s'éloigner en direction des Nimbus de Pompadour, une main posée sur l'épaule de leur fils.

"Ah, l'amour a ses raisons... Je suis bien placé pour le savoir", continua Leopold Marchebank. "Cette soirée va être intéressante, mes amis, si intéressante ! Peut-être pas pour vous, monsieur Nott. Si j'étais vous, j’enfouirais bien au fond de moi toute velléité d'honnêteté. Je sais que nous sommes en compagnie de personnes tout à fait charmantes et tolérantes, mais on ne sait jamais... Mais ne vous en faites pas ! Votre petit secret est en sécurité avec moi !"

Un petit rire s'échappa du directeur, qui avait l'air particulièrement heureux d'être là. Ce n'était pas étonnant, Leopold avait toujours été quelqu'un qui aimait l'animation, les sensations fortes et le désordre en général. Rien ne pouvait lui faire plus plaisir que de sentir que de l'agitation était à venir, et c'était encore mieux si l'agitation en question n'était pas conforme aux convenances. Margot en savait quelque chose, ayant été courtisée à une époque par le tempétueux directeur, mais ne s'étant jamais laissée avoir par ses belles paroles. S'il n'avait pas été mariée, les choses auraient peut-être été différentes - il n'était pas dénué de charme, à sa façon - mais Margot n'encourageait pas l'adultère, d'autant plus que Meredith Marchebank avait l'air d'être une femme admirable à tout point de vue. Ce que l'on ne pouvait guère dire de son époux, aussi puissant et apprécié soit-il...

"Je suis de l'avis de monsieur Marchebank, Théo", répondit Margot d'un ton pressant, "je sais que porter un tel secret doit être pesant, et compliqué vu ton entourage, mais tu ne sais pas dans quoi tu t'engages..."

"Je le sais, si, mais ça ne me fait pas peur", répliqua le jeune homme en redressant le menton d'un air volontaire, quelque chose de sombre au fond du regard. Margot le dévisagea un instant, perturbée par le changement qu'elle pouvait sentir chez le jeune homme. Toujours aussi sur de lui en apparence, mais ses convictions, ses motivations avaient tant changé, et si vite... Elle n'était pas réellement surprise, cela dit, ayant toujours perçu que Théo se découvrirait un futur bien différent de celui qu'il s'était imaginé enfant, emprunt de certitudes sur le monde et la vie. Mais elle voyait une urgence au fond de son regard qui avait de quoi inquiéter...

"Quel courage, jeune homme... Quelle témérité", commenta Leopold avec un sourire en coin, avant de se tourner vers Margot. "Ma chère Margot, quel plaisir de vous voir ! Vous êtes réellement ravissante, ce soir, encore plus que d'ordinaire. La direction de l'école vous réussit, c'est toujours un plaisir de rencontrer une femme de pouvoir ! C'est une espèce trop rare, hélas..."

"Leopold, le plaisir est partagé. Toujours aussi flatteur, à ce que je vois. Il semblerait que votre fils ait hérité de cette qualité. N'est-ce pas lui que je vois parler à la jeune Emma Blackbonnes, là-bas ?"

"En effet, oui... Dave tient beaucoup de moi. Ma foi, le voilà en bonne compagnie, le père d'Emma est l'un de mes meilleurs employés !"

Comme la conversation reprenait un tour normal, les trois adultes commencèrent à se diriger vers le coeur de la pièce à nouveau, et Théo s'éclipsa bientôt. Margot lui adressa un sourire d'encouragement puis reporta son attention sur Leopold, avec qui elle conversa un moment de Poudlard et de politique, trouvant un certain plaisir dans la compagnie de cet homme qui avait pourtant de quoi mettre mal à l'aise. Elle l'avait toujours trouvé plutôt accessible pour quelqu'un qui évoluait dans les hautes sphères de leur monde, et appréciait la certaine irrévérence et le mépris des règles de bonne conduite avec lequel il se comportait souvent, trouvant là un écho à son propre dégoût de cet univers. Néanmoins, il fallait avouer qu'il avait une façon parfois proprement scandaleuse de se comporter, qui n'était tolérée que parce qu'il était riche et en position de pouvoir. Ce que Margot avait plus de mal à accepter... Ainsi, elle glissa un regard noir vers l'homme lorsqu'il s'arrêta devant Rosaleen Lestrange pour lui faire un baise-main et jubiler :

"Mademoiselle Lestrange ! Laissez-moi vous présenter toutes mes condoléances pour le décès de votre père. J'ai été également désolé d'apprendre que vos fiançailles ont été de nouveau rompues, comme quoi patience et longueur de temps font mieux que force ni que rage..."

Un petit clin d'oeil fut adressé à la jeune femme, tandis que Leopold la dévisageait sans vergogne. Margot eut du mal à ne pas en faire de mal, tant son ancienne élève était belle et distinguée. Elle avait beau être une Lestrange et triplement fiancée, elle n'en restait pas moins un très bon parti, du simple fait de sa douceur, de son intelligence et de sa beauté. Margot ne s'inquiétait pas trop pour elle, persuadée qu'elle trouverait chaussure à son pied... Il suffisait de lire la convoitise dans le regard des hommes qui l'entouraient à cet instant.

"Mais laissez-moi vous dire que votre présence débarrassée de l'ombre de Théo Nott illumine cette soirée... Je vois que mon collègue et ami ne s'y est pas trompé. Adonis, comment allez-vous ? Miss Selwyn, vous êtes ravissante !"

Margot salua les trois convives poliment et s'éclipsa poliment en apercevant un visage familier et salvateur. Un collègue et ami ! Edmund était là roi en son royaume, noble parmi les nobles, songea-t-elle avec un petit sourire. La directrice attrapa un verre de champagne au passage, en but une gorgée et se dirigea vers Edmund.

"Edmund ! Quel plaisir de te voir là ! Je ne sais pas comment tu fais pour assister à ce genre de choses tous les ans, j'ai l'impression d'avoir fait assez de politesses pour la prochaine décennie..."



HRP : Margot est donc avec Edmund, Leopold est avec Rosaleen/Adonis/Caecilia. Faites de Théo ce que vous voulez, mon prochain post sera probablement de son point de vue (priorité à Samaël si tu postes avec lui et qu'ils se croisent ^^).


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[Nouvel an NDP] Sang-purs et sang reproches Icon_minitimeJeu 9 Jan 2014 - 13:47
Rosaleen saisit une coupe de vin au passage d'un Elfe de Maison et entreprit d'expliquer à Caecilia son prochain devoir de métamorphose. Son amie ne travaillait pas vraiment dans ce domaine en étant Langue-de-Plomb mais Cillia était brillante, un véritable génie. Et puis elle avait été également une excellente élève en métamorphose, même si Rose était restée indétrônable dans cette matière.  Mais son amie avait beau être brillante dans tout ce qui concernait la magie, le raisonnement, la logique et la réflexion, Rose avait toujours constaté avec un certain amusement et une tendresse certaine que Caecilia Selwyn n'était pas forcément très douée pour les relations sociales, malgré son esprit brillant. Quoi qu'il en soit, Rosie était un peu en difficulté au sujet de son prochain devoir - les choses s'étaient énormément corsées pour cette troisième année d'étude - et voulait en faire part à Cilia, qui avait l'énorme avantage d'avoir un regard nouveau sur les choses.

Même si la difficulté était plus importante cette année, Rose se passionnait de plus en plus pour son domaine - si c'était possible - et son projet d'avenir étudiant - si elle en avait un - se dessinait de plus en plus. La métamorphose était un champ de recherche très vaste et au fil de leurs études, les étudiants de Lycaon se passionnaient pour des choses plus pointues. Ce qui intéressait Rosaleen n'était pas innovant ou original, étant donné qu'elle orientait ses études vers les Métamorphomages et les Animagus. Si certains travaillaient sur le processus de métamorphose, l'altération de la matière voire même l'évolution des capacités - parfois même à l'aide de la biologie moldue pour les plus innovants d'entre eux - Rose, elle, s'intéressait à la conscience et à l'essence de la magie. Lors d'une métamorphose, les Animagus changeait complètement mais conservaient leur âme et des facultés humaines et elle rêvait de découvrir pourquoi. Quant aux Métamorphomages, certaines études avançaient qu'il s'agissait d'une anomalie magique, presque d'une maladie et étudier ce sujet, c'était étudier les effets de la magie sur les individus et donc les différences magiques entre les sorciers.

Il fallait voir le bon coté des choses, néanmoins. L'annulation de ses fiançailles repoussait - encore une fois, cela devenait un scénario récurent - le moment où elle se marierait, ce qui lui donnait donc une certaine latitude pour continuer Lycaon l'année prochaine. Elle était partagée entre ces deux pressions contradictoires, celle de la volonté de sa famille et des attentes dues à son rang en plus des promesses qu'elle avait faites à ses parents et la volonté qu'elle avait d'assurer à Oreste un avenir à la hauteur de son nom et celle de son amour pour la métamorphose, qui la poussait à poursuivre ses études à tout prix. C'était deux parts de sa vie très importantes mais Rosaleen savait très bien qu'elle n'avait pas le droit de choisir un épanouissement personnel par la métamorphose en abandonnant ainsi sa famille. Quelle aurait été sa vie si elle n'avait pas eu besoin d'assurer l'avenir des Lestrange ? Elle n'en n'avait pas la moindre idée, elle n'y avait jamais pensé. Ce poids reposait sur ses épaules depuis maintenant dix ans, elle avait oublié ce qu'était la vie sans cette épée de Damoclès au dessus de la tête.

Caecilia et Rose était encore en train de débattre sur la quatrième exception de la Loi de Gamp sur la métamorphose élémentaire quand Adonis Greengrass s'arrêta devant elle pour les saluer. Rosie ne l'avait pas revu depuis sa cérémonie de fiançailles avec Théo et répondit à son sourire un peu nerveusement, le cœur battant. Il allait lui poser des questions sur cette fin brutale de fiançailles, Rose en était persuadée. Elle fit la révérence tandis que son esprit cherchait à formuler une explication un tant soit peu élégante. Éviter d'annoncer la rupture publiquement leur avait permis d'éviter les questions jusqu'à présent mais ils ne pourraient pas y échapper éternellement même si le fait d'arriver séparément avait dû être suffisamment clair pour tout le monde. Elle chercha machinalement Théo dans la foule mais il avait disparu.

- Plaisir réciproque, Monsieur Greengrass, assura Rose avec un sourire. Adonis mentionna effectivement ses fiançailles mais ne posa aucune question ce sujet ce qui permit à Rose de se détendre légèrement. Ce sont des choses malheureuses mais ce sont également les aléas de la vie, répondit-elle posément.

Et ce genre d'aléas, elle commençait à les connaître plus que bien. Y'aurait-il vraiment un jour quelqu'un pour ne pas rompre des fiançailles avec elle ? Ou plutôt, est-ce qu'il existait encore des jeunes hommes de la bonne société qui n'aiment pas les hommes ? Parce qu'elle allait vraiment se poser la question à force. Elle allait reprendre la parole pour entretenir la conversation lorsque sa tentative fut interrompue par un Leopold Marchebank jovial qui s'approcha d'eux, visiblement d'excellente humeur. Rosaleen fit de nouveau une révérence tandis que ce qu'elle avait dit aux fiançailles lui revenait en mémoire. Elle avait regretté sa verve après coup mais elle restait persuadée que Monsieur Marchebank s'amusait de temps à autres à la provoquer. Et cela avait l'air de lui plaire beaucoup, à chaque fois.

- Monsieur Marchebank, le salua-t-elle, s'ornant d'un sourire éclatant.

Rose connaissait peu Leopold Marchebank. Mais elle était persuadée qu'il y aurait un retour de bâton pour ses propos de la dernière fois, son interlocuteur ne semblait pas du genre à oublier quoi que ce soit. Elle le remercia poliment pour les condoléances au sujet de son père, avec un sourire sincère. Cela faisait quelques mois mais même des personnes qu'elle n'avait pas vu depuis le décès n'avait rien dit. Après tout, pourquoi le décès de Rasaben Lestrange marquerait qui que ce soit d'autre à part sa famille proche ? N'était-il pas un Mangemort parmi d'autres aux yeux du monde, qui méritait amplement ce qui lui arrivait ?

Néanmoins, le sourire sincère de Rose disparu quand Monsieur Marchebank enchaina sur ses fiançailles et elle baissa les yeux jusqu'au moment où il retourna sa pique de Novembre contre elle. C'était un très joli mot d'esprit, certes. Mais Rosaleen restait soufflée par tant de culot. Personne à part lui n'aurait jamais osé. Le directeur de Département se comportait avec une irrévérence décomplexée que certains pourraient lui envier et cela forçait forcément l'admiration dans un monde empli de conventions et de contraintes. Sans même chercher à dissimuler son ombrage, Rosaleen planta son regard dans celui de son interlocuteur, des centaines de répliques lui venant à l'esprit. Alors qu'elle se montrait si effacée en tant normal, Monsieur Marchebank avait toujours le chic pour la faire réagir.

- La longueur de temps est une chose, Monsieur Marchebank, mais vous êtes bien placé pour savoir que la jeunesse passe à une vitesse folle, répondit Rose avec une innocence toute feinte, une expression candide sur le visage et une lueur de défi dans les yeux alors qu'elle n'avait pas quitté son interlocuteur du regard.

Elle agrémenta sa phrase d'un sourire aimable alors qu'elle était encore outrée intérieurement. Certes, elle l'avait cherché. Mais elle possédait assez de mauvaise foi pour estimer que ce n'était pas une raison pour se comporter ainsi, même lorsqu'on possédait le statut de régent des Marchebank ! Elle salua chaleureusement le Professeur Adamson, qu'elle n'avait jamais croisée jusqu'ici dans une soirée mais qu'elle avait toujours admirée en tant qu'enseignante, et échangea quelques mots avec elle pour la féliciter de son élection méritée à la tête de l'école.

Mais la réplique de Monsieur Marchebank tournait encore dans l'esprit de Rose et elle ressassait cette pique. Elle ne pouvait rien ajouter de plus sur le sujet mais ne résista pas à la tentation de provoquer, si le terme était adéquat, son interlocuteur.

- Oui, Monsieur Greengrass, comment allez-vous depuis la dernière fois ? J'ai omis de prendre de vos nouvelles, vous m'en voyez désolée. Votre présence m'a beaucoup manquée au dernier thé de ma grand-mère, vous savez, j'aurais beaucoup aimé conversé avec vous, assura Rosaleen avec un charmant sourire.


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Samaël Smith
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[Nouvel an NDP] Sang-purs et sang reproches Icon_minitimeVen 10 Jan 2014 - 17:50
Samaël avait changé de tenue au moins trois fois avant d'arrêter son choix sur une robe de sorcier qui selon lui conviendrait parfaitement bien à la soirée. Il n'avait jamais participé à ce genre de réveillon dans la haute société. Il y avait un an tout juste, il annonçait involontairement ses préférences chez Irving et aujourd'hui, il se préparait à rejoindre son petit-ami dans la gueule du loup pour le soutenir du mieux qu'il pouvait. Il poussa un léger soupir devant son miroir, il avait peur et en même temps, il avait l'impression de faire ce qu'il fallait. Quelle réaction pouvait bien avoir tous ses aristos ? Il avait reçu un carton d'invitation, il n'avait pas cherché à comprendre pourquoi ni comment. Il avait juste pris la décision de s'y rendre pour veiller sur son amant. Sa proposition d'emménagement l'avait touché plus qu'il n'aurait su le dire, cela l'avait amené à réfléchir. Il voulait plus, il voulait partager sa vie avec Théo, tout partager et il se sentait prêt pour cela.

Il inspira profondément avant de s'examiner un dernier instant. Son visage rasé de près, il avait meilleure mine que le mois dernier. Ce n'était pas tellement difficile en même temps. Il lui arrivait pourtant de se réveiller en sursaut la nuit, couvert de sueur. La drogue n'avait pas complètement terminée ses effets sur lui. Son cerveau réagissait encore, il demandait son quota qu'il ne recevait plus depuis un bon mois, les débuts avaient été plus que difficile. Aujourd'hui encore il lui arrivait de songer à en reprendre rien qu'une fois pour apaiser un peu son manque. Mais il s'était promis de se soigner et de ne plus jamais recommencer, il n'avait pas l'intention de replonger pour tout perdre à nouveau. Pas maintenant qu'il avait retrouvé Théo, pas maintenant qu'un certain équilibre semblait s'être réinstauré entre eux.

Son arrivé chez les Nimbus de Pompadour se fit discrètement, il eut l'impression d'entrer dans un autre monde, tout affichait le luxe et la dépense outrancière. Il y avait beaucoup de personnes connues mais également un certain nombre qui lui était parfaitement étranger. Il aperçut des élèves de Poudlard qu'il n'aurait jamais soupçonné d'être de Sang-pur. Il laissa son regard balayer la pièce et s'arrêta sur Théo, son estomac se noua légèrement, il avait tout à coup, l'impression d'avoir fait comme une bêtise, d'être là où il n'aurait pas dû. Il décida donc de se faire discret en cherchant au maximum un coin isolé afin de ne pas se faire remarquer. Il observa en silence Théo avant que leurs regards ne se croisent. Sam esquissa un léger sourire à l'intention de son amant pour l'inviter à le rejoindre. Il fallait qu'il lui parle, il avait pris sa décision, quoiqu'il adviendrait, il serait ensemble maintenant. Son sourire s'agrandit alors que son petit-ami se positionnait devant lui. Il l'attira volontairement dans un coin isolé, à l'abri des regards et des oreilles trop curieux. Il était hors de question de trahir Théo au beau milieu de la réception, hors de question de le compromettre. Il vérifia bien à plusieurs reprise qu'ils étaient seuls.

"Bonjour Théo. Désolé, j'aurais dû te prévenir mais... Tu m'aurais dissuadé de venir et je m'inquiète pour toi. Alors... je suis là, j'ai reçu un carton d'invitation."

Il se mordilla légèrement la lèvre inférieure avant de se passer la main dans les cheveux, signe incontestable qu'il n'était pas à l'aise. Et si Théo lui demandait de partir ? Et si il ne voulait pas le mélanger à son monde ? Et si il avait honte de lui ? Peut-être que c'était pour cela qu'il ne voulait pas le présenter officiellement. Non, tout cela n'avait rien à voir, il n'avait pas à douter de Théo. Si il avait bien une personne à qui il pouvait faire confiance, c'était bien Théo.

"Il fallait que je te parle. J'ai bien réfléchit à propos de ta demande d'aménager ensemble... Et j'en suis arrivé à la conclusion que cela impliquait de vivre ensemble et que..."

Sa nervosité était à son comble et pourtant, il était prêt, il savait ce qu'il voulait dire, il savait que c'était ce qu'il voulait. Peut-être que c'était encore un peu tôt mais il ne prenait pas vraiment de risque au fond. Il laissa son regard s'attarder tout autour de lui pour vérifier une nouvelle fois qu'ils étaient bien seuls et assez loin d'une quelconque oreille indiscrète.

"Veux-tu m'épouser ?"

Voilà, c'était posé. Il n'avait plus qu'à attendre la réponse de Théo maintenant et il stressait plus qu'il n'aurait dû et son estomac était étrangement noué et il avait chaud puis froid.

"Ne te sens pas obligé de me donner une réponse tout de suite. Je... c'était peut-être encore un peu tôt pour ça et je... pardon Théo."

Il baissa légèrement la tête, il avait le chic pour tout gâcher. Encore une fois, il avait l'impression d'être à côté de la plaque et d'avoir raté quelque chose.



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Joy Highlands
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[Nouvel an NDP] Sang-purs et sang reproches Icon_minitimeVen 10 Jan 2014 - 23:19
Joy contempla son reflet d'un regard absent. Le miroir était le point de départ de chaque réception : ils y faisaient tous face, hommes, femmes et jeunes gens, au même moment qu'elle. Ce moment où ils refermaient les boutonnières de leurs robes haute couture, où elles retouchaient leur maquillage afin qu'il fût sans défaut, où ils revêtaient leurs déguisements d'héritiers distingués – le moment où tous se cachaient derrière leur plus belle physionomie. Plus tard, ils défileraient devant les convives avec force amabilités, ils se plieraient aux exigences de l'étiquette sans se départir de leur sourire éblouissant. Ils « feraient comme si » et ainsi célébreraient dignement la nouvelle année. Toute cette mascarade rendait Joy un peu triste.

Elle avait opté pour une robe anthracite. Elle aimait la sobriété et, selon elle, le gris n'était pas apprécié à sa juste valeur. Cette couleur terne rimait pour beaucoup avec ennui, tristesse, platitude. La grisaille, disait-on. Pourtant, du gris acier au gris perle, en passant par l'ardoise, Joy le trouvait élégant ; il avait le mérite de pouvoir s'associer avec tout ainsi que celui d'être assez discret pour qu'elle pût mettre ces splendides boucles d'oreilles. C'était le cadeau de Noël de son père. Elle avait pensé que l'occasion était bonne de les porter car on le lui avait bien appris : dans une tenue, il faut choisir ce que l'on met en valeur. Lorsqu'on la regarderait, on ne devrait la trouver ni trop fade, ni trop voyante – il fallait trouver le juste milieu. Elle préférait passer inaperçue mais elle n'en avait pas le droit, et il n'y avait aucun risque qu'elle se fît remarquer dans le mauvais sens. Ce soir-là, elle serait comme ce gant qu'elle enfilait à présent : vide, laissant à chacun le loisir de l'enfiler et de le manier à sa guise, telle une marionnette.

Des gants ; accessoire quelque peu désuet à leur époque, mais encore à sa place dans les réceptions décalées de la Haute. Joy glissa le deuxième sur sa main et ainsi gantée, elle lui parut bien plus fine et délicate qu'elle ne l'était en réalité. Elle n'avait pas hérité des longs doigts de fée de sa mère, qui lui avaient savamment confectionné son chignon quelques minutes plus tôt. Ses propres mains, habituées à empoigner fermement le manche de son balai, étaient plus des mains de joueuse de Quidditch que de jeune fille de bonne naissance. Pourtant, ce fut la même main qui se posa sur celle du chef de famille un quart d'heure plus tard, quand il la fit monter dans la calèche envoyée par les Nimbus de Pompadour à tous leurs invités. Elle n'avait pas besoin de son aide mais ne pouvait décemment pas la  refuser. Une fois tous trois assis, la calèche s'ébranla. Joy resserra sa cape sur ses épaules, appuya sa tête contre la paroi et se laissa bercer par le trot des Pégases.

Lorsqu'ils arrivèrent à destination, pas un mot n'avait été prononcé depuis le début du trajet. Joy descendit du marchepied. Elle n'avait posé qu'un pied à terre qu'elle regardait déjà devant elle. Elle fut frappée par la beauté du lieu : une multitude de bougies entourait le manoir des Nimbus de Pompadour. Ces petits halos lumineux perçaient la nuit profonde, donnant l'impression que le parc était parsemé de lucioles immobiles. Joy le préférait presque à la fontaine, éblouissante elle aussi, ruisselante de lumière. Pourtant, une pointe de mélancolie s'était glissée dans ses yeux grands ouverts : si leurs hôtes exposaient leur fortune à travers tous ces artifices, du tapis rouge au moyen de transport mis à leur disposition, les convives n'ignoraient rien des soucis auxquels l'entreprise Nimbus était confrontée, Joy la dernière puisqu'elle suivait attentivement l'affaire dans les journaux que son père laissait traîner derrière lui. Cette réception était sans doute le meilleur moyen de démentir les rumeurs mais tous n'étaient pas dupes.

Au regard qu'Annie appuyait sur elle, Joy gomma le pli inquiet qui s'était dessiné sur son front. La mère accepta le bras droit de son mari, la fille le gauche, et les Highlands atteignirent rapidement l'entrée du manoir. Aussitôt, des elfes vinrent les débarrasser de leurs capes. La gorge de Joy se noua à la vision du grand monde réuni ici mais elle se raisonna bien vite : aucun enjeu ne reposait sur elle. La réception printanière des Harris avait mis Miss Twilfit à l'épreuve ; cette soirée du nouvel an ne permettait qu'aux Nimbus de Pompadour d'étaler leur luxe, et serait peut-être éprouvante pour Théo Nott et Rosaleen Lestrange à cause de leur rupture de fiançailles. Pas pour elle, qui n'aurait qu'à se comporter de manière irréprochable et personne ne ferait attention à elle. Alors qu'elle suivait ses parents, elle s'efforça de prendre du détachement par rapport à l'évènement et à... elle-même. Un gant vide, voilà ce qu'elle serait. Elle fit la révérence à leurs hôtes avec l'impression de se trouver à l'extérieur de la scène, comme si elle ne faisait qu'y assister – avec la sensation de sortir des limites de son être, de se regarder exécuter ces mouvements répétés maintes fois, de guetter d'un œil attentif l'exactitude de ses gestes. De calculer chacun de ses propres pas.

Joy resta en retrait lorsque son père parla. C'était l'usage.

« Vos jardins feraient pâlir ceux de la Reine en personne... »

Son tour venait de s'avancer car en tant que fille unique, elle n'avait pas la chance de pouvoir compter sur un grand frère ou une grande sœur pour jouer le rôle de premier héritier de la famille à sa place.

« ...mais n'égalent en rien la beauté de la maîtresse des lieux. »

Joy n'eut pas besoin de regarder ses parents pour sentir qu'ils s'étaient tendus. En faisait son éducation, ils lui avaient appris comment adresser ses compliments à une personne de qualité. Ils la laissaient donc prononcer sa propre formule de politesse sans lui imposer de phrase à l'avance. Or, elle n'était pas sans ignorer que si les flatteries sur le physique d'une femme non accompagnée étaient les bienvenues, il était fort délicat d'en faire usage auprès d'un couple – mieux valait ménager les susceptibilités. Cependant, Clarissa était une dame. Et son époux était sûrement d'accord avec Joy. Les mots lui étaient venus naturellement à la bouche, pour une fois, aussi les jugeait-elle à leur place. Elle n'avait jamais pensé qu'elle pût un jour formuler un compliment sincère lors de ce genre de soirée. Clarissa incarnait tout ce qu'une femme de sa situation désirerait être et tout ce qu'elle représentait imposait respect et admiration. Joy se disait parfois que si elle venait un jour à s'élever à hauteur équivalente du rang de Mrs Nimbus de Pompadour –  ce qui était hautement improbable –, elle voudrait devenir comme elle. En plus, la robe de Clarissa était grise.

Joy s'effaça ; ainsi, la horde de vieilles pies derrière laquelle elle s'était glissée lui accordait l'avantage d'un abri et d'une vue d'ensemble. Elle s'attela à un rapide examen de reconnaissance des personnalités qui l'entouraient. Pas très loin de là, impossible de manquer la haute stature de Jordan. Il avait beau se montrer fort courtois chaque fois qu'ils discutaient ensemble, Joy n'osa pas le rejoindre alors qu'il conversait avec son cousin Aloysius. Et d'autre part, déduire que celui-ci était aussi peu sociable qu'elle n'avait été qu'affaire d'une volée de secondes : quand on connaissait l'excès d'attention que leur société médisante accordait aux moindres faits et gestes de ses plus jeunes membres, il devenait évident que si l'on n'entendait pas ou peu parler de quelqu'un, alors ce quelqu'un essayait de ne pas faire parler de lui. Contrairement à son frère cadet, Caecilia Selwyn était de celles qui faisaient s'agiter les langues. D'une intelligence redoutable, elle ne manquait pas de revendiquer ses positions au mépris de ce qui jouait en sa défaveur – Joy en eut encore la confirmation en apercevant les boucles d'oreilles que la jeune femme exhibait.

À ses côtés, parée de bijoux éclatants et vêtue d'une robe somptueuse, Miss Lestrange resplendissait. Joy songea avec une légère pointe de cynisme à ne pas trop s'approcher d'elle, au risque de devenir totalement transparente pour toujours. L'éclat de chacun semblait s'atténuer à proximité de Rosaleen, et après tout, tant mieux pour elle : sa superbe mise témoignait de sa toute nouvelle disponibilité. Leopold Marchebank et Adonis Greengrass n'avaient pas manqué le coche. En effet, elle redevenait un bon parti puisqu'elle n'était plus fiancée à Théo Nott, désormais. Aucune annonce officielle n'avait été faite, ce qui laissait supposer qu'aucune raison officielle ne leur serait donnée non plus. En revanche, Joy s'interrogeait sur l'explication officieuse de ce brusque revirement. Ce mariage avait tout d'un arrangement bien ficelé : de nombreux invités s'étaient rendus à la cérémonie, une photo du baiser scellant l'avenir du jeune couple était parue dans la Gazette... La Grande Bretagne entière était au courant, d'autant plus que l'annulation d'un engagement tel que celui-ci était très mal vue. Alors pourquoi ne pas s'en épargner la honte ?

Joy remarqua ensuite la présence de la directrice de Poudlard en compagnie de son professeur de Sortilèges. Si elle avait l'habitude de croiser le second dans ce contexte-ci, la première lui apparaissait pour la première fois. Elle se retint de recroqueviller les épaules, manifestation de la gêne que provoquait en elle leur statut d'enseignants. Elle n'avait pour ainsi dire pas très envie d'être vue par eux en dehors du cadre scolaire... Elle faillit détourner les yeux par peur de croiser un regard mais se morigéna : elle avait moins à craindre que Margot Adamson, dont la situation était assez comparable à celle de Reda Lestrange. À la seule différence que l'une faisait son entrée dans le monde tandis que l'autre y était de retour après une longue absence. Joy découvrit avec plaisir que son ancienne directrice de maison portait le vert de Serpentard. Elle terminait son repérage lorsqu'elle distingua une silhouette familière, de dos, en face de qui Aemilia Selwyn riait doucement. En reconnaissant Swann, un grand sourire se dessina malgré elle sur son visage.

Joy s'éclipsa ; elle estimait avoir assez entendu de jacassements pour le reste de son existence. La vieille Carrow était une véritable mine d'informations quand on savait extraire le vrai de ses médisances. Par ailleurs, Joy ne devait pas rester trop longtemps sans parler à personne si elle préférait éviter les indésirables. Elle évalua la distance qui la séparait de Swann et les différents obstacles susceptibles de lui barrer la route. En plein milieu se trouvait le Dragon – alias Helen Harris –, avec qui Joy n'avait pas spécialement envie de faire causette. En passant par la droite, le risque de se faire harponner était plus élevé que si elle passait par la gauche. Or, en empruntant ce chemin-là, elle ne manquerait pas de croiser le supérieur de son père dont la femme Pandora s'était montrée particulièrement enquiquinante à la réception des Harris. Chaque itinéraire avait ses inconvénients. Comment les éviter ?

Joy assimilait souvent les fêtes à des matchs de Quidditch. Là, elle était sur le terrain. Son but, les anneaux. Devant elle, les joueurs adverses. Un parcours enfantin... La poursuiveuse marcha d'un pas vif et alerte vers la gauche tout en surveillant le Dragon du coin de l'œil. Au moment où elle atteignit le point où le patron de son père n'était plus dos à elle, elle se faufila entre deux groupes de nouveaux arrivants. Encore un ou deux regards furtifs autour d'elle et elle se matérialisa près d'une amie dont elle n'avait pas entendu le son de la voix depuis trop longtemps.

« Alors, il paraît qu'on a trouvé son bonheur à Milan ? » dit Joy avec malice.

Ça lui faisait plaisir de parler avec Swann, toujours aussi à l'aise en société que la dernière fois qu'elle l'avait vue. Depuis que cette dernière vendait des robes de l'autre côté de la Manche, Joy se retrouvait parfois désemparée, oppressée par la certitude qu'elle n'allait jamais y arriver. Elle se revoyait dans le bureau de sa directrice de maison, demandant d'une voix brisée : « Comment je vais faire ? ». Certaines épreuves lui paraissaient insurmontables sans le précieux soutien de son aînée. Cependant, elle s'était rendue compte que Swann n'était pas partie sans rien lui laisser. Elle n'avait pas emporté les conseils qu'elle avait prodigués à la capitaine inexpérimentée, enseignements qui lui redonnaient parfois confiance. Bref, elle apprit de Swann que le commerce marchait bien et que les italiens étaient des gens fort sympathiques. Joy lui détailla les débuts de la saison de Quidditch puis, à sa demande, lui rapporta les derniers potins de Poudlard – Swann ne changerait jamais...

Après avoir longuement discuté d'une certaine équipe chère à leur cœur, Joy se résigna à la laisser accomplir son devoir de fille d'Edmund Harris. Elle ne pouvait pas la monopoliser toute la soirée, d'autant plus qu'elle était très sollicitée – Swann, pas Joy. Aussi l'abandonna-t-elle à la merci de Cora Parkinson, ce qui n'était pas d'une grande traîtrise étant donné la facilité avec laquelle la Miss Twilfit évoluait parmi ce grand monde. De nouveau désœuvrée, Joy se recula contre l'une des grandes portes sombres et, plutôt que de se concentrer sur les invités, suivit les déplacements du personnel. Personne ne notait les elfes de maisons : ils étaient là sans être là. L'un d'entre eux se fit écraser le pied par Isadora Flint alors qu'il amenait un plateau au buffet. Joy s'en rapprocha et s'amusa à repérer les plus affamés dont la main plongeait sans arrêt vers les amuses-gueule pour donner une distraction à leur estomac en attendant l'heure tardive du dîner. Ils devraient encore patienter un moment car la dernière salve d'arrivées n'avait pas encore commencé – les invités de marque, ceux à qui était offert le luxe de se faire désirer...
Artémis Nott
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[Nouvel an NDP] Sang-purs et sang reproches Icon_minitimeSam 11 Jan 2014 - 17:10
Artémis contempla la robe qui reposait sur son lit d'un air perplexe. C'était un nouveau vêtement qu'elle n'avait jamais vu auparavant et qui, de toute évidence, coutait cher. Un peu trop cher, même. c'était une longue robe bleue pâle, cintrée à la taille, faite dans un lourd tissu brodé de fils dorés, et accompagnée d'une cape plus foncée mais tout aussi scintillante. Il ne faisait aucun doute que c'était la tenue que sa mère souhaitait la voir porter ce soir, mais Artémis se demandait pourquoi. Elle saisi délicatement le tissu, hésitant à enfiler le vêtement. Etait-ce un cadeau pour se faire pardonner son comportement des derniers mois? Ou pour rattraper le Noël particulièrement triste que leur famille avait vécu cette année? Après un moment de réflexion, ce fut la vanité qui l'emporta: la robe était trop riche, trop belle, pour qu'elle refuse de la mettre. Les réunions de la Haute n'étaient pas si courante pour qu'elle ai l'occasion de se mettre sur son trente-et-un, et c'était la première fois depuis la guerre que les Nott étaient invités au fameux nouvel ans des Nimbus. Il fallait faire honneur à l'invitation comme il se devait.

Elle se précipita dans la salle de bain pour s'habiller et revint se mirer dans la glace, s'étonnant de pouvoir paraître un peu jolie, de la façon dont la robe la mettait en valeur et cachait un corps qu'elle n'appréciait pas. On frappa à sa porte et sa mère entra dans la chambre.

"Tu es très jolie ainsi" dit-elle d'un air appréciateur.

Le sourire d'Artémis se fana et elle s'assit sagement devant sa coiffeuse. Après un instant d'hésitation, Aurora s'approcha et entreprit de la coiffer. Depuis l'été, la jeune fille parlait beaucoup moins à sa mère, et en cet instant, cela lui pesa. Elle avait toujours apprécié ces moments où sa mère venait la coiffer avant une réception, admirant son travail et en profitant pour parler, se confier. Mais depuis les fillançailles de Théo, tout s'était envolé. Le manoir familial n'avait jamais été aussi froid.

Depuis l'enfermement de leur père, Artémis n'avait plus de souvenirs complètement heureux. Pourtant, au fil des années, Aurora et ses enfants avaient réussi à trouver un équilibre, à rire et à partager malgré l'absence de Théophane. Aurora était une mère aimante et attentive, et en dépit de l'absence de son frère, Artémis savait qu'il les aimait comme on aime sa famille. Elle manquait d'attention, pas d'amour ni de confiance. L'année dernière, elle avait cru combler ce manque lorsqu'elle s'était rapprochée de son frère. Puis il y avait eu les fillançailles. La confiance brisée, le choc, l'avenir incertain quant à ce que sa mère ferait d'elle. L'annonce de Théo, le désarroi qu'elle pouvait lire à cet instant sur le visage d'Aurora. Artémis avait pris le parti de son frère sans même réfléchir, sans même chercher à comprendre, trop désireuse de le garder auprès d'elle et trop choquée par les manipulations maternelles. Elle avait refusé de lui trouver des excuses, de comprendre les raisons de son acte. De retour à la maison, Artémis s'était murée dans sa chambre, ne sortant que pour les repas, fuyant sa mère, trouvant toutes les excuses possibles pour sortir. Ulrich ne semblait pas en avoir après eux. Elle s'était habituée à son silence, et n'avait donc que sa situation familiale à ressasser.

Aurora planta une dernière épingle dans le savant chignon qu'elle avait fait à sa fille en ouvrit la trousse de maquillage. Elle lui fit face et la força doucement à relever le menton.

"Artémis, je sais que tu m'en veux. Je m'excuse pour ce que j'ai fait. Je ne voulais pas vous faire du mal. J'espérais simplement assurer son avenir à ton frère. Tu sais à quel point il est difficile de porter notre nom."

"Je ne vois pas en quoi l'associer aux Lestrange aurait facilité les choses."

"Ce n'est pas le problème, tu le sais bien."

Oui, Artémis le savait. Le fait que Rosaleen soit une Lestrange n'était qu'un ajout de plus à l'insulte. Elle sentait que sa mère avait besoin de son pardon, qu'elle souffrait de l'éloignement de ses enfants, des révélations de Théo. Au fond, Artémis était fatiguée de lui en vouloir. Elle n'avait pas grand-chose, sinon sa famille, et celle-ci tombait en miettes. Elle pouvait aussi, si elle le voulait bien, comprendre les actes de sa mère. Après tout, la seule raison qui lui avait fait accepter l'homosexualité de Samaël pile un an auparavant, puis son couple avec Théo, était qu'elle tenait à eux plus qu'elle n'était effrayée par cette... déviance. Elle avait toujours évité de trop penser à ce sujet, se contentant de profiter de l'amitié que lui donnaient les deux garçons. Et son premier réflexe lorsque Théo lui avait annoncé la vérité avait été le même que sa mère. Ne lui avait-elle pas dit "tu vas te faire tuer"?

Après un instant d'hésitation, Artémis hocha la tête en signe d'assentiment. Elle n'était pas prête à tout pardonner, mais elle avait besoin d'essayer. Sa mère n'avait pas renié son frère malgré tout. Peut-être pouvaient-ils reconstruire la confiance qu'ils avaient, peut-être qu'un jour, Samaël aurait le droit de franchir le seuil du manoir. Elle avait besoin de croire à cette tolérance. C'était trop dur d'être contre sa maman. Un signe d'apaisement, c'était tout ce qu'elle était capable de donner, mais c'était un début.

Les traits d'Aurora se détendirent et un faible sourire éclaira son visage comme elle continuait se maquiller sa fille. Une fois ceci fini, et une fois qu'Artémis se soit mirée dans le miroir, s'étonnant une fois de plus des talents maternels pour la mettre en valeur, elle mis sa cape sur les épaules et elles descendirent rejoindre Théo dans le hall.

La mère et le fils échangèrent un regard tendu qu'Artémis ne su pas interpréter. La famille Nott monta ensuite dans la calèche envoyée par les Nimbus de Pompadour. Le trajet se fit en silence. Artémis sentait une tension étrange, qui dura tout le voyage, et fut soulagée de sortir de l'atmosphère étouffante de la cabine. Elle posa un pied sur le tapis rouge, saisissant distraitement la main que Théo lui tendait, trop absorbée par la magnificence des lieux. Les chandelles donnaient au parc un éclairage terriblement romantique, lui souffla son coeur d'adolescente. Epoustoufflée, elle se redressa immédiatement, adoptant la posture digne qu'on lui avait enseignée. Malgré ses regrets de ne pas aller faire la fête avec Nora, elle voulait soudainement faire honneur à la réception.

La famille se dirigea vers l'entrée, salua les Nimbus de Pompadour selon l'étiquette. Théo les quitta vite, évitant Rosaleen Lestrange. Artémis fit de même. Elle considérait Rosaleen comme une écervelée pour avoir accepté ces fillançailles. Une fille naïve qui croyait mettre le grappin sur un héritier quelconque sans lui demander son avis. La jeune Poufsouffle accompagna sa mère pour saluer quelques personnes. Malgré les sourires et les remerciement, elle sentait que sa mère n'était pas ravie d'être là. Elle aurait dû, pourtant. Etre enfin convié chez les Nimbus mettait le point final à leur réinsertion sociale, ce qu'Aurora avait toujours voulu. Mais quelque chose clochait.

"Rien ne t'oblige à rester avec moi, Artémis" fini par lui dire Aurora. "Je suis sûre que tu préfères la compagnie des jeunes de ton âge. Pourquoi n'irais-tu pas saluer Aloisyus et Jordan? Je suis sûre qu'ils seront ravis de te voir."

Derrière les manières, l'ordre était clair, aussi Artémis quitta-t-elle sa mère et parti vers les deux jeunes qui discutait, quoiqu'en traînant les pieds. C'était la première fois qu'Aurora lui conseillait d'aller voir une personne en particulier. Elle la laissait assez libre de ses mouvements, d'habitude. Qu'est-ce qu'il lui prenait? Quelque chose n'allait définitivement pas, ce soir.

"Bonsoir Jordan, Aloisyus" dit-elle timidement en arrivant à leur niveau. "C'est la première fois que je viens, le manoir de ta famille est magnifique."


100e HUNGER GAMES


4

District
Théo Nott
Théo NottBibliothécaire
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[Nouvel an NDP] Sang-purs et sang reproches Icon_minitimeSam 11 Jan 2014 - 17:35
Théo poussa un soupir ostensible à l'intention de Leopold Marchebank et présenta ses respects aux deux adultes avant de s'éloigner dans la foule. La présence de Margot l'avait rassérénée sur le coup, car il était rassurant de savoir qu'il y avait un adulte bienveillant dans les parages, quelqu'un en qui il avait confiance et qu'il savait raisonnable. Néanmoins, les paroles du directeur n'avaient rien de plaisantes, même s'il les savait justifiées. Cet homme avait le don de lui mettre les nerfs en pelote, avec son air narquois, et puis comment diable avait-il appris sa situation ? En écoutant aux portes ? Enfin, ce n'était pas son problème du moment. Pour une raison qui lui échappait, l'homme avait l'air décidé à garder son secret, trouvant peut-être plus amusant de le voir patauger dans la patacitrouille. Fort bien, Théo avait plus important problème, à savoir apprendre ce que diable Samaël faisait là ! Le jeune homme avait fait son apparition il y a peu, vêtu d'une belle robe de sorcier dans laquelle il était particulièrement attirant, et cherchait visiblement à obtenir son attention. Ça, pour l'obtenir, il l'avait obtenue... Le coeur de Théo avait raté un battement en apercevant son petit-ami, qu'il aurait voulu voir ailleurs sauf ici, ce soir. Une fois n'est pas coutume, Théo n'avait aucune envie de fréquenter Sam ce soir, alors qu'il avait décidé de faire tomber son secret.

Sa détermination, déjà bien entamée, s'était envolée un peu plus à la vue de son amant. Comment pouvait-il prendre le risque de se dévoiler, avec Sam présent ? Et s'ils lui faisaient quelque chose ? On ne savait jamais... Tous les adultes de sa famille qui n'étaient pas en prison étaient présents ce soir, ceux qu'il connaissait bien, comme ses grands-parents, ceux qu'il connaissait plus mal, comme son cousin aîné, Théodore. Comment réagiraient-ils face à l'homme qui l'avait mené sur la voie du déshonneur ? Il n'y avait pas que des enfants de choeur, ce soir, même en dehors des Nott. Les grands-parents de Rosaleen étaient là... Théo était prêt à prendre ce risque pour lui, car il ne voulait pas d'une vie de mensonges et d'hypocrisie, mais c'était autre chose que de faire courir des risques à son amant. Et, même si les chances de se faire attaquer à coups d'endoloris en pleine réunion mondaine pour cause de comportement déviant étaient relativement réduites - relativement - Théo n'avait pas pour autant envie de faire subir la moindre humiliation à Sam. Et, même dans le cas où personne n'additionnait deux et deux et ne découvrait l'identité de son amant, il n'avait pas l'intention de laisser Sam être témoin de sa déconvenue. Ce serait probablement suffisamment douloureux et embarrassant d'être une déception pour sa famille et de choquer Mamie Harris et ses amies pour montrer cela à Sam. C'était son monde, pas celui de Sam, et il n'avait pas besoin de constater de ses propres yeux à quel point il pouvait être dur et intolérant... Il n'avait pas besoin d'en voir ses plus mauvais aspects.

D'un autre côté, il ne pouvait nier que de voir quelques visages familiers et amis lui était d'un grand réconfort. Artémis, Juliet, Ulrich, Margot et Sam, voilà les personnes sur qui il s'appuyait ce soir, ceux sur qui il comptait pour se rappeler qu'il n'était pas un monstre sans coeur et sans morale, quoi qu'on puisse en dire.

Théo traversa la pièce et se dirigea vers Sam, un petit sourire aux lèvres, gardant ses interrogations pour lui le temps qu'ils gagnent un endroit isolé. Son sourire s'accentua légèrement en constatant les infinies précautions que prenait Sam pour s'assurer qu'ils étaient seuls. C'était mignon, mais peut-être un peu excessif. L'assemblée était nombreuse ce soir et il doutait que grand monde ait eu le temps de tiquer sur sa présence - à l'exception probable de sa mère et de sa soeur si elles avaient eu le temps de l'apercevoir.

"Bonjour, Sam", commença Théo avant de le laisser expliquer sa présence.

Ses sourcils se haussèrent face à la réponse de Sam. Qui diable avait-il pu avoir l'idée de lui glisser une invitation ? Jordan Nimbus de Pompadour, peut-être, si Sam et lui étaient amis à Poudlard ? Mais Théo ne croyait pas avoir déjà vu Sam et Jordan discuter, alors c'était peu probable. Pourquoi cette riche et influente famille aurait-elle pris la peine d'inviter un apprenti médicomage sans lien avec la Haute Société ? Tout ceci était très étrange, mais Théo ne prit pas le temps de s’appesantir sur le mystère. Il voulut dire à Sam que, si l'intention était bonne, il n'était pas certain que la place du jeune homme soit ici ce soir. Mais Sam affirma qu'il voulait lui parler et Théo garda le silence, curieux.

Sam avait l'air nerveux, plus nerveux encore que ne l'exigeait la situation, presque gêné face à lui. Depuis quand Sam était-il embarrassé de lui dire quelque chose ? Certes, les choses avaient été un peu étranges au début, mais un mois s'était maintenant écoulé depuis leur réconciliation et il lui semblait que leur relation retrouvait son naturel, que la complicité et la confiance se rétablissaient entre eux. Alors pourquoi cette hésitation ? Théo l'encouragea du regard, perplexe, avant de sentir une certaine appréhension l'envahir. Où Sam voulait-il en venir, avec cette discussion ? Avait-il changé d'avis par rapport au fait de vivre avec lui ? Avait-il été trop prompt à le lui proposer, alors que leur relation était encore fragilisée ? Avait-il sur-estimé les sentiments que lui portait Samaël ? Théo déglutit nerveusement tandis que Sam vérifiait une fois de plus qu'ils étaient seuls, et baissa le regard sur le riche plancher.

Avant de redresser aussi sec la tête.

Il avait dû mal entendre. Sam ne pouvait pas avoir dit...il ne pouvait pas...il ne pouvait pas ! Il...une...quoi ? Une demande en mariage ? Mais ! Deux hommes ne pouvaient pas se marier ! Pas dans ce pays, du moins, réalisa Théo tandis que les battements affolés de son coeur se calmaient légèrement. Voilà peut-être ce que suggérait Sam. Un mariage à l'étranger. Ou un faux mariage, clandestin, non officiel, mais un engagement néanmoins. Un engagement... pour la vie.

Il semblait à Théo qu'il avait cessé de respirer depuis plusieurs minutes lorsqu'il reprit plus ou moins conscience de la situation. Il n'avait pas écouté les paroles suivantes de Sam, n'avait pas bougé d'un millimètre, s'était contenté de tenter de réaliser ce que son petit-ami venait de proposer. Un mariage, un engagement, Sam et lui, ensemble pour la vie, pour l'éternité.

"Oui."

Le mot s'était échappé de ses lèvres avant même qu'il ait le temps de se poser la question de savoir s'il voulait réellement de cela, d'une vie avec Sam. La réponse était évidente, bien sûr qu'il le voulait. Théo ne savait pas exactement ce qu'impliquait cette proposition, ni dans quelles conditions ils étaient censés s'épouser, eux, deux hommes sorciers dans un monde si conservateur. Mais il n'avait pas besoin de le savoir, au fond, car il venait d'apprendre la seule chose qui comptait vraiment. Que Sam l'aimait aussi fort, intensément, inconditionnellement que lui l'aimait. Que lui non plus n'imaginait pas sa vie loin de lui, son futur sans lui. A partir de là, ils pourraient discuter des détails plus tard, cela n'avait pas grande importance, du moment qu'ils étaient ensemble...

Un mélange d'émotions trop fortes, trop intenses envahit alors Théo. Le soulagement, en premier lieu, que les doutes et déchirements des derniers mois s'envolent en une simple question. L'angoisse, aussi, devant l'inconnu et leur situation, accentuée par cette promesse. Et enfin la joie, éclatant dans sa poitrine si fort qu'il en avait le vertige, la joie qui dominait tout et lui faisait oublier tout le reste. Sans prendre le temps de regarder s'ils étaient seuls, Théo s'avança vers Sam et captura ses lèvres avec les siennes en un long baiser passionné, ignorant du monde qui les entourait. Sa relation avait Sam était plus importante, elle l'avait toujours été, même s'il avait mis du temps à s'en rendre compte. Même si, un an auparavant, Théo avait cru bon d'ignorer son ami parce que celui-ci avait fait son coming-out... Un an plus tard, ils se fiançaient, douce ironie de l'histoire. Mais il leur restait un dernier obstacle avant de pouvoir vivre ce futur que lui promettait Sam, et un obstacle de taille : cette soirée, ce coming-out. Finalement, Théo était bel et bien déterminé à l'opérer, plus pressé que jamais de mettre derrière lui cette époque de sa vie et d'en commencer une nouvelle, plus épanouissante et plus sincère. Cela dit, mieux valait l'opérer de manière un peu moins brutale qu'en étant surpris en train d'embrasser Sam. Théo mit fin au baiser et s'écarta de Sam à contre-coeur, avant de remettre de l'ordre dans sa tenue et dans ses pensées. Un sourire timide s'étira sur ses lèvres, alors qu'un silence s'instaurait entre eux. Et maintenant ?

"Je veux passer ma vie avec toi, Samaël. Je t'aime.", affirma-t-il en vrillant son regard dans celui de son fiancé. "Cela dit, hum, désolé de soulever une évidence mais... On ne peut pas se marier, pas en Angleterre du moins. Qu'est-ce que tu suggères exactement ?"

Théo écouta la réponse de Sam, et acquiesça, se sentant totalement dépassé par la tournure des évènements - mais prêt à laisser Sam au contrôle. Il était en terrain inconnu, désormais, plus encore qu'auparavant, mais cela ne le dérangeait plus. Cette année passée lui avait appris à lâcher prise et à se montrer moins fermé aux surprises que la vie avait à lui offrir. Dans un état second, absolument submergé d'excitation et de nervosité, Théo finit néanmoins par jeter un coup d'oeil nerveux en direction de la salle principale. Il ne fallait pas qu'ils s'éternisent ici.

"J'aimerais parler encore avec toi, mais je crois qu'on devrait y retourner, Sam. Mon absence ne va pas passer inaperçue très longtemps... Tu es sûr que tu veux rester ? Je... je ne sais pas comment ça va se passer, là-dedans. Probablement pas très bien. Tu n'as peut-être pas envie de voir ça. Et je ne sais pas qui t'as invité mais ce n'était pas moi..."
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[Nouvel an NDP] Sang-purs et sang reproches Icon_minitimeSam 11 Jan 2014 - 19:01
[HRP: bon, j'ai eu le courage de tout retaper une troisième fois, applaudissez moi :jeremy:J'ai juste oublié le dialogue entre Will et Jordan, mais bon, tant pis, ce sera pour plus tard.]

Jordan était ravi que Swann soit revenue d'Italie pour les fêtes et l'écouta parler des ragots et de la vie méditérannéenne. Certains désapprouvait sa présence, mais il n'en faisait pas partie. C'était une jeune femme dégourdie, capable de s'adapter à toutes les situations qu'elles soient solennelles ou ordinaires, qui savait se détendre autant qu'être sérieuse. Il comprenait le bouleversement de la ligne de succession que risquait de causer sa présence, mais en l'occurence, il tendait plus à soutenir la jeune femme, si jamais on lui demandait son avis. Ce serait une personne agréable avec laquelle commercer dans le futur. D'autre part, il ne croyait pas les mauvaises langues qui la traitait de voleuse. Certes, Swann était ambitieuse, et si on lui offrait de la légitimer, elle se battrait sans aucun doute pour sa place et ses biens, mais Jordan pariait qu'elle ne ruinerait pas la famille Harris par cupidité.

Helen Harris arriva et Jordan dû laisser sa cousine pour présenter ses respects à sa "tante". Elle était le passage obligé de la soirée. Jordan ne la craignait pas particulièrement. Il était rompu à l'exercice et évita les quelques pièges - peu méchants, après tout, elle n'avait rien à lui reprocher, aucune raison de le mettre à l'épreuve - qu'elle lui tendait. Cela pris néanmoins un moment, et le temps qu'il s'échappe de ses griffes, les premiers invités officiels arrivaient. Jordan fut ravi de voir sa mère escorter Céleste Flint: cela signifiait que Will était arrivé. Il se mis aussitôt en quête de son meilleur ami, louvoyant entre les différentes salutations.

"Céleste, je suis désolée de devoir encore et toujours d'inviter si tôt" déplorait Clarissa en conduisant l'une de ses proches - et rares - amies vers le buffet.

Les Flint n'avaient pas renié Céleste après son mariage pour une unique raison: les livres sterlings sonnantes et trébuchantes que Sir Robert Mendler leur avait gracieusement donné pour faciliter leur union. On aurait pu croire que l'argent, qui leur avait permis de gravir plusieurs échelons de la haute, aurait suffit à effacer l'affront d'épouser un moldu (d'autant que ledit moldu descendait d'une très ancienne famille, de la noblesse d'épée), mais il n'en était rien. Ils auraient, encore aujourd'hui, trouvé insultant que Céleste arrive en même temps qu'eux, nobles sang-purs. Clarissa trouvait cela particulièrement hypocrite. Elle-même était mariée à un Sang-Mêlé que personne n'aurait osé contredire. Cependant, l'année était mal choisie pour être rebelle et élever Céleste.

"Tu sais bien que je connais ta pensée" la rassura cette dernière. "De plus, nos fils respectifs sont ravis de l'aubaine. Il est toujours difficile d'attendre ses amis à cet âge."

Jordan et Will étaient en effet aussi amis que leurs mères. Will allait avoir dix huit ans bientôt, et pour la première fois, il assistait à l'entièreté du réveillon des Nimbus. Clarissa savait qu'ils ne le verraient pas l'année prochaine: le jeune homme, majeur, se devrait d'assister à la cérémonie de la Reine.

"C'est la dernière fois que nous voyons Will, alors?"

"J'espère que non, mais je suis pessimiste. Mes absences en temps qu'épouse sont déjà beaucoup commentées, celles de William seraient un affront. Il est l'aîné de Robert, celui qui héritera du titre, il ne peut se permettre de filer à l'anglaise chaque réveillon…"

"On dit pourtant que la Reine connait notre existence."

"C'est le cas, me semble-t-il, mais elle ne l'apprécie pas."

Clarissa comprenait pourquoi Elisabeth II n'était pas favorables. Voir une noblesse autonome se former parmi ses sujets, avec ses propres valeurs et règles, une noblesse qui ne lui répondait pas, devait être difficile à accepter lorsque l'on était élevé pour régner. Aux yeux des nobles moldus, la tolérance de la Reine à ces absences mystérieuses passerait sans doute pour une forme de faiblesse. Céleste disait pourtant que les nantis moldus se doutaient de leur existence: Robert n'avait en effet pas été surpris à outre mesure des origines de son épouse, même si cela s'expliquait sans doute par les quelques sorciers de son arbre généalogique.

Clarissa admirait le courage de Céleste, qui faisait face à deux univers hostiles. D'un côté les sorciers, qui commentaient chacune de ses absences avec un plaisir non dissimulé. On aurait pu croire qu'ils seraient tolérants, comprendraient les enjeux de l'autre côté, mais c'était trop demander à ce groupe conservateur. Quant aux moldus, ils étaient exactement pareil. Céleste avait été traitée d'actrice, en référence à la mode récente d'adouber toute célébrité du pays, au détriment du mérite. En effet, malgré l'aide du ministère de la magie qui avait inscrit les Flint au registre des nobles britanniques, la fable avait mal pris. Les parents de la jeune femme étaient notamment en cause, car ils avaient refusé de jouer le jeu et d'apparaître lors de quelques réceptions moldues pour étayer l'histoire montée de toute pièce par les gouvernements moldus et sorciers. Son éducation distinguée l'avait sauvée, mais avait également fait naître de folles rumeurs, car il était bien sûr impossible qu'une roturière soit si à l'aise en société, n'est-ce pas?

Cela avait eu lieu il y a plus de vingt ans, aussi l'affaire était-elle oubliée. Il s'en trouvait encore pour médire de chaque côté, pour s'interroger sur ses absences régulières, mais cela restait marginal. Hélas, la majorité de William risquait de tout remettre sur le tapis. Officiellement introduit et héritier, il devrait présenter ses honneurs à la Reine et se trouver une épouse convenable… L'absence à la réception des Nimbus lui serait sans doute préjudiciable, car il s'y nouait beaucoup de liens.

Après un moment de recherche, Jordan trouva enfin son meilleur ami.

"Alors, Will, où en sont tes fillançailles avec Harrington? C'est pour la fuir que tu viens chez moi ce soir?"
"Je serai plutôt du genre à fuir les sorcières au sens premier du terme, crois-moi" lui répondit le jeune blondin en s'éloignant prestemment d'une vieille fille au nez crochu. "Les moldues sont quand même plus jolies."
"Ou pas" répondit l'héritier Nimbus en jetant un oeil à Rosaleen Lestrange, et en cherchant une autre jeune femme dans la salle.

Les deux jeunes gens se chamaillèrent gentiment encore un moment, puis William s'en alla faire les saluations d'usage à ceux qu'ils n'avaient pas encore croisé. Jordan pour sa part, fut abordé par son cousin Aloïs. Il ne connaissait pas bien le jeune homme, sachant seulement qu'il souffrait d'une maladie rare en lien avec la magie. Bien qu'ils soient cousins et ensemble à l'école, ils n'avaient jamais cherchés à se connaître plus avant.

"Bonsoir Aloïs. Je vais bien. Toi-même, tu sembles en forme."

Le Serdaigle lui expliqua ensuite la raison de sa présence et Jordan ne pu s'empêcher de compatir.

"Ah, Helen Harris. Le même épreuve pour chacun d'entre nous, je crois. Si cela peut t'aider, je te propose de l'affronter ensemble."

Ils furent ensuite interrompus par l'arrivée d'Artémis Nott, qui semblait mal à l'aise. Devant sa timidité, Jordan tenta de la décrisper.

"Merci du compliment, Artémis. J'espère que tu apprécieras autant la soirée que le décors." Tout en disant ces mots, il aperçu enfin la personne qu'il cherchait dans la foule. "Excusez-moi un instant, je reviens vite."

Et il s'éclipsa sans plus attendre, espérant que les deux jeunes gens arriveraient à faire une conversation en dépit de leurs réserves respectives. Mais ces préoccupations s'envolèrent bien vite lorsqu'il arriva auprès de Joy.

"Miss Highlands, c'est un plaisir de vous voir ici ce soir." dit-il en prenant sa main pour l'effleurer de ses lèvres. "Me ferez-vous l'honneur d'être ma cavalière pour la soirée?"

Le jeune homme espéra que la réponse sera positive, quoique demandée sur le ton de l'humour. Changer d'année en compagnie de Joy était une perspective réjouissante, même s'il eu une pensée fugace et coupable pour Samantha. Elle disparu cependant bien vite comme il tendait son bras à Joy et l'accompagnait auprès d'Artémis et Aloïsyus. "Tu as passé de bonnes vacances?" Arrivé à la hauteur des deux jeunes gens, il jugea utile de les informer d'un petit détail.

"Si vous le souhaitez, un salon a été aménagé pour les étudiants de Poudlard" dit-il d'un air entendu à l'adresse des trois jeunes gens. Son expression ne trompait pas: le lieu était garanti sans adulte et bien moins... crispé que les salles principales. "Bien sûr, nous devrons être présents au dîner et pour les douze coups de minuit, mais si vous souhaitez un intermède plus calme, le lieu sera ouvert à partir de onze heures. Cherchez le salon rouge."

Il se demanda s'ils allaient accepter sa proposition. Il ne connaissait pas Artémis, mais comptait dessus: bien que timide, elle jouait au Quidditch et fréquentait des filles comme Nora Weaver. Elle ne pouvait donc pas être si coincée que cela. Joy était bien plus sérieuse, mais il comptait plutôt l'emmener à l'écart pour lui offrir son cadeau de Noël. Restait Aloïsyus, qui ne participait pas à grand-chose à la connaissance de Jordan. En fin de compte, les non importaient peu, du moment que personne n'avait l'idée d'aller répandre la nouvelle au milieu des adultes...


[Nouvel an NDP] Sang-purs et sang reproches 13011808094169211
Samaël Smith
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[Nouvel an NDP] Sang-purs et sang reproches Icon_minitimeLun 13 Jan 2014 - 12:34
Le coeur battant, les mains légèrement moites, Samaël attendait la réponse de Théo. Il avait l'étrange sensation que cela était peut-être un peu prématuré et pas forcément le bon endroit pour une telle demande. Il n'avait rien fait dans les règles de l'art, pas de dîner aux chandelles, pas de genoux à terre. Rien de bien romantique dans sa demande mais il avait suivi son impulsivité, n'avait pas réfléchit en fait. Et il se retrouvait à attendre nerveusement que Théo lui donne une réponse. Un sourire presque étonné vint fleurir sur ses lèvres. Il n'osait croire ce que ses oreilles lui renvoyaient. Théo avait dit "oui". Oui, oui et encore oui. Son cœur tambourina plus rapidement dans sa poitrine, la joie était à son comble, des larmes menaçaient de poindre à ses paupières, il aurait voulu embrasser Théo, le prendre dans ses bras mais le lieu n'était pas des plus approprié. Et pourtant, son petit-ami, non son fiancé fit le premier pas. Sam répondit au baiser passionné de Théo, plus heureux que jamais. Ils étaient fiancés. Merlin, il avait beaucoup de mal à appréhender ce que cela signifier réellement mais tout ce qui comptait à présent était la certitude que l'un et l'autre souhaitait la même chose. Passer les cent prochaines années ensemble, c'était sans doute un peu exagéré mais cette certitude était en lui, il ne quitterait le jeune homme que lorsque l'un d'eux mourrait ou lorsque Théo se lasserait de lui.

Il retint un grognement lorsque leur étreinte prit fin, se rappelant de l'endroit où ils étaient. Il se promis de fêter l'événement comme il se devait un peu plus tard dans leur intimité, il referait sa demande comme il fallait, correctement et sans précipitation. Il rendit son sourire timide à Théo et se sentit rougir alors qu'il plongeait son regard dans le sien, ses mots se gravant dans son esprit. Son sourire s'agrandit alors que le côté rationnel de Théo venait pointer le bout de son nez.

"Nous ne sommes pas obligé de nous marier en Angleterre. Je sais que ça n'aura aucun impacte légal ici mais, nous, nous saurons que nous sommes mariés et ça comptera tout autant au final, non ? Je... j'avais pensé à la Belgique. Enfin si tu es d'accord."

Le fait que le mariage gay ne soit pas autorisé en Angleterre était assez dérangeant mais heureusement d'autres pays le pratiquait, certes, cela n'aurait pas de valeur dans leur pays mais ça en aurait à leurs yeux. Et lorsque dans quelques années le projet de loi aura atteint la Grande-Bretagne, ils renouvelleraient leurs voeux et seraient reconnus comme époux aux yeux de tous. Il était vrai que pour l'instant, il ne pouvait pas le faire mais il avait entendu dire qu'ils pouvaient parfaitement être reconnus comme couple aux yeux de la loi. Cela pourrait être à tenter également. Mais ils avaient encore le temps pour parler de ça. Ils avaient tout leur temps maintenant.

"Oui bien sûr je comprends. Nous reparlerons de tout ça plus tard, un léger sourire étira ses lèvres avant qu'il plonge gravement son regard dans celui de Théo. A partir de maintenant, c'est toi et moi. Je ne t'abandonnerais pas maintenant. Alors je vais rester ici et te soutenir du mieux que je peux. Je vais rester dans l'ombre mais tu sauras que je t'accompagne, je ne te lâche pas du regard. Et peu importe qui m'a invité, l'important c'est que je sois là avec toi. Je serais toujours là Théo. Tu ne te débarrasseras pas de moi comme ça."

Un sourire étira ses lèvres et il saisit rapidement la main de Théo dans la sienne et la serrer pour lui montrer son soutien et lui donner le courage nécessaire pour faire ce qu'il avait prévu. Au fond de lui, Samaël était plus qu'inquiet, il pouvait lire l'appréhension sur le visage de son fiancé et cela lui tordait le cœur. Mais il ne le montrerait pas, il resterait fort et sûr de lui pour Théo, pour qu'il puisse se reposer sur lui lorsqu'il aurait besoin de sa force et de son soutien. Il suivit donc Théo vers la grande salle et se positionna dans un coin afin d'observer la suite des événements sans trop se faire remarquer.



[Nouvel an NDP] Sang-purs et sang reproches 140712040447937589
Juliet E. Wilson
Juliet E. WilsonCapitaine de l'équipe nationale de Quidditch
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[Nouvel an NDP] Sang-purs et sang reproches Icon_minitimeLun 13 Jan 2014 - 23:06
Il y a un an, jour pour jour, Juliet se rendait également à la Cité Nimbus de Sheffield. Toutefois, le trente-et-un décembre dernier, elle s’apprêtait à passer le réveillon du nouvel an chez son ami Irving Whitaker, et non dans une réception mondaine qui avait lieu un peu plus haut, au manoir des Nimbus de Pompadour. D’ordinaire, la jeune femme ne s’y rendait jamais, et s’en satisfaisait parfaitement. Mais cette réception était bien particulière pour la famille Flint, puisqu’il s’agissait de la première à laquelle se rendait Adriana depuis son mariage avec George Wilson, près de vingt ans auparavant. Aussi, sa mère l’avait prié de l’y accompagner, et Juliet, n’ayant pas le cœur de lui dire non, avait consenti à remettre les pieds dans une réception mondaine. A contrecœur, certes, mais le geste était bien là – et la jeune femme espérait que sa mère l’appréciait à sa juste valeur. Aussi, quelques heures auparavant, Adriana et sa fille s’étaient rendues au manoir Flint afin de s’y préparer. Par la même occasion, Juliet avait pu retrouver sa famille maternelle, qu’elle ne voyait que rarement – à son plus grand plaisir. Ses oncles et tantes étaient déjà arrivés, comme ses cousins et cousines. Isadora Flint – sa grand-mère – maintenant l’ordre dans le manoir, et veillait à ce que tout le monde se prépare de son côté, tenant à montrer les Flint sous leur meilleur avantage. Ce qui, dans un sens, était compréhensible, lorsqu’on savait à quel genre de réception on s’apprêtait à assister.

Bien qu’elle soit en partie Flint, Juliet n’était jamais vraiment parvenue à saisir toutes les notions de l’étiquette, qu’elle trouvait déplacée par rapport au monde dans lequel ils vivaient. Evidemment, elle savait comment bien se conduire en société, quels couverts correspondaient à un plat, ou quelles étaient les choses à ne pas évoquer avec telle personne. Mais tous les petits détails lui avaient toujours échappés. C’était sa condition de sang-mêlée, aurait affirmé tante. Et la mauvaise influence de son père, aurait rajouté son oncle en hochant gravement la tête. Juliet ne faisait tout simplement pas partie intégralement de ce monde. Elle en avait un avant-goût, pouvait le percevoir, essayer de le comprendre, mais ne pourrait jamais se considérer comme faisant réellement part de la Haute Société. Et cela ne la dérangeait pas, bien au contraire ! Les aspirations qu’on pouvait y trouver ne correspondaient aucunement aux siennes, ni même à son mode de vie. Mais sa mère était Flint, sa famille était Flint, et était elle-même une héritière. Et malgré les sentiments qu’elle pouvait bien éprouver à l’égard de sa famille maternelle, elle se sentait comme redevable envers eux, sans trop savoir pourquoi.

Fronçant les sourcils, Juliet chassa ses pensées de son esprit, et s’approcha d’un miroir pour s’observer d’un œil critique. Le bleu profond de sa robe faisait ressortir le gris de ses yeux, et elle esquissa un léger sourire à son reflet, alors qu’elle relevait ses cheveux et s’aidait de pinces pour les faire tenir en une coiffure basse. Une fois cette tâche accomplie, elle passa à son poignet le bracelet qu’on avait sorti pour elle, et accrocha un collier de la même couleur autour de son cou, avant de passer de discrètes boucles d’oreilles, le regard toujours orienté vers le miroir devant elle. Ce qu’il lui renvoyait était tellement différent de ce à quoi elle ressemblait d’ordinaire ! Elle n’avait évidemment rien contre le fait de passer une robe, au contraire, elle aimait en mettre – de temps en temps. Mais se voir parer ainsi lui donnait toujours une impression des plus étranges, comme si elle parvenait à masquer toute sa propre personnalité par de jolis bijoux. Et en soit, elle avait la sensation de ne pas forcément être en tort en pensant cela. La Haute Société était un univers où l’hypocrisie était le maître mot, où la franchise n’avait pas sa place. Difficile de s’y sentir à sa place.

« Tu es magnifique. » déclara la voix reconnaissable d’Adriana, qui la fit sursauter.

« Je te retourne le compliment ! » répliqua Juliet en observant sa mère, dont la longue robe grise pâle allait à ravir.

« Allez viens, il faut rejoindre les autres en bas, on ne va pas tarder à partir. » conseilla-t-elle, avant d’attendre que sa fille soit sortie pour refermer la porte derrière elle.

Quelques minutes plus tard, elles étaient dans le salon, au milieu de quelques autres membres de la famille. Les plus jeunes n’étaient pas présents ce soir – il leur fallait encore attendre quelques années avant d’être présentés à la Haute Société, comme le voulait la coutume. Après que sa grand-mère ait approuvé sa tenue d’un hochement de tête, et que tous se soient assurés d’être fin prêt, la famille Flint gagna l’extérieur, où les attendait une calèche tirée par des Pégases. Juliet esquissa un sourire à la fois amusé et septique, mais prit place à l’intérieur, sans dire un mot. Se retrouvant face à son cousin Marcus la jeune femme écouta d’une oreille distraite la conversation durant le temps du voyage. Elle rêvassait encore lorsqu’ils arrivèrent devant la demeure des Nimbus de Pompadour, qui avaient visiblement décidé de montrer leurs richesses par tous les moyens possible. S’aidant du bras de Marcus pour descendre de la calèche blanche, elle observa le manoir, les sourcils légèrement froncés. Le toussotement de sa grand-mère la fit sortir de ses pensées, et elle l’écouta la prier d’entrer en premier en compagnie de son cousin. Saisissant donc le bras du jeune homme, muette, la Poursuiveuse se mit en marche.

« Tu es bien silencieuse. » remarqua Marcus au bout de quelques pas.

« Je me prépare à passer le réveillon du nouvel an dans une réception mondaine, ça demande beaucoup de concentration. »

« Ce n’est pas si horrible que ça. » objecta-t-il.

« Question de point de vue. » répliqua la jeune femme alors qu’elle offrait un sourire à un couple qu’ils croisaient.

« Dis-toi qu’au moins, tu n’auras pas à supporter toutes les remarques de grand-mère sur ton prétendu célibat. »

« Effectivement. Moldue, née-moldue, cracmole ? » demanda-t-elle en glissant un regard amusé vers son cousin, qui eut l’air surpris.

« Comment ça ? »

« Ta petite-amie. Pour que tu rechignes tant à en parler à grand-mère. »

« Tu racontes n’importe quoi. » soupira-t-il  avant de garder le silence, alors qu’ils entraient dans le manoir des Nimbus.

Laissant les elfes les débarrasser de leurs lourdes capes d’hiver, les deux cousins s’employèrent alors à trouver Clarissa et Lawrence Nimbus de Pompadour, leurs hôtes. Après les avoir salués comme l’étiquette le voulait, et leur avoir adressés plusieurs compliments sur leur demeure et la décoration, ils finirent par se séparer, Marcus désirant aller saluer un ancien camarade de Poudlard, tandis que Juliet espérait bien trouver un de ses amis au milieu des autres invités. Heureusement pour elle - après avoir été retenue par une de ses cousines - elle finit par apercevoir Théo, seul, non loin d’une de ses tantes. Un sourire – sincère – aux lèvres, la jeune femme s’approcha de lui et, étiquette oblige, toujours, s’inclina devant lui en une révérence.

"Monsieur Nott." lâcha la jeune femme en se redressant, d'un ton où l'on pouvait percevoir l'ironie et l'amusement.

« Comment vas-tu ? » s’enquit-elle alors, les salutations d'usages terminées, véritablement heureuse de retrouver son ami. « Tu passes une bonne soirée ? »

Elle était déjà intiment persuadée d’en avoir connu des meilleures.
Emma Blackbonnes
Emma BlackbonnesApprentie au Département des Mystères
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[Nouvel an NDP] Sang-purs et sang reproches Icon_minitimeSam 18 Jan 2014 - 17:27
Emma caressa distraitement le velours de la robe que sa mère avait déposée sur son lit. Elle ne cessait de l'admirer depuis qu'elle était sortie de la salle de bain. Elle se demandait si il n'y avait pas erreur, si cette robe lui était réellement destinée. Tout de velours bleu agrémentée de fils d'or s'entrelaçant, la jeune fille ne pouvait que l'admirer sans oser la porter. Un tel travail serait inévitablement gâché sur elle qui n'avait hélas aucune grâce. Un léger soupir s'échappa de ses lèvres alors que sa conversation avec Aloïs lui revenait en tête. Qui déciderait-elle d'être ce soir ? Sans aucun doute la parfaite petite modèle, comme toujours. Que pouvait-elle faire d'autre ? Elle sourirait poliment, ferait la révérence qu'on lui avait appris et se contenterait de ne pas se faire remarquer. C'était sa première réception depuis le procès, peu de personnes connaissaient son implication dans l'affaire Sorden, personne mis à part sa famille savait qu'elle avait dû témoigner, seul ses amis proches et ses parents savaient pour quel motif elle avait dû assister au procès. Il était impératif que cela reste ainsi. Pour elle et son avenir mais également pour celui de ses parents. Quelle honte et quelle disgrâce cela serait pour eux d'avoir une criminelle pour fille. Elle resterait donc à sa place. Elle esquissa un léger sourire à sa mère lorsque cette dernière frappa légèrement sur la battant de la porte de sa chambre et entra dans la pièce.

"Tu es magnifique Emma."

"Merci maman, tu es très élégante aussi."

Et elle l'était, Elena Blackbonnes avait toujours était très belle. Sa robe émeraude ne faisait que souligner cet état de fait. Le sourire de la jeune fille s'agrandit alors que sa mère la mena jusqu'à sa coiffeuse et vint déposer une fine chaîne en or accompagnée d'un pendentif en forme de phénix au creux de son cou. La Serpentard passa distraitement les doigts sur le petit pendentif alors que sa mère commençait doucement à démêler et coiffer ses cheveux.

"Il est magnifique, merci."

"Il représente le renouveau. Il signifie que nous mettons toute cette histoire derrière nous Emma. Que nous continuons d'avancer malgré le passé. Ce que tu as su merveilleusement faire ma chérie. Je suis très fière de toi."

Son regard croisa celui de sa mère dans le miroir de sa coiffeuse et elle esquissa un léger sourire. Elle n'avait jamais vu les choses de cette manière. Un renouveau, cette soirée serait donc sa renaissance, celle qui lui permettrait de tout oublier et de redevenir celle qu'elle était autrefois. Non, pas celle d'autrefois, une autre, plus forte, moins peureuse, plus hypocrite ? Elle ne savait pas encore, elle n'avait pas encore fait son choix. Elle n'était pas encore certaine de savoir qui elle voulait être. Celle qu'elle était en société, tout dans le paraître ou celle plus franche et plus ouverte qu'elle montrait à Poudlard à ses amis. Peut-être un mélange des deux. L'équilibre semblait toujours la meilleure option. Elle se releva lorsque sa mère eut terminé d'arranger ses cheveux et de la maquiller légèrement. Un peu de fard à joue très léger, du mascara, un peu de brillant à lèvre, une touche d'ombre à paupière et le tour était joué. Le tout était relativement discret, quasi inexistant et pourtant, il l'embellissait. Elle pouvait voir la différence, elle semblait plus... mature.

Sa robe faisait ressortir la couleur de ses yeux, ses cheveux coiffés étaient plus disciplinés qu'à l'accoutumé. Elle qui était partisane des cheveux détachés et de la queue de cheval trouvait le changement étrange. Elle avait peu l'habitude de se voir ainsi et elle se trouva même plutôt jolie. Elle se permit même un léger sourire à son reflet alors que sa mère venait se poser à ses côtés pour l'admirer. A ses côtés, elle faisait vraiment pâle figure, ses cheveux semblait plus ternes que ceux d'Elena. Cela était sans doute causé par la couleur de la robe de mère qui au lieu de faire ressortir ses yeux, faisait ressortir le flamboiement de ses cheveux si semblables aux siens. Sa mère avait fait le choix de les attacher en un chignon qui lui donnait un petit air sévère. Elle lui sourit légèrement lorsque cette dernière lui embrassa délicatement le front et sortit de sa chambre.

Emma ajouta la paire de boucles que sa grand-mère lui avait offert pour ses quinze ans. De lourdes boucles en or et diamant qu'elle n'avait jusque là jamais mise sauf pour son anniversaire et Noël. Elle les trouvait beaucoup trop voyantes et un peu excessive mais sa famille serait là ce soir et elle ne pouvait pas ne pas les mettre. Elle s'examina une dernière fois sous toutes les coutures et sortie de sa chambre pour aller embrasser Lucas. Le petit garçon ne les accompagnerait pas ce soir, il était encore trop petit et ce genre de réception n'était pas pour lui de toute manière. Il s'ennuierait à mourir et ferait sans doute quelques bêtises peu appréciées par leurs hôtes. Il allait donc être gardé par une amie médicomage de sa mère qui se faisait une joie d'avoir une occupation le soir du réveillon après une rupture difficile avec son petit-ami du moment et son absence de projet.

"Emma comme tu es jolie."

Un sourire attendri s'afficha immédiatement sur ses lèvres et elle se baissa à la hauteur de son diable de petit frère.

"Merci petite fripouille."

Elle lui embrassa la joue avant de se relever et de lui prendre la main pour le faire descendre dans le salon où tout le monde semblait les attendre. Lynda était déjà là un immense sourire aux lèvres, elle ébouriffa les cheveux de Lucas avant de l'enserrer de ses bras. Elle se tourna ensuite vers eux et leur souhaita une bonne soirée. Le sourire d'Emma se crispa légèrement alors qu'elle suivait ses parents dans le vestibule et qu'elle se couvrait de sa cape. La calèche était déjà là et les attendait. Elle rendit le salut que Lucas lui faisait du perron, un sourire enfantin aux lèvres. Puis, elle détourna la tête de la fenêtre et fixa en silence son père qui la dévisageait, elle se sentit rougir légèrement sous son regard.

"Tu es très jolie ce soir Emma."

"Merci Papa."

Elle commençait à appréhender pour une raison qui lui échappait, elle n'avait rien à craindre, personne ne savait rien et personne ne saurait rien. Elle qui d'ordinaire aimait ce genre de réception. Elle aimait voir les jolies robes et les bijoux luxueux que les nobles portaient. Elle aimait voir les danses et les entendre les rires. Tout cela était sans doute faux mais pour une soirée, les soucis de tout le monde semblaient être oublié au profit de la soirée. Il n'y avait plus de problèmes de couple, ni de problème d'argent, plus de guerre des pouvoirs non plus. Juste une entente cordiale et une bonne ambiance générale. Et pourtant, elle redoutait les anciennes, celles aux regards acérés qui se faisaient un plaisir de vous critiquer. La diligence finit par se stopper devant le riche manoir des Nimbus de Pompadour. Son regard s'arrêta sur chaque détail et elle ne put que s'émerveiller devant tant de richesse.

Des elfes vinrent chercher leurs capes et ils purent entrer dans la somptueuse salle de bal. Tout était richement décoré, du plafond jusqu'au sol parfaitement lustré. Elle chercha rapidement des yeux des connaissances et tomba sur Artémis. Elle reconnu Aloïs ainsi que ses cousines Aemilia etCaecilia dans un coin avec Rosaleen Lestrange. L'ancienne fiancée de Théo. Elle chercha le jeune homme du regard et l'aperçut en compagnie du professeur Adamson. Elle accompagna silencieusement ses parents alors qu'ils allaient saluer leurs hôtes, elle même fit une révérence comme le voulait l'étiquette et complimenta Clarissa Nimbus de Pompadour qui comme toujours était rayonnante. Puis, ils prirent congés. Chacun dans leur coin, sa mère partit saluer Aurora Nott alors que la jeune fille restait un instant auprès de son père quand ils se firent accoster par Adonis Greengrass.

Elle sentit ses joues s'empourprer alors que ce dernier la complimentait sur sa beauté qu'elle trouvait pourtant inexistante. Elle sentit néanmoins son père se raidir à ses côtés et elle s'étonna du regard noir qu'il jeta au jeune homme alors qu'il s'éloignait en direction de Rosaleen Lestrange. Son cœur se serra légèrement. Tous les hommes allaient naturellement vers Rosaleen, elle semblait tellement dans son élément et elle était si jolie, si parfaite. La voix de son père la tira cependant de ses rêveries pour lui annoncer qu'il allait saluer quelques connaissances. Emma hocha la tête et se retrouva soudain toute seule quand elle sentit une main se poser sur son bras. Elle se retourna et esquissa par automatisme une révérence avant de se rendre compte qu'elle faisait face à Dave. Ses joues s'empourprèrent de gêne alors qu'un léger sourire se dessinait sur ses lèvres.

"Dave, je suis heureuse de te voir."

Son contentement fut à son comble quand le jeune homme avoua être heureux de l'avoir trouvé et de pouvoir passer un peu de temps avec lui. Ses joues prirent une teinte écrevisse lorsqu'il ajouta qu'elle était très jolie. Ils discutèrent longtemps ensemble avant que son regard ne tombe à nouveau sur Aloïs, Artémis et cette fois-ci également sur Jordan et Joy. Dave aperçut son regard et lui proposa de rejoindre les autres. Elle se dirigea donc vers ses cousins et Jordan en compagnie de son ami ou peut-être plus, elle ne savait pas trop encore ce qu'il en était en réalité.

"Bonsoir Artémis, Aloysius, Joy et Jordan. Elle se tourna vers le préfet en chef et sourit légèrement. C'est une très belle fête, puis elle se tourna vers Artémis. Tu es très jolie ce soir Artémis, tu ne trouves pas Aloïs ? Tu es également très élégante Joy, comme toujours."

Son sourire s'agrandit légèrement alors qu'elle posait son regard sur son cousin tout en écoutant Dave saluer à son tour. Elle sentait qu'elle ne se lasserait jamais d'être aux côtés de Dave Marchebank. Il n'était pas très beau mais il avait le mérite d'être très gentil et très attentionné, du moins avec elle. La soirée ne pouvait pas mal se passer finalement. Elle avait évité Helen Harris jusqu'à présent et se trouvait en présence de personne qu'elle appréciait. L'inverse n'était peut-être pas réciproque mais pour l'instant elle n'avait pas envie de se poser la question.


[Nouvel an NDP] Sang-purs et sang reproches 191118053139290773

Merci Nora ♥
Diana A. Lena Swan
Diana A. Lena SwanSeptième année
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[Nouvel an NDP] Sang-purs et sang reproches Icon_minitimeDim 19 Jan 2014 - 18:57
« Si Mademoiselle voulait bien se tourner afin que je puisse terminer de lui nouer sa robe... »

Diana poussa un long soupir et se décala légèrement.

« As-tu bientôt fini, Kelly ? Papa et Maman me tueraient si nous arrivions en retard par ma faute, tu le sais. »

Concentrée, la domestique ne répondit pas immédiatement. Ce ne fut qu'au bout de plusieurs secondes qu'elle recula enfin, admirant la silhouette de la jeune sorcière nappée dans une soie d'un blanc diaphane avec un sourire appréciateur.

« Si je peux me permettre, Mademoiselle est ravissante, ainsi. Vous avez eu raison de tenir à attacher vos cheveux de cette manière, malgré mes premières réserves. Cela met admirablement en valeur les courbes de votre visage. Et ces diamants – ils appartenaient à votre grand-mère, n'est-ce pas ? – sont tout simplement magnifiques. »

La jeune fille s'observa dans l'immense miroir qui lui faisait face d'un regard absent avant de faire la moue.

« J'aurais préféré mettre l'autre robe, mais Maman a trouvé qu'elle était... Quel mot a-t-elle employé, déjà ? Ah, oui. Pas assez habillée. »

Elle leva les yeux au ciel tandis que Kelly hochait vivement la tête :

« Et je crois que votre mère a eu raison, Mademoiselle. La soirée des Nimbus de Pompadour est d'une importance extrême, aussi bien pour vous que pour vos parents. Elle réunit tous les sorciers riches et influents de Grande-Bretagne et... Elle s'interrompit en interceptant le regard ironique de la jeune femme et se corrigea en s'empourprant légèrement : Et je suis persuadée que vous auriez pu attraper froid si vous étiez sortie aussi peu couverte. »

Diana soupira de nouveau avant de se détourner de la glace.

« Tu peux aller dire à Papa et Maman que j'arrive dans quelques minutes. »

La domestique quitta aussitôt la chambre, prenant soin de refermer silencieusement la porte derrière elle, et la Gryffondor se laissa tomber sur son lit. Robe ? Fait. Chaussures ? Fait. Coiffure ? Fait. Maquillage ? Fait. Parfum ? Elle tendit le bras pour se saisir au hasard de l'une des innombrables fioles qui ornaient sa table de nuit et, tout en en déposant une discrète goutte au creux de son cou, esquissa un sourire. Rose et jasmin. Bon choix. Elle reboucha le flacon, le reposa parmi les autres et se leva lentement, reprenant sa liste mentale. Parfum ? Fait. Bijoux ? Fait. Un dernier coup d'œil au miroir la rassura et elle se renvoya un sourire éclatant. Elle pouvait à présent descendre.

Ses parents l'attendaient dans le hall d'entrée et, si sa mère la salua d'une mimique approbatrice, son père avait essentiellement l'air passablement agacé.

« Enfin prête ? »
« Tu es superbe, ma chérie. »

Les deux répliques se télescopèrent mais Diana n'en tint aucun compte. Ma chérie. Les fois où l'un de ses parents lui avait adressé ces mots devaient pouvoir se compter sur les doigts d'une main. S'installa un silence un peu gêné que son père finit par décider de rompre :

« La calèche attend dans la cour. »

Diana emboîta le pas à ses parents et monta à leur suite dans le véhicule envoyé par les Nimbus de Pompadour. Une fois la portière refermée, les pégases se mirent en mouvement un à un et la sorcière ferma les paupières, se sentant soudain incroyablement lasse. Ce n'était pas qu'elle fût mécontente de cette fête organisée chez les Nimbus de Pompadour à laquelle sa famille était conviée, comme chaque année. Cependant, elle ne pouvait s'empêcher de sentir poindre un sentiment de frustration dans son cœur à la pensée que, dès le lendemain, elle serait de retour à Poudlard. Ses parents avaient beau être prétendument débordés de travail, ils trouvaient tout de même assez de temps pour participer à ce réveillon. Et, par-dessus tout, ils avaient décidé qu'elle-même en ferait partie, alors qu'ils avaient résolu de lui faire passer le reste de ses vacances à l'école de sorcellerie ! Certes, elle était heureuse de ce bref interlude mais, à choisir, elle aurait préféré se rendre à une soirée organisée entre amis plutôt qu'à cette gigantesque réunion de presque-famille qui promettait d'être mortellement ennuyeuse si l'un d'entre eux ne trouvait pas au cours de la fête une idée un tant soit peu amusante. La jeune femme rouvrit les yeux, laissant son regard errer à travers la fenêtre. Que pouvaient bien faire les élèves restés à Poudlard, à cette heure-ci ? Elle était en train d'essayer de s'imaginer la décoration de la Grande Salle et la composition du menu du réveillon quand une exclamation étouffée la tira de ses pensées. Sa mère, assise à ses côtés, observait fixement ses mains, une expression de stupeur horrifiée inscrite sur le visage.

« Diana... Elle releva la tête et ses yeux arrondis par la stupéfaction firent place à un regard sévère qui exprimait toute la désolation et la déception du monde. Tu as oublié tes gants ! »

La jeune fille ne baissa pas les yeux. Avec l'expérience, elle aussi avait fini par devenir une professionnelle des regards-qui-tuent.

« Mes doigts ne sont donc pas assez élégants pour être montrés ? »

Allison Taylor Swan soupira.

« Là n'est évidemment pas la question, mais tu sais très bien que... »

Au même instant, la calèche ralentit et Diana se redressa aussitôt, trop heureuse d'échapper à une énième leçon de maintien et de savoir-faire. Se tenir droite, sourire, ne pas mettre les coudes sur la table – elle avait amplement passé l'âge des recommandations concernant sa conduite dans ce genre de réceptions. Sans attendre de réaction de la part de sa mère, elle posa pied à à terre. Les jardins des Nimbus de Pompadour étaient somptueux, comme à leur habitude, mais elle ne leur accorda pas grande attention. Ce faisant, ses parents étaient descendus à leur tour et elle leur donna le bras pour remonter l'allée qui menait jusqu'à la demeure des maîtres des lieux. À sa droite, Allan Barny Swan, ayant recouvré toute sa jovialité, se déplaçait avec la posture à la fois solennelle et décontractée qui le caractérisait. À sa gauche, son épouse arborait un sourire presque aussi étincelant que ses boucles d'oreille, et seul un observateur averti ou une connaissance proche aurait pu deviner la tension qui résidait dans son maintien et sa démarche.

Lorsqu'ils pénétrèrent dans le grand hall, la Gryffondor remarqua à peine les elfes de maison qui accoururent afin de les débarrasser de leur cape. Elle connaissait la salle, d'une blancheur presque aveuglante, mais la foule qui s'y pressait déjà l'étonna. Lâchant les bras de ses parents, elle répondit aux salutations de certains invités par des sourires ou des hochements de tête avant de plonger dans une profonde révérence en apercevant Lawrence et Clarissa Nimbus de Pompadour qui se dirigeaient vers eux.

« Votre domaine est sublime, assura-t-elle en leur adressant son plus large sourire. Cette réception promet d'être merveilleuse. »

Et, soudain, elle le pensait vraiment. Alors que son père engageait la conversation avec un couple qui travaillait au Ministère et que sa mère se répandait en compliment sur la beauté des lieux, Diana continua sa route. Elle ne savait pas exactement où elle comptait aller mais, tout en slalomant entre les invités, elle songea qu'elle finirait bien par rencontrer des personnes de son âge parmi la foule des convives. Malheureusement, le buffet n'était pas encore servi et, si la jeune fille se sentait parfaitement à son aise, elle n'aurait rien eu contre une flûte ou deux de champagne. Enfin, son attention fut attirée par un petit groupe qui s'était formé un peu à l'écart, et elle esquissa un sourire en reconnaissant Jordan, Aloysius, Artémis, Joy et Emma en compagnie d'un jeune homme qu'elle connaissait de vue mais sur le visage duquel elle ne parvint tout d'abord pas à remettre de nom. Elle les rejoignit péniblement, mais ne put retenir un nouveau sourire resplendissant en parvenant à leur hauteur.

« Bonsoir à... Elle hésita mais décida qu'il y avait trop de prénoms, aussi prit-elle la résolution d'écourter la salutation. … à tous. Vous êtes vraiment splendides. En fait, tout est splendide, ici, corrigea-t-elle en riant légèrement. »


Peut-être le réveillon serait-il intéressant, finalement.



[Je poste donc... Si quoique ce soit gêne, j'édite évidemment sans souci  [Nouvel an NDP] Sang-purs et sang reproches 1296131409 ]


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[Nouvel an NDP] Sang-purs et sang reproches Icon_minitimeDim 19 Jan 2014 - 23:53
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Caecilia Selwyn - 20 ans

Elle attrape à la suite de son amie une coupe de champagne, en boit une gorgée sans vraiment y penser. Les yeux légèrement dans le vague, elle se concentre sur la voix de son amie, qui lui explique le contenu de son prochain devoir de métamorphose.
Elles se ressemblent, Caecilia et Rosie. Mais pour tous ceux qui ne les connaissent pas, cette similarité n'est pas visible.
Caecilia se sait jolie. Elle met toujours un point d'honneur à paraître parfaite. Des cheveux sombres, toujours coiffés d'une manière qui met en valeur sa peau pâle, ses yeux sombres. Un maquillage qui fait ressortir ses yeux. Une robe longue, mettant en valeur sa taille fine. Elle l'a étudié, cette tenue, la choisissant parmi tant d'autres, parce qu'elle sait les réactions qu'auront les autres à sa vie. Elle sait qu'elle correspond aux canons de beauté, qu'elle a des atouts certains dans son apparence et dans ses regards. C'est ce que sa mère, puis sa grand-mère lui ont toujours répété: dans leur société, un joli minois est souvent plus important qu'une grande intelligence. Alors Caecilia s'est toujours exécutée, prêtant attention jusque dans les moindres détails à sa tenue, à son maintien, puis à ceux de son frère et de sa sœur.
Rosie, elle, est blonde et rose, et Caecilia est bien consciente que pour beaucoup, son amie est bien plus attirante qu'elle. Objectivement, elles n'ont rien de plus ou de moins l'une que l'autre. Mais, pour une raison qui lui a toujours paru étrange, le sourire, les jolis gestes, les rires et la spontanéité de son amie lui ont toujours attiré la sympathie des autres.
Caecilia est aussi froide que Rosie est sociable, c'est un fait admis.

Mais dans leurs idées, traditionnelles dans leur côté le plus pur, mais progressiste dans leur côté féministe, elles ont toujours été très proches.
Rosie est à Lycaon, elle est au département des mystères. Ce qui, vingt ans plus tôt, était encore considéré comme complètement aberrant. Le scandale autour d'Elizabeth Ann Jones en était une preuve éclatante. Et même si cela n'est toujours pas forcément accepté partout, Rosie et Cilia en sont l'exemple parfait. Caecilia ne peut pas imaginer sa vie sans son travail, et elle imagine bien qu'il en est de même pour son amie.

Elle répond à son amie, argumente, débat, ravie de cet échange intellectuel. La métamorphse n'est en rien son sujet de prédilection et, même à Poudlard, elle était toujours classée après la jeune Lestrange. La métamorphose, même si cela l'intéressait, n'avait jamais réussi à éveiller en elle le même sentiment d'excitement que les runes, l'histoire de la magie, les sortilèges… Mais elle en gardait tout de même d'excellentes bases, et de très loin suffisantes pour alimenter une conversation sur la question.
Ces échanges lui manquent, la plupart du temps. Jamais Caecilia n'a rencontré qui que ce soit qui soit capable de parler avec elle sur plusieurs sujets différents sans étaler son entière incompétence à la face du monde. Elle fait des efforts, se concentre sur certains éléments, mais l'incapacité des gens à s'intéresser à tout la laisse toujours perplexe.

Elle ne les a jamais compris, de toute manière. Que ce soit dans leur manière de se comporter, dans leurs échanges, dans leurs intérêts intellectuels… Elle est capable de parler des heures durant de l'évolution des sortilèges d'attaque au cours du temps, des limites de la loi de Graup sur la métamorphose élémentaire, des dernières découvertes en médicomagie cellulaire… Mais jamais Caecilia n'a réellement été capable de comprendre comment fonctionnait ses interlocuteurs. Elle parle la même langue, posséde la même culture, mais… souvent, elle a l'impression de vivre dans un monde totalement différent.

Elle repose son verre sur le plateau d'un elfe qui passe à côté d'elle, réfute lentement l'argument de son amie en s'appuyant sur une des conséquences des exceptions à la loi de Gaup sur la métamorphose élémentaire. La métamorphose est logique, la science, la magie, tout cela est logique. Pourquoi est-ce que les gens ne peuvent l'être également, ça a toujours été un immense mystère.

Caecilia sait qu'elles pourraient continuer à parler des heures durant sur ce sujet-là, passionnée comme l'est Rosie, et ravie qu'elle est d'avoir une discussion comme celle-là. Mais elle sait que cela ne peut pas durer, dans une réception comme celles-ci. Deux jeunes femmes seules, non-fiancées, c'était prévisible. Alors, lorsqu'Adonis Greengrass s'approche d'elle, Caecilia quitte à regret la conversation et s'incline dans une révérence parfaitement maîtrisée devant le jeune homme.

" C'est un plaisir pour moi également, Mr Greengrass. "

Elle note l'utilisation du prénom, elle note le regard prononcé du jeune homme sur son amie, qui s'attarde bien plus longtemps que nécessaire sur elle, sur sa tenue. Le sourire qui s'agrandit, le regard qui se plonge dans le sien. Elle se fige quelques secondes, jette un regard éloquent vers son amie. Elle ne sait pas comment elle fait pour supporter cela sans rien dire, avec un joli sourire, des jolis mots tandis qu'ils évoquent courtoisement la rupture de ses fiançailles. Elle ne peut pas ne pas en être consciente, c'est impossible. Caecilia sait que le mariage est nécessaire, dans leur milieu. Aucune des jeunes filles de la Haute ne peut se permettre réellement de ne pas se marier, même si elle sait, aux mots couverts de son père, que c'est plus sur Aemilia qu'il compte pour faire un beau mariage.
Mais ces regards, même s'ils ne lui sont pas adressés, la mettent mal à l'aise. Ils relèguent une femme intelligente au rang de poupée souriante, simplement définie par son joli visage et sa conversation agréable.
Elle reste néanmoins silencieuse, parfaitement droite, réprimant les répliques acides qui lui viennent à la bouche. Elle qui a plutôt tendance à assumer ses opinions et ses prises de positions ne préfère pas s'immiscer dans une discussion où elle n'a pas sa place. Elle n'est pas comme Rosie, qui sait toujours trouver la réponse, elle le sait. Elle se réfugie derrière ses connaissances, ses opinions, ne laisse personne l'attendre ou lui dicter ses choix de vie. Rosie est la jeune fille de bonne famille parfaite, capable de faire la conversation, de charmer, de se faire apprécier simplement par ses paroles. Caecilia est consciente qu'elle a plus l'habitude de faire fuir les autres par ses opinions assumées et son intelligence. Est-ce sa faute, si la plupart des gens sont trop bêtes pour la comprendre?

Mais leur discussion n'alla pas plus loin, lorsqu'ils furent rejoints par Margot Adamson et Leopold Marchebank. Si la présence de la première la surprit, celle-ci est de courte durée. C'est logique, après tout, elle est de Sang-Pur, et la seule représentante des Adamson sur le sol anglais. De plus, elle vient d'être élue directrice de Poudlard, elle ne peut pas se permettre de manquer la réception. Caecilia ne se rappelle même pas avoir croisé l'enseignante à une réception auparavant, alors que cela fait de nombreuses années qu'elle s'y rend, introduite en société très tôt par sa grand-mère.
Caecilia apprécie beaucoup l'enseignante, qu'elle a beaucoup admiré plus jeune pour l'ampleur de sa connaissance et la qualité de ses cours, qu'elle a suivi de la première à la septième année, avant d'obtenir ses ASPIC de haut vol.
A côté, Léopold Marchebank. Elle le voit relativement souvent, dès que son père décide d'inviter chez eux quelques collègues de travail. Dans ces moments-là, c'est à elle que reviens la tâche de tout superviser, quand bien même elle aussi travaille. Mais elle se sait chanceuse, car elle connaît peu de pères de la Haute qui la laisserait rester, discuter, mettre en avant ses opinions, quand bien même elles diffèreraient radicalement des siennes.
Mais elle a une désagréable impression de déjà-vu en le regardant. Lui aussi, il dévisage sans vergogne son amie, laissant son regard glisser sur sa tenue, sur sa beauté, sur son sourire. Rosie est belle, elle le sait, mais Caecilia ne comprend pas comment elle peut continuer à sourire, à rire en sentant le regard des autres sur elle. S'en rend-elle compte? Caecilia en doute.
Après avoir fait une révérence respectueuse envers les deux nouveaux venus, elle reprend le bras de son amie, qu'elle sert sans vraiment s'en rendre compte. Et sous ses doigts, elle sent les muscles se tendre, le pouls s'emballer légèrement, comme si elle ne savait pas comment réagir. Néanmoins, elle s'en sort par des jolis mots, et Caecilia darde son regard noir vers l'homme.

" On ne vit qu'une seul fois, monsieur Marchebank, il vaut donc mieux être sûr de ses choix, surtout quand on est jeunes. N'en avez-vous jamais fait que vous regrettiez? "

Elle connait les rumeurs qui courent au ministère sur un possible divorce entre les époux Marchebank. Elle connait le personnage, son irrévérence, sa décomplexion. Certain voient ça comme une forme de modernité, elle le voit comme de la vulgarité, de l'irrespect. Elle ne l'a jamais réellement apprécié, cet homme, de toute manière, et elle pense qu'il doit bien s'en rendre compte.
Elle tourne son regard vers Rosie, qui commence à discuter avec Adonis Greengrass, un sourire qu'on pourrait qualifier de charmant aux lèvres. Elle sait ce qu'il se passe, ces regards entre les cils, ces phrases banales, ces sous-entendus à peine voilés. Ils la désirent tous les deux, pour sa beauté, sa gentillesse, sa douceur. Sûrement pas pour son intelligence.

" Vous travaillez toujours au service de régulation des Gobelins, Monsieur Greengrass, c'est bien cela? Je pense vous avoir croisé parfois dans les couloirs du ministère, mais je peux me tromper. "

Sauf que Caecilia ne se trompe jamais. Elle peut ne pas comprendre la manière dont les autres fonctionnent, ne pas comprendre leur intelligence réduite, ne pas comprendre les interactions entre eux. Mais il y a des signes qui ne trompent pas, et ils sont tous présents. C'est une compétition entre deux hommes pour un seul prix: Rosie.
Sa main se crispe quelques secondes, avant de se relacher, et elle discute encore quelques minutes, essayant à tout prix de changer la situation, avant d'abandonner.

" Je ne suis pas du tout du même avis que vous sur la question, Monsieur Marchebank, j'en suis désolée. Par contre… vous m'excuserez tous les trois, mais je pense que ma sœur m'appelle. Rosie, nous sommes placées côte à côte à table, je te rejoindrais plus tard. Monsieur Greengrass, monsieur Marchebank… ce fut un plaisir. "

L'ironie suintait par les mots de sa dernière phrase, mais elle s'en moquait. Elle sourit rapidement à Rosie, avant de se diriger vers sa sœur, qui discutait avec Théodore un petit peut plus loin.

" Cilia? Qu'est-ce qu'il se passe? "
" Les hommes sont des imbéciles gouvernés par leurs hormones, voilà ce qu'il se passe. "
" Je vais faire comme si je n'avais pas été là, alors. "
" Ne soit pas stupide, Théodore. Tu es de la famille, ce n'est pas pareil. "

Il soupire, habitué comme il est à ne pas vraiment comprendre sa cousine. Caecilia le regarde, soupire à son tour avant de s'excuser. Elle l'aime bien, Théodore. Il est le plus âgé des cousins Nott, celui qui a vécu la guerre et que cela a marqué. Il a toujours été l'un des plus calmes, celui vers qui elle se tournait plus petite parce qu'il était celui avec les réponses… jusqu'à ce que son niveau dépasse le sien. Maintenant, c'est avec Aemilia qu'il s'entend le mieux, partageant son côté un peu fantasque et un peu décalé, l'un des rares qu'elle considère pouvoir lui donner une explication satisfaisante. Caecilia est elle, paraît-il, trop compliquée.

" Théodore me parlait des dernières découvertes qu'il a faites au département. "

Elle hoche la tête, commence à discuter doucement, lançant de temps à autre des coups d'œil vers le petit groupe, un peu plus loin, où Rosie discute toujours avec Léopold et Adonis. Elle ne sait pas ce que cela va donner pour son amie, mais elle sait pertinemment qu'elle ne lui serait d'aucune aide. Elle serait plutôt celle qui la mettrait dans une situation difficile.
Théodore les quitte enfin, se dirige vers Susan Bones, un peu plus loin, et les deux sœurs restent seules. Elles ne se ressemblent pas, les deux Selwyn, debout l'une à côté de l'autre, mise à part dans leur maintien droit et fier. Aemilia attrape deux coupes sur un plateau qui passe, en tend une à sa sœur avant d'en boire une gorgée, le regard dans le vague.

" Cilia? "
" Oui? "
" Samaël Smith, tu vois qui c'est? Il n'a pas d'ascendant Sang-Pur, nous sommes bien d'accord? "
" Tu es censée connaître les arbres, Milia. A ton avis? Et pourquoi est-ce que tu me poses cette question? "
" Est-ce que ta grande intelligence aurait une explication pour sa présence ici, alors? Je suis sûre de l'avoir vu. "

Caecilia se tourne, ouvertement incrédule. Elle attrape le verre de sa sœur, le repose au trois quarts plein sur un plateau à côté d'elle, puis pose sa main fraîche sur le front de sa sœur.

" Plus d'alcool pour toi ce soir, Aemilia. Et estime-toi heureuse que ce ne soit pas Papa qui t'ait vu. "
" Je ne suis pas complètement irresponsable, Cilia. "
" Alors arrête de dire des bêtises. Il est impossible qu'il soit ici. L'argent rachète peut-être le sang, mais il y a des limites. On invite les Elder, les Swann. Pas les Smith, qui n'ont rien. "

Elle reporte son regard sur la foule, tandis que sa sœur hausse les épaules. Des quantités de petits groupes, des femmes en robes longues, des hommes serrés aux quatre épingles, des sourires, des hypocrites. Aucun qui n'ose réellement sortir ses opinions. Caecilia approuve ce monde, elle l'a toujours fait. La Haute Société est une partie intégrante du monde sorcier, c'est sur cette aristocratie qu'il s'est construit. Sans eux, sans leur fortune, sans leur mode de vie… ce monde n'est rien. Mais les Smith n'ont rien à y faire, et Samaël Smith n'est pas là, ce soir. C'est impossible.
Caecilia ne se trompe jamais, c'est vrai. Mais c'est Aemilia qui a toujours raison.

Elle retrouve avec plaisir Rosie au dîner, séparée des deux hommes qui lui servaient de compagnons. Ce qui n'est pas une grande perte, du point de vue de la jeune femme. Elle ne les apprécie pas, avec leur caractère machiste et égoïste. Elle ne se rend pas compte que cette impression est basée sur quelques rares rencontres, qu'elle est forcément biaisée.  Elle n'a jamais rien connu et rien compris aux relations humaines, de toute manière, on le lui a suffisamment répété.

" Tout s'est bien passé, avec tes chevaliers servants? "

Elle se moque de son ton ironique, mordant, elle se moque que les autres l'entende. Elle ne les apprécie pas, c'est tout. Et ils ne s'occupent pas d'elle, tournant autour de Rosie, donc elle ne voit absolument pas pourquoi elle devrait faire des efforts à leur égard.
Le dîner se passe, lentement. Elle jette un regard noir à sa sœur qui rit un peu trop fort, un autre inquiet à son frère qui discute à mi-voix avec une Daphnée Greengrass rayonnante, assise à sa gauche. Il a l'air fatigué, son petit frère, avec ces cernes qu'il ne sait pas cacher, sa robe sobre, son expression neutre. Mais elle ne sait quoi lui dire. C'est plus facile de parler à Aemilia, qui ne se vexe de rien, plutôt qu'à Aloïs qui se referme comme une huître dès qu'un sujet qu'il ne veut pas aborder est mis sur le tapis.

Elle continue à discuter avec Rosie, s'arrête de temps en temps pour faire la conversation à son voisin, qu'elle finit par vexer en lui démontrant que ses opinions sur l'absence d'impact de la crise économique moldue sur le monde sorcier sont complètement faussés. Elle lève les yeux au ciel, se retourne vers son amie avec un air exaspéré. A sa droite, son autre voisin rigole silencieusement dans sa serviette. Caecilia lui jette un coup d'œil, comprend à sa tenue qu'il travaille visiblement ensemble, et son rire lui indique qu'il ne l'apprécie sans doute pas beaucoup. Tant mieux pour lui, si cela lui a été un divertissement.

Après un temps interminable, le dîner s'arrête, et Caecilia prend congé de ses interlocuteurs, désireuse d'être seule quelques minutes. La soirée ne s'est pas trop mal passée pour le moment, mais elle peut sentir sur sa nuque le regard de son père, en train de discuter avec sa soeur. Elle sait qu'il espère qu'elle ferra un beau mariage, mais ils savent tous deux que c'est fort peu plausible. Pas avec sa réputation. Et parfois, ce regard lui pèse. Elle ne peut pas renoncer à son travail, à ses passions, elle le sait. Elle est comme sa mère, elle a besoin de faire quelque chose de sa vie, sans quoi elle ne devient qu'une coquille vide. Mais l'honneur familial a besoin de ces mariages. Une fille toujours célibataire? Jusqu'à vingt-cinq, trente ans, c'est encore envisageable.  Ensuite, les langues se délient, les gens commencent à jaser. Si Caecilia s'en moque, elle sait ce que cela ferrait à sa famille. Elle connait l'histoire d'Alceste Greengrass, elle connait Arthur Bones. Elle sait que si elle fait ce choix de vie, elle sera isolée, et la honte tombera sur les Selwyn et les Nott. Et cela, elle ne peut pas le permettre.

Elle fait quelques pas au milieu de la foule, regardant les robes, les visages, analysant tout ce qu'elle voit pour s'empêcher à tout prix de penser. Son regard tombe sur une robe sombre, parfaitement mise, un visage sévère, qu'elle met quelques secondes à reconnaître. Son expression, ses poings serrés, tout cela exprime une détermination sans faille, ainsi que le sentiment de n'avoir plus rien à perdre. Théo.
Celui qui a brisé pour la troisième fois les fiançailles de Rosie. Celui dont le nom a été chuchoté de nombreuses fois au court de la soirée. Celui qui a brisé le fragile équilibre que les Nott avait créé après guerre.
Les invités commencent à affluer vers le Hall, alors Caecilia s'avance, peu désireuse de le perdre de vue.

" Théo. "

L'étiquette voudrait qu'elle s'incline, qu'elle fasse la révérence. Ils sont tous les deux adultes, c'est la règle. Elle n'en fait rien. Elle reste parfaitement droite, son regard noir planté dans celui de son cousin. Rien n'a été dit, et elle sait que ce n'est pas à Rosie qu'il faut demander des explications. Elle ne l'a pas crue quand elle lui a assuré qu'elle avait été celle qui avait brisé les fiançailles, mais elle avait compris à son expression qu'elle ne lui dirait rien de plus. Mais Rosie était de ces jeunes femmes pour lesquels le mariage était plus qu'une nécessité, et Caecilia savait bien qu'elle ne les auraient jamais brisées, surtout les troisièmes.
Elle entends quelques chuchotements derrière elle, et une exclamation étouffée de sa grand-mère qui lui indique que son irrespect des convenance est proprement déplacé. Elle s'en moque.

" Tu ne penses pas que tu dois quelques explications, non? Tu ne penses pas que les Nott ont déjà suffisamment de problèmes, qu'il faut que tu en rajoutes? Et ne me dit pas que c'est Rosie qui a brisé les fiançailles, je sais que c'est faux. Je ne peux pas te laisser déshonorer la famille sans rien dire, alors explique-toi. Et j'espère pour toi que tes raisons sont bonnes. "

Elle n'a pas parlé fort, mais elle sent qu'autour d'elle les conversations se sont tues. Elle s'en moque. C'est Théo, et uniquement Théo, qui s'est mis dans cette situation-là. Elle jette un regard rapide autour d'elle, remarque le visage figé d'Aurora, la surprise de sa sœur qui a de nouveau rejoint Théodore, un petit peu plus loin. Elle reporte son regard sur son cousin, croise les bras sur sa poitrine. Le menaçant de ne pas avoir suffisamment de cran pour lui donner une réponse.

Elle sait qu'elle pose les questions que tout le monde a en tête, sans oser les poser. Elle le peux. Parce qu'elle est une Nott, parce qu'elle est sa cousine plus âgée, mais surtout parce qu'elle est Caecilia Selwyn. Et qu'elle se doute que c'était le genre de question que tout le monde s'attendait à ce qu'elle pose, sans se soucier des convenances.

Elle n'a aucune idée de la bombe qu'elle vient d'amorcer.
Azénor Reynolds
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[Nouvel an NDP] Sang-purs et sang reproches Icon_minitimeLun 20 Jan 2014 - 16:55
Chaque fois qu’elle rentrait chez elle, Azénor mettait un moment à se réadapter, sa vie à Poudlard était tellement différente de celle qu’elle avait dans sa famille. Elle devait de nouveau se plier à l’autorité parentale et ça ne se faisait pas sans quelques heurts. Son père notamment n’avait toujours pas compris que l’accueillir à la maison en la sermonnant sur son comportement trop emporté et sur ses bavardages en classe n’était pas le meilleur moyen de lui souhaiter la bienvenue. Mais malgré les petits accrochages familiaux, elle était bien chez elle et elle n’avait sans doute jamais autant apprécié d’avoir une famille nombreuse qu’en cette période de fête.

Installée dans ce qui était désormais sa chambre personnelle, Azénor se contemplait dans le miroir. Elle n’avait pas l’habitude d’être aussi apprêtée mais, réveillon des Nimbus de Pompadour obligeait, ses parents lui avaient offert une magnifique robe digne d’un conte de princesse comme ceux qu’elle aimait tant été petite. Le bustier décoré de pierres semi-précieuses la mettait étonnamment en valeur, elle qui n’appréciait pas tellement sa poitrine d’ordinaire. La finesse de sa taille était mise en avant par les volutes de tulle qui tombaient à ses pieds dans un savant plissé, lui donnant un petit côté aérien. Ses cheveux avaient été tirés dans un chignon classique afin de dégager son visage et sa nuque, sa chevelure n’était clairement pas son atout du jour. Elle en était là dans ses préparatifs lorsque Margaret entra portant le coffret à bijoux de sa mère.

« Mademoiselle, votre mère m’a chargé de vous apporter ceci, il s’agit des bijoux qu’elle a choisi pour vous. »

Elle déposa la boîte sur la coiffeuse de la jeune fille avant de se retirer.

« Je dois m’occuper de mademoiselle Destiny, je reviens vous voir tout à l’heure pour vous maquiller. »

Azénor la remercia, un goût amer dans la bouche, bien sûr, sa mère n’avait pas pu se libérer pour lui apporter ses bijoux, qui étaient pourtant un héritage Highlands sans aucun doute. Elle avait trop à faire avec les autre, Rosalyn qui cherchait un prétendant et Destiny qui faisait son entrée dans la société ce soir-là. D’un geste doux, Azénor ouvrit le coffret et ne put retenir un juron qui choquait dans la bouche d’une jeune fille si bien apprêtée. La parure était magnifique, en diamant, elle compléterait avec goût sa tenue, sa mère lui avait prêté de quoi briller de mille feux ce soir.



« Et voilà, mademoiselle, vous êtes prête, vos parents vous attendent dans l’entrée. »

Un dernier regard dans le miroir pour vérifier son maquillage, discret même s’il était bien plus complexe que celui auquel elle était habituée, et sa coiffure, aucun cheveu ne dépassait : parfait. Elle descendit les escaliers avec un sourire aux lèvres, elle s’était rarement sentie aussi jolie, aussi mise en valeur. Ses talons claquaient doucement sur l’escalier et son sourire s’agrandit en voyant sa famille amassée en bas des marches. Un peu agacé par ce genre d’événements, son père fronçait les sourcils et jeta un regard d’ensemble sur ses filles avant de demander d’un ton pressé si tout le monde était prêt. Le regard ému, Allison regarda ses filles :

« Vous êtes magnifique mes chéries, Rosalyn, tu vas attirer tous les regards sur toi, et toi, ma petite Destiny, ne t’inquiètes pas, je suis certaine que tu sauras faire bonne impression. »

Le sourire d’Azénor se fana quelque peu, malgré son sourire tendre, sa mère n’avait dit aucun mot sur sa tenue alors qu’elle se trouvait tellement différente, tellement femme. C’est un peu déçue qu’Azénor embrassa Fiona et Markus et salua Margaret :

« Mademoiselle Azénor, si je puis me permettre, vous être très en valeur ce soir. »

Le sourire doux de la vieille femme la réconforta alors qu’elle suivait ses parents vers la calèche tirée de pégases. Cette vue accentua l’impression qu’avait Azénor de vivre une histoire de princesse, une petite voix dans son cerveau lui fit remarquer qu’elle n’attendait plus que son prince, petite voix qu’elle fit taire avec agacement. Le trajet se passa calmement dans un silence troublé par quelques conversations, tout le monde tâchant de rassurer la plus jeune qui était pétrie d’appréhension. Enfin, la demeure des Nimbus de Pompadour se détacha dans le paysage et, comme chaque année, la jeune fille se sentit subjuguée par la beauté des lieux. La famille avança sur le tapis rouge chacun entrant plus ou moins consciemment dans son personnage. Azénor, elle, restait la petite fille émerveillée par le beau conte qu’on semblait lui raconter. Le retour à la réalité fut brutal.

Saluer les hôtes était un exercice de style assez délicat et Azénor n’était jamais très à l’aise lors des conversations mondaines, elle avait toujours peur de faire une faute, le souvenir d’Ingrid, sa grand-mère Highlands, la réprimandant l’effrayait toujours autant. D’ailleurs, elle dût très rapidement aller saluer la matriarche, ainsi qu’un certain nombre de ses parents éloignés. Lorsqu’elle en eut fini avec les mondanités d’usage, Azénor se trouva fort esseulée. Mal-à-l’aise, elle observait le monde tourbillonnant autour d’elle, ne sachant y trouver sa place. Ici, Rosalyn Lestrange se faisait courtiser par deux hommes ; là-bas, madame Harris pratiquait son sport favori : critiquer le monde l’entourant. Les sentiments qu’elle avait eu en quittant la demeure familiale avaient totalement disparus, elle avait de nouveau l’impression d’être une petite fille perdue dans un monde d’adulte, une petite fille dont la belle robe n’était finalement pas si extraordinaire et qui disparaissait parmi la foule de dames bien apprêtées. Ce monde lui était à la fois familier et étranger, elle participait régulièrement à ce genre de réunions mais celles-ci lui paraissaient tellement éloignées de la vie réelle qu’elle avait du mal à se faire sa place et puis, est-ce qu’on attendait réellement d’elle qu’elle s’immisce dans l’ordre établi ou ne valait-il pas mieux qu’elle se fonde dans la masse pour quelques temps encore ?

Soudain, elle aperçut une silhouette familière. Entourée de soie blanche, Diana fendait la foule dans une direction inconnue d’Azénor. La présence de sa meilleure amie ce soir était une excellente nouvelle qui lui remonta le moral, elle ne pensait pas la voir ici cette année puisqu’elle était sensée rester à Poudlard, la surprise ne la réjouit que plus. Se glissant avec habilité parmi les vieilles dames poudrées, Azénor parvint enfin à s’approcher de son amie qui s’était arrêtée quelques mètres plus loin. C’est là qu’Azénor les aperçut, tout un groupe d’élèves de Poudlard parmi lesquels Joy, sa cousine. Elle n’hésita que quelques instants avant de se joindre à eux.

« Diana ! Joy ! Comment allez-vous ? Jordan, la réception est délicieuse, ta famille s’est vraiment surpassée cette année. Artémis. Aloysius. Emma. »

Elle n’appréciait guère le préfet-en-chef qu’elle trouvait trop prétentieux et surtout trop pointilleux avec le règlement mais elle se devait de le saluer dans les règles de l’art puisqu’il était son hôte. Quant à Emma Blackbonnes, Artémis Nott ou Aloysius Selwyn, elle ne les connaissait que de vue et n’avait pas grand chose à leur dire. Entre eux, la discussion était plus détendue et le temps fila bien plus rapidement qu’Azénor ne s’y attendait. Jordan et Joy finirent par s’éclipser et quelques temps après, le repas fut annoncé. C’est avec soulagement qu’Azénor constata qu’elle était placée sur la table que Diana. Un coup d’œil lui apprit que Destiny était installée auprès d’Arielle ce qui finit de la rassurer, sa grande sœur saurait prendre soin de la plus jeune et la guider dans l’exercice délicat de la conversation, elle était celle qui le maîtrisait le mieux, Rosalyn ayant tendance à s’emporter lorsque le sujet ne lui déplaisait. Elle se reconcentra sur sa table alors qu’on l’interpellait.


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[Nouvel an NDP] Sang-purs et sang reproches Icon_minitimeMer 22 Jan 2014 - 14:44
Tout près de l'une des six sorties du hall, Joy se pencha légèrement sur le côté pour tenter d'apercevoir la salle dans laquelle le repas aurait lieu. Elle n'entrevit qu'un morceau de boiserie et lorsqu'elle retourna la tête, un jeune homme se tenait en face d'elle. Si sa retenue l'empêcha de sursauter, elle n'en eut pas moins un coup au cœur : elle ne s'attendait pas à être abordée, encore moins par Jordan qui lui avait semblé en bonne compagnie la dernière fois qu'elle l'avait vu. Le petit choc que venait de provoquer cette apparition soudaine fut aussitôt remplacé par un fugace sentiment de nervosité. C'était plutôt ironique de s'entendre appeler Miss par une personne de son âge... Jordan lui prit la main pour la porter à ses lèvres et lui demanda ensuite d'être sa cavalière pour le restant de la soirée. L'humour qui perçait dans sa proposition était assez représentatif de l'esprit dans lequel les jeunes privilégiés participaient aux évènements mondains : en respectant les convenances et les traditions, aussi archaïques fussent-elles, avec une légère touche d'auto-dérision.

« J'accepte avec grand plaisir », répondit-elle sur un ton similaire au sien tout en passant sa main sous son bras.

À l'instant où Jordan lui demandait comment s'étaient déroulées ses vacances, Joy capta l'expression approbatrice de son père qui, en pleine discussion à quelques mètres de là, était probablement ravi de la voir en compagnie d'un Nimbus de Pompadour – un honneur qui ne se refusait pas ! Elle évita de croiser son regard et se retint de lever les yeux au ciel : elle n'avait pas choisi de passer le Nouvel An aux côtés du meilleur parti du moment, de l'héritier de l'entreprise ou du fils de leurs hôtes, mais simplement de le passer avec Jordan. En revanche, elle doutait que Philip Highlands, lui, fît crédit de la différence. Serpentard avant tout, il ne voyait pas plus qu'un plan machiavélique derrière le principe même d'avoir des relations. Pour lui, chaque conversation était une méthode d'approche et chaque lien, une alliance. Plus l'individu était de qualité, plus le prestige était grand. Or, si Joy restait sur ses gardes, elle espérait que sa vision du grand monde n'était pas aussi froide que celle de son père. En cet instant, il la fixait encore d'une façon insupportable. Afin de s'y soustraire, Joy entreprit de répondre à Jordan.

« Honnêtement, cette dernière semaine a été un peu étouffante, résuma-t-elle. Il faut dire que je ne suis pas beaucoup sortie. »

En réalité, elle n'avait quasiment pas quitté le manoir familial. Voilà comment elle avait passé ses vacances : seule, recluse dans sa grande chambre vide. Elle fuyait ses parents autant que possible. La pression continuelle que leur présence générait chez elle avait lieu de lui mettre les nerfs à vif. Alors elle esquivait, prenant sur elle la plupart du temps, s'autorisant seulement à respirer lorsqu'ils s'absentaient. À errer en solitaire dans sa maison morte, Joy s'interrogeait : comment ses camarades de Poudlard profitaient-ils de leurs deux semaines de congé ? Noël en famille, sorties entre amis, leur programme n'était pas bien compliqué à s'imaginer et en comparaison, le sien lui paraissait bien affligeant... seulement si elle en excluait Juliet, unique connaissance rencontrée en cette période de fêtes. Et qui, à présent, discutait avec son ami Théo Nott. Quant à la petite sœur de ce dernier, elle avait déjà rejoint le jeune Selwyn. Jordan et Joy parvinrent à leur hauteur avant qu'elle ne pût lui retourner sa question. Sans s'embarrasser de tournures lourdes et précieuses, elle se contenta d'une modeste salutation :

« Aloysius, Artémis... »

Aussitôt, Jordan les informa qu'un salon avait été aménagé à l'intention des jeunes, échappatoire à la surveillance des adultes disponible à partir de onze heures. Dans le manoir des Nimbus de Pompadour, même les réunions officieuses étaient méticuleusement orchestrées. L'invitation avait des sonorités de jeu de piste : « cherchez le salon rouge », un meurtre y a été commis ! Joy n'avait que peu de doutes sur ce que Jordan nommait « un intermède plus calme ». Ils furent interrompus par l'arrivée de la petite Blackbonnes, fort à son avantage dans sa robe de velours. Sa timidité ne leurrait pourtant personne, ce qui amena Joy à se dire qu'entre Emma, Artémis, Aloysius et elle, Jordan aurait besoin de déployer des montagnes de sociabilité pour alimenter un semblant de dialogue entre eux... Contre toute attente, la nouvelle venue avait laissé ses craintes de côté. Joy ne s'étonna pas de la voir mettre les formes. Les rares fois où elle avait eu l'occasion de le constater, les gens étaient différents en société. Sa mère en était l'exemple flagrant : lors d'une réception comme celle-ci, elle prononçait plus de mots qu'elle n'en lâchait à Joy sur une année entière.

« C'est gentil Emma, la remercia-t-elle avec un sourire furtif. Tu es toi aussi tout à fait charmante. »

Toute de soie et de diamants, Diana Swan pénétra à son tour dans le cercle. Joy posa sur elle deux prunelles circonspectes. Cheveux presque blancs, peau pâle, visage ovale. Sourire éclatant et voix assurée : le genre de fille qui réfléchissait la lumière. Plutôt populaire à Poudlard, mais Joy ne se fiait ni à l'apparence, ni à la réputation de chacun ; le seul défaut qu'elle lui connaissait était donc celui d'être amie avec Azénor. Tiens, en parlant du sinistros... cette voix... non, elle avait juste mentionné mentalement son prénom et il fallait que sa cousine le prît comme une invocation ? Azénor se joignit effectivement à eux avec force exclamations inutiles. Dire qu'elle venait de se concrétiser par la simple force de sa pensée, c'était ballot...  Après s'être demandé quel tort elle avait bien pu faire à Merlin, Joy tenta de calculer le temps qu'il lui restait avant de mourir de honte. Rien ne pouvait être plus en opposition qu'Azénor avec l'aristocratie. Elle parlait fort, disait ce qu'elle pensait, faisait preuve d'un sans-gène incomparable. Et elle suivait Joy jusqu'ici pour l'achever.

« Diana, je suis enchantée. Et Azénor, quelle agréable surprise de te voir ici ! » lui répondit-elle dans ce qui fut l'une des plus grandes manifestations de son hypocrisie.

La jeune fille ressentit brusquement l'envie de fuir. De disparaître. D'arrêter de retenir sa respiration. La venue de sa cousine lui avait rappelé son identité. Elle n'était plus un automate, elle était Joy. Elle visualisa son image entourée de jeunes gens bien habillés, de leurs sourires et de leurs compliments, et la trouva absurde. L'oppressante sensation d'être en décalage avait resurgi comme pour lui rappeler qu'elle n'avait pas sa place ici. À Poudlard, au Manoir, où qu'elle fût, elle ne se sentait pas à l'aise, ou bien elle le pensait un certain temps mais jamais cela ne durait. Seuls les airs lui donnaient l'impression constante et totale d'être entière. Mais là, Joy ne savait plus où se mettre au sens propre du terme. Pour éviter de rentrer les épaules, elle se concentra sur des détails. Le pendentif en forme de phœnix qui pendait au bout d'une fine chaîne autour du cou d'Emma Blackbonnes... Présent ? Héritage familial ? Les cernes d'Aloysius Selwyn... Fatigue ? Maladie ? Joy n'ignorait pas qu'il avait des soucis de santé mais quels étaient-ils, elle n'en savait rien. Son observation fut rompue par la main qui se posa sur son épaule.

« Oui ? »

Une demi-heure plus tard, Joy s'asseyait à table, le sourire aux lèvres. Elle n'était pas trop mal placée, loin de ses parents. Du début à la fin du dîner, elle fit tourner son verre entre ses doigts, feignant d'être absorbée par son contenu. En réalité, elle profitait de l'avantage que lui conférait son âge de ne susciter aucun intérêt chez ses compagnons de tablée pour écouter et observer en toute discrétion. La conversation de Mira Greengrass et Gordon Bulstrode ne lui apprenait rien, aussi se mit-elle à les épier. Une fausse toux censée masquer un trouble et un échange de regards suspicieux ne lui échappèrent pas. Elle étendit le sien sur l'ensemble de la salle. À la table voisine, Rosalyn Reynolds, cousine au second degré, s'enflammait au sujet du droit des femmes à faire carrière. Plus loin, Annie Highlands discutait avec l'épouse du patron de son mari et Joy ne put retenir un rictus amer et moqueur. À une autre table, Caecilia Selwyn dégageait un charme froid et envoûtant avec ses yeux sombres et ses sourcils bien dessinés, mais Joy était convaincue qu'il y avait bien plus intéressant à propos de cette jeune femme-là.  Et partout, des murmures, des mots qui se répétaient : « illégitime », « fiançailles »...
Théo Nott
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[Nouvel an NDP] Sang-purs et sang reproches Icon_minitimeSam 25 Jan 2014 - 15:20
Théo échangea un dernier regard avec Sam puis se faufila dans la foule. Le jeune homme avança sans but dans la somptueuse salle de réception, sa conversation avec Sam toute entière présente dans son esprit. Il n'arrivait pas encore à réaliser ce qui venait de se passer. Cela ne lui semblait pas réel, pas plus que ne lui semblait réelle la situation dans laquelle il se trouvait à présent. Il pouvait sentir son pouls augmenter sensiblement à chaque fois que quelqu'un le saluait ou s'adressait à lui, tant il avait peur que le moment soit déjà là. Il n'était pas prêt, il ne le serait jamais. Quand était-on prêt à décevoir sa famille ? Et pour quoi ? Pour quelqu'un qui l'avait parfois déçu, qui le décevrait probablement encore ? Pour des relations qui ne lui permettraient jamais d'obtenir le statut social, la réputation et la famille stable dont il avait toujours rêvé ? Par Merlin, que faisait-il là, pourquoi s'imposait-il cela ? Pouvait-il réellement apporter la honte sur le nom de Nott, sur Artémis, sur sa mère, leurs cousins, leurs grands-parents ? Et son père, avait-il réellement connu la guerre, avait-il sacrifié sa vie en prison pour que Théo puisse batifoler avec un autre homme, au mépris de son entourage ?  

Son regard se posa sur Sam, un peu plus loin, et il se força à retrouver son calme. Il pensait n'importe quoi, sous l'effet de la panique. Ce n'était pas lui qui était dans l'erreur, c'était leur société, leur époque. Sam et lui ne faisaient rien de mal, bien au contraire, et Théo n'avait pas à sacrifier son bonheur pour permettre à sa famille de sauver sa réputation auprès de personnes à l'esprit étriqué. Après tout, si lui avait pu changer d'avis, n'importe qui le pouvait. Même Mamie Harris. Bon, il n'irait pas jusqu'à étendre ce principe à Edmund Harris, qui était probablement la personne la plus coincée que Théo connaisse, mais cela n'avait pas grande importance. Il ne leur demanderait pas leur avis, à aucun d'entre eux. Il ne reviendrait pas sur le "droit chemin", et ne quitterait pas le pays, comme d'autres avant lui.  Il assumerait, quel qu'en soit le prix, et se contenterait de tenter de sauver sa relation avec les personnes qui comptaient pour lui. Elles n'étaient de toute façon pas si nombreuses...

L'une d'entre elles vint justement se poster devant lui, pour exécuter une révérence ironique. Théo pouffa nerveusement et captura la main de Juliet pour le baisemain réglementaire, avant de se redresser.

"Miss Wilson, vous êtes ravissante, comme toujours", répondit-il sur le même ton amusé. Elle s'enquit de sa soirée et il baissa d'un ton pour répondre : "Cette soirée me donne des crampes d'estomac, mais elle est curieusement bonne, jusqu'à présent..."

Théo se rapprocha un peu plus de Juliet et lui glissa à l'oreille :

"Si je survis à cette soirée... Me feras-tu l'honneur d'être mon témoin ? Sachant qu'il faudra probablement aller jusqu'en Belgique pour cela..."

Il s'écarta, un sourire malicieux aux lèvres, légèrement anxieux de voir sa réaction. Il n'avait pas eu besoin de réfléchir une seule seconde à la personne qu'il voulait auprès de lui pour se marier. Ulrich avait été son témoin factice pour ses fiançailles avec Rosaleen, mais il représentait trop à ses yeux le monde qu'il quittait pour que Théo renouvelle sa demande. Non, Juliet était la personne parfaite, celle qu'il était venu à considérer comme sa meilleure amie, en qui il avait confiance et qu'il admirait profondément. Elle pouvait comprendre la haute société, mais elle vivait avec son temps, forte de son héritage moldu et de sa personnalité tolérante.

Les deux amis échangèrent quelques paroles enthousiastes à mots couverts, désireux de ne pas se faire surprendre par une oreille indiscrète, puis la conversation dériva sur des eaux moins dangereuses. Le dîner finit par être servi et Théo se rendit à sa place avec une appréhension grandissante, se demandant comment diable il allait pouvoir avaler quoi que ce soit. Dans l'expectative, il en avait des crampes à l'estomac, ne sachant pas si c'était une bonne chose ou non d'avoir réussi à éviter les questions embarrassantes jusqu'au repas. Probablement pas, puisqu'elles finiraient pas arriver qu'il le veuille ou non. Et si la soirée se terminait sans que rien ne se passe, il s'en voudrait... Ce serait reculer pour mieux sauter. Non, sa rupture avec Rosaleen lui avait fourni une ouverture, et il se devait de la saisir. Il le devait à Samaël également, à la famille qu'ils allaient bientôt former.

Le dîner se passa dans un brouillard opaque pour Théo, qui avait du mal à dissimuler le tremblement de ses mains et son manque d'appétit. Il s'enferma dans un silence tout à fait Nottien, répondant par quelques phrases distraites lorsqu'on lui adressait la parole, ne s'animant que lorsque son stage était évoqué. Cela dura une éternité, si bien qu'il crut mourir d'angoisse sur sa chaise, et poussa un léger soupir de soulagement lorsque les premiers convives se levèrent. Il se leva lui aussi et fit quelques pas dans la pièce, sans but, avisa sa mère et son cousin Théodore non loin et s'empressa de faire volte-face, les traits fermés. Des Nott, des Nott partout où il regardait, des Nott pour le culpabiliser et lui rappeler sa déchéance...

Et ce fut bien une Nott qui se trouva à l'origine de sa perte. Caecilia, l'aînée de la branche Selwyn de la famille, venait de l'appeler sur un ton qui en disait long. Théo poussa un soupir intérieur et posa un regard déterminé sur la jeune femme. Caecilia serait donc celle qui formulerait à voix haute les questions que tout le monde se posait. Ainsi soit-il. Ce n'était pas très étonnant, Caecilia était proche de Rosaleen de bien des façons, et comme son ancienne fiancée elle était dotée d'un caractère bien affirmé, sous ses dehors de jolie demoiselle de bonne famille.

Immédiatement sur la défensive face à l'attitude de Caecilia, Théo redressa les épaules et planta fièrement son regard dans celui de sa cousine, semblant dédaigner les regards et oreilles qui traînaient de leur côté. Il avait bien trop peur d'apercevoir sa mère, sa soeur ou Samaël pour oser détourner les yeux.

"Déshonorer la famille ?", répéta-t-il avant d'éclater d'un rire froid, ironique. "Parce qu'un mariage entre les Nott et les Lestrange était donc si honorable ? Un charmant petit évènement mondain qui allait suffire à faire oublier tous les membres de notre famille à Azkaban, peut-être ? La guerre effacée par une alliance entre deux familles de mangemorts célèbres, aux crimes reconnus ? Voyons, Caecilia, tu es plus intelligente que cela. Si tu pensais vraiment qu'un mariage pouvait faire oublier à tous ces gens le fait que ta mère est en prison, tu serais mariée depuis longtemps."

Ce n'était pas très juste de sa part, de s'en prendre ainsi à Caecilia, la seule ce soir à avoir eu le courage de le confronter. Et il pouvait imaginer les oreilles curieuses avides de ragots et de scandale qui se tendait, preuves que sa cousine était bien loin d'être la seule à s'interroger. Théo savait que son attitude et ses paroles étaient d'autant plus surprenante qu'il avait longtemps été le premier à souligner l'importance pour les descendants des Nott de se comporter en bons sangs-purs et en personnes bien éduquées, conformément aux convenances, pour que leurs parents ne se soient pas battus en vain. Simplement, Théo avait finit par comprendre qu'il faisait erreur. Cette attitude ne relevait la réputation de personne, car les seules personnes susceptibles d'approuver sa conduite se trouvaient être les autres familles de mangemort. Ce n'était peut-être pas aussi facile à comprendre pour les Selwyn. Caecilia, bien qu'ayant sa mère à Azkaban, n'avait jamais eu à supporter le poids d'un nom que tout le monde connaissait et méprisait, mais appartenait à une famille plus respectée, avec un père au Magenmagot. Sa mère, d'ailleurs, lui serait bientôt rendu. Elle n'avait donc qu'une idée partielle de ce que cela faisait, d'être Théo ou Artémis, et perdait tout droit à leur faire la morale...

"L'honneur des Nott n'est plus à cela près, je le crains. Je ne veux pas que ma vie se résume à tenter de rentrer dans les bonnes grâces de qui que ce soit, car d'une part, c'est vain, et d'autre part, malgré ce que quiconque peut penser, la famille Nott est une famille digne, juste et honnête. Nous ne nous plions pas aux exigences de qui que ce soit et nous nous battons pour vivre la vie que nous avons décidé. Voilà pourquoi j'ai rompu ces fiançailles qui n'auraient jamais dû être contractées initialement."

Théo expira et jeta un coup d'oeil autour d'eux, avant de perdre de sa superbe. Sa mère était là, écoutant attentivement ce qu'il racontait, et si seulement elle était seule ! C'était le moment, celui qu'il avait craint et attendu depuis ce jour à Poudlard où il avait décidé de faire fi de son éducation, de la morale et des attentes de sa famille. C'était le moment où l'héritier Nott, sang-pur noble, homophobe et raciste, bien éduqué, coincé et renfermé retournait sa veste. Malgré ce qu'il disait et malgré ce qu'il s'apprêtait à dire pour tenter de se justifier, Théo savait pertinemment que son choix aurait des conséquences sur les autres, sur sa famille et leur réputation à tous. C'était par bien des aspects un choix égoïste, mais pas seulement. Car il doutait être le seul dans cette pièce à avoir commis ou voulu commettre le péché innommable d'homosexualité, et qu'il fallait bien qu'un premier l'assume, un jour ou l'autre. Ceux qui fuyaient de l'autre côté de l'océan pour ne pas faire face aux conséquences ne comptaient pas. Alors il le ferait, pour lui, et pour tous les Alceste Greengrass qui se mentaient à eux-même à s'en rendre malades.

Pour autant, Théo ne voulait pas que Rosaleen, qui avait déjà eu le malheur d'être fiancée à Arthur Bones, et sa famille soient associés à sa déchéance. Théo croisa le regard de sa mère, pâle et nerveuse, qui semblait redouter plus que tout les mots qui allaient sortir de la bouche de son fils. Les lèvres de Théo se pincèrent et il détourna le regard, hésitant. Il serait facile, si facile d'amoindrir le poids des reproches qui pèseraient sur lui en évoquant son mariage forcé. Certaines familles plus modernes et plus puissantes présentes ce soir risquaient d'être autant choquées, si ce n'est plus, par cet acte moyenâgeux de la part d'Aurora, et peut-être même qu'il y aurait certaines personnes pour le plaindre. L'homosexualité de Théo ferait du mal à l'image des Nott auprès des familles conservatrices, mais un mariage forcé achèverait de convaincre le reste de la société que les Nott étaient une cause perdue...

Alors il décida de présenter l'affaire un peu différemment. Le moins qu'il puisse faire était tracer une ligne de séparation entre lui et les autres protagonistes de ce mariage éventé. Attirer le blâme à lui, un peu plus ou un peu moins, quelle importance ?

"J'ai demandé Rosaleen en mariage pour les apparences, parce que l'on attendait un tel mariage de ma part et parce que j'avais peur de ce que l'on dirait de moi", dit-il en embrassant la salle du regard. "En réalité, j'étais d'ores et déjà engagé auprès de quelqu'un d'autre, dans une relation que je ne pensais pas pouvoir assumer."

L'espace d'un instant, il se prit à imaginer qu'il n'avait qu'une alliance avec une moldue à confesser. Cela aurait été si simple, finalement...

"Mais je refuse de sacrifier quelque chose de juste et de bon par souci des convenances, pour tenter de relever l'honneur d'une famille qui s'est battue honorablement pendant la guerre, dans le camp qu'elle estimait juste, pour les convictions qu'elle avait choisi. Je n'ai rien à prouver à qui que ce soit. Rien de ce que je peux faire ne changera le passé, ne sortira nos parents de prison, ne changera l'opinion des Harris et des Nimbus de Pompadour sur les Nott ! Quant à Rosaleen, je pense qu'elle fait beaucoup plus pour le nom des Lestrange en étant l'une des plus brillantes étudiantes en métamorphose du pays, en étant une personne admirable et pleine de qualités indéniables, qu'en m'épousant. Ce n'était pas son avis, car c'est une jeune fille loyale et admirable qui fera une excellente épouse un jour. Mais elle mérite un prétendant digne d'elle, et ce n'est pas moi. Je n'aurais pas du l'utiliser de la sorte."

Il chercha Rosaleen du regard, lui adressa un signe de tête respectueux et reporta son attention sur Caecilia. Il espérait que la jeune fille lui pardonnerait d'avoir rompu leur pacte. Théo avait promis à Rosaleen, à l'issue de la rupture de leurs fiançailles, de la laisser propager l'histoire qu'elle souhaitait. Mais ce soir, le secret allait enfin être rompu. Une vague d'appréhension et d'excitation envahit Théo alors qu'il plongeait dans le regard de sa cousine, à la recherche d'un point d'ancrage. Il pouvait le faire. Il devait le faire. Samaël était là, quelque part, à l'écouter.

"J'aime quelqu'un d'autre, quelqu'un que je vais vraiment épouser, parce que cela fera mon bonheur et que cela ne regarde que moi."

Théo laissa traîner un léger silence, le temps de sentir son coeur tenter de se frayer un chemin hors de sa poitrine. Il redressa légèrement le menton, en un geste inconscient de défi, prit une profonde inspiration et conclut d'une voix grave, déterminée :

"Et ce quelqu'un, il se trouve que c'est un homme."
Artémis Nott
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[Nouvel an NDP] Sang-purs et sang reproches Icon_minitimeDim 26 Jan 2014 - 15:42
Ils quittèrent la table. Malgré son impatience, Artémis ne se dirigea pas tout de suite vers le fameux salon rouge, et échangea quelques mots avec Emma. Elle ne compris pas immédiatement pourquoi les gens autour d'elle se taisaient, jusqu'à ce qu'elle capte leurs regards: tous convergeaient vers Théo et Caecilia Selwyn. Elle entendit les derniers mots de la jeune femme et en resta bouche-bée. Artémis n'avait jamais appréciée Caecilia, Miss-je-sais-tout-mieux-que-tout-le-monde, trop assurée, trop altière. Elle espéra que son frère allait l'envoyer dans les roses, ne songeant pas une seconde qu'il mettrait peut-être son secret en danger. Car la jeune fille savait qu'en dépit de ses nombreux défauts, Théo se débrouillait remarquablement bien dans le milieu.

Elle fixa le duo, attendant la réponse. Elle ne fut pas déçue. Théo répondit de façon très audible et intelligente. Elle aurait aimé avoir tant d'éloquence, pouvoir renvoyer Caecilia s'occuper de ses bijoux avec autant d'assurance. Mais tout dérailla. Théo révéla qu'il était déjà engagé. Engagé? Mais... non! Et pourquoi en parlait-il, de toute façon?

Le temps qu'elle s'interroge, c'était dit.

Artémis fixa son frère, blême. Non, c'était impossible, elle avait mal entendu. Elle entrouvrit la bouche, la referma, incapable de parler, de bouger. Ses pensées défilaient à toute allure. Théo avait cédé à la pression. Caecilia l'avait agressé, il avait répondu, s'était laissé emporter et allait en payer le prix. Il avait besoin d'aide, de soutien, de sa famille, avant que quelqu'un n'ai l'idée de l'accabler. Artémis chercha sa mère du regard, prête à l'encourager à s'avancer avec elle. Elle la trouva. Mais son expression n'était pas normale. Aurora semblait résignée, mortifiée, mais absolument pas surprise. Passant de Théo à Aurora, Artémis tenta de comprendre la scène, et ce fut simple, trop simple et tellement évident: Théo n'avait pas lancé cela sur un coup de tête. Il l'avait préparé.

Instantanément, le choc se mua en colère. Il ne pouvait pas avoir dit ça intentionnellement. Il ne pouvait pas. Etait-il fou? Suicidaire? Inconscient? Artémis chercha le regard de son frère, son visage se fermant de secondes en secondes. Il lui avait parlé bien sûr, de la souffrance de vouloir se cacher, de sa volonté de vivre librement pour ne plus mettre son couple avec Samaël en danger. Elle n'avait pas tout compris, mais l'avait encouragé à se déculpabiliser, par loyauté envers lui.

Et voilà comment elle était remerciée. Théo choisissait LA réception de l'année, la première d'importance à laquelle ils étaient depuis l'emprisonnement de leur père, pour faire preuve d'un courage aussi crétin que Gryffondoresque. Il venait de les condamner à être exclus à nouveau, moqués, rejetés. Lui qui avait souffert de cet isolement, qui revendiquait la fierté d'appartenir à ce cercle, de ses idéaux, venait de tout piétiner. Et pour quoi? Parce qu'il s'était aperçu qu'il ne correspondait plus à cela, qu'il en serait forcément exclu un jour ou l'autre. Il avait choisi de partir de lui-même, la tête haute. Artémis pouvait comprendre ce désir, mais elle était trop en colère pour faire preuve de compassion.

Théo aurait pu partir au moment où il l'avait décidé d'une autre manière, en la ménageant, elle et sa mère. Il aurait pu s'installer avec Sam, arrêter de venir aux réceptions, vivre sa vie sans croiser ces gens qui ne l'accepteraient jamais, les laisser parler sans s'en soucier. Artémis et Aurora auraient reçu de la sollicitude, pas du mépris. Mais non. Monsieur Nott était désespérément égocentrique. Il n'avait pensé qu'à son bien-être, avait cru qu'il fallait "fermer un chapitre de sa vie" pour en ouvrir un autre. Il avait vraiment passé trop de temps à lire des livres à l'eau de rose. C'était une façon honteuse de remercier les Nimbus d'officialiser leur retour dans le monde. Quel besoin avait-il de faire cela? En quoi provoquer un scandale au milieu du gratin sorcier lui apporterait-il quoi que ce soit, à part des humiliations et des mots blessants? Que cherchait-il à prouver? Qu'il était un fils et un frère indigne? C'était fait. Artémis ne le lui pardonnerait pas.

Au fond, elle n'aurait pas du être surprise. Théo avait toujours été egocentré. Son désintérêt pour sa soeur tout au long de leur vie en avait été la preuve. Elle avait rejeté la faute sur elle, croyant n'être pas assez bien, complexant face à Cécilya, changeant pour lui plaire. Mais elle n'était pas responsable. C'était lui qui s'arrangeait avec ses idéaux et son comportement lorsqu'il le souhaitait. Il ne pensait pas aux conséquences, aux blessures des autres. Il ne pensait qu'à lui. Encore et toujours. Même lorsque c'était inutile. Au fond, elle n'avait jamais eu de frère. Elle avait seulement cru en avoir un.

Elle fit un pas en avant vers Théo, se démarquant d'Emma qui lui avait attrapé la main. "Egoiste" articula-t-elle sans un son, les yeux vrillés dans les siens, le visage fermé, méprisant, colérique. Puis, sachant pertinemment que tout le monde la regardait, elle tourna les talons et fendit la foule. En temps normal, elle aurait fuit en courant pour cacher sa honte, espérant que personne ne la remarquerait. Mais elle partait la tête haute, vibrante de colère. Cette colère qui l'accompagnait partout où elle allait depuis un an, qui lui avait permis de ne pas s'effondrer, de résister à Miss Bloomwood, et qui l'autorisait désormais à passer outre les regards. Croisant Rosaline, elle s'arrêta un instant auprès d'elle, posa une main sur son bras.

"Je suis désolée" dit-elle ostensiblement.

Puis elle parti, cherchant un endroit calme ou elle pourrait exploser. Ou fondre en larmes.


100e HUNGER GAMES


4

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[Nouvel an NDP] Sang-purs et sang reproches Icon_minitimeDim 26 Jan 2014 - 15:50


Clarissa Nimbus de Pompadour


Clarissa se mouvait avec aisance dans le Grand Hall blanc du manoir Nimbus. La soirée se déroulait comme prévu. Comme toujours. Elle avait toujours eu une prédisposition pour le ballet compliqué de l'aristocratie sorcière. Elle était une organisatrice dans l'âme, sachant jouer la comédie quand il le fallait, répondre avec la subtilité ou la franchise nécessaire, organiser les rencontres fortuites.

La maîtresse de maison quitta son frère et se dirigea vers Mr et Mrs Swan. Elle accordait toujours plus de temps aux familles Sang-Mêlées comme la sienne. Tout d'abord parce que les conversations étaient moins enrobées, plus directes et percutantes, débarassées de chichis et de révérence. Elles ne perdaient cependant ni en classe ni en esprit: il suffisait de voir le maintien de ses interlocuteurs, leur goût vestimentaires ou les allusions culturelles glissées aux détours d'une phrase. On enrobait toujours les choses, on parlait encore en sous-entendu, mais on se parlait en adultes, sans fards. La seconde raison de sa préférence était que Clarissa jugeait que les nouveaux Sang-Mêlés étaient l'avenir du monde sorcier. Les Sang-Purs étaient bien trop enfermés dans les traditions et les rancoeurs pour survivre trop longtemps. La Grande Guerre les avaient décimé et la consanguinité achevait de faire le reste, puisque la plupart d'entre eux refusaient encore et toujours de se marier avec un sang-mêlé, aussi riche et bien éduqué fut-il. Clarissa avait été très heureuse après le 2 mai 1998, lorsqu'elle avait enfin pu ne pas inviter la moitié de ces familles à ses réceptions. Le temps des Sang-Purs était terminé et elle souhaitait être l'artisan d'une nouvelle bonne société. Elle avait passé ces dix dernières années à tisser dans l'ombre le nouveau tissu social, utilisant l'influence de Lawrence et des Selwyn pour donner un coup de pouce à ceux qui le méritaient et à comploter pour retenir en arrière ceux qu'elle jugeait dangereux.

En dépit de tous ses efforts, Clarissa avait sous-estimé la capacité des Sang-Purs à resserrer les rangs. Elle savait qu'un jour, les familles de Mangemorts seraient réadmises dans leur cercle, même si elles étaient sans le sou. Elle avait seulement penser disposer de plus de temps. Il n'en était rien, et voici que depuis trois ans, elle se trouvait dans l'obligation de réinviter petit à petit les vieux noms tâchés de sang, sous peine de souffrir la méfiance des autres. Lawrence ne prêtait que peu d'attention à l'opinion des autres, mais Clarissa ne commettait pas cette erreur. Elle préférait endurer quelques conservateurs lors de ses réceptions et s'assurer un pouvoir par la suite. Ils étaient peut-être les plus riches, et de loin, mais la chance pouvait tourner et l'on ne savait jamais de quelle aide on pouvait avoir besoin.

Alors, la mère de Jordan se pliait aux convenances tout en continuant son oeuvre pour une nouvelle Haute, progressiste et aventureuse, prête à évoluer intelligemment. Il ne s'agissait certainement pas d'altruisme, mais d'un renouveau nécessaire à ses yeux. Outre la guerre, qu'elle avait jugé inacceptable au point de s'engager dans un réseau de résistance, la Salamandre, Clarissa jugeait que les traditions, si elles avaient été utiles par le passé, étouffaient maintenant la sphère dans laquelle ils évoluaient. Les mariages n'apportaient plus que des alliances économiques et les obligations de l'étiquette leur donnait toujours un train de retard dans un jeu politique toujours plus rapide. Le reste du continent se modernisait, apprenant des moldus ou des nouveaux talents. S'ils ne faisaient pas cet effort, ils mourraient à petit feu, perdraient leur influence, leur fortune, leur pouvoir. Il suffisait de voir à quel point certaines personnes croyaient qu'un bon mariage sauverait leur famille. Ca n'était qu'un sursis. Une montagne d'argent sans entreprise, sans prise de risque, sans politique ou économie par la suite fondrait comme neige au soleil.


A présent assise à table entre Leopold Marchebank et Drago Malefoy, absorbée dans une conversation aussi tortueuse qu'elle avait l'air banale, Clarissa réussissait pourtant à garder un oeil sur tout ce qu'il se passait dans la salle. Jordan s'en sortait à merveille, évidemment. Clarissa soupçonnait son fils d'être un Don Juan: elle savait qu'il avait invité Samantha Miller quelques jours plus tôt, mais cela ne l'empêchait pas pour autant de garder Joy Highlands à ses côtés ce soir. En temps que femme, elle ne goûtait pas à ce comportement. En temps que politicienne, elle appréciait que son fils ne fasse pas dans les sentiments.

La situation des Nimbus n'était pas des plus confortables, ces derniers temps, Clarissa en était consciente. Ce réveillon devait se passer le mieux possible, autant pour s'assurer du soutien des familles que pour empêcher les profiteurs d'être trop sûrs d'eux. Les Hamilton n'étaient pas assez riches pour être conviés, et Clarissa regrettait beaucoup ce fait, car elle aurait voulu jauger Greta Hamilton par elle-même. Mais, à défaut de cela, elle continuait à renforcer les liens qu'elle pouvait avoir, à tester le poids de la fidélité (souvent légère) de ses connaissances. Lawrence ne gérait pas la situation, il la subissait. C'était donc à elle de corriger le tir.

Clarissa avait beaucoup d'estime pour son mari. Ils n'avaient jamais vraiment été amoureux. C'avait été un mariage de convenance, parce qu'il fallait bien choisir quelqu'un de son monde et que le choix était limité. Clarissa avait désigné le plus riche héritier sans sourciller, d'abord pour les avantages, ensuite parce qu'ils s'entendaient bien, et surtout pour s'extirper de sa famille machiste et conservatrice. Son père n'avait rien dit sur son mariage, mais sa mère et son frère aîné, aujourd'hui à Azkaban, avaient manqué de ravaler leur bulletin de naissance. A sa grande satisfaction.
Bien que Lawrence soit plus libéraliste que la plupart des hommes de sa génération, il restait dominateur. Clarissa s'en était accomodée, jouant les femmes au foyer et organisant des charités plutôt que d'avoir un travail officiel qui contrarierait son mari. Elle savait que malgré tout, il avait de l'estime pour elle et se fiait à son jugement. Cela lui suffisait. Ils avaient été un couple harmonieux, partageant les compétences, élevant un fils qui répondait à leurs exigence. Mais cela était remis en cause aujourd'hui. Lawrence refusait d'écouter les conseils de sa femme sur la crise de la Consumeuse, s'obstinant dans une politique du silence. Clarissa ne comprenait pas les raisons du comportement de son mari, qui avait toujours été clairvoyant. Cela rendait son action plus difficile et délicate.


Lorsque sa nièce apostropha Théo Nott, elle était noyée parmi la foule, discutant avec Mrs Flint. Comme le reste de l'assemblée, elle ne perdit cependant rien de l'échange. Son esprit vif compris tout de suite que le jeune Nott n'avait rien dit au hasard. Il s'était très bien débrouillé, avait manoeuvré avec habilité. Mais il lui restait cependant un problème de taille: il n'avait pas prévu comment sortir dignement de la situation.

Clarissa laissa passer quelques secondes de silence le temps d'évaluer la situation. La plupart des gens présent réagiraient mal. Les plus choqués lâcheraient des commentaires désobligeants et humiliants. Pour les autres, ils se tairaient, l'ignoreraient lâchement et hypocritement. Mais dès que Théo serait parti, ils ne parleraient que de cela jusqu'à l'heure du départ. Dans le meilleur des cas.

Lawrence ne montra aucune réaction, lui adressant un bref regard qu'elle compris immédiatement, car elle avait la même pensée: c'était à elle de gérer la situation, comme toujours dans ce genre de cas. Elle vit son fils hausser les sourcils à l'annonce de son camarade. Il ne semblait pas choqué, juste surpris et peu intéressé. Puis Jordan regarda son père, sa mère, le reste de la salle et fronça les sourcils de mécontentement. Clarissa savait qu'il avait eu le même raisonnement qu'elle, et allait sans doute plus loin. Il n'appréciait pas que quelqu'un se soit permis de s'accaparer leur réception pour annoncer ce genre de choses. Lorsque l'on souhaitait provoquer un scandale, on avait le bon goût de le faire chez soi, à sa propre soirée. Clarissa n'était pas aussi sévère. Théo les avait placé dans une fâcheuse posture (pour la première fois qu'elle invitait les Nott! On pouvait remercier ces conservateurs aigris), mais c'était un acte courageux - quoiqu'un peu inconscient. Elle se délectait de l'expression choquée de ceux qu'elle n'appréciait pas. Comme si aimer les hommes l'empêcherait de faire carrière. Il avait été élevé parmi eux, ils se débrouillerait très bien au jeu subtil de la politique, il venait de le prouver en remettant Caecilia à sa place. Elle ne serait pas étonnée s'il en venait un jour, malgré tous les obstacles qu'il rencontrerait du fait de son nom et de son orientation, à diriger le département des Oubliators.

Alors, autant par soutien au jeune homme que par refus de laisser sa réception dégénérer, elle s'avança vivement vers lui.

"Votre loyauté envers votre famille est admirable, jeune homme. De même que le respect que vous avez manifesté envers les ambitions de Miss Lestrange. Je souhaiterai que plus d'hommes soient aussi ouverts d'esprits."

Faire comme si la dernière phrase n'avait pas été prononcé, prendre Théo sous son aile pour signifier qu'elle ne tolérerait aucun écart de conduite sous son toit. Le message était clair. Tant pis sir l'ego de Rosaleen en prenait un coup. Avec une annonce pareille, de multiples fiertés allaient être brisés. Le départ d'Artémis juste avant qu'elle n'interviennent en était une preuve. Laissant Caecilia derrière elle, Clarissa escorta Théo jusqu'à l'extrémité du buffet sur lesquels les elfes disposaient le champagne pour fêter la nouvelle année. Prenant deux coupes, elle en tendit une au jeune homme.

"Vous venez de faire quelque chose de très courageux, mais également de fou et de vain. Toute mon influence ne saurait vous protéger des paroles qui seront prononcées contre vous ce soir. Si vous souhaitiez, par vos actes, provoquer un affrontement, sachez que je ne l'autoriserais pas. Et si vous n'aviez pas pensé aux conséquences de vos actes, mes mots suivants vous seront salutaires."

Elle jeta un oeil à Lawrence et Jordan qui gravissait quelques marches du grand escalier et levaient leurs verres. Il n'était pas encore minuit, mais l'instant état bien choisi pour faire le traditionnel discours. Quelques minutes d'avance n'avaient pas grande importante.

"Profitez que tous aient l'obligation de se tourner vers mon époux pour l'écouter, et partez. Les elfes veilleront à ce que personne ne vous importune." Elle hésita un instant. "Bonne chance."

Elle n'hésiterait pas à retirer ce dernier mots si Théo était encore là lorsque Lawrence terminerait de parler. Clarissa se détourna du jeune homme pour rejoindre sa famille à l'opposé de la salle, après un regard à Luky pour qu'il l'escorte à l'extérieur. Théo Nott avait choisi de prendre son destin en main. Elle avait empêché qu'un pugilat ne l'en empêche, il n'y avait rien de plus à faire pour lui.

Spoiler:
Aloysius Selwyn
Aloysius SelwynAncien personnage
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[Nouvel an NDP] Sang-purs et sang reproches Icon_minitimeDim 26 Jan 2014 - 18:38
"Théo. "

Aloïs s'avance dans le grand hall, portant son regard sur son cousin. Il ne comprend pas. Ils n'ont jamais été particulièrement proches, l'un de l'autre, Théo est plus âgé, et leur réserve commune ne leur a jamais permis de vraiment se rapprocher. Ils en ont une belle de famille, chez les Nott. Entre lui et Théo, qui ne parlent que trop peu, Aemilia et Théodore dont personne ne peux jamais trop prédire les réactions, et Caecilia… Il soupire.
Lui n'a jamais tellement assumé son héritage Nott. Il ressemble à son père, il ressemble à un Selwyn avec ses grands yeux clairs, et il a laissé la place d'héritière des Nott à sa sœur aînée. Les problèmes d'honneur, de réputations des Nott, il les a laissé loin, bien loin. Ses deux sœurs en sont plus proches, Caecilia par sa simple pensée, Aemilia par sa proximité avec Théodore. Lui est un Selwyn, lui se moque de tout cela.
Aloïs ne comprend juste pas. Non, il ne connait pas son cousin. Non, il ne l'a jamais cherché non plus. Mais… comment est-il seulement possible que des personnes, qu'on connaît depuis des années, puissent se révéler d'un seul coup complètement différents?

Il reste là, simplement, sans parler. Il sait qu'Aemilia l'attends, parce qu'elle ne se sent pas capable de gérer une Caecilia furieuse toute seule. Il sait également qu'ils ne seront pas assez de deux pour gérer leur aînée.

" Je devrais te remercier d'avoir mis Caecilia dans cet état, j'imagine. Encore heureux pour toi que tu ne sois pas celui qui doivent passer derrière. C'est facile, non, de lâcher des bombes comme celle-ci? "

Il s'arrête, s'appuie contre le mur de la demeure des Nimbus de Pompadour, son regard fixé à travers la porte sur Lawrence et Jordan, en train de parler. Son oncle et sa tante ont réussi à reprendre le contrôle de leur réception, d'une main de maître, comme à leur habitude. Mais Aloïs devine que dans leurs esprits, ils sont beaucoup moins prompts à sourire que ce que leur visage avenant montre au reste de l'assemblée. Lui fait le lien entre les deux, entre les Nott et les Selwyn.

" Elle a raison. Tu savais que c'était la première fois que les Nott étaient réinvités ici, tu savais à quel point c'était important pour ta mère et ta sœur. Et alors, qu'est-ce que tu fais? Tu aurais pu éviter Caecilia, tu aurais pu la prendre à part, lui expliquer que pour l'honneur de la famille, tu préférais dire cela plus tard. Tu sais à quel point l'honneur est important pour elle, elle aurait compris. "

Rien n'est plus important que l'honneur de la famille, pour sa sœur. Même s'ils ne sont pas à proprement parler des Nott, même si cette notion l'atteint peu. Tante Clarrissa pouvait dire ce qu'elle voulait, Théo n'a pas été loyal à sa famille. Loin de là. Il a été courageux, il a été honnête. Il a décidé de se dresser contre l'opinion de tous, de dire tout haut ses opinions, dans une démarche qu'Aloïs ne peut s'empêcher de rapprocher de celle qu'utilise Caecilia. Mais jamais sa sœur ne l'aurait utilisé pour détruire l'équilibre fragile des Nott. Théo est doué, intelligent, Aloïs le reconnait. Il est apprenti-Oubliator, il a prouvé par son discours qu'il sait parler, argumenter, s'expliquer. Mais à ce moment-là, son comportement fait autant de sens que celui de sa sœur. Aucun.
Théo a toujours été ce cousin taciturne, qu'ils voyaient lorsque leur tante Aurora venait leur rendre visite. Lui a l'âge d'Artémis, avec qui il avait passé plus de temps, malgré leur absence totale de points communs, Théo étant plus de l'âge de son aînée. Jamais, jamais…
Un homme.
Non, il ne peut pas comprendre. Ce n'est pas sa place de juger, mais il ne peut pas l'accepter, ce n'est pas possible. Il sait que cela existe, ces hommes, ces femmes, mais jamais il n'en avait rencontré. C'est une idée vague, un peu lointaine, un peu mystérieuse, quelque chose qui touche les autres, mais pas soi-même. Il avait tort. Ils avaient tous tort, et aucun d'entre eux n'avaient rien vu venir.

" Je pense que tu sais ce qu'il te reste à faire, non? Pars. Partez tous les deux. "

S'il pense qu'il ne l'a pas vu, l'autre, qui attend un petit peu plus loin dans le hall, il se trompe. Il n'est pas stupide, loin de là, et s'il n'a jamais été capable de faire de magie, il sait comment compenser cette incapacité. Il se redresse, laisse son regard passer sur son cousin quelques secondes, comme pour graver son image dans sa mémoire. Ses cheveux bruns et bouclés, ses yeux marrons, ses traits décidés et résolus, par lesquels semble transparaître maintenant son soulagement et une légère peur.  Il ne peut que le comprendre, si cela fait si longtemps qu'il retient ça. Il sait ce que cela fait, d'enfin avouer un secret qui pèse, il sait ce que cela fait, d'attendre la réaction des autres en ayant peur de la voir en face.
Il se retourne enfin, sans un mot, passant devant Smith sans sembler le voir. Ce n'est plus ses affaires, ce n'est pas sa famille, c'est Théo qui a décidé lui-même de ce qu'il voulait faire.
Aloïs s'arrête néanmoins à la porte, sa main contre le bois, comme hésitant à se retourner.

" Ne t'en fais pas à propos de Caecilia. Aemilia et moi avons l'habitude. Mais si elle te croise, je ne te garantis pas qu'elle ne fasse pas tout ce qui est en son pouvoir pour faire de ta vie un enfer. Et cette fois-là, nous ne serons pas là. "

Ils connaissent tous les deux son intelligence, sa détermination. Aloïs espère que Théo savait ce qu'il faisait, en la provoquant, la tournant en ridicule comme il l'a fait. Personne n'a envie de faire face au côté rancunier de l'aînée des Selwyn.
Il ne se retourne pas, finalement, tire doucement la porte derrière lui en retournant auprès de la foule, qui écoute Lawrence et Jordan effectuer leur traditionnel discours du Nouvel An.

Lui s'en moque, ce n'est pas ce qui l'intéresse. Il croise le regard de son père, debout auprès de sa sœur, qui lui indique d'un léger signe de tête une des portes dérobées de la grande pièce. Que les trois héritiers Selwyn soient absent lors du discours allait faire jaser, mais ils ne sont plus à cela près. Les Nott, leur famille, Caecilia, Théo… lady Harris allait avoir de quoi discuter et critiquer durant des années entières. Mieux faut écarter Caecilia, lui laisser la possibilité d'exploser à présent, plutôt que de la laisser ressasser, ressasser, ressasser, un sourire aux lèvres, comme si rien n'était arrivé.
Elle est celle qui a déclenché la bombe, elle est celle qui avait permis cette découverte et qui éest responsable du fait que toute la bonne société n'allait parler que des Nott, durant tout le reste de la soirée et celles qui suivraient. Aloïs sait que sa sœur était à blâmer, mais il ne pouvait s'y résoudre. Le discours de Théo, structuré, logique, argumenté dans son incompréhensibilité, montre que le jeune homme l'avait pensé, répété, préparé. Si cela n'avait pas été sa sœur qui avait mis le feu aux poudres, cela aurait été quelqu'un d'autre.
Il sait que la fureur de sa sœur ne sera que passagère, avant qu'elle ne reprenne bout par bout tous le discours du jeune homme, le décortiquant et en cherchant tous les sens cachés, toutes les subtilités. Il sait aussi que dans le fond, elle n'est pas opposée à tout ce que leur cousin a dit, en particulier sur la brillance intellectuelle de la jeune Lestrange.

Mais Théo l'a blessée. Profondément. En s'attaquant à une des peurs de son aînée, en s'attaquant à un sujet que tous savent sensible chez la jeune femme. Et il a vu son visage, était face à elle, lorsque Théo lui avait envoyé à la figure que sans leur mère, sans leur nom, cela ferait des années qu'elle serait mariée. Le visage de Caecilia s'était décomposé, en quelques secondes, laissant voir la petite fille qu'elle n'avait jamais réellement été. Cela avait été fugace, avant d'être remplacé par une fureur noire, et sans Aemilia qui s'était précipitée à ses côtés, prenant la brune par le bras, Aloïs n'est pas sûr que Théo ait quitté la pièce sans encombre.

Quand Théo finit enfin de parler, un grand silence se fit. Caecilia, devant, resta immobile, quelques secondes, son beau visage étrangement calme lorsqu'on le comparait à celui déformé par la fureur qu'elle abordait encore quelques secondes auparavant. Clarissa approchait, on l'entendait derrière, et tous savaient qu'elle allait reprendre la situation en main.

" C'est bien simple de se donner le beau rôle, Théo Nott. C'est bien simple d'essayer de montrer qu'on est la victime. C'est bien simple de ne penser qu'à soi et à son petit bonheur. Tu n'es qu'un lâche égoïste, c'est tout. Vois la vérité en face. "

Elle avait parlé tout bas, s'approchant de son cousin de telle manière à ce que personne autour d'elle n'ait pu entendre ses mots, son frère et sa sœur mis à part. Et lorsque Clarissa la dépassa, prenant Théo sous son aile, regagnant le contrôle sur la réception, elle resta immobile, telle une statue de marbre.


Il passe la porte d'un des petits salons du manoir, un de ceux qu'il connait bien. C'était là qu'enfants, ils commençaient leurs grandes parties de cache-cache, dans le manoir de leur oncle et de leur tante, que Caecilia commençait à râler que ce n'était que des jeux d'enfants, avant de participer comme tous les autres. Par geste, sa cadette  lui indique qu'elle a demandé la permission à Lawrence, sa main posée sur le dos de son aînée, dont le visage est tourné vers le sol.
Aloïs hoche la tête, prenant place de l'autre côté de Caecilia, sans parler, se contentant de prendre sa fine main blanche dans la sienne.

" Comment as-t-il osé? "

Elle a chuchoté, à peine audible, sa voix toujours tremblante d'une fureur contenue.

" C'est un lâche égoïste, Cilia, tu l'as dit toi-même. "

C'est Aemilia qui a parlé, d'une voix calme et douce, comme si elle énonçait une évidence. Caecilia relève légèrement la tête, croise le regard de sa cadette, avant de lâcher un léger rire nerveux. Rire qui les gagnent bientôt tous les trois, sans qu'ils puissent sans empêcher. Ils auraient fière allure, les trois Selwyn, si quelqu'un ouvrait la porte à cet instant précis.
Caecilia se relève, se place face à la vitre, seulement éclairée par quelques bougies. Elle tamponne doucement ses paupières, replace la même mèche rebelle qui s'est encore échappée de son chignon, lisse sa robe, regagnant son apparence de jeune fille de bonne famille. Aemilia pose son châle noir sur ses épaules, et Aloïs, debout derrière elle, souffle simplement:

" Tu as fait ce qu'il fallait, Cilia. "

Son aînée hoche la tête, regagnant son air sérieux, froid, hautain. Comme si rien ne s'était passé. Elle se tourne vers lui, son regard noir croisant le sien, puis celui d'Aemilia, debout à côté d'eux. Et c'est cette dernière qui initie le geste qu'aucun des deux autres ne voulait lancer. Aloysius referme ses bras sur les corps minces de ses deux sœurs, laissant son aînée enfouir son visage dans son cou, la cadette le poser sur sa poitrine. Il a de la chance, d'avoir une famille comme la sienne. Même s'il ne comprend ni Cilia, ni Aemilia. Et peu importe que Théo Nott se révèle être un menteur, peu importe que leur famille se révèle encore plus fragilisée qu'avant. Eux sont ensemble, et les autres ne comptent pas. Les Selwyn restent.

C'est ensemble qu'ils regagnent la salle de réception, où le discours de Lawrence et Jordan s'achève enfin. Il voit Aemilia se glisser à côté de leur père, Caecilia se fondre dans la foule. Comme si rien ne s'était passé. Mais tout autour de lui résonne le nom des Nott.
La Haute Société n'oublie pas. Et cette soirée restera longtemps gravée dans les mémoires.

Spoiler:

Adonis Greengrass
Adonis GreengrassChargé de mission performance de l'administration
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[Nouvel an NDP] Sang-purs et sang reproches Icon_minitimeMar 28 Jan 2014 - 10:25
Des convenances encore et toujours. Adonis eu pendant un instant la désagréable impression d'être de trop. Sentiment accentué par l'arrivé de Leopold à ses côtés. Il resta un instant silencieux observant Rosaleen et son employeur échanger. Leur discours était relativement étrange, il avait l'impression que les mots et le ton employés n'étaient pas ce qu'ils paraissaient. Contrairement à Caecilia Selwyn, il ne prit pas part au débat, restant silencieux. Ne relevant la tête que lorsque son nom fut prononcé. Il croisa le regard de Leopold et esquissa un sourire de convenance.

"Je vais parfaitement bien et vous même ?"

Son sentiment de malaise s'accentua lorsque Rosaleen s'adressa également à lui. Il avait l'impression d'être le pion que l'on utilisait pour énerver l'autre et cela ne lui plaisait pas du tout. Il n'aimait pas servir d'entremetteur involontaire. Mais il était hors de question de montrer la moindre émotion. Ses sentiments à l'égard de la jeune femme ne devait en aucun cas le rendre idiot et lui faire perdre ses moyens. Tout ceci n'était rien de plus que ce qu'il devait faire au quotidien.

"Je suis attristé d'apprendre que mon absence vous a affecté. Il se trouve que j'avais d'autres obligations ce jour là. Mais je vous promets de me rattraper auprès de vous et de votre grand-mère que j'ai également dû involontairement blesser."

Il inclina légèrement la tête pour accentuer ses excuses et tourna le regard vers Caecilia Selwyn. La jeune femme avait toujours l'air aussi sûr d'elle. Il esquissa un léger sourire à son attention alors qu'à son tour, elle semblait s'intéresser à lui. Il avait la sensation d'être mis à l'essai mais ne laissa rien paraître.

"En effet, je travaille toujours au service de régulation des Gobelins. Et vous ne vous trompez pas, nous nous croisons relativement régulièrement. Si je ne me trompe pas, vous êtes au Département des Mystère n'est-ce pas ?"

Il jeta un léger regard en coin à Leopold alors que Ceacilia prenait congé. Il ne restait plus que lui et Rosaleen. Mais la présence de son patron le gênait, il n'aurait su dire pourquoi. Il sentait qu'ils convoitaient la même chose. Et il s'agissait de Rosaleen. Il but distraitement une gorgée de champagne et reporta son attention sur Rosaleen.

"Comment se porte votre famille, Rosaleen ? J'espère que votre petit-frère n'est pas trop déçu de ne pas être présent ce soir. Et je ne peux que constater que votre sœur s'en sort à merveille. L'étiquette peut parfois se montrer complexe et vicieuse, ce n'est pas toujours évident. Mais la grâce et l'élégance semblent être un trait de famille."

Un léger sourire étira ses lèvres alors qu'il détournait fugacement le regard. Lui aussi pouvait jouer. La conversation se prolongea encore un peu jusqu'à ce que le dîner soit annoncé. Il quitta sans regret Leopold, salua une dernière fois Rosaleen et regagna sa place non loin de Daphné et de son fiancé. Il salua froidement Andrew et posa son regard sur sa cousine. Elle semblait encore plus belle, peut-être était-ce la perspective de son mariage prochain qui la réjouissait ainsi, il n'aurait su dire. Il parla peu au cours de ce dîner. Laissant son regard parcourir l'assistance. Le repas se terminé enfin, la nouvelle année n'allait pas tarder à arriver.

Son attention fut toutefois troublée par des éclats de voix à l'extérieure de la salle. Il s'approcha nonchalamment et aperçut une ombre derrière l'une des nombres fenêtres. Elle semblait fixer les personnes qui se disputaient. Il put reconnaître la voix de Théo Nott sans pouvoir le voir néanmoins puisque tout le monde semblait s'être amassé au même endroit. Mais ça ne le dérangeait pas plus que cela à dire vrai. Il chercha le visage de Rosaleen dans la foule et put l'apercevoir lorsque l'annonce de Théo Nott tomba comme un couperet sur l'assistance. Dire qu'il n'était pas surpris aurait été un mensonge mais dire que cela lui importait aurait également été un mensonge. Il s'écarta pour laisser passer la jeune Artémis Nott et esquissa un léger sourire moqueur avant de se détourner de cette pathétique scène. Clarissa Nimbus de Pompadour avait pris les choses en main et le discours allait bientôt être prononcé. Il devait bien avouer que ce petit éclat l'avait grandement amusé.


Adonis Greengrass
Diana A. Lena Swan
Diana A. Lena SwanSeptième année
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[Nouvel an NDP] Sang-purs et sang reproches Icon_minitimeMer 29 Jan 2014 - 19:10
Une exclamation résonna à ses oreilles et Diana fit volte-face, heureuse de percevoir cette voix bien connue. Un sourire illumina son visage tandis qu'elle détaillait la tenue de son amie. Il fallait avouer qu'elle était charmante, ainsi, et cette robe la mettait beaucoup plus en valeur que les vêtements qu'elle aimait enfiler la plupart du temps.

« Azénor ! Je vais très bien, je te remercie. Ta robe te va parfaitement... Et toi, tu es vraiment très jolie ! »

Elle se rapprocha de la Gryffondor pour lui glisser au creux de l'oreille avec une mimique entendue :

« Quand je te dis que tu devrais t'habiller plus souvent comme ceci... Puis elle reprit tout haut, avec un enthousiasme sincère : En tout cas, j'aime beaucoup ton chignon, même si j'aurais bien vu une coiffure un peu moins... classique. Et tes diamants sont presque aussi beaux que les miens ! »

La jeune femme éclata de rire et, tandis que Joy et Jordan s'éclipsaient, elle engagea la conversation avec les différents membres de leur petit groupe. Elle ne connaissait pas beaucoup Emma, Artémis et Aloysius mais se rendit rapidement compte que leur discussion était beaucoup plus intéressante qu'elle ne l'aurait cru. Si Aloysius demeura assez silencieux tandis qu'Artémis ne lui paraissait pas très à son aise, Emma lui fit en revanche plutôt bonne impression et le garçon dont elle avait fini par se souvenir du nom, Dave Marchebank, n'était peut-être pas très beau mais tout à fait sympathique. Le temps passa assez rapidement et, quand il fut l'heure d'aller souper, Diana avait retrouvé tout son entrain. Contente de constater qu'Azénor et elle n'étaient séparées que de quelques convives, elle ne repéra ses parents qu'au bout de plusieurs minutes. Installés côte à côte sur la table située juste en face de la leur, ils étaient tout deux absorbés dans des débats différents. Son père parlait avec emphase à grands renforts d'œillades appuyées et de sourires charmeurs tandis que sa mère, plus discrète mais sans doute tout aussi efficace, écoutait les invités avec attention, se contentant d'approuver certaines paroles d'un hochement de tête ou d'en corriger d'autres du ton à la fois chaleureux et sans réplique qui était le sien lors de ce genre d'échanges. Sentant sans doute le poids du regard de sa fille peser sur son visage, cette dernière releva la tête et lui offrit un léger sourire crispé que celle-ci interpréta aussitôt. Détournant les yeux, Diana se redressa sur son siège tout en répondant poliment aux compliments que son voisin lui adressait, un homme d'un certain âge, certainement influent mais qu'elle fut tout d'abord incapable de reconnaître autrement que de vue.

Le dîner était, comme l'on pouvait s'y attendre, délicieux. La jeune fille mangea donc de bon appétit tout en détaillant avec un mélange de curiosité et d'amusement les invités qui lui faisaient face. En effet, si elle était habituée à ce genre de réceptions, elle ne se lassait jamais d'observer les différents convives, et en particulier au moment des repas. Postures, mets choisis, discussions en cours, attitudes, vêtements... Elle trouvait cela extrêmement divertissant et goûtait particulièrement les instants où telle riche doyenne Sang-Pur manquait s'étrangler avec une cuillerée de potage ou où tel autre sévère employé du Ministère frottait ses doigts gras sur son menton, y répandant ainsi une large traînée de sauce. Lorsqu'elle fut rassasiée, Diana s'empara de son verre, qu'elle avait auparavant rempli de vin des elfes, et le vida à petites gorgées en attendant l'autorisation de sortir de table. Un jeune homme d'une vingtaine d'année assis sur sa droite, s'apercevant sans doute qu'elle avait terminé son repas, engagea courtoisement la conversation avec elle et elle lui répondit aimablement, bien que sans grand empressement. Le jeune homme en question ne possédait pas en effet un visage des plus agréables à contempler, et elle jugea son costume du plus mauvais goût. Quand les premiers convives se levèrent enfin, la Gryffondor reposa brusquement son verre sur la table puis, craignant de s'être montrée légèrement trop brutale, offrit à son voisin son plus joli sourire :

« Si vous voulez bien m'excuser... »

Elle se redressa gracieusement avant de quitter la table à son tour, rejoignant Azénor qui avait également terminé de manger. Elle lui décocha un coup d'œil complice et allait prendre la parole lorsqu'un éclat de voix attira son attention. Caecilia Selwyn venait d'apostropher Théo Nott, lequel répliqua bien entendu aussitôt. La jeune femme réprima un soupir. Les fiançailles rompues. Encore. Elle en avait entendu parler, évidemment, comme sans doute tous les invités présents à la fête des Nimbus de Pompadour. Cependant, à la différence de certainement nombre d'entre eux, elle n'y accordait pas beaucoup d'importance, voire pas du tout. L'aîné des Nott pouvait bien se marier avec qui il en avait envie, cela ne la concernait guère. Elle suivit donc l'échange avec un intérêt limité, cillant simplement sur la dernière phrase prononcée par Théo. Épouser... un homme ? Original. Il y eut un silence – lourd, oppressant. Et puis, la confusion. Diana devina la silhouette d'Artemis fendre la foule d'une démarche fière, vibrante de colère, tandis qu'un murmure choqué se répandait parmi les invités. Murmure que se hâta d'interrompre Clarissa Nimbus de Pompadour qui, après avoir adressé quelques mots à Théo Nott, céda la parole à son époux et à son fils qui entamèrent le discours traditionnel de la nouvelle année. Diana balaya les convives du regard. Ses parents, tout comme Emma, Joy et Aloysius, étaient invisibles. La jeune fille ébaucha une moue espiègle et se rapprocha d'Azénor pour lui chuchoter :

« Ce fameux salon rouge, tu sais, dont on a parlé juste avant le repas – celui que Jordan avait présenté aux autres avant qu'on arrive... Tu ne penses pas que ce serait sympa qu'on parte à sa recherche ? »

Là, maintenant, tout de suite ? Bon, à la limite, elle voulait bien attendre les douze coups de minuit, ils n'étaient plus à quelques minutes près, mais pas beaucoup plus. Et Diana avait horreur de patienter.


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Théo Nott
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[Nouvel an NDP] Sang-purs et sang reproches Icon_minitimeVen 7 Fév 2014 - 16:52
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Lâche et égoïste. Un petit sourire mince s'étira sur les lèvres de Théo alors qu'il hochait la tête, le regard fixé sur son cousin, qu'il observait sans le voir. Les deux mots tournaient dans sa tête, mots que tous ceux qui avaient quelque chose à faire de sa révélation semblaient s'accorder à lui attribuer. Un petit rire nerveux étira Théo à la suite du petit discours d'Aloysius et il le regarda s'éloigner sans répondre. Qu'y avait-il à répondre ? Il était lâche et égoïste, soit. Il l'avait lu sur les lèvres d'Artémis, dans le regard de sa mère, l'avait entendu de ses cousins. Mais ces reproches coulaient sur lui sans vraiment l'atteindre, tant il se sentait détaché de son corps, détaché de lui-même à cet instant. C'était comme s'ils s'adressaient à un autre Théo, un Théo fantasmé qui n'était pas vraiment lui, qui n'avait jamais été lui. Et le vrai Théo avait envie de leur crier de se réveiller, tous, de cesser de se bercer d'illusions. Théo n'avait jamais été la fierté de la famille ni représenté le moindre espoir de rédemption, ils devaient bien en avoir conscience, non ? N'avaient-ils jamais compris à quel point il était loin, très loin de représenter un sorcier modèle et exemplaire, sur lequel leur famille pourrait se reposer, et leur image être reconstruite ? Ce n'était pourtant pas faute d'avoir entendu à quel point il ressemblait à son père. Et c'était le cas, il lui ressemblait, encore et toujours. Loyal aux valeurs qu'il avait choisi, têtu et acharné dans ce qu'il entreprenait, aimant ses proches au-delà de la raison, et tellement incompris...

Oui, Théo se sentait incompris, aujourd'hui plus que jamais. Ce n'était pas le futur Oubliator amoureux et homosexuel qui était incompris, c'était l'enfant, l'adolescent qu'il avait été. Celui qui ne s'était jamais réellement senti à sa place une seule fois dans sa vie, si ce n'était dans les bras de Sam. Celui qui avait été si seul et perdu qu'il avait cru trouver la rédemption dans la magie noire, qui se faufilait la nuit dans la réserve de la bibliothèque pour déchiffrer de vieux manuels et lançait des sorts à sa prof de potions, persuadé dans son obstination qu'il détenait la vérité. Celui qui s'était réfugié dans la rancoeur et l'amertume toute sa vie, et qui en sortait enfin, pour faire face à ce sentiment étrange qu'était la certitude d'avoir trouvé un semblant d'équilibre et de bonheur. Après des années à se chercher, à frôler avec la dépression, à s'enfoncer dans un marasme malsain et désespéré, Théo refaisait surface et voilà qu'on lui reprochait son égoïsme et sa lâcheté. Peut-être ne l'avait jamais moins été qu'aujourd'hui, pourtant, mais avait-il réellement envie de se battre pour faire valoir son point de vue ?

Non. Non, il était las, si épuisé qu'il pouvait sentir toute sa fatigue morale se transformer en fatigue physique. Ses jambes semblaient faites de coton, son teint était pâle et il avait soudain une fringale intense, après n'avoir rien touché au dîner. Des petites gouttes de sueur perlèrent sur son front alors qu'il peinait à comprendre ce qu'on lui racontait, à saisir ce qu'on attendait de lui. Il ferma brièvement les yeux et expira lentement, tentant de se raccrocher à sa détermination, à sa fierté qui lui avaient permis de tenir jusque là. Il s'en était bien sorti, pourtant. Les réactions de sa famille étaient inévitables et Clarissa Nimbus de Pompadour lui avait bien sauvé la mise, il faudrait qu'il la remercie un jour. Théo s'en était relativement bien sorti, et il aurait dû s'estimer heureux de la tournure des évènements. Mais toute la tension des derniers mois venait de retomber brusquement et il se sentait mal, si mal. La réaction d'Artémis, seule, l'avait blessée, elle qui savait, elle qui le supportait... du moins le croyait-il. Une fois de plus, l'incompréhension et la rancoeur s'était instaurée entre le frère et la soeur. Et Caecilia et ses leçons de morale... Ne voyait-elle pas qu'elle empirait simplement les choses ? Théo ne pouvait aider personne, ni sa famille, ni sa soeur, ni Rosaleen. C'était lui qui avait si désespérément eu besoin d'aide. Peut-être bien qu'il était égoïse, finalement...

Il déglutit difficilement et réalisa non sans une certaine honte qu'une boule s'était formée dans sa gorge. Il serait déjà parti, si le simple fait de bouger et de traverser la salle ne lui avait pas paru insurmontable. C'était fini, songea-t-il pour se donner du courage. Il l'avait fait, la tête haute, il avait de quoi être fier, il le savait au fond de lui-même. Il savait que cette année écoulée avait été la plus dure de sa vie, même s'il ne l'avait pas toujours laissé paraître, même s'il avait mené de front ses ASPIC, son stage, ses réflexions sur lui-même avec beaucoup plus de force qu'il ne s'en était cru capable de prime abord. Il avait été fort, mais il était épuisant de tout questionner jour après jour, de ne jamais apprécier simplement ce que la vie avait à lui offrir tant il était inquiet des réactions d'untel ou d'untel, tant il culpabilisait à chaque doute, à chaque évolution. Maintenant que la pression s'était enfin envolée, il se sentait fatigué et étranger à lui-même, presque indifférent à ce qui allait lui arriver, incapable d'apprécier réellement ce pour quoi il s'était battu.

Rouvrant les paupières, il constata que Samaël était auprès de lui et tenta de lui adresser un sourire, en vain. Théo aurait dû être heureux, il le savait. Combien de personnes dans cette salle pouvaient-elles se vanter d'avoir trouvé auprès de quelqu'un ce que Théo avait trouvé avec Sam ? Pourtant, Théo se sentait pour l'heure incapable d'apprécier le fait de pouvoir enfin vivre cette relation au grand jour et de pouvoir envisager une vie entière avec lui. Il avait besoin de s'éloigner et d'oublier pour un temps ce qui l'avait angoissé pendant si longtemps. Besoin d'oublier l'expression d'Artémis, la déception de sa mère, les reproches de ses cousins. Oublier Rosaleen et toutes les autres personnes qu'il avait trahies, trompées ou déçues. Oublier surtout la pression que l'on s'était employé à poser sur ses épaules, lui, héritier des Nott, lui, fiancé de Sam. Il voulait être seul avec lui-même pour un temps. Il ne voulait être que Théo.

"Il faut que je parte d'ici", souffla-t-il à l'intention de Sam. Parce qu'il en avait désespérément besoin, parce qu'ils étaient dans leur coin et parce qu'il se fichait bien désormais de ce que l'on pouvait dire ou penser, il plaqua brièvement ses lèvres sur celles de son fiancé, quémandant une bouffée d'affection et de compassion. Puis, résistant à l'envie de s'effondrer sur Sam, il glissa sa main dans la sienne, traversa la salle et quitta la pièce sans un regard en arrière. Il ne s'arrêta pas plus dans le hall, dédaigna le carrosse qui attendait les invités pour les ramener chez eux, et commença à descendre la colline un peu au hasard, en direction de la musique que l'on pouvait entendre au loin, entraînant toujours Sam derrière lui. Théo ne s'arrêta que lorsqu'ils parvinrent au second lieu des festivités, la Grand' Place de la cité Nimbus, où la fête des habitants battait son plein. L'ambiance était joyeuse et détendue, la biéraubeurre coulait à flot, les enfants couraient partout et les plus vieux dansaient. Une bande d'ados que Théo reconnut de Poudlard faisaient circuler des farces et attrapes des frères Weasley, faisant éclater de petits feux d'artifice qui l'auraient probablement agacés en temps normal. Mais pas ce soir, pas maintenant. Etre ici était comme une grande bouffée d'oxygène, et il réalisa à quel point il en avait eu besoin, à quel point il avait été proche de la rupture. Il n'était pas contre poursuivre la soirée ici, où les gens s'amusaient sans faux-semblants où personne ne trouverait rien à redire à sa conduite.

Il se glissa vers le buffet et en revint avec deux coupes d'un alcool à bulles qui semblait moldu et festif. Théo en tendit une coupe à Sam et, voulant trinquer, croisa son regard pour la première fois depuis son coming-out. Cette fois, ce fut un vrai sourire qu'il lui adressa. Ca y est, il y étaient. Ce n'était plus que Sam et lui, désormais, et c'était déconcertant. C'était aussi un immense soulagement.

"Bonne année 2008, Sam."


Fin pour Théo
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