Ronchon dans Ronchon [Myrdhin-dans-Samantha et Ahren-dans-Aaron]

1er avril


Le professeur d’Histoire de la Magie avait pour habitude de prendre un café dans son lit le matin. Les yeux encore fermés, ses cheveux blonds dans la figure, il tendit le bras et tâtonna autour de lui dans son lit, à la recherche de sa baguette avec laquelle il dormait toujours. Ne la trouvant pas avec ses mains, il pensa que son chenapan de chat avec encore une fois joué avec, et se redressa brusquement pour récupérer son bien. Il avait pourtant déjà expliqué des milliers de fois à ce maudit animal qu’on ne s’amusait avec les choses importantes ! Et où était-il, d’ailleurs, ce chat ? Myrdhin ronchonnait, soulevant et retournant tout le linge de lit à la recherche de sa baguette. C’est alors qu’il se figea soudainement, et la panique le gagna. Il sentait l’air se raréfier dans ses poumons, son cœur s’accélérer, la chaleur monter. Ses yeux allaient du lit aux draps pour se poser ensuite sur les baldaquins. Pourquoi y avait-il des rideaux autour de lui ? Et pour quelle raison le lit avait-il diminué de taille pendant la nuit ? Comment se faisait-il que les draps aient cette couleur étrange ? Il était certain de ne pas avoir changé ses draps la veille, et de toute manière, il avait toujours détesté ce coloris. Il était également sûr, bien évidemment, ne n’avoir jamais changé de modèle de lit non plus. Voilà qui était étrange, et cela ne lui plaisait pas du tout. Et s’il avait bel et bien changé de lit et de draps, mais qu’il n’en avait pas le souvenir ? Perdait-il la mémoire ? Si oui, qu’avait-il oublié d’autre ? Par Morgane, il était toujours professeur à Poudlard, n’est-ce pas ? Avait-il subit un quelconque traumatisme qui aurait expliqué cette perte de mémoire ? Non, sûrement que non. Il se souvenait encore de ce qu’il avait fait la veille et l’avant-veille, et même la semaine précédente, le tout dans les moindres détails. L’avait-on drogué, alors ? Ensorcelé ? Merlin…était-ce possible ? Malgré tout ses détecteurs, ses pièges en tout genre, sa vigilance et la surveillance de son chat Elfric, voilà qu’on l’avait eu ! Sacrebleu. Sa sœur pouvait toujours ricaner et se moquer de lui, il avait bien raison et tenait là la preuve que les meurtriers de leur père étaient bien tout près de lui, tapis dans l’ombre, près à surgir. On avait réussi à l’ensorceler pour lui faire faire des choses dont il n’avait aucun souvenir ! Si ce n’était pas une preuve, ça ! Mais Myrdhin avait beau paniquer complètement, il se demandait tout de même qui avait bien pu l’ensorceler pour lui faire seulement changer ses draps. Cela semblait un peu bizarre et inutile. Il regarda le linge de lit fixement. Les draps étaient-ils dangereux ? Empoisonnés ? Prêts à prendre feu ? La terreur le saisit, et, paniqué, il arracha les draps du lit et les jeta au sol, et, ne parvenant pas à retirer la housse du matelas, il bondit hors de la couche, manquant de s’empêtrer dans les rideaux. Si on l’avait drogué, ensorcelé ou hypnotisé, ou peut-être même les trois à la fois, ce n’était sûrement pas seulement pour changer ses draps. Qu’avait-il fait d’autres durant ce laps de temps, alors ?

Il allait se précipiter vers la pensine qui se trouvait dans son armoire, mais resta immobile, muet de stupeur, en se rendant compte de l’endroit dans lequel il se trouvait. Ce n’était pas sa chambre, il n’était même pas dans son appartement, pas même dans son bureau. C’était incroyable mais il était dans le dortoir des Serpentard. Dans le dortoir des filles, même, jugea-t-il en apercevant de la lingerie clairement féminine qui trainait près d’un lit. Mais que diable fichait-il ici ? C’était une catastrophe, si on le trouvait ici, on l’accuserait de voyeurisme, de pédophilie, il perdrait son emploi, finirait à Azkaban ! Merlin, Merlin, Merlin. Comment était-il arrivé là ? Avait-il fait une crise de somnambulisme ? Cela lui était arrivé, quelques fois, lorsqu’il était petit, peu de temps après l’assassinat de son père. Non, il n’était pas venu là tout seul, c’était impossible, il ne connaissait pas le mot de passe ! Alors qui l’avait transporté ici ? Pourquoi ? Quelqu’un voulait donc le faire accuser, le faire renvoyer ? Ah, il en avait toujours été certain : un jour, ceux qui avaient tué son père le retrouveraient, et lui ferait payer. Lui faire payer quoi, il n’en savait rien, mais cela arriverait, il le savait. Ainsi, telle était leur attaque ? Et bien il était désolé pour eux, mais il allait faire face. Son âme combattive refaisait surface. Hors de question de leur laisser la joie de l’atteindre. Il prit tout de même un quart de seconde pour réfléchir, planté là, debout, perplexe, à ne savoir que faire. Si son ravisseur était encore dans le coin, peut-être dissimulé quelque part, il valait mieux être prudent, et discret. Il traversa donc la pièce lentement et silencieusement, et quitta le dortoir.

Arrivé dans la salle commune, il prit tout de même le temps de jeter quelques coups d’œil autour de lui, observant ce lieu qui lui était jusqu’alors inconnu, prêt à bondir sur le moindre suspect. Et c’est alors qu’il croisa son reflet. Ou plutôt le reflet de quelqu’un d’autre, qui semblait pourtant se tenir à l’endroit exact où il se situait actuellement. Fronçant les sourcils, il se retourna pour voir si la jeune fille qui se reflétait à sa place était derrière lui, ou au moins dans la pièce. Mais ce n’était pas le cas. Etait-ce un fantôme ? Non, il ne lui semblait pas avoir déjà vu un tel spectre, même si la jeune fille lui rappelait vaguement quelqu’un. Perplexe, il se passa la main dans les cheveux en réfléchissant…et vit avec effroi la fille du reflet faire de même. Myrdhin s’en approcha lentement, faisant les pires grimaces possibles. Il pu ainsi voir le reflet, qu’il avait fini par identifier comme étant celui d’une élève du nom de Samantha Miller, les reproduire à l’identique, à la seconde même à laquelle il les faisait lui-même. Le spectacle d’un professeur et d’une élève grimaçant simultanément aurait pu être comique, mais aux yeux de Myrdhin, cela n’avait absolument rien de drôle. Il baissa les yeux sur ce qu’il pensait être son corps, et découvrit avec horreur celui d’une gamine d’une quinzaine d’année. S’il avait été plus âgé, le cœur du professeur d’Histoire aurait probablement cessé de battre à l’instant même. Par le caleçon de Merlin ! Il était dans le corps d’une Serpentard de quinze ans ! Il était enfermé dans le corps de Samantha Miller. C’était un véritable cauchemar !

Il se laissa tomber dans le premier fauteuil venu, sous le choc. L’air lui manquait, il peinait à respirer, étouffait sous le coup de l’angoisse. Il se força à inspirer lentement. Il avait l’impression qu’il allait imploser, puis exploser avant de tomber raide mort sur le tapis. Mais il ne fallait pas, il ne pouvait pas mourir d’angoisse, s’il venait à succomber, il tuerait Samantha Miller en même temps, et il était hors de question qu’il soit accusé à titre de posthume à la fois de pédophilie et de meurtre.
Une fois plus ou moins calmé, il se mit à réfléchir. Lui avait-on fait prendre du Polynectar à son insu ? Myrdhin grimaça. La seule fois où il en avait pris, le goût était infect. Il s’en serait probablement aperçu s’il en avait avalé de nouveau. Mais alors, que s’était-il passé ? Il ne voyait qu’une seule possibilité. Un échange de corps. Et qui disait « échange » disait…

« OH BORDEL DE TROLL ! PAR LE CALEÇON DE MERLIN ! »

S’il était dans le corps de cette jeune fille…alors elle était dans le sien ! Par Merlin, mais c’était catastrophique ! Cette gamine avait accès à tout son matériel, toutes ses affaires personnelles, aux énoncés des examens qu’il avait prévu pour ses élèves, à ses souvenirs même ! C’était dramatique, diabolique, machiavélique !

Il sortit en courant de la salle commune des Serpentard, pieds nus et en pyjama, et se précipita dans le couloir. Il avait froid, mais tant pis ! Il se moquait complètement que Samantha Miller attrape un rhume ! Cela apprendrait à cette sale gamine à lui voler son corps, tiens ! Il courait, il courait, mais où allait-il, en vérité ? Cela ne servait à rien de courir dans tous les sens sans but aucun, alors il s’arrêta un instant au beau milieu du couloir pour réfléchir. Il n’avait pas sa baguette et n’avait pas pensé à prendre celle de la gamine. S’il débarquait dans ses appartements en courant comme un fou, elle risquait de prendre peur et de l’attaquer. Et Myrdhin n’avait pas spécialement envie de se battre à mains nues contre lui-même, ce qui risquait d’être une expérience plutôt traumatisante. Et après tout, peut-être n’était-elle-même plus là-bas. Peut-être était-elle partie déjeuner. Et s’il entrait dans son appartement et y restait coincé parce qu’elle avait déréglé ses pièges ? Cela pouvait être dangereux. Mieux valait attraper cette usurpatrice d’identité dans les couloirs. Myrdhin regarda autour de lui, vérifiant que lui-même n’était pas là, et aperçu un élève Serdaigle, parmi les plus âgés. En qu’ancien Serdaigle, le professeur d’Histoire de la Magie les jugeait plus fiables que les élèves des autres maisons. Il se dirigea donc vers lui d’un pas ferme et décidé. Le spectacle d’une Samantha Miller en pyjama qui se promenait avec un air à la fois furieux et inquiet devait être assez comique à voir au beau milieu d’un couloir du château, mais Myrdhin se moquait d’être ridicule, de toute manière, ce n’était pas vraiment lui qui était humilié, il se contentait de ridiculiser la Serpentard. Et elle n’avait pas intérêt à se plaindre si tout Poudlard se moquait d’elle après cela, elle aurait dû y penser avant d’échanger leurs corps ! Ce n’était peut-être pas très sympathique de la part du jeune professeur de si peu cas du corps de la demoiselle, mais ce n’était à ses yeux qu’une maigre vengeance pour quelqu’un a qui on avait volé le corps ! Il palissait rien qu’en y pensant. C’était véritablement honteux, d’avoir fait une chose pareille ! On n’empruntait pas le corps des gens comme ça, enfin ! C’était quelque chose d’intime, voyons ! Cette jeune fille n’avait-elle donc aucune éducation ? Et pourquoi diable faire cela ? Que voulait-elle ? Lui faire du mal ? Avoir accès à ses affaires personnelles ? S’amuser ? Quoique ce soit, c’était absolument inadmissible. Fulminant, grommelant, il rejoignit enfin le Serdaigle qu’il avait repéré et lui tapota l’épaule pour qu’il se retourne. Un geste qu’il ne faisait jamais, mais qui lui était venu presque naturellement. N’était-ce pas ainsi que faisaient les élèves ?

« Salut ! Est-ce que tu as vu le professeur d’Histoire aller quelque part, là, maintenant ? »

Il fronça les sourcils en entendant sa voix, dans laquelle on percevait clairement l’angoisse. Pour justifier cela, il ajouta :

« C’est vraiment urgent. »

Oui, décidemment, c’était vraiment étrange de s’entendre parler avec une voix de jeune fille lorsqu’on était un homme de trente-quatre ans.
Myrdhin soupira. Cette situation saugrenue était un véritable cauchemar, et il priait intérieurement pour se réveiller expressément. Un échange de corps, c’était trop grotesque pour être réel, non ?

Ahren se réveilla doucement, s'étira dans ses draps bleus quelques instants et se leva rapidement de son lit, lorsque sa tête cogna violemment contre le ciel de lit. Il pesta une bonne minute en se tenant la tête. Bon sang, il n'avait pas sauté plus haut que les autres jours pourtant et il semblait plus qu'étrange qu'il ait pu prendre dix centimètres en une nuit.

Il haussa les épaules, perplexe, et se dirigea en soupirant vers la salle de bain où son reflet ne lui renvoyait pas l'image habituel. A la place de sa petite taille et de son visage pâle, il voyait des cheveux bruns en bataille, une barbe naissante, un air niais... Enfin bref, il ne voyait pas lui mais le visage de ce sale Sang de Bourbe d'Aaron Finnigan. Une moue de colère s'afficha sur le visage de cet impur, enfin sur son visage désormais.

Ce gueux avait dû vouloir lui jouer un tour, il était hors de question qu'il reste comme ça toute la journée, il voulait retrouver son corps et il le retrouverait. Il s'habilla en vitesse, évita tous les déchets moldus pour vêtir une robe de sorcier bleu nuit, passa un rapide coup de peigne dans la tignasse du né-moldu et quitta le dortoir en trombe, sans prêter attention aux autres garçons du dortoir.

Il décida de se rendre dans la grande salle, c'était sûrement l'endroit où il aurait le plus de chance de retrouver son corps et d'obliger Finnigan à le lui rendre. Même s'il fallait avouer qu'être un peu plus grand n'était pas pour lui déplaire. Peut-être pouvait-il profiter un peu de sa grande taille avant de retrouver son corps non ?

Non, il ne pouvait pas rester dans ce corps remplit de sang impur, rien que d'y penser ça le dégoûter, il était à la limite de vomir d'horreur tellement l'idée lui était insupportable donc non. Tant pis, il serait à nouveau petit mais tant pis. Et puis, il y avait aussi des avantages à être petit. C'était très bien petit et puis, il avait encore le temps de grandir.

Oui, c'était ça. Tout à fait, il grandirait... bientôt. Très bientôt même, il en était sûr. Donc, la priorité maintenant, retrouver son corps. Il allait donc d'un pas sûr et décidé lorsqu'il sentit une pression sur son épaule. Surpris, il se retourna et avisa une Serpentard plus jeune que son nouveau corps. Allons bon, qu'est-ce que cette gamine lui voulait ?

« Salut ! Est-ce que tu as vu le professeur d’Histoire aller quelque part, là, maintenant ? »

Ahren haussa un sourcil indifférent, elle le prenait pour qui ? Il avait vraiment l'air de savoir où se trouvait ce fichu professeur d'histoire ? Elle rajouta d'une voix suraiguë que c'était urgent mais franchement, ça ne le regardait vraiment pas son histoire d'adolescente amourachée.

"Non, je l'ai pas vu. Et j'en ai un peu rien à faire. J'ai un peu autre chose à faire que d'espionner le prof d'histoire qui en a un sacré grain si tu veux mon avis. Alors va voir ailleurs si j'y suis et fiche moi la paix."

Il tourna le dos à la jeune fille pour reprendre son chemin, lorsqu'il se rendit compte qu'elle savait peut-être où était son corps. Il fit marche arrière et lui attrapa les épaules.

"Hé attends ! T'aurais pas vu mon... Enfin t'aurais pas vu Ahren Keller ? Si tu m'aides, je t'aide, ok ?"

Certes, il n'avait pas été des plus sympathique mais bon, ce n'était pas vraiment grave. Si vraiment, elle voulait retrouver Schaffer, elle l'aiderait pour qu'il lui accorde son aide. Bien sûr, il était hors de question pour lui de chercher le prof zarbi mais ça la Serpentard n'était pas censée le savoir.

Ahren toisa la fille en face de lui lorsqu'elle affirma que Shaffer était un prof qui forçait l'admiration et tout un tas de blabla, elle venait de quelle planète ? Il n'avait jamais entendu personne vanter ainsi un prof, sauf peut-être Mason pour sa niaiserie dégoulinante. Enfin, elle lui avait quand même volé sa baguette en début d'année donc elle n'était pas aussi bisounours qu'elle voulait bien le laisser croire.

C'était une hypocrite en fait, elle faisait croire qu'elle était toute gentille pour mieux vous poignarder dans le dos en vous volant votre baguette magique, une vraie serpentard dans l'âme cette prof et puis son adoration des moldus était tout simplement répugnante. Donc l'adoration de la fille pour Shaffer était vraiment super bizarre. Il tourna les talons avant de revenir sur ses pas et de saisir les épaules de la fille qui lui agrippa le col de sa robe. Il resta un instant perplexe avant qu'elle ne le relâche. Il prit un air légèrement outré et lissa le devant de sa robe. Un léger sourire vint néanmoins étirer les lèvres de Finnigan quand la gamine consentit à retrouver son corps.

"Tu me prends pour qui ? Bien sûr que j'ai vérifier la salle commune et pour ses camarades de classe, je doute qu'ils me répondent. Il a une sale réputation, personne ne le fréquente sauf Wolf et elle est chez les Poufsouffles."

Il poussa un soupir las avant d'attraper le bras de la fille et partit en direction de la grande salle, il n'avait pas vraiment envie de passer sa journée ici, il fallait faire vite, il devait savoir si personne n'avait touché à son corps, il était petit et pénible mais ce n'était pas une raison pour ce venger sur son corps innocent.

Il entra donc dans la pièce au plafond magique et laissa son regard vagabonder dans la salle, un fin sourire naquit sur ses lèvres alors qu'il se voyait manger à sa table habituelle. Il se tourna alors vers la gamine qu'il avait entraîné avec lui et baissa lentement la tête.

"Bon ben voilà, je l'ai retrouvé, merci c'était sympa de ta part de venir avec moi. Je vais devoir te laisser maintenant. J'ai plein de boulot avec les ASPICS et tout. Aller à plus."

Il se baissa et embrassa doucement la joue de la fille devant toute la grande salle, voilà c'était sa vengeance contre Finnigan dans la chambre des secrets. Il tourna alors les talons pour rejoindre son dortoir, enfin celui du septième année et laissa en plan la gamine sans lui avoir apporter l'aide qu'elle lui avait demandé. Mais après tout, ce n'était pas ses affaires et il n'était pas d'humeur chevaleresque.