Les nuages s'accumulaient au dessus de Poudlard. C'était une journée noire, une journée qui empiétait sur le moral. Une journée qui ne plaisait pas du tout à God. Fatigué, le jeune homme somnolait sous un arbre, séchant un énième cours de la journée, une cigarette quasiment éteinte entre les doigts. Las, il ne cherchait même pas à cacher son acte illégal. A vrai dire, il souhaitait presque l'afficher au monde entier, à l'univers même. Peut-être qu'ainsi, il finirait par quitter ce collège qui lui gâchait la vie.
Il y avait eu de bons moments, pourtant. La première engueulade avec Adamson, le premier flirt avec Kelsey, ses premières beuveries avec son cher Darren, les soirées Quidditch avec Jeremy et d'autres potes, les lits testés et approuvés par toute la population féminine de Poudlard, les taquineries lancées à Swann Twilfit, son amitié avec la belle et passionnante Olivia, le "bro-cool" mouvement qui s'était créé avec Ashley, et même avant tout cela, les soirées au coin du feu avec une bouteille de Whisky et son Nestor Walace, les délires avec d'autres Serpentard, avec quelques Gryffondor, les nuits blanches passées avec des potes Serdaigle à analyse les réactions sur le corps humains de mélanges les plus catastrophiques d'alcool, et puis...
Juliet. Juliet qui lui apprenait à aimer, qui avait brisé toutes ses certitudes. Juliet qui le faisait vibrer comme il ne l'aurait jamais cru possible. Juliet qui lui coupait l'envie d'aller voir ailleurs, qui lui donnait envie d'y croire, à eux, à ce "nous" dont tant rêvait. Au bonheur amoureux. Juliet, qui partait l'année prochaine. Juliet qui était très proche de Jeremy. Juliet qui l'aimait passionnément, il le savait, mais attendrait-elle un an avec seulement quelques jours, quelques semaines à se voir ? Et lui, le pourrait-il ? Il ne savait pas. Il en doutait. Il l'aimait, mais il se connaissait également. Et la fin de l'année approchait. Bientôt, il leur faudra prendre une décision. Il n'en avait pas envie. Il voulait vivre sa vie avec elle à la carpe diem. Il n'aimait pas prévoir, penser. Mais il savait surtout qu'il ne voulait pas la quitter.
Ce qu'il voulait quitter, c'était ce bahut. Tout le monde partait. Juliet, Jeremy, Olivia, Darren, Kelsey... Tout le monde. Qu'est-ce qu'il allait faire, ici, seul, sérieusement ? Et ce monde, cette école, cette magie, ça n'était pas son univers ça ! Son monde, c'était des soirées, des danseuses, l'alcool et la drogue, la vie qui s'arrête à vingt-sept ans à cause de toutes les conneries qu'il aura ingéré, c'est vive aux heures les plus folles, c'est se foutre des règles et de la bienséance, c'est s'amuser et traîner avec les moins fréquentables, c'est vivre la vie comme s'il avait éternellement dix-sept ans. Ce n'était pas la magie. Il n'en avait jamais voulu, lui, il n'en voulait toujours pas ! Il ne l'avait jamais apprécié, ce monde ; il aimait simplement les gens qui y existaient. Mais, ces gens, il pouvait les voir à l'extérieur. Il n'avait pas besoin de cet endroit. De cette sorcellerie qu'il ne comprenait pas, ne voulait et n'utilisait pas. Il voulait juste ses postes et son bar, sa vie sex, drugs and rock n' roll. Il voulait Le Sucré , l'amour de sa vie. Son futur, son passé : et, oh combien le souhaitait-il, son présent. Il pourrait l'être, si Killian n'était pas coincé ici, dans ce collège puant.
Et, avec les nouveaux décrets, il le pouvait doublement. Un sourire démoniaque fleurit sur les lèvres sèches du jeune homme. Juliet le tuerait, elle ne comprendrait peut-être pas, au départ. Les autres non plus. Ils aimaient cet univers. Mais lui... Lui, il voulait se faire renvoyer.
Et, au nom de God, il y arriverait.
Se redressant brusquement, Killian éteignit sa cigarette et se dirigea à grands pas vers l'établissement. Il était temps qu'il quitte ce lycée. Il en avait assez. Il y avait passé trop de temps. Il devait pendre les choses en mains. Et ça commençait maintenant. Il allait scrupuleusement faire le contraire de tous les nouveaux décrets. Il allait pousser à bout la patience des enseignants. Il allait scandaliser le conseil des parents. Il allait se faire réunir l'assemblée. Il allait fournir la presse sorcière. Il allait révolter certains élèves. En passionner d'autre. Il allait faire le con, et pire encore.
Adamson allait le détester.
1er Avril dans la soirée
Les cours reprenaient demain. Il n’avait pas envie. Atrocement pas envie. Il voulait juste voir Juliet, la serrer contre lui, déconner avec Jeremy, embrasser Ashley parce qu’il aurait trop bu. Juste déconner. Vivre une vie dévergondée, comme il les aimait. Pourtant, il était ici, à Poudlard, et il n’avait pas vu Juliet depuis qu’il était arrivé. Elle avait passé son voyage en train avec Olivia et la veille avait été un capharnaüm indescriptible. Il s’était retrouvé, au nom de Dieu, dans le corps de Margot Adamson. Et, de même, tous les habitants du collège s’étaient retrouvés transformés. Et après, on vantait la magie ? On disait que c’était fabuleux ? C’était juste de la débilité pure ! Des conneries ! Un amas de sorcellerie débile qui détruisait les individus. Franchement, changer les corps et les esprits ? Et puis quoi encore ! Dire que certains en avaient profité, que certains avaient trouvé cela drôle ! Bordel, il n’en pouvait plus.
Il devait partir d’ici. Autant, les cours. Autant, des objets qui volent, qui parlent, des elfes de maisons, des années à accepter tout ceci. Mais là. Là ? Qu’est-ce que c’était ? Rien. Du n’importe quoi. Une maladie. Quelque chose de grave. C’était mal d’être sorcier. C’était mal, la magie. Voyez un peu ce que ça provoque ! Et, encore, si c’était anodin. Mais non. Tous les mois, quelque chose de bizarre qui se produisait. Des influences sur le caractère des gens, sur leur manière d’être. On les déglinguait ! On les dénaturait, on les changeait, on les transformait.
Bordel, il en avait marre, marre, marre. Il avait besoin de tout éclater. Fallait que ça finisse.
Assez. Ça suffit. Qu’est-ce qu’il fout encore ici ? Juliet le retenait jusqu’à la fin de l’année. Et maintenant ? Maintenant que cette putain est allée rejoindre les bras de son très cher et très amoureux meilleur ami ? Qu’est-ce qu’il lui reste ? Des amis ? Tain, si seulement il lui en restait. Ashley, peut-être. Mais Ashley, c’était un gamin encore. Un petit nouveau, qui entrait tout juste dans « sa » cour des grands. C’était pas pareil. Alors il avait quoi ? Il avait plus rien.
Évidement.
Il avait tout basé sur Juliet, alors qu’il essayait au maximum de vivre au jour le jour. Parce que, quand même, malgré tout, les femmes, on ne savait jamais. Pourtant, il avait espéré. Il y avait cru. A l’Amour, le vrai, celui avec un grand A, bordel, celui auquel il n’avait jamais cru auparavant, celui en qui Juliet lui avait appris à faire confiance. Tout ça pour quoi ? Pour que tout soit piétiné. Écrasé sans pitié. Bordel. Trois jours qu’il faisait semblant, trois jours qu’il ignorait tout le monde, trois putains de jours qu’il faisait comme si leur rupture ne le touchait pas. Après tout, il était Killian Gray. Et, si certains avaient été surpris de le voir se caser, n’était-ce pas normal, logique, évident même, qu’il redevienne l’homme qu’il était ? Bien sur que si. Alors, qu’il se fasse larguer, tromper, normal. Qu’il ne ressente rien devant ça, normal. Il n’était pas un type comme les autres après tout. Bien sur.
Tout le monde le savait. Il était God.
Tellement God qu’il était dans la salle commune des Serpentards, à sept heures du matin, totalement ivre. Parce que bordel, ça faisait mal, quand même. Et, quand ça faisait mal, son père lui avait toujours dit de boire pour oublier. Et, si ça revenait, il fallait boire encore. Et encore. Et encore. Juste boire. Se défoncer. Puis, arrêter de déconner, parce qu’aucune douleur ne vaut d’en crever, quand même. Non ? Si. Si ? Non. Il ne savait plus. Il ne savait plus rien.
Killian savait simplement qu’il avait mal, atrocement mal, que son cœur se brisait, que tous ses espoirs n’étaient plus. Que, pour une fois qu’il s’abandonnait totalement, qu’il se trouvait lui-même, qu’il était ce qu’on appelait normal, tout était gâché. Totalement. A cause d’elle. Elle, punaise. Elle. Juliet.
- Bordel Juliet ! J’t’aime, j’t’aime, j’t’aime. Vas t’faire voir, toi et ton Jeremy, c’te Jeremy à la con ! s’exclama-t-il en balançant une bouteille vide au sol, tanguant dangereusement.
Il a cours dans une heures, tous ses camarades vont descendre les un après les autres, ayant bien dormis, juste heureux. Et lui, il est là, comme un con, à pleurer sur une putain d’histoire d’amour. Qu’est-ce qu’elle lui a fait ? Qu’est-ce que Juliet a fait de Killian Gray, le seul, le vrai, l’unique ? Qu’est-ce qu’elle a fait de God ? Pourquoi est-ce qu’il est comme ça ? Pourquoi est-ce qu’il a mal ? Pourquoi est-ce qu’il en est arrivé au point de boire pour elle ? Pour cette femme, cette sal… Bordel. Il arrive même pas à l’insulter. A la remettre à sa place. Il y arrive pas, parce qu’il l’aime, il l’aime comme un fou. Son père lui avait dit, pourtant. Jamais. Ne jamais tomber amoureux. Jamais, bordel, qu’est-ce que ça voulait dire jamais pour lui ! Une fois, et après on voit comme ça fait mal et on s’arrête ? Jamais ! Bordel.
Et, maintenant, il faisait quoi ? Ivre, ivre de tout, déboussolé, perdu. Juste un pauvre gamin qui ne se remet pas de son premier chagrin d’amour. De son premier et son putain de dernier chagrin d’amour. Qu’est-ce qu’il allait foutre maintenant ? Prenant la bouteille à la main, Killian sort en tanguant de la salle commune. Hein, maintenant que plus personne ne l’aimait, qu’il ne comptait plus, qu’il ne servait à rien sinon à boire et à se droguer, qu’est-ce qu’il allait faire ? Continuer ? Ici ? A Poudlard ? A quoi bon ! Ici, c’était encore pire qu’ailleurs. Il y avait Juliet, et l’interdiction de vivre comme il le voulait. Peut-être qu’il était temps de tout mettre en marche, finalement. Peut-être qu’il fallait précipiter les choses ? Peut-être qu’il fallait tout faire exploser aujourd’hui ?
Après tout, qui le regretterait ?
Et, tenant sa bouteille à pleine main, dansant presque Killian se mit à courir dans les couloirs, riant comme un imbécile. Qui le regretterait, oui, ici ? A Poudlard, tous des hypocrites, des traitres, des menteurs. Il voulait rentrer chez lui et quitter cette vie, cette magie, cet endroit qu’il ne supportait plus. Être lui, God, c’était tout ce qu’il voulait. Un petit salaud. Juste ça. Qui le regretterait ici ?
Puis, brusquement, Killian s’immobilisa et fixa un petit garçon, debout à l’autre bout du couloir, qui l’observait comme si il était fou. Après tout, peut-être l’était-il ? Se rapprochant du gamin, à la de sa maison, le Serpentard sourit largement.
- Eh, gamin, t’as déjà été amoureux ? Essaie pas, t’sais, pasque c’est tout pourri... Et même que la magie ça craint et… Oh, tu vois cette bouteille dans ma main ? Eh bah tu sais à quoi elle sert ? ricana-t-il en secouant la bouteille de whisky devant le visage du gamin ; elle sert à t’oublier, genre tout, tout, tout. Pasque la vie c’est pourri, t’sais ? Tiens, t’veux pas essayer avec moi ? Viens mon gars, prends-en un peu ! s’exclama-t-il en lui tendant la bouteille, ignorant les regards paniqués et les hochements de tête frénétiques du petit.
Lou était née depuis presque 3 semaines, et Chloé se sentait à la fois mieux et tout de même un peu mal depuis cette date. Mieux, parce qu'elle avait enfin réussi à reconstruire une vraie famille. Maeva avait accepté Peter, qui le lui rendait bien malgré une certaine maladresse. Elle-même s'était réconciliée avec le père de son enfant. Il leur restait un long chemin à faire avant qu'elle ne puisse totalement lui faire confiance, mais ils y travaillaient. Et le bébé soudait le tout, leur petite Lou pleine de vie, qui n'hésitait pas à montrer à tous la puissance de sa voix de nourrisson dès qu'elle avait faim.
C'était pour cela que Chloé se sentait un peu mal. Elle n'avait pas le souvenir que les nuits aient été si dures après la naissance de Maeva - mais elle était bien plus jeune alors. Il lui semblait que Lou était un estomac sans fond, mais seulement aux heures les plus indûes de la nuit. Même si c'était Peter qui se levait le plus souvent, car il ne dormait de toute façon pas, Chloé était réveillée par les cris, le bruit de son compagnon se levant, et avait du mal à se rendormir. Heureusement qu'elle n'avait rien à faire la journée! Elle se demandait comment Peter, qui continuait de donner ses cours, tenait le choc.
Malgré sa fatigue, Chloé avait vite tourné en rond dans son appartement professoral. Elle avait délégué la majorité de ses tâches à Ana, ne gardant pour elle que les entretiens d'orientation qui avaient à peine commencé et ne lui prenaient pas beaucoup de temps. Lorsqu'elle était enceinte, le temps lui avait semblé passer plus vite, mais désormais, même avec Lou dans les bras, les journées paraissaient incroyablement longues. Elle avait pourtant de quoi s'occuper: il fallait envoyer les faire-part, regarder les dossiers des élèves, rendre visite à ses parents qui, sinon, se précipitaient à Poudlard pour admirer leur seconde petite fille. Même Matt était passé une fois par semaine depuis sa naissance, un record! Il en avait même profité pour lui annoncer, l'air de rien, que Lou aurait un cousin ou une cousine de son âge dans sept mois. Chloé avait manqué d'en tomber à la renverse, mais elle avait été heureuse pour son frère, qui allait avoir son premier enfant.
Quoiqu'il en soit, Chloé avait bataillé ferme pour trouver de quoi s'occuper jusqu'à la fin de l'année. Elle ne comptait pas reprendre son poste avant la rentrée suivante. Lavande et Parvati faisaient un excellent travail en tant que remplaçantes, et Ana Sorden semblait s'en sortir assez bien avec ses Gryffondor, malgré la méfiance qu'elle lui inspirait. Chloé avait bien entendu quelques élèves râler de l'attitude stricte de leur professeur, mais rien d'exceptionnel. Pour passer le temps, elle avait contacté Marcus et Deborah Lewis, une ancienne collègue, pour leur proposer de les aider. Bien qu'elle n'ait plus réellement d'accréditation en tant que Langue-de-Plomb, le prestige d'enseignant de Poudlard lui ouvrait beaucoup de portes. Deborah s'était proposée de lui donner quelques anciennes prophéties à traduire. Chloé avait accepté avec joie, ravie de quitter Poudlard. Etre en congé maternité sur son lieu de travail pouvait s'avérer étouffant.
Elle avait laissé Lou aux soins de Peter, qui n'avait pas cours de la matinée, et se dirigeait d'un bon pas vers la sortie du château. Mais, au détour d'un couloir, une scène étrange l'arrêta. Killian Gray, un élève machiste pour lequel elle n'avait que peu d'estime, tenait une bouteille et parlait de façon très incohérente à un petit première année terrorisé. Chloé hésita une seconde, se disant qu'elle ne devrait pas se charger de l'affaire. Elle était en congé, elle n'avait aucune autorité et n'aurait même pas du se trouver là. Mais son instinct d'enseignante l'emporta vite. Ils avaient travaillé dur ces derniers mois à redresser la discipline de l'école, en voyant les incidents se multiplier sans raison apparente, et elle ne pouvait pas laisser ce m'as-tu-vu ivre dans les couloirs, à la vue de tous, s'en prendre à un première année. S'avançant donc d'un pas rapide, son masque impassible des mauvais jours collé à la peau, Chloé toisa Gray.
"Laissez donc votre camarade tranquille, Monsieur Gray."
Le petit ne se le fit pas dire deux fois et recula précipitamment avant de se retourner et de courir vers la sortie du couloir.
"Puis-je savoir ce que vous faites à cette heure-ci avec une bouteille d'alcool dans les couloirs? Je doute que vous ignoriez que le Whisky Pur-Feu est interdit dans l'enceinte de l'établissement."
Chloé doutait également que Killian soit assez sobre pour comprendre ce qu'elle venait de lui dire. Elle pressentait qu'elle allait très rapidement l'emmener dans le bureau de Margot - non, de Minerva, et qu'il n'en ressortirait rien de bon. Tant pis pour Gray, il collectionnait les bêtises et ne semblait pas se rendre compte qu'il y avait des limites. Ce n'était pas elle qui pleurerait sur son sort.
Les messages postés avant le 17/12/16 par ce compte l'ont été sous le nom et par la joueuse de Chloé Hellsoft.
Killian sursauta en entendant ceci derrière son dos, se retournant brusquement ; sa tête lui fit alors un coup de traitre et elle se mit à tourner atrocement, l'obligeant à se laisser glisser par terre. Damn. Non seulement il tombait sur un prof, Hellbomb en plus !, mais il fallait également qu'il perde ses moyens et se retrouve à terre, plus pathétique encore. Fermant les yeux pour apaiser légèrement le malaise qui l'avait pris, Killian tenta d'écouter ce que la bombe disait, mais il n'entendait que des grésillements fort peu agréables, à travers le noir total qui se trouvait dans son esprit.
" Tain m'dame, causez pas, j'entends que dalle là. "
Sa tête finit par se stabiliser et Killian rouvrit les yeux. Hellbomb, donc. En clair, de gros gros ennuis d'assurés. Tain, il n'aurait pas pu tomber sur Adamson ? Son Adamson à lui, la crème de la crème, sa professeur adorée et aimée ? Non, évidement, Hellsoft qui, comme tout le monde savait, l'adorait plus que tout, bien sur... Soupirant, Killian regarda d'un air désespéré sa bouteille, comme si tout était de sa faute.
" Dites m'dame, vous en avez pas marre de moi ? " fit-il soudainement, en buvant une gorgée de whisky - suicidaire, lui ? A peine. " Non pasque tout le monde il en a marre de moi... Voyez, Juliet, Jerem, tous des p'tits cons qui m'ont trahis. Alors moi j'm'en fous de tout, j'veux tout foutre en l'air voyez ? Tiens, vous voulez du whisky m'dame ? Oh et dites, vous pouvez pas dégager et appeler Adamson, plutôt... Elle est tellement plus cool qu'vous, 'tendez. "
Il disait n'importe quoi. Il racontait sa vie à Hellsoft. Hellsoft qui allait se faire un plaisir de le coller jusqu'à la fin de sa vie, de l'enfermer dans les cachots ou aux cuisines pour qu'il y travaille, histoire de faire pardonner cet acte de décadence et d'impolitesse totale envers un enseignant... Peut-être même qu'elle ferait pire, tiens, c'était pas ce qu'il voulait au départ ? Si, peut-être. Il savait plus trop en fait. Il faisait trop noir et bizarre dans sa tête pour qu'il se souvienne. Pourtant, il était pas bourré, hein, il était vachement résistant à l'alcool lui ! Disons juste que trop d'émotions, trop de degré alcoolisé, quand même, ça montait au cerveau.. Et déjà qu'il était pas futé, hein, tout le monde le disait, ça allait pas s'arranger avec ça.
Puis, brusquement, Killian redressa la tête et s'exclama :
" Ah, ça y est ! J'sais c'que vous vouliez ! C'que je fais dans les couloirs, là, m'dame, c'est que j'me bourre la gueule pour me casser d'ici ! Vous v'lez pas être gentille et faire que ça s'réalise, dites ? Allez, votre BA d'la journée m'dame Hellbomb ! "
Ou au moins, qu'elle aille appeler Adamson. Adamson comprenait toujours, elle.
Allons bon, songea Chloé en entendant le discours de Killian, voilà que Gray, en plus d'être saoûl, avait des états d'âmes. Elle l'avait toujours pris pour ce qu'il était: un petit con, machiste et égoïste, et qui donc ne pouvait pas souffrir du comportement des autres. Au début, Chloé s'efforçait de penser que ce n'était pas sa faute, que c'était son éducation, qu'il fallait de la patience pour le faire changer... Avant de réaliser que ce n'était pas son rôle. Et puis il fallait dire que plus les années passaient, plus il était dur de ressentir de l'empathie pour un élève. Le petit Keller, par exemple. Plusieurs enseignants tentaient de se montrer ferme sans le brusquer en raison de son âge, de sa taille minuscule qui lui donnait une apparance innocente et malléable. Mais il serait, dans quelques années, l'égal d'un O'Connor, et plus personne ne montrerait d'indulgence à ce moment là. Or, Gray avait largement dépassé le stade de l'indulgence, et Chloé savait qu'il ne ferait pas bon de le croiser dans vingt ans. De bêllatre sans scrupules, il serait sûrement passé au stade de mari dominateur - alcoolique et violent, probablement.
Chloé savait, de plus, que Margot l'aimait bien, et pensait qu'elle avait du essayer de le sensibiliser à la cause féminine. Cause perdue selon elle, mais peut-être pas tant que ça, puisqu'il s'avérait que Gray en avait après une certaine Juliet et Jeremy - Wilson et Baker, probablement. Radio Poudlard s'était bien chargé de commenter les évènements, oubliant que même une enseignante en congé avait des oreilles. Killian parlait même de "trahison", preuve qu'il venait d'expérimenter un sentiment humain qu'il avait du provoquer un million de fois.
"Je crois que nous allons aller voir le professeur Adamson, en effet." répondit-elle, toujours aussi glaciale.
Elle ne voulait pas se charger elle-même du cas Gray. Déjà parce qu'elle était en congé, ensuite parce qu'elle n'était pas sa directrice de maison, et troisièmement parce que ses actions le conduiraient probablement droit au brisage de baguette. En effet, ces dernières années, le comportement des élèves s'était dégradé, et les enseignants avaient tout juste pris des mesures pour ramener l'ordre. Ils avaient bien été d'accord sur le fait qu'il ne fallait rien laisser passer, sans quoi ce serait un coup d'épée dans l'eau. Et, s'ils ne voulaient pas exclure des élèves, étant donné les conséquences de cela sur leur avenir, ils le feraient s'il y étaient forcés. Ce qui semblait être exactement le cas en l'occurrence. Gray avait déjà un dossier très chargé, et venait d'être pris, saoûl, en train de proposer de l'alcool à un mineur.
" Ah, ça y est ! J'sais c'que vous vouliez ! C'que je fais dans les couloirs, là, m'dame, c'est que j'me bourre la gueule pour me casser d'ici ! Vous v'lez pas être gentille et faire que ça s'réalise, dites ? Allez, votre BA d'la journée m'dame Hellbomb ! "
Et si en plus, Gray demandait lui-même à être renvoyé, il ne restait plus qu'à exaucer sa volonté. Chloé ressentit un élan de pitié pour l'adolescent. Pourquoi voulait-il absolument partir d'ici? Qu'avait Poudlard pour le faire fuir? Elle ne comprenait pas, vraiment pas. Ce n'était pas la première fois qu'un élève décrochait avant les ASPICs, mais là, ce n'était même pas par difficultés scolaires. Il n'aimait juste pas ça, et, considérant ce qu'elle savait de sa vie à l'extérieur, Chloé ne comprenait pas.
Elle lança un "accio bouteille" pour lui prendre son Whisky Pur Feu et guida le jeune gnome en direction du bureau de sa directrice de maison. Ce fut délicat, car il avançait à une allure... irrégulière, et suivant une trajectoire erratique, mais ils finirent par y parvenir. Chloé frappa à la porte de Margot, qui devait être en train de préparer sa classe, si elle avait terminé de déjeuner.
"Margot, je t'amène Killian Gray. Je l'ai trouvé dans... cet état, au milieu d'un couloir, en train de proposer cette bouteille" - elle la posa sur la table - "à un première année."
Elle adressa un long regard désolé à l'élève, puis à l'enseignante, lourd de signification. Gray ne pourrait pas couper au conseil de discipline, même avec toute la bonne volonté du professeur Adamson.
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Margot AdamsonAncien personnage
Messages : 1957
Mer 22 Mai 2013 - 17:51
Margot griffonna quelques mots à la hâte sur sa feuille de parchemin et se dirigea vers la seconde étagère, pour finir son rapide inventaire. Elle commençait à être à cours d'ingrédients pour ses potions, et certains d'entre eux étaient rares et difficiles à se procurer. Elle aurait du s'en occuper avant de rater une potion parce que son pot d'yeux de salamandre était vide ! Elle avait fait exploser son chaudron comme une débutante et avait recouvert son bureau des restes de sa potion rose fluo, s'aspergeant au passage. Un coup de baguette avait suffi à nettoyer sommairement la pièce - elle était rodée aux sorts de nettoyage, depuis le temps - mais elle était échevelée et maculée d'une étrange mixture fluo. Et son cours qui n'allait pas tarder à commencer ! Grommelant entre ses dents, Margot ajouta "foie de chauve-souris" à sa liste de courses qu'elle expédia sur son bureau. L'enseignante était en train de se recoiffer fébrilement quand quelques coups furent frappés à la porte.
"Entrez !", lança-t-elle en fronçant les sourcils. Que quelqu'un lui rende visite en début de matinée, alors que les cours étaient sur le point de commencer, n'était pas de très bon augure. A tous les coups, une nouvelle catastrophe était arrivée ou l'on venait à nouveau l'accuser d'un meurtre sordide...
Cependant, ce ne fut pas sur deux aurors désagréables que la porte s'ouvrit. La vision qui s'offrit à elle eut le don de lui faire oublier momentanément la mixture rose qui lui recouvrait une partie du visage. Ce n'était pas la première fois que l'un de ses collègues lui emmenait Killian Gray suite à l'une de ses bêtises ou insolence, mais jamais jusque là elle ne l'avait trouvé ivre. Le regard de l'enseignante s'agrandit légèrement devant la mine défaite de Killian, et son cerveau refusa de faire la connexion entre la présence du jeune homme dans son bureau et la bouteille d'alcool qui se trouvait dans la main de Chloé. Malheureusement, Chloé se chargea de faire le lien à sa place.
*Non, non, non*
Margot ferma les yeux brièvement avant de reporter son attention sur sa collègue, un sourire crispé aux lèvres. Toutes les deux savaient très bien ce que cela voulait dire : c'était la fois de trop. Toute l'indulgence du monde n'y pourrait rien, pas avec tous les faits d'arme de Killian depuis le début de sa scolarité et en particulier ces derniers mois... Alors, voilà. Ce que Margot avait toujours redouté était arrivé, l'un de ses petits protégés avait fini par craquer. Elle avait avoué, en tant qu'enseignante et en tant que directrice de maison. Pourtant, elle n'aurait jamais cru qu'il s'agirait de Killian. Darren ou Théo, oui, ils étaient plus vulnérables, mais Killian ? Elle avait toujours cru en lui, en son potentiel... Mais s'il n'y croyait pas lui-même, s'il ne faisait pas le moindre effort, qu'y pouvait-elle ?
"Merci, je vais m'en occuper. Est-ce que tu pourrais demander à William de surveiller les élèves le temps de mon arrivée, s'il-te-plait ?"
Tandis que son amie s'en allait, Margot attrapa Killian par le coude et le conduit à la chaise face à son bureau, puis vint s'asseoir face à lui. Silencieuse pendant quelques instants, elle finit par se résoudre à énoncer l'évidence :
"Je vais être obligée de convoquer un conseil de discipline cette fois."
Mais elle n'y tirait aucun plaisir. Killian pouvait être violent et irrespectueux, mais il n'était pas stupide, elle en était persuadée. Qu'est-ce qui avait pu le pousser à faire une telle chose, tout en sachant très bien les répercussions que cela pouvait avoir ?
"Killian...", commença-t-elle avant de s'interrompre, cherchant le meilleur moyen d'exprimer sa frustration et son incompréhension. Un seul petit mot finit par sortir de sa bouche, tandis qu'elle vrillait sur son élève un regard consterné, presque intrigué.
"Pourquoi ?"
Isabelle Adjani, kit par Juliet
Killian GrayAncien personnage
Messages : 155
Lun 24 Juin 2013 - 12:59
Killian sentit Hellsoft lui saisir la main et le guider à travers un dédale de couloirs. Il ne comprenait pas trop où on l'amenait - peut-être chez Adamson ? Pitié, chez Adamson ! Ou à l'infirmerie, il avait tellement mal à la tête, mon Dieu ! - la seule chose qui paraissait claire dans son esprit, était l'absence de sa bouteille dans ses mains. Damn, avec tous les efforts qu'il faisait pour les faire rentrer à Poudlard, il avait fallu qu'il se fasse prendre aujourd'hui, hein ? A moins qu'il n'ait fait exprès, tiens, parce que d'habitude il était plutôt discret, comme type, quand il buvait... Enfin, normalement. Il n'en savait rien, en fait. C'était le gros trou noir.
Oh, Hellbomb s'arrêtait.
Killian leva difficilement les yeux et aperçut la porte du bureau d'Adamson. Aussitôt, il se sentit heureux et peina à sourire largement. Adamson avait du rose sur la figure ! Du rose tout partout ! Comment est-ce que c'était arrivé là ? Une potion, surement, hein. Bien sur, quoi d'autre qu'une potion ? Killian ricana intérieurement avant de voir le regard que lançait Hellsoft à Adamson. Ouhou, problèmes. Il baissa la tête, déjà lassé. On pouvait pas le virer d'un coup sans discuter ? Il détestait discuter.
" Merci, je vais m'en occuper. " Dès que Adamson eut dit cela, Killian releva la tête, tentant de l'amadouer. Cependant, dans son état, il fut simplement capable de se laisser guider vers une chaise où elle le fit asseoir de force. Killian soupira et laissa tomber son visage entre ses bras, posés sur le bureau de sa professeure. Il sentait son regard peser sur elle ; il se contenta de soupirer une seconde fois lorsque la sentence tomba. Conseil de discipline. Killian se sentit légèrement nauséeux. Pas que le conseil l'effraie, ou qu'il s'en veuille d'y aller, ou autre crétineries mais... Mais il sentait que cela ne ravissait pas sa professeure et, au nom de Dieu était-ce bien lui qui parlait ?, il s'en voulait de lui faire faire ceci.
Après tout, Adamson avait toujours été là pour lui, à essayer de le comprendre, de l'aider, de lui donner la motivation d'y arriver. Elle avait joué le rôle de mère, de protectrice, un peu ; et Killian réalisait simplement maintenant à quel point tout ceci avait été important pour lui. Il riait de leur complicité, des flatteries qu'il lui faisait, des remerciements qu'il lâchait faussement à contre-coeur. Il riait lorsqu'il se rappelait quand Adamson avait débarqué chez lui et mis le bordel partout ; il l'avait haïe au départ, et puis maintenant ça, ce respect pour cette femme, cet amour quasi enfantin qu'il lui portait. Comment est-ce que c'était possible ? Elle ne l'avait jamais vraiment traité différemment des autres élèves mais... Mais qu'une femme soit là pour lui, depuis le départ, Killian n'y aurait jamais cru. Une femme fidèle et aimante sur la longue durée, ça existait donc ?
Alors voilà, il se sentait coupable, il s'en voulait, il aimerait lui dire que ce n'était pas de sa faute mais juste lui qui foutait toujours tout en l'air, lui qui ne se sentait pas à l'aise ici, mais il n'allait pas lui raconter sa vie, si ? Killian redressa la tête lorsque sa professeure murmura son nom, suivit d'un " Pourquoi ?" véritablement intrigué. Si, finalement, il allait lui raconter sa vie. Killian sourit gentiment à Adamson et, balbutiant, il pointa son chaudron :
" J'pourrais avoir un truc contre le mal de tête, d'abord ? Et, promis m'dame, j'vous raconte tout. J'vous dois bien ça, après tout."
Alors, une fois que sa professeure lui eut servi un peu de mixture, Killian se cala confortablement dans son fauteuil et leva les yeux vers elle.
" Vous n'avez pas cours normalement ? "
Killian savait très bien que si et, rêvant un peu, il espérait qu'il n'aurait pas à se dévoiler complètement. Certes, il lui devait ça, mais ça ne voulait pas dire qu'il aimait parler de lui. Faire parler de lui, volontiers ; mais le reste... Toujours est-il qu'il se trouvait, là, dans son fauteuil, une tasse vide entre les mains, et les yeux scrutateurs d'Adamson sur lui. Alors, il raconta.
Il raconta comment son père avait toujours été son seul repère. Il raconta comment le bar avait été le mystère de son enfance, dévoilé peu à peu, dans lequel il avait finalement évolué, jusqu'à complètement y appartenir. Il raconta comment l'arrivée d'Adamson, à ses 11 ans, l'avait tiré trop brutalement de cet univers dans lequel il grandissait et qu'il jugeait sien pour la vie, comme son père lui avait dit. Il raconta comment il s'était senti dépaysé, arraché à son cocon familial, arraché à tout ce qui faisait sa vie et balancé dans cet univers où il ne connaissait rien.
Il avait tout de suite développé une rancoeur contre cet endroit, contre cet magie, que rien n'avait réussi à faner. Même pas la joie dissimulée et jamais avouée lorsqu'il voyait Poudlard se métamorphoser aux périodes de fêtes, même pas le plaisir enfantin qu'il avait ressenti lorsqu'il avait du faire voler sa première plume d'hibou. Non, il avait déjà trop ancré cette haine de la magie et de Poudlard en lui - à cela s'ajoutaient les restrictions propre à l'établissement, qui le contraignaient et l'éloignaient de son univers naturel. Il avait besoin de faire la fête et de se sentir Roi.
Ce n'était que lorsqu'il avait réalisé cela, deux mois peut-être après la rentrée, qu'il s'était senti légèrement mieux ici. Il n'avait qu'à faire comme si Poudlard était un collège normal, et les gens qui y habitaient de nouveaux arrivants de son quartier. Il fallait donc les charmer, les flatter, les faire tomber fou de lui ; son règne à Poudlard avait commencé. Mais, toujours, sans aucune amitié pour la Magie. Alors, ça lui servait à quoi, de vivre ici, de rester ici quand il ne faisait que reproduire son quartier et sa manière de vivre, en occultant tout ce qui était magie ?
Alors, certes, cela faisait six ans qu'il était ici. Il aurait bien pu survivre à encore un an. Mais avec qui ? Comment ? Tout ceux qu'il jugeait ses amis - Poudlard avait cela d'honorable, il lui avait fait découvrir l'amitié - s'en allait à la fin de l'année, que ce soit Darren ou Olivia. Déjà, là, rien ne le retenait pour l'année prochaine. Et puis, il y avait eu l'histoire de Juliet et Jeremy. Juliet, à qui il avait offert son coeur, jamais déballé, et qui l'avait piétiné sans remords pour succomber au charme de son soit-disant meilleur ami. Cette histoire, donc, qui lui avait fait perdre tout repère, toute envie de rester dans ce monde qui respirait Juliet et les souvenirs qu'ils avaient ensemble.
" C'est con, pas vrai M'dame, un putain de chagrin d'amour qui fait craquer Killian le God ? " conclut le Serpentard, la voix enrouée d'avoir parlé, et peut-être d'émotions, bien qu'il ne l'admettrait jamais.
Et, finalement, il reposa sa tasse vide sur la table et adressa un sourire à sa professeure.
" Voyez m'dame, vous pourriez croire en moi aussi fort que vous le souhaitiez, la magie et moi, ça ne fera jamais un. Il est temps d'arrêter la mascarade, pas vrai ? "
Hello, I'm Awesome !
Margot AdamsonAncien personnage
Messages : 1957
Jeu 4 Juil 2013 - 22:19
Margot hocha la tête avec une once d'indulgence quand Killian lui réclama quelque chose contre le mal de tête, et retint un sourire quand il affirma qu'il lui devait bien ça. Margot avait toujours éprouvé une certaine affection pour ce garçon. L'enseignante se rappelait de chaque jeune sorcier qu'elle était venu chercher chez sa famille pour l'avertir de ses extraordinaires pouvoirs, mais son passage chez les Gray l'avait particulièrement marqué. C'était qu'il n'avait pas une vie ordinaire, le petit Killian, et elle avait été ravie qu'il ait ce don pour la magie. Ainsi, avait-elle espéré naïvement, il pourrait prétendre à une autre vie, plus ambitieuse, à la hauteur de ses capacités. Comme elle s'était fourvoyée...
Submergée par l'amertume, l'enseignante se leva et attrapa l'une de ses potions qu'elle tendit à Killian, avant de regagner sa chaise. Quand il lui mentionna ses cours, elle écarta la question d'un haussement d'épaules indifférent. Il y avait des moments, rares heureusement, où son rôle de directrice de maison prenait le pas sur son poste d'enseignante et c'était l'un d'eux. Margot voulait comprendre comment Killian avait pu en arriver là, alors qu'il avait toutes les clefs en main pour réussir et s'épanouir ici. Elle avait cru qu'il serait roi ici, elle l'avait même cru heureux, naïvement. Mais au fil de ses explications, elle comprit à quel point Killian ne s'était jamais senti à sa place parmi les sorciers. Tout ce à quoi il semblait aspirer, c'était de retourner dans ce bar indécent qui appartenait à son père, pour y mener une vie qui, pour Margot, n'avait rien d'enviable. L'enseignante resta de marbre pendant le récit de son élève, mais elle ne pouvait s'empêcher intérieurement d'en vouloir à ce père qui le retenait dans son monde. Elle en voulait aussi à Killian, quelque part, de ne pas avoir compris tout seul qu'il fallait se détacher de ses rêves d'enfants. En grandissant, n'avait-il pas vu à quel point cet endroit était sordide, avilissant, à quel point il valait mieux que ça ? Ne voyait-il pas les opportunités qu'il avait d'accéder à tout autre chose, un futur éduqué, un emploi respectable ? Oh, Margot n'était pas dupe. Killian ne serait jamais un enfant de choeur, elle ne lui demandait pas de changer ses moeurs. Mais l'idée de l'imaginer cantonné à une vie au Sucré l'attristait au-delà des mots. Et elle se sentait en colère, contre ce père et ce foutu bar, contre son élève, contre elle-même qui n'avait pas vu son mal-être, et contre ces deux Gryffondor abrutis qui n'avaient pas trouvé mieux que de lui briser le coeur.
Une fois qu'il eut fini de parler, Margot le considéra un instant en silence. Sa dernière question, qui tournait en boucle dans sa tête, avait des accents amers. Une mascarade, voilà vraiment comment il considérait sa scolarité ici ? Margot avait du mal à le croire, et ne pouvait l'accepter. Elle se mordit la lèvre inférieure avec irritation et finit par répondre, sur un ton incisif :
"J'espère simplement que la véritable raison de votre départ, au-delà de votre désamour de la magie, n'est pas cette rupture. Le monde de la magie a tellement plus à vous offrir qu'une petite-amie de lycée, Killian ! Vous n'êtes ni le premier ni le dernier à vous faire briser le coeur, je suis d'ailleurs prête à parier que vous en avez vous-même brisé plus d'un. C'est triste mais, hélas, très commun. Si vous voulez tout envoyer balader et fuir, je ne vous jugerai pas, je serais bien mal placée pour cela. Mais je trouve ça dommage, vraiment. Et une peine de coeur ne justifie absolument pas de proposer de l'alcool à un première année, bien sûr, sinon nous aurions de très jeunes alcooliques..."
C'était effarant de constater à quel point les jeunes de dix-sept ans pouvaient perdre la tête par amour. Oh, elle ne le comprenait que trop bien, de son propre caractère et de sa propre expérience, mais avec l'âge et les responsabilités, elle avait appris à tempérer ses ardeurs et à calmer ses passions quand il le fallait. Enfin, elle se trompait peut-être. A l'en croire, la peine de coeur de Killian avait surtout été une goutte d'eau qui avait fait déborder un vase déjà plein à ras-bord. Le fond du problème était le même depuis ses onze ans, Killian n'appartenait pas à ce monde. Margot avait beau refuser cette idée et vouloir lutter contre, il y avait des limites à ce qu'elle pouvait faire si son élève n'y mettait pas un peu du sien.
"Enfin", reprit-elle en soupirant, "si vous ne voulez plus étudier la magie, je ne peux pas vous retenir... Poudlard n'a pas vocation à enfermer ses élèves contre leur gré. C'est une école, pas une prison. Apprendre la magie à Poudlard est une chance extraordinaire à mes yeux, mais je peux comprendre que vous ayez d'autres aspirations dans la vie. J'espère simplement que vous ne découvrirez pas trop tard que le Sucré n'en fait pas partie, contrairement à ce que vous dictent vos souvenirs émerveillés d'enfant... Ne rejetez pas trop vite tout ce que vous avez pu apprendre au cours de ces six années, Killian. Et j'espère sincèrement que vous ne le regretterez pas. J'espère également que le Sucré ne vous décevra pas."
Son regard clair se détourna, pour venir se poser sur ses mains, en une attitude contrite. Ce type de discours n'aiderait pas Killian à assumer ses actes, maintenant. Quand bien même elle parviendrait à le faire changer d'avis, Margot savait pertinemment que c'était trop tard pour lui. Même en y mettant toute son influence et tout son poids, elle ne pouvait de façon crédible soutenir que Killian avait toujours sa place à Poudlard... C'était trop tard, il fallait qu'elle l'accepte. Lui semblait déjà l'avoir fait, de toute façon, alors elle n'avait plus qu'à l'accompagner de son mieux pendant cette dernière étape de sa vie parmi les sorciers.
"Je ne vais pas vous mentir, vous risquez l'exclusion. Et qui dit exclusion, dit baguette brisée. Mais... Quand bien même vous seriez expulsé et sans baguette, vous appartiendrez toujours à ce monde. Il sera toujours là pour vous si vous le souhaitez. Et je serais ravie d'avoir de vos nouvelles de temps en temps."
L'enseignante ponctua cette dernière phrase d'un sourire sincère.
RP Terminé
Isabelle Adjani, kit par Juliet
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Mar 9 Avr 2013 - 22:47
