[Test de février] MÉTAMORPHOSES

Le suricate la regardait de manière étrange. Vraiment. Cela la mettait mal à l'aise. En même temps, elle avait une baguette pointée sur lui. Mais avec ses grands yeux, il était presque en train de la faire culpabiliser. Et si elle ratait son sort ? Il n'y avait pas de raisons, mais tout de même. Si elle rendait le suricate infirme, ou lui faisait du mal ? Il avait l'air mignon tout de même. Elle n'était pas du genre à avoir un suricate comme animal de compagnie, surtout qu'elle avait déjà un chat, mais tout de même. Il la regardait vraiment étrangement pour un suricate. Et si c'était une personne métamorphosée ? Une personne que le professeur Nola n'aimait pas, Ana par exemple, et qu'il donnait en excercice pratique à ses élèves ?

- Ne me regarde pas comme ça ! souffla-t-elle.

Réalisant qu'elle venait de parler à un suricate, elle soupira. Elle n'allait pas rater son sort. Elle avait séché sur la dernière question du contrôle et avait l'impression d'avoir raté les autres. Elle était persuadée de ne pas avoir assez approfondi ses réponses. Elle allait se prendre un A, elle en était sûre. Elle ne pouvait pas se planter sur l'exercice pratique. Heureusement, elle était plus douée avec une baguette entre les mains qu'une plume. Elle souleva sa baguette au dessus de la tête du suricate, inspira un bon coup et prononça sa formule le plus distinctement possible avant d'abaisser sa baguette magique. Un craquement sonore retentit suivi d'un piaillement qui pouvait s'apparenter à un piaillement outré. Son suricate avait réapparu sur le bureau du professeur Nolan et avait l'air furieux. Du moins, elle lui trouvait un air furieux. Cassandre se leva pour aller vérifier son état et il manqua de la mordre. Elle lui tapota le museau du bout de l'index pour le réprimander et l'observa sous toutes les coutures. Tout allait bien visiblement. Et il semblait assez en forme pour qu'il ne lui manque aucun organe interne. Par contre, elle avait l'impression que ses poils avaient légèrement raccourcis, mais peut-être que ce n'était qu'une impression. Satisfaite, elle saisit le suricate et alla le reposer sur son propre bureau au quatrième rang, soit à plus d'un mètre du bureau, avant de se rassoir.

Il la regardait vraiment étrangement, tout de même.

Artémis fixa son suricate avec appréhension et tristesse. Appréhension, parce qu'elle n'aimait pas les matières pratiques, piètre sorcière qu'elle était, mais elle n'avait pas le choix. Et pour l'instant, elle n'avait rien connu de pire que la métamorphose animale. Tristesse, parce qu'elle savait qu'elle allait faire souffrir cette pauvre créature innocente qui n'avait rien demandé. Essayant de masquer son trac, elle leva sa baguette, défiant le petit animal du regard. Puis elle dit la formule à voix basse, sèchement, et s'appliqua à faire le six à l'envers qui constituait le mouvement approprié au dessus de sa tete.

Le résultat fut immédiat: la petite bête eu à peine le temps de couiner qu'elle était déjà réapparue... sur la table voisine. C'était trop loin de deux bons mètres. Artémis constata aussi avec horreur que la queue de l'animal était restée à l'endroit de départ, ce qui expliquait les couinements désespérés de l'animal. Elle détestait ça, cette façon de s'entraîner sur des êtres vivants qui souffraient et n'avaient rien demandé.

Sans oser regarder le professeur Nolan, qui lui mettrait sans doute une mauvaise Note, Artémis se leva et partit chercher la pauvre petite chose qu'elle câlina pour la réconforter. Ce n'était pas un animal très ragoutant, mais ils avaient vu pire en cours de Soin aux Créatures Magiques. Puis, toujours en baissant les yeux, elle tendit le suricate au professeur pour qu'il le rafistole.

Amely soupira de soulagement : elle avait rendu sa copie. Elle était déçue de n'avoir pas réussi la question 4, et maudissait sa culture générale qui ne lui avait été d'aucun secours. Comment avait-elle pu oublier les détails du 2 Mai 1998 ? De toute façon, c'était trop tard, et puis elle était contente de s'être rattrapée à la question 3. Au départ, elle avait mis le Magicobus dans les moyens de transport basés sur les Sortilèges de Disparition et d'Apparition, mais s'était heureusement auto-corrigée en se rendant compte qu'il était plutôt apparenté au Sortilège de Désillusion, qui lui ne faisait pas partie de la question, puisque le Magicobus était invisible aux Moldus mais toujours présent physiquement. Bref, elle était soulagée, mais appréhendait cette épreuve pratique, bien moins sûre pour elle que sa plume et son parchemin.

Le suricate qui lui était assigné avait une bonne tête. Il semblait même à Amely qu'il lui souriait, mais ce n'était peut-être qu'une impression. Confortablement assis sur son bureau, il avait l'air très à son aise, comme s'il attendait qu'elle lui lance un sort. La Serdaigle ne regarda même pas les autres élèves qui attendaient que quelqu'un se lance en premier pour s'y mettre eux-même. Très concentrée, elle brandit sa baguette au dessus de l'animal, prononça la formule dans un mouvement de poignet caractéristique, et le suricate disparut. Se demandant distraitement où il pouvait bien être en ce moment, elle lança le Sortilège d'Apparition en priant le suricate de réapparaître, pas vraiment parce qu'elle tenait à lui, mais honnêtement, parce qu'elle voulait une bonne note. Cependant, un mètre plus loin, il n'y avait que du vide.

C'est alors qu'Amely sentit quelque chose de poilu frôler son mollet. Elle se retint de pousser un hurlement et se baissa pour regarder sous son bureau : un suricate un peu ratatiné la regardait avec des grands yeux noirs. Pas de doute, c'était bien le sien. Bon, il n'était pas réapparu un mètre plus loin, mais il était bien là, toujours vivant, et... (le suricate se retourna sous les yeux horrifiés d'Amely) presque entier. D'un côté, la jeune fille était triste pour la petite bête, mais elle craignait surtout d'avoir une mauvaise note, à cause d'une simple queue oubliée dans l'autre monde.

Lorsque le professeur Nolan appela Jordan et Olivia, le garçon se leva et mit en place les magi-diapo prévues pour l'exposé, tandis que sa camarade écrivait leur plan au tableau. Leur collaboration s'était bien passée. Olivia n'était pas une acharnée du travail et n'avait pas réellement travaillé le sujet, ce qui allait très bien à Jordan qui préférait faire les recherches lui-même pour être sûr de ce qu'ils diraient. La jeune fille avait confiance dans les capacités de son partenaire qui lui, savait qu'elle ne perdrait pas tous ses moyens le jour venu, bavarde qu'elle était. Ils avaient convenu d'un fonctionnement simple: celui qui ne parlait pas inscrivait les grandes lignes de l'exposé au tableau, au fur et à mesure, et passait les magi-diapo. C'était Jordan qui commençaient l'exposé.

"Pour cet exposé, nous avons choisi le thème des vampires. Il s'agit de l'une des nombreuses formes de métamorphose humaine que l'on trouve dans le monde, bien que certains illuminés soutiennent que les animaux puissent aussi se transformer. Il en existe plusieurs races, mais toutes partagent un certain nombre de points communs qui permettent de les regrouper sous la même espèce. On décrira d'abord les caractéristiques globales que l'on retrouve chez tous les vampires, puis l'on brossera un rapide portrait des espèces les plus connues, et l'on décrira plus particulièrement l'une d'entre elles.

Bien, commençons par le mode de transformation. Le vampirisme est une métamorphose définitive et irrémédiable, c'est-à-dire qu'elle ne peut être inversée. Puisque le vampire est un être immortel, elle est donc également infinie dans le temps.

La transformation varie d'une espèce à l'autre. La plupart du temps, l'humain aura été mordu par un vampire. Cela pose la question très intéressante du vampire original, qui n'a pas pu être mordu, étant le premier de son espèce. Nous disposons de très peu d'informations à ce sujet, mais la théorie la plus courante est qu’il s’agit d’une malédiction, ou tout du moins d’un puissant sortilège jeté par un sorcier. Cette hypothèse est créditée par le fait que plusieurs espèces de vampire coexistent, avec des caractéristiques légèrement différentes. Selon les recherches des Langues de Plomb, ce serait la preuve que plusieurs sorciers sont arrivés à créer un maléfice semblable et à le jeter, mais chacun ayant travaillé à partir d’une base magico-culturelle différente, le sortilège obtenu n’a pas été exactement le même partout.

La morsure du vampire peut parfois nécessiter la mort de la victime. Certaines espèces ont un mode de transformation légèrement différent, mais toujours en rapport avec la mort, la morsure ou le sang."

Jordan se recula ensuite pour laisser la parole à Olivia.

"Nous abordons maintenant la partie sur les caractéristiques du vampire. Tout comme le mode de transformation, elles peuvent varier selon son espèce. Cependant, nous pouvons trouver les caractéristiques suivantes :

Premièrement, un vampire a besoin de sang humain pour garder de la vitalité. Toute autre forme de nourriture comme le sang animal, ou la nourriture humaine, ne lui donnera pas les nutriments nécessaires pour qu'il soit en bonne santé, et il faiblira inévitablement. Sans cet apport de sang humain, un vampire peut se dessécher, et dans certains cas mourir. L'envie de sang se manifeste souvent par les yeux, comme en témoigne cette photo des deux fils du directeur du Service de Régulation des Créatures Magiques*. Certains sont capables de se contrôler et donc de ne pas vider leur victime de tout leur sang alors que d'autres, incapables d'exercer toute forme de contrôle tuent leurs victimes en les drainant totalement."

"Deuxièmement, les changement physiques. Les différents vampires ont, physiquement parlant, un seul point commun: ils sont dotés de longues canines permettant de mordre leurs victimes. Cependant, toute les transformations sont accompagnées d'autres changements. Beaucoup d'espèces sont anormalement belles, séduisantes et attirantes; la plupart d'entre eux voient leurs capacités décuplées, les rendant plus rapides et forts. Certains ont également des facultés télépathique et de régénération. A noter que ce n'est pas le cas du vampire dit "maussade", dont fait partie le pr… euh, Sanguini*, l'ami du professeur Slughorn. Les capacités augmentées du vampire peuvent le rendre arrogant."

"Troisième caractéristique, leurs faiblesses. Tous les vampires craignent le soleil. Ce dernier les brûle et - ou - dévoile leur vraie nature aux humains. C'est la seule arme universelle, mais la plupart des espèces craignent également le pieu en bois, l'eau bénite, le feu ou la balle en argent."

La seconde partie d'Olivia était terminée, et Jordan reprit la parole. Il avait hâte de voir la tête de certains élèves en découvrant les diapos, qui présentaient certaines ressemblances troublantes avec des personnes connues dans le petit monde de Poudlard. Olivia elle-même risquait d'être surprise!

"Cette présentation peut sembler très globale du fait qu'il existe beaucoup de races de vampires, chacune différant des autres: il y a les vampires traditionnels, dont faisait partie le comte Dracula*; le vampire niais, né apparemment en Italie, qui a la particularité de ressembler à un gros diamant ambulant, ou encore le vampire américain. Comme la durée imposée pour cet exposé est très courte, nous avons choisi d’étudier seulement cette dernière espèce afin d’en déterminer précisément les caractéristiques. "

"Cette espèce semble être apparue en Amérique du Nord il y a environ mille ans. Les récits sur son origine sont étonnamment nombreux mais contradictoires. Il s’agirait d’un moyen de défense inventé par une sorcière contre des loups-garous, moyen qui aurait échoué car la morsure d'un loup-garou est justement fatale pour cette espèce. Cependant, nous ne disposons pas de plus de précisions et il semblerait qu’aucun vampire américain de cet âge n’ait été rencontré depuis plusieurs décennies, la dernière célébrité se revendiquant de cet âge étant Rebekah Michaelson*, l'héroïne du feuilleton américain Original's Down, une moldue qui connaissait l'existence de sorciers.

Son mode de transformation est celui qui varie le plus des espèces traditionnelles. En effet, le vampire n’a pas besoin de mordre sa victime. Il lui suffit de lui faire boire son sang. Si un humain meure avec du sang de vampire dans son organisme, il ressuscitera dans un état transitionnaire. Il aura alors environ 24 heures pour compléter sa transition, en buvant du sang humain. S’il ne le fait pas, il meure définitivement.

Ce vampire craint le soleil, qui le brûle, et la verveine, qui produit le même effet (ingérée ou simple contact). Il peut être tué si on le brûle, l'expose au soleil ou lui arrache ou qu’on lui plante un pieu en bois dans le cœur, ou qu’on le décapite. Il possède un don d'hypnose, une faculté de régénération très rapide, et sa vitesse et sa force augmentent avec l’âge, lorsqu'il a envie de sang, ses yeux deviennent rouges. En revanche, en temps normal, rien ne le distingue d’un humain. C'est notamment pour cela que l'on n'a jamais pu établir si Rebekah Michaelson était réellement une vampire, en dépit de photos étranges."

Jordan arrêta là son exposé. Il était frustré d'avoir un temps de parole si restreint, ayant l'impression d'être resté en surface d'un sujet passionnant, mais le professeur Nolan était très strict sur le respect des délais et il avait probablement déjà dépassé son temps de parole. Aussi laissa-t-il Olivia conclure, et la pipelette devait sûrement être aussi frustrée que lui.

"Pour conclure, nous avons pu voir que de nombreuses espèces de vampires existaient, chacun avait des caractéristiques différentes avec néanmoins quelques points communs : la présence de canine, le besoin vital de sang humain ainsi que les méthodes pour les tuer. Les vampires, après leur transformation connaissent une augmentation notable de leur capacités physiques mais deviennent néanmoins très vulnérables au soleil. Si les soupçons que nous avons sur leurs origines sont vraies, il y a fort à parier qu'un sombre sorcier essaye de produire une malédiction qui supprimerait ces inconvénients! Voilà, est-ce que vous avez des questions ?"