Un plateau de fromage et trois sex-symbol... [Peter, William & Samuel]

Mercredi 10 janvier 2007

Samuel venait de passer une soirée fort mouvementée et il ne trouvait pas le sommeil. Tout d’abord, il y avait eu la candidature surprise d’Ana au C.A qui avait ébranlé la petite communauté Poudlardienne. A l’issue du conseil, il avait attendu que Margot revienne de son entretien avec Edmund. En effet, sa compagne avait sollicité une entrevue auprès de leur collègue commun afin qu’Edmund s’explique sur sa manière d’agir. Margot ne souhaitait pas critiquer sa prise de position, mais plutôt le fait qu’il est fait cette alliance dans son dos, alors qu’il savait parfaitement qu’elle se présentait au poste de directrice. Elle s’attendait à plus de franchise de sa part et elle était revenue particulièrement énervée après cette discussion. Samuel et elle avaient longuement discuté par la suite, allant même jusqu’à poser les bases d’un projet pédagogique clair à envoyer aux familles, puis Margot était allé se coucher, exténuée.

Alors qu’il relisait les notes qu’ils avaient griffonnées à la hâte, synthétisant les arguments énoncés par leurs collègues, Samuel se massa la nuque négligemment. Il était trop tendu depuis ses derniers temps. Entre la Laponie et le C.A, ses fonctions d’enseignant à Poudlard étaient loin d’être reposantes. Il n’avait même pas trouvé le temps de manger ce soir ! Avisant l’horloge du salon qui indiquait 2h40, Samuel se leva et s’étira. Il pouvait toujours descendre dans les cuisines et se préparer un petit encas. De toute manière, il n’arriverait pas à dormir tout de suite, alors, autant se sustenter.
Abandonnant ses notes sur la table basse du salon, le jeune enseignant enfila une cape avant de quitter son petit appartement. Comme chaque nuit, les couloirs du château étaient vides et silencieux. Contrairement à ses habitudes, une fois dans le hall, il ne prit pas la direction du parc puisqu’ il se dirigea vers le couloir qui menait à la salle commune de Poufsouffle avant de s’arrêter devant le tableau qui masquait l’entrée des cuisines. Après avoir chatouillé la poire de la corbeille pour que le tableau le laisse passer, il descendit un petit escalier en colimaçon faiblement éclairé –d’ailleurs William devrait songer à suspendre quelques torches par ici- puis il pénétra dans la cuisine de Poudlard.

Aux mêmes dimensions que la Grande Salle située juste au dessus, la cuisine était particulièrement impressionnante avec ses quatre grandes tables, ses centaines de chaudrons en cuivres et ses ustensiles accrochés au mur. L’immense four, situé tout au fond, était déjà allumé, bien que les prochains repas à servir ne soient que dans quatre heures. Visiblement, les elfes l’avaient fait préchauffer pendant qu’ils faisaient le ménage dans les salles communes et dans les classes. Samuel traversa donc la cuisine afin de rejoindre la chaleur du feu. Il ôta sa cape et vint se poster, les mains tendues, devant le four. Il resta quelques minutes à contempler les flammes avant de chercher du regard quelque chose à grignoter. Avisant un large plateau de fromage et une miche de pain un peu plus loin, il fit léviter le tout jusqu’à l’extrémité de la table correspondant aux Poufsouffle, avant de s’attabler.

« Accio couteau ! lança-t-il en examinant chaque fromage pour savoir lequel gouter en premier. Le bleu avait l’air sympa, mais le morbier était particulièrement appétissant… Il finit cependant par choisir un morceau de St-Nectaire qu’il déposa sur une tranche de pain avant de porter le tout à sa bouche. Samuel laissa échapper un grognement de satisfaction en sentant le pain craquer sous ses dents. Il adorait ses petites séances d’encas nocturne… Cependant, il manquait un détail pour que son bonheur soit complet ….

« Accio : Vin des elfes ! » lança-t-il en balayant la pièce du regard.

Une bouteille poussiéreuse quitta son emplacement sur une haute étagère et vint se poser délicatement devant l’enseignant. Après avoir fait venir à lui un verre, il se servit une coupe de vin, mais, au moment où il s’apprêtait à en boire une gorgée, la porte de la cuisine grinça. Samuel soupira légèrement –*on ne peut jamais être tranquille dans ce château*- avant de se tourner en direction de l’entrée. C’est alors qu’il découvrit, non sans surprise, l’un de ses collègues :

« Bonsoir, souffla-t-il pour accueillir le nouveau venu, Je n’ai pas eu le temps de manger après la soirée mouvementée que nous avons eue. » finit-il par dire pour expliquer sa présence en ce lieu avant de boire-enfin- sa première gorgée de vin.

Peter ne parvenait pas à dormir, pour changer. Ses problèmes d'insomnies ne s'étaient pas arranger depuis son retour de Laponie, loin de là. Sa relation avec Chloé, où plutôt son absence de relation, le préoccupait bien plus qu'il ne le laissait paraitre alors que le ventre de l'enseignante s'arrondissait de jours en jours, et le conseil d'administration qui avait eut lieu en début de soirée n'arrangeait pas les choses. Il avait beau s'être attaqué au traité de runes le plus ennuyant jamais écrit, mais il ne parvenait pas à trouver le sommeil. Pourtant ce bouquin aurait assommé le plus tenace des apprentis runologue, lui même avait du mettre à profit plusieurs nuit sans sommeil pour arriver à terminer cet ouvrage.

Découragé, l'enseignant quitta le fauteuil dans lequel il s'était installé et rejoignit son bureau sur lequel trônait une cafetière...vide. *Pahuksen*. Merlin était contre lui. Il mesura son envie de café, se demandant si cela valait le coup de se rendre jusque dans les cuisines, avant de se dire que de toute façon il n'avait rien de mieux à faire. Cela aurait au moins le mérite de l'occuper. L'enseignant glissa donc sa baguette dans sa poche et enfila une paire de chaussures avant de quitter son bureau. Il n'aurait qu'à profiter de cette ballade nocturne pour faire une petite ronde improvisée, au cas où quelques Gryffondors auraient échappé à Edmund. Il ne croisa cependant aucun élève sur son trajet jusqu'au rez-de-chaussé, tout le château semblait endormi. Il salua la Dame Grise d'un signe de tête, et poursuivit son chemin.

Il s'arrêta net en se trouvant face au tableau qui gardait l'entrée des cuisine, pris d'un doute. Il ne parvenait jamais à se souvenir du fruit qu'il était censé chatouiller et examina la nature morte d'un regard suspicieux. Il commençait à connaitre assez bien Poudlard pour se douter que les autres fruits devaient être piégés. Le heurtoir en forme d'aigle de la salle commune de Serdaigle vous attaquait à grand coups de becs quand vous aviez le malheur de donner trois mauvaises réponses. Il le savait pour en avoir fait les frais une fois, bien heureux qu'aucun élève n'ait été là pour voir ça, un vrai Serdaigle ne se serait jamais trompé trois fois. A la première erreur il aurait cherché à comprendre la question différemment où aurait attendu un camarade, mais Peter n'était pas, et n'avait jamais été, un véritable Serdaigle, il en était bien conscient. Peut-être que s'il avait fait ses études à Poudlard et qu'il y avait été envoyé il aurait fini par le devenir,sous l'influence des autres, mais ce n'était pas le cas.

Peter se concentra de nouveau sur la peinture qui lui faisait face et se risqua à chatouiller une pomme du bout du doigt. A peine une seconde plus tard un véritable ras-de-marée sembla sortir du tableau lui même et l'enseignant se retrouva trempé des pieds à la tête. Bon, pas la pomme donc. Il sécha ses vêtements d'un coup de baguette, espérant ne pas avoir à le refaire une seconde fois et tenta le coup avec le fruit d'à coté qui se trouvait être une poire. Celle-ci se plia de rire et le tableau pivota pour révéler l'entrée des cuisine, arrachant un sourire de satisfaction à l'enseignant. Alors qu'il poussait la porte, des éclats de voix lui parvinrent et il adopta son expression de prof sévère en se demandant quel Poufsouffle glouton avait bien pu sortir de son lit à plus de 2h30 du matin, oubliant que ses cheveux trempés le discréditaient quelque peu.

"Je peux savoir ce que...?" commença-t-il d'un ton grave avant de reconnaitre Samuel qui le salua, une coupe de vin à la main.

Un peu surpris de croiser son collègue à une heure si tardive, Peter le salua à son tour alors que l’enseignant lui expliquait qu'il n'avait pas eu le temps de manger avec la soirée mouvementée à laquelle ils avaient eu droit. Peter soupira en se laissa tomber en face de Samuel.

"Ne m'en parle pas ! Ce que je peux détester ce genre de réunion...Ce n'était vraiment pas la partie du métier qu'il préférait, encore moins quand elle tournait à la guerre de succession. Ce n'est pas trop difficile pour Margot ?"

La sous-directrice avait du être un peu ébranlée par la candidature surprise de la nouvelle venue et par la trahison d'Edmund et il se demandait comment elle gérait ça. Une petite voix ironique lui rappela qu'elle avait aussi un collègue au passé criminel à gérer, mais il la fit taire et reporta son attention sur le plateau de fromages qui trônait sur la table. Il ne s'y connaissait pas du tout, le fromage ne faisant pas vraiment partie de la gastronomie anglaise, et encore moins de la cuisine finlandaise, mais pourquoi pas.

"Tu partages ?" lança-t-il finalement.

En attendant la réponse de son collègue il fit venir à lui une coupe vide. Il était venu avec l'intention de boire du café, mais le vin des elfes ferait parfaitement l'affaire.

William profitait de la fraicheur du parc, la journée avait été forte en émotion. Le conseil d'administration s'était montré surprenant, il s'était transformé en guerre de succession, c'était presque effrayant. William n'avait pas vraiment voulu prendre position dans tout ça. D'une part parce qu'il n'était que concierge, d'autre part parce qu'il venait juste d'arriver, tout comme Ana d'ailleurs et un peu de modestie ne lui aurait pas fait de mal à celle là d'ailleurs.

Mais d'un autre côté le programme d'Ana ne lui plaisait pas et pour lui la place de directrice revenait à Margot. Elle était déjà là lorsqu'il était encore à l'école, elle faisait partie des meubles aujourd'hui et Will ne savait pas vraiment de quel droit Ana venait proposer sa candidature. C'était vrai que ça apportait du choix, ça faisait réfléchir sur les différents points à améliorer dans l'école. Mais ça avait également ramené les sujets sensibles sur la table, comme la Laponie.

Gros débat, gros traumatisme, oui mais les élèves semblaient surtout se rappeler des bons moments qu'ils avaient passé là-bas. Il entendait les conversations dans les couloirs, les élèves ne parlaient pas du fait qu'ils étaient traumatisés, en même temps, lui non plus n'aurait pas parlé de son traumatisme. C'était bien compliqué pour lui tout ça.

Il poussa un profond soupir et décida de rejoindre son lit afin de se reposer mais il n'était pas fatigué, il avait encore envie de trainer un peu mais dehors il faisait froid et ce serait louche s'il restait tapi dans un couloir sans bouger. Il se rappela alors que Toby laissait toujours un plateau de fromage à son attention dans les cuisines au cas où il aurait faim après une ronde de nuit. William appréciait beaucoup le petit elfe, il était prévoyant à son égard toujours à vouloir le satisfaire et Will ne savait plus quoi dire à force, il le remerciait énormément et était très touché par sa sollicitude.

Le jeune homme se dirigea donc en sifflotant vers les cuisines, salivant déjà d'avance à l'idée des merveilleux fromages qui l'attendaient. Une fois, devant la nature morte menant aux cuisines, il grattouilla la poire et le tableau laissa apparaître les escaliers menant à son trésor gustatif. Il descendit donc le sombre escalier en fredonnant l'une des dernières chansons des Bizarr' Sisters.

Mais lorsqu'il arriva dans l'entre des elfes, il se rendit bien vite compte que la cuisine n'était pas vide et que son plateau de fromage était honteusement pillé. Mais, il ne fit aucune réflexion, il se contenta juste de rougir légèrement un peu gêné d'avoir été surpris à chantonner avant de sourire franchement en lançant un joyeux,

"Bonsoir, je vois que je ne suis pas le seul mangeur nocturne."

Son sourire s'agrandit alors qu'il tirait une chaise et s'asseyait dessus. Il fit léviter un couteau ainsi qu'un verre jusqu'à lui et toujours souriant, il demanda,

"J'espère que ça ne vous dérange pas si je me joins à vous."

Et puis de toute façon, il leur demandait pas leur avis au pire, si vraiment il dérangeait, ils pourraient toujours prétexter qu'ils avaient fini ou alors qu'ils étaient fatigués, bref un prétexte bidon mais qui fonctionnerait. Il commença alors à se couper un morceau de brie, il avait super bon en plus, Toby avait vraiment le chic pour lui mettre que les meilleurs fromages quand même.

Lorsqu'il porta le fromage à sa bouche, il ne put s'empêcher un soupir d'aise. Bordel de Troll c'que c'était bon quand même. Il jeta un regard à ses collègues, un peu gêné. Et ben, ça allait être gaie s'ils ne parlaient pas.

Après avoir bu une gorgée de l’excellent vin des elfes, Samuel fit tourner le liquide dans son verre tout en observant sa robe sombre. Il reposa finalement sa coupe sur la table et reporta son attention sur Peter qui approchait dans sa direction. Secrètement, il espérait que son collègue n’était que de passage dans la cuisine, pour récupérer du café par exemple. Il l’avait vu boire des quantités astronomiques de ce breuvage en corrigeant ses copies dans la salle des professeurs, c’était donc tout à fait probable, aussi, Samuel se plaisait à espérer. Malheureusement, Peter s’installa face à lui, visiblement décidé à lui faire la conversation. Les deux hommes n’étaient pourtant pas particulièrement proches. Bien que leurs compagnes respectives s’entendent à merveilles, ils n’avaient jamais fait l’effort d’entretenir une relation plus intime. Peter s’avérait être finalement un homme particulièrement discret sur sa vie privée, sous ses airs de gentleman sûr de lui, et Samuel était un solitaire dans l’âme qui n’invitait pas à la confidence de prime abord.

Enfin, même s’il aurait bien aimé profiter de ce moment pour être tranquille après toute cette agitation de la journée, le jeune professeur de Métamorphose du se résoudre à partager son plateau de fromage avec son collègue, qui lui relatait déjà combien il détestait les réunions dans le genre du Conseil d’administration.

" Ce n'est pas trop difficile pour Margot ?" s’enquit-il d’ailleurs en faisant léviter un verre jusqu’à lui.

Samuel se coupa un morceau de fromage en réfléchissant à sa réponse. Effectivement, l’annonce de la candidature d’Ana était une véritable épreuve pour sa compagne, mais le plus difficile à vivre pour elle, était, sans nul doute, la trahison d’Edmund. Néanmoins, pouvait-il le formuler et révéler cette fragilité à Peter ? Samuel essaya de se remémorer les mots de son collègue lors du CA. Peter n’avait pas particulièrement prit la parole et il n’avait apporté son soutien à aucune des deux candidates contrairement à Daisy ou Chloé qui avaient clairement prit le parti de Margot. L’enseignant en Runes n’était peut-être pas dans le même camp que lui, aussi Samuel décida de passer sous silence les doutes de sa compagne au profit de ses certitudes :

« Elle vit cela comme un chalenge qui la pousse à se transcender. » répondit-il posément avant de remplir le verre vide de son collègue.

Samuel attrapa sa propre coupe et laissa le silence s’installer entre eux après avoir poussé le plateau de fromage en direction de Peter. Se pouvait-il que son collègue soutienne Ana ? Samuel avait remarqué que Margot était plus distante avec lui depuis la Laponie. La guerre de succession à Poudlard était peut-être à l’origine de leur différent, bien que cela soit peu probable. Margot ignorait réellement que quelqu’un allait se présenter face à elle pour obtenir le poste de directrice… L’origine de leur désaccord était tout autre et Samuel avait déjà sa petite idée la dessus. Il n’avait pas posé de question à Margot, puisqu’elle n’avait pas souhaité aborder le sujet d’elle-même, mais il se doutait que sa compagne avait pris le parti de Chloé dans la querelle d’amoureux qui opposait l’enseignante en Divination et le professeur de Runes. Pour que Chloé décide de faire une pause dans sa relation avec le futur père de son enfant, Samuel ne voyait qu’une raison envisageable: Peter l’avait trompé avec une autre femme. Et cette autre femme était peut-être une horrible bonne femme, dans le genre d’Ana Sorden…

Alors que cette théorie prenait forme dans son esprit, des bruits de pas se firent entendre dans les escaliers et un troisième larron pointa le bout de son nez :

"Bonsoir, je vois que je ne suis pas le seul mangeur nocturne."

William Silverster venait de faire son entrée dans les cuisines.

Sans plus de cérémonie le nouveau concierge vint s’installer avec eux pour se couper un bout de fromage. Décidément, cette endroit était plutôt fréquenté pour selon qu’il était quasiment trois heures du matin, songea Samuel en buvant une nouvelle gorgée de vin des Elfes. Il fit d’ailleurs apparaitre un verre pour le nouveau venu et le servit avant de re-remplir celui de Peter.

« Plutôt savoureux, n’est ce pas ? » commenta-t-il en désignant la bouteille qu’il venait de reposer sur la table. Mais au moment où il disait ceci, un crac sonore retentit et une quatrième personne fit irruption dans les cuisines :

« C’est pas possible ces sorciers, ils ne savent pas se débrouiller tout seuls. Ils ont toujours besoin de nous pour tout faire, marmonna un elfe de maison qui traversa la cuisine d’un pas décidé, il faut leur faire à manger, laver leurs linges, faire leurs lits, nettoyer leurs bêtises, repasser leurs robes, faire leur vaisselle, ranger leurs salles communes. A croire que la grève ne leur a pas servie de leçon ! Mais Kimy n’a pas dit son dernier mot, Kimy a déjà obtenu les deux semaines de congés et Kimy obtiendra les cinq gallions et les deux jours de relâches par mois, foi de Kimy ! Kimy ne se laissera pas exploiter, Kimy va se battre pour le droit des elfes, quitte à réduire en bouillie ces maudits sorciers qui ne veu.. »

L’elfe de maison se stoppa net en découvrant les trois sex-symbol hommes installés autour du plateau de fromage.

« Kimy n’avait pas vu les trois maîtres… souffla l’elfe en se courbant en direction du sol, -les-trois-maîtres-qui-ne-font-ni-leur-ménage-ni-leur-repassage-ni-leur-cuisine, chuchota-t-il rapidement avant de relever la tête dans leur direction.

Samuel échangea un regard surpris avec ses collègues. Si l’elfe avait voulu être discret, c’était raté ! Cependant, quelque chose lui disait que la discrétion n’était pas du tout la priorité du prénommé Kimy, puisque la créature avait beaucoup fait parler d’elle lors de la grève des elfes de maison en novembre dernier.

« Comment va maître William ce soir ? lança l’elfe en rivant ses pupilles bleues claires sur le jeune concierge, Maître-William-qui-fait-des-cochonneries-dans-l’infirmerie-,sussura-t-il à toute vitesse, le plateau de fromage que lui a préparé Toby est-il à son goût ? demanda-t-il poliment comme si de rien n’était. Il arbora alors un large sourire édenté et marmonna finalement derrière son sourire figé : Mais-s’il-n’est-pas-content-de-toute-manière-c’est-la-même-chose… »

Le regard de Samuel passa de Kimy à William, tandis qu’il se demandait s’il devait rire ou s’offusquer du comportement de l’elfe. Ainsi donc, William faisait des cochonneries dans l’infirmerie ?... Rachelle était donc moins prude qu’elle n’y paraissait, songea Samuel en passant une main dans sa barbe. Alors que ses pensées s’égaraient un peu trop, Samuel vit Kimy reporter son attention sur Peter Virtanen à qui il adressa un nouveau sourire inquiétant :

« Le maître Peter ? Vous, ici, ce soir ? J’imagine que vous voulez un café n’est ce pas ? S’enquit-il en montant debout sur le banc au côté du professeur de Runes, Un capuccino-uncafé latte- un expresso-Pur arabica- café lungo-Trop fort-plus doux-moins chaud- ,sans sucre ! » S’exclama-t-il en faisant apparaitre une tasse remplie à raz bord juste sous le nez de Peter.

Un nouveau craquement sonore retentit, et Kimy disparut avant de réapparaitre, à quelques centimètres de Samuel. Le professeur observa la créature, s’attendant à ce qu’elle se montre aussi bavarde qu’avec les autres, mais Kimy ne prononça pas un mot. L’elfe se contenta de scruter Samuel avec insistance. Au bout d’une minute d’un silence rendu gênant par la promiscuité entre les deux individus, Samuel souffla :

« Quoi ? »

« LE MAITRE A PERDUUUUU !" jubila l’elfe avant de disparaitre soudainement.

Samuel cligna des yeux et resta interdit quelques secondes. Venait-il de jouer au roi du silence avec un elfe de maison ? Ça en avait tout l’air. Il passa une nouvelle fois une main dans sa barbe et se tourna finalement vers ses deux collègues :

« Je crois qu’il faut que j’arrête le vin des elfes. » souffla-t-il avant d’être emporté par un violent fou-rire.

Peter remercia Samuel lorsque celui-ci remplit son verre et but une gorgée du vin des elfes, qui était excellent. Son collègue poussa ensuite le plateau de fromage vers lui. L'enseignant haussa les épaules avant de couper un morceau au hasard et de croquer dedans, après s'être coupé une tranche de pain. Il n'avait vraiment pas l'habitude d'en manger, mais il se pourrait bien que cela change car il devait reconnaitre que c'était vraiment bon, surtout avec le vin. Cela ne ressemblait pas du tout aux fromages finlandais, mais il ne les avait jamais aimé de toute façon. Il avait toujours eu du mal avec la cuisine finlandaise, même si sa mère avait essayé de l'y habituer quand ils vivaient encore en Angleterre. Finalement il était toujours resté un étranger, que ce soit en Finlande ou ici en Angleterre.

Le silence qui s'était installé dans les cuisines fut troublé par l'arrivée de William Silvester. Jamais Peter n'aurait pensé que cet endroit était si fréquenté, surtout à cette heure avancée de la nuit. S'il l'avait su il serait venu plus souvent, cela aurait occupé ses longues nuits d'insomnie. Insomnie dont il n'était pas le seul à souffrir visiblement. Le jeune concierge se joignit à eux et se prêta lui aussi à la dégustation de fromages. Samuel lui servit un verre de vin avant de remplir celui de Peter.

"Excellent en effet..."commença-t-il à répondre avant d'être interrompu par un "crac" sonore.

Peter se retourna vivement pour se trouver face à un elfe de maison occupé à marmonner, médisant sur les sorciers tout en traversant la cuisine. En entendant le nom de l'elfe, Peter le reconnut comme l'un de ceux qui s'étaient le plus investi dans la grève qui avait eu lieu pendant le voyage en Laponie. Il se souvenait avoir lu plusieurs fois le nom de "Kimmy" dans la gazette. L'elfe se stoppa net dans sa petite tirade en s'apercevant de la présence de trois de ces "maudits sorciers" à une table de la cuisine. Il s'excusa en s'inclinant pour les saluer avant d'ajouter en chuchotant quelques critiques, certes véridiques, à leur égard. Peter répondit au regard intrigué de Samuel par un haussement d'épaules et reporta son attention sur la créature qui s'en prenait à William, qui faisait visiblement des cochonneries à l’infirmerie. L'enseignant étouffa un éclat de rire en se remémorant le premier soir du jeune concierge à Poudlard, où ce dernier lui avait avouer craquer pour l'infirmière. Il fallait croire que ses sentiments étaient partagés.

Peter cessa bien vite de rire quand l'elfe s'approcha de lui pour lui adresser un sourire inquiétant, lui demandant s'il souhaitait un café.

"Un capuccino-uncafé latte- un expresso-Pur arabica- café lungo-Trop fort-plus doux-moins chaud- ,sans sucre !" s'écria-t-il en faisant apparaitre une tasse de café remplie à ras-bords juste devant l’enseignant.

L'elfe disparut aussitôt, pour réapparaitre juste devant Samuel avec qui il semblait mener un duel de regards qui fut interrompu lorsque le professeur lui demanda "quoi ?". Ce à quoi la créature répondit en hurlant que le maitre avait perdu, avant de s’éclipser définitivement. Un court silence suivit pendant lequel Peter se demanda si tout ça était bien arrivé. Venaient-ils de se faire mater par un elfe de maison ? Elle était belle, l'équipe pédagogique de Poudlard !

« Je crois qu’il faut que j’arrête le vin des elfes. » souffla finalement Samuel avant d'éclater de rire.

Peter joignit son rire à celui de son collègue. Il fallait reconnaitre que la situation était un peu absurde. Il était en Laponie durant la première grève des elfes, qui s'était apparemment bien terminée, mais si une nouvelle grève avait lieu ils avaient du soucis à se faire, c'était qu'ils avaient l'air drôlement remontés ces elfes ! Suivant la recommandation de Samuel, Peter posa son verre de vin et attrapa la tasse de café servie par Kimmy. Il ne refusait jamais un café. Il porta la tasse à ses lèvres mais avala à peine une gorgée du breuvage, horriblement salé, avant de reposer brusquement la tasse sur la table qu'il éclaboussa de café.

"C'est vicieux ça ! grimaça-t-il en éloignant la tasse de lui. Personnellement je vais rester au vin !"

L’enseignant attrapa sa coupe et en but une grande gorgée pour s'ôter le gout immonde du café salé de la bouche. Celui du vin des elfes était bien meilleur.

"Inutile de raconter que l'on s'est laissé avoir par un elfe de maison, non ? Bon, c'était surtout lui qui s'était fait avoir, mais Samuel avait quand même joué au roi du silence avec le fameux Kimmy, leur réputation de professeur en prendrait un sacré coup si cela venait à se savoir. Tout comme si le fait que William fasse des cochonneries à l'infirmerie venait à s'ébruiter. Je me permet d'établir une règle : ce qui se passe dans cette cuisine reste dans cette cuisine. Peter leva son verre, comme pour sceller ce pacte de silence. A la votre."

William remercia Samuel lorsque ce dernier lui servit un verre de vin et porta le verre à ses lèvres. Il fut agréablement surpris, il ne pensait pas que les cuisines de Poudlard comportait de telles merveilles. Il profita donc du breuvage, le vin n'était pas le genre qu'il buvait fréquemment et le vin des Elfes encore moins. La première et dernière fois qu'il en avait bu c'était lors de ses dix-sept ans. Pour l'occasion, son père avait mis les petits plats dans les grands. C'était l'une de ces journées dont on se souvenait longtemps encore après. L'une de celle que l'on chérissait et qui rendait nostalgique.

Il fut alors tiré de ses pensées par une voix que trop connu et qui comme d'habitude, ne proférait que des plaintes. William avait l'habitude de surprendre Kimy seul dans les cuisines à bougonner dans son coin. Au début, s'il avait été surpris de la virulence dont pouvait faire preuve l'elfe, tout le contraire de Toby en fait, il était désormais habitué et ne s'en formalisait plus.

Cependant, Kimy remarqua leur présence et s'excusa en s'inclinant bien bah, il ne put s'empêcher de murmurer une remarque désagréable, pensant sûrement que personne ne l'entendrait. William leva les yeux au ciel en poussant un léger sourire. Il ne changerait donc jamais, c'était vraiment pénible parfois.

« Comment va maître William ce soir ? lança l’elfe en rivant ses pupilles bleues claires sur le jeune concierge, Maître-William-qui-fait-des-cochonneries-dans-l’infirmerie-, sussura-t-il à toute vitesse, le plateau de fromage que lui a préparé Toby est-il à son goût ? demanda-t-il poliment comme si de rien n’était. Il arbora alors un large sourire édenté et marmonna finalement derrière son sourire figé : Mais-s’il-n’est-pas-content-de-toute-manière-c’est-la-même-chose… »

Le jeune concierge posa son attention sur l'elfe et esquissa un sourire à son attention, ne se focalisant pas sur sa remarque à propos de cochonneries qu'il ferait dans l'infirmerie. S'il y pensait, il allait étriper cet elfe de malheur qui ne savait pas tenir sa langue. Donc mieux valait faire comme si de rien était.

"Je vais bien, merci. Et toi Kimy ? J'espère que laver notre linge ne te pose pas trop de problèmes. Ça m’embêterait beaucoup de savoir que tu as des difficultés à effectuer ton travail. Il posa un regard narquois sur l'elfe, il n'aimait pas être méchant mais à force, l'elfe devenait lourd et puis piquer un peu son amour propre ne lui ferait pas de mal. Le plateau de fromage est parfait. Tu remercieras Toby pour moi, comme d'habitude, il sait parfaitement me contenter."

Bon, il allait sûrement falloir qu'il remercie Toby lui même en fait, il n'était pas certain que sa missive soit correctement transmise, d'ailleurs avec Kimy, on était jamais sûr de rien. D'ailleurs ce dernier s'en prenait désormais à Peter, il fit apparaître une tasse de café devant le professeur de Runes avant de disparaitre dans un craquement sonore et de réapparaître juste devant Samuel Nolan, l'elfe resta sans parler à dévisager le professeur de Métamorphose, lorsque ce dernier rompit le silence, Kimy hurla perdu et disparut dans un craquement.

Will resta un instant très surpris ne sachant pas trop quoi dire, ni quoi faire lorsque le ridicule de la situation lui apparut, il se mordit alors l'intérieur de la joue pour ne pas éclater de rire, lorsque Samuel lança,

« Je crois qu’il faut que j’arrête le vin des elfes. »

Le sérieux qu'avait réussi à conserver le concierge vola en éclat et il joignit son rire à celui de Samuel. Fou rire qui s'intensifia lorsque Peter crut bon de faire remarquer qu'il était inutile de raconter qu'il s'était laissé avoir par un elfe.

Je me permet d'établir une règle : ce qui se passe dans cette cuisine reste dans cette cuisine.

William leva son verre à la suite de Peter, il ne tenait pas vraiment à ce que toute l'école ait la confirmation qu'il se passait des choses dans l'infirmerie. C'était d'ailleurs bizarre que la rumeur ne se soit pas encore développé puisque Irving Whitaker les avait surpris. Finalement, ce petit avait du potentiel comme gardien du secret, c'était bon à savoir.

"J'approuve cette règle, lança Will avec un sourire. Certaines choses ne doivent pas s'ébruiter, le sourire du jeune homme s'agrandit. A la notre"

Finalement, cela faisait vraiment du bien de rire un peu et de se libérer de toute la tension accumulée lors du C.A. Mine de rien, ce conseil l’avait ébranlé et il avait véritablement besoin de décompresser. C’était peut-être l’occasion rêvée pour passer une soirée sympathique avec Peter et William qu’il n’avait pas forcément l’habitude de côtoyer en dehors de la salle des profs, pour l’un, ou de la Grande salle, pour l’autre. D’un naturel solitaire, Samuel n’avait jamais cherché la compagnie de ses collègues jusqu’à aujourd’hui, pourtant, il ne pouvait pas nier qu’il se sentait à son aise, ce soir, dans cette cuisine avec eux. Aussi lorsque Peter pesta contre le café infâme que venait de lui servir Kimy, Samuel se remit à rire de plus belle, incapable de se calmer et de retrouver son traditionnel visage impassible.

« Je me permet d'établir une règle : ce qui se passe dans cette cuisine reste dans cette cuisine. » lança alors Peter.
"J'approuve cette règle, précisa Will avec un sourire. Certaines choses ne doivent pas s'ébruiter, ajouta-t-il en levant son verre pour sceller leur pacte.

Samuel essuya les larmes qui avaient perlé à ses yeux suite à son fou-rire puis il attrapa son verre pour trinquer avec ses camarades de soirée. Il le fit tinter bruyamment en ajoutant un « Santé. » avant de boire une nouvelle gorgée de l’excellent breuvage.

« Oooh Merlin. » souffla-t-il avec un large sourire aux lèvres en passant une main dans sa barbe, ce n’est pas trop dur de travailler avec cet elfe ? » demanda-t-il finalement à William, il a l'air coriace !"

Même si les elfes de maison avaient un statut indépendant au sein de Poudlard, William Silverster devaient forcément avoir à faire à eux dans le cadre de sa mission de concierge. Nul doute que, Kimy avec ses grands yeux bleus et sa verve provocante, devait être un cas difficile à gérer…

« C’est bizarre, souffla subitement l’enseignant en métamorphose en fronçant légèrement les sourcils, il me fait penser à quelqu’un, mais je n’arrive pas à situer ? » ajouta-t-il en fouillant ses souvenirs.

Il savait qu’il trouverait. Samuel avait toujours eut une excellente mémoire. Il suffisait de procéder par élimination. Il avait déjà vu pareilles pupilles auparavant… mais où ? Lorsque son cerveau refit enfin la connexion, le fou-rire de l’enseignant reprit instantanément. Merlin, c’était exactement ça : Les mêmes yeux bleus, les mêmes phrases assasines, la même propension à l’exagération. Secoué par de violents éclats de rire, Samuel parvint toutefois à articuler entre deux hoquets:

« Arhen Keller. »

Il faut dire que les ressemblances, tant physiques que comportementales, entre l’elfe et le Serdaigle étaient particulièrement frappantes. Ce constat était même édifiant ! A croire que l'Elfe de maison s'appellait Kimy Keller !
Les larmes ruisselaient à présent sur les joues du jeune enseignant et ses muscles zygomatiques étaient soumis à rude épreuve. Ses collègues allaient surement le prendre pour un fou s'il ne parvenait pas à se calmer mais c'était plus fort que lui, les images d'Arhen et de Kimy s’entremêlaient dans sa tête pour ne former qu'un seul être.

"Désolé... articula-t-il finalement au bout de plusieurs minutes, mais avouez que Keller ne fait rien pour arranger la vision que l'on a de lui ! Je pense qu'on devrait lui ériger une statue dans la salle des trophées: "Pire provocateur de l'école"..." plaisanta-t-il en faisant dévier la conversation vers un sujet de conversation cher aux professeurs: Leurs charmants & adorables élèves...

Les trois hommes trinquèrent et Peter but une longue gorgée du vin, réellement excellent. Il sourit en entendant Samuel demander à William s'il n'était pas trop dur de travailler avec cet elfe à l'air coriace et se dit qu'il devait être aussi insupportable que leurs élèves les plus durs. En tant que professeur de runes il avait la chance de ne pas se retrouver avec trop de cancres -les inscriptions indéchiffrables les décourageaient rapidement, heureusement- mais il ne comptait pas le nombre de fois où il avait entendu ses collègues se plaindre au sujet de Valentyne, McWilde, Murdoch, Smith et compagnie.

"C'est vrai qu'il doit bien valoir les pires des élèves !" ajouta Peter avec un sourire compatissant pour William.

Samuel souffla alors que l'elfe en question lui rappelait quelqu'un et se mit à réfléchir. Le professeur de runes l'imita mais aucun visage ne lui venait. Pour lui rien ne ressemblait plus à un elfe de maison qu'un autre elfe de maison. Il n'eut pas le temps de chercher bien longtemps car son collègue éclata de rire. Peter le dévisagea un instant avec un sourire amusé, attendant de connaitre les raisons de cet éclat de rire.

"Alors ?" le pressa-t-il, désireux de savoir qui pouvait bien ressembler à cet acariâtre elfe de maison.

Peter éclata de rire à son tour en entendant le nom d'Ahren Keller. Comment n'y avait-il pas pensé plus tôt ? La ressemblance était frappante. Les mêmes yeux globuleux, le même regard clair méprisant, cette même façon de prendre les gens de haut et de s'attaquer à plus fort que soi. Peter était curieux de savoir ce que donnerait une confrontation entre ces deux là ! C'était une rencontre au potentiel comique intéressant, il faudrait prévoir ça. L'enseignant ne pouvait plus s'arrêter de rire. Il n'était sans doute pas censé se moquer ainsi de ses élèves, mais il fallait dire que cela faisait un bien fou, même si les muscles de ses joues commençaient à protester. Il avait l'impression qu'il n'allait jamais s'arrêter, voir Samuel pleurer rire le faisait pleurer de rire, et ainsi de suite, autant dire qu'ils en avaient pour un moment.

"Tu es un génie ! C'est exactement ça," articula-t-il entre deux éclats de rire alors que Samuel s'excusait pour son fou-rire.

Le professeur de métamorphose ajouta que Keller ne faisait vraiment rien pour arranger l'image qu'on avait de lui et qu'il mériterait une statue du "pire provocateur de l'école". Peter secoua négativement la tête, l'idée que toutes les futures générations aient à supporter la vision d'Ahren Keller, figé à jamais dans son attitude méprisante, ne lui plaisait pas du tout. Les pauvres élèves ne méritaient pas. Néanmoins, il fallait reconnaitre que le titre lui allait particulièrement.

"Bien trouvé, lança-t-il. Je me demande si ce gosse survivra sept ans ici... Il était fort probable quelqu'un le tue avant, lui par exemple. Il était même impressioné de ne l'avoir pas encore étranglé, car cet avorton mettait ses nerfs à rude épreuve. Il n'avait pas vraiment hérité d'une promotion facile cette année, et en plus de ses premiers années psychopathes dans le genre Keller ou Sneals, il héritait aussi des élèves suicidaire. C'était la joie chez les Serdaigles cette année. J'ai dû être cruel avec le choixpeau dans une autre vie, je crois qu'il m'en veux...A moins que Rowena n'ait maudit tous ses successeurs..."

Attrapant son verre, Peter en but une gorgée avant de comparer ses élèves avec ceux des autres maisons. Si Daisy n'avait pas l'air d'avoir trop de cas difficiles, Margot et Chloé avaient leur lot de bizarreries aussi. Finalement, il n'avait pas tellement à se plaindre.

"Quoique, je crois que je préfère Ahren Keller à O'Connor ou à Valentyne, au moins il est facile à effrayer." C'était vrai, il suffisait de le soulever à un bon mètre du sol et de le menacer avec des lettres d'Askaban. Méthode tout à fait conventionnelle.

Samuel trinqua à leur suite, une chose était sûr, il n'était pas mécontent finalement de partager son plateau de fromage. Même si à trois heure du matin, il était étonnant de trouver autant de monde dans une cuisine, il était heureux de passer un peu de bon temps avec ses collègues. C'était dans ces moments là, qu'il se rendait compte que finalement même si ils passait toute l'année ensemble, ils ne se connaissaient pas. Il n'aurait jamais été imaginer que Samuel Nolan, cet homme d'apparence aussi froide puisse avoir de tel fou rire. Et pour William, c'était vraiment cool de se dire que finalement tout le monde était capable de rire.

« Oooh Merlin, ce n’est pas trop dur de travailler avec cet elfe ? » demanda Samuel, il a l'air coriace !"

Un léger sourire étira les lèvres du jeune concierge alors que Peter hochait la tête en affirmant qu'il avait l'air aussi dur que le pire des élèves de Poudlard. William n'avait pas cette impression, il fallait dire qu'il passait la plupart de ses directives à Toby qui se chargeait de transmettre aux autres elfes. Alors, oui, au début, il avait été plus que surpris par l'attitude de Kimy mais il n'y prêtait plus attention maintenant, il le laissait dire et ne s'en occupait pas.

"Hum, bizarrement ce n'est pas si pénible que ça. Je ne le côtoie pas tant que ça au final. J'ai un petit chouchou chez les elfes, ajouta Will avec un sourire. Du coup, c'est surtout à lui que j'ai affaire. Kimy, je ne le vois que lorsque je me rends à l'improviste dans les cuisines, un peu comme ce soir. J'avoue qu'au début, j'ai eu du mal avec lui mais maintenant, je n'y prête plus attention. C'est une question d'habitude je pense."

Le professeur de métamorphose parut un instant perplexe avant d'expliquer que Kimy lui rappelait quelqu'un mais il n'arrivait pas à se rappelait qui, William par réflexe se mit alors également à chercher lorsque Samuel éclata de rire avant de souffler « Arhen Keller » entre deux hoquets de rire.

William resta un instant hésitant afin de retrouver le visage de Keller dans sa mémoire, il mêla alors son rire à celui de ses collègues alors que Peter approuvait la comparaison. Le concierge ne pouvait qu'être d'accord, ce gamin avait vraiment quelque chose de l'elfe. Peut-être étaient-ils de la même famille ? Le jeune homme eu un frisson de dégoût en pensant à ça, non c'était vraiment trop beurk.

Son fou rire fut accentué quand Peter se demanda si le gamin allait survivre sept ans dans l'école et si le choixpeau avait une dent contre lui, il riait tellement qu'il en avait mal aux abdominaux, des larmes de rire dévalaient ses joues. Il réussit néanmoins à reprendre son souffle tant bien que mal.

"J'approuve, ce gamin est une vraie plaie. Et la petite Sneals n'a pas l'air beaucoup mieux si tu veux mon avis. Mon pauvre Peter, lança le jeune homme avec un immense sourire. Je compatis."

Will compatissait tellement qu'il repartit dans un nouvel éclat de rire, presque incontrôlable. Il se calma néanmoins lorsque Peter fit remarquer qu'il préférait quand même avoir Ahren plutôt que O'Connor ou Valentyne. William hocha la tête même s'il n'avait pas vraiment de problème avec Jayden. Même si ce dernier était insolent au possible et qu'il semblait prendre un malin plaisir à enfreindre toutes les règles, il n'était pas celui qui lui semblait le plus difficile.

"Je préfère avoir un Valentyne plutôt qu'un Smith personnellement. Anton Smith, cru bon de rajouter le concierge, il y avait tellement de Smith dans cette école, enfin deux mais ils étaient tellement différents l'un de l'autre qu'il fallait bien préciser duquel on parlait. Au moins avec Valentyne, je sais à quoi m'attendre et au final, ça se passe bien."

D'un autre côté, leur relation était plus cool depuis que William l'avait frappé mais bon, il n'allait quand même pas leur dire qu'il avait frappé un élève, hein. Il était pas maso non plus.

A en juger par l’éclat de rire général qui suivit sa déclaration, Peter et William partageaient son point de vue quant à la ressemblance frappante entre Kimy et Arhen Keller. Le directeur de Serdaigle ajouta même qu’il n’imaginait pas son élève survivre sept ans au sein de l’école.

« D’ailleurs, je comptais sur toi pour nous en débarrasser Peter. » souffla Samuel, sans savoir que le professeur de Runes en était parfaitement capable.

La conversation dériva ensuite vers les autres élèves qui faisaient souvent l’objet de discussion dans la salle des professeurs : L’inquiétante Linnet Sneals, l’horripilant Jayden Valentyne, ou encore, l’orgueilleux O’Connor. En entendant ce nom, le sourire de Samuel disparut instantanément. Le scénario tragique qui s’était joué la semaine précédente au manoir familial du Serpentard ne prêtait pas à rire. Même s’il ne portait pas spécialement Darren dans son cœur depuis son coup d’éclat lors du match de Quidditch, on ne pouvait pas souhaiter une telle horreur à un gamin, fusse-t-il le plus déplaisant du monde. Pensif, le professeur de métamorphose attrapa son verre et fit lentement tourner le vin des elfes dans son contenant. Il ne savait pas quel lien entretenait O’Connor avec sa famille mais le choc avait dû être terrible, d’autant plus que le Serpentard avait déjà perdu son père. Le gamin avait déjà un lourd passif qui expliquait, peut-être en partie, son comportement désinvolte.

Souvent Samuel se demandait si ces élèves perturbateurs auraient été différents s’ils avaient grandi dans un autre environnement. Quelle part d’inné et quelle part d’acquis y avait-il dans leurs comportements ? Anton Smith aurait-il été aussi intolérant s’il n’avait pas été élevé par un sombre crétin ? En effet l’enseignant en métamorphose avait eu l’occasion de rencontrer le géniteur de l’ex-gardien de Serpentard en fin d’année scolaire dernière et il avait pu découvrir toute l’étendue de la bêtise de Smith Senior. Hallchurch Henry aurait-il été aussi agaçant s’il n’avait pas été le quatrième garçon perdu au milieu d’une fratrie de sept frères? Darren O’Connor aurait-il été meilleur avec une autre éducation ?
Certains gamins faisaient des bêtises pour se faire enfin remarquer quant d’autres se construisaient une carapace pour qu’on les laisse tranquille ou qu’on ne découvre pas leur faille. Quelques uns agissaient par mimétisme familiale quant d’autres faisaient tout pour échapper aux schémas qui avaient bercés leur enfance.

Enfin, il ne fallait pas généraliser, songea le jeune enseignant en buvant une gorgée de vin des elfes, certains élèves avaient connus des enfances difficiles et ils s’en sortaient très bien… Il suffisait de prendre Samaël Smith en exemple ou encore Ulrich Keller… Margot avait d’ailleurs eut un entretien avec le préfet-en-chef mi-décembre et elle en était ressortie enchantée, ventant les nombreux mérites du jeune Serpentard. A l’instar de Keller, il suffisait parfois de vouloir être bon pour le devenir…

Jugeant ses pensées un peu trop psychologiques pour une soirée arrosée, Samuel les chassa dans un coin de sa tête et décida de rebondir sur les dires de ses collègues :

« A choisir je préfère avoir à faire à une Nora Weaver, précisa-t-il en évoquant sciemment l’élève qui ferait surement l’unanimité auprès de Peter et William.

Le jeune enseignant esquissa alors un léger sourire avant de grimacer en ressentant une vive douleur dans les cervicales. Il reposa son verre sur la table et se massa brièvement la nuque d’une main.

« Douleurs persistantes depuis l’incident de la Laponie, expliqua-t-il à l’intention de ses collègues, J’ai du me déplacer quelque chose… » ajouta-t-il en haussant les épaules, fataliste.





HRP : Peter, Samuel est sûr que tu as des doigts de fées