L'ombre sur le berceau... [Ana - Chloé]

Mercredi 20 Décembre 2006,

Les escaliers mouvants n'en faisaient vraiment qu'à leur tête, mais avec le temps Ana Sorden avait apprit à les dompter. Lorsque ceux-ci s'arrêtèrent devant l'étage approprié, l'arithmancienne ne se fit pas prier pour descendre, une à une, les marches la conduisant vers l'aile sud de Poudlard et les appartements privés des professeurs. Comme bien souvent, seules ses sombres manigances guidaient ses pas, et ces dernières se la conduisait cette fois-ci, en direction du ventre arrondie et maternel de la directrice des Gryffondor.
Des félicitations s'imposaient et quoi de plus normal pour une stratège et une manipulatrice de la trempe de l'arithmancienne que d'aller congratuler la meilleure ami de son ennemie...
Une observation méticuleuse de la petite foule qui peuplait la salle des professeurs lui avait donné bon nombre d'enseignement. Le premier d'entre eux était qu'une certaine affinité, voire une amitié sincère reliait Chloé Hellsoft à sa consœur directrice de Serpentard. La stratégie de la sorcière de Salem reposant sur le fait d'isoler et de décrédibiliser, au maximum, Margot Adamson; elle se devait alors de semer quelque doute dans l'esprit carré de la future mère Gryffondor. Cette dernière lui avait confié les clefs de la maison rouge et or le temps de l'excursion lapone, et Ana ne cessait de se répéter qu'il y avait une carte importante à jouer de ce coté-ci pour conquérir la légitimité qui lui faisait encore défaut.
Les Gryffondors étaient par nature des personnes obstinées et bornées, et l'arithmancienne se doutait bien que Chloé Hellsoft ne rallierait probablement jamais sa cause. Si cela était presque une certitude, la sorcière de Salem pensait toutefois que si elle donnait une bonne image, cela pourrait semer des contradictions dans l'esprit de la directrice des Gryffondors, et certaine confusion qui desservirait forcément la rancœur maladive de Margot Adamson à son encontre. Bref, se faire passer pour un ange aux yeux de Chloé Hellsoft, afin de décrédibiliser la description tyrannique que son adversaire avait dû faire de sa personne.

Car il n'y a rien de plus déboussolant que de se faire déjuger par son propre camp, et en cela Ana pensait pouvoir porter un coup fatal aux ambitions de Margot Adamson.

Toutefois, le visage serré et tendu qu'arborait l'arithmancienne alors qu'elle se dirigeait vers la porte de l'appartement de Chloé Hellsoft, traduisait également certains doutes, qui venaient troubler cette assurance presque indestructible qu'elle affichait d’ordinaire. Car, il y avait bien une raison précise qui ébranlait sa confiance incommensurable, et celle-ci n'était autre que la promesse de maternité que dissimulait le ventre arrondie de la directrice des Gryffondors.
La vision de cette grossesse heureuse entrouvrait la porte à ses démons intérieurs et à une souffrance qui ne pourrait jamais plus cicatriser. Jamais Ana ne pourrait donner la vie, et elle portait cela comme un fardeau la ramenant à sa propre culpabilité, au temps ou elle commit l'irréparable...

Alors qu'elle s'apprétait à féliciter une future mère de famille, Ana se mit alors à se remémorer cet instant funeste qui changea le cours de son existence. Ce moment ou elle devint aussi infertile qu'un vaste désert de sel dépourvue de vie...

* Alors qu'elle n'était âgée que d'une vingtaine d'années tout au plus, les pérégrinations moldues d'Ana la conduisirent à concrétiser de nombreuses conquêtes masculines, la jetant dans les bras de nombreux hommes et dans des relations éphémères vides d'engagement sur le long terme. Désireuse de découvrir le monde moldu et de conserver son indépendance, Ana ne voulait point s'encombrer d'une histoire sentimentale et de responsabilité familiale qui ralentiraient ses ambitions carriéristes. Mais malheureusement pour elle, lors d'une soirée trop arrosée, Ana oublia de prendre ses précautions et se jeta dans les bras d'un riche archéologue dont elle était bien incapable de se souvenir encore aujourd'hui du nom. C'est bien des semaines plus tard, que Ana constata qu'elle éprouvait toutes les caractéristiques et les gènes physique d'une femme enceinte. Désireuse de lever cet affreux doute, elle fit rapidement un test qui ne fit que lui délivrer un terrible aveu, celui qu'elle attendait bel et bien un enfant. Ana qui pensait au départ à un simple retard, venait de se propulser au delà de la date autorisant et légiférant l'avortement, voyant son ventre se déformer et s'arrondir de manière atroce. Se maudissant intérieurement de faire subir à son corps cette honteuse déformation, elle décida de choisir un avortement par le biais du monde magique. En effet, elle connaissait une vieille sorcière de Salem que l'on surnommait "la faiseuse d'anges magiques" et qui pratiquaient une forme d'avortement tout à fait indolore, et ce même dans les dernières semaines de grossesses. Cette dernière lui donna alors une fleur spéciale appelée "Magnolia de Blanchemort" et qui délivrait le corps d'une femme enceinte de tout nourrisson indésirable. Ana en était presque au terme d'accoucher, lorsque suivant les conseils de la faiseuse d'ange, elle trempa les racines de la fleur de Blanchemort dans un verre de lait. La jeune femme hésita alors longuement, comme habitée déjà par le remord. Mais voyant son corps magnifique déformé et presque rendu grotesque par cet enfant désirable, elle éprouva un sentiment de haine viscérale lorsqu'elle se délivra d'une pensée intime qui rythmerai à jamais sa vie, et qu'elle offrit en guise d'explication à celui ou celle qui ne verrait jamais le jour; puis elle bu d'un trait le liquide mortel qui terrassa la vie qui sommeillait en elle, faisant disparaitre comme par enchantement tout signe de grossesse, mais aussi une part de son humanité.
Ana ne se rendit compte de son affreuse erreur que des années plus tard, lorsque le souvenir de cet enfant disparut de son ventre par enchantement, vint hanter sa conscience. La sorcière avait peut être retrouver son ventre plat magnifique, son cœur était lui à jamais gondoler d'une souffrance infinie. Car tout acte odieux a sa malédiction, et Ana se rendit compte de cela lorsqu'elle constata qu'elle ne pouvait plus enfanter et délivrer la vie. Jamais, elle ne pourrait laisser une trace de son passage sur terre, aucune descendance ne lui étant possible. La sorcière de Salem étant morte, emportant avec elle ses secrets, jamais elle ne trouvarai un remède au mal qui la rongeait de l'intérieur. Car si un désir narcissique couplé d'ambitions carrièristes l'avaient poussé à accomplir cet acte odieux irréparable, elle éprouvait désormais un manque et une souffrance que même le temps n'arrivait point à combler...*

C'est avec ce sentiment de culpabilité éternel qu'elle frappa à la porte de celle qui s’apprêtait à devenir la mère qu'elle ne serait jamais. Lorsque cette dernière lui ouvrit la porte, Ana lui offrit alors l'un de ses sourires les plus sincères et appliqué, mettant de coté les souffrances qui la dévoraient de l'intérieur.



Puis elle s'empressa d'expliquer les raisons de sa venue, afin de ne point abuser du temps de la directrice des Gryffondors.

"Bonsoir madame Hellsoft. Pardonnez-moi de vous déranger et cette intrusion dans votre sphère privée, mais il me tenait à cœur de féliciter la future mère qui se cache derrière l'insigne de Directrice. En tant que femme, je tiens à vous apporter tout mes vœux de bonheur pour l'heureux évènement que vous êtes sur le point de vivre."

Ana sortit alors d'un pan de son manteau de luxe, une petite étoffe soigneusement enroulé sur un objet précieux, qu'elle tendit en direction de la directrice des rouges et or pour qu'elle s'en empare.

"Je vous en prie, il s'agit juste d'un petit cadeau de naissance qui je l'espère vous fera plaisir." Alors que Chloé Hellsoft était sur le point de découvrir ce que contenait le petit bout de tissu, Ana délivra alors une petite explication pour éclairer la lanterne de la directrice.
"Dans nos contrées à Salem, il est de coutume d'offrir des présents qui aide l'enfant à passer de douce nuit, et qui permette aussi par la même occasion aux futurs parents de trouver un repos réparateur. C'est pourquoi je vous ai offert cette modeste veilleuse-luciole qui je l'espère soulagera votre future bébé de sa peur de l'obscurité..."

La veilleuse était animé par l'un de ses petits lucioles magique qui peuplaient la forêt de Salem, et qui avait pour caractéristique de briller éternellement dans le noir, et ce même après la mort. Il s'agissait d'un cadeau inestimable de part sa rareté et son éclat, et soulignait à quel point l'arithmancienne voulait s'offrir les faveurs de Chloé Hellsoft.
Ana Sorden inclina alors légèrement la tête.

"Vous féliciterez de ma ma part monsieur Virtanen, car je ne vais guère abuser plus de votre temps précieux. Portez vous bien et reposez-vous. Je vous souhaite encore du fond du cœur tout mes vœux de bonheur à tous les trois... Au revoir Directrice..."

Ana Sorden fit alors mine de se détourner de la porte de Chloé Hellsoft, avec le secret espoir que cette dernière l'inviterait dans ses quartiers, après sa délicate attention...

Ana Sorden s'apprêtait à s'en retourner vers ses intérieurs lorsque Chloé l'incita à venir partager un moment convivial entre collègues professeurs. Sa délicate attention avait donc porté ses fruits puisque l'arithmancienne allait pouvoir franchir le seuil de la directrice des Gryffondor et peut être pouvoir s'attirer sa confiance.

"Je vous en prie, restez-donc un moment, je serai
heureuse de vous offrir un thé. De plus, cela me distraira de mes
corrections qui, pour certaines, sont assez calamiteuses!"

C'est avec un grand sourire qu'elle accueillit cette proposition, et prit la suite de Chloé Hellsoft qui l'enjoignait de la suivre à l'intérieur de ses appartements. Elle ne tarda point à exprimer ses remerciements pour cette chaleureuse invitation.

"Je vous en remercie. Rien ne me serai plus agréable que de faire plus amples connaissances avec vous..."

Ana pénétra alors dans le petit monde intérieur de la directrice de Gryffondor qui était à l'image de ses tenues vestimentaires de son occupante, c'est à dire coloré et vivant. L'observant en maintes occasions, la sorcière de Salem avait noté ce saisissant contraste chez cette femme au charisme polaire, mais qui s'accoutrait presque toujours de tenues aux couleurs aussi chatoyantes que chaleureuses.
Était-ce une volonté de sa part de briser les apparences? Ou au contraire une manière de semer le doute et le trouble sur sa véritable personnalité. En tout cas son sens de l'hospitalité et de l'accueil confortait Ana Sorden sur le fait que la professeur de Divination dissimulait derrière son regard glacial, une bonté d'âme insoupçonnée.



Les mains posées sur les hanches, Ana parcourait la pièce du regard à la recherche du moindre détail qui lui donnerait des indices sur la personnalité de son occupante. Après un haussement de sourcils admiratifs, elle complimenta la directrice des Gryffondor pour son sens de la décoration.

"J'aime beaucoup comme vous avez aménager vos quartiers, on en oublierai presque les murs froids de Poudlard. Ce lieu respire la vie..."

En disant ses paroles, l'arithmancienne jeta un bref regard au ventre arrondit de Chloé Hellsoft, et une pointe de jalousie lui transperça le cœur subitement. Bientôt les quartiers de la professeur de divination tourbillonneraient de vie, de pleurs et de rire d'enfant; alors que dans la pénombre de ses appartements froids, Ana Sorden n'aurait que sa seule présence pour compagnie. L'arithmancienne trouvait cet état de fait profondément injuste, comme si la vie prenait un malin plaisir à vouloir la tourmenter. Au delà du fait que jamais elle ne pourrait fonder une famille, bercer un enfant ou le voir grandir, ce qui préoccupait grandement l'arithmancienne était son incapacité chronique à établir des liens avec les autres. L'amour était totalement absent de sa vie...
Jamais personne ne l'avait réellement aimé. Durant toute sa vie, Ana Sorden n'avait jamais réussie à entretenir une véritable amitié basée ou même une histoire d'amour basée sur des sentiments sincères. Pourtant, à ses yeux, elle possédait tout pour incarner l'amie ou la femme idéale; en effet elle était aussi belle que fortunée et disposait d'une culture lui permetant d'aborder quantité de sujets. Mais rien n'y faisait. Elle paraissait incapable de tisser la moindre affinité, et Poudlard ne faisait pas exception.

Est-ce que quelqu'un était susceptible de comprendre ses blessures secrètes? Son déracinement autant familial que affectif?
Rien n'apparaissait moins sûr, personne n'était en mesure, dans ce bas monde, de pouvoir lui donner ce repère salvateur qui donnerait un sens à sa vie.

Bien que son intrusion dans la sphère privée de Chloé Hellsoft soit préméditée, l'accueil chaleureux de cette dernière lui réchauffa quelque peu le cœur. Lorsqu'elle la questionna sur son choix de boisson, Ana s'empressa de lui répondre.

"Oh merci! Ce sera un thé pour moi, et sans sucre car je tiens à conserver ma ligne..."

La dernière fois que Ana avait prit un thé en tête à tête avec quelqu'un, c'était dans le but de donner la mort. Dans les cieux, Septima Vector devait encore la maudire, et hurler pour prévenir Chloé Hellsoft du danger, mais cette fois-ci les tasses étaient des plus inoffensives. Et le poison bien absent. Ana Sorden se contenta d'esquisser une mine satisfaite alors que la professeur de Divination venait la rejoindre avec une tasse de café. Puis les questions débutèrent.

"Alors dites-moi, Ana - si vous permettez que je
vous appelle comme ça, je préfère appeler mes collègues par leur prénom,
nous sommes une équipe après tout. Pourquoi avoir quitté Salem et être
venue vous installer à Poudlard?"

Après avoir bu quelque gorgées de son thé, Ana Sorden posa sa tasse sur la petite table qui la séparait de la directrice des Gryffondors. Puis croisant les bras, elle débuta sa réponse d'un air grave.



"Cela ne pose aucun problème si vous voulez m'appeliez par mon prénom. Au contraire cela me donnera la douce impression de faire quelque peu partie de votre équipe, et me donnera également le droit d'en faire de même avec vous, Chloé."

L'arithmancienne avait la désagréable impression de ne pas faire partie intégrante du cercle fermé des professeurs, et elle voulait le faire savoir à la professeur de Divination par ce petit sous-entendu. Mais sans lui laisser le temps de répondre, elle renchérit très vite sur les raison de son départ des États-Unis.

"Je suis partie de Salem pour des raisons personnelles. J'avais la désagréable impression de n'avoir plus aucuns buts et de ne me reposer que sur le passé. La mort de mon époux m'a profondément affectée, vous savez, et chaque lieux me ramenaient à sa mémoire. Vivre seule dans l'immense manoir de Crane Mansion était devenue humainement impossible. C'est pourquoi j'ai voulu m’octroyer une seconde vie, un nouveau départ en venant en Angleterre. Ma présence à Poudlard n'est en vérité liée qu'au circonstance tragique du décès de notre regrettée Septima Vector, car je cherchais au préalable un poste de comptable au sein du ministère. Je me suis d'ailleurs réellement investie dans la campagne du MIM, avec l'idée de pouvoir en intégrer le ministère. Mais lorsque j'ai appris que le poste d'arithmancienne était vacant. Je n'ai point hésité à rejoindre Poudlard..."

Le regard d'Ana Sorden brilla alors d'une leur nouvelle alors qu'elle mentionna le nom de l'école de magie.

"Vous savez... Rejoindre Poudlard était un véritable rêve de petite fille. Rien ne comptait plus à mes yeux. Je suis venue ici dans le but de m'offrir cette motivation nouvelle qui me faisait tant défaut à Salem. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point je suis heureuse d'enseigner dans ce lieu légendaire qui je l'espère deviendra au fil du temps comme ma propre maison. Car je considère Poudlard et mes élèves comme ma seule famille. Un port d'attache après la tempête qui a fait chavirer ma vie durant si longtemps..."

Le visage d'Ana Sorden s'obscurcit encore quelque peu, comme si elle était rattrapée par le passé. Mis très vite elle se ressaisit en adressant un franc sourire à Chloé Hellsoft, alors que ses yeux se posait avec envie sur le ventre rebondit de cette dernière.

"Comme je vous envie! Quel bonheur cela doit être pour vous d'attendre un enfant! Vous avez déjà une fille si je ne m'abuse? En tout cas j'espère que vous avez réussit à vous reposer depuis votre retour en Laponie. Lorsque j'ai appris cette catastrophe, je dois avouer que j'ai immédiatement eu une pensée pour vous et votre enfant... Mon dieu cela devait être horrible. Quel peur panique vous avez dû éprouver..."

Ana marqua une pause, se mordillant la lèvre en signe de dépit. Puis elle finit par ajouter.

"Vous savez si un jour au terme de votre grossesse, vous vous sentez trop fatiguée pour assumer votre fonction. Je tenais à vous dire que cela serait un immense honneur pour moi de pouvoir vous suppléer..."

Ana gardait toujours à l'esprit que même si cela durait le temps d'un remplacement, le poste de directrice des Gryffondors lui accorderait cette légitimité qui lui faisait tant défaut...

Un déclic brutal se produisit dans l'esprit tourmenté de l'arithmancienne, lorsqu'elle vit son hôte mentionner le fait qu'elle avait éprouver plus de frayeur à l'idée de devoir laisser une orpheline derrière elle que de perdre la vie. Le rôle de mère allait à l'encontre des préceptes égocentriques d'Ana Sorden, et pourtant cette dernière éprouva une envie aussi irrésistible que coupable de ressentir la même chose. Ce sentiment de ne plus vivre pour soi, et de laisser sur terre une empreinte de son passage, voila un rêve impossible que la sorcière de Salem ne pourrait jamais réaliser.
Dans quelques mois, Chloé aurait cette chance incroyable de pouvoir bercer son nourrisson dans le creux de ses bras; alors que Ana devrait se résoudre à jamais à cette terrible certitude qu'elle n'aurait aucun enfant à étreindre contre son cœur...

Chloé Hellsoft continuait de parler et de lui divulguer des informations vitale pour sa mission de conquête de Poudlard, mais l'arithmancienne était définitivement ailleurs. Comme si cette volonté volonté chimérique de devenir mère prenait le pas sur ses ambitions. Le visage d'Ana Sorden s'assombrit considérablement alors que la directrice des Gryffondors lui expliquait en détail les modalités de son remplacement...

Les yeux dans le vague, l'arithmancienne rêvait d'une chose impossible pour elle...


Alors, sans qu'elle s'en aperçoive, une larme finit par dévaler la surface lisse de sa joue blanche...

L'arithmancienne tenta immédiatement de masquer son trouble, mais ce fut peine perdue. La carapace froide et insensible qui lui encerclait le cœur venait de se disloquer à la vue du ventre arrondi de la professeur de divination. Son visage s'empourpra quelque peu, alors qu'elle fit disparaitre d'un revers de sa main ciselée, cette larme indigne d'une femme comme elle.
Relevant un regard troublé sur Chloé Hellsoft, elle se confondit très vite en excuses.

"Veuillez m'excuser. Je ne voulais pas..."

Les mots étaient durs à trouver pour une femme plus habituée à faire couler des larmes, plutôt que d'en subir les conséquences. Elle inspira profondément pour calmer son émoi, et afin de reprendre le masque glacé et dépourvu d'émotions qu'elle arborait si fréquemment. Très vite, elle esquissa un sourire triste, alors qu'elle tentait de reprendre le fil de la conversation.

"Où en étions nous... Ah oui... Vous étiez en train de me dire que vous devriez sans doute demander au professeur Londubat si celui-ci serait interessé pour tenir votre poste le temps de votre absence. Sachez que je n'y vois aucun inconvénient et que je trouve cela parfaitement normal, et je me plierai à votre décision..."

L'arithmancienne s'arrêta car elle pensa déceler dans le regard de Chloé Hellsoft; une envie chez elle de pouvoir répondre à certaines interrogations que venait de soulever indubitablement cette larme coupable et déstabilisante. Après cet aveu de faiblesse, Ana comprit très vite qu'elle n'avait guère le choix que de donner des explications tangibles à son attitude; et cela sans se mettre en danger, ni compromettre sa mission. Car révéler ses failles était une arme à double tranchant qui pouvait autant vous fragiliser que sensibiliser votre interlocuteur à votre peine.
L'arithmancienne poussa un long soupir et croisant les bras à nouveau, elle se lança alors dans une explication des plus touchantes, empreinte d'un soupçon de mensonge...


"Pardonnez-moi. Mais je crains de devoir m'expliquer sur les raison de mon trouble passager..."

Ana se mordilla alors la lèvre inférieure comme s'il lui était difficile de s'épancher sur ses maux intérieurs. Mais elle finit par briser le silence.

"Je ne devrai pas vous faire subir mon désarroi personnel surtout dans votre situation, mais il se trouve que je ne peux point avoir d'enfants. Et malheureusement, j'éprouve parfois des regrets au combien douloureux à l'idée que je ne pourrai jamais m'offrir le plus beau rôle de ma vie. Celui d'être mère..."

Ses mains se crispèrent légèrement tandis que son regard d’ordinaire si clair se teinta d'une tristesse sombre.

"Suite à une fausse couche dévastatrice et chaque jour qui passe, je me dois de me faire à cette idée que jamais je ne pourrai étreindre un enfant dans mes bras. J'avoue que le fait de vous voir, si belle et épanouie dans votre situation de future mère, m'a quelque peu déchiré le cœur...
Vous avez une chance incroyable professeur Hellsoft, une chance que je n'aurai jamais, et je suis autant heureuse que envieuse de votre bonheur. J'espère que vous comprendrez et me pardonnerez de m'épancher de la sorte, mais parfois certaines souffrances ne peuvent se contenir..."

L'arithmancienne lança un sourire gêné, presque désolé de parler de ses malheurs à une femme qui s’apprêtait à nager dans le bonheur. En habile stratège, elle revint alors à un sujet plus intéressé...

"Mais vous savez, j'ai appris à combler ce manque, cette absence cruelle au fil du temps. Je perçois mes élèves comme les enfants que je n'ai point eue, et je tiens à leur offrir le meilleur avenir possible. De ce fait, j'espère que vous saisissez toute l'importance et la motivation qui m'anime à l'idée de pouvoir vous remplacer durant votre absence. Je veux pouvoir offrir le meilleur de moi-même à vos chers Gryffondor..."

En disant cela, l'arithmancienne afficha une expression aussi angélique que rassurante, qui avait pour but de rassurer Chloé Hellsoft sur le fait que les Gryffondors seraient placée entre de bonnes mains, si elle se décidait à lui octroyer ce privilège...

Chloé Hellsoft paraissait partager sa peine, du moins c'était l'impression de l'arithmancienne. L'absence d'un enfant désiré dans le vie d'une femme est est une blessure qui même le temps ne pourrait jamais cicatriser. Même si la sorcière américaine ne voyait aucune forme de solution qui puisse endiguer ce vide, elle écouta tout de même, avec une dignité retrouvée, les sages conseils de la directrice de Gryffondor. Bien qu'elle s'en défende, la somme de tout les caprices d'un enfant n'arriverait point à supplanter l'amour que celui-ci pouvait vouer à sa mère. Et au final, c'est peut être cet aspect de la maternité que cherchait l'arithmancienne. Et le fait de se sentir aimée...
Ana aurait voulu voir cette étincelle d'amour éternel briller dans les yeux de son enfant, mais les péripéties de la vie lui avaient ôtée ce privilège de mère. Personne ne l'avait réellement aimé pour ce qu'elle était. Orpheline et abandonnée, elle n'avait point grandit au sein d'une famille aimante et attentionnée, et ce malgré la considération mesurée que lui portait sa mère adoptive, Christabella Morrow. Ana n'avait point lié également de véritables amitiés sincères et désintéressées avec son entourage immédiat. Les autres la respectaient tout au plus, mais d'aucune manière n'essayaient d'entretenir des liens plus étroits, où ils auraient été possible de se confier et d'échanger ses ressentis. Ana tissait sa toile, seule, sans que personne ne vienne spontanément la libérer de sa solitude. Elle se sentait alors dans l'obligation de piéger le monde alentours, de se créer son propre bonheur, plutôt que de l'attendre. A l'image de sa vie sentimentale, elle excella dans l'art mensonger de la séduction, où ses pulsions narcissiques prenaient le pas sur la sincérité de ses sentiments. Voir ses hommes aveuglés se jeter à ses pieds pour obtenir ses faveurs avait de quoi soulager son manque d'amour, même si tout cela ne reposaient que sur des sentiments factices et bien souvent intéressés.

Au moins l'amour d'un enfant pour sa mère n'était point mensonger et ne trichait pas, et Ana se serait damnée pour être en ce moment même à la place de la future mère qui se tenait devant elle. Chloé Hellsoft lui avait tenu un discours sur le fait qu'à défaut de pouvoir engendrer, elle pourrait éventuellement rencontrer un jour une jeune personne susceptible de devenir une sorte d'enfant par alliance. Elle avait d'ailleurs ressenti cette forme d'amour unique lors de sa rencontre avec la jeune Sasha Benson, elle voyait d'ailleurs cette dernière comme la fille idéale, celle qu'elle aurait rêvé mettre au monde. Mais voila, sa petite colombe disposait d'une famille, d'un père et d'une mère, et malgré tous ses efforts, elle ne pourrait jamais les remplacer dans le cœur de la jeune fille. Ce que désirait ardemment Ana, c'était de recevoir un amour exclusif pour sa seule personne, et non de devoir le partager avec d'autres! Dans son désir possessif d'avoir un enfant, l'arithmancienne n'était point préteuse...

La discussion dévia alors sur sa possible nomination au poste de Directrice remplaçante des Gryffondors et que la tâche risquait de s'annoncer ardue. Neville Londubat avait sans doute plus de légitimité à ce poste, mais lors de leurs quelques rares échanges, Ana avait l'impression que ce héros de la grande guerre préférait se réfugier dans sa serre au milieux de ses plantations, plutôt que de rechercher les responsabilités. L'arithmancienne ne l'avait jamais perçue comme une menace dans ses ambitions. Malgré ses hauts faits de gloire, il restait résolument modeste et préférait bien souvent se soumettre à l'avis général plutôt que de s'imposer. Ana Sorden avait même l'impression de posséder une certaine forme d'ascendant psychologique sur l'ancien Gryffondor. Ce dernier avait peut être trancher la tête de Nagini, il restait totalement incapable de lui couper la parole...
Le souci risquait essentiellement de provenir des élèves rouges et or, eux-même, comme le soulignait d'ailleurs à juste titre Chloé Hellsoft. Mais l'arithmancienne ne paraissait nullement inquiétée, et arbora une posture de sphinx à la confiance inébranlable.


D'une voix posée, elle tenta de rassurer Chloé Hellsoft sur le fait qu'elle saurait se faire respecter par ses élèves.

"Soyez tranquille, si vous m'en donner le privilège, je saurai me faire accepter de vos élèves. Car si je peux me montrer aussi prévoyante qu'une mère dans ma manière d'enseigner, je peux faire preuve également d'une autorité ne souffrant aucune discussion. Je ne plaisante pas avec la discipline et le savoir-vivre, et je peux me montrer aussi têtue qu'un Gryffondor dans ce domaine. N'est ce pas après tout le rôle d'une matriarche que de se montrer sévère pour le bien de ses enfants?"

Ana esquissa un léger sourire, puis jetant un bref regard sur les aiguilles de l'horloge située sur un pan de mur des appartements de Chloé Hellsoft, elle décida de mettre un terme à cet échange convivial.

"Je crains de devoir vous quitter, une pile de correction m'attend, et nul doute que je devrai y passer la journée. Je vous remercie pour votre accueil chaleureux. Et surtout prenez grand soin de vous."

Après avoir saluer de la tête une dernière fois son hôte, Ana fit quelque pas en direction de la sortie. Elle s'immobilisa une seconde. Puis fit une proposition qui pouvait se révéler des plus inquiétantes si Chloé Hellsoft connaissait la nature profonde de l'arithmancienne.

"Je tenais à vous faire une dernière proposition... Si à l'avenir vous recherchez une nourrice ou quelqu'un susceptible de garder votre enfant pendant vos absences. Sachez que rien ne me ferait plus plaisir que de garder un œil sur votre berceau ..."

Puis sans même laisser le temps de répondre à Chloé Hellsoft, elle s’éclipsa dans l'obscurité du couloir...

[Rp terminé, à moins que tu veuilles conclure... ]