Situation de crise #3 (Chloé/Maëva/Peter)

Samedi 7 Octobre 2006

Peter était assis dans un des fauteuils de l'appartement de Chloé, les mains jointes et les coudes sur les genoux, fixant gravement un morceau de tapis qui n'avait pourtant rien d'intéressant. Il n'avait rien à faire ici, il se faisait cette même constatation depuis des heures, ou au moins quelques minutes. Mais il restait là, stupidement, dangereusement. Fuir n'avait rien de compliqué pourtant. Il suffisait de se lever, de faire quatre pas en direction de la porte et de partir, sans rien dire, comme il l'avait déjà fait. S'il avait réussi à laisser derrière lui toute sa vie, s'il avait réussi à abandonner sa mère sans lui laisser le moindre message, pourquoi ne parvenait-il pas à partir aujourd'hui ? Le professeur se retourna légèrement, juste assez pour apercevoir Chloé qui s'affairait à préparer quelque chose à grignoter, et il eut sa réponse.

Était-elle aussi calme qu'elle en avait l'air où son esprit était-il aussi agité que celui de Peter ? Elle avait réfusé son aide quand il la lui avait proposé tout à l'heure, peut-être parce qu'elle voulait s'accorder quelques instants de réflexion. En ce qui le concernait, si Peter s'accordait encore un peu de réflexion, son cerveau allait exploser. L'enseignant vida d'un trait le peu de café qu'il restait dans sa tasse, qui devait être la sixième, peut-être septième de la journée, et il n'était que onze heures du matin. Ne supportant plus de rester inactif, Peter se leva et se mit à arpenter dans le salon de long en large.

Il ne se reconnaissait pas. L'homme qu'il était il y a encore un an ne se serait jamais trouvé à faire les cents pas en attendant une gamine de treize ans pour lui annoncer qu'il sortait avec sa mère, et qu'ils allaient, au passage, avoir un enfant. Huora Helvettï ! C'était encore plus effrayant formulé comme ça. Où étaient donc passer toutes ses convictions, pas d'attaches, pas d'encrages...Il était bien loin du compte ! Il avait radicalement changé ces derniers mois, et il ne s'en rendait compte que maintenant. Même sa relation avec Chloé était différente. Au jeu de séduction avait succéder une forme de tendresse à laquelle il n'était absolument pas habitué. Ce n'était pas plus ou moins bien, juste différent. Et ça l'effrayait un peu finalement.

*Un assassin qui a peur d'une relation durable et d'une gamine de treize ans, on aura tout vu !* ironisa une petite voix acerbe dans un coin de sa tête.

Espérant couvrir cette horrible petite voix dans sa tête, Peter chercha quelque chose à dire pour meubler le silence qui s'était installé mais les seules phrases qui lui venaient à l'esprit avaient à peu près cette tournure "Dis, tu penses que ta fille va juste me détester ou carrément me haïr ?", pas forcément le genre de chose à dire donc. Se rappelant soudain d'une anecdote que Rachelle lui avait rapporté il y a quelque jours.

"Tiens, tu savais que j'étais un vampire ? C'est ce qui se raconte en tout cas." lança-t-il avec une désinvolture qui ne trompa personne.

Ça ne servait à rien, il aurait beau parler de n'importe quoi, son esprit restait focalisé sur la conversation qui n'allait plus tarder et qui serait probablement la plus longue de toute sa vie. Avec un profond soupir, Peter se laissa donc retomber dans le fauteuil avant d’attraper sa tête entre ses mains.

"Laisse tomber, on s'en fou, marmonna-t-il plus pour lui-même que pour Chloé. Elle arrive vers quelle heure ?" demanda-t-il en se redressant pour jeter un regard anxieux en direction de l'horloge.

Maeva tourna machinalement une page de son livre de soins aux créatures magiques et commença à lire les informations données sur une créature au nom barbare vivant dans les grottes. La fillette s’ennuyait profondément. Pourtant, c’était elle qui avait choisi de rester là, au lieu de suivre Lisa, sa camarade de dortoir, qui lui avait proposé une balade autour du lac pour apercevoir le calamar géant. Et contre toute attente, la petite Gryffondor avait refusé. Et ça pour une raison bien particulière. Sa mère l’avait convié à goûter, mentionnant qu’elle devait lui parler et qu’elle ne serait pas seule. Et curieuse comme tout, la puce n’avait qu’une envie : savoir de quoi il s’agissait. Elle avait donc mit ses envies d’aventures de côté et attendait sagement dans son dortoir l’heure donnée par sa mère pour la rejoindre.

Elle s’était occupée comme elle le pouvait. Elle avait tenté de jouer seule à la bataille Explosive, ce qui se révéla être une idée aussi mauvaise qu’ennuyante, elle avait essayé de battre son record du temps qu’elle pouvait passer sur un seul pied et s’était même avancé dans ses devoirs ! Et elle venait de commencer à lire son manuel de SCM. Tournant une nouvelle fois, la fillette soupira avant de regarda l’horloge. 15h30. Même en marchant très lentement elle serait beaucoup trop en avance ! Elle espérait en tout cas que ce dont sa mère devait lui parler était important. Et chouette aussi. Et puis… Qui était donc cette mystérieuse personne ? Maeva s’était posé cette question toute la matinée. Son père ? Sa grand-mère ? Son grand père ? Haussant les épaules, elle tenta de se raisonner. Elle serait fixée dans une demi-heure après tout !

Lisant encore quelques pages de son manuel, la fillette ne vit pas le temps passer et leva les yeux, quinze minutes plus tard, vers l’horloge. Refermant son livre, elle se leva brusquement et tituba pendant quelques secondes en clignant de yeux. Elle devait vraiment arrêter de se lever aussi vite, elle détestait cette sensation de la tête qui lui tournait. Le petite Gryffondor se passe un rapide coup de brosse dans les cheveux, mit ses chaussures et partit vers l’appartement de sa mère. Elle songea un instant que l’annonce avait intérêt à être primordiale et importance pour qu’elle se rende dans les appartements des professeurs… Un coup à se faire traiter de « fille chouchoutée de la prof » au détour d’une conversation !

Une fois arrivée devant la porte de l’appartement, elle hésita quelques secondes, et frappa à la porte.

« Entre, ma chérie! »

Poussant la porte, Maeva regarda sa mère arriver vers elle et la serrer dans ses bras. Quelque peu surprise, elle lui rendit son étreinte – elles étaient à l’abris des regards ici.

« Oui, je vais bien, et toi ? »

C’est alors qu’elle aperçu le professeur Virtanen, son professeur de runes. Jetant un regard étonné à sa mère, elle adressa un sourire d’excuse à ce dernier, désolée qu’il eut assisté à une étreinte mère-fille. L'enseignante de Divination mentionna alors qu'elle n'avait pas besoin de faire les présentations, et cette phrase intrigua la petite Hellsoft. Sa maman devait quand même se douter qu'elle connaissait le professeur Virtanen vu qu'elle avait choisi rune en option ! Fronçant les sourcils, elle se tourna vers sa mère et demanda :

« Tu voulais me parler ? »

Réfléchissant à toute vitesse, elle tenta de se remémorer les bêtises qu’elle avait pu commettre. Pourtant, rien ne lui vint à l’esprit.

« J’ai fais quelque chose de mal en Runes ? » questionna-t-elle en s’adressant à son professeur.

Elle espérait tout de même que sa mère ne l’avait fait pas venir uniquement pour ça ! Elle aimait beaucoup sa maman, mais il ne fallait tout de même pas exagérer ! L’avantage d’avoir sa mère enseignante à l’école de sorcellerie était qu’elle était tout le temps là pour elle. Avantage qui était aussi un grand inconvénient. Parce que franchement, qui rêve d’avoir sa mère sur le dos H24 ?

Chloé avait beau essayer de le rassurer, Peter était toujours nerveux, mais pas forcément pour les raisons auxquelles elle devait penser. Il se força à sourire après qu'elle ait déposé un baiser sur ses lèvres, et suivit son regard alors qu'elle jetait un œil à l'horloge. Pourquoi les aiguilles semblaient-elles aller plus vite d'un coup ? Il s'écoula encore quelques seconde de silence, avant qu'on ne frappe à la porte. Peter envisagea un moment l'éventualité de transplaner, là, tout de suite, avant de se rappeler que c'était impossible dans l'enceinte de l'école, tant pis. De toute façon il n'allait pas avoir peur d'une gamine de treize ans si ? Si.

Chloé invita sa fille à entrer et Maëva poussa la porte. Le professeur de runes laissa la mère et la fille se retrouver, observant la scène en se demandant s'il en vivrait un jour des semblables. Il ne s'imaginait pas partager ce genre d'affection avec son fils ou sa fille. Il avait l'impression d'appartenir à un monde complètement différent. Le fillette sembla alors remarquer la présence de Peter et lui adressa un vague sourire, avant de froncer les sourcils quand sa mère mentionna le fait qu'elle n'avait pas besoin de faire les présentations. En effet, Peter avait déjà eu quelques cours avec la jeune fille, au cours desquels il avait eu beaucoup de mal à faire comme si elle n'était qu'une élève parmi tant d'autres. Mais il pensait s'en être plutôt bien sorti.

« J’ai fais quelque chose de mal en Runes ? » demanda la fillette avec innocence.

C'était ça qui faisait comprendre à Peter qu'il n'était pas à sa place. Il n'avait rien à faire ici. Maëva se tenait devant lui, débordante de l'innocence encore propre à son âge. Elle était pleine de naïveté et lui de noirceurs. Elle avait la vie devant elle et nourrissait des tas de rêves alors que lui trainait de sombres secrets qui ne le rattachaient qu'au passé. Il n'avait pas le droit de s'imposer dans sa vie, pas plus que dans celle de cet enfant à naitre. Rester assis dans ce fauteuil était un crime de plus, pourtant il ne bougeait pas. Il était détestable à être si faible !

"Non, ton premier devoir était même plutôt bon !" répondit-il en souriant, essayant de marquer des points auprès de la fillette.

Mais enfin qu'est ce qu'il racontait ? Le premier devoir avait eu lieu il y a seulement quelques jours et il n'avait pas encore corrigé la copie de la jeune Hellsoft. Il n'avait plus qu'à espérer qu'elle s'en soit bien sorti maintenant, il se retrouvait contraint de lui mettre une bonne note de toute façon.

Ne sachant pas quoi dire d'autre, Peter tourna la tête vers Chloé pour lui laisser le soin, ou pas, d'aborder le thème "relation-bébé" tout de suite. Il n'avait aucune idée du meilleur comportement à adopter. Valait-il mieux évoquer le sujet épineux tout de suite, ou continuer à discuter comme si de rien n'était ? Il laissait le soin à Chloé de décider.

Lorsque le professeur Virtanen la rassura au niveau de ses craintes au sujet de son dernier devoir, mentionnant même qu’il était plutôt bon, Maeva ne pu retenir un grand sourire, heureuse de démarrer l’année avec une note correcte. Surtout en runes, qui n’était pas la matière la plus facile qu’elle avait. Cependant, la phrase de sa mère lui ôta son sourire. Certes, elle était contente qu’elle lui confirme que jamais elle ne la convoquerait dans son appartement pour un rendez-vous avez un de ses profs – bonne chose à savoir d’ailleurs – mais cela l’inquiétait légèrement. Pourquoi devait-elle être là ? Et pourquoi son professeur devait être là également ? Jetant un nouveau regard interrogateur à la directrice des Gryffondor, la fillette s’apprêtait à poser la question, lorsque sa mère la devança, la priant de se joindre à eux, et lui signalant qu’elle avait acheté des plumes en sucres venues d’Edinburgh. Partagée entre l’envie de sauter dans les bras de sa mère pour la remercier de s’en être souvenue, et la méfiance – les plumes en sucres, ça promettaient une vraiment grande nouvelle – la jeune rouge et or s’approcha et s’assit à côté de sa mère sur la canapé, tandis que le professeur de runes occupait le fauteuil en face. Attrapant une plume, elle la porta à sa bouche, et tout en appréciant la saveur de celle-ci, portant un regard plein de questions sur l’enseignante de Divination.

"Oui, je voulais bien te parler. C'est quelque chose de très important que je vais te dire, et j'aimerai que tu m'écoutes calmement jusqu'à la fin d'accord? Quand j'aurai terminé, tu pourras me poser toutes les questions que tu veux."

Intriguée, Maeva hocha doucement la tête. Cela semblait grave, visiblement. Lentement, différentes hypothèses se formèrent dans la tête de la puce. Il était peut-être arrivé quelque chose à ses grands parents ? Mais… Qu’est-ce que Peter pourrait bien avoir à voir avec ceci ? Non impossible… Sa mère… Sa mère était peut-être malade ? Pas malade comme elle, lorsqu’elle avait mal à la tête et qu’elle avait le droit de rester dans son lit toute la journée, mais très malade ? Et que seule une incantation runique pourrait la sauver ? Décidant patiemment d’attendre que sa maman prenne la parole, la fillette attendit, tête baissée.
Acquiesçant une nouvelle fois lorsque l’enseignante mentionna qu’elle se plaignait régulièrement plus jeune de n’avoir personne avec qui jouer, Maeva élimina mentalement la possibilité de la maladie. La suite des paroles de sa mère la figea sur place.

« Tu vas avoir un petit frère ou une petite soeur. »

Elle ne ressentait rien, elle ne comprenait rien. Elle était seulement incapable de faire un seul geste, et se contenta de rester silencieuse. La phrase tournait en boucle dans sa tête. « Un petit frère ou une petite sœur ». Tout se mélangeait, elle n’avait plus conscience de rien. Tournant la tête vers sa mère, Maeva la dévisagea, interdite. Elle ne voulait pas comprendre. Jetant un coup d’œil au professeur Virtanen, elle arriva vaguement à articuler :

« Tu… Je… Tu… Mais… Le professeur Virtanen est… Pourquoi il est là ? »

La fillette secoua doucement la tête avant glisser à l’extrémité du canapé. Complètement perdue.

Alors que Peter rassurait la fillette sur son devoir de runes, Chloé écarta le sujet scolaire en expliquant à sa fille qu'elle ne la convoquerait jamais en plein week-end pour un rendez-vous avec un professeur. Voila qui devait intriguer la jeune Maeva, et l'enseignant se demandait ce qu'elle pouvait bien penser de sa présence ici après les paroles de sa mère. La jeune Gryffondor s'installa sur le canapé à coté de Chloé, qui lui proposa des plumes en sucre, visiblement achetées spécialement pour elle dans une boutique d'Edinburgh.

La gamine attrapa une friandise mais, apparement loin d'être dupe, elle posa un regard lourd de questions sur sa mère. Peter s'interrogea sur la façon dont Chloé allait aborder la chose, il n'avait pas pensé à lui poser la question. Personnellement il n'avait aucune idée de la façon dont il s'y serait pris. La directrice des Gryffondor opta pour une méthode des plus brutales. Elle annonça directement à sa fille qu'elle allait être grande sœur, surprenant un peu Peter qui pensait qu'elle aurait commencé par parler de leur relation. Se demandant comment Maeva allait encaisser une pareille nouvelle, l'enseignant observa la fillette qui dévisageait sa mère avec un mine interdite. Le professeur l’imita en tournant les yeux vers Chloé, pensant qu'elle était la seule qui trouverait quelque chose à dire car le silence qui venait de s'installer commençait à être pesant.

« Tu… Je… Tu… Mais… Le professeur Virtanen est… Pourquoi il est là ? »

Peter jeta un regard un peu perdu à Chloé, ne sachant pas si il était censé répondre ou la laisser gérer la situation. Comprenant que c'était à son tour d'intervenir, l'enseignant reporta son regard sur Maeva qui le fixait, incrédule. La gamine devait être complètement perdue. Après tout pour elle il n'était encore que professeur de runes, il savait qu'ils auraient du parler de leur relation d'abord ! Bon, comment annonçait-on à une adolescente de treize ans qu'on allait avoir un enfant avec sa mère ? Y avait-il seulement une bonne méthode de dire ce genre de choses ? Sans doute que non.

Peter avait toujours été particulièrement mauvais pour ce genre de choses. Il mentait sans problèmes, était capable de raconter des histoires invraisemblable pour charmer son auditoires mais quand il s'agissait de livrer la vérité nue, c'était une toute autre affaire. Et puis il avait le sentiment qu'en prenant la parole, là, maintenant, il s’engageait définitivement. Et le statut de professeur de runes lui semblait bien plus appréciable que celui de beau-père. Le silence redevenant tendu, l'enseignant se racla la gorge.

Par où pouvait-il bien commencer ? Il pouvait tenter de se présenter autrement que comme "Le professeur Virtanen", histoire de faire connaissance. Non, mauvaise idée. Lui apprendre qu'il allait être son beau-père ? Non plus. Peter ne voulait pas s'imposer dans la vie de la petite Maeva, et pas seulement parce qu'un homme comme lui ne devrait s'imposer dans la vie de personne. Il pouvait comprendre qu'elle ne veuille pas de lui et la laisserait choisir de la relation qu'elle voudrait qu'il y ait entre eux. Cela lui éviterai de prendre lui même la décision parce qu'il savait pertinemment que quelque serait son choix ça ne pourrait pas être le bon. Si il avait fait les bons choix il ne serait pas ici.

Tiens, le silence était toujours là. Ce qui était plutôt logique en fait étant donné qu'il n'avait toujours rien dit. L'enseignant se racla de nouveau la gorge, et se lança sans réfléchir, bafouant tous les principes les plus élémentaires de sa maison.

"Je vais être, enfin je suis, le père de cet enfant."

Voilà, c'était dit. Il était mal placé pour reproché à Chloé sa brutalité maintenant.

Il avait la désagréable sensation qu'il venait de faire une bêtise. Pourtant la bêtise était faite depuis un moment déjà, mais le formuler à voix haute lui faisait prendre conscience de l’ampleur de son erreur. Il allait être le père de cet enfant. Et il n'était rien de ce que devait être un père, il ne pourrait jamais être un exemple, un modèle. L'enseignant s'efforça d'éloigner ces sombres pensées pour le moment et attendit la réaction de la fillette.

« Je vais être, enfin je suis, le père de cet enfant. »

Dévisageant son professeur, Maeva se recroquevilla légèrement sur elle-même, et se pressa un peu plus contre l’accoudoir du canapé, ramenant ses genoux sous son menton. Elle ferma lentement les yeux, tentant d’assimiler la nouvelle. Elle avait l’impression de ne plus arriver à penser à quoique ce soit. Tout se bousculait dans sa tête, et la fillette n’arrivait pas à se focaliser sur une seule pensée. Elle leva la tête et rouvrit les yeux pour fixer le plafond. Joli plafond, soit dit en passant.

Elle était complètement perdue. Elle n’avait quasiment plus conscience de rien et avait l’impression d’avoir un poids dans l’estomac. Ce que sa mère prononça ensuite acheva de la perdre complètement. Elle pouvait l’appeler Peter en dehors des cours. Peter. Silencieusement, elle articula le prénom de son professeur et décréta intérieurement que cela sonnait affreusement mal. Non, le professeur Virtanen resterait le professeur Virtanen.

Etonnement, les larmes lui montèrent aux yeux et ne tardèrent pas à couler sur ses joues. Les essuyant rageusement – un geste complètement inutile car elles ne cessaient de tomber - Maeva se passa les phrases que sa maman venait de prononcer avec horreur. L’appeler Peter. Le père du bébé. Pas son père à elle. Ce n’était pas possible. C’était une erreur, forcément. Sa mère ne pouvait pas être enceinte, ne pouvait pas attendre un bébé. Pas de son professeur de runes. A la rigueur, si son père était également le père de ce futur bébé, pourquoi pas. Elle aurait pu l’accepter, peut-être. Mais ce n’était pas le cas. Et son père ! Son père, qu’allait-il dire en apprenant la nouvelle ? Lui qui lui avait toujours rabâché que sa mère l’avait abandonné pendant la guerre, le laissant seul, sans protection ? Il allait être furieux, assurément. Et triste, aussi ? Dardant un regard noir à travers ses larmes sur son professeur de runes anciennes, la jeune Maeva croisa les bras, silencieuse. Que pouvait-elle donc dire ? Qu’un inconnu venait briser son cercle familial ? Cercle déjà bien amoché par le divorce de ses parents ? Qu’elle était très bien, toute seule, sans frère, ni sœur ? Que pour rien au monde elle n’avait envie que cela change ? Elle avait envie de les hurler, ces phrases, ses paroles qui lui brûlaient les lèvres. Elle avait envie de faire taire cette petite voix, qui sournoisement lui murmurait que sa mère avait seulement envie de refaire sa vie, de la recommencer. Pour qu’elle soit meilleure. Un nouvel enfant, un nouveau mari. Elle lui sifflait qu’elle rêvait probablement de l’abandonner à son père. Elle voulait la faire taire. Mais n’y arrivait pas. Alors, elle l’écoutait, se faisait envoûter par ces paroles imaginaires, par le doute que Darren avait installé chez elle.

"Maeva... tu veux dire quelque chose?"

Regardant sa mère, la petite Hellsoft se demandait si l’état dans lequel elle était ne valait pas toutes les paroles. Pourtant, devant l’air insistant de sa mère, elle ouvrit la bouche pour prendre la parole. Seul un sanglot déchira le silence qui venait de s’installer.

« Je… Tu ne peux pas… » parvint-elle tout de même à hoqueter.

Se calmant peu à peu, elle laissa passer quelques secondes, avant de reprendre, plus distinctement :

« T’as pas le droit de faire ça ! »commença-t-elle avant d’hausser le ton « T’as pas le droit de me faire ça ! Ou de faire ça à papa ! »

Elle bondit sur ses pieds, ses larmes coulant toujours sur ses jours. Les essuyant une nouvelle fois rageusement, elle renifla avant de poursuivre, faisant face à sa mère.

« Papa, il t’aime, et toi, tu es enceinte d’un autre ! C’est dégueulasse ! » clama-t-elle. « Et moi ? Je vais vivre où ? Tu vas me remettre chez grand-père et grand-mère jusqu’à mes dix-sept ans c’est ça ? Et pourquoi tu ne m’en as jamais parlé avant ? Tu t’en fiches de ce que je peux ressentir ? Tu t’en fiches de moi ? Je ne veux pas de ce bébé moi ! Je ne veux pas un petit frère, ou une petite sœur ! »

Elle secoua la tête avant de terminer, criant, hurlant presque :

« J’en ai marre, tu ne te préoccupe jamais de moi ! Tant que je ne fais pas de bêtise, tout va bien, hein, mais alors je peux toujours attendre pour savoir que tu attends un bébé ! De toute façon, t’es plus ma mère ! »

Alors que Peter pensait s'en être à peu près bien sorti mais un regard réprobateur de Chloé lui indiqua que ce n'était pas le cas. Et merde ! Il faisait déjà tout de travers alors que le bébé n'était même pas encore né. C'était bien la preuve qu'il n'était pas fait pour être père. La directrice rassura alors sa fille en lui expliquant que Peter serait le "papa du bébé" mais que son ex-mari resterait son père à elle.

Le mot "papa" lui retourna les entrailles. Peut-être parce que ça le renvoyait à sa petite enfance, seule période de sa vie où il s'était adressé à son père de cette façon, et époque où il pensait encore que ce dernier était un héro, où c'était encore son modèle, son Dieu vivant. Et peut-être parce qu'il ne voulait pas devenir ça pour quelqu'un. C'était trop de responsabilités. Il ne voulait pas être le modèle d'un enfant aussi naïf et influençable qu'il l'avait été, et que tous les enfants l'étaient, il ne pouvait pas être un modèle alors qu'il n'était que la preuve de son échec. Il s'était promit de ne jamais s'attacher, de ne se lier avec personne pour ne pas faire de mal autours de lui, et il avait échoué.

"Maeva... tu veux dire quelque chose?"

A cette remarque de Chloé, Peter leva les yeux vers la fillette pour attendre sa réaction et découvrit qu'elle pleurait. Ça commençait bien, il faisait partie de sa vie depuis exactement quatre minutes et elle en souffrait déjà.

« T’as pas le droit de faire ça ! »commença-t-elle avant d’hausser le ton « T’as pas le droit de me faire ça ! Ou de faire ça à papa ! »

La fillette bondit sur ses pieds avant de continuer à déverser sa colère, un flot de larmes coulant sur ses joues. Le regard de Peter passait de Chloé à Maeva, sans savoir quoi faire. Ce n'était pas vraiment à lui d'intervenir, il se sentait de trop. Il n'était absolument pas à sa place ici. Il était le méchant dans l'histoire, et lui savait que ce n'était pas le cas uniquement dans la version de gamine révoltée de Maeva.

Promenant toujours son regard sur la pièce, Peter aperçut une boite de mouchoirs et en fit venir un à lui d'un coup de baguette. Il pouvait toujours essayer de se rendre un minimum sympathique à la jeune fille après tout. Il voulut lui tendre le mouchoir pour qu'elle essuie ses larmes mais cette dernière se mit à hurler pour de bon et il suspendit son geste.

« J’en ai marre, tu ne te préoccupe jamais de moi ! Tant que je ne fais pas de bêtise, tout va bien, hein, mais alors je peux toujours attendre pour savoir que tu attends un bébé ! De toute façon, t’es plus ma mère ! »

Situation de crise. Finalement il pouvait peut-être l'avaler ce mouchoir, ça pourrait le tuer. Le professeur jeta un regard inquiet à Chloé, histoire de voir comment elle réagissait, car lui ne savait pas du tout ce qu'on était censé faire dans un pareil cas. Est-ce qu'il fallait remettre cette adolescente en crise à sa place ou prendre son parti et la réconforter ? Il n'en avait pas la moindre idée. Y avait pas des bouquins là dessus ?

Alors que Maeva s’emportait de plus en plus, allant même jusqu’à hurler, une petite tirade de sa mère réussi instantanément à la calmer.

"Ca suffit, Maeva! Je comprends que tu sois bouleversée, c'est une nouvelle importante, mais ça ne t'autorise pas à dires de telles bêtises! Tu crois vraiment que ton père m'aime? Alors qu'il cou... a des rendez-vous avec ses groupies après tous les matchs? Il faut qu'il arrête de te mettre ces idioties dans le crâne, c'est inadmissible! Ce n'est pas moi qui partait des jours entiers sans donner de nouvelles lorsque tu étais bébé!"

Se figeant sur place, elle dévisagea l’enseignante de Divination. Dans sa petite tête, tout avait toujours été clair. Son père attendait sa mère, toujours éperdument amoureux. Elle ne savait pas vraiment dans quoi elle était allée chercher cette idée là. Sûrement dans certaines paroles que son papa pouvait avoir prononcées ou dans des excuses qu’il lui avait servies pour se justifier. Elle croyait dur comme fer à cette idée…
Comment ça son père avait des rendez-vous avec ses groupies à la fin de ses matchs ? Non, ce n’était pas possible ! Il lui avait toujours dit qu’il devait rester un peu plus tard, ou même toute la nuit avec son équipe pour pouvoir mettre sur papier les différentes tactiques utilisées durant la rencontre pendant qu’ils les avaient bien tout en tête ! Sa mère devait se tromper, ce que faisait son père après ses matchs était purement professionnel.

« Mais… Mais non, il m’a dit que lorsqu’il ne rentrait pas ou alors vraiment tard le soir, c’était parce qu’il avait des choses importantes à faire avec son équipe ! Et puis… Il m’aime papa, il ne pouvait pas partir lorsque j’étais bébé… »

Elle attrapa le mouchoir que lui tendait sa mère et se moucha bruyamment avec. La petite réflexion qu’elle avait eu sur son père avait eu le don de faire taire ses larmes, et la fillette était maintenant un peu plus disposée à écouter ce qu’allait dire sa mère. Cette dernière lui expliqua d’ailleurs que jamais elle ne la mettrait chez ses grands parents, et qu’elle pourrait venir aussi souvent qu’elle le souhaiterait, mentionnant que le professeur Virtanen pourrait même garder son appartement si elle le désirait.

Jetant un regard noir à son professeur de runes, Maeva resta silencieuse, peu désireuse de s’étendre sur le sujet. La dernière tirade de sa mère, cependant, raviva en elle certaines paroles qu’elle avait entendu au début de l’année…

"Tu es ma fille, mon premier bébé, et tu le resteras toujours, d'accord? Tu sais bien que si je te le dis maintenant c'est que je ne le sais pas depuis longtemps, je n'aurai pas pu te cacher ça. Les bébés, ça se fait en neuf mois, pas en neuf ans."

… Alors qu’elle avait cessé d’y penser depuis quelques semaines, des phrases que Darren O’Connor avait prononcé lors du voyage en train lui revinrent en mémoire… D’un coup, elle blêmit avant d’observer sa mère, complètement effarée. Pourquoi se souvenait-elle de ça maintenant ?

« Tu mens… Je sais que je suis une de tes plus grandes erreurs. »

Appuyant ses mains sur ses yeux, dans l’espoir de retenir les larmes qui menaçaient de couler après une telle déclaration, Maeva remercia intérieurement le Serpentard de l’avoir mit au courant. Aussi difficile que cette phrase était à entendre, elle avait au moins le mérite d’être véridique. La fillette devait se faire une raison : si sa mère avait un nouveau bébé et un nouveau mari, c’était bien pour les rayer, elle et son père, de sa vie.

Peter épiait la réaction de Chloé et la vit seulement pincer les lèvres. Visiblement, elle prenait plutôt bien la réaction de Maëva qui, somme toute, devait être normale pour une adolescente de son âge. Elle ne laissa cependant pas passer la fin de les remarques de la fillette concernant son père. Cela tournait presque au règlement de compte familiale et Peter se sentait de moins en moins à sa place, si toutefois il s'y était senti à un moment, ce qui n'était pas vraiment le cas. Apparemment l'ex-mari de Chloé avait lus tendance à passer du temps avec ses groupies qu'à se tuer au travail, comme semblait le croire sa fille.

A ce moment, le professeur de runes se sentit prit de compassion pour la petite Gryffondor. Elle était rebelle et aussi insupportable que n'importe quelle autre gamine de son âge, mais il comprenait que cela puisse être dur. Il était bien placé pour savoir ce que cela faisait de voir son modèle s’effriter, de comprendre que le père parfait qu'on aimait et admirait n'était en réalité pas un exemple à suivre. Il se souvenait à quel point on pouvait se sentir perdu et trahi mais il savait aussi que ça ne durait pas. Elle s'en remettrait. Et il y avait probablement une différence entre apprendre que son père avait plusieurs aventures et apprendre qu'il était assez lâche pour vous faire accuser de meurtre, très probablement même.

"Quant à te mettre chez tes grands-parents, je ne sais pas ou tu vas chercher ça. Je n'ai absolument rien dit de tel. Tu pourras venir ici aussi souvent que tu le souhaites. Peter gardera quand même ses appartements, si tu veux."

L'entente de son nom lui fit relever la tête, preuve qu'il n'était finalement pas complètement exclu de la discussion, bien qu'il ne sache pas si c'était une bonne ou une mauvaise chose. Il ne voulait pas répéter les erreurs de l'ex-mari de Chloé en délaissant sa famille à peine constituée mais il ne pouvait leur faire que du mal en s'investissant comme il le devrait. Le jour où il devrait partir, ou le jour où Chloé le rejetterai, quand elle saurait, il abandonnerait tout et moins il aurait d'attaches moins il y aurait e blessés dans cette histoire. Il se contenta donc d'appuyer les propos de la directrice des rouge et or d'un hochement de tête.

"Parfaitement"

Cette remarque pourtant superflue lui valut un regard noir de la fillette et Peter lui adressa un sourire qui se voulait conciliant. Chloé rassura alors Maëva en lui expliquant qu'elle était son premier bébé, et que ça ne changerait pas. ce à quoi l'adolescente répondit par une remarque inattendu et sans doute désagréable à entendre pour Chloé.

« Tu mens… Je sais que je suis une de tes plus grandes erreurs. »

Même pour une gamine en colère et un brin rebelle, Peter trouvait la réflexion un peu dur. Qu'est ce qu'elle était aller se fourrer dans la tête ?

"Mais qui t'as dit une connerie pareille?!"

Déconcertée par cette réponse, Maeva resta silencieuse et rouvrit les yeux, oubliant complètement de répondre à la question. Lorsqu’elle avait avoué quelques minutes plus tôt à sa mère qu’elle se savait être une de ses plus grandes erreurs, elle n’imaginait pas une seule seconde que celui puisse toucher sa mère autant. Mais cette dernière, visiblement prise de court, eut un mouvement de recul en la regardant. Pendant quelques instants, le silence se fit dans la pièce, et personne ne bougea. La fillette pour une fois resta immobile, se contentant de fixer sa mère en retour, complètement embrouillée intérieurement.

Elle ne savait plus quoi penser de la situation, ni si ce qu’elle venait de dire était une bonne chose. La seule chose dont elle était certaine, c’était que sa maman était perturbée. Et la jeune rouge et or ne savait pas si cela était une bonne chose ou non. Tirée de ses pensées par l’enseignante de Divination qui se leva brusquement pour faire plusieurs fois le tour de la table du salon en se passant la main sur le visage, Maeva la suivit du regard, toujours perdue. Avait-elle peur que cela s’ébruite, le fait que Chloé Hellsoft veuille se débarrasser de sa première fille ? Etait-elle en colère contre elle ? Ou contre celui qui lui avait vendu la mèche ? Ou alors, simplement touchée, blessée, que sa propre fille puisse penser cela ? La petite se savait plus, et, perdue comme elle était, se surprit même à jeter un coup d’œil au Professeur Virtanen pour voir s’il savait quelque chose.

Sa mère rompit le silence, en demandant à l’enseignant de runes d’aller préparer quelque chose à manger. Maeva baissa la tête lorsqu’elles se retrouvèrent seules, comme une enfant prise en faute… Elle avait peur des réprimandes, même si elle savait pertinemment qu’il n’y en aurait pas. Surprise, elle tressaillit néanmoins lorsque l’enseignante lui releva doucement la tête et essuya ses larmes, avant de se détendre complètement, appréciant le geste. Parce que oui, elle avait beau hurler sur tous les toits qu’elle était grande et indépendante, il était hors de question de se passer de sa maman.
Malgré la colère toujours présente en elle, la fillette posa sa tête sur l’épaule de sa mère et ramena ses jambes sur le côté, écoutant attentivement le discours de l’enseignante.

Elle hocha la tête, toujours égarée, lorsqu’elle lui dit que son père ne l’aimait plus, et que sinon, ils seraient encore ensembles. Pourquoi alors son père lui avait toujours déclara que sa mère l’avait quitté alors qu’il l’aimait toujours ? Sous-entendant donc qu’elle était la cause de leur divorce ? Secouant doucement la tête, Maeva se taisait. Elle ne comprenant décidemment rien. Finalement, elle n’était plus certaine de vouloir grandir – même si pouvoir regarder les plus jeunes de hauts devait vraiment être trop génial – si les histoires d’adultes étaient si compliquées…

"Et je n'admettrai pas qu'il te dise que tu es une erreur pour moi, tu entends! Il n'a pas le droit de te dire ça! Papa et moi, on t'as voulu. On voulait un bébé à nous, qui grandisse et qui soit toujours là. Quand tu es née, c'était le plus beau jour de ma vie. Et je n'ai jamais regretté, ja-mais."

Devant le ton dur que sa mère venait d’employer, la jeune rouge et or réprima le « Mais c’est pas papa, c’est un grand de Serpentard qui me l’a dit ! » qui lui brûlait les lèvres. Elle hésita quelques secondes, s’agita légèrement, et prit enfin la parole :

« C’est… C’est pas papa qui m’a dit ça… » commença-t-elle d’une petite voix.

Elle leva les yeux vers sa mère et après un nouveau temps d’hésitation elle reprit :

« Je… Mais pourquoi tu veux d’un autre enfant si… Pourquoi ? » demanda-t-elle simplement, incapable de formuler correctement sa pensée.

Alors qu’elle attendait sa colère, elle se rendit compte qu’elle avait tellement était étonnée par la réaction de sa mère qu’elle en avait oublié d’être en colère…

"Si ce n'est pas Papa, c'est qui?"

Maeva s’agita quelques secondes, en pleine réflexion. Elle réprimait avec peine le « Darren O’Connor » qui lui brûlait les lèvres. Pourtant elle ne désirait rien d’autre que de balancer ce nom et d’oublier les paroles qu’elle avait entendu de la bouche du Serpentard. Alors pourquoi donc se taisait-elle ? Et pourquoi donc n’acceptait-elle pas la venue d’un nouveau membre dans sa famille ? Certes, la situation était particulière, et pourtant elle savait qu’elle n’était pas première à qui cela arrivait. Lisa, par exemple, avait également une famille recomposée, avec un beau père, des demies sœurs… Mais Lisa avait une grande sœur, et un grand frère, sur qui elle pouvait compter. Maeva, elle, était seule. Elle n’avait pas de cousins, pas de grands frères ou des grandes sœurs sur qui compter. Elle avait son père, sa mère, son oncle Matt, et ses grands-parents, point. Alors oui, elle aimait se bercer d’illusion concernant ses parents, elle aimait croire qu’un jour ils formeraient à nouveau une véritable famille. Et oui, elle se plaisait également dans sa situation d’enfant unique et choyée. Elle s’était habituée à être la seule enfant, à jouer seule dans sa chambre, à s’inventer des histoires farfelues et à explorer, toujours seule, le jardin de ses grands parents. Elle ne voulait pas que ça change, d’ailleurs. Elle aimait avoir l’attention pleine et entière de sa famille.

Oui, elle avait peut-être un peu peur. Peur qu’on ne s’occupe plus d’elle, peur de tomber dans l’oubli, peur que son père décide à son tour de refonder une nouvelle famille. Et dans ce cas, qui serait-elle ? Elle passerait de familles en familles, celle de papa, celle de maman. Mais pas vraiment la sienne.

Réprimant un frisson, elle se rendit compte qu’elle devait prendre la parole depuis plusieurs minutes. Elle leva les yeux vers sa mère et la fixa, toujours silencieuse. Elle finit par hausser les épaules en secouant la tête, signifiant un « je ne peux pas le dire. »

Elle lui demanda alors pourquoi elle souhaitait un deuxième enfant, si elle l’avait déjà elle. Ce fut au tour de sa mère d’être hésitant,e et elle l’attira contre elle pour la câliner.
Ecoutant avec attention ce que l’enseignante lui disait, la jeune rouge et or ne pu retenir une grimace à la phrase « un bébé, c'est tellement de belles choses, tellement d'amour, qu'on en veux deux fois plus ». Elle pouvait apporter de belles choses, si c’était cela que sa mère voulait. Elle pouvait même se mettre à travailler pour obtenir des O – bon, des E ou des A – partout !
Puis, lorsque sa mère mentionna son oncle Matt, la fillette ne pu s’empêcher de secouer la tête. Oui, oncle Matt était génial. Mais ce n’était pas la même chose.

« C’est pas pareil » souffla-t-elle.

Que pouvait-elle bien dire ? Que oncle Matt était son vrai frère ? Qu’il venait de sa vraie famille ? Alors qu’elle, avec le bébé, elle n’aurait plus jamais de vraie famille ? Légèrement hésitante, Maeva murmura tout de même :

« Parce que… Parce que ça voudra dire que… Que j’aurais plus de vraie famille. J’aurais la tienne, celle de papa, mais pas la mienne… Je… » avant de s’empourprer et de rajouter : « Voilà… »

Maeva avait enfin avoué à sa mère une des ses plus grandes craintes : se retrouver seule, sans une véritable famille. Pendant les quelques minutes où l’enseignante resta silencieuse, la fillette appréhenda sa réponse. La vérité était donc si horrible au point que sa mère rechigne à lui dévoiler ? Pouvait-elle faire partie d’une famille qui n’était pas la sienne ? La petite en doutait sérieusement. Sa mère resterait sa mère, son père resterait son père, mais elle n’aurait pas de véritable famille. Elle n’en avait jamais eu une, d’ailleurs. Ses parents s’étaient séparés alors qu’elle était encore petite, et à partir de ce moment là, le mot « famille » avait perdu toute sa saveur.

Alors si le bébé arrivait… Ce serait la fin, définitivement la fin. La fin de ses illusions. Plus jamais ses parents ne se remettront ensemble, et tout serait officiel. Terminés, les rêves.

Lorsque sa mère s’écarta d’elle pour sécher ses larmes et remettre ses cheveux derrière ses oreilles, Maeva lui lança un regard quasiment suppliant. Ne me dit rien, laisse moi y croire encore, c’est bien plus facile. Et c’est ce qu’elle fit, lui expliquant patiemment qu’elle aurait toujours une famille. Papa à Londres, Maman ici, et le bébé.

*Et le professeur Virtanen* songea la petite en jetant un rapide coup d’œil vers la cuisine.

Elle aurait toujours une famille… C’était une jolie phrase, en soit. Toujours une famille. Alors qu’elle s’apprêtait à répondre, sa mère enchaîna.

« C'est vrai que des choses vont changer, ma chérie. Tu vas devenir une grande soeur, et il faudra que tout le monde - toi, moi, le bébé et Peter - tout le monde apprenne à se connaître et à s'entendre, d'accord? Mais il y a aussi beaucoup de choses qui ne changeront pas. Tu auras toujours ton Papa et ta Maman, on ira toujours fêter Noël chez Papy Mamie, et on ira toujours voir Papa toutes les deux le lendemain pour tes cadeaux. »

Mais justement, elle ne voulait pas qu’elles changent, les choses ! Elle voulait les garder, ses moments privilégiés avec sa mère ! Pouvoir passer du temps dans ses bras lorsqu’elle n’allait pas bien, lui raconter ses journées… Elle appréciait, les repas qu’elles prenaient uniquement toutes les deux, les moments complices qu’elle passait. Alors oui, elle était une petite fille capricieuse et égoïste, mais c’était comme ça.

« J’aime pas les changements. » maugréa la petite.

C’était la stricte vérité. Les changements lui faisaient peur.

« Et si on ne s’entend pas ? J’ai pas envie que ça change, j’aime bien quand on est que toutes les deux, quand même. Je crois même que ça me fait vraiment peur, les changements. » déclara la petite, franche envers sa mère.

Elle croisa les bras, avant de dévisager l’enseignante. Intérieurement, elle était en colère. Le problème, c’est qu’elle ne savait pas contre qui.

"Peter, est-ce que tu veux bien nous préparer quelque chose à manger? Je crois qu'on va en avoir besoin."

Excellente idée, le professeur ne tenait pas forcément à s'immiscer d'avantage entre cette discussion mère-fille. Il se leva aussitôt et hésita entre se diriger vers la cuisine ou quitter l'appartement. Il avait bien compris que le fait de "préparer quelque chose à manger" n'était qu'un prétexte pour l'éloigner mais il ne savait pas si il devait partir définitivement ou simplement s'effacer un moment. Tournant la tête vers Chloé, il vit cette dernière articuler silencieusement "Ne pars pas trop loin" et hocha la tête. Peter prit alors le chemin de la cuisine où il s'appuya à un comptoir avant de passer une main sur son visage.

Il était incapable de dire si cela s'était bien ou mal passé, après tout il n'avait pas vraiment de point de comparaison. Il n'était jamais vécu ce genre de choses, et il n'avait jamais pensé qu'il les vivrait un jour. Mais maintenant qu'il y était, il avait envie de faire les choses bien. C'était arrivé, il allait avoir une famille, il ne lui restait plus qu'à faire du mieux qu'il pouvait. Il voulait être un bon père, mais il savait qu'il aurait beau faire tout ce qui était en son pouvoir, ce ne serait jamais le cas. Cette pensée lui arracha un soupir et l'enseignement promena son regard autours de lui pour chercher à s'occuper. Il faudrait peut-être qu'il pense à préparer vraiment quelque chose.

Peter ouvrit quelques placards au hasard, ne connaissant pas vraiment très bien les lieux. En général il se contentait de faire un petit-déjeuner après avoir passé la nuit ici mais il ne pouvait pas se contenter de servir à Maëva une tasse de café, elle n'aimait sans doute même pas ça. Qu'est ce que ça aimait, d'ailleurs, une adolescente de treize ans ? Les cookies ? Tous les enfants aimaient les cookies. La question suivante était de savoir comment on les faisait, ces fameux cookie ? Avec de la farine, sans doute. Mais il fallait bien la mettre quelque part cette farine...et où ? Abandonnant, l’enseignant décida de plutôt préparer trois tasses de thé. Il s'était nettement améliorer depuis quelques mois et son thé devenait buvable, à défaut d'être bon car toujours très fort. Il avait même commencer à en boire. Il n'aurait jamais pensé en arriver là : boire de l'eau chaude avec de l'herbe. L'Angleterre avait de bien mauvais effets sur lui.

Faisant léviter ses trois tasses avec sa baguette, Peter s'arrêta dans l'encadrement de la porte et observa un instant Chloé et Maeva. La mère recoiffait sa fille avec un geste maternel, dans un tableau dégageant autant de douceur que de complicité. Les cris s'étaient tu, les larmes avaient séché et Peter se sentait comme un illettré observant quelqu'un en train de lire. A la fois admiratif et un peu envieux. Il aurait aimer savoir faire ça, faire tomber les barrières et parler sincèrement pour rassurer un enfant et apaiser ses craintes. Il se demandait s'il y arriverait un jour, mais n'avait que peu d'espoir.

"Avant d'imaginer que vous ne vous entendrez pas, il faut essayer. Tu veux bien me promettre ça? Si tu promets d'essayer, je ferais pareil et Peter aussi. D'accord?"

Prenant ça comme un signal que la conversation privée de mère à fille était terminée, Peter fit quelques pas dans le salon et déposa les trois tasses de thé sur la table. Après s'être rassis dans le fauteuil qu'il venait de quitter, il en attrapa une mais hésita un peu avant de la porter à ses lèvres.

"J'espère m'être amélioré mais je crois que j'ai encore quelques progrès à faire..."Ponctuant sa phrase d'un sourire amusé à l'intention de Maeva, il finit par boire une gorgée de thé. Bon, ça restait de l'eau chaude aromatisée, mais c'était buvable.

Il aurait peut-être du parler à Maeva d'autre chose que de thé mais il n'avait aucune idée de ce qu'il pouvait bien dire à la jeune fille. Il avait bien le sentiment qu'il marchait sur des œufs de dragon et ne voulait pas risquer de faire un faux pas.

Après avoir été rassurée par sa mère, qui lui assura qu’elles auraient encore toutes les deux des moments rien à qu’à elles, Maeva lâcha un petit soupir. Ce ne serait plus jamais les mêmes moments. Il n’y aurait plus les petits déjeunés entre filles du dimanche et les câlins matinaux. Non, il n’y aurait plus de ça. Plus de câlins matinaux. Et des petits déjeunés à quatre. Avec… Avec le professeur Virtanen en pyjama. Fermant brutalement les yeux pour chasser cette image de son esprit, la fillette décida de ne pas penser à cela tout de suite. Autant réserver cela pour quand elle serait toute seule dans son lit. Cependant, un détail insignifiant s’imposa à son esprit : lorsqu’elle serait malade elle ne pourrait plus se glisser très – peu – discrètement dans le lit de sa mère pour dormir avec elle. Non, parce que la place qu’elle occupait habituellement lors de ce genre de situation serait prise par son professeur de runes. Et ce petit détail – minuscule détail après tout, elle était grande, elle pouvait très bien rester seule dans sa chambre – la minait. Parce que le bébé aurait le droit, lui. Oui, elle était peut-être un peu – un peu beaucoup – jalouse de ce petit être pas encore né, et alors ?

"Tu sais, le changement, ça fait peur à tout le monde. Mais si on s'arrêtait parce qu'on a peur, rien ne changerait jamais. Avec ton père, on avait peur aussi, avant que tu naisses. On se disait que rien ne serait plus pareil, et on ne savait pas si on saurait comment être de vrais parents. Et si on avait eu trop peur, on n'aurait jamais eu d'enfants et aujourd'hui, tu nous manquerais terriblement."

Pendant la pause que fit sa mère après cette petite tirade, Maeva prit le temps de réfléchir aux paroles qu’elle venait de prononcer. Evidemment qu’elle ne s’arrêtait pas souvent lorsqu’elle avait peur. Elle était sortie seule pendant une nuit d’orage, et malgré la peur qui lui tenaillait le ventre avait réussi à gagner la cabane du jardin ! Avant de rentrer en courant dans la maison, mais bon… Mais ce n’était pas la même peur. Celle qu’elle avait lors de ses minis aventures la stimulait, la rendait nerveuse, mais elle aimait, cette peur. Alors que celle qu’elle ressentait à ce moment n’avait rien d’agréable. Elle lui donnait mal au ventre, et la laissait fatiguée. D’ailleurs la petite n’avait qu’une envie : se réfugier dans son lit, et ressasser cette conversation en maudissant sa vie ô combien difficile.

"Avant d'imaginer que vous ne vous entendrez pas, il faut essayer. Tu veux bien me promettre ça? Si tu promets d'essayer, je ferais pareil et Peter aussi. D'accord?"

Observant sa mère, Maeva voulu faire « non » de la tête. Le problème, c’était qu’elle n’avait pas envie d’essayer. Pas la moindre même. Elle serra cependant les poings et hocha la tête en lâchant un long soupire. Bien, elle essaierait. De mauvaise grâce, mais elle tenterait de faire un effort. Elle allait demander l’autorisation de sortir à sa mère lorsque le professeur Virtanen réapparu dans la pièce, faisant léviter trois tasses qu’il déposa sur la table avant de retourner s’asseoir dans son fauteuil. La fillette en attrapa une et se pelotonna contre sa mère. Posons les bases, cette place était la sienne.

Son professeur de runes porta alors sa tasse à ses lèvres mais ne bu rien et lança:

"J'espère m'être amélioré mais je crois que j'ai encore quelques progrès à faire..."

Il lui adressa un sourire amusé avant d’avaler une gorgée de thé. Perplexe, la jeune rouge et or jeta un regard au contenu de sa tasse. Il avait l’air normal, pourtant. Prudemment, Maeva approcha le breuvage de sa bouche et le goûta. Il était un peu fort – loin de la qualité de thé que lui préparait sa mamie – mais restait buvable.

Lançant tout de même un sourire quelque peu forcé au professeur, la rouge et or chercha ce qu’elle pouvait bien dire. Même si elle ne voulait pas parler, elle allait faire un effort, elle l’avait dit à sa mère. De toute façon elle ne pouvait pas s’enfermer dans ce silence – elle en était incapable de toute façon – et il serait toujours possible de pleurer tranquillement dans son lit.

« Vous ne buvez pas souvent de thé ? » demanda-t-elle simplement avant d’ajouter : « C’est pas mauvais, pourtant. »

Elle leva les yeux vers sa mère comme pour chercher son accord avant de terminer :

« Mais du coup, vous buvez quoi ? »

Sa mère avait intérêt à être fière d’elle. Très fière même.

Peter nota mentalement que d'enchainer les banalités à propos du thé ne faisait pas partie de ce que Chloé entendait par "essayer de s'entendre", au vu de la réaction de cette dernière. Seulement il ne voyait pas ce qu'il pouvait dire, il ne s'imaginait vraiment pas se lancer dans des déclarations interminables, expliquant à Maëva qu'il ne chercherait pas à remplacer son père, mais qu'elle pouvait compter sur lui, ce genre de choses. Il le pensait, évidement, mais n'était pas vraiment habitué à formuler ses sentiments à voix haute. Il avait grandi dans une famille où on étalait pas ses sentiments, où on ne parlait pas de ça. Il allait devoir changer, mais ça ne serait pas facile.

La jeune fille lui assura que ce n'était pas mauvais et Chloé confirma qu'il y avait du progrès. Se rapprochant de s amère pour venir se blottir contre elle, Maeva demanda à Peter ce qu'il buvait d'habitude s'il n'aimait pas le thé. Un nouveau sourire amusé se dessina sur les lèvres du professeur des runes.

"Du café, beaucoup trop de café même"

C'était même surprenant que Maeva ne le sache pas. La plupart de ses élèves s'étaient vite rendu-compte qu'il n'était rien sans une tasse de café et qu'il ne valait mieux pas l'énerver quand il était en manque de caféine. Mais après tout il n'avait eu que quelques cours avec la jeune Gryffondor, il n'avait pas encore eut le temps d'effrayer ses troisièmes années avec son humeur massacrante des jours où il n'avait pas eu le temps d'avaler deux ou trois tasses de café avant d'aller en cours. Ça viendrait.

D'un autre coté, lui ne connaissait pas grand chose de Maeva. Il ne la voyait qu'à travers ce que Chloé lui en disait. Ils avaient encore un long chemin à faire pour s'appréhender tous les deux et Peter savait bien qu'il n'était ni au bout de ses surprises, ni de ses maladresses, mais ça ne lui coutait rien d'essayer après tout.

"Je sais qu'on ne se connait pas encore très bien, mais on a tout le temps pour apprendre à le faire, si tu es d'accord ? L'enseignant adressa un sourire qui se voulait engageant à l'adolescente. D'ailleurs tu peux me tutoyer si tu préfères, en dehors des cours évidement !" ajouta-t-il précipitamment.

Ça ferait sacrément désordre qu'une élève avec laquelle il n'avait normalement aucun lien le tutoie et l'appelle par son prénom au beau milieu d'un cours.

Maeva était fière d’elle. Elle venait d’enchaîner trois phrases - de plus de quatre mots chacune – destinées au professeur Virtanen sans hurler, sans s’énerver, et sans lui balancer des horreurs digne d’une gamine de treize ans à la figure. C’était un net progrès, lorsqu’on se disait qu’elle avait hurlé toute sa colère quelques minutes plus tôt. Maintenant, elle la contrôlait, sa colère. Elle était blottit contre sa mère, et veillait à ne pas réfléchir. Surtout ne pas réfléchir. Elle agissait en Gryffondor, en somme. Ne pas réfléchir, se contenter d’agir, et observer les conséquences une fois son action terminée.

Le professeur de runes déclara alors qu’il buvait beaucoup trop de café. La fillette grimaça, elle n’aimait pas beaucoup le café, pour ne pas dire pas du tout. Son grand père paternel en buvait souvent au petit déjeuné, avec ses deux tranches de pain de mie beurrée qui faisait râler sa grand-mère parce que c’était mauvais pour sa santé. Elle avait déjà trempé ses lèvres dans ce breuvage et avait tout de suite décrété qu’elle n’aimait pas et qu’elle n’aimerait jamais. Son grand-père lui avait affectueusement ébouriffé les cheveux en déclarant que les goûts changeaient en grandissant.

« C’est étrange, le café. » commença-t-elle d’un ton neutre.

Remarque très pertinente, Maeva.

Levant les yeux vers sa mère dans l’espoir que celle-ci meublerait un peu la conversation, la fillette sursauta légèrement en entendant le professeur Virtanen reprendre la parole, et se tourna vers lui.

"Je sais qu'on ne se connait pas encore très bien, mais on a tout le temps pour apprendre à le faire, si tu es d'accord ? D'ailleurs tu peux me tutoyer si tu préfères, en dehors des cours évidement !"

Observant l’enseignant, non sans un air légèrement méfiant sur le visage, la petite fille voulu répondre un « non ça ira, merci. » mais se retint à la dernière minute. Elle avait promit à sa mère de faire un effort. Elle allait faire un effort. Et qu’on ne remette plus jamais – jamais – sa place chez les Gryffondor en question.

« D’accord. » murmura-t-elle. « D’accord, » reprit-elle prit fort. « Ca me va. »

La vie était injuste. La vie était injuste, et elle était en colère. Contre son père qui ne faisait rien pour récupérer sa mère, contre sa mère qui voulait faire entrer un étranger dans sa vie, contre cet étranger qui ne lui avait rien pourtant rien fait, contre ce bébé qui n’était même pas née. Contre elle-même pour avoir cru à une réconciliation entre ses parents.

Elle se cala contre sa mère, et reprit une gorgée de thé.

Elle ne savait pas vraiment pourquoi, elle pressentait qu’elle n’était pas au bout de ses surprises…