En attendant le train [Irving & Maeva]

1er septembre

Maeva ferma sa valise, après avoir revérifié une énième fois que rien ne manquait. Elle passa sa main dans ses cheveux tout lisse et sourit. Elle avait hâte de retourner à Poudlard ! Même si elle adorait les vacances d’été, notamment parce qu’elle voyait son père, elle les trouvait un peu monotone. Alors qu’au contraire, la vie au château était toujours pleine de rebondissements ! Là bas, on pouvait vivre des aventures. De vraies aventures. Comme celles qui étaient écrite dans les contes qu’on lui lisait pour l’endormir le soir, lorsqu’elle était plus jeune ! Il y avait les aventures… Et les bêtises aussi ! Et cette année, la petite fille avait décidé d’en faire ! Elle rêvait d’ailleurs de descendre sur les fesses les escaliers de Poudlard. Bah quoi ? Elle avait fait ça chez son papa, une après-midi alors qu’elle était seule à la maison et qu’elle s’ennuyait. Et c’était super marrant ! Alors en sachant que les escaliers de l’école de Sorcellerie était beaucoup plus grands que ceux de chez son papa, ça devait être vachement plus cool. Et puis, ça devait être la classe quand même… Non ?

Bref, la puce ne tenait pas en place. D’ailleurs, c’était rare qu’elle reste assise plus de quelques minutes ! Elle descendit voir son papa. Ce dernier était encore en train de boire une énième tasse de café.

« Papaaaaaaaaaaa. Dépêche-toi ! On va être en retard sinon ! Papa vient, on y va ! » s’exclama-t-elle en sautillant sur place.

Elle attrapa une des mains de son père et tira de toutes ses forces pour le forcer à se lever. C’était peine perdue, son père résistait. Il devait d’ailleurs trouver le spectacle très amusant !

« Maeva… Maeva, écoute-moi ! Si on part maintenant, on va arriver sur le quai bien avant le départ du train ! »

« Mais je m’en ficheeeee ! S’il te plaaaaait »

Elle lui fit une mine de chien battue absolument adorable. Son père eut un sourire indulgent et se laissa tirer de sa chaise de bonne grâce. Maeva se précipita dans le hall d’entré, enfila ses chaussures, attrapa son manteau, saisit avec difficulté sa valise et regarda son papa, les yeux brillant.

« D’accord, d’accord, tu as gagné ! Je reviens, je vais me changer. »

Elle hésita à battre des mains puis se rappela qu’elle tenait sa malle. Elle se contenta donc de trépigner sur place, toute contente. Son père redescendit quelques instants plus tard, comme promis. Il saisit la lourde malle et tout les deux se rendirent à la gare. Là bas, Maeva dû bien se rendre à l’évidence : Presque personne n’était encore arrivé. Elle se passa la main derrière la tête et sourit, gênée. Son père lui ébouriffa les cheveux en riant.

« Ecoute ma grande, je vais aller me chercher un café d’accord ? Toi, pendant ce temps, tu restes là. Et ne quitte pas le quai 9 3/4 »

Il l’embrassa sur la joue « Hi ! Tu piques P’pa ! », et fit demi tour à grand pas. La fillette attendit quelques minutes puis s’impatienta. Elle n’aimait pas rester sans rien faire. Elle regarda autour d’elle et aperçu un garçon. Elle était certaine de l’avoir déjà croisé quelque part… Il était à Gryffondor, elle en était sûre. Elle s’approcha et demanda, timidement :

« Bonjour… Euh… Est-ce que vous…. Est-ce que tu es à Gryffondor ?

Elle se sentait légèrement stupide de demander ça, quand même…

Irving arriva à King Cross une bonne heure avant le départ du Poudlard-Express. C’était sa sœur infirmière à St Mangouste, Tara, qui était venue le chercher à la cité Nimbus et qui l’avait accompagné ici par transplanage d’escorte. Le frère et la sœur serpentaient entre les voyageurs, elle, tenant d’une main le Furtif de son frère, lui, poussant le charriot sur lequel était posé sa malle, sa guitare et la cage de Potcolle, son chat.

Les deux jeunes gens étaient arrivés sur le quai doté du passage magique et ils avaient attendus d’être seuls pour foncer dans le mur entre les voies neuf et dix. Lorsqu’ils avaient débouché sur la voie 9 ¾, la locomotive écarlate n’était même pas encore là. Ils s’étaient donc assis sur un banc de la gare sans échanger un mot. En effet, ils n’avaient plus besoin de parler : Le frère et la sœur savaient parfaitement ce que l’autre ressentait : La peur de perdre définitivement son père mêlée à l’envie de l’aider au mieux à affronter cette épreuve.

En effet, le verdict était tombé une semaine plus tôt : La Consumeuse. Cette terrible maladie, portant le nom d’une maitresse sensuelle, décimait les ouvriers de la cité Nimbus depuis plusieurs années. Le gouvernement avait refusé d’établir un lien entre les vapeurs dégagées par les bains de potions de l’Usine et ce terrible mal, mais les faits étaient là : Bradley, tout comme plusieurs de ses collègues, était en ce moment même hospitalisé à St-Mangouste pour soigner ce fléau. Vivianne, la mère d’Irving, était restée à son chevet et Tara allait les rejoindre d’un moment à l’autre.

Sachant que sa sœur commençait son service à 10h, Irving jeta un œil à la grande horloge au dessus du quai et finit par dire :

« Tu devrais y aller. Tu vas être en retard au boulot… »

« Le médicomage-en-chef peut bien attendre cinq minutes, répliqua Tara catégorique en regardant droit devant elle, vu le nombre de fois où j’ai fait des heures sup’ bénévolement, il me doit bien ça ! »

Irving dévisagea quelques secondes sa sœur puis son regard se posa sur son balai. C’était en partie à cause du Furtif que son père avait été contaminé. Dans ses moments de désespoir, le Gryffondor s’imaginait en train de brûler tous les balais de l’école. Il voulait les voir se tordre sous la chaleur du feu, crépiter et craquer sous les flammes, puis se consumer doucement… Leur faire partager l’épreuve que vivait Bradley. Mais une petite voix dans sa tête finissait par lui murmurer que les balais ne ressentaient pas de douleur. Perspicace la petite voix. Elle lui disait aussi de s’accrocher et de ne pas se laisser envahir par de sombres idées. Il devait être aussi fort que sa mère, qui avait appris la nouvelle en toute dignité, et aussi fort que son père, qui trouvait des ressources pour plaisanter de sa maladie.

Le jeune homme se redressa donc sur son siège et balaya les barreaux de la cage de Pot’Colle avec son doigt. Le chat s’excita immédiatement en entendant le tintement et se mit à feuler les poils hérissé sur sa tête et son dos.

Irving esquissa un sourire et murmura :

« Tu vois, Quant Pot’Colle fait c’te tête, il ressemble comme deux goutes d’eau à mon prof d’Astronomie … »

Tara laissa échapper un petit rire en levant les yeux au ciel.

« Ce que t’es bête quant tu t’y mets. » Murmura-t-elle en laissant tomber sa tête sur l’épaule de son frère. Irving l’enlaça d’un bras et songea amèrement que le petit Vingounet était définitivement mort. Et pourtant, il aurait donné n’importe quoi pour que ses parents soient là aujourd’hui et que sa mère le surnomme ainsi devant tout Poudlard. Il continua à exciter le chat, balayant les barreaux de plus en plus vite. Pot’colle se dressa alors sur ses pattes arrières, les griffes sorties et poussa un miaulement menaçant.

« Là, on dirait toi quant j’essaye de t’piquer un cookie dans ton assiette. » souffla-t-il finalement à l’oreille de sa sœur qui était toujours blottie près de lui. Faussement vexée, elle se dégagea de son étreinte en lançant une exclamation avant de lui adresser un « P’tit con! » affectueux.

Irving ricana encore quelques secondes avant que sa sœur finisse par lui dire :

« On t’enverra des nouvelles toutes les semaines avec les filles. »

« Je sais. »

« On prendra soin de papa. »

« Je sais. »

« Et de ta mère aussi… »

Irving afficha un sourire reconnaissant à Tara. Après tout, ses demi-sœurs n’étaient pas les filles de Vivianne. Irving était son seul enfant et il ne serait pas là pour l’épauler. Heureusement, Tara venait de lui promettre qu’elle serait présente à la fois pour son père et sa mère et il savait très bien que sa sœur était une femme de parole. Après avoir murmuré un « Merci », il finit par lui intimer :

« Allez file ! Tu vas être en retard … »

Tara décocha un bisou sur la joue de son frère et transplana, le laissant seul sur le quai de la gare. Le jeune homme soupiira et regarda autour de lui. Qu’allait-il bien pouvoir faire pendant une heure ? Il vit subitement une fillette et son père déboucher du passage. Il reconnut la petite fille quasi instantanément. En même temps, tous les Gryffondor connaissaient Maeva Hellsoft, la fille de leur directrice de maison. Irving s’arrangeait toujours pour éviter la compagnie de cette fillette dans la salle commune. Elle servait surement d’espionne pour sa mère, lui rapportant les moindres conversations et faits et gestes qui avaient lieu dans la tour.
La fillette était accompagnée par un monsieur qu’Irving sembla reconnaitre. Il ressemblait beaucoup à un ancien joueur de l’équipe de Flaquemare, un certain James Smith. Irving avait vu son portrait dans le hall de l’Usine Nimbus car l’entrée était décorée de peintures et de photographies montrant de prestigieux joueurs immortalisés avec leur balai. Mais à vrai dire, c’était peu probable que l’homme de la gare soit le célèbre poursuiveur. Le monsieur devait juste être M. Hellsoft, mari de Chloé Hellsoft et père de Maeva Hellsoft. C’était logique. Irving regarda alors distraitement le père et sa fille passer devant lui puis il extirpa le dernier numéro de Rock n’Sorc’ de son sac. Il y avait un article sur le groupe WeirdFaces qu’il n’avait pas encore lu.

L’article devait surement être intéressant mais Irving ne pouvait pas s’empêcher de laisser vagabonder son esprit vers son père. Il essayait pourtant de lutter mais c’était difficile. A peine lisait-il une ligne, que ses pensées lui échappaient rejoignant Bradley et sa Consumeuse. Tandis qu’il relisait pour la quatrième fois l’introduction de l’article, une petite voix l’interpela :

« Bonjour… Euh… Est-ce que vous…. Est-ce que tu es à Gryffondor ? »

Irving leva la tête, ne cherchant même pas à masquer son étonnement. Normalement, les plus petits connaissaient les plus grands ! Lui par exemple, Il connaissait tout le monde mais personne ne le remettait en retour ! Bien sûr, lui, il n’était pas un sportif en vue comme Jeremy…

*ou comme Nora* pensa-t-il amèrement.

Le garçon referma son magasine brusquement, légèrement honteux de sa mauvaise pensée, puis il reporta son attention sur la fameuse Maeva. A vrai dire, il n’avait pas vraiment envie de taper la causette avec la fillette mais il était obligé de lui répondre sinon la gamine irait prévenir sa mère et Irving ferait perdre des points à sa maison avant même que l’année n’ait commencée !

« Ouai, … pourquoi tu m’demande ça ? » finit-il par dire en croisant les bras espérant que cette conversation ne s’éterniserait pas.

Maeva ne voulait qu’une seule chose : que le train arrive et l’emmène à Poudlard. Là bas, elle pourrait faire tout ce qu’il lui plaira. Enfin, dans la limite du raisonnable bien sûr. Mais en tout cas, elle serait libre de ses faits et gestes. Du moins, à peu près libre. Pour l’instant, afin de vaincre l’ennui, la fillette avait décidé d’engager la conversation avec un Gryffondor qui avait l’air d’attendre lui aussi. But de la manœuvre ? Arrêter de s’ennuyer et se faire un nouvel ami. En plus, le garçon avait l’air gentil.

Visiblement, la puce avait attribué le trait de caractère « gentil » au Gryffondor un peu trop vite. En effet, ce dernier n’avait pas l’air enchanté du tout, presque méfiant. Elle fronça les sourcils, ce qui eut don de lui donner une bouille absolument adorable. Elle se demandait vraiment pourquoi il n’avait pas envie de lui parler. Elle ne lui avait rien fait de mal pourtant ? Elle fouilla dans sa mémoire mais ne se souvenait pas avoir échangé la moindre parole avec lui auparavant. Il ne lui vint pas à l’esprit que le jeune homme pouvait être préoccupé par quelque chose, ou triste.

« Je ne sais pas, comme ça. Je suis à Gryffondor aussi, mais tu ne dois pas me connaître, je suis plus petite que toi. Je m’appelle Maeva. »

Elle omit de mentionner son nom de famille, préférant que le garçon ne la voit pas comme la fille de sa directrice de maison, et ne se doutant absolument pas qu’il connaissait déjà son identité.

« Et toi, tu t’appelles comment ? »

Elle avait son nom sur le bout de la langue pourtant mais elle n’arrivait pas à le dire. En tout cas, elle était sûre de l’avoir déjà entendu quelque part. Elle soupira, elle détestait cette sensation. Elle se balança d’un pied sur l’autre, en joignant ses deux mains dans son dos et en souriant.

« Et sinon… C’est difficile la troisième année ? Parce que moi j’entre en troisième année, et ça à l’air dur. J’aime pas trop quand c’est compliqué, je comprend pas après… Et puis je déteste rester assise sur une chaise, alors j’écoute pas beaucoup. Je préfère monter aux arbres ! Hé dit, t’es déjà monté dans un arbre à Poudlard ? »

Un grand sourire éclaira le visage de Maeva, impatiente de connaître la réponse du garçon. Cette année elle était bien décidée à escalader le plus grand arbre de tout Poudlard ! Et quand elle serait tout en haut, elle pourrait apercevoir tous les élèves, et ils seront minuscules ! En plus, tout en haut, elle aurait l’impression de voler, comme un oiseau. Le rêve absolu.
Elle leva la tête pour regarder le garçon. Evidemment, il était plus grand qu’elle, elle devait donc se tordre le cou pour le regarder en face. C’était vraiment nul d’être petite. Lorsqu’elle serait grande, grande, elle regarderait tous les petits en baissant les yeux, et elle rigolerait bien en les regardant lever la tête le plus haut possible ! Na !

Lorsqu’Irving questionna un peu brusquement Maeva, cette dernière fronça les sourcils visiblement contrariée. Le jeune garçon soupira légèrement face à sa propre attitude. Depuis l’annonce de la maladie de son père, il était à fleur de peau et s’extasiait ou s’énervait pour un rien. Ce n’était pas de la faute de Maeva si sa mère l’avait promue au rang d’espionne dans sa propre maison ! Il décida donc d’être un peu plus courtois avec la fillette et lui adressa un mince sourire avant qu’elle révèle qu’elle était elle aussi chez Gryffondor et qu’elle s’appelait Maeva. Cette fillette ignorait-elle qu’elle était connue comme le Loup maguys blanc dans la salle commune ?

« Je sais, tu es la fille de Hells…euh, de notre directrice. » corrigea-t-il in extremis en reportant son attention sur la fillette.

Mise à part le port de vêtements beaucoup trop bariolés, Maeva ne ressemblait pas vraiment à sa mère. Elle avait de longs cheveux châtains clair alors que la tignasse d’Hellsoft était quelques tons plus sombres. Bien qu’elles aient toutes deux des yeux clairs, le regard de Maeva était bien moins glacial que celui de la directrice ! La fillette devait surement davantage tenir de son père et Irving tendit le cou pour le chercher machinalement sur le quai mais il ne le vit pas. Au même moment, la fillette l’interpella de nouveau, lui demandant son nom tout en se balançant d’un pied sur l’autre. Ce tic arracha un sourire en coin au Gryffondor avant qu’il ne réponde :

« J’m’appelle Irving. Je rentre en sixième année. »précisa-t-il.

La sixième année…L’année de la détermination professionnelle. Dans quelques jours, la mère de Maeva lui demanderait les options qu’il voudrait garder et vers quel métier il se destinait ! Pour les options, il n’allait certainement pas faire le difficile : Il demanderait les quatre seuls enseignements qu’il avait réussit à valider aux BUSEs même s’il n’y avait aucune logique à conserver certaines matières ! Irving était une véritable bouse en potions et il avait validé son année grâce à un immense coup de chance ! Même si elle ne ferait probablement pas de commentaire, Adamson serait surement affligée à l’idée de le supporter encore deux ans…qu’elle se rassure, c’était réciproque ! Quant à Dérébusor, Irving n’osait même pas y penser ! Il n’y avait qu’en étude des Moldus qu’il se sentait à sa place et il était particulièrement fier de son Effort Exceptionnel obtenu dans cette matière… Peut-être qu’il devrait chercher sa voix professionnel dans ce domaine ?
Ou alors, il pourrait tenter de devenir une Rock-Star, ça avait l’air plutôt sympa comme boulot.
Hochant la tête presque imperceptiblement en songeant à cette orientation professionnel, Irving recommença à embêter PotColle, balayant de son doigt les barreaux de la cage machinalement. Maeva finit par rompre ce rituel en demandant :


« Et sinon… C’est difficile la troisième année ? Parce que moi j’entre en troisième année, et ça à l’air dur. J’aime pas trop quand c’est compliqué, je comprends pas après… »

Levant les yeux au ciel et mordillant sa lèvre inférieure, Irving tenta de se remémorer son entrée en troisième année.

« Et ben…T’as plus de cours, donc plus de devoirs. Ton cartable est plus lourd, les parchemins à rendre son plus longs, les leçons sont plus difficiles,…Bref tu vas en chier. Le seul truc bien, c’est qu’tu peux choisir une option. Moi j’avais pris étude des Moldus, et franchement, c’était le seul cours cool. Mais j’imagine que tu vas prendre divination… » grimaça-t-il en faisant référence à l’enseignement que prodiguait sa mère.

Cependant la fillette n’avait pas l’air décidé à prendre une option prétextant qu’elle n’aimait pas rester assise et qu’elle préférait grimper aux arbres. Irving esquissa un sourire en se disant que Maeva ne ressemblait visiblement pas tant que ça à sa mère ! Il avait du mal à imaginer Hellsoft sauter de branches en branches dans le parc de l’école !

« Hé dit, t’es déjà monté dans un arbre à Poudlard ? » demanda alors la petite fille.

« J’ai fait encore bien pire ! assura-t-il, mais j’suis pas sûr de pouvoir tout te dire ! J’ai pas envie que tu ailles tout rapporter à ta mère ! ricana-t-il, Quoiqu’elle est déjà au courant de pas mal de trucs… » ajouta-t-il en se remémorant les nombreux entretiens disciplinaires qu’il avait eu l’année dernière.

Il adressa alors un large sourire à Maeva. Finalement, ça lui changeait les idées de parler avec quelqu’un d’autre chose que de maladie et de traitement. Toujours assis sur son banc, il s’accouda sur ses genoux et joignit les mains avant de dire :

« Pour que j’te révèle mes bêtises, il va falloir que tu m’dises celles que tu as faites à Poudlard ! Et attention ! Des vraies bêtises dont ta mère n’est pas au courant ! Sinon ça compte pas ! »

Irving espérait bien obtenir des révélations de la petite Hellsoft ! Si elle faisait ses preuves, il lui raconterait peut-être l’histoire du rat, ou celle du lac gelée, ou encore celle de l’inondation ! Retenant un petit rire, Irving se rendit compte qu’il avait vraiment pleins d’anecdotes à conter !

La fillette croisa les bras à l’entente de la réponse d’Irving. Il faut dire qu’elle aurait bien aimé être seulement Maeva. Et non Maeva-la-fille-de-notre-directrice-de-maison. Il fallait qu’elle ait des amis qui ne la connaissaient pas encore. En fait, elle devait devenir amie avec les premières années. Enfin, ce n’était pas vraiment marrant, les nouveaux. Ils ne connaissaient rien à Poudlard et ils étaient tout petits. Et les petits, bah… C’était pas franchement rigolo. Bon, Maeva était petite, elle devait encore lever la tête pour regarder des grands, mais au moins elle savait faire des bêtises ! Et ça c’était une qualité non négligeable. Bon, elle n’avait pas encore eu l’occasion d’en faire beaucoup, mais cette année ce ne sera pas une option. Elle devait donc trouver un première année casse-cou. Ou alors un grand qui ne la connaissait pas. Bwarf, trop dur la vie.

« Ouais, j’sais », marmonna-t-elle, en se renfrognant.

La puce gonfla ses joues et soupira, en regardant par terre. Puis, décidant que cela ne servait à rien de se morfondre sur sa situation de fille de la prof, elle releva la tête pour regarder Irving – c’était son prénom, il venait de lui dire. Elle porta une main à sa nuque et commença à la masser en constatant :

« C’est trop nul d’être petite, faut lever la tête pour regarder les grands en face. Et après ça fait mal à la nuque. »

Après cette remarque des plus existentielles, la Gryffondor lança un sourire éclatant au sixième année. Elle laissa retomber son bras le long de son corps pour écouter avec le plus grand sérieux Irving lui parler de la troisième année. Au fur et à mesure qu’il parlait son visage se décomposa. Plus de cours ? Un sac plus lourd ? Des parchemins plus longs ? Des leçons plus difficiles ? Alors là, c’était encore plus nul que d’être petite. Même encore plus nul que… Que le thé que sa mamie lui servait. Son visage s’éclaira lorsque le rouge et or parla d’option. Oui, les options ça devait être trop cool ! La dernière phrase du jeune homme la laissa cependant perplexe et elle s’empressa de répondre :

« Bah… Non, pourquoi ? J’ai pas envie de prendre Divination moi ! Je vais prendre Soins aux créatures magiques ! Parce qu’on doit soigner les animaux et que ça a l’air super marrant ! Et puis Etudes des runes aussi. Je sais pas pourquoi mais ça à l’air rigolo. Puis en plus à ce qu’il paraît ça peut amplifier la magie. Donc on peut s’en servir pour faire exploser des choses. J’aimerais bien voir quelque chose exploser. Et puis on doit déchiffrer un tas de trucs compliqué, donc au pire on peut inventer non ? »

De toute façon la fillette était persuadée que cette matière allait lui plaire. Ca avait l’air plutôt rigolo de dessiner des signes sur des pierres non ? Elle allait argumenter cette constatation lorsque Irving lui dit avoir fait déjà bien pire que monter dans un arbre. La puce se mit à sautiller en battant des mains. Puis, elle déchanta vite lorsqu’elle entendue la phrase qui suivait. Elle fronça une nouvelle fois les sourcils avant de répondre :

« Mais pourquoi j’irais lui répéter ? Je veux pas lui répéter moi. Et en plus pourquoi je le ferais ? Je répète pas les bêtises à ma maman, surtout pas les miennes, sinon elle me punirait. Diiiiiit ! S’il te plaaaaait »

Elle leva les yeux vers le Gryffondor, une moue suppliante sur le visage. Avec un peu de chance, elle pourrait s’inspirer.

« Pour que j’te révèle mes bêtises, il va falloir que tu m’dises celles que tu as faites à Poudlard ! Et attention ! Des vraies bêtises dont ta mère n’est pas au courant ! Sinon ça compte pas ! »

La fillette soupira, hésita un peu, avant de répondre :

« Bah pour l’instant pas grand-chose… Mais je compte bien changer ça ! Oh d’ailleurs ! Tu vois le plus grand arbre de Poudlard ? Bah je veux monter tout en haut ! Ce serait trop génial non ? Tu pourras venir si tu veux. Mais faut savoir grimper aux arbres hein ! Parce que si tu tombes… Enfin voilà… J’aimerais bien aller dans le lac aussi. Il paraît qu’il y a un calamar géant dedans ! C’est vrai ? J’aimerais bien voir. Puis ça à l’air marrant le lac, c’est un peu comme une super grande piscine. Oh j’irais bien dans la Forêt aussi… Mais pas toute seule parce que c’est dangereux à ce qu’on dit. Et j’ai pas trop envie de finir manger par une bête. Ah et je veux faire la course avec quelqu’un en descendant les escaliers de Poudlard sur les fesses ! Parce que j’ai fait ça chez mon papa et c’était super rigolo ! »

Elle reprit sa respiration, essoufflée d’avoir trop parlé. Adressant un autre sourire rayonnant au garçon, Maeva reprit son balançant, rejoignit ses mains dans son dos, et demanda l’air innocente :

« Et toi ? Je te jure que je ne dirais rien à ma maman ! De toute façon j’ai aucune raison de le faire ! »

La petite Maeva révéla qu’elle n’était pas intéressée le moins du monde par la divination ! Comme option, elle avait plutôt envie de prendre Soin aux Créatures Magiques, par exemple. Irving grimaça en entendant ce choix. C’était typiquement l’option qu’il n’aurait jamais prise ! Déjà qu’il ne savait pas s’occuper des créatures non- magiques comme les chats ou les rats, il n’allait surement pas tenter le diable en se frottant aux hippogriffes ou aux Scroutts à Pétards ! Maeva poursuivit sa tirade en disant qu’elle se laisserait bien tenter par les Runes et Irving esquissa un petit sourire. Tout le monde savait que la majorité des étudiants de Virtanen était des filles ! Elles avaient beau chercher des excuses prétextant que les Runes amplifiaient la Magie, Irving se connaissait parfaitement leur motivation première ! Le concernant, il était très heureux de ne pas avoir choisit cette option : Depuis qu’il avait vu Peter Virtanen casser la figure à un punk au concert des Bizarr’Sisters, il l’évitait un maximum.

Maeva ajouta ensuite qu’elle aimerait bien faire exploser des choses avant de révéler qu’elle avait pour projet de gravir le plus grand arbre de Poudlard !

Le moins que l’on puisse dire c’est que Maeva était un véritable moulin à parole ! Irving n’avait même pas le temps d’en placer une ! D’habitude c’était lui le gars qui s’enflammait pour un rien et qui pouvait parler pendant des heures des Bizarr’Sisters ou de la cité Nimbus.
Souvent on lui reprochait d’ailleurs ce même enthousiasme et le jeune homme comprenait à ses dépens ce que ses interlocuteurs ressentaient ! Il se promit d’essayer de se tempérer un peu : Ce qui était mignon chez une fillette de douze ans pouvait être agaçant chez un garçon de seize !

Tandis qu’il révélait à Maeva qu’il avait fait bien pire que de monter en haut d’un arbre fillette le supplia d’en dire plus.

Flatté, Irving se redressa légèrement sur son banc. Ce n’était pas si souvent que quelqu’un voulait écouter ses histoires ! Il bomba les tétons, particulièrement fier qu’une personne veuille en savoir plus sur lui. Bon Ok, cette personne était une fillette de douze ans et probablement une espionne envoyée par Chloé Hellsoft…mais bon. Vu comment Maeva avait réagit les deux fois où Irving avait parlé de sa mère, la fillette ne semblait pas décidé à vouloir lui révéler ses moindres secrets et ses plus grosses bêtises. Afin de s’en assurer, il lui demanda tout de même de lui divulguer ses plus grosses facéties, histoire d’avoir des infos compromettantes sur la gamine, au cas où.

Malheureusement, Maeva n’avait pas fait grand-chose bien qu’elle ait manifestement plein de projets comme se baigner dans le lac , aller dans la forêt interdite ou encore…descendre tous les escaliers de Poudlard sur les fesses. Cette dernière proposition ne tentait pas vraiment Irving mais il devait avouer que l’idée de découvrir la forêt interdite était assez séduisante.

Il se voyait bien avec Nora là-bas en pleine nuit. Elle serait surement terrorisée et elle viendrait se blottir contre lui. Il pourrait trouver quelque chose de subtil à dire dans le genre « Ne t’inquiète pas, je n’ai pas peur, je ne suis pas faible comme toi. » Et voila, elle tomberait immédiatement sous son charme !
Un large sourire un peu niais illumina son visage. Oui, il allait proposer à Nora de visiter la forêt interdite cette année ! C’était une excellente idée ! Tandis qu’il réfléchissait à un plan pour rejoindre la forêt sans se faire alpaguer par Rusard ou par un prof, Maeva interrompit le fil de ses pensées :

« Et toi ? Je te jure que je ne dirais rien à ma maman ! De toute façon j’ai aucune raison de le faire ! »


Ah oui ! C’est vrai ! Il avait presque oublié qu’il devait à son tour révéler une de ses nombreuses prouesses. Le jeune homme réfléchit un moment, trop heureux de voir comme la fillette avait l’air impatient, puis il demanda :

« Tu vois qui c’est l’attrapeuse des Poufsouffle ? Nora Weaver une petite blonde…. Précisa-t-il, Et bien, je vais te raconter les aventures de Nora l’intrépide et d’Irving l’audacieux. » Claironna-t-il fièrement.

« Pendant les vacances de Noel de l’année dernière, avec Nora nous avons décidé d’faire un truc fou. On avait l’choix entre trois propositions : Faire léviter des plants de Mandragore jusque dans le bureau d’Harris, marcher sur le lac gelé ou encore aller à la bibliothèque- ca, d’ailleurs c’était une idée complètement démente- ajouta-t-il avec enthousiasme. Bref, c’est Nora qui a choisi et on s’est retrouvé tous les deux à marcher sur l’ lac gelé en tee-shirt en plein mois de décembre ! Et ce qui devait arriver arriva : La glace s’est mise à craquer et on ne pouvait plus rejoindre le bord. On a appelé à l’aide et c’est ce crétin de Ben-Le-Boulet qui est venu à notre rescousse. Tu vois qui c’est ? Ben Shalou, le gryffondor qui fait des blagues de merde. Re-Bref, cet espèce de troll était censé nous aider sauf qu’il s’est jeté sur la glace avec nous et il s’est retrouvé coincé lui aussi ! Heureusement Georgiana Wright est arrivée… »

Il marqua une courte pause et se sentit dans l’obligation de préciser :

« Je sais que c’est rare qu’on se dise « Ouf, voila Georgia qui arrive ! » car généralement la majorité des élèves de Poudlard cherche à la fuir, mais là, c’était notre dernière espoir ! Donc on était assez content de la voir puisqu'elle nous a fait passer des balais afin que l’on s’envole tous en même temps de la glace. Sauf que, Ben-Le-Boulet a encore frappé ! Il s’est envolé avant la fin du décompte de Georgia et nous a précipité dans l’eau Nora et moi ! »

Irving frissonna en se remémorant le contact de l’eau glacée.

« C’était horriblement froid ! En plus, j’sais pas si t’as entendu parler de la soirée Mousse, mais Georgy a peur de l’eau ! Elle a trop galérer pour nous extirper de là ! Une fois qu’on s’est retrouvé sur le bord,..ben… j’ai étripé Ben-Le-Boulet. »

A vrai dire, Irving était tombé dans les pommes en laissant s’échapper le jeune Shalou, mais bon, toutes les belles histoires sont légèrement romancées, non ?

« Depuis, Nora et moi on est inséparables et je trouve même Georgy sympa de temps en temps ! C’est pour te dire ! » conclut-il avec un large sourire ayant déjà oublié qu’il s'était résolu à moins parler quelques minutes plus tôt.

Après que Maeva eut supplié Irving de lui conter une des ses aventures, ce dernier sembla flatté et un grand sourire apparu sur les lèvres de la fillette. Lorsqu’il se mit à parler, elle cessa de s’agiter et le regarda avec des yeux émerveillés. Lorsqu’il mentionna Nora Weaver, elle hocha vaguement la tête, oui, elle voyait à peu près. Alors c’était donc une histoire de Nora l’intrépide et d’Irving l’audacieux. Oh, ils avaient même des noms comme les héros ! Alors ça, c’était vraiment chouette ! Elle écouta l’histoire avec la plus grande intention. Ses yeux brillaient et elle ne cessait de sourire, s’abstenant quand même de bouger, de crainte de gâcher l’histoire qu’il lui racontait. En tout cas, c’était vraiment une aventure périlleuse ! Surtout que c’était Ben-Le-Boulet qui était venu les aider ! Elle voyait à peu près qui était Ben Shalou, mais ne lui avait jamais parlé. Enfin si Irving disait que c’était un boulet, mieux valait ne pas lui parler. Parce que si un jour elle serait sur le point de se faire manger toute crue par une énorme créature magique, elle aimerait bien que ce soit quelqu’un d’autre qui vienne la sauver !

La fillette s’imaginait toute l’aventure dans sa tête, Irving et Nora, une petite blonde donc, se promener sur le lac glacé, la glace craquer et les deux adolescents appeler au secours. Elle voyait Ben-Le-Boulet arriver et se retrouver dans la même situation qu’eux. Puis Georgiana arriver – la puce arrivait à visualiser la Gryffondor- et tenter de les aider. Puis le sauvetage, et enfin Irving qui étripe Ben. Cette dernière partie la faisait d’ailleurs beaucoup rire.

Maeva resta muette jusqu’à ce que le jeune homme termine son histoire. Une fois que cela fut fait, elle cligna plusieurs fois des yeux et se mit à rire en applaudissant gaiement. Elle battit des mains et se remit à sautiller.

« Mais c’est totalement géniale comme aventure ! T’as eu trop de chance de t’en sortir ! Par contre à cause de Ben vous avez faillit mourir ! Et en plus tu l’as étripé ! C’est trop la classe ! Et tu racontes trop bien les aventures en plus, j’ai eu l’impression d’y être, c’était chouette.

Elle hocha la tête avec conviction pour approuver ses propres paroles et commença à réfléchir. Elle aussi elle voulait avoir ce genre d’histoire à raconter aux plus petits ! Elle aussi elle voulait émerveiller quelqu’un en lui contant une de ses nombreuses aventures.

« Moi aussi je vais vivre pleins d’aventures ! Et comme ça je pourrais les raconter ! Bon, il va vraiment falloir que je fasse plein de choses cette année ! Hé, est-ce que t’es déjà allé dans la forêt interdite ? Parce que ça a l’air super chouette de se promener là-bas !

Elle lui adressa un sourire rayonnant et attendit la réponse.

La fillette écouta le récit attentivement sans interrompre Irving. Dès qu’il eut finit son histoire, elle tapa dans les mains et sautilla sur place en lui disant que c’était une aventure géniale et qu’en plus de ça, il l’avait trop bien raconté.
Irving arbora alors un sourire satisfait. Avec cette rencontre sur le quai de la gare, il avait vraiment l’impression de faire partie des grands de Poudlard maintenant. Maeva Hellsoft le vénérait, et il devait avouer qu’il trouvait cette sensation plutôt cool ! On devait ressentir la même chose, puissance 10 000, lorsque l’on était une rock star ! Irving jeta d’ailleurs un coup d’œil en direction de sa guitare. Il avait envoyé un hibou à Danny pendant les vacances pour lui proposer de monter un groupe de musique à Poudlard. Ce dernier avait immédiatement accepté et s’était même acheté une basse d’occasion. Il ne leur manquait plus qu’un batteur et un chanteur et ils pourraient former un super groupe ! Peut-être que Maeva connaissait une chanteuse intéressée pour rejoindre leur collectif ! Après tout, il y avait surement des Gryffondor qui devaient pousser la chansonnette sous la douche dans la salle de bain des filles. Alors qu’il s’apprêtait à poser la question, la fillette s’exclama :

« Moi aussi je vais vivre pleins d’aventures ! Et comme ça je pourrais les raconter ! Bon, il va vraiment falloir que je fasse plein de choses cette année ! Hé, est-ce que t’es déjà allé dans la forêt interdite ? Parce que ça a l’air super chouette de se promener là-bas ! »

Irving secoua la tête de gauche à droite avant de répondre :

« Non, je n’y suis pas encore allé… Mais ça ne serait tarder ! » ajouta-t-il avec un haussement de sourcils et un sourire en coin.

Il rangea alors son Rock’n Sorc’ dans sa malle et posa les deux mains sur ses cuisses avant d’évaluer du regard la petite Gryffondor. Ainsi donc, Maeva Hellsoft, fille de leur directrice, avait envie de se libérer du joug matriarcal. Elle voulait bafouer les règles de Poudlard ! C’était tout à son honneur de ne pas être littéralement à la botte de sa mère comme l’était la copine de Nora, Jane Mason, fille de leur professeur d’Etudes des Moldus. Irving ne pouvait vraiment pas voir cette fille ! Elle ne faisait que se vanter et critiquer Danny ! A choisir il préférait Artémis, au moins elle, elle ne disait pas de bêtises puisqu’elle ne parlait pas du tout. Mais, là n’était pas la question. Pour le moment, Irving se devait de donner quelques conseils à la petite Maeva afin qu’elle puisse vivre pleinement ses aventures et qu’elle puisse les raconter ensuite aux plus jeunes !

« Tu sais, si je peux te donner un conseil, il faut que tu te trouves un acolyte ! Quelqu’un avec qui partager tes aventures. L’idéal, c’est un élève d’une autre maison. Comme ça, si vous vous faites prendre, la perte des points est répartie et ne touche pas que les Gryffondor . »

Irving marqua une pause et fit tourner son doigt près de sa tempe comme pour dire « Eh ouais ! Y en a là-dedans ! »

« Ensuite, vous devez trouver un titre à vos aventures comme ce que l’on a fait avec Nora : Un truc du genre, « Maeva, la casse-cou et machin-bidule, le téméraire » ,Tu vois ? Ça fait classe ! »

Et Pour finir, Irving lui prodigua un ultime conseil :

« Enfin, faut essayer de pas s’faire prendre par les profs ! Mais là, j’peux pas t’aider : J’suis nul là-dedans, ou alors, c’est qu’ta mère est trop forte pour attraper les gars dans mon genre ! ajouta-t-il en ricanant, D’ailleurs, comment ça s’fait qu’t’es pas déjà à Poudlard ? T’aurais pu faire le voyage avec elle non ? Ça t’aurait évité de prendre le train !»

Maeva était toute contente. On venait de lui raconter une histoire super chouette et en plus, c’était une histoire vraie. Pas une fausse, comme dans les contes, non, une qui s’était vraiment passée. Et ça, c’était bien plus géniale ! En plus, comme ça, elle savait que si elle était en danger, elle pourrait appeler Super Georgiana ! Enfin il n’y avait que peu de risque pour qu’elle soit en danger, elle était Maeva quand même ! Bon d’accord, elle n’avait encore jamais encore été en grand danger, bien qu’une fois elle dû faire face à trois guêpes coriaces qui voulaient manger son goûter, mais il n’y avait aucune raison qu’elle le soit d’abord.

Elle sourit au Gryffondor lorsqu’il lui dit qu’il irait lui aussi dans la forêt interdite, un de ces jours. Elle devait vraiment être géniale, cette forêt. En plus, il devait y avoir pleins d’animaux dedans ! Des trucs vraiment effrayant à tous les coups, elle n’était pas interdite pour rien. Bon, elle devrait éviter de se faire manger par une créature avec pleins de dents, quand même. Ses parents seraient tristes si elle mourrait, et elle n’aimait pas vraiment rendre ses parents tristes. Et puis être mort, ça devait vraiment être nul. Déjà on ne pouvait plus bouger, et ensuite on était enfermé sous terre. Ca devait vraiment faire peur.

Irving lui conseilla ensuite de se trouver un acolyte. D’une autre maison de préférence. Oui c’est vrai que ça devait être plus marrant de vivre les aventures à deux. Bon… Un vrai acolyte alors, quelqu’un qui l’accompagnerait dans toutes ses aventures. Il ne faudrait pas qu’il soit plus âgé qu’elle. Plus petit ou du même âge. Evidemment il faudrait qu’il ou elle sache monter aux arbres, et n’ai pas peur de vivre pleins d’aventures. La fillette lui fit part de ses réflexions :

« Oui, c’est vrai ! Ce serait plus marrant que faire des aventures toute seule ! Ben je vais essayer de voir qui ça peut être… Oh cette année va être trop géniale ! » S’exclama la puce en hochant vigoureusement la tête.

Il lui conseilla de se trouver un nom d’aventurière et lui proposa Maeva la casse-cou. Alors ça, c’était une chouette idée ! Elle pourrait même faire des livres plus tard avec ses aventures ! Trop la classe. Elle serait… Elle serait Maeva la rebelle ! Ca c’était vraiment un nom ultra cool ! Et en plus ça sonnait bien.

« C’est trop génial ça aussi ! Je veux être Maeva la rebelle, moi ! Ca sonne pas mal non ? En plus c’est rigolo comme nom non ? Ca fait méga classe ! »

Irving lui dit ensuite de ne pas se faire prendre par les profs. Oui enfin ça, c’était logique. Il ajouta ensuite que sa mère était trop forte pour attraper les gars dans son genre. Maeva grimaça, alors ça, c’était moins drôle. Les punitions, ce n’était vraiment pas rigolo du tout. Le Gryffondor lui demanda ensuite pourquoi elle n’était pas encore à Poudlard.

« Bah c’est parce que mon papa et ma maman sont divorcés et là j’étais en vacances avec mon papa. Donc c’est lui qui m’a emmené à la gare. Et puis ça doit être trop nul d’arriver avant tout le monde à Poudlard ! »

Manifestement la petite Hellsoft semblait véritablement partante pour se trouver un acolyte d’aventure ! Elle hochait la tête frénétiquement en envisageant toutes les bêtises qu’elle allait pouvoir partager avec son binôme. Irving lui adressa un sourire en coin. S’il avait eu trois ans de moins, il aurait été ravi d’être son associé dans cette affaire ! D’ailleurs il aimait bien grimper aux arbres mais il était sûr qu’il s’attirerait les railleries de ses camarades s’il se mettait à gravir les sapins du parc de Poudlard en compagnie d’une fillette, qui plus est, la la fille de la directrice de Gryffondor ! Non, c’était impossible ! Et puis lui, il avait déjà Nora …

Irving était vraiment impatient à l’idée de retrouver son amie. Il ne l’avait pas revu depuis qu’elle était venue à la cité Nimbus pour choisir son balai. Bien sûr, ils avaient échangé plusieurs lettres depuis, mais le jeune homme avait surtout envie de passer du temps avec elle. Avec l’atmosphère pesante qui régnait chez lui depuis l’annonce de la maladie de son père, le jeune homme avait envie de retrouver ses amis proches afin de se changer les idées. Avec Nora, il passait toujours de bons moments même s’il avait un peu peur qu’elle soit moins disponible maintenant qu’elle était capitaine.

Le jeune homme jeta d’ailleurs un coup d’œil en direction du passage qui menait à la voie 9 3/4 afin de voir si son accolyte était arrivée, mais il ne remarqua que Darren O’Connor à l’autre bout du quai. Le jeune homme bougonna dans sa barbe (enfin dans son duvet) en détournant son regard de l’odieux Serpentard puis il reporta donc son attention sur Maeva qui était toujours surexcitée à l’idée de créer ses propres aventures. La jeune fille décida même de se surnommer « Maeva-La-Rebelle ». Irving éclata de rire avant de lui lancer :

« Quelque chose me dit que la directrice de notre maison va pas trop aimer ! »


D’ailleurs, pourquoi la fillette n’était-elle pas déjà à Poudlard avec sa mère ? Sans plus de cérémonie, Irving posa la question à Maeva qui répondit que ses parents étaient séparés et qu’elle vivait chez son père pendant les vacances. Le jeune homme hocha la tête lentement en essayant d’imaginer le quotidien des enfants de divorcés. Cela devait être terrible de ne jamais voir ses deux parents en même temps et de séparer son quotidien en deux : Deux maisons, deux chambres, deux vies parallèles qui ne devaient se rencontrer que trop rarement. Irving aurait détesté ça mais visiblement Maeva gérait parfaitement la situation ! La fillette fit d’ailleurs remarquer que c’était son père qui l’avait accompagné à la gare aujourd’hui. Le Gryffondor se retourna à la recherche du sosie de James Smith mais il avait disparu.

« On t’a déjà dit que ton père ressemblait au joueur de Flaquemare, James Smith ? J’te jure, c’est son portrait craché ! Quoique Smith est un peu plus gros que ton père j’crois. » ajouta-t-il en hochant la tête négligemment.

Alors qu’elle lui disait qu’elle voulait se faire surnommer Maeva la rebelle, Irving éclata de rire avant de lui lancer que leur directrice n’allait pas aimer. La puce haussa les épaules en souriant. Après tout, elle n’allait rien faire de mal. Enfin, façon de parler. Elle voulait juste… Vivre. Pouvoir faire n’importe quoi et en rire plus tard, ressentir l’adrénaline, et sautiller partout, aussi. Elle commença à sauter d’un pied à l’autre, se concentrant pour ne pas tomber. C’était marrant de faire ça.

Après ce petit moment d’égarement, elle reporta son attention sur le grand Gryffondor et lui adressa un grand sourire.

Irving lui demanda alors pourquoi elle n’était pas déjà avec sa mère avec Poudlard. Et Maeva dû lui avouer que ses deux parents étaient divorcés. Lorsque le jeune homme hocha lentement la tête, la petite fille adopta une moue triste. Et c’était d’ailleurs la vérité. Elle aurait bien aimé que ses deux parents soient encore ensemble, comme ceux de sa copine, Lisa. Même si cette dernière affirmait qu’elle aurait préféré que ses parents soient divorcés. Parce qu’ « ils se font toujours des bisous en public, c’est super gênant ! » Mais Lisa ne mesurait pas sa chance. La fillette aurait presque tout donné pour que ses parents soient de nouveaux mariés. Même son doudou dragon gris ! Elle ne supportait pas l’idée que ses parents ne s’aiment plus, et ne supportait pas le fait qu’ils se disputent encore à la moindre occasion. Vraiment, avoir des parents divorcés, c’était trop nul. Sa vie était triste, par moment.

La puce fronça les sourcils lorsque Irving lui dit que son père ressemblait fortement à James Smith, le joueur de Flaquemare. Elle dévisagea le Gryffondor avant d’éclater de rire.

« Bah c’est normal ! C’est lui mon papa ! »

Elle lui sourit et le fixa pendant plusieurs secondes avant de demander à son tour :

« Et toi, c’est qui tes parents ? »

Alors qu’Irving venait de pointer la ressemblance flagrante entre le père de Maeva et le joueur de Flaquemare, la petite fille répondit :

« Bah c’est normal ! C’est lui mon papa ! »

Irving se redressa sur son banc en cherchant du regard le père de Maeva.

« Sérieux ? T’es la fille de James Smith ? s’exclama-t-il incrédule. Il avait du mal à concevoir qu’une personne aussi rigide qu’Hellsoft ait pu être marié à un gars aussi cool que l’attrapeur vedette de l’équipe aux joncs croisés ! Mais pourquoi tu t’appelles pas Smith alors ? »

Comme toujours, Irving avait parlé trop vite. Tout cela ne le regardait pas et il y avait peut être une sombre histoire qui expliquait pourquoi la fillette ne portait pas le nom de son père.

« Enfin, C’est pas plus mal. Au moins tu n’as pas le même patronyme que ce crétin d’Anton de chez Serpentard ou que le canard de Poufsouffle ! » s’esclaffa-t-il en songeant aux plumes qu’il avait arraché à Samaël lors de la soirée Mousse, En plus Hellsoft ça sonne bien. Ton nom de famille me fait penser à des flammes de l’enfer qui ne bruleraient pas la peau : L’enfer mais en soft ! Ricana-t-il, alors que Whitaker… »

Le jeune homme marqua une pause en réfléchissant à une signification qui pouvait découler de son nom, mais il n’en trouva pas. Il haussa les épaules et jeta un regard sur le quai qui commençait à se remplir doucement. Plusieurs familles étaient arrivées et Irving observa avec envie un père qui faisait léviter le bagage de son fils. Comme si elle avait deviné les pensées peu réjouissantes, Maeva s’exclama :

« Et toi, c’est qui tes parents ? »

La question le décontenança pendant quelques secondes. Que pouvait-il répondre à ça ? Ses parents étaient actuellement dans une chambre d’hôpital à St-Mangouste. Son père luttait contre la maladie et sa mère essayait de l’épauler au mieux dans cette épreuve… Etait-ce le genre de choses que l’on pouvait révéler à une gamine de treize ans ? Maeva n’était pas bête, elle comprendrait certainement, néanmoins Irving préférait ne pas lui révéler tout cela. Il n’avait pas envie de larmoyer sur son sort et il ne voulait aborder ce sujet qu’avec ses proches. En plus, c’était bien plus amusant de raconter ses nombreuses bêtises plutôt que d’étaler ses réels tourments. Le jeune homme adressa donc un large sourire factice à la fillette avant de répondre :

« Hééé ! Je suis presque un adulte maintenant ! J’ai seize ans tu sais, mes parents ne m’accompagnent plus à la gare ! »

Oui, c’était parfaitement crédible. En plus, il se trouvait particulièrement convainquant. Il devrait mentir plus souvent ! Au moment où il songeait à cette éventualité, quelqu’un l’appela :

« Irving ! »

Le jeune homme bondit de son banc en identifiant le timbre de voix de Nora. En quelques enjambées il parcourut la distance qui les séparait et il serra fort son amie contre lui. Tout le monde allait le prendre pour un fou mais il s’en fichait. Il était content de la retrouver et de sentir sa présence réconfortante. C’était l’une des seules personnes à Poudlard avec qui il se sentait bien et il était soulagé de la retrouver .

« Tu m’as manqué ! » lui lança-t-il en faisant claquer un bisou sur sa joue avant de s’éloigner un peu d’elle, bouge pas je vais chercher ma valise ! »

Irving retourna auprès Maeva et lui montra du doigt la Poufsouffle :

« C’est elle, Nora l’intrépide ! Chuchota-t-il en attrapant sa malle, Je vais devoir te laisser…C’était cool de bavarder avec toi. En tout cas j’espère que tu me diras quant tu auras trouvé ton acolyte, hein ? »

Il fit quelque pas à reculons en trainant sa malle et ajouta finalement :

« Et le premier de nous deux qui visite la foret interdite le dit à l’autre ! »