Sujet de postage des défis solitaires

Vendredi 22 mars 2007.


Un courant d'air frigorifiant soufflait sur le parc. Steven marchait la tête baissée, le menton dans son écharpe et sa cape d'hiver bien enveloppée autour de lui. Il était terriblement pressé de se serrer devant le feu de la salle commune, de rejoindre le dortoir et son lit. Mais comment un mois de Mars pouvait être aussi froid? Certes, moins froid qu'au mois de novembre, décembre et janvier; mais quand même. De plus, il avait passé une journée déplaisante: il avait manqué de faire sauter le donjon en cours de potion, en cours de sortilèges il avait lancé au mauvais enchantement, ce qui avait provoqué la panique la plus générale lorsqu'un serpent était sorti de sa baguette au lieu de faire apparaître des petits oiseaux touts mignons pour les faire tournoyer autour de sa tête. Enfin pour couronner le tout, en soins aux créatures magiques qui est censé être le point fort de Steven, il s'était trompé de remède que l'on donne à des Gryffons pour soigner.... il ne s'en rappelle même plus. Enfin, c'était une chose qu'on apprend en première année... Et en plus ce froid! Décidément, qu'elle mauvaise journée. Le seul cours qui s'était bien passé était le cours d'Histoire de la Magie.
Steven avait désormais atteint les couloirs qu'il traversa en courant espérant se réchauffer. Ce n'est qu'une fois arrivé dans la salle commune qu'il ralentit. Une vague de chaleur l'enveloppa soudain, ce qui rendit le jeune sorcier fébrile de bonheur. La salle regorgeait de discussions et d'activités. On jouait aux échecs sorciers près de la fenêtre et un groupe s'était formé autour du feu. Steven se faufila entre les fauteuils et atteignit les dortoirs. Il entra dans sa chambre et referma vivement la porte derrière lui exaspéré par le bruit de la salle commune. Pour sa plus grande joie, son camarade de dortoir n'était pas là et il pourrait se détendre tranquillement. Non pas parce qu'il ne l'aimait pas mais parce qu'il avait besoin d'être seul. Son gros chat gris vint l'accueillir, la queue bien droite. Steven le caressa avec amour et le poil tout doux et chaud réchauffa les doigts de Steven.

"Bonjour mon Charly!" Dit Steven d'une voix moins enthousiaste qu'à l'accoutumé.

Une fois la séance de salutations terminée, le jeune sorcier rangea ses affaires de cours dans le seul bureau de la chambre et s'allongea sur son lit et entreprit de feuilleter un bon livre. Il venait à peine de lire deux pages, que son regard se détacha des mots pour atterrir sur son chat qui était allongé sur le flanc devant la commode les pattes tendues en avant et les agitant sous le meuble comme pour attraper quelque chose.

"Avec quoi tu joues, Charly?" Demanda Steven.

Charly regarda son maître avec de gros yeux ronds de chaton joueur et recommença à agiter frénétiquement ses pattes sous le meuble. Steven regarda son chat effectuait le même mouvement pendant près de 10 minutes jusqu'à qu'il réussisse à sortir le "jouet" inconnu. Devant la découverte de son chat, Steven ouvrit de grands yeux ébahis quand il reconnu ce qu'était l'objet qui amusait tant son chat: un collier. Il se leva de son lit et ramassa le collier. C'était une chaîne en argent terminée par un pendentif représentant le Yang du Yin-Yang. Cela faisait maintenant plus de deux ans qu'il avait perdu ce collier et il était, pendant tout ce temps, sous sa commode. Il l'avait perdu avant les vacances d'été qui séparaient sa première et sa deuxième année à Poudlard. Il se rappela soudainement l'origine de ce collier. Quelques secondes de sa vie défilèrent devant ses yeux. Il était en primaire, il devait probablement avoir sept ans. Il se tenait face à Amely Storm, sa meilleure amie. Elle portait à son cou l'autre bout du collier, le Yin. Elle était en train de lui donner le Yang. Ces deux colliers devaient sceller leur amitié. Steven se souvenait maintenant de la chaleur qu'il avait ressenti en prenant le collier dans ses mains. C'était la première fois, le premier jour que l'amitié indéchirable entre ces deux êtres éloignés l'un de l'autre se matérialisait en quelque chose de solide, un objet, un collier. Ces objets étaient d'une grande valeur et très importants pour Steven, car c'étaient les seuls choses qui pouvaient lui rappeler sa meilleure amie. Surtout ce collier était très important. Le premier cadeau, le premier lien matérielle de sa vie entre lui et sa meilleure amie. Il prit son chat dans ses bras et lui fit un gros câlin et de gros bisous.
Après avoir décapé le collier qui avait un peu rouillé, Steven le mit autour de son cou et savoura la chaleur froide du collier envahir son coeur. Un grand sourire se dessina sur ses lèvres et il se décida à rejoindre les rires et les discussions de ses camarades dans la salle commune. Lorsque la porte se ferma, Charly étant rester dans la chambre, plissa les yeux de plaisir, comme ci il avait ressenti la fatigue et la mauvaise humeur de son maître et qu'il avait fait exprès de retrouver le collier pour remonter le moral à Steven. Allez savoir...

Aussi loin qu'elle se souvenait, elle devait mentir. Et elle n'aimait pas mentir, la petite Gillian. Elle aurait largement préféré pouvoir rire, jouer, courir avec les autres, sans savoir au fond d'elle-même qu'il y aurait toujours une partie de la Gillian qu'ils connaissaient dont ils n'auraient jamais conscience.
Que derrière les abords joyeux, insouciants, francs de la petite brunette, il y avait un monde que jamais ils ne soupçonneraient.
Et puis, elle ne comprenait pas pourquoi il était interdit de parler de la magie à qui que ce soit. C'était tellement normal, pour elle. Comment les autres ne pouvaient-ils pas se rendre compte qu'il y avait quelque chose qu'ils ne connaissaient pas dans le monde qui les entouraient?
Alors, perchée en haut de la tour d'astronomie, elle marchait sur la rambarde, à la limite du vide. Se rappelant toutes les fois où elle avait du mentir.

1er septembre 2001

Gillian observa la cour de l'école qu'elle pouvait voir de l'autre côté des grilles. C'était la première fois qu'elle se rendait dans un endroit moldu, et avec autant d'enfants. Alors elle ne pouvait en détacher son regard, prise d'une étrange fascination pour ce monde qu'elle découvrait. Oui, elle aimait ses frères et sœurs. Oui, il y avait des enfants à la cité Nimbus, mais... pas autant qu'ici.
Et elle avait hâte, hâte de quitter ses parents pour pouvoir enfin rentrer dans ce qui pour elle semblait être la cour des grands.

"Tu te souviens de ce qu'on a dit à la maison, Gillian?"
"Oui Maman! On ne parle pas de magie, pas de balais volants, pas de Quidditch, pas de la cité Nimbus, pas de baguettes magiques..."

Elle pouvait continuer encore longtemps comme ça. A lister toutes les choses qui la séparait des enfants qui couraient et chahutaient ensemble dans la cour de l'école. Mais elle s'en moquait. Tout ce qu'elle voulait, c'était les rejoindre.
Sue se mit au même niveau que sa fille, remettant en place son uniforme et ses mèches brunes qui déjà avait commencé à partir dans tous les sens. La petite fille fusilla sa mère de son regard bleu, trépignant d'impatience.
Alors dés qu'elle le put, elle se mit à courir, rejoignant les autres, se coulant dans leurs jeux avec facilité.
Commençant déjà à mentir.

3 mars 2003

Les vacances d'avril venait de se terminer, tous les élèves revenaient dans leur cour d'école. Gillian repéra sans difficulté sa meilleure amie, petite brune semblant perdue au milieu de la marée des élèves.

"Gil! Tu as passé de bonnes vacances?"

Oui, elle en avait passé de très bonnes. Elle était partie avec ses parents en Italie, visitant toutes les merveilles des quartiers sorciers de Rome, de Pise, de Venise, ramenant quantité de souvenirs et de photos...
Mais tout ce qu'elle avait visité n'était pas censé exister pour sa meilleure amie. Pour elle, Rome correspondait au Colisée, Pise à la Tour, Venise à la lagune. Pour elle, cela signifiait tellement plus.
Alors elle eut un bref sourire, à peine crispé, avant de répondre:

"Pas mal, et toi?

Elle esquivait les questions, passant sous silence une grande partie de sa vie en dehors de l'école. Ce n'était pas totalement un mensonge, de cacher une partie de la vérité, non?

14 mai 2004

Gillian tomba littéralement sur Jeremy dans la cour, l'arrachant aux griffes d'une fille de sa classe sans même s'escuser. De toute manière, il n'avait pas l'air très affecté de devoir quitter la fillette qui n'avait pas l'air décidé à lui lâcher le bras avant que sa meilleure amie n'arrive.
Ils jouaient le week-end, un de leurs premiers matchs intéressants depuis le début de l'année. Et la petite brune avait viré encore plus hyperactive qu'à son habitude.
Elle était incapable de rester en place, allant toujours trouver Jeremy pour discuter des matchs des autres équipes, de leurs chances de l'emporter, de leur tactique... Et Jeremy ne faisait rien pour qu'elle s'arrête, bien au contraire.

"Vous parlez de quoi?

Les deux se retournèrent d'un coup pour faire face à une Megan soupçonneuse. Avec leur air d'enfants pris en faute, ils n'arrangeaient pas tellement leur cas, de toute manière.
Gillian se serait collé des gifles, si elle l'avait pu. Elle aurait pas pu être un peu plus discrète, pour une fois?

"Jeremy et moi, on a un match ce week-end, et on avait besoin de discuter des dernières stratégies, mais... on pourra le faire plus tard. On va chercher Eliott, tu viens?"

Le mensonge venait tout seul, maintenant. Plus besoin de réfléchir. Et Megan semblait s'en contenter, alors pourquoi chercher plus loin?

25 juin 2006

L'école était finie. Ils avaient enfin fini leur école primaire. Fini les uniformes qui grattent, fini les trousses qui volent dans les classes, fini les petites pestes qui chuchotaient derrière son dos parce qu'elle avait encore mis son uniforme de travers.
Et l'année suivante... Poudlard.
Enfin Poudlard, la magie, le château, l'internat!
Elle échangea un regard complice avec Jeremy, qui devait ressentir la même chose qu'elle. Mais son regard tomba sur Megan et Eliott, assis un peu plus loin.
Elle ne les verraient plus, l'année suivante. Megan rentrait au collège de Sheffield, Eliott la suivrait l'année suivante. Et eux, ils partaient.

"C'est fini alors?"
"Enfin, oui! laissa échapper Gillian en se laissant tomber aux côtés de sa meilleure amie.

Elle ne voulait pas y penser maintenant. Elle voulait simplement apprécier la compagnie de Megan, d'Eliott, de Jeremy, d'eux quatre tous ensemble. Qui savait quand elle pourrait l'avoir à nouveau?

"Vous partez où, au fait, l'année prochaine?"

Pendant quelques secondes, elle fut tentée de lui dire la vérité. De tout lui avouer sur la magie, sur le monde dans lequel elle vivait, de l'endroit magique où elle s'apprêtait à passer sept ans...
Elle ne pouvait pas. Elle n'avait pas le droit. Alors elle répondit, la voix toujours égale.

"Dans un pensionnat en Ecosse, là où nos parents ont été. C'est une école avec une bonne section sport, c'est pour ça qu'ils nous mettent là-bas."

C'était l'explication qu'elle lui donnait toujours. L'explication admise, l'explication normale. Megan ne cherchait jamais à en savoir plus. Sentait-elle que son amie ne lui disait pas toute la vérité?

3 mai 2007

Elle se fichait de se faire prendre, dans un endroit où elle n'avait rien à faire. Elle avait besoin d'un endroit calme, pour une fois.
Pour réfléchir.
Elle se laissa tomber du rebord de la fenêtre, glissant contre le mur pour finir assise, immobile. C'était tellement rare, qu'elle soit capable de rester comme cela, sans rien faire.
Elle réfléchissait les yeux dans le vague, pensant à Megan, à Eliott, à ses parents à qui elle avait écrit l'après-midi même.
Elle avait eut de la chance d'avoir une vie comme la sienne. De la chance d'avoir une meilleure amie aussi géniale. Mais si elle avait pu changer quelque chose, jamais elle ne lui aurait menti.