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Poker face [Ivar & Garlan]

Garlan Davies
Garlan DaviesEn crise identitaire
Messages : 4
Profil Académie Waverly
Poker face [Ivar & Garlan] Icon_minitimeDim 5 Mai 2024 - 23:06
6 novembre 2023

La famille “proche” de Garlan, c’est vingt-deux personnes. Ce midi, il y en a vingt autour d’une grande table ce qui, pour lui, s’apparente à la définition de l’enfer. Ils se sont tous retrouvés à Oxford, chez Avalon, pour un grand repas. Personne ne l’a dit comme ça mais c’est pour fêter sa sortie de prison. Super, a pensé Garlan, il y aura peut-être même un gâteau avec une inscription du style : “pas de chance, tu conduisais juste la voiture !”

Les repas de famille, ça n’a jamais été son truc, à Garlan. Ils sont trop nombreux alors soit ça finit mal, soit ça finit à trois heures du matin et le pire, c’est quand ça finit mal et à trois heures du matin. Il n’est jamais vraiment à l’aise, avec ses frères et sœurs. Quand il est seul avec Célice, ça va. Quand il est seul avec Morgane ou Vivianne, ça va aussi. Mais quand ils sont là, tous ensemble, à parler plus fort les uns que les autres, ça le fatigue et il attend plus ou moins que les heures passent. Il ne parle jamais trop dans ces moments-là – en fait, il ne faudrait pas qu’on commence à trop s’intéresser à lui ou à sa vie. Il répond aux questions qu’on lui pose avec des mots vagues, sans jamais trop en donner et en espérant que l’attention se porte sur quelqu’un d’autre. L’avantage, dans cette famille, c’est qu’ils sont tellement nombreux qu’il y en a toujours un pour avoir un truc à annoncer. Avalon qui est – encore – enceinte. Vivianne qui se marie. Morgane qui se produit à un festival.

Bref, évidemment, cette fois-ci, personne n’avait rien à dire et tout le monde a pu se concentrer sur le sujet du moment : qu’est-ce que lui, Garlan, va bien pouvoir faire de sa vie maintenant qu’il ne dort plus dans une putain de cellule. Il a passé un excellent moment à écouter toutes les suggestions de ses grands et honorables aînés, qu’il aurait pu prédire avant même qu’ils ouvrent la bouche. Il a dit “ouais” et “ouais, j’vais voir” et “ouais, peut-être” environ soixante fois dans la conversation, jusqu’à ce que le sujet soit complètement épuisé.

Il s’est senti tellement mal, tellement minable qu’il n’a ressenti aucune jalousie lorsque la conversation s’est ensuite concentrée sur Vivianne. Elle a parlé de son super boulot, des supers personnes qu’elle rencontre au Département des Recherches (un truc comme ça) et de son super fiancé. Garlan, lui, a pu recommencer à boire sa bière en silence.

Le seul truc qu’il aime bien, dans ces repas, c’est de retrouver ses neveux et ses nièces. En tout, il en a dix : Aimee et Elio, les deux plus âgés, toujours assis l’un à côté de l’autre. Ajay, Javier et Mohan, les trois garçons de Galaad qui ont neuf et six ans. Alma, Pilar, Nieves, Carmen et Juan, les enfants d’Avalon. Il aime bien passer du temps avec eux ; au fond, ça lui plaît d’avoir ce statut d’aîné pour eux. Et puis, les enfants n’attendent rien de lui, à part qu’il joue avec eux ou qu’il les écoute parler de trucs incompréhensibles pendant des plombes. Alors ça lui va bien, à Garlan. Par exemple, tout à l’heure, il a écouté Pilar lui raconter un sport auquel il n’a rien capté mais comme elle avait l’air hyper passionnée il a dit “mais non ?” et “ah ouais ?” et ça l’a tenue pendant vingt minutes.

Là, c’est Juan qu’il tient sur ses genoux. C’est le plus jeune, à peine un an et demi mais alors, aucune difficulté à faire le tour des adultes pour réclamer les bras de tout le monde – sauf quand il chouine pour avoir ceux de sa mère et là, y a plus rien d’autre dans sa tête. Mais pour l’instant, il a l’air de vouloir rester avec lui alors Garlan le fait un peu jouer. Il mime des grimaces et Juan rit aux éclats. Il se tortille, essaie de se lever sur ses genoux et se retrouve en équilibre instable. Il chute vers l’avant, se raccroche au pull de son oncle qu’il tire malencontreusement vers le bas.

Assez pour révéler pendant plusieurs secondes une grosse marque violette, entre son cou et son épaule, qui était sagement restée cachée jusqu’ici.

Son cœur fait un bond dans sa poitrine et il relève vivement le regard. Juste à temps pour croiser celui, narquois, de Nero.

“Ah bah tu t’es pas fait chier” commente son grand frère.

Garlan lui renvoie un regard noir, un qui dit “ta gueule” mais qui, évidemment, n’est pas du tout perçu comme tel.

“Quoi ? demande Avalon.
-Garlan.
-Quoi, Garlan ? reprend Célice
-Il a un énorme suçon dans le cou.”

Et là, bien évidemment, les conversations s’arrêtent et les regards se tournent vers lui.

“N’importe quoi, réagit-il en ignorant la nervosité dans son ventre.
-Juste là, fait Nero en désignant la zone avec sa main en s’attirant les rires de ceux qui se trouvent à côté de lui.
-Eh vas-y, c’est bon.
-Bah ouais, lance Avalon avec un sourire en coin, si ça se trouve, il s’est juste brûlé avec son fer à lisser...”

Célice rit et secoue la tête.

“Ah bah je comprends mieux pourquoi on pouvait pas te joindre ces derniers jours, t’étais bien occupé en fait...”

Contre toute attente, c’est Roy qui semble prendre sa défense :  

“Allez, laissez-le tranquille...” Mais c’était oublier sa face de gros troll de merde. “Quatre mois en taule sans voir une seule meuf, c’est dur.
-Tu sais pas, fait Avalon en haussant les épaules. Elle est peut-être venue le voir en visite conjugale...
-Ah, mais ! réagit Célice. C’est pour ça que tu voulais pas qu’on monte chez toi quand on t’a déposé, en fait ?
-C’est quoi, elle t’attendait sur ton lit ?” poursuit Nero avec un sourire railleur sur les lèvres.

Haha, qu’est-ce qu’on rigole. Garlan le rembarre avec une envie de mourir au fond du ventre :

“Lâchez-moi, vous êtes relous putain.”

Il préfère encore avoir envie de crever en silence parce qu’il sait très bien comment ça se passe, dans ces moments-là : plus il parle et plus il s’enfonce.

Mais deux heures plus tard, dans le train qui le ramène à Londres, Garlan sent encore les traces de cette morsure dans son estomac. Il déteste ça, cette sensation d’être brusquement trop visible à l’exact endroit où il aimerait disparaître. Dans ces moments-là, il n’y a que le poids du silence et de la honte sur ses épaules. Celui de l’échec, aussi.

Ouais, dans ces moments-là, Garlan vit son existence comme un échec.

Ses frères et sœurs ont tous réussi à s’en sortir. Certains mieux que d’autres, c’est clair, mais ils ont tous un truc à peu près stable. Avalon, ça se passe de commentaire ; elle est blindée de thunes, avec un taf de malade auquel il ne comprend pas grand-chose, une grande famille heureuse. Néro et Galaad ont des boulots moins impressionnants mais c’est légal et ça rapporte de quoi vivre. Célice a bien trouvé son truc dans l’immobilier et elle n’est plus là à galérer financièrement comme au début. Morgane enchaîne les petits boulots mais elle a une passion, quelque chose qui l’anime vraiment et qu’elle fait bien. Vivianne, elle, a tous les jolis diplômes qu’ils n’ont pas et un mec parfait qu’elle va épouser. Lui, vraiment, il n’a rien de tout ça. Pas de diplôme, pas de boulot, quatre mois en prison à son compteur et même pas une meuf à leur présenter.

Il échoue à être tout ce qu’on voudrait qu’il soit.

Du coup, il ne dit rien mais le silence lui coûte autant qu’il le préserve.

Lorsqu’il arrive à Londres, Garlan consulte son téléphone. Il est bientôt vingt heures et un long trajet l’attend avant de retrouver son appartement ; la station Paddington, où il descend, se trouve au nord-ouest de la ville et lui vit au sud-est.

En revanche, le St Mary’s Hospital se trouve à moins de cinq minutes de marche ; c’est l’endroit où Ivar travaille depuis qu’il a obtenu son diplôme. Garlan n’est jamais venu le retrouver ici. En fait, il n’en a jamais vraiment eu l’idée ; ils ont tellement vécu dans le secret qu’il a appris à cloisonner leur amour dans le tout petit espace de son appartement. Ils sont en couple, oui, mais pas comme ceux qui se tiennent la main au restaurant ou s’embrassent dans la rue.

Oui. Mais là, Garlan a le cœur lourd et une boîte en plastique avec des restes de gâteau entre les mains.

En plus, il a promis à Ivar de faire plus. De faire mieux. D’essayer, en tout cas. Il a trop merdé avec lui, il le sait. Au fond, il ne se sent toujours pas vraiment digne de son amour et une part de lui se demande constamment ce qu’il lui trouve.

Mais il ne veut plus le laisser tomber.

Il ouvre leur conversation et rédige un message :

Je viens juste de rentrer de chez ma sœur. C’était l’angoisse... Il envoie ce premier texto, puis un second : Le seul truc cool, c’est que la gare est juste à côté de ton boulot. Je sais que t’as bientôt fini, je peux t’attendre si tu veux.” Et il ajoute dans un dernier message : “Je t’ai ramené mon gâteau préféré, au fait, il en restait.”
Ivar Haavik
Ivar HaavikInfirmier à Sainte-Mangouste
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Profil Académie Waverly
Poker face [Ivar & Garlan] Icon_minitimeDim 5 Mai 2024 - 23:15
Après deux jours passés dans les bras de Garlan à rattraper le temps perdu, retrouver la routine de l’hôpital est un peu étrange pour Ivar. Il fait son travail avec l’automatisme de l’habitude mais une part de lui reste attachée à ce cocon qu’il a quitté à contre-cœur ce matin. Il sait que Garlan avait un déjeuner de famille toute la journée et il s’inquiète un peu pour lui ; même si son petit-ami n’en parle jamais beaucoup, ce sont des moments compliqués à supporter pour lui.

Il garde donc un œil régulier sur ses messages, par envie de garder le contact avec lui, pour s’assurer que tout va bien et parce qu’il lui manque. C’est étrange comme sensation. Ils ont passé quatre mois séparés l’un de l’autre alors sept heures de travail devraient être largement supportables. Pourtant, Ivar ne cesse de regarder l’heure dans l’attente de voir les aiguilles se placer sur huit heures et demi, le moment de laisser place à l’équipe de nuit. Il a juste hâte de retrouver Garlan.

Évidemment, plus l’heure approche et plus le temps semble ralentir, d’autant que la journée est assez tranquille ; passé le tour des chambres pour donner les médicaments aux patients au moment du dîner, c’est le calme plat. Il est huit heures moins le quart quand l’occasion d’avoir un peu d’action se présente, avec le voyant qui correspond à la chambre douze s’allume sur l’écran Pear en salle du personnel infirmier.

« Je m’en occupe, annonce Ivar à sa collègue Shanti qui lève la tête vers le tableau.
-T’es sûr ? Je peux y aller, t’as déjà pris la dix-huit tout à l’heure.
-Ca va, t’inquiète... C’est la petite Ollie, tu sais bien que j’ai un soft spot pour elle, plaisante t-il.
-Est-ce qu’il y a un enfant pour qui t’as pas un soft spot, ici, c’est ça la question » raille la jeune femme.

Ivar s’échappe en lui tirant la langue au passage et prend la direction du couloir. Ollie Farrell, c’est une jeune fille de huit ans, atteinte d’une tumeur au cerveau, qu’ils ont eu la chance de prendre en charge assez tôt pour que les espoirs de rémission soient solides. Si Ivar s’est attaché à elle, c’est parce qu’elle a une étonnante passion pour les grosses créatures en tout genre -une  énorme peluche Kraken occupe le pied de son lit, tel un étrange ange gardien- et le jour où il a compris ça, Ivar a trouvé le truc pour la calmer et la distraire quand elle s’inquiète : il lui raconte les histoires de troll des montagnes qui ont marqué son enfance en Norvège et elle se laisse piquer sans broncher.
Cette fois, il la trouve livide sur son lit, penchée au-dessus d’une bassine, les cheveux tenus par sa mère à ses côtés.

« C’est moi qui ai appelé, elle s’est mise à vomir d’un coup, lui explique cette dernière d’un ton préoccupé.
-Bah alors, krakinette, tu as mal au ventre depuis quand ? l’interroge Ivar en se penchant vers elle.
-Elle se plaint depuis le dîner, je sais pas si c’est le repas ou le traitement qui fait ça... »

Ivar jette un oeil à l’ordonnance qu’il tient dans sa main.

« C’est possible que ça soit un effet du traitement, le médicomage a indiqué qu’elle pouvait prendre une potion antiémétique si besoin... Tu sais quoi, ma belle, on va te donner cette potion, attendre un peu que tu te sentes mieux et ensuite, on te donnera un petit snack pour que tu t’endormes pas le ventre vide, quand même. Un muffin, par exemple, tu aimes ça, non ? » Pâlichonne, la petite fille hoche la tête. « Bah voilà, t’as gagné des muffins au chocolat à volonté pour ce soir, la chance ! »

Une dizaine de minutes plus tard, cette petite crise est résolue et l’heure est bien avancée. Juste avant de passer en salle du personnel pour faire les transmissions avec l’équipe de nuit, Ivar jette machinalement un oeil à son Pear.

Et son cœur s’arrête devant les derniers messages de Garlan, en même temps que sa marche dans le couloir.

« Oh non ! »

Ça lui échappe avant qu’il ne puisse le retenir. Intriguée, Shanti tourne la tête vers lui.

« Ça va pas ?
-Euh... Si, si. Pardon, c’est rien. Je réponds juste à un message, j’arrive » assure t-il, devant la porte de la salle.  

Alors il a trente secondes pour trouver quoi faire et quoi dire à Garlan qui pense le rejoindre devant son boulot alors qu’il ne travaille pas du tout au même endroit. Inventer une excuse pour ne pas le rejoindre ce soir ? Non, c’est trop bête, ils se sont mis d’accord pour se retrouver et c’est tout ce qu’Ivar a attendu toute la journée. Non, la seule chose à faire c’est trouver un moyen de le rejoindre rapidement sans éveiller ses soupçons. St Mary, c’est le premier nom d’hôpital moldu qui lui est venu en tête et qu’il a répondu par réflexe le jour où Garlan lui a demandé où il bossait exactement, ce qui est survenu assez tôt dans leur relation. Il n’a pas vraiment eu le temps de construire une histoire et un mensonge bien rôdé, alors il a juste donné ce nom qu’il avait en tête, parce que Michael, un de ses amis proches, infirmier comme lui, n’habite pas très loin.

Enfin, pas très loin. Une vingtaine de minutes à pied, quand même.

Il connait mal le coin et n’a aucune idée de l’endroit le plus proche où il pourrait transplaner.
Non c’est risqué.

« Désolé d’apprendre ça pour ta sœur, mon chat » pianote t-il nerveusement. Il hésite, écrit un autre message, efface, recommence. « En fait je vais sortir plus tard que prévu... Réunion qui s’éternise. T’embête pas, je te rejoins chez toi directement. »
Garlan Davies
Garlan DaviesEn crise identitaire
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Profil Académie Waverly
Poker face [Ivar & Garlan] Icon_minitimeDim 5 Mai 2024 - 23:16
Garlan avance tranquillement et savoure la fraîcheur de la soirée qui s’installe. Le quartier est plutôt calme et c’est exactement ce dont il a besoin après la journée qu’il vient de passer. Il porte une fatigue nerveuse, quelque chose qui l’agite intérieurement et qu’il ne sait pas vraiment comment calmer. C’est toujours comme ça, quand il retrouve sa famille.

Et c’est peut-être encore pire maintenant qu’il mesure à quel point il se sent mal parmi eux et à quel point il ne répond pas à leurs attentes.

Avant, il avait le mérite d’essayer d’y coller. Mais là, il a carrément abandonné, il le sait au fond de lui.

Alors c’est une certaine sérénité qu’il a besoin de retrouver auprès d’Ivar. Tout est toujours plus facile quand ils sont ensemble, ça fait taire le bruit de ses pensées qui ne grandit jamais autant que dans le silence dans lequel il s’enferme. Et puis, c’est important pour lui de montrer à Ivar qu’il fait des efforts, qu’il essaie d’être ce mec qu’il mérite vraiment, comme il le lui a promis quand il a été incarcéré. Garlan n’est pas un expert des relations amoureuses – Ivar est son premier mec et, souvent, il tente des trucs un peu maladroits pour lui montrer qu’il l’aime. Mais là, il est presque sûr de faire un sans-faute ; se pointer à la fin de son taf avec un truc à manger, c’est un mouv’ de vrai petit-ami, le genre de gars des comédies romantiques qu’Ivar regarde parfois.

Alors sa réponse ne le décourage pas et il insiste, en avançant vers l’hôpital :

“T’inquiète, ça me dérange pas. En plus, je suis garé pas loin, comme ça je te ramène et ça t’évite de te taper tout le chemin en métro.”
Ivar Haavik
Ivar HaavikInfirmier à Sainte-Mangouste
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Profil Académie Waverly
Poker face [Ivar & Garlan] Icon_minitimeDim 12 Mai 2024 - 21:30
Il y a bien un truc sur lequel le secret qu’ils s’imposent tous les deux vis à vis de leur relation arrange Ivar : c’est qu’ils ont pris l’habitude de se voir uniquement chez Garlan. Dès les premiers jours, il a prétendu vivre en colocation pour ne pas avoir à l’accueillir chez lui, parce que forcément, c’était plus simple et plus discret d’aller chez Garlan qui, lui, vivait seul. C’était surtout plus simple pour Ivar qui ne peut pas l’emmener dans le quartier sorcier de Londres où il habite.

Ça leur convenait bien comme ça, au début, ils ont construit leur petit cocon là où ils se retrouvaient, où Garlan est complètement à l’aise et sans crainte du regard des autres.

Oui mais.

Ivar sait que ça ne va pas tenir longtemps, cette situation. Ne jamais l’inviter chez lui va finir par paraître louche, surtout que leur relation a pris un autre tournant après son incarcération. Alors qu’elle aurait pu les éloigner, cette épreuve les a au contraire poussés à réaliser la force et l’importance de leurs sentiments. Garlan lui a même fait des promesses ; qu’il ferait mieux, qu’il se montrerait digne de cette seconde chance.

Cela signifie que leurs habitudes vont potentiellement changer et qu’Ivar ne peut pas se laisser surprendre s’il veut préserver son secret. Il doit anticiper, trouver une manière de régler cette question.

Mais pour le moment, il a trente secondes pour lui répondre avant de filer en réunion alors Ivar n'a pas le temps de débattre avec lui. Il écrit précipitamment.

« Ok alors attends moi au Gloucester Square, à l’entrée nord, ça sera plus sympa pour toi d’attendre là-bas. Je te rejoins au plus vite ♥ »  

Au moins, il évite le pire : que Garlan se pointe au bas de cet hôpital moldu sans le voir arriver. Et l’entrée de Gloucester Square n’est qu’à quinze minutes de marche de l’endroit où il sait qu’il peut transplaner en toute sécurité.

Ivar cache mal sa nervosité pendant les trente minutes qu’il lui reste avant la fin de sa journée, cherche ses mots dans ses échanges avec les infirmiers de l’équipe de nuit. Il ne traîne pas une seconde de plus à l’instant où la réunion se termine, salue ses collègues et prétexte un rendez-vous urgent pour se hâter dans les vestiaires. A huit heures cinquante, il est dans le hall de Sainte-Mangouste, près des Cheminettes, dans la zone réservée au transplanage. La seconde suivante, il atterrit sous le pont Westbourne, à proximité d’entrepôts qui font face aux chemins de fer derrière la gare Paddington, à l’abri des regards.

Ses grandes jambes le portent jusqu’au lieu de rendez-vous en un temps record : il est neuf heures quand il fait signe à Garlan, assis sur un banc près de l’entrée du jardin. Il arrive un peu essoufflé à sa hauteur :

« Salut ! Désolé, c’était long les transmissions avec l’équipe de nuit, aujourd’hui » ment t-il. « Je t’ai pas fait trop attendre ? T'es trop chou d'être venu. »

Il jette un oeil autour d’eux. Il y a un papy assis sur un autre banc en face. Une maman avec ses deux enfants près de la pelouse. Un homme qui promène son chien plus loin. Ivar contient son envie instinctive de serrer son petit ami dans ses bras et se contente de lui sourire. Comme ils ne peuvent pas vraiment être eux-mêmes, ici, il propose assez rapidement :

« On rentre ? J’ai rien mangé, je meurs de faim. »

Ivar garde un joli souvenir de la première fois que Garlan l’a emmené sur sa moto. Une sacrée histoire. Ils se fréquentaient depuis deux mois, à peu près. Simple plan cul, comme ils aimaient le penser -enfin, surtout Garlan. Ivar, lui, il sentait qu’ils avaient déjà autre chose. A une soirée d’anniversaire, il décide de provoquer le destin et titiller Garlan, juste pour voir comment il réagit à la possibilité qu'il puisse s'intéresser à d'autres mecs que lui, puisque après tout, ils ne sont ni exclusifs ni en couple, officiellement.

Il poste sur les réseaux sociaux une photo de lui, où il se tient très proche de son ami Michael -très hétéro et très heureux avec sa copine, mais ça, qu’est-ce que Garlan en sait ? Quelques minutes plus tard, il reçoit un message de sa part. « Ça se passe comment, ta soirée ? » Puis après quelques messages échangés entre eux : « Au fait, ça va aller pour rentrer ? Tu me dis si tu veux que je passe te chercher hein, va pas te mettre dans la galère. »

Ça l’a fait sourire, Ivar. Trop facile.

Le soir-même, Garlan est venu le chercher sur sa moto et Ivar se souvient de Londres qui défilait sous ses yeux, aussi belle et lumineuse que son amoureux secret.

Depuis, il aime toujours autant monter avec lui parce qu’il peut l’entourer de ses bras et se serrer contre lui sans que ça n’attire le moindre regard suspicieux. Blotti contre lui, Ivar s'apaise et sent son coup de stress redescendre. Pour cette fois, il l’a échappée belle.
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