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En souvenir du bon vieux temps... [Moreen & Gabriel]

Gabriel Forbes
Gabriel ForbesMoldu
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Profil Académie Waverly
En souvenir du bon vieux temps... [Moreen & Gabriel] Icon_minitimeDim 28 Avr 2024 - 10:47
Samedi  18 novembre 2023.

« Et du coup, à quelle heure prends-tu ton portoloin ? » demanda Jonah en débarrassant la table d’un coup de baguette. La vaisselle lévita jusqu’à l’évier ou Dean récurait déjà le plat à gratin, un torchon posé sur son épaule.
« 21h06. Avec le décalage horaire j’arrive à Brisbane à 6h du matin. » répondit Gabriel.

Adossé sur le plan de travail de la cuisine de l’appartement de fonction de Jonah et Thelma, Gaby ne boudait pas son plaisir et arborait un large sourire, les bras croisés sur son torse.
Il avait reçu un appel de la fédération nationale de Quidditch la veille au matin. Les vibrations de son Pear sur sa table de nuit l’avaient tiré du sommeil : Il était en vacances pour cause de trêve internationale due à la coupe du monde si bien qu’il était sorti tard et qu’il avait négligé d’éteindre son Pear avant de se coucher. Il avait bien failli refuser l’appel en grognant  mais le numéro étranger qui s’était affiché sur l’écran l’avait intrigué.

Ensommeillé, il avait répondu d’une voix enrouée avant de se redresser brusquement dans ses draps, parfaitement réveillé après avoir entendu  le médecin chef du staff médical de l’équipe d’Angleterre se présenter.

La sélection était arrivée en milieu de semaine en Australie avec un kinémage en moins. L’homme était souffrant et son état de santé nécessitait des examens complémentaires. Les résultats étaient tombés, sans appel : il souffrait de la dragoncelle et se trouvait en  ITT pour un mois, le temps de la coupe du monde, en somme.

Gabriel ne savait pas comment son nom était arrivé sur le tapis volant mais la fédé lui proposait le remplacement, au pied levé. Gaby n’avait même pas réfléchi une seconde, il avait sauté de son lit, enfilé un pantalon et un tee-shirt à la va vite tout en disant qu’il pouvait transplaner immédiatement au ministère pour s’occuper des démarches administratives et des accréditations.

Était-il disponible jusqu’au 24 décembre maximum ? Oui évidemment. Ses amis avec qui il avait prévu quelques jours de vacances à la montagne mi-décembre comprendraient. Sa mère qui avait programmé le Noël des Barclay-Forbes le 22 décembre aussi.

Avait-il tous ses vaccins à jours ? Bien sûr, tout à fait. Merlin bénisse ce voyage à Bali qu’il avait programmé avec Stella au printemps dernier et qu’ils avaient annulé suite à leur séparation.
Tout en conversant avec le médecin chef, Gaby avait parcouru l’appartement pour récupérer son diplôme d’état de kinémagie, son carnet de vaccination, sa pièce d’identité et sa baguette puis sans attendre  il avait rejoint par cheminette l’atrium du Ministère pour apporter tous les justificatifs au Département des jeux et sports magiques.

«  Est-ce que tu sais pourquoi ils t’ont contacté toi ? » demanda Casey tout en nettoyant les doigts chocolatés de Penny assise sur ses genoux.
Gabriel écarta les bras et répondit très modestement «  Le talent mec ! »
Un torchon s’échoua sur son profil avant qu’il n’ait le temps d’ajouter quoique ce soit d’autre.
« Le talent est attendu pour essuyer la vaisselle. » souffla Dean avec un sourire en coin.
Gaby retint un rire et se plia à la demande de son frère ainé avec un sortilège.
« Je suis indispensable dans cette famille. Que feriez-vous sans moi ? » fanfaronna-t-il pour la forme.
« Et… Tu comptes prévenir Virgil et lui dire que tu seras en Australie ? » demanda prudemment Jonah dans son dos.
Comme à chaque fois qu’il était question de Virgil, le silence se fit plus lourd dans la pièce. Gabriel croisa brièvement le regard de Dean  à côté de lui et il s’efforça de répondre avec naturel.
« Ouai, bien sûr ! » A vrai dire Gabriel avait déjà essayé de joindre son frère. Il l’avait appelé plusieurs fois et lui avait envoyé un message Pear que Virgil avait laissé en « vu ». «  Je ne sais pas si j’aurais vraiment du temps pour moi mais on va essayer de se capter. » finit-il par dire en se retournant pour sourire à son père. Jonah hocha la tête et s’assit sur le canapé à côté de Grace. Virgil était venu à Londres en septembre pour le travail et il n’avait pas jugé bon de rendre visite à son paternel… Gabriel l’avait à peine croisé. Virgil avait dormi à l’hôtel et il était reparti le lendemain.

Devinant le malaise qui venait de s’installer dans la pièce, Grace entoura le cou de son père de ses bras avant de se tourner vers son grand frère.

« Gab, est-ce que tu pourras me ramener une photo dédicacée d’Andrew Dubois ?  »
« Je croyais que tu le détestais depuis qu’il avait brisé le cœur d’Aimee Dawson ? »
«  Oui je le déteste toujours. Je vais tenter des incantations vaudous pour lui attirer le mauvais œil. » Répondit la fillette en arquant un sourcil. Ses frères rirent et Gab secoua la tête. Grace était parfaitement à sa place chez les Serpentard.
« Dans ce cas, attends la fin de la coupe du monde, Grassou ! Je te ferai passer la photo si Flaquemare joue le Barqa en coupe d’Europe. »
Les anglais n’allaient quand même pas se jeter un sortilège dans le pied avant même le début de la compétition.
«Le petit Dubois en équipe nationale. Tu ne peux pas savoir comme ça me fait plaisir à chaque fois que je le vois porter le maillot de l’Angleterre, souffla Jonah, Tu te souviens de son accident Thelma ? »
« Oui bien sûr. Quelle horreur. J’ai eue si peur ce jour là. »
« Quel accident ? » demanda Grace en relevant le menton de l’épaule de son père.
« Dubois a fait une grave chute au quidditch quand il était élève. Un cognard mal ensorcelé l’a percuté lors d’un arrêt de jeu. Il a bien failli y passer. Gaby était sur le terrain, c’était un match contre Serpentard… C’était ta première année dans l’équipe non ? »
« Ma première en tant que titulaire mais ma deuxième dans l’effectif. J’avais fait une année en tant que remplaçant sous le capitanat de Sandra. » Expliqua Gaby en rangeant les assiettes.
« Oh d’ailleurs ! Il faut que je te dise ! s’exclama Jonah. J’ai embauché une ancienne coéquipère à toi ! »
« Ah ouai ? Qui ça ? »
« Moreen Avner. »
« Mo’ Avner ? Gabriel se souvenait très bien de sa coéquipère. Ils avaient partagé leurs entrainements pendant un an – l’année où Gaby était un jeune poursuiveur remplaçant de  deuxième année et où Moreen Avner était une batteuse titulaire de l’équipe en septième année. Il se souvenait de son vol instinctif, de ses cognards liftées… et de sa bagarre avec Blair Williams lors d’un entrainement. Du haut de ses 12 ans, il était intervenu pour les séparer, Qu’est ce qu’elle enseigne ? le  vol ? »
« Oh non, elle n’enseigne pas. Elle est surveillante.»
« Ah ok. » Répondit Gabriel, un peu étonné. Les Serpentard étaient connus pour embrasser des carrières plus pointues.
« Elle est trop cool. Et trop drôle. Des fois elle insulte les gars, elle les pourrit trop. J’adore. Elle leurs met des petites claques derrière la tête pour les calmer.»
Jonah fronça les sourcils. Il n’était visiblement pas complètement au courant des méthodes peu conventionnelles de son assistante d’éducation.
« Et elle bosse aujourd’hui ?s’enquit Gabriel, franchement ça me ferait plaisir de la voir et de savoir si elle a des nouvelles des anciens de l’équipe… »
« Oui, elle doit être dans la salle des arts ! Elle traine souvent par là-bas. »
« Elle surveille. »
« Oui, si tu veux. Elle surveille. » Répéta Grace en arborant une expression qui laissait sous entendre le contraire. «  Tu te souviens où est la salle ou tu veux que je t’accompagne ? »
« Non je crois que c’est bon, répondit Gabriel en s’approchant de la porte, Je n’en n’ais pas pour longtemps, je vais juste lui faire un petit coucou. »

Gabriel quitta l’appartement privé de son père et tourna à gauche pour rejoindre les grands escaliers. A bien y réfléchir, il aurait peut-être dû demander à Grace de l’accompagner. Il n’avait pas remis les pieds dans les couloirs du château depuis près de sept ans et il n’était plus très sûr du chemin à suivre. Il croisa quelques élèves – un préfet les bras chargés de livres et de parchemins et un peu plus loin un garçon aux cheveux bicolores – avant de déboucher à l’angle d’un couloir. Il lui semblait que la salle des arts n’étaient pas très loin. Il s’aventura dans le corridor et avisa une silhouette tout au bout. Pas de doute possible, il s’agissait bien de Moreen Avner. En toute honnêteté elle n’avait pas changé et elle était toujours semblable à l’adolescente de ses souvenirs. Gabriel afficha un sourire et esquissa un geste de la main avant de marcher à sa rencontre…
Moreen Avner
Moreen AvnerPrête à casser tes couilles
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Profil Académie Waverly
En souvenir du bon vieux temps... [Moreen & Gabriel] Icon_minitimeDim 28 Avr 2024 - 23:15
Quand Moreen aperçoit Gabriel dans le couloir qu’elle est en train de traverser, elle ne le reconnaît pas immédiatement. Ce qu’elle voit d’abord c’est un grand type vraiment mignon qui arbore un grand sourire, des petites bouclettes noires parfaites, bien propre, bien habillé. Elle se demande mais c’est qui, ce gars ? un peu gênée de le trouver charmant mais moins qu’à une époque. Et puis elle comprend que le gars mignon en question fonce sur elle, dégaine son beau sourire pour elle, et que c’est Gabriel Forbes.

Instantanément une alarme se met à rugir sous son crâne et Moreen pivote sur ses talons dans l’intention de faire demi-tour. Marcher très vite en sens inverse. Malheureusement pour elle, Gabriel Forbes est à priori doué d’une grande acuité (elle s’en souvient très bien, sur le terrain, de cette acuité,) parce qu’il l’appelle par son prénom. Elle ne peut plus vraiment faire semblant de ne pas l’avoir vu, du coup. Ni vu, ni entendu. Ce qui devait être un 180 se transforme en 360 degrés. Moreen fait tout simplement un tour sur elle-même, se sent instantanément ridicule et se retrouve face à Gabriel au moment précis où celui-ci s’immobilise à un mètre d’elle.

Sur le visage, Moreen a une grimace qui pourrait faire croire qu’elle vient de se mettre du citron dans les yeux.

– Heeeeeeeeeeeeeeeeeyyyyyyyyyyyyyyy Gabriel Forbes ! 

Elle tend la main devant-elle. Dans sa tête, des flash des gamins se moquant d’Elio Davies.

– Complètement dingue que tu sois là !

Elle ponctue sa remarque d’un ha-ha-ha aussi naturel qu’une illustration générée par midjourney et dévie sa main avant qu’il n’ait eu le temps de ne pas la prendre. Elle l’a passe dans ses cheveux avant de se souvenir qu’elle s’est fait une queue de cheval. bah nickel, 10/10 en interaction social comme d’hab se dit-elle en tentant d’assouplir la vieille bouche tordue qui lui sert de sourire.

Et puis, c’est complètement stupide de sa part : il n’y a rien d’anormal à croiser Gabriel Forbes dans les couloirs d’un établissement dans lequel son père habite littéralement, tout comme le reste de sa famille, excepté Virgil.

Ho, putain, Virgil ! Vient-il lui demander des nouvelles de Virgil ? Vient-il lui dire que son père le vire ?  c’est dingue ce qu’il est devenu canon pense Moreen.

–Heu, t’as bien grandit, sinon, tente-t-elle encore.

Cette phrase sonne exactement comme si elle avait été prononcée par un vieux pervers et Moreen pâlit un peu, son sourire vacille. Elle ne peut même pas nier avoir voulu dire autre chose que ce que cette remarque sous entend. Elle est traversée d’un savant mélange de honte, de culpabilité, et d’envie de mourir.

Et tout ça, c’est sans penser encore à toutes les relations qu’entretiens Gabriel avec le milieu du quidditch, et dont Moreen est parfaitement au courant.

Il y a un nom qu’elle a soigneusement évité de prononcer dans sa tête.


   
Comme si j'y croyais // j'ai pris ce train pour ailleurs et pour demain // J'ai embrassé 2, 3 filles quelques garçons puis, je leur ai dit non // Je vais là où le vent me porte, je fais toujours en quelque sorte // Le grand voyage
Gabriel Forbes
Gabriel ForbesMoldu
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Profil Académie Waverly
En souvenir du bon vieux temps... [Moreen & Gabriel] Icon_minitimeMar 30 Avr 2024 - 16:48
Gabriel reconnut immédiatement la silhouette de son ancienne coéquipière mais au vu du brusque changement de trajectoire de cette dernière, l'inverse ne sembla pas être le cas. Ils ne s'étaient pas croisés depuis plus de dix ans, quoi de plus normal, songea Gabriel avant de l'interpeller à voix haute "Moreen !"

Elle effectua alors une drôle de volte et se retrouva de nouveau face à lui, visiblement contrainte de l’accueillir. De toute évidence elle aurait préféré l'éviter constata Gaby, un peu trop tard, en arrivant tout près d'elle : Moreen arborait un sourire tordu quand elle le salua par son prénom -elle l'avait donc bel et bien reconnu- et elle lui tendit la main en guise de bonjour bien conventionnel.

Gabriel fit mine de ne pas percevoir le malaise qui venait de s'installer et lui décrocha un large sourire en saisissant sa paume, comme si toute cette situation n'était pas complètement bizarre. Il ne tenait pas à la mettre mal à l'aise, mais pour des raisons inconnues, tout portait à croire que son arrivée impromptue la dérangeait sérieusement.

"Complètement dingue que tu sois là ! Ah ! Ah ! Ah !"

Soucieux de ne pas ajouter du malaise au malaise, Gabriel ne précisa pas qu'il passait très régulièrement au château depuis huit ans maintenantpour rendre visite à Jonah. Le plus dingue c'était bien le fait que Moreen y travaille comme surveillante depuis la rentrée...

"Mon père vient de me dire que tu bossais ici et je me suis dit que j'allais venir prendre de tes nouvelles, dit-il en glissant les mains au fond de ses poches. Il n'était toutefois pas très sûr que Moreen ait envie de lui en donner puisqu'elle préféra souligner qu'il avait bien grandi alors qu'elle n'avait pas manqué de l'identifier au premier coup d'oeil.

La remarque lui tira toutefois un bref rire.

"Ouai heureusement ! La dernière fois qu'on s'est vu je devais avoir quoi...
Il réfléchit un instant, 12, 13 ans."

Moreen était de la génération de Virgil, ils avaient cinq ans de différence.  Lorsqu' il avait croisé son chemin alors qu'il n'était qu'un microbe en deuxième année, elle était déjà une jeune femme de 17 ans. Elle n'avait pas vraiment changé d'ailleurs : même silhouette longiligne, même cheveux bruns, même yeux noirs... En uniforme on aurait presque pu la prendre pour une élève !

Gabriel se souvenait qu'il la trouvait impressionnante à l'époque. Elle était grande-dans tous les sens du terme- et même s'ils ne se parlaient pas en dehors des entraînements, elle avait toujours été assez cool avec lui sur le terrain où dans les vestiaires.  Avec ses yeux d'enfant Gaby s'était dit qu'elle avait un coup à jouer dans le quidditch professionnel mais elle avait visiblement préféré s'orienter dans un autre cursus : assistant d'éducation, une sorte de préfet en chef dispensé de cours. Du moins, c'est ce qu’il avait compris.

Il aurait bien aimé en savoir davantage sur ce fameux job mais il gardait en tête tous les signaux étranges que Moreen venait de lui envoyer. Pour une raison qui lui échappait, elle ne semblait pas ravie de le voir. Peut-être avait il été vraiment très chiant du temps de Poudlard ?
Il se rappelait d'une fois où il avait joué au chat dans les vestiaires -au chat putain- et il avait percuté Moreen bien violemment en voulant esquiver Donovan. Elle avait fait tomber son Pear sur le carrelage humide. Sandra la capitaine avait disputé les deux gamins en leurs disant qu'ils n'étaient pas dans une cours d'école. Gaby s'était excusé platement. Peut-être que Mo' lui en voulait encore d'avoir été ce gamin un peu -voir très- relou ?

Il décida donc de lui offrir une porte de sortie, une échappatoire, qu'elle pourrait saisir pour s'éclipser poliment de cette situation qu’elle semblait subir :

"Je te dérange en plein boulot, tu es sûrement bien occupée, dit il en regardant autour de lui. Le couloir était désert, il n'y avait pas âme qui vive dans cette partie du château en ce samedi après midi. Hum.  Je dirais à Blair que je t'ais vue, ça lui fera plaisir d’avoir de tes news. »


Blair et Gabriel était devenus proches après Poudlard. Ils s'étaient retrouvés aux Epouvantards de Leopoldgrad et ils se voyaient encore très régulièrement depuis. Gaby avait même passé quelques jours de vacances sur l'île de Soren cet été avec Blair et Son-ji, sa compagne. Il était invité au mariage du couple prévu au printemps prochain.  Blair lui avait réservé une place à la table des mariées composée essentiellement «  des amis du quidditch » comme disait-elle.

Une table où  Moreen Avner aurait tout à fait pu avoir sa place…


En souvenir du bon vieux temps... [Moreen & Gabriel] T70m
Moreen Avner
Moreen AvnerPrête à casser tes couilles
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Profil Académie Waverly
En souvenir du bon vieux temps... [Moreen & Gabriel] Icon_minitimeLun 13 Mai 2024 - 22:22
Le souvenir qu’a Moreen de Gabriel Forbes est celui d’un gentil môme assez bienveillant, insouciant et plutôt doux. Un espèce de miroir étonnant de son frère aîné occupé à se niquer le cerveau à la mandragore, entouré de sbires stupides du genre de Damon. Ce souvenir colle parfaitement au comportement de l’homme qu’elle a devant elle. De gentil môme, il a l’air de s’être métamorphosé en golden boy bienveillant. Il a toujours l’air doux, et une putain de fossette ? quand il sourit. Et il sourit beaucoup.

Ce qui étonne tout de même Moreen, méfiante comme elle est, c’est de ne percevoir absolument aucune note de moquerie dans la voix de Gabriel lorsqu’il lui explique pourquoi il se trouve là, face à elle. Aucun jugement. Même pas une petite question sous jacente qui sous-entendrait qu’elle a un peu raté le coche de sa vie. Une remarque sobre, sincère, qui ne laisse aucun indice sur ce qu’il pense de cette situation. Moreen sent pourtant son coeur battre plus vite, plus fort. Une vague nausée escalade ses côtes et se met à rôder dans sa poitrine. Elle force son sourire déclinant à reprendre une forme convenable alors que Gabriel répond, et extirpe un nouveau rire malade de ses poumons compressés.

– Ouais, c’est dingue, c’est… C’est dingue, répète-t-elle bêtement.

Toutes les fois où elle a envisagé le scénario nul dans lequel elle - Moreen Avner, 29 ans, zéro acquis, zéro rêve, zéro passion - tombe face à face avec quelqu’un de l’école, elle s’est préparé aux mêmes sarcasmes, aux mêmes moqueries qu’elle a essuyé toute sa scolarité. Du coup, ça la déstabilise encore plus de constater que Gabriel cherche à la mettre à l’aise. Lui vient à l’esprit qu’il ne sait peut-être pas. Que, trop petit pour avoir eu conscience du genre de dynamique de sa promotion, il ne voit en elle rien de plus qu’une grande à qui il a eu affaire dans des circonstances où Moreen pouvait brillait. La seule, même. Elle se sent un peu bête, tout à coup, mais aussi plus calme. Toujours sur ses gardes, cependant, et elle fait bien :

– Je te dérange en plein boulot, tu es sûrement bien occupée…
– Nan, nan… commence-t-elle à dire en secouant la tête, dans le but de se racheter de sa piètre introduction.
– Hum, poursuit Gabriel, je dirais à Blair que je t'ais vue, ça lui fera plaisir d’avoir de tes news.

D’un seul drain le sang quitte le visage de Moreen. Son souffle se coupe. Ses poings se serrent. Sa mâchoire se contracte et une aiguille effilée vient percer son coeur, juste à l’endroit le plus mou.

En deux mots, Gabriel lui a rappelé qu’il est kinémage, qu’il travaille pour les meilleurs équipes, et qu’il a sans aucun doute massé les cuisses de Blair. Elle est tenté de lui en vouloir à mort. Et puis elle se souvient qu’il n’est pour rien dans le fait que Blair et elle ne se parlent plus. Qu’il est encore moins responsable du fait qu’elle ait raté sa chance de faire carrière. Qu’au contraire, il s’est abstenu de lui poser des questions. Et que bizarrement, il a l’air de vouloir lui parler pour elle-même ; ni pour Virgil, ni parce qu’elle est un sujet d’amusement. Juste parce que, peut-être, il la trouve sympa

Sois cool avec lui, Moreen. Sois. Cool. pense-t-elle très fort.

– Lui dit pas.

Mais t’es conne ou quoi ???

– Attends, non, en fait c’est juste… Ok.

Elle ne veut pas que Gabriel parte tout de suite, là-dessus, ce serait trop bête. En même temps, elle ne sait pas si lui parler risque de réouvrir des plaies qui ne sont pas guéries du tout. En même temps, il est gentil. En même temps, il a une fossette, et il n’a pas l’air de la trouver nulle, ni de faire exprès de jeter des missiles sans préavis.

– Je connais ta vie.

Dans sa tête, ça ne sonnait pas du tout pareil. Elle lève les mains devant elle, paumes ouvertes, comme pour prier Gabriel de lui laisser une nouvelle chance :

– Je viens de dire un truc ultra gênant je pensais pas que ça allait sortir comme ça, désolée. Tu veux pas qu’on heu genre se pose quelque part, et je t’explique pourquoi je sais pas trop si Blair serait super heureuse d’avoir de mes nouvelles et pourquoi j’ai sorti un truc aussi cringe alors que je voulais juste expliquer que c’est chelou parce que… T’as le temps pour un verre ?

Moreen ne se demande absolument pas pourquoi elle n’a aucun ami.


   
Comme si j'y croyais // j'ai pris ce train pour ailleurs et pour demain // J'ai embrassé 2, 3 filles quelques garçons puis, je leur ai dit non // Je vais là où le vent me porte, je fais toujours en quelque sorte // Le grand voyage
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