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Every step is like walking on the tightrope [Maeva & Charleen]

Charleen White
Charleen WhiteProfesseure de danse
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Every step is like walking on the tightrope [Maeva & Charleen] Icon_minitimeLun 4 Mar 2024 - 4:33
4 septembre 2023

Brune, peau hâlée, yeux bruns en amande, grains de beauté sur les joues, cheveux longs. Si Charleen avait dû décrire son type de femmes, Maeva Virtanen en aurait été la parfaite illustration. Une peau parfaite qui n’a même pas besoin de maquillage, d’ailleurs elle en porte à peine, juste un peu de fard pour intensifier son regard et une couleur nude sur ses lèvres, à peine rosée. Elle a cette allure pleine d’élégance de femme de la City sorcière, toujours une belle chemise, un pantalon à pince qui dégage ses fines chevilles, des talons aux pieds et des lunettes de soleil sur le nez. L'image même de la femme d'affaires que Charleen déteste par principe mais qu'elle ne peut pas s'empêcher de trouver indécemment sexy. C’est sûr qu’elle sent le linge frais et les notes ambrées de ces parfums hors de prix que Charleen a déjà subtilisé sur des étals, en toute discrétion. Le genre de canon de beauté qui plaît aux hommes comme aux femmes. Elle est forcément hétéro, songe t-elle avec une pointe de regret, assise sur sa chaise, le regard rêveur.

Dommage, l’inverse aurait rendu sa mission plus facile.

Charleen prête attention aux astres. Son horoscope qui lui promettait ce matin une rencontre décisive lui donne les ailes de tenter ce qu’elle prépare depuis plusieurs semaines. Elle quitte la terrasse de café qu’elle occupe depuis une demi-heure. Il est presque midi, c’est l’heure à laquelle Virtanen va chercher son déjeuner, très souvent dans cette grande place commerçante, à dix minutes à pieds de Laveau & Wells. Aujourd’hui, elle porte son choix sur un petit restaurant de bagels.

L’air de rien, Charleen la suit et se glisse juste derrière elle, dans la queue devant les caisses et fait mine d’observer attentivement la carte. Au moment qu’elle juge opportun, elle se penche légèrement vers Maeva pour attirer son attention, en affichant un sourire avenant sur ses lèvres.

« Excusez-moi… Est-ce que vous avez l’habitude de venir ici ? » C’est le cas et Charleen le sait très bien. « Parce que j’hésite sur quoi prendre, je me demandais si vous aviez une ou deux recommandations. » Une blague pour créer la connivence, maintenant. « Non parce que le bagel au roquefort me tente bien mais j’ai peur que ça me donne une haleine de l’enfer toute l’après-midi ! »
Maeva Virtanen
Maeva VirtanenArchimage urbaniste
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Every step is like walking on the tightrope [Maeva & Charleen] Icon_minitimeLun 4 Mar 2024 - 6:52
« Et là, ils m’ont demandé un étage supplémentaire.
-Un étage ?
-Un étage, confirme Maeva en soupirant.
-Ah oui, exactement ce pourquoi ils t’avaient sollicité au début, quoi » ironise Zi Yan.

Maeva est rentrée une demi-heure plus tôt d’un rendez-vous avec des clients pour qui elle réalise l’extension de leur maison. Cela fait déjà deux mois qu’elle est sur ce projet qui n’avance pas car le couple change d’avis toutes les semaines. Au lieu de créer une extension simple, ils lui ont finalement demander de penser à une surélévation de leur maison pour ajouter un étage et réfléchissent même à construire une cave.

« Voilà. Et une cave, éventuellement.
-Oh non, c’est super chiant de construire une cave sous de l’existant… grimace Zi Yan.
-Je sais… Mais c’est même pas le pire.
-Dis-moi ?
-Ils ont pas aimé le parquet en liège.
-Oh non ! sa collègue a un rire au-dessus de sa tasse de thé. Pas le sol en liège !
-Si ! Ils veulent du carrelage en imitation parquet.
-Parce que c’est plus facile à nettoyer ? suppose Zi Yan.
-Parce que c’est plus facile à nettoyer. Alors que le liège se nettoie à l’eau aussi ! » insiste Maeva. C’est sa nouvelle passion, elle essaie de la vendre à tous ses clients. « Donc je me retrouve à faire une cave, une surélévation et à faire poser du carrelage imitation bois.
-Quel drame.
-Merci, soupire-t-elle dramatiquement.
-Faut voir le bon côté des choses, lance sa collègue, au moins ça te sort un peu la tête des cellules… Et puis, tu peux toujours proposer ton sol en liège au ministère !
-J’y ai pensé, répond Maeva avec une mine faussement sérieuse. Mais avec l’humidité, tout ça… »

Zi Yan a un rire et se dirige vers l’évier pour laver sa tasse désormais vide.

« T’as déjeuné déjà ? demande Maeva en s’étirant.
-Vite-fait, un sandwich. J’ai une réunion dans… » Elle consulte sa montre. « Dix minutes avec la commission de sécurité pour la rénovation de l’école de Godric’s Hollow.
-Tu veux je te ramène un truc pour quand tu reviens ? propose-t-elle.
-Non, t’inquiète, au pire je m’arrêterai sur le retour. »

Maeva se lève et fouille dans son sac pour trouver quelques pièces qu’elle glisse dans la poche de son pantalon. Elle récupère son Pear, prend ses lunettes de soleil et quitte l’agence pour gagner les rues agitées de Leopoldgrad. A cette heure-ci, les employés se pressent dans les restaurants, les supermarchés et devant les foodtrucks pour trouver de quoi se sustenter rapidement. Dans cette ville, tout va toujours très vite. Il y a une sorte d’effervescence perpétuelle qui est aussi stimulante qu’épuisante. Maeva a pris l’habitude ; elle marche vite sur le trottoir avec le pas de celle qui sait exactement où elle va. Elle fait ce trajet tous les jours pour rejoindre la grande place commerçante qui offre un large choix de stands où se restaurer. Elle hésite brièvement entre un bagel et une salade et finit par opter pour le premier ; la file d’attente est plus longue mais leur cream cheese est délicieuse et son ventre gargouille trop pour se contenter de quelques feuilles de laitue.

Maeva s’avance dans la file et regarde distraitement la carte qu’elle connaît déjà sur le bout des doigts. Elle a goûté presque l’intégralité de la carte depuis qu’elle travaille à Laveau & Wells. Elle fait mine d’hésiter – au fond, elle sait déjà qu’elle va prendre celui au chèvre chaud, noix et moutarde au miel – lorsqu’une voix la tire de ses pensées.

Elle se retourne et son regard croise celui d’une jeune femme un peu plus grande qu’elle, au visage lumineux qui lui adresse un sourire auquel Maeva répond par réflexe. Elle a des cheveux qui bouclent tout autour de sa tête, les lèvres rouges et une chemise qui respire l’été.

Son commentaire la fait rire et l’incite à répondre sur le même ton :

« Ecoutez, si vous n’avez pas peur d’un fromage qu’on laisse littéralement moisir pour le consommer… » Les Français se vantent beaucoup de leur gastronomie mais ils flirtent dangereusement avec les problèmes sanitaires. « Tout est très bon, reprend-elle plus sérieusement avec un vague regard pour la carte affichée. Le chèvre-miel est mon préféré mais celui au thon épicé est une valeur sûre aussi. »



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Charleen White
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Every step is like walking on the tightrope [Maeva & Charleen] Icon_minitimeMar 5 Mar 2024 - 5:11
La sortie de Maeva sur le roquefort tire un rire à Charleen et une expression faussement outrée. Elle reste dans le registre de l’humour, désireuse de créer du lien avec elle :

« Oh wow, comment détruire mes rêves en une phrase ! Moi j’étais plutôt dans l’idée de la finesse de la gastronomie française, tout ça… Mais maintenant qu’on a rappelé que c’est du fromage moisi, bizarrement ça me fait moins envie. » La jeune femme lui propose deux autres options sous le regard intéressé de Charleen, tourné vers le menu. « Vous avez l’air d’être une femme de goût alors je vais me laisser tenter par le chèvre miel. Au moins c’est pas du fromage moisi… Enfin, je crois ? C’est français aussi, non ? » pouffe t-elle.

Puisque la conversation est engagée et que c'est facile de continuer sur le même sujet, Charleen renchérit :

« À quel point ça pèse dans l’estomac, leurs bagels ? Parce que leurs muffins ont l’air super bons aussi… » Investie de cette aisance qu’elle avait à socialiser avec des inconnus, Charleen en profite pour glisser subtilement une information sur elle : « Mais comme je donne un cours de danse cet après-midi, j’aimerais être capable de lever mes jambes et pas juste rouler par terre, quoi. »
Maeva Virtanen
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Every step is like walking on the tightrope [Maeva & Charleen] Icon_minitimeMar 5 Mar 2024 - 21:26
Le rire de l’inconnue fait rire Maeva en écho et elle tourne son regard vers elle. Elle a le visage lumineux et les pommettes réhaussées par son sourire.  

« C’est français aussi, approuve-t-elle en avançant de quelques pas dans la file d’attente. Mais je crois que les Français ont 50% de goût dans la gastronomie. D’un côté le roquefort et la bouillabaisse, de l’autre côté le chèvre et les croissants. »

A quelques mètres, un homme lui jette un regard en coin ; s’il est français, il doit probablement s’étouffer dans son ego.

Amusée, Maeva se laisse facilement prendre au jeu de cette conversation qu’elle pense complètement fortuite et impromptue.

« Ils pèsent. » confirme-t-elle d’un ton grave. « Mais ils ne pèsent pas autant que leurs muffins. » Celui avec le cœur au caramel est indécent et responsable de la moitié des diabètes de la ville. L’information négligemment lancée a attiré son attention et elle rebondit dessus : « Vous donnez des cours de danse sur Leopoldgrad ? »



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Charleen White
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Every step is like walking on the tightrope [Maeva & Charleen] Icon_minitimeMar 5 Mar 2024 - 22:12
Non seulement elle est canon, mais en plus elle est drôle, songe Charleen, presque à regrets. Dans d’autres circonstances, elle aurait juste pris plaisir à bavarder avec elle -et peut-être plus si affinités- sans arrière-pensée, sans la pression de devoir se montrer vigilante. Sans l’intention -dont elle n’est pas fière- de la manipuler.

C’est presque terrifiant de constater comme elle sait bien jouer un rôle.

« Ok, on va s’en tenir à ce résumé, ça me paraît être très sérieux comme point de vue, probablement étayé par des tas d’études » la taquine t-elle, l’air de rien.

Exactement comme elle l’espère, Maeva rebondit sur sa remarque sur ses cours de danse, lui offrant ainsi l’occasion idéale de poursuivre un peu le contact avec elle, le temps qu’elles passent dans cette longue queue. Même si tout peut arriver, Charleen n’espère pas forcément parler deux heures avec elle. Simplement marquer suffisamment son esprit pour tenter une autre approche plus tard, dans une autre rencontre qu’elle aura pris soin de faire paraître comme purement fortuite.

« Oui, au LPG Pole Art, c’est pas loin d’ici, juste en face de la bibliothèque municipale, vous voyez ? On est entre une pâtisserie et un kebab, parce que c’est important d’aller se réconforter avec du gras juste après une bonne séance de sport » affirme t-elle d’un ton docte. « Je fais ça avec une amie, on donne des cours de hip-hop et d’afro dance » explique t-elle avant d’offrir une oeillade malicieuse à Maeva. « Déjà essayé ? »
Maeva Virtanen
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Every step is like walking on the tightrope [Maeva & Charleen] Icon_minitimeMar 5 Mar 2024 - 23:04
« Bien entendu, approuve Maeva avec un rire, des études empiriques, même. »

Elle a déjà goûté de la bouillabaisse lors d’une précédente escapade dans le sud de la France. C’est un plat au poisson, avec du poisson et un supplément poisson mixé. Pas exactement sa tasse de thé. Les muffins exposés dans la vitrine lui semblent bien plus attirants (même s’ils ne valent pas ceux d’Eden.) Celui au caramel lui fait de l’œil ; contrairement à l’inconnue qui attend à ses côtés, Maeva n’a pas un emploi qui l’oblige à être physiquement active. D’ailleurs, elle va probablement passer son après-midi penchée sur son bureau, les yeux rivés sur un plan holographique. Son estomac peut bien peser une tonne.

« Jamais » avoue-t-elle lorsque la jeune femme lui demande si elle a déjà assisté à un cours de hip-hop ou d’afro-dance. Elle a une pratique sportive plus ou moins régulière. Un peu plus, maintenant que Laveau & Wells a réservé deux créneaux par semaine au stade de Leopoldgrad pour ses employés. Maeva y joue au Quidditch avec ses collègues – le mardi midi et le jeudi soir, quand elle ne finit pas trop tard. Elle vole parfois le weekend – jamais avec Lou, car cela impliquerait qu’elle voit le soleil. Parfois, elle accompagne Nelly a un cours de Pilates mais elle trouve ça mortellement chiant. « Mais oui, je vois très bien le LPG Pole Art, je passe devant tous les matins. Je bosse pas très loin, explique-t-elle en désignant une direction avec sa main. « Dans la City. Ce qui n’implique pas de devoir lever mes jambes cet après-midi… » glisse-t-elle juste avant qu’un homme ne se penche vers elle pour prendre sa commande. « Bonjour, je vais prendre un bagel chèvre-miel et un muffin caramel-chocolat, s’il-vous-plaît. »


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Charleen White
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Every step is like walking on the tightrope [Maeva & Charleen] Icon_minitimeMer 6 Mar 2024 - 6:59
« Oooh, vous bossez où ? » demande Charleen, comme si elle ne le sait pas déjà.

Et ce n’est d’ailleurs pas un détail parmi d’autres, c’est plutôt précisément la raison pour laquelle elle s’intéresse à elle. Sans rien en montrer, Charleen garde un air avenant et détaché pendant que Maeva lui répond :

« Dans une agence d’archimagie.
- Un beau métier, ça » commente t-elle.

Avant que Maeva ne puisse ajouter autre chose, elles sont interrompues par le vendeur qui demande sa commande. Cette coupure signe la fin de leur conversation et les deux femmes se saluent avec un sourire.

***

19 septembre 2023

Tout aurait pu s’arrêter là si Charleen n’avait pas volontairement provoqué des situations pour retrouver Maeva. Ce n’était pas très compliqué : elles travaillent toutes les deux dans des quartiers proches. Il n’y a rien de louche à ce qu’elles se trouvent sur cette grande place commerçante, à l’heure du déjeuner. Après cette première rencontre, Charleen se met à adresser des petits signes de la main et des sourires à Maeva quand elle la croise, parfois elle lui adresse un « bonne journée », sans aller plus loin. Puis Maeva commence à faire de même. Les « bonne journée » deviennent des « comment ça va ? ». Le vouvoiement de politesse devient un tutoiement une fois qu'elles ont partagé quelques brèves conversations. Puis un beau jour, après une plaisanterie sur le fait qu’elle a finalement testé le bagel au roquefort sans grand succès, Charleen ose faire une proposition :

« Au fait, je me disais, si t’as un peu de temps aujourd’hui… Ça te dit qu’on déjeune ensemble ? »

Charleen préférerait que son coeur qui bat dans sa poitrine soit le signe d’un crush naissant, plutôt que celui de la nervosité provoquée par son double jeu.
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Every step is like walking on the tightrope [Maeva & Charleen] Icon_minitimeMer 6 Mar 2024 - 9:16
Cela fait une dizaine de jours que Maeva croise Charleen sur la place commerçante où elle se rend tous les midis pour acheter son déjeuner. Elles se voient parfois de loin et s’adressent un signe de la main ou un sourire. Elles se saluent d’une phrase ou patientent ensemble le temps que leurs commandes soient prêtes. Charleen a été la première à initier leurs contacts mais, au fil des jours qui passent et des rencontres qui se multiplient, Maeva y a pris goût. Maintenant, son regard fouille machinalement la foule à la recherche de sa silhouette et un sourire s’installe rapidement sur ses lèvres lorsqu’elle la trouve. Elle apprécie leurs échanges et ces petits moments hors du temps qu’elles passent ensemble ; cela lui fait comme l’effet d’une brève pause au milieu de ses journées effrénées.

Une pause qu’elle aimerait bien prolonger un peu, si cela peut lui permettre de croiser un peu plus longuement le regard pétillant de Charleen.

Maeva n’est pas difficile à convaincre, même si elle sait déjà qu’elle ne pourra pas s’éterniser ; elle a une réunion dans moins d’une heure avec la mairie de Leopoldgrad pour un projet de piscine municipale qui a été voté par les élus pendant l’été.

« Oui, carrément, répond Maeva avec un sourire chaleureux. J’ai pas beaucoup de temps mais… Avec plaisir. »

Elles se dirigent vers les tables dressées sur la place, qui permettent à tous les passants d’avoir un endroit pour manger. Les groupes s’y retrouvent souvent, chaque membre attablé devant un repas différent. Des sushis du Wakame Sushi Bar, des pizzas de chez Alfredo, des burgers de chez Dumbo… Maeva a pris un plateau de sushis qu’elle dépose sur la table en bois pendant que Charleen s’installe face à elle, devant bo-bun au poulet qui dégage un délicieux fumet.

« Je vois que t’as laissé tomber le fromage français, relève Maeva avec un sourire en coin. C’est parce que tes élèves t’ont fait des réflexions après ? »



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Charleen White
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Every step is like walking on the tightrope [Maeva & Charleen] Icon_minitimeJeu 7 Mar 2024 - 5:55
Loin de dénouer la nervosité au creux de son estomac, le sourire avenant de Maeva appuie un peu plus dessus. Elle ne se doute de rien, réalise Charleen en la suivant vers la table. Et maintenant, les choses sérieuses vont commencer. Il ne s’agit plus de faire coucou et échanger deux ou trois mots en passant. Elle profite d’être dans le dos de l’archimage pour inspirer un grand coup, dans l’espoir de retrouver son calme et mettre un couvercle sur sa culpabilité.

Elle n’est pas très fière de ce qu’elle fait mais elle n’a pas le choix.

Un grand sourire revient sur son visage.

« Alors si tu fais référence à l’haleine de chacal que ça laisse, j’ai épargné ça à mes élèves, vu qu’ils voient surtout mon dos pendant mes cours. Par contre, oh la la, j’ai du serrer les fesses, on parle pas assez des gaz que ça fait, ce fromage de la mort ! »

Voyant la réaction de Maeva, Charleen se reprend en pouffant de rire :

« Pardon, j’ai aucun filtre, on se connaît à peine et je te parle déjà de mon transit intestinal… N'hésite pas à fuir si je suis trop chelou, tu peux prétexter une réunion hyper urgente, je le prendrai pas mal. »
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Every step is like walking on the tightrope [Maeva & Charleen] Icon_minitimeJeu 7 Mar 2024 - 6:49
Maeva ne décèle rien de la nervosité de Charleen. Elle se retrouve face à son grand sourire et lui sourit en retour en détachant ses baguettes l’une de l’autre au-dessus de son plateau de sushis. Elle lance la conversation sur un sujet assez neutre, qui ne les engage pas trop – après tout, elles ne connaissent de l’autre que le contenu de ses commandes le midi.

Il suffit d’une phrase de la part de Charleen pour que cette conversation prenne une toute autre dimension.  

Déstabilisée, Maeva ne répond pas tout de suite. Son regard passe de son repas au visage de la femme qui lui fait face et un rire finit par la gagner. Maeva a l’habitude des discussions convenues, surtout lorsqu’elle est plongée dans ses journées à l’agence. Les réunions s’enchaînent et lui font adopter un ton polissé et un sourire de façade ; cette brusque rupture avec son quotidien est assez agréable. Et puis, cela traduit une assurance chez Charleen qui lui plaît bien ; elle a l’air de se ficher du regard des autres et des conventions.

Alors en riant, Maeva répond :

« J’ai même pas besoin de prétexter quoique ce soit, j’ai déjà une réunion méga chiante en début d’après-midi… Crois-moi, glisse-t-elle avec un regard entendu, je préfère encore parler de ton transit intestinal. » (Plutôt que de voir son projet pour la piscine de la ville se faire détruire par la mairie parce qu’ils vont vouloir mettre du carrelage blanc au sol et sur les murs.) « Mais oui, c’est l’enfer, je sais. J’ai essayé de te prévenir en te parlant du moisi, pourtant… » souligne-t-elle en saisissant un sushi entre ses baguettes. Curieuse, elle demande : « Tu donnes des cours qu’à Leopoldgrad ou tu bosses aussi ailleurs ? »



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Charleen White
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Every step is like walking on the tightrope [Maeva & Charleen] Icon_minitimeJeu 7 Mar 2024 - 9:03
La règle qui veut que les blagues beaufs ne soient que le terrain des hommes, Charleen l’a brisée depuis longtemps et elle en fait spontanément la démonstration devant Maeva qui -heureusement pour elle- le prend sous l’angle de l’humour. Comme quoi, on peut être une femme de la City sorcière sans trop se prendre au sérieux.

Dommage, en quelque sorte. Elle aurait eu moins de scrupules à faire ce qu’elle avait à faire si Maeva était l’une de ces business woman vendues au capitalisme et sans âme. Pourquoi fallait-il qu’elle soit sympa ?

La figure de Charleen ne montrait rien de toutes ces pensées contradictoires en elle quand elle répondit :

« Je bosse au Pole Art 80% de mon temps, je dirais. Le reste du temps, je donne des cours ailleurs, de manière bénévole » explique t-elle en séparant consciencieusement ses nems du reste de ses nouilles pour les manger à part. « Avec la fondation Arthur, tu connais ? Ils proposent plein d’activités gratuites pour les jeunes et les personnes précaires, comme des ateliers de poterie, des cours de boxe, ce genre de choses… Du coup, je reçois un paquet d’ados qui ont besoin de se défouler alors ça m’épuise, je te dis pas. Mais c’est toujours les meilleurs cours » glisse t-elle avec un sourire.
Maeva Virtanen
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Every step is like walking on the tightrope [Maeva & Charleen] Icon_minitimeJeu 7 Mar 2024 - 9:35
Maeva trempe consciencieusement un maki dans la sauce – salée, évidemment – l’oreille tendue vers Charleen pour écouter sa réponse. Elle n’est pas vraiment surprise de savoir qu’elle exerce bénévolement ; elle l’a déjà croisée avec une veste décorée par plusieurs pins militants et quelque chose, en elle, respire la générosité.

En revanche, la mention du lieu lui tire un sourire un peu étonné. Elle hoche la tête lorsque Charleen lui demande si elle connait la fondation et rebondit :

« Tu fais ça dans leurs locaux à Londres ? » Comme la jeune femme répond par l’affirmative, un rire lui échappe : « Oh mais c’est fou comme coïncidence, c’est moi qui ai fait la réhabilitation des lieux ! Mon boss connaît la présidente de la fondation, c’était un de nos projets pro-bono. » explique-t-elle. Elle pointe sa baguette vers elle et lance : « J’espère que tu vas me complimenter sur les vestiaires parce que je me suis battue pour qu’ils soient aussi beaux. J’ai pensé à tous ces ados qui ont trop la flemme d’aller faire du sport et je me suis dis qu’ils méritaient mieux que des vieux casiers en métal et des bancs en bois, là. » Il n’y a rien de plus démotivant que d’avoir l’impression d’être en prison quand on enfile un jogging ou une brassière de sport. Et puis, les douches collectives, les toilettes carrelées, les vieux crochets au mur… Non. Elle a dessiné de grands vestiaires, avec plusieurs cabines individuelles pour se changer, des douches relativement spacieuses (avec un espace séparé pour se sécher car il n’y a rien de pire que d’avoir sa serviette mouillée par le jet d’eau en sortant), des miroirs et une boîte de protections menstruelles fixée sur l’un des murs. Puis, elle a choisi des tons chauds, pour éviter l’effet triste des vestiaires. Elle a un peu bataillé pour obtenir ce qu’elle voulait mais elle a eu gain de cause sur presque tout – sauf pour les miroirs rétroéclairés mais elle admet que le concept n’est pas super écologique.

« C’est trop bien que tu fasses ça, commente-t-elle avec un sourire sincère. J’avoue, j’y suis pas retournée depuis l’inauguration mais je vois souvent des photos passer, les cours ont l’air toujours remplis. » (Peut-être parce que que les vestiaires donnent effectivement envie d’aller faire du sport, hé) « Ça doit être animé, de gérer tout ces ados… » souligne-t-elle avec une brève pensée pour Lou.

Sa sœur aurait préféré se jeter par la fenêtre plutôt que de faire des cours de hip-hop, miroirs rétroéclairés ou pas.


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Charleen White
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Every step is like walking on the tightrope [Maeva & Charleen] Icon_minitimeVen 8 Mar 2024 - 8:22
Charleen a fait ses recherches sur Maeva, mais sur ce point-là, elle est surprise. Nulle part, elle n’a vu que c’est l’agence Laveau & Wells qui s’est occupée de rénover les locaux de l’AJS à Londres. Ils n’ont pas dû en faire la publicité.

« Oh je savais pas, trop drôle ! » s’exclame t-elle en premier réflexe.

Et elle se retient juste à temps de dire une bêtise comme « c’était pas indiqué sur votre site ! ».

Elle devrait se réjouir de ce sujet de connivence qui facilite leur conversation mais Charleen sent à l’inverse une petite pointe de malaise en elle. Maeva Virtanen n’est pas qu’un joli petit cul de femme d’affaires, elle a l’air d’être quelqu’un de bien. Une archimage passionnée par son travail, qui a à coeur de bien faire son travail et ce même à moindre prix, dans des locaux vétustes, pour des vestiaires qui accueillent des gamins. Autant dire un projet qui n’allait en rien faire décoller sa carrière.

Non, elle a juste voulu que les enfants soient heureux d’aller faire du sport. À quel point c’est chou ?

« Bah écoute, je te félicite carrément, parce que à chaque fois que je vais là-bas, je passe trois heures sous la douche. Je veux dire, les cabines sont plus grandes que mon appart, quoi. Le luxe de dingue. » plaisante t-elle.

Ses pensées s’égarent brièvement sur le fait que, maintenant, elle va probablement penser à elle à chaque fois qu’elle se rendra dans ces vestiaires et cette idée la fait gigoter d’inconfort sur sa chaise. Elle attrape sa bouteille d’eau et boit quelques longues gorgées pour retrouver contenance. Parler de la fondation Arthur, c’est bien comme sujet, c’est facile pour elle.

« T’imagines pas, une séance là-bas, c’est comme si j’en faisais trois d’affilée ici » répond Charleen en reposant sa bouteille. « C’est des ados qui vivent souvent dans des milieux violents, alors ils ont plein de choses à externaliser. Rien de mieux que la danse pour ça » conclue t-elle avec un sourire. « Je règle pas du tout leurs problèmes mais disons que je les aide un peu à les rendre plus supportables en leur offrant une soupape… » Un pouvoir que la danse a eu sur elle également et qu’elle essaye de transmettre, maintenant. « C’est une forme de care, en fait. Un peu comme toi quand tu leur construis des douches dignes d’un hôtel quatre étoiles, finalement ! »
Maeva Virtanen
Maeva VirtanenArchimage urbaniste
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Every step is like walking on the tightrope [Maeva & Charleen] Icon_minitimeVen 8 Mar 2024 - 23:04
“Ah, merci, rit Maeva sauf qu’au fond, elle est sincère parce qu’elle est comme tous les archimages : elle aime beaucoup quand on complimente son travail. C’était exactement l’idée de mon projet !”

Prendre des projets en pro-bono et ne s’y investir qu’à moitié, ce n’est pas le style de Maeva. L’archimagie, c’est quelque chose de très personnel ; les projets reflètent forcément l’esprit de celui qui le dessine. On y voit des sensibilités, une certaine vision du monde et c’est pour ça que les contraintes diverses sont parfois frustrantes : dénaturer son projet, c’est parfois trahir certaines valeurs. Et puis, vraiment, Maeva voit les sommes astronomiques touchées par l’agence. Ils ont des contrats qui se chiffrent à plusieurs millions avec différentes villes du monde magique, avec le Ministère, avec Poudlard... Ce ne sont pas quelques cabines de douche spacieuses qui vont changer leurs finances. Et si cela peut aider les quelques centaines de jeunes qui passent dans les locaux de l’association à s’évader le temps d’une ou deux heures, Maeva trouve que chaque gallion est bien dépensé.

Mais à part réaliser des jolis locaux pour le compte d’une association – Maeva a parlé des vestiaires mais il ne faut pas oublier les salles où ont lieu les activités et qui ont été entièrement rénovées sous sa direction – elle n’a pas vraiment d’engagement dans le monde militant. Pas le temps. Pas l’énergie. Puis ça touche des trucs trop sensibles aussi et elle n’a pas forcément envie de s’y confronter. Elle sent pourtant quelque chose remuer en elle lorsque Charleen évoque son travail auprès de ces adolescents. Elle trouve ça admirable, vraiment. Au même âge, son moyen d’extérioriser était... De ne surtout pas extérioriser, en fait. De ne rien dire puis de tout faire pour oublier le magma bouillonnant de ses émotions. Tester toutes les limites pour espérer sortir du vide. Se faire peur et se faire mal.

Ce n’est pas plus mal que certains adolescents puissent avoir recours à d’autres moyens pour se tirer de tout ça.

“Je vois ce que tu veux dire, sourit Maeva lorsque Charleen lui dresse un parallèle entre ses cours de danse et les vestiaires qu’elle a conçus pour l’association. Moi, c’est pas trop mon domaine la danse mais... Je suis sensible aux lieux.” Elle prend une seconde pour réfléchir et tente d’expliquer : “Il y a certains endroits qui me font me sentir bien, alors c’est aussi ça que j’aime bien mettre dans mes projets. Enfin, dit-elle en riant, si ça se trouve, les gens trouvent juste ça pas mal de pouvoir se doucher sans en mettre partout sur leurs fringues... Et c’est vrai que c’est déjà pas mal.” Ça évite au moins les petites crises de nerfs qui ne font du bien à personne. Elle reprend un sushi et relance Charleen : “Et t’as l’impression que ça a des effets, les cours que tu donnes ? Que, je sais pas, ils sont plus... apaisés, après ?”



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Charleen White
Charleen WhiteProfesseure de danse
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Every step is like walking on the tightrope [Maeva & Charleen] Icon_minitimeSam 9 Mar 2024 - 9:15
Maeva est passionnée par son métier, c’est assez évident quand elle en parle. Elle a les yeux qui brillent. Ce qui interpelle Charleen, c’est la manière dont elle semble placer les gens au coeur de ses projets. Ce n’est pas du tout l’image qu’elle se faisait d’un archimage, encore moins d’un cabinet aussi renommé que Laveau & Wells. Charleen imaginait plutôt des espèces de silhouettes noires désincarnées, avec des lunettes sur le nez, qui parlent d’effets de lumière et de matériaux avec des mots savants et des métaphores tirées par les cheveux auxquels personne ne comprend pas grand-chose. Des gens déconnectés de la réalité, des besoins réels et humains des gens pour qui ils construisent.

Pas Maeva, visiblement. Elle parle de bien-être, de petits détails très concrets comme le fait de pouvoir se doucher sans mouiller ses vêtements, des choses accessibles, qui parlent à n’importe qui. C’est une autre image qui se crée dans l’esprit de Charleen, celle d’une main attentive qui dessine sur son plan en espérant transmettre une part d’elle. Elle peut comprendre cette forme d’art, elle s’y identifie, même.

Et c’est très perturbant. Ce n’est pas l’image qu’elle veut avoir d’elle.

« C’est beau, ce que tu dis » souffle Charleen avec un mince sourire, en reportant son regard sur ses nouilles.

Elle lève la tête quand Maeva lui pose une autre question, dans la continuité de leur conversation. Elle réfléchit un instant.

« Hum… Pas tous. Et pas toujours. » Elle hésite un instant car sans le savoir, Maeva s’est aventuré sur un terrain assez personnel. Elle devrait se réjouir, songe t-elle, c’est exactement avec ce type de conversation qu’elle peut se rapprocher d’elle et plus vite ça arrivera, mieux ça sera. Elle révèle, après un temps de réflexion : « Au début ça me désespérait. Je voulais vraiment tous les aider, tu vois ? Je me remettais en question tout le temps, qu’est-ce que je faisais de mal ou de pas suffisant… Puis avec le temps et en discutant avec les autres bénévoles, j’ai compris que c’était pas mon rôle de les sauver. Que c’était trop de pression de se donner ce rôle et puis… beaucoup de prétention aussi hein, soyons honnêtes » plaisante t-elle. « Ils réagissent pas tous de la même manière. Y en a qui sont super contents de participer aux cours parce que le fait de progresser, ça les valorise et ça leur donne un but à suivre, aussi. Et d’autres pour qui c’est juste une distraction passagère qui leur permet de se défouler. Tout me va. »
Maeva Virtanen
Maeva VirtanenArchimage urbaniste
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Every step is like walking on the tightrope [Maeva & Charleen] Icon_minitimeSam 9 Mar 2024 - 18:48
Charleen parle beaucoup. Elle parle facilement, avec des mots forts. Elle écarte toutes les conversations de surface pour plonger dans ce qui touche l'intime et le personnel. Maeva, elle, l'écoute beaucoup. Elle l'écoute, commente, rebondit, questionne, sincèrement intéressée par ce que la jeune femme amène. A l'inverse de Charleen, Maeva ne parle pas facilement d'elle. Elle n'en a pas l'habitude, pas le réflexe. Et puis, c'est évidemment un peu défensif aussi ; quand on commence à ouvrir certaines portes, on effleure certains sujets qu'elle n'a pas forcément envie de confier à la première jolie inconnue qu'elle croise. Alors Charleen parle et Maeva écoute. Elle l'écoute et elle l'observe car Charleen parle autant avec sa bouche qu'avec son corps. Elle bouge les mains, hausse les sourcils, fait la moue et Maeva trouve ça vraiment charmant.

Les minutes défilent mais la conversation ne tarit pas et Maeva oublie le temps qui passe. C'est une notification qui éclaire brièvement l'écran de son Pear qui attire son regard et la fait tressaillir. Il est treize vingt, elle a une réunion à l'agence dans dix minutes.

« Merde, jure-t-elle, excuse-moi, il faut absolument que j'y aille. Je dois présenter mon projet pour la piscine municipale de Leopoldgrad... » explique-t-elle en rassemblant rapidement ses affaires. Elle se fend d'une dernière plaisanterie : « Et là, tu vois, je suis certaine qu'ils vont me demander de réduire la taille des cabines de douche. »

Lorsqu'elle se lève, elle croise le regard de Charleen et s'immobilise dans ses mouvements. Elle sent bien que le sourire qui s'étire sur ses lèvres traduit quelque chose d'une envie qu'elle ne tarde pas à formuler :

« C'est hyper sympa ce déjeuner. Est-ce que ça te dirait que je te laisse mon numéro et qu'on aille prendre un verre un de ces jours ? »

C'est au tour de Maeva de provoquer son destin, sans avoir véritablement conscience de l'endroit où il pourrait la mener.
RP TERMINE


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