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Situation de crise [PV Maeva]

Lou Virtanen
Lou VirtanenSixième année
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Situation de crise [PV Maeva] Icon_minitimeVen 23 Fév 2024 - 14:42
04 octobre 2023

Lou s’estimait très heureuse de n’avoir obtenu que quatre BUSE, ce qui lui permettait d’avoir un emploi du temps considérablement plus léger que celui de ses camarades. Ces derniers temps, il n’était pas rare de croiser des élèves de leur année, installés aux tables de travail de la salle commune, penchés sur leur devoir, jusque tard dans la nuit. Tous les professeurs semblaient s’être passé le mot pour leur confier une tonne de travail, ce qui ne laissait que peu de temps libre aux élèves qui avaient conservé de nombreuses matières pour les ASPIC.

Heureusement, Lou n’appartenait pas à cette catégorie, et parvenait sans trop de difficulté à trouver le temps pour s'entraîner sérieusement au tatouage magique. Ces moments où elle se plongeait dans ses dessins ou s'entraînait à tatouer sur des morceaux de cuir étaient les seuls moments agréables qu’elle passait à l’école. Concentrée, enfermée dans sa bulle, elle ne pensait plus à rien d’autre, et avait l’impression de réussir quelque chose pour la première fois de sa vie. Depuis cet été, elle avait enfin perfectionné son sortilège de stérilisation et, la semaine dernière, elle avait réalisé son premier tatouage. La rune Ingwaz, au creux de son poignet gauche. Les traits n’étaient pas parfaitement nets, et elle devrait certainement faire quelques retouches, mais elle était plutôt fière du résultat.

Elle n’avait pas résisté à l’envie de montrer son œuvre à Taron, qui lui avait aussitôt demander un tatouage lui aussi. Flattée de la confiance que son ami lui portait, et ravie de cette nouvelle opportunité de s’exercer, Lou avait accepté sans hésiter.

Les deux adolescents avaient investi une salle de classe abandonnée et étaient installés face à face, de part et d’autre d’un pupitre qui faisait office de table de travail. Les chandelles qui éclairaient la pièce étaient un peu fatiguées et Lou avait posé à côté d’eux un bocal en verre dans lequel dansait une flamme bleutée qui lui permettait d’y voir un peu plus clair.

"Arrête de bouger, répéta-t-elle pour la dixième fois. J’ai presque fini."

Les mains n’étaient décidément pas la partie du corps la plus facile à tatouer, mais c’était le tatouage qu’avait choisi son ami, aussi Lou essayait-elle de faire de son mieux.

Sa baguette pointée sur la main du Gryffondor posée entre eux, elle dirigeait minutieusement la petite aiguille qui piquait les doigts de Taron à un rythme régulier, déposant un petit peu d’encre sous sa peau à chacun de ses passages. Son Pear posé sur la table voisine diffusait une de ses chansons préférées, si bien qu’elle n’entendit les bruits de pas dans le couloir que lorsqu’ils furent presque devant la porte.

"Merde !" souffla-t-elle en réalisant que les bruits de pas s’étaient arrêtés juste devant la salle de classe.

Elle coupa le volume de son Pear d’un coup de baguette mais n’eut pas le temps de ranger son atelier improvisé. La porte s’ouvrit sur le Professeur Carter, visiblement mécontent de les trouver ici.

"Qu’est-ce que vous…?"

Son regard passa de la bouteille d’encre encore ouverte au kit d’aiguilles, pour s’arrêter sur la main de Taron, dont trois des doigts étaient déjà tatoués.

Lou ne se souvenait pas avoir déjà vu son directeur de maison si en colère. Il les sermonna longuement, en rappelant qu’ils étaient tous les deux mineurs, que c’était interdit par le règlement -et par la loi !- et que c’était dangereux. Lou ouvrit la bouche pour protester, et dire qu’elle avait pensé à bien stériliser tout son matériel, mais l’enseignant enchaîna sans lui laisser le temps de se défendre.

"Ça me déçoit beaucoup, j’attendais un peu plus de lucidité de ta part."

Elle baissa les yeux, plus contrariée par cette dernière remarque que par tous les reproches que son professeur avait formulés avant. Elle avait l’habitude que les adultes soient en colère contre elle. Ils passaient tous leur temps à lui crier dessus et à lui rappeler qu’elle ne faisait jamais rien de bien, et elle s’en fichait un peu. Mais elle n’aimait pas l’idée d’avoir déçu son directeur de maison, comme s’il attendait réellement mieux de sa part, malgré tout.

"Je vais prévenir vos parents. Malgré la gravité de la situation. Lou et Taron échangèrent un regard complice, comme chaque fois que quelqu’un mentionnait leurs parents, ce qui n’échappa pas au Professeur Carter. Par là je veux dire ta mère, il regarda Taron. Et ta sœur, ses yeux glissèrent sur Lou. Vous les attendrez dans le bureau du directeur.
- Non. Lou n’avait pas élevé la voix mais le ton décidé de sa voix surprit son enseignant et son camarade.
- Pardon ?
- Je vais pas là-bas.
- Ce n’était pas une question.
- J’irai pas."

Vingt minutes plus tard, elle était assise dans le bureau de son directeur de maison, enfermée dans un silence boudeur. La mère de Taron était arrivée et avait emmené son fils dans le bureau du directeur, dans lequel Lou refusait obstinément de se rendre. Ils n’avaient qu’à l’y traîner de force s’ils voulaient, elle refusait d’y entrer de son plein gré. Elle se fichait qu’on la prenne pour une enfant capricieuse, elle se fichait d’être punie, d’être collée en retenue jusqu’à la fin de l’année, elle n’irait pas. Les bras croisés et le regard noir, elle avait refusé de répondre à la moindre question de son professeur sur les raisons de son refus acharné.

Le silence pesant qui régnait dans la pièce fut finalement troublé par des bruits de pas empressés dans le couloir, juste avant que la porte du bureau ne s’ouvre pour laisser entrer Maeva.


Situation de crise [PV Maeva] Signature-Lou
Maeva Virtanen
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Situation de crise [PV Maeva] Icon_minitimeSam 24 Fév 2024 - 7:42
« Maeva ? »

Plongée dans son travail, les oreilles recouvertes par un casque qui diffusait de la musique, Maeva n’entendit pas sa collègue l’appeler. Ses yeux étaient rivés sur l’immense plan projeté devant elle grâce à un petit boîtier technomagique qui lui permettait de le modifier, d’obtenir des vues en trois dimensions et de sauvegarder chaque changement qu’elle faisait. Elle dessinait scrupuleusement depuis plusieurs heures, le visage froissé par la concentration. Ce projet était l’un des plus ambitieux qu’on lui avait confié et probablement l’un des plus sensibles aussi ; la réhabilitation d’Azkaban, la célèbre prison dont la forteresse avait été érigée au XVe siècle. D’abord demeure d’un mage noir qui utilisait ses pouvoirs pour attirer les marins moldus afin de les torturer et de les tuer, la forteresse avait été laissée à l’abandon pendant plusieurs années car la magie qui imprégnait ses murs la rendait hostile à l’habitation. Ce n’était qu’en 1718 que le ministre de la Magie, Damocles Rowle, avait décidé d’employer ce grand bâtiment comme prison. Sa localisation, en plein milieu d’une mer déchaînée, était idéale et la présence de Détraqueurs sur l’île assurait le ministère d’une surveillance accrue des détenus. De nombreux sorciers avaient cherché à alerter la population sur les conditions de détention des prisonniers mais cela avait été vain jusqu’au mandat de Kingsley Shacklebolt qui avait contraint les Détraqueurs à l’exil et confié la surveillance de la prison à des sorciers.

Plus d’une vingtaine d’années s’étaient écoulées avant que le Ministère ne se ressaisisse de la question brûlante d’Azkaban et décide de lancer un grand programme de rénovation des bâtiments. Il y avait eu un concours public auquel plusieurs agences d’archimagie avaient candidaté mais c’était Laveau & Wells qui avait été retenu et plus précisément le projet imaginé par Maeva. La tâche qui lui avait été confiée était colossale et mobilisait une large partie de ses journées. Aujourd’hui, elle avait notamment passé l’après-midi à redessiner les plans de l’existant, après avoir remarqué la semaine dernière que les côtes transmises par le ministère n’étaient pas les bonnes. Elle avait sollicité d’aller prendre les mesures elle-même (pour éviter la bonne grosse louche « d’à-peu près » qui n’était pas acceptable en archimagie) et cela avait été toute une organisation puisqu’elle avait dû se coordonner avec le bureau des Aurors. C’était un plan délicat à tracer, notamment parce qu’il fallait y incorporer tous les sortilèges qui imprégnaient les murs et les agrandissaient.

« Maeva ? » répéta un peu plus fort Zi Yan, la faisant sursauter.

Maeva ôta son casque de ses oreilles et se redressa en grimaçant lorsqu’elle sentit une vive douleur dans son dos, liée à la position qu’elle adoptait depuis trop longtemps déjà.

« Excuse-moi, je t’ai pas entendu.
-J’avais remarqué, commenta Zi Yan avec un sourire. Je venais te dire que je partais. Tu restes encore un peu ? »

Maeva consulta sa montre. Il était déjà dix-huit heures.

« Ouais, répondit-elle en s’étirant. Ça m’a mis trop dans la merde, cette histoire de côtes, je dois reprendre quasiment tout le plan. » Elle roula des yeux, visiblement excédée. « C’est sûr que c’est un mec du ministère qui s’est pointé là-bas et qui a tout mesuré à l’œil, là.
-Et il a tapoté les murs pour savoir lesquels étaient porteurs. » ajouta Zi Yan avec un bref rire.

Maeva soupira.

« Donc oui, je vais rester encore un peu. Abel est toujours là ?
-Dans son bureau, il est en conférence avec les Etats-Unis. »

Elles échangèrent encore quelques mots avant que Zi Yan quitte l’agence, laissant Maeva seule face à son travail. L’ampleur de la tâche lui promettait encore quelques heures de travail, aussi elle s’accorda une brève pause pour aller se faire couler un café et grignoter une barre chocolatée en compagnie de Timothy, qui sortait d’une rencontre laborieuse avec un couple pour qui il concevait une maison et dont les demandes ne cessaient de varier.

Elle se remit au travail vingt minutes plus tard, ignorant ses yeux gonflés par la fatigue, sa nuque endolorie et la douleur qu’elle sentait poindre dans son crâne. Ce qu’elle ne put ignorer, toutefois, fut la sonnerie de son téléphone qui la tira brusquement de sa tâche. Elle avisa son Pear, posé à côté d’elle, et déchiffra sans difficulté le numéro qui s’affichait. C’était celui de James Carter.

« Allo ? » fit Maeva en coinçant son téléphone entre son oreille et son épaule pour avoir les mains libres. « Je suis au boulot mais vas-y, je t’écoute. » Son stylet s’immobilisa sur le plan. « Attends, quoi ? Quand ? » Elle se redressa légèrement. « Euh oui. Oui, j’arrive. »

La communication coupa. L’appel n’avait duré qu’une poignée de secondes.

Ce qui avait été suffisant venir titiller les nerfs de Maeva, déjà fragilisés par cette longue journée et cette charge de travail qu’elle portait. Elle rangea rapidement ses affaires, verrouilla le boîter qui contenait les plans de la prison – il ne s’ouvrait que grâce à son empreinte digitale – et passa sa veste qui était suspendue à un crochet. Elle adressa un vague signe à Abel à travers la porte vitrée de la salle de réunion et quitta l’agence sans tarder.

Il lui fallut encore quelques minutes pour parvenir jusqu’au miroir d’eau de la place Merlin, qui était l’un des passages de la ville itinérante, puis pour transplaner jusqu’à Pré-Au-Lard où elle remonta un chemin jusqu’aux grilles du château. Un elfe de maison l’attendait pour lui ouvrir les portes et la guider à travers le château.

A chaque fois que Maeva revenait à Poudlard, elle avait une curieuse sensation au creux de l’estomac, comme un violent rejet qui se traduisait par une brève nausée. Ces lieux étaient chargés de souvenirs douloureux et s’y confronter n’était jamais évident pour elle. En marchant derrière l’elfe de maison, Maeva essaya d’ignorer les portes familières qui se succédaient mais n’y parvint pas réellement. Là, l’appartement de Peter dans lequel elle s’était rendu si souvent et qu’elle avait dû vider après sa mort Là, celui où elle avait vécu si longtemps avec sa mère, puis ce bureau où on lui avait annoncé son décès. Le même que celui où elle avait appris la mort de son père, trois mois auparavant.

Elle n’était pas encore arrivée dans le bureau de James Carter lorsqu’elle croisa une femme au visage furibond, qui l’alpagua.

« Vous êtes la maman de Lou ? »

Elle était accompagnée par un adolescent qu’elle supposa être Taron.

« Sa sœur, répondit-elle.
-Sa sœur. D’accord. » répéta la mère. Elle avait le visage tordu par la colère. Maeva baissa les yeux vers la main de Taron, sur laquelle on percevait distinctement des traits noirs. La femme attrapa son regard : « J’imagine que Lou ne s’est pas acheté ce matériel toute seule ? Vous devriez peut-être être plus vigilante. »

Et le reprocha frappa, en plein dans son estomac, sous le regard fantomatique de tous ces parents qui avaient disparu dans ce couloir. Pour une fois, Maeva ne broncha pas et la mère de Taron insista :

« Si ça avait été l’inverse, vous auriez apprécié que mon fils tatoue votre fil… sœur ?
-Venez, Miss, intervint l’elfe de la maison qui la guidait en tirant sur sa manche, la sauvant de cette interaction. C’est juste au bout.
-Je vais récupérer Lou, s’excusa Maeva. On vous retrouve dans le bureau du professeur Forbes. »

Elle s’éloigna d’un pas rapide, le cœur tordu par une foule de sentiments contradictoires. Elle remercia l’elfe qui transplana sans attendre et tapa quelques coups à la porte.

« Maeva, entre. Lou est là, fit James en lui montrant du menton l’adolescente qui était assise face à son bureau.
-On ne doit pas aller dans le bureau du directeur… ? demanda Maeva d’une voix incertaine.
-Si. » James glissa un regard vers Lou. « Mais Lou refuse d’y aller.
-Quoi ?
-Elle ne veut pas se lever. »

Maeva dévisagea sa sœur pendant que James récupérait quelques affaires.

« Je vais vous laisser discuter un peu, d’accord ? Je vous retrouve dans le couloir. »

Il sortit et referma précautionneusement la porte derrière lui. Maeva, dont la patience n’était pas seulement entamée mais complètement évanouie, alpagua Lou :

« Lève-toi, Lou. On y va, la mère de Taron est déjà là-bas. »


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Lou Virtanen
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Situation de crise [PV Maeva] Icon_minitimeSam 24 Fév 2024 - 8:53
Lou en était arrivée à détester Poudlard. Cet endroit où elle était née et où elle avait toujours vécu était hanté par les fantômes de son passé, et chaque recoin de l'école lui rappelait des souvenirs qu'elle aurait préféré oublier. Elle était obligée de traverser régulièrement ce parc dans lequel elle s'était si souvent promené avec son père, de passer devant les cuisines, où ils avaient partagé de nombreux goûters, d'étudié dans la salle de classe au fond de laquelle elle avait passé des heures à dessiner pendant que son père enseignait. Elle n'avait pas d'autre choix que de faire avec, d'ignorer son malaise et de rejeter les sentiments contradictoires que ces souvenirs réveillaient en elle.

Elle ne pouvait pas éviter tous les endroits de l'école qui lui rappelaient son père. Mais elle refusait de retourner dans son bureau. Cela lui était arrivé une fois -une seule- depuis sa mort et elle s'était juré de ne plus jamais recommencer. Elle ne l'avait pas supporté. Aussi, quand James s'éclipsa pour les laisser seules avec Maeva et que sa soeur lui ordonna de se lever, Lou secoua négativement la tête, les bras toujours croisés sous sa poitrine.

"Je vais pas là-bas."

Elle avait répété cette phrase une dizaine de fois au cours de la dernière demi-heure, mais on s'obstinait à ne pas vouloir l'écouter.

Elle ne refusait pas d'être sanctionnée. Elle voulait bien se faire hurler dessus par la mère de Taron, elle acceptait d'être punie, privée de sortie jusqu'à la fin de l'année ou obligée de nettoyer toutes les coupes de la salle des trophées sans magie. Ils pouvaient bien lui crier dessus et inventer toutes les sanctions qu'ils voulaient, mais ils ne le feraient pas dans le bureau du directeur.

Lou n'était pas une Poufsouffle exemplaire. Elle n'était pas particulièrement patiente, et ne se montrait pas toujours honnête. Elle savait être travailleuse, mais uniquement quand quelque chose l'intéressait. Elle pouvait aussi se montrer loyale avec ses amies, mais elle en avait peu. En revanche, elle possédait clairement la persévérance des jaunes et noirs, qui se manifestait plutôt par une certaine opiniâtreté. Une fois qu'elle avait décidé de quelque chose, elle savait se montrer particulièrement obstinée. Et elle avait décidé qu'elle n'irait plus jamais dans le bureau du directeur.

Elle était consciente que sa soeur était capable de l'y trainer de force, avec ou sans magie. Lou mesurait très exactement un centimètre de plus que Maeva, ce qui la rendait très fière, mais elle était moins forte que son ainée. Elle n'avait jamais fait de sport de sa vie et ses bras étaient aussi toniques et musclés que deux spaghettis. Elle espérait toutefois que Maeva n'oserait pas s'abaisser à ça, pas devant la mère de Taron et les professeurs.

Puisque sa soeur ne la forcerait pas, et que Lou n'avait aucune intention de s'y rendre, la situation semblait réglée.

"Ils n'ont qu'à venir ici !"

Elle entendait les hurlements scandalisés de la mère de Taron depuis l'intérieur de la salle, ils étaient juste à côté, alors pourquoi ne pouvaient-ils pas avoir cette conversation ici ?


Situation de crise [PV Maeva] Signature-Lou
Maeva Virtanen
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Situation de crise [PV Maeva] Icon_minitimeDim 25 Fév 2024 - 1:33
Maeva se doutait que la scolarité de Lou à Poudlard ne devait pas être simple. Elle avait cruellement conscience que sa sœur était obligée de vivre là où son père avait si longtemps vécu et n’existait désormais plus. Elle se souvenait à quel point il avait été difficile pour elle de parcourir ces couloirs qui lui rappelaient sa mère et de voir son fantôme dans chaque pièce du château. Alors une part d’elle savait à quel point Lou devait être hantée par ces lieux, elle aussi. Elle le savait et, en même temps, Maeva avait pris la fâcheuse et mauvaise habitude d’ignorer le savoir qu’elle possédait sur sa propre souffrance. Elle serrait les dents depuis des années et les serra encore aujourd’hui, face à sa sœur, dans cette école chargée par le deuil.

Une bonne personne aurait compris. Une bonne sœur aurait compris, aurait vu la détresse de Lou derrière son expression butée, aurait compris les mots qu’elle criait dans son silence. Mais Maeva n’était pas toujours une bonne personne. Elle n’était pas non plus toujours une bonne sœur. Elle était une femme fatiguée par son travail, dépassée par les responsabilités qu’on lui confiait, perdue entre ce qu’elle devait faire et ce qu’elle voulait faire. Elle avait son propre vécu qu’elle traînait difficilement, ses propres difficultés qui l’entravaient parfois et l’empêchaient d’être cette sœur qui aurait compris.

Ou qui aurait cherché à comprendre.

Face au refus catégorique de Lou, Maeva poussa un soupir agacé. Elle n’avait pas envie de se battre avec sa sœur ; elle voulait juste en finir avec ce moment désagréable. En finir avec les couloirs pleins de fantômes et les reproches à peine voilés de cette mère qui l’attendait de pied ferme à quelques mètres de là. Elle n’avait pas oublié ses petites remarques assassines, la manière dont elle l’avait regardée lorsqu’elle s’était présentée comme la sœur de Lou. Et puis, ce commentaire sur la vigilance dont elle devait faire preuve à son égard, exactement ce qu’un policier lui avait déjà dit, à peine trois semaines plus tôt. Et Maeva, au milieu de toutes ces injonctions auxquelles elle ne répondait pas, ne pouvait que constater son impuissance.

Alors Lou, qui refusait de se lever de sa chaise, appuyait exactement sur cet endroit un peu sensible chez elle.

Maeva se pinça l’arête du nez et inspira comme pour s’exhorter au calme mais son cœur battait un peu trop vite dans sa poitrine.

« Je ne sais pas si tu as remarqué mais on n’est pas exactement en position de pouvoir négocier quoique ce soit puisque t’as décidé de tatouer un de tes potes encore mineur. » fit Maeva sans pouvoir masquer son agacement. Sur les mains, en plus, se garda-t-elle d’ajouter, ce qui était vraiment l’endroit le plus visible pour faire quelque chose d’interdit. « Allez, Lou, dépêche, on va pas passer la nuit ici. »



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Lou Virtanen
Lou VirtanenSixième année
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Situation de crise [PV Maeva] Icon_minitimeDim 25 Fév 2024 - 8:45
Lou n'était pas une grande bavarde. Elle parlait rarement pour ne rien dire et préférait de loin le silence à une conversation futile. Elle n'était pas non plus très bonne oratrice. Elle n'avait pas une voix particulièrement forte, et détestait parler en public. Alors l'éloquence, ce n'était pas vraiment son domaine d'expertise. Elle n'était pas douée pour les disputes. Elle ne savait pas tourner de belles phrases pour imposer son point de vue, elle ne savait pas mentir, convaincre, manipuler. Même quand elle se disputait avec Maeva, ce qui arrivait souvent, les meilleurs arguments lui venaient toujours après que le conflit soit terminé.

Elle disait les choses comme elle les pensait, et elle exprimait clairement ses positions, sans chercher à négocier. Aujourd'hui ne faisait pas exception. Elle ne cherchait pas à entrer dans un débat qui aurait pour but de la convaincre de se rendre dans le bureau du directeur. Elle avait été parfaitement claire dès le début : elle n'irait pas. Elle n'avait pas dit qu'elle n'avait pas envie d'y aller, ou qu'elle préférerait faire ça ailleurs si c'était possible. Elle avait dit qu'elle n'irait pas, et elle tiendrait cette parole.

"Mais je négocie pas putain ! explosa-t-elle en relevant la tête vers Maeva. J'irai pas, martela-t-elle pour ce qui lui semblait être la vingtième fois. Je vais pas là-bas c'est tout, y a rien à négocier. Tu vas faire quoi, tu vas me forcer ?"

Elle se montrait volontairement provocante, tout en espérant que sa soeur n'oserait pas recourir à la force pour la trainer jusque dans ce bureau maudit. Maeva l'avait forcée à retourner à Poudlard, elle la forçait à rentrer un week-end sur deux chez elle, venait la chercher jusque devant les grilles de l'école. Elle la forçait à beaucoup de choses, et Lou se laissait faire parce qu'elle n'avait pas tellement d'autres choix. Mais pas cette fois-ci.

Lou avait écarté les bras pour laisser éclater sa colère et les recroisa sous sa poitrine, en veillant à recouvrir son propre tatouage avec la manche de son sweat. Elle n'avait évidement pas dit à sa soeur qu'avant de tatouer Taron, elle s'était entrainée sur elle-même, et ne voulait pas lui donner de raison supplémentaire de s'énerver contre elle.

Elle avait vaguement conscience que sa position aurait peut-être été plus facilement acceptée par sa soeur et ses professeurs si elle leur avait donné les raisons de ce choix, mais elle se refusait à le faire. Elle ne voulait pas qu'on minimise ce qu'elle ressentait à l'idée de se rendre dans ce bureau, elle ne voulait pas qu'on lui dise que c'était normal, elle ne voulait pas qu'on essaye de la comprendre alors qu'ils n'avaient aucune idée de ce que ça faisait que d'être à sa place. C'était quelque chose qu'elle avait décidé de garder pour elle.


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Maeva Virtanen
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Situation de crise [PV Maeva] Icon_minitimeDim 25 Fév 2024 - 21:06
Plus jeune, Maeva avait été une adolescente difficile. Elle avait toujours été une enfant caractérielle – et avait encore en mémoire quelques disputes mémorables avec sa mère – mais après les décès successifs de ses deux parents, elle était devenue vraiment intenable et très opposante à la moindre forme d’autorité. Par chance, sa scolarité avait été préservée parce qu’elle n’avait jamais été mauvaise élève et que ses professeurs l’avaient ménagée pendant ses derniers mois au château – une forme de pitié qu’elle avait détestée mais qui lui avait permis de finir son cursus scolaire. A cette époque, la moindre remarque sur son attitude la plongeait dans des colères monumentales et elle avait d’ailleurs radicalement changé ses fréquentations pour éviter ça. Elle s’était rapprochée de Virgil et de Damon, deux personnes qui accueillaient son insolence au pire avec indifférence et au mieux avec un certain plaisir.

Alors elle s’était coupée de ses anciens amis, ceux qui la connaissaient d’avant et qui s’inquiétaient de ce brusquement revirement. Peter et Eden ne lui disaient jamais trop rien non plus, sûrement parce qu’ils étaient dans cette posture délicate où ils avaient un semblant d’autorité sur elle mais n’osaient pas l’utiliser. Et puis, ils avaient tous des choses douloureuses à digérer ; la mort de son mari alcoolique et violent pour Eden, le suicide de sa compagne disparue depuis plusieurs mois pour Peter. Au milieu de ça, Maeva avait eu toute la liberté du monde pour tester les limites qu’elle rencontrait… Et pour les franchir, les unes après les autres.

De toute façon, elle n’avait plus de père pour la réprimander et plus de mère pour lui faire la morale.

Lou l’avait, elle.

Elle l’avait et, pourtant, elle aurait préféré ne pas l’avoir. A ce moment précis, en tout cas, où elle venait appuyer l’ordre de son directeur de maison, sa sœur aurait préféré qu’elle n’existe pas. Maeva le voyait dans la manière dont elle l’observait avec défiance et provocation. Tu vas faire quoi ? lui demandait-elle durement. Tu vas me forcer ? insistait-elle sans faire mine de vouloir la suivre. Et Maeva, face à elle, se trouvait prise entre toutes les injonctions qui pesaient sur ses épaules. Elle n’avait jamais demandé à élever une adolescente. Elle n’était même pas certaine de vouloir devenir mère un jour ! Peter était mort quelques années plus tôt et, en plus de son propre deuil à porter, Maeva avait accueilli Lou chez elle. Elle l’avait fait par amour, bien entendu, dans une sincère volonté de prendre soin d’elle.

Mais elle ne savait pas comment faire.

Elle ne savait pas comment faire et elle n’avait pas vraiment de modèle pour l’aider dans ce cheminement. Son père n’avait jamais su comment être le père d’une adolescente qui s’opposait à lui. Son alcoolisme tardif l’avait rendu méchant. Violent, même. Sa mère avait disparu lorsqu’elle n’avait que seize ans.

Souvent, Maeva avait l’impression que son arbre généalogique se résumait à une souche.

Et Lou, sans le savoir, venait appuyer exactement à cet endroit qui était douloureux pour elle, ce point sensible qui révélait son incapacité à faire ce que ses parents n’avaient jamais pu faire pour elle non plus. Comment devait-elle prendre le rôle d’un parent si elle avait l’impression de n’en avoir jamais eu ?

Elle voulait juste faire taire cette voix dans sa tête, surtout dans cet environnement qui charriait des souvenirs tellement lourds que son cœur chutait dans sa poitrine. Parfois, elle en voulait à Lou de la forcer à se confronter à tout ce qu’elle aurait préféré continuer à ignorer.

Alors, à son tour, elle explosa :

« Mais Lou, sérieusement ! » Ses sourcils s’étaient froncés au-dessus de ses yeux bruns. « Si tu voulais pas te faire convoquer par tes profs, t’avais qu’à pas tatouer quelqu’un à l’école. » lâcha-t-elle. « Tu crois quoi ? Que ça me fait plaisir d’être ici ? Que je vais passer un bon moment dans ce bureau ? Probablement pas. » cingla Maeva. « Mais aux dernières nouvelles, j’ai pas l’impression qu’on nous a donné le choix d’y aller ou pas. »


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Lou Virtanen
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Situation de crise [PV Maeva] Icon_minitimeLun 26 Fév 2024 - 7:37
Lou savait qu'elle avait enfreint le règlement. Enfin, elle n'avait pas été vérifier la présence ou non d'une règle qui interdirait de se faire des tatouages entre élèves, mais elle imaginait que ça devait rentrer dans une interdiction plus générale sur les sortilèges pouvant altérer définitivement l'apparence. La mère de Taron avait parlé de mutilation, ce que l'adolescente trouvait un peu excessif -elle ne lui avait pas tranché la main non plus !- mais elle reconnaissait qu'elle avait agi en dehors des règles.

Et elle accepterait la sanction qu'elle méritait pour ça. Elle subirait les heures de retenues, respecterait avec plaisir les journées d'exclusions, copierait des centaines de lignes s'il le fallait. Mais elle ne méritait pas qu'on l'envoie dans le bureau du directeur. Elle avait fait une bêtise, d'accord, mais la forcer à se rendre là-bas lui semblait une punition beaucoup trop cruelle.

Elle aurait pu expliquer à Maeva les raisons de son refus. Elle aurait pu lui dire à quel point elle s'était senti mal, la dernière fois qu'elle s'était retrouvée là-bas. Elle aurait pu lui parler de son ventre noué, des souvenirs qui affluaient de chaque recoin de la pièce, des larmes qu'elle avait versées en quittant le bureau. Elle n'en fit rien, parce qu'elle avait peur que sa soeur la trouve ridicule. Elle ne voulait pas qu'on lui dise de faire un effort, de prendre sur elle. Elle ne voulait pas entendre que cela faisait trois ans que son père était mort, qu'elle ne pourrait pas éternellement éviter les endroits où il avait vécu, qu'elle devait grandir un peu.

Lou refusait d'admettre qu'elle se sentait trop fragile pour affronter ce bureau, pas alors que Maeva restait si forte face à elle. Sa soeur aussi avait perdu ses deux parents quand elle était à Poudlard, ce qui ne l'avait pas empêché de terminer brillamment ses études. Elle se doutait que son ainée n'avait jamais provoquer ce genre de situation en refusant d'entrer dans la salle où leur mère avait enseigné. Et aujourd'hui Maeva faisait preuve de cette même force, en se déplaçant jusqu'ici et en acceptant de se rendre dans le bureau du directeur, alors même qu'elle savait qu'elle n'y passerait pas un bon moment, elle non plus.

Ce que sa soeur envisageait comme un "mauvais moment", Lou le considérait comme une séance de torture. Peut-être qu'elle était trop fragile, peut-être qu'elle n'était pas assez mature ou trop sensible, mais c'était ce qu'elle ressentait et elle ne supportait plus d'entendre Maeva traiter ce problème comme une formalité.

"Un mauvais moment ? s'étrangla-t-elle en se levant de la chaise où elle était assise. Mais t'as aucune idée de ce que ça fait d'aller là-bas ? Tu sais ce que ça fait d'être dans son bureau ? Elle sentait des sanglots monter dans sa gorge et sa voix prenait des tonalités larmoyantes qu'elle détestait. Avec ce...Avec son putain de tableau de merde là !"

Comme tous ses prédécesseurs, Peter Virtanen avait son portrait accroché dans le bureau du Directeur de Poudlard. Lou détestait ce tableau. Elle ne voulait plus jamais le voir.


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Maeva Virtanen
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Situation de crise [PV Maeva] Icon_minitimeMar 27 Fév 2024 - 2:56
Du temps de sa scolarité, Maeva n’avait pas été souvent convoquée dans le bureau du directeur. Elle avait longtemps été une bonne élève – préfète et préfète-en-chef, de surcroît – puis une assez bonne menteuse pour éviter les sanctions disciplinaires. Evidemment, son lien avec Peter avait grandement contribué à qu’elle évite ce bureau la plupart du temps ; lorsqu’il avait quelque chose à lui dire, il préférait le faire le soir, sur un temps informel qu’ils partageaient parfois. L’idée de s’y rendre aujourd’hui ne la laissait pas complètement indifférente et elle sentait que son estomac était noué depuis qu’elle avait passé les portes du château mais Maeva envisageait cela comme une épreuve supplémentaire à endurer, les dents serrées. Comme le jour où elle avait vidé son appartement. Comme celui où elle avait fait le tri dans les affaires de sa mère.

Et elle ne s’imaginait pas que les choses étaient plus faciles pour Lou, qu’elle ne ressentait pas cet immense creux dans son ventre, cet énorme vide en elle. Au contraire, même, elle s’inquiétait de ce que sa sœur pouvait ressentir et qui se traduisait par un repli sur elle-même. Mais Lou ne disait rien. Maeva demandait, Lou ne disait rien ou lui disait qu'elle n'avait pas besoin d'elle, de son aide. Elles ne parlaient jamais de ça, de leurs parents décédés, des deuils.

Alors quand Lou éleva la voix, quand elle cria qu'elle ne savait pas ce que ça faisait d'être dans « son » bureau, ce fut comme si elle venait briser ce silence bien établi entre elle. Quelque se fissura et ce fut aussi douloureux que libérateur. Maeva resta silencieuse, presque surprise de ce brusque revirement dans leurs disputes bien rôdées ; elle parle, Lou ne dit rien. Elle s'agace, Lou ne dit rien rien. Elle s'inquiète, Lou s'agace.

Là, sa sœur explosa, la voix tremblante de sanglots qui la heurtèrent violemment.

« Lou... » commença Maeva.

Mais une phrase vint suspendre ses mots dans sa bouche. Elle resta sans voix quelques secondes. Ses yeux s'écarquillèrent légèrement. Maeva le savait ; elle avait lu l'histoire de Poudlard, elle était même déjà passée dans ce bureau. Il y avait, sur les murs, plusieurs tableaux qui contenaient des portraits, ceux des anciens directeurs de l'école. Maeva n'y avait pas prêté une grande attention ; les tableaux n'étaient que des tableaux, comme il y en avait mille dans les couloirs du château.

Sauf que désormais, à Poudlard, un tableau contenait le visage animé de son beau-père.

Maeva eut un mouvement de recul.

« Un tableau... ? Il y a un tableau de Peter ? » balbutia-t-elle.

Evidemment qu'il y avait un tableau de Peter. Il y avait un tableau de Peter, comme il y en avait un d'Albus Dumbledore ou de Minerva McGonagall. Cette image lui noua le ventre et elle eut envie de vomir ; quelque part dans ce monde, son beau-père continuait d'exister. Il existait sans exister, observait sans voir, était lui sans l'être véritablement.

Le refus catégorique de Lou prenait un tout autre sens que Maeva se détesta de ne pas avoir décelé avant. A la lumière de ce nouvel élément, son insistance lui semblait déplacée, cruelle. Elle se mordit la lèvre, brusquement mal-à-l'aise.

« Oh, Lou... » Elle hésita une brève seconde puis franchit la distance qui la séparait de sa sœur pour la serrer dans ses bras. Lou n'était pas très tactile - elle ne l'était plus, du moins - et les étreintes entre elles étaient devenues plus rare au fil des années. Mais cette fois-ci, Maeva passa outre leurs retenues habituelles.

Après tout, il n'était pas non plus dans les habitudes de Lou de pleurer face à elle.

Alors elle entoura sa petite sœur de ses bras, posa une main dans ses cheveux. Son cœur battait fort dans sa poitrine, sous le coup de l'adrénaline des dernières minutes puis de cette révélation qui la plongeait dans une fébrilité anxieuse.

« Pardon... Pardon, je suis trop conne, j'ai pas du tout pensé que... Enfin... Personne ne nous a jamais rien demandé... »

Après la mort de Peter, elle avait eu une quantité phénoménale de documents à remplir et à signer. Peter n'était plus en lien avec sa famille norvégienne. Lou était mineure. Maeva était, de fait, la seule famille qui lui restait. Elle avait organisé les obsèques, résilié les contrats, sa ligne Pear, ses abonnements. Mais, dans toute cette paperasse, elle n'avait jamais signé le moindre document autorisant Poudlard à utiliser le visage de beau-père pour remplir sa galerie des portraits.

Cette idée la révolta.

Mais pas autant que celle de convoquer Lou face au portrait de son père décédé.

« Bien sûr que tu vas pas aller dans ce bureau... »  souffla-t-elle, la gorge nouée. Elle se recula pour capter son regard. « Tu l'as déjà vu ? On t'a déjà convoqué là-bas ? »



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Lou Virtanen
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Situation de crise [PV Maeva] Icon_minitimeMer 28 Fév 2024 - 7:21
"Bah oui… " souffla-t-elle simplement quand sa sœur s’étonna de l’existence d’un portrait de Peter dans le bureau du directeur.

Quand elle était enfant, Lou se faisait consoler par Maeva dès qu’elle avait une petite peine ou un gros chagrin. Elle avait pleuré dans les bras de sa sœur quand les elfes de maison qui faisaient le ménage dans la salle des professeurs avaient jeté par erreur son dessin à la poubelle. Elle avait profité d’un long câlin de réconfort quand elle s’était cassé le poignet en tombant dans les escaliers de la volière. Elle avait cherché le soutient de sa sœur quand elle s’était violemment disputée avec une de ses amies, en première année. A cette époque, où elle ne cherchait pas à dissimuler ses émotions, c’était souvent Maeva qui avait séché ses larmes.

Leur relation avait changé quand son père était tombé malade et quand Maeva était devenue cette nouvelle figure d’autorité, en plus d’être sa sœur. Lou n’avait plus eu envie de lui dire ce qu’elle avait sur le cœur, elle avait admiré la force de son ainée dans cette épreuve et avait pris exemple sur elle qui ne montrait aucune faiblesse. Sa propre détresse ne lui avait plus sembler légitime face à la résilience de sa soeur et elle avait appris à garder ses émotions pour elle.

Depuis, Lou ne pleurait plus devant Maeva. Elle retenait ces larmes qui lui montaient si souvent aux yeux, elle se mordait la langue et serrait les poings. Elle explosait plus tard, seule.

Mais aujourd’hui, quand sa sœur fit un pas vers elle pour la prendre dans ses bras, elle ne réussit pas à se retenir. Dès l’instant où les bras de Maeva se refermèrent autour d’elle et que sa main se posa doucement sur ses cheveux, Lou éclata en sanglots. Des pleurs incontrôlables, qui lui coupaient la respiration et faisaient trembler ses épaules, et qui redoublèrent sous les excuses et les paroles rassurantes de sa sœur. Brusquement soulagée de ne plus avoir à sauver la face, elle abandonna toute résistance et laissa ses larmes couler à flots. D'un seul coup, elle se sentait redevenir toute petite.

Elles restèrent ainsi une longue minute avant que Maeva ne se sépare de Lou, qui essuya ses larmes en étalant son maquillage noir sur ses joues. Embarrassée par cette soudaine démonstration d'émotions, elle hocha la tête en reniflant quand sa soeur lui demande si elle s'était déjà retrouvée face au portrait de son père.

"L'année dernière, répondit-elle d'une voix larmoyante, les yeux rivés au sol. Il lui ressemble vraiment, ajouta-t-elle comme pour justifier son état pitoyable. Et il a sa voix, et il parle comme lui, et..." Sa voix s'étrangla à nouveau et elle serra les dents pour ne pas recommencer à pleurer.

Le portrait de Peter Virtanen était très réaliste. La ressemblance physique était spectaculaire, et la voix identique. Le tableau reproduisait parfaitement les intonations de l'ancien directeur, ses expressions de visage, sa façon d'être. Lou n'avait aucun doute sur le talent de l'artiste qui l'avait réalisé, un certain S.Fitcher d'après la signature, mais elle détestait ce tableau. Parce que ce n'était qu'une très bonne copie. Ce n'était pas son père.

Quand elle l'avait vu pour la première fois, le portrait lui avait parlé. Il l'avait appelé par son prénom, il avait dit "ma fille". Pendant un terrible instant, elle avait eu l'impression de se trouver en face de lui. Mais elle savait que c'était faux. Ce n'était qu'une reproduction de l'image de son père, à qui on avait fait mémoriser tout un tas d'éléments de la vie de Peter Virtanen. Le portrait connaissait les prénoms de ses filles, leurs dates de naissance, il avait des connaissances approfondies en runes anciennes, parlait couramment le finnois, et aurait certainement pu réciter la biographie de l'ancien directeur dans sa totalité. Mais il ne se rappelait pas l'histoire préférée de Lou, celle que son père lui avait lu des centaines de fois avant d'aller dormir, il ne se souvenait pas des batailles de boules de neige pendant les vacances de noël, quand Poudlard était presque désert, ni des vacances en Finlande au bord d'un lac. C'était son père tel que tout le monde l'avait connu, mais pas comme elle l'avait aimé. Il ne connaissait rien de leur vie familiale. Et il ne connaissait rien des secrets de Peter Virtanen.

Lou ne pourrait jamais lui demander pourquoi il lui avait caché la moitié de son passé, ou son véritable nom de famille. Elle ne pourrait jamais l'interroger sur ce casier judiciaire ou cette famille paternelle qu'elle ne connaîtrait jamais. Ce portrait n'était que l'image d'un père à qui elle ne pourrait plus jamais parler.

"C'est comme s'il était là, reprit-elle après avoir ravalé ses larmes. Mais c'est pas vraiment lui..."


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Maeva Virtanen
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Situation de crise [PV Maeva] Icon_minitimeVen 1 Mar 2024 - 7:06
Les sanglots de Lou déchirèrent le silence du bureau. Elle tremblait contre Maeva, qui gardait ses deux bras autour d'elle comme pour contenir sa détresse dans cet écart. Il lui semblait que cela faisait une éternité qu'elle n'avait pas vu Lou pleurer ; probablement depuis la mort de Peter. Plus jeune, elle avait souvent accueilli le chagrin de sa petite sœur dans le creux de ses bras. Elle savait exactement quoi dire pour la réconforter, quoi faire pour faire taire ses larmes. A une époque qui n'était même pas si lointaine, Maeva avait été la confidente de Lou, celle à qui elle disait tout. Puis un grain de sable s'était immiscé dans leur relation et leurs rapports s'étaient teintés d’une incompréhension mutuelle.

Depuis, Lou ne se laissait plus aller aux larmes face à elle. Parfois, Maeva percevait son émotion mais celle-ci était toujours étouffée par de la colère que sa sœur transformait en reproches à son encontre.

Cette fois-ci, toute la tension qui crépitait pourtant autour d’elles sembla s’évanouir, chassée par les sanglots de Lou. Maeva avait la gorge nouée, les yeux brillants de larmes qu’elle ne contint que difficilement à son tour et qui s’accentuèrent davantage lorsque son regard croisa celui de Lou. La détresse de sa sœur lui tordait le cœur, peut-être encore plus que les images que ses mots convoquaient chez elle et qui, pourtant, faisaient poindre une nausée au bord de ses lèvres.

A quelques mètres d’elles, un portrait portait le visage de son beau-père. Il s’agissait d’un portrait comme il y en avait des centaines à Poudlard ; il bougeait, parlait, semblait vivre pour l’éternité dans son cadre en bois.

Pourtant, Peter était mort.

Maeva avait assisté à la lente et douloureuse dégradation de son état de santé. Elle l’avait accompagné lorsqu’il avait été hospitalisé à Ste-Mangouste et était allée le voir tous les jours. Elle venait sur le temps du midi, achetait une salade ou un sandwich à la cafétéria de l’hôpital et mangeait dans sa chambre. Elle lui parlait de son travail, lui racontait ses derniers projets et les problèmes qu’elle rencontrait avec certains clients. Elle évoquait Lou, les weekends qu’elles passaient ensemble. Un jour, elle lui avait promis de s’occuper d’elle. Au-dessus des miettes de son sandwich au concombre elle lui avait dit : « tu sais, je la laisserai jamais tomber » et Peter avait souri. Il était mort quelques semaines plus tard.

Elle avait organisé les obsèques, avait choisi le cercueil, la pierre tombale, les inscriptions. Peter était mort.

Et pourtant, quelque part dans ce château, une peinture bougeait comme lui, parlait comme lui, avec la même voix, les mêmes intonations, les mêmes expressions sur le visage.

L’idée était terriblement douloureuse car elle ravivait un manque qu’il était plus facile de faire taire lorsque rien ne pouvait le satisfaire. Une part de Maeva mourrait d’envie de retrouver, même pour une minute, la voix familière de son beau-père. Une autre, plus raisonnable, plus lucide, martelait ce qu’elle savait déjà et ce que Lou avait dû affronter l’année dernière : ce n’était pas lui. Et ce ne serait jamais lui.

Posant ses mains sur les joues de sa sœur pour encadrer son visage, Maeva hocha la tête.

« Je sais, je sais… » souffla-t-elle alors que la voix de Lou s’étranglait dans sa gorge. « Je suis désolée, je… J’aurais dû y penser. »

Elle l’attira à nouveau dans ses bras, le visage traversé par toutes les émotions qui l’assaillaient brusquement. Elle chercha à les contenir dans l’étreinte qu’elle offrit à sa sœur mais ne put retenir quelques larmes qui roulèrent sur ses joues alors qu’elle lui caressait les cheveux. Il se passa encore plusieurs secondes avant qu’elle ne trouve le courage de reprendre la parole :

« Tu vas pas aller là-bas, d’accord ? Promis. » lui chuchota-t-elle à l’oreille. « Et personne va te forcer à y aller. » Elle se recula à nouveau pour croiser le regard de sa sœur. L’indignation qui l’envahit à cet instant ne suffit toutefois pas à chasser le nœud dans sa gorge : « Je comprends même pas comment tes profs ont pu te convoquer dans ce bureau en sachant ça… T’as eu raison de refuser de monter dans ce bureau. » Elle se pencha vers elle pour faire un geste qu’elle n’avait pas fait depuis des années et déposa un baiser sur son front. « A ta place, j’aurais fait pareil... »



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Lou Virtanen
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Situation de crise [PV Maeva] Icon_minitimeVen 8 Mar 2024 - 13:33
Pour une fois, Lou résista à l’envie de se dégager quand Maeva encadra son visage de ses mains, la forçant à la regarder en face, elle qui gardait toujours la tête baissée. Elle avait les yeux gonflés de larmes et cernés du maquillage noir qui avait coulé sur ses joues. Son regard semblait étonnement plus doux qu’à l’ordinaire, débarrassé de son habituel air renfrogné. Il croisa celui de Maeva, qui brillait de la même tristesse, et elle se laissa attirer contre elle en faisant semblant d’ignorer les larmes qui coulaient dans ses cheveux, et qui n’étaient pas les siennes. A son tour, elle referma ses bras autour de sa sœur et elles restèrent un instant ainsi, enlacées l’une contre l’autre à partager un chagrin dont elles ne parlaient jamais.

Lou se sentait généralement mieux après avoir pleuré. Seule dans son lit le soir ou sous sa douche, les larmes lui apportaient toujours une fatigue salvatrice et un sentiment de soulagement. Cette fois pourtant, son ventre restait noué et même les promesses rassurantes de sa sœur ne suffisaient pas à l’apaiser. Une part d’elle était soulagée d’entendre Maeva lui affirmer qu’elle n’aurait pas à se rendre dans le bureau du directeur, mais une autre craignait que sa sœur ne révèle les raisons de ce refus à ses professeurs et -pire !- à Taron et sa mère.

Lou avait déjà évoqué l’existence du tableau de Peter avec son ami, toujours sur le ton de la plaisanterie. Elle avait joué celle que cela n’affectait pas. La fille cool qui faisait des blagues sur ses parents morts. Elle n’avait pas du tout envie que Taron réalise qu’elle n’était finalement qu’une gamine incapable d’affronter le portrait de son père décédé.

Elle n’avait pas non plus envie d’expliquer à Maeva qu’elle n’assumait pas sa sensibilité, pourtant elle allait devoir le faire si elle voulait éviter l’humiliation. Sa sœur ne lui en laissa toutefois pas l’occasion puisqu’elle poursuivit en assurant qu’elle avait eu raison de refuser la convocation dans le bureau du directeur, et qu’elle aurait fait pareil à sa place. Lou dévisagea son aînée avec surprise. Maeva était si parfaitement exemplaire dans ses rapports aux autres qu’elle avait du mal à l’imaginer s’opposer à ses professeurs.

Sa sœur semblait toujours avoir le bon comportement, et faire exactement ce qu’on attendait d’elle. Elle avait fait une scolarité brillante, avait un métier prestigieux dans lequel elle excellait, elle avait géré la maladie puis la mort de Peter sans faillir. Elle était responsable, fiable et solide. Face à elle, Lou avait l’impression d’échouer constamment. Elle n’était pas aussi forte, pas aussi accomplie, pas aussi brillante. S’entendre dire que sa sœur aurait réagi comme elle dans cette situation lui apportait au moins autant de réconfort que l’étreinte qu’elles avaient partagée.

"Vraiment ? s’étonna-t-elle à voix haute alors que sa sœur déposait un baiser sur son front. Désolée de pas te l’avoir dit avant, ajouta-t-elle en baissant les yeux. Mais je… Elle avait eu honte, et elle ressentait toujours cet embarras à l’idée d’assumer publiquement sa faiblesse. Est-ce qu’on peut ne pas leur dire ?"

Elle jeta un regard en arrière en direction du couloir où Taron, Mrs Atwell et le Professeur Carter devaient les attendre. Elle avait conscience qu’il serait difficile de justifier son refus de se rendre chez le directeur sans donner de raison, mais elle préférait subir toutes les sanctions autorisées par le règlement plutôt que d’avouer qu’elle ne voulait pas se retrouver face au portrait de son père.


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Situation de crise [PV Maeva] Icon_minitimeDim 10 Mar 2024 - 3:54
L’étreinte qu’elles partagèrent fit autant de bien à Maeva qu’à Lou. Elle trouva un certain réconfort à se sentir en lien avec sa sœur dans ce moment aussi difficile et qui remuait beaucoup de choses en elle. Maeva s’était sentie très seule au moment du décès de ses parents ; en moins de trois mois, elle s’était retrouvée orpheline de père et de mère et elle n’avait jamais senti que les autres pouvaient comprendre ce vide qui la rongeait de l’intérieur. C’était rare de perdre ses deux parents et, outre quelques témoignages trouvés sur des forums et lus au cœur de la nuit, les yeux gonflés par la fatigue, elle ne s’était jamais sentie réellement comprise. Cela avait été le vide, brusquement, comme si on avait coupé ses racines. Toutes ses racines.

Avec Peter, elle avait trouvé un semblant d’ancrage. Ils s’étaient choisis tous les deux pour faire partie de la vie l’un de l’autre ; elle avait même pris son nom pour acter ça quelque part, pour le faire exister légalement. Puis il était mort, lui aussi. Et à nouveau, le vide.

Maeva et Lou n’en parlaient jamais mais Lou comprenait. Du moins, Maeva supposait qu’elle comprenait, qu’elle expérimentait cette même difficulté à avancer, parfois, avec cet arbre généalogique qui ressemblait davantage à une souche. Elle ne savait pas comment en parler avec elle ; elle avait déjà essayé de le faire – très maladroitement – et Lou s’était immédiatement fermée.

Maeva ne pouvait pas la blâmer ; elle n’aimait pas parler de ça, elle non plus.

Mais dans cette étreinte, il y avait mille mots qui réchauffaient son cœur. Des mots de soutien et d’apaisement, d’amour et de reconnaissance. Des mots qui disaient une compréhension mutuelle que Maeva finit par verbaliser après de longues minutes de silence. Lou s’en étonna mais elle hocha la tête :

“Vraiment.”

A la place de Lou, elle aurait peut-être été encore plus insolente envers son directeur de maison, au lieu de s’obstiner simplement dans le refus.

En revanche, il était probable que, comme elle, elle aurait voulu garder les raisons de son refus secrètes. Face à cette demande, Maeva se mordit brièvement la lèvre. Ce n’était pas simple, depuis sa position, de soutenir sa sœur sans expliquer pourquoi elle le faisait. Elle se sentait tout-à-fait capable de monter dans le bureau du directeur et d’incendier James Carter et Jonah Forbes. Elle voulait leur demander comment ils pouvaient prétendre assurer la sécurité affective de leurs élèves et vouloir imposer ça à sa sœur. Elle voulait qu’ils réalisent, qu’ils s’excusent et même mieux : qu’ils déplacent ce fichu tableau.

La colère qui la gagnait se heurta au regard de Lou et Maeva prit une longue inspiration.

“Ok.” fit-elle. “Oui, bien sûr. Je vais juste demander que la réunion se tienne ici.”

La volonté de deux sœurs Virtanen eut raison de la convocation dans le bureau du directeur. Cela n’exempta pas les deux adolescents de recevoir une longue réprimande de Jonah Forbes, de James Carter et de Neville Londubat. Mrs Atwell tournait souvent des regards vers Maeva que cette dernière ignorait sciemment, les yeux fixés sur le directeur de Poudlard qui insistait sur la gravité des faits. Finalement, la sanction tomba : une semaine d’exclusion, pendant laquelle ils devaient tous les deux réaliser un stage et rédiger un rapport d’une trentaine de pages sur cette expérience professionnelle. Lou fut raccompagnée par James Carter jusqu’à sa salle commune pour qu’elle puisse rassembler ses affaires, avant d’être escortée jusqu’à la grille du château où l’attendait Maeva.

Elle la fit transplaner jusqu’à Leopoldgrad, où le jour faiblissait rapidement. Les rues étaient déjà éclairées par plusieurs petites flammes magiques qui virevoltaient en hauteur lorsqu’elles gagnèrent l’immeuble où Maeva résidait. Elles entrèrent dans l’appartement silencieux. Il y avait beaucoup de bruit dans les pensées de Maeva et les mots lui échappaient. Elle finit par se tourner vers Lou pour lui demander :

“Comment tu te sens ?”


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Lou Virtanen
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Situation de crise [PV Maeva] Icon_minitimeDim 10 Mar 2024 - 12:21
Evidement, quand Maeva demanda, sur un ton sérieux et calme, à ce que la réunions se tienne dans le bureau du professeur Carter plutôt que dans le bureau du directeur, elle rencontra bien plus de succès que Lou. Ce qui était parfaitement injuste, de l'avis de cette dernière, même si elle était plutôt soulagée de l'issue de la situation. Pourquoi est-ce qu'ils écoutaient Maeva alors que personne n'avait voulu l'écouter elle ? Le fait d'être reconnue comme une adulte, de ne pas s'exprimer uniquement pas des monosyllabes, et de ne pas avoir prise sur le fait en train de tatouer un adolescent mineur devait beaucoup aider.

Après les tensions des derniers instants, elle eut du mal à se sentir très concernée par le sermon de l'équipe enseignante, qu'elle se contenta d'écouter en silence. Maintenant que la crainte de devoir affronter le portrait de son père était passée, elle se désintéressait un peu de la suite. Elle fut plutôt ravie de sa sanction, qui lui permettrait de s'éloigner de l'école pendant une semaine, mais s'efforça de ne pas trop le montrer.

Il avait été convenu qu'ils quitteraient Poudlard dès ce soir, et Lou rejoignit donc Maeva devant les grilles de l'école après avoir récupéré ses affaires dans son dortoir. Elles transplanèrent aussitôt pour Léopolgrad et Lou mit quelques minutes à se débarrasser de la nausée qui l'assaillait à chaque fois qu'elle se déplaçait de cette façon. Elle espérait que ce serait différent quand elle aurait son permis de transplanage, qu'elle projetait de passer au printemps.

Elles pénétrèrent en silence dans l'appartement de Maeva. Lou abandonna son sac sur le sol dans l'entrée, où elle se débarrassa également de ses bottines noires. Elle prit volontairement beaucoup de temps à retirer sa veste en jean et à l'accrocher soigneusement au porte-manteau, plutôt que de l'abandonner sur le dossier d'une chaise comme elle le faisait d'habitude. Elle cherchait ainsi à retarder au maximum la discussion avec sa soeur. Elle se sentait un peu gênée par sa crise de larmes tout à l'heure. Elle n'avait pas l'habitude de se dévoiler de la sorte et, si cela lui avait fait du bien sur le moment, elle se sentait terriblement embarrassée maintenant que c'était terminé.

Elle aurait voulu ne plus jamais en parler, mais elle n'était pas certaine que Maeva serait du même avis, puisqu'elle lui demanda d'emblée comment elle se sentait.

"Ça va, répondit-elle simplement à la question de sa soeur. Et toi ? enchaina-t-elle aussitôt. Je peux te laisser si t'as du boulot à finir..."

Maeva avait toujours du boulot à finir. Et Lou avait très envie d'aller s'enfermer dans un chambre et de ne plus en ressortir avant le lendemain matin.


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Situation de crise [PV Maeva] Icon_minitimeLun 11 Mar 2024 - 4:23
Maeva ne s’attendait pas à ce que Lou se fende d’un long discours sincère sur comment elle se sentait réellement. Elle connaissait sa petite-sœur, elle savait très bien qu’elle s’enfermerait dans le silence dès qu’elle en aurait l’occasion. Pourtant, elle ne se sentait pas complètement à l’aise avec l’idée de ne rien dire de ce moment qu’elles avaient vécu à Poudlard. Il y avait plein de mots qui se bousculaient contre ses lèvres, qui tourbillonnait dans sa tête sans qu’elle ne parvienne réellement à s’en saisir.

Elle sentait qu’elle devait dire quelque chose. Que c’était la bonne chose à faire.

Mais elle était incapable de savoir quoi.

Lou s’empressa de lui proposer de la laisser seule, arguant qu’elle avait peut-être du travail à finir. Maeva esquissa un vague sourire ; elle avait effectivement du travail à finir. Elle avait emporté les plans d’Azkaban, enregistrés dans un boîtier sécurisé, et pensait déjà poursuivre son travail pendant une heure ou deux. Il était tard, pourtant, mais elle ressentait l’urgent besoin d’occuper ses pensées sur quelque chose.

Reprendre le dessin d’une prison moyenâgeuse lui permettait au moins ne penser à rien d’autre.

“Ouais, il faut que je bosse encore un peu...” admit Maeva. “T’as dîné ou pas ? Je vais faire un truc vite-fait.”

Elle s’éloigna dans la cuisine, posa son Pear sur le plan de travail. Ses pensées tambourinaient encore contre ses tempes et le silence lui coûtait. Il fallait qu’elle parle, alors elle dit la première chose qui lui parut sincère :

“Il me manque aussi, tu sais.”

Elle ne savait même pas si Lou l’écoutait toujours – elle s’était retournée pour se diriger vers sa chambre.

Au fond, elle n’attendait même pas une réponse.

Elle voulait juste lui dire qu’elle savait.



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Situation de crise [PV Maeva] Icon_minitimeLun 11 Mar 2024 - 18:19
"J'ai pas super faim" répondit Lou en s'éloignant déjà dans le couloir qui menait à sa chambre.

En vérité, elle n'avait surtout aucune envie de partager un repas en tête-à-tête avec Maeva. Elle était certaine que sa sœur profiterait de cette occasion pour lui reparler de ce qu'elle avait dit dans le bureau du professeur Carter et elle tenait à tout prix à l'éviter. Elle avait eu un moment de faiblesse, là-bas, qu’elle préférait oublier. Son plan était de s'enfermer dans sa chambre et d'attendre que Maeva aille se coucher pour ressortir et aller grignoter quelque chose dans la cuisine.

Elle était déjà à mi-chemin vers sa chambre quand la voix de Maeva la fit s’arrêter au milieu du couloir.

"Il me manque aussi, tu sais."

Lou sentit sa gorge se nouer et les larmes lui monter aux yeux mais elle les ravala et se mordit les lèvres pour se retenir de pleurer. Pendant un instant elle envisagea de se précipiter dans la cuisine pour se réfugier à nouveau dans les bras de sa sœur mais elle se ravisa. Elle n’avait pas envie de devoir ensuite aborder le sujet avec elle. Elle n’était pas prête à en parler.

Elle savait qu’elle était ridicule, parce que ça faisait trois ans et qu’elle aurait dû être capable de discuter de ces choses-là, mais elle en était incapable. Elle ne savait pas comment exprimer ce qu’elle ressentait sans se mettre à pleurer. Elle ne savait pas comment évoquer ces choses-là sans être submergée par des émotions qu’elle n’arrivait pas à gérer. Soit elle gardait tout pour elle, soit elle explosait dans un mélange ravageur de colère et de tristesse, elle ne trouvait pas de juste milieu. Alors la plupart du temps, elle se taisait.

Bien sûr que son père lui manquait, tous les jours. Elle était complètement paumée depuis qu’il était parti. Tellement paumée qu’elle ne savait plus quoi penser de lui. Elle avait envie de lui en vouloir, pour avoir gardé tant de secrets et pour les avoir emmenés avec lui dans la tombe. Elle voulait être en colère contre lui pour lui avoir menti pendant des années, mais elle aurait sacrifié toutes les vérités du monde pour passer encore une minute avec lui. Elle se trouvait nulle, de ne pas être capable de le voir comme le menteur qu’il avait été, comme le fils de mangemort, comme celui qui avait un casier judiciaire. Elle aurait voulu être plus rationnelle et moins sentimentale mais elle n'y arrivait pas. Son père lui manquait trop pour qu’elle puisse être en colère contre lui. Alors elle était en colère contre le reste du monde, et surtout contre elle-même.

Elle aurait pu partager ça avec Maeva, qui l’aurait surement écoutée, et peut-être même comprise, mais elle tenait trop à paraitre aussi forte qu’elle. Elle ne voulait pas recommencer à pleurer comme une enfant devant sa sœur qui, elle, ne pleurait jamais. Alors elle prit une grande inspiration et répondit d’une voix qu’elle espérait parfaitement maitrisée mais qui tremblait un petit peu.

"Merci, pour ce soir."

Sans attendre de réponse, elle franchit les quelques pas qui la séparaient de sa chambre et s’y engouffra. Elle referma aussitôt la porte derrière elle et s’y adossa, les jambes tremblantes. Elle souffla longuement et essuya du plat de la main les larmes qui avait recommencé à couler sur ses joues. Sans prendre la peine d’allumer la lumière, elle se roula en boule sur son lit et attrapa son oreiller pour y étouffer le bruit de ses pleurs.

RP TERMINÉ


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