[flash-back] Les histoires d'amour finissent mal... [Gavin & Adèle]

« De toute façon, je ne vois que toi comme futur capitaine, disait Olivia, appuyée contre Taron. Tu imagines genre Luka ?? Désolée mais il ne sait vraiment pas comment doit fonctionner une équipe.
- Déjà qu’il a du mal à appliquer les consignes qu’on lui donne…, souffla Gavin avec un petit rire moqueur.
- Donc en donner c’est même pas la peine en fait ! renchérit sa camarade en tendant la main vers lui. Non franchement, y’a pas… Et puis déjà vu que t’es gardien tu vois le jeu différemment de nous, t’as une vision d’ensemble, et c’est ce qu’il faut !
- Ecoute, on verra bien, » conclut Gavin en s’étirant un peu avant d’attraper la bière que lui tendit Taron.

Son ami alluma ensuite une cigarette et la conversation se poursuivit entre Olivia, Joshua et Megan sans que Gavin n’y prête beaucoup d’attention. Il but une gorgée de bière avant de faire passer la bouteille à Adèle assise à côté de lui. Sa possible nomination comme capitaine de l’équipe de Quidditch des Gryffondor l’angoissait un peu à vrai dire et il préférait ne pas trop y penser tant que Poudlard n’aura pas donné sa réponse. Il en rêvait bien sûr et serait forcément déçu s’il n’était pas sélectionné mais il se posait quand même pas mal de questions. Il se demandait notamment s’il avait les épaules pour endosser ce rôle et si ses coéquipiers l’accepteraient comme capitaine. Il était un excellent joueur, remarqué par sa technicité, ses arrêts impeccables et ses stratégies d’équipe, et avait soutenu leur ancien capitaine dans son rôle, mais il était aussi connu pour ses états d’âme, ses accès de colère sur le terrain et les hurlements qu’il pouvait pousser à l’encontre de ses coéquipiers. Ces derniers lui pardonnaient toujours son tempérament colérique, soit parce que Gavin avait raison dans ce qu’il leur reprochait, soit parce qu’ils commençaient à le connaître, mais qu’en serait-il s’il était capitaine ? Les autres penseraient peut-être qu’il abuse de son statut… Compte tenu tous ces éléments, le jeune homme se demandait vraiment si sa candidature allait être retenue et si on lui pardonnerait de parfois partir au quart de tour.

En attendant, le Gryffondor comptait bien profiter un minimum de la soirée concoctée par Megan pour son anniversaire qui tombait pile à la fin de leur quatrième année. Il avait été surpris qu’ils soient invités, Taron et lui, mais Joshua leur avait appris qu’il avait réclamé leur présence auprès de Megan. Les deux adolescents sortaient ensemble depuis deux semaines tout au plus et semblaient filer le parfait amour. Encore dans une période de flirt, ils s’adressaient souvent des mots doux et avaient des gestes tendres l’un envers l’autre qui n’échappaient pas au regard de Gavin, même dans la semi-obscurité où ils se trouvaient. Taron et Olivia, poursuiveuse de l’équipe des Gryffondor, étaient en relation depuis plusieurs mois déjà et, installés plus durablement dans leur relation – à l’échelle d’adolescents j’entends – ils ne se comportaient pas tout à fait pareil. Gavin avait joué l’entremetteur entre ses camarades dès que Taron lui avait avoué avoir un crush pour Olivia et les deux garçons devaient admettre que leur plan avait plutôt bien fonctionné. Joshua, lui, s’était débrouillé tout seul pour pécho Megan – quoique Gavin fut plutôt persuadé que c’était Megan qui avait pecho Joshua et non l’inverse – mais le jeune homme devait à ses amis la confiance qu’il avait progressivement gagnée depuis la première année, lui qui était incapable d’aligner deux mots face à une personne qui l’impressionnait un tantinet.

Finalement, celui qui se retrouvait seul, célibataire au milieu de ces couples, après s’être mêlé des histoires sentimentales de ses amis était Gavin. Alors que, disons-le, il adorait plaire et savait qu’il plaisait. Il surprenait souvent des regards sur lui et savait très bien reconnaître ceux envieux et caressants à ceux davantage méprisants. Il avait bien eu une petite copine en première année, puis en deuxième année – qu’il avait quitté en troisième année parce qu’elle était jalouse – et il avait entretenu cette année une histoire de quelques semaines avec l’attrapeuse de leur équipe qui s’est seulement résumée à une attirance charnelle.
Joshua l’avait motivé à venir en lui disant : « Il y aura des meufs et tout ! » mais pour l’instant ils avaient passé tellement de temps derrière ce mur à papoter et boire loin du cœur de la soirée que Gavin n’avait pas songé à jeter son dévolu sur qui que ce soit, bien qu’il en ait envie. Il y avait bien Adèle Dameski, assise à côté de lui, qui était très jolie, le jeune homme devait bien l’avouer, mais ils ne se connaissaient pas plus que le leur permettait leurs cours en commun ou leur cercle d’amis respectifs. Cela aurait été le cas si Gavin s’était intéressé un peu plus à elle jusqu’ici mais depuis qu’il la connaissait, il la considérait seulement comme une camarade de cours. En soit, si Joshua et Megan n’étaient pas ensemble, Gavin et Adèle n’auraient même aucune raison d’être tous les deux à la même soirée.

Megan, justement, finit par entraîner Joshua dans un coin plus tranquille et les quatre autres restèrent assis avec leur bière. Nul doute que le couple restant allaient finir par les imiter ou parleraient ensemble en les laissant de côté. Super. La bouteille de bière revint à Gavin et il en prit une bonne gorgée pour meubler le silence. Suivant certainement le même raisonnement, Adèle s’adressa à lui. Ils n’avaient pas vraiment parlé tous les deux depuis le début de la soirée, échangeant seulement dans les discussions avec les autres, alors Gavin y voyait l’occasion de la connaître un peu plus. Il était là pour passer une bonne soirée avec ses camarades après tout.

« Ouais je vais en France, répondit-il en reposant la bouteille de bière. Il lécha ses lèvres humidifiées par la boisson avant de reprendre : On va passer quelques jours à Paris et après on va en Bretagne. Il n’était pas tout à fait sûr de la prononciation française sur ce coup. J’aurais préféré le sud mais… je m’en contente, » ricana-t-il.

Il avait vu des photographies de la région méditerranéenne où le soleil rayonnant dansait sur les eaux bleues de la mer et à vrai dire il était un peu dégoûté de se retrouver sur la côte Atlantique : ils avaient aussi cet océan en Angleterre, pourquoi ne pas aller voir une mer inconnue ? En réalité, la famille Turner voyageait en France pour récompenser Gaelle, la grande sœur de Gavin, pour sa réussite aux ASPICs et pour soutenir son projet de poursuite d’études en Histoire de la Magie. Gaelle voulait découvrir une culture différente et s’intéressait à l’Histoire de la Magie française alors leurs parents avaient organisé un petit voyage familial alliant plaisir et découverte culturelle. Gavin avait un peu le sentiment que ses désirs à lui n’avaient pas été respectés dans l’organisation et en voulait un peu à sa sœur – ou était un peu jaloux. Gaelle avait été une élève exemplaire à Poudlard et pendant qu’il brillait sur le terrain de Quidditch, sa sœur brillait pour ses résultats scolaires et son ambition. Et ce pour le plus grand plaisir de leurs parents. Ils s’entendaient très bien tous les deux, aussi bien qu’une relation de frère et sœur le permettait, mais, dans leur famille où la réussite scolaire revêtait une importance particulière, Gavin avait le sentiment d’être parfois moins considéré que son aînée. Il se tourna légèrement pour faire face à Adèle.

« Et toi ? Tu pars quelque part ? » lui demanda-t-il en retour en portant la bouteille à ses lèvres.

Adèle ne masqua pas son enthousiasme lorsqu’il évoqua ses futures vacances en France. Paris était une destination qui faisait rêver pour des adolescents comme eux et ce serait mentir de dire que Gavin n’avait pas immédiatement consulté des recommandations de lieux à voir ainsi que des photos sur son Pear. Pourtant, ce voyage en famille avait un goût amer qu’il avait du mal à digérer. Déjà parce qu’il était intimement convaincu que ses parents avaient organisé tout cela pour Gaelle, et qu’ils ne l’auraient pas fait pour lui, mais aussi parce qu’il imaginait déjà la fausse famille unie qu’ils joueraient en public… Faux semblants qui s’évanouiraient dès leur retour sur le sol anglais, dans leur routine habituelle. Il voyait déjà les airs faussement heureux et amoureux de ses parents et en avait presque la nausée. Ce ressentiment ne faisait que croître depuis qu’il avait pris conscience que leurs parents n’avaient plus rien à faire ensemble mais qu’ils ne se séparaient pas pour autant. Du haut de ses quinze ans, Gavin avait sûrement encore beaucoup de choses à apprendre mais il ne comprenait pas pourquoi ses parents s’enlisaient de la sorte dans leur relation.

« Ouais j’y suis déjà allé quand j’étais petit mais je m’en souviens pas trop, » répondit-il à la question d’Adèle en haussant les épaules. Ses parents avaient dû les emmener à Paris lorsque Gaelle et lui n’avaient même pas encore l’âge d’être à Poudlard aussi gardait-il seulement le souvenir d’une balade en bateau-mouche sur la Seine où un pigeon lui avait chié dessus.

Plutôt que de penser aux vacances qu’il allait passer avec ses parents et sa sœur, Gavin prêta toute son attention à celles de sa camarade qu’elle lui détaillait. Il fut surpris d’apprendre que toute sa famille vivait en Pologne et haussa les sourcils, curieux.

« T’es Polonaise ? s’enquit-il alors. C’est vrai que Dameski c’est pas très anglais… réfléchit-il tout haut. Mais c’est très joli hein ! rajouta-t-il précipitamment. Il ne voulait pas qu’Adèle pense qu’il se moquait de son nom de famille. Surtout que, en y réfléchissant, il aimait bien la sonorité de son nom et la répétition du D d’Adèle. Mais du coup tu n’as pas voulu aller à Durmstrang ? »

Le jeune homme se repositionna légèrement sur le sol de graviers pour faire face à la Poufsouffle. Il ne pensait pas qu’Adèle Dameski pouvait autant susciter son intérêt et se surprit à écouter attentivement le programme de ses vacances en buvant une autre gorgée de bière. Toute sa petite famille comptait faire un périple en balai dans les Carpates et Gavin ne put s’empêcher d’imaginer la jeune femme volant sur un balai. Déformation de joueur – ou esprit tordu de gros charo – il l’imagina en tenue de Quidditch et ses yeux glissèrent sur les jambes dénudées d’Adèle pour déterminer si la tenue des joueurs sublimerait ses formes ou non. Son regard ne s’attarda pas et remonta rapidement sur le visage de sa camarade qui précisait qu’elle partait le lendemain de bonne heure.

« Tu m’étonnes, dit-il avec un petit rire. J’aurais trop eu la flemme aussi. Nul doute qu’à la même heure il serait en train de dormir profondément, lancé pour une grasse matinée jusqu’à midi minimum. Surtout que, genre, c’est en Portoloin ? Pourquoi partir si tôt alors ? »

Il allait porter la bière à ses lèvres en ricanant lorsque la jeune femme la lui prit des mains pour en boire une gorgée à son tour. Gavin ne manqua pas son regard qui cherchait le sien et sa curiosité fut piquer une fois de plus. Décidemment, Adèle Dameski pouvait être plus intéressante qu’il ne l’avait pensé de prime abord, songea-t-il en se fendant d’un sourire amusé qui dévoila ses dents blanches. Il s’accorda un temps de réflexion en cherchant, malgré la pénombre, une lueur toute particulière dans les yeux d’Adèle – celle qu’avaient les filles à qui il plaisait – avant de reprendre.

« Et donc, tu sais voler sur un balai ? » s’enquit-il en croisant ses mains désormais vides devant lui, sans lâcher la jeune femme du regard.

Adèle Dameski n’était pas le genre de filles que Gavin remarquait habituellement. Parmi les Poufsouffles, Megan était davantage fantasmée par les garçons. Plus solaire et plus accessible car très joyeuse, l’amie d’Adèle faisait partie des filles qui animaient les discussions de Gavin et ses potes dans l’intimité de leur dortoir. Mais jamais Adèle. A tort, songea le Gryffondor, car elle était pourtant très jolie avec son visage de poupée. Malgré lui, alors qu’Adèle lui parlait, il suivait du regard les contours de sa silhouette auxquels il n’avait jamais vraiment prêté attention auparavant. La semi-obscurité environnante ne lui permettait pas de voir tous les détails du visage de la jeune femme mais elle lui donnait l’opportunité de l’observer du regard sans être vu. Et l’instant était plutôt agréable.

« Le duty free où tu achètes mille trucs et après t’as plus de place dans ta valise ? Je connais. Je pense que mes parents vont devoir faire rétrécir mes achats quand on va partir à Paris, dit-il avec un petit rire. Apparemment, il y a même des produits Vargas parfois… » réfléchit-il tout haut.

Il aimerait bien avoir la nouvelle montre connectée commercialisée par l’entreprise de technomagie. Toutes les fonctionnalités qu’elle contenait avaient l’air incroyables et, en grand sportif, Gavin était notamment attiré par le suivi des données physiques et des performances sportives. Il y avait même un mode « Quidditch » qui permettait de mesurer en temps réel la vitesse de vol du porteur, son altitude, l’angle de sa position par rapport au sol et même la force déployée dans un coup… Mais il aurait tout le temps de tenter de convaincre ses parents aigris plus tard quand l’opportunité se présenterait. Le Gryffondor recentra donc ses pensées sur Adèle qui lui adressait un sourire énigmatique en réponse à sa question.

« Ouais ça m’étonne un peu ! avoua-t-il en souriant à son tour. Je t’ai jamais vue sur le terrain de Quidditch ou sur un balai… Ou peut-être n’y avait-il jamais prêté attention ? Mais du coup je suis un peu curieux ! Une expression surprise passa ensuite sur son visage quand la jeune femme lui apprit qu’elle songeait à tenter les sélections pour intégrer l’équipe de Poufsouffle l’année prochaine. Ah ouais ? Pour remplacer Reiner ? Bah écoute tente, c’est ta chance, dit-il avec un petit sourire. Nouveau capitaine, nouvelle attrapeuse… L’équipe des jaunes allait connaître presque tout autant de changements que celle des Gryffondor. Moi aussi je me demande qui sera capitaine… Chez vous comme chez nous ! » fit-il en référence à la discussion qui animait le groupe d’amis précédemment.

Un bruit de baisers humides leur firent tourner la tête vers Taron et Olivia qui ne semblaient absolument pas gênés par leur présence. Pas le moins du monde. Et bah voilà, Gavin était le seul de leur trio à ne pas avoir pecho ces derniers temps et ses deux potes comptaient le laisser en plan pour passer leur soirée à galocher leur copine respective. Super, les putes avant les potes donc. Il glissa un regard blasé vers Adèle et hocha la tête à sa question avant de s’adresser aux deux tourtereaux.

« Bah ça va ? On ne vous dérange pas ? les interpella Gavin d’une voix assez forte pour briser leur instant d’intimité. Pour toute réponse, Taron et Olivia se détachèrent quelques secondes pour lever d’un même mouvement leur majeur dans sa direction avant de repartir à l’assaut des lèvres de l’autre. Non mais je vous jure, soupira-t-il en se levant. Il décolla d’un mouvement de la main les graviers incrustés sur l’arrière de son jean, hésita un court instant, puis la tendit vers Adèle pour l’aider à se relever. On va marcher un peu ? Il désigna d’un mouvement de tête le mur d’enceinte de la maison derrière duquel s’élevait la musique provenant du garage. Je suis pas un très bon danseur, révéla-t-il avec une grimace. Et je crois que je préfère autant marcher dehors. »

Il ne savait pas trop où étaient partis Megan et Joshua – il remarquait d’ailleurs l’audace de la jeune femme à se tirer de sa propre soirée d’anniversaire pour aller bécoter son mec, bref – mais les deux adolescents suivirent le chemin qui contournait la maison, passèrent devant le portillon qu’ils avaient emprunté plus tôt et continuèrent jusqu’à déboucher sur le trottoir qui longeait la maison des parents de Megan. Ils marquèrent un temps d’arrêt où Gavin observa Adèle à la dérobée sous la lumière des lampadaires avant de reporter son regard vers le fond de la rue résidentielle déserte.

« Tu connais un peu le quartier ou pas du tout ? »

Ils prirent une direction aléatoire et s’éloignèrent tranquillement de la maison d’où la playlist pop se faisait entendre plutôt distinctement. Les voisins étaient quand même sympathiques… Ou sourds, nota Gavin. Si la mère de Taron avait habité la maison voisine, ils auraient déjà eu la visite des flics depuis 22 heures.

« Et donc, qu’est ce que tu aimes dans le fait de voler ? s’enquit-il en tournant la tête vers Adèle pour reprendre leur discussion où ils l’avaient laissée. Moi, j’adore être, genre, le plus haut possible, dit-t-il en levant les yeux vers le ciel nocturne où brillaient quelques étoiles malgré la pollution lumineuse des lampadaires. Quand je suis sur mon balai, j’ai l’impression que tout est minuscule et que rien peut m’atteindre, souffla-t-il, un brin rêveur. En vrai, c’est peut-être parce que je passe trop de temps sur un balai que j’oublie de rendre mes devoirs et que j’ai des mauvaises notes, ricana le jeune homme en reportant son regard sur sa camarade. Rien ne m’atteint, même pas les devoirs d’Al Majida ! »

Un peu plus loin, à l’issue du léger virage que la rue dessinait, un parc pour enfants avec des balançoires, tourniquets et autres structures de jeux se dessinaient dans la pénombre.

« Oh ça te dit on se pose là-bas ? » proposa le jeune homme en pointant le parc du doigt.

Tout en se dirigeant vers le parc pour enfants qui se dessinait plus loin, Gavin écoutait Adèle lui expliquer ce qu’elle préférait dans le fait de voler. Outre la prise de distance par rapport au monde et à ses pensées, comme il pouvait le vivre aussi, ce que la jeune femme aimait le plus était la vitesse et le fait de pouvoir explorer des endroits habituellement inaccessibles. Il comprenait mieux maintenant son envie d’intégrer l’équipe pour remplacer l’attrapeur actuel.

« Ah ouais t’es une fonceuse toi alors, s’amusa-t-il, un sourire dans la voix. Je vois ce que tu veux dire… Même si moi je fais juste des accélérations de genre 3 secondes pour arrêter des tirs, ricana-t-il. Par contre l’exploration dans un terrain de Quidditch… T’as vite fait le tour quoi, » ajouta-t-il avec une grimace.

Ils arrivèrent sur ces mots dans l’enceinte du terrain de jeux et traversèrent la pelouse sèche jusqu’aux balançoires. Gavin s’assit sur l’une delle, voisine de celle que choisit Adèle pour monter dessus et se balancer. La nuit était claire, l’air agréable et se trouver dans ce terrain de jeux vide fit un drôle d’effet à Gavin, comme s’ils étaient dans un espace hors du temps. La vie lui sembla irréelle le temps d’une seconde, jusqu’à ce qu’Adèle reprenne la parole pour l’interroger sur ses autres passions. Gavin eut un rire un peu gêné lorsqu’elle mentionna la danse et il imprima un mouvement de rotation à l’assise de sa balançoire pour enrouler les chaînes entre elles et se tourner vers la jeune femme.

« Non mais vraiment je fais pas mon modeste ! Je te jure que j’ai genre zéro rythme, dit-il avec une moue un peu honteuse. S’il était parfaitement honnête avec lui-même, il aurait bien aimé savoir mieux danser et admirait ceux qui savaient se mouvoir sur une musique sans s’emmêler les pieds. Notamment parce qu’il avait l’impression qu’un garçon qui savait danser plaisait toujours aux filles… Surtout en soirée pour danser des slows ou ce genre de choses. Les filles adoraient les slows, c’était Joshua qui le leur avait dit. Je suis à fond dans le Quidditch et je fais pas grand-chose d’autre, admit-il en laissant la balançoire retrouver sa position initiale, la semelle de ses baskets raclant le sol de sécurité en mousse. J’aime bien le handball aussi du côté sport moldu. Mais ça c’est à cause de Taron qui m’a montré des vidéos de matchs. »

Sur ce point, Gavin était assez monomaniaque. Il suffisait de jeter un œil à ses réseaux sociaux noyés dans du contenu sur le Quidditch pour le comprendre… Les seuls livres qu’il lisait étaient sur le Quidditch, il regardait des vidéos conseils pour se perfectionner et s’entraînait dur… Il parlait Quidditch, mangeait Quidditch, vivait Quidditch, respirait Quidditch. En le voyant nourrir sa passion, son père lui disait souvent « Au moins tu seras peut-être bon dans un truc ». Cela réveillait un sentiment étrange chez lui quand il disait ça, comme un mélange de fierté et de tristesse. Aussi Gavin était un peu gêné de ne pas pouvoir étaler toute sortes de passions devant Adèle ; elle allait peut-être le trouver un peu ennuyant. Mais il ne pouvait pas lui dire qu’il aimait genre… les voitures, c’était encore plus nul.

« Bon et toi alors ? Tu aimes le Quidditch et la danse du coup j’imagine ? demanda-t-il en retour, choisissant de s’intéresser à Adèle plutôt que de réfléchir à ses passions quasi inexistantes. J’ai vu des Knock-Knock avec Megan, tu dead ça en vrai, dit-il avec un sourire en coin. Il avait surtout un peu mater les deux filles sur leurs vidéos – Megan surtout – sans vraiment s’intéresser à la chorégraphie en elle-même, mais il était assez intelligent pour ne pas révéler cette information. Tu pourrais peut-être m’apprendre à danser ! » ricana-t-il.