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The start of an age [Andrew & Juliet]

Juliet E. Wilson
Juliet E. WilsonCapitaine de l'équipe nationale de Quidditch
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Profil Académie Waverly
The start of an age [Andrew & Juliet] Icon_minitimeSam 17 Fév 2024 - 6:09
Le stade d’Angleterre était – très objectivement – l’un des plus beaux d’Europe. L’ancien stade, situé aux alentours de Manchester et marqué par la guerre, avait été délaissé par l’équipe nationale en 2004 pour investir les locaux flambants neufs construits à Cambridge. Il y avait des gradins vertigineux, qui s’élevaient à plusieurs centaines de mètres au-dessus de la pelouse, une tour entièrement vitrée pour les commentateurs, des écrans géants pour retranscrire les actions aux spectateurs. Les vestiaires des deux équipes se trouvaient dans les hauteurs ; quant au rez-de-chaussée du stade, une large partie était occupée par les bureaux du staff de l’équipe nationale. Il y avait également deux vestiaires pour les arbitres, deux chambres d’appel, trois salles d’échauffement, des bureaux pour les délégués, une infirmerie, des salles de contrôle antidopage. C’était ici que l’équipe anglaise s’entraînait depuis plusieurs mois déjà, en vu de la Coupe du Monde qui se tiendrait l’été prochain en Australie.

C’était la première fois que Juliet menait l’équipe nationale dans cette compétition mondiale. Son capitanat avait commencé juste après la dernière coupe du monde, en 2019, où l’Angleterre s’était inclinée face à la France en demi-finale. La défaite – après leur brillante victoire en Russie en 2015 – avait été difficile à digérer pour toute l’équipe anglaise, qui comptait bien prendre sa revanche en 2023. Ils n’avaient pas eu de mal à s’imposer pendant les matchs de qualification et attendaient désormais le tirage au sort des poules qui aurait lieu au mois de décembre.

Cette fois-ci, ce n’était pas les visages sérieux de ses entraîneurs ou les mines déterminées de ses coéquipiers que Juliet avait retrouvés au Stade, mais des équipes journalistes venues pour promouvoir l’équipe nationale. Il en était toujours ainsi ; les grosses compétitions mondiales ou européennes favorisaient leur visibilité et leurs apparitions publiques se multipliaient dans les mois qui précédaient la première rencontre. Le Quidditch – et encore plus lorsqu’ils se pratiquaient à un niveau international – était une discipline fédératrice pour la nation, chose que les journalistes ne se privaient pas d’utiliser.

Aujourd’hui, Juliet participait au tournage d’une interview pour Buzzmag pour laquelle on lui avait demandé d’être en binôme avec Andrew Dubois. Leur duo plaisait toujours beaucoup à la presse ; ils se connaissaient depuis Poudlard, elle avait joué avec son père à Flaquemare, elle vivait en couple avec un homme qu’il considérait comme un oncle… On leur avait fait comprendre qu’il y avait une histoire à vendre et, bons joueurs, Juliet et Andrew s’y pliaient. Ils étaient donc installés sur deux chaises, l’un à côté de l’autre. Derrière eux, on avait tiré un fond blanc. Le montage final de l’interview ne durerait que quelques minutes mais le tournage était évidemment beaucoup plus long ; ils répondaient à bien plus de questions que celles qui seraient finalement sélectionnées.

« Juliet, lança la voix de Maggie, la journaliste qui leur faisait face, hors caméra. Vrai ou faux, c’est Andrew qui t’a pistonné chez Flaquemare auprès de son père ? »

Juliet eut un temps d’arrêt, comme si elle cherchait à convoquer dans sa mémoire des souvenirs vieux de plusieurs années.

« Vrai, répondit-elle finalement un petit sourire. Je ne sais pas même pas si tu t’en souviens, glissa-t-elle à Andrew. Mais vrai, quand il était en première année, il a envoyé une lettre à son père pour lui dire qu’il y avait une excellente poursuiveuse dans l’équipe de Gryffondor. Moi, en l’occurrence, fit-elle avec un rire. Et Olivier s’est effectivement déplacé à un match. Après, Flaquemare a pour habitude de venir aux matchs scolaires pour repérer les futures recrues, nuança Juliet. Mais oui, on peut dire qu’à onze ans, Andrew avait déjà tracé mon avenir chez Flaquemare. »

Un sourire s’étira sur les lèvres de la journaliste, qui se tourna vers Andrew.

« Plutôt Olivier Dubois ou Juliet Wilson comme capitaine de l’équipe nationale, Andrew ? »

***
19 juin 2015 - Russie.

Malone s’était blessé le matin même. Pourtant, l’entraînement avait été léger – une simple sortie, pour s’échauffer les muscles et revoir des formations avant la finale qui opposerait les Anglais aux Brésiliens. Les veilles de ces matchs importants, on leur demandait de jouer tout en préservant leurs forces pour éviter une éventuelle blessure qui, si peu de temps avant la rencontre, pouvait être fatale pour l’équipe.

Cela n’avait pas loupé.

Malone s’était mal placé sur la trajectoire d’un Cognard. Une erreur idiote, digne d’un débutant, qui trahissait surtout la fatigue des joueurs anglais après plusieurs semaines de compétition à un niveau international, qui leur avait permis d’accéder à la finale de la coupe du monde. Il avait levé sa batte au mauvais moment et le Cognard avait heurté le métal à toute vitesse, sans que son poignet ne soit bien refermé sur le manche. Son bras était parti vers l’arrière ; les médicomages avaient été formels : luxation de l’épaule et du poignet. C’était une blessure assez commune chez les batteurs, qui se remettait en quelques jours, une semaine tout au plus avec une bonne rééducation.

Mais impossible de lui faire jouer la finale.

Les entraîneurs s’étaient réunis en catastrophe en début d’après-midi, après le diagnostic des médicomages. Ils étaient restés longtemps enfermés dans une salle de réunion, pendant que tous les joueurs étaient réunis dans la grande pièce de vie qu’ils avaient investi dès le début de la compétition. Il y régnait un silence étrange, lourd.

La victoire leur tendait les bras. Ils avaient fait un parcours auréolé de gloire, malgré une rencontre redoutée avec l’Espagne en demi-finale qui avait longtemps été donnée favorite de la compétition. L’équipe principale avait joué tous les matchs de la compétition – à part Darrel, le gardien, qui avait été remplacé sur un match des huitièmes de finale – et s’était habituée à une certaine dynamique qui était bousculée par la sortie de Malone. D’autant plus que le poste de batteur était particulier ; il faisait à la fois partie d’une équipe et d’un binôme. Cameron, l’autre batteur de l’équipe principale, avait le regard sombre depuis le départ de Malone.

Finalement, au terme d’une longue réunion puis d’un entretien avec les batteurs remplaçants, les entraîneurs étaient venus annoncer à toute l’équipe le choix qui avait été fait. « On fait jouer Andrew, demain. » Il y avait eu un silence. « A seize heures, on fait une session stratégie avec toute l’équipe qui joue demain et ensuite, vous me bossez vos formations. Surtout toi, Cameron. »

La nouvelle avait laissé l’équipe silencieuse jusqu’au départ des entraîneurs. Machinalement, Juliet avait cherché Andrew des yeux ; il n’était pas là.

« Mais ils font rentrer Dubois ? » lança finalement Ishan, un poursuiveur de l’équipe. « Pas toi, Abiola ?
-Non, répondit ce dernier, les bras croisés sur son torse, le coach dit que le jeu de Dubois sera plus harmonieux avec celui de Cam’.
-Mais on s’est quasiment jamais entraînés avec Andrew, réagit Zayan, leur gardien. Toi t’as fait le dernier mondial, Abio !
-Ouais bah, va voir le coach pour lui dire, hein. C’était pas trop une discussion, quand ils nous ont convoqué. »

Abiola semblait contrarié, ce qui s’entendait ; il avait été sélectionné plusieurs fois par l’équipe anglaise et notamment pour le mondial de 2011 qui s’était joué en Angleterre. Juliet retint une grimace ; les changements de joueurs, surtout pendant des compétitions aussi importantes, étaient toujours source de tensions dans une équipe habituée à une certaine dynamique.

« Hé, mais Ishan ? lança Aretha, une remplaçante sur le poste d’attrapeur, t’as pas fait le mondial de 2003 avec Olivier Dubois ?
-Si, c’était ma première coupe du monde, acquiesça-t-il.
-Ca va peut-être nous porter chance. » lança Juliet en haussant les épaules pour clore la discussion.

Abiola marmonna quelque chose qu’elle ne comprit pas et elle se leva du canapé où elle était installée depuis quelques minutes désormais. Elle ressentait une familière tension dans le corps, comme toujours les veilles de matchs. Cette coupe du monde était la première qu’elle jouait en tant que joueuse titulaire ; le matin du premier match de poule, elle s’était sentie tellement fébrile qu’elle s’était brièvement demandée si elle n’était pas en train de faire un malaise.

Elle se figurait donc plutôt bien l’état d’Andrew, à quelques heures de la finale.

Elle le trouva sur la terrasse, assis sur un fauteuil, les yeux rivés vers le sol. Il tenait son téléphone dans sa main et avait les joues pâles.

Juliet s’avança vers lui et lui adressa un léger sourire lorsqu’il redressa la tête.

« T’as appelé ton père ? » lui demanda-t-elle en désignant son Pear du menton.
Andrew O. Dubois-Cavill
Andrew O. Dubois-CavillJoueur de Quidditch professionnel
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Profil Académie Waverly
The start of an age [Andrew & Juliet] Icon_minitimeDim 18 Fév 2024 - 17:27
Parmi les nombreuses obligations qui incombaient aux joueurs de Quidditch professionnel, on retrouvait les journées presse. Ce n’était pas toujours ce qu’Andrew préférait, surtout quand elles étaient constituées d’interviews en solitaire. Il préférait quand c’était plus informel, plus naturel, comme lorsque le community manager du Barqua les suivait pour la journée. Cela donnait toujours lieu à des formats un peu plus drôles. Pour autant, c’était de très bonne humeur qu’il était rentré en Angleterre la veille. Il avait reçu son planning et sa journée se découpait entre photos de groupe, co-interview avec Juliet, co-interview avec les autres batteurs sous la forme et il avait été mis dans le groupe qui jouerait en ligne à FantasyQuidditch (FQ pour les intimes, le célèbre jeu pour console) : il y avait moyen de passer des moments assez cool. Il avait passé la soirée chez ses parents, profitant de sa venue pour les voir un peu. Susan et Grace étaient venues dîner à la maison, il ne manquait plus que Oscar qui était à Poudlard. C’était la semaine où les élèves passaient le week-end à l’école, mais il y avait apparemment une sortie à Pré-au-Lard le dimanche, lui avait dit sa mère. Il allait proposer à son petit frère d’aller boire un truc tous les deux. Tout le reste de sa semaine serait consacré aux entraînements en préparation de la Coupe du Monde et il faisait de son mieux pour caser dans son emploi du temps tout les gens qu’il voulait voir : sa belle-mère Amanda, ses amis, d’anciens coéquipiers... Ce n’était pas toujours facile d’équilibrer sa vie mais il ne s’en plaignait pas : c’était exactement ce dont il avait rêvé toutes ces années. 

Il était arrivé au stade de l’équipe nationale le matin-même de façon très joviale, saluant avec plaisir le coach, les entraîneurs, le staff, ses anciens coéquipiers. Dans les semaines d’immersion comme celles-ci, ils devaient loger sur place afin d’être parfaitement concentrés sur leurs entraînements. Cela leur permettait de rester concentrés sur leurs objectifs et de ne pas être distraits par leurs obligations extérieures. Il y avait à quelques encablures du stade un grand complexe hôtelier qui les accueillait pendant la saison. L’interview avec ses collègues batteurs s’était très bien passée, malgré un fou-rire avec Laura Garczynski après qu’elle ait délivré sa meilleure imitation de leur Coach (et comme elle l’avait fait elle-même remarquer, ça lui coûterait sûrement sa place.) Après cela, il avait rejoint Juliet dans un des salons, où une grande toile blanche était en train d’être installée. L’une des attachées de presse de l’équipe, Safiya Zeidan était en train de passer en revue les questions qui allaient leur être posées.

- Tu ne nous fais pas confiance, Safiya ? avait-il demandé de son ton le plus innocent, alors que l’un des techniciens ajustait le spot au-dessus d’eux.

Safiya n’avait pas relevé les yeux de la feuille de questions mais il avait aperçu son sourire.

- J’ai confiance en Juliet.

Il y avait eu des rires chez les journalistes.

- Tu me fais de la peine, vraiment, je suis toujours sage pourtant,, avait-il prétendu.
- Tiens-toi droit, s’était-elle contenté de répondre. On peut y aller, si tout le monde est paré.

Les questions s’enchaînaient rapidement, à base de « Vrai ou faux ? » « Qui de vous deux ? » « Ça ou ça ? » et l’exercice était plutôt drôle pour le moment, Maggie, la journaliste, étant sympathique.

- Juliet, lançait-t-elle justement. Vrai ou faux, c’est Andrew qui t’a pistonnée chez Flaquemare auprès de son père ?

Andrew avait froncé les sourcils. Juliet était entrée dans le monde professionnel avant-même qu’il ne soit lui-même dans l’équipe de Quidditch, alors son pouvoir de piston... Quand elle répondit « Vrai », il se tourna vers elle avec surprise.

- Pas du tout, confirma-t-il lorsqu’elle supposa qu’il ne s’en souvenait plus. L’évocation de la lettre dessina néanmoins quelque chose dans son esprit. Elle conclut en disant qu’il avait à onze ans tracé son avenir chez Flaquemare. J’avais oublié effectivement, mais maintenant que tu le dis... Alors écoute, je connais un super club maintenant, ça s’appelle le Barqua... Je plaisante, s’empressa-t-il de dire à la caméra. Pardon Flaquemare, pardon papa, promis je plaisante.

Il articula un silencieux mais visible « Pas du tout » avant de se réenfoncer dans son fauteuil, très amusé.

- Plutôt Olivier Dubois ou Juliet Wilson comme capitaine de l’équipe nationale, Andrew ?
- Juliet Wilson, sans hésitation ! C’est ma capitaine, donc la question ne se pose même pas. On ne pourrait pas rêver mieux pour nous guider dans cette compétition.

Et elle avait commencé à le faire avant-même d’être capitaine.

***
19 juin 2015 - Russie.

La finale de la Coupe du Monde. Ils y étaient. C’était un rêve éveillé, après leurs défaites en 2007 puis 2011. L’ombre de leur victoire de 2003 planait, tout semblait à portée de main. L’équipe avait fait un splendide parcours, notamment contre l’Espagne, qui était donnée favorite de la compétition. Tout se jouerait demain et tout semblait possible. C’était là, c’était juste là. C’était un match.

Andrew avait suivi tout le parcours avec des étoiles dans les yeux. Sur le banc, avec les remplaçants, il avait acclamé, applaudi, craint, il avait vécu chaque seconde des matches comme s’il était lui-même sur le terrain. Être ici, porter les couleurs de l’Angleterre, c’était déjà un rêve qui se réalisait, un rêve qu’il n’avait pas imaginé atteindre si tôt. Cela ne faisait même pas deux ans qu’il avait été diplômé de Poudlard, un contrat avec les Catapultes de Caerphilly en poche. S’il n’avait pas repris avec les Epouvantards après sa blessure, sa place étant occupée par Blair, il avait été approché par plusieurs sélectionneurs, notamment des Tornades, de Portree et évidemment des Catapultes. C’est sur eux que s’était porté son choix, après que l’agent de son père - désormais le sien aussi - ait négocié pour lui. En quelques matches, il avait vite basculé de remplaçants à membre régulier puis titulaire de l’équipe principale. Son coach, Marcus Flint, lui faisait confiance et le poussait beaucoup. Il avait très vite progressé et s’était imposé sur le terrain à plusieurs reprises, même quelques fois contre des grosses équipes. Il avait fait une excellente première saison, toute la presse sportive s’était accordée sur le sujet. Un potentiel, disaient les commentateurs. Une carrière naissante à suivre. Un joueur qui prendrait de l’ampleur.

Sa deuxième saison, commencée au début de l’année scolaire, s’était annoncée sous les meilleurs auspices. Il avait fait quelques performances remarquées, notamment contre les Chauve-Souris. Il s’entraînait sans relâche, désireux de faire ses preuves, désireux de confirmer que tout cela n’étaient pas des coups de chance isolés. Il avait des ambitions, les Catapultes n’étaient qu’un début pour lui, il voulait toujours faire mieux, il voulait intégrer des clubs plus prestigieux, il rêvait de l’international, un jour. Aussi, quand était venu le jour de l’annonce des sélectionnés pour l’équipe nationale, il ne s’était attendu à rien. Il n’avait pas été contacté en amont, son nom n’était pas véritablement dans ceux qui étaient chuchotés. Certains appels étaient évidents : Cameron Sheeran des Pies, Darrel McGuire des Cerfs-volants de Karasjok, Juliet Wilson de Flaquemare, qui avait déjà été sélectionnée plusieurs fois en tant que remplaçante. D’autres étaient fortement présumés. Son père et lui avaient des paris sur le sujet. Comme tout le milieu, il était devant l'écran quand le recruteur et Coach, Trev Mallory, ancien poursuiveur de l’équipe nationale dans les années 80, s’était présenté devant le stade. Il avait déployé sa liste, déclinant par poste. Les poursuiveurs, les gardiens, les attapeurs, les batteurs... Sheeran, McGuire, Wilson, Briar, Rey. Dubois.

Le cerveau d’Andrew s’était arrêté quelques secondes. Ce n’est que lorsque ses coéquipiers lui avaient sauté dessus pour le chahuter qu’il était revenu à la réalité. Il était sélectionné. Il était appelé. À dix-neuf ans, dans sa deuxième saison, il était appelé. En tant que remplaçant, à tous les coups, mais cela lui avait semblé tellement anodin sur le coup. Il s’était précipité chez son père dès le soir-même pour fêter cela. Même lui ne l’avait pas vu venir. Du piston, avaient dit les réseaux sociaux. Du népotisme, avaient suggéré certains commentateurs. Un potentiel d’échec important. Il avait essayé de se fermer à tout cela et s’était entraîné plus dur que jamais, profitant de tout ce qu’il apprenait au contact de joueurs d’une telle ampleur. Il n’était jamais entré sur le terrain, l’équipe principale était restée très stable du tout du long. Quelque part, il en était soulagé.

Puis Malone s’était blessé. Bêtement mais suffisamment pour l’empêcher de jouer la rencontre du lendemain contre le Brésil. Et toutes les cartes avaient été rebattues. Qui remplacerait Malone sur le terrain ? Qui prendrait sa place aux côtés de Cameron ?

Les entraîneurs s’étaient enfermés dans une salle de réunion tout l’après-midi tandis que Abiola et lui avaient été isolés à part des autres. Abiola ne lui parlait pas vraiment. Sa jambe était nerveuse, il ne cessait de gigoter. Le regard d’Andrew s’était absorbé dans les forêts aux alentours. La Russie avait construit des camps de base au milieu des grands sapins. A travers les cimes, il distinguait les couleurs de l’Argentine, qui étaient un peu plus loin. Abiola serait appelé, c’était une évidence. Il avait déjà joué avec Cameron dans des matchs européens, il avait fait le dernier mondial, celui de 2011. Andrew se rappelait avoir admiré sa performance, installé dans le canapé de la Salle des Quatre Maisons. Il était plus expérimenté que lui. Et pourtant, il avait l’estomac complètement noué.

- Les gars ? C’était la voix d’Adrian Kane, l'entraîneur des poursuiveurs. Venez.

Autour de la table, dans la salle de réunion, était réunie toute l’équipe, le Coach Mallory au centre, les bras croisés sur son torse. Malone était là également, son regard se posant sur Abiola alors qu’ils entraient.

- Soyons francs, commença le coach, la situation n’est pas idéale. Ce n’est pas comme ça qu’on avait pensé le truc, ce n’est pas comme ça qu’on s’était entraînés. Mais c’est comme ça. On en a beaucoup parlé, mais je vais vous la faire courte : Dubois, c’est toi qui joue demain.

Il eut l’impression de se prend un cognard derrière le crâne tandis que quelque chose se retournait dans son estomac.

- Abiola, c’est rien de personnel. On pense juste que le jeu d’Andrew sera plus harmonieux avec celui de Cameron.
- Très bien, répondit-il d’une voix tendue.
- Tu peux rejoindre les autres si tu veux. Dubois, deux-trois mots, assis-toi.

En pilote automatique, Andrew tira une chaise pour s’assoir. Ses mains tremblaient un peu et il les dissimula sous la table. Il sentait que tous les regards étaient sur lui.

- Déjà, est-ce que tu as quelque chose à dire ?
- Je... je ne sais pas si je suis..
- Alors ça déjà, je ne veux pas l’entendre, coupa directement le Coach. Tu me sors ça de ta tête, parce que demain, y’aura pas de place pour ça sur le terrain. Laisse-moi te dire les choses très clairement, Dubois : si je t’ai appelé pour être ici, c’était pas une pioche au hasard et qu’on choisisse de t’aligner demain, c’est pas non plus un pari en l’air. On pense, on pense tous ici, que tu es tout à fait capable de le faire et de le faire bien. Maintenant c’est à toi de le penser aussi, parce que demain, c’est hors de question que tu sois plombé pour ça. Je suis clair ?

Andrew hocha la tête, la gorge encore nouée.

- Oui.
- Déjà ça, de un. Ensuite de deux, à dix-sept heures, tu seras au terrain avec Franck, l’entraîneur des batteurs, Cameron et Malone. Le but ici, c’est que tu puisses un peu te rôder avec tout le monde. Ok ?
- Oui.
- Ok. Quelqu’un veut ajouter quelque chose ? Non ? Et bah on remballe, merci à tous.
- Juste, intervint Adrian, t’es quel numéro déjà ?
- Euh, 27, on m’avait dit que pour les remplaçants...
- Ouais, les numéros qui restent. On va pas le faire rentrer avec le 27, quand même.
- Tu joues avec quoi chez les Catapultes ?
- Le 7 mais c’est...
- Ouais, McGuire, je sais.
- Il reste le 13, suggéra Franck avec un petit sourire en coin.

C’était le numéro de son père quand il jouait pour l’Angleterre. Il n’avait pas été réattribué encore, en hommage. Le coach resta silencieux une seconde, la moustache frémissante. Ses yeux gris semblèrent examiner Andrew aux rayons X.

- Va pour le 13. Porte-le bien, Dubois.

oooo

Il y avait une terrasse à proximité de la salle de réunion, Andrew en avait passé les portes juste après que tout le monde se soit levé. Il avait besoin d’air. Il avait besoin d’un peu d’espace pour réfléchir. Il ne se sentait pas prêt à retourner dans le grand salon avec toute l’équipe, à croiser leurs regards qui devaient se poser les mêmes questions que lui : est-ce qu’il en était capable ? Etait-il assez doué ? Etait-ce une erreur ? Et s’il gâchait tout ? Et s’il faisait une prestation désastreuse ? Et s’il poussait son équipe à la défaite ? Son coeur allait exploser dans sa poitrine. Il s’était assis sur le sol de bois, prenant deux grandes bouffées d’oxygène. Fermant les yeux une seconde, il s’était astreint au calme. Sa main avait plongé dans la poche de son sweat, refermant ses doigts sur son Pear. Son père était dans ses derniers appels, il n’avait eu qu’un clic à faire. Les sonneries s’étaient écoulées, longues, cruelles. Réponds, psalmodiait-il, réponds. Olivier avait décroché sur la dernière.

- Allô, Andy ?

Il aurait pu en pleurer.

- Papa, je joue demain soir. Malone s’est blessé et c’est moi qui... C’est moi qui joue.

Olivier avait gardé le silence une seconde, prenant l’ampleur de la nouvelle. Andrew avait porté le regard sur les bois aux alentours. Son père n’était pas loin, dans un hôtel aux alentours. Il était venu suivre les derniers matches de la Coupe. A cet instant, il aurait payé très cher pour avoir le droit de sortir du camp de base et le voir.

- Tu te sens comment ?
- Mal ?

Il l’avait presque entendu sourire.

- Prédictible.
- Je vais tout faire foirer.
- Je ne pense pas.
- Tu ne sais pas...
- Toi non plus.

Silence. Les sapins se balançaient doucement sous le vent.

- Ce que je sais, en revanche, c’est que tu es un joueur aux qualités techniques incontestables. Avec une lecture fine de ce qui se passe autour de toi. Un joueur qui sait se créer des occasions et qui l’a déjà montré dans la majorité de ses matches.
- Pas un match de Coupe du monde...
- C’est pareil.
- C’est toi qui dit ça, vraiment ?

Olivier souffla du nez.

- Ouais.

Un nouveau silence s’établit. Andrew sentait la présence de son père au téléphone à côté de lui.

- Imagine je fais perdre la finale de la Coupe du Monde à l’Angleterre.
- Ne te donne pas autant d’importance, mon grand.

Ce fut à son tour d’avoir un léger rire. Il ferma les yeux, appuyant sa tête en arrière contre le bâtiment.

- Je ne sais pas quoi faire pour demain...
- Jouer au Quidditch. Comme tu sais le faire. Comme tu sais bien le faire. Jouer au Quidditch, donner le meilleur de ce que tu as. Comme à chaque fois.
- Et si...
- Rien n’est écrit, Andrew, rien n’est joué, en bien comme en mal. Et moi je sais que tu peux le faire. Je n’ai aucun doute là-dessus.
- T’es bien le seul...
- Moi, ton coach, les entraîneurs... ça commence à faire un peu de monde quand même. Un silence. Ta mère, aussi.

Andrew rit doucement. Une ou deux minutes s’écoulèrent sans qu’ils ne prononcent un mot.

- Tu seras là, demain ? finit-il par demander, même s’il connaissait la réponse.
- Du début à la fin.

Sa gorge était un peu moins nouée.

- Je joue avec ton numéro, tu sais. 13, Dubois. Sait-on jamais que ça porte chance.

Olivier inspira.

- Tu le porteras bien, finit-il par répondre. Tu l’as toujours fait.

Ils mirent encore un peu de temps à raccrocher, Andrew s’accrochant à la présence de son père quelques minutes supplémentaires. Il lui avait promis de le rappeler ce soir, avant de se coucher. Tôt, lui avait-il précisé de ton d’entraîneur.

Il était en train de rassembler son courage de rejoindre les autres, en prévision de l’entraînement de dernière minute, quand la baie coulissa pour laisser place à Juliet, un léger sourire sur les lèvres.

- Ouais, confirma-t-il en soulevant légèrement son Pear. Histoire de lui apprendre la nouvelle. Il attendit un instant. Histoire de l’entendre me dire que je ne vais pas tout faire foirer demain, aussi. Il était encore loin d’en être convaincu. Ils l’ont pris comment, les autres ? Que ce ne soit pas Abiola, je veux dire ?




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Juliet E. Wilson
Juliet E. WilsonCapitaine de l'équipe nationale de Quidditch
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The start of an age [Andrew & Juliet] Icon_minitimeMar 20 Fév 2024 - 6:48
Les interviews que Juliet donnait avec Andrew étaient toujours amusantes, souvent tournées autour du lien qui les unissait depuis leur rencontre, alors qu’il rêvait encore d’intégrer un jour l’équipe de Quidditch de Gryffondor. Ils avaient une bonne dynamique tous les deux et s’entendaient particulièrement bien ce qui rendait les moments où ils cohabitaient pendant une voire plusieurs semaines plutôt agréables. En dehors de leur engagement dans l’équipe nationale, ils parrainaient le même club de formation pour les enfants, ce qui les amenaient parfois à participer aux mêmes évènements. Ils se voyaient aussi à Flaquemare, où Juliet résidait depuis plusieurs années, à quelques rues de là où vivaient les parents d’Andrew. Ils étaient plus que des coéquipiers aujourd’hui et cela se sentait souvent dans les interviews qu’ils donnaient ensemble.

Aussi, la remarque d’Andrew sur le Barqua lui tira un rire. C’était un sujet sur lequel ils aimaient bien plaisanter et qui soulevait les foules à chaque fois. Elle n’eut toutefois pas l’occasion de rebondir dessus car la Maggie enchaîna sur une autre question, à destination d’Andrew cette fois-ci. Juliet tourna un regard vers lui, les sourcils légèrement haussés. A cette question, il n’y avait évidemment qu’une seule réponse à donner et c’était ce que son regard amusé disait pour elle. Elle mima l’émotion en posant une main sur son cœur.

« Tu sais, lui confia-t-elle, ça ne tient qu’à toi de négocier ton transfert chez Flaquemare, puisque je suis une aussi bonne capitaine… » Elle jeta un regard à la caméra, un sourire en coin sur les lèvres.

Le contrat d’Andrew dans le club espagnol touchait bientôt à sa fin et tous les paris étaient ouverts quant à la suite de sa carrière. Certains disaient qu’il allait rester encore au moins une année supplémentaire au Barqua. D’autres l’imaginaient partir à Rome, car l’équipe s’était positionnée plusieurs fois lors des mercatos. Evidemment, les Anglais attendaient patiemment son retour au pays et, de préférence, dans le club qui l’avait vu grandir. Cela donnait lieu à des images très drôles sur les réseaux sociaux, que Gabrielle lui transférait parfois.

« Une capitaine qui sait vous guider dans la compétition, rebondit Maggie, et qui, visiblement, sait aussi comment gérer une équipe composée de jeunes joueurs avec des tempéraments plus ou moins explosifs. Juliet, est-ce que tes joueurs te disent tyranniques ?
-Alors là, fit-elle en haussant les sourcils, je demande à avoir des noms. » Elle jeta un coup d’œil à Andrew et eut un rire amusé. « Non, je ne dirais pas que je suis tyrannique. Mais c’est vrai qu’il faut savoir s’imposer dans certaines situations, surtout avec les plus jeunes joueurs qui n’ont pas encore appris à réguler les émotions parfois très fortes qu’on peut ressentir sur le terrain. Mais c’est normal, fit-elle en haussant les épaules, et j’ai été à leur place aussi et mon capitaine à l’époque m’a reprise de la même façon.
-Le cercle de la vie, alors, commenta Maggie. C’est un peu comme d’élever des adolescents, finalement ? » Juliet eut un rire. « Andrew, c’est vrai qu’elle vous envoie parfois vous coucher ? »

***

Andrew était pâle et avait le regard agité par la nervosité. Il venait d’avoir son père au téléphone, cherchant visiblement une voix familière pour le rassurer. Lors des compétitions d’envergure comme une coupe du monde, les joueurs étaient logés dans des complexes hôteliers ou de grandes maisons à proximité des stades et avaient l’interdiction d’en sortir. Les entraîneurs voulaient être sûrs qu’ils ne se laissent pas déconcentrer et, d’ailleurs, certains étaient même réticents à ce qu’ils gardent leurs téléphones. Juliet comprenait l’intérêt mais, parfois, cet isolement pouvait être pesant. Deux ans plus tôt, pendant l’Euro, elle s’était retrouvée dans la même situation qu’Andrew ; les entraîneurs l’avaient fait entrer au milieu de la compétition pour jouer le match des quarts de finale qui opposait l’Angleterre au Portugal. Elle s’était liquéfiée sur sa chaise. Et on parlait des quarts de l’Euro, pas de la finale de la coupe du monde. Elle s’était sentie très seule à ce moment-là et avait eu besoin de s’isoler un peu du reste de l’équipe. Elle avait d’abord appelé Charlie et, d’une voix blanche, lui avait annoncé qu’elle serait sur le terrain demain matin. A la fin de leur conversation, il lui avait recommandé d’appeler Olivier, ce qu’elle avait fini par faire après une brève hésitation.

Elle n’avait pas regretté.

La question d’Andrew la laisse silencieuse quelques secondes, le temps qu’elle s’installe à côté de lui. Elle finit par hausser les épaules.

« Ils sont surpris, c’est sûr. Abiola joue pour l’Angleterre depuis longtemps et il a fait le dernier mondial mais… Les entraîneurs ont raison, son jeu ne va pas avec celui de Cameron et ça aurait été absurde de le remplacer lui aussi, juste pour faire jouer Abio. » commenta Juliet en coinçant ses mains entre ses cuisses.

Un moment de silence passa, avant qu’elle ne désigne le Pear qu’Andrew tenait entre ses mains d’un léger mouvement de menton.

« Il est plutôt bon en discours de motivation, ton père. » Et elle lui confia avec un sourire : « Quand on m’a fait entrer sur l’Euro, Charlie m’avait dit de l’appeler. » Du bout de l’épaule, elle toucha la sienne dans un geste réconfortant. « Ça va bien se passer, tu sais. »
Andrew O. Dubois-Cavill
Andrew O. Dubois-CavillJoueur de Quidditch professionnel
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The start of an age [Andrew & Juliet] Icon_minitimeLun 26 Fév 2024 - 20:08
Leurs transferts respectifs étaient une blague récurrente entre Juliet et Andrew. Il faisait régulièrement mine de vouloir la débaucher au Barqua, même s'il savait que cela n'arriverait jamais. Elle avait fait toute sa carrière à Flaquemare, une très belle carrière, et faisait partie des joueurs qui - à l'image de son père si on laissait de côté son épisode chez les Vautours de Vratsa - étaient restés loyaux au club. C'était quelque chose qu'Andrew respectait beaucoup, de s'accrocher à un club et de le faire progresser. S'il était entré à Flaquemare juste après Poudlard, il était à parier qu'il en aurait fait de même... Le fait que ce soit son club de cœur était un secret de Polichinelle dans le milieu. Juliet s'en saisit justement, arguant que si elle était si bonne capitaine, il n'avait qu'à négocier son transfert... Il eut un rire un peu gêné et s'enfonça légèrement dans son siège.

- Je ne commenterai pas ça.

Déclaration qui serait bien évidemment analysée comme un commentaire. Son engagement avec le Barqua se terminerait le 31 juillet et il était bien évidemment hors de question pour le club de le laisser partir gratuitement à la fin de son engagement. Plusieurs options s'offraient à eux : soit il activait la clause d'option qui le reconduisait jusqu'au 31 juillet 2025, soit il se réengageait dans un nouveau contrat avec le club sur plusieurs années, soit il choisissait de se positionner au mercato, afin d'ouvrir les discussions entre son club et les autres, pour un transfert. Il avait été reçu par les dirigeants du club cet été, afin de le sonder sur ses intentions. Leur objectif à eux était clair : ils souhaitaient le faire signer pour trois ans de nouveau, ou à défaut activer la clause d'option. Andrew avait répondu qu'il n'était pas prêt à prendre de décision encore.

Rester au Barqua avait du sens : c’était un grand club de prestige, ils avaient fait de très belles choses l’année dernière, à la fois en Liga et en coupe d’Europe, où ils avaient remporté le titre. Il se sentait très bien au sein du club, il se sentait très bien avec ses coéquipiers, Pablo et lui formaient un excellent binôme depuis six ans déjà. La vie à Barcelone lui correspondait, il aimait la météo, la proximité de la plage, l’ambiance de la ville, il était bien en Espagne. Il arrivait même à parler Espagnol ! (ce qui n’était pas gagné quand il était arrivé il y a trois ans.) Mais d’un autre côté... Cela faisait désormais six ans qu’il avait quitté l’Angleterre. Il avait vécu aux Etats-Unis avant l’Espagne. Il avait pris l’habitude d’être loin de tout le monde, de rater les anniversaires, les fêtes, les soirées à l’improviste. Il n’y avait plus de possibilité d’aller boire un verre avec les copains de Poudlard le soir, de passer faire un coucou à ses parents quand il le souhaitait, d’emmener ses petites soeurs à déjeuner en leur faisant la surprise. Tout devait être anticipé, il essayait de rentrer pour les moments importants mais toute une partie de la vie se déroulait sans lui. Il voyait les stories de ses copains qui partageaient des moments du quotidien : le déménagement galère de Baen, l’escapade à la mer sur le week-end, la célébration de la promotion de David. Il ratait également les moments plus difficiles, il n’avait pas été là non plus dans les moments plus difficiles, justement, parce que ce n’était pas pareil, même s’il écrivait et appelait. Il n’avait pas pu aller changer les idées d’Imogen lors de sa rupture, il n’avait pas fait la soirée « Bye bye Loser » pour célébrer la rupture de David et de son dernier copain (dont on était ravi d’être débarrassés, apparemment, même si lui-même ne l’avait vu que deux fois.) Le Royaume-Uni lui manquait, souvent. Des fois, il errait dans les rayons des supermarchés à la recherche de sa marque de marmite préférée (par miracle cela arrivait qu’il en trouve), il était toujours déçu par les scones qui se faisaient ici et remplissait ses valises de thé quand il revenait (même si Pablo lui disait qu’il était de très mauvaise foi car il y avait du très bon thé espagnol.) Pour toutes ces raisons, revenir pouvait faire sens également...

La chose dont il était à peu près certain, c’était qu’il ne signerait - normalement pas - avec un autre club étranger, malgré les propositions de Rome aux derniers mercato. Dans le passé, il avait également reçu des offres des Busards de Heidelberg, en Allemagne, des Balais de Braga, au Portugal et des Tapesouafles de Quiberon, en France. Il avait déjà très sérieusement considéré les Tapesouafles, il est vrai. Mais pour le moment, il lui semblerait que sa décision se jouerait entre rester au Barqua et rejoindre l’Angleterre. Flaquemare était son objectif dans ce dernier cas mais ils ne pouvaient pas entrer en discussion avant les mercato ou avant qu’il ne soit libéré de ses engagements, au 31 janvier 2024. Il avait trois mois pour se décider et la pression se faisait de plus en plus forte à ce sujet : c’était aussi pour cela qu’il ne se risquerait pas à commenter dans un sens comme dans l’autre.

Maggie la journaliste enchaîna donc sur une autre question à destination de Juliet, lui demandant si elle passait pour tyrannique. Andrew fit ostensiblement non de la tête face à son regard faussement menaçant.

- Ja-mais, affirma-t-il. Jamais.

Il avait eu des capitaines plus tyranniques. Les mauvaises langues diraient qu’il avait été un capitaine plus tyrannique. Colette, sa co-capitaine (et désormais brillante et redoutée préparatrice physique chez Flaquemare) était plus tyrannique. Quand la question revint à lui en lui demandant si Juliet l’envoyait se coucher, il haussa les sourcils, laissant échapper un rire.

- Mais pas du tout ! Hé, les gens oublient que j’ai 28 ans, personne, je dis bien personne, ne m’envoie me coucher. Il laissa volontairement planer un silence. Sauf mon père. Clairement mon père à n’importe quelle rencontre internationale.

Maggie lui adressa un sourire.

- Et que dites-vous à ce moment-là ? « Oui papa ? »

Andrew hocha la tête.

- Je suis toujours très respectueux de l’autorité de nos aînés, affirma-t-il avec un sourire en coin.
- Et d’ailleurs, Andrew, qu’est-ce que ça fait de travailler avec son père au quotidien, au sein de l’équipe d’Angleterre ? C’est facile ? C’est pesant ?

C’était une question qu’on lui posait régulièrement, aussi était-il rôdé.

- C’est une chance. Ça n’est pas toujours facile de travailler en famille, mais c’est une chance. On partage la même passion, le même amour du sport, il m’a toujours porté et encouragé et en équipe d’Angleterre on partage les mêmes objectifs, donc c’est très fédérateur.
- Je vois. Et d’ailleurs, à propos de travailler en famille, Juliet et Andrew, vous vous connaissez depuis combien d’années, dix ? Vingt ? Est-ce qu’on peut dire que ça y est, c’est la famille ?

*****

Andrew faisait nerveusement tourner son Pear entre ses doigts crispés. Si la conversation avec son père l’avait un peu apaisé, il sentait toujours son estomac noué et cette angoisse sourde qui battait à ses oreilles. Il fallait qu’il se calme, se répétait-il. Il ne pouvait pas jouer comme ça et surtout, il ne pouvait pas se présenter comme ça. Il savait qu’à la seconde où il monterait sur son balai, il se sentirait un peu mieux. Les choses lui paraîtraient plus faciles, plus évidentes, c’était toujours comme cela. Dans les airs, il se réinstallait dans sa posture de joueur, ses réflexes se manifestaient, c’était comme si tout se mettait en place. Cela ne serait peut-être pas suffisant dans un tel contexte, mais il savait qu’il se sentirait déjà un peu mieux.

Mais avant de retrouver son balai, il allait devoir faire face à ses coéquipiers. En quelques minutes, tout avait changé. Il n’était plus simplement un jeune remplaçant, à qui on faisait quelques plaisanteries, qui s’entraînait dans son coin avec les autres, pendant que l’équipe principale rôdait ses mécanismes. Ils avaient partagé des repas, des trajets, des soirées dans les salons pour se détendre entre les matches mais ils n’avaient jamais vraiment joué ensemble. Jusqu’ici, ce qu’ils pensaient de lui importait peu, au final. Dans les faits, peu importait s’ils pensaient comme certains qu’il était pistonné ou trop inexpérimenté. Cela aurait pu le blesser, bien sûr, il aurait eu à coeur de faire ses preuves à l’entraînement afin de gagner leur estime et leur respect, mais cela n’aurait eu aucun impact sur le jeu. Jusqu’ici. Car maintenant, tout était différent. À partir de maintenant, ils étaient vraiment coéquipiers. Ils joueraient ensemble demain et soudain, ce qu’ils pensaient de lui était primordial. Car dans une équipe, on devait pouvoir se faire confiance. Les poursuiveurs et attrapeurs devaient pouvoir avancer sans crainte sur le terrain, en se disant que leurs batteurs avaient leurs arrières. Les deux batteurs devaient se chercher, s’échanger les cognards, pouvoir trouver un appui l’un en l’autre. C’était un binôme dans une équipe, une équipe qui s’était rodée, une équipe qui ne lui faisait pas confiance et une équipe qui aurait préféré Abiola. Il lut cette confirmation à demi-mots dans les phrases de Juliet, qui venait de se laisser glisser à ses côtés.

- Ouais, confirma-t-il, il est expérimenté.

Contrairement à lui. Mais elle partageait le point de vue des entraîneurs : le jeu d’Abiola n’allait pas avec celui de Cameron... Mais est-ce que cela serait suffisant ? Est-ce qu’il arriverait lui à déployer le meilleur de son jeu pour pouvoir vraiment être en appui à Cam ? Son père semblait dire que oui mais son père croyait toujours en lui... Même quand lui n’y croyait plus. La remarque de Juliet lui tira un sourire et il hocha la tête.

- Il n'était pas capitaine pour rien, hein, souffla-t-il. Les discours de son père étaient célèbres (pas toujours en bien), tous les joueurs qui avaient joué sous son égide avaient des anecdotes à ce sujet. En l’occurence, cela lui avait plutôt fait du bien. Il t’avait dit quoi, toi ? Moi de... il inspira un grand coup. De jouer au Quidditch. Il ne put retenir un sourire en coin. Du mieux que je pouvais, comme je le fais toujours. Et aussi de ne pas me croire plus important que je ne le suis.

Il tourna la tête vers elle.

- Je pense que c’était au cas où je prenne la grosse tête, à me croire le nouveau Ludo Verpey.

Ce qui était loin d’arriver, vu qu’il en était plutôt au stade « je vais tout gâcher. » Juliet sembla le sentir puisqu’elle lui donna un léger coup d’épaule, affirmant que cela allait bien se passer.

- J’ai juste peur de... Ne plus savoir quoi faire. Tu vois, c’est pas... C’est pas un match contre, je ne sais pas. Les Tornades. J’ai rien contre les Tornades, mais je sais quoi faire contre les Tornades. Mais là c’est l’équipe nationale du Brésil. Du Brésil, répéta-t-il. Tu sais quoi ? La dernière fois que j’ai joué contre des mecs en maillot vert, c’était Serpentard.

Il eut un instant de réflexion.

- Et j’ai gagné. Mais quand même !


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Juliet E. Wilson
Juliet E. WilsonCapitaine de l'équipe nationale de Quidditch
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The start of an age [Andrew & Juliet] Icon_minitimeDim 3 Mar 2024 - 21:20
Juliet laissa Andrew répondre à la question que la journaliste lui adressait, sans dissimuler son sourire lorsqu’il mentionna son père. Elle les voyait interagir ensemble depuis plusieurs années dans le cadre professionnel et, outre leur nom de famille, il était évident qu’un lien filial existait entre eux. Andrew ne bénéficiait d’aucun traitement de faveur de la part de son père – Olivier était bien la dernière personne qu’on aurait pu accuser de ça – il ne cessait pas d’être son fils pour autant. Cela se voyait dans certains gestes – Olivier qui tirait sur sa capuche lorsqu’Andrew la rabattait sur sa tête, qui refermait machinalement la poche de son sac entrouvert ou qui lui demandait son aide pour retirer une application installée par erreur sur son Pear. Cela faisait rire tous les autres joueurs, qui ne se privaient pas pour chambrer Andrew à ce sujet.

Juliet se doutait que ce n’était pas toujours évident pour Andrew de travailler avec son père. Il y avait parfois quelques petites tensions – comme souvent au sein d’une équipe, mais Andrew ajoutait à ça une dimension familiale qui n’apaisait pas nécessairement les choses. Les deux semblaient toutefois savoir mettre tout cela de côté pour rester concentrés sur leur objectif commun : la victoire de l’équipe anglaise à la prochaine coupe du monde.

Comme cette interview n’avait pas été pensée pour les interroger sur leurs pronostics vis-à-vis du mondial qui approchait mais plutôt pour travailler leur image publique auprès des supporters, Maggie rebondit sur la notion de famille qu’elle venait d’évoquer au sujet d’Olivier. Juliet esquissa un petit sourire.

« J’ai rencontré Andrew quand il avait… Dix ans, réalisa-t-elle. Donc ça fait presque vingt ans. Je pense qu’on peut dire que oui, c’est la famille, commenta Juliet en jetant un regard vers Andrew.
-Vous vous voyez souvent, en dehors des moments avec l’équipe ?
- « Souvent » c’est un grand mot puisqu’Andrew vit à Barcelone une grande partie de l’année mais… Régulièrement. Comme une famille, finalement, conclut-elle avec un rire, on se retrouve à faire des repas pour Noël ou des anniversaires.
-Parce qu’en plus d’être proche d’Andrew, Juliet, tu es proche de son père, c’est ça ? C’est un ami d’enfance de ton compagnon, si nos sources sont exactes. »

Elle hocha la tête.

« C’est ça. » Comme elle n’avait pas très envie de s’attarder sur sa rencontre avec Charlie (c’était une question qu’on lui posait souvent, les journalistes étaient friands de tous les détails sur sa vie amoureuse) elle poursuivit avec un petit sourire : « Mais ce n’est pas exactement la même chose. Andrew c’est… C’est un peu comme mon petit neveu. Moi, je suis sa vieille tante qui peut raconter des anecdotes embarrassantes dont il ne se souvient même pas.
-Vieille tante ? s’indigna la journaliste. Mais j’ai deux ans de plus que toi !
-Il n’est pas vraiment respectueux envers ses aînés, confia Juliet.
-Je crois que tout le monde a envie d’entendre une anecdote embarrassante sur Andrew pour réparer cet affront. » Elle lança un regard au batteur. « Sauf si tu as quelque chose à dire pour ta défense, bien entendu. »

****

Andrew était nerveux, c'était évident. Évident et compréhensible ; il entrait sur un match d'envergure, sans même une journée entière pour s'y préparer. Ce n'était même pas juste de jouer devant des millions de spectateurs et de supporters - même si la pression était déjà conséquente - c'était aussi de se sentir suffisamment digne et légitime pour intégrer l'équipe principale, qui avait déjà ses habitudes, surtout dans une compétition comme celle-ci. Les joueurs n'étaient pas toujours tendres entre eux - et encore moins lorsqu'ils vivaient dans une pression constante depuis plusieurs semaines - et il y avait de quoi être déstabilisé. Pour autant, et même si l’annonce de la sélection d’Andrew avait suscité de la surprise –voire peut-être même une certaine méfiance – Juliet savait que ses coéquipiers sauraient se concentrer sur l’objectif qu’ils s’étaient fixés dès le début du mondial : soulever la coupe, le 20 juin 2015, sur la pelouse du stade Krestovski.

Et pour cela, ils devaient impérativement parvenir à trouver leurs marques dans cette nouvelle configuration, à la fois dans le jeu mais aussi dans l’équilibre de l’équipe où chaque personnalité en complétait une autre. Le tempérament d’Andrew, par exemple, était bien moins sanguin que celui d’Abiola ce qui n’était pas forcément une mauvaise chose sur le terrain où il y avait déjà quelques forts caractères. En revanche, sa jeunesse et son manque d’expérience entamait la confiance qu’il s’accordait.

Juliet eut un sourire en l’écoutant évoquer le discours de son père. Elle n’avait aucun doute sur le fait qu’Olivier ait su trouver les mots justes pour accompagner son fils dans un moment comme celui-ci. Parfois, Olivier avait un contact étonnant, pas toujours très adapté à la situation. Il donnait l’impression d’évoluer dans une réalité parallèle, pas complètement déconnectée de la leur mais qui, en tout cas, n’était pas régie par les mêmes codes. Et, parfois, il savait exactement quoi dire. Lorsque la pression se faisait trop lourde, il était d’un soutien indéfectible, comme s’il ne la percevait qu’à peine.

« Moi, il m’avait dit qu’il ne m’avait pas entraîné depuis mes dix-huit ans pour que je finisse tétanisée à l’idée d’entrer sur un terrain. » Elle eut un rire à ce souvenir. « Que c’était comme à l’entraînement. Que c’était même plus facile qu’à l’entraînement, parce que personne ne me ferait faire de tours de terrain si je ratais une passe. »

Mais, comme elle à l’époque, Andrew était pétri d’une peur reconnaissable : celle de ne pas être à la hauteur d’un match avec autant d’enjeux. Juliet hocha la tête avec compassion mais ne put retenir un rire lorsqu’il mentionna son dernier match comme des joueurs habillés de vert.

« Je me souviens, dit-elle en tournant un regard vers lui. Le match Gryffondor/Serpentard de ta dernière année. On était venus te voir jouer, avec Charlie. Beau match, effectivement. Et belle victoire. » assura-t-elle avec un sourire en coin. Elle laissa passer un léger silence avant de reprendre : « Je peux te dire un truc que tu ne répèteras pas en conférence de presse lorsqu’on sera champions du monde, demain ? » Elle l’observa un bref instant, comme pour le jauger du regard. « Quand j’étais à Poudlard, j’ai joué un match contre les Serpentard dans lequel j’ai beaucoup plus galéré que tous les matchs que j’ai pu jouer depuis le début de la coupe du monde. Je te jure, fit-elle avec un rire. Je dis pas que c’est facile parce que ce sont des matchs très techniques et qu’il y a beaucoup d’enjeux mais… Franchement, on joue à un tel niveau que c’est… C’est fluide, quoi. On est tous surentraînés pour ça. On sait ce qu’on fait. Donc… Donc oui, ton père a raison, c’est du Quidditch. Mais c’est même mieux, c’est du beau Quidditch, où tu sais que tu peux déployer le meilleur de ton jeu parce que t’es soutenu par tes coéquipiers. Et sans vouloir me vanter, ajouta-t-elle en haussant les sourcils, t’as de sacrés bons coéquipiers. »
Andrew O. Dubois-Cavill
Andrew O. Dubois-CavillJoueur de Quidditch professionnel
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The start of an age [Andrew & Juliet] Icon_minitimeDim 10 Mar 2024 - 2:23
Andrew se souvenait un peu de sa première rencontre avec Juliet, sur le Chemin de Traverse. C’était devant la boutique de balais, et s’il s’en rappelait, c’était parce qu’il y avait le Nimbus dont il rêvait à l’époque. Il avait demandé à l’avoir pendant des semaines et des semaines pour son onzième anniversaire, en vain. Sa mère avait refusé que son père le lui offre, arguant qu’il ne pourrait pas s’en servir en première année et qu’il serait juste frustré. Avec le recul, il lui donnait raison. Sur le coup, il aurait tout donné pour avoir ce balai. Juliet l’avait acheté, elle, si ses souvenirs étaient bons. C’était il y a presque vingt ans déjà... Cela lui semblait plus proche que cela. Les années Poudlard étaient encore fraiches dans sa mémoire. Les douze dernières années s’étaient écoulées à une vitesse folle. Et il en avait partagé une bonne partie avec Juliet. Il lui adressa un sourire lorsqu’elle confirma qu’elle l’avait rencontré alors qu’il n’avait que dix ans.

- Ça ne nous rajeunit pas tout ça, hein, commenta-t-il.

Elle disait bien les choses : il considérait qu’elle faisait partie de sa famille. Charlie Weasley était comme un oncle pour lui, il était le parrain de Susan, il le connaissait depuis qu’il était né. Juliet et lui s’étaient mis ensemble quand il était en sixième ou en septième année, il ne se souvenait plus vraiment, sixième peut-être. À partir de ce moment-là, il l’avait vue aux barbecues, aux soirées, aux anniversaires, au remariage de ses parents et à celui de sa belle-mère. Elle était techniquement devenue un peu sa tante, puisqu’elle était la compagne de son oncle Charlie.

- Je n’ai jamais dit vieille tante, protesta-t-il en riant.

Il secoua la tête quand elle se ligua contre lui avec la journaliste, arguant qu’il n’était pas respectueux de ses aînés. Il payait là deux ou trois plaisanteries sur le grand-âge de Juliet ou de son père, il le reconnaissait. Mais s’il ne les faisait pas à vingt-huit ans, il ne le ferait jamais ! Quand Maggie demanda s’il avait quelque chose à dire pour sa défense, il leva ses deux mains en l’air, comme s’il était mis en accusation.

- J’ai juste souligné une ou deux fois que Juliet était une joueuse d’expérience, voilà tout ! C’était un compliment, assura-t-il avec malice. C’est très enrichissant d’apprendre de toi. Après tout, tout le monde n’a pas eu l’occasion de jouer avec des vrais vivets dorés...

La pratique avait cessé au quinzième siècle, pour faire place au Vif d’Or. Il arborait son sourire le plus innocent, les yeux pétillants. Il était bon pour dix tours de terrain supplémentaires au prochain entraînement et pour une anecdote embarrassante (qui ne pouvait pas être si terrible que ça, non ? Juliet ne pouvait pas connaître ses plus grandes hontes... Il l’espérait en tout cas.) Elle avait été là pour lui dans des moments difficiles mais ça n’était jamais ce qu’on racontait face à la caméra.

*****

Son coeur tambourinait fort dans sa poitrine. C’était la peur. Il aurait aimé avoir plus de temps pour se préparer à cela, il aurait aimé avoir les semaines qui venaient de passer pour s’entraîner de façon intensive avec l’équipe, pour rôder ses mouvements avec ceux de Cameron. Les batteurs formaient un véritable binôme au sein de l’équipe et ce partenariat n’était pas inné, cela devait se travailler. Ils n’auraient que peu de temps aujourd’hui et demain, ils devraient faire au mieux... Andrew peinait à réaliser que c’était vraiment en train d’arriver.

Demain soir, il entrerait sur le terrain de la finale de la Coupe du Monde de Quidditch 2015, pour la jouer.

Sans vraiment avoir pu s’y préparer.

Cela ressemblait au mélange de ses plus grands rêves et de ses plus grands cauchemars. Son père disait qu’il en était capable, son coach disait qu’il en était capable, les entraîneurs aussi. Mais l’était-il vraiment ? Il lui sembla que son coeur manquait un battement. Il souffla profondément, ses mains s’ancrant dans le sol en bois de la terrasse. Juliet lui racontait comment elle avait appelé son père également, le jour où elle avait dû entrer sur le terrain face au Portugal, au cours du dernier Euro. Elle avait dû être dans le même état que lui, songea-t-il. Et pourtant, elle avait fait une belle performance. Elle avait été rapidement titularisée derrière. Il retrouvait le ton de voix de son père derrière le récit qu’elle lui faisait de l’appel.

- Ça lui ressemble bien, commenta-t-il. Même si je pense qu’il t’aurait quand même fait faire des tours de terrain si tu avais effectivement raté tes passes. Il t’aurait attendue de pied ferme à Flaquemare dès la fin de la compétition.

Il essayait de plaisanter, à la fois pour distraire son esprit et en même temps pour recomposer son calme. Il ne pouvait pas laisser son esprit s’égarer dans les affres de l’angoisse et des questionnements. Son coach et son père avaient raison sur ce sujet : il ne pouvait pas avoir cette mentalité sur le terrain demain soir. Car même s’il avait l’impression d’être dans un rêve éveillé, c’était la réalité et il allait devoir s’y confronter. Il serait sur le terrain demain soir et il jouerait. À partir de là, le seul choix qui s’offrait devant lui était de bien jouer.

Il n’était pas du genre à avoir peur sur un terrain. Bien sûr, comme tout joueur, il ressentait la pression de chaque enjeu. Il prenait chaque rencontre au sérieux, il vivait chaque match comme un match primordial. Avant de rentrer sur le terrain, son estomac était noué de la même et familière anticipation. Mais il catégorisait cela comme du stress, du bon stress, celui qui le poussait à se démener, à repousser ses limites à chaque fois. Ce n’était pas de la peur.

Il se souvenait très bien de la dernière fois qu’il avait eu peur de jouer. C’était après son accident, le premier match où il avait repris. Gryffondor / Serpentard à la fin du mois de mai 2011, en sixième année, pour savoir qui emporterait la troisième place de la compétition. Poufsouffle et Serdaigle étaient les finalistes. Ce match n’était pas la première fois où il remontait sur un balai après sa chute mais c’était la première fois qu’il rejouerait vraiment. De façon très ironique, c’était exactement dans les mêmes conditions que son accident. Il avait failli vomir dans les vestiaires. Cela lui avait pris toute sa force de refermer sa main sur son balai pour mener son équipe dehors. Ce match là, ils l’avaient perdu. Gryffondor avait terminé dernier de la compétition cette année-là mais... avoir joué ce match avait déjà été une très belle victoire pour lui.

Un an après, à la fin de la septième année, lors du dernier match de son capitanat, Gryffondor et Serpentard s’étaient affrontés de nouveau, cette fois-ci pour déterminer qui soulèverait la Coupe des Quatre Maisons. Cette rencontre pour lui constituait la meilleure des revanches. C’était son occasion, l’occasion de montrer que ce terrible accident ne lui avait rien pris. C’était l’occasion de ramener la Coupe à sa maison, après la défaite de l’année précédente. C’était la chose qu’il voulait le plus profondément à ce moment-là de sa vie. Même pas pour assurer son avenir : il venait de signer son contrat avec les Catapultes, le résultat du match ne compterait pas pour cela. Mais pour réparer quelque chose de son passé. Pour soulever la Coupe une nouvelle fois en tant que capitaine, une dernière fois, pour qu’ils puissent gagner une dernière fois tous ensemble. Se battre une dernière fois, avec Colette, avec Jarod, Clara, Angelina, Ava, Scott.

Gryffondor l’avait emporté.

Lorsque Colette avait refermé sa main sur le Vif, toutes les tribunes des Gryffondor avaient explosé. Andrew n’avait pas de mot pour décrire le sentiment qui l’avait envahi à ce moment-là. Il  avait serré Coco très fort contre lui. Merci, lui avait-il soufflé à l’oreille. Merci pour tout. Les Gryffondor avait envahi le terrain alors que le professeur Londubat leur remettait la Coupe. L’équipe bondissait de joie, tout le monde tombait dans les bras de tout le monde, il y avait des cris de liesse, des chants, un moment de communion totale autour de cette victoire tant attendue. Andrew considérait ce moment comme l’un des plus beaux de sa vie, c’était d’ailleurs le souvenir qu’il utilisait pour convoquer son Patronus. 

Il sourit à Juliet lorsqu’elle réalisa de quel match il parlait. Elle y avait assisté, il est vrai, avec son père et une partie sa famille. Son dernier match en tant que capitaine, son dernier match à Poudlard, après six ans à porter les couleurs de Gryffondor. Sûrement le plus beau match de sa vie jusque-là, et pourtant, il en avait fait plusieurs depuis qu’il était entré chez les Catapultes. La première rencontre qu’il avait jouée en tant que professionnel avait également une saveur toute particulière.

- Ouais, confirma-t-il en hochant la tête. Le match de ma vie à l’époque... Si j’avais su que deux ans après je serai là...

Qu’aurait-il fait différemment ? Se serait-il entraîné plus ? Il ne pouvait même pas dire cela. Il consacrait sa vie au Quidditch. Il s’était toujours entraîné pour en arriver là. Il était juste arrivé là où il avait toujours cherché à arriver... Il s’était entraîné pour ça toute sa vie. Il s’était entraîné depuis toujours pour la Coupe du Monde. Cette réalisation lui donna un peu le tournis.

Il tourna franchement la tête vers Juliet quand elle lui demanda si elle pouvait lui confier quelque chose qu’il ne répéterait demain quand ils seraient champions du monde. La formulation le fit sourire.

- On va dire que non. Ce qu’elle lui révéla lui fit initialement froncer les sourcils, avant qu’elle ne développe sa pensée. Ils jouaient sur du très haut-niveau, tout était fluide, tout était rôdé. Ils pouvaient déployer du beau jeu, disait-elle, et elle avait raison. Ils n’étaient plus limités comme ils pouvaient l’être à Poudlard, avec des coéquipiers et des adversaires qui avaient des ambitions et des entraînements différents. Quand elle ajouta qu’il avait d’excellents coéquipiers, il eut un rire. C’est vrai, reconnut-il. Tu as raison. Vous êtes excellents vous les gars, vous avez fait tout le travail pour arriver ici, c’est moi le prob... Il s’interrompit. Se reprit. Non, c’est pas moi. Je ne suis pas un problème. Je sais jouer au Quidditch. Je sais bien jouer au Quidditch.

Il fixait un noeud du bois de la terrasse, les yeux un peu écarquillés.

- Plutôt bien. Ça va. Non, bien. On va dire bien, d’accord ? Je sais bien jouer au Quidditch. Donc demain, je vais bien jouer au Quidditch. Et qu’est-ce qu’un joueur de l’équipe nationale du Brésil si ce n’est un Serpentard un peu évolué... ?

Il souffla un coup, secoua ses mains. Inspira. Souffla.

- Je pense que j’ai besoin de jouer. Faut que je vole, déclara-t-il. Le coach a dit que je devais retrouver lui et Franck - l’entraîneur des batteurs - Cameron et Malone dans pas longtemps, pour qu’on s’entraîne. Tu penses que... que je vais voir le reste de l’équipe avant ? Histoire de... ?

De leur dire qu’il savait bien jouer au Quidditch ?


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Juliet E. Wilson
Juliet E. WilsonCapitaine de l'équipe nationale de Quidditch
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The start of an age [Andrew & Juliet] Icon_minitimeSam 23 Mar 2024 - 18:00
Juliet glissa un sourire amusé vers Andrew alors qu’il se défendait d’avoir un jour prétendu qu’elle était sa vieille tante. Elle voyait bien à ses yeux qui brillaient d’amusement qu’il s’apprêtait pourtant à rebondir sur le sujet et croisa les bras sur sa poitrine, son regard clair posé sur lui. Sa remarque sur les vivets dorés lui tira un rire et elle secoua la tête.

“J’en connais un qui va courir, demain” lança-t-elle en haussant légèrement les sourcils.

A trente-cinq ans, Juliet faisait partie des joueurs les plus âgés de l’équipe. Même Andrew – qui n’avait pourtant que vingt-huit ans – glissait doucement mais sûrement vers cette catégorie. Chaque année, les clubs accueillaient de très jeunes joueurs dont certains venaient à peine de finir leurs études. Le plus souvent, ils faisaient partie de l’équipe réserviste mais il arrivait aussi que les joueurs les plus talentueux soient titularisés très rapidement – notamment s’ils avaient fait leurs armes chez les Espoirs avant ça. Juliet avait des coéquipiers qui étaient plus proches de l’âge de sa fille que du sien. Ils sortaient à peine de l’adolescence et se retrouvaient précipités dans un milieu où ils expérimentaient beaucoup de pression et vivaient entre de grosses responsabilités et une immense liberté rendue possible par l’argent qu’ils touchaient chaque mois. Ce n’était pas évident de naviguer dans tout ça alors, souvent, les joueurs les plus expérimentés guidaient les plus jeunes. Juliet aimait bien ce rôle, que lui conférait aussi son statut de capitaine (parfois, elle demandait à Gaby de lui expliquer certaines expressions utilisées par les plus jeunes et sa fille ne manquait jamais de le faire, tout en soulignant que c’était super cringe si les vieux commençaient à dire ça.)

Le sourire aux lèvres, Juliet retrouva le regard de la journaliste. Elle possédait des anecdotes réellement embarrassantes sur Andrew (ce n’était pas bien difficile : elle était proche de ses parents et Charlie l’avait vu naître). Comme cela faisait des années qu’ils se connaissaient, elle avait aussi été présente lors de moment vraiment douloureux pour lui mais ce n’était pas quelque chose qu’elle souhaitait partager face à la caméra.

En revanche, il y avait bien quelque chose, un petit élément dont Andrew ne devait même pas se souvenir et qui lui était revenu en mémoire lorsqu’elle avait dû préparer cette interview.

“Après, c’est vrai que j’ai plus d’expérience qu’Andrew. Que lui, il m’a toujours vu comme une joueuse plus âgée et ça depuis notre toute première rencontre. Et pour moi...” Elle se tourna légèrement vers Andrew, une lueur malicieuse au fond des yeux. “Pour moi, tu es toujours ce petit garçon qui bavait devant le dernier Nimbus et qui m’a affirmé, à dix ans, qu’il n’avait qu’un seul rêve : devenir joueur de Quidditch...” Elle laissa une brève seconde passer et acheva : “Et qu’on l’appelle Andrew Boulet-de-Canon dans les stades.”

Elle offrit un clin d’oeil à la caméra.

“On attend vos meilleures pancartes pour la coupe du monde !”

***

Pour un championnat comme une coupe du monde, où tous les matchs se jouaient sur une période très courte, les joueurs disparaissaient littéralement pendant plus d’un mois. C’était une période assez particulière où ils mettaient tous leur vie privée entre parenthèse pour se concentrer sur la compétition. Ils vivaient ensemble, mangeaient ensemble, s’entraînaient ensemble, jouaient ensemble et cela créait souvent une dynamique assez forte, d’autant plus majorée par la pression qu’ils portaient. Ils évoluaient dans une bulle pendant plusieurs semaines, ce qui leur permettait de se concentrer sur les matchs sans être pris par le quotidien. Ce n’était pas toujours évident pour autant ; cet éloignement forcé était parfois lourd à porter. L’Angleterre avait fait un parcours magnifique, Juliet n’aurait échangé sa place pour rien au monde mais sa fille lui manquait terriblement. Elle dormait à quelques mètres d’ici, avec Charlie, dans un hôtel. Demain, ils assisteraient tous les deux à la finale et elle savait très bien qu’elle chercherait leurs visages, juste avant que le match ne commence. Elle était prête à parier qu’Andrew aurait adoré passer la soirée avec son père, juste pour voir dans ses yeux la foi inébranlable qu’il avait en lui.

Parce qu’ils étaient isolés et parce qu’ils se connaissaient depuis près de dix ans maintenant, Juliet se sentit libre d’adopter une posture assez sincère avec lui et elle sentit que ses mots prenaient du sens pour lui. Il savait bien jouer, affirmait-il malgré son ton hésitant. Elle hocha la tête. Andrew était un excellent joueur, elle n’en doutait pas. S’il avait été sélectionné, c’était parce qu’il était capable de jouer à un tel niveau et, s’il était appelé pour la finale, c’était parce que les entraîneurs étaient intimement persuadés que c’était ce dont l’équipe avait besoin pour l’emporter demain.

A sa dernière question, Juliet tourna un regard vers Andrew.

“Prends le temps, lui conseilla-t-elle. Nous aussi on doit aller s’entraîner, le coach nous a dit qu’on allait tous revoir nos formations une fois que vous vous serez un peu rôdés avec Cameron.” Elle posa sa main sur épaule et eut un sourire pour lui. “T’as rien à prouver à personne, Andrew. T’es ici parce que t’as autant de mérite que les autres, tu joues demain parce que t’es aussi bon que nous tous, c’est tout. Si on perd demain, ce sera autant de ta faute que de la nôtre. Mais si on gagne...” Son sourire s’accentua. “Si on gagne, plaisanta-t-elle, ce sera plus grâce à moi qu’à toi parce que je permets au score d’avancer mais je suis sûre que t’auras fait un super travail aussi.” Elle se leva et lui tendit la main pour l’aider à se redresser à son tour. “Allez, viens. On va pas commencer à avoir peur de gars avec une tenue verte, on va se faire renier de notre ancienne maison, sinon.”

Andrew O. Dubois-Cavill
Andrew O. Dubois-CavillJoueur de Quidditch professionnel
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The start of an age [Andrew & Juliet] Icon_minitimeLun 1 Avr 2024 - 22:46
- J’adore courir, répondit Andrew comme s’il ne pleurait pas intérieurement à l’idée des trente tours de terrain supplémentaires que Juliet allait lui infliger en punition pour sa petite blague.

Il ne pourrait compter sur personne pour l’aider, même pas son propre père qui lui répondrait sûrement que sa capitaine ne pouvait l’avoir sanctionné que pour une excellente raison. Peut-être que Laura, l’une de ses collègues batteuse, aurait assez pitié de lui pour lui remplir une fois sa bouteille d’eau, au bout du quinzième tour. C’était grand un terrain de Quidditch, quand on le parcourait à pieds. Mais cette petite punition ne serait sûrement rien à côté du retour de bâton infligé par Juliet suite à sa petite blague. Elle l’avait pris un peu trop bien, elle n’avait pas répondu grand-chose, alors qu’elle aurait pu. Après tout, ce n’état plus comme lorsqu’il était un jeune premier de même pas vingt-ans en équipe nationale, il en avait vingt-huit et il y avait des joueurs plus jeunes dans l’équipe, sans parler des remplaçants qui rêvaient toute la nuit de prendre sa place. C’était un cycle éternel. Il était pile au milieu de sa carrière : il avait fait dix ans et il lui restait à peine dix ans, s’il avait de la chance et ne subissait pas de grave blessure. C’était vertigineux pour lui et il essayait de ne pas trop y penser.

Les joueurs de Quidditch s’arrêtaient entre trente-six et quarante ans, grand maximum. C’était une carrière brève, vingt ans de jeu, environ. Ils devaient tous penser à une reconversion après leur retraite mais c’était terrifiant de tourner cette page. Il se rappelait à quel point son père l’avait mal vécu alors qu’il avait eu la chance d’être recruté comme conseil, puis comme entraîneur, par Flaquemare immédiatement après la fin de sa dernière saison. Il devrait peut-être commencer à lever le pied sur les blagues sur l’âge, avant qu’un petit con arrogant débarque pour lui faire les mêmes... ou bien que cela se retourne contre lui, comme Juliet venait habilement de le faire. Elle commença par déclarer qu’elle était effectivement plus expérimentée que lui, ce qui était vrai, et qu’elle avait toujours été une joueuse plus âgée pour lui, qu’elle avait connu petit garçon... Il se tourna vers elle avec un regard méfiant. Ça commençait trop bien...

- Et qu’on l’appelle Andrew Boulet-de-Canon dans les stades.

Il ne put s’empêcher d’éclater de rire, tapant sa main sur son genou.

- Non, non, c’est faux, ne l’écoutez pas. Je n’ai aucun souvenir de ça, personne ne peut confirmer ça, affirma-t-il en riant.

Il imaginait déjà les banderoles dans les stades. Les supporters pouvaient faire preuve de beaucoup d’imagination parfois, un peu trop même.

- Ton père pourrait confirmer, non, Andrew ? s’enquit Maggie. Par souci journalistique.
- Mais on n’a pas besoin de le déranger pour ça, il est sûrement très très occupé.
- Tu pourrais l’appeler, suggéra Maggie, qui ne lâchait jamais l’affaire.
- C’est pas la peine, franchement, puis mon père ne se rappellerait même pas de ça parce que franchement, ça ne me parle pas du tout.

Maggie lança un regard amusé à Juliet.

- J’accorde que je voulais le nouveau Nimbus mais le reste, hum hum, fake news. On n’a plus les buzzers de la dernière fois, là ? demanda-t-il à Safiya, l’attachée de presse, par dessus les caméras, les trucs du Vrai ou Faux ?
- Andrew, précisa Maggie avec un sourire, je te préviens que ça sera quand même gardé au montage.
- Ah bah bravo le sens de la vérité, fit-il mine de s’offusquer. Je préférais limite le truc de la dernière fois, où il fallait parler du dernier texto qu’on avait reçu.
- D’accord, Andrew, tu veux nous parler du dernier message que tu as reçu ?

Il prit une seconde pour visualiser le message en question et la personne qui l’avait envoyé.

- ... non mais c’était un exemple, après.
- Juliet, tu veux nous parler du dernier message que tu as reçu ?

***

Il aurait dû poser la question à son père, de son positionnement avec l’équipe. Il n’y avait pas pensé lorsqu’il l’avait eu au téléphone. Il était doué à cela, à comprendre les dynamiques, à savoir comment faire fonctionner des personnalités ensemble. C’est ce qui faisait qu’il avait été un bon capitaine et qu’il était un bon entraîneur pour Flaquemare. C’était drôle parce que cette capacité à lire les personnalités ne se faisait que sur un terrain. En dehors, il était terriblement inadapté en société mais sur un terrain de Quidditch, il était capable de faire cohabiter de gros egos sans écraser les personnalités les plus réservées. Il aurait su lui dire quelle attitude avoir avec le reste de l’équipe, quoi leur dire pour gagner leur confiance avant le match de demain...

Ou bien peut-être qu’il lui aurait simplement dit de faire ses preuves à l’entraînement, de leur prouver visuellement pourquoi il avait été choisi à la place d’Abiola et de leur montrer qu’il avait sa place demain soir sur le terrain, avec eux. En tout cas, c’était la stratégie que Andrew choisissait d’aborder. Il ne voyait pas quels pouvaient être ses autres choix. Devait-il accompagner cette démonstration - qu’il espérait fructueuse - d’un discours envers ses coéquipiers ? C’était la véritable question. Il pouvait descendre, leur dire que les conditions n’étaient pas idéales, comme l’avait dit le coach, mais qu’il se sentait prêt à donner le meilleur de lui-même demain, à leurs côtés. C’était bien ça, comme mots. C’était bien dans son esprit. Il n’était pas certain d’arriver à avoir la même superbe face à leurs regards plein méfiants voire pire : face à leurs éventuelles récriminations. Juliet, à qui il avait partagé ses angoisses, posa une main sur son épaule et lui suggéra de prendre son temps.

Il la regarda avec attention lorsqu’elle déclara qu’il n’avait rien à prouver, luttant contre l’envie de répondre que justement, si, il avait tout à prouver. Il ne se sentait pas aussi bon que eux tous, ne serait-ce que parce qu’ils avaient une expérience de l’international qu’il était loin d’avoir. Sa plaisanterie lui tira néanmoins un léger rire.

- Typique ego de poursuiveur... répondit-il en citant son père.

Il attrapa la main qu’elle lui tendait pour se relever, déclarant qu’ils n’allaient pas commencer ) avoir peur de gars en vert.

- C’est vrai. Puis on est qui pour perdre face au Brésil ? La France ?

La sélection hexagonale s’était faite sortir en demi par leurs adversaires du lendemain. Désormais debout, Andrew prit un instant pour souffler. Il finit par adresser un sourire à Juliet.

- Merci. Je vais descendre rejoindre Frank et Cameron et... Voler me fera du bien, j’suis sûr.

Il se sentait toujours mieux une fois dans les airs.

- De tout manière, je ne peux pas décevoir mon père. L’Angleterre, c’est une chose, mais papa ? Toi non plus d’ailleurs, on est franchement coincés. Obligés de gagner, si on ne veut pas entendre le « Moi, en 2002, je l’ai gagnée, ma finale... »  


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Juliet E. Wilson
Juliet E. WilsonCapitaine de l'équipe nationale de Quidditch
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The start of an age [Andrew & Juliet] Icon_minitimeMer 17 Avr 2024 - 2:03
Il était possible qu’Andrew n’ait aucun souvenir du moment où il lui avait déclaré, du haut de ses dix ans : “Plus tard, je taperai tellement fort dans les Cognards que personne ne les verra arriver ! J'serai Andrew-Boulet-de-Canon !” Juliet, en revanche, se rappelait très bien sa petite figure arrondie et son intonation excitée lorsqu’il avait déclamé cela avec beaucoup d’aplomb. Elle en avait ri, à l’époque et elle en riait toujours aujourd’hui. Le temps s’était écoulé à une vitesse folle depuis leur rencontre. Elle était déjà majeure à cette époque et forcée de retourner à Poudlard pour une huitième année. Elle s’était essentiellement concentrée sur le Quidditch, pour maximiser ses chances de recevoir une proposition intéressante à la fin de son cursus scolaire. Flaquemare s’était positionné en mai, elle avait signé chez eux avant de repasser ses ASPIC. Elle se souvenait encore du frisson qui l’avait traversé la première fois où elle était entrée dans le stade en tant que joueuse. Les premiers entraînements, les premiers matchs, les premières victoires et les premières défaites. Au moment de la naissance de Gabrielle, elle avait vraiment cru devoir renoncer à sa carrière de joueuse professionnelle. Elle avait même envisagé une reconversion dans le milieu du journalisme sportif mais elle n’avait jamais réussi à s’y investir réellement. Une part d’elle-même restait accrochée au Quidditch, à ce rêve qu’elle avait effleuré des doigts qui semblait s’être évanoui bien trop vite. Flaquemare avait pris un risque en la reprenant. Les sélectionneurs avaient misé sur elle, elle le savait, et elle s’était démenée pour qu’ils n’aient jamais à regretter leur choix. Elle avait dédié une large part de sa vie à sa carrière, avait fait beaucoup de sacrifices, s’était entraînée comme une folle pour atteindre le niveau qu’elle avait aujourd’hui.

A trente-cinq ans, elle avait l’impression de pouvoir dire qu’elle avait accompli son rêve.

Enfin, presque.

Il lui restait à amener l’équipe anglaise en finale de la coupe du monde et remporter ce titre pour la seconde fois de sa carrière.

Retrouver ses coéquipiers et le stade anglais pour cette semaine d’entraînement avant le mondial avait été une source de joie pour elle, d’autant plus qu’elle savait pertinemment que ses années étaient comptées dans l’équipe. La coupe du monde 2023 serait sa dernière, il n’y avait aucun doute là-dessus. Elle pourrait éventuellement pousser jusqu’au prochain euro, en 2025... Mais sa carrière touchait à sa fin, elle en avait parfaitement conscience. Les joueurs professionnels prenaient leur retraite autour de leur trente-sept ans en moyenne et Juliet les fêterait dans deux ans. Quand elle y pensait, elle en avait toujours un pincement au cœur ; au fond, ils n’avaient jamais envie d’arrêter mais leurs corps finissaient toujours par leur signifier qu’il était temps de raccrocher. Pour l’instant, elle s’estimait chanceuse : elle était en excellente forme physique et suivait scrupuleusement les recommandations de ses kinés, nutritionnistes, préparateurs et médicomages pour le rester.

L’hilarité d’Andrew – et sa mauvaise foi – lui tira un rire et elle échangea un regard amusé avec Maggie avant de glisser à son coéquipier qui remettait en question la véracité de ses propos puisqu’il n’en gardait aucun souvenir :

“Tu étais petit, c’est normal...”

Son coéquipier préféra relancer les journalistes sur un sujet qu’il sembla immédiatement regretter. Juliet souffla un rire en voyant l’expression qui passa sur son visage et songea qu’il valait effectivement mieux que le dernier message qu’il avait reçu ne soit pas lu en public. Elle saisit la perche de Maggie pour répondre à son tour :

“Je peux, oui.” Elle savait exactement quel était le dernier message qu’elle avait reçu et, contrairement à Andrew, n’était pas embarrassée par son contenu. “C’est un message de ma fille qui me transfère les dates des matchs de Poudlard.” Elle releva les yeux vers Andrew. “Je t’ai dit ? Elle joue pour Gryffondor. Attrapeuse, révéla-t-elle avec un sourire.
-Oh, tu entames ta propre dynastie familiale, à la manière d’Olivier Dubois ? demanda Maggie en haussant les sourcils.
-Exactement, répondit-elle avec un humour en rangeant son téléphone.
-Et alors ? Tu vas essayer d’assister à ses matchs ?
-Bien sûr. Pas les premiers, de toute évidence, parce qu’on sera déjà en Australie pour le mondial mais oui, je vais essayer de me libérer.
-Assister à un match de Gryffondor dans les gradins de l’école... Sacré retour dans le passé.”

Juliet eut un rire.

“J’ai déjà fait ça, il y a quoi ? Dix ans ?” fit-elle en observant Andrew. “Pour son dernier match à l’école.” Elle posa une main sur son cœur et souffla en secouant la tête : “Ah. C’est quand je dis des trucs comme ça que je me sens vieille.” Elle sourit. “Mais oui, c’est toujours quelque chose de retourner là-bas.
-Andrew ? Tu y retournerai à Poudlard, toi ? Pour la nostalgie ?”

***

19h56. Ils entraient sur le terrain dans quatre minutes. Les vestiaires étaient silencieux ; les joueurs vérifiaient leurs équipements et protections et tous les visages étaient marqués par la concentration.

Dans quatre minutes, ils entraient pour disputer la finale de la coupe du monde face au Brésil.

Trouver le sommeil n’avait pas été aisé, à la nuit dernière. Un mélange d’impatience et de nervosité. Pourtant, Juliet se sentait étrangement calme à quelques minutes du match le plus important de sa carrière. Elle ajusta ses gants, ferma la main sur le manche de son balai et souffla doucement.

Juste un match. Un seul match. La victoire n’avait jamais été aussi proche.

“Debout, annonça Abhishek, le capitaine de l’équipe. On se rassemble.”

Ils s’attrapèrent par les épaules, formant un rond approximatif au milieu des vestiaires. Juliet, Darrel McGuire, gardien, Tamar Pelham, poursuiveuse, Orla Fulton, attrapeuse, Cameron Sheeran, batteur, Abishek Sharma, poursuiveur, Andrew Dubois, batteur.

“Un match. Un match pour achever tout ce qu’on a fait, cette saison. Souvenez-vous de tous nos entraînements, d’accord, toutes les fois où vous êtes rentrés chez vous épuisés, tous les matchs où on s’est donnés, où on est allés arracher la victoire à l’autre équipe... Ce soir, c’est notre récompense. On va pas rentrer chez nous les mains vides. Cette coupe, on va la soulever et on va la ramener en Angleterre. Ce soir, dans les tribunes, y a les anciens champions du monde qui nous regardent et dans quelques années, ce sera nous, ok ? On sera ces anciens joueurs dans les tribunes, là, tous les sept, à regarder les prochains faire ce que nous on a réussi à faire aujourd’hui. Aujourd’hui, on quitte ce stade champions du monde. C’est clair ?”

Un moment de communion, des phrases scandées en cœur puis ils s’envolèrent au-dessus du stade.

Une clameur monumentale s’éleva des gradins alors qu’ils survolaient la pelouse. Des applaudissements, des cris et des chants les accueillir alors qu’ils volaient en formation le long des tribunes pour saluer les supporters. Le regard de Juliet croisa brièvement celui de Charlie, installé dans la tribune VIP avec Gabrielle qui avait un maillot à l’effigie de l’équipe anglaise et des peintures sur les joues.

Juste un match.

“Et voilà donc l’équipe anglaise ! Équipe anglaise qui a fait un excellent parcours dans cette compétition, malgré une victoire difficile face à la France en huitième, annonça Gordon Sanders, l’un des commentateurs.
-Ah, c’était un match redouté ! abonda Mike Cadbury. Et notamment à cause de la rencontre du binôme Wilson / Levasseur. Ils sont redoutables lorsqu’ils jouent ensemble à Flaquemare mais dès qu’ils se retrouvent dans leurs équipes nationales...
-Eh oui, ils se connaissent malheureusement un peu trop bien, ce qui ne leur rend pas toujours service. La grande nouveauté de ce match, Mike, reprit Gordon, c’est l’entrée d’Andrew Dubois au poste de batteur.
-Mais oui ! Malone Tarley s’est blessé la veille pendant un entraînement...
-Oui, ce sont des choses qui arrivent parfois à ce stade de la compétition. Contre toute attente, les entraîneurs ont choisi de faire entrer Dubois.
-Effectivement, alors que tout laissait à croire qu’Abiola Briar serait sélectionné.
-Et en même temps, le jeu de Dubois pourrait être un atout intéressant pour l’équipe anglaise... En tout cas, ce qui est certain, c’est que les Brésiliens vont devoir adapter leur stratégie à ce nouvel élément.”

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