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The part of me that's you will never die [Leonard & Eiluned]

Eiluned Wellington
Eiluned WellingtonMédicomage
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Profil Académie Waverly
The part of me that's you will never die [Leonard & Eiluned] Icon_minitimeLun 5 Fév 2024 - 1:17
11 octobre 2012

Le service d’oncomagie était divisé sur quatre étages. En bas, un hôpital de jour qui recevait quotidiennement plusieurs dizaines de patients pour des traitements par chimiothérapie. Au premier étage, les bureaux médicaux – « l’étage des mauvaises nouvelles » disaient les habitués du service. Les autres étages étaient occupés par des services d’hospitalisation, notamment pour les patients qui sortaient de chirurgie. Pour l’instant, Leonard et Eiluned n’avaient visité que le rez-de-chaussée et le premier étage.

Cela faisait six mois que Leonard suivait scrupuleusement un processus thérapeutique à base de chimiothérapie. Il venait de terminer sa quatrième cure et avait passé toute une batterie d’examens pour mesurer l’efficacité du traitement. Ils attendaient désormais que le docteur Kavanagh leur délivre les résultats. Installée sur une chaise en bois, en face d’un bureau encore vide, Eiluned glissa un regard à son mari.

Il avait des cernes sous les yeux et le teint pâle. La chimiothérapie le fatiguait beaucoup. Il avait échappé à de nombreux effets secondaires mais pas à la fatigue inhérente au traitement, ni à la chute de ses cheveux. Il était parfois saisi de nausées, surtout dans les jours qui suivaient l’administration de la chimiothérapie, mais le docteur Kavanagh lui avait prescrit des potions qui permettaient de les rendre supportables.

« Ça va aller » murmura-t-elle en glissant sa main dans la sienne. Son sourire tremblait comme un peu, comme si elle essayait elle-même de s’en convaincre, sans grand succès.

Et pourtant, elle se raccrochait si fort à cet espoir. Tout son être semblait suspendu à ce moment charnière qu’ils vivaient. Peut-être, se disait-elle, que les traitements avaient fonctionné. Elle espérait si déraisonnablement qu’elle interprétait chaque nouveau signe ; récemment, elle avait remarqué que Leonard était moins sujet aux migraines depuis quelques semaines.

« Ouais... » souffla Leonard, le regard soucieux, trop angoissé pour tenter d'alléger l'atmosphère comme il le faisait parfois.

Un silence s’installa entre eux, lourd de toutes les peurs et les espoirs qu’ils n’osaient formuler. Ce fut le docteur Kavanagh qui le rompit en entrant dans la pièce, un épais dossier médical sous le bras.

« Excusez-moi de vous avoir fait attendre, j’ai été retenue en réunion. » lança-t-elle avec un sourire chaleureux. Elle s’installa face à eux et déposa le dossier sur le bureau. « Comment est-ce que ça va ?
-Là tout de suite, bof, mais à voir votre sourire, peut-être mieux dans quelques instants... ? » tenta Leonard, visiblement surpris par son arrivée.

Eiluned, elle, ne parvint pas à formuler un mot. Son cœur battait à toute vitesse dans sa poitrine et ses mains tremblaient un peu.

« J’ai de bonnes nouvelles, oui.
-Le traitement a fonctionné ? réagit-elle immédiatement, portée par cet espoir fou qu’elle avait nourri tous les jours depuis l’admission de Leonard dans ce processus thérapeutique.
-Oui, approuva l’oncomage. Et même mieux qu’on l’espérait. La tumeur a rétréci. »

Leonard serra plus fort sa main dans la sienne et ils échangèrent un regard confus qui trahissait leurs réserves.

« Qu'est-ce que ça veut dire, du coup ? s’enquit-il avec inquiétude. On va pouvoir l'opérer ?
-Pas encore, tempéra le docteur Kavanagh d’une voix douce. C’est trop risqué.
-Mais la tumeur a rétréci ? » insista Eiluned. L’oncomage hocha la tête. « Je peux voir les scans ? »

Elle attrapa l’enveloppe que le docteur Kavanagh lui tendait et en tira plusieurs images. Un sort informulé fut nécessaire pour pouvoir les lire et ils s’éclairèrent pour donner forme à plusieurs tracés qui n’avaient pas beaucoup de sens à des yeux moins aguerris que les siens. Si la spécialité d’Eiluned n’était pas l’oncomagie, son travail aux urgences l’avait rendu suffisamment polyvalente pour pouvoir interpréter de tels résultats sans difficulté.

La tumeur de Leonard avait effectivement rétréci. Considérablement.

Mais elle était toujours trop grosse et située dans une zone trop sensible pour qu’une opération soit envisageable.

« Alors… Alors on fait quoi ? On continue la chimiothérapie ? »

Le docteur Kavanagh secoua la tête.

« Je ne suis pas sûre que ce processus puisse se montrer encore plus efficace qu’il ne l’a déjà été. » Elle rassembla ses mains devant elle. « J’aimerais savoir si vous seriez prêts à faire partie d’un essai clinique. »

La figure de Leonard qui s'était légèrement assombrie quand le docteur avait écarté la possibilité d'une opération sembla retrouver un peu de lumière à cette question. Eiluned le vit se pencher légèrement sur sa chaise.

« Quel genre d'essai clinique ? s’enquit-t-il.
-Une chimiothérapie intratumorale. »

Le cœur d’Eiluned sembla se figer dans sa poitrine.

« Donc une opération.
-Une petite, juste de quoi passer le médicament. L’idée, expliqua le docteur Kavanagh à Leonard, serait d’introduire directement un cocktail de médicaments dans la tumeur, pour la faire rétrécir davantage. L’effet est plus ciblé donc, normalement, plus efficace.
-Attendez, attendez... Ça veut dire que vous allez m'ouvrir la tête pour faire ça ?
-Oui, il faut faire quelques incisions pour permettre aux chirurgiens de passer le produit.
-Mais ce n’est pas risqué ? intervint Eiluned. Avec le positionnement de la tumeur…
-Il y a des risques, comme dans n’importe quelle chirurgie. Mais là, il n’est pas question de retirer la tumeur et donc de toucher aux zones alentours. Le chirurgien passe seulement un cathéter pour atteindre la tumeur et délivrer le produit.
-Du coup, si ça fonctionne... ça serait quoi l'étape d'après ?
-L’opération. Idéalement, la tumeur réduit suffisamment avec la chimiothérapie intratumorale pour qu’on puisse envisager de la retirer avec des risques moindres. Et après l’opération, un autre cycle de chimio, sûrement par voie orale, pour diminuer les chances de récidive.
-Et après... je suis sorti d'affaire ? »

Il y avait un tel espoir dans la voix de Leonard qu’Eiluned en eut les larmes aux yeux. Elle serra encore plus fort sa main dans la sienne, comme s’accrocher à sa présence.

« Après, vous êtes sous surveillance pendant au moins cinq ans, avec des contrôles fréquents. Les glioblastomes sont des cancers avec des risques de récidive alors le suivi est essentiel. Mais… Oui. Du moins, c’est ce qu’on peut espérer, tempéra-t-elle ensuite. Je ne peux pas vous garantir que vous répondrez favorablement à l’essai clinique, ni que l’opération sera forcément un succès.
-Oui, je vois, mais... L'année dernière, vous me disiez encore qu'il me restait peu de temps à vivre. Si on tente cet essai, je pourrais avoir plusieurs mois, voire des années devant moi, alors... ? » insista Leonard, d'une voix un peu tremblante.

Le cœur d’Eiluned battait à toute allure, si fort qu’elle en avait presque mal dans la poitrine. Ses pensées tourbillonnaient dans son esprit, trop vite pour qu’elle puisse réellement les saisir. Elle parvint toutefois à identifier le sentiment qui s’emparait de son ventre et brûlait sa gorge. L’espoir. Le vrai, cette fois-ci, pas cette flamme vacillante qui menaçait de s’éteindre à tout instant. Le vrai espoir, celui qui allumait des brasiers de courage et une féroce envie de se battre contre toutes les statistiques du monde.

« Si l’essai fonctionne, oui. » répondit l’oncomage. « Vous pourriez vivre encore plusieurs années. »



Eiluned Wellington


Time stands still, beauty in all she is

KoalaVolant
Leonard Wellington
Leonard WellingtonLieutenant de la milice
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The part of me that's you will never die [Leonard & Eiluned] Icon_minitimeLun 5 Fév 2024 - 6:45
9 février 2013

Les yeux de Leonard retraçaient les contours du visage de sa femme, aux traits tendus par l’anxiété. Depuis quelques jours, Eiluned passait son temps à dire que « tout allait bien se passer ». La veille, ils avaient dîné tous ensemble, Cadwallader et Wellington réunis, chez les parents de Leonard. Personne n’avait osé souligner la portée de cette soirée, alors qu’ils étaient tous conscients qu’il y avait des chances pour que ça soit la dernière soirée qu’ils passent tous ensemble. Parfois, Leonard avait surpris des regards inquiets et des sourires forcés. « Tout va bien se passer » répétait Eiluned à chaque fois qu’elle remarquait une émotion un peu trop forte chez l’un d’entre eux.
Maintenant, à l’abri des regards, seule avec son mari et leur fille qui babillait dans ses bras, à quelques minutes de l’heure fatidique, Eiluned était plus pâle qu’un fantôme. Leonard tendit la main vers elle, en affichant un sourire compatissant.

« Tout va bien se passer. »

Eiluned lui adressa un vague sourire, qui ressemblait davantage à une grimace et entrelaça ses doigts aux siens.

« Tu as bien retenu la leçon » souffla-t-elle dans une vaine plaisanterie qui ne chassa pas son air inquiet.

Leonard secoua la tête, comme une négation.

« Ça va vraiment aller » assura-t-il. « Je te jure, j’ai un bon pressentiment. »

Il ne savait guère comment l’expliquer. La veille encore, il s’était couché avec la boule au ventre, conscient que sa vie pouvait basculer le lendemain. Ce matin, il s’était réveillé avec l’esprit clair et une confiance dans le cœur comme il n’en avait jamais ressenti depuis le début de sa maladie. C’était peut-être une ruse de son cerveau pour apaiser son angoisse mais Leonard ne souhaitait pas trop l’analyser. Il se sentait prêt, et c’était tout ce qui comptait.

Ses yeux se baissèrent vers Victoria, blottie contre lui, qu’il embrassa sur le front.

« Pas vrai que ça va aller, mon chat ? Papa revient vite.
-Papa » répéta-t-elle en levant ses grands yeux bleus vers lui.

Ému, Leonard serra sa petite fille contre lui, pressant sa joue contre la sienne toute rebondie. Cette scène tira un sourire à Eiluned, installée en face d'eux. L'angoisse n'avait pas disparu de son visage mais elle semblait un peu plus tranquille, comme souvent lorsque Leonard affichait un calme olympien.

« Tu sais quoi ? Pour une fois, je vais croire ton troisième œil. Même si tu as toujours été très mauvais pour lire ton xavenir dans des feuilles de thé...
-C’est très différent, Lili-chou » affirma-t-il, sans toutefois s’expliquer.

Il laissa sa femme prendre place près d’eux sur le matelas, pour partager une étreinte tous ensemble. Pendant de longues minutes, il n’y eut qu’eux trois, enlacés les uns contre les autres, dans une union chaleureuse qui donna à Leonard toute la force dont il avait besoin. Quand un coup fut frappé à sa porte, il sentit son cœur s’accélérer dans sa poitrine. Le docteur Kavanagh entra dans la salle, avec précaution, et lui annonça doucement :

« Le bloc opératoire est prêt, Leonard. »

Il vit dans le regard de son oncomage une lueur d’encouragement. Pour elle aussi, c’était la dernière ligne droite de ce long traitement qu’ils avaient commencé ensemble. Aujourd’hui, après une chimiothérapie intra-tumorale réussie, ils s’apprêtaient à l’opérer pour lui retirer sa tumeur.
Aujourd’hui, sa vie allait changer, pour le meilleur ou pour le pire.


Leonard Wellington

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Eiluned Wellington
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The part of me that's you will never die [Leonard & Eiluned] Icon_minitimeMer 7 Fév 2024 - 23:45
10 juin 2013.

Ils n’avaient prévenu personne de leur rendez-vous avec le docteur Kavanagh. De leur dernier rendez-vous avec elle, celui qui était censé conclure le long traitement de Leonard. Ils n’avaient rien dit, par pudeur et par superstition. Ils voulaient préserver ce moment et l’appréhender tous les deux – juste tous les deux. Ils avaient donc confié Victoria à la mère d’Eiluned et s’étaient rendus à l’hôpital comme ils le faisaient souvent ces dernières années. Quelques mois plus tôt, l’opération de Leonard avait été un succès. Un succès inespéré, qui avait gonflé le cœur d’Eiluned d’un bonheur indescriptible, presque fou, qui l’avait fait rire et pleurer en même temps. Le combat n’était pas terminé, elle le savait mieux que quiconque, mais ils avaient fait un pas immense vers la victoire. Leonard avait continué la chimiothérapie – par voie orale, cette fois-ci – et se remettait doucement des effets de son opération et de son premier traitement, bien plus lourd que le second. Ses cheveux repoussaient lentement et il avait retrouvé toute sa sensibilité dans sa jambe droite. Il marchait sans aide depuis quelques semaines maintenant et avait même soulevé Victoria dans ses bras lorsqu’ils étaient rentrés de l’hôpital.

C’était fini. Le docteur Kavanagh avait dû répéter cette phrase deux fois, devant les mines incrédules des époux. « C’est fini. La tumeur a disparu. » Eiluned avait fondu en larmes.

Elle avait pleuré jusqu’à ce qu’ils quittent Ste-Mangouste. Elle avait pleuré de joie, de nerf, de soulagement, encore et encore, jusqu’à vider les émotions contenues en elle depuis trop longtemps. Elle avait pleuré de peur, aussi, de cette peur insoutenable qu’elle portait depuis le jour où Leonard lui avait annoncé son cancer et qui s’envolait désormais. Elle avait pleuré, incrédule de se sentir si légère.

Eiluned avait oublié quel goût la vie pouvait avoir lorsqu’elle n’était pas menacée par l’ombre de la mort.

Ils étaient rentrés chez eux les yeux rouges, en riant, en pleurant, en dansant. Ils s’étaient embrassés mille fois, comme pour retrouver la saveur de ces baisers qui ne connaissaient aucune limite temporelle. Ils s’étaient dit des mots d’amour, peut-être les plus beaux et les plus forts, enlacés l’un contre l’autre pour oublier les frontières de leurs corps.

Ils avaient prévu depuis longtemps un déjeuner chez eux, le lendemain de ce rendez-vous, avant même de savoir la nouvelle qu’ils délivreraient à leurs proches. Quoiqu’il advienne, ils voulaient le faire ainsi ; ensemble, dans cette maison qui était leur havre de paix.

Ce fut avec allégresse qu’Eiluned se réveilla ce matin-là. Leonard et elle s’affairèrent dans la cuisine, qui n’avait jamais autant résonné d’éclats de rire auxquels Victoria se joignait avec plaisir du haut de ses un an et demi. A midi, tout le monde était installé à l’extérieur, dans ce joli jardin qui donnait sur la mer et qu’Eiluned affectionnait tant. Ses parents et ceux de Leonard, qui ne quittaient jamais vraiment leurs mines soucieuses. Ulysse et Vanessa. Drystan et Ciara. Gawain et Joan. Aderyn et Olivier. Llewella et Rachel. Et puis Eanna, Ifan, Nathaniel, Aneirin et Elain, tous ces enfants qui couraient joyeusement et poussant de grandes exclamations réjouies.

Eiluned esquissa un sourire devant cette scène familiale.

Elle adorait la vie qui se dégageait de ce tableau.

« Et voilà, fit-elle en déposant un plateau chargé par des petits fours. Rachel, je t’ai mis tous les végétariens sur la gauche.
-Oh, merci, répondit cette dernière avec un sourire.
-Et nous, on est condamnés à manger ceux au jambon, soupira Gawain en tendant la main pour en saisir un.
-Alors toi, je ne veux même pas t’entendre te plaindre, le reprit Llewella en fronçant les sourcils. Après le scandale que t’as fait à Noël quand t’as appris qu’on faisait un repas exclusivement végétarien…
-En même temps ! s’exclama théâtralement le cadet. Des années à faire honneur à la dinde de maman ! Je suis un homme d’habitudes, moi.
-Mais oui, mais oui, fit Aderyn en levant les yeux au ciel. Des habitudes qui t’ont pas empêché de finir tous les plats à Noël, hein.
-Un homme doit manger, répondit Gawain en haussant les épaules, l’ombre d’un sourire sur les lèvres.
-Mais faites-le taire, rit sa femme, Joan, en lui donnant un léger coup de coude dans les côtes. Par pitié, faites-le taire. »

Eiluned eut un rire et s’installa à côté de Leonard, au milieu de la grande tablée. Elle coula un regard vers Victoria, sagement installée dans les bras de Scarlett qui lui donnait vaillamment sa purée de courgettes. La mine renfrognée de sa fille lui tira un sourire amusé.

« Elle a vraiment ta tête, Lili, c’est abusé, fit remarquer Llewella.
-Et tu dis ça exactement au moment où elle a l’air de vouloir assassiner sa mamie, parce que… ?
-Parce que c’est malheureusement la vérité. Je t’aime, mais c’est la vérité. Pas vrai, Lenny ? »

Un sourire malicieux qui ne disait rien qui vaille étira les lèvres du jeune homme.

« Désolé, Lili-chou, mais sur ce coup-là, ta sœur n’a pas tort… Une vraie bitch resting face, comme tu sais si bien les faire ! »

Venant au secours d’Eiluned – ou plutôt sautant sur l’occasion de taquiner son frère – Ulysse répliqua :

« Ce qui est sûr par contre, c’est qu’elle a pris ta répulsion pour les légumes.
-Merci, Lulu ! s’exclama Eiluned avec un regard vers son beau-frère. Elle a pris ta répulsion pour les légumes et mon merveilleux sourire, reprit-elle pour Leonard, avec un grand sourire pour lui qui déclencha des rires autour d’elle.

Avec un regard plus tendre, Eiluned saisit la main de son mari et entrelaça ses doigts aux siens. Ils échangèrent un sourire doux, serein, qui n’échappa pas au regard acéré de Gwladys Cadwallader.

« Ça me fait plaisir de vous voir comme ça, mes chéris, leur lança-t-elle depuis le bout de la table où elle était installée.
-On est heureux de vous avoir avec nous aujourd’hui, répondit Eiluned en se penchant pour attraper son verre qu’elle leva devant elle. D’ailleurs, maintenant qu’on est tous là, je propose qu’on porte un toast… » annonça-t-elle en coulant un regard vers Leonard.

À ses côtés, il se racla la gorge, en attrapant dans sa main son verre.

« Oui, d’ailleurs, on a quelque chose à vous annoncer » déclara t-il.

Cette information suffit à ramener un silence attentif autour de la table. Le regard de Leonard passa sur ses parents et ceux d’Eiluned face à lui, qui affichaient un air à la fois intrigué et inquiet. Les annonces n’avaient pas toujours été très bonnes dans leurs grandes assemblées. Et tout le monde ici présent gardait à l’esprit que Leonard suivait encore un traitement, même si l’opération s’était bien déroulée.

Le sourire dont il ne parvenait plus à se départir depuis la veille, pourtant, annonçait quelque chose de lumineux. Il perçut une lueur d’espoir dans le regard de son frère Ulysse, qui le poussa à ne pas trop jouer de suspense pour la suite de son discours :

« Hier, j’ai fait le point avec mon oncomage… Elle m’a autorisé à arrêter mon traitement. Je suis en rémission. » Leonard serra la main de son épouse dans la sienne, pris d’une brusque émotion en même temps qu’il prononçait ses mots. Déjà la veille, il avait eu du mal à y croire. C’était tout aussi impensable de pouvoir le dire. « Je suis tiré d’affaire. »

Il y eut un moment de silence et des visages incrédules, comme si la nouvelle était trop belle pour être vraie. Llewella avait posé une main devant sa bouche et Ulysse observait son frère avec une telle émotion qu’elle humidifiait ses yeux. Puis le silence se mua en bruit, en cris de joie, en rires soulagés, en « j’en étais sûre » et en « j’y crois pas. » Bien vite, tous se levèrent pour étreindre Leonard, dans des embrassades désorganisées et joyeuses. Scarlett le serra contre elle, les joues mouillées par les larmes et Randall fut pour une fois aussi expansif que sa femme. Eiluned s’était laissée entraînée contre son frère Drystan et pleurait doucement dans ses bras, de soulagement et de bonheur, pendant qu’Aderyn lui caressait le dos.

« C’est un tel bonheur, un tel bonheur… » répétait Gwladys en tenant Victoria contre elle.

Lorsque l’émotion retomba un peu, Eiluned essuya ses joues avec une serviette en papier que Rachel lui avait glissée.

« On voulait vous dire merci… » reprit-elle d’une voix un peu tremblante. Elle se racla la gorge, comme pour chasser sa fébrilité. « Merci pour votre soutien ces derniers mois. On aurait jamais réussi à tenir, sans vous. »

De son côté, Leonard peinait à contenir son émotion qui l’empêchait de parler. Le soulagement qui déferlait sur lui était une vague si intense qu’elle semblait impossible à exprimer. Il mesura à ce moment-là seulement, en voyant ses proches si heureux, combien il s’en était voulu de les avoir autant inquiétés, ces deux dernières années.

Deux ans, songea t-il. Deux ans de combat acharné. Il faisait encore un peu peine à voir, parce qu’il avait perdu du poids -lui qui était déjà de nature maigrichonne-, que ses cheveux d’ordinaire soyeux et un peu longs étaient désormais des tout petits pics sur son crâne, que ses cernes étaient plus creusées que jamais et que la fatigue imprégnait encore ses membres. Mais le sourire sur ses lèvres apportait une lumière qui couvrait tous ces défauts. Son corps entamait une pente ascendante, alors que deux ans plus tôt il pensait n’avoir aucun espoir. Il n’avait pas souffert en vain.

Et il avait récupéré cette chose si précieuse qui lui faisait défaut : du temps. Du temps sans limite.

« Tu n’as pas à nous remercier pour ça, ma puce » réagit aussitôt Scarlett, en épongeant ses yeux rouges. « Mon Dieu, j’ai du mal à y croire… Bravo à vous, vraiment. Bravo de vous être battus. » Prise d’une vive émotion, elle étouffa un sanglot. « C’est à nous de vous dire merci… »

A cet instant, Leonard se leva pour rejoindre sa mère et la serrer contre lui. Il savoura d’être celui qui la consolait, pour la première fois depuis trop longtemps.

« C’est fini, Maman. »

Ses mots semblèrent remuer quelque chose dans l’assemblée. Mère et fils se retrouvèrent sous le regard émus de tous les Wellington et les Cadwallader, pendant un temps qui s’étira encore et encore. Ce fut finalement Ulysse qui rompit cet instant, d’une question qui était sur toutes les lèvres :

« C’est vraiment fini ? »

Eiluned échangea un regard avec Leonard. Ils se l’étaient promis avant de se rendre à l’hôpital pour ce rendez-vous fatidique : quoiqu’il arrive, pas d’omission. Pas de mensonge.

« Pour l’instant, oui, répondit-elle précautionneusement. Le cancer a disparu.
-Mais… ?
-Mais ce n’est pas impossible qu’il y ait une récidive, un jour. C’est un cancer qui peut avoir tendance à revenir, admit Eiluned. Mais on ne peut pas le prévoir, ni même savoir si ce sera effectivement le cas ou non. Ce qu’on sait, c’est que Leonard aura régulièrement des examens à passer les premières années, jusqu’à ce qu’il soit déclaré entièrement guéri. » Le regard de Scarlett se voila légèrement et Eiluned s’efforça de reprendre sur un ton plus léger : « Mais là, pour l’instant, tout est fini. Plus de cancer. Plus de chimio.
-Lenny va enfin pouvoir retrouver ses cheveux qui me font mourir de jalousie… glissa Aderyn.
-Exactement, sourit Lili. Et on va pouvoir reprendre notre vie normalement. Tous. »

Ce fut comme un soupir de soulagement commun, comme un souffle qu’on relâche après l’avoir retenu trop longtemps. Avec un regard pour son époux, Eiluned leva son verre :

« A Lenny alors. Qui, comme toujours, défie toutes les statistiques quand il a une idée en tête. »



Eiluned Wellington


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