Le Deal du moment : -21%
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, ...
Voir le deal
39.59 €

Viva Barcelona [Maeva et Andrew]

Maeva Virtanen
Maeva VirtanenArchimage urbaniste
Messages : 409
Profil Académie Waverly
Viva Barcelona [Maeva et Andrew] Icon_minitimeLun 15 Jan 2024 - 17:07
7 septembre 2023 - Barcelone

A la sortie de son Portoloin, Maeva avait été accueillie par le visage fermé de Juan. Il s'était emparé de sa valise en marmonnant qu'ils avaient déjà vingt minutes de retard et l'avait entraînée jusqu'à la zone de transplanage, déjà bondée à cette heure. Ils avaient un peu attendu avant de pouvoir y pénétrer et Juan avait occupé ce temps à lister tous les problèmes qu'il rencontrait depuis le début de la journée. Des touristes qui abordaient fièrement des chaussettes dans leurs sandales avaient achevé de le contrarier et il était reparti rapidement après avoir déposé Maeva devant la belle villa d'Andrew. Elle y avait passé quelques heures, le temps d'attendre le début du match qui opposait le Barqua à Milan. Elle avait accepté l'invitation d'Andrew quelques semaines plus tôt et avait attendu ce moment avec impatience ; l'été n'avait pas été de tout repos pour elle et elle était ravie de pouvoir oublier - même brièvement - le rock finlandais de Lou et son éternelle mauvaise humeur.

En fin d'après-midi, elle avait été guidée au stade du Barqua, dans les tribunes VIP où on lui avait offert une coupe de champagne qu'elle avait accepté volontiers. Le match avait été plaisant à voir mais pas palpitant ; le Barqua s'était imposé dès les premières minutes face à l'équipe milanaise, complètement dépassée.

« Je crois que le vif a été repéré » indiqua Marisol, la petite-amie de Pablo, le second batteur de l'équipe.

Elle et Maeva avaient sympathisé la dernière fois qu'elle était venue à Barcelone. Elles avaient passé une bonne partie du match à papoter en gardant un œil sur ce qui se passait à l'extérieur.

L'attrapeur du Barqua plongea effectivement vers le sol, talonné par son adversaire. Il pourchassa le vif pendant quelques secondes avant de refermer ses doigts dessus, mettant fin au match sous les clameurs du stade. Maeva et Marisol se joignirent aux applaudissements en sautant sur leurs pieds, acclamant l'équipe qui paradait et s'enlaçait en vol. L'équipe milanaise, quant à elle, se posa sur le sol ; tous les joueurs affichaient un air défait et une mine sombre.

« Sombre jour pour Milan, décrétait l'un des commentateur, l'erreur tactique de Vitali leur a clairement coûté la victoire !
-Si seulement ça ne tenait qu'à ça, répondit le second commentateur, le Barqua est de toute façon bien au-dessus en termes de jeu ! Vitali aurait pu trouver la meilleure composition d'équipe que les joueurs auraient eu du mal à s'imposer face au Barqua ! Depuis le dernier mercato et l'arrivée de Schröder parmi les gardiens, la défense du Barqua est tout simplement in-cro-yable. »

On vint les chercher quelques minutes plus tard pour les conduire dans un restaurant branché de Barcelone, qui avait été choisi et privatisé par l'équipe pour célébrer la victoire. Un grand buffet avait été dressé et plusieurs mets alléchants attendaient, gardés au chaud par un sortilège. Trois ou quatre barmen s'affairaient déjà et une musique s'élevait des enceintes estampillées Vargas qui étaient accrochées en hauteur.

Maeva et Marisol se dirigèrent ensemble vers le bar et commandèrent le même cocktail coloré duquel s'élevait des volutes de fumée bleue. Elles étaient occupés à le siroter lorsque les portes du restaurant s'ouvrirent sur les joueurs du Barqua, qui entrèrent sous les applaudissements et les sifflements appréciateurs. Marisol s'avança vers Pedro et s'élança dans ses bras. Le regard de Maeva accrocha celui d'Andrew. Ils s'avancèrent l'un vers l'autre sans se lâcher des yeux.

« Excellente feinte du dragon terrible, là-bas. » commenta-t-elle avec un air très sérieux, en faisant référence à leurs jeux d'enfants. Un discret sourire étira ses lèvres : « Je suis heureuse de voir que mes entrainements intensifs commencent enfin à porter leurs fruits. »


Shake it out
I like to keep my issues drawn, it's always darkest before the dawn
Andrew O. Dubois-Cavill
Andrew O. Dubois-CavillJoueur de Quidditch professionnel
Messages : 475
Profil Académie Waverly
Viva Barcelona [Maeva et Andrew] Icon_minitimeVen 19 Jan 2024 - 20:50
La cloche venait de résonner dans le stade El Niu. Le souaffle décroché par le Barqua était passé dans l’anneau de droite, effleuré du bout des gants par le gardien italien. Immédiatement récupéré par Guillem Arnau, dont le maillot grenat et bleu scintillait presque sous les lumières du terrain, ce dernier le coinça sous son bras alors que le sifflet venait interrompre leurs célébrations.

- Y’a faute là, s’emportait en anglais Tommaso Rossi, un des poursuiveurs des Manticores de Milan, au milieu des acclamations. Y’a faute, la ligne !

Il faisait de grands gestes à l’intention de l’arbitre pour attirer son attention. L'avant de son maillot d’un vert profond était tâché de sang : il avait reçu un cognard de Guti dès la sixième minute de match. Son arcade sourcilière en était encore sanguinolente. Réunis autour de l’arbitre, quelques joueurs du Milan étaient venus appuyer les propos de leur coéquipier. Andrew s’était approché également, pour voleter aux côtés de Bernado Falcão, poursuiveur du Barqua. Celui que les supporters et la presse sportive surnommaient le Faucon était mis en cause pour avoir franchi la limite extérieure du terrain, ce qui invaliderait leur dernier but. Enervé, il faisait de grands gestes à destination de leurs adversaires. L’arbitre avait levé les mains pour apaiser les esprits.

- Vous vous calmez, monsieur Rossi, répondait-il, j’attends le retour des arbitres assistants. L’une de ses mains enfonçait un peu plus profondément son oreillette enchantée dans son tympan, comme pour mieux percevoir ce qu’on lui disait au sol, malgré les clameurs du stade. Monsieur Falcão, vous reculez un peu aussi, merci.

Bernado était en train de monter en pression, s’agitant sur son balai.

- J’ai pas franchi la ligne ! répétait-il en boucle. Je l’ai bien vue, j’ai pas franchi !

L’un des batteurs adverses répondit avec véhémence quelque chose en italien, ce qui contribua à énerver Bernado un peu plus (bien qu’Andrew fusse persuadé qu’il n’en n'avait pas compris un mot.)

- Ça changera rien de toute manière, s’exclama derrière eux la voix de Azir Benhamouda, le troisième poursuiveur. Même si c’est invalidé, vous êtes loin derrière !

Le Barqua avait pris l’avantage dès le début, avec une possession majoritaire du souaffle et une défense soutenue. Les italiens n’avaient eu que peu d’occasions de franchir leurs barrages et lorsqu’ils y étaient parvenus, c’était pour venir s’écraser contre le mur que représentait Robert Schröder, leur gardien. Brusquement, l’arbitre leva le bras.

- Pas de franchissement, il siffla, on reprend.
- ¡Vamos! explosa Bernado. Allez, prenez-bien ça ! ajouta-t-il en anglais en faisant des grands gestes à leurs opposants.

Pas du tout satisfaits, les italiens entouraient déjà l’arbitre pour contester. Rossi, lui, avait rapproché son balai de celui de Bernado.

- Quoi ? Quoi ? Tu veux quoi, toi ?
- Toi tu veux quoi, hein ? Tu veux quoi ?
- Tu vas voir, tu vas voir,  vas-y baisse les yeux, baisse bien les yeux, vedrai cosa prenderai !
- Que ? Vas-y, répète un peu, vas-y !
- Allez, allez, tempéra Andrew en refermant sa main sur le maillot de son coéquipier. Ça va, ven aquí.

L’arbitre venait de leur donner raison, ils menaient, ça ne servait à rien de prendre le risque de se prendre une faute pour rien.

- C’est ça, c’est ça ! les invectiva Rossi alors qu’ils s’éloignaient. Aurora Argento, sa coéquipière poursuiveuse, s’était approchée de lui pour lui demander de lâcher l’affaire.

Le souaffle venait d’être remis en jeu, touche espagnole. Guillem puis Azir, qui montait pour prendre l’altitude, bientôt rejoints par Bernado. Andrew, lui, fit plonger son balai en direction des joueurs italiens. Argento volait à proximité de la formation, attendant le meilleur moyen pour remettre la main sur le souaffle. Il tourna la tête en entendant la frappe, sa batte venant contrôler le Cognard que Guti venait de lui offrir. Il le remonta brusquement, forçant Argento à s’éloigner de ses coéquipiers. L’ombre d’un des batteurs italien, Konrad König, passa à sa droite : il avait repéré avant lui la deuxième balle, un peu plus bas. Il plongea en même temps, faisant virer son balai à la dernière seconde pour lui couper la route. Ils manquèrent de se percuter mais Andrew n’en fit pas grand cas, tendant le bras pour renvoyer ce deuxième cognard en direction de la formation espagnole. Son adversaire en profita pour lui donner  un coup de coude dans les côtes - et cette fois-ci, l’arbitre n’en vit rien, évidemment, contrairement au tout petit que Azir avait fait en début de match et qui avait leur avait coûté un pénalty en faveur des Manticores.

Les acclamations de la foule leur firent tourner la tête à tous les deux. En contrebas, à une cinquantaine de mètres, Ousmane Konate était en train de propulser toute la vitesse de son balai après avoir aperçu le Vif. Guti, qui était le plus proche, l’avait accompagné dans son mouvement pour le protéger de toute approche des batteurs adverses. L’attrapeur italien les talonnait de très près. Andrew et König avaient en tête le même Cognard, qui était encore à proximité, environ sept mètres à leur gauche, mais pas pour les mêmes raisons. L’italien vira brusquement mais était moins bien placé qu’Andrew, qui vint volontairement au contact pour le déstabiliser. Le choc fut important mais pas suffisamment pour les détourner de leurs objectifs. L’italien brandissait déjà sa batte tandis qu’Andrew attendit le dernier instant. Il frappa une milli-seconde avant König, projetant toute sa force envers l’attrapeur italien en contrebas. La balle vint frapper l’arrière de son balai, pas assez pour le faire tomber mais assez pour déstabiliser sa trajectoire. Guti, qui avait gardé un oeil derrière, en profita pour lui barrer la route, le forçant à faire un écart. Trois mètres plus loin, Ousmane venait de refermer sa main sur la petite balle dorée. Le stade explosa de joie.

Guti était le plus proche et le premier à venir le serrer dans ses bras, lui frappant dans le dos avec enthousiasme.

- Perfecto, répétait-il, perfecto. Ça c’est de l’ouverture de saison, mon gars !

C’était le premier match de la saison 2023 - 2024 et tout démarrait sous les meilleurs augures pour eux, sans trop de surprises : ils étaient largement donnés gagnants face aux Manticore, mais leur coach leur avait bien dit de ne rien prendre comme acquis. Ce match serait un premier essai avant qu’ils ne reprennent la Copa Del Rey la semaine prochaine, contre Valencia. Faisant plonger son balai pour rejoindre le sol, Andrew s’empressa d’aller féliciter tous ses coéquipiers, chahutant particulièrement Ousmane, qui leur avait bouclé parfaitement le match. « C’est comme ça qu’on fait ! » s’exclamait en boucle Atlas Aquiles Acero, un des poursuiveurs qui n’avait pas joué aujourd’hui. Le retour au vestiaire se fit dans une liesse habituelle aux soirs de victoire. Leur coach, Luis García, une ancienne gloire du Quidditch des années 90, était venu les féliciter de façon très sobre. En début de saison, il n’était jamais très enthousiaste : sa hantise était qu’ils se reposent sur leurs lauriers. Après avoir évoqué brièvement leurs faiblesses et les points qu’ils travailleraient dès lundi, demain après-midi étant réservé à la récupération sportive, il finit par taper dans ses mains.

- Mais ce soir, vous profitez, lança-t-il en espagnol, un sourire en coin sur les lèvres. Vous l’avez mérité.

La cacophonie ne faiblissait pas. Chacun fourrait ses affaires dans son sac, aidés par les intendants qui tentaient de remettre un peu d’ordre dans tout ça. Andrew était en train de récupérer ses genouillères, abandonnées avant d’aller prendre sa douche, lorsque Guti lui tomba sur l’épaule. Ses cheveux mouillés lui gouttaient sur la peau.

- Tu sors avec nous, déclara-il en le secouant légèrement.
- Ah, parce qu’il y avait l’option contraire ?
- Schröder ne sort pas, confirma Bernardo, qui était en train de se rhabiller en tenue de ville.
- J’ai passé l’âge, répondit Robert, en souriant tout de même. J’ai les enfants et madame qui m’attendent, moi.
- J’ai madame qui m’attend aussi, répliqua Guti en levant ses deux mains. Et pourtant, je profite avec vous !
- Mademoiselle, corrigea Andrew avec un sourire en coin. Les allusions régulières au mariage de Marisol, sa petite-amie, étaient sources de plaisanteries entre eux.
- Cállate, répliqua son meilleur ami. Hé, vas-y, Ousmane, c’est mon gant, pas le tien, alpagua-t-il en tournant la tête.
- Solo tienes que limpiar tu desorden, répliqua-t-il, l’invitant donc à ranger son bazar.

Le retour de Guillem, leur capitaine, ainsi que de Azir, qui avaient été réquisitionnés pour le point presse fut l’occasion d’un nouveau chahut. Ce fut au final plus d'une heure après la fin du match qu’ils furent libérés de leurs obligations pour la soirée. Le flash des photographes se multiplièrent dans le hall alors que l’équipe se dirigeait vers les cheminettes, pour rejoindre le restaurant qui leur avait été privatisé à l’occasion de la victoire. Ce fut d’excellente humeur qu’Andrew sortit de l’âtre, sous une salve d’applaudissements. Plusieurs personnes s’approchèrent pour échanger quelques mots et lui serrer la main. Quelques membres du staff, mais également des inconnus à qui il adressa un sourire. Le match avait été parfait, le début de la saison était parfait et reprendre ainsi le rendait très heureux. Une cavalcade de pas attira son attention : Marisol, la petite amie de Pablo, venait de se jeter à son cou, glissant ses jambes autour de sa taille. Guti la fit tourner avant de l’embrasser avec passion. Ces deux-là n’avaient jamais eu peur des démonstrations publiques.

- Qué fanfarrón, déclara Guillem, à sa gauche.

Marisol était une ancienne Miss, Miss Espagne 2021 plus précisément, et son couple très public avec Pablo était souvent commenté dans la presse... mais également par leurs coéquipiers, peut-être des fois avec une petite pointe de jalousie. Andrew ne répondit pas. Son regard venait d’accrocher celui de Maeva au dessus de la foule.

Il l’avait invitée voilà quelques semaines à venir lui rendre visite ce week-end. Voir le match - qu’il espérait plutôt gagner qu’autre chose - puis passer quelques jours à la maison avec lui. Il n’avait pas eu l’occasion de la voir depuis son arrivée : il était arrivé à El Niu en début d’après-midi, pour l’avant-match. Il lui adressa un large sourire alors qu’il contournait les deux amoureux. Il était heureux de la voir. Ses cheveux étaient lâchés sur ses épaules, couvertes par les fines bretelles de sa robe. Sa première remarque lui tira un rire franc.

- Merci. Je pense que ça a été décisif, König n’en n’a rien vu venir !

En même temps, la feinte du dragon terrible était une spécialité qu’on ne pouvait apprendre qu’à quatre et six ans dans les gradins déserts de Flaquemare. Les Manticores n’avaient aucune chance.

- Tu t’es changée, remarqua-t-il en laissant ses yeux courir sur son visage. C’est dommage, le maillot de tout à l’heure t’allait bien... C’était quel numéro, à tout hasard ? interrogea-t-il avec un sourire en coin.

Il l’avait aperçue du coin de l’oeil dans la tribune VIP, au moment d’entrer sur le terrain, et n’avait pas pu s’empêcher d’avoir un léger sourire devant cette constatation, lui avait plutôt l’habitude de la voir dans les couleurs de leur club de coeur...





Viva Barcelona [Maeva et Andrew] 6b811921bb30dc0927a87d115ba521cc-side
Maeva Virtanen
Maeva VirtanenArchimage urbaniste
Messages : 409
Profil Académie Waverly
Viva Barcelona [Maeva et Andrew] Icon_minitimeSam 27 Jan 2024 - 22:43
La remarque d’Andrew accentua le sourire de Maeva et elle l’approuva d’un hochement de tête.

« Demain, ce sera sûrement dans toute la presse sportive. J’espère que tu penseras à me créditer… »

La feinte du dragon terrible était une figure extrêmement compliquée qu’elle s’était mise en tête d’apprendre à Andrew lorsqu’il avait cinq ans et qu’ils jouaient dans les gradins déserts de Flaquemare. Elle ne se souvenait plus exactement de quoi elle se composait mais, à l’époque, cela lui avait paru terriblement compliqué et elle avait expliqué chaque mouvement à Andrew en dessinant des petits bonhommes au feutre sur le grand tableau blanc d’une salle vide (l’entraîneur de l’équipe, d’ailleurs, avait été très mécontent qu’elle efface toute la stratégie des défenseurs pour laisser libre court à son imagination).

Aujourd’hui, Maeva n’hésitait donc pas à dire qu’elle avait été la toute première entraîneuse d’Andrew Dubois, joueur vedette du BARQUA et batteur de l’équipe anglaise. Olivier Dubois n’avait qu’à bien se tenir.

« Un maillot ? Quel maillot ? » fit mine de s’étonner Maeva. « Tu dois te tromper. La foule, le soleil, tout ça… »

Elle avait effectivement passé les couleurs du BARQUA pour le match, ce qui n’était pas dans ses habitudes. Généralement, elle portait le maillot des supporters de Flaquemare – même lorsque les matchs opposaient deux équipes qui n’avaient rien à voir avec l’équipe anglaise – mais elle avait fait une exception pour celui-ci. En arrivant dans l’après-midi chez Andrew, elle avait découvert un maillot du BARQUA, floqué à son nom, accompagné d’une petite carte. « Si tu veux soutenir enfin une équipe qui gagne » avait écrit Andrew. Maeva avait ri et s’était rendu au match avec « Dubois » inscrit au dos de son maillot.

Son père en aurait fait une syncope.

Avec un sourire malicieux aux lèvres, Maeva se pencha légèrement vers Andrew, pour lui confier sur un ton plus bas :

« J’ai envoyé une photo de ta petite carte à ton père. Je te conseille d’éviter l’Angleterre pendant quelques semaines… »

Elle ne put retenir un rire et s’avança plus franchement vers son ami pour l’enlacer et déposer un baiser sur sa joue. Andrew et elle se connaissaient depuis plusieurs années. A vrai dire, il était son plus vieil ami ; Maeva n’avait que cinq ans la première fois qu’ils s’étaient rencontrés. Ils avaient passé une bonne partie de leur enfance ensemble, à jouer dans les gradins de Flaquemare et à se disputer dans les couloirs. Ils s’étaient un peu éloignés à l’adolescence, où leur différence d’âge s’était faite davantage ressentir mais celle-ci s’était effacée avec les années. Ils se retrouvaient souvent à des évènements organisés par Flaquemare, où ils étaient conviés en tant qu’enfants de deux joueurs émérites du club. Maeva y passait toujours de bons moments, pas tant parce que cela lui donnait l’occasion de fréquenter tout le gratin du Quidditch anglais, mais parce que cela lui donnait l’occasion de retrouver Andrew et de partager avec lui quelques coupes de champagne atrocement chères. Ils s’éclipsaient souvent tous les deux lorsque la fête retombait un peu, pour gagner leur endroit favori dans le club – les tribunes est, qui faisaient face à la mer – et prenaient un malin plaisir à commenter les évènements de la soirée (et surtout ce qu’Olivier Dubois avait pu bien dire cette fois encore. Ils avaient même inventé un jeu à boire autour de ça.) C’était à une soirée comme celle-ci que tout avait commencé, deux ans plus tôt. Depuis, ils se voyaient de plus en plus souvent, même si leurs emplois du temps respectifs les empêchaient de profiter régulièrement de l’un et de l’autre.

« Ça me fait plaisir de te voir, lui glissa Maeva à l’oreille, ça fait longtemps… »


Shake it out
I like to keep my issues drawn, it's always darkest before the dawn
Andrew O. Dubois-Cavill
Andrew O. Dubois-CavillJoueur de Quidditch professionnel
Messages : 475
Profil Académie Waverly
Viva Barcelona [Maeva et Andrew] Icon_minitimeDim 28 Jan 2024 - 17:07
- J’ai une interview pour l’équipe nationale à la fin du mois, je n’y manquerai pas, fit-il mine de promettre avec un sourire.

C’était une plaisanterie récurrente entre eux. Elle aimait à dire qu’elle était la première de ses entraîneuses, même avant son père ! C’était bien mal connaître Olivier Dubois que de dire cela. Il y avait des vidéos filmées par sa mère sur ce vieux caméscope à la bande tremblante qui les montraient, lui et son père, à l'automne de l’année 1995. Il venait d’apprendre à se retourner sur le ventre - à seulement deux mois ! précisait à chaque fois Olivier - et ce petit exploit l’enthousiasmait beaucoup. Pour l’encourager, il faisait glisser vers lui un petit souaffle miniature en mousse, afin qu’il « l’attrape » à chaque fois qu’il se mettait sur le ventre. A part baver dessus, Andrew n’en faisait alors pas grand-chose mais son père aimait à dire que c’était là qu’avait commencée à sa carrière, en arrêtant accidentellement des balles en mousse avec son menton. Vrai ou pas, moins de trente ans plus tard, il avait cette carrière dont il avait tant rêvée et dont son père lui en avait esquissé les traits.

Le Barqua était le troisième club de son carrière - si on excluait son passage chez les LittlePuddle, le club pour enfants et adolescents de la ville de Flaquemare - et le plus prestigieux. Il avait commencé chez les Catapults, qui occupaient plutôt les milieux de classement, avant de passer chez les AllStars de Sweatwaters, qui avaient petit à petit gagné leur place dans le classement de la Coupe d’Amérique mais n’avaient pas encore de véritable renommée internationale installée. Le Barqua, au contraire, était un club qui résonnait dans l’imaginaire du Quidditch en plus d’être régulièrement dans les hauts de classement de la Copa Del Rey et du championnat européen. Il était fier d’en porter les couleurs. Cela n’éclipsait pas son club de coeur, même s’il aimait en faire la plaisanterie, mais depuis trois ans, le maillot du Barqua faisait partie de son identité. Ce même maillot que Maeva avait porté un peu plus tôt dans la journée, même si elle faisait mine de rien. Il lui en avait laissé un dans l’une des chambres d’amis (il lui en préparait toujours une) avec un petit mot.

- Non, non, je t’ai bien vue, je suis certain qu’il doit même y avoir quelques photos...

Elle se pencha vers lui pour lui murmurer qu’elle avait envoyé une photo de sa petite carte à son père et qu’il ferait mieux d’éviter l’Angleterre pour quelques semaines. Faussement scandalisé, il posa une main sur son torse. Son père avait encore en travers de la gorge la dernière fois que Flaquemare et le Barqua s’étaient affrontés, dans un match qui s’était soldé par la défaite du club anglais.

- Tu n’oublieras pas de reprendre le couteau que tu as planté dans mon dos, hein.

Elle eut un rire et il ne put s’empêcher de lui adresser un sourire alors qu’elle se penchait pour l’enlacer, déposant un baiser sur sa joue. Il referma ses bras autour d’elle, fermant les yeux une brève seconde. Lorsqu’elle déclara que cela lui faisait plaisir de le voir, que cela faisait longtemps, il souffla :

- Oui, je suis content que tu sois là.

Leurs emplois du temps souvent complexes ne leur permettaient pas de se voir aussi régulièrement qu’il l’aurait souhaité. Il y avait pourtant une époque où il était ensemble trois fois par semaine... Maeva et lui avaient passé des heures et des heures à jouer dans les gradins de Flaquemare, sautant de sièges en sièges, dévalant les rampes glacées par le vent, montant et descendant les marches bétonnées. Ils étaient tous les deux les enfants de deux hommes qui trouvaient tout à fait normal de laisser leurs enfants passer des après-midi entiers dans le stade pendant leurs entraînements. Pendant longtemps, Andrew avait plaisanté sur ça, racontant à qui voulait bien l’entendre que son père était tellement méfiant de nature qu’il ne faisait même pas confiance à une baby-sitter. Puis un jour, Olivier lui avait simplement déclaré qu’il aimait l’entendre rire dans le stade pendant qu’il s’entraînait. Quand la séance se terminait, lui et James Smith venaient les récupérer. Souvent, son père en profitait pour lui faire lancer quelques souaffles, le faire voler un peu sur son balai. Ses mains étaient glacées après toutes ces heures passées à défendre les anneaux dans le vent de la Manche, il se souvenait encore de son contact sur ses joues.

En attendant que leurs pères se changent pour rentrer, Maeva et lui mangeaient souvent une barre de céréales dans le grand hall de bois. Il y avait toujours quelqu’un de l’administration pour leur prendre un chocolat chaud à la machine, qu’Andrew renversait parfois à cause de ses moufles. Marjorie, une dame d’un certain âge qui travaillait dans les bureaux, venait souvent leur donner un caramel chacun. Puis Olivier et le père de Maeva venaient les récupérer et ils se disaient au-revoir, à la prochaine fois, leurs esprits remplis de leurs futures aventures promises.

Puis un jour, Maeva était partie à Poudlard. Arpenter les gradins sans elle n’était plus aussi drôle. Ils ne s’étaient plus vus aussi souvent, ils avaient grandi. Deux ans d’écart, quand on était si jeune, cela comptait. Il était un enfant, à ses yeux, elle n’était plus aussi marrante dans les siens. Leurs cercles ne se croisaient absolument pas à Poudlard. Il y avait eu des fois où ils s’étaient retrouvés dans la Salle Commune, souvent lors de la liesse d’après-match, lorsque Gryffondor emportait la victoire mais ils retournaient bien vite à leurs vies dès le lendemain. Il y avait eu ces soirées à Flaquemare où ils trompaient l’ennui en plaisantant et en mélangeant les choses dans les buffets, mais c’était toujours épisodique. Ce n’était qu’à la fin de leur adolescence qu’ils avaient pu renouer des liens véritablement amicaux.

Et aujourd’hui, ils étaient là. Elle était là, dans la chaleur de cette soirée de septembre à Barcelone, les lumières diffuses du restaurant autour d’eux. Il se redressa et lui adressa un nouveau sourire, ses prunelles accrochant les siennes un instant. Sa main effleura sa taille alors qu’il désignait le buffet d’un bref signe de tête.

- Tu as eu quelque chose à boire, déjà ?

Les serveurs défilaient avec des plateaux remplis de tapas et de verres colorés mais des dizaines de choses appétissantes étaient installées sur les grandes tables. Lui-même avait assez faim après son match, et aurait honnêtement rêvé d’un plat de pâtes. Il attrapa une coupe de champagne au passage d’un plateau - même s’il se limiterait à trois verres maximum ce soir - et se tourna de nouveau vers Maeva.

- Tu as fait bon voyage ? Tu as eu le temps de....

Il fut interrompu par la claque dans le dos que lui décrocha Guti qui revenait, Marisol - qui avait retrouvé le plancher des vaches - à son bras. Les deux étaient souriants, son meilleur ami ayant dans l’autre main une de champagne.

- Maeva, hola, ¿que tal?, lança-t-il avec enthousiasme. Tu tombes très très bien ce soir, c’est la fête. Ce que je te propose, ajouta-t-il sans vraiment lui laisser le temps de répondre, ce que je vous propose, précisa-t-il en passant son bras autour des épaules d’Andrew, c’est qu’on fait bonne figure ici pendant, allez, une heure, peut-être un peu plus, et ensuite on décolle pour Capvespre avec les gars.
- Une boite de nuit, précisa Andrew à l’adresse de son amie avant de prendre une gorgée de champagne.
- Tu vois Maeva, reprit Guti, le coach a dit « profitez ce soir » et qui sommes-nous pour désobéir aux ordres du coach ?
- Pablo, intervint Marisol en lui lançant un regard entendu. Peut-être qu’ils n’ont pas envie de passer toute la soirée avec nous et les gars...

Guti roula des yeux.

- Qui n’a pas envie de passer la soirée avec nous, hein ?
- C’est comme tu veux, lança Andrew à Maeva en lui adressant un sourire en coin. Te sens pas obligée de supporter Pablo toute la soirée si tu ne veux pas, moi je le fais mais je suis payé très très cher pour ça.
- Que traidor, déclara-t-il d’un ton malheureux, secouant la tête. Il fait le malin devant toi parce que tu es belle comme le jour Maeva, mais quand tu n’es pas là, il vient me supplier de jouer à la console avec lui tous les soirs.

Marisol pencha la tête vers lui.

- Et toi tu es belle comme le jour, le crépuscule et la Voie lactée réunie, mi querida, évidemment.

Elle lui adressa un sourire amusé, habituée à son allégresse particulière des matches victorieux.

- Tu es insupportable quand tu es de bonne humeur comme ça, déclara-t-elle, déposant pourtant un baiser sur ses lèvres.
- Tu m’aimes comme ça, souffla-t-il en réponse. Vous en êtes, du coup ? lança-t-il à l’adresse d’Andrew et Maeva.




Viva Barcelona [Maeva et Andrew] 6b811921bb30dc0927a87d115ba521cc-side
Maeva Virtanen
Maeva VirtanenArchimage urbaniste
Messages : 409
Profil Académie Waverly
Viva Barcelona [Maeva et Andrew] Icon_minitimeDim 4 Fév 2024 - 4:22
Pendant longtemps, Andrew avait été l’enfant plus jeune que Maeva ne voyait que sous ce prisme. Il n’avait pourtant que deux ans de moins qu’elle mais, à l’adolescence, cela semblait être un écart conséquent. Ils ne se fréquentaient presque jamais à Poudlard ; ou alors fugacement dans la salle commune lors des moments de liesse. A Flaquemare, cette barrière tombait un peu plus, parce qu’ils retrouvaient les repères avec lesquels ils avaient grandi et que cela charriait de nombreux souvenirs qu’ils aimaient évoquer ensemble. Mais au fil des années, cette différence d’âge s’était faite de moins en moins importante, jusqu’à s’effacer complètement. Andrew avait quitté Poudlard et entamé sa carrière professionnelle ; il avait changé, avait gagné en maturité et avait pris un autre éclat dans les yeux de Maeva. Un jour, lors d’une soirée organisée par Flaquemare, ils s’étaient retrouvés autour d’un buffet qui proposait une myriade de petits fours et des coupes de champagne. Elle avait vingt-huit ans, lui vingt-six. Ils étaient tous les deux adultes ; lui joueur de Quidditch international et elle cheffe de projet chez Laveau & Wells. Ils avaient pourtant retrouvé avec plaisir le grand jeu de leur adolescence, qui n’avait rien perdu de sa saveur : un bingo savamment réfléchi, concentré sur les meilleures répliques d’Olivier Dubois.

Elles allaient de la classique « quand j’étais le capitaine de l’équipe d’Angleterre » à la fameuse « il faut faire voler les enfants avant qu’ils apprennent à marcher » sans oublier les récurrentes évocations de Marcus Flint, son ennemi de toujours qui avait été l’entraîneur d’Andrew après sa sortie de Poudlard (ce que son père n’avait toujours pas digéré). Evidemment, pour pimenter le jeu, chaque réplique valait son poids en alcool.

Ils ne marchaient plus très droits lorsqu’ils s’étaient éloignés tous les deux, leur hilarité les poussant à trouver un endroit plus calme pour y laisser libre-court. Ils avaient ri jusqu’à en avoir mal aux joues, derrière le large bâtiment qui abritait les vestiaires des joueurs. Et puis il y avait eu un moment de flottement, pendant lequel le regard de Maeva s’était attardé sur les traits d’Andrew. Ses yeux verts, sa mâchoire joliment dessinée, ses pommettes marquées et la ligne de son cou. Ils s’étaient embrassés là, pour la toute première fois, dans cet endroit qui les avait vu grandir tous les deux. Plus tard, ils avaient songé en riant que, décidemment, Olivier était à l’origine de bien des phénomènes dont il n’avait pas du tout conscience.

Depuis ce jour, ils se voyaient de temps en temps, quand leurs emplois du temps respectivement très chargés le leur permettaient. Cette nouvelle proximité entre eux n’avait pas réellement changé le lien amical qu’ils entretenaient ; au contraire, cela n’avait fait que le renforcer. Au fil des années, Andrew était devenu un bon ami, une personne sur qui elle pouvait compter et, en retour, elle n’hésitait pas à solliciter son aide quand elle en avait besoin.

Elle se replongea donc avec plaisir dans leur dynamique et s’apprêtait à lui répondre mais, comme souvent, la parole fut brusquement monopolisée par le très charmant et très bavard colocataire d’Andrew.

« Salut Pablo » lui répondit-elle avec un sourire, alors que ce dernier enchaînait déjà pour les convier à une after-party en boîte de nuit.

Ce fut Marisol – comme toujours – qui tempéra les ardeurs de son petit-ami et Andrew, plus modéré, qui lui laissa la décision finale.

« Allez, approuva Maeva. Je ne vais quand même pas rater l’occasion de vérifier tes progrès en salsa, Andrew. » Un jour, ils s’y étaient essayés tous les deux, et cela avait été une joyeuse catastrophe. « On part dans une heure, c’est ça ? Parfait. Parce que je meurs de faim. » fit-elle en louchant sur les plateaux de petits-fours qui passaient, portés par des serveurs. « Et que c’est toujours un plaisir de manger aux frais du Barqua. » Elle glissa un regard vers Andrew. « Surtout quand je dois trahir mes valeurs et ma famille pour assister à vos matchs. » Rien que ça.


Shake it out
I like to keep my issues drawn, it's always darkest before the dawn
Andrew O. Dubois-Cavill
Andrew O. Dubois-CavillJoueur de Quidditch professionnel
Messages : 475
Profil Académie Waverly
Viva Barcelona [Maeva et Andrew] Icon_minitimeDim 18 Fév 2024 - 0:22
Andrew plaisantait sur l’humeur de Guti mais il se sentait lui aussi particulièrement allègre ce soir. La reprise de la saison, leur belle victoire, la présence de Maeva, sa célébration avec ses coéquipiers... Il avait envie de faire la fête ce soir et le programme proposé par son meilleur ami était très tentant. Capvespre était une boite magique branchée à proximité de la plage Barceloneta et il n’était pas rare qu’ils y passent des soirées, finissant régulièrement par un bain de minuit (ou plutôt de cinq heures du matin, selon les cas.) Pour autant, il laissait la décision finale à Maeva : elle était venue le voir et il n’avait pas envie qu’elle se sente mal à l’aise. Il était possible qu’elle soit fatiguée après sa semaine et ait envie d’être plus tranquille, pas forcément au milieu de joueurs de Quidditch en pleine fiesta après avoir gagné un match : il ne pouvait pas vraiment l’en blâmer. Elle accepta pourtant, ne manquant pas de lui envoyer une petite plaisanterie au passage.

- Franchement, réduis tes attentes, soupira-t-il avec fatalisme. Il n’était pas très bon pour les danses structurées, même quand c’était avec elle. Ouais, mais prends ton temps, au pire on les rejoindra plus tard...

Il eut un rire quand elle déclara que c’était toujours un plaisir de manger aux frais du Barqua, surtout qu’elle trahissait tout de même valeurs et famille.

- Ça n’avait pas l’air de de déranger tant que ça tout à l’heure dans les gradins, commenta-t-il avec un sourire narquois.
- En tout cas, ça ne dérange pas Andrew non plus, rebondit Guti en attrapant deux petits tapas - un pour lui, l’autre pour Marisol. Mais encore une fois, il est payé très très cher pour ça...

Il lui fit un clin d’oeil narquois.

- Je ne trahis pas mes valeurs ! Ni celles de mon père, d’ailleurs, ajouta-t-il en jetant un regard entendu à Maeva. Après tout, « que le meilleur gagne », ça n’est pas ma faute si la dernière fois, ce n’était pas Flaquemare les meilleurs... Il faisait de la provocation, cela avait été un très beau match, qui s’était joué à peu de choses. Et puis je l’ai payé très cher, mon père était fâché. Pour mon anniversaire, fit-il d’un air faussement malheureux, je n’ai eu que deux yachts... c’était trois l’année dernière...

Pablo posa une main sur son torse, l’air profondément triste.

- ¡Pobrecito!
- Ho sé, soupira-t-il, secouant la tête.

Marisol avait suivi l’échange du regard et se tourna vers Maeva, attrapant son bras.

- Ils sont insupportables ou c’est moi ? Dis-moi que ça n’est pas moi.
- On plaisaaaante, assura Guti en passant son bras autour de sa taille. Tout le monde sait que Andrew n’a pas besoin d’un troisième yacht.
- Je n’ai plus de place dans ma marina, confirma-t-il de son ton le plus sérieux.
- Un vrai problème.
- N’est-ce pas ?

Marisol leva les yeux au ciel.

- Je vous sépare, je ne vais pas tenir sinon. Viens dire bonjour à Laura, tiens. A plus tard Maeva.

Il les regarda s’éloigner avec amusement, avant de terminer sa coupe de champagne. Il tendit le bras pour la déposer sur le buffet, où elle disparut magiquement. Un enchantement devait sûrement amener les verres vides à la plonge.

- En parlant de yacht, souffla-t-il en glissant sa main sur sa taille. Je me disais que ce week-end, on pourrait aller faire du bateau, prendre un peu l’air comme ça. J’ai regardé, la mer est très calme et il va faire très beau. Après, fit-il, suspendant sa phrase une seconde. Je ne voudrais pas que tu trahisses trop tes valeurs...



Viva Barcelona [Maeva et Andrew] 6b811921bb30dc0927a87d115ba521cc-side
Maeva Virtanen
Maeva VirtanenArchimage urbaniste
Messages : 409
Profil Académie Waverly
Viva Barcelona [Maeva et Andrew] Icon_minitimeMar 20 Fév 2024 - 5:15
« Ah bon ? fit mine de s’étonner Maeva lorsqu’Andrew prétendit qu’elle n’avait eu l’air très dérangée de porter le maillot du Barqua. Tu n’as pas vu le poids sur mon âme ? C’était évident, pourtant. »

Elle lui fit un petit sourire en portant sa coupe de champagne à ses lèvres. C’était une plaisanterie récurrente entre eux depuis qu’ils avaient repris contact. En réalité, Maeva soutenait volontiers Andrew dans ses matchs sauf, évidemment, si son équipe affrontait Flaquemare. Elle avait assisté au match qui avait opposé les deux équipes quelques mois plus tôt et qui s’était soldé par une victoire du Barqua (les fans de Flaquemare disaient que c’était parce que l’arbitre n’avait pas sifflé un croc-en-jambe.) La plaisanterie d’Andrew lui tira un éclat de rire et elle secoua la tête.

« Mon pauvre, toi qui avais vraiment besoin de l’argent de papa pour t’acheter un bateau… »

Elle leva les yeux au ciel avec un sourire et approuva la remarque de Marisol :

« Ils sont insupportables. Et encore, moi, je ne vis pas dans le même pays qu’eux… »

Parce qu’elle cherchait visiblement à préserver sa santé mentale, la jeune femme ne tarda pas à attirer son compagnon ailleurs. Ce dernier protesta un peu pour la forme, avant de lui voler un long baiser comme si le reste du monde n’existait pas. Maeva détacha son regard d’eux pour le reporter sur Andrew qui finissait son verre. Elle l’imita pour s’en débarrasser et saisir une petite tapas sur un plateau qui passait à proximité.

Elle se rapprocha légèrement de son ami lorsqu’il fit glisser une main sur sa taille et écouta sa proposition, les yeux levés vers lui. Sa dernière remarqua la fit rire et elle haussa les sourcils, feignant la surprise :

« Dis donc, moi je m’étais préparée pour un weekend camping et canyoning en Andalousie… » Ils avaient évoqué l’idée, la dernière fois qu’ils s’étaient venus. « Mais bon, je ne vais pas empêcher ton bateau d’aller prendre un peu l’air, ce serait pas sympa de ma part, il a rien fait. » Quand elle était avec Andrew, Maeva traversait réellement une autre dimension pour arriver dans ce monde il ne semblait y avoir aucune fin à la richesse. Elle avait toujours plus ou moins fréquenté cet univers parce que son père avait été joueur professionnel et avait donc touché de grosses sommes d’argent mais, à l’époque, elle était encore trop petite pour s’en rendre réellement compte. Et puis, elle avait essentiellement vécu chez ses grands-parents ou avec sa mère, à Poudlard et ce n’était pas du tout le même mode de vie. Puis son père avait dilapidé sa fortune dans des jeux et ne lui avait laissé aucun héritage car tout avait été saisi pour régler ses dettes. Maeva vivait très confortablement ; son métier lui assurait un bon salaire et elle était même propriétaire d’un bel appartement depuis plusieurs années déjà. Mais ce n’était vraiment pas comparable avec le fait d’avoir un yatch et tellement d’argent qu’on ne savait même plus quoi en faire.

« Et pour les valeurs, soupira-t-elle tragiquement, c’est déjà trop tard… Alors bon, fichu pour fichu, autant aller faire du bateau. » Elle eut un sourire plus doux en demandant : « T’as le weekend de libre ou tu dois aller au stade demain ? »


Shake it out
I like to keep my issues drawn, it's always darkest before the dawn
Andrew O. Dubois-Cavill
Andrew O. Dubois-CavillJoueur de Quidditch professionnel
Messages : 475
Profil Académie Waverly
Viva Barcelona [Maeva et Andrew] Icon_minitimeDim 25 Fév 2024 - 0:12
Andrew rit légèrement lorsque Maeva déclara dramatiquement qu’elle portait sur son âme le poids de sa trahison vis-à-vis de Flaquemare. C’était un sujet récurrent de plaisanterie entre eux. C’était d’ailleurs un sujet de plaisanterie pour beaucoup de monde, que ce soit Juliet ou les amis de son père... Son père riait beaucoup moins, surtout depuis l’année dernière, quand le Barqua avait éliminé Flaquemare en demie-finale de la ligue européenne. Disons que l’ambiance à son anniversaire, quinze jours plus tard, avait été un peu étrange au début.

- Si, je le vois maintenant, déclara-t-il dans un soupir prétendument atterré. Obligée d’avoir une coupe de champagne pour t’en remettre...

Il ne la quitta pas du regard alors qu’elle riait à sa blague, rentrant dans son jeu.

- Il ne m’a même dit « joyeux anniversaire », il a juste chanté l’hymne de Flaquemare toute la soirée... ajouta-t-il en prenant sa mine la plus malheureuse. Je plaisante, hein,, ajouta-t-il après une seconde, réalisant que pour son père, cela pouvait presque sembler crédible. Il a juste mentionné le croc-en-jambes une fois ou trente.

Cela faisait onze ans qu’il jouait professionnellement et son père et lui avaient dû apprendre à composer avec une rivalité qui n’entrait pas auparavant dans leur relation. Il était entré chez les Catapultes après Poudlard et si Flaquemare occupait encore le haut du tableau, il y avait eu quelques matches où les Cats avaient réussi à l’emporter de justesse. La première fois que c’était arrivé, après qu’il ait été tout au long de la rencontre une plaie dans les stratégies d'attaque de l’équipe, les relations entre lui et son père avaient été tendues quelques jours. Olivier avait mal vécu cette défaite et Andrew avait mal vécu que son père ne soit pas content pour lui. Après tout, c’était tout ce qu’il avait toujours voulu non ? Sa mère avait dû intervenir pour lisser les choses entre eux. Par la suite, ils avaient été vigilants sur leurs sentiments d’après-match, quand leurs équipes venaient à se rencontrer. Ils évitaient la plupart du temps de parler des évènements qui avaient pu fâcher, en dehors du stade.
Pour autant, Andrew n’avait par exemple pas été en reste après un match où Flaquemare avait écrasé les Cats sans leur laisser aucun répit. Il avait été ciblé tout au long de la partie par les batteurs adverses, marqué à la culotte par Brickman, un des batteurs de l’époque (qu’il ne pouvait pas supporter.) Cette défaite les avait relégués à la septième place de la Coupe de la Ligue et Andrew avait parfaitement identité la patte de son père dans les stratégies déployées. De façon assez démesurée et injuste, il s’était senti furieux contre lui, il avait eu l’impression d’être ciblé et tenu en échec par son propre père. Il avait mis quelques semaines à ravaler sa rancoeur. Les choses s’étaient améliorées lorsqu’il était parti aux USA, puisque leurs équipes se rencontraient beaucoup moins (si on exceptait le match qui lui avait coûté sa saison 2020 à cause d’une blessure...). Depuis qu’il était au Barqua, ils avaient eu quelques épisodes difficiles (la fameuse demie-finale de l’été dernier) mais ils le géraient bien mieux que les premières années. Même dans les moments les plus difficiles, ils parvenaient toujours à se retrouver à la croisées de leurs intérêts communs : l’équipe d’Angleterre. 

- Insupportables, insupportables, vous ne savez pas apprécier la qualité de nos blagues, c’est tout, plaisanta-t-il en reprenant une gorgée de champagne.

Il occulta volontairement les dix tours de terrain supplémentaires que Gavi et lui avaient dû faire pas plus tard que l’avant-veille, au moment de l’entraînement. Leur entraineur avait trouvé qu’ils étaient aussi insupportables, à bavarder (ce qui ne les empêchait pas de s’échanger des cognards !)

- On peut aussi ! répondit-il quand elle lui signala qu’elle s’était préparée pour faire du canyoning. On fait comme tu veux. On peut aussi faire les deux.

Maeva restait jusqu’à lundi soir et ils avaient donc trois jours devant eux. Ils pouvaient tout à fait aller faire du canyoning demain ou dimanche et réserver le bateau pour lundi. Il est vrai que la dernière fois, ils avaient évoqué le fait - en bons Gryffondor - d’aller se jeter du haut de falaises en Andalousie et de passer dans des petits boyaux de pierre remplis d’eau. Cela leur semblait très amusant pour un week-end.

- J’ai toujours apprécié ton empathie naturelle pour les bateaux, Maeva, c’est très émouvant.

Il eut un rire franc quand elle déclara que ses valeurs étaient foutues alors autant en profiter pour aller faire du bateau.

- Quel sacrifice ! Reprends-donc un peu de champagne pour faire passer la pilule, j’insiste. Je crois que j’ai vu un peu de caviar, là-bas, ça devrait t’apaiser aussi.

En réalité, il était assez heureux de pouvoir lui proposer des sorties comme celle-ci. Il savait qu’elle se décarcassait au travail sans cesse, en Angleterre, et que le reste de son temps et de son énergie étaient consacrés à veiller sur sa soeur Lou, qu’elle élevait. Ils en parlaient, de temps à autre, elle lui disait à quel point elle se sentait démunie et frustrée de ne pas savoir comment l’accompagner au mieux. Il se sentait toujours démuni dans les solutions à lui apporter. Ce n’était pas comme s’il avait une idée de comment élever une adolescente en colère contre le monde... Alors quand Maeva venait le voir, il mettait un point d’honneur à ce qu’elle passe un bon moment et sorte un peu de tout ce quotidien. Pour lui aussi, c’était un peu une bulle particulière. Il aimait beaucoup passer du temps avec elle.

- J’ai une séance de récupération demain à onze heures, jusqu’à treize heures. Mais après, je suis tranquille pour le reste du week-end.

Sa main remonta le long de ses reins, pour venir se poser sur son dos dénudé par sa robe. Il lui adressa un sourire doux.

- En vrai, c’est toi qui décide de notre programme du week-end. Juste pour la suggestion, voilà les pistes que j’avais : ce soir, on fait la fête avec les gars. Demain matin, tranquilles à la maison, tu profites de la piscine pendant que je suis au stade. Après, on fait du bateau. Ensuite, on mange dehors, je connais quelques super restaurants. Dimanche, on peut aller faire ce canyoning et trouver un chouette endroit où diner le soir. Et lundi, tranquilles à la maison avant que tu repartes ! Ou bien on se promène, on va voir la Sagrada familia et tu te moques de moi parce que je ne connais pas tous les termes techniques que tu utilises !

Son pouce effleurait doucement sa peau alors qu’il parlait.



Viva Barcelona [Maeva et Andrew] 6b811921bb30dc0927a87d115ba521cc-side
Maeva Virtanen
Maeva VirtanenArchimage urbaniste
Messages : 409
Profil Académie Waverly
Viva Barcelona [Maeva et Andrew] Icon_minitimeLun 26 Fév 2024 - 7:19
« J’ai toujours apprécié ton empathie naturelle pour les bateaux, Maeva, c’est très émouvant.
-On ne pense pas assez à eux, renchérit la jeune femme avec un sourire au coin des lèvres. Toutes ces nuits passées seuls dans un port, à attendre d’aller voguer sur la Méditerranée... C’est dramatique. »

Elle passait toujours de bons moments quand elle était avec Andrew. C’était comme si, le temps de quelques jours, elle s’accordait le droit de vivre dans une bulle très éloignée de son quotidien. Elle ne parvenait jamais à décrocher complètement de ce qui préoccupait ses pensées mais c’était ce qui se rapprochait le plus, pour elle, à du repos. Andrew se montrait toujours très attentionné, très prévenant et elle trouvait ça agréable de pouvoir se reposer sur quelqu’un, pour une fois. Alors cela ne durait jamais très longtemps car ils avaient tous les deux des vies bien remplies mais Maeva en savourait toujours chaque minute. Elle le taquinait sur les sommes démentielles qu’il touchait – ils étaient tous les deux d’accord pour dire qu’il gagnait beaucoup trop d’argent – mais Andrew était l’une des personnes les plus généreuses qu’elle connaissait.

Et puis, il n’avait pas acheté un bateau pour rien.

« Oh, merci, répondit-elle à sa plaisanterie en posant une main sur son cœur. T’as raison, je vais faire ça. J’ai vu un peu de homard aussi, ça devrait faire l’affaire. »

Ils échangèrent un rire et elle se rapprocha légèrement de lui lorsque sa main se posa dans son dos. Leurs regards s’étaient accrochés même s’ils veillaient à garder une distance raisonnable ; avec la notoriété d’Andrew, il n’était pas exclu qu’un cliché d’eux finisse par sortir dans la presse ou sur les réseaux sociaux. C’était déjà arrivé à quelques reprises. Rien de bien compromettant ; une photo où ils sortaient d’un restaurant tous les deux, une autre où ils s’enlaçaient après une victoire de l’équipe d’Angleterre mais il n’en fallait pas plus pour affoler les journalistes et les fans. Parfois, lorsqu’elle se promenait sur les réseaux sociaux, Maeva tombait sur des petites vidéos qui exposaient des théories sur les histoires sentimentales d’Andrew et elle y découvrait parfois sa photo. Cela avait surtout pris de l’ampleur depuis que son ex petite-amie, Aimee Dawson, était devenue une chanteuse mondialement connue. Elle avait écrit deux albums dont plusieurs chansons étaient clairement inspirées de leur histoire, alors ses fans voulaient savoir ce qu’il en était de la vie sentimentale de ce sportif maintenant qu’il était séparé d’elle. Cela n’atteignait pas beaucoup Maeva – tous ses réseaux sociaux étaient privés et, de toute façon, elle n’y partageait pas grand-chose. Parfois, elle était interrogée par des journalistes un peu trop curieux lors des matchs de l’équipe anglaise mais elle se bornait à répondre qu’Andrew et elle se connaissaient depuis l’enfance et qu’elle l’estimait beaucoup.

Pour autant, ils préféraient ne pas tenter le diable.

D’ailleurs, le programme imaginé par Andrew leur garantissait une certaine tranquillité, ce que Maeva apprécia. Sa dernière remarque lui tira un rire et elle toucha son bras du bout des doigts.

« Dis-donc, Andrew… Tu serais pas en train de me draguer en me parlant d’une basilique typique du modernisme catalan qui est en construction depuis la fin du dix-neuvième siècle, par hasard ? » Elle frimait un peu, elle savait ça parce qu’elle était déjà allée la visiter lors de son précédent séjour à Barcelone. « Parce que je dois dire que ça marche. Ça marche même très bien. »

Elle se fendit d’un nouveau rire avant d’ajouter avec un sourire doux :

« C’est très bien, comme programme. Et puis, je pourrais même te commenter l’architecture de Barcelone depuis ton yacht, demain et ça, je sens que ça va te faire plaisir. Enfin… » Elle eut un regard amusé pour lui. « Sauf si tu veux parler du prochain mercato et de ton transfert en Angleterre, bien entendu. »

***


6 juillet 2021

Au début du mois de juillet, Flaquemare organisait toujours une soirée pour clôturer la saison. Saison qui s’était terminée par une victoire de l’équipe au championnat européen, ce qui expliquait les grands sourires et l’ambiance légèrement survoltée dans la grande salle de réception. Il y avait toujours beaucoup de monde, à ces soirées. Tous les joueurs de l’équipe, bien entendu, ainsi que leurs proches, les membres du staff, de la direction, les entraîneurs… D’anciens joueurs, aussi, comme Antoine Levasseur plongé dans une grande discussion avec Juliet Wilson – ils étaient inséparables depuis des années et leur amitié avait perduré après le départ à la retraite d’Antoine. Maeva recevait toujours un carton d’invitation pour cette soirée et pour celle de Noël. Elle connaissait bien la plupart des membres de la direction, dont les plus vieux la connaissaient depuis qu’elle était toute petite et elle aimait retourner à Flaquemare de temps en temps. C’était la seule chose que son père lui avait transmise et, même si elle nourrissait toujours des sentiments ambivalents à son égard, elle ressentait aussi le besoin de prendre soin de ce qui avait fait lien entre eux à travers les années.

Et puis, c’était l’occasion de revoir certaines personnes qu’elle voyait peu, à commencer par Andrew Dubois avec qui elle avait traversé maintes et maintes soirées comme celle-ci. Ils avaient été ces enfants qui couraient entre les tables puis ces adolescents qui échangeaient les écriteaux du buffet pour le plaisir de voir des invités avaler un tartare de dragon sans y prêter attention. En devenant adultes, ils avaient dû inventer d’autres moyens de s’occuper pendant ces soirées qui pouvaient se révéler un peu longues à certains moments.

Ce fut d’ailleurs avec un sourire malicieux sur les lèvres que Maeva s’avança vers Andrew. Il se tenait près du buffet et semblait examiner les différentes options qui s’offraient à lui. Elle lui sourit et lui tendit l’une des deux coupes de champagne qu’elle avait dans les mains.

« Ton père est en roue libre, ce soir. » lui glissa-t-elle avec un rire. « Je crois que si je passe cinq minutes avec lui, je remplis toute la grille de notre bingo… »


Shake it out
I like to keep my issues drawn, it's always darkest before the dawn
Andrew O. Dubois-Cavill
Andrew O. Dubois-CavillJoueur de Quidditch professionnel
Messages : 475
Profil Académie Waverly
Viva Barcelona [Maeva et Andrew] Icon_minitimeMar 5 Mar 2024 - 2:48
Andrew rit en voyant Maeva poser sa main sur son coeur d’un air dramatique, déclarant qu’elle allait reprendre un peu de homard pour se remettre de toutes ses émotions. C’est vrai que cela semblait difficile de venir en week-end à Barcelone, avec match de Quidditch et visite de la ville... Et le bateau, il ne fallait pas oublier le bateau, elle ne voulait pas qu’il se sente abandonné. En réalité, il était content de la voir si détendue et si prompte à plaisanter. Lorsqu’ils se voyaient en Angleterre, elle semblait toujours plus préoccupée par son quotidien. Elle portait beaucoup de choses, ils en parlaient des fois, tard le soir, quand elle se laissait aller à la confidence.

Ce n’était pas toujours facile avec Lou, sa petite soeur. C’était même plutôt souvent difficile. Maeva faisait de son mieux mais élever une adolescente qui souffrait visiblement n’était pas simple. Lui-même avait du mal à s’imaginer élever Oscar du jour au lendemain et pourtant, son petit frère était loin d’être un rebelle. Plutôt le contraire. Maeva, elle, devait gérer de sacrés trucs, en plus de son travail et de sa vie, sans pouvoir se reposer sur ses parents puisque, et bien, ils étaient morts. Il avait beaucoup d’admiration pour elle. Il n’osait pas le lui dire, parce que c’était toujours étrange à dire mais il trouvait qu’elle était impressionnante. Elle cherchait toujours des solutions pour que les choses se passent au mieux pour Lou, à améliorer les choses, à trouver la bonne approche. Elle faisait preuve de beaucoup de patience et de grâce dans une situation qui donnerait envie à beaucoup de gens d’hurler. Il n’avait jamais beaucoup de solutions à lui apporter (à part d’envoyer Lou en stage Quidditch auprès de son père pour qu’elle apprécie soudain les efforts de sa soeur) alors il tentait d’aider autrement : si l’espace d’un week-end, elle pouvait vivre quelques heures sans trop de préoccupations (et avec un yacht), il en était heureux. C’était pour cela qu’il avait prévu un petit programme, dans l’espoir qu’il lui ferait plaisir. Au vu du sourire qu’elle lui renvoyait, il en avait l’impression.

- Grillé, confessa-t-il avec un sourire en coin quand elle l’accusa de tenter de la draguer en l’emmenant faire un tour du côté de la Sagrada Família. Il ne put s’empêcher de rire lorsqu’elle déclara que cela marchait très bien. Ses yeux parcourent son visage, rencontrèrent ses yeux et il se sentit s’incliner vers elle une seconde, avant de lui adresser un nouveau sourire. Ses joues à lui avaient un peu rougi. Et encore, tu n’as encore rien vu. Parce que je voulais glisser dans le programme la Casa Batlló de Gaudí. C’est un incontournable de la ville, avec sa façade surprenante, où le verre et la céramique sont les principaux attraits... J’ai clairement regardé le site internet hier soir, j’avoue, je viens de te répéter les premières lignes du guide. Mais c’est très beau à voir !

Et comme elle le disait, la ville serait magnifique également depuis la mer. Ils pourraient faire le tour avant de prendre un peu le large.

- Ça serait bien, valida-t-il avec un sourire, sa main toujours dans son dos. Quand elle lança le sujet du mercato, il secoua la tête. Je ne vois pas du tout de quoi tu parles... Tu bosses pour On relâche le Vif ? toi maintenant c’est ça ? Journaliste infiltrée ? Il écarquilla les yeux, faisant mine d’avoir une grande révélation. Ou bien espionne infiltrée pour mon père ? C’est bas Maeva, c’est bas, je ne te pensais pas comme ça...
- Andrew, lança la voix de Guillem, son capitaine. Il avait une coupe de champagne dans la main. Oye, deberíamos sacarnos una foto, fit-il en désignant plusieurs joueurs qui s’étaient regroupés pour prendre une photo de groupe. Il tendit sa main libre à Maeva avec amabilité. Hello, sympa de vous rencontrer ! Puis à Andrew, un sourcil haussé, petit sourire en coin. Oh, ¿así que esta es tu nueva novia? *
- Métete en tus asuntos, répondit-il en haussant les épaules.
- Me lo tomo como un sí, ricana Guillem.
- Si, si te gusta, allez, ¡vete! répondit-il en levant les yeux au ciel.
- Il chasse moi, se plaignit-il dramatiquement à Maeva. Su capitán ! 
- Eso es, eso es. Que eres aburrido, hombre, siempre en busca, un poco chismoso !
- Pórtense bien, los dos, estás en público, se contenta de répondre Guillem avec un haussement de sourcils très suggestif.
- Cállate, mira quién habla ! répondit-il avec un sourire amusé. Con la chica de...
- No, no, lo pillo, lo pillo, ya me voy, céda Guillem en levant les mains en l’air, avec un dernier ricanement.

Il s’éloigna, en lui recommandant tout de même de ne pas trop traîner pour les photos. Andrew secoua la tête.

- Marisol aurait-elle raison, les joueurs de Quidditch seraient-ils insupportables ? Il précisa le fond de sa pensée. Il voulait savoir si on était ensemble et je pense que la question était très intéressée de sa part.

L’Espagnol LV4:

***

6 juillet 2021

Il y avait deux grands rendez-vous annuels à Flaquemare. La soirée de Noël et la soirée de fin de saison. Le club mettait toujours les petits plats dans les grands, investissant l’immense hall de bois clair et ses baies vitrées qui donnaient sur l’intérieur du stade. On y retrouvait toujours du beau monde. Joueurs actuels, anciens joueurs, joueurs d’autres clubs de la Ligue, des personnalités de la Ligue, justement, des membres du staff, des journalistes... C’était toujours une petite démonstration de force pour le président. Andrew n’avait que peu manqué cette soirée, d’abord en tant que fils de joueur puis en tant que joueur lui-même, Flaquemare n’avait jamais oublié son invitation, même lorsqu’il avait quitté les Catapultes pour rejoindre les All-Stars puis ces derniers tout le Barqua, au mercato de l’année dernière. Il venait d’achever sa première année à Barcelone et il pouvait dire sans mentir qu’il ne regrettait pas son choix.

Cela avait d’ailleurs été l’un des principaux sujets de conversation qu’il avait pu avoir ce soir, notamment avec d’anciens coéquipiers de son père ou avec Juliet ou Antoine Levasseur. Ils avaient discuté des différences entre la Liga et la Coupe de la Ligue, des perspectives d’évolution pour l’année prochaine et du dernier match entre le Quidditcho Madrid et les Balais de Braga, qui s’était terminé sur une faute scandaleuse de Reynaldo. Il avait sagement encaissé les blagues sur le fait d’avoir choisi une équipe qui - contrairement à Flaquemare - n’avait pas gagné le championnat européen (ils avaient été éliminés par les Vautours de Vratska en huitième, ça n’avait vraiment pas été fameux mais ils avaient eu pas mal de blessés pendant la Liga) et sur sa nouvelle expatriation. Il venait d’abandonner Jocelyn Waddock et l’un des batteurs remplaçants de Flaquemare pour se rapprocher du buffet, un peu hésitant. Il avait gouté les petits gaspacho un peu plus tôt mais maintenant qu’il vivait en Espagne, il avait été plutôt déçu. Est-ce qu’il partait sur les tartelettes au contenu inconnu ou bien sur la valeur sûre des petits feuilletés pesta-cabillaud qu’il avait goûté tout à l’heure... ? Il distingua une présence qui arrivait derrière lui, à sa droite, et se retourna pour découvrir Maeva. Il lui offrit un sourire et tendit la main pour attraper la coupe de champagne qu’elle lui tendait.

- Merci. Il releva les yeux vers son père, qui se tenait un peu plus loin. Il était en grande discussion, très animée, avec le président du club et un petit auditoire. Andrew ne put s’empêcher de secouer la tête avec amusement. Ouais, j’ai vu ça... Ma mère a pris la fuite, d’ailleurs, on remarquera. 

La dernière fois qu’il l’avait vue, elle parlait avec l’épouse de Cameron.

- Mais il n’empêche que tu devrais peut-être aller passer du temps avec lui, reprit-il avec un petit sourire en coin, car je vais bientôt gagner. Il sortit de sa poche la serviette qu’ils avaient griffonnée ensemble un peu plus tôt dans la soirée. Il me manque des trucs comme « Quand j’étais capitaine de l’équipe d’Angleterre » - hyper facile à avoir celle-là - « Y’a pas de talent sans travail, y’a pas de travail sans talent », un peu plus technique : « Lors de la rencontre avec Madrid, en 2002... » et ma spéciale « Andrew, quand tu choisiras une vraie équipe » mais avec le Barqua, elle n’est pas facile à avoir, celle-là.  

Maeva et lui avaient grandi dans des soirées comme celles-ci et lorsqu’ils eurent passé l’âge de se courir après dans les gradins, ils avaient bien dû trouver des occupations. Mélanger les petits-fours pour que les invités ne retrouvent plus ce qu’ils mangeaient, déplacer les verres des gens, inventer des dialogues aux personnes qu’ils observaient de loin... Se moquer de son père aussi, beaucoup. La dernière fois qu’ils s’étaient vus, ils avaient imaginé le « Bingo d’Olivier » avec ses phrases les plus iconiques. Ils avaient beaucoup ri à les passer en revues. Lorsqu’ils s’étaient salués, en début de soirées, ils avaient échangé un regard complice et, sans même avoir besoin de se véritablement se concerter, étaient tombés d’accord : c’était l’occasion de mettre leur bingo à l’épreuve. Sur un coin de table, sur des serviettes floquées au logo de Flaquemare, ils avaient établi des répliques communes et deux « spéciales » qu’ils pouvaient être les seuls à récolter. Ils avaient toutes la soirée pour le compléter.

- Je pense que je peux le pousser dans ses retranchements pour avoir mes dernières cases, il me semble que c’est fichu pour toi, quel dommage... fit-il de son plus grand sourire. L’essentiel c’est de participer, Maeva...


Viva Barcelona [Maeva et Andrew] 6b811921bb30dc0927a87d115ba521cc-side
Maeva Virtanen
Maeva VirtanenArchimage urbaniste
Messages : 409
Profil Académie Waverly
Viva Barcelona [Maeva et Andrew] Icon_minitimeMer 6 Mar 2024 - 3:09
Andrew s’inclinait vers elle et le sourire de Maeva s’accentua légèrement sur son visage. Il s’arrêta à quelques centimètres d’elle, les joues un peu rouges. Ses yeux à elle brillaient un peu trop.

Elle eut un nouveau rire lorsqu’il évoqua un autre célèbre monument de Barcelone. La Casa Batlló était un édifice moderniste dont la façade était mondialement connue pour être l’une des plus originales de l’architecte, Antoni Gaudí. Il l’avait conçue dans un savant mélange de matériaux bruts dont Maeva avait déjà pu apprécier l’effet sur quelques photos du temps de ses études. L’idée d’aller la visiter lui plaisait bien, surtout si Andrew l’y accompagnait. Elle rebondit sur son idée avec un sourire en coin :

« Mais ça ne va pas de me dire des choses comme ça, dans un lieu public. » Andrew était proche d’elle et elle put souffler, sur un ton faussement réprobateur : « Alors qu’on est censés faire attention aux journalistes… »

Heureusement – ou malheureusement – pour eux, leur petit échange fut interrompu par l’arrivée de Guillem, le capitaine du Barqua, qui alpagua Andrew en espagnol. Maeva ne comprit rien de leur échange et se pencha simplement vers Guillem pour lui serrer la main.

« Salut, enchantée. » répondit-elle avec un sourire.

Son vocabulaire en espagnol se limitait aux mots les plus employés par les touristes : Holà, que tal, adios, la cuenta por favor, una cerveza, vamos a playa. Elle avait une ou deux phrases d’un chant des supporters du Barqua aussi (à force, elle commençait à les retenir) mais elle n’était pas certaine de ce qu’elles signifiaient réellement. (Elle chantonnait peut-être quelque chose sur la qualité des abdominaux de Juan Perez.) Aussi, elle se contenta de siroter sa coupe de champagne en laissant ses yeux courir sur le visage d’Andrew. Il n’avait pas l’air foncièrement ravi de la tournure de la conversation et il lui sembla qu’il s’empressait d’y mettre fin. Maeva eut un sourire ; elle aimait bien l’entendre parler espagnol. Il était toujours plus concentré dans ces moments-là et elle le trouvait charmant.

Guillem s’éloigna finalement et Andrew secoua la tête, l’air un peu dépité. Lorsqu’il lui explicita la conversation qu’il venait d’avoir, Maeva eut un rire et attrapa la silhouette de Guillem qui s’enfonçait dans la foule.

« Les joueurs de Quidditch sont surtout des gros charos. » commenta-t-elle. Elle glissa un regard taquin vers lui : « Et un peu aveugles. C’était pas évident que j’étais complètement sous ton charme depuis que tu me parles de céramique ? » Elle haussa les sourcils, taquine : « Je trouve ça beaucoup plus impressionnant que la nomination de Guillem pour le Souaffle d’Or, je t’avoue… »

***

Dans la poche de son pantalon, Maeva avait une petite serviette froissée où plusieurs phrases étaient notées. L’encre avait un peu bavé mais l’ensemble restait lisible. Il s’agissait du meilleur d’Olivier Dubois – le grand cru Dubois, comme elle l’avait dit à Andrew. Ses phrases les plus iconiques, rassemblées à un endroit pour servir des intérêts qu’il n’aurait probablement pas approuvé. Les classiques : « Quand j’étais capitaine de l’équipe d’Angleterre » et « Quand j’étais capitaine de Flaquemare », les plus techniques : « Il n’y a pas de travail sans talent, il n’y a pas talent sans travail », « il faut mettre les enfants sur des balais avant qu’ils apprennent à marcher, ça améliore l’équilibre », « Un bon joueur de quidditch pense quidditch, mange quidditch, dort quidditch, vit quidditch » et « la réussite est surtout une question de volonté », celles qui concernaient son club de cœur comme :  « la force de Flaquemare, c’est avant tout le collectif », celles qui s’appuyaient sur des anecdotes favorites : « Lors de la rencontre avec Madrid en 2002 » et « ce croc-en-jambe scandaleux de la Suède au Mondial de 2006 », et celles qui rappelaient qu’Olivier n’était plus tout jeune : « Quand les jeunes joueurs font faire la bamba en discothèque… ». Il y avait un bonus – n’importe quelle remarque sur Marcus Flint – et une phrase spéciale pour Maeva – un commentaire désagréable sur son père, suivi de : « après Maeva, il a fait quelques bonnes choses à l’Euro de 2004. » Elle avait ri aux larmes lorsqu’ils avaient établi la liste, la dernière fois qu’ils s’étaient vus.

C’était encore plus drôle maintenant qu’ils prêtaient réellement attention aux propos d’Olivier.

La confiance d’Andrew dans sa réussite tira un rire à Maeva mais elle secoua la tête.

« Quoi ? Alors que je viens de faire un doublé « quand j’étais capitaine de l’équipe d’Angleterre » et « ce croc-en-jambe scandaleux de la Suède au Mondial de 2006 » ? Ça m’étonnerait, Andrew. J’attends juste qu’il s’approche de Juliet Wilson pour lui faire sortir la phrase sur le collectif de Flaquemare et j’aurais une sacrée avance sur toi… » Son regard chercha la silhouette d’Olivier et un sourire glissa sur ses lèvres. « Surtout que regarde. Il parle avec Juniper Bailey » elle avait été poursuiveuse à Flaquemare en même temps que son père « en moins de cinq minutes il peut sortir une dinguerie sur mon père, j’en suis certaine. »
Andrew O. Dubois-Cavill
Andrew O. Dubois-CavillJoueur de Quidditch professionnel
Messages : 475
Profil Académie Waverly
Viva Barcelona [Maeva et Andrew] Icon_minitimeSam 9 Mar 2024 - 20:50
Quand Maeva plaisanta qu’il n’était pas bien de lui parler de la céramique de la Casa Batlló en public, il eut un rire. Ils s’amusaient toujours tellement, lorsqu’ils étaient tous les deux (régulièrement au détriment de son père, il fallait l’avouer). Il était véritablement heureux qu’elle soit là ce soir, qu’elle reste pour le week-end. Il avait aussi terriblement envie de l’embrasser, avec ses yeux brillants, son sourire, la chaleur de sa peau sous sa main, le parfum de ses cheveux.

- C’est plutôt les gens avec leurs smartphones qui m’embêtent, confessa-t-il avec un haussement d’épaules dépité lorsqu’elle déclara qu’ils devaient faire attention aux journalistes.

Il y aurait bien quelqu’un dans la soirée pour voler une photo, la publier quelque part et après, le mal était fait. Il n’était pas dérangé par le fait d’être vu avec Maeva, mais tout serait réinterprété, déformé, les rumeurs allaient très vite et s’il n’en n’était pas à sa première expérience du jour, elle n’avait sûrement pas envie d’être ainsi épinglée sur les réseaux sociaux. Il y avait déjà quelques images d’eux qui traînaient, plutôt anodines, et cela suffisait déjà à soulever des questions. Il n’avait pas envie d’avoir à se justifier sur sa vie privée, il refusait toujours de rentrer dans ce jeu avec les journalistes, à l’image de son père à l’époque, qui avait aussi vu sa vie être décortiquée par quelques magasines people.

Pour Andrew, les choses avaient vraiment pris de l’ampleur après sa séparation avec Aimee, il voyait une claire différence entre l’avant et l’après. À partir du moment où son premier album studio était sorti, à partir du moment où elle avait commencé à avoir du succès. Les gens avaient vite fait le rapprochement - après tout, ils avaient été assez publiquement ensemble quand il jouait chez les Catapultes puis les AllStars - et les choses avaient pris une ampleur que ni elle ni lui n’auraient pu anticiper. Elle s’en était excusée à plusieurs reprises. Pas d’avoir composé sur leur histoire - il savait que c’était sa manière à elle de s’exprimer, de traiter ses sentiments - mais qu’il en subisse les retombées par de multiples invasions dans son intimité. Lui-même n’avait pas toujours bien géré les choses, en fréquentant parfois des filles qui n’attachaient pas la même attention à cette volonté de vie privée... Plus le temps passait, plus c’était insupportable pour lui. Ces deux dernières années, depuis la sortie des deux albums d’Aimee, n’avaient pas été faciles à vivre sur ce plan. Anastasia, sa dernière copine officielle, lui en avait déjà fait le reproche à plusieurs reprises. Ils dînaient tranquillement en terrasse, jusqu’à ce que quelqu’un l’identifie, et commençait la ribambelle des photos volées, des demandes de selfies (des fans de Quidditch ou des fans d’Aimee), des gens qui venaient faire la queue devant leur table. Pour régler le problème, désormais, il avait tendance à fréquenter des clubs plutôt privés ou des endroits très isolés, ou bien où il se disait qu’il ne croiserait pas trop de sorciers. Il n’avait pas vraiment envie d’entraîner Maeva dans cette boucle.

Surtout qu’ils étaient effectivement bien surveillés du coin de l’oeil, la petite incursion de Guillem, tout en subtilité, l’avait confirmé. Il songea un instant qu’ils seraient plus tranquilles au club, dans la pénombre du carré réservé. En plus, avec les stroboscopes, les photos prises de loin avaient tendance à être complètement floues. C’était parfait. Observant son capitaine s’éloigner pour rejoindre quelques autres coéquipiers près du bar, il tourna la tête vers Maeva lorsqu’elle déclara que les joueurs de Quidditch étaient surtout de gros charos.

- Not all joueurs de Quidditch, Maeva, tu généralises et tu dénigres, répliqua-t-il sarcastiquement.

Il faisait référence à une discussion qu’ils avaient dû subir au début de l’été, lorsqu’elle était venue le voir juste après la fin de la saison. Ils étaient allés dîner dans un restaurant huppé de Marbella et s’étaient retrouvés à côté d’un couple américain en vacances. Ils n’avaient pas eu le début de l'échange, trop occupés à débattre sur ce qu’était une « Tourbillonnade de poulpe sur sa farandole de joyeux trésors » mais avaient tout les deux entendu le fameux « Not all men » qui avait été asséné avec force par l’homme, qui avait ensuite enchaîné avec une demie-heure d’explications à sa compagne sur le fait que la généralisation des hommes était dénigrante et ne leur donnait pas envie de faire des efforts. Comme ils étaient adultes, ils avaient donc passé le reste de leur week-end à asséner des « Not all » pour tout et n’importe quoi : Not all touristes, Not all Serpentard, Not all cognards, Not all poulpes (et au passage, étaient tombés d’accord sur le fait que Pas tous les Serpentard mais comme par hasard, toujours un Serpentard...)

Le regard taquin qu’elle lui envoya lui fit un petit quelque chose et il ne put s’empêcher de sourire lorsqu’elle ajouta que cela se voyait qu’elle était sous son charme depuis qu’il parlait de céramique (la demie-heure passée hier soir à chercher des monuments barcelonais à lui faire visiter, en lisant les descriptifs, avait décidément été un très bon choix.) N’y résistant pas cette fois-ci, il se pencha pour déposer un baiser sur sa joue, son bras venant entourer sa taille quelques secondes.

- C’est toi qui n’est pas bien de me dire des choses comme ça en public, souffla-t-il au passage à son oreille.

Il eut un rire à la mention de la nomination au Souaffle d’Or de Guillem.

- Ne lance pas le sujet devant lui par contre, il est intenable avec ça. Il est persuadé qu’il va absolument l’avoir après qu’on le lui ait « volé » en 2016. Lundi ou mardi, je lui ai rappelé que mon père en avait deux, il a été en boucle sur le sujet tout l’après-midi. Il eut un instant de réflexion. En fait, il peut être pire que mon père des fois, mais en catalan... C’est dur à vivre, je te l'avoue.

******

Le fou-rire qu’ils avaient eu en faisant leur liste des grandes phrases de son père était difficile à retranscrire. Ils en avaient eu les larmes aux yeux. Ils s’appliquaient systématiquement à reproduire son petit accent écossais quand ils l’imitaient, sourcils froncés et poings sur les hanches, et c’était toujours la cerise sur le gâteau qui achevait Andrew. Maeva avait elle-même sorti sa liste froissée de sa poche. Elle avait visiblement coché pas mal de ses cases et se sentait elle-aussi en bonne voie pour la victoire.

- Quand j’étais capitaine de l’Angleterre, elle est don-née, affirma Andrew avec un brin de mauvaise foi. On n’aurait même pas dû la mettre, c’est de la ponctuation chez lui.

Il l’avait cochée également, assez tôt dans la soirée. Il était assez embêté pour l’histoire des enfants sur les balais, car elle ne venait pas toujours spontanément et encore plus embêté pour sa phrase spéciale à lui. Olivier lui disait sans cesse quand il jouait à Dallas mais plus trop depuis qu’il avait rejoint le Barqua... Il suivit le regard de Maeva, pour apercevoir son père en grande discussion avec Juniper Bailey, son ancienne coéquipière.

- Attends.. Il te reste quoi à avoir, là ? Montre ?

Il baissa la tête pour déchiffrer sa serviette cochée à des endroits.

- Il t’en reste quatre... Il m’en reste quatre... Donc le premier à parler à mon père peut toutes les décrocher...

Le silence s’établit un instant entre eux. Leurs regards se croisèrent, un bref instant.

Puis brusquement, sans se concerter, ils décollèrent à toute vitesse en direction d’Olivier.

Ils ne couraient pas - ils étaient civilisés, voyons, au sein d’une telle soirée, ils n’étaient plus des enfants - mais ils marchaient très vite et de façon très déterminée. Maeva se glissa avec souplesse entre deux serveurs et Andrew s’apprêtait à faire de même quand le visage d’Ignatius Thorne se présenta devant lui, lui tendant une main ferme, qu’il serra machinalement en retour. C’était un membre de la présidence des Faucons de Winbourne, il était accompagné d’une femme qu’il lui semblait déjà avoir vue, qui devait appartenir à la Ligue...

- Aaah, monsieur Dubois, la personne avec qui je voulais échanger ! Karen, vous avez déjà rencontré Andrew Dubois-Cavill, n’est-ce pas ?
- Oui, au dernier Euro, commença Karen, le match contre l’Italie, on doit absolument en parler, parce que...

Le regard désespéré d’Andrew accrocha le dos de Maeva, qui rejoignait déjà Juniper et son père. En trois minutes, elle pouvait boucler le bingo.

- Et je disais justement à Karen, continuait Thorne, à quel point la défense, le travail des batteurs, était...
- Excusez-moi, coupa un peu abruptement Andrew. Il faut absolument que je vois... mon père, ajouta-t-il en rencontrant pour la première fois les yeux un peu confus de ses interlocuteurs. Je reviens, mentit-il pour faire passer la pilule.

Il fendit la foule le plus rapidement possible, pour venir se glisser à côté de Maeva « Lâcheuse », murmura-t-il à son adresse, en lui donnant un léger coup de coude. Olivier était lancé dans une grande tirade, pendant que Juniper sirotait sa coupe de champagne.

- Et tu vois, ce que je disais à Harold l’autre jour, c’est que bien sûr les Tornades ont des qualités de jeu... c’est juste qu’ils sont incapables de les mobiliser.

Juniper fit la grimace.

- J’ai souffert physiquement lors de leur rencontre contre les Faucons. J’étais dans mon canapé, et j’ai souffert physiquement, je te le dis, Olivier.
- Je sais, Juni, fit son père avec emphase.

Il secoua la tête puis posa les yeux sur lui, remarquant sa présence.

- Hey, mon grand. Vous passez une bonne soirée ? interrogea-t-il à l’adresse de Maeva et lui.
- Super, répliqua immédiatement Andrew, je disais justement à Maeva à quel point cela me faisait plaisir de revenir ici, à Flaquemare, dans les locaux de Flaquemare... Quelle équipe, quand même, quelle équipe...

Il était prêt à tout donner pour obtenir sa réplique spéciale « Andrew, quand tu choisiras une vraie équipe. »


Viva Barcelona [Maeva et Andrew] 6b811921bb30dc0927a87d115ba521cc-side
Maeva Virtanen
Maeva VirtanenArchimage urbaniste
Messages : 409
Profil Académie Waverly
Viva Barcelona [Maeva et Andrew] Icon_minitimeDim 10 Mar 2024 - 6:00
Ils étaient restés relativement sages pendant toute la durée de la célébration officielle. Ils avaient grignoté des petits-fours et bu du champagne en bavardant, sans pouvoir s’empêcher de s’échanger quelques regards caressants. Andrew était finalement allé rejoindre ses coéquipiers pour prendre quelques photos et le moment s’était éternisé à cause des directives très précises du photographe. La main était trop haute chez l’un. Les doigts trop écartés chez l’autre. Le menton trop bas. La luminosité trop faible. La symétrie mauvaise. La chemise de Guillem était trop bleue, cela n’allait pas avec le reste des costumes. Le petit homme avait crié des ordres en espagnol que Marisol lui avait traduit. Elles avaient beaucoup ri toutes les deux en observant Pablo et Andrew qui avaient été séparés – ils avaient une carrure trop similaire, cela ne fonctionnait pas – puis remis l’un à côté de l’autre – c’est ce que les fans veulent voir ! – puis de nouveau séparés – finalement, la première composition était la meilleure.

Après cette séance de torture, la plupart des joueurs avaient fait le choix de quitter le restaurant pour se rendre dans un petit club huppé qui donnait sur une plage privée. Maeva n’avait pas retenu le nom – Fira ? Pacha ? Locura ? Quelque chose en “A”, bien évidemment. Comme la soirée était belle, la plupart des clients se trouvaient à l’extérieur, soit sur la terrasse soit plus bas sur la plage. Le DJ mixait depuis la terrasse, à quelques mètres du bar derrière lequel plusieurs personnes s’affairaient. Les serveurs passaient entre les tables pour ramasser les verres vides qu’ils posaient ensuite sur des grands plateaux qui lévitaient paresseusement à plusieurs mètres du sol.

L’ambiance était survoltée après cette victoire contre les Manticores de Milan. Certains joueurs s’étaient lancés dans des chants à s’en casser la voix en se tenant par les épaules ou par la taille. En les observant, Maeva avait songé que, décidemment, le monde du Quidditch était un milieu très homoérotique. Il y avait beaucoup d’hommes, souvent enfoncés dans une certaine virilité, qui en oubliaient tous les codes dès qu’ils vivaient une victoire. Ils partageaient de longs regards et des étreintes très – très – proches comme si la liesse les autorisait à sortir des codes de la masculinité. C’était toujours très drôle à voir, surtout que Maeva était certaine que la plupart des joueurs présents s’en défendraient corps et âme (surtout Bernado et Aziz, qui se sautaient pourtant dessus au moindre but marqué par le Barqua.)

La soirée battait son plein lorsqu’elle se retrouva un peu plus bas, sur la plage. Elle avait abandonné un cocktail sur la table basse pour rejoindre Pablo, Marisol et Andrew. Elle ne savait plus exactement comment ils en étaient arrivés là, mais ils se livraient une compétition de danse acharnée dans laquelle ils étaient autant participants que juges. Pablo avait dû les défier et Maeva répondait très bien au défi – on ne finissait pas à Gryffondor pour rien, dans ce bas-monde. Elle avait donc critiqué avec beaucoup d’emphase et d’objectivité la performance de Pablo et de Marisol – qui était pourtant très bonne – tout en dansant avec Andrew. Ils étaient forcément plus maladroits mais ils riaient beaucoup et, de toute façon, ils étaient de très mauvaise foi donc ils s’assuraient mutuellement de livrer une excellente performance, digne des plus grands plateaux de télévision, malgré les commentaires moqueurs de Pablo.

“Je pense qu’il est jaloux” lui confia Maeva alors qu’Andrew la faisait tourbillonner autour de lui. Lorsqu’elle retrouva son regard, elle tituba un peu. “Je veux dire, on incarne quand même la grâce et l’excellence, c’est évident.”

***

Maeva n’était peut-être pas une joueuse de Quidditch mondialement connue mais battre Andrew dans cette petite course impromptue jusqu’à Olivier lui offrit une aussi grande satisfaction que si elle avait remporté la coupe européenne (elle avait un léger esprit de compétition). Elle adressa un grand sourire à Olivier, plongé dans sa discussion avec Juniper et réprima un rire lorsqu’Andrew la rejoignit. Elle répondit à son murmure par un regard parfaitement innocent mais resta concentrée sur la conversation qui se déroulait à côté d’eux.

Il lui restait quatre phrases : “il faut mettre les enfants sur des balais avant qu’ils sachent marcher, ça améliore l’équilibre” (celle-ci n’était pas évidente, elle se disait qu’elle pouvait peut-être l’avoir en évoquant les quelques enfants qui courraient toujours entre les tables), “la force de Flaquemare, c’est avant tout le collectif” (elle était plus simple, il suffisait de lancer Olivier sur le sujet), “lors de la rencontre avec Madrid en 2002” (pas évidente non plus, peut-être qu’elle pouvait mener la conversation en parlant du transfert d’Andrew chez le Barqua mais elle ne voulait pas non plus lui ouvrir la voie pour décrocher sa spéciale) et sa spéciale à elle. La tâche était ardue mais pas impossible ; depuis le début de la soirée, Maeva avait réussi à cocher quelques perles comme “il n’y a pas de travail sans talent, il n’y a pas de talent sans travail” dont elle était particulièrement fière.

Mais Andrew ne comptait pas la laisser s’en tirer avec une victoire facile et la manière dont il orienta la conversation l’obligea à réprimer un rire. Elle intervint avant la réponse d’Olivier :

“Oui, quelle équipe... Je comprends pourquoi mon père a fait carrière ici, c’est tellement...”

Elle vit les sourcils épais d’Olivier se froncer (c’était gagné, le souvenir de James Smith lui faisait toujours tirer cette tête) et lançait déjà un regard en biais à Andrew lorsque Juliet Wilson s’approcha et coupa Olivier dans sa réflexion.

“Salut Juniper, ça fait longtemps, la salua-t-elle avec un sourire.
-Match magnifique contre les Harpies, Juliet.” répondit cette dernière avec un sourire chaleureux.

Les joueurs de Quidditch avaient curieusement tendance à se dire bonjour en se complimentant sur leurs récents performances.

“Très technique, commenta la capitaine. Mais on s’était bien préparés.
-Oui, j’ai trouvé le match très harmonieux du côté de Flaquemare”, souligna Maeva (elle pouvait bien avoir la phrase sur le collectif !) Toutes les formations étaient vraiment fluides...”



Shake it out
I like to keep my issues drawn, it's always darkest before the dawn
Andrew O. Dubois-Cavill
Andrew O. Dubois-CavillJoueur de Quidditch professionnel
Messages : 475
Profil Académie Waverly
Viva Barcelona [Maeva et Andrew] Icon_minitimeDim 10 Mar 2024 - 18:57
C’était avec un peu de regrets que Andrew était enfin parti faire les photographies réclamées à corps et à cris depuis le début de la soirée. Ils avaient énormément discuté, beaucoup ri, avaient procédé à une comparaison attentive de la plupart des choses du buffet, avaient écouté Aziz et Ousmane leur refaire le match à grands renforts de gestes et d’exclamations, étaient sortis avec les autres pour observer la vue imprenable que la terrasse offrait sur Barcelone. Il était possible qu’il en ait profité pour déposer quelques baisers dans le cou de Maeva, à la dérobée. Pas vus, pas pris.

Le photographe avait visiblement en tête une idée très précise des clichés qu’il voulait obtenir et ils avaient passé un temps déraisonnablement long à se positionner, se repositionner, à sourire, multiplier les poses. Il avait été éloigné de Pablo, puis rapproché, puis de nouveau éloigné (alors qu’ils avaient commencé à se marrer tous les deux en regardant Bernado qui faisait sa tête de photo - mâchoire serrée, biceps gonflé, petit déhanché pour casser la démarche comme Samuel Oumtiti). Ousmane avait dû se mettre devant le groupe, puis sur le côté, puis derrière puis accroupi devant le groupe (et Andrew ne parlait pas français mais il était quasiment persuadé que c’était une injure que son coéquipier avait prononcée à ce moment-là.) L’agacement était monté au fur et à mesure dans l’équipe, jusqu’à ce qu’un membre du staff intervienne pour y mettre fin et libérer tout le monde. Cela avait sonné comme un signal pour eux de décoller pour Cavespre, le club qu’ils fréquentaient régulièrement (Aziz un peu trop souvent, si on en croyait le recadrage que le coach avait dû lui faire au printemps dernier : moins de mojito, plus d’abdos.)

Comme d’habitude, l’ambiance était survoltée, peut-être un peu plus en raison de la victoire. La musique résonnait fort, les lumières tournoyaient, les mixologistes s’affairaient au bar pour proposer des boissons colorées, qui circulaient sur un plateau. À peine entré, Bernardo avait commandé trois magnums de champagne sous les applaudissements (avec les petites fusées étincelantes, il aimait bien.) La boite était divisée en plusieurs espaces, une large piste de danse, une grande terrasse sur les toits qui surplombait la mer où le DJ mixait et enfin une longue plage privée, qui se terminait en petites criques où les vagues venaient s’échouer. Des canapés et des fauteuils étaient répartis sur le sable, des serveurs passaient à intervalles régulières pour continuer d’abreuver les clients. Des farandoles de lumière ponctuaient le ciel. Après avoir un peu bu avec les autres, Andrew, Maeva, Pablo et Marisol étaient sortis sur le sable pour prendre un peu l’air.
Il ne savait plus tellement comment ils en étaient arrivés là (il avait la tête qui tournait un peu du champagne offert par Bernardo) mais ils s’étaient retrouvés dans une sorte de concours de danse officieux avec son coéquipier et sa copine. Guti avait sûrement dû leur dire qu’ils n’en n’étaient pas capables, or Maeva et Andrew étaient des Gryffondor : ils étaient capables de tout, si on insinuait qu’ils ne l’étaient pas. Le problème était que Marisol et Pablo étaient d’excellents danseurs, ils faisaient ça tout le temps, que ce soit sur une piste de danse, au milieu du salon principal de la coloc’ ou sur les réseaux sociaux, où ils postaient régulièrement des vidéos d’eux. Maeva et Andrew avaient un style un peu plus approximatif, surtout sur du sable. Danser n’avait jamais été forcément son truc, il se trouvait toujours trop grand et empoté, et son léger taux d’alcoolémie ne favorisait pas forcément la coordination de ses mouvements. Maeva, elle, se débrouillait mieux. Il n’avait pas lâché sa main fine depuis le début, leurs doigts entremêlés. Elle tournait, ses cheveux brillants se balançant le long de son dos nu, son rire cascadant sous les notes de musique. Il la fit tourner une nouvelle fois avant qu’elle ne se retrouve face à lui, son bras venant entourer sa taille.

- La grâce, l’excellence, le talent, même, confirma-t-il. Je ne t’ai pas dit que je m’entrainais pour faire Danse avec les Stars, quand je prendrais ma retraite ?

Pas très loin, Pablo fit basculer Marisol en arrière, la retenant par la taille : elle projeta ses cheveux en arrière avant de se redresser pour tourner. Il la souleva des deux mains avant de la reposer sur le sol, dans une sorte de pas de bachata.

Andrew cligna des yeux deux fois.

- Ils vivent pour les caméras ceux-là, je te jure, regarde moi ça !

Marisol virevoltait sur ses talons hauts, dont les multiples cristaux étincelaient à chaque mouvement.

- N’empêche, constata-t-il en se balançant doucement, elle n’était pas Miss Espagne pour rien : ses chaussures ressemblent à des engins de torture et elle n’était pas tombée une seul fois. Y’a une performance, faut l'admettre.

Lui avait failli s’emmêler les jambes un peu plus tôt dans la soirée, quand ils avaient tenté de tourner en même temps, leurs bras entremêlés.

- Ça va, abuelo y abuela ? lança Guti d’un ton moqueur, vous voulez un déambulateur ? 
- La ramène pas trop, Marisol fait tout le travail, là, contesta-t-il.

Guti haussa les épaules et s’éloigna dans une sorte de moonwalk, faisant des tourniquets avec ses bras. Andrew eut un rire, secouant la tête. Il baissa les yeux vers Maeva.

- Dans deux secondes, ils nous font la scène de Dirty Dancing.

Ils se regardèrent un instant, ses bras toujours autour de sa taille, alors qu’ils tournaient doucement. La pensée qu’elle était vraiment belle l’effleura pour la soixante-septième fois depuis le début de la soirée.

- ... Ça ne serait pas raisonnable, contesta-t-il avant qu’elle ne prononce un mot. Il avait vu l’étincelle dans ses yeux. Il ne put s’empêcher de rire. Je ne sais même pas dire « Elle s’est brisé la nuque » en espagnol... Je sais juste dire « commotion cérébrale » !

Souvenir d’un match contre Madrid.

****

Andrew était passé à rien de sa phrase spéciale, il le savait, il l’avait senti. Il avait perçu comment son père s’était légèrement tourné vers lui, il le connaissait par coeur. Mais la voix de Maeva avait retenti, orientant immédiatement la conversation sur son père. Olivier avait tourné le regard vers elle. Elle savait jouer, elle jouait très bien ! Avec désespoir, il observa son père froncer les sourcils, comme toujours lorsque James Smith était mentionné. C’était comme assister à une catastrophe ferroviaire : Andrew ne pouvait rien faire pour empêcher la catastrophe d’arriver, Olivier de prononcer une critique sur James Smith avant de se sentir obligé de mentionner 2004 (parce qu’il était mort.) Il était en train de réfléchir à toute vitesse pour intervenir mais son cerveau était vide. Il fut sauvé par le gong, ou plutôt par Juliet, qui venait saluer Juniper. Son père garda le silence une nouvelle fois. Andrew décrocha un regard victorieux à Maeva. Il fallait juste qu’il trouve le bon angle pour revenir sur son bingo à lui...

- Oui, j’ai trouvé le match très harmonieux du côté de Flaquemare, reprit Maeva, le devançant. Toutes les formations étaient vraiment fluides...

La Serpentard ! Elle allait décrocher sa phrase sur le collectif.

- Non ! interrompit brusquement Andrew.

Tous les regards se tournèrent vers lui. Il venait un peu de critiquer les formations de Flaquemare devant l’entraîneur, la capitaine et une ancienne joueuse. Son père le regardait avec surprise. Juliet avait haussé un sourcil.

Bon, bon, bon.

- Enfin. Il ne voulait pas laisser à son père la possibilité d’enchaîner sur le fait que la fluidité venait du sens du collectif de l’équipe. Le dernier match contre les Pies n’était pas...

Il se fut. Il allait se faire défoncer.

- Super fluide.
- Par-don ? s’indigna son père.

Il avait creusé sa tombe, il y restait.

- Non mais c’était pas mal. Olivier manqua d’avaler de travers. Mais Harrods et Raj n’étaient pas... fous.

Les deux batteurs qui avaient joué ce match, Raj étant un des remplaçants.

- Oui, enfin, Andrew, s’agaça Olivier, quand tu joueras dans une vraie équipe - Andrew retint un rire - tu pourras parler.

Bingo.

- C’est dingue ça, continuait de s’offusquer son père, critiquer la fluidité du jeu quand tes poursuiveurs ont l’air de se rencontrer pour la première fois sur le terrain, - brutal, songea Andrew - chacun veut tirer la couverture à soi, au Barqua, c’est « moi je moi je moi je », ils veulent tous être Ballon d’Or, c’est tout ce qui les intéresse, la performance in-di-vi-duelle ! C’est pas ça le Quidditch, Andrew, c’est pas ça, la force de Flaquemare, ce qui fait que l’équipe est au sommet depuis des années, la force de Flaquemare...
- Non mais papa...
- Ne me coupe pas pendant que je parle, la force de Flaquemare, c’est le co-llec-tif, c’est ça qui fait que l’équipe l’emporte, c’est pas une fabrique à starlettes qui pensent avoir inventé le Vif d’Or.

Olivier était tout contrarié. Après un silence, il ajouta.

- Je ne parle pas de toi, évidemment.
- Evidemment.

Il échangea un regard amusé avec Maeva. 1 partout, Souaffle au centre.



Viva Barcelona [Maeva et Andrew] 6b811921bb30dc0927a87d115ba521cc-side
Maeva Virtanen
Maeva VirtanenArchimage urbaniste
Messages : 409
Profil Académie Waverly
Viva Barcelona [Maeva et Andrew] Icon_minitimeMar 12 Mar 2024 - 21:32
Andrew n'était jamais très à l'aise lorsqu'il dansait. Il se prêtait parfois au jeu mais ce n'était pas ce qu'il préférait, c'était évident. Maeva se débrouillait un peu mieux que lui mais elle était loin d'avoir un niveau qui approchait celui de Marisol ou de Pablo. Un jour, ils s'étaient essayés à la salsa ensemble et cela avait été une joyeuse catastrophe qui, au moins, avait eu le mérite de les faire rire. Maeva ne doutait pas qu'ils riraient sûrement de leur performance de ce soir (mais peut-être pas autant que Pablo, qui semblait prendre un malin plaisir à les voir galérer.)

Du coin de l’œil, elle le vit réaliser une acrobatie un peu compliquée sans laisser paraître le moindre effort. Elle eut un rire au commentaire d’Andrew et ajouta :

“Qué fanfarrón !”

Elle n’avait pas la traduction précise du mot mais c’était le qualificatif qui revenait le plus souvent au sein de l’équipe pour évoquer l’attitude légèrement m’as-tu-vu de Pablo. Maeva avait un vocabulaire très limité en espagnol mais elle était comme ça, elle aimait bien se moquer des gens dans leur langue maternelle.

“Non mais c’est clair,” admit-elle quand Andrew évoqua les talons hauts de Marisol. Elle dansait comme si elle portait de vulgaires baskets, alors que ses talents devaient mesurer une dizaine de centimètres. Maeva, elle, avait retiré ses chaussures deux heures plus tôt lorsqu’elle était descendue un peu plus bas sur la plage et ne les avait pas remises depuis. Elle était pourtant habituée à porter des escarpins, elle en mettait presque tous les jours pour aller au travail mais, à la différence de Marisol, son métier ne lui demandait pas de réaliser pas chorégraphiés sur de la musique (cela dit, les délégués du bien-être au travail trouveraient peut-être l’idée judicieuse pour leur permettre à tous de relâcher la pression (plutôt que d’interdire les heures supplémentaires)). “Je comprends pas quand tu me parles en espagnol, Pablo, répliqua Maeva lorsqu’il passa à côté d’eux avec un sourire moqueur aux lèvres. C’était un compliment, évidemment ?” s’enquit-elle auprès d’Andrew avec un regard entendu.

Ils se balançaient doucement, au rythme de la musique qui ralentissait enfin. La suggestion d’Andrew fit passer un éclat d’intérêt dans son regard qui n’échappa pas à son partenaire de danse. L’idée était tentante. Pas très raisonnable, mais tentante. Ils s’amusaient bien, ils avaient un peu bu (suffisamment pour oublier les conséquences d’une commotion cérébrale, en tout cas) et ils n’avaient jamais été très forts pour être raisonnables.

“Non mais sinon, tu me laisses juste pas tomber, opposa-t-elle. Je veux dire, tu renvoies quand même des Cognards en plein vol sur des distances énormes. Et je suis... Plus lourde qu’un Cognard, d’accord, admit Maeva avec un rire en resserrant ses bras autour d’Andrew. Mais on est plus proches du sol ! En plus, ce serait un peu ton moment pour prouver que tu ne fais pas que de la gonflette, contrairement à Perez...”

***

Maeva ne savait pas ce qui était le plus drôle : écouter Olivier parler ou voir Andrew se faire renier par son père parce qu’il avait osé critiquer Flaquemare (dans le stade sacré !). Probablement les deux. Son sourire se tordit légèrement sur son visage lorsqu’Olivier céda face aux manipulations de son fils et l’incita à rejoindre une vraie équipe mais, évidemment, l’entraîneur ne s’arrêta pas là et enchaîna sur une longue tirade sur la force de Flaquemare. La vraie force de Flaquemare, disait-il avec les sourcils froncés au-dessus de ses yeux bruns.

“C’est le co-llec-tif” acheva Maeva dans sa tête, en même temps que cette fameuse phrase était prononcée.

Bin-go.

La jeune femme renvoya un regard satisfait à Andrew – il allait probablement être déchu du nom Dubois et n’avait même pas une réelle avance sur elle – avant d’abonder dans le sens d’Olivier (elle, elle pouvait peut-être prétendre à se faire adopter par les Dubois, puisqu'une place était vacante) :

“Mais c’est sûr que le collectif, c’est ça la vraie valeur du sport, le véritable intérêt, même, du Quidditch. Sinon, autant aller faire de la course sur balai !”

Elle s’apprêtait à enchaîner pour placer une petite réplique sur son père lorsque Juniper prit la parole avec un petit regard en biais pour Andrew :

“Non mais c’est bien qu’il ait des opinions de toi, Olivier. C’est important pour la construction de nos enfants... Tu sais, pour grandir, il faut tuer le père, et du coup Flaquemare...”

Maeva vit Juliet retenir un rire mais abonder dans le sens de son entraîneur :

“Mais critiquer Flaquemare à domicile, pendant qu’il boit notre champagne et qu’il mange nos petits-fours, c’est quand même un peu culotté de sa part...
-C’est vrai, renchérit Maeva. Quelle manque de reconnaissance. Alors que tu as pratiquement grandi ici dans ce stade, en plus.” Elle secoua la tête avec un sourire et enchaîna : “Il va falloir trouver un autre enfant à entraîner pour le faire jouer à domicile, maintenant.”  

Elle pouvait encore obtenir la phrase sur les enfants qu’il fallait mettre sur un balai avant qu’ils apprennent à marcher et s’assurer une belle avance.




Shake it out
I like to keep my issues drawn, it's always darkest before the dawn
Andrew O. Dubois-Cavill
Andrew O. Dubois-CavillJoueur de Quidditch professionnel
Messages : 475
Profil Académie Waverly
Viva Barcelona [Maeva et Andrew] Icon_minitimeMer 13 Mar 2024 - 0:45
Andrew rit de bon coeur lorsque Maeva s’exclama sans la moindre hésitation “Qué fanfarrón !” pour désigner Pablo. Il la regarda avec amusement, les yeux baissés sur elle. Elle avait déclaré ça avec un tel naturel, un tel entrain et il ne put s’empêcher de se faire la réflexion que c’était extrêmement adorable (et vrai, très vrai. Pablo adorait qu’on s’intéresse à lui, il était très extraverti et aimait être le centre de l’attention : mais il était toujours très drôle et sympathique et cherchait à inclure les gens autour de lui.) Avec Marisol, ils s’étaient bien trouvés. En soirée, ils étaient toujours les premiers au centre de la piste, à avoir les mouvements de danse les plus audacieux. Ils postaient toujours des trucs sur les réseaux aussi, plein de vidéos.

- Qué fanfarrón, confirma-t-il avec un grand sourire.

Et il se permettait de se moquer d’eux, en plus ! Alors qu’il repartait en moonwalk, Andrew lui adressa un regard équivoque, que son meilleur ami ignora encore plus ostensiblement. Quand Maeva plaisanta que c’était forcément un compliment, il secoua légèrement la tête pour marquer son hésitation.

- Il a soit dit « Mais quel incroyable talent, je suis époustouflé par votre grâce et votre manière de bouger et il me semble que vous venez de réinventer le ballet contemporain, l’Art vous en remercie » soit il nous a traité de petits vieux. Crois-le ou non mais en espagnol, ces deux expressions sont extrêmement proches.

Et c’est vrai que leur léger balancement alors que la musique ralentissait n’avait rien de bien impressionnant mais c’était agréable. Elle était tout proche de lui, ils riaient, l’air était doux, on entendait les vagues à quelques encablures, les lumières de la soirée passaient sur le visage de Maeva et il se sentait très heureux d’être là avec elle (et ses amis et coéquipiers, un petit peu quand même.) Aussi, lorsqu’il vit l’étincelle naître dans ses yeux à la mention de Dirty Dancing, son premier réflexe fut de secouer la tête. Il avait vu le film plusieurs fois, c’était l’un des préférés de sa mère (avec Fame et Mamma Mia !, elle était une grande fan de comédies musicales.) Et cette scène, avec le porté, était iconique, il la visualisait très bien dans sa tête mais il visualisait aussi la potentiel gamelle... Après c’était du sable... Mais tout de même ! S’il avait été celui qui tombait, il aurait clairement pu l’envisager (il n’était pas un ancien Gryffondor qui faisait des altos arrières du haut du rocher qui surplombe le lac de l’école pour rien) mais l’idée de laisser Maeva s’écraser la tête la première sur le sol le bottait tout de même peu. Sauf qu’en bonne Gryffondor qu’elle était, elle n’y voyait pas trop de problèmes ; elle s’empressa d'ailleurs de souligner qu’il renvoyait des cognards en plein vol et qu’il avait donc la force de le faire.

- Non mais je sais que je peux te soulever sans difficulté, répondit-il en riant, mais je ne sais pas si je peux te soulever comme ça, là, il eut un geste de la main pour désigner une sorte de planche horizontale.

C’était toute la difficulté de la chose (il lui semblait, en tout cas, du haut de son expertise de danseur qui se résumait à trois films.) Elle glissa ses bras autour de lui et il sentit ses résistances fondre un peu. Et puis elle mentionna Perez.

-... Ok, on le fait, déclara-t-il d’un coup.

Il referma ses mains autour de la taille de Maeva, la soulevant du sol. Il vint glisser un de ses bras sous ses cuisses, l’autre se posant dans son dos pour qu’elle ne bascule pas.

- Perez, se contenta-t-il de déclarer avec une désapprobation (presque) feinte. Perez.

Juan Perez était l’un de ses coéquipiers au Barqua, un poursuiveur. Ce n’était pas que Andrew ne l’appréciait pas... c'était qu’il préférait quand il ne jouait pas, ne parlait pas voire même, n’était pas là. Il le trouvait désagréable, du genre à faire des petites remarques quand les concernés avaient le dos tourné, à tenter d’échanger des messes basses avec qui voulait bien l’écouter, à toujours blâmer les autres pour ses fautes. C’était l’arbitre, le matériel, la météo, absolument tout sauf lui. Il était relégué sur le banc depuis mai dernier et cela n’arrangeait pas trop son humeur. Le problème était que l’agacement d'Andrew à l’égard de Juan n’était pas vraiment partagé en dehors de la plupart de ses coéquipiers, qui connaissaient ses traits de caractère. Car Juan était très beau. Beau à en faire des publicités, même (à défaut de savoir tirer un pénalty correctement, comme le disait Guti) et la dernière étant une pub pour des boxers. Andrew aurait très bien pu se passer du risque de tomber à chaque coin de rue sur des panneaux géants de Juan en sous-vêtements. Maeva savait tout cela, elle savait très bien tout cela et elle savait très bien s’en servir pour l’embêter un peu quand elle le voulait. Il le réalisait. Et il courait quand même.  

- Et maintenant je ne sais pas quoi faire, confessa-t-il en réajustant légèrement sa position, sans pour autant la redescendre. Je crois qu’on s’y est mal pris.  

Au final, elle était juste dans ses bras. Très agréable mais pas le but de la manoeuvre (pas le but premier).

****

Le but d’Andrew était très clair : pousser son père à prononcer un maximum de répliques afin de terminer le bingo avant Maeva, tout en l’orientant suffisamment pour qu’elle ne puisse pas cocher les siennes. Il l’appréciait beaucoup mais il n’allait quand même pas perdre une compétition au sujet de son propre père. La première partie de son plan avait été plutôt réussie, il avait obtenu le point « Vraie équipe » mais il avait très vite perdu le contrôle... Dans sa précipitation à interrompre Olivier, il avait commis une erreur fatale.

Emettre une critique contre Flaquemare.

Qu’il ne pensait même pas ! (Presque pas, si on ne le lançait pas sur le sujet d’Hardman, l’un des batteurs.)  

Les tirades de son père, il en avait l’habitude. Le regard amusé de Maeva, il l’ignora avec toute la dignité dont il était capable. La vraie erreur avait été de parler en présence de Juniper et de Juliet, qui l’attendaient toutes les deux au tournant. Il avait bien vu leurs réactions perplexes mais que pouvait-il dire ? C’est pour le bingo ? Non, c’était trop tard. Et cela aurait été déshonorer le bingo que d’utiliser cette excuse facile. La victoire valait bien de perdre famille, amis et perspectives de carrière (son contrat au Barqua durait encore deux ans, il vivrait.) Il devait supporter les coups. Même s’il était douloureux.

Juniper ouvrit le feu la première, avec une petite remarque mesquine sur le fait qu’il devait tuer le père pour grandir. C’était très injuste, il était très émancipé de son père et même si les mauvaises langues disaient que non car ils jouaient le même sport, portaient le même nom et le même numéro, c’était juste parce que c’était aussi son nom de famille et c’était sa date de naissance, à la base. En plus il jouait en Espagne. Après avoir joué aux Etats-Unis. Loin. Loin de son père.

Mais il n’eut même pas le temps de défendre son honneur que Juliet enchaînait déjà, avec un petit sourire qu’il connaissait bien. Elle abonda dans le sens des autres, décrétant qu’il était bien culotté de les critiquer à domicile, en dégustant leur buffet. Il s’apprêtait à répondre lorsque Maeva ouvrit la bouche et il tourna un regard entendu vers elle.

Elle n’allait pas faire ça, quand même ? Sa camarade de jeu ? Son amie d’enfance ? Sa partenaire de bingo ? Elle n’allait pas le pousser sous le Poudlard Express juste pour gagner ? Pour remporter un bingo ?

Quelle manque de reconnaissance, déclara-t-elle en le regardant dans les yeux, faussement désapprobatrice, un petit sourire au coin des lèvres.

Un fin rictus s’inscrivit sur le visage d’Andrew alors qu’il soutenait son regard. Quelle traîtresse. Quelle Serpentard !

Et sans hésiter, sans ciller, elle asséna le coup final.

-  Il va falloir trouver un autre enfant à entraîner pour le faire jouer à domicile, maintenant.  

Olivier haussa les épaules.

- C’est un bébé qu’il faudrait trouver, parce que l’entraînement, les réflexes moteurs, ça commence tôt. De toute manière, j’ai toujours pensé qu’il fallait mettre les enfants sur un balai avant qu’ils ne savent marcher parce que...

Andrew ferma les yeux un instant, pour ne pas croiser le regard victorieux de Maeva. Quelle joueuse. Pendant que son père babillait sur l’éducation et l’entraînement, il se mit à réfléchir. Son seul moyen de l’emporter encore était d’avoir deux belles répliques bonus sur Marcus Flint. Et le seul moyen rapide était de savonner encore plus la planche.

Qui avait besoin d’un père, quand on avait une victoire au bingo ?

- C’est drôle, interrompit-il, c’est exactement ce qu'ils disaient quand j’étais chez les Catapultes...

Olivier tourna ses yeux bruns vers lui.

- Qui... ?
- Oh. Ils.

Il y eut un échange silencieux entre le père et le fils. Olivier fronça ses sourcils. Ecarquilla les yeux. Ouvrit la bouche.

- Tu veux dire Marcus Flint ?

Ce n’est pas lui qui avait prononcé le mot en M. L’air de rien, il prit une longue gorgée de champagne.

- Mais de toute manière ce type n’a jamais eu une idée originale à lui ! Il faut toujours qu’il aille s’approprier ce qu’il ne lui appartient pas, c’est comme - tiens - c’est comme quand on était à Poudlard ! J’étais là, je me cassais le dos à proposer des strat’ inventives pour l’équipe, on les aligne contre Serdaigle et ce poseur de Roger Davies ou même contre Diggory de Poufsouffle tiens, paix à son âme, le pauvre, je fais des strat’ et là MONSIEUR MARCUS FLINT DE SERPENTARD débarque et...

Andrew retint un rire devant le courroux de son père et avala de travers sa gorgée de champagne, se mettant à s’étouffer de rire. Il se détourna pour tousser dans sa manche. Il avait eu la mention des trois autres capitaines, c’était forcément un bingo. Entre deux quintes de toux, il adressa un regard goguenard à Maeva.

- ... et là je dis au professeur McGonagall qu’elle ne peut pas annuler le Quidditch...

De l’air, il avait besoin d’air. Il bloqua son diaphragme un grand coup pendant que son père était lancé, comme un cognard à pleine vitesse.

- ... mais noooon, Marcus Flint, encore et toujours ! Et je ne parle même pas du match contre les Faucons de 2003 où après avoir gagné - enfin, moi aussi je peux gagner en multipliant les fautes mais en fait, je joue actuellement au Quidditch, pas à du free fighting de l’air, il a paradé comme un Niffleur qui a trouvé une pièce en chocolat dans touuuut le stade ! Mais de toute manière, ça ne serait pas arrivé si Smith avait su tirer un pénalty, mais non, on aurait dit que ce jour-là il venait de découvrir l’existence de ses bras et n’avait pas encore fait toutes les connexions ! Pardon Maeva, je sais qu’il est mort et puis il a plutôt fait des bonnes choses en 2004 à l’Euro mais en 2003, c’était un strangulot sans nageoires ! Un balai sans manche ! Le mec venait de découvrir les règles du jeu, hein ! Pardon, hein, Maeva, il est mort mais. Il ne l’était pas à ce moment-là donc je peux le dire ! Enfin, je crois qu’il ne l’était pas, parce qu’à le voir voler, tu n’aurais pas dit. 

Andrew relâcha d’un coup sa respiration, qui se transforma immédiatement en fou-rire. C’était trop. Il allait l’achever.



Viva Barcelona [Maeva et Andrew] 6b811921bb30dc0927a87d115ba521cc-side
Maeva Virtanen
Maeva VirtanenArchimage urbaniste
Messages : 409
Profil Académie Waverly
Viva Barcelona [Maeva et Andrew] Icon_minitimeMer 13 Mar 2024 - 21:29
Parfois, on oubliait qu’Andrew était le fils d’Olivier Dubois parce qu’il avait certaines compétences sociales dont son père était complètement dépourvu. Il était empathique, très attentionné, il saisissait facilement l’état émotionnel des personnes qui l’entouraient (enfin, aussi bien qu’un homme pouvait le faire.) Et parfois, les traits d’Olivier ressortaient brusquement chez son fils. Andrew pouvait se montrer très obtus sur certains sujets – le Quidditch, pour ne citer que lui – et il suffisait parfois d’un seul mot pour le lancer dans de longs monologues qu’elle écoutait toujours avec un sourire un peu narquois aux lèvres. Un jour, elle lui avait dit “Je crois que je pourrais faire un bingo sur toi, Andrew” et ils avaient beaucoup ri en imaginant ses meilleures répliques.

La mention de Perez faisait évidemment partie de la grille (avec “quand j’étais capitaine de l’équipe de Gryffondor”, “ma prof d’espagnol a dit que” et “le jour où j’ai été appelé pour jouer la finale du mondial” pour n’en citer que quelques unes.) C’était un coéquipier d’Andrew, un poursuiveur qui chauffait davantage le banc des remplaçants que le manche de son balai depuis la dernière saison et qui n’avait pas une très bonne réputation dans l’équipe. Maeva l’avait croisé une ou deux fois lorsqu’elle était venue à Barcelone et avait très vite compris pourquoi il générait tant d’animosité. Juan Perez était un homme très désagréable qui, un soir, lui avait longuement parlé de sa difficile existence de joueur de Quidditch célèbre qui ne pouvait jamais “vraiment savoir les intentions des femmes qui l’approchaient” (elle s’était retenue de lui dire qu’il était difficilement désirable pour autre chose que son corps et son argent, mais elle s’était mordue la langue juste à temps.)

Les sourcils froncés d’Andrew au-dessus de ses yeux clairs lui tirèrent un petit rire et Maeva fit glisser un bras autour de son cou alors qu’il la soulevait dans ses bras. Ils n’étaient pas exactement dans la position visée – voire plutôt : pas du tout. Andrew le fit remarquer et elle secoua la tête en croisant son regard :

“T’as oublié toute la partie où je suis censée courir jusqu’à toi...” Elle haussa les sourcils. “Pour bénéficier du principe d’inertie, tu sais ? Et éviter d’avoir à soulever tout le poids de mon corps inactif au-dessus de ta tête ? Ce qui est – sans vouloir douter de ta force – plutôt impossible ?”

Elle eut un sourire en coin, fit glisser ses doigts dans sa nuque et lança :

“Et si c’était une manœuvre pour m’embrasser, tu avais au moins une vingtaine d’occasion de le faire avant, tu sais.”

***

Olivier était lancé. Maeva hocha la tête avec un air très concerné sur le visage lorsqu’il mentionna la nécessité d’apprendre aux enfants à voler avant même qu’ils n’apprennent à marcher, savourant intérieurement cette petite victoire. Maintenant, il suffisait d’écouter l’entraîneur parler et de cocher mentalement toutes les dernières cases qu’il lui restait. Du coin de l’œil, elle vit Juliet et Juniper échanger un regard éloquent, comme les proches d’Olivier le faisaient souvent lorsqu’il se lançait dans un long monologue. Dans ces moments-là, mieux valait ne pas l’interrompre et attendre que la vague passe.

Il n’y avait bien qu’Andrew pour se tenir sur le passage d’un tsunami.

Et pour continuer à l’alimenter.

La mention des Catapultes fit immédiatement réagir Olivier. En une poignée de secondes, Olivier s’était éloigné du présent pour retourner à l’époque lointaine de sa scolarité. Et Marcus Flint et Diggory et Roger Davies et cette sombre histoire où, un jour, la saison de Quidditch avait été annulée. Maeva dut se mordre la lèvre pour ne pas rire : Olivier était en train de transcender le bingo. D’inventer une nouvelle grille et de la remplir devant leurs yeux ébahis.

Il n’était inarrêtable et, plus il parlait, plus son débit devenait rapide et plus Maeva avait envie de rire. Elle sentait bien qu’Andrew n’en menait pas plus large à côté d’elle, ce qui ne l’aidait en rien à conserver un calme apparent. Ses doigts s’étaient resserrés autour de sa coupe de champagne et elle planta ses dents à l’intérieur de sa joue.

Puis Olivier enchaîna sur son père. Il le mentionna deux fois pour critiquer son jeu et s’empressa à chaque fois de rajouter, avec un regard pour elle “je sais qu’il est mort” et même “mais il a fait de bonnes choses à l’Euro de 2004.” Le moment aurait pu être brutal, voire cruel car Maeva nourrissait des sentiments très ambivalents à l’égard de son père. Mais entendre Olivier parler de James Smith ne majorait jamais la peine qu’elle pouvait ressentir à son sujet ; au contraire, cela la réconfortait curieusement. Il faisait vivre un souvenir qu’elle acceptait de conserver de lui ; celui du joueur de Quidditch passionné et investi qu’il avait été pendant toute son enfance. Ce n’était pas pour rien qu’elle continuait à venir à Flaquemare deux fois dans l’année, quand bien même les lieux étaient marqués par la présence et l’absence de son père. De lui, c’était le seul héritable qu’elle acceptait. Ils avaient connu de beaux moments ici, tous les deux. Des moments doux, des moments drôles, des moments tendres entre un père et sa fille qu’elle voulait continuer à faire vivre d’une certaine façon. Elle avait de colère aussi, beaucoup de colère, même, contre lui. Mais jamais à Flaquemare.

Le discours d’Olivier – qui, d’une certaine manière, contribuait au souvenir de son père – lui donna envie de rire bien plus qu’elle ne s’en sentit blessée. Les larmes lui montèrent aux yeux et, en même temps qu’Andrew, un hoquet lui échappa.

“Ça va ?” lui demanda Juliet avec un regard soucieux.

Maeva hocha la tête avec raideur, le ventre tellement contracté pour ne pas rire qu’il en devenait douloureux.

“Olivier, souffla la capitaine de l’équipe avec un regard pour son entraîneur, tu ne peux pas dire des choses comme ça devant...
-C’est bon, l’interrompit Maeva, dont les yeux brillaient toujours des larmes qu’elle avait désespérément envie de verser dans un éclat de rire. Je vais... Je vais juste prendre un peu l’air, excusez-moi.”

Elle tourna les talons et s’éloigna dans de grandes enjambées vers la baie vitrée qui était ouverte pour permettre à l’air frais de la nuit de s’engouffrer à l’intérieur. Elle sentit la présence d’Andrew dans son dos alors qu’elle sortait précipitamment de la salle et croisa son regard alors que la nuit s’abattait sur eux.

Puis éclata de rire.  


Shake it out
I like to keep my issues drawn, it's always darkest before the dawn
Andrew O. Dubois-Cavill
Andrew O. Dubois-CavillJoueur de Quidditch professionnel
Messages : 475
Profil Académie Waverly
Viva Barcelona [Maeva et Andrew] Icon_minitimeJeu 21 Mar 2024 - 0:15
Maeva dans ses bras, Andrew ne prêtait plus vraiment attention à la musique autour d’eux. Les lumières tamisées de la plage couraient sur leurs visages et il l’entendit rire alors qu’elle passait un bras autour de son cou, calée contre lui. Ça n’était pas vraiment comme ça qu’ils faisaient Dirty Dancing, qu’il n’avait finalement pas tant que ça en tête. Il voyait bien cette histoire de porté mais il avait oublié une part très importante, comme le soulignait sa partenaire de danse : la course (et en talons, de préférence.)

- Oui j’ai oublié, reconnut-il. Néanmoins, lorsqu’elle déclara qu’il ne pouvait pas la soulever complètement au dessus de lui, il secoua la tête. Je ne dirais pas que c’est impossible, je pense même que c’est possible mais de façon brève, absolument pas gracieusement et potentiellement si tu n’as pas peur de finir à l’hôpital avec moi qui tente d’expliquer « fracture du crâne » en espagnol.... Fractura de cráneo, réfléchit-il à voix haute. Ok, c’est bon, on peut y aller, plaisanta-t-il en la rehaussant légèrement.

Il n’allait pas le faire. Évidemment. Il n’allait pas prendre le risque de la blesser. Pas pour un simple « Tu n’es pas cap. » Il n’était pas si Gryffondor que ça. Il avait dépassé ce stade. Ils avaient dépassé ce stade. Normalement. Certes, la dernière fois qu’elle était venue le voir, avant l’été, ils avaient été sauté du haut des rochers dans la mer, de plus en plus haut, en se disant réciproquement qu’ils n’étaient pas des Poufsouffle. Mais cela avait été l’affaire d’une fois, ou trente.

Ils avaient été toujours doués à se lancer des défis, depuis qu’ils étaient enfants. Courir le plus loin possible, le plus vite possible, aller voler les souaffles dans les malles d’entraînement, échanger les petits fours dans les réceptions, effacer les dessins des entraîneurs sur les tableaux blancs, rendre son père dingue (mais celle-là était facile.) Ils n’avaient jamais été doués à refuser un défi, en revanche. Alors lorsque Maeva effleura son cou de ses doigts, déclarant qu’il avait eu vingts occasions pour l’embrasser avant celle-ci, Andrew ne put qu’y reconnaître ce ton familier entre eux. Il lui adressa un sourire, laissant la main qui soutenait son dos remonter légèrement le long de sa peau. Il en mourait d’envie depuis le début de la soirée. Depuis qu’il avait croisé son regard, dans le restaurant et qu’elle l’avait serré contre elle. Elle lui avait soufflé une plaisanterie à l’oreille et il en ressentait encore la sensation.

- Mais Maeva, pour qui me prends-tu ? Tu penses que je manoeuvre pour t’embrasser ? Que je te tiens dans mes bras pour t’embrasser ? Que je ne rêve que de ça depuis que je t’ai vue tout à l’heure ? Et que j’étais content de venir en boîte parce qu’on allait pouvoir se pécho sur la piste de danse ? Tu penses vraiment ça ?

Leurs regards se soutinrent quelques secondes. Sa main, dont il avait interrompu le chemin, vint remonter jusque dans sa nuque, son pouce en caressant la courbe.

- Tu penses très bien, finit-il par souffler. Très très bien.

Il l’attira un peu plus contre lui pour l’embrasser, sentant son coeur accélérer. La sensation de ce baiser était terriblement familière, sa chaleur, sa douceur, l’envie qu’il avait de la serrer un peu plus fort dans ses bras, le désir que cela faisait naître en lui. Entrelacés ainsi, à s’embrasser passionnément, toutes les précautions de discrétion qu’ils avaient pu observer s’étaient évanouies, en même temps que la distance entre eux. 

***

Quand il était lancé dans une tirade comme celle-ci, il valait mieux se tenir à distance d’Olivier. Andrew avait enclenché volontairement la machine, dans une tentative désespérée d’obtenir les dernières phrases qui lui manquait pour remporter le bingo. Il avait tout donné.

Peut-être un peu trop.

Si son père avait eu la mansuétude - sans le savoir - de lui accorder le point « Marcus Flint », il s’était empressé de servir Maeva aussi, avec la mention de son père décédé. Pas une fois mais deux fois, Olivier s’était senti obligé de préciser que James Smith était mort, comme si quiconque ici avait pu l’oublier (notons aussi qu’il avait fait de bonnes choses en 2004.) C’était le dernier point qu’il manquait à Maeva. Elle avait remporté le bingo (sur la mention de son père mort.) Tel Icare, Andrew s’était brulé les ailes à vouloir voler trop près du soleil... Maintenant, son ego n’avait plus qu’à se rétamer au sol face à la victoire de Maeva (qui allait s’empresser de le narguer), tout comme sa place dans la communauté de Flaquemare (maintenant qu’il avait critiqué le club devant son père, Juliet et Juniper...). Il n’était pas prêt de revenir manger des petits fours ici. Peut-être même qu’il n’était pas prêt de revenir tout court, peut-être même que son père avait annulé mentalement son anniversaire, quelque part entre la mention de la mort de James Smith et celle de Marcus-Flint-de-Serpentard-des-Faucons-des-Catapultes-ce-tricheur-menteur-loser. Peut-être que sa mère voudrait encore de lui. Peut-être que Doug pouvait lui servir de figure paternelle. Au moins Doug ne venait-il pas de répéter une nouvelle fois que James Smith était mort.

La dernière réplique lui avait fait avalé son champagne de travers, ce qui avait eu le mérite de lui faire dissimuler son fou-rire derrière une toux. Les larmes lui montèrent aux yeux, à la fois parce qu’il manquait d’air, à la fois parce que son père et aussi parce que Maeva semblait au bord de l’explosion. Elle avait ses yeux humides, un hoquet qu’on aurait presque pu prendre pour des sanglots, les joues rouges et la voix presque tremblante. On aurait pu penser qu’elle pleurait. Elle aurait pu pleurer, face à tout ça, de chagrin. Andrew savait qu’il n’en n’était rien.

Elle était juste en train de se prendre le fou-rire de sa vie.

Ils devaient avoir l’air un peu fou, entre lui qui s’étouffait à moitié de rire et de champagne et elle qui sanglotait de rire. Le regard perçant de Juniper allait de l’un à l’autre tandis que Juliet, douce Juliet, naïve Juliet, tentait de corriger son père en arguant qu’il ne pouvait pas dire des choses comme celles-ci. Son père fronça les sourcils, de son air de hibou courroucé comme le disait la mer d’Andrew, et eut l’air presque surpris. Tiens, une convention sociale qu’il ignorait. Tiens, cela ne se faisait pas de répéter trois fois à une orpheline que son père était mort mais que peut-être que cela ne faisait pas de différence vu l’état de son jeu en 2003 ? Tiens. Personne ne lui avait jamais dit celle-ci. Peut-être qu’il allait la noter dans son petit cahier mental et que la prochaine fois, au lieu de dire que James était mort et nul, Olivier dirait qu’il était mort, le pauvre.

Maeva déclara soudain qu’elle devait prendre l’air et s’éloigna précipitamment, sous le regard désolé de Juniper et l’air circonspect de son père. Andrew prit une grande inspiration, soufflant doucement.

- Papa, franchement, déclara-t-il d’une voix blanche, qui se prêtait bien à l’indignation qu’il prétendait avoir, devant Maeva !

Olivier eut l’air confus un infime instant.

- Oui bon je... c’était pas délicat mais... Je ne lui apprends rien, après...
- Je vais aller la consoler, déclara Andrew, en reposant sa coupe de champagne. Retenez, dit-il à Juliet et Juniper, que c’est papa qui a dit les pires choses ce soir...

Juniper fronça les sourcils, se demandant où il voulait en venir.

- ... moi j’ai juste dit un touuut p’tit truc sur Hardman, ça va, parce qu’il n’est même pas mort.
- Pas comme James Smith, maugréa son père.
- Olivier !

C’était la voix courroucée de sa mère. Andrew songea que c’était le meilleur moment pour s’éclipser.

A grandes enjambées, il traversa la salle, évitant les convives, pour rejoindre Maeva dehors, dans l’obscurité. Leurs regards se croisèrent, un instant.

Et ils éclatèrent de rire en même temps, leur amusement emporté par la musique et les conversations qui résonnaient encore à l’intérieur. Andrew rit en à avoir mal au ventre, ses épaules secouées de tremblement, les larmes perlant.

- C’était trop, finit-il par dire en passant les paumes de ses mains sur ses paupières. Il me tue, souffla-t-il. Ce n’est même pas qu’il a sa propre grille de bingo c’est qu’il... il est un bingo, à lui tout seul.

Soufflant, Andrew vint s’appuyer contre la balustrade qui séparait les rangées inférieures de gradins.

- Maeva... finit-il par murmurer, cherchant ses yeux, posant sa main sur son épaule. Il attendit un instant avant d’ajouter : est-ce que tu es au courant que ton père est mort... ? Je ne sais pas si tu l’as bien entendu les trente autre fois, tout à l’heure...


Viva Barcelona [Maeva et Andrew] 6b811921bb30dc0927a87d115ba521cc-side
Maeva Virtanen
Maeva VirtanenArchimage urbaniste
Messages : 409
Profil Académie Waverly
Viva Barcelona [Maeva et Andrew] Icon_minitimeMar 26 Mar 2024 - 5:40
Les yeux rivés dans ceux d’Andrew, Maeva esquissa un sourire à sa remarque. Un sourire qui disait qu’elle n’était pas dupe, qu’elle avait bien vu la manière dont ses yeux s’étaient posés sur elle lorsqu’ils s’étaient retrouvés ou celle dont il était venu chercher son contact à plusieurs reprises. Malgré la distance qu’ils s’étaient obligés à conserver, ils avaient eu quelques gestes l’un pour l’autre ; une étreinte, une main dans le dos ou au creux de la taille, un baiser sur la joue. Ils avaient été raisonnables, peu désireux d’attirer les regards sur eux. Il y avait déjà quelques photographies qui circulaient sur les réseaux sociaux, rien de véritablement incriminants mais suffisamment pour susciter la curiosité des fans et des supporters.

Ici, les choses étaient un peu différentes. Il faisait nuit, ils se tenaient sur une plage privée, entourés essentiellement des joueurs du Barqua et de leurs proches... Et puis ils avaient un peu bu et le champagne avait brouillé les limites de la raison.

Assez, en tout cas, pour les laisser s’embrasser avec ferveur, enlacés l’un contre l’autre. Sa main posée contre la joue d’Andrew, ses lèvres nouées aux siennes, le monde s’effaça légèrement le temps de ce baiser à la fois familier et électrisant. Lorsqu’ils se séparèrent, elle avait les joues un peu roses et le souffle court.

“Je note pour que tu m’embrasses, il faut que je titille ton ego avec Perez...” souffla Maeva, avec malice. “Les hommes” soupira-t-elle en secouant la tête et en effleurant son nez du sien.

Après un dernier rire, elle quitta ses bras. Lorsqu’ils se retrouvaient après une longue période de séparation, il y avait toujours quelques heures où ils prenaient le temps d’appréhender à nouveau leur lien. Ils se taquinaient, se cherchaient un peu, s’offraient des regards et des sourires. Leur relation continuait d’exister en dehors de ces moments-là, ils échangeaient souvent par messages et avaient une conversation dédiée pour commenter les épisodes d’une téléréalité qu’ils avaient commencé à regarder ensemble quelques années auparavant (un truc vraiment idiot, où on réunissait des gens malheureux dans leur couple pour qu’ils puissent “trouver des solutions” et “tester leur relation au fil de différentes épreuves” mais où, évidemment, cela finissait en triangle, carré voire pentagone amoureux. C’était à mourir de rire, ils adoraient, ils s’envoyaient souvent des blagues à ce sujet). Ils avaient toujours été amis, tous les deux et cette dimension n’avait pas disparu lorsque leur relation avait quelque peu évolué deux ans auparavant.

Les bras glissés dans le dos d’Andrew, Maeva leva la tête pour croiser son regard. Ils étaient proches et se souriaient.

“On va s’asseoir un peu ? proposa Maeva en désignant du menton un canapé installé sur la plage, face à un feu magique qui diffusait une lumière orangée. Je pense qu’on peut dire qu’on a largement gagné cette compétition ridicule contre Pablo ?”

Ils s’éloignèrent de quelques mètres pour s’installer dans le canapé. Maeva replia les jambes et pivota pour pouvoir faire face à Andrew. Lui avait étendu son bras sur le dossier pour lui permettre d’être proche de lui. Elle appuya sa tête contre son épaule.

“J’ai l’impression que ça fait une éternité qu’on ne s’est pas vus” lança-t-elle avec un sourire. C’était toujours plus compliqué l’été, parce qu’elle était avec Lou et qu’elle ne pouvait pas quitter l’Angleterre. Puis avant ça, il y avait eu la fin de la saison de la ligue européenne, où le Barqua avait fait un excellent parcours. Cette pensée éclaira son regard. “Oh, je t’ai pas dit ! Je me suis inscrite pour le tournoi des pros avec l’équipe du boulot.” C’était un petit tournoi entre les équipes des différentes entreprises de Leopoldgrad. Elle en avait parlé à Andrew l’année dernière mais l’agence avait raté les inscriptions de peu. “Je suis à ça de poser ma candidature à Flaquemare, maintenant.”

***

Maeva riait à s’en faire mal aux joues et mal au ventre. Elle riait avec des larmes dans les yeux, incapable de s’arrêter et repartait de plus belle dès qu’elle croisait le regard d’Andrew. Ils s’éloignèrent précipitamment sous les regards curieux de quelques convives et gagnèrent les gradins pour y trouver un semblant de tranquillité. La scène ne cessait de se rejouer dans son esprit ; le discours enflammé d’Olivier, ses sourcils froncés au-dessus de ses yeux, son petit accent écossais qui s’accentuait toujours lorsqu’il mentionnait Marcus Flint, les commentaires répétés sur son père, puis la tête qu’il avait fait lorsque Juliet Wilson avait soufflé un “Olivier...” excédé. Et la petite remarque à Andrew, son “quand tu joueras dans une vraie équipe” agacé... C’était hilarant. Tellement hilarant qu’elle avait du mal à reprendre son souffle.

“Il a transcendé le jeu” hoqueta Maeva en essuyant ses yeux humides.

Elle se força à prendre une grande inspiration pour essayer de calmer son fou-rire. Andrew, qui peinait à se maîtriser lui aussi, posa solennellement une main sur son épaule. Elle se mordit la lèvre pour ne pas repartir dans un rire mais son regard était brillant de larmes lorsqu’elle lui répondit d’une voix étouffée :

“Mais, et tout ce qu’il a fait de bien à l’Euro de 2004...”

Il y eut un silence et ils repartirent d’un même rire. Le ventre douloureux, Maeva finit assise à même le sol, juste à côté d’Andrew qui se laissa tomber à sa suite. Ils devaient avoir l’air fin, tous les deux, à rire par terre comme deux baleines échouées.

“Oh, lala” souffla-t-elle en posant une main sur son cœur. Elle souriait si fort que ses fossettes creusaient ses joues. “On vient de vivre un moment lunaire. Ton père... Il nous a emmené en orbite, en fait. On devrait l’appeler Oli la fusée, quand il fait ça. Rien ne l’arrête c’est... C’est fascinant.”

Elle tourna la tête vers Andrew, croisa son regard. Ils étaient assez proches, suffisamment pour que leurs épaules se touchent.

“Dis-donc... J’ai gagné le bingo, non ?” demanda-t-elle en haussant légèrement les sourcils.


Shake it out
I like to keep my issues drawn, it's always darkest before the dawn
Andrew O. Dubois-Cavill
Andrew O. Dubois-CavillJoueur de Quidditch professionnel
Messages : 475
Profil Académie Waverly
Viva Barcelona [Maeva et Andrew] Icon_minitimeVen 29 Mar 2024 - 0:01
Maeva était tout contre lui alors qu’ils s’embrassaient, sa main sur sa joue, les doigts d’Andrew sur sa peau. Son coeur battait un peu plus vite lorsqu’ils se séparèrent, sans pour autant véritablement s’éloigner l’un de l'autre. Sa remarque lui tira un rire, qui vint secouer ses épaules, creuser les fossettes de ses joues. Elle effleura son nez du sien et il eut terriblement envie de l’embrasser encore.

- C’était donc calculé de ta part, souffla-t-il en réponse, un sourire en coin sur les lèvres, mais quel Serpentard tu fais... Il fallait le dire si tu mourais tant d’envie de m’embrasser, Maeva, la tança-t-il. Je sais que c’est difficile pour toi de résister...

Il relâcha la main qui la soutenait pour qu’elle puisse reposer les pieds sur le sable, baissant alors les yeux vers elle. Elle glissa ses bras autour de son dos et il en fit de même, fermant un instant les yeux pour l’enlacer. Il était bien. Ils étaient toujours bien quand ils étaient tous les deux, ils riaient toujours beaucoup, ne cessaient de plaisanter ou bien de se jeter des défis un peu stupides. Ils avaient été des enfants ensemble et cela se voyait encore parfois (surtout lorsqu’ils étaient à Flaquemare, c’était comme si leurs esprits n’avaient pas vraiment grandi entre ces murs.) Il attendait toujours avec beaucoup d’impatience ses visites en Espagne et il cherchait toujours à la voir lorsqu’il revenait en Angleterre. Ils étaient bien, il était bien avec elle. C’était simple, c’était familier, c’était doux, et drôle et il aimait la faire rire. Et l’embrasser aussi, toujours, beaucoup. Il la sentit relever la tête et rouvrit les yeux, lui adressant un sourire.

- Oui, si tu veux, accepta-t-il en suivant son regard vers les canapés. Mais évidemment que oui. Déjà parce que notre danse avait plus de panache, affirma-t-il en réunissant ses doigts ensemble vers le ciel, ensuite parce que c’est Marisol qui a fait tout le taf’ pour lui et enfin, parce que j’ai plus de nominations que lui au Souaffle d’Or et ça, ça te concerne aussi en tant que ma première entraîneuse donc c’est notre victoire à nous, sur lui. Il attendit un instant pour ajouter. En plus, je suis plus grand que lui. Donc bon.

Il se pencha à son oreille pour souffler :

- Et que Perez, aussi.

Les canapés étaient installés un peu à l’écart de l’espace qui servait de piste de danse, entourés de feux magiques qui diffusaient une douce lumière orangée et une légère sensation de chaleur, assez pour pouvoir la sentir mais pas suffisamment pour que cela soit désagréable pour un soir d’été. Les vagues venaient paresseusement s’échouer à quelques mètres. Dans la nuit, la mer semblait d’un noir d’encre, malgré les lumières de la ville. Il la contempla quelques secondes, ne s’en détournant que lorsqu’il sentit Maeva poser sa tête contre son épaule. Ils s’étaient installés tout proches l’un de l’autre et lui il lui adressa un nouveau sourire, sa main venant caresser son épaule dénudée.

- Ouais, moi aussi... Ils s’étaient revus début juillet, après la victoire du Barqua à la Coupe d’Europe. Il était passé en Angleterre à l’occasion de son anniversaire (son père ayant eu la mansuétude de le recevoir malgré la défaite de Flaquemare.) Il avait passé le reste de l’été à vadrouiller aux quatre coins du monde, entre visites à ses amis et d’anciens coéquipiers et ses vacances. Maeva, elle, avait travaillé en partie et avait dû rester en Angleterre pour prendre soin de Lou (Andrew leur avait proposé de le rejoindre à un moment mais, à l’image de son petit frère, la petite soeur de Maeva ne semblait pas être une grande fan des vacances sur un yacht quelque part en mer. Drôle d’espèce.) Je suis content que tu sois là, glissa-t-il.

Surtout qu’ils avaient tout le week-end devant eux pour profiter, sortir et dîner. La nouvelle qu’elle lui annonça lui fit écarquiller les yeux et il afficha immédiatement un grand sourire.

- Non, c’est vrai ? Mais c’est trop bien, s’enthousiasma-t-il. Quel poste ? Tu commences quand ? C’est quoi comme genre de tournoi, plutôt régulier, ou un truc de fin d’année ? Quels sont vos grands ennemis ? Des ingénieurs ? Ou le mec de ton bâtiment qui appuie toujours sur plusieurs boutons de l’ascenseur à la fois ? Lui faut que tu l’écrases, clairement.

Sa plaisanterie le fit rire et il prit un ton tout à fait sérieux pour répondre :

- Honnêtement, Maeva, toi à Flaquemare... ? Moi je signe tout de suite pour t’y rejoindre, pour trois gallions. Avec la technique du dragon terrible, on sera imbattables, je te le dis.

Il ne put s’empêcher de lui sourire, parcourant son visage de ses yeux.

- Par contre, m’annoncer en public que maintenant, tu joues en plus au Quidditch de façon professionnelle... ll se pencha vers elle pour l’embrasser. Tu veux ma mort.


****

Son père voulait leur mort, il n’y avait pas d’autre explication possible. Andrew riait tellement qu’il peinait à reprendre son souffle, il en avait mal au ventre. C’était peut-être le dernier plan terrible de Flaquemare pour emporter la victoire, se débarrasser de lui (et de Maeva, victime collatérale ou complice machiavélique) et nuire au Barqua. C’était phénoménal qu’à quarante-cinq il n’ait pas changé d’un pouce et puisse encore s’enflammer à la mention d’évènements vieux de quinze ans ou bien de Marcus Flint, sa némésis préférée (Olivier était très loyal à ses ennemis, il n’avait jamais remplacé Marcus, même avec un autre adversaire désagréable.) Mais d’un autre côté, il était toujours si drôle, si passionné, si intense que c’était hilarant. Il leur offrait systématiquement les plus belles distractions et les soirées à Flaquemare n’auraient pas la même saveur sans sa présence. À ses côtés, Maeva essuyait ses yeux humides et hoquetait pour reprendre son souffle. La voix étouffée qu’elle eut pour lui répondre fit de nouveau rire Andrew qui lutta pour conserver une contenance. Sa voix était un peu plus aigüe de d’habitude lorsqu’il ajouta :

- C’est quand il avait appris les règles du jeu...

Et ils repartirent d’un rire commun. Il tenta de prendre une grande inspiration pour se calmer et se laissa doucement glisser sur le sol, aux côtés de Maeva. Ils allaient vraiment y passer. On allait les retrouver là, asphyxiés de rire dans les gradins. Il y aura des articles à la une de la presse « Ivres, ils essayent de converser avec Olivier Dubois » et un petit épitaphe sur un siège pour leur rendre hommage « Ici gisent Maeva et Andrew, ils sont morts, les pauvres. »

Il tourna la tête vers elle lorsqu’elle reprit la parole, le souffle un peu court et les joues très roses. Elle souriait largement et il lui sourit en retour, un peu essoufflé également. Un excellent exercice de cardio, tout ça, il allait le proposer au coach à son retour à Barcelone. La plaisanterie de Maeva manqua de le faire rire et il attrapa son avant-bras entre ses mains.

- Chut. Chut. Ne dis plus rien de drôle, s’il te plaît, sinon je pense que je vais vraiment clamser.

Il avait besoin d’air. Et d’un verre, aussi. Il inspira profondément, son regard se posa un instant sur la salle illuminée. À l’intérieur, les invités continuaient d’aller et venir. Plongés dans l’obscurité de la nuit et des gradins, ils devaient être presque invisibles de là-bas. La voix de Maeva retentit de nouveau et il posa les yeux sur elle.

Elle venait de poser la question fatidique.

Il avait deux choix : être beau joueur, reconnaître sa victoire, la féliciter, lui serrer la main. Etre Poufsouffle, quoi.

Ou bien être un Gryffondor.

- Moi je dis que mon père a sorti tellement de dingueries qu’on a perdu le compte, alors savoir qui a gagné toi... moi... toi... Mon père... moi... Franchement je pense qu’il y a égalité. Déso. Ta performance était très belle, en revanche.
 


Viva Barcelona [Maeva et Andrew] 6b811921bb30dc0927a87d115ba521cc-side
Maeva Virtanen
Maeva VirtanenArchimage urbaniste
Messages : 409
Profil Académie Waverly
Viva Barcelona [Maeva et Andrew] Icon_minitimeDim 31 Mar 2024 - 22:41
Ils s’étaient installés un peu à l’écart, suffisamment loin de la musique pour qu’ils puissent échanger sans avoir besoin d’hausser la voix. De petites vagues s’échouaient à quelques mètres d’eux et venaient lisser le sable inlassablement. En Espagne, les nuits étaient encore chaudes et le léger vent qui caressaient sa peau n’était pas désagréable. Les joues un peu douloureuses d’avoir tant ri pendant qu’ils dansaient, Maeva savoura ce moment de calme où ils avaient la possibilité de se retrouver loin des regards curieux et des caméras. Elle s’appuya contre son épaule, son regard perdu sur son profil et ses yeux retracèrent brièvement les courbes de son visage. Elle était vraiment contente d’être venue. Elle avait un peu hésité avant d’accepter l’invitation d’Andrew parce qu’elle avait une montagne de travail à l’agence mais elle avait fini par se convaincre que ce n’était pas de poser une journée qui allait réellement changer la donne. Et puis, l’été n’avait pas été très reposant non plus ; elle pouvait bien s’accorder un weekend en Espagne pour compenser ça.

Maeva avait toujours un peu de mal à décrocher de son travail. Elle était très investie dans ce qu’elle faisait, depuis le jour où elle était entrée en apprentissage chez Laveau & Wells. Elle avait été nommée cheffe de projet assez tôt dans sa carrière et s’était démenée pour faire honneur à cette marque de confiance. Elle avait pris l’habitude de ne pas trop compter ses heures et de se montrer disponible, même à des moments où elle n’était plus censée l’être.

Ici, c’était plus facile de couper avec tout ça. Andrew avait toujours mille idées pour occuper le temps qu’ils passaient ensemble et ils finissaient toujours par faire des activités improbables (ou dangereuses. Ou les deux.) Ça lui sortait la tête de son quotidien et c’était toujours de bons moments.

“Poursuiveuse, lui révéla Maeva. J’ai un peu hésité à demander batteuse mais je ne voulais pas te faire de l’ombre, tu comprends...” Elle avait un sourire amusé sur les lèvres. “C’est plutôt sur la fin de l’année mais on a des matchs amicaux de temps en temps, pour s’entraîner. Et, ajouta-t-elle avec un regard grave, bien sûr que mes ennemis sont les ingénieurs. Les ingénieurs répéta-t-elle en levant les yeux au ciel, avec le même ton qu’Andrew utilisait lorsqu’il évoquait Juan Perez.

La rivalité entre les archimages et les ingénieurs ne datait pas d’hier. Les premiers reprochaient aux seconds d’être simplement obnubilés par les chiffres et de ne pas posséder le sens de l’esthétique. A l’inverse, les ingénieurs disaient souvent des archimages qu’ils n’avaient pas le sens pratique des choses et qu’ils avaient tendance à prendre leurs rêves pour des réalités (ce qui était faux, bien évidemment. Ils avaient le sens pratique des choses et ils parvenaient à trouver une manière de faire coexister ça avec une dimension esthétique, eux.) Et puis, les ingénieurs étaient assez imbus d’eux-mêmes (les archimages aussi, mais ils avaient une bonne raison de l’être, au moins.)

Le commentaire d’Andrew sur Flaquemare la fit rire et elle renchérit :

“Mais bien sûr. Après, si on était tous les deux joueurs là-bas, je serais obligée de reprendre le nom de mon père. Imagine, Smith et Dubois dans la même équipe, vingt ans plus tard ? Ce serait une belle histoire pour la presse... Et ça ferait un peu chier ton père” ajouta-t-elle avec un sourire en coin. Ce qui était leur occupation préférée depuis qu’ils avaient sept ans, finalement.

Maeva eut un nouveau sourire en voyant son ami se pencher vers elle, avec une remarque charmeuse et amusée à la fois. Elle fit glisser sa main dans sa nuque pour le garder proche d’elle et leva les yeux vers lui.

“Peut-être que ça aussi, c’était calculé de ma part” fit-elle en haussant légèrement les sourcils. “Peut-être que j’attends de trouver le truc qui te fera dire “c’était sympa cette soirée mais si on rentrait ?”, t’en sais rien.” Elle eut un sourire. “Et du coup forcément que j’utilise le Quidditch parce que, sur ce sujet-là en particulier, t’es un peu un homme facile.”

***

Maeva avait mal au ventre à force de rire et ses yeux étaient humides des larmes qui avaient coulées sur ses joues. Elle les essuya d’un revers de main avec un dernier commentaire sur Olivier Dubois qui tira un nouveau rire étouffé à Andrew. Il s’empara de son avant-bras pour la supplier de se taire et Maeva dut s’arracher à son regard pour essayer vainement de calmer son hilarité. Elle prit une grande inspiration en posant une main sur son cœur. Elle avait besoin d’air. Ou de boire quelque chose. Ou les deux. Sûrement les deux.

Ils auraient peut-être dû voler une bouteille de champagne en sortant (et Olivier aurait pensé qu’elle essayait de noyer son chagrin dans l’alcool, la pauvre.)

Au moins, ils étaient au calme ; les gradins étaient vides et plongés dans le noir. En contrebas, ils voyaient les invités entrer et sortir de la salle principale, s’attarder sur la pelouse, discuter autour des quelques tables qui avaient été dressées à l’extérieur pour l’occasion. Cette image lui tira un sourire ; leurs soirées à Flaquemare finissaient souvent comme ça. Ils faisaient bonne figure pendant quelques heures, buvaient du champagne et mangeaient les petits fours (ils avaient un classement des meilleurs, puisque le club était fidèle au même traiteur depuis des années), conversaient avec les autres invités, puis s’éloignaient souvent tous les deux pour rattraper un peu le temps perdu. Ils se perdaient dans les gradins, là où ils avaient tant joué lorsqu’ils étaient enfants et s’amusaient à débriefer de la soirée : les meilleures (et les pires) remarques d’Olivier Dubois, la manière dont Taylor (un ancien gardien de l’équipe) et Anjali (une ancienne attrapeuse) s’évitaient habilement (ils avaient eu une liaison lorsqu’ils jouaient tous les deux en tant que titulaires, cela avait créé un scandale sans précédent parce que Taylor l’avait trompé juste avant la finale de la coupe européenne), les mots-clés du président du club, qui revenaient dans chacun de ses discours...

Mais cette fois-ci, Maeva orienta la conversation sur un sujet bien plus important ; celui de sa victoire.

Une victoire qu’Andrew ne semblait pas prêt à lui accorder. Elle adopta une moue outrée et pivota vers lui pour croiser son regard.

“Tu as peut-être perdu le compte mais moi, je me souviens très bien de la finale de ce bingo.” Elle avait un air très sérieux, contredit pas ses yeux qui brillaient d’amusement. “Tu as réussi à obtenir “quand tu joueras dans une vraie équipe” au détriment de ta relation avec ton père. Mais ensuite, j’ai eu “la force de Flaquemare, c’est le collectif”... Le co-llec-tif, même,” reprit-elle en détachant les syllabes, et la phrase sur les enfants. Un magnifique doublé pour la joueuse anglaise, commenta-t-elle. Après, j’avoue, tu as gagné le point bonus sur Marcus Flint. Mais celle-là, elle est vraiment facile à avoir. Là, ton père s’emballe – et c’est vrai, c’est le champion incontesté de ce tournoi mais comme il n’a pas déclaré sa candidature en amont, il passe hors-compétition selon les règles internationales du bingo – et balance à deux reprises “pardon Maeva, je sais qu’il est mort” au sujet de mon père.” Elle avait envie de rire à nouveau. “Ce qui signifie, mon cher Andrew, que j’ai terminé ma grille avant la tienne. Donc, asséna-t-elle, que j’ai gagné ce premier championnat.”


Shake it out
I like to keep my issues drawn, it's always darkest before the dawn
Andrew O. Dubois-Cavill
Andrew O. Dubois-CavillJoueur de Quidditch professionnel
Messages : 475
Profil Académie Waverly
Viva Barcelona [Maeva et Andrew] Icon_minitimeLun 1 Avr 2024 - 18:10
L’intérêt d’Andrew pour l’équipe amateure de Maeva était parfaitement sincère. Tout d’abord, c’était du Quidditch. Ensuite, c’était du Quidditch par des gens qui voulaient juste jouer, qui aimaient juste le jeu. Evidemment, dans le milieu professionnel, les gens aimaient le sport, les joueurs étaient très impliqués mais il y avait également d’autres enjeux très lourds, financiers, commerciaux, parfois politiques. C’était très un milieu très particulier. Un tournoi de Quidditch pour l’amusement, c’était ce qui rapprochait le plus de la Coupe des Quatre Maisons, une période de sa vie qu’il avait beaucoup appréciée. Il l’écoutait parler en la regardant avec attention, son bras ayant quitté le dossier du canapé pour venir se glisser autour de ses épaules.

- Je comprends, répondit-il sur le même ton lorsqu’elle déclara qu’elle n’avait pas voulu lui faire de l’ombre en jouant batteuse, à l’approche du mercato, tu aurais ruiné toutes mes chances de revenir en Angleterre si je me décidais... Merci... Il eut un rire lorsqu’elle confirma que ses ennemis jurés étaient bien les ingénieurs (ses remarques sur ce corps d métier faisaient clairement partie du « Bingo de Maeva. ») C’est bien, il faut entretenir la rivalité pour bien les écraser sur le terrain, pendant que les mecs sont en train de calculer l’angle de leurs tirs avec leurs compas.

Alors que Maeva n’avait pas besoin de ça, bien évidemment.

- Tu me diras quand est-ce que vous jouez un match, je viendrais, déclara-t-il avec un sourire. Je préparerai ma meilleure pancarte pour t’encourager.

Un truc à base de « Go dragon terrible » pour l’embrasser un peu devant ses collègues.

- Smith et Dubois, vingt ans plus tard ? Le spin-off ? Y’a pas que la presse qui va adorer. Sa main descendit légèrement dans le dos de Maeva pour jouer un peu avec ses cheveux, sans y penser. Il rit lorsqu’elle affirma avec malice que cela embêterait son père. Tu sais, il a beaucoup progressé dans ce domaine, il entraîne quand même une Flint. C’est possible qu’il soit trigger par le fait de te voir tirer des penaltys mais sinon, ça devrait aller. Il inclina légèrement la tête avant d’ajouter : puis il t’aime bien, tu sais.

Il avait déjà entendu son père dire que Maeva était une « chouette gamine » (malgré ses trente ans) et il lui demandait de temps en temps de ses nouvelles. Des fois, quand Andrew postait une story ou une photo d’eux sur son compte instamag privé, Olivier répondait avec son emoji favorite : le pouce en l’air. Il était certain qu’il le ferait s’il postait quelque chose dans le week-end, s’ils allaient faire du canyoning comme ils l’avaient évoqué ou bien quelque chose comme ça. Cela aurait presque pu être une case du bingo... qu’il veillerait à ne pas cocher trop souvent. Tout comme ils étaient assez discrets en public, il veillait également à ne pas faire naître trop de spéculations chez ses amis (même s’il était certain qu’ils avaient - notamment Rachel - un avis bien arrêté sur la question). Il n’avait pas envie de rendre des comptes à qui que ce soit, ils étaient juste bien comme ça.

Surtout là, un peu à l’écart du monde, à quelques mètres de la mer, installés si proche l’un de l’autre. Il s’était légèrement penché vers elle et elle avait glissé sa main dans sa nuque. Il sentait la chaleur de ses doigts sur sa peau, ses yeux brillaient à la lueur du feu devant eux. Son sourire s’accentua lorsqu’elle déclara que c’était peut-être calculé de sa part, cette petite provocation, pour qu’il lui propose de rentrer. Il ouvrit la bouche pour répondre mais elle ne lui en laissa pas le temps, ajoutant qu’elle utilisait le Quidditch car il était un homme facile quand on en venait à ce sujet en particulier. Il éclata de rire, secouant légèrement la tête.

- Sache que j’ai beaucoup d’arguments pour te contredire à ce sujet, Maeva, et qu’on va devoir avoir ce débat mais juste, pas maintenant.

Il se pencha vers elle pour l’embrasser, doucement, venant effleurer sa joue de son pouce. Lorsqu’ils se séparèrent après quelques secondes, il souffla :

- C’était sympa cette soirée, mais si on rentrait ?

***

Cela faisait longtemps que Andrew ne s’était pas autant amusé à une soirée de Flaquemare. Assis au sol dans les gradins supérieurs, leurs yeux humides, leurs ventres douloureux à force de rire, Maeva et lui devaient donner un sacré spectacle. Heureusement, ils étaient dissimulés dans l’obscurité, un peu à l’écart du monde. En contrebas, on pouvait apercevoir quelques invités qui étaient sortis prendre l’air autour des quelques tables disposées. On percevait les lumières, la musique, le brouhaha des conversations. Ce n’était pas la première fois qu’ils finissaient ici, réalisait Andrew. C’était même souvent le cas après ces soirées. Ils passaient un peu de temps avec tout le monde, faisaient bonne figure comme les deux adultes qu’ils étaient devenus, écoutaient les discours, se moquaient un peu de son père, grignotaient les petits fours puis finissaient toujours par sortir prendre l’air tous les deux, à parler de tout et de rien et à rire, beaucoup. Ils débattaient aussi, de tout et de rien, avec beaucoup de passion et toujours l’envie de gagner. C’était leur côté Gryffondor, ça, toujours un peu mauvais perdants.

Andrew en avait d’ailleurs fait une très belle démonstration en refusant de reconnaître la victoire de Maeva, ce qui ne manqua pas - à raison - de la scandaliser. Elle s’empressa de lui asséner argument par argument en quoi elle était la grande gagnante et il se tourna vers elle, la défiant du regard. Lorsqu’elle lui rappela qu’il avait sacrifié la relation avec son père pour obtenir un point, il posa une main sur son torse :

- Ne remue pas le couteau dans la plaie, déjà que je viens d’être déshérité...

Implacablement, elle déroula ses points pour parvenir à la terrible conclusion : elle avait gagné. Il avait perdu. Il la contempla quelques secondes avec intensité avant de soupirer, signe qu’il lâchait l’affaire.

- Très bien, déclara-t-il avec emphase. Je le reconnais, je m’incline devant toi, Maeva. Tu as gagné. Et ça me fait mal de le dire, précisa-t-il au cas où elle aurait des doutes. Je n’arrive pas à croire que j’ai sacrifié mon avenir à Flaquemare pour ne même pas gagner ! Il secoua la tête. T’es dure avec moi, hein.

Il soupira ostensiblement.

- Sache en revanche, souffla-t-il, en plongeant ses yeux clairs dans les siens, que la prochaine fois que le Barqua rencontrera Flaquemare et que je gagnerai avec brio.. Tu sauras que c’est parce que j’ai pensé à chaque seconde du match à me venger de cette défaite-là.

Il eut un sourire en coin.

- Je tenais juste à te le dire.

Très amusé, il se réappuya contre le béton, sans cesser de sourire.

- Alors dis-moi, que veux-tu en guise de récompense pour ta victoire ?



Viva Barcelona [Maeva et Andrew] 6b811921bb30dc0927a87d115ba521cc-side
Maeva Virtanen
Maeva VirtanenArchimage urbaniste
Messages : 409
Profil Académie Waverly
Viva Barcelona [Maeva et Andrew] Icon_minitimeJeu 4 Avr 2024 - 20:45
“Mais exactement, réagit Maeva quand Andrew évoqua l’équipe formée par les ingénieurs. Ils vont être là, à analyser toutes les données chiffrées des matchs précédents, le taux de possession du souaffle par joueur, le degré d’humidité dans l’air, l’angle du soleil... Terrible.” Elle secoua la tête. “Je crois qu’ils obtiennent leur diplôme en échange de leur âme. Ils n’ont pas le choix. Ils doivent être ingénieurs et chiants, sinon ce n’est pas compatible.”

Elle forçait un peu le trait. Notallingénieurs. Mais elle avait déjà travaillé avec quelques spécimens qui ne lui avaient pas donné une très belle image du métier (et elle voulait bien admettre que l’inverse était sûrement vrai aussi : les archimages étaient connus pour être assez imbus d’eux-mêmes. En même temps, ils imaginaient des choses qui finissaient par exister dans la réalité, difficile de rester humble.)

Un terrain de Quidditch était donc l’endroit parfait pour laisser éclater cette rivalité et en faire quelque chose d’un peu plus constructif (si on considérait qu’envoyer des cognards était plus constructif, évidemment, mais comme Maeva avait grandi dans le Quidditch, elle considérait que oui.) Imaginer qu’Andrew puisse venir assister à un de ses matchs l’amusait beaucoup et elle hocha la tête à sa proposition, un sourire étirant ses lèvres.

“Et un maillot “Virtanen”, j’espère...” glissa-t-elle en faisant référence au maillot du Barqua qu’elle avait passé pour assister au match quelques heures plus tôt.

Elle savait qu’il était sincère et qu’il essaierait de se libérer pour venir la voir. C’était quelque chose qu’elle aimait beaucoup chez Andrew ; malgré sa carrière internationale et sa notoriété (et son yacht), une part de lui appréciait toujours les choses simples et sans artifice. Une virée en camping dans le sud de l’Espagne. Une randonnée dans les montagnes. Un tournoi amateur avec des matchs le dimanche matin. Il n’était pas complètement inaccessible, comme pouvaient l’être certains joueurs de Quidditch qui vivaient dans un monde doré et très fermé. L’influence de ses parents y était sûrement pour beaucoup ; Olivier (qui était richissime pourtant) avait toujours gardé les pieds sur terre. Il avait quelques belles propriétés mais ce n’était pas le genre à claquer sa fortune dans des choses futiles (et il devait considérer que les vêtements étaient des choses futiles car il n’avait aucun intérêt pour les marques luxueuses ; Maeva le voyait porter du Gap depuis des années.)

“C’est vrai, c’est vrai, tempéra Maeva lorsqu’Andrew mentionna justement son père. Mais Juliet a Wilson dans le dos. Alors que là, ça l’obligerait à dire quelque chose comme “Smith, pénalty !” et ça me fait un peu rire.” Un sourire éclaira son visage. “Je sais. Moi aussi je l’aime bien.”

Olivier faisait partie de ces adultes qu’elle connaissait depuis qu’elle était toute petite (et comme elle était orpheline et que ses grands-parents étaient décédés, il n’y en avait plus tant que ça.) Il prenait toujours le temps d’échanger avec elle lorsqu’elle passait à Flaquemare, de savoir comment elle allait. La présence d’Olivier dans sa vie lui était familière, après toutes ces années.

Comme celle d’Andrew. Ils avaient grandi ensemble et, même s’ils ne se fréquentaient pas à Poudlard, ils se retrouvaient toujours à des évènements à Flaquemare. Ils s’étaient rapprochés une fois adultes, quand Andrew était rentré des États-Unis, puis encore un peu plus deux ans plus tôt, lorsqu’ils s’étaient embrassés pour la première fois dans les gradins qui avaient accueilli tant de leurs jeux d’enfants. Ils passaient plus de temps ensemble maintenant, riaient beaucoup et entretenaient davantage leur relation en dehors des moments où ils se voyaient. Maeva aimait bien ce qu’ils avaient ; c’était facile, familier, agréable.

L’attitude d’Andrew lui tira un sourire, puis un rire alors qu’il lui proposait de rentrer. Elle conserva sa main contre sa nuque et haussa les sourcils :

“Je ne vois pas du tout quels arguments tu peux apporter pour me contredire alors que tu viens littéralement de me donner la preuve par l’exemple. Mais, ajouta-t-elle en perdant ses doigts dans ses cheveux, je suis d’accord. On rentre.”

***

“Andrew, fit Maeva en posant une main sur sa poitrine. Tu ne peux pas te plaindre à une orpheline du fait que tu viens d’être déshérité.”

Elle avait un sourire en coin sur les lèvres. Un jour, Andrew avait fait une blague un peu similaire et elle avait fait semblant d’être réellement heurtée. Il s’était confondu en excuses, véritablement mal à l’aise. Elle avait beaucoup ri ce jour-là – lui, un peu moins.

Pas autant ri que ce soir, bien évidemment. Il lui semblait qu’elle conservait encore des traces de son hilarité dans son corps, au creux de son ventre et de ses joues. Qu’Andrew reconnaisse sa victoire lui fit plaisir – du miel à ses oreilles, même – mais la suite de son discours lui fit froncer les sourcils. Elle tourna vers lui une expression outrée et secoua la tête.

“Déjà, ce n’est pas de ma faute si je suis meilleure que toi au jeu de ton propre père.” Brutal mais vrai. “Et ensuite, quand tu auras choisi une vraie équipe, Andrew, on pourra reparler du jour où tu l’emporteras avec brio contre Flaquemare. En attendant...”

Elle haussa les épaules, sans pouvoir s’empêcher de sourire. Sa question attisa évidemment son intérêt et elle lui jeta un regard en biais.

“Ça dépend...” Elle laissa planer un silence. “A quel point t’es prêt à prendre le risque de te faire refuser l’entrée à Flaquemare la prochaine fois ?”

Elle plaisantait, évidemment. Elle n’était pas si mauvaise. Enfin. Pas trop.


Shake it out
I like to keep my issues drawn, it's always darkest before the dawn
Andrew O. Dubois-Cavill
Andrew O. Dubois-CavillJoueur de Quidditch professionnel
Messages : 475
Profil Académie Waverly
Viva Barcelona [Maeva et Andrew] Icon_minitimeDim 7 Avr 2024 - 22:11
- Je crois que tu viens de mettre une petite claque derrière la nuque à tous les analystes sportifs des clubs professionnels, déclara Andrew en secouant la tête. Il se targua bien de dire que lorsqu’il était capitaine de l’équipe de Quidditch de Gryffondor, il faisait également ses propres petits calculs pour obtenir les statistiques des matches et préparer au mieux ses stratégies. Il eut un rire lorsque Maeva déclara avec emphase que les ingénieurs devaient avoir vendu leurs âmes pour exercer. Déjà, qui devient ingénieur, déclara-t-il. Qui rentre à Poudlard en se disant « Mon rêve, c’est d’être ingénieur » ?

Qu’ils étaient de mauvaise foi, tous les deux. Leurs deux métiers reposaient en grand partie sur l’existence d’ingénieurs : Maeva dans ses constructions et Andrew parce que des magingénieurs spécialisés dans les balais magiques oeuvraient tous les jours pour sortir les meilleurs modèles pour les compétitions. Chaque club en avait en son sein une petite équipe qui supervisait l’adaptation parfaite de chaque balai à son joueur, que les réglages lui correspondent parfaitement et correspondent aux ambitions techniques de l’équipe. Ils vérifiaient, après chaque match, que tout allait bien, qu’il n’y avait pas eu de choc, que les enchantements n’étaient pas déréglés. C’était un travail précis et rigoureux, qui permettait aux championnats de se dérouler dans les meilleures conditions. Mais Andrew aurait répliqué qu’ils étaient ingénieurs dans le Quidditch, donc c’était normal que ce soit intéressant.

- Bien sûr, acquiesça-t-il avec malice lorsqu’elle lui suggéra de venir l’encourager avec un maillot siglé à son nom. J’espère que tu me le dédicaceras... souffla-t-il avec un sourire en coin, effleurant le dos de sa main de son pouce.

Un maillot Virtanen valait sûrement mieux qu’un maillot « Smith », ce qui aurait fortement contrarié son père s’il venait à l’apprendre. Il fallait dire qu’il pouvait être irrité par la mention de son ancien coéquipier - pas autant que par la mention de Marcus Flint, il est vrai - comme le souligna justement Maeva. Quand elle suggéra qu’on pourrait le forcer à associer « Smith » et « pénalty » il eut un rire (contrairement à son père qui n’avait pas du tout ri pendant la Coupe de la Ligue 2003.)

- Tu veux vraiment raviver d’horribles souvenirs chez lui... Après, on va finir par le casser, tu sais. Il ne fonctionnera plus. Et ça sera une grande perte dans le monde du Quidditch... et celui des memes sur internet, aussi.

Son père avait deux choses qui plaisaient à l’internet : un visage expressif et des expressions cinglantes. On retrouvait régulièrement des gifs de lui sur le bord du terrain, en train de s’énerver contre ses joueurs - ou pire, l’équipe adverse - et également des images de quand il jouait encore. Son roulement d’yeux à l’égard de Connolly, le batteur de l’équipe nationale d’Irlande, était fameux, tout comme le clin d’oeil pour narguer Flint lors d’un match à Poudlard dans les années 90. Et puis les expressions... Il n’était pas rare qu’Andrew soit tranquillement en train de scroller sur Instamag quand il se faisait surprendre par la voix de son père, qui était reprise pour des audios divers et variés, des petits sketchs. Pendant quelques semaines, il n’avait pas pu ouvrir ses réseaux sociaux sans tomber sur quelqu’un qui utilisait un bout d’interview à base de « Le Quidditch il a changé. »

Au moins, il ne se sentait jamais bien loin de sa famille et de l’Angleterre, comme cela. Cela faisait six ans qu’il était parti et certaines choses semblaient rester les mêmes, comme son père. D’autres avaient changé, comme la relation entre Maeva et lui. Ils avaient été amis lorsqu’ils étaient enfants, à courir partout dans les gradins de Flaquemare et à s’amuser ensemble. Ils s’étaient éloignés à Poudlard, parce qu’ils avaient deux ans de différence et que c’était beaucoup à l’adolescence. Ils s’étaient retrouvés sur le tard, à peu près lorsqu’il avait rejoint le Barqua. Leur relation avait évolué et il aimait ce qu’ils partageaient désormais. Ils riaient toujours autant, ils s’amusaient, ils se lançaient toujours des activités improbables et ils partageaient désormais une intimité qui lui était précieuse. Il aimait ces moments avec elle, être avec elle, dans ces week-end qu’ils passaient tous les deux. Il aimait l’embrasser, la sentir proche de lui, les soirées qu’ils passaient à discuter de tout et de rien. Ils pouvaient se dire beaucoup de choses, des plus anodines aux plus profondes. Il était bien quand elle était là et il attendait toujours avec beaucoup d’impatience les moments où ils pouvaient se voir. Dans l’attente, il lui envoyait régulièrement des messages en référence à leurs conversations et ils ne rataient jamais leur soirée devant leur télé-réalité stupide, même quand il était à Barcelone et elle à Leopoldgrad. Si par hasard il jouait ce soir-là (quel scandale) ils se calaient pour la rattraper après. Assis-là, tous les deux, sur cette plage de Barcelone en cette soirée de septembre, ses doigts caressant sa nuque, il se sentait parfaitement à sa place.

- Ma liste d’arguments est longue comme le bras et commence déjà par le fait que c’est toi qui m’a demandé de t’embrasser, souffla-t-il tout contre ses lèvres, mais je ne vais pas te révéler toutes mes cartes maintenant, ça te donnerait trop l’avantage et j’ai retenu la leçon de nos sessions de bingo...

****

La grande baie vitrée qui menait à la terrasse de sa chambre était ouverte, le vent s’engouffrant doucement dans les rideaux fins. La chaleur était un peu retombée avec l’arrivée de la nuit, une légère brise apaisait l’atmosphère. Au loin, on entendait le tumulte de la ville qui venait s’étouffer dans les larges arbres qui entouraient la maison. Les appliques au dessus des tables de chevet émettaient deux petits halos orangés, la lumière venant effleurer les draps sombres. La main d’Andrew était posée sur le dos de Maeva, caressant doucement sa peau douce, ses doigts dessinant des entrelacements sans même y penser.

- Je sais ce que tu vas me dire, souffla-t-il.

Il tourna la tête vers elle, ses yeux parcourant ses traits, ses grands yeux sombres auquel il s’était accroché, ses lèvres roses qu’il avait tant embrassées, son cou dans lequel il avait enfoui ses soupirs. Sa main descendit le long de son dos, frôlant la courbe de sa taille. Il lui adressa un sourire.

- Mais tu ne peux pas utiliser ce qui vient se passer comme argument pour ta petite démonstration. C’est du hors-jeu.

***

- N’utilise pas l’argument de l’orpheline sur moi, Maeva, ça n’est pas du jeu ! protesta-t-il en prenant une expression soi-disant réprobatrice.

C’était surtout l’une de ses cartes favorites pour l’embêter et il devait l’avouer, il était déjà tombé dans le panneau. Une fois. Ou six. Il tentait une plaisanterie et Maeva lui rappelait que ses deux parents étaient morts (les pauvres), qu’elle était orpheline et ses grands yeux brillaient, sa mine se faisait triste et Andrew sentait son coeur se serrer de compassion et de culpabilité. Il se répandait en excuses, en tentatives d’explications et elle le regardait faire quelques secondes avant d’éclater de rire, en lui disant qu’il était décidément bien trop facile à manipuler.

- Et justement, en plus, quoi de mieux qu’une orpheline pour parler héritage ? C’est comme de parler d’astronomie avec un centaure : évident et instructif !

Il l’embêtait mais elle lui rendait très bien la pareille. Quand elle mentionna que ce n’était pas sa faute si elle était meilleure que lui au jeu de son propre père - brutal - il ouvrit la bouche d’un air outré. Elle se permit même d’ajouter que le jour où il choisirait une vraie équipe, il pourrait menacer Flaquemare.

- Tu sais quoi, on va le mettre à ton propre bingo ça aussi, lança-t-il en sortant de sa poche la serviette froissée sur laquelle il avait griffonné les répliques de son père. « Maeva soutient avec beaucoup de mauvaise foi Flaquemare » et aussi « Maeva rêve de se faire adopter par Olivier Dubois », tiens.

Il était mauvais perdant mais c’était parce qu’il savait que ses souffrances n’étaient pas terminées. Non seulement contente de l’avoir humilié au jeu de son propre père, lui donnant ainsi une carte pour se moquer éternellement de lui, elle avait le droit à récompense. Et à défaut de trophée (quoique, il pourrait en faire réaliser un, ça ne devait pas coûter si cher que ça), elle allait sûrement être très inventive. Quand elle laissa planer un silence, il lui envoya un regard entendu. Elle prenait son pied à faire ça, cela se voyait.

- Ecoute, je pense que j’ai déjà bien entamé mes chances quand j’ai critiqué l’équipe devant mon père et devant la capitaine...

Il secoua la tête avant de lui adresser un sourire en coin.

- Mais vas-y, dis-moi, je suis cap.

Il avait perdu au bingo, il n’allait pas perdre à cela non plus. Et puis avec un peu de chance, il pourrait la défier aussi, histoire de rétablir son honneur.


Viva Barcelona [Maeva et Andrew] 6b811921bb30dc0927a87d115ba521cc-side
Maeva Virtanen
Maeva VirtanenArchimage urbaniste
Messages : 409
Profil Académie Waverly
Viva Barcelona [Maeva et Andrew] Icon_minitimeSam 13 Avr 2024 - 20:54
La chaleur était retombée dans la nuit mais la brise qui s’engouffrait par la baie vitrée n’était pas de trop. Maeva la savourait, les yeux mi-clos, le corps à moitié recouvert par un drap qui s’était entortillé autour d’elle. Contre son oreille, elle entendait les battements du cœur d’Andrew et ce bruit régulier venait étouffer ceux de la ville qu’elle percevait au loin. Elle sentait ses doigts dans son dos qui dessinaient des formes hasardeuses, en réponse à ceux qu’elle traçait distraitement sur son torse. Ses mots lui firent relever la tête vers lui et elle fronça légèrement les sourcils. Il s’écoula un silence avant qu’Andrew n’explicite sa pensée et elle se fendit d’un rire en se tournant légèrement pour pouvoir mieux le regarder.

“Déjà, je n’ai pas du tout besoin de ça pour argumenter quoique ce soit. Mon propos se tenait déjà très bien tout à l’heure, souligna Maeva. Et ensuite, il fallait définir les règles du hors-jeu avant de commencer la partie.”

Elle fit remonter sa main vers lui, la posa à l’angle de sa mâchoire pour pouvoir caresser sa joue de son pouce. Elle lui adressa un sourire à son tour, les yeux accrochés aux siens.

“En plus, je n’étais pas du tout en train de penser à ça, j’étais tout à fait déjà persuadée d’avoir raison” le taquina-t-elle. Elle fit courir à nouveau ses doigts sur sa peau. “Non, j’étais en train de me dire que j’avais super faim, en fait.” Ils avaient grignoté des tapas au restaurant mais rien de bien conséquent et son estomac se réveillait maintenant.

***

Maeva coula un regard vers Andrew alors qu’il sortait de sa poche sa serviette en papier froissée sur laquelle plusieurs phrases étaient griffonnées. Son commentaire lui tira un rire mais elle abonda dans son sens :

“T’as peur de perdre ta place d’enfant préféré ?” le taquina-t-elle après sa remarque sur Olivier.

Si ce n’était pas déjà fait, puisqu’il venait littéralement de critiquer l’équipe de son père au sein même du club, avec une petite coupe de champagne payée par Flaquemare entre les mains. Il avait sûrement perdu des points au profit de sa sœur Susan, occupée à discuter avec Gwenog Jones.

Et toutes les idées qui lui traversaient l’esprit ne pouvaient pas rivaliser avec la balle qu’Andrew s’était tiré tout seul dans le pied. Sauf peut-être une.

Maeva glissa un regard lourd de sens pour lui avant de déclarer :

“Je pense que c’est le bon moment pour retenter le “plan de tous les dangers”, non ?”

Le “plan de tous les dangers” datait de plus de dix ans, quand elle en avait quatorze et Andrew douze. Lors de la soirée de Noël, après avoir écoulé toutes leurs occupations habituelles, ils s’étaient mis en tête de s’infiltrer dans le bureau d’Abberline, l’entraîneur des batteurs, pour y subtiliser sa paire de jumelles. Neil Abberline avait cinquante ans à cette époque et il fallait batailler pour lui faire enfiler un costume (“on fait du Quidditch, pas de la politique !” râlait-il souvent). Il avait une grosse moustache qui mangeait sa lèvre supérieure et la fâcheuse habitude de pester contre tout : les conditions météorologiques, le taux d’humidité dans l’air, sa femme, ses joueurs, ses collègues, les spectateurs. Il n’en était pas moins un excellent joueur et un brillant stratège, qui savait pousser ses joueurs dans les bonnes directions. Il était notamment connu pour ses discours aussi drôles qu’inspirants et pour ses petites jumelles qui ne quittaient pas ses mains et qu’il collait toujours à ses yeux pour mieux observer les actions. Il en avait une sacrée collection qui lui avait valu le surnom de “la loupe” dans la presse. Ils s'étaient beaucoup amusés ce soir-là, Maeva se souvenait encore de leur fou-rire silencieux lorsqu'ils s'était efforcés de ramper dans le couloir (juste pour le style, évidemment, car il n'y avait personne dans les bureaux). Ils n'avaient toutefois pas réussi à gagner les bureaux, surpris par le gardien qui les avait renvoyé fissa dans la salle principale.

“Bon, ça fait quelques années que La Loupe est parti mais...” Maeva eut un sourire en coin. “Je suis sûre que ton père ne remarquera pas la disparition d’une de ses nombreuses médailles. Tu sais, celles qui sont suspendues derrière son bureau.”



Shake it out
I like to keep my issues drawn, it's always darkest before the dawn
Contenu sponsorisé
Profil Académie Waverly
Viva Barcelona [Maeva et Andrew] Icon_minitime