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Sept à la maison [Famille Calder]

Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
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Sept à la maison [Famille Calder] Icon_minitimeVen 5 Jan 2024 - 9:35
28 août 2023, Oxford.

« Pilar, qu'est-ce que j'ai dit pour la télé ? »

La petite fille tourna la tête vers sa mère, s'arrachant à contrecœur du match de Quidditch qu'elle regardait avec attention.

« Mais s'il-te-plaît, soupira Pilar d'un air plaintif. C'est un match hyper important !
-Non, répondit fermement Avalon. Vivianne et John vont arriver pour le déjeuner, tu pourras regarder la rediffusion plus tard.
-Mais maman, ça se regarde pas en rediffusion le Quidditch. »

Pilar se passionnait pour le célèbre sport sorcier depuis son plus jeune âge. Ses parents n'avaient jamais manifesté d'attrait particulier pour cette discipline mais Irina, sa marraine, lui avait offert un balai-jouet pour ses trois ans. Depuis Pilar n'en démordait plus ; elle voulait devenir joueuse de Quidditch et se rêvait déjà capitaine de l'équipe de sa future maison. A son anniversaire, elle avait reçu un balai et désespérait de ne pas pouvoir voler à Oxford. Elle était contrainte de le laisser à Flaquemare, dans la belle villa que Roy et Avalon avaient acquise cinq ans plus tôt et dans laquelle ils se rendaient souvent. Pilar adorait Flaquemare et demandait régulièrement à ce qu'ils viennent y vivre de manière permanente. Là-bas, il y avait un terrain de Quidditch dans le jardin et des joueurs célèbres à tous les coins de rue. Au fil des années, Avalon et Roy s'étaient liés d'amitié avec Olivier et Sarah Dubois ainsi que Juliet Wilson qui vivait dans une maison en face de la leur avec son compagnon, Charlie Weasley. Pilar ne manquait évidemment aucune occasion d’assaillir les joueurs de questions diverses et abordait fièrement ses maillots dédicacés.

« On peut mettre au moins le début ! reprit-elle avec insistant.
-Pilar Calder, tu éteins cette télévision tout de suite. » répliqua Avalon, les sourcils froncés au-dessus de son regard implacable. « Et tu n’as pas intérêt à essayer de l’allumer en douce. » ajouta-t-elle en observant fille, dont le visage se renfrogna. « Allez, va aider son père à mettre le couvert dans le jardin. »

La petite sortit en trombe sur la terrasse en marmonnant quelques mots qu’Avalon n’essaya pas de comprendre. Pilar était une enfant très têtue, capable d’insister pendant plusieurs heures pour obtenir ce qu’elle désirait – sa technique étant souvent de réitérer sa demande jusqu’à user les nerfs de son interlocuteur. Elle pouvait se vexer assez rapidement sous le coup de la contrariété mais ne restait jamais fâchée très longtemps – contrairement à sa petite sœur, Nieves, qui, à cinq ans, pouvait se montrer très susceptible et avait tendance à bouder longtemps quand elle était mécontente.

Les enfants Calder avaient tous des personnalités radicalement différentes et Avalon ne pouvait que le constater en les voyant interagir ensemble. Alma était une aînée sage et douce, très attentive aux autres. Pilar était une enfant plus brusque, résolument indépendante, avec un caractère très proche de celui de ses parents au même âge. A cinq ans, Nieves adorait être le centre de l’attention et récolter les rires. Plus timide, Carmen la suivait toutefois volontiers dans ses combines, même si elle savait se montrer plus raisonnable. Juan était encore jeune mais avait tout d’un enfant très solaire, qui souriait volontiers aux adultes qu’il croisait.

« Les filles, appela Avalon en voyant Teresa et Alma se diriger vers le jardin, vous voulez bien prendre les serviettes avec vous, s’il-vous-plaît ?
-Oui maman, répondit Alma en se dirigeant vers un tiroir pour y extirper plusieurs serviettes en tissu, soigneusement pliées.
-Il y a besoin d’autre chose ? s’enquit Teresa.
-Tu peux prendre ces deux bols ?
-Oui, bien sûr.
-Merci ma puce. »

Les deux fillettes s’éloignèrent ensemble, plongées dans l’une de ces longues conversations dont elles avaient le secret. Nées à cinq mois d’écart, Alma et Teresa avaient toujours eu un lien un peu particulier. Lorsqu’Alma était encore petite, Avalon et Roy l’emmenaient souvent aux Etats-Unis pour des périodes assez longues, désireux qu’elle puisse passer du temps avec sa sœur. Cette organisation avait tenu pendant cinq mais était devenue plus compliquée par la suite, avec la naissance de Pilar puis des jumelles. A présent, les Calder se déplaçaient aux Etats-Unis de temps en temps mais c’était surtout Teresa qui venait passer du temps en Angleterre. Alma était toujours ravie de la voir arriver. Aînée de sa fratrie de plusieurs années, elle ne pouvait pas se confier à Pilar de la même façon qu’elle le faisait avec Teresa.

En cuisine, Avalon finissait de préparer le repas du midi lorsqu’elle entendit la porte d’entrée s’ouvrir. Elle releva la tête avec un sourire aux lèvres.

« Coucou, c’est nous ! »

Vivianne avait directement traversé la maison jusqu’à la cuisine, où elle était certaine de trouver sa sœur et son beau-frère. Avalon s’avança vers elle et l’enlaça avec chaleur.

« Comment ça va ? Oh, mon Dieu tu as pris des couleurs, toi. » constata Avalon en se reculant légèrement pour observer le visage de sa petite sœur. « C’était bien, la Grèce ?
-Incroyable, répondit Vivianne avec des étoiles dans les yeux. J’ai déjà hâte d’y retourner. »

Avalon la gratifia d’un dernier sourire avant de saluer d’une bise le petit-ami de sa sœur, John.

« Tu vas bien, John ? » Elle ajouta avec un sourire en coin : « Toi, tu as plutôt rougi en Grèce, non… ? »

Le jeune homme eut un rire.

« C’était terrible. J’étais le drapeau de Gryffondor. Vraiment, j’étais à ça de me vendre à Poudlard comme étendard. »

Avalon rit de bon cœur avant de désigner le jardin du menton.

« Tout le monde est dehors. On y va ? On a des choses à célébrer, après tout ! » lança-t-elle avec un regard pour sa soeur.




Avalon Calder

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Roy Calder
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Sept à la maison [Famille Calder] Icon_minitimeSam 13 Jan 2024 - 5:52
Les belles journées d’été s’étiraient sur la fin de ce mois d’août, créant le temps était parfaitement propice à déjeuner dans le jardin. Les jumelles couraient déjà dans tous les sens, dans la partie enclose avec des jeux qu’Avalon et Roy avaient aménagée après leur naissance en constatant qu’ils ne pouvaient plus garder un oeil attentif sur tous leurs enfants en même temps. Contenus dans cet espace sécurisé, Carmen et Nieves enchainaient les tours de toboggan, pendant que Juan tentait de les suivre de ses pas maladroits. Roy faisait la police de loin - « attention à votre frère, vous allez le faire tomber à courir aussi vite », « Nieves, tu partages avec ta soeur » - tout en organisant le ballet des verres et des couverts en lévitation. Comme avec tous les sortilèges qui s’approchaient de près ou de loin au rangement, sa baguette magique lui offrit une parfaite exécution, que Roy contrôlait d’un oeil expert quand Pilar apparut dans son champ de vision, en tapant fort du pied par terre pour bien signaler sa présence.

« Maman elle veut pas que je regarde le Quidditch, je suis FÂCHÉE. »

« Je suis fâchée » était certainement la phrase que Pilar prononçait le plus souvent. Roy avait l’impression qu’il n’y avait pas un jour où elle n’était pas fâchée par quelque chose. Un jour, il s’en était plaint devant sa mère qui lui avait renvoyé un regard très équivoque et il avait râlé davantage ; il savait très bien qu’il n’était pas le mieux placé pour s’en plaindre et que Pilar, au moins, à l’inverse de lui, avait le bon goût d’expliciter ses émotions avec des mots au lieu de les exprimer en hurlant ou en cassant des choses.  

Parfois Roy prenait les nombreuses sautes d’humeur de sa fille avec beaucoup d’exaspération et d’impatience. Et parfois, il le prenait avec plus d’humour. Cette fois-ci, il se sentit d’assez bonne humeur pour accueillir la situation avec légèreté. Il se pencha vers elle, avec un sourire en coin aux lèvres.

« Est-ce qu’il y a un jour où t’es pas fâchée, princesse ? 
-Maaais euh ! râla la petite fille, qui n’aimait pas ce surnom et qui n’aimait pas ne pas être prise au sérieux.
-Je sais que tu voulais regarder ton match, mais c’est notre dernier déjeuner tous ensemble avant la rentrée d’Alma, avec Vivianne qui vient exprès pour ça. Tu vas pas aller te mettre toute seule devant la télé, quand même ? »

Pilar qui avait toujours réponse à tout joignit ses mains pour supplier son père :

« Mais non mais on peut installer la table dans le salon et allumer la télé et on peut même baisser le son ! Ou même enlever le son et je regarde juste les images ! »

Conscient qu’avec Pilar, la meilleure méthode pour l’embarquer de son côté était plutôt de négocier avec elle, Roy adopta une autre approche. Il s’accroupit devant elle, posa ses mains sur ses épaules et prit son plus bel air de conspirateur :

« Et si je te dis que j’ai une surprise juste pour toi, pour te consoler de manquer le match ? »

Une lueur d’intérêt éclaira le regard de Pilar. Ses sourcils auparavant froncés se levèrent, alors qu’elle demandait :

« Une surprise de quoi ?
-Bah je vais pas te le dire, sinon c’est pas une surprise… Mais tu vas aimer, promis.
-Mais c’est quand la surprise ? insista t-elle.
-Hum… Demain » annonça t-il après un bref instant de réflexion. « Demain matin, après ton petit-déjeuner, on ira dans un endroit secret pour que tu voies la surprise.
-Juste moi ? »

Éternelle enfant du milieu, coincée entre une aînée parfaite et des soeurs jumelles envahissantes, Pilar était toujours assez sensible au fait d’avoir des moments spécialement pensés pour elle. Roy confirma en promettant :

« Juste toi. »

Voyant un sourire satisfait se glisser sur les lèvres de sa fille, Roy sut qu’il avait gagné et sourit à son tour. Il n’avait aucun doute sur le fait que cette surprise qu’il imaginait plaise à Pilar. En début de semaine, Ignacio et lui avaient réceptionné leurs premiers Abraxans, deux beaux spécimens, qu’ils souhaitaient entraîner pour diversifier leurs activités et se lancer dans des courses volantes, un sport et un divertissement en pleine expansion aux États-Unis. Nul doute que monter avec un de leurs cavaliers donnerait à Pilar cette sensation d’adrénaline et de vitesse qu’elle aimait tant.

« Hum… D’accord, accepta t-elle. Mais tu peux me donner un indice sur la surprise ?
-C’est toujours plus avec toi, hein ? » railla t-il en masquant mal le petit sentiment de fierté qu’éveillait chez lui ses talents de négociation en germes. « Pas d’indice. Comme ça, tu aimeras encore plus la surprise. » Il déposa un baiser sur son front et une légère tape dans son dos, pour l’inviter à le suivre. « Allez, maintenant tu nous aides à finir de mettre la table avec tes soeurs. »  

Alma et Teresa arrivaient vers eux, les bras chargés. À quatre, ils terminèrent rapidement de dresser la grande table. Quand Vivianne arriva sur la terrasse en compagnie de son petit copain, tout était prêt et ils reçurent un accueil chaleureux.

« Oh wow, y en a qui ont passé de belles vacances à ce que je vois ! » commenta Roy en ricanant face au visage écrevisse de John. Il lui donna en accolade. « Dis donc, si la Grèce t’a cramé à ce point, t’es pas encore prêt pour venir au Mexique, toi.
-Mais si, je suis prévenu maintenant ! »

Roy s’approcha ensuite de Vivianne, qu’il serra plus longuement dans ses bras.

« Hey, madame la chercheuse, la salua t-il avec un sourire fier, en embrassant sa joue. J’espère que t’as bien profité du soleil parce que les couloirs du Département des Mystères, c’est un autre genre d’ambiance. »

Contre lui, Vivianne rigola légèrement.

« C’est ta manière de me féliciter d’avoir obtenu une bourse là-bas ?
-Oh tu vas me vexer, je fais la fête un peu mieux que ça, quand même ! » répliqua t-il en reculant. Il ébouriffa gentiment ses cheveux. « Mais félicitations pour ton gros cerveau enfin reconnu à sa juste valeur. »


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Avalon Calder
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Sept à la maison [Famille Calder] Icon_minitimeSam 13 Jan 2024 - 9:56
Vivianne avait vécu plusieurs années à Oxford. Elle y avait d’ailleurs toujours sa chambre, malgré son déménagement quelques années plus tôt. Après une brillante scolarité à Poudlard, elle avait entamé une licence d’astronomie à l’université de Leopoldgrad, complétée par une licence en astrophysique à la Queen Mary University of London. Ce double cursus sorcier – moldu avait été éreintant à suivre pour la jeune fille mais elle s’en était admirablement bien sortie et avait ainsi gagné son billet d’entrée pour l’institut d’Astromagie situé en Alaska, qui accueillait chaque année quelques étudiants dans le cadre d’un master spécialisé. Elle était rentrée en mai avec son diplôme en poche et une demande de financement pour sa thèse qui avait été acceptée par le département des mystères.

Avalon était plus qu’admirative du parcours brillant de sa sœur et ce fut avec une pointe de fierté dans les yeux qu’elle l’observa alors qu’ils se dirigeaient vers le jardin. Vivianne avait toujours été une élève exceptionnelle mais son entrée à Poudlard avait révélé un énorme potentiel en elle. Fascinée par toutes ces nouvelles disciplines, la jeune fille s’était plongée avec plaisir dans les apprentissages. Sans surprise, l’astronomie était devenue sa matière préférée mais Vivianne était restée jusqu’à ses ASPICS une élève polyvalente, chaudement complimentée par ses professeurs. Roy et Avalon, en tant que tuteurs légaux, s’étaient retrouvés au premier rang pour assister à ses réussites… Et au premier rang pour l’aider à y parvenir. Avalon ne comptait plus le nombre de soirées passées à l’interroger sur des matières dont elle ne comprenait pas un traitre mot.

Mais tous les efforts de Vivianne avaient finalement payé et cette bourse au département des mystères lui promettait un bel avenir de chercheuse. C’était pour célébrer cette bonne nouvelle que la grande famille Calder-Davies se retrouvait à l’occasion d’un déjeuner dominical. Vivianne fut évidemment la cible de toutes les attentions lorsqu’elle pénétra dans le jardin. Roy l’enlaça longuement avant qu’elle ne soit entourée par ses nièces, pressées de la saluer. Avalon eut un sourire en la voyant serrer Alma puis Teresa dans ses bras et embrasser chaleureusement Pilar. Les jumelles ne tardèrent pas à arriver, très curieuses de cette effervescence, suivi par Juan qui trottinait maladroitement derrière elles sous le regard attentif de sa mère. Ce fut ce dernier que Vivianne souleva dans ses bras et installa contre sa hanche, tirant des rires ravis au petit garçon. A sa naissance, Roy et Avalon avait demandé à Vivianne d’être la marraine de leur fils, ce qu’elle avait accepté avec une grande émotion.

Il fallut plusieurs minutes pour asseoir tout ce petit monde à l’ombre du grand porche, autour d’une table basse chargée d’apéritifs. Avalon s’occupa de servir les adultes en champagne tandis que Roy versait des verres de jus de pomme aux enfants. Si Alma et Teresa s’en contentèrent avec un sourire, Pilar, elle, fit le tour des adultes pour savoir si elle pouvait goûter « juste un peu », « juste les lèvres pour voir. » Lorsqu’elle s’approcha de John – l’élément le plus faible du groupe des adultes selon elle – ce dernier avait un sourire en coin des lèvres. Loin de céder à sa requête, il sortit sa baguette magique et ensorcela sa boisson qui devint pétillante, arrachant un cri de surprise à la petite fille. Il posa un doigt sur ses lèvres comme pour l’enjoindre au secret et Pilar hocha la tête, ravie de pouvoir siroter sa boisson – toujours non-alcoolisée mais spéciale.

« A toi, Viv. » fit Avalon en levant son verre, un sourire ancré sur les lèvres. « Et à la première étape sur ta route pour obtenir un prix Nobel… ajouta-t-elle avec un sourire en coin.
-Je tâcherai de ne pas vous oublier dans mon discours, répondit Vivianne sur le même ton.
-Mais j’espère bien ! s’offusqua Avalon. Pour toutes les fois où Roy et moi on t’a interrogé sur la densité des planètes sans rien comprendre aux questions ni aux réponses. »

Vivianne eut un rire mais ce fut John, son petit ami, qui rebondit :

« Et encore, vous avez échappé à son sujet de thèse… »

Une question fusa sur la droite :

« C’est quoi une thèse ? »

Alma, très curieuse, écoutait toujours attentivement les adultes lorsqu’ils parlaient.

« C’est… Un sujet sur lequel on réfléchit. On se pose une question et après on fait beaucoup de recherches et d’expériences pour y répondre.
-Et toi c’est quoi ta question, tata Vivianne ? s’enquit Pilar, les mains autour de son verre de jus.
-C’est, hum, la présence de la magie dans l’espace.
-Dans le ciel ?
-C’est ça, dans le ciel. Parfois, il y a des phénomènes bizarres et moi, je me demande si on peut les expliquer avec la magie.
-Quoi comme phénomènes ? demanda Teresa, assise à côté d’Alma.
-Eh bien, des trous noirs par exemple. »

Carmen, qui n’avait compris que quelques mots dans la conversation, eut une expression catastrophée.

« Quoi ?? Mais il y a des trous dans le ciel ?
-Non, enfin, pas des trous comme on connait. Ce sont comme des… Des portails.
-Il y a des portails dans le ciel ? Mais ça veut dire que des gens y vivent ? »

A côté d’elle, John affichait un discret sourire, un peu amusé par la situation. Il était visiblement habitué à entendre Vivianne présenter son sujet de recherche à des assemblées qui affichaient clairement son incompréhension face à ses explications. Il offrit un regard à Roy et Avalon et avoua dans un souffle qui sonnait davantage comme un rire :

« Moi non plus, je comprends jamais rien quand elle explique. » Vivianne lui lança un regard en coin. « Mais je saisis le principal, Viv’. Que tu es brillante.
-Oui tata tu brilles ! » renchérit Nieves (qui disait surtout ça pour les paillettes joliment posées au-dessus des yeux de sa tante.)
-Ta ta ta ta. » répéta Juan, toujours installée sur la genoux de sa marraine.



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Roy Calder
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Sept à la maison [Famille Calder] Icon_minitimeDim 14 Jan 2024 - 7:55
Quelques minutes plus tard, les dix chaises autour de la table étaient toutes occupées par la joyeuse famille rassemblée. Très vite, les questions des enfants fusèrent pour tenter de comprendre ce qui faisait l’objet de leur réunion : la brillante réussite de Vivianne, qui avait obtenu un financement pour mener une thèse au Département des Mystères.

S’il devait être honnête, Roy non plus ne comprenait pas bien toutes les subtilités de son sujet. Tout ce qu’il avait pu en saisir, c’était qu’elle travaillait sur deux choses qui la passionnaient depuis son enfance : l’astrologie et les fondements de la magie. Un jour, elle lui avait résumé son sujet de recherche en trois mots simples que Roy avait trouvé percutants et depuis, c’était ce qu’il retenait : elle travaillait ni plus ni moins que sur l’origine du monde.

Mais ce n’était pas évident de l’expliquer à de jeunes enfants et tous finirent par s’accorder sur un point. Vivianne était brillante, dans tous les sens du terme. Roy leva sa coupe de champagne vers elle, en déclarant :

« À la tienne, Viv’ ! Et à toutes tes futures découvertes qui vont révolutionner le monde, c’est sûr » ajouta t-il avec un sourire.

Les quatre adultes trinquèrent entre eux, mais alors que Roy portait le verre à ses lèvres, il surprit un échange de regards éloquents entre John et Vivianne, comme s’ils communiquaient silencieusement. Ils eurent l’air de trouver un accord tacite car le jeune homme finit par ajouter, en s’éclaircissant la gorge :

« En fait… On a une deuxième bonne nouvelle à fêter. »

Elle noua sa main à celle de John posée sur la table, avec un grand sourire aux lèvres, sous les regards curieux des autres autour. À voir cette complicité particulière et évidente entre eux, Roy pressentit ce qu’ils allaient dire avant même qu’ils ne l’annoncent mais Vivianne fut plus rapide :

« John et moi, on va se marier ! »

Alma fut la première à réagir, avec un immense sourire surexcité sur les lèvres :

« C’est vrai ? Mais c’est TROP BIEN ! »

Avalon et Roy, eux, réagirent avec un peu plus de retenue, car la surprise fut leur première réaction. Ils échangèrent un regard déstabilisé et Roy sut que sa femme pensait à la même chose que lui. C’était évidemment une bonne nouvelle, car ils n’avaient jamais eu aucun doute sur le fait que Vivianne et John puissent vivre une belle histoire d’amour durable, mais ils n’avaient pas imaginé qu’ils puissent prendre une telle décision si jeunes. La réaction de Roy fut honnête :

« Wow, je m’attendais pas à ça ! » admit t-il, en reposant sa coupe de champagne. « Mais… Félicitations ! Vous avez décidé ça quand ? »


Roy Calder

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Avalon Calder
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Sept à la maison [Famille Calder] Icon_minitimeDim 14 Jan 2024 - 19:25
John avait seize ans la première fois qu’Avalon et Roy l’avaient rencontré. Vivianne et lui étaient en couple depuis quelques mois déjà et la jeune fille avait voulu l’inviter à passer un weekend à Oxford à l’occasion des vacances de Pâques. Ils avaient été un peu déstabilisés par cette requête qui avait suscité plusieurs questions qu’ils ne s’étaient jamais posés auparavant et notamment celle de savoir où allait dormir John pendant ces quelques jours. Ils avaient repensé aux modèles avec lesquels ils avaient grandi, comme pour y trouver de quoi répondre à cette interrogation. Chez les Calder, où on prônait l’abstinence jusqu’au mariage, la question ne s’était jamais posée pour Roy : il n’avait jamais présenté la moindre petite copine à ses parents. Cela ne l’avait évidemment pas empêché de faire le mur pour explorer sa vie sentimentale loin des murs de la maison familiale. Quant à Avalon, elle avait passé son adolescence sans la moindre limite. Elle partait le soir sans se sentir obligée d’informer qui que ce soit de son départ et dormait chez des garçons sans avoir reçu le moindre discours de prévention en amont.

Roy et Avalon s’étaient donc accordés sur un point : il devait exister un juste milieu entre l’éducation très stricte de Roy et le cadre inexistant de l’adolescence d’Avalon. Ils devaient simplement le trouver.

Parce qu’ils faisaient confiance à Vivianne qui, en plus d’être une élève brillante, était aussi une adolescente raisonnable, ils avaient convenu qu’Avalon lui demanderait d’abord si elle nourrissait l’espoir de pouvoir dormir avec son petit-ami. Les joues cramoisies, sa sœur avait hoché la tête. Une longue et fastidieuse conversation avait suivi cet aveu, dans lequel Avalon avait cherché à transmettre à Vivianne ce dont elle avait manqué au même âge. Sa petite sœur avait évidemment été mortifiée de cette discussion mais cette dernière s’était soldée sur un accord ; Avalon et Roy acceptaient d’accueillir John sur le weekend et de les laisser partager la même chambre, bien conscients que deux adolescents décidés à se rejoindre braveraient de toute façon tous les interdits pour y parvenir.

John était donc arrivé un vendredi en fin d’après-midi et avait passé un long moment à répondre à des questions (plus ou moins) subtiles de deux adultes relativement inquiets. Le jeune homme qu’ils avaient rencontré avait su apaiser leurs craintes ; John leur était immédiatement apparu comme un garçon sympathique, très soucieux des autres et notamment de Vivianne sur qui il ne tarissait pas d’éloges. Les deux ne s’étaient pas quittés ; cela faisait désormais six ans qu’ils étaient ensemble et avaient récemment emménagé tous les deux après le retour de Vivianne sur le territoire anglais. Avalon savait que la séparation n’avait pas été évidente à vivre pour le couple mais qu’ils avaient réussi à faire contre mauvaise fortune bon cœur, les yeux tournés vers l’avenir radieux qui semblait leur ouvrir les bras.

Alors elle savait bien que Vivianne filait le parfait amour avec John.

Mais pas au point de se marier avec lui alors qu’ils n’avaient que vingt-deux ans.

L’annonce la laissa muette de surprise. Elle glissa un regard vers Roy et ils n’eurent pas besoin d’échanger le moindre mot pour savoir que leurs pensées suivaient le même chemin. Ce changement arrivait très tôt dans la vie de Vivianne et Avalon ne savait pas exactement comment réagir. Elle oscillait entre une joie sincère face à la mine ravie de sa sœur et une réserve inhabituelle teintée par l'inquiétude.

« En Grèce, révéla Vivianne avec un sourire. On se baladait un soir dans la ville et on s'est retrouvés...
-On s'est pas retrouvés, Viv', corrigea John avec un regard amusé, j'avais tout prévu !
-C'est vrai, concéda-t-elle en riant, donc il m'emmène sur une petite place, juste en face du port, qui est illuminée par des guirlandes. Il y avait même un joueur de bouzouki...
-Ça, admit John, c'était un heureux hasard.
-Et là, il m'a demandé en mariage, annonça Vivianne avec les yeux brillants.
-C'est super romantique. » souffla Alma, qui avait toujours aimé les belles histoires d'amour.

Vivianne esquissa un sourire et se tourna vers Avalon.

« Tu dis rien, Av' ?

-Si, si, pardon, se reprit cette dernière. Félicitations, vraiment, c'est juste que... Je m'y attendais pas du tout, avoua-t-elle avec un rire. Je pensais pas que vous pensiez déjà à vous marier, tous les deux.
-On sait que c'est un peu inhabituel de se marier aussi jeunes mais... On sait ce qu'on veut, affirma Vivianne en nouant ses doigts à ceux de John, et la bague qui ornait désormais son annulaire gauche attrapa un rayon du soleil. Et puis, ça fait déjà six ans qu'on est ensemble. L'histoire raconte que certains ici ont eu un enfant et se sont mariés avant même de fêter leur premier anniversaire de couple... » souffla-t-elle avec un sourire railleur.

***

Sept à la maison [Famille Calder] Vivian12
Vivianne Davies, 14 ans, sœur d'Avalon.

26 juin 2015 - veille du mariage.

Le château était immense, si bien que Vivianne s’était perdue dans les couloirs et s’était retrouvée au beau milieu des cuisines au lieu de rejoindre l’étage des chambres. Heureusement, le personnel était très gentil et on l’avait escorté jusqu’aux escaliers qui desservaient la partie nuit de la bâtisse.

Roy et Avalon se mariaient demain pour la seconde fois. Si leur premier mariage avait été intime et minimaliste, celui-ci avait été pensé à l’opposé de ces termes ; la réception allait être immense et ils attendaient plusieurs centaines d’invités. Vivianne avait attendu ce jour avec beaucoup d’enthousiasme ; comme elle vivait avec sa sœur et Roy, elle avait été aux premières loges de l’organisation de ce grand-jour et avait même proposé quelques idées pour le rendre exceptionnel. Tout était prêt, désormais. La nuit tombait et ceux qui étaient présents au château la veille du mariage avait été invités à aller se coucher pour être en forme le lendemain. Avalon était montée dans sa chambre – qu’elle ne partageait exceptionnellement pas avec Roy pour la nuit, pour des raisons d’organisation – et Roy était parti quelques minutes après elle. Vivianne s’était un peu attardée auprès d’Elena Calder avant de monter à son tour, une petite boule de nervosité logée au creux de l’estomac.

Elle finit par arriver dans le bon couloir mais, au lieu de se diriger vers la chambre qu’on lui avait attribué pour le weekend, continua encore un peu pour atteindre celle de Roy.

Son cœur battait un peu vite lorsqu’elle toqua quelques coups à la porte.

« Roy ? appela-t-elle depuis l’extérieur. C’est moi. Est-ce que je peux entrer ? »


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Roy Calder
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Sept à la maison [Famille Calder] Icon_minitimeMer 17 Jan 2024 - 8:11
Roy avait plutôt une bonne opinion de John et ce n’était pas rien pour lui. Il s’était découvert avec les années un instinct aussi protecteur -sans doute même plus- avec ses enfants qu’avec ses autres proches. Vivianne faisait partie de cette large catégorie qu’il identifiait comme ses enfants et qu’il couvrait de sa bienveillance paternelle. Autant dire que John avait été observé sous toutes ses coutures, la première fois qu’il s’était présenté à lui.

Et il fallait reconnaître à ce jeune homme un certain courage, pour avoir fait face sans sourciller à l’attitude scrutatrice d’une ancienne milicienne rompue à l’exercice de l’interrogatoire et d’un ancien mafieux habitué à utiliser la torture pour obtenir des informations. De cette première rencontre, Roy retenait une première impression de la personnalité de John que les six années suivantes n’avaient pas démenti. C’était un garçon constant, patient, raisonnable et doux.

En somme, un binôme parfait pour Vivianne qui avait le même genre de caractère facile à vivre.

Alors Roy n’était pas foncièrement surpris d’apprendre qu’ils projetaient de se marier. Maintenant que le premier choc passait, qu’il voyait les visages épanouis de Vivianne et John et l’évidente joie qu’ils manifestaient à leur annoncer la nouvelle, finalement, tout ceci lui semblait avoir une certaine logique. Il y avait des couples qui étaient tout simplement faits pour finir leurs jours ensemble, qui pouvaient le savoir très vite et l’âge n’avait pas grand-chose à voir avec cela.

Pourtant, par simple amour de la contradiction, Roy prétendit le contraire face à Vivianne soulignait, à très juste titre, qu’Avalon et lui avaient très peu attendu avant de se marier :

« Ça n’a rien à voir.
-Et pourquoi ça ? s’enquit Vivianne en haussant un sourcil sceptique.
-Parce que.
-J’entends toujours pas d’argument, là.
-Tu comprendras quand t’auras trente ans comme nous à l’époque, opposa t-il avec un sourire en coin. À cet âge, on commence enfin à savoir ce qu’on veut.
-Parle pour toi » répliqua la jeune femme avec le même sourire.

Ce genre de petite joute verbale qu’il affectionnait tant dans leurs rapports détendit quelque chose dans l’atmosphère, et notamment du côté d’Avalon que Roy sentit s’apaiser à ses côtés. Discrètement, il glissa sa main sous la table pour la poser sur son genou. Il jugea alors le moment propice à dire ce qu’il pensait vraiment, en gratifiant Vivianne d’un sourire plus sincère :

« C’est une très bonne nouvelle. Vous avez raison de faire ce que vous vous sentez prêts à faire ensemble. Là-dessus, y a que vous qui décidez et le reste du monde peut bien aller se faire foutre. »

Carmen et Nieves pouffèrent derrière leur assiette, comme à chaque fois qu’un gros mot était prononcé, ce qui arrivait -malheureusement- relativement souvent car c’était une mauvaise habitude dont Roy peinait à se débarrasser devant ses enfants. Il ajouta, sur un ton plus léger :

« Bon, alors, montre-nous ce gros caillou à ton doigt, que je vérifie que John s’est pas foutu de toi. »

*****

26 juin 2015

Roy se souvenait très bien de son état d’esprit le jour de son mariage avec Avalon, trois ans plus tôt. Il se rappelait de ce sentiment de sérénité et d’émerveillement à la fois, face à la facilité avec laquelle tout s’était parfaitement bien arrangé pour leur cérémonie improvisée à la dernière minute. Comme un signe du destin, presque : celui que rien ni personne ne pouvait entraver leur chemin jusqu’à ce jour si symbolique.

Il s’était marié avec un profond sentiment de certitude dans le coeur. Pour ce renouvellement de voeux et ce deuxième mariage plus officiel, Roy se sentait tout aussi certain de lui. Pour cette fois, Avalon et lui avaient décidé de faire une cérémonie religieuse, à l’église, pas seulement pour le symbole et le faste associés à ce type de célébration. C’était aussi le signe d’un changement chez eux, un regain de foi qui avait accompagné leur cheminement vers la guérison, après les tragiques événements qui avaient suivi la naissance d’Alma. Une guérison qu’il considérait avoir achevée, maintenant qu’il était assez heureux et équilibré dans sa vie pour être à nouveau capable de se projeter dans un bel avenir avec Avalon.

Alors pour Roy, cette seconde noce n’était pas seulement l’occasion de faire une grande fête mémorable, avec plus de proches ; c’était une manière de marquer la fin d’un long chemin et le début d’un autre, plus lumineux encore.

Installé sur un fauteuil et occupé à détacher la montre qui ornait son poignet, Roy caressait toutes ces pensées quand un coup fut frappé à la porte. Intrigué, il leva les yeux et supposa aussitôt qu’il s’agissait d’Avalon. Encore quelques minutes plus tôt, il plaisantait avec elle par message Pear sur le fait qu’ils avaient bien changé pour accepter de dormir dans deux chambres séparées. Il n’était pas certain que cette résolution tienne car après toutes ces années passées à dormir avec elle, il savait qu’il ne dormait jamais bien quand leurs habitudes devaient se bousculer, alors il s’attendit à ouvrir sa porte sur Avalon.

Mais ce fut une autre voix qui s’annonça et un autre visage, assez ressemblant à celui de sa femme, qui se présenta à lui. Roy haussa les sourcils, surpris.

« Ouais, rentre » l’invita t-il en se décalant légèrement sur le côté. « Ça va pas, t’as oublié quelque chose ? »

Vivianne faisait une drôle de tête, comme si elle était nerveuse, tout à coup.


Roy Calder

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Sept à la maison [Famille Calder] Icon_minitimeMer 17 Jan 2024 - 21:37
Avalon et Vivianne avaient toujours eu un lien particulier. L’obtention de sa garde, à ses dix ans, avait forcé Avalon à trouver un équilibre entre une figure maternelle et son rôle de grande-sœur. Roy et elle avaient élevé Vivianne pendant plusieurs années ; ils avaient été là pour sa rentrée à Poudlard, avait attendu sa première lettre avec impatience, l’avaient réconfortée après son tout premier chagrin d’amour, l’avaient aidée à réviser ses BUSE, ses ASPIC puis ses examens à l’université. Ils avaient répondu à ses innombrables questions, avaient ri et joué avec elle. Au fil des années, Vivianne avait grandi et la place d’Avalon s’était redéfinie doucement. Elle était moins une mère pour elle maintenant qu’elle ne l’avait été lorsqu’elle n’était encore qu’une petite fille. Elles avaient des rapports plus équilibrés maintenant, plus proches de ceux qu’on pourrait attendre de deux sœurs.

Mais parfois, dans les yeux d’Avalon, Vivianne redevenait cette enfant dont elle avait eu la garde dix ans plus tôt.

Ce fut ce bref moment d’égarement qui la laissa silencieuse face à son annonce. Pourtant, à observer les visages radieux de sa sœur et de John, Avalon saisissait très bien ce qui avait pu les pousser à se fiancer. Ils semblaient tellement sûrs d’eux, tellement amoureux, ce que Vivianne ne se priva pas de mentionner avec un sourire en coin. Face à cette remarque, Avalon ne put retenir un sourire à son tour ; au même âge, elle était loin d’avoir un dixième de la maturité que pouvait afficher Vivianne. Elle se souvenait parfaitement de son entrée dans la vingtaine, où elle avait enchaîné les mauvaises décisions et où elle jonglait entre sa formation chez les Aurors et sa vie de jeune adulte. Elle avait effectivement dû attendre ses trente ans pour gagner en stabilité dans sa vie.

Pas comme sa petite sœur, qui poursuivait un brillant parcours universitaire et entretenait une belle relation avec son petit-ami depuis plus de six ans maintenant.

Cette réalisation – et l’échange amusé entre Roy et Vivianne – délia quelque chose en Avalon. Un sourire sincère s’étirait sur ses lèvres lorsque son mari posa sa main sur son genou et elle observa avec curiosité la main que Vivianne tendait vers eux. Son annulaire était orné d’une jolie bague et Avalon se pencha légèrement pour saisir ses doigts.

« Elle est magnifique, fit-elle en retrouvant le regard de sa sœur.
-Je l’adore, confia Vivianne. Elle est parfaite. »

Elle semblait si heureuse et si sereine qu’un nouveau sourire naquit sur les lèvres d’Avalon. Celle-ci finit par se lever pour attirer sa sœur dans ses bras.

« J’arrive pas à croire que tu vas te marier, Viv’, souffla-t-elle à son oreille. C’est fou.
-Moi non plus je réalise pas trop, avoua la benjamine avec un rire.
-Ça va être génial. » promit l’aînée en se détachant d’elle avant de gratifier John d’une étreinte à son tour.

Ce fut l’exclamation enjouée d’Alma qui mit fin à ces étreintes :

« Tata ! On veut voir ta bague nous aussi ! »

La bague en question fut vivement complimentée par toutes les petites Calder et en particulier par Nieves qui avait un attrait pour les bijoux qui brillaient. Lorsque tout le monde se réinstalla à sa place, Avalon relança le sujet qui occupait désormais toutes les pensées :

« Alors, est-ce que vous avez défini une date ?
-Pas encore, avoua Vivianne, c’est tout récent. [/color]
-Mais on pense à l’été prochain, reprit John. Ou peut-être septembre…
-Mais pas quand je suis à Poudlard, hein !
-Bien sûr que non, assura Vivianne avec un regard vers sa nièce. On fera ça un jour où on est sûrs que vous soyez tous là, je vous veux toutes les cinq en demoiselles d’honneur… »

***


Sept à la maison [Famille Calder] Vivian12
Vivianne Davies, 14 ans, sœur d'Avalon.


Vivianne sentit une bouffée de nervosité comprimer ses poumons lorsque sa porte s’ouvrit sur la visage surpris de Roy. Il ne devait pas s’attendre à la voir ici, si tard, la veille d’un jour important et elle hésita à utiliser cette excuse pour se défiler. Elle dut rassembler son courage pour pénétrer dans la chambre et souffler un :

« Non, non, ça va. »

Ce n’était pas que quelque chose n’allait pas, c’était plutôt qu’elle avait des mots dans la tête et sur le bout de la langue et qu’elle ne savait pas exactement comment les dire. Elle avait pourtant réfléchi à ce qu’elle pourrait dire mais, maintenant qu’elle devait réellement le faire, elle se retrouvait brusquement dépourvue de langage. Il se passa donc un instant de silence, pendant lequel Vivianne accrocha le regard de Roy.

« En fait, je dois te dire un truc. » annonça-t-elle. Elle se corrigea en bafouillant : « Enfin... te demander un truc. »


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Sept à la maison [Famille Calder] Icon_minitimeSam 27 Jan 2024 - 8:00
A son tour, Roy étudia de son oeil avisé la bague que Vivianne leur montra fièrement et convint que John, au modeste salaire d’instituteur débutant, avait certainement fait un effort pour acheter ce joli diamant. Il hocha la tête, appréciateur, et renvoya un sourire railleur au jeune homme.

« Ok, ça va, t’es validé, John. »

La bague circula devant les autres, en particulier sous les yeux curieux d’Alma et Teresa qui la commentèrent ensemble avec des regards complices, jusqu’à ce que Vivianne fasse une annonce qui retint leur attention.

« Ooooh, c’est vrai ? On pourra être tes demoiselles d’honneur ? » s’exclama Alma, surexcitée.
-Moi aussi ? s’enquit Teresa, plus prudemment.
-Bien sûr, Tessa, je te comptais dans les cinq ! » affirma Vivianne, s’attirant le sourire de la jeune fille.

Pilar, qui avait décidé de ne pas attendre que les adultes reportent leur attention sur le repas pour se servir, intervint, la bouche pleine :

« Ça veut dire qu’on va devoir porter des robes ? »

L’idée ne lui plaisait pas beaucoup, à voir ses sourcils froncés, ce qui amusa grandement son père.

« Exactement. Des robes avec des noeuds, ajouta t-il en guettant sa réaction. Et des paillettes sur les yeux. Et même une couronne de fleurs sur la tête.
-Beurk, ça pue ! »

***

Cela faisait désormais plus de trois ans que Roy avait accueilli Vivianne chez lui comme sa propre fille ; un temps et une proximité qui lui permettaient aujourd’hui d’affirmer qu’il la connaissait bien. Bien assez, en tout cas, pour savoir quand elle essayait de masquer sa nervosité.

Et parce qu’il la connaissait bien, il savait qu’il valait mieux la laisser mener l’échange, plutôt que de tenter de lui tirer les vers du nez. Il s’écarta de l’encadrement de la porte pour la laisser rentrer et eut quelques secondes pour imaginer ce que Vivianne venait chercher ici. Le fait qu’elle ait voulu le voir seul et non en compagnie d’Avalon le poussait à penser que ça concernait sûrement cette dernière. Interpelé par cette anxiété qu’elle laissait voir en bafouillant ses mots, Roy voulut lui faciliter la tâche :

« Je t’écoute. Ça concerne Av’ ou c’est autre chose… ? »


Roy Calder

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Sept à la maison [Famille Calder] Icon_minitimeSam 27 Jan 2024 - 10:41

Sept à la maison [Famille Calder] Vivian12
Vivianne Davies, 14 ans, sœur d'Avalon.

Vivianne avait toujours été une enfant prudente et elle n’était pas du genre à prendre des décisions impulsivement. Aussi, elle avait longuement réfléchi à ce sujet qui la préoccupait tant, avant même de s’en ouvrir à sa sœur aînée. Vivianne était ainsi ; elle avait besoin d’appréhender tous les aspects d’un chemin avant de l’emprunter. Elle s’était beaucoup questionnée sur cette envie qu’elle avait du mal à déloger et, à l’occasion d’une longue conversation avec Avalon, elle avait pu trouver quelques éléments de réponse. Mais sa décision était devenue de plus en plus évidente pour elle à l’approche du mariage de sa sœur et de Roy. Parce qu’ils avaient choisi de s’unir à l’église, ils avaient été obligés de suivre des séances de préparation au mariage religieux. Elles s’étaient tenues chez eux, à Oxford et, poussée par sa curiosité, Vivianne avait demandé si elle pouvait y assister. A quatorze ans, son esprit critique s’affinait et elle se détachait de plus en plus de cet héritage religieux laissé par sa famille maternelle mais elle aimait comprendre les croyances et écouter les récits.

Mais cette fois-ci, les récits religieux n’avaient pas seulement titillé son esprit cartésien. Le prêtre avait longuement parlé de l’importance du mariage et, surtout, de la notion de famille. Il avait dit des mots qui avaient parfaitement résonnés chez Vivianne et ils tournaient toujours dans son esprit aujourd’hui, alors qu’elle s’installait dans un fauteuil face à Roy. Elle coinça ses mains entre ses cuisses pour les empêcher de bouger et secoua négativement la tête lorsqu’il lui demanda si sa venue concernait Avalon.

« Non, en fait, ça me concerne moi. » commença Vivianne, sans toutefois trouver les mots pour poursuivre.

Elle avait pourtant répété plusieurs fois dans sa tête ce qu’elle voulait lui dire. Elle avait trouvé de bonnes phrases pour expliquer exactement ce qu’elle ressentait mais les mots la fuyaient complètement. Elle se racla la gorge et termina sa phrase :

« Enfin, ça me concerne moi et toi. Et… Et un peu Avalon aussi. » ajouta Vivianne dans une amorce déjà confuse.

Elle se sentait brusquement un peu intimidée, comme si elle s’apprêtait à sauter sans connaître la hauteur de la chute ni même ce qui avait été pensé pour l’amortir.

« En fait, ça fait un moment que j’y pense, parce que, tu sais, je vis avec vous et, bah, moi je m’appelle Davies et vous pas, enfin, plus pour Avalon. Et c’est pas très grave mais, euh, parfois j’ai l’impression que ça compte quand même pour moi un peu. Et je sais que c’est pas pareil qu’avec Teresa ou Alma, hein, je sais que moi je suis juste la sœur d’Avalon mais, euh, tu sais parfois j’ai quand même l’impression que c’est un peu plus que ça parce que, bah, t’es toujours là pour moi et… Et même, bah, même tes parents au final. »

Consciente que son discours décousu ne devait pas forcément traduire sa véritable pensée, Vivianne s’interrompit, le temps de prendre une longue inspiration. Son cœur battait un peu vite et ses joues étaient rouges lorsqu’elle demanda :

« En fait, voilà, je voulais savoir si tu serais d’accord pour que je prenne ton nom ? Enfin, que je mette Calder-Davies, je veux dire. Sur ma carte d’identité. »

***

L’intervention de Pilar tira des rires à toute l’assemblée. La petite fronçait le nez, véritablement peu enthousiaste à l’idée d’enfiler une robe. Elle avait horreur de ça et n’hésitait pas à le faire savoir. Vivianne finit par l’interpeller, un sourire aux lèvres :

« On ira choisir vos tenues ensemble, promis. Comme ça, tu mettras pas un truc qui pue. »

La formulation fit rire Pilar et pouffer les jumelles. Quant à Alma et Teresa, elles parlaient déjà avec animation du mariage à venir, visiblement ravies d’avoir été choisies toutes les deux comme demoiselles d’honneur. Vivianne, qui vivait avec Roy et Avalon depuis ses dix ans, avait noué un lien particulier avec les deux aînées de la famille. Juste avant son départ pour la Grèce, elle les avait emmenées toutes les deux passer une après-midi sur le Chemin de Traverse ; Alma et Teresa étaient rentrées ravies de ces quelques heures, passées à manger des glaces, essayer des chapeaux plus extravagants les uns que les autres dans une boutique, et s’improviser critique littéraire à la librairie.

« Et, tata ? demanda Alma, une fois le calme revenu. Tu vas te marier à l’église ou pas ? »

Vivianne échangea un regard avec John.

« Oui et non. On ne va pas se marier dans une église mais on va demander une bénédiction.
-C’est vrai ? s’étonna Avalon.
-Oui. C’est important pour les grands-parents de John, expliqua Vivianne. Je ne voulais pas me marier religieusement mais… Une bénédiction, ça va.
-Mais c’est quoi la différence ?
-C’est moins long, plaisanta John.
-C’est juste qu’il n’y a pas tous les rites du mariage à l’église, résuma Avalon.
-Mais tu vas quand même aller dans une église, alors ? »

Vivianne hocha la tête et son sourire s’accentua un peu plus alors qu’elle retrouvait le regard de Roy. Avalon pressentit ses mots avant même qu’elle ne les prononce et retint sa remarque envers Pilar – qui se servait de généreuses poignées de chips – pour préserver le moment qui s’esquissait.

« A ce propos… Tu serais d’accord pour m’accompagner jusqu’à l’autel ? » demanda Vivianne d’une voix douce.


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Sept à la maison [Famille Calder] Icon_minitimeLun 29 Jan 2024 - 9:07
Dans cette chambre de château, richement décorée, éclairée à la lueur de lampes à huile, c’était une scène assez inattendue qui se déroulait. D’abord, Roy ne comprit pas du tout où Vivianne voulait en venir et le début de son discours, ajouté à sa nervosité évidente, le rendait un peu nerveux lui aussi. Il avait l’impression qu’elle essayait de lui dire que quelque chose lui déplaisait dans la place qu’elle occupait dans leur famille.

Famille pour le moins atypique, Roy le reconnaissait. Si Alma avait le statut clair et facile de la fille légitime de ses deux parents, Teresa, elle, avait une autre femme pour mère et Vivianne également. Sa position à elle en particulier était singulière ; elle se retrouvait à la fois soeur et fille d’adoption d’Avalon, et par extension, sous la tutelle de Roy également. Un statut qui n’était pas sans poser question aux autres frères et soeurs d’Avalon et à la famille Calder qui avait mis un peu de temps à trouver la bonne posture à adopter envers cette jeune fille que Roy avait accepté de prendre sous son aile, sans n’avoir aucun lien biologique avec elle.

Même si Avalon et lui avaient fait ce qui leur semblait le plus juste et le plus nécessaire pour protéger Vivianne, pendant une période, Roy avait craint qu’elle ne le leur reproche un jour de l’avoir retirée à ses parents biologiques, aussi dysfonctionnels et violents avaient-ils été avec elle. Elle n’en laissait pas grand-chose paraître mais ce n’était sans doute pas anodin pour elle de devoir expliquer à ses amis que ni lui ni Avalon n’étaient ses parents, alors même qu’ils en avaient tout l’air.

Plus qu’une apparence, c’était la réalité de leurs liens. Pour Roy, Vivianne n’avait jamais été « juste la soeur d’Avalon » comme elle le bafouilla entre deux phrases confuses. Contrairement à ce qu’il avait pu s’imaginer au départ ou ce qu’il pouvait entendre dire, pour lui, la situation était très simple. Vivianne faisait partie de sa famille, elle vivait sous son toit, il veillait sur elle comme il veillait sur Teresa et sur Alma, il se sentait autant responsable d’elle que de ses deux enfants. Même s’il avait fini par demander sa tutelle, cette tendresse et cette attention qu’il avait pour elle n’avait guère besoin d’un cadre juridique pour exister et s’épanouir. Roy était lié à elle comme il pouvait être lié à Jayce, Fergus ou Toni dont il ne partageait pas le sang mais qu’il considérait comme ses frères.

Il savait dans son coeur que Vivianne était comme sa fille et cela lui suffisait.

Et c’était un genre d’amour inconditionnel dont il n’attendait pas forcément de réciprocité chez la jeune fille. Elle pouvait le considérer comme un beau-frère, un tonton, un parrain, Roy estimait que cette appréciation n’appartenait à personne d’autre qu’à elle.

Pourtant, même s’il fuyait les cases rigides et les définitions préétablies, la demande de Vivianne fut loin de le laisser de marbre. Ce fut à son tour de sentir une certaine fébrilité s’emparer de lui alors qu’il réalisait que Vivianne faisait un geste hautement symbolique vers lui.

Il sentit monter en lui la même nervosité que celle qu’il avait ressentie le jour où il avait demandé à Vivianne si elle voulait bien qu’il devienne officiellement son tuteur. Et il vit chez elle ce même embarras qu’elle avait exprimé à l’époque et qui traduisait une sensation tenace chez elle : celle de déranger, d’être un peu en trop. Comme si elle n’était pas complètement légitime dans cette demande ou dans leur famille de manière générale.

Ce jour-là, Roy lui avait dit qu’il la voyait comme sa fille et il avait vu l’effet de soulagement que ces mots avaient eu sur elle. Il ne l’avait jamais redit depuis, lui semblait t-il, par pudeur et parce qu’il ne voulait pas non plus en faire trop. C’était peut-être une erreur de sa part. Finalement, être dans une case avait peut-être le bon côté d’apporter de la stabilité.

Il voulut réparer ce tort en levant le voile sur son habituelle pudeur pour laisser voir ce qu’il pensait réellement.

« Bien sûr que je suis d’accord. » Comment pouvait-il refuser alors qu’elle lui accordait la place d’un père, avec cette demande ? C’était l’officialisation et la reconnaissance d’un sentiment qu’il avait au plus profond de son coeur, à son égard. Très touché, Roy sourit à Vivianne. « Tu pensais que je dirais non ? »

Il se leva de son siège pour la rejoindre et l’attirer contre lui. Il ne la prenait pas forcément souvent dans ses bras, parce qu’il avait grandi dans une famille où on ne câlinait plus beaucoup les enfants une fois qu’ils dépassaient un certain âge et il répétait inconsciemment cette attitude. Pourtant, ce fut étrangement plus facile pour lui de lui livrer ses émotions les plus intimes dans cette position-là.

« T’es pas juste la soeur d’Avalon, t’es ma famille aussi. Teresa, Alma ou toi… Pour moi, y a aucune différence entre vous. Alors… Y a rien qui me ferait plus plaisir que de te donner mon nom, si c’est ce que tu veux. » Parce qu’il ne voulait pas pour autant qu’elle pense que cet accord entre eux transformait leur lien, il ajouta, en tapotant affectueusement son dos : « Mais hé, c’est pour le symbole. Peu importe comment tu t’appelles, moi je laisserai personne dire que t’es pas ma fille. »

****

Roy aimait penser que cette scène du passé qui s’était déroulée huit ans plus tôt n’avait pas transformé quelque chose dans sa relation avec Vivianne. Elle leur avait simplement permis de se révéler l’un à l’autre la manière dont ils se considéraient et la place qu’ils voulaient mutuellement se faire dans leur vie. Elle avait renforcé et stabilisé ce lien filial déjà tangible entre eux.

Dans ce contexte, ce n’était pas surprenant ou inattendu que Vivianne lui demande de l’accompagner à l’autel. Pourtant, Roy le prit comme un cadeau ; celui que Vivianne le choisissait encore, des années plus tard, pour jouer le rôle d’un père pour elle.

Et c’était sûrement ce qu’il y avait de plus beau dans leur lien : ils se choisissaient mutuellement comme famille l’un pour l’autre. D’une certaine manière, les événements importants de leurs vies comme celui-ci étaient une manière de renouveler ces voeux-là.

Une lumière éclaira le visage et le sourire de Roy. Il y avait de la reconnaissance et de la tendresse dans le regard qu’il offrit à Vivianne. Il n’eut pas conscience de répéter exactement les mêmes mots que huit ans auparavant :

« Bien sûr que je suis d’accord. »

Puis, fidèle à lui-même, il accompagna ce moment émouvant d’une bonne plaisanterie bien sentie, en tournant un regard équivoque vers John :

« Et c’est bien qu’avec John que j’aurais accepté de faire ça parce que je donne pas ta main à n’importe qui, moi » déclara t-il, accordant implicitement de cette manière sa bénédiction à celle qu’il aimait comme sa fille.


Roy Calder

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Sept à la maison [Famille Calder] Icon_minitimeMar 30 Jan 2024 - 3:59
Sept à la maison [Famille Calder] Vivian12
Vivianne Davies, 14 ans, sœur d'Avalon.

La première fois que quelqu'un avait appelé Avalon « madame Calder », Vivianne avait eu un étrange sentiment au creux de l'estomac. Pour elle, sa sœur avait toujours été « madame Davies » ; c'était ainsi qu'elle se présentait aux autres depuis des années. Mais désormais, Avalon s'appelait Avalon Calder et Vivianne ne partageait plus son nom. C'était la première de toute leur fratrie à abandonner le nom de leur père ; à son mariage, Galaad avait eu un trait d'humour sur ça. « Mais comment les gens vont savoir qu'on est jumeaux, maintenant ? » avait-il en embrassant sa sœur. Et cette phrase était restée dans les pensées de Vivianne.

Un jour, elle avait demandé à Avalon pourquoi elle avait décidé de prendre le nom de Roy. Sa sœur avait réfléchi un bref instant avant de lui répondre. « Je crois que j'aime bien le symbole. C'est comme si on fondait une nouvelle famille, tous les deux. » Vivianne avait hoché la tête et esquissé un vague sourire. Ces mots aussi étaient restés dans son esprit.

La famille n'était pas un concept évident pour la jeune fille. Dernière née d'une fratrie de neuf enfants, elle avait grandi avec des frères et des sœurs qui ressemblaient davantage à des parents pour elle et des parents qui n'avaient jamais embrassé pleinement ce rôle. Son père, surtout, avait toujours été aux abonnés absents. Il semblait à Vivianne qu'elle ne l'avait jamais intéressé ; de toute façon, il disait à qui voulait l'entendre qu'il préférait ses garçons. « Ça pleure moins. » arguait-il d'un ton désinvolte. Vivianne avait connu davantage de moments tendres avec sa mère. Parfois, elles se pelotonnaient l'une à côté de l'autre sur le canapé et elles regardaient des telenovelas en mangeant de la glace. Morgane râlait mais s'asseyait avec elles pour commenter le feuilleton et cela faisait toujours rire Edith. C'était un son rare et précieux, doux aux oreilles de Vivianne. Edith ne riait pas souvent. La plupart du temps, elle abordait le même visage défait ; teint pâle, yeux vides, cernes violettes. Vivianne n'avait compris que récemment que sa mère souffrait d'un trouble dépressif ; à dix ans, on ne mettait pas de mot sur le tristesse perpétuelle de sa maman.

Depuis son plus jeune âge, Vivianne considérait Avalon comme sa deuxième maman. Elle ne lui avait jamais dit mais c'était évident pour elle ; c'était avec elle qu'elle se sentait en sécurité et à qui elle confiait tous ses tracas. Quand Avalon avait obtenu sa garde, des petites tensions entre elles étaient apparues et avaient un jour implosées dans une dispute où Vivianne s'était emportée comme elle ne le faisait que rarement. « T'es pas ma mère » lui avait-elle lancé avec un regard sombre, « et t'as pas le droit de m'empêcher de voir maman si j'ai envie. » Elle était partie en claquant la porte, laissant Avalon muette de surprise. Sa sœur était venue la trouver plus tard pour s'excuser de son refus initial de la conduire jusqu'à la prison où était enfermée Edith Davies et qui était à l'origine de leur dispute. Elles avaient longuement discuté toutes les deux et Avalon lui avait dit qu'elle était inquiète pour elle mais qu'elle ne pouvait pas la priver de ça si elle en avait vraiment envie. A la fin, dans une étreinte réconfortante, Vivianne s'était excusée pour ses mots durs, qui lui faisaient un peu honte. Avalon avait souri et lui avait confié : « Tu sais, pour moi, Alma et toi, c'est pareil. Alors peut être que ça te donne l'impression que parfois, je suis un peu moins comme ta sœur et un peu plus comme ta mère. » Elle s'était redressée et lui avait souri en remettant une mèche de cheveux derrière son oreille. « Et c'est vrai que ça peut être pénible. Parfois, je trouve même Fergus très pénible quand il fait ça avec moi. Mais je sais aussi que c'est juste parce qu'il fait attention à moi. »

Et à nouveau, ces phrases s'étaient gravées dans son esprit.

Avec les années, Vivianne avait trouvé sa place dans cette famille atypique qu'ils composaient. Ce qui n'était pas toujours évident, en revanche, c'était les regards des autres qui lui faisaient comprendre qu'elle n'était pas là où elle était censée être. Vivianne se retrouvait souvent dans la douloureuse position de devoir expliquer et justifier sa situation. Non, Avalon n'était pas sa mère mais sa grande sœur. Non, ses parents n'étaient pas morts. Et il y avait toujours des questions curieuses et des regards empathiques. Parfois, Vivianne mentait et prétendait que Roy et Avalon étaient ses parents, juste pour avoir le droit à cette tranquilité accordée à tous les autres enfants.

Mais, à chaque fois, elle en gardait un sentiment amer dans la bouche. C'était douloureux car cela lui renvoyait l'impression qu'elle n'appartenait pas vraiment à la bonne famille.

Alors c'était sûrement ce que Vivianne venait chercher avec cette requête auprès de Roy ; un sentiment d'appartenance et d'ancrage auprès de cette famille à laquelle elle voulait qu'on l'identifie.

Elle le faisait un peu timidement et un peu maladroitement, parce qu'elle ne pouvait pas s'empêcher de ressentir une certaine crainte de prendre une place plus grande que celle qu'on voulait lui accorder. Avec Avalon, ce n'était pas la même chose ; elles étaient sœurs, elles partageaient un lien de sang tangible. Mais Roy n'avait pas de lien biologique et c'était peut-être ce qui effrayait Vivianne malgré elle ; la possibilité que tout s'arrête à la difficulté de trop. Et, si elle en avait peur, c'était notamment parce qu'elle trouvait beaucoup de sérénité dans leur relation. Roy incarnait pour elle ce père qu'elle n'avait jamais vraiment eu. Elle découvrait avec lui les plaisirs simples d'un lien sans peur et sans conflit. Il était là pour elle, curieux d'entendre le récit de ses journées, prêt à l'aider si elle en avait besoin, capable de la faire rire aux larmes et de lui raconter mille choses sur le monde magique. Elle aimait les moments qu'ils passaient ensemble. Lui aussi la faisait se sentir en sécurité et, pour une enfant comme Vivianne, c'était un sentiment précieux.

Alors un jour, elle avait ressenti le besoin d'ancrer ce sentiment dans un symbole et elle avait repensé à ce qu'Avalon lui avait dit sur son changement de nom. L'idée lui était venue petit à petit ; elle en avait d'abord parlé à sa sœur, qui avait accueilli cette suggestion avec un regard surpris mais un sourire tranquille. Ce fut la même expression qu'aborda Roy. Sa réponse, quant à elle, fut complètement dépourvue d'hésitation. Un sourire un peu incertain s'étira sur les lèvres de Vivianne. La question de Roy la fit bafouiller :

« Non, enfin, oui, enfin je sais pas... Av' m'avait dit que tu serais d'accord mais je voulais te demander moi-même et... » Elle haussa les épaules et eut un rire nerveux : « J'avais répété ce que je voulais dire mais j'ai oublié. »

Cet aveu fut étouffé dans leur étreinte. Vivianne referma ses bras dans le dos de Roy et posa sa joue contre le tissu de sa chemise. Elle resta silencieuse pendant qu'il lui glissait quelques mots à l'oreille.

Des mots qui chassèrent toutes les phrases désagréables pour s'inscrire dans son cœur.

C'était peut être la première fois qu'elle se sentait aussi certaine d'un lien qui ne lui avait pas été donné à sa naissance par son sang. Elle était sa famille. Elle était comme sa fille et il était comme son père. Nom similaire ou différent, rien ne changeait ce fait incontestable.

« C'est ce que je veux, affirma-t-elle alors, de manière plus franche. « Parce que... C'est important pour moi de porter le même nom que toi et Av'. Et puis... » Ce fut avec les joues un peu rouges qu'elle avoua : « Tu sais, toi aussi t'es comme mon père. T'es mieux, même. » souffla-t-elle en levant les yeux vers lui. « Et Av' m'a dit que si elle avait changé de nom, quand vous vous êtes mariés, c'était parce que c'était comme si vous fondiez une nouvelle famille, tous les deux. Alors, euh, bah moi aussi, j'ai envie de faire une nouvelle famille. Mais avec mes deux noms. Le tien, et Davies. Comme ça, ça fait mes deux familles. »

*

L'accord immédiat de Roy tira un franc sourire à Vivianne, qui le remercia avec un éclat particulier dans les yeux. Avalon assista à cette scène avec une émotion au creux du cœur ; des années plus tard, elle était toujours touchée de voir comment Roy et Vivianne se choisissaient mutuellement. Elle savait que sa sœur avait trouvé en Roy une figure paternelle importante pour elle et qu'il incarnait ce rôle avec plaisir et tendresse. Elle se sentait infiniment reconnaissante envers son mari, dont la preuve d'amour la plus forte avait été d'embrasser qui elle était entièrement et sans concession ; son attitude envers Vivianne le prouvait tous les jours. De la même manière qu'Avalon considérait Teresa comme une membre à part entière de sa famille, Roy pensait à Vivianne comme sa fille. Souvent, il lui arrivait de dire qu'il avait sept enfants.

« Je suis honoré de recevoir cette validation ultime. » plaisanta John, dont le caractère tranquille lui avait toujours permis de ne pas trop se laisser impressionner par l'attitude de Roy.

Un toast fut à nouveau porté pour célébrer les futurs mariés. Alors qu'Avalon trempait ses lèvres dans sa coupe de champagne, la voix d'Alma s'éleva au milieu de la petite assemblée :

« Tata, si c'est papa qui t'amène à ton mariage, ça veut dire que c'est un peu comme un papa pour toi aussi, alors. »

Il n'y avait pas de question dans la voix d'Alma, seulement un constat. Vivianne eut un sourire.

« Oui, c'est ça.
-Comme maman avec tonton Fergus, quand il l'a amenée à son mariage avec papa.
-Exactement, approuva Avalon. C'est parce que les gens qu'on considère comme une famille, parfois, c'est pas juste ceux qui sont sur notre arbre généalogique.
-C'est quoi génénalogique ? demanda Carmen.
-Ce sont les personnes avec qui tu as un lien de naissance. Les parents, les enfants, les frères et sœurs...
-C'est comme Toni avec votre maman, expliqua Vivianne, c'est comme son frère. »[/color]

Une exclamation surprise retentit alors. Pilar observait sa mère avec des yeux ronds.

« Quoi ?? Tontoni c'est pas ton vrai frère ?? » [/color]


Avalon Calder

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KoalaVolant
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
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Sept à la maison [Famille Calder] Icon_minitimeLun 4 Mar 2024 - 2:39
Roy était un peu sonné quand il poussa la porte de la chambre d’Avalon. Un sourire flottant ne quittait plus ses lèvres. Couchée dans son lit, sa femme redressa la tête alors qu’il s’approchait d’elle. Il n’eut pas besoin d’expliquer quoi que ce soit.

« Vivianne est venue te voir ? »

Roy se glissa à ses côtés, sous les draps, en passant un bras autour de sa taille. Il ne parla pas tout de suite, le moment lui semblait trop important pour qu’il ne soupèse pas ses mots. Il confia à l’oreille d’Avalon, comme un précieux secret, d’une voix où on pouvait entendre son sourire :

« Elle m’a dit que j’étais comme son père. "Mieux, même" répéta t-il, mot pour mot.
-Elle me l'a pas dit exactement comme ça, à moi, mais c'est ce que j'avais compris, oui. » Elle se retourna pour venir trouver son regard. « Qu'est-ce que tu lui as répondu ? »

Roy se sentait très fier et honoré de cette preuve d’amour que Vivianne lui avait offerte tout à l’heure et de la place qu’elle était prête à lui donner de manière très officielle. Vivianne semblait penser parfois qu’elle dérangeait, qu’elle n’était pas à sa place mais en vérité, c’était Roy qui avait beaucoup de chance de l’avoir dans sa vie. Elle était une fille généreuse et adorable, le genre de personne dont il ne pensait pas mériter l’amour un jour. C’était peut-être pour ça que cette déclaration qu’elle lui avait faite tout à l’heure le touchait autant.

Cette part de lui, très intime et vulnérable, seule Avalon pouvait y accéder et il la lui confia dans un murmure :

« Qu’elle était comme ma fille aussi. Et que j’avais beaucoup de chance de l’avoir. »  Il ajouta avec un sourire : « Et que Calder irait très bien avec son prénom. »
-C’est vrai, rit Avalon. Tu verras, un jour elle fera de grandes choses et on sera bien contents qu'on nous associe à elle. » Son ton rieur laissa place à un sourire plus doux alors qu'elle effleurait la joue de Roy. « Je suis heureuse qu'elle ait trouvé le courage de te demander ça. Je crois que ça lui tenait vraiment à cœur... Et je me disais aussi que ça te ferait du bien, de l'entendre. »

Roy embrassa la paume de sa femme près de sa joue, en guise de réponse. Elle le connaissait bien. Il se sentait en effet léger et parfaitement à sa place. Il exprima cette profonde sérénité en serrant Avalon contre lui, avec un mot doux :

« Demain sera une journée parfaite. »


******

La remarque d’Alma prenait tout son sens dans cette scène qui en ravivait une autre qui s’était déroulée huit ans plus tôt. Désormais, ni Roy ni Vivianne n’avaient encore besoin de poser des mots sur leur lien. Ils se contentaient de le vivre, de l’exprimer et cela suffisait pour que les autres en comprennent la nature. Qu’Alma puisse conclure d’elle-même qu’ils étaient comme père et fille montrait bien qu’ils n’avaient plus besoin d’en faire l'annonce.

Cette idée de famille choisie, même des enfants pouvaient la comprendre et l’appréhender sans difficulté. C’était dans ces moments où ses filles montraient qu’elles saisissaient parfaitement les subtilités des relations qui les liaient tous que Roy était le plus fier de cette famille qu’il avait construite avec Avalon.

Même si parfois, ça devait les amener à confondre un peu liens de sang et liens du coeur, comme cette conversation le révéla. Le choc lisible sur le visage de Pilar, de Carmen et de Nieves tira un rire à leur père.

« Non » répondit t-il simplement en échangeant un regard amusé avec Avalon. « Mais n’allez pas lui dire, ça le fâcherait. »

FIN DU RP
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