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Le château de ma mère [OS]

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Le château de ma mère [OS] Icon_minitimeMer 7 Déc 2022 - 23:15
Le château de ma mère [OS] Dal-list-5-women-who-spied-for-cliff-barnes-1
Sarah Cavill, 35 ans

Samedi 3 décembre 2011

Cinq heures. Cinq heures figée sur cette chaise inconfortable dans cette salle d’attente aux murs défraîchis. La nuque raide, les yeux gonflés, le coeur au bord des lèvres. Cinq heures dans cette salle et pourtant, Sarah était incapable d’en décrire autre chose que l’encadrement de la porte, qu’elle n’avait eu de cesse de fixer. On les avait installés là en leur disant qu’on viendrait leur donner des nouvelles. Depuis, ils attendaient. Elle, attachée à sa chaise. Lui, arpentant la pièce comme s’il pouvait faire accélérer le temps. Olivier ne pouvait pas rester en place, il se levait, se rasseyait, tournait, allait effleurer la frontière du couloir, apostrophant du regard toutes les personnes qu’il croisait. La plupart des gens avaient un instant d’arrêt et Sarah sentait l’espoir électrifier sa peau. Enfin, des nouvelles, enfin, ils sauraient, enfin, on leur parlerait d’Andrew. Mais les gens papillonnaient des paupières et reprenaient leur chemin d’un pas un peu plus rapide. Ils avaient juste été surpris de le voir, de le voir lui, loin des terrains, loin des images rediffusées qu’on avait de lui. Et à chaque fois, l’espoir de Sarah s’amenuisait et à chaque fois, elle leur en voulait un peu plus de l’avoir fait naître et à chaque fois, elle lui en voulait encore un peu plus à lui.

De temps à autres, un élan de colère s’élevait en elle et elle avait envie de hurler. De hurler sur toutes ces personnes en blouse qui ne leur parlaient pas, de hurler sur Olivier et ses allers-retours incessants, Olivier et les regards qui se posaient sur lui, Olivier et son stupide sport, Olivier et son stupide Quidditch qui avait mis leur fils dans un lit d’hôpital. Elle voulait crier, lui crier que c’était sa faute puis crier sur Andrew, qui s’était blessé, encore, Andrew qui avait sûrement été imprudent. Elle voulait laisser exploser cette vague de brutalité qui lui faisait accélérer le coeur et lui retournait l’estomac. Puis l’élan s’apaisait, la vague reculait, découvrant derrière elle une détresse qu’elle peinait à contenir. Elle voulait que tout soit fini. Que rien n’ait commencé. Elle voulait voir son fils. Elle voulait le serrer contre elle, elle voulait l’avoir dans ses bras, elle voulait déposer des baisers sur ses joues et lui dire que tout allait bien. Elle voulait tenir son fils tout contre elle pour étouffer cette sensation de vide qui semblait aspirer tout l’air qu’elle respirait. Elle inspirait, elle hoquetait, les bras d’Olivier se refermaient autour d’elle mais c’était encore là.

Olivier avait rempli tous les papiers. Tous les formulaires. Tous les documents. De son écriture un peu brouillonne, elle l’avait vu lister la vie de leur fils. Ce bras cassé à cinq ans, en tombant de balai. Cette jambe cassée, à six ans, en glissant en chaussettes dans les escaliers, le matin de Noël. Cet autre bras cassé, à neuf ans, à cause d’un cognard. L’allergie au sésame, découverte malencontreusement après un déjeuner au restaurant japonais. Elle avait insisté pour qu’il rajoute également la blessure au front, à trois ans. Il était tombé d’une rambarde à Flaquemare, alors qu’il jouait dans les gradins. C’était également lui qui avait pensé à téléphoner. Il avait appelé sa femme, pour qu’elle ramène leur fille aînée à la maison, qu’elle ne reste pas à Poudlard. Il avait appelé sa mère, qui avait promis qu’elle irait fermer la librairie. Elle savait où était la clé, elle mettrait un panneau sur la porte. Il lui avait prêté son Pear pour qu’elle puisse appeler Doug, parce qu’elle avait réalisé qu’elle avait oublié le sien. Son mari lui avait assuré que tout irait bien à la maison, il allait s’occuper d’Oscar, qu’elle rappelle quand elle avait des nouvelles. C’était Olivier qui s’était levé pour aller lui chercher un café, qu’elle avait bu du bout des lèvres. Il lui avait tendu une barre de céréales, qu’ils avaient partagé tous les deux, plus pour s’occuper que par réelle faim ou envie. 

Cinq heures. Avant qu’enfin une silhouette n’apparaisse dans l’encablure de la porte. Blouse verte, charlotte jaune. Yeux cernés, visage fermé.

- Mr et mrs Dubois-Cavill ? Je suis le docteur Preston. C’est moi qui ai opéré votre fils.
- Il va bien ? supplia Sarah. Elle était debout. Elle n’avait même pas réalisé qu’elle s’était levée.
-  Il est en vie, commença-t-elle par dire, croisant ses mains derrière son dos. Mais les blessures de votre fils sont très sévères. Nous avons commencé à en réparer une partie au bloc opératoire, mais nous avons dû nous interrompre lorsqu’il est reparti en arrêt cardio-respiratoire. Nous l’avons réanimé mais la suite de l’opération est trop lourde à supporter pour le moment.

Une vive douleur au crâne. Un vertige. Sarah eut l’impression de chanceler. Le bras d’Olivier se glissa autour de sa taille et la médicomage fit un pas vers eux, sourcils froncés.

- Asseyez-vous, fit le docteur Preston avec autorité en désignant la chaise. Elle sembla l’examiner du regard quelques secondes avant de poursuivre.  Donc pour l’instant, votre fils a été ramené en réanimation, d’accord ? S’il passe la nuit, on...

Une violente nausée la saisit mais ce fut Olivier qui explosa en premier.

- Comment ça, s’il passe la nuit ? Ça veut dire quoi ça ? S’il passe la nuit ? S’il passe la nuit ?

La médicomage leva une main pour le calmer. Elle n’avait pas reculé.

- Monsieur, s’il vous plaît. Ce que j’essaye de vous expliquer, c’est que les blessures de votre fils sont extrêmement importantes et...
- Vous dites « s’il passe la nuit ! », vous dites qu’il va mourir là !

La voix d'Olivier se brisa sur le dernier mot. Sarah tourna le visage vers lui. Il pleurait. Elle sentit ses propres larmes basculer sur ses joues et un sanglot la secoua alors qu’elle inspirait difficilement, essuyant ses yeux.

- Ce n’est pas ce que je dis, monsieur, répondit le docteur Preston avec un peu plus de douceur. Votre fils est dans un état très grave, son pronostic vital est toujours engagé. On va lui laisser le reste de la journée et la nuit pour essayer de reprendre des forces. Ensuite, demain matin, si on peut, on le ramènera au bloc dès la première heure pour terminer de réparer ses blessures. Ce que je vous dis, c’est qu’on va prendre la situation heure par heure. D’accord ?

Etouffée dans ses sanglots, Sarah était incapable de répondre. Elle sentit plus qu’elle ne vit Olivier frotter ses joues et ses yeux de ses paumes, expirant profondément. Il passa ensuite une main dans son dos, caressant son pull.

- On peut le voir ?
- Bien sûr. Venez.

Elle les invita à les suivre, cheminant dans les couloirs. Ils passèrent une double-porte, surmontée d’une plaque indiquant « Réanimation. » À l’entrée, on leur demanda de revêtir une sorte de veste de coton légère, pour recouvrir leurs vêtements, ainsi que des charlottes pour leurs chaussures. D’un coup de baguette magique, on prit leur température avant de les autoriser à avancer. Derrière des parois vitrées, on apercevait des gens allongés dans des lits, entourés parfois de soignants, parfois seuls.

Le docteur Preston les firent tourner à droite et, derrière une autre paroi vitrée, il était là. Profondément endormi, il était relié à plusieurs moniteurs illuminés. Des perches entouraient son lit, soutenant des poches de potions colorées. Deux infirmières semblaient finir de l’installer, remontant une couverture sur son ventre. Juste avant que la peau ne soit recouverte, Sarah aperçut d’épais pansements blancs, légèrement tâchés de sang. Une des soignantes perçut leur anxiété et leur adressa un léger sourire et leur fit signe d’avancer dans le box.

- Vous pouvez venir.  

En deux pas, elle avait rejoint son fils, posant une main fébrile sur son front.

- Oh mon amour...

Olivier s’était glissé à côté d’elle et avait attrapé les doigts d’Andrew entre ses deux mains.

- Mon bébé... répéta-t-elle en lui caressant la joue, tentant d’étouffer ses larmes. Mon coeur.

Elle se pencha pour déposer deux baisers sur son front, écartant de ses doigts tremblants des mèches de cheveux bruns indisciplinés. Ses cheveux poussaient vite, il les faisait toujours recouper au moment des vacances de Noël... Son regard anxieux parcourut son visage, s’arrêtant sur la plaie encore ensanglantée qu’il avait au niveau du sourcil gauche.

- Il est blessé, souffla-t-elle.

L’une des infirmières, qui venait de faire apparaître deux chaises pliantes afin qu’ils puissent s’assoir aux côtés de leur enfant, se pencha légèrement vers lui.

- Oh, ce n’est rien ça, il a dû se faire ça en tombant... On peut arranger ça. Le docteur Smith va vous arranger ça. Samaël, lança-t-elle en passant une tête dans le couloir. Tu peux nous soigner une petite plaie à l’arcade ici ? Installez-vous, ajouta-t-elle avec chaleur en désignant les chaises. Je suis Assia, je suis l’une des infirmières de garde jusqu’à demain matin. Vous pouvez m’appeler s’il y a un problème.

Sarah rapprocha sa chaise le plus possible du lit d’Andrew alors qu’Olivier faisait de même, reprenant immédiatement sa main. Ils restèrent ainsi en silence quelques minutes, jusqu’à l’arrivée d’un jeune médicomage, qui leur adressa un bref sourire. Il se pencha au-dessus de la plaie d’Andrew, qu’il désinfecta brièvement avant de sortir sa baguette magique. D’un sortilège, il fit disparaître la blessure, ne laissant qu’une peau un peu rosée sous le sourcil. Il se tourna vers eux après avoir examiné son travail.

- Ce sera comme s'il ne s'était rien passé. Pas de cicatrice disgracieuse, c'est promis, assura-t-il.

Sarah le remercia dans un souffle alors que Olivier hochait la tête, sans quitter Andrew du regard. Lorsqu’ils se retrouvèrent de nouveau seuls, elle murmura :

- J’ai envie de lui faire un câlin...
- Moi aussi. Mais avec tous les fils...
- Je sais.

Elle se leva pourtant, pour s'asseoir sur le bord du matelas. Elle se pencha pour déposer plusieurs baisers sur sa joue, caressant sa pommette du pouce.

- Tu penses qu’il nous entend ?
- Je ne sais pas, il est assommé avec toutes les potions... et les anti-douleurs.
- Il a des anti-douleurs ?

Olivier désigna d’un mouvement de la tête une poche de potion d’un bleu glacier.

- J’en ai eu quand je me suis bousillé l’épaule.

Sarah hocha la tête et soupira, glissant une main sur la joue de son bébé. Elle se pencha de nouveau, pour lui faire un bisou sur la tempe.

- Ça va aller, hein mon coeur ? murmura-t-elle. Tu vas aller mieux, d’accord mon bébé ? Ça va aller...

Elle ferma les yeux quelques secondes, inspirant son odeur, avant de déposer un nouveau baiser sur son front, caressant ses cheveux.

- Je t'aime.

Elle sentit le bras d’Olivier lui frotter le dos quelques secondes.

- Ça va aller, répéta-t-il aussi. Il est jeune et en bonne santé. Il va s’en sortir.
- Oui, souffla-t-elle en effleurant sa joue de son pouce. Ça va aller.

********

Si la nuit tomba sur l'hôpital, ils n'en perçurent rien. Le service de réanimation était une bulle qui semblait loin de tout, rythmée par les passages des médicomages en blouse, des sonneries qui retentissaient, des agitations, souvent suivies par un calme ténu. Aucune fenêtre, même enchantée, ne perçait les murs. La lumière y était crue et blanche, troublée parfois par l'ombre d'un infirmier qui venait prendre les constantes d'Andrew. Sarah n'avait pas quitté son chevet, le scrutant d'un regard anxieux. Olivier s'était levé plusieurs fois, s'éclipsant pour aller prendre des appels téléphoniques. La belle-mère d'Andrew voulait des nouvelles, sa grand-mère, leurs amis, les parents de ses amis. Ils avaient convenu de répondre brièvement, que le pronostic vital était encore engagé, qu'il avait été opéré et qu'il devait repartir au bloc le lendemain matin.

Une fois, Olivier était revenu avec deux cafés, deux paquets de biscuits et une mauvaise nouvelle, que Sarah avait pu lire sur son visage avant qu'il ne parle. Elle tenait la main d'Andrew entre la sienne, caressant du pouce sa paume. Il avait la respiration un peu sifflante, mais Assia, l'infirmière, lui avait indiqué qu'il avait eu le poumon droit perforé par l'une de ses côtes. Haussant les sourcils, elle invita son ex-mari à parler ; la contrariété faisait vibrer sa voix.

- C'était Steve. Son agent, un ami de longue date de la famille. L'accident a été publié sur les réseaux sociaux.

Elle en eut presque un sursaut, tournant un regard inquiet vers leur fils, comme s'il avait pu l'entendre.

- Quoi ? Mais par qui ?
- Des gamins de l'école qui devaient filmer le match, sûrement...
- Avec son nom ?

Olivier hocha la tête.

Steve est quasi certain que ça va sortir dans la presse, du coup. "C'est dramatique, ça fait du clic"marmonna-t-il. Il prépare un communiqué en prévention, demandant de respecter "l'intimité de la famille." Il m'a dit qu'il allait voir avec le club, qu'il gérait, qu'on ne devait pas s'inquiéter de ça... Il t'embrasse.

Un soupir échappa à Sarah.

- Ce n'est pas ça qui m'inquiète à l'heure actuelle mais c'est...

Les mots lui manquaient. Elle avait l'impression qu'elle luttait pour ne pas s'effondrer et imaginer la presse se repaître de tout cela lui donnait un peu plus la nausée.

- Je sais, souffla Olivier.
- On ne peut pas faire arrêter la diffusion ?
- Ca va vite, tu sais, ce genre d'images... Mais Steve va voir.

Elle secoua la tête, rapprochant un peu plus sa chaise du lit.

- Les gens sont horribles, murmura-t-elle en tendant la main pour écarter de nouveau des mèches de cheveux d’Andrew de son front.

Olivier ne répondit rien. Pendant quelques minutes, le silence ne fut troublé que par la respiration d’Andrew et les allers-retours dans le couloir. La main de Sarah s’était posée sur l’épaule de son fils. Elle ne voulait pas laisser son esprit s’évader d’ici. Elle voulait rester auprès de lui, il était la seule chose qui importait. Ils auraient le temps, après, plus tard, quand il irait mieux. Quand tout cela serait fini.

- Il portait son gilet.

C’était presque un murmure. Sarah se retourna vers Olivier. Il était complètement penché en avant, les coudes appuyés sur ses genoux. Il ne l’avait même pas regardée.

- Je n’ai pas entendu, répondit-t-elle, doucement.
- Il portait son gilet, répéta-t-il, sans se redresser. Sur la vidéo, il portait son gilet.
- Tu l’as vue ?
- Non, j’ai demandé à Steve de regarder... Il portait son gilet. L’enchantement s’est déclenché, on le voit se gonfler. Je ne... Il s’interrompit quelques secondes. Je ne comprends pas. Il portait son gilet. Personne ne se... Le gilet aurait dû le protéger plus que ça. Ça n’aurait pas... Ça n’aurait pas dû arriver. Et... on entend le sifflet, sur la vidéo, a dit Steve. C’est un arrêt de jeu et ça n’a pas... Ça n’a pas de sens.

Lâchant l’épaule d’Andrew, elle glissa sa main dans le dos d’Olivier, qui ne se redressa pas.

- Il n’y a pas eu d’accident grave à Poudlard depuis des années... souffla-t-il, presque inaudible. Même quand Harry est tombé de son balai, en septième année, avec les détraqueurs, ça n’était pas si... Il est juste allé à l’infirmerie. Ça n’a pas de sens.
- Je ne sais pas, murmura-t-elle, le coeur serré.

Elle l’entendit souffler avant de se redresser. Il avait les yeux rouges. Sarah serra doucement son épaule. Après quelques secondes de silence, Olivier finit par se lever, déposant un baiser sur le front d’Andrew. Lorsqu’il se rassit, il eut un nouveau soupir.

- Il faut que tu manges, finit-il par décider. Il ouvrit le paquet de biscuit pour lui en tendre un.
- Je n’ai pas très faim...
- Mais il faut que tu manges.
- Tu ne manges pas non plus... ne put-elle s’empêcher de faire remarquer.

Olivier haussa les sourcils et attrapa ostensiblement un biscuit entre ses doigts. Il en mordit un coin, comme s’il prouvait un argument. Un infime sourire s’imprégna sur les lèvres de Sarah, malgré elle.

- Juste un alors.
- Juste un.
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Le château de ma mère [OS] Icon_minitimeLun 12 Déc 2022 - 22:37
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Sarah Cavill, 35 ans


********

Maman ?

Sarah se réveilla en sursaut. Elle s’était endormie quelques minutes, pliée en deux sur sa chaise, les bras croisés sur le rebord du matelas, le haut de son crâne contre le flanc d’Andrew. Elle ignorait l’heure qu’il était. La lumière avait été tamisée au-dessus d'eux. Olivier avait également les yeux fermés, le dos droit contre le rigide dossier de son assise. Elle se redressa, ignorant la douleur dans sa nuque.

Son regard anxieux parcourut le visage d’Andrew. Il était toujours inconscient. Elle distinguait les tâches de rousseur sur son nez, la peau encore un peu rosée sous son sourcil, le bleu qui semblait se former sur sa tempe. Ses paupières fermées. Elle l’avait pourtant entendu. Son cœur avait manqué un battement. Il l’avait appelée... Pourtant, cette certitude s’étiolait en même temps que la somnolence qui s’était emparée d’elle quelques instants.

Soufflant doucement pour éloigner la vague de chagrin qui l’avait étreinte, elle saisit la main de son fils entre la sienne. Elle ferma les yeux. Elle ne souhaitait pas se rendormir, juste se reposer...  

Elle ne sut pas combien de temps s’était écoulé.

Ce fut une sonnerie. Une sonnerie stridente. Un timbre qui déchira le silence et la pièce.

Le moniteur hurlait. Sarah se redressa brusquement, en même temps qu’Olivier.

- Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce qui se passe ?

L’instant d’après, plusieurs personnes avaient envahi la pièce.

- Il fibrille, annonça un homme en blouse blanche. On lui passe une poche de... Est-ce que quelqu’un peut sortir les parents d’ici ?

Assia, l’infirmière qui était passée plusieurs fois les voir, se plaça devant eux.

- Vous devez sortir, il faut que vous attendiez dans le couloir, il faut laiss...
- Non ! Les larmes de Sarah dévalèrent ses joues. Non ! Qu’est-ce qui se passe ? Il allait bien ! Qu’est-ce qui...
- La tension s’effondre, prévint un homme qui était en train de presser une poche de potion pour qu’elle passe plus vite.  
- Il faut que vous attendiez dans le couloir.

Assia les avait repoussés du box sans même qu’ils ne le réalisent. En se sentant s’éloigner de son fils, Sarah fit un pas en avant. La main d’Olivier se posa sur son ventre pour la retenir. Sa gorge se serra. Elle allait manquer de souffle.

- Il ne respire plus.

Les mouvements des guérisseurs leur dissimulèrent Andrew.

- Non. Non. Non. Non, non, non. Non. 
-  Je commence le massage.

Elle sentit Olivier l’attirer dans ses bras, lui faisant tourner le dos au box. Elle avait l’impression qu’elle allait s’écrouler. Les exclamations des médicomages lui parvenaient et elle ferma les yeux très fort. Non. Non. Non, ce n’était pas en train d’arriver. Il n’était pas en train de mourir, il n’allait pas mourir, il n’allait pas mourir.

- Pitié, murmura-t-elle. Pitié, pitié, pitié.

Elle n’avait pas prié depuis longtemps. Son esprit s’en était éloigné, emportant son coeur. Elle n’avait plus prié depuis longtemps mais à cet instant précis, ce fut la seule chose à laquelle elle put s’attacher. Pitié, aidez-le, pitié, ne me le prenez pas. Pitié, pitié. Olivier la serrait très fort et elle sentait son coeur battre à toute vitesse. Chaque pulsation s’étirait à l’infini à son oreille. Chaque exclamation des médecins manquait de l’emporter.

- Et... on a un rythme.

Elle inspira brusquement, s’extrayant des bras de son ex-mari pour se retourner vers la chambre. Un médicomage s’était décalé, la laissant apercevoir la poitrine d’Andrew qui se soulevait de nouveau.

-  Et bah tu nous en fais des frayeurs aujourd’hui, toi, lança l’un des infirmiers en posant une main sur l’épaule d’Andrew.

Un bref instant, Sarah eut l’espoir qu’il se soit réveillé. Qu’enfin, ce soit terminé, qu’enfin, elle puisse le serrer contre elle. Mais lorsque le médicomage en blouse blanche s’effaça légèrement, elle constata que son fils avait encore les yeux fermés. Assia était revenue auprès de lui, réajustant une poche de potion anti-douleurs. Elle leur adressa un sourire, comme pour les inviter à approcher de nouveau.

-  On va quand même lui passer 90 de stim', annonça le médicomage en déplaçant l’extrémité de sa baguette magique sur le torse d’Andrew.  La tension m’inquiète toujours un peu. On lui refait un bilan, au passage. Il passe au bloc à quelle heure ?
-  Il est prévu pour sept heures quinze.
- Hum... Je vais voir si on ne peut pas le basculer un peu avant. Maggie est dans le coin ?
- Je l’ai vue passer tout à l’heure, tu veux qu’on la bipe ?
- Ouais, je veux bien. Tu lui dis de passer me voir.

Le médicomage s’apprêtait à quitter le box lorsque Olivier l’interrompit.

- Comment il va ? Pourquoi il... pourquoi ça a fait ça ?
- Votre fils n’est pas encore stabilisé, ils n’ont pas pu le stabiliser complètement tout à l’heure au bloc. Son corps a subi un traumatisme majeur. Sa tension basse pourrait indiquer qu’il saigne encore, ce qui expliquerait aussi que le cœur ait du mal à tenir la route. L’idée, là, c’est de le ramener au bloc dès qu’on peut. Je fais le point avec ma collègue et on va voir si on peut l’envoyer. Il faut finir le travail pour laisser une chance à son corps de s’en remettre. Ok ? Je vous tiens au courant.

Et, sans vraiment leur laisser le temps de répondre, il s’éloigna à grands pas. La main tremblante de Sarah vint attraper celle d’Andrew. Leurs chaises avaient été balayées dans l’intervention. Elle avait trop chaud, ses jambes la portaient à peine. C’était un cauchemar, un horrible cauchemar. Les bruits de la réanimation cinglaient encore ses tympans. Elle n’en n’avait rien vu mais la scène s’imprégnait dans sa peau. Elle redressa le visage vers Olivier. Il avait le teint cireux. Il se tenait dans un coin du box, les yeux fixés sur leur fils. L'infirmière, qui s'apprêtait à quitter le box, repoussa avec sa jambe l'une des chaises plus près du lit. Elle les fixa quelques secondes, avant de lancer :

- C'est toujours impressionnant. Mais les médicomages savent ce qu'ils font.

Ni Olivier ni Sarah ne répondirent. Elle ne sembla pas s'en formaliser.

- Seize ans, hein ? Poudlard. Il est dans quelle maison ?

Après quelques secondes, Sarah s'assit sur le rebord du matelas, prise d'un vertige. Elle finit par répondre, la voix un peu rauque.

- Gryffondor.
- Aaah, comme mon fils. Mais il est un peu plus jeune que le vôtre, il est en troisième année. Pas facile comme période, non ?

Un éclat d'Andrew à cet âge passa devant ses pupilles. Elle secoua la tête.

- Non.

Assia leur adressa un nouveau sourire compatissant.

- Asseyez-vous, souffla-t-elle à Olivier en désignant la chaise qu'elle avait rapprochée du lit. Je viendrai vous dire quand on aura de nouvelles informations. Je vous baisse la lumière ?
- Non, laissez. Elle ajouta après quelques secondes. Merci. 

Ce dernier mot s'était presque arraché à elle. L'usage ne lui était pas spontanément venu. Rien ne relevait de l'usage ici, rien ne relevait de la normalité. L'infirmière avait tenté, l'espace d'un bref instant, de faire revenir un fragment de quotidien dans cette pièce aux lumières saturées. Et quel âge a-t-il ? Quelle maison ? Il est grand pour son âge, non ? Il vous ressemble dis donc. Ce ballet, Sarah le maîtrisait sur le bout des doigts. Elle s'y pliait toujours de bonne grâce, pour Andrew ou pour Oscar. Seize ans, déjà, on ne voit pas le temps passer ! Un Gryffondor, comme son papa, c'était évident... Oui il joue au Quidditch, comme le papa encore, haha oui, étonnant comme vous dites... Spectacle anodin qui lui semblait désormais terriblement lointain.

Elle scruta quelques instants le moniteur dont le tracé léger dansait sur l'écran, avant de poser de nouveau son regard sur Andrew. Il semblait paisible. Ce n'était pas le cas d'Olivier, qui s'était assis à côté du lit. Les phalanges de ses doigts étaient limpides.

- Ça va ? murmura-t-elle.

Sa stature était de marbre.

- Non.

Une minute entière s'écoula. Puis, comme Sarah quelques instants aupavant, la nécessité de l'usage sembla s'imposer à lui.

- Et toi ?
- Non.

********


S'ils n'avaient pas vu la nuit s'infiltrer, l'aube s'imposa doucement à eux. Le service de réanimation ne s'était jamais endormi mais une toute nouvelle vitalité commença à résonner entre les couloirs. De nouveaux visages se faufilaient dans les couloirs, des voix traversaient les boxs, des chariots de petit-déjeuners bringuebalaient sur le sol.

- Il est six heures, commenta Olivier.

La lumière de son Pear illuminait son visage depuis quelques minutes. Ses doigts parcouraient l'écran. Il devait donner des nouvelles à Amanda, avait songé Sarah. Comme si cette évocation de l'heure avait fait guise de convocation, le médicomage de la nuit se présenta à eux, s'appuyant contre la cloison.

On a débriefé avec les collègues sur la situation de votre fils et on a un bloc qui est en train de se libérer, alors on va le monter plus tôt. L'idée c'est de terminer de réparer ses blessures.L'infirmière s'était présentée à ses côtés. Les brancardiers vont venir le chercher. Vous avez des questions ?

Elle avait des peurs. Des peurs qui serraient sa poitrine, qui emprisonnaient sa gorge, qui lui donnaient envie d'encercler Andrew de ses bras et de le garder ici.

- C'est risqué ?
- Toute opération est risquée. Mais c'est bien plus risqué que de ne pas intervenir, dans ce cas précis. On ne peut pas le laisser comme ça, on l'a bien vu cette nuit. Il faut finir le travail, il faut finir d'intervenir. Mais les chirurgiens savent ce qu'ils font, ils ont un plan d'action. Ils vont faire leur possible.

Il plongea la main dans la poche sa blouse, pour en ressortir une plaque de métal qui était en train de s'illuminer. Ses yeux semblèrent lire quelque chose.

- Je dois vous laisser. On le monte dans quelques minutes.

Assia se décala pour le laisser passer, avant de leur sourire.

- Je vous laisse lui dire « à tout à l’heure. »

Sarah acquiesça machinalement d’un geste, se penchant vers son fils. Sa main vint caresser sa tête, écartant ses cheveux bruns. Elle déposa un premier baiser sur son front puis un deuxième, sentant ses yeux s’humidifier. Olivier s’était également penché, attrapant la main d’Andrew.

- Ça va aller, murmura-t-elle, sans quitter leur enfant du regard. Ça va aller, mon coeur, ça va aller. D’accord ? On est là...

Son pouce était descendu sur sa pommette, où un nouveau bleu était apparu.

-  Mon amour...
- Ça ira, répéta Olivier, la voix un peu rauque. C’est une opération. Il va faire l’opération et ça ira.

Elle sentit les larmes basculer sur ses joues et la main d’Olivier vint chercher la sienne, au dessus d’Andrew.

- Ça ira, répéta Olivier, en la regardant dans les yeux cette fois-ci. Ok ?

Elle hocha la tête, plus par contrainte qu’autre chose.

- Ok.

Un léger coup retentit contre la porte. Un ambulancier s’était présenté à eux.

- Bonjour, je viens le chercher pour le monter.

Sarah eut l’impression qu’elle allait vomir. Elle hocha une nouvelle fois la tête. Sa main tremblante caressa une nouvelle fois les cheveux d’Andrew. Un nouveau baiser sur sa joue. Un dernier.

- À tout à l’heure Andy.

Olivier se leva aussi, posant sa main sur la tête d’Andrew avant de l’embrasser aussi.

- A tout à l’heure mon grand.

Les sanglots de Sarah l’étreignirent alors que les ambulanciers entraînaient Andrew en dehors de la pièce. La main d’Olivier vint de nouveau serrer la sienne, au dessus d'un lit désormais vide.

********

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Le château de ma mère [OS] Icon_minitimeMar 13 Déc 2022 - 0:56
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Sarah Cavill, 35 ans
Maintenant, on attend.

Attendre. C’était la nouvelle prescription des médicomages. Cela avait été leur diagnostic lorsqu’on leur avait ramené Andrew. Il était pâle et Sarah pouvait apercevoir les épais pansements sous sa blouse bleue. L’opération s'est bien passée, avait expliqué le docteur Preston. On a pu réparer tous les dégâts internes et il est resté stable tout au long de l’opération. Et maintenant ? avait demandé Olivier, le visage fermé. Maintenant, on attend.

Ils avaient attendu. Ils attendaient. La journée était passée, dimanche, avait-elle réalisé un instant. On était dimanche. Au delà des murs de Sainte-Mangouste, le monde avait continué de tourner. On était dimanche. Elle avait eu Doug au téléphone. Oscar avait bien mangé, lui avait-il dit, il avait un peu pleuré au moment du coucher, sûrement parce qu’il sentait que quelque chose n’allait pas, mais il allait bien. Les mots étaient rassurants. Sarah avait senti son coeur se serrer de culpabilité. Elle avait envie de serrer son tout-petit dans ses bras mais elle ne pouvait pas s’éloigner d’Andrew.

Elle n’avait pas lâché sa main. Elle serrait ses doigts entre les siens, elle réajustait l’oreiller sur lequel il était allongé, elle remontait sa couverture sur ses épaules pour qu’il n’ait pas froid. Olivier s’était enfermé dans un profond silence. Ses jambes tressaillaient parfois, ses épaules. Derrière ses yeux bruns couvait une lueur sombre. Il fixait Andrew avec insistance. Il attendait aussi. Les infirmiers passaient régulièrement. Ils regardaient les poches, regardaient les mesures. Le médicomage de nuit était passé les voir lorsque sa garde s’était terminée. Il avait passé le dossier à son collègue, leur avait-il dit. De toute manière, il fallait attendre.

Aux alentours de vingt-heures, le Pear d'Olivier avait sonné une nouvelle fois. Cela arrivait régulièrement. Il y jetait à peine un oeil. Cette fois-ci, il s’était levé. Sans même parler, il avait soulevé le petit appareil de sa main, articulant silencieusement « Amanda. » Lorsqu’il était revenu, il avait deux paquets de chips. Ils avaient mangé en silence, du bout des lèvres. Sarah avait toujours la gorge nouée et sa tête tournait. Elle était fatiguée. Elle sentait ses paupières papillonner, elle sentait sa tête partir en avant parfois. Elle avait repoussé sa chaise en arrière, pour pouvoir poser ses bras sur le matelas d’Andrew, calant son visage contre son coude. Son torse se soulevait régulièrement. Sa respiration était plus tranquille que la veille. Le tracé sur le moniteur était régulier. Il montait. Descendait. Montait. Descendait. Les yeux de Sarah le suivaient, de plus en plus lentement.

- Dors.

La voix d’Olivier était un souffle. Un souffle presque amusé. Sarah avait bougé la tête, sans se redresser.

- Non, ça va.
- Tu somnoles.
- Je ne veux pas dormir, je veux le surveiller.
- Je ne pense pas qu’il va faire le mur...

Ses pupilles s’écarquillèrent alors qu’elle se relevait.

- Olivier !

L’ombre d’un sourire était passé sur son visage cerné. Ses traits étaient tirés.

- Je peux te raconter comment il a fait le mur l’été dernier si tu veux. Les Waddock ont appelé la sécurité du lotissement en le voyant passer par dessus le mur du jardin avec son balai.
- Pardon ?! Et pourquoi je ne l’apprends que maintenant ? murmura-t-elle avec mécontentement. Pourquoi tu...
- Attends.

Son ex-mari avait levé une main pour l’interrompre. Il avait les yeux fixés sur Andrew.

- Je m’étais engagé à ne rien dire. Je veux voir si raconter ses secrets, ça le réveille.
- Olivier !

Mais elle avait tourné son visage vers son fils elle aussi, scrutant son visage. Il était toujours profondément endormi. Son père se pencha un peu plus proche de lui.

- Je peux aussi raconter les vacances en Italie... Figure-toi qu’un soir au restaurant, je suis reconnu par une famille de français et comme par hasard ils ont une fille de l’âge d’Andrew qui va à Beauxbâtons et il me semble que notre fils la trouvait très très très jolie et ça semblait réciproque... Non, ça non plus ?

Sarah lui décrocha un léger coup dans l’épaule. Il avait fini par lui tirer un léger sourire.

- Arrête un peu.
- J’ai d’autres anecdotes très humiliantes.
- Tu penses que c’est la menace qui va fonctionner ?
- Je ne sais pas. Je veux bien tout tenter. Son père se pencha à son oreille, d’un air très sérieux. Si tu ne te réveilles pas, on va dire que Serpentard a gagné le match... Forfait pour Gryffondor...

Ils le contemplèrent quelques secondes, comme s’il allait se redresser pour affirmer que jamais, au grand jamais sous son capitanat, sa maison ne déclarerait forfait. Mais Andrew était toujours inconscient, le ballet du moniteur n’ayant rien perdu de sa grâce.

********


Le sommeil avait fini par la vaincre. Elle s’était endormie, son corps malmené sur sa chaise, pliée en deux, les bras sur le matelas de son fils. Elle se réveillait régulièrement, ouvrant brusquement les yeux, suspendue une seconde entre son rêve et son cauchemar. Elle entendait la respiration régulière d'Andrew, ses yeux flous accrochaient parfois la lumière du moniteur. Une fois, elle avait senti un infirmier passer derrière elle. Elle avait relevé la tête et il lui avait fait signe de se rendormir alors qu’il retirait une poche de potion colorée. Une autre fois, c’était la voix d’Olivier qui l’avait réveillée. Il murmurait. Elle avait cru un instant qu’il parlait à leur fils mais quelqu’un lui avait répondu. C’était un soignant, avait-elle réalisé sans ouvrir les yeux. Elle n’avait pas réussi à percevoir ce qu’ils disaient. Elle avait voulu demander. Avant d’être de nouveau emportée dans les limbes.

Maman ?

Elle avait rêvé d’Andrew. Ils étaient en train de faire les courses et elle l’avait perdu dans le magasin. Elle s’était agacée parce qu’il ne restait jamais à côté d’elle. Il était grand pourtant, avait-elle pesté, elle n’avait plus besoin de lui courir après comme ça. Un instant, Oscar était dans le caddie puis au rayon d’après, elle s’était rappelé qu’en fait, il était à la garderie. Elle s’était sentie soulagée. Elle était embêtée car il n’y avait plus de lait alors qu’elle avait voulu en acheter. Elle avait tourné dans toute l’épicerie pour en trouver, en vain. Au détour du rayon céréales, elle avait retrouvé Andrew. Elle l’avait sermonné. Reste à côté de moi, lui avait-elle dit. Après, je te cherche partout.

Maman ? 

En sortant du supermarché, ils s’étaient perdus. Ils avaient poussé le caddie dans les rues du village, en butant sur les pavés. Elle ne trouvait plus sa baguette magique pour faire léviter les courses. Elle avait fouillé partout dans son sac, pourtant...

- Maman...

Sarah avait eu un sursaut. Elle s’était redressée.

La lumière du box avait été tamisée et son regard éperdu avaient sondé l’ombre.

Jusqu'à croiser les yeux d’Andrew.

Elle avait brusquement inspiré.

- Oh mon amour.

Les larmes avaient basculé sur ses joues à la seconde où ses bras se refermaient autour de son fils. 

- Quoi, qu...

Olivier s’était redressé dans un bond, l’angoisse portant sa voix. La surprise avait noué ses mots.

- Hey mon grand, avait-il soufflé en se levant, posant sa main sur la tête d’Andrew. Hey...

Elle en avait la tête qui tournait. De joie, de soulagement, de surprise. Elle avait embrassé sa joue, déposant des larmes sur sa peau.

- Ça va, avait-elle murmuré, ça va.

Andrew avait l’air confus, ses yeux peinaient à se fixer. Il papillonnait beaucoup des paupières.

- Maman... répéta-t-il.
- Ça va, mon ange, tout va bien. Tu vas bien.
- Tu es tombé, expliqua Olivier en lui caressant les cheveux. Tu es tombé, tu as fait une grosse chute. Mais ça va, maintenant, d’accord ? Sarah, appuie sur le... le truc-là, appelle-les.

Elle le fit à tâtons, sans cesser de fixer son fils du regard, comme s’il allait disparaître à tout moment, comme si on allait le lui arracher. Il semblait peiner à rester éveillé, son regard était flou.

Mais il avait refermé ses doigts autour des siens et Sarah avait senti son coeur se gonfler d’amour.

Tout irait bien.

C’était fini.

Il était là.

Et quelque part dans l’hôpital, sonna cinq heures.


FIN
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Le château de ma mère [OS] Icon_minitime