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Toast to the ones here today [Joséphine & Ignacio]

Ignacio Walker
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Toast to the ones here today [Joséphine & Ignacio] Icon_minitimeLun 28 Fév 2022 - 19:31
23 novembre 2011

Ignacio avait toujours eu une relation particulière avec son père, entre proximité – majorée par le fait qu’il était son unique parent – et distance – accentuée par son départ précipité pour l’Angleterre. Ignacio avait toujours admiré son père, sans pouvoir s’empêcher de constater avec un certain effarement le fossé qui les séparait. Ils étaient très différents tous les deux, sur tous les plans. Plus jeune, il s’était souvent demandé si sa mère lui ressemblait davantage. Il n’avait jamais trouvé de réponses, même dans les récits que pouvaient lui faire son père et, avec le temps, ses questions s’étaient évanouies. Ignacio avait appris à aimer Elijah pour ce qu’il était mais aussi pour tout ce qu’il n’était pas.

Et ce qu’il était, essentiellement, c’était un père présent, qui avait cette volonté de faire bien – de faire mieux – et qui donnait une large et forte importance au terme de « famille ». Alors pour Thanksgiving, comme chaque année, Elijah était venu passer quelques jours en Angleterre pour célébrer cette fête auprès de son fils. C’était un rituel qu’ils avaient depuis aussi longtemps qu’Ignacio pouvait s’en souvenir. Ils célébraient toujours Thanksgiving tous les deux la veille au soir, jusqu’à minuit, avant d’aller déjeuner chez les parents d’Elijah ou de faire un repas avec des amis et des proches. Cette année, Joséphine avait été conviée à ce dîner traditionnel, Elijah étant curieux de faire davantage connaissance avec la compagne de son fils, d’autant plus lorsqu’il avait appris qu’ils vivaient ensemble désormais.

Ignacio et Joséphine avaient donc quitté leur appartement à Oxford pour se rendre dans la campagne anglaise, où Elijah louait une maison pour quelques jours. Dans la cheminée, un bon feu crépitait et réchauffait autant la pièce que l’atmosphère. Après un petit apéritif, ils s’étaient installés autour d’une table sur laquelle était entreposée différents mets traditionnels : dinde farcie et sauce aux airelles, purée de pomme de terre, pain au maïs, et le fameux gratin de patates douces aux guimauves grillées. Ignacio avait capté le regard de Joséphine lorsqu’elle s’était assise à ses côtés, et n’avait pas pu retenir un sourire.

« La tradition veut qu’à Thanksgiving, avant de manger, nous rendions grâce pour l’année écoulée et que nous remercions nos proches. » expliqua Elijah à Joséphine. « Tu te sens de commencer ? » lui demanda-t-il avec bienveillance – il était coutume de laisser les invités s’exprimer d’abord, avant que la parole ne passe à l’hôte du repas.



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Joséphine Walker
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Toast to the ones here today [Joséphine & Ignacio] Icon_minitimeMer 2 Mar 2022 - 7:33
Joséphine ne venait pas d'une famille très traditionnelle. Son père travaillait et voyageait beaucoup quand elle était jeune et ses souvenirs de fêtes de famille se résumaient pour la plupart aux montagnes de cadeaux qu'elle déballait seule avec sa soeur, le matin de noël. Sur le moment, elle avait souvent été folle de joie à la découverte de tous ces présents mais quand elle y repensait, elle ressentait surtout l'absence de son père. Il avait manqué suffisamment de repas de noël et de diners d'anniversaires pour que cela devienne une tradition, mais c'était peut-être la seule de leur famille.

Le père d'Ignacio était beaucoup plus présent dans sa vie et ils avaient des traditions familiales bien établies, qu'ils avaient décidé de partager avec Joséphine cette année. La jeune femme était flattée et un peu impressionné d'avoir été invitée à ce dîner de Thanksgiving que le barman partageait habituellement seul avec son père, et lui avait demandé une dizaine de fois s'il était sûr qu'elle ne les dérangerait pas. Elle avait dut retenir ses larmes quand il lui avait répondu qu'elle faisait désormais partie de la famille -il lui arrivait d'être un peu émotive en ce moment.

Elle se retrouvait donc autour de la table en compagnie des deux hommes et face à ce que la gastronomie américaine offrait de mieux. La dinde avait l'air relativement appétissante, mais elle restait très méfiante vis-à-vis de cette purée de patates douces recouverte de guimauves grillées. Qui avait eu l'idée de renverser un sachet de bonbons sur un plat qui n'en avait absolument pas besoin ? Ignacio dut capter son regard un peu sceptique puisqu'elle le vit sourire, ce qui la fit sourire à son tour.

Elle avait pensé que le repas serait le moment plus délicat de cette journée, et elle avait lâchement prévu de se servir de sa grossesse comme d'une excuse pour échapper aux mets traditionnels. Ce n'était pas de sa faute si le bébé n'aimait pas les guimauve ! Elle avait bien entamé son sixième mois et elle le ressentait aussi bien physiquement que mentalement. Son ventre continuait de s'arrondir de semaine en semaine et elle avait souvent mal au dos, et elle était un peu émotive depuis quelques temps. Elle ne savait pas si c'était uniquement une conséquences directe de la grossesse et des hormones ou si cela était dû à son manque de sommeil, puisque le bébé appréciait visiblement de faire des galipettes à quatre heure du matin.

La jeune femme n'était toutefois pas au bout de ses peines avec les traditions américaine. Ils venaient de passer à table et Elijah lui expliqua qu'il était habituel de rendre grâce et de remercier ses proches avant le repas. Joséphine jeta un bref regard inquiet en direction d'Ignacio, qui ne l'avait évidement pas prévenu de cette coutume, sinon elle aurait préparé un post-it. Elle hocha la tête quand son futur beau-père lui proposa de prendre la parole en premier. Elle ne s'était absolument pas préparé à ça et ne savait pas vraiment quoi dire.

L'année écoulée avait pourtant été chargée en rebondissements plus ou moins positifs, entre la fin brutale de son travail aux Folies, sa grossesse, et son histoire mouvementée avec Ignacio, mais elle n'avait pas envie d'exposer tout ça à la table du dîner.

"Merci beaucoup de m'accueillir, déjà, commença-t-elle à l'attention d'Elijah, un peu hésitante. Je suis contente d'être là. Et...euh, je suis reconnaissante d'avoir de beaux projets à venir. Son regard passa du côté d'Ignacio à qui elle adressa un sourire. Et d'être bien accompagnée !"

Elle avait fait excessivement bref mais elle espérait que l'on en attendait pas plus de sa part.

"A ton tour," glissa-t-elle à son compagnon.


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Toast to the ones here today [Joséphine & Ignacio] Icon_minitimeDim 13 Mar 2022 - 21:06
Thanksgiving était une tradition à laquelle les américains tenaient beaucoup ; Elijah et Ignacio ne faisaient pas exception à la règle. Et, comme dans toute tradition, il y avait certaine règle à respecter, certaines coutumes à honorer. Le repas était relativement similaire chaque année, les plats étaient servis dans le même ordre et le dîner s’ouvrait toujours sur une action de grâce. Sans surprise, Ignacio n’était pas complètement à l’aise avec cette dernière partie – le fait de devoir exprimer des émotions et des sentiments devant une audience – mais il savait bien qu’il n’y couperait pas. Joséphine non plus, puisqu’Elijah l’invita même à prendre la parole la première, ce qu’elle fit après quelques secondes de silence.

Elle s’en tira merveilleusement bien, s’attirant un regard approbateur de la part d’Elijah et un sourire en coin d’Ignacio. Il admirait comme Joséphine, dans n’importe quelle situation sociale, était toujours dans le juste. Elle savait cette aisance à cerner les personnes qui l’entouraient, à s’adresser à eux de façon à ne jamais être trop ou pas assez. Dans l’intimité, c’était parfois une autre histoire – elle était très, hum, comment le dire de façon non-péjorative, intense ? Alors ils ne se comprenaient pas toujours, mais Ignacio commençait à mieux appréhender la façon dont Joséphine réagissait aux choses et aux situations qui se présentaient à elle. Il n’avait donc aucun doute sur le fait qu’elle vivrait très bien ce repas avec son père, et qu’elle en sortirait en ayant gagné son cœur et son approbation.

« Je suis reconnaissant d’être ici aujourd’hui aussi, et du repas que tu as préparé pour nous pour nous, papa. » commença Ignacio en se redressant légèrement. Il y eut quelques secondes qui s’écoulèrent, pendant lesquelles Elijah ne le lâcha pas du regard. « Et je suis reconnaissant pour cette année riche en rebondissements » c’était le moins qu’on puisse dire, « qui a amené plusieurs personnes dans ma vie. »

Elijah eut un sourire amusé.

« Je crois qu’il parle de toi, Joséphine. » commenta-t-il tranquillement. Ignacio eut un sourire mystérieux mais posa sa main sur celle de sa compagne.
« A toi, papa. »
« Eh bien je suis très heureux de vous avoir aussi ce soir. C’est un plaisir de pouvoir faire davantage ta connaissance, Joséphine. » commença Elijah en inclinant la tête vers elle. « On peut dire que je ne suis pas prêt d’oublier cette année. » En effet, elle serait toujours marquée comme étant l’année où il avait découvert l’existence de sa fille aînée, puis assistée à son mariage. Le silence pensif qui s’installa suite à ses paroles dura un peu trop longtemps, poussant Ignacio à questionner son père :
« Tu es reconnaissant d’avoir rencontré Isy ? »
Elijah hocha la tête. « Oui, bien sûr. » Il réfléchit encore un peu. « Mais je suis aussi heureux de constater que vous vous entendez bien, tous les deux. » Il eut un rire et haussa les épaules : « Et puis, ce n’est pas plus mal, vous vous rencontrez à un moment où vous n’êtes plus en âge de vous disputer pour partager vos jouets ! »

Ignacio eut un sourire amusé et hocha la tête ; il savait qu’il n’avait jamais été très partageur, enfant (c’était souvent l’apanage des enfants uniques). Il se pencha pour attraper un pichet de thé glacé et en servir un verre à Joséphine, alors qu’Elijah leur versait deux verres de vin. Après avoir trinqué ensemble, Elijah relança la conversation en les questionnant :

« Alors, vous vivez ensemble maintenant c’est ça ? A Oxford ? » Ignacio approuva un hochement de tête. « Et tout se passe bien ? Tu as réussi à déménager toutes tes affaires, Joséphine ? »



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Toast to the ones here today [Joséphine & Ignacio] Icon_minitimeDim 20 Mar 2022 - 9:25
Les américains n'avaient peut-être aucun sens de la gastronomie, mais Joséphine devait reconnaitre qu'ils avaient de belles traditions. Elle avait été un peu prise au dépourvu lorsqu'était venu son tour de prendre la parole, mais elle écouta avec plaisir Ignacio et son père qui se prêtèrent eux aussi au jeu. Il y avait un quelque chose d'optimiste dans le fait de se concentrer uniquement sur les éléments positifs de l'année écoulée. Elle sourit quand son compagnon mentionna les nombreux rebondissements qui avaient jalonnés ces derniers mois, dont l'arrivée de nouvelles personnes dans sa vie.

Pour une fois, Elijah se montra presque moins bavard que son fils et resta un instant pensif après avoir déclaré qu'ils étaient reconnaissants de les recevoir ce soir et d'avoir pu faire la connaissance de Joséphine. Ignacio le questionna au sujet d'Isobel, la fille cachée que son père avait retrouvé cette année, et ce dernier affirma qu'il était heureux de voir que ses enfants s'entendaient bien, et qu'ils ne soient plus en âge de se disputer pour partager leurs jouets.

En observant la relation entre les deux hommes, Joséphine comprenait parfois comment Ignacio pouvait vouloir des enfants, alors même qu'il ne menait pas vraiment une vie propice à l'épanouissement familial. Il semblait avoir des liens très forts avec son père, qui avait dû lui transmettre beaucoup de choses qu'il aurait aimé transmettre à son tour. Pourtant, même alors qu'elle était enceinte de six mois, et dans une relation à peu près stable qui aboutirait vraisemblablement sur un mariage, elle était incapable de s'imaginer mère. Elle ne saurait pas être un parent présent et attentionné comme l'était Elijah, elle en était certaine. Elle avait fait pas mal de mauvais choix dans la vie, mais elle s'en était toujours accommodée dès lors qu'ils n'avaient de conséquences que sur elle. La perspective de devoir prendre chaque jours des décisions qui influeraient sur la vie d'une personne innocente dont l'avenir en dépendait lui donnait le vertige.

Elle chassa ses pensées de son esprit et trinqua avec Ignacio puis avec Elijah, qui les questionna au sujet de leur récent emménagement.

"Incroyablement, oui, répondit-elle avec un sourire quand il lui demanda si elle avait réussi à déménager toutes ses affaires. Ignacio a changé une des chambres en dressing, j'ai toute la place qu'il faut !" expliqua-t-elle en glissant un regard à son compagnon.

Elle avait été agréablement surprise par cette attention, et très touchée que quelqu'un dépense autant de temps et d'énergie à aménager un espace uniquement pour elle. Elle disposait désormais d'un dressing qui était presque aussi grand que son ancien studio, et déjà bien trop rempli. Elle s'était promis de le garder parfaitement rangé et organisé, mais cette résolution n'avait duré que quelques jours. Elle se contentait désormais de laisser la porte fermée, parce que si on ne voyait pas le bazar, alors il n'existait pas.

"Vous devriez venir dîner un soir, avant de repartir aux Etats-Unis, suggéra-t-elle en consultant Ignacio du regard. Promis, je ne cuisinerai pas !"

Ils n'avaient pas encore eu l'occasion de recevoir depuis qu'ils vivaient ensemble et, si elle était piètre cuisinière, Joséphine avait toujours été une très bonne hôtesse et adorait avoir des invités.


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Toast to the ones here today [Joséphine & Ignacio] Icon_minitimeDim 27 Mar 2022 - 18:38
Ignacio esquissa un sourire en écoutant Joséphine raconter à son père comment elle était parvenue à installer toutes ses affaires chez lui. Pour avoir été plusieurs fois dans le studio de Joséphine, Ignacio s’était rapidement rendu compte que Joséphine possédait beaucoup – vraiment beaucoup – de vêtements. Ils ne rentraient absolument pas dans les différents placards de son ancien logement, alors il y en avait souvent un peu partout – sur les chaises, sur les fauteuils, dans des sacs… (Et il ne parlait même pas de ses chaussures). Alors, quand Joséphine avait accepté de venir vivre chez lui, Ignacio avait entrepris de transformer l’une des chambres en un immense dressing. Cela n’avait pas été très compliqué – il avait engagé quelqu’un pour le faire, selon plusieurs inspirations qu’il lui avait communiqué – et il s’était dit que la surprise ferait plaisir à Joséphine. Cela n’avait pas manqué – elle avait été ravie et avait investi les lieux très rapidement. Désormais, Ignacio avait l’impression que la pièce débordait de vêtements colorés, qui jonchaient déjà le sol – mais pour le bien de son couple, il se refusait de pousser la porte de ce dressing et laissait Joséphine le gérer comme elle l’entendait.

Elijah sembla cependant heureux de voir que son fils s’investissait autant dans sa relation de couple et il salua l’initiative d’Ignacio d’un hochement de tête, avant de répondre avec enthousiasme à la proposition de Joséphine.

« Avec plaisir ! Ça fait longtemps que je ne suis pas allé à Oxford. » Le commentaire de la jeune femme lui tira un sourire : « Il faut laisser Ignacio aux fourneaux, il se débrouille très bien ! »
« Je ne cuisine pas assez français pour Jo. » releva Ignacio en glissant un regard vers sa partenaire.

Elijah s’esclaffa. « Je vois. J’imagine Joséphine que tu t’es rendue compte que mon fils était un américain très chevronné et attaché à son pays ? »
Ignacio haussa les sourcils, un sourire aux coins des lèvres. « Je ne suis pas chevronné, je fais juste honneur à mes origines. »
« Oui, enfin, tu as aussi des origines anglaises et je ne t’ai jamais vu vanter les saveurs du pudding… »
« Mais ce n’est pas du tout la même chose ! J’ai passé la plus grande partie de ma vie à Salem et à New-York, pas à Londres. » souligna Ignacio. « Et puis, il n’y a pas grand-chose à vanter dans la gastronomie anglaise. »
Elijah jugea bon de ne pas répondre à ça. « Eh bien être avec Joséphine devrait te pousser à apprendre à cuisiner des plats français, Iggy, et j’ai hâte de goûter ça. » Le père de famille changea de sujet alors que son fils levait les yeux au ciel sans masquer son air amusé.  « Et sinon, Joséphine, en dehors de la cuisine, qu’est-ce que tu aimes dans la vie ? »



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Toast to the ones here today [Joséphine & Ignacio] Icon_minitimeLun 25 Avr 2022 - 7:57
Joséphine suivit avec amusement les échanges entre Ignacio et son père sur la "gastronomie" britannique. Ce n'était pas elle qui allait reprocher à son compagnon de ne pas s'essayer au haggis mais elle partageait l'avis de son père sur sa tendance à ne cuisiner que des plats typiquement américains, recouverts de beaucoup trop de cheddar. Leur complicité fait plaisir à voir et, comme régulièrement au cours de la soirée, la jeune femme se complaisait dans son rôle de spectatrice. Elle prenait le temps d'observer les deux homme et d'en apprendre davantage sur leur relation, et leur dynamique. Elijah semblait toutefois décidé à l'intégrer dans la conversation, et se tourna vers elle avec une nouvelle question.

Il s'agissait d'une question parfaitement anodine, qui la prit pourtant au dépourvu. Cela faisait des années qu'elle n'avait pas réfléchit à la réponse. Elle avait grandi avec l'idée qu'elle n'aurait jamais besoin de travailler et que sa vie ne serait faite que de loisirs. Jeune, elle avait des tas de façon d'occuper son temps, en dehors des ours. Le shopping, pour commencer, mais aussi la danse, la peinture, la photographie, les voyages, les concerts. Elle s'intéressait à beaucoup de choses et se découvrait de nouvelles passions chaque jour.

Puis elle avait dû commencer à gagner sa vie, d'abord d'une façon que la société jugeait acceptable, puis assez vite de façon moins légale, et son métier avait rapidement occupé tout l'espace. Elle n'avait plus ni le temps ni les moyens de se consacrer à autre chose, et plus vraiment l'envie non plus. Ses journées de travail -ou plutôt ses nuits- se succédaient et se ressemblaient et elle passait ses journées à dormir pour récupérer, quand elle n'était pas occupée à prédire leur mort -ou leur mariage- aux hommes qui croisaient sa route. Elle avait été trop fatiguée, physiquement et moralement, pour faire des choses qui l'intéressaient, pourtant il devait bien en rester.

"Je, euh... J'aime bien la danse, enfin j'aimais bien, ça fait un moment que je n'ai plus pris de cours -expliqua-t-elle. En dehors de ses répétitions pour ses numéros aux Folies, elle n'avait plus mieux les pieds dans un studio de danse depuis des années. J'aimerais bien reprendre après...Elle baissa les yeux sur son ventre bien arrondi. Tout ça."

Elle commençait à réellement s'inquiéter de l'état dans lequel elle allait retrouver son corps, après cette grossesse. Elle ne s'en était pas souciée au début parce qu'elle était libérée, pour la première fois depuis longtemps, de l'obligation de rester belle et mince, mais elle commençait à y penser plus régulièrement. Elle avait passé des années à construire les muscles nécessaires pour pratiquer la broom dance et elle n'était pas certaine de la vitesse à laquelle elle pourrait récupérer sa forme. Elle avait en revanche gagné en souplesse -et avait appris dans le livre offert par Angus que c'était un effet normal de la grossesse- et espérait qu'elle la conserverait après son accouchement.

"Et vous ?" s'enquit-elle, autant par curiosité que par volonté d'orienter la conversation sur quelqu'un d'autre qu'elle-même.


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Toast to the ones here today [Joséphine & Ignacio] Icon_minitimeVen 20 Mai 2022 - 10:57
Lorsqu’Elijah questionna Joséphine, Ignacio posa son menton sur ses mains jointes et tourna son regard vers sa compagne. Il savait que son père était curieux de mieux connaître la femme qui partageait sa vie, d’autant plus qu’Ignacio ne s’était pas montré très loquace lorsqu’il l’avait interrogé à ce sujet. Il n’avait pas parlé à son père de la vision de Joséphine, ni des circonstances dans lesquelles ils s’étaient rencontrés, aussi il avait dû éluder plusieurs de ses questions. Quand bien même leur situation était compliquée – et qu’ils avaient failli se séparer quelques semaines plus tôt – Ignacio tenait à ce que son père apprécie Joséphine pour ce qu’elle était. Il savait très bien qu’Elijah émettrait des réserves s’il évoquait cette vision avec lui ; pas parce qu’il ne croyait pas à la voyance mais parce qu’il s’inquièterait des interprétations qu’Ignacio et Joséphine accordaient à ce qu’elle avait vu.

Ignacio avait déjà passé des jours – des semaines, même – à étudier la chose sous tous les angles possibles. Il avait choisi ce qu’il pensait être le mieux pour lui, la décision avec laquelle il se sentait capable de vivre. Il ne voulait pas s’exposer aux questionnements de son père sur le sujet, qui pourrait se montrer plus critique sur ce choix. Et puis, il voyait bien comment Elijah était heureux de rencontrer Joséphine – et comme il était surpris que son fils se soit entiché d’une femme si différente de lui. Au fond, Ignacio aimait ce semblant de normalité autour d’un repas où il ne se passait rien d’autre qu’un fils présentant sa partenaire à son père.

« Je te le souhaite. » répondit Elijah avec un sourire lorsque Joséphine mentionna son envie de reprendre la danse.

Ignacio approuva les paroles de son père d’un discret hochement de tête. Il ne savait pas trop ce que Joséphine avait prévu de faire, après son accouchement et il avait l’impression qu’elle ne le savait pas non plus.

« Oh, tu peux me tutoyer ! » réalisa Elijah en entendant Joséphine le questionner. « Au risque de paraître très peu original, j’aime beaucoup mon travail. J’enseigne à l’université de Salem depuis des années, et je suis chercheur spécialisé dans les différentes formes de magie. » Ignacio, qui avait entendu ce discours des millions de fois, attrapa son verre de vin pour en boire une gorgée. « Ça m’a donné l’occasion de beaucoup voyager dans le cadre de ma carrière, mais aussi de beaucoup apprendre sur la magie et les manières de la pratiquer. »
« Si tu le lances sur le sujet, » prévint Ignacio, « il peut t’en parler pendant des heures. »
« C’est vrai, c’est vrai. » reconnut Elijah avec un petit rire. « Mon travail est l’une de mes passions. »
« Ta passion principale. » corrigea le barman en se servant de salade. « Il me donnait des cours particuliers le dimanche, » commenta-t-il à l’adresse de Joséphine, « j’avais sept ans et j’étais désespéré. »
« Pauvre enfant maltraité. » railla Elijah en attrapant le gratin de patates douces et marshmallow. « En attendant tu as appris à maîtriser les éléments ! Ça vaut bien quelques parties de Wizzball manquées, non ? »
« Quand il dit ça, ça donne l’impression que je suis un sorcier surpuissant. » fit Ignacio en se penchant vers Joséphine. « Je maîtrise vaguement l’eau. »
Elijah éclata de rire et secoua la tête. « Peut-être qu’un jour ça te servira et que tu me remercieras. » Il tendit le plat de gratin à Joséphine : « Je te sers, Joséphine ? »


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Toast to the ones here today [Joséphine & Ignacio] Icon_minitimeDim 29 Mai 2022 - 9:31
Elijah semblait être réellement passionné par son métier, ce qui était une véritable chance de l'avis de Joséphine. Elle se demandait combien de personne parvenaient à vivre de leur passion. Elle avait déjà du mal à trouver une nouvelle façon de gagner sa vie, et s'était déjà plus ou moins résigné à se rabattre sur n'importe quel métier assez facile, même s'il ne la faisait pas vibrer. Le chercheur avait clairement trouvé sa voie, au point qu'il semblait pouvoir parler de son sujet d'étude pendant des heures, ce qui n'aurait pas déplu à l'ancienne danseuse.

Les différentes formes de magie, voilà qui devait être intéressant ! Elle se demanda si la voyance faisait partie des sujets d'étude de son futur beau-père. C'était une forme de magie souvent négligée car jugée trop peu fiable, et qui gardait encore ses secrets. Une part d'elle avait très envie de poser la question à Elijah et d'échanger avec lui sur le sujet, mais une autre avait peur de ce qu'elle pourrait apprendre sur son propre don. Et si ce qu'elle avait toujours considéré comme une forme de fatalité n'était en fait qu'un futur parmi d'autres possibles ? S'il lui apprenait que ses visions n'étaient pas aussi inévitables qu'elle le pensait, et qu'elles ne s'étaient réalisées que parce qu'elle n'avait rien fait pour les empêcher ?

Effrayée par cette perspective, Joséphine préféra se concentrer sur ce qu'Elijah avait transmis à son fils pendant son enfance, et posa un regard impressionné sur Ignacio, qui avait visiblement à maitriser les éléments -ou au moins l'eau, comme ce dernier le nuança.

"J'aimerais beaucoup voir une démonstration, lança-t-elle en baissant les yeux sur son verre d'eau. Une toute petite part, merci," poursuivit-elle à l'intention d'Elijah qui lui proposait du gratin de patates douces et marshmallow.

La politesse lui imposait de faire honneur à ce plat soit-disant traditionnel mais elle ne comprenait toujours pas comment les américains en étaient arrivés à mélanger des pommes de terre et des bonbons. Le résultat n'était pas aussi mauvais qu'elle l'avait redouté, mais restait beaucoup trop sucré, ce qui lui ferait un excellent argument pour refuser une deuxième part -pas trop de sucre pour le bébé ! Il fallait bien que la grossesse ait ses avantages.

Le diner se poursuivit dans une ambiance conviviale, et dans un semblant de normalité qui faisait du bien à Joséphine. Ainsi attablés face au père d'Ignacio, ils ressemblaient à une jeune couple parfaitement normal, si on omettait qu'elle portait l'enfant d'un autre et que leur histoire était grandement lié à une vision concernant leur mariage prochain. Cela faisait du bien de mettre tout ça de côté le temps d'une soirée.

Quelques heures plus tard, Ignacio et Joséphine étaient de retour à Oxford, des restes de nourriture plein les bras.

"Ne compte pas sur moi pour t'aider à finir le gratin, chuchota la jeune femme en empruntant les escaliers qui menaient à l'appartement d'Ignacio - à leur appartement, maintenant. J'ai essayé, ajouta-t-elle pour prouver sa bonne foi/ Mais les marshmallow, vraiment, ça ne passe pas."

Elle gravit les dernières marches et s'engageait dans le couloir quand elle remarqua une silhouette, adossée contre le mur à côté de la porte leur appartement. Elle s'arrêta et échangea un bref regard surpris avec Ignacio, les sourcils froncés. La silhouette avait entendu leurs pas puisqu'elle se redressa, et s'avança même dans leur direction, perchée sur des talons hauts. Son mouvement déclencha la lumière automatique qui éclaira le couloir d'un seul coup, révélant le visage de l'inconnue. Joséphine faillit lâcher le plat de gratin en reconnaissant la personne en face d'elle. Irène Chevalier. Sa soeur.


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Toast to the ones here today [Joséphine & Ignacio] Icon_minitimeJeu 2 Juin 2022 - 21:08
Le repas s’était bien passé. Ils avaient très bien mangé (Joséphine ne serait pas tout-à-fait d’accord avec lui sur ce point) et il semblait à Ignacio que le courant était bien passé entre sa compagne et son père. Elijah avait été ravi de pouvoir s’entretenir plus longuement avec Joséphine qui, bien plus bavarde qu’Ignacio, répondait volontiers à ses questions. Le barman s’était livré à une petite démonstration de magie élémentaire – sous l’œil attentif de son père et impressionné de sa compagne – et ils étaient restés quelques heures installés autour de la table du salon.

Ignacio s’était surpris à se trouver à l’aise durant ce dîner, lui qui l’avait pourtant redouté. Ses relations avec son père n’avaient jamais été mauvaises mais leur lien s’était largement distendu depuis qu’il s’était installé en Angleterre. Ils se voyaient moins et communiquaient moins qu’avant. Ignacio savait qu’Elijah n’approuvait pas son style de vie, qu’il ne connaissait pourtant que dans les grandes lignes. Il savait pour New-York, évidemment, ainsi que l’évènement qui avait motivé son départ précipité. Il devait se douter qu’il ne travaillait pas uniquement comme barman (son train de vie ne collait pas exactement avec la paye liée à un tel métier) mais il ne lui avait jamais posé de questions. Ils évitaient habilement le sujet depuis des années.

Parfois, Ignacio se demandait si son père avait été déçu que son fils – son fils unique, jusqu’à il y a peu – ne suive pas ses traces. Qu’il ne fasse pas de grandes études, qu’il n’épouse pas une carrière de chercheur ou, du moins, un métier plus prestigieux, plus valorisé. Elijah n’avait jamais rien dit. Il avait cherché à le pousser dans sa scolarité mais, lorsqu’il était parti pour New York, il n’avait pas essayé de le retenir, de le faire changer d’avis. Peut-être pensait-il qu’Ignacio finirait par revenir dans le droit chemin de lui-même, qu’il avait simplement besoin d’un ou deux ans pour expérimenter et choisir sa voie.

Mais même si Elijah ne disait rien, cela n’empêchait pas Ignacio de questionner ses silences. Ce soir, quelque chose avait été différent. La présence de Joséphine y était sûrement pour quelque chose et Ignacio s’était senti plus serein dans sa dynamique familiale avec son père. Il y avait eu quelque chose de positif à partager avec sa compagne des souvenirs d’enfance et des traditions lointaines ; Ignacio s’était senti plus proche de son père qui représentait, finalement, la seule et unique figure parentale de son enfance.

Ce fut donc pensif qu’il poussa la porte du hall d’entrée de l’immeuble dans lequel ils vivaient à Oxford. La remarque de Joséphine lui tira un sourire et il secoua la tête.

« C’est une question d’habitude, Jo. » lui assura-t-il. « Les marshmallows ajoutent exactement cette touche sucrée qui se marie parfaitement aux patates douces. » Il la taquina avec un sourire en coin : « Moi qui rêve d’en servir le jour de notre mariage… »

Sa plaisanterie ne fut pas relevée par sa compagne, qui s’était figée dans le couloir, où une silhouette sombre semblait les attendre. Ignacio fronça les sourcils, évaluant le danger d’un coup d’œil (silhouette menue, probablement une femme, qui paraissait davantage les attendre plutôt que de vouloir les attaquer (elle aurait cherché à se dissimuler, sinon)). Par précaution, il tira cependant sa baguette et resta à distance, posant sa main sur le bras de Joséphine pour la prier de ne pas s’avancer davantage.

Les mouvements de l’inconnue finirent par allumer l’éclairage automatique du couloir. Il s’agissait bien d’une femme, rousse, perchée sur de hauts talons.

« Vous attendez quelque chose ? » demanda Ignacio, sans se départir de sa méfiance.


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Toast to the ones here today [Joséphine & Ignacio] Icon_minitimeLun 6 Juin 2022 - 8:43
Joséphine s'était figée au milieu du couloir, submergée par un flot d'émotions et de souvenirs. Elle repensa immédiatement à sa dernière rencontre avec Irène, en prison à Berlin, alors que sa soeur attendait son jugement. Elle se souvenait de ses reproches, de son agressivité, mais aussi de son regard blessé, et de la douleur de la trahison qu'elle disait avoir vécu. Elle ne l'avait plus revue ensuite. Elle lui avait écrit quelques lettes, au début, motivées autant par le manque que par la culpabilité. Elle n'avait jamais eu de réponse, et n'avait pas vraiment insisté.

"Irène, qu'est-ce que...? furent les seuls mots qu'elle parvint à articuler, en français, en réponse à la question d'Ignacio adressée à sa soeur.
- Je vois que tu comptais les jours jusqu'à mon retour, ça fait plaisir," lui répondit son ainée avec une ironie acide

Joséphine resta muette alors qu'Irène franchissait en quelques enjambées la distance qui les séparait. Elle n'avait pas beaucoup changé. Peut-être avait-elle perdu un peu de poids. Ses joues semblaient un peu plus creusées, mais elle avait toujours été moins plantureuse que sa cadette. Elle était plus grande et plus mince que Joséphine, mais possédait la même peau laiteuse et la même chevelure flamboyante.

Plusieurs questions se bousculaient dans l'esprit de l'ancienne danseuse. Comment Irène l'avait-t-elle retrouvée ? Que venait-elle faire ici ? Etait-elle encore fâchée contre elle ? Mais aucune ne franchit ses lèvres ; elle était complètement prise au dépourvu et se retrouvait presque paralysée par cette apparition inattendue. Sa soeur lui semblait surgir tout droit de son passé et charriait avec elle tout un tas de souvenirs qu'elle avait oubliés, plus ou moins délibérément. Joséphine était tiraillée. Entre l'envie de se confondre en excuses et de lui répéter, encore et encore, qu'elle ne savait rien, qu'elle n'aurait pas pu empêcher son arrestation. Et l'envie de se protéger, de ne plus se laisser atteindre par les accusations de son ainée et de la maintenir à distance.

"Je m'attendais à un meilleur accueil de ma soeur chérie et de mon...futur beau-frère, j'imagine ? reprit Irène en anglais, avec un sourire contredit par son regarde sévère. Elle baissa les yeux sur le ventre arrondi de Joséphine. J'en ai manqué des choses...Tu comptes faire les présentations ?
- Ignacio, mon...fiancé, annonça-t-elle avec hésitation. Elle se tourna vers son compagnon et tenta de puiser un peu de courage dans sa présence à ses côtés. Et Irène, ma grande soeur."

Elle se souvenait avoir vaguement évoqué avec son futur-mari le fait qu'elle avait une soeur à qui elle ne parlait plus, sans jamais rentrée davantage dans les détails. Elle s'était convaincue qu'elle ne parlait pas d'Irène car c'était un sujet difficile pour elle, mais elle savait que c'était aussi à cause de la culpabilité qu'elle ressentait face à sa soeur. Elle regrettait maintenant de ne pas s'être confiée davantage à Ignacio. Il y avait beaucoup de choses qu'elle aurait aimé lui expliquer avant qu'Irène ne le fasse.

"Toutes mes félicitations pour ces heureux évènements à venir... Le regard clair d'Irène glissa de nouveau sur le ventre de Joséphine, qui se sentit obligée d'expliquer la situation à sa soeur alors qu'elle aurait préféré la garder en dehors de ce projet.
- Ce n'est pas le miens, énonça-t-elle. Je suis mère-porteuse, pour un autre homme, précisa-t-elle pour éviter tout malentendu concernant Ignacio.
- Ce que tu ne ferais pas pour de l'argent... Irène laissa échapper un bref rire désabusé. C'est bien, il y a des choses qui ne changent pas. Joséphine encaissa la pique sans broncher. Il était évident que sa soeur lui en voulait encore pour ce qui s'était passé à Berlin, tout dans son attitude trahissait ses intentions belliqueuses.
- Qu'est-ce que tu veux ? demanda-t-elle, de façon un peu abrupte.
- J'espérais que vous m'inviteriez à entrer, lui répondit sa soeur sur un ton faussement mielleux. On ne s'est pas vues depuis trois ans, Jo, tu ne vas pas me laisser sur le pas de ta porte ?"  


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Toast to the ones here today [Joséphine & Ignacio] Icon_minitimeLun 6 Juin 2022 - 15:29
A l’inverse de Joséphine qui s’était figée dans le couloir, Ignacio était sur ses gardes, prêt à réagir à la moindre menace. Son activité chez les Veilleurs lui faisait inévitablement prendre des risques. Il avait toujours fait attention à ne jamais laisser fuiter la moindre information personnelle mais il ne pouvait garantir qu’il n’avait jamais été suivi jusqu’à son appartement, malgré les précautions prises en amont. Certes, l’inconnue qui leur fait face ne paraissait pas avoir une attitude belliqueuse, mais le barman était bien trop prudent pour baisser sa garde de sitôt. Ce ne fut que lorsque Joséphine s’adressa à elle en français que son interprétation changea légèrement. Cette femme n’était pas là pour lui ; elle était là pour sa compagne. Une femme de son passé, visiblement, peut-être quelqu’un de sa famille songea-t-il en observant sa longue chevelure rousse et ses traits semblables à ceux de Joséphine.

Irène, nota Ignacio lorsque Joséphine fit les présentations, manifestement déstabilisée par cette arrivée imprévue. Du regard, il jaugea la femme qui lui faisait face. Joséphine lui avait déjà parlé d’elle, assez brièvement. Suffisamment brièvement pour qu’il comprenne que c’était un sujet qu’elle n’aimait pas aborder. Il n’avait pas cherché à la questionner davantage, respectant son silence comme il aimait qu’on respecte les siens. Mais Irène Chevalier venait d’émerger de ce silence, visiblement acide et mécontente du traitement qu’on lui avait réservé.

« Bonsoir. » la salua Ignacio. Il n’ajouta pas « enchanté » car il n’était pas franchement ravi d’être surpris de la sorte sur le pas de sa porte. Et puis, quelque chose dans l’attitude d’Irène lui déplaisait franchement.

La façon dont elle s’adressa à Joséphine, par exemple, dans une pique à peine voilée sur sa grossesse. Ignacio fronça les sourcils, peu disposé à entendre quelqu’un parler ainsi de sa fiancée – qu’il s’agisse de sa sœur ou non. Il ne connaissait pas le passif entre les deux sœurs, mais il sentait qu’Irène attendait clairement quelque chose d’eux, comme si elle venait ici chercher son dû. Comme s’ils lui devaient quelque chose. C’était absolument clair dans le ton qu’elle employait : elle ne demandait pas, elle imposait, ordonnait. Ignacio glissa un coup d’œil vers Joséphine. Elle paraissait véritablement troublée par l’apparition de sa sœur, un peu hésitante également quant à la marche à suivre. Ils échangèrent silencieusement quelques secondes avant qu’Ignacio ne fasse un pas vers la porte. Il pointa sa baguette magique dessus, traça des symboles en lançant un sortilège informulé, jusqu’à ce qu’un déclic se fasse entendre. Il actionna la poignée, ouvrant la porte sur l’entrée.

« Eh bien, je pensais que les anglais avaient davantage le sens de l’accueil ! » lança Irène en passant devant Ignacio alors que ce dernier allumait les lumières.
« Je ne suis pas anglais » répondit ce dernier sur un ton neutre. « Vous voulez quelque chose à boire ? » demanda-t-il en s’adressant à la fois à Joséphine et à Irène.
« Mhh, avec plaisir. » fit cette dernière alors qu’elle observait les lieux. « Un verre de vin, ce serait parfait… Quelque chose de bon. » ajouta-t-elle avec un regard entendu pour Ignacio. Il s’éloigna vers la cuisine ouverte sur le grand séjour pour chercher des verres, pendant qu’Irène s’adressait à sa sœur :
« Bel appartement dans un beau quartier… ça a dû être trois belles années pour toi, Jo. »



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Toast to the ones here today [Joséphine & Ignacio] Icon_minitimeMer 20 Juil 2022 - 8:10
Joséphine réalisa en voyant Ignacio s'éloigner dans la cuisine ouverte pour aller chercher des verres que la perspective de rester seule avec sa soeur la mettait mal à l'aise. La présence d'Irène provoquait chez elle un sentiment d'angoisse et tout son corps s'était raidi en l'attente du prochain coup de son ainée. Il y avait toujours eu des rivalités et des chamailleries entre elles mais la tension qui régnait dans le salon était nouvelle.

Leur invitée surprise était occupée à promener son regard sur l'appartement, dont elle n'aurait aucune difficulté à estimer la valeur. Elle aimait l'argent et les belles choses au moins autant que sa cadette.

"Bel appartement dans un beau quartier… ça a dû être trois belles années pour toi, Jo."

Joséphine s'essaya à un rapide bilan. Son arrivée chaotique en Angleterre, trois ans plus tôt, avait été suivie par de difficiles mois de sevrage de la Mona Lisa. Puis elle avait commencé à travailler aux Folies, était retombée dans une sorte de routine, avait retrouvé ses vieux travers. Constantine avait surgi du passé pour lui retourner le cerveau. Il y avait eu beaucoup d'hommes, trop d'hommes certainement. Il y avait eu Léopold Marchebank, puis Dave, et son altercation avec les Veilleurs qui avait marqué la fin des Folies Sorcières. Et enfin Angus, le bébé, Ignacio, la mariage. Beaucoup de choses en trois ans, du bon et du moins bon.

"Ça a été, répondit-elle sobrement. Elle se retint juste à temps de lui retourner la question. Elle s'imaginait bien que trois ans derrière les barreaux n'avaient pas dû être une partie de plaisir.
- Ça rapporte tant que ça, ce truc ? Irène désigna le ventre arrondi de sa soeur avec un mélange de dégoût et de curiosité.
- Ça va, c'est le premier, précisa-t-elle. Et le dernier, songea-t-elle intérieurement. Elle avait aimé l'expérience mais n'était pas prête à la renouveler. Je bossais dans un cabaret avant."

Irène savait ce que cela voulait dire, et saisit parfaitement le sous-entendu. Elle-même était passée par-là, mais s'en était vite tirée en se mariant avec son maquereau, et c'était elle qui avait attiré Joséphine dans le milieu.

"Tu vois que ce n'était pas si terrible... On peut fumer ici ?
- Si tu peux éviter, avec le bébé... Irène avait déjà allumer sa cigarette."

Ignacio quittait la cuisine, avec un verre de vin pour Irène et un verre d'eau pour Joséphine, qu'elle avala rapidement, plus pour se donner du courage que parce qu'elle était réellement déshydratée.

"Donc, une ancienne pute convertie en mère-porteuse, synthétisa la grande soeur en se désintéressant de sa cadette. Et toi qu'est-ce que tu fais ? Elle s'était tournée vers Ignacio, les sourcils hauts sur son front pâle, sa cigarette incandescente coincée entre deux doigts. Je veux dire, quel genre de mec gagne une fortune -elle ouvrit les bras pour englober la pièce- et laisse sa future femme vendre son utérus ?"


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Toast to the ones here today [Joséphine & Ignacio] Icon_minitimeMar 9 Aoû 2022 - 20:11
Ignacio versa un verre de vin pour Irène, se saisit d’une bière pour lui et remplit un verre d’eau pour Joséphine. D’un mouvement de baguette, il fit léviter le tout jusqu’au salon où les deux sœurs se faisaient face. L’ambiance était tendue, cela se voyait dans le sourire crispé de Joséphine ou dans le ton faussement mielleux de son aînée. La contrariété d’Ignacio, elle, se voyait dans le pli proche de sa bouche qui s’était creusé. Il n’appréciait pas du tout faire face, chez lui, à une étrangère qui s’octroyait le droit de l’insulter allégrement.

« Je veux dire, quel genre de mec gagne une fortune et laisse sa future femme vendre son utérus ? »

Si Ignacio avait été un homme sanguin, le genre à s’emporter à la moindre pique un peu trop directe, celle-ci l’aurait probablement conduit à sauter à la gorge d’Irène Chevalier. Elle venait d’effleurer un point sensible – probablement l’avait-elle ciblé dès le début. Ignacio, qui perdait rarement son sang-froid, la dévisagea une seconde en portait le goulot de sa bouteille de bière jusqu’à ses lèvres. Avec la première gorgée de ce liquide ambrée, l’amertume passa.

« Quand nous nous sommes mis ensemble, Joséphine avait déjà lancé son projet de GPA. » résuma simplement Ignacio. Il ignora la question sur son occupation professionnelle, pointant simplement du menton la cigarette qu’elle tenait entre ses doigts. « Jo t’a demandé de ne pas fumer à l’intérieur. »

Irène eut un rire insupportable – un peu aigu, un peu outré. Elle avisa le verre d’eau vide de sa cadette et laissa tomber sa cigarette à l’intérieur.

« Quel homme ! Blindé de thunes et qui fait attention à la santé du bébé que sa future femme porte pour un autre homme. » Elle haussa ses sourcils tracés à la perfection. « Où est-ce que tu l’as trouvé, Jo ? C’est un de tes anciens clients qui a pris pitié de toi ? » plaisanta-t-elle avec le ton de celle qui ne plaisantait pas.


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Toast to the ones here today [Joséphine & Ignacio] Icon_minitimeMer 10 Aoû 2022 - 14:46
Joséphine connaissait suffisamment Ignacio pour deviner sur ses traits la retenue dont il devait faire preuve pour se retenir de coller son poing au milieu du visage d'Irène. Si son compagnon était en colère, la jeune femme se sentait plutôt nerveuse. La présence de sa soeur réveillait en elle de vieilles angoisses et ravivait un sentiment de culpabilité qu'elle pensait avoir enterré depuis longtemps.

Leur invitée semblait avoir perçu la colère dans le regard menaçant d'Ignacio et éteignit sa cigarette dans ce qui restait du verre d'eau de Joséphine. Elle continua ses remarques méprisantes, sans réussir à faire réagir sa cadette, qui restait pourtant sur ses gardes. Elle était comme suspendue aux lèvres de son ainée. Elle laissait ses piques l'atteindre sans même essayer de se défendre, et guettait avec appréhension un reproche en particulier, qui n'arrivait pas. Elle se demandait si Irène avait conscience de l'état dans lequel elle se trouvait, et si elle jouait avec elle, ou si elle avait réellement l'intention de ne pas évoquer ce sujet.

"Qu'est-ce que tu veux ?"

Joséphine avait fini par craquer, consciente qu'elle ne supporterait pas le jeu de sa soeur plus longtemps. Irène n'était pas venue la chercher jusqu'en Angleterre pour le simple plaisir de lui jeter des méchancetés à la figure. L'ainée prit un air faussement blessé et secoua la tête avec une déception feinte.

"Je ne peux pas avoir envie de retrouver ma petite soeur ? répondit-elle d'un ton mielleux. J'ai bien dû te manquer, au moins un peu ? Ce n'est pas comme si j'avais souvent eu ta visite...
- J'ai du quitter le pays, la police nous cherchait...
- Oh, je sais, la coupa Irène. Merci pour le tuyau d'ailleurs, sympa de nous avoir prévenus. Elle se forçait à conserver son sourire hypocrite mais ses yeux lançait des éclairs et tout son visage s'était crispé. Tiens, je suis sûre qu'elle n'a pas dû te la raconter celle-ci. Irène s'était brusquement désintéressée de Joséphine pour se tourner vers Ignacio. Elle porta son verre de vin à ses lèvres et en but une gorgée avant de poursuivre. Elle t'a dit, comment elle avait soudainement demandé une soirée de congé, juste avant une descente de flics ?
- Je savais pas !se défendit Joséphine, qui sentait pourtant la culpabilité lui nouer l'estomac. Elle s'était répétée cette phrase pendant des années mais elle avait de plus en plus de mal à se convaincre elle-même. Je n'avais rien vu, je...
- N'importe quoi ! Et puis t'aurais très bien pu avoir une vision et ne pas t'en rappelé, t'était tout le temps défoncée."

Joséphine encaissa sans broncher, consciente qu'il ne servait à rien de nier la vérité. A cette période de sa vie elle consommait beaucoup de mona lisa pour favoriser ses visions, et elle passait tellement de temps en transe qu'elle avait souvent eu du mal à retrouver la réalité. Elle passait ses journées plongée dans un état de semi-conscience, perdue entre le présent et le futur. Entre les visions qu'elle expérimentait et celles qu'elle inventait.

"Elle t'a déjà fait le coup de la vision ? s'enquit soudainement Irène en se tournant vers Ignacio. Ça fait flipper hein ? Les gens pouvaient payer une fortune pour ça... Elle laissa sa phrase en suspens, comme si elle se laissait envahir par le souvenir d'une époque plus douce. Mais pas assez pour payer ce genre d'appartement, nuança-t-elle en revenant à la réalité. Vous avez combien de chambres ici ?"

Il devenait de plus en plus évident qu'Irène Chevalier n'avait pas débarqué que pour avoir l'occasion de cracher son venin, et qu'elle n'avait visiblement pas l'intention de repartir de si tôt.


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Toast to the ones here today [Joséphine & Ignacio] Icon_minitimeJeu 11 Aoû 2022 - 12:24
Lorsque Joséphine explosa, Ignacio tourna légèrement la tête vers elle, examinant ses traits tendus, son regard nerveux. Irène, qui lui faisait face, ne parut même pas surprise. Elle semblait se délecter de la situation, comme si elle appréciait le chaos que générait son retour impromptu dans la vie de sa sœur. C’était terrible pour Joséphine : son passé qui resurgissait ainsi, prenant les contours d’une sœur pleine de rancœur et de mépris. Ignacio ne l’aurait pas supporté. Parfois, il imaginait le moment où, sur le pas de sa porte, les fantômes de son passé referaient surface. Il se représentait les visages si familiers et pourtant désormais si lointains, les sourires pleins de reproches, les conversations remplies de sous-entendus.

Joséphine avait fui, tout comme lui avait fui. Ils avaient trouvé refuge en Angleterre, ce pays qu’ils critiquaient allégrement mais qui leur offrait une protection contre un passé houleux qu’ils évitaient de remuer.

Jusqu’à ce qu’Irène arrive, tende une embuscade à sa sœur et la fasse plonger dans un passé qu’Ignacio ne connaissait pas. Un peu curieux, il se tourna à nouveau vers Irène lorsque cette dernière évoqua les visions de sa cadette. Ce n’était pas un sujet sur lequel Ignacio et Joséphine s’étendaient beaucoup, comme celui de leurs passés respectifs. Ils se concentraient toujours beaucoup sur le futur – leur avenir commun – mais peu sur les évènements qui les avaient conduits à en arriver là. Il glana quelques informations au détour de cette conversation, ignorant l’interpellation d’Irène qui cherchait visiblement à créer une tension entre lui et Joséphine.

Lorsqu’elle changea radicalement de sujet pour évoquer la taille de l’appartement – et le nombre de chambres qu’il abritait – Ignacio se raidit imperceptiblement. Il ne fallait pas être un grand visionnaire pour comprendre les intentions d’Irène Chevalier.

Forcer sa sœur – et son compagnon, donc – à l’accueillir pour un temps indéterminé. Autant dire que cette idée ne lui plaisait pas du tout.

« Quelques-unes. » répondit-il évasivement. « On te laisse deux minutes, on doit aller s’occuper des restes qu’on a ramené de notre dîner. » lui indiqua-t-il en jetant un coup d’œil aux sacs que Joséphine tenait toujours entre ses doigts. « Tu viens Jo’ ? »

Le couple s’éloigna en direction de la cuisine. Ignacio referma la porte derrière eux, insonorisant la pièce par la même occasion pour éviter que leurs voix ne parviennent aux oreilles d’Irène Chevalier. Joséphine et lui se firent face pendant quelques secondes en silence.

« Ça va ? » demanda-t-il en s’appuyant contre le plan de travail.


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Toast to the ones here today [Joséphine & Ignacio] Icon_minitimeJeu 18 Aoû 2022 - 13:37
Joséphine loua l'esprit pratique d'Ignacio et lui fut reconnaissante de cette opportunité de s'éloigner quelques instants d'Irène. Elle ne se fit pas prier et le suivit dans la cuisine après un dernier regard inquiet en direction de sa sœur, qui avait parfaitement compris qu'ils ne cherchaient qu'à s'isoler, mais ne fit rien pour les retenir.

Elle ne put retenir un profond soupir de lassitude quand la porte se referma derrière eux. Elle passa une main sur son visage fatigué comme pour en effacer les traces de la tension des derniers instants. Quand elle releva finalement les yeux vers Ignacio, son regard exprimait un mélange d’inquiétude et d’abattement. Elle avait très envie de se lover dans les bras de son compagnon et de ne plus jamais sortir de cette cuisine. Elle ne voulait pas se confronter à sa sœur, ni se disputer avec elle, mais elle ne voulait pas non plus l’accueillir chez eux ou continuer à subir ses reproches. Elle aurait voulu qu’Irène disparaisse. Qu’elle ne soit plus là quand ils retourneraient dans le salon. Ou mieux, qu’elle ne soit jamais venue, que cette irruption dans leur vie ne soit qu’un mauvais rêve.

"Je suis désolée, s’excusa-t-elle en déposant les sacs contenant les restes de nourriture sur le comptoir. Ma famille est moins agréable que la tienne…"

Si elle avait apprécié ce premier Thanksgiving en compagnie du père d’Ignacio, elle se serait très bien passée de ces retrouvailles familiales avec sa sœur aînée.

"Elle m’en veut à mort, soupira-t-elle, comme si ce n’était pas suffisamment évident dans l’attitude hostile d’Irène. Je sais pas quoi faire…"

Elle s’appuya contre le meuble de cuisine derrière elle dans l’espoir vain de soulager un peu son dos, qui la faisait régulièrement souffrir depuis que son ventre ressemblait à une baudruche.

C'était difficile à croire quand on voyait l'animosité entre elles aujourd'hui, mais les deux sœurs avaient été plutôt proches, par le passé. Irène était bourrée de défauts, mais Joséphine savait qu'elle n'en était pas dépourvue non plus, et elles avaient toujours réussi à s'entendre malgré quelques rivalités. Perdre toute leur fortune et se retrouver privées de tout les avait étrangement rapprochées et elles s'étaient beaucoup soutenu, au début. Puis Irène avait rencontré celui qui deviendrait son mari, et qui lui avait fait comprendre tout l'argent qu'elle pouvait gagner en exploitant sa cadette. Les spectacles de voyance étaient nés et leur rapport de solidarité s'était transformé en relation de domination, avec Irène aux commandes.

Ses souvenirs de cette époque étaient flous, à cause de la mona lisa, mais Joséphine se rappelait vaguement du sentiment d'oppression qu'elle éprouvait quotidiennement. Il n'y avait pas que la dépendance à la drogue, elle avait été complètement dépendante de sa sœur, aussi bien sur le plan financier qu'affectif. Dans ces conditions, était-il possible qu'elle ait su, pour la descente de police, et qu'elle ne lui ai rien dit ? Elle n'avait jamais trouvé la réponse à cette question dans sa mémoire. Elle ne se souvenait plus, ou ne voulait pas se souvenir.


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Toast to the ones here today [Joséphine & Ignacio] Icon_minitimeSam 20 Aoû 2022 - 12:06
La porte de la cuisine se referma derrière Ignacio, isolant le couple d’Irène Chevalier. Si cette dernière avait compris ce qui se cachait derrière cette grossière manœuvre, elle ne fit rien pour les retenir, satisfaite d’être laissée un peu seule pour découvrir les lieux.

« Ma famille est moins agréable que la tienne… »
« Bah, Ignacio haussa les épaules, pince-sans-rire, j’avais déjà entendu parler de la légendaire politesse des françaises. »

Mais ce trait d’humour ne parvint même pas dérider Joséphine, qui paraissait défaite face à l’arrivée impromptue de son ainée. Ses traits s’étaient tirés et elle semblait véritablement soucieuse. Ce qu’elle lâcha dans un soupir ne fit que confirmer ce que son attitude criait déjà : elle se sentait démunie et ne savait pas comment réagir. Ce constat serra le cœur d’Ignacio qui ne supportait pas le sentiment d’impuissance : habitué à agir – ou à réagir – avec rapidité et efficacité, se sentir piégé dans une situation lui paraissait intolérable.

Dans le cadre de son travail, évidemment, tout semblait étonnement plus facile. Il n’y avait pas de cas de conscience, de sentiments contradictoires ou de lourd passif. Il y avait les ordres, la mission, et le chemin qu’il empruntait pour l’accomplir. Il agissait avec un seul but en tête et, pour cela, il était redoutablement efficace. Il faisait des choix sans sourciller, dressant la raison au-dessus de ce qu’il pouvait bien ressentir. Evidemment, tout était très différent dans le cadre familial ou amical.

Joséphine ne souhaitait visiblement qu’une chose : que sa sœur disparaisse. Mais, justement, cette personne qui observait avec attention leur salon n’était pas une inconnue : c’était sa sœur. Forcément, elle devait nourrir des sentiments ambivalents à son égard – d’autant plus qu’Irène avait adopté une attitude passive-agressive qui consistait à gifler Joséphine avec un sourire mielleux sur le visage. Pareillement, Ignacio n’avait gardé son calme que par respect pour sa future épouse ; si la situation avait été différente, si Irène n’avait pas été la sœur de Joséphine, il l’aurait mise à la porte à l’instant même où elle avait commencé à parler.

Quittant le plan de travail où il était appuyé pour se diriger vers Joséphine, Ignacio posa sa main sur son avant-bras et chercha son regard.

« Tu veux que je lui demande de partir ? » lui demanda-t-il simplement en faisant courir ses doigts jusqu’à son épaule, dans un geste qu’il voulait soutenant.  


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Toast to the ones here today [Joséphine & Ignacio] Icon_minitimeSam 24 Déc 2022 - 9:20
Pour une fois, Joséphine ne rebondit pas sur la remarque d'Ignacio concernant le manque de politesse des françaises. C'était pourtant un sujet qui lui tenait à coeur et elle avait plusieurs fois tenté de démontrer que toutes les parisiennes n'étaient pas des pestes. Elle n'était elle-même pas convaincue par sa théorie -elle n'avait jamais rencontré quelqu'un de moins poli qu'un parisien en retard dans le métro- mais elle se devait de défendre son pays. Pour l'heure, elle avait néanmoins d'autres problèmes plus important que de sauver la réputation des français.

Elle était profondément tiraillée entre l'envie de mettre Irène à la porte, et la culpabilité qui la poussait à tolérer sa soeur. Elle aurait pu être à sa place, songeait-elle. Si les choses s'étaient déroulé autrement, à quelques détails près, elle aurait très bien pu se retrouver complètement démunie, elle aussi. Elle essayait de s'imaginer, sortant de prison, sans famille, sans amis, sans argent. Serait-elle aller trouver sa soeur, elle aussi ? Et aurait-elle trouvé un peu de soutient chez Irène ? Elle n'en savait rien, leur relation s'était trop distendue pour qu'elle puisse répondre honnêtement à cette question, mais elle aurait probablement essayé. Si elle s'était trouvée à la place d'Irène, sa soeur aurait été son dernier espoir.

Elle ferma brièvement les yeux quand Ignacio vint poser une main sur son bras et lui proposer une solution qu'elle ne s'autorisait pas à envisager. Bien sûr qu'elle avait envie qu'Irène s'en aille. Elle ne voulait pas la voir, et elle n'avait pas la force de l'affronter ce soir. Pourtant elle ne pouvait pas se résoudre à être cette personne là. Elle ne voulait pas être celle qui abandonnait sa soeur à son sort, pas une deuxième fois.

"Je ne peux pas, répondit-elle finalement avec un soupir de lassitude, en levant les yeux vers son compagnon. C'est ma soeur", ajouta-t-elle comme si c'était une raison suffisante.

Elle savait pourtant qu'elle ne pourrait pas supporter Irène très longtemps. Son aînée faisait ressortir ce qu'il y avait de pire en elle, et Joséphine n'aimait pas la personne qu'elle devenait en présence de sa soeur. Elle n'aimait pas cette culpabilité qui s'alourdissait chaque fois qu'elle lui rappelait ses erreurs passées, ni cette affection teintée de regret qu'elle éprouvait encore pour elle. Au fond tout ce qu'elle aurait voulu c'était qu'Irène la pardonne, qu'elle la libère de cette dette qu'elle avait envers elle. Elle savait que ça n'arriverait pas. Son aînée savait qu'elle la tenait par la culpabilité, et elle ne lâchera jamais ce petit morceau de pouvoir.

Elle n'obtiendrait jamais le pardon d'Irène, pour une faute qu'elle n'était même pas certaine d'avoir commise, mais elle tenait à s'expliquer auprès d'Ignacio. Elle avait besoin qu'au moins une personne croit en son innocence.

"Je ne savais pas, pour la descente de police le jour où Irène a été arrêtée, affirma-t-elle avec moins de conviction qu'elle ne l'avait prévu. Je crois..." ajouta-t-elle malgré elle.

Elle n'arrivait pas à lui mentir. Elle aurait voulu pouvoir clamer son innocence haut et fort mais elle n'y croyait pas assez pour ça. Le retour d'Irène avait réveillé ses doutes sur les évènements de cette nuit-là. Etait-elle vraiment l'horrible personne que sa soeur détestait ? Et qu'allait-il penser d'elle maintenant ?


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