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Stairway to hell [Eiluned & guests]

Eiluned Wellington
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Stairway to hell [Eiluned & guests] Icon_minitimeVen 7 Jan 2022 - 20:35
13 octobre 2011

Il était vingt-deux heures et les urgences de Sainte-Mangouste étaient pleines. Eiluned avait commencé sa garde trois heures auparavant ; cette dernière ne prendrait fin qu’au matin, vers huit heures. Parfois, les nuits étaient calmes et les patients qu’ils recevaient – pour des incidents mineurs – repartaient quelques heures plus tard. Et parfois, comme ce soir, les consultations s’enchaînaient sans cesse, sans leur laisser le moindre répit. Eiluned avait trouvé le temps d’avaler un en-cas entre deux patients – avec sa grossesse, elle essayait de manger régulièrement parce que sans cela, elle se sentait beaucoup plus fatiguée – et s’apprêtait à aller voir en consultation une femme de cinquante ans qui se plaignait d’une douleur lancinante à l’épaule lorsqu’elle fut interpellée par le docteur Djebbari.

« Docteur Wellington, on va avoir deux grosses entrées, vous allez prendre l’une d’elle. » Eiluned s’arrêta pour l’écouter. « Un milicien blessé, il est amené par les ambulanciers depuis Bristol. » La jeune femme hocha la tête, ses sourcils légèrement froncés. « On n’a pas encore tous les détails, vous verrez ça directement avec les ambulanciers, ils seront là dans cinq minutes. »
« Très bien. »
« Tenez-moi au courant. » Eiluned acquiesça et tourna les talons. En s’éloignant, elle entendit son supérieur s’adresser à l’une de ses collègues : « Docteur Garcia, on a une jeune femme inconsciente récupérée par les ambulanciers sur Londres qui arrive dans six minutes, vous êtes dessus. »

Eiluned s’était déjà éloignée, et n’entendit pas les détails que le docteur Djebbari donna au sujet de cette deuxième situation clinique. Ses pensées étaient focalisées sur le patient qu’elle allait recevoir. Evidemment, elle ne pouvait pas s’empêcher de ressentir une légère inquiétude lorsque son supérieur avait mentionné la milice – Leonard y travaillait, son frère Gawain aussi… Elle se ressaisit rapidement en attachant autour de sa blouse une surblouse en plastique jaune et en enfilant des gants sur ses mains : personne ne lui aurait demandé d’intervenir sur une situation où l’un de ses proches serait impliqué. Tout était comme d’habitude.



Eiluned Wellington


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Stairway to hell [Eiluned & guests] Icon_minitimeVen 7 Jan 2022 - 22:30
Stairway to hell [Eiluned & guests] Ava_na10
Nathan Pearson, 33 ans, milicien.
Allongé sur un brancard, un collier cervical autour du cou, Nathan bouillonnait intérieurement. Une douleur monstrueuse lui lacérait l’épaule malgré les antalgiques qu’un ambulancier lui avait administré à Bristol. Ce n’était pas la première fois qu’il était blessé au cours d’une mission mais la plupart du temps, les soins qu’il recevait sur le terrain faisait l’affaire. Cette fois-ci, l’ambulancier avait été catégorique : il devait être pris en charge à Sainte-Mangouste parce que son muscle avait été atteint et lacéré par un sort. Sur place, ils avaient réussi à stopper l’hémorragie, mais il fallait réparer les tissus, chose que seul un médicomage était capable de faire. Son regard noir fixé sur le plafond de l’ambulance, Nathan insulta copieusement le sorcier à l’origine de cette blessure : un grand gaillard brun, à moitié troll, qu’il avait rappelé à l’ordre au moment de sa patrouille dans Bristol. Il l’avait attaqué alors qu’il était de dos en plus, ce sale fils de chien ! Son partenaire n’avait eu aucun mal à le désarmer et le mettre hors d’état de nuire suite à cela mais Nathan avait déjà reçu le maléfice de plein fouet.

Lorsque l’ambulance freina brusquement, Nathan sentit que les choses s’agitaient autour de lui. On fit descendre son brancard avec brutalité sur le sol pour le faire rouler vers l’entrée des urgences de l’hôpital, lui arrachant une grimace de douleur. Son épaule, par Merlin ! Il ne dit rien, se contentant de serrer les dents, pressé que cette visite impromptue aux urgences se termine.

« Ah, docteur Wellington, c’est vous qui prenez ? » demanda l’ambulancier qui tirait son brancard. Nathan ne put voir la personne à qui il s’adressait – il était immobilisé – mais le nom lui fit froncer les sourcils.

« Nathan Pearson, trente-trois ans, blessé pendant une patrouille avec la milice sur Bristol. Il a reçu un maléfice à l’épaule, lacération de la peau et du muscle… » Il baissa brièvement la voix pour s’adresser à la médicomage : « C’est franchement pas beau à voir. » Sans blague. « On a réussi à arrêter l’hémorragie sur le terrain mais il faut encore réparer les tissus endommagés. On lui a donné une unité de potion antalgique aussi. » Une unité seulement ? C’était un peu gonflé.

Nathan sentit qu’on le poussait dans ce qu’il devina être un couloir de l’hôpital, jusqu’à une pièce plus silencieuse que celles qu’il avait traversé à présent.

« Vous faîtes le transfert docteur Wellington ? » L’ambulancier dut attendre la réponse de la principale intéressée avant de s’écarter de lui. Nathan sentit son corps être soulevé dans les airs, puis reposé sur une surface dure comme le brancard mais plus fixe, cette fois. En la touchant cependant, une douleur s’empara de lui et il laissa une exclamation s’échapper.

« Ahhhh bordel de Troll ! »
Eiluned Wellington
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Stairway to hell [Eiluned & guests] Icon_minitimeMar 11 Jan 2022 - 19:56
L’ambulance arriva à toute vitesse et freina brusquement devant la porte des urgences. Un ambulancier bondit du siège du conducteur pour ouvrir les portes arrières et Eiluned s’approcha pour les aider à sortir le brancard. Elle reconnut Simon qui l’interpella et hocha la tête à sa question. Concentrée, elle ne parla pas alors qu’il lui présentait le cas, baissant seulement les yeux vers le patient immobilisé. Son épaule avait été bandée mais était visiblement toujours douloureuse, malgré les antalgiques.

« Le muscle est sectionné ? » demanda-t-elle à Simon alors qu’ils pénétraient dans un box.
« Partiellement seulement, mais ce n’est pas une coupure nette. » grimaça-t-il. « Vous faîtes le transfert docteur Wellington ? »

Eiluned acquiesça et sortit sa baguette de la poche qui était prévue à cet effet dans sa blouse. Elle la pointa sur Mr Pearson et, d’un sortilège informulé, ce dernier s’éleva dans les airs. Elle le dirigea jusqu’à la table de consultation et s’efforça de le reposer le plus délicatement possible. Mais malgré ses efforts, son patient lâcha une exclamation de souffrance.

« Oliver, prépare une autre unité de potion antalgique. » fit Eiluned à l’infirmier qui l’avait rejoint dans le box. Ce dernier ouvrit un tiroir et en sortit une fiole, qu’il administra à Nathan. Pendant ce temps, Eiluned vérifia les différents paramètres vitaux du patient : malgré une tension un peu basse, rien n’était vraiment inquiétant.

« Monsieur Pearson, vous avez une idée du sort qui vous a touché ? » demanda la jeune femme en se penchant sur son épaule, encore masquée par les bandages. Elle entreprit de les défaire précautionneusement. Elle redressa la tête pour s’adresser à Oliver, occupé à poser une perfusion sur le bras gauche du milicien. « Fais-lui un prélèvement pour le groupe au cas où on doive le transfuser. Ça ne saigne plus visiblement mais on ne sait jamais… »



Eiluned Wellington


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Stairway to hell [Eiluned & guests] Icon_minitimeMer 12 Jan 2022 - 19:04
Stairway to hell [Eiluned & guests] Ava_na10
Nathan Pearson, 33 ans, milicien.

Heureusement que cette médicomage semblait un peu plus compétente que l’ambulancier qui l’avait pris en charge et décida sagement de lui passer une autre unité d’antalgique. Nathan n’avait pourtant pas été très rassuré en voyant son visage se pencher vers elle : elle paraissait avoir douze ans avec ses joues un peu ronde, et de toute évidence, elle mesurait un mètre treize. Nathan aurait été plus rassuré d’avoir un bon vieux médicomage un peu grisonnant, le genre vieux briscard qui en avait vu d’autre qu’une épaule un démise, mais il dut se rendre à l’évidence : aujourd’hui n’était pas son jour de chance. On l’attaquait en pleine rue et il se retrouvait entre les mains d’une gamine, à peine sortie de l’école. Il espérait au moins qu’elle n’était pas orgueilleuse, et qu’elle saurait faire appel à plus expérimenté qu’elle si la blessure lui paraissait trop impressionnante à gérer seule… Heureusement que l’infirmier – Oliver, il avait entendu son nom – était âgée d’une quarantaine d’années et semblait un peu plus sûr de lui.

Nathan attendit patiemment que le docteur Wellington le relie à différentes machines magiques qui bipèrent de manière régulière (c’était rassurant) et levait régulièrement les yeux pour essayer d’attraper son regard. Il n’y parvint que lorsqu’elle se pencha véritablement vers lui pour l’interroger.

« Non, » reconnut-il un peu à contre-cœur (cela lui donnait l’impression d’être un sorcier de troisième année qui ne savait pas donner la réponse à son enseignante) « mais ça ne peut pas être un sortilège très élaboré, le gars était à moitié troll. » l’informa-t-il alors qu’elle dégageait sa blessure du bandage de fortune qui avait été réalisé sur les lieux.

Les potions antalgiques semblèrent faire effet, à la grande satisfaction du milicien qui était un peu embarrassé à l’idée de chouiner de douleur dès qu’on le touchait.

« Alors, ça donne quoi ? » demanda-t-il à la médicomage qui était penchée sur son épaule, avec l’air concentré. « Vous avez déjà vu des sorts pareils ? Parce que sinon… » Il jeta un coup d’œil vers Oliver, comme pour espérer que ce dernier lui vienne en aide. Allez, solidarité masculine non ?
Eiluned Wellington
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Stairway to hell [Eiluned & guests] Icon_minitimeJeu 13 Jan 2022 - 18:58
Eiluned, concentrée sur la blessure qu’elle découvrait, ne rebondit pas immédiatement sur les propos de son patient. Les bords de la blessure n’étaient pas très nets mais en effet, comme monsieur Pearson le soulignait, le sort ne semblait pas bien élaboré. Ce n’était pas non plus un sort de magie noire, diagnostiqua Lili en jetant quelques incantations avec sa baguette. La plaie était cependant profonde – le muscle était en partie sectionné – mais pas profondément inquiétante pour autant.

« Vous avez déjà vu des sorts pareils ? Parce que sinon… » fit monsieur Pearson en la dévisageant.

Sinon quoi ? songea Eiluned, mal-à-l’aise. Sinon il préférait qu’elle soit remplacée par quelqu’un de plus expérimenté ? Malgré elle, Eiluned se sentit rougir. Ce n’était pas la première fois qu’elle recevait une remarque pareille depuis qu’elle avait pris son poste aux urgences. Quand elle était stagiaire, c’était différent : le statut de « jeune » allait avec celui de stagiaire. Et puis, on savait qu’il y avait toujours un tuteur derrière elle pour vérifier ses soins. Mais depuis qu’elle était « docteur » Wellington, c’était une toute autre histoire. Elle avait l’impression de devoir sans cesse justifier ses compétences, chose qu’elle détestait cordialement faire, n’ayant pas une formidable confiance en elle. Elle dut prendre sur elle pour répondre d’un ton détaché :

« C’est le résultat d’un sortilège de découpe mal réalisé. » Son regard avait retrouvé l’épaule de son patient, qu’elle observait avec attention pour retrouver un peu de contenance. « Le muscle est partiellement sectionné, mais rien de très inquiétant. Quand l’ambulancier disait que ce n’était « pas beau à voir » c’est parce que les bords de la plaie sont irréguliers. » expliqua-t-elle en s’éclaircissant la gorge. Elle se redressa, plus en confiance maintenant qu’elle était sur son terrain. « Je vais simplement… »

A l’extérieur du box, un hurlement terrifié retentit. Eiluned fronça les sourcils et tourna la tête mais ne put rien apercevoir à travers la vitre.

« Je vais simplement nettoyer la plaie, la rendre plus régulière avec un sortilège, puis vous donner une potion qui réparera les tissus. Vous n’allez pas passer une nuit très agréable, mais vous pourrez sortir au matin. » Elle préférait le garder en observation au cas où, car sa tension était très basse. « Vous êtes prêts ? »



Eiluned Wellington


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Eiluned Wellington
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Stairway to hell [Eiluned & guests] Icon_minitimeDim 30 Jan 2022 - 19:26
D’un geste de baguette, Eiluned fit léviter les compresses rougies par le sang jusqu’à la poubelle du box de consultation dans lequel Nathan Pearson était installé. La procédure s’était passée sans difficulté majeure. Eiluned avait nettoyé la plaie du milicien, avait rendu les bords plus réguliers (pour garantir une meilleure cicatrisation), puis l’avait pansé avec soin. Elle venait d’administrer une potion à son patient qui ferait effet dans les prochaines heures, et le salua en sortant de sa chambre. Elle avait senti ses regards circonspects pendant qu’elle le traitait et avait veillé à les ignorer tant que possible pour rester concentrée sur son travail. Ce n’était pas la première fois que cela arrivait depuis qu’elle avait pris son poste aux urgences, mais ce n’était jamais agréable de se sentir comme une élève passant un examen alors qu’elle était maintenant diplômée. Son visage juvénile n’aidait en rien – bien que, depuis sa grossesse, on semblait lui accorder un peu plus de crédit (de toute évidence, son utérus plein était garant de son savoir médical).

La jeune femme se frictionna les mains avec une potion désinfectante en se dirigeant vers l’accueil des urgences. Elle s’appuya contre le comptoir en bois qui délimitait le bureau administratif des infirmières et tendit le dossier de son patient à April.

« Il faut juste le surveiller le temps que la potion fasse effet. » indiqua Eiluned. « Il va bien, il n’est plus douloureux, mais il a une tension un peu basse, je préfère qu’on le garde en observation au cas où. »
« On le fait sortir quand ? » interrogea April en parcourant les différentes feuilles des yeux.
« Demain matin si tout va bien, mais on peut le faire héberger par un service pour la nuit. » fit la médicomage. Ici, ils préféraient garder leurs lits pour les urgences réelles, non-stabilisées. « Tu peux appeler le quatrième ? »

April hocha la tête et sortit de sa poche un petit miroir, qui était utilisé à Sainte-Mangouste pour communiquer avec le personnel médical. Eiluned la remercia d’un sourire et se détourna du comptoir pour observer la salle d’attente des urgences, relativement vide pour l’heure. En posant une main sur son ventre arrondi, elle se dirigea vers le bureau médical qui se trouvait à quelques mètres de là, derrière une porte entrebâillée qu’elle poussa. Cette dernière s’ouvrit dans un grincement. La pièce était composée de plusieurs bureaux manifestement anciens, sur lesquels trônaient des ouvrages théoriques particulièrement épais. Deux internes rédigeaient silencieusement des comptes-rendus, tandis qu’une autre médicomage faisait défiler un texte sur son Pear, visiblement absorbée par sa tâche.

« T’es en pause ? » demanda Eiluned en s’asseyant auprès du docteur Pilar Garcia, qui leva la tête vers elle.
« Plus ou moins. » soupira cette dernière. « J’ai pris dix minutes pour manger mais il faut que j’y retourne. »
Eiluned lui adressa un sourire compatissant. « T’es sur un cas difficile ? » s’enquit-elle en faisait venir à elle une pomme verte qu’elle avait glissé dans son sac en guise d’en-cas.
« Mhhh. » maugréa Pilar en fronçant légèrement les sourcils. « La jeune femme inconsciente qui a été récupérée sur Londres. » Elle verrouilla son Pear, visiblement frustrée et secoua la tête. « Elle est dans un état… On n’arrive même pas à déterminer ce qui lui est arrivé. Elle s’est réveillée il y a une demi-heure peut-être et elle refuse qu’on l’approche. Dès que quelqu’un essaie, elle se met à hurler. Elle a l’air vraiment, vraiment, terrifiée. »
« Vous ne pouvez pas lui administrer quelque chose ? » demanda Eiluned en croquant dans sa pomme.
« Non, vraiment, elle a jeté par terre les fioles qu’on essayait de lui donner… » Pilar pianota sur la table, visiblement soucieuse. « Et on aimerait bien éviter d’utiliser des contentions, elle a l’air fragile… Réellement fragile. Elle a la peau sur les os, le teint livide comme si elle n’avait pas vu le soleil depuis des mois. »
« Vous n’avez pas son identité ? » devina la jeune femme.
« Non. Impossible d’avoir ne serait-ce que son prénom. Elle est quasiment mutique, sauf lorsqu’elle se met à crier. » La médicomage grimaça. « J’ai un mauvais pressentiment. J’essayais de checker les registres des personnes disparues mais mes identifiants ne fonctionnent pas, faut que je demande aux infirmières. »
« Vous avez prévenu la PM ? »
« Pas encore, on attendait d’en savoir plus. » Pilar consulta sa montre et se leva. « Faut que j’y aille. Tu restes ici ? »
Eiluned secoua la tête. « Non, je vais aller voir si mon patient a été transféré puis j’irais en consultation. »

Les deux femmes sortirent du même pas du bureau et remontèrent le couloir des box de consultation. Brusquement, un cri déchira l’atmosphère. Eiluned se figea.

« C’est ma patiente. » fit Pilar en accélérant, quant à elle, le pas. « Je vais essayer de la sédater, elle va finir par se blesser ou blesser quelqu’un… »

Le cœur d’Eiluned s’était mis à battre plus vite dans sa poitrine, sans qu’elle ne parvienne à en saisir véritablement la raison. Une décharge d’adrénaline la poussa à suivre sa collègue et noua son ventre par la même occasion. Elle se sentait frappée par une impression de déjà-vu et quelque chose lui paraissait étrangement familier.

« NON, LAISSEZ-MOI ! » cria la même voix, un peu enrouée. « NON ! » répéta-t-elle, la peur transpirant dans chaque son qu’elle formait.

Pilar poussa la porte pour s’engouffrer dans le box de consultation, laissant derrière elle une Eiluned incertaine. Elle ne parvenait pas à avancer davantage pour rejoindre le box du milicien qu’elle avait quitté un peu plus tôt, comme retenue par une urgence dont elle ne saisissait pas encore les contours. Il y avait quelque chose…

« Mademoiselle, calmez-vous, je ne vous veux aucun mal… »
« Non, non, LAISSEZ-MOI ! »

C’était cette voix, réalisa Eiluned, frappée par la stupeur. Cette voix féminine, un peu grave, elle la connaissait.

Prudemment, la jeune femme s’avança vers la porte qui s’était refermée. Une vitre, cependant, permettait d’observer l’intérieur. Eiluned y décela sans mal Pilar, qui n’osait pas faire un pas de plus vers une jeune femme à la longue chevelure noire, au teint pâle presque translucide. Eiluned croisa son regard bleu et eut l’impression que son cœur s’arrêtait de battre.

Elle poussa la porte, fit un pas dans la pièce, puis un deuxième en s’attirant le regard surpris de Pilar. Les yeux d’Eiluned, eux, ne lâchaient pas la jeune femme qui s’était figée face à elle. Le silence était tombé, le temps semblait arrêté.

« Octavia ? » murmura Eiluned, la voix tremblante, en s’approchant à nouveau d’un pas.



Eiluned Wellington


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Stairway to hell [Eiluned & guests] Icon_minitimeMer 16 Fév 2022 - 20:02
Stairway to hell [Eiluned & guests] Octavi10
Octavia Wellington, 24 ans, soeur portée disparue de Leonard

TW : TORTURE

Lumière aveuglante. Murs blancs. Bruits de pas désordonnés. Horloge incessante. Tic tac. Chariots qui roulent. Gémissements à droite. Voix féminine proche, inconnue. Trop de lumière. Tic tac. Trop de bruits.

Ses yeux ont beau être fermés, elle a l’impression de voir les néons au plafond à travers la fine peau de ses paupières fatiguées. Elle entend chaque putain de bruit dans chaque recoin de la zone, comme s’il était collé à son oreille. Elle est restée dans le silence et le noir si longtemps que le fait de voir si brusquement autant de monde et de lumière autour d’elle devient agressif.

Elle ferme les yeux puis les rouvre nerveusement, à plusieurs reprises, parce qu’elle sent qu’on l’approche. La femme qui vient lui parler a beau emprunter une voix calme et basse, elle ne se sent pas rassurée pour autant. Tout ce qu’elle voit, c’est la baguette magique qu’elle tient à sa main, les chariots remplis de fioles qui roulent autour d’elle et les potions qu’on essaye de lui donner et qu’elle refuse violemment. Quand on la laisse enfin tranquille, elle se renferme dans le silence et se recroqueville dans un coin de la pièce en espérant que de cette manière, personne ne la remarquera. Son cerveau tourne à plein régime, avec l’énergie d’une survivante désespérée, dans l’espoir de trouver une échappatoire à cette situation. Mais elle voit des yeux la surveiller. Elle a l’impression que toutes les personnes qui déambulent aux alentours parlent d’elle.

Tic tac.

Elle cherche le courage de se redresser et courir vers la première sortie qu’elle trouvera mais elle reste paralysée. Toute cette énergie nerveuse qui l’habite et qu’elle ne parvient pas à libérer tend tous ses membres. La femme approche à nouveau en prétendant qu’elle ne lui veut aucun mal. Mais pourquoi est-elle ici alors ? Elle n’a aucun souvenir d’avoir marché jusque ici. Les dernières heures sont obscures. Elle se souvient d’être tombée après sa course, puis c’est le trou noir.

« Octavia ? »

Quand elle entend son prénom, elle sursaute violemment. Elle ne l’a pas entendu depuis des mois, des années, elle n’en a aucune idée. Si les souvenirs de sa vie passée n’étaient pas aussi vivaces chez elle, sans doute qu’elle aurait même fini par oublier que c’était ainsi qu’on l’appelait. Son coeur s’arrête instantanément dans sa poitrine quand un autre fantôme de son passé surgit devant elle. Ses yeux écarquillés fixent la jeune femme qui lui fait face, un peu différente de l’image qu’elle en avait gardée, mais suffisamment fidèle malgré tout. Sa voix cassée cesse aussitôt de hurler et convoque le souvenir d’un nom plus bas qu’un murmure :

« Lili… ? »

Au moment où elle reconnait ce visage, le vacarme cesse autour d’elle. Eiluned devient son monde à cet instant, le seul monde dans lequel elle veut bien continuer d’exister. Elle pousse un cri à nouveau, chargé d’émotions mêlées, de désespoir, de soulagement. Elle esquisse un mouvement pour se redresser, trébuche en essayant de le faire. Elle se rend compte que toutes ses articulations lui font mal, comme si quelqu’un avait donné des coups de marteau dans chacune d’entre elles. Elle ne sait plus d’où elle a tiré la force et l’énergie de courir à en perdre haleine tout à l’heure, car désormais, son corps qui a été si longtemps entravé ne veut plus lui répondre. Alors elle essaye de se traîner au sol pour aller jusqu’à sa seule bouée de sauvetage, dans des mouvements pathétiques, les joues pleines de sanglots qui la font hoqueter.

« Merci. Merci, merci… Merci… »

Elle ne sait même pas qui elle remercie avec autant de ferveur, car ce qu’elle a vécu ne lui laisse plus le loisir de croire en l’existence d’une quelconque puissance supérieure bienfaitrice.
Eiluned Wellington
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Stairway to hell [Eiluned & guests] Icon_minitimeDim 6 Mar 2022 - 14:34
Octavia a disparu.

Eiluned se souvient parfaitement de la phrase que Leonard a prononcée, d’une voix blanche, deux ans auparavant. Elle l’attendait chez ses parents, nerveuse, silencieuse, le ventre noué par l’appréhension. Il est entré et, quand il a baissé les yeux vers elle, elle a su. Il a dit « Octavia a disparu » et s’est écroulé. Le cœur d’Eiluned s’est effondré.

D’abord, il y a eu de l’espoir. Octavia ne comptait pas parmi les victimes déclarées de ce terrible conflit qui a éclaté à Bristol. Pourtant, des corps sans vie, il y en a eu. Leonard, qui travaillait à la BSM, les a tous vu défiler à l’hôpital. A chaque fois, avec cette même crainte : celle de découvrir, derrière le tissu plastifié, la silhouette de sa petite-sœur. Toutes les victimes ont été identifiées – même celles qui présentaient des brûlures qui les rendaient méconnaissables en raison des incendies qui se sont déclarés dans la ville. Mais pas Octavia. Aucune trace d’elle. Alors, il y a eu cet espoir, un peu fou, qui a tenu quelques mois : peut-être était-elle en vie.

Une enquête a été ouverte chez la PM, mais les pistes se sont vite soldées par des échecs. Octavia, qui étudiait aux Arts Magiques de Bristol, n’a pas été vue depuis cet évènement que les médias ont nommé « guerre des gangs ». Ses amis ont essayé de la joindre, sans succès. Son appartement a été fouillé, mais tout a été laissé, chez elle, comme si elle s’apprêtait à rentrer d’un instant à l’autre. Son lit est défait, du linge propre sèche sur un étendoir et de la vaisselle traîne dans l’évier. Elle semble s’être volatilisée.

Les mois sont passés et, avec eux, l’espoir de la retrouver vivante s’est amenuisé. L’enquête de la PM ne donnait rien, aucune trace d’Octavia n’a été décelée dans le monde magique et rien, absolument rien, ne laissait présager à une brusque fugue vers l’étranger. La douleur des Wellington a été monstrueuse ; Scarlett était inconsolable, Randall a brusquement pris dix ans, Ulysse a perdu toute sa superbe et Leonard est devenu un fantôme. Puis, de ce désespoir est née une volonté sans faille de mettre en lumière ces zones d’ombre autour de la disparition d’Octavia. Il arejoint la milice dans ce but, a travaillé des heures durant pour élucider ce mystère abominable. Il refusait de la croire morte. Eiluned, spectatrice impuissante, a assisté à la descente aux enfers de son compagnon. Elle se souvient qu’Ulysse a cherché, à plusieurs reprises, à raisonner son frère cadet ; chaque conversation s’est soldée par une violente dispute. Elle n’a jamais rien dit. Parfois, les Wellington parlaient d’Octavia au passé et, brutalement, le temps semble suspendu. Et parfois, Scarlett guette la porte comme si sa fille s’apprête à la franchir avec son entrain que tout le monde lui connaît.

Car après tout, comment faire le deuil d’une personne disparue ? Comment accepter la mort, quand elle n’est que sous-entendue ?

Leonard n’a jamais cessé de croire au retour de sa sœur. Eiluned le sait, elle le voit dans la gravité de son regard, parfois, quand il scrute les journaux à la recherche d’un indice, d’un signe. Ça lui serre le cœur, de le voir ainsi. Alors elle espère avec lui.

Mais au fond, sûrement qu’Eiluned a cessé de croire qu’elle reverrait Octavia vivante car, lorsqu’elle se retrouve en face d’elle, son cœur s’arrête, figé par la stupeur. Sa voix, elle ne pensait plus l’entendre. Son regard bleu, elle ne croyait plus le croiser un jour. Pourtant c’est Octavia qui se tient devant elle, recroquevillée contre le mur blanc du box. Le temps s’arrête.

Octavia est vivante.

Octavia est vivante et murmure son prénom, d’une voix si faible, si hachée, qu’Eiluned titube légèrement. Elle doit se tenir à un charriot pour ne pas trébucher. Octavia, elle, se précipite en avant dans un mouvement désordonné qui la fait tomber au sol. Elle avance en rampant, en pleurant, en disant « merci » autant que son visage pâle semble hurler une souffrance si forte qu’Eiluned se sent nauséeuse. Elle tombe à genoux pour cueillir la jeune femme dans ses bras et des larmes roulent déjà sur ses joues lorsqu’elle la serre contre son cœur.

Eiluned et Octavia se tiennent serrées l’une contre l’autre. Aucun espace ne s’immisce entre elles, comme si un espace vide pourrait menacer l’intégrité de la jeune femme qu’Eiluned contient entre ses bras. Octavia tremble de tout son corps, trempe sa blouse de larmes, s’accroche à elle comme elle s’accrocherait à une bouée en plein milieu de l’océan. Eiluned aussi tremble et ses yeux sont écarquillés dans une expression de sidération franche.

« Lili… ? » la voix de Pilar la tire de sa stupeur, suffisamment pour lui lancer un regard lui demandant très explicitement de ne pas avancer. L’infirmier à ses côtés tient une seringue entre les doigts. Eiluned secoue la tête. Sa voix est enrouée quand elle reprend la parole.
« Sortez. Sortez. Je vais… Je vais m’occuper d’elle. »
« Mais… » proteste l’infirmier. Pilar le coupe. « D’accord. On reste à l’extérieur. »

Elle sort mais ne va pas loin ; Eiluned peut la voir à travers le hublot du box. L’intervention de Pilar fait reprendre conscience à la jeune femme du lieu où elles se trouvent, et la possible urgence que représente l’état d’Octavia. Elle la berce doucement, sa tête appuyée contre la sienne.

« Je suis là, » murmure-t-elle, « tu es en sécurité ici, on est à l’hôpital. »

Elle sent, sous ses mains, que le corps d’Octavia présente des blessures diverses. Des entailles, sûrement des hématomes, peut-être pire encore. Elle a l’air d’avoir perdu quinze kilos tant ses os sont saillants. La voix de Pilar résonne alors à ses oreilles. « Le teint livide comme si elle n’avait pas vu le soleil depuis des mois. »

Que s’est-il passé ?

Une infinité de questions se bousculent dans l’esprit d’Eiluned, avec autant d’hypothèses qui font basculer sur cœur au bord de ses lèvres. Elle prend quelques secondes pour se ressaisir en luttant contre le tremblement de ses mains. Une chose après l’autre, se répète-t-elle. D’abord, soigner Octavia, s’assurer de sa sécurité physique et mentale. Ensuite, prévenir la police. Prévenir Leonard.

« Octavia… Octavia il faudrait que tu sois auscultée. » souffle Eiluned en se redressant juste assez pour capter son regard. « Je suis médicomage, je peux le faire si tu veux. » propose-t-elle avec douceur.





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