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I will fight for you until my heart is black and blue [Leonard & Eiluned]

Eiluned Wellington
Eiluned WellingtonMédicomage
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Profil Académie Waverly
I will fight for you until my heart is black and blue [Leonard & Eiluned] Icon_minitimeSam 1 Jan 2022 - 22:04
2 octobre 2011

« Eiluned, tu peux aller en box 4 s’il-te-plait ? » l’interpella Joanne, une infirmière d’accueil, installée derrière le comptoir d’enregistrement des urgences.

Eiluned s’arrêta à sa hauteur et lui tendit le dossier de consultation qu’elle venait de rédiger pour un accident de transplanage mineur. Elle s’appuya contre le bureau pour soulager une douleur qu’elle avait dans le dos et demanda :

« Oui bien sûr, c’est pour quoi ? »

Joanne lui passa un dossier, que la jeune femme parcourut des yeux en même temps que l’infirmière lui donnait quelques explications : « Une mère qui est venue avec son enfant de quatre ans. Toutes les constantes sont bonnes mais il n’arrête pas de saigner du nez et la mère est inquiète alors… »

« Oui, je vois… » Il y avait beaucoup de mères inquiètes, aux urgences. Eiluned passait rarement une journée sans ausculter un enfant malade, fiévreux, qui était tombé, qui n’était « pas dans son état normal »… Beaucoup de médicomages voyaient d’un mauvais œil cet encombrement des urgences pour des cas mineurs – et il était vrai que souvent, une consultation avec un médicomage de ville était bien plus adaptée d’un passage aux urgences. Mais il valait mieux une consultation inutile à l’hôpital qu’une complication dramatique au domicile. « J’y vais, tu me bipes s’il y a une urgence ? »

Joanne hocha la tête et Eiluned s’éloigna en direction des box de consultation. Elle réajusta sa blouse avant d’entrer et se retrouva face à une mère visiblement inquiète et un petit garçon pâle, allongé sur un brancard.

« Bonjour Eliott, je suis le docteur Wellington ! » se présenta Eiluned en s’installant sur un tabouret à roulettes à ses côtés. « Qu’est-ce qui vous amène ? » demanda-t-elle à la mère, qui paraissait nerveuse.
« Il saigne du nez… » Elle secoua la tête. « Je sais, ça peut paraître anecdotique mais… Ce n’est pas comme d’habitude. Et puis il est un peu pâle… »
« On va voir ça. » la rassura Eiluned en reportant son attention sur le petit garçon. « Alors Eliott, comment tu te sens ? »
« Bof… » répondit-il en haussant les épaules.
« Je vais écouter son cœur, c’est d’accord ? » Le petit hocha la tête. Eiluned passa son stéthoscope sous son t-shirt. « Attention c’est un peu froid… » Les battements étaient normaux, tout comme le rythme cardiaque. « Tu te redresses ? Je vais écouter comme tu respires. Prends une grande inspiration par la bouche. Voilà, très bien. Et par le nez ? » Eiluned fronça les sourcils, écouta un instant, puis se redressa.
« Quelque chose ne va pas ? » demanda immédiatement la mère.
« Tu as mal où, Eliott ? »
« Au visage… » répondit-il.
« Oui mais où dans le visage ? Tu peux me montrer ? » Eliott leva un doigt pour désigner la partie gauche. « Et de l’autre côté ça te fait mal ou pas ? Ici ? » questionna Eiluned en effleurant la partie droite de son visage de l’index. Il secoua négativement la tête. « Est-ce qu’il a joué récemment avec des petits objets ? Assez petits pour qu’il puisse les introduire dans son nez ? »
La mère écarquilla les yeux. « Je… Je ne sais pas… »
« Des petites figurines ? »
« Non… Enfin à l’école peut-être ? »
« Des perles peut-être ? »
La mère sembla frappée par une illumination : « Oui ! Il a fait un bracelet au centre aéré il y a deux ou trois jours ! » Elle fronça les sourcils. « Vous pensez qu’une perle est coincée dans son nez… ? »
« C’est possible, » confirma Eiluned en hochant la tête. « En tout cas, c’est une hypothèse qui colle aux signes qu’il présente. » Elle lui adressa un petit sourire. « Ne vous en faîtes pas, c’est très courant chez les enfants, on en voit tous les jours par ici. Eliott ? » Le petit garçon releva la tête vers elle. « Tu vas faire quelque chose pour moi, c’est de respirer juste par la bouche, d’accord ? Comme ça. » Elle ouvrit grand la bouche pour lui montrer, ce que le petit imita immédiatement. « Voilà, parfait. Comme ça, » expliqua-t-elle à la mère, « ça évite que l’objet s’enfonce plus loin. »
« Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? » s’enquit la mère, qui avait pris la main de son fils dans la sienne.
« Je vais vous programmer un examen avec un ORL au cas où, mais pour le moment vous allez vous contenter d’essayer de lui faire expulser en le faisant se moucher doucement. » indiqua Eiluned. « Dans la plupart des cas mineurs comme celui-ci, l’objet sort tout seul. » Elle lui tendit un paquet de mouchoirs : « La narine est bouchée à gauche, donc il faut lui demander de souffler doucement à gauche, d’accord ? Et je vais vous appeler une consultation ORL juste pour vérifier que les muqueuses ne sont pas abimées. »
« D’accord… D’accord merci. » fit la mère en saisissant la boîte de mouchoirs. Eiluned lui répondit d’un sourire et sortit du box, au moment où la mère soupirait : « Mais Eliott, les perles il faut les mettre sur un fil, pas dans ton nez… »

En marchant vers l’accueil des urgences, la jeune femme rédigea ses premières conclusions sur le dossier qu’elle tenait contre son bras. Elle n’avait pas menti : ils recevaient tous les jours des enfants présentant exactement les mêmes symptômes et la procédure pour le traitement était assez simple et se déroulait généralement sans complications.

Plongée dans ses pensées – au fil des années, les médicomages développaient d’excellentes capacités pour écrire, réfléchir et marcher en même temps – Eiluned fut interpellée par une voix féminine qu’elle connaissait vaguement.

« … sa femme travaille [i] – oui, Leonard, on va prévenir ta femme parce que c’est ton contact d’urgence à la milice, regarde-moi bien le faire – oui donc sa femme travaille ici. C’est le docteur Welling… »
« Lenny ? » fit Eiluned, arrêtée à quelques pas d’eux, les sourcils froncés, une mine inquiète sur le visage. « Lenny ça va ? »
« Ah, Eiluned, » s’exclama Avalon en faisant volte-face, « Leonard a des migraines depuis ce matin. Il arrête pas de me dire que c’est normal mais il a failli s’évanouir en réunion tout à l’heure alors j’ai traîné ses fesses ici – ne me remercie pas Lenny, c’était un plaisir de faire ce trajet avec toi. » Sous ce trait humoristique, le visage de la milicienne était tendu.

Eiluned s’approcha de son époux et leva un regard soucieux vers lui, le ventre noué par l’appréhension. « Tu t’es fait enregistrer, c’est bon ? Viens je vais t’installer dans un box libre… » lui indiqua-t-elle en tirant doucement son bras vers elle.



Eiluned Wellington


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Leonard Wellington
Leonard WellingtonLieutenant de la milice
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I will fight for you until my heart is black and blue [Leonard & Eiluned] Icon_minitimeDim 2 Jan 2022 - 18:33
Leonard avait l’habitude des migraines depuis son enfance. Il avait suivi des traitements, dès tout petit, pour tenter de calmer ses épisodes plus ou moins fréquents selon les moments de sa vie. Il avait pu constater avec le temps qu’il n’y avait pas vraiment de règles, elles pouvaient survenir de manière aléatoire, même si un état de fatigue important pouvait multiplier ses chances. Son oncomage l’avait prévenu sur le fait qu’il y avait de grandes probabilités que ses migraines soient plus fréquentes, plus violentes également, au fur et à mesure que son cancer gagnerait du terrain.

Il avait donc toujours une ou deux petites fioles de potion antalgique sur lui, au cas où la douleur survenait. Il avait appris à reconnaître les signes précurseurs de ses migraines. Aussi, quand il avait senti une partie de son champ de vision se troubler de petites tâches lumineuses en arrivant au bureau ce matin, il avait pris la potion par précaution, en espérant que cela suffirait à tenir sa journée de travail. La matinée s’était déroulée sans encombres, il avait rejoint Avalon en salle de réunion pour qu’ils puissent faire leur débrief habituel sur les missions en cours dans le service. Mais les tâches lumineuses étaient réapparues. Quelques minutes plus tard, les coups de marteau dans son crâne démarraient.

« Ça va » assura t-il à Avalon qui s’arrêtait dans son exposé en le voyant grimacer. « J’ai juste une migraine, j’ai pris une potion, ça va aller. »

Cinq minutes plus tard, la douleur était trop forte pour que Leonard parvienne à se concentrer sur leur conversation et Avalon tentait de le convaincre d’aller aux urgences de Sainte Mangouste.  L’argument de la potion qui allait finir par marcher ne fonctionna pas, alors Leonard tenta le « Je vais juste aller en salle de repos m’allonger, dans quelques minutes tout ira mieux ». Mais en se levant de la chaise, il vacilla, pris d’une de ces nausées qui pouvaient accompagner ses migraines. Face à l’insistance d’Avalon, Lenny fut tout aussi têtu. Ses protestations à base de « J’ai l’habitude, ça m’arrive souvent, je te jure que ça va passer, c’est pas la peine qu’on aille jusqu’à l’hôpital » ne résistèrent pas à l’autorité de sa commandante et, en désespoir de cause, finirent par devenir un chantage affectif comme « Ma femme est aux services des urgences et elle est enceinte, Avalon, tu ne veux pas stresser inutilement une FEMME ENCEINTE, c’est cruel ! »

Dix minutes plus tard, Leonard râlait, assis sur les bancs des urgences de Sainte Mangouste, face à Avalon qui insistait pour parler à sa femme :

« Mais c’est pas la peine de prévenir Eiluned ! Elle est sûrement très occupée avec d’autres patients, non, Joanne -il connaissait la plupart des collègues de sa femme et ne s’en priva pas d’utiliser cet atout- vraiment ne la dérangez pas, elle a sans doute plein d’autres choses à faire que de venir s’occuper de moi sur son temps de travail, il y a bien quelqu’un d’autre de disponible, tiens Karl est là ? Un homme très gentil, Karl, ça fait longtemps que je ne lui ai pas demandé des nouvelles de son… »

Il n’eut pas l’occasion de terminer sa tirade pour laquelle il se surpassait -car il avait toujours des étoiles devant les yeux- puisque la silhouette de son épouse émergea, avec une mine inquiète, celle que Leonard ne voulait pas du tout voir sur son visage. Il soupira de contrariété face à Avalon qui présentait les choses -de manière très partiale évidemment- et tenta de contrebalancer son discours :

« C’est rien d’inhabituel, j’ai déjà pris une potion, Lili, mais parfois ça met un peu de temps à agir, tu sais, j’ai juste… » Il fut interrompu par une brusque montée d’intensité de la douleur qui cognait dans son crâne et se fit violence pour terminer sa phrase entre ses dents, les yeux fermés. « Besoin de m’allonger un peu… »


Leonard Wellington

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Eiluned Wellington
Eiluned WellingtonMédicomage
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I will fight for you until my heart is black and blue [Leonard & Eiluned] Icon_minitimeMar 4 Jan 2022 - 20:19
Eiluned avait toujours été une femme assez inquiète. Depuis qu’elle était assez jeune, elle se montrait assez anxieuse et seul le contrôle qu’elle gardait sur les choses autour d’elle lui permettait de sortir de ces moments anxiogènes. Dans le cadre de son métier, elle se raccrochait beaucoup à ses connaissances pour gérer chaque situation ; elle avait acquis, au fil des années, un savoir suffisamment important pour venir étouffer ses doutes et ce sentiment d’illégitimité lorsqu’elle marchait dans les couloirs de l’hôpital. Elle avait été diplômée l’année dernière – avec d’excellentes notes – et lorsqu’elle avait pris son poste aux urgences, elle avait pioché dans la bibliothèque du service pour se construire des connaissances plus approfondies. Les premières semaines, elle avait rédigé des fiches avec les différents protocoles, mais aussi les moyens de traitement de certaines pathologies plus rares qu’elle n’avait pas rencontré lors de son dernier stage, les numéros de bipeurs les plus importants… De façon à tout avoir en tête. Evidemment, aux urgences, on ne pouvait jamais tout prévoir à l’avance mais elle avait eu l’impression d’être un peu mieux préparée de cette façon.

Quand elle était tombée enceinte, elle avait agi plus ou moins de la même manière, en faisant des listes – et des listes de listes – comme pour s’assurer de ne rien oublier avant la naissance de sa fille au mois de janvier. Cela allait de « déposer le billet pour le congé maternité » à « faire des recherches sur les bienfaits de l’acupuncture pendant la grossesse » en passant par « berceau : demander à Lenny ? » Elle éprouvait toujours une grande sérénité en rédigeant ces listes, comme si cela permettait de clarifier son esprit et d’ordonner ses pensées ; il s’agissait de l’un des meilleurs moyens pour lutter contre son anxiété.

Sauf que face à la maladie, il n’y avait aucune liste à faire, aucun item à cocher. Le cancer, ce n’était pas comme un accident de transplanage ou un arrêt cardiaque : elle ne pouvait rien faire. Les urgences, c’était un milieu très particulier : la plupart des patients venaient pour des accidents plus ou moins graves mais il y avait toujours quelque chose à faire dans l’immédiat. On leur procurait les soins les plus urgents et, dès qu’ils étaient stabilisés, ils passaient dans des services différents, plus spécialisés. Ils restaient rarement dans le service très longtemps. En oncologie, c’était différent : les traitements s’étiraient sur plusieurs mois, voire années. Les patients connaissaient bien les équipes, ils s’appuyaient beaucoup sur le personnel, ils cherchaient du réconfort auprès d’eux, de l’étayage… Très tôt, Eiluned avait su qu’il s’agissait d’une discipline dans laquelle elle ne voulait pas se spécialiser : elle supportait mal se sentir impuissante face à la maladie et elle peinait à trouver le bon positionnement face aux patients et leurs proches. Souvent, elle était trop distante, trop lointaine, pas vraiment par manque d’empathie que parce qu’elle était déstabilisée.

Quand Eiluned avait appris la maladie de Leonard, elle avait eu l’impression que son monde entier s’effondrait sous le poids de cette nouvelle. Lorsqu’elle était allée le trouver à l’hôpital, lorsqu’ils s’étaient retrouvés après des mois de séparation, elle lui avait promis de ne pas trop s’inquiéter, de ne pas passer les trois prochaines années à remuer ciel et terre pour le guérir. Elle avait tenu parole, au début. Ils avaient été heureux, ensemble, ils s’étaient mariés.

Et puis elle était tombée enceinte.

Cette grossesse était magique, la remplissait de joie, autant qu’elle réjouissait Leonard. Ils se projetaient beaucoup tous les deux vers la naissance de cet enfant dont ils n’avaient qu’une hâte : faire la connaissance. Mais, au fur et à mesure que les mois passaient, Eiluned avait de plus en plus de mal à ne pas voir le temps qui s’écoulait comme une échéance qui ne cessait de se rapprocher. Elle devenait plus inquiète pour la santé de son mari et, un peu malgré la promesse qu’elle avait fait à Leonard, elle s’était mise à faire des recherches sur cette maladie dont il était atteint. Cela avait commencé au cours d’une discussion avec des collègues médicomages, puis elle avait emprunté un ou deux ouvrages de médicomagie à la bibliothèque de l’hôpital, elle avait posé quelques questions pour approfondir ce que l’oncologue de Leonard leur avait déjà dévoilé comme informations.

Elle ne savait pas exactement si cela apaisait sa crainte ou la majorait.

En tout cas, voir son mari dans la salle d’attente des urgences, plus pâle qu’à l’ordinaire, n’était pas pour la rassurer. Elle fronça les yeux lorsqu’il minimisa ses douleurs – il faisait toujours ça, elle le connaissait par cœur, lorsqu’il lui disait qu’il avait mal à 5/10, elle savait qu’il était réellement à 7 ou 8.

« Ca tombe bien, » souffla Lili en glissant un bras dans son dos pour le soutenir, « on a plein de lits ici. » Elle tourna la tête vers Joanne : « Joanne, je peux l’installer où ? »
« Mhhh. Le 7 est libre. »
« Parfait. Est-ce que tu peux biper le docteur Kavannah pour moi ? Et lui dire de m’appeler quand elle aura un moment ? » C’était l’oncologue de Leonard. Joanne hocha la tête. Eiluned glissa un regard vers la supérieure de Leonard : « Merci de l’avoir emmené. »
Avalon secoua la tête. « C’est normal. Tiens-moi au courant Lenny, je te laisse entre de bonnes mains. »

Comme elle n’obtint qu’un grognement de la part de son lieutenant, elle fila sans demander son reste. Tant bien que mal, Eiluned guida Leonard vers le box indiqué par Joanne. Elle l’aida à s’installer sur le lit qui avait été poussé dans un coin de la pièce et l’observa quelques instants, sans se départir de l’inquiétude qui se lisait sur son visage. Elle repoussa quelques mèches qui tombaient sur son front, avant d’embrasser sa peau à cet endroit. Elle sortit sa baguette de sa blouse où elle rangée et, d’un « Lumos » informulé, le bout de mit à briller.

« Ouvre les yeux ? Ça ne va pas être agréable. » prévint-elle en dirigeant sa baguette vers ses paupières encore closes. Leonard obtempéra. Les deux pupilles semblaient normales et réactives. « Tu peux lever les bras en l’air ? Ok, reste comme ça une dizaine de secondes. » Il sembla y parvenir sans trop d’efforts. « Lève les jambes ? » Leonard, de bonne composition, se plia à tous les examens que son épouse lui demanda : « Souris ? Et tire la langue maintenant ? » La base de l’examen neurologique paraissait rassurante. Lili pointa donc sa baguette sur l’avant-bras de Leonard pour mesurer sa tension artérielle et positionna son stéthoscope pour écouter son cœur. Ces deux paramètres vitaux semblaient également normaux.

« Maintenant sois honnête, Lenny. Comment tu as mal ? Et où exactement ? »



Eiluned Wellington


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Leonard Wellington
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I will fight for you until my heart is black and blue [Leonard & Eiluned] Icon_minitimeDim 6 Mar 2022 - 15:03
En voyant Eiluned poser sa main dans son dos et prendre les choses en main pour lui trouver un lit, Leonard sut que c’était peine perdue de protester. Il eut d’abord une grimace de contrariété puis un léger soupir où se mêlait un peu de soulagement pour être honnête. Il se sentait coupable d’inquiéter sa femme mais sa présence lui faisait également du bien.

« Ouais » grommela t-il à l’adresse d’Avalon, avec un reste de mauvaise foi.

Se forcer à faire comme si sa migraine n’était pas si douloureuse grignotait ses forces alors il accepta de baisser ses gardes, le temps de se laisser conduire jusqu’à un lit. Quand il fut allongé, il ferma les yeux, agressé par la luminosité ambiante qui ne faisait qu’augmenter son mal de tête. Ce répit fut de courte durée car Eiluned voulut l’examiner sous la lumière de sa baguette, plus agressive encore. L’examen qu’elle lui fit suivre était familier pour Leonard, qui savait exactement ce qu’elle recherchait : le signe d’une défaillance neurologique qui finirait par venir un jour ou l’autre. Il savait exactement ce qui l’attendait. Un jour, il ne pourrait plus lever les bras si facilement. Un jour, son corps ne lui appartiendrait plus vraiment.

Ce jour n’était pas encore venu, se répéta t-il intérieurement, pour ne pas se laisser abattre face à Eiluned. Face à sa question, il s’aperçut toutefois que répondre était un effort physique pour lui, tant ses douleurs lui compressait le crâne. Il fut donc peu prolixe :

« A la tête. Des pressions dans le crâne. J’ai mal… assez fort » avoua t-il, sans toutefois y mettre de qualificatif plus précis.

Cela devait se voir sur son visage de toute manière. Il se redressa légèrement, pris d’une soudaine sensation très désagréable.

« Je crois que… j’ai envie de vomir. » Il redressa totalement le buste car ses nausées rendait sa position allongée très inconfortable. Sa main s’agrippa au poignet d’Eiluned, tandis qu’il maudissait intérieurement son corps qui faisait encore des siennes. « Oh bordel… Une bassine. Y a une bassine ? »


Leonard Wellington

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Eiluned Wellington
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I will fight for you until my heart is black and blue [Leonard & Eiluned] Icon_minitimeDim 27 Mar 2022 - 16:14
Les médecins avaient donné trois ans à Leonard. Trois ans avant que son cancer ne prenne le dessus ne l’emporte. Mais pas trois bonnes années. Pas trois années où la maladie ne serait qu’une vague idée, un futur un peu incertain. Non, trois années où au contraire elle ne ferait que d’avancer, insidieusement, jusqu’à prendre le corps de Leonard. Ses capacités diminueraient petit à petit. Sa motricité baisserait et rendrait sa vie quotidienne de plus en plus difficile ; il ne pourrait plus manger seul, marcher seul, se laver seul. Puis, ses fonctions vitales seraient atteintes, l’empêchant de respirer et entraînant probablement un arrêt cardio-respiratoire. Eiluned savait tout cela. Elle connaissait la théorie sur le bout des doigts, comme un cours qu’elle aurait appris par cœur. Elle s’était dit que peut-être, si elle savait à quoi s’attendre, alors elle y serait préparée. Mais cela ne se vérifiait pas du tout. A chaque crise de Leonard, une sourde angoisse nouait son ventre, comme si le cancer se rappelait brusquement à eux. Ils pouvaient bien essayer d’être heureux, se marier, avoir un enfant, mais jamais ils ne pourraient gagner ce combat, semblaient vouloir dire les manifestations de plus en plus régulières de la maladie.  

Inquiète, Eiluned glissa sa main dans les cheveux bruns de son mari, alors qu’il décrivait une douleur bien plus caractéristique du glioblastome que de la migraine. Elle s’apprêtait à lui parler lorsqu’il se redressa, le visage encore plus pâle que lorsqu’il était arrivé, visiblement nauséeux. D’un sortilège d’attraction informulé, Eiluned fit venir une cuvette médicale à usage unique jusqu’à lui.

« Tiens. »

Il s’empara du haricot avec empressement et se pencha au-dessus pour vomir, les bras tremblants. Eiluned s’installa au bord du lit pour lui caresser le dos, jusqu’à ce que la crise passe. Elle jeta la cuvette, aida Leonard à se rincer la bouche et à s’allonger sur le brancard. Après s’être assurée qu’il pouvait rester seul et lui avoir montré (à deux reprises) comment faire pour appeler s’il avait un problème, Eiluned sortit de la chambre. Elle s’éloigna de quelques mètres et plongea sa main dans la poche de sa blouse pour en tirer un petit miroir. C’était ainsi que communiquait le personnel hospitalier de Ste-Mangouste depuis des années désormais : chaque employé se voyait remettre un petit miroir qui permettait de contacter n’importe qui dans l’hôpital. Elle le leva à la hauteur de son visage et dit distinctement : « Docteur Kavannagh. » Pendant un instant, son reflet demeura la seule image dans le miroir. Puis, le visage de l’oncomage de Leonard apparut.

« Eiluned, bonjour. » la salua l’oncomage. « C’est au sujet de Leonard ? Je viens de recevoir un message de l’infirmière d’accueil des urgences. »
« Oui, il vient d’arriver aux urgences. » Elle lui décrivit les symptômes de son mari, sans omettre de lui dire que cela faisait quelques semaines qu’elle le sentait plus fatigué. « L’examen neurologique n’est pas inquiétant mais… »
« Mais il serait plus judicieux de faire des examens pour être sûrs. » Le docteur Kavannagh baissa les yeux, sûrement pour consulter sa montre. « Ecoute, je sors de consultation, je peux descendre aux urgences pour le voir et lui prescrire des examens. Et puis… Je voulais te parler de quelque chose, aussi. »

Eiluned hocha la tête, le cœur battant. Elle patienta dans le couloir pendant quelques minutes, le temps que la médicomage descende de son service jusqu’aux urgences. Elle finit par apparaître, sa blouse blanche voletant derrière. Les deux femmes se retrouvèrent à quelques mètres du box où était installé Leonard. Eiluned connaissait le docteur Leah Kavannagh depuis quelques années maintenant, mais elles n’avaient jamais autant échangé que ces derniers mois.

« Tu sais, pour l’essai dont on a parlé, il y quelques semaines… » Eiluned hocha la tête, le cœur battant. « Je peux faire entrer Leonard dedans. Il répond à suffisamment de critères et je connais l’oncomage qui le mène, c’est quelqu’un de sérieux. » Un silence passa. « Tu lui en as parlé ? »
Eiluned secoua la tête. « Non. Non, je ne voulais pas le faire avant d’être sûre que ce soit possible. »
« Tu veux que lui en parle ? »
La jeune femme hésita quelques secondes. « Non, je pense que c’est mieux si je le fais moi-même. »
« Ok. » Le docteur Kavannagh se redressa. « Je vais aller le voir, on va sûrement l’admettre en hospitalisation le temps de faire ses examens et d’être sûr que tout va bien. »

***

Quelques heures s’étaient écoulées depuis l’arrivée de Leonard aux urgences. Eiluned avait terminé son service et avait rejoint son mari dans la chambre où il avait été installé, dans le service d’oncomagie. On l’avait emmené réalisé plusieurs examens cet après-midi et le couple attendait désormais les résultats. Si la douleur de Leonard était passée avec les antalgiques qu’on lui avait donné, l’air inquiet d’Eiluned n’avait pas quitté son visage rond et sa main droite, crispée à l’endroit où son ventre s’arrondissait, ne faisait que souligner sa nervosité. Elle n’était pas simplement nerveuse vis-à-vis de l’état de Leonard – bien qu’il s’agissait évidemment de sa première source d’inquiétude. Elle appréhendait aussi ce qu’elle devait lui dire et ce qu’elle avait entrepris, trahissant une promesse qu’elle lui avait faite quelques mois plus tôt. Elle ne parvenait pas à se concentrer sur le compte-rendu qu’elle écrivait (elle avait pris un peu retard dans sa garde à partir du moment où Leonard était arrivé) et finit par suspendre sa plume, bien trop consciente que sa nervosité était visible pour son compagnon.

« Leonard… » commença-t-elle prudemment. « Il faut que je te parle de quelque chose. Et j’ai besoin que tu m’écoutes jusqu’au bout, sans m’interrompre. »



Eiluned Wellington


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