« Merci docteur Calder. On se voit au prochain rendez-vous. »
Angus referma la porte du cabinet du médicomage et déambula dans les méandres du service néonatologie de Sainte-Mangouste. Il commençait à bien connaitre les lieux maintenant et il ne se trompait plus dans l’enchevêtrement de couloirs et des salles d’attente de l’étage. Il était passé voir Irina Calder pour récupérer un exemplaire de la déclaration de grossesse de Joséphine puisqu’il allait en avoir besoin pour diverses démarches administratives liées à l’arrivée de son futur enfant.
Il était rentré la veille de ses vacances avec Emma et il avait profité de ce dernier jour de congé avant la reprise du travail pour s’occuper de la paperasse. En toute honnêteté, il n’était pas pressé de reprendre le boulot le lendemain et il serait bien resté une semaine supplémentaire à l’hôtel… On s’habituait rapidement à se faire servir des cocktails aux abords d’une piscine à toutes heures du jour ou de la nuit.
Il s’apprêtait à rentrer chez lui afin de préparer ses affaires pour sa rentrée – il n’était même pas sûr d’avoir lavé son uniforme- lorsqu’il avisa le panneau indiquant la direction de la cafétéria. Quoi de mieux qu’un petit remontant sucré avant de se préparer pour la reprise ? Fort de cette décision, il bifurqua en direction de l’étage inférieur et descendit les escaliers en faisant claquer ses tongs sous ses pieds (Oui, vestimentairement parlant, il était encore en congé).
Il était toujours frappé par ce décalage propre aux différents services de Sainte- Mangouste. En « néonat’ », il croisait essentiellement des femmes enceintes dans les espaces d’attente. Elles se souriaient d’un air complice, comme si elles étaient les détentrices d’un secret que seules les futures mères pouvaient comprendre. Un club fermé, le club des mamans.
Il leurs arrivait parfois d’échanger quelques mots tout en couvant des mains leurs ventres ronds. Angus se sentait un peu étranger à tout ça mais il observait ces échanges avec un mélange de curiosité et de fascination. Il lui arrivait même, parfois, de faire un petit détour par les couloirs du service maternité attenant pour observer le ballet des visiteurs les bras chargés de fleurs ou de cadeaux. Il aimait cette ambiance : L’excitation des enfants, la fierté du papa, le bonheur des grands parents.
Ces services contrastaient avec les autres de Sainte Mangouste. Dès vous quittiez l’étage des naissances, l’atmosphère changeait radicalement : Service de pathologie des sortilèges, des blessures par créatures vivantes, des virus et microbes magiques… Mines inquiètes et regards soucieux.
Toutefois, ces différents microcosmes se retrouvaient dans un endroit : la cafétéria. Les patients et leurs perfusions flottant dans les airs, les familles en deuil et celles accueillant un nouveau membre, les futurs papas fébriles, les infirmières et les médicomages. Le cycle de la vie en condensé dans une seule pièce.
Angus était justement occupé à observer tout ce petit monde lorsque l’employé de restauration lui demanda ce qu’il désirait.
« Hum… Mettez-moi deux cupcakes…et un donuts s’il vous plait. » Dit-il en sortant son porte monnaie de la poche de son short élimé.
"Angus ?!"
Le milicien se retourna et reconnut instantanément son vieil ami.
« Melchior ! Comment tu vas mon vieux ?» Souffla-t-il en le gratifiant d’une brève accolade.
Ils ne s’étaient pas vus depuis plusieurs semaines et Angus s’était promis de l’appeler après ses vacances afin de prendre quelques nouvelles. Pour le coup, il n’aurait pas à le faire puisque Mel se tenait devant lui.
« Non, t’inquiète, tout le monde va bien, répondit-il alors que son ami semblait s’inquiéter de sa présence ici et de l’état de santé de ses proches, Je suis là pour des papiers concernant Joséphine. » Il leva la pochette qu’il tenait entre les mains en guise d’explication. Melchior l’avait aidé à chercher une mère porteuse si bien qu’il était parfaitement au courant de ses démarches et de son projet, Et toi alors ? T’avais pas un déplacement de prévu au Mexique début aout ? »
A moins que ce ne soit au Costa Rica ? Ou au Brésil ? A vrai dire, Angus ne savait plus vraiment.