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Quand le doute roule sur nos épaules, campe dans nos têtes et prend un rôle [Roy et Avalon]

Avalon Calder
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Quand le doute roule sur nos épaules, campe dans nos têtes et prend un rôle [Roy et Avalon] Icon_minitimeDim 7 Mar 2021 - 22:40
23 mai 2011

Avalon était une habituée des Folies Sorcières depuis longtemps. Déjà, parce qu’elle pouvait boire sur la note de Toni quand elle le voulait – et son salaire n’avait toujours été aussi important que celui qu’elle touchait depuis sa nomination à la tête de la milice – et ensuite parce qu’elle parvenait toujours à identifier, parmi la foule qui fréquentait le bar, des visages connus. Ce soir c’était – sans grande surprise – Roy qu’elle était venue retrouver à la fin de sa journée de travail. Elle avait quitté le ministère sous les coups de dix-neuf heures, après deux très longues heures de travail administratif absolument rébarbatif qu’elle avait laissé s’accumuler pendant une semaine, trop occupée par les nombreuses opérations lancées par la milice – et, très honnêtement, trop peu portée sur ces tâches pour véritablement prendre le temps de les traiter autrement que dans l’urgence. Danielle l’avait pourtant prévenu de cet aspect de son travail dès l’entretien qu’elles avaient fait au mois de février mais Avalon n’avait pas pu saisir l’ampleur du problème avant de s’y confronter réellement.

Elle avait quitté son bureau après avoir terminé la lecture d’un compte-rendu d’une réunion budgétaire à laquelle elle n’avait pas pu assister en début de semaine. Elle devait envoyer au plus vite, avait-elle appris, ses tableaux récapitulatifs de budget prévisionnel au service financier. Avalon n’avait pas pu retenir un soupir las, et avait finalement décidé de remettre au lendemain cette tâche qui, il lui semblait, allait lui prendre plusieurs heures consécutives. La deadline n’était de toute façon pas mentionnée clairement, avait-elle songé en passant une veste sur ses épaules, délaissant sa cape violette sur le dossier de sa chaise.

Avalon avait donc traversé les couloirs moins animés du ministère jusqu’à l’atrium, où elle gagné la zone de transplanage pour rejoindre Bristol. Elle avait passé sans difficulté les checkpoints de la ville, et s’était dirigée tranquillement vers les Folies Sorcières. Sur le chemin, elle avait consulté sa montre. Elle avait dit à Roy qu’elle arriverait après dix-neuf heures, il était dix-neuf trente, elle n’était donc théoriquement pas en retard si on prenait en compte le fait qu’elle n’avait pas donné un horaire exact à son petit-ami, et toujours dans la demi-heure de politesse si on se basait sur sa première estimation.

Elle l’avait trouvé sans grande difficulté dans la salle principale des Folies Sorcières et ils s’étaient salués d’un baiser et d’une longue étreinte, avant de s’installer autour d’une petite table ronde et de deux verres remplis – Avalon avait choisi un cocktail sucré qui avait tiré une moue parfaitement sceptique à son compagnon.

« Du coup je dois leur filer un budget prévisionnel pour la fin de la semaine. » racontait Avalon en levant les yeux au ciel. « Je sais ce que je vais mettre, dans mon budget. Un poste pour un sous-fifre qui pourra gérer l’administratif à ma place. » glissa-t-elle avec un sourire en coin. « Parce qu’en attendant, je vais me taper ma meilleure soirée au ministère pour finir ça. J’irai voir Danielle, tiens, je crois qu’elle vit dans son bureau maintenant. »

La rumeur n’était qu’à moitié fausse.

Rieuse, Avalon s’apprêtait à relancer Roy, lorsqu’une présence féminine s’avança dans son dos. Avalon la remarqua avant lui, puisqu’il ne pouvait pas la voir ainsi. Son regard accrocha la silhouette d’une jeune femme blonde vêtue d’une robe ridiculement courte, qui s’avançait avec un sourire aux lèvres, les yeux brillants. Lorsqu’Avalon songeait qu’elle s’apprêtait à contourner la table où il était installé, la femme en question se pencha sur Roy en glissant ses mains autour de lui.

Le regard curieux d’Avalon se teinta d’abord de stupeur, face à cette image absolument incongrue de son compagnon et d’une inconnue, enlacés face à elle.

« Roy Calder... » souffla-t-elle suavement. « C’est bien plus facile d’entrer ici quand on mentionne qu’on connait bien le patron, tu savais ? »

De stupeur, le regard d’Avalon se chargea de mépris. « Pardon ? » fut sa seule réaction. Ses traits rieurs s’étaient brusquement tendus et durcis, alors qu’elle observait, la nouvelle venue qui ne semblait absolument pas dérangée par sa présence. Ses yeux glissèrent jusqu’à Roy, puis revinrent sur l’étrangère, qu’elle assassina du regard, et en silence.

Sa main s’était crispée sur son verre, qu’elle porta à ses lèvres pour en avaler une gorgée. Malgré cela, tout le sucre contenu dans la boisson ne parvint pas à faire passer l’amertume logée dans sa gorge.


Avalon Calder

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Quand le doute roule sur nos épaules, campe dans nos têtes et prend un rôle [Roy et Avalon] Icon_minitimeLun 8 Mar 2021 - 16:47
Après un mois de couple, des habitudes se mettaient déjà en place entre Avalon et Roy, venant s’insérer dans une dynamique amicale déjà huilée depuis des années. Avalon avait toujours passé beaucoup de temps aux Folies Sorcières, le plus souvent en compagnie de Toni et Fergus. Désormais, elle passait plus régulièrement encore et Roy faisait en sorte de se libérer pour elle. Leurs horaires de travail décalés les poussaient à profiter de ce créneau de relative tranquillité entre dix neuf-heures et vingt-deux heures, où Avalon terminait sa journée de travail et Roy s’apprêtait à commencer sa nuit de travail, au casino qui n’était pas encore plein. Généralement, il ne manquait pas ensuite de venir la rejoindre dans son appartement, au milieu de la nuit, pour partager quelques heures de sommeil avec elle avant qu’elle ne se rende au Ministère pour sa journée suivante. Ils attendaient les week-ends pour passer plus de temps ensemble.

Dans ce rythme convenu entre eux, ils trouvaient leur compte et leur équilibre, entre les exigences de leur travail et leur couple qui se mettait en place avec une déconcertante facilité. Tout était simple, avec Avalon, Roy n’avait pas tardé à s’en rendre compte. Des copines, il en avait eues par le passé, des femmes qui trouvaient souvent qu’il travaillait trop, qu’il n’était pas assez disponible, qu’il ne faisait pas assez attention à elles. Avalon n’avait jamais aucun de ces reproches, étant elle-même largement occupée par son propre travail. Elle ne lui reprochait pas non plus de préférer passer du temps avec ses amis, puisqu’ils partageaient la même bande d’amis, tous les deux. Elle ne découvrait pas des traits de caractère ou des habitudes chez lui qui finissaient par ne pas lui plaire ou la faire râler, pour la simple et bonne raison qu’elle le connaissait déjà depuis longtemps, lui et tous ses défauts. Il y avait globalement une base de respect et d’affection sincère, dénuée d’intérêt personnel déjà acquise entre eux deux, forgée par leurs années d’amitié.

Vraiment, sortir avec une femme qui était son amie de longue date faisait une différence notable qui étonnait Roy et qu'il ne cessait d’apprécier un peu plus de jour en jour, jusqu’à se demander pourquoi il n’avait pas fait ça plus tôt.

Dans ce cadre rassurant, ses sentiments pour Avalon pouvaient s’épanouir tranquillement, sereinement, avec une étonnante évidence. Un mois entier s’était écoulé et Roy n’avait pas du tout atteint cette espèce de lassitude qui l’avait maintes fois saisi dans ses précédentes relations, qui tenaient peu de temps avant qu’il n’ait envie d’aller voir ailleurs. Avalon était toujours à ses yeux cette merveilleuse femme au sourire incroyable, à l’humour acéré, à la personnalité éclatante et au cul tout à fait parfait, avec qui il avait envie de passer beaucoup de temps. Il l’écoutait donc raconter ses déboires au Ministère avec un intérêt non feint :

« Mais vraiment oui, engage quelqu’un d’autre pour faire toutes ces tâches administratives pourries à ta place. Toi tu devrais juste avoir à vérifier des papiers déjà élaborés par des petites mains et mettre ton tampon dessus, sinon quel est l’intérêt d’être chef, franchement ? » Puis il sourit au sujet de Danielle : « C’était déjà le cas avant, non ? Moi je pense qu’elle a toujours habité au Ministère. »

Leur soirée aurait pu suivre tranquillement ce cours bien établi entre eux, entre plaisanteries, discussions animées et baisers partagés, si un grain de sable n’était pas venu enrayer cette dynamique fluide. Pas un grain de sable d’ailleurs, plutôt une espèce de tempête imprévue surgissant par surprise derrière son dos. Roy, qui était sur le point d’avaler une gorgée de sa gobière, dut retenir ce geste en sentant deux bras l’enlacer autour de son cou, imprégnés d’un parfum atrocement fleuri. La voix avait quelque chose de familier, mais pour pouvoir la reconnaître, Roy dut tourner la tête.

Parce qu’il avait plutôt un bon instinct, il sut assez vite, avant même que la voix d’Avalon ne claque sèchement dans l’air, qu’il était dans la mouise.

« Ah, Cindy, euh salut, qu’est-ce que tu… »

Sa question s’étrangla dans sa gorge pendant que la jeune femme en question plaquait un baiser sonore sur sa joue avec un sourire ravi.

« J’étais au Canada pendant six mois, tu sais -il ne s’en rappelait plus du tout, non- je suis revenue hier, alors du coup j’en profite pour faire coucou à un peu tout le monde ! Oh je sais que ça fait longtemps mais tu m’as pas oubliée quand même ? » Son sourire brillant de gloss à lèvres se fit suggestif. « Le concours de cocktails ? Le jacuzzi ? »

Roy avait cette heureuse chance d’avoir une excellente mémoire des noms et des visages, si bien qu’il pouvait replacer à peu près toutes les femmes avec qui il avait couché, même si cela n’avait été l’affaire que d’une fois ou deux. Un talent assez utile quand il se retrouvait confronté à l’une d’entre elles et qui lui avait permis de ménager des egos, contrairement à Toni qui était le premier à dire à ses conquêtes « t’es qui toi déjà » et se récolter quelques gifles bien senties. Cindy Clifford, donc, rencontrée en soirée, en plein milieu d’un jeu de beuverie qui les avait assez vite menés à se peloter à moitié ivres dans un jacuzzi. Oui oui, il voyait. Il n’avait pas oublié.

Il aurait simplement préféré que ce souvenir ne resurgisse pas alors qu’il était en compagnie de sa petite amie qui arborait justement un regard plein de fiel.

« Ecoute, c’est super mais je suis avec ma copine là » déclara Roy dans une tentative d’éviter tout incident diplomatique, en détachant de lui la main que Cindy avait posée sur son épaule.

Forcément, après six mois passés au Canada, elle ne devait pas avoir eu vent de son couple tout récent, qui avait fait jaser pas mal de monde -mais Roy n’écoutait pas les rageux. Pitié pars sans faire d’histoire, disait son regard posé sur elle. Mais évidemment rien de cela ne se produisit et elle afficha plutôt une moue très sceptique en regardant tour à tour les deux tourtereaux.

« Toi, une copine, vreuuument ? Tu te mets en couple toi maintenant ? » lança t-elle en posant sa main sur sa taille, dans un geste théâtral. « Oui, d’accord. » Puis en se tournant vers Avalon, avec un grand sourire. « Excusez-moi, vous êtes ? »


Roy Calder

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Quand le doute roule sur nos épaules, campe dans nos têtes et prend un rôle [Roy et Avalon] Icon_minitimeLun 8 Mar 2021 - 18:46
Evidemment, elle s’appelait Cindy. Avalon retint une remarque mesquine qui lui brûlait les lèvres, et qui mourut au creux de sa gorge lorsque la bouche de la jeune femme se posa sur la joue de Roy, dans un baiser sonore qui laissa, sur la peau de son petit-ami, la trace brillante de son gloss visqueux. Avalon ne retint pas une grimace dégoûtée qui marqua brièvement ses traits tendus par cette vision à laquelle elle aurait préféré ne jamais se confronter.

Ni à cette vision, ni aux paroles qui franchirent les lèvres de Cindy dans des piaillements aigus absolument insupportables pour les oreilles d’Avalon. Et j’étais au Canada, et je suis revenue hier, et tu n’as pas oublié quand même… Avalon leva franchement les yeux au ciel ; vraiment, Cindy aurait très bien pu rester de l’autre côté de l’océan Atlantique. Voire s’y noyer. Elle aurait même pu se noyer six mois plus tôt dans le jacuzzi qu’elle avait partagé avec Roy et qu’elle mentionnait avec un sourire parfaitement suggestif, songea Avalon avec un regard noir qui masquait aisément un trouble plus grand. Les images qui s’imposèrent à elle furent impossibles à réprimer dans un premier temps, et dansèrent devant ses yeux assassins qui guettaient une réaction de Roy. L’air embarrassé qu’il abordait soulignait très nettement qu’il ne passait pas un bon moment, mais cela ne suffit pas à calmer l’agacement d’Avalon. Passait-elle un bon moment, elle, assise face à son petit-ami et l’une de ses – nombreuses – anciennes amantes ? Non. Vraiment pas.

Et ce moment ne semblait même pas s’écourter naturellement après l’intervention de Roy, qui avait tenté d’éconduire Cindy en se dégageant de son étreinte. Plutôt que de saisir l’allusion très claire de Roy, Cindy préféra rebondir sur ses propos, avec une stupéfaction presque moqueuse qui heurta une sensibilité douloureuse chez Avalon. La réaction de Cindy était malheureusement similaire à la majorité de celles auxquelles elle s’était confrontée depuis un mois. De l’étonnement, un brin de moquerie, des regards de connivence, parfois, comme pour partager un secret que tout le monde semblait posséder, sur une relation qui ne les concernait pas mais qui, selon tous, était vouée à l’échec. Parce que Roy Calder n’était pas un homme qui s’épanouissait dans un couple ; plusieurs femmes, dans l’entourage d’Avalon – qu’elles soient aux Folies Sorcières ou au ministère – pouvaient d’ailleurs en témoigner par expérience.

La remarque de Cindy, loin d’indifférer Avalon, réveilla chez elle un point de douleur enfoui. Par réflexe de défense, Avalon se mit en position d’attaque.

« Excusez-moi, vous êtes ? »
« Dérangée. » répondit froidement Avalon soutenant sans mal le regard d’une Cindy un peu déstabilisée par la réponse de son interlocutrice et qui semblait attendre une suite qui ne vint jamais.
« Eh bien, » commenta finalement Cindy, en s’adressant cette fois à Roy, « quand on s’est connus, tu choisissais des meufs un peu plus marrantes quand même. »
« Un peu plus marrante ou un peu plus conne ? » ne résista pas à demander Avalon, largement méprisante.
« D’où tu me parles comme ça alors qu’on se connait pas, en fait ? »
« Ah bah, je sais pas, on a visiblement beaucoup de choses en commun. » releva-elle en glissant un regard vers Roy.
« Euh, je crois pas, nan. » fit Cindy en rejetant ses cheveux blonds vers l’arrière. « T’avais meilleur goût avant, Calder. »
« Ouais tu l’as déjà dit, allez bouge maintenant, ta voix me les brise. »
« Non mais meuf, c’était pas toi que je venais voir, je connais même pas ton nom. »
fit Cindy en faisant claquer bruyamment sa langue contre son palais pour témoigner de son agacement.


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Quand le doute roule sur nos épaules, campe dans nos têtes et prend un rôle [Roy et Avalon] Icon_minitimeLun 8 Mar 2021 - 19:48
Le problème avec les amantes d’un soir rencontrées dans des contextes de soirées alcoolisées était qu’on commençait à vraiment les connaître une fois sobre et parfois on était déçu. Il avait déjà compris à l'époque, en la revoyant plus tard, que Cindy n'était pas le genre de lumière avec qui il pouvait envisager de passer beaucoup de temps. Actuellement, Roy fut à nouveau déçu de voir qu'elle ne semblait pas comprendre qu’il était en train de la repousser poliment. Il fut déçu aussi de la voir s’engouffrer dans une attitude qui ne pouvait qu’empirer la situation et elle ne rata pas le coche. En environ cinq secondes et demi, la situation dérapa sous le regard déstabilisé du mafieux.

Roy n’était pas souvent gêné, il fallait le dire, car la taille de son ego l’en empêchait. Cet embarras inhabituel qu’il ressentit à voir débarquer une ancienne amante, et dire absolument tout ce qu’il ne fallait pas face à sa petite amie actuelle, le désarçonna et l’empêcha de savoir comment réagir sur le coup. Il aurait été bien en peine de trouver un créneau pour parler, de toute manière : les deux femmes échangeaient des piques assassines bien trop rapidement. Avalon avait dégainé sa répartie légendaire, insolente, que tous ses proches lui connaissaient. Parce qu’elle avait toujours été terriblement transparente, Roy attrapa aussitôt la colère et les reproches contenus dans le regard qu’elle posa brièvement sur lui.

Parfait, elle était donc fâchée contre lui aussi. Et Cindy ne semblait décidément pas vouloir partir et commençait à lui casser les oreilles également, à critiquer ses goûts comme s’ils avaient grandi ensemble.

Sa gêne passagère fut donc rapidement balayée par une vague d’agacement et de contrariété, qui lui ressemblait beaucoup plus et qui finit enfin par le faire réagir à son tour :

« Hé, t’as pas entendu ce que je t’ai dit ? » lança t-il en interpelant directement Cindy avec autorité. « C’est ma copine, répéta t-il. Donc tu lui parles pas comme ça, pour commencer. Et tu nous laisses ou je te fais sortir d’ici. »

Il n’allait pas non se faire emmerder dans son propre établissement par une ex qui ne savait pas bien se comporter, jugea son gros ego de chef de gang. Ses remontrances ne ratèrent pas leur cible, Cindy se redressa, profondément vexée, en rejetant sa longue chevelure blonde en arrière et en ramassant son sac laissé au sol.

« Eh bah super. Je me casse, si c’est pour avoir un accueil pareil. Ça m’dégoûte. »

Assez vite, Roy jugea qu’il pouvait supporter la rancoeur d’une ex amante qu’il n’avait pas revue depuis des mois, si c’était le prix à payer pour la paix de son ménage, et répliqua sans état d’âme :

« C’est ça, salut. 
-Connard. »

Roy venait de prouver sa capacité à être le pire ex, mais il s’en fichait un peu, tant qu’il ne passait pas pour le pire petit ami auprès de la femme qui lui importait vraiment. Mais à voir la figure sombre d’Avalon, ce n’était pas gagné. Il attendit que Cindy se soit éloignée, avant d'aviser Avalon du regard. Comprenant qu’elle n’avait pas envie de dire un mot, il parla le premier, avec une certaine précaution :

« Désolé pour ça, c’était… pas prévu, de toute évidence. »


Roy Calder

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Quand le doute roule sur nos épaules, campe dans nos têtes et prend un rôle [Roy et Avalon] Icon_minitimeLun 8 Mar 2021 - 20:53
Avalon avait toujours été très entière dans ses émotions. Dans ses gestes. Dans sa manière d’aimer ou, en l’occurrence, dans le cas de Cindy, de détester quelqu’un. Elle ne tergiversait jamais longtemps pour définir si elle appréciait ou non la personne qui lui faisait face. Sans surprise, elle avait décidé à la seconde où Cindy était arrivée qu’elle ne lui inspirait qu’une vive indignation et un profond mépris ; ses réponses étaient donc à l’image de ses sentiments, et pleines d’un agacement largement visible sur ses traits. Pour l’instant, elle parvenait à le contenir sur Cindy, qui se révélait être – désolée pour elle – une cible parfaite sur laquelle passer ses nerfs.

Le ton de la conversation monta donc rapidement, entre regards et piques assassines, avant que Roy n’y mette un terme en congédiant Cindy un peu brusquement. Avalon se garda bien de prendre la défense de la jeune femme – la solidarité féminine n’était pas un principe qui lui était très familier dans son entourage quasiment exclusivement masculin – et l’observa sans rien dire, les bras croisés sur sa poitrine, le regard menaçant. Si elle ne s’éloignait pas dans les prochaines secondes, Avalon allait retourner la table qui était, pour l’instant, la seule barrière entre elles. Non. Mais elle se ferait un plaisir de la sortir des Folies Sorcières – après tout, elle était commandante au sein d’un département de la Justice Magique et elle se ferait un plaisir d’aider ses collègues de la PM qui intervenaient sur les troubles à l’ordre public.

Mais Cindy ne lui laissa pas ce plaisir car, profondément vexée par l’attitude de son ancien amant, elle récupéra son sac au sol pour quitter furieusement les Folies Sorcières sur une dernière insulte. Bien vite, Avalon et Roy se retrouvèrent seuls l’un en face de l’autre, après cette intervention qui n’avait duré que quelques minutes et qui, pourtant, avait creusé un fossé entre eux largement visible dans le regard qu’Avalon posait sur son compagnon. Evidemment, elle n’en dit rien, s’enfermant dans un silence buté, sa main toujours crispée sur son verre qu’elle porta une nouvelle fois à ses lèvres.

Le problème, c’était qu’Avalon n’avait pas décoloré avec le départ de Cindy. Elle était en colère et cette colère se reportait sur la seule personne capable de la recevoir. Si Avalon avait été un tant soit peu honnête avec elle-même, elle aurait pu percevoir que les sentiments qui l’agitaient vraiment tenaient bien plus d’insécurités grandissantes. Mais la colère était une émotion bien plus accessible, bien plus facile à accueillir, et qui, de toute façon, avait tendance à s’emparer d’Avalon bien plus rapidement qu’elle n’était capable de faire son introspection.

Ce soir, sa colère était contenue dans un silence rageur. Parce qu’Avalon n’était pas seulement en colère ; elle était aussi – et surtout – très fière. Le genre de fierté qui lui faisait dire « ça va » alors que, de toute évidence, cela n’allait pas du tout et, qu’en plus, tout le monde pouvait le voir sur son visage.

« De toute évidence, non. » répondit donc Avalon avec une tension largement perceptible dans sa voix. Elle aurait pu s’arrêter là, mais une part d’elle la poussa à finir sa phrase, piquante : « Pas prévu, mais plutôt attendu, finalement. »



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Quand cela concernait ses émotions, Avalon était un livre ouvert. C’était un point qu’elle avait en commun avec Toni : avec leurs personnalités explosives, impulsives, ils étaient bien incapables tous les deux de masquer ce qu’ils ressentaient, ce qui était aussi utile que contrariant. Parfois, le silence obstiné d’un Fergus avait le côté pratique qu’on pouvait faire semblant de ne pas le voir, si on avait pas envie de parler. Or, impossible d’ignorer la colère bouillonnante d’une Avalon Davies.

Roy sut donc très vite qu’il allait devoir se confronter à la situation plutôt désagréable qu’ils venaient de vivre, que le malaise était inévitable et qu’il ferait mieux de trouver de quoi apaiser les choses plutôt que de les éviter.

Et pourtant, le premier réflexe d’Avalon fut étonnamment d'adopter une attitude assez similaire à celle d’un Fergus trop fier pour admettre qu’il était contrarié. Elle le piqua d’une allusion bien placée, dont Roy devait reconnaître qu’il ne l’avait pas volée, mais son premier réflexe à lui fut plutôt de s’en défendre en fronçant les sourcils :

« Comment ça, attendu ? J’ai pas fait en sorte que ça arrive. Je me suis clairement rendu indisponible, depuis qu’on est ensemble. » Il espérait qu’Avalon n’était pas en train de songer qu’il s’amusait à entretenir des femmes en parallèle de leur relation et qu’il avait vu défiler d’autres ex qui lui sautaient au cou en son absence. « Mais cette femme, ça fait longtemps que je ne l’ai pas vue alors… »

Alors il s’était produit ce qui venait de se produire, sous-entendit le geste de sa main. Cindy n’avait pas eu le message, contrairement à ses autres ex-amantes qui étaient dans son entourage. Des messages, Roy en avait envoyé plusieurs, de différentes façons, pour que tout le monde connaisse sa nouvelle situation, justement parce qu’il préférait éviter ce genre de scène et avoir Avalon pour témoin. Ce n’était pas agréable du tout comme situation pour elle, il en était conscient. A sa place, il aurait affiché le même genre de regard ombrageux, en tentant de gérer de sa jalousie tant bien que mal.

Cette pensée le poussa à poser sa main sur celle d’Avalon et adoucir son ton :

« Désolé que tu aies dû assister à ça mais je te jure que si t’avais pas été là, j’aurais réagi de la même façon » assura t-il, en croyant que c’était là la source de cet air sombre chez elle.


Roy Calder

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La pique d’Avalon lui avait échappé malgré elle, venant signer une porte ouverte vers un mal-être plus profond qu’une simple jalousie, qu’elle refusait pourtant de formuler clairement. « Attendu » avait-elle lâché avec un regard noir pour son compagnon, qui rebondit aussitôt sur ses propos en adoptant une posture défensive, achevant ainsi de la contrarier.

Avalon était une femme sûre d’elle, assurée, très fière. Cette confiance qu’elle affichait au quotidien n’était pas factice ; pourtant, parfois, elle lui servait aussi à masquer quelques fragilités moins reluisantes, héritées de blessures passées qu’elle taisait. Ces vulnérabilités, Avalon ne le regardait pas souvent ; elle ne savait pas si elle en avait honte ou si elle en avait peur. Elle préférait les oublier, les endormir, les étouffer quand elles se manifestaient un peu trop brusquement, ou les maquiller pour les transformer : à force de faire semblant, se disait-elle, elle finirait par y croire. Parfois, cette méthode portait ses fruits, et elle évitait ainsi une confrontation avec des parts d’elle-même qu’elle n’appréciait guère.

Et Avalon avait essayé de maquiller ce pincement au cœur qui la heurtait parfois en une simple piqûre de jalousie, désagréable mais inoffensive. C’était ce qu’elle avait ressenti, au milieu d’autres sentiments, lorsque Roy avait évoqué pour la première fois son ex-fiancée. Lorsqu’elle avait déjeuné, quelques jours plus tard, avec Hailey Peterson, qui avait accueilli la nouvelle avec un étonnement perceptible et un sourire accompagnant une remarque sur la « capacité de Calder à se faire un nom dans la justice magique ». Lorsqu’elle avait remarqué que les femmes qui gravitaient autour Roy avaient, pour une grande majorité, occupé auprès de lui une place plus ou moins importante.

Le problème, ce n’était pas tant qu’il avait enchaîné les conquêtes – ça, Avalon le savait depuis plusieurs années – mais c’était que, parmi toutes ces femmes, des Cindy aux fiancées mystérieuses, qui n’avaient ni nom, ni visage, ni histoire, Avalon ne savait pas comment se positionner. Elle se sentait parfois perdue, prise à la fois par des sentiments très forts, très évidents, qu’elle chérissait terriblement, et par des doutes qui lui serraient le cœur. Alors, finalement, Avalon avait dû reconnaître que ce pincement au cœur n’était pas tant de la jalousie qu’une inquiétude grandissante, qu’elle avait essayé de dissimuler, et qui avait choisi cette soirée pour lui sauter très clairement au visage.

Et elle détestait ça.

Evidemment, qu’elle détestait se sentir aussi fragile, aussi vulnérable, aussi terrifiée à l’idée d’être quittée pour celle qui, peut-être, accompagnait encore le quotidien ou les pensées de son compagnon. Evidemment, qu’elle avait détesté s’être demandée, en voyant Cindy passer ses bras autour des épaules de Roy, si c’était elle qu’il avait failli épouser quelques mois plus tôt. Elle aurait préféré pouvoir utiliser cette assurance dont elle faisait pourtant preuve tous les jours pour balayer ses doutes d’un revers de main, comme Roy venait de le faire en parlant de la situation qu’ils venaient de vivre. Le problème, c’était que les craintes d’Avalon refusaient de s’envoler de la sorte.

« Ah, elle n’avait donc pas eu le message, tout s’explique. » releva ironiquement Avalon. « Tu veux pas passer une annonce dans la Gazette ? Histoire d’être sûr. »

Malgré ce sarcasme, la colère bouillonnante d’Avalon était largement perceptible dans la tension de ses épaules, la noirceur de son regard et les plis entre ses sourcils. Et le geste de Roy, ainsi que son ton plus doux, ne suffirent pas à apaiser ce sentiment grandissant ; au contraire, il le raviva davantage en la mettant devant une situation imaginaire où un tel évènement pouvait se produire – s’était déjà produit ? – dans d’autres circonstances. Encore.

« Ah bah, super. » lança-t-elle en dégageant sa main de la sienne. « Tu devrais prendre des notes à notes à chaque fois, pour avoir un scénario prêt pour les prochaines, ça te fera gagner du temps. » Elle leva les yeux au ciel, de toute évidence ironique, puis secoua la tête.

Un regard ombrageux plus tard, et Avalon s’était enfermée dans un silence où se mêlait un sentiment de colère avec une souffrance sous-jacente qu’elle n’exprimait pas. Lorsqu’elle croisa les yeux de Roy, elle se sentit vaciller légèrement. Comme sa manière de se protéger était – malheureusement – l’attaque, elle conclut :

« Tu sais quoi, je vais te laisser préparer ça tranquille. » Elle attrapa son verre dans un geste. « Je vais me chercher quelque chose d’autre à boire. »

Elle se leva sur ces mots, et s’éloigna en direction du comptoir, qui n’attirait pas encore trop de monde à cette heure-là – la plupart des consommateurs avaient trouvé une place assise aisément. Elle posa son verre à pied sur le bois du bar, à peine déridée par le fait d’être seule.

« La même chose ? » demanda le barman, qu’elle reconnut comme étant Ignacio Walker, en s’approchant d’elle.

Avalon considéra son verre vide une seconde. Elle était partie sur un coup de tête – évidemment – et n’avait pas particulièrement réfléchi à une seconde consommation. Elle finit par secouer la tête.

« Un rhum citron, s’il-te-plait. »

Ignacio attrapa une bouteille sur une étagère, qu’il posa sur le comptoir avant de couper une tranche de citron vert. Il versait l’alcool dans un verre relativement similaire à ceux qui étaient utilisés pour servir du whisky, lorsqu’il releva les yeux vers elle pour l’interroger :

« C’est pour Roy ? »
« Pourquoi ? » releva Avalon en haussant les sourcils, suffisamment agacée pour être prête à s’indigner sur n’importe quel sujet : « C’est pas suffisamment un alcool de meuf pour que ce soit moi qui le commande ? »

Un léger silence passa.

« C’est pour savoir si je le mets sur sa note. »
« Ah. » Avalon soupira. « Non, laisse, c’est pour moi, je vais le payer. »


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Quand le doute roule sur nos épaules, campe dans nos têtes et prend un rôle [Roy et Avalon] Icon_minitimeMar 16 Mar 2021 - 13:27
Roy ne réagit pas à la première pique chargée d’ironie qu’Avalon lui balança, conscient qu’il ne s’agissait que d’une question rhétorique à laquelle il valait mieux ne pas répondre. Il pressentait derrière ses mots acerbes une jalousie dont il pouvait deviner l’origine : il avait eu beaucoup d’amantes et même si elle le savait déjà, ce n’était jamais agréable de croiser les femmes en question et d’être mise en face de ce fait. Combien de fois cela s’était-il produit ? songea Roy, sans poser la question. Il n’avait rien dit à ce sujet, il ne faisait pas l’offense à Avalon de lui désigner du doigt chaque femme de son entourage avec qui il avait couché, pensant que c’était mieux pour tout le monde que ce genre d’informations ne soit pas partagée. Il n’avait toutefois pas vraiment conscience qu’Avalon n’en avait pas besoin pour nourrir des suspicions, comprendre d’elle-même des dynamiques et que, quelque part, ne pas savoir la laissait libre de toutes les interprétations possibles.

Elle ne sembla pas réceptive à ses tentatives pour la rassurer et retira même sa main dans la sienne, dans une attitude clairement hostile.

« Ah bah super. Tu devrais prendre des notes à chaque fois, pour avoir un scénario prêt pour les prochaines, ça te fera gagner du temps.
-Av’… » Le regard de Roy croisa celui d’Avalon assez longtemps pour qu’il puisse y voir autre chose qu’une simple colère, quelque chose qui lui serra le coeur. Avec précipitation, il voulut la retenir alors qu’elle se levait en prenant son verre avec elle : « Attends ! »

Mais elle s’éloigna d’un pas décidé, laissant Roy sur un constat évident. Elle n’était pas seulement furieuse, elle était blessée.

Il poussa un soupir frustré face à cette situation qui lui échappait totalement, sans quitter des yeux la silhouette d’Avalon qui s’éloignait vers le bar. Pendant un bref instant, il se laissa le temps d’une réflexion, pour tenter de décrypter ce qu’elle essayait de lui cacher derrière des couches d’agressivité. Avalon n’était sa petite amie que depuis un mois, mais elle avait été son amie pendant de longues années avant ça, alors il la connaissait assez pour reconnaître ses mécanismes d’auto-défense. Ce n’était pas seulement son ego qui était blessé, elle aurait eu trop de fierté pour partir de cette manière, si cela avait été le cas. Elle était blessée sur d’autres plans, plus profonds, et elle dressait sa colère comme rempart entre eux deux pour le repousser, pour qu’il ne l’atteigne pas davantage.

Maintenant qu’il avait établi ça, Roy avait en revanche plus de mal à comprendre ce qui l’agitait exactement, alors que de son point de vue, il n’y avait pas de quoi faire une affaire d’Etat de ce qui venait de se passer. Une de ses ex avait débarqué, une femme sans importance à qui il n’avait pas parlé depuis des mois, elle avait eut quelques gestes et mots déplacés et il l’avait clairement repoussée. Qu’aurait-il pu faire de mieux dans une telle situation ? Il ne comprenait pas.

Et l’incompréhension dans des situations de conflit avait tendance à le braquer lui aussi, voire à la mettre en colère, mais cette fois, ce fut plutôt de l’inquiétude qui le saisit. C’était le premier conflit sérieux qui se présentait entre eux deux depuis qu’ils s’étaient mis ensemble et qui venait perturber leur douce lune de miel, il n’avait pas envie d’envenimer les choses en gérant mal la situation. Cette relation avec Avalon était importante. Avalon était importante.

Roy mit peu de temps à se lever pour la rejoindre, décidé à clarifier cette histoire avant de la laisser pourrir entre eux. Il la trouva attablée au comptoir, avec un verre entre les mains qui attira aussitôt son attention.

« C’est pour toi ou pour moi, ce verre ? »

Il y avait des habitudes connues à ce comptoir, Isobel c’était le bourbon, Fergus le whisky. Lui, c’était le rhum. Il n’avait qu’à lever la main vers Ignacio pour que ce dernier lui prépare ce verre sans rien demander. Et il savait que les habitudes d’Avalon, elles, se situaient plutôt dans des mélanges de cocktails colorés sucrés aussi imbuvables que ses cafés. Roy avait donc ponctué sa remarque d’un petit sourire en espérant détendre l’atmosphère mais sa tentative d’humour n’eut pas vraiment l’effet escompté. Il se rattrapa par une approche plus directe :

« Av’, j’ai pas envie qu’on se fâche pour un truc aussi con… Cette femme, elle est rien pour moi, je te jure. » Son regard attrapa pas loin d’eux la silhouette d’Ignacio, dont il connaissait les oreilles toujours grandes ouvertes -c’était après tout, une part de son travail, derrière ce comptoir. Ce lieu n’avait rien d’idéal pour avoir une conversation sérieuse et encourager Avalon à s’ouvrir à lui. Il posa la main sur son épaule en se rapprochant légèrement d’elle. « Tu veux pas qu’on aille discuter dans un endroit plus calme ? »


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Quand le doute roule sur nos épaules, campe dans nos têtes et prend un rôle [Roy et Avalon] Icon_minitimeMar 16 Mar 2021 - 16:26
Ignacio fit glisser un verre sur le comptoir qu’Avalon attrapa de sa main droite. Elle le remercia d’un vague hochement de tête, et fit machinalement tourner l’alcool contre les parois transparentes qui l’entouraient. Ce coup d’éclat n’était pas surprenant ; Avalon avait toujours eu tendance à s’emporter assez facilement lorsqu’elle se retrouvait dans des situations conflictuelles. En revanche, par souci de fierté, elle était rarement celle qui partait la première. Pourtant, c’était sa fierté encore une fois qui l’avait poussé à quitter la table qu’elle occupait avec Roy ; elle avait bien senti, dans le regard qu’elle avait posé sur lui, qu’elle était incapable de tenir sa colère plus longtemps. Elle se sentait blessée, prise d’un doute immense qui lui serrait l’estomac et avait décidé qu’elle préférait laisser Roy sur sa colère que sur sa souffrance.

Maintenant qu’elle était seule – à l’exception d’Ignacio, qui évitait soigneusement de poser son regard sur elle – Avalon se sentait plus en colère contre elle-même que contre Roy. Tout se mélangeait et se confondait, créant un mélange explosif qui la rendait paradoxalement très lasse, comme épuisée par ces insécurités qu’elle réprimait difficilement depuis quelques semaines.

Le problème, c’était qu’Avalon avait terriblement peur de l’intensité des sentiments qu’elle ressentait. Ce n’était pas similaire à la peur qu’elle avait ressentie avant de s’ouvrir à Roy, à la fin du mois d’avril ; à ce moment-là, c’était de s’engager à nouveau dans une relation qui la terrifiait. Lier son quotidien à celui d’un autre, se projeter dans un avenir – même proche – commun… Avalon ne gardait pas de bons souvenirs de ses précédentes relations, qui s’étaient, pour la plupart, très mal terminées.

Alors elle avait été surprise de constater qu’avec Roy, tout lui venait naturellement. Qu’elle percevait un sentiment d’évidence dans leurs contacts, dans les projets qu’ils tissaient parfois au détour de leurs conversations. Ils ne s’étaient pas engagés à la légère l’un envers l’autre ; ils étaient tous les deux très conscients de ce que représentait leur relation ainsi que des changements qui ne tarderaient pas à bouleverser leurs vies respectives. Et ces changements, Avalon les accueillait avec une relative sérénité, compte tenu des circonstances. Elle voyait Roy appréhender la naissance de sa fille avec une tendresse qui se logeait dans les sourires qu’elle posait sur lui, elle l’accompagnait comme elle le pouvait dans cette démarche parfois fastidieuse, en lui offrant son soutien et son écoute. Et tout semblait facile.

Tout semblait facile, hormis ce point sur lequel elle ne cessait de buter. Roy avait été fiancé, à une femme dont elle ne savait rien. Ni son nom, ni son visage, et à peine quelques bribes de l’histoire qu’ils avaient partagée ensemble. Elle avait senti, dans son discours, que leur relation avait créé, chez lui, une souffrance dont il avait peiné à se remettre. Elle avait perçu, aussi, que l’amour que lui avait porté Roy n’avait pas été insignifiant. Le genre d’amour à poser un genou à terre avec une promesse d’éternité sur les lèvres.

Alors il y avait cette ex-fiancée, qui avait les visages de plusieurs femmes qui gravitaient autour de lui, et puis il y avait aussi toutes ces femmes qui l’avaient connu intimement et qui étaient venues témoigner, auprès d’Avalon, leur étonnement moqueur au fait que Roy Calder puisse véritablement se poser avec une femme. Le fait d’être confrontée à ces remarques avait déjà quelque chose de désagréable. Elles avaient aussi – surtout – fait prendre conscience à Avalon qu’en effet, Roy n’était pas exactement connu pour ses relations sérieuses et que la dernière qui l’avait lié à une femme était à la fois très récente, et très forte.

Forcément, la question qui subsistait créait, en Avalon, une insécurité qu’elle détestait ressentir et qui, pourtant, prenait une place de plus en plus importante dans son esprit. Que se passerait-il si elle revenait ?

Fergus n’avait pas complètement tort ; Avalon avait souvent eu tendance à s’enfermer dans des schémas de relation où elle s’entichait d’hommes qui n’étaient pas réellement disponibles pour elle. Parfois, cela lui convenait parce qu’elle se protégeait de la sorte d’une relation trop sérieuse qu’elle souhaitait maintenir à distance. Et parfois, elle s’investissait simplement auprès d’hommes qui lui préféraient une autre femme. Sans grande surprise, Avalon avait été l’amante secrète un nombre incalculable de fois – elle ne se souvenait pas une seule fois où cette situation s’était terminée autrement que d’une manière désastreuse. Et, si elle sentait, au fond de son cœur, que la relation qui la liait à Roy était différente, elle pouvait reconnaître, objectivement, que les faits jouaient encore une fois contre elle. Or, les faits disaient uniquement ce que ses angoisses leur donnaient comme significations.

« C’est pour toi ou pour moi, ce verre ? » lança la voix familière de son petit-ami, qui venait de s’installer à sa gauche.

Avalon baissa les yeux vers sa boisson, dont elle n’avait pas encore bu une seule gorgée, et qui était en effet ce que Roy consommait habituellement. Elle capta le sourire en coin d’Ignacio, et releva vers lui un regard renfrogné.

« Hé vous êtes tous décidés à être relous aujourd’hui. » maugréa-t-elle à voix basse alors qu’Ignacio s’éloignait prudemment pour ranger un plateau de verres.

En réalité, Roy semblait bien plus décidé à apaiser les choses qu’à les envenimer – ce qui était une sage stratégie. Son approche à la fois directe et calme eut au moins le mérite d’empêcher Avalon de reporter la colère qu’elle ressentait envers elle-même sur lui. Elle tourna la tête vers lui lorsqu’il posa sa main sur son épaule, et le considéra un bref instant avec un regard hésitant.

« Ouais… » fut sa première réponse, peu convaincante. « J’irai bien prendre l’air. On sort ? » proposa-t-elle finalement, avec d’acquiescer à l’idée de Roy de rejoindre une petite terrasse, à l’arrière des Folies Sorcières.

Ils s’y dirigèrent ensemble, dans un silence songeur qui permettait à Avalon de percevoir, en elle, une certaine appréhension grandir. Elle s’adossa à la balustrade pour faire face à Roy, sans reprendre la parole pour autant.

« Je vois bien que t’es contrariée, qu’est-ce qu’il y a ? » lui demanda finalement Roy.

Il y avait un peu de fierté blessée, une pointe de jalousie désagréable, une peur d’être quittée pour cette femme contre laquelle elle se sentait forcément mise en compétition sans ne rien savoir sur elle, une souffrance sous-jacente qui s’attachait à ses fragilités, une colère tenace qui habitait son estomac et était créée par un sentiment s’impuissance.

« Rien. » répondit cependant Avalon. Des questions dansaient pourtant au fond de ses yeux ; en revanche, elle n’était pas certaine de vouloir en connaître les réponses. « Laisse tomber. » Elle posa son verre – pas encore entamé – sur une petite table à sa droite. « C’est cette meuf juste… Laisse tomber. » répéta-t-elle avec un regard fuyant.



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Quand le doute roule sur nos épaules, campe dans nos têtes et prend un rôle [Roy et Avalon] Icon_minitimeLun 22 Mar 2021 - 20:02
Malgré un évident manque de conviction, Avalon finit par accepter de le suivre pour discuter, ce que Roy considéra comme une victoire. A ses yeux, cette situation n’était rien d’autre qu’un malentendu qui pouvait être réglé rapidement, et leur laisser le temps de profiter de leur soirée. Ou en tout cas, il l’espérait : se disputer avec Avalon à propos d’une ex-amante était la dernière chose qu’il souhaitait.

Mais son instinct ne se berça pas trop longtemps de cette illusion. Il vit à la posture défiante d’Avalon, son regard fuyant, ses mots vagues que quelque chose n’allait vraiment pas. Sa colère de tout à l’heure laissait définitivement et explicitement place à autre chose, qui ne ressemblait pas vraiment à la jeune femme. Laisse tomber, répétait t-elle, alors qu’elle ne laissait jamais tomber, et lui non plus. Les sourcils de Roy se froncèrent au-dessus de son regard qui la contemplait longuement, comme pour tenter de percer le secret de ses pensées.

« Qu’est-ce qu’elle a cette meuf ? » insista t-il.

Il sentait que de toute manière, Cindy n’était qu’un prétexte et que ce qui gênait Avalon allait chercher un peu plus loin qu’une simple jalousie. Mais pour le moment, elle ne semblait pas décidée à s’ouvrir alors il tenta une autre approche que les questions frontales, en introduisant un peu d’humour :

« Tu sais, Av’, après tout ce que tu m’as dit sur toi et ton passé la nuit où on s’est mis ensemble, je crois que tu peux tout me dire, hein, je vais pas fuir. »

Mais certainement, l’humour ne suffisait pas non plus et sentant leur moment devenir un peu sérieux et délicat, Roy tendit la main vers Avalon. Il ne sentit pas de résistance chez elle face à son geste, pas vraiment de réaction non plus, alors il franchit la distance qui les séparait et commençait à lui peser. Ce qu’il ne parvint pas à dire, mais qu’il songea en la serrant dans ses bras, fut qu’il espérait surtout ne pas la faire fuir, elle, avec son comportement et ses casseroles.


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Quand le doute roule sur nos épaules, campe dans nos têtes et prend un rôle [Roy et Avalon] Icon_minitimeLun 22 Mar 2021 - 21:53
Avalon sentait bien que la tension qui l’habitait ne disparaissait pas, malgré ses mots désinvoltes. Et elle savait que Roy, au regard qu’il posait sur elle, le décelait aussi. Elle resta pourtant muette à sa question, parce qu’elle ne savait pas comment exprimer ce doute douloureux qui serrait son cœur depuis plusieurs jours maintenant. Elle ne le savait pas, et pourtant, elle sentait qu’une part d’elle-même désirait mettre fin à ce silence et donner des réponses à toutes les questions qu’elle se posait sans cesse. Ce flou qu’Avalon percevait autour de leur relation devenait de plus en plus insupportable pour elle, si bien qu’elle se sentait prise d’un dilemme qui, jusqu’à maintenant, l’avait empêché de s’ouvrir à lui. Au fond, elle craignait sa réponse.

La pique d’humour de Roy ne fut évidemment pas perçue comme telle par Avalon, qui se figea légèrement alors qu’il s’approchait d’elle pour la prendre dans ses bras. Elle resta immobile, les yeux posés sur un point au loin, les pensées toujours très agitées. Tout ce qu’elle lui avait dit sur elle… Et tout ce qu’il avait passé sous silence, songea-t-elle avec une aigreur un peu lasse qui ne lui ressemblait pas. Le problème venait de là, de tous ces non-dits qui planaient encore autour d’eux, qui étaient peut-être – sûrement, même – invisibles pour Roy mais qui prenaient beaucoup trop d’espace dans l’esprit d’Avalon pour lui permettre d’être véritablement sereine.

Et, enlacée contre Roy, elle pouvait parfaitement sentir le fossé qui se creusait entre eux. Elle sentit son cœur se serrer à cette constatation, et soupira doucement contre son épaule. D’un léger mouvement du buste, Avalon se détacha de cette étreinte pour venir retrouver le regard de son petit-ami. Ses dernières hésitations s’étaient envolées avec la fin de sa patience et ce constat douloureux que, quoiqu’elle fasse – qu’elle parle ou qu’elle ne parle pas – une distance subsisterait entre eux. Si elle ne disait rien, tout était perdu d’avance.

« Justement. » finit-elle par lâcher un peu nerveusement. « Cette nuit-là, je t’ai dit beaucoup de choses et toi tu… » Elle secoua doucement la tête et s’interrompant, ne sachant pas exactement comment amener les choses. Finalement, elle le fit de façon assez spontanée, dans une attitude qui lui ressemblait bien plus : « Et toi, tu étais fiancé il y a cinq mois, et j’ai aucune putain d’idée de ce qui pourrait se passer si ton ex revenait demain. »

Le cœur d’Avalon s’accéléra dans sa poitrine au même moment où elle se sentit libérée d’un poids qui pesait lourdement sur son estomac. Consciente du regard que Roy posait sur elle, Avalon mordilla nerveusement l’intérieur de sa lèvre avant que sa parole ne se délie complètement :

« Tu m’as jamais dit qui s’était. Ni même si elle faisait encore partie de ton entourage. Et depuis qu’on est ensemble, on m’a bien fait comprendre que tu n’étais pas exactement connu pour t’engager dans une relation sérieuse. » avoua-t-elle avec un sourire amer. « Et c’était pas juste une relation sérieuse, avec elle, vous étiez censés vous marier. » souligna Avalon en fouillant son regard. « C’était que tu avais envie de passer ta vie avec elle. » Et cette promesse d’éternité n’était pas insignifiante aux yeux d’Avalon. « Alors… Alors t’as été fiancé à une femme qui pourrait très bien être n’importe quelle meuf qui te saute au cou en arrivant aux Folies. » Sa voix avait retrouvé des intonations plus dures en évoquant le souvenir de cette scène désagréable. « Je sais pas, Roy. T’étais fiancé, tu vas avoir un enfant avec Joséphine, il y a toutes ces meufs qui me parlent de toi… Je sais pas trop où j’ai ma place là-dedans. » conclut-elle finalement en croisant ses bras contre sa poitrine, les sourcils légèrement froncés.



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Quand le doute roule sur nos épaules, campe dans nos têtes et prend un rôle [Roy et Avalon] Icon_minitimeMar 23 Mar 2021 - 14:54
Roy sentait dans la posture relâchée d’Avalon contre lui qu’elle ne répondait pas vraiment à son étreinte, sans le repousser pour autant, et qu’une tension subsistait entre eux. Cette distance palpable qui s’instaurait, malgré la proximité de leurs corps, inquiéta Roy et le poussa à vouloir reprendre la parole. Mais au même moment, Avalon se décida à parler enfin, en rompant leur étreinte. Elle parla avec cette franchise un peu brute qui la caractérisait tellement, énonçant sans détours et avec une certaine amertume ce qui la tracassait vraiment.

Très vite, la stupeur s’imprima sur les traits de Roy, qui n’avait à aucun moment imaginé que cette scène imprévue avec Cindy ait pu éveiller de tels questionnements chez Avalon, ni même qu’elle s’interrogeait autant sur cette ex-fiancée qu’il avait mentionnée, un mois plus tôt.

Il aurait pu s’en douter, pourtant, songea t-il en se trouvant stupide. Mais il avait supposé que les informations qu’il avait données suffisaient : il avait vécu une histoire douloureuse, traumatisante avec une autre femme, qui ne s’était pas bien terminée, mais elle faisait partie du passé et il était désormais prêt à s’engager sincèrement dans une autre relation. De son point de vue d’homme habitué à garder le secret sur beaucoup d’aspects de sa vie personnelle, Avalon n’avait pas besoin d’en savoir plus, car ce qui les concernait tous les deux directement avait été dit. Il s’était de toute évidence bien trompé. L’idée que ce manque d’informations ait pu pousser Avalon à se construire un tas de scénarios ne lui avait même pas effleuré l’esprit. Pire encore, elle se sentait en compétition, menacée par l’ombre de cette femme de son passé dont elle ne savait rien.

Roy comprit qu’il avait manqué d’empathie et probablement, au fond de lui, choisi la solution de facilité en évacuant rapidement un sujet dont il préférait ne pas trop parler, en voyant qu’Avalon ne lui posait pas plus de question.

Face à cette prise de conscience et face à la certitude qu’il n’allait plus pouvoir esquiver davantage le sujet, il se sentit pris d’une certaine culpabilité et d’un malaise qui se virent dans son regard. Un autre sentiment un peu plus désagréable, proche de la contrariété, le piqua également, en réaction à ce que laissait échapper Avalon sur les histoires qu’elle avait entendues autour d’elle, car c’était un point sur lequel il n’avait aucun contrôle. Il aurait préféré que son entourage, proche et lointain, s’abstienne de faire tout commentaire sur sa vie personnelle ou son passé, face à celle qui était désormais sa petite amie. Ces commentaires, qui paraissaient de prime abord anodins, finissaient par empoisonner l’esprit d’Avalon jusqu’à la faire douter de choses que Roy lui avait dites, quand ils avaient décidé de tout mettre à plat et s’ouvrir sincèrement l’un à l’autre. Il se souvenait encore avec précision des mots qu’il avait prononcés, dans le secret de leur moment de confidence, et qu’il pensait toujours. «  Je suis nulle part ailleurs qu’avec toi. Toi et moi, c’est sérieux. »

Mais depuis cette première nuit qu’ils avaient partagée à deux, d’autres discours s’étaient interposés, des discours malvenus aux yeux de Roy, pour donner leur avis sur une relation qui ne les regardait pas et il ne pouvait rien y faire. C’était rageant. Et s’il pouvait pardonner à un Fergus d’avoir exprimé son inquiétude pour son amie proche en les connaissant bien tous les deux, le coup des personnes qui bavardaient sur lui sans bien connaître la situation passait beaucoup moins bien.

Ce fut ce sentiment d’irritation qui parla le premier, sous le coup de son impulsivité :

« Ecoute, « toutes ces meufs » qui te parlent de moi en te disant que je suis pas prêt à m’engager dans une relation sérieuse, elles savent pas de quoi elles parlent, c’est tout » asséna t-il sur un ton tranchant. Elles se basaient sur sa réputation ou sur la manière dont il avait pu se comporter avec elles pour celles qui avaient été ses amantes, ce qui biaisait forcément leur point de vue. « Forcément elles vont te dire que je suis pas le genre à m’engager, puisque je l’ai pas fait avec elles. Sauf que j’ai jamais fait semblant non plus, je pose clairement mes attentes. Et quand je dis que je veux une relation sérieuse, eh bien… C’est sérieux » affirma t-il en cherchant le regard d’Avalon, les bras croisés sur son torse. Son ton s’adoucit un peu en répétant : « Je te l’ai dit y a un mois, Av’, toi et moi c’est sérieux. »

Assez sérieux pour qu’il soit prêt à s’engager avec elle, quelques mois seulement après sa rupture avec celle qui aurait pu être sa femme, songea t-il, en sentant planer entre eux ce sujet qu’il était si difficile d’aborder pour lui. Un silence perdura à cet instant, pendant lequel il chercha ses mots, mais surtout, le courage de les dire. Evoquer Juliana n’avait toujours rien d’évident pour lui, et à cette pression s’ajoutait celle de dire quelque chose qui n’allait pas plaire à Avalon. Il était terrifié à l’idée de la faire fuir à cause de ses choix et ses comportements passés sur lesquels il n’avait plus aucune emprise, et c’était la raison pour laquelle, instinctivement, il s’était replié sur l’idée d’éviter d’en parler avec elle. Ce n’était, de toute évidence, pas une solution tenable au long terme, alors il dut se résoudre à reprendre la parole, après une longue hésitation, sur un ton beaucoup plus bas :

« Pour mon ex… Je te l’ai dit, on a coupé les ponts. Elle ne fait plus du tout partie de mon entourage, il n’y a aucune chance que tu la recroises par hasard en ma présence. Franchement, je sais même pas où elle est et ce qu’elle fait de sa vie, à l’heure actuelle. Mais si elle devait revenir… J’ai déjà fait mon choix. Je me suis pas fait larguer, tu sais. Déjà à l’époque, j’estimais qu’il fallait que ça prenne fin, alors y a aucune raison pour que ça change quoi que ce soit. Et ta place à toi là-dedans… »

D’abord d’un pas, puis de quelques autres, il avança vers elle jusqu’à pouvoir effleurer ses bras. Il y avait des choses tellement plus simples à dire par des gestes ou par des regards. Mais Roy sentit que c’était le genre de moment qui ne pouvait pas se passer de mots, car c’était ce dont Avalon avait besoin pour le croire. Ses mots à lui, pas ceux des autres qui parlaient sans savoir, ou ceux des petites voix intérieures chez elle, pleines d’insécurités et de fantasmes.

« Tu me confortes dans ce choix que j’ai fait, affirma t-il, en posant vraiment ses mains sur ses bras. Ce qu’on a toi et moi, c’est… Je sais pas comment dire ça. » Car les sentiments, c’était dur. Faire des déclarations d’amour, c’était dur. Dire à Avalon qu’il y avait quelque chose d’assez indéfinissable mais très tangible dans leur relation, qui lui donnait l’impression qu’ils étaient faits l’un pour l’autre, c’était dur. « J’ai aucun doute avec toi, en fait. J’ai jamais ressenti ça avec une femme, surtout pas aussi vite. Pas même avec mon ex. Avec elle, c’était beaucoup de questions, de craintes, de tensions... Avec toi, c’est tout l’inverse. »


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Quand le doute roule sur nos épaules, campe dans nos têtes et prend un rôle [Roy et Avalon] Icon_minitimeMar 23 Mar 2021 - 18:42
Avalon avait parlé d’une traite, sans retenir ses pensées ni ses paroles, sur un sujet qui remuait chez elle plusieurs doutes et interrogations bien tenaces. Elle avait croisé les bras sur sa poitrine, dans une posture qui visait plus à défendre et à se protéger qu’à attaquer ; au fond, elle n’avait aucune envie de se disputer avec Roy sur ses relations passées. Elle aurait préféré pouvoir se détacher entièrement des discours des autres, ne pas tenir compte de leurs regards étonnés, et empêcher son propre regard de changer sur quelque chose qui, pourtant dès le début, lui avait paru terriblement évident. Mais, malgré toute l’assurance dont elle était capable de faire preuve, il avait été impossible de ne pas se montrer touchée, heurtée, atteinte par des remarques qui se voulaient parfois même bienveillantes et soucieuses comme celles de Fergus. Evidemment, cette situation avait atteint une telle ampleur parce qu’Avalon était incapable d’exprimer de telles insécurités – la faute à une fierté et un ego qui l’empêchaient de se montrer vulnérable.

Mais sa fierté aussi avait ses failles, et c’était justement dans l’une d’elle que Cindy s’était engouffrée quelques minutes plus tôt, en venant titiller une jalousie qui masquait des sentiments bien plus profonds qu’elle n’avait pas pu dissimuler à Roy. Ses émotions se lisaient de toute façon sur son visage avec une facilité déconcertante – et encore plus pour quelqu’un d’observateur comme Roy qui la connaissait depuis des années. Et, si Avalon aurait pu se murer dans un silence têtu et rageur, elle l’avait finalement rapidement abandonné au profit de paroles brutes qui s’étaient glissées entre ses lèvres pour la décharger d’un poids qu’elle n’avait conscience de ressentir avec une telle intensité.

Ce n’était pourtant pas étonnant ; Avalon était, par essence, une personne très intense. Cela se décelait dans ses réactions passionnées, dans son caractère très entier, dans sa manière d’aimer ou de détester quelqu’un, dans ses larges sourires et ses grands éclats de rire. Avalon vivait ses émotions avec intensité, tant et si bien que parfois, comme aujourd’hui, elles explosaient et se livraient entièrement à sa conscience, à sa perception et à celle d’autrui.

Roy semblait en prendre pleinement la mesure, debout face à elle dans une position similaire. Il avait froncé les sourcils, signe qu’il était agacé, et cet agacement transpira jusqu’à dans le ton tranchant qu’il employa pour évoquer ses anciennes amantes un peu bavardes. A cela, Avalon ne répondit rien, parce qu’elle savait au fond d’elle que les propos qu’elle entendait, s’ils étaient certes nombreux, ne reflétaient pas la réalité de ce qu’elle vivait avec Roy. Elle se garda aussi de lui préciser que Fergus avait émis les mêmes réserves ; Roy le savait déjà. Pourtant, et comme il le lui réaffirmait une seconde fois, d’un ton plus doux, « c’était sérieux ». Avalon esquissa un maigre sourire en accrochant son regard au sien. C’était vrai, et elle le sentait. Mais ce n’était pas suffisant non plus pour balayer ses craintes, qui prenaient source dans une histoire dont elle ne savait rien.

Et c’était cette ignorance qui l’avait rendu si hésitante, si prompte à douter du lien qui s’était pourtant créé naturellement entre eux. Silencieuse, Avalon laissa Roy revenir sur cette relation dont il ne lui avait offert qu’un très maigre aperçu un mois auparavant. Elle sentait, à la manière dont il avait baissé la voix, qu’il ressentait un certain malaise à évoquer cette ex-fiancée qui hantait pourtant les pensées d’Avalon et était à l’origine de fantasmes erronés. Il finit par la rassurer quant à leur rupture qui semblait, selon ses mots, définitive et sans regret de sa part. Comme pour essayer de déceler une hésitation dans ses propos, Avalon fouilla son regard, et n’y trouva rien d’autre que la vérité de ce qu’il venait de lui confier. Elle hocha doucement la tête, comme pour prendre acte de ses paroles et essayer de les intégrer dans ses schémas de pensées.

Ce qui l’y aida véritablement fut la dernière intervention de Roy, qu’il débuta en se rapprochant d’elle, jusqu’à être sur le point de pouvoir la prendre dans ses bras à nouveau. Elle l’écouta avec attention, accrochée à des mots qu’elle avait terriblement besoin d’entendre, quand même bien ils étaient particulièrement difficiles à exprimer sans détour. Et Avalon n’avait pas besoin de paroles directes pour comprendre ce que Roy sous-entendait dans la comparaison qu’il faisait. Elle l’observa, d’abord frappée par la stupeur, puis marquée par un sentiment amoureux plus fort qui s’exprima dans le sourire qu’elle ne parvint pas à retenir et qu’elle lui offrit, glissant à son tour une main sur son bras. Ils restèrent quelques instants dans cette position, avant qu’Avalon ne reprenne la parole, peut-être plus rassurée mais pas tout-à-fait apaisée.

« Je… » Les mots, qui se bousculaient pourtant dans sa tête, mais refusaient de passer la barrière de ses lèvres. « Merci, de me dire tout ça. » Ses doigts se resserrent doucement contre lui. « Tu sais, j’ai pas oublié ce qu’on s’est dit, il y a un mois mais… Je me suis retrouvée tellement de fois dans cette situation, avant toi. » confia-t-elle avec un sourire amer. « Et tu vois ce que je te disais, sur le fait de toujours me retrouver dans des relations impossibles, bah… » Elle haussa les épaules, sans terminer sa phrase pour autant, portée par une pudeur qui fit mourir le reste de ses mots dans sa gorge. « Au fond, je crois pas du tout que notre relation soit vouée à l’échec et tout ce que je t’ai dit le jour où on s’est mis ensemble, je le pense toujours aujourd’hui. » assura-t-elle. « Mais… Ne rien savoir sur ton ex, c’est pas évident à gérer pour moi. Vraiment, j’aimerais ne pas y penser mais… On en a jamais parlé, toi et moi. » constata-t-elle en guettant ses réactions. « J’ai aucune idée de comment elle s’appelle ? Ou de pourquoi personne n’était au courant de votre relation ? Est-ce que vous viviez ensemble ? Comment t’es venu à la demander en mariage ? Tu pensais que, malgré tout le secret, vous aviez un futur ensemble ? » A nouveau, un certain malaise saisit la jeune femme, qui retrouva son silence pendant une poignée de secondes. « T’es pas obligé de répondre à tout ça... Je sais que c’est difficile pour toi d’en parler. » souffla-t-elle en glissant sa main dans la sienne.


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Quand le doute roule sur nos épaules, campe dans nos têtes et prend un rôle [Roy et Avalon] Icon_minitimeDim 4 Avr 2021 - 15:16
Le sourire qui finit par se glisser sur les lèvres d’Avalon fit comprendre à Roy qu’il avait trouvé les bons mots, ce qui lui procura un certain soulagement. Les mots, il n’était pas toujours très doué avec quand il s’agissait d’exprimer des sentiments sincères et non pas d’entourlouper son interlocuteur de quelques belles paroles. Ouvrir son coeur était toujours une entreprise qui lui demandait un certain effort, mais il sentit qu’avec Avalon, c’était inexplicablement plus simple, presque naturel. Il n’avait pas vraiment besoin de réfléchir, ce qu’il ressentait à son égard lui paraissait limpide, même si le dire nécessitait un certain courage. Cependant, il y avait sûrement des manières plus directes de l’exprimer : une certaine pudeur retenait encore Roy de dire à Avalon qu’il se sentait déjà très amoureux d’elle, qu’elle n’avait rien à envier à son ex et que leur relation était emprunte d’une douce harmonie qu’il n’avait jamais ressentie jusque là.

Pour autant, ils ne pouvaient éviter la menace de quelques nuages sur leur relation de couple qui se construisait encore et n’en était qu’à ses balbutiements. Sans rien dire, Roy écouta Avalon lui exprimer ses doutes et surtout ses questions qui se révélaient nombreuses. Les entendre énoncées les unes après les autres, aussi précises et dans une forme d’urgence, noua chez lui quelque chose au fond de son estomac. Sans doute, son malaise était perceptible car Avalon attrapa sa main dans la sienne dans un geste rassurant, en affirmant qu’il n’était pas obligé de répondre.

C’était trop tard, songea Roy sans le dire. Il se sentait obligé de parler, désormais. Soit il disait la vérité, soit il prenait le risque de voir ces non-dits gangréner une relation naissante et importante pour lui. Posé ainsi, le dilemme n’en était plus un. Pourtant, il dut ramasser tout le courage qu’il avait en lui pour prendre ce double risque qui s’imposait : celui de se confronter aux émotions douloureuses liées à cette histoire passée et celui de voir le regard d’Avalon changer sur lui ou sur eux, face à cette histoire dont il n’était pas très fier.

« Non, finit t-il par murmurer, en pressant légèrement la main de sa petite amie dans la sienne. On peut en parler. » Ses yeux se perdirent un bref instant dans ceux d’Avalon, qui laissaient voir chez elle toute sa vulnérabilité. Roy le savait, il ne devait pas paraître plus assuré qu’elle à cet instant. Il l’invita dans un souffle, en tirant sa main vers lui : « Viens, on va se poser ailleurs. »

La terrasse n’était pas le meilleur lieu pour avoir une telle conversation, car des oreilles pouvaient y traîner. Il préféra s’éloigner dans le vaste jardin à l’arrière du cabaret, où ils étaient certains de ne croiser personne et où ils pouvaient s’asseoir. Comme Roy pressentait que leur discussion pourrait être assez longue, il les attira vers l’un des bancs en pierre qui parsemaient le jardin. Une fois assis, il resta quelques secondes silencieux, occupé à chercher ses mots et la force de parler au fond du regard d’Avalon.

« Je peux pas te donner son identité » fut la première chose qu’il déclara, comme un point sur lequel il ne pouvait faire aucune concession.

S’il avait révélé ce point à Jayce dans un souci d’honnêteté totale et parce qu’il n’avait plus le loisir de faire de la sélection d’information face à son meilleur ami qu’il avait trahi, il sentait qu’il ne pouvait pas en faire de même avec Avalon. Sa position de chef de la Milice ne lui permettait pas d’être neutre face à une telle information : Juliana McNeil était une ennemie du Ministère, sensée être morte. Roy ne pouvait trahir ce secret. Il ne voulait pas risquer la vie de Juliana et ne souhaitait pas mettre Avalon dans une position impossible, à lui demander de tenir un tel secret sans rien faire alors que tout l’y obligeait et que le simple fait de ne rien dire pourrait lui valoir la prison. Si c’était clair pour lui que c’était la seule chose à faire, il était conscient que ce refus pouvait frustrer, voire inquiéter Avalon, alors il serra doucement sa main dans la sienne.

« Pas parce que je veux te cacher des choses, assura t-il. C’est juste que vraiment… Je peux pas. » Il espérait que la confiance qu’Avalon lui portait et leur amitié lui permettrait de donner foi à ses paroles et ne pas insister. « Mais je peux te parler de notre relation. Ça a duré un peu plus d’un an, mais on n’a jamais vécu ensemble, elle et moi. Ça aurait été compliqué de vivre ensemble en secret, on pouvait pas vraiment faire ce qu’on voulait… C’est sûrement une des raisons pour lesquelles je l’ai demandée en mariage, d’ailleurs. M’assurer que, malgré toutes les difficultés, le secret, on resterait ensemble quoiqu’il arrive » avoua t-il, en baissant les yeux. Il n’en avait pris conscience que récemment. A l’époque, il était emporté dans une relation passionnelle qui lui avait fait faire des choix qui lui paraissaient fous, désormais. « Mais tu vois, il s’est écoulé plusieurs mois après ça, sans qu’on fasse rien alors que rien ne nous retenait en soi. C’était pas comme si on allait organiser une cérémonie en grande pompe » dit-il, ironique. « Mais on ne l’a pas fait. Parce qu’il y avait des trucs plus urgents, c’était ce qu’on se disait au début. Mais plus ça avançait, plus notre relation se délitait et cette promesse a fini par ne plus avoir aucun sens. »

Il haussa légèrement les épaules. Il se souvenait encore de cette impression de distance entre eux, qui s’était creusée peu à peu, il se souvenait de ce vide dans leurs étreintes et de la prise de conscience douloureuse qu’ils ne partageaient plus rien.

« Je vais pas te mentir, j'étais très amoureux d'elle et c'est aussi pour ça que j'ai fait cette demande. Mais au final, j’ai compris que peu importe si les sentiments sont forts ou pas, ça ne suffit pas forcément. Elle et moi… On était beaucoup trop différents. Pas faits pour être ensemble. » Contrairement à ce qu’il avait pu penser au premier abord, aveuglé par ses sentiments. Il passa une main nerveuse dans ses cheveux, embarrassé de l’aveu qu’il s’apprêtait à faire. « Même si je m’étais engagé avec elle, quand j’y repense, j’ai l’impression que c’est aussi beaucoup parce que j’avais peur de la perdre. On avait pas du tout une relation sécurisante et elle faisait rien pour me sécuriser non plus. » Maintes fois, il avait senti que son combat contre le gouvernement l’emportait sur tout le reste, même sur eux. « Tu sais… J’étais pas bien avec elle, c’est pour ça que je suis parti. Je te l’ai dit la dernière fois, on n’avait vraiment pas une relation saine. J’ai pas du tout envie de retrouver ça. Au final, heureusement qu’on a été ensemble dans des circonstances très dures parce que ça a permis de mettre plus vite en évidence des trucs chez elle et dans notre relation qui allaient pas du tout. Alors je regrette pas de ne pas avoir pu aller plus loin avec elle, si c’est ça qui t’inquiète. Si je regrette quelque chose, c’est plutôt d’avoir commencé » avoua t-il, en grimaçant légèrement.

Il n’aimait pas faire cet aveu qui lui paraissait mettre en évidence ses faiblesses d’homme amoureux. Il avait trop longtemps été enfermé dans une relation dont il n’avait vu le caractère toxique que bien trop tard et cela lui laissait un désagréable sentiment de honte. Comme pour mieux le chasser, il accrocha son regard à celui d’Avalon, en tendant une main vers elle, qu’il posa doucement dans ses cheveux. Ses yeux se perdirent un moment sur les traits de son visage qui lui procuraient un indescriptible sentiment de paix, dont il ne pouvait plus se passer.

« Je ressens pas du tout ça, avec toi » murmura t-il. Il mit un certain temps à trouver comment formuler cette émotion assez troublante qui le prenait quand il était en compagnie d’Avalon. « Tout est à sa place. »


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Quand le doute roule sur nos épaules, campe dans nos têtes et prend un rôle [Roy et Avalon] Icon_minitimeLun 5 Avr 2021 - 20:45
Avalon est installée à côté de Roy, sur un banc en pierre dont la surface est fraiche sous la paume de ses mains. Elle a pivoté un peu les épaules pour pouvoir faire face à son petit-ami, qui l’observe pour le moment sans rien dire. Avalon aussi reste silencieuse ; ce n’est plus à elle de prendre la parole. Des questions, elle en a beaucoup et elle en a déjà posé certaines, maintenant, c’est de Roy dont elle attend des réponses.

Pourtant, ce n’est pas une réponse qu’il commence par lui donner. Bien au contraire, c’est un refus, pur et simple, qu’il prononce fermement sans la lâcher du regard. « Je peux pas te donner son identité » dit-il avec l’air de l’homme qui ne fera aucune concession. En face de lui, Avalon fronce les sourcils ; difficile de dire si elle est surprise, inquiète ou contrariée. Elle-même ne le sait pas vraiment. Elle comprend, pourtant, que Roy ne retient pas cette information par volonté de cultiver le secret ; il n’empêche que cet anonymat est voué à se poursuivre. Cette femme n’aura jamais de nom, ni de visage et ce n’est pas évident d’apaiser les craintes générées par un fantôme. La raison de ce secret n’est pas plus explicitée par Roy, laissant seulement à Avalon la possibilité de faire des suppositions en recoupant les informations qu’elle possède déjà. Or, supposer, Avalon fait ça très bien – il paraît qu’elle en a même fait son métier, et qu’elle l’exerce plutôt bien. Et justement, en tant qu’enquêtrice, Avalon est souvent amenée à tout savoir, à percer des secrets qui auraient sûrement mieux fait de rester enterrés. C’est facile, pour elle ; elle a accès à toutes les informations dont elle a besoin en à peine quelques secondes. Elle serait capable de dresser le portrait détaillé d’un inconnu croisé dans la rue en moins de vingt-quatre heures, moyennant l’accès à son téléphone et quelques questions ciblées qu’il suffit de poser aux bonnes personnes. Au fond, les secrets, c’est toujours plus difficile à conserver qu’à découvrir.

Si elle le voulait vraiment, il ne faudrait pas grand-chose pour qu’Avalon comprenne la relation qui agite tant ses pensées et sur laquelle Roy se montre si secret. Elle a déjà plusieurs éléments, des bouts d’explication qui lui permettraient d’expliquer une telle mascarade, il lui suffirait simplement de les mettre en relation, de les travailler un peu… Mais à quel prix ? Au prix de la confiance que lui accorde Roy, très certainement, qui, en lui témoignant son impossibilité à parler, lui demande aussi de respecter son silence. Au prix de leur relation, donc, à laquelle elle est pourtant terriblement attachée et qu’elle refuse de voir disparaître. Sacrifier leur histoire – présente – juste pour savoir celle qui a tant préoccupé Roy, dans le passé. Absurde.

Absurde, et pourtant difficile de ne se sentir prise par une curiosité pleine d’insécurités brûlantes. Avalon se mord la lèvre, le regard incertain. Elle finit par hocher doucement la tête, la gorge un peu nouée, le ventre un peu douloureux. Difficile, mais pas impossible. Tout repose sur la confiance qu’elle accorde à Roy, à leur relation et à leur lien. Et elle a l’impression de lui faire confiance. En tout cas, elle en a envie, et suffisamment pour ne pas s’accrocher à un savoir malsain qui, au fond, ne lui bénéficierait pas le moins du monde.

Alors, attentive, Avalon l’écoute, les yeux posés sur son visage éclairé par les lumières extérieures. Un an, exprime à nouveau Roy, comme il l’a déjà fait un mois plus tôt, chez elle. Un an, cela paraît terriblement court, à l’échelle d’une vie, et pourtant les mois qui ont vu naître leur relation ont dû être terriblement intenses pour les mener jusqu’à la réflexion du mariage. Même Roy le reconnait ; il a été très amoureux d’elle, au point de s’engager auprès d’elle dans un secret visiblement lourd à porter, et malgré tout ce qui semblait les séparer. C’est un choix qu’il a fait, à l’époque. Un choix amoureux, un choix passionné, visiblement. Un choix regrettable, dit-il finalement, laissant Avalon pensive de ce discours.

Ce que Roy lui fait, c’est le récit d’un homme un peu trop amoureux d’une femme qui n’aurait jamais dû entrer dans sa vie, qui a fait tous les choix possibles pour l’y intégrer, avant de se retrouver pris au piège d’une existence qui, finalement, n’a plus rien de celle qu’il a envie de mener. Le récit d’un homme peut-être un peu fragile – vulnérable ? – avec une très nette tendance à vouloir préserver les autres, au point de prendre les coups pour eux. Avalon peut se rattacher à cette image – elle peut même s’y identifier plutôt facilement, parce qu’elle a l’impression que, sur plusieurs de points et notamment ceux-ci, Roy et elle se ressemblent beaucoup. Et le problème, lorsqu’on est capable de tout donner par amour, c’est que parfois, on tombe sur des gens qui, eux, prennent tout. Prennent encore plus, même.

Et Roy le dit à demi-mots, mais ce déséquilibre dans leur relation, Avalon le perçoit dans les expressions qu’il utilise. « J’étais pas bien », « on n’avait vraiment pas une relation saine » « elle faisait rien pour me sécuriser ». Et c’est difficile – ça aussi, Avalon le sait – de reconnaître d’avoir été la victime d’une relation toxique. Surtout quand ladite relation a été aussi engageante que celle qui a failli mener jusqu’au mariage. Alors, à nouveau, Avalon se sent envahie par un sentiment d’empathie qui la pousse vers Roy, couplé par une indignation qui pince son cœur. Elle se contente de poser la main sur la sienne, retenant des gestes plus tendres, plus enveloppants, pas tant parce qu’elle se sent encore en colère contre lui que parce qu’elle a besoin de faire perdurer cette conversation pour achever de faire taire ses doutes qui, elle le sait, continueront à se manifester chez elle si elle ne le fait pas. Or, il est facile de s’oublier dans une telle situation ; Avalon se souvient que c’est exactement ce qui a retenu ses questions la première fois. Elle ne veut pas refaire l’erreur deux fois.

« Ce qui m’inquiétait c’était que… » Elle hésite sur ses mots. Ils sont difficiles à dire, et Avalon n’est pas toujours très à l’aise avec l’expression de ses faiblesses. « Tu ne retrouves jamais dans notre relation cette espèce d’évidence qu’il y avait entre vous, au moins au début. » Elle l’observe une seconde. « Ou au contraire, que tu recherches ça avec moi, comme pour venir combler quelque chose chez toi. Ça laisse un manque, parfois, ce genre de relation. » commente-t-elle avec un regard un peu troublé. « Je crois que j’ai peur qu’elle te manque ? Pas forcément ce que vous aviez, mais ce que vous auriez pu avoir, dans des circonstances différentes ? Ça a pas vraiment de sens. » déplore Avalon en secouant la tête, avec un petit rire d’autodérision. Elle observe Roy encore une poignée de secondes supplémentaires avant de lui demander : « Il s’est passé quoi entre vous, en fait ? Pour que votre relation change autant ? Parce que j’imagine que… Ce qui vous séparait, c’était là dès le début, non ? »


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Quand le doute roule sur nos épaules, campe dans nos têtes et prend un rôle [Roy et Avalon] Icon_minitimeMar 6 Avr 2021 - 14:48
Avalon a cette honnêteté dans son regard et dans l’expression de ses émotions qui la rend facile à lire pour quelqu’un d’un peu attentif. Roy, en particulier, n’est pas seulement observateur, il la connait aussi très bien, après toutes ces années d’amitié. Il peut deviner en les prononçant les mots qui ont de l’impact sur elle, il peut esquisser les pensées qui se formulent dans son esprit sans qu’elle ne les dise. Il sait que ce premier refus qu’il lui oppose la perturbe et la contrarie, il le voit dans le voile qui glisse sur ses grands yeux bruns. Il doit tenir bon, face à cette évidente expression de ses tourments, il doit résister à la tentation de lui donner toutes les explications dont Avalon a besoin pour se sentir plus tranquille, plus en confiance. Si les enjeux n’étaient pas si terribles, il aurait cédé sans réfléchir : il n’a aucun goût pour ce secret qu’il est obligé de garder. Il préférerait être totalement honnête avec Avalon, ne rien lui cacher, surtout pas sur un sujet aussi important.

Mais il le sait, les conséquences pourraient être terribles s’il parlait et c’est la seule chose qui lui permet de rester ferme face à elle. Là-dessus, il ne peut faire aucune concession car sont en jeu la vie de Juliana et l’intégrité d’Avalon. Il n’a aucune envie de devoir lui demander de préserver son secret avec lui et la confronter au risque de finir en prison si on découvrait sa trahison. Il vaut mieux encore qu’elle ne sache rien et pour cela Roy ne peut donner aucun indice. La moindre indication sur l’identité de cette mystérieuse fiancée pourrait suffire à l’orienter sur la bonne voie, il le sait : Avalon est enquêtrice, elle n’aurait aucun mal à reconstituer le puzzle à partir d’une seule première pièce. Au fond, elle pourrait même le faire sans cette pièce, si elle le voulait vraiment, en utilisant les moyens d’espionnage démentiels aux mains de la Milice. Le secret de Roy est fragile et ne tient qu’à la bonne volonté d’Avalon pour ne pas le percer. C’est cette prière qu’il lui adresse silencieusement, avec un regard insistant. Ne cherche pas à aller plus loin. Fais-moi confiance. Il espère de toutes ses forces qu’elle fera ce choix, malgré le sacrifice que cela lui demande.

Elle semble le faire, en hochant doucement la tête face à lui, avec une expression de frustration contenue. Roy la remercie d’une légère caresse sur sa main, d’un regard reconnaissant et d’une preuve de sa bonne foi envers elle en révélant tout ce qu’il peut lui dire sur sa relation passée. Il n’a pas vraiment le choix s’il veut faire partir ce nouveau couple sur de bonnes bases, même si l’exercice est difficile : il doit parler. Il a pris la décision un mois plus tôt de tout faire pour ne pas faire échouer sa relation avec Avalon. Cette chance qu’ils s’accordent en tentant l’expérience, malgré tout ce qui pourrait les retenir de le faire, Roy n’a aucune envie de la gâcher. Il est arrivé à un stade de sa vie où ses échecs accumulés lui laissent un profond sentiment de solitude et une vive amertume dont il veut absolument se défaire. Avalon est sa chance d’en sortir.

Mais elle est plus, beaucoup plus qu’une simple occasion de se sentir aimé et accompagné. Elle est tellement plus. Roy ne sait pas comment le lui dire. Il s’en rend compte au moment où elle l’interroge assez directement dessus. Il comprend le sous-texte dans les questions qu’elle pose d’une voix fébrile : qu’est-ce qu’elle représente pour lui ? Est-ce qu’elle n’est qu’un pansement après une passionnelle histoire d’amour qui a échoué ? Est-ce qu’elle n’est qu’un baume sur un vorace sentiment de manque, un bouche-trou sur ses insécurités ? Est-ce qu’il l’aime pour ce qu’elle est, ou simplement pour ce qu’elle lui apporte ? Et est-ce que, que ce soit Juliana ou Avalon, finalement, c’est du pareil au même ? Troublé, il ne répond pas tout de suite, il s’emmêle dans ses réflexions et dans ses mots :

« Non, je… Enfin, si, ça a du sens » assure t-il.

Ça a un sens qu’il a du mal à expliciter mais qui fait déjà tourner ses méninges. Il croit comprendre ce qui tracasse Avalon, derrière ses paroles un peu confuses. Elle se sent paralysée par une multitude de « et si » qui n’ont pas de sens en soi car on peut refaire un monde avec des « et si » mais qui traduisent malgré tout des inquiétudes tout à fait tangibles et compréhensibles. Après un bref instant d’hésitation, il fait part de ses suppositions, en l’interrogeant de son regard :

« Tu te demandes ce qui aurait pu se passer si on avait pas été dans une situation où on était obligés de se voir en secret. Tu veux savoir si on s'est séparés à cause des circonstances ou si c'est autre chose. »  

En résumé, elle a ce réflexe assez humain, bien que peu constructif, de vouloir se rassurer sur le fait que leur relation était vouée à l’échec quoiqu'il arrive. Roy peut comprendre : personne n’a envie de passer après une grande histoire d’amour suspendue par des contraintes extérieures au couple, un genre de grande d’histoire qui aurait pu perdurer dans d’autres circonstances mais qui avait été empêchée par une simple malchance. Pourtant, ce n’est pas ainsi que les choses se sont passées, mais Avalon ne semble pas le saisir encore. Par les questions plus directes qu’elle pose, Roy comprend qu’il y a encore des choses qu’elle a besoin de comprendre et de savoir pour pouvoir le croire.

Conscient qu’un moment crucial se joue là et qu’il doit peser ses mots, il se laisse aller contre le dossier du banc, perdu dans des réflexions qu’il essaye d’ordonner. Doucement, il attrape la main qu’Avalon a posée sur la sienne, cherchant dans ce tendre contact le courage de s’exprimer. Un peu machinalement, il se met à retracer du pouce les lignes de cette jolie main féminine dans lesquelles il perd son regard pensif.

« Oui c’était là dès le début, confirme t-il, mais on le voyait pas. Ou on voulait pas le voir et continuer de croire qu’on serait plus forts que ça… On était aveuglés, pas très rationnels, je pense. C’est… pas évident d’expliquer ce qui s’est passé. Il s’est pas produit un truc brusquement qui nous a ouvert les yeux, ça a été progressif. »

Outre le fait que poser des mots sur ce qu’il a ressenti n’a rien de facile pour Roy, le processus qu’il tente de décrire a quelque chose d’un peu insaisissable. Il s’efforce malgré tout de l’expliciter le mieux possible :

« On se disputait de plus en plus. On a fini par perdre patience sur des trucs qu’on tolérait jusque là. Puis les jours passent dans cette ambiance qui devient de plus en plus merdique jusqu’à arriver à un point où tu te demandes juste pourquoi tu te casses autant le cul, en fait. » Il hausse vaguement les épaules, au souvenir de cette lassitude qui avait gagné son coeur jusqu’à lui faire perdre le plaisir qu’il pouvait ressentir dans cette relation. « Il y avait plein de trucs qui fonctionnaient pas. Elle attendait des choses de moi que je pouvais pas donner. » Abandonner la mafia, abandonner sa famille de coeur, trahir ses amis. « Ça me mettait beaucoup de pression, j'ai fait des choix que je regrette et je me reconnaissais plus. J’ai fini par détester ça, cette sensation d’être… quelqu’un d’autre. Ou de devoir être quelqu’un d’autre. »

Il secoue la tête, pris, comme à chaque fois qu’il revient là-dessus, d’un sentiment de gêne et de honte.

« Elle me manquera pas, affirme t-il en relevant les yeux sur Avalon. C’est pas seulement la faute aux circonstances, il aurait fallu qu’on soit d’autres personnes pour que ça marche. C’est quand j’ai compris ça que je suis parti, Av’. » En l’énonçant pour la première fois aussi clairement comme s’il en prend vraiment conscience, cette phrase lui paraît si juste qu’il finit par la répéter : « C’est ça qui m’a fait partir. »

Il revient alors sur ce qui fait l’objet d’inquiétudes chez Avalon, en faisant preuve de toute l’honnêteté dont il est capable :

« Alors peut-être que je m’en serais pas rendu compte dans des circonstances différentes et que je serais resté. Mais du coup, je suis plutôt content que ça se soit pas passé comme ça. »

Rester enfermé dans une relation toxique, très peu pour lui. Maintenant qu’il a pris conscience de tout ça, il se sent plutôt reconnaissant à la vie de lui avoir permis de s’éloigner plus vite. Il se connait : il aurait pu se consumer dans cette relation, avec ce caractère entier et passionné qu’il a, ce manque d’alerte parfois sur ce qui est malsain ou ne l’est pas, et ce manque d’attention au respect de ses propres limites ou de celles des autres.

En repensant à ce qu’Avalon avait exprimé, il revient ensuite sur un mot qui l’a interpelé et lui fait froncer les sourcils en rebondissant dessus :

« Tu parles d’évidence mais j’utiliserais pas ce mot pour décrire ce que j’avais avec elle, au contraire c’était plutôt… Contre-intuitif au possible, dit-il avec un sourire un peu amer. Tout nous séparait. C’était… passionnel, oui. Évident, non. »

Occupé à observer l’effet de ses paroles sur Avalon, mais surtout à réfléchir à tout ce qu’il a envie de lui dire, Roy est pris d’un silence hésitant. Les doutes qu’elle a exprimés tout à l’heure l’ont perturbé. Il n’a pas l’habitude de faire son introspection s’il n’y est pas poussé par quelqu’un d’autre ou par des événements extérieurs. Aussi, il s’est contenté de vivre ce premier mois de couple avec Avalon sans trop se poser de question, ni faire l’exercice d’examiner ce qu’il ressent à ce sujet, il s’est comme d’habitude, contenté de profiter pleinement des moments présents et s’est laissé porter dans ce qui lui paraissait -pour le coup- très évident. Il n’a pas eu ce dialogue avec lui-même, pour s’avouer tout ce sur quoi Avalon l’interroge. Et pourtant, il n’a pas à chercher très loin en lui pour savoir : cet élan qu’il a pour elle est si présent, si fort, si étendu qu’il n’a aucun mal à l’identifier.

Mais le décrire avec des mots, c’est une toute autre paire de manches.

Pourtant, malgré sa pudeur, malgré cet instinct en lui qui le pousse à éviter tout ce qui s’apparente à un discours trop sentimental, à cet instant, Roy a envie de parler. Avalon est là, face à lui, pleine de doutes et attendrissante à la fois, hésitante et touchante, elle lui apparaît très humaine et d’une certaine manière, très belle aussi. Elle lui dévoile avec incertitude mais aussi beaucoup de sincérité des fragilités chez elle, dans l’espoir qu’il les apaise, et Roy se sent incapable de ne pas répondre à cet appel. Il a terriblement envie d’embrasser cette vulnérabilité chez elle, de l’enclore entre ses mains et la voir se transformer sous l’effet de ses attentions et ses caresses en une indestructible confiance en elle. En elle et en eux.

Roy est lassé de parler de son passé avec Juliana. Il veut parler d’Avalon, de leur présent et même, de leur avenir qui mérite amplement ce qualificatif qu’il reprend :

« Toi et moi, c’est évident. » Sa main qui jouait avec la sienne se redresse, ses doigts s’ouvrent pour se nouer doucement à ceux d’Avalon et ses mots sont lents, malgré son coeur qui s’emballe soudainement. « Tout ce que je trouve difficile d’habitude dans une relation, c’est facile avec toi, je ne sais pas comment dire, c’est… comme si on était pareils, un peu ? » Il sait qu’Avalon l’a ressenti aussi, il le sent dans les regards qu’ils échangent ou dans les rires qu’ils partagent. Elle aussi, elle découvre avec un peu d’émerveillement tous ces nombreux points communs qu’ils partagent, ces valeurs communes qui les animent, cette facilité qu’ils ont à parler d’absolument tout, même de ce dont ils ne parlent à personne ou presque, à se comprendre sans trop en dire, à saisir le sous-texte, à anticiper les besoins de l’autre. Roy le sait, il n’a jamais expérimenté ce type de complicité avec une femme et il l’avoue, très directement : « J’ai jamais ressenti ça avec une femme. La relation qu’on a, là, ça dépasse toutes les attentes que j’avais avant qu’on se mette ensemble et ça va bien au-delà d’un manque que tu viendrais combler ou… quoique ce soit du genre. » Il s’interrompt, à la fois troublé par toutes ces paroles qui sortent de sa bouche et qu’il s’est à peine avoué à lui-même et emporté dans un élan difficile à arrêter. « Tu es beaucoup plus que ça pour moi. Je sais que… Enfin, je comprends que ça puisse faire flipper ce truc intense que j’ai eu avec mon ex et aussi… -comment parler poliment de ses plans cul ? songe t-il brièvement- toutes les meufs que j’ai connues, globalement. Mais je te jure, t’as rien à envier à personne, Av’, je t’aime tellement, je sais même pas comment te le dire, même moi je sais pas d’où ça vient, c'est n'importe quoi, mais tu es parfaite, vraiment. »

Il a paniqué, mais c'est dit.


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Quand le doute roule sur nos épaules, campe dans nos têtes et prend un rôle [Roy et Avalon] Icon_minitimeMar 6 Avr 2021 - 19:49
Roy n’est pas le seul pour qui l’action d’exprimer ses sentiments n’est pas évidente ; Avalon non plus n’est pas très à l’aise avec l’expression brute de ses vulnérabilités. Pourtant, elle parle beaucoup et est plus habituée aux bavardages qu’aux silences lourds de sens qui s’immiscent entre ses mots ce soir. Ils sont impossibles à chasser d’un sourire, d’un geste de la main ou d’un mouvement d’épaules et témoignent justement de cette difficulté à dire, à avouer, à confier ce qui est douloureux. Elle n’aime pas ce qu’elle expose d’elle, ni de ce que ses peurs viennent révéler de sa personnalité. Ce manque d’assurance, de confiance, paraît très éloigné de ce qu’elle montre au quotidien de son caractère fort, affirmé et résilient. Il s’agit de parts plus sombres, plus instables aussi, qui demandent réassurance et soutien. C’est bien là tout le problème ; Avalon déteste demander de l’aide. Elle déteste, ou alors elle ne sait pas comment faire. Ce n’est pas complètement de sa faute – à elle et à sa fierté mal placée – il faut dire qu’elle a dû apprendre très tôt à se débrouiller seule. Chez les Davies, on ne demande pas d’aide ; on fait. Sauf que ce fonctionnement a ses limites, et notamment lorsqu’il s’agit de craintes qui échappent complètement à son contrôle. Alors Avalon, timidement, soumet à Roy ces questions qui la taraudent. Son rire pourtant plein d’autodérision cache une vérité essentielle : oui, ce qu’elle avance n’a pas de sens – objectivement – mais en prend pour elle.

Et Roy le comprend, relève la tête vers elle et l’interroge directement sur ses questionnements. Mal à l’aise, Avalon finit par hocher la tête. Oui, c’est exactement ce qu’elle veut savoir. C’est humain ; elle a besoin de sentir qu’elle n’est pas un simple second-choix. Plus encore, elle a besoin de s’assurer de la réciprocité de ses sentiments chez Roy. En amour, Avalon est très instinctive, très entière aussi, alors il lui semble qu’elle n’a pas eu besoin de beaucoup de temps pour comprendre que c’est Roy, sa grande histoire d’amour. Le constat en lui-même est déjà plutôt impressionnant – parce que c’est rapide, parce que c’est très engageant – mais Avalon ne cesse de le faire dans les moments où, prise d’une pensée amoureuse, ses yeux se posent sur son compagnon. En revanche, douter de la réciprocité de ce sentiment a de quoi la rendre folle parce que malgré tout, il y a toujours une petite voix qui lui souligne – et c’est vrai – qu’elle n’est pas la première femme que Roy aime et que d’ailleurs, il aurait sûrement voulu en épouser une autre, si on lui avait laissé le choix. Curieusement, Avalon est sa propre pire ennemie car depuis le début de leur couple, Roy n’a rien montré d’autre envers elle qu’une sincère attention. Mais les angoisses ne répondent pas à une quelconque logique.

En revanche, elles sont sensibles au discours de Roy, qu’Avalon écoute attentivement, les yeux posés sur leurs mains nouées. Elle n’est pas surprise du tableau qu’il lui peint de cette relation, parce qu’il reprend des éléments qui se devinaient déjà dans ses précédentes confessions. La pression, la culpabilité, la colère viennent teinter tour à tour les mots de Roy, qui semble gêné, honteux de cet aveu de faiblesse. Doucement, Avalon presse ses doigts dans les siens, dans un geste de réconfort. Elle ne peut pas lui dire de ne pas avoir honte – elle-même ressent un sentiment similaire lorsqu’elle doit évoquer sa relation avec Thomas – en revanche, elle peut lui assurer son soutien.

Mais Roy ne s’y attarde pas et poursuit en reprenant les mots exacts d’Avalon. « Elle me manquera pas » lui assure-t-il en la regardant. Plus encore, c’est l’homme qu’il était quand ils étaient ensemble qui ne lui manquera pas et qu’il semble ne vouloir retrouver pour rien au monde. C’est finalement cet élément qui achève de dénouer la tension accumulée au creux de son estomac. Car c’est une chose, de se séparer de quelqu’un parce que les circonstances extérieures empêchent l’épanouissement d’une relation. C’en est une autre que ce même épanouissement soit originellement rendu impossible par deux caractères complètement incompatibles. Ce n’était pas le contexte qui avait rendu leur histoire impossible ; elle l’était par essence. Le secret n’a fait que rendre cet aspect visible plus rapidement ; un point positif que souligne Roy et qui tire finalement un sourire empathique à Avalon lorsqu’il qualifie sa relation de contre-intuitive. Elle le sent curieusement apaisé, comme soulagé d’avoir pu raconter cette histoire qui a occupé plusieurs mois de sa vie dans le plus grand secret. Avalon aussi est apaisée, du moins c’est l’impression que lui donne ce poids qui semble s’envoler de sa poitrine. Elle n’a pas vraiment conscience d’avoir besoin d’en entendre plus – ou peut-être qu’elle le sait mais ne le reconnait pas entièrement. C’est impensable pour Avalon de demander à Roy : « comment est-ce que tu m’aimes, moi ? » et pourtant, c’est la question qui lui brûle les lèvres, la tête et le cœur. Elle a compris pourtant ce qu’il a énoncé au sujet de son ex-fiancée. Elle l’a entendu et le digère désormais avec les mots qu’il a été capable de lui offrir. Mais cette histoire n’est pas uniquement à l’origine du malaise qu’Avalon ressent sur la place qu’elle occupe auprès de Roy. C’est plus profond, évidemment. Ça remonte à des années et s’ancre dans des relations bien plus anciennes et très personnelles qui lui ont donné cette impression de ne jamais être celle qu’on choisit – de sa conception que ses parents n’ont pas choisie, à son prénom qui lui a été attribué aléatoirement, jusqu’à toutes ses relations qui n’ont jamais vu le jour parce qu’on lui préférait quelqu’un d’autre. Ce n’est pas une fragilité facile à avouer ; alors, Avalon ne la dit pas.

La conversation aurait pu s’arrêter là.

Sauf que Roy la poursuit, en enlaçant leurs doigts et en soufflant quelque chose qui vient réveiller une chaleur dans le cœur d’Avalon. « Toi et moi, c’est évident » dit-il en reprenant ce qualificatif d’une voix lente et grave, qui emplit le silence. Avalon se tourne plus franchement vers lui, particulièrement attentive de ce moment qui n’évoque plus le passé mais leur présent. Elle a l’impression d’être suspendue à ses mots, qui s’enchaînent, s’accélèrent, s’emmêlent un peu les uns aux autres. Il y a quelques sourires, quelques hésitations, quelques regards, et beaucoup de vérités dont ils ont conscience tous les deux mais qui n’ont jamais été énoncées aussi clairement. Ils sont pareils ; Avalon l’approuve d’un léger hochement de tête, en soufflant du nez comme pour rire tendrement et sans l’interrompre. C’est vrai qu’ils sont pareils – sensibles aux mêmes endroits, portés par les mêmes principes, animés par les mêmes valeurs, capables de comprendre l’autre autant dans les moments où ils se parlent que lorsqu’ils se taisent. Ils sont pareils, et c’est peut-être ça qui permet à Avalon de prendre conscience que finalement, ses doutes ne reposent sur rien d’autres que ses propres angoisses. Leur relation est équilibrée mais plus encore, elle est réciproque.

Roy le lui affirme en lui assurant qu’elle est « beaucoup plus que ça pour lui ». La lueur d’un sourire vient éclater sur les lèvres d’Avalon, alors que son partenaire se lance dans un phrasé beaucoup plus rapide, presque saccadé, qui témoigne de sa fébrilité. Avalon se fige. Ses yeux se mettent à briller un peu plus, son visage s’éclaire. Elle ne sait pas si Roy conscience de l’effet de ses mots mais ils agissent comme un véritable baume pour la jeune femme et viennent réparer tout ce qui lui paraissait si friable quelques minutes auparavant. Il l’aime. Non, il l’aime tellement que lui aussi en perd ses mots et lui offre cette tendre incrédibilité qui le saisit. Il répète qu’il ne comprend pas, et Avalon sourit encore plus ; elle non plus ne comprend pas. En revanche, elle sait.

Quand Roy s’interrompt sur un dernier compliment, Avalon a un sourire éclatant accroché aux lèvres, qui fait gonfler ses pommettes et réchauffe l’atmosphère. Ses yeux brillent de mille nuances amoureuses, ses joues ont perdu leur pâleur pour se colorer d’un rose plus soutenu. Avalon se sent heureuse.

Alors, elle se met à rire. C’est un rire conquis, ému, troublé, amoureux qu’elle étouffe pudiquement en mordant brièvement sa lèvre. Son cœur bat un peu vite et, à son tour, les mots se bousculent dans sa gorge. L’émotion les empêche de sortir trop vite, alors Avalon libère sa main pour venir la poser contre la joue de Roy, qu’elle caresse doucement.

« Tu… » commence-t-elle. Elle secoue la tête, baisse brièvement les yeux avant de revenir retrouver le regard de Roy. « Tu es merveilleux. » souffle Avalon en glissant ses doigts dans ses cheveux sombres. « Merci pour… Pour tout, vraiment. Je crois que j’avais vraiment besoin qu’on parle de tout ça… C’était important pour moi de savoir où tu en étais, un peu et puis… J’arrivais pas être vraiment rationnelle, sur toute cette histoire. » avoue-t-elle avec un sourire contrit. « Je me sentais juste… Menacée, tout le temps. » Parce que Roy a été aussi sincère et honnête avec elle, elle lui avoue dans un murmure un peu gêné : « Je crois que j’ai l’habitude de ne pas être… Choisie. » C’est encore plus douloureux de le dire à voix haute. « Et je pense que ça ne me dérangeait pas vraiment jusqu’ici parce que… Au fond, ça m’arrangeait, cette porte de sortie. C’était facile. Mais toi et moi… Tu es tout ce dont j’ai toujours rêvé, Roy. Parfois, ça me paraît fou d’avoir mis autant d’années à m’en rendre compte. » commente-t-elle avec un petit sourire. « Alors… Alors oui, moi j’ai l’impression que c’est nous, ma grande histoire d’amour. Et tout ce qu’il y avait autour, ton ex, ce qu’on disait de nous… Je sais pas, c’est venu se mettre en travers de ce qu’on vivait, un peu. » Elle secoua à nouveau la tête. « Je sais, c’est absurde, au fond. Surtout maintenant que je sais ce qu’il s’est vraiment passé entre toi et elle. » ajoute Avalon, en accentuant sa caresse. « Je suis vraiment désolée, que tu aies vécu ça… On devrait jamais avoir à changer pour être aimé… Je suis soulagée, moi aussi, que tu sois sorti de là. Pas juste parce que ça nous permet d’être ensemble. » fait-elle en riant doucement. « Mais parce que tu es une personne admirable… Alors que je suis heureuse de t’aimer pour tout ce que tu es vraiment. » L’aveu lui tire un nouveau grand sourire, qui se transforme en rire sur sa remarque suivante : « Alors bon, d’accord je crois que si ton ex revenait dans les parages demain, je ne craindrais pas tant pour notre relation que pour sa vie à elle, parce que j’aime pas vraiment qu’on s’en prenne aux gens que j’aime. » Elle s’adoucit en se rapprochant de lui, jusqu’à effleurer son nez avec le sien.

Un moment de silence les enveloppe.

« Je crois que je ne suis jamais sentie aussi aimée. Merci. »


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Quand le doute roule sur nos épaules, campe dans nos têtes et prend un rôle [Roy et Avalon] Icon_minitimeJeu 8 Avr 2021 - 19:40
Les mots s’écoulent sans que Roy ne puisse les arrêter. Il est lui-même surpris d’oser dire autant de choses sur un sujet aussi intime et traumatisant. Sans doute, cette volubilité s’explique par le fait qu’il ait gardé ce secret au fond de lui pendant bien trop longtemps. Maintenant qu’il s’autorise à en parler, c’est comme si toute sa frustration accumulée de n’avoir rien dit pendant des mois le pousse à ouvrir toutes les vannes. Il se lâche, littéralement. Il libère toutes ces émotions enfouies, il parle, enfin, de ce qui a fini par pourrir au fond de lui, sous le poids d’un secret douloureux. Poser des mots dessus est aussi difficile que libérateur. Il sait qu’entre les mains d’Avalon, cette confidence est bien placée, il se sent écouté et cette compassion qu’elle exprime à travers son silence soucieux et son regard dans le sien lui fait du bien et le pousse à être totalement honnête avec elle.

Il n’avait pas du tout prévu de lui ouvrir son coeur au point de lui faire une telle déclaration d’amour, au beau milieu de ce jardin. Un silence résonne sur ces derniers mots qu’il a prononcés un peu trop vite, sous le coup d’une émotion qui fait battre son coeur un peu trop fort. Pourtant, ce n’est pas la première fois qu’il lui dit qu’il l’aime. Il se souvient de cette première nuit qui les a réunis, au moment même où il s’est élancé vers elle pour partager leur premier baiser, il se souvient que ces mots lui ont échappé à ce moment-là, comme un cri du coeur. Il se souvient de quelques autres fois où ils ont à nouveau glissé entre ses lèvres, au creux d’un soupir brûlant, au rythme d’une danse intime sous leurs draps. Tous ces moments n’ont pas grand-chose de comparable avec celui qu’ils sont en train de vivre, assis sur ce banc, à entretenir une difficile et sérieuse conversation. Ils ne sont pas emportés par des sentiments passionnés et des élans charnels où ces mots d’amour trouvent naturellement leur place.

Il n’y a pas de contexte, dirait Roy. Ils sont simplement en train de parler. Et dans cette suite de mots qui confient leurs fragilités et les exposent, ce « je t’aime » a un impact particulièrement fort qui a un effet immédiat sur les deux tourtereaux.

Le sourire d’Avalon s’étire et révèle des nuances éclatantes que seul un oeil amoureux peut percevoir. Aux yeux de Roy, elle irradie littéralement d’une beauté qui le frappe en plein coeur et qui le laisse muet, niais même, face à elle. Elle lui souffle un compliment qu’il a lui-même sur le bout des lèvres : lui aussi, il la trouve absolument merveilleuse. Pleine d’un charme merveilleux, d’un rire merveilleux et de qualités merveilleuses que tout son discours lui rappelle. Il la trouve délicieusement sincère, affectueuse, touchante et attentive dans tout ce qu’elle lui dit. Il cueille tour à tour dans ses mots des compliments et des preuves de compassion qui sont comme un baume sur lui. Certaines phrases le marquent plus que d’autres et s’impriment en lui avec une force qui les rend indélébiles.

Il est tout ce dont elle rêve. Il est sa grande histoire d’amour.

Il y a quelque chose qui surpasse n’importe quel « je t’aime » dans des mots aussi forts que ceux-ci. Roy les répète dans sa tête et les observe sous tous leurs angles, jusqu’à ressentir l’apaisement et la tranquillité qui accompagne des sentiments réciproques. Oui, ces mots font sens pour lui aussi. Ils décrivent une relation qu’il perçoit lui aussi comme spéciale, unique et pleine de promesses d’avenir. Se projeter avec Avalon n’a rien de délirant, ni même d’inquiétant, c’est, comme il l’a dit, tout simplement une évidence.  

Lui aussi, il a envie de lui dire merci, pour ce qu’elle lui apporte d’amour et de sécurité, et parce qu’il est touché : peu de gens lui ont dit l’aimer pour ce qu’il est vraiment, et certainement pas les femmes qu’il a aimées et qui ont fini d’une manière ou d’une autre par ne plus le supporter. C’est à son tour de laisser un sourire s’épanouir sur son visage et faire pétiller le regard qu’il pose sur elle. S’échappe de ses lèvres un compliment qu’il allait devenir récurrent entre eux :

« Toi… Tu es vraiment la meilleure femme. »

Elle est si proche de lui qu’il n’a qu’à avancer légèrement le visage pour atteindre ses lèvres et laisser cet immense bonheur et ces fervents sentiments s’exprimer dans un langage qu’il manie un peu mieux que des mots. Roy retrouve avec plaisir chez Avalon le sucre de ses lèvres, la chaleur de son souffle, le velouté de sa peau, toutes ces sensations devenues familières mais qui lui paraissent encore plus savoureuses et précieuses après le moment intime qu’ils viennent de vivre. Il se perd dans ces baisers qu’il ne résiste pas à multiplier entre deux sourires, en se ravisant plusieurs fois à parler. Un rire finit par lui échapper, une pensée amusante le pousse à reprendre la parole, sans vraiment s’éloigner d’Avalon, le front posé contre le sien, pour rappeler un souvenir pas si lointain :

« Hum… Tu te souviens le mois dernier quand on s’est dit qu’on éviterait d’aller trop vite ? Et nous voilà maintenant à nous faire des déclarations d’amour hyper profondes. Ah la la… On est irrécupérables. » Il se souvient encore d’eux, après une longue conversation assez similaire où ils se sont ouverts leur coeur et ont révélé leurs doutes, pour conclure par la promesse de faire attention à ne pas se perdre dans un amour trop entier et sans concession. « Mais c’est très bien comme ça. » Car il lui semble malgré tout que leur relation n’a pas grand-chose à voir avec leurs écueils précédents, d’ailleurs il n’a jamais communiqué aussi clairement et sainement avec qui que soit. Après un dernier baiser, il recule légèrement pour pouvoir contempler son visage. « Ne t’inquiète pas, je te choisis dix fois face à n’importe quelle femme. Encore plus face à une Cindy » précisa t-il, en référence au moment embarrassant qui était à l’origine de cette conversation. « Je veux dire, pardon, mais tu as clairement le plus beau cul du monde. Après le mien, bien sûr. »

C'est plus fort que lui, il se sent obligé de faire des blagues pour contrebalancer la conversation bien trop sérieuse qu’il venait d’avoir. Pourtant, un semblant de sérieux revient dans son regard et son expression, alors qu’il conclue leur échange en exprimant à son tour sa reconnaissance :

« En vrai… Merci à toi aussi. »

Il lui offre un léger sourire, avant de l’attirer dans ses bras, en se laissant aller contre le dossier du banc.


Roy Calder

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Quand le doute roule sur nos épaules, campe dans nos têtes et prend un rôle [Roy et Avalon] Icon_minitimeJeu 8 Avr 2021 - 21:58
Parler d’amour, ce n’est pas évident. Il y a peut-être des personnes pour qui les mots viennent plus simplement – et surtout plus vite. Pas chez Avalon. Ce n’est pas qu’elle n’y arrive jamais, ce n’est pas non plus qu’elle incapable de les dire, c’est seulement qu’elle les retient beaucoup. Inconsciemment, sûrement, parce que c’est une manière de s’exposer qui la rend particulièrement vulnérable. Et puis, parce qu’elle n’a pas vraiment l’habitude non plus d’exprimer son amour ainsi. Avalon dit aux autres qu’elle l’aime à travers ses gestes. Ses langages de l’amour, à elle, ce sont les attentions, le soutien, l’écoute, et la loyauté indéfectible. Les mots, eux, viennent plus tard et beaucoup plus rarement, comme les marques pudiques de sentiments parfois trop forts pour être formulés. Pourtant, ils sont là ; dans ses sourires, dans les rires qui s’échappent d’elle, et puis dans les regards qu’elle pose sur Roy. Ils sont là, ils imprègnent ses contacts, mais elle ne les manie pas facilement.

Sauf que ce soir, ils cessent de tourner dans son esprit pour se glisser entre ses lèvres. Sous le coup de l’émotion, Avalon parle un peu vite et son cœur bat un fort dans sa poitrine. Elle se sent un peu fébrile, elle aussi, de tout ce qu’elle témoigne ainsi, sans pudeur. Alors, Avalon ne parle pas beaucoup d’amour mais il semblerait que, lorsqu’elle le fait, elle ne peut le faire qu’en accord avec sa personnalité : de façon entière, sans retenue et sans parcimonie. Les mots qu’elle prononce sont lourds de sens, Avalon en a bien conscience mais, étonnement, elle n’a pas peur de les partager. Elle n’a pas l’impression de se sentir plus vulnérable maintenant que lorsqu’elle lui exprimait ses doutes quelques instants plus tôt ; au contraire, sa confiance en elle, en eux, semble renouvelée par leur conversation. Cette sensation est délicieuse et l’emplit d’une envie presque urgente à lui témoigner sa reconnaissance. C’est ce qu’elle fait finalement, en rapprochant son visage du sien, dans un souffle qui vient caresser les lèvres de Roy.

Avalon sourit toujours lorsqu’un dernier compliment s’échappe des lèvres de son petit-ami, avant qu’il ne se penche vers elle pour sceller leurs déclarations d’un baiser. Elle grave ses mots qui ont remué quelque chose en elle, et répond à son étreinte en faisant glisser ses mains dans sa nuque. Après cette longue conversation riche en émotions, tantôt tendue, tantôt douloureuse, puis très amoureuse, Avalon retrouve avec plaisir ces contacts familiers qui lui ont manqué alors qu’ils étaient occupés à explorer leur lien par la parole. Ils s’expriment plus facilement ainsi et, dans le baiser qu’ils partagent, Avalon sait y faire passer toute la tendresse qu’elle ressent pour Roy. Ses doigts se perdent dans ses cheveux sombres alors qu’il se recule légèrement pour venir poser son front contre le sien. Son commentaire lui tire un rire un peu contrit. Au fond, elle n’est pas vraiment désolée non plus de cet état de fait ; elle savait dès la première semaine que cette promesse serait difficile à tenir.

« Chhhhht. » souffle-t-elle quand même en souriant. « On mérite quand même un bon point pour l’effort. » Mais le naturel revient trop vite, ils en sont tous les deux conscients. Si vite que déjà, Roy glisse une plaisanterie moqueuse qui lui vaut un coup de coude dans les côtes. Pas parce qu’elle en est outrée ; c’est plutôt de sa conclusion qu’elle s’offusque. « Menteur. Avant le tien. » corrige-t-elle en haussant les sourcils.

Ce petit échange amusé prend fin sur une dernière parole sérieuse de Roy, qui la dévisage avec intensité. En guise de réponse, Avalon caresse doucement sa joue. Ce « merci » est précieux. Il paraît vaste, important, et semble s’adresser autant à elle qu’à leur relation. Elle le reçoit avec tendresse, le chérit silencieusement.

Après un dernier sourire partagé, Avalon se laisse entraîner contre Roy. Ils se blottissent l’un contre l’autre, les yeux perdus dans le jardin qui s’étend devant eux. Ils commencent à percevoir, de loin, les premiers bruits qui annoncent le début de la soirée aux Folies Sorcières. Le cabaret doit être en train de se remplir ; bientôt le jardin aussi sera rejoint par des clients qui, un verre à la main, voudront profiter des températures douces de cette fin du mois de mai. Alors, en silence, Roy et Avalon savourent leur moment de quiétude où leur étreinte n’est pas soumise aux regards. Finalement, la jeune femme finit par tendre un bras vers la colonne en pierre où elle a déposé son verre en s’installant. Machinalement, elle le porte à ses lèvres pour en avaler une gorgée. Le goût est particulièrement fort et lui tire une grimace. Avalon préfère ses boissons plus sucrées.

« Ah mais… C’est mauvais ? » Elle tourne un visage sceptique vers Roy. « Pourquoi j’ai commandé ça ? Allez, tiens, je te l’offre. Je l’ai réglé alors c’est cadeau, ne me remercie pas. » Elle dépose un baiser sur ses lèvres et un autre, sur sa joue. « Tu m’accompagnes chercher quelque chose de buvable ? »

[RP TERMINE]


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