Le deal à ne pas rater :
Réassort du coffret Pokémon 151 Électhor-ex : où l’acheter ?
Voir le deal

Brother, I want to understand [Roy]

Jayasimha Vijayan
Jayasimha VijayanGrand sage mafieux des montagnes
Messages : 40
Profil Académie Waverly
Brother, I want to understand [Roy] Icon_minitimeSam 31 Oct 2020 - 0:08
20 Avril 2011, après la sortie d'Avalon

Les jours avaient passés dans un écoulement régulier et anodin, sans évènements spécifiques, sans déclaration grandiose, sans prise de décision. Jayce savait que Roy avait fait la démarche de confier à Fergus son petit problème intercontinental, il le lui avait dit, mais ses révélations en étaient restées là et Jayce, qui connaissait bien l’animal, en avait conclu qu’aucune révélation n’était apparue aux yeux troublés de son ami. Bref, Roy errait toujours, indécis, entre les tapis rouges et les tables de blackjack des Folies Sorcières, avec quelque part loin de lui une femme enceinte et dans la tête le choix terrible qui en résultait. Conséquence de quoi son teint ne s’éclaircissait pas, le souci de son regard s’intensifiait en conséquence, et Jayce se faisait une fois de plus le témoin silencieux de ces couches que Roy accumulait sans les extérioriser vraiment, douleurs sur douleurs, et qu’il traitait en silence, le visage bas et les traits tendus.

Dans tout ce magma il y avait une chose qui avait changé, ou qui du moins rendait l’acuité de Jayce attentive et suspicieuse, c’était l’attitude qu’empruntait son ami dès qu’il était question d’Avalon. Il retrouvait alors quelque chose de ses habitudes passées, à la commissure des lèvres et dans la spontanéité du rire. Jayce s’amusait de cette découverte, et s’en satisfaisait d’autant plus qu’elle semblait mettre un baume sur le cœur de son ami, et rien actuellement ne lui semblait plus important pour Roy qu’une main tendue pour l’aider à s’extraire du trou profond dans lequel il s’ensevelissait un peu plus chaque jour.

Cette nouvelle relation qui se créait entre eux, ça non plus, il n’en parlait pas trop. Il se faisait discret à ce sujet, ne s’affichait pas nécessairement mais Jayce sentait que des choses se mettaient en place. Il s’interrogeait sans questionner Roy, respectueux comme toujours de son silence et attendant qu’il juge utile de s’ouvrir, éventuellement. Le reste du temps il l’observait naviguer entre les affaires qui menaient bon train (les échanges avec leurs partenaires étrangers se rôdaient à la perfection et il semblait que depuis qu’elle avait eu ses jumeaux, Mildred disposait d’un peu moins de temps pour leur imposer ses réclames,) et ses problèmes personnels.

Parfois il mélangeait les deux, comme c’était le cas aujourd’hui, enfermé dans le bureau avec Avalon, théoriquement occupés à vérifier amicalement quelques points d’accords pendant que Jayce, dans une autre salle qui surplombait le casino et dont la baie vitrée couvrait tout l’espace des tables de jeux et des machines à sous, comptait tranquillement avec Fergus le gain de « protection » récupéré chez les commerçants de la voie des miracles.

- Et Powels, il a apporté son enveloppe ? » Jayce avait passé dans la compteuse magique une liasse épaisse et il lui semblait bien ne pas avoir croisé le bookmaker de la semaine.
- Que dalle. Tu vois bien que ça manque.
- Je vois, je vois bien.
- Toni est passé l’autre jours pour le récupérer, mais il était en vacances avec sa femme et ses gosses, figures toi, lui indiqua Fergus d'un ton morne.
- C’est une blague ?
- Non.
- Il a du culot, celui-là. » Jayce avait reculé sur sa chaise en levant vers Fergus un regard accroché d’un sourire mi-figue mi-raisin. « Personne ne l’a vu depuis ? »
- Si, tu penses bien qu’on n’est pas resté les bras croisés à attendre que ça se passe. On l’a retrouvé dans un hôtel pourri sur la côte espagnol, et hier il était sagement de retour à Bristol.
- Il nous doit combien ?
- Cinq briques. Plus quatre de dédommagement : Toni lui a expliqué.
- Bon. Une fois qu’il aura payé vous lui envoyez Ignacio. » Tout en rangeant les liasses dans une mallette, Fergus hocha la tête pour signifier qu’il avait compris. Jayce se leva en soupirant. « Je vais aller prévenir Roy, dit-il. Je te laisse terminer ça. »

Il s’interrogeait sur l’aspect judicieux de pousser la porte du bureau, close depuis un certain temps maintenant, alors que seuls, Avalon et Roy « discutaient » à l’intérieur. Mais ses doutes s’effacèrent lorsqu’il aperçut Avalon qui en sortait, le pas vif, le visage sombre et l’expression fermé. Jayce fronça les sourcils et la laissa passer sans l’intercepter, à distance. Peut-être arrivait-il au bon moment. Il avait une vague idée de ce qui avait pu causer un trouble aussi chargé d’embruns de tempête chez la jeune femme. Mais il n’avait aucune certitude tant Roy semblait cacher des choses ces derniers mois. Doucement, il toqua à la porte qu’Avalon avait refermé derrière elle et pénétra dans la pièce.

Il y trouva un Roy affaissé, terriblement pâle, l’œil terriblement mort.

- Roy… ? » Tenta Jayce en s’approchant. « … Tu…Heu... Veux un verre ? »


Jayce Bowers
We are the warriors, who learned to love the pain
☉ The Score.
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2891
Profil Académie Waverly
Brother, I want to understand [Roy] Icon_minitimeSam 31 Oct 2020 - 21:23
Jayce ne pouvait pas plus mal tomber qu’à cet instant. Le départ brutal d’Avalon avait laissé Roy dans un état de choc qui ne lui ressemblait pas. Il aurait dû se lever, essayer de la rattraper, pour lui parler, protester, rattraper le coup, faire n’importe quoi mais faire quelque chose. Mais il resta étrangement immobile, figé sur place par un flot d’émotions intenses et contradictoires qui montaient en lui et l’attaquaient de l’intérieur, aussi corrosives qu’un acide. C’était douloureux. Cette dispute avait été douloureuse, le ton acerbe d’Avalon, son regard déçu avaient été douloureux, la prise de conscience qu’il gâchait vraiment tout, encore une fois, était douloureuse.

Jayce arriva à l’instant où Roy prenait la mesure de ce mal dans son coeur, de ce poids dans son estomac qu’il traînait depuis des mois et qui ne lui avait jamais paru aussi lourd. Il entendit sa question sans vraiment son sens ne lui parvienne. Habituellement, les états émotionnels forts chez lui réveillaient une rage qu’il évacuait par de grands gestes, des insultes, des cris, voire une violence physique, ce qui lui avait bâti sa réputation d’homme colérique. Cette fois-ci, aucune velléité de ce genre ne s’empara de lui, il resta au contraire immobile, la tête baissée, qu’il finit par enfouir dans ses mains dans un geste de désespoir. Effaré plus que furieux, au bout d’un rouleau qu’il n’avait même pas eu conscience d’avoir poussé si loin, il fit cet aveu qu’il ne faisait jamais :

« J’ai merdé, putain, j’ai grave merdé… »

Il merdait pour tout, tout le temps, en ce moment. Il avait merdé pour piéger Norvel, en manquant de mourir dans une opération dont il avait été l’un des cerveaux, et désormais cet ennemi déclaré courait toujours quelque part dans la nature sans qu’il ne réussisse à le rattraper. Il avait merdé avec Joséphine, qu’il avait mise enceinte à cause de son imprudence inconsidérée et qui attendait désormais un bébé dont il ne savait que faire. Il avait merdé au passage avec Isobel, qu’il avait réussi à fâcher contre lui en fréquentant sa cousine. Il avait merdé avec toutes ces femmes d’un soir qu’il avait traité comme de vulgaires mouchoirs, en allant jusqu’à se comporter parfois comme un véritable salaud avec elles. Il avait merdé avec Juliana, Juliana celle qu’il pensait être la femme de sa vie et qu’il n’avait pas su garder dans sa vie, face à des intérêts et des positions irréconciliables.

Le voilà qui merdait à nouveau, avec la seule femme dont la présence et la tendresse lui avait permis de sortir un peu la tête de l’eau, la seule femme qui avait réussi à lui tirer des sourires, celle qui lui avait donné l’impression de revivre à nouveau.

Avec cet échec remontaient tous les autres, lui renvoyant une image de lui-même qu’il détestait. Il faisait n’importe quoi, sur tous les plans et cette idée lui était insupportable.

« Bordel de merde, je suis vraiment con, elle doit me détester. »

Peut-être pas, répliqua une voix plus raisonnable dans sa tête, mais il était certain d’avoir réussi à la faire douter de sa sincérité avec elle. Son visage ré-émergea de derrière ses mains qui le cachaient, mais cette fois-ci, ses traits s’étaient tendus d’une irritation contre lui-même qui commençait finalement à se manifester et qu’il fut incapable de retenir :

« Putain, je lui ai dit pour Joséphine mais j’aurais jamais dû lui dire comme ça, c’est juste… J’avais pas prévu de lui dire, on s’est disputé et c’est juste sorti. » Il n’en rajouta pas plus, car Jayce le connaissait assez pour savoir quel genre d’éclat de colère et d’impulsivité pouvait le prendre quand il était sur les nerfs, jusqu’à le pousser à dire des choses regrettables. « Allez, maintenant elle pense que je me suis bien foutu d’elle, hein, alors que… »

Sa phrase se bloqua dans sa gorge, dans un réflexe inscrit en lui. Parler de ses sentiments avait toujours été une épreuve, même face à Jayce, son frère de coeur en qui il avait toute confiance. Mais ce qu’il acceptait de montrer de sa vulnérabilité avait des limites, qu’il tentait péniblement de maintenir à cet instant où il était particulièrement fragilisé, sans grand succès. Roy était mal en point, depuis des mois entiers, et il semblait être arrivé au point où il n’arrivait plus à faire semblant. Il relâcha son sentiment de frustration et de désillusion accumulés depuis si longtemps, en pestant à nouveau :

« De toute façon, je sais pas à quoi je m’attendais, c’était sûr que ça allait mal tourner. Ça tourne toujours mal. »


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Jayasimha Vijayan
Jayasimha VijayanGrand sage mafieux des montagnes
Messages : 40
Profil Académie Waverly
Brother, I want to understand [Roy] Icon_minitimeSam 7 Nov 2020 - 1:24
Jayce n’avait vraiment jamais comprit cette nécessité de retenir les mots d’amour. Il y avait des incidences au sujet de fiertés blessées ou d’égo ne supportant pas l’effleurement éperdu de la vulnérabilité. Il avait toujours connu Roy ainsi, toujours connu Fergus muré dans le silence d’une affection qu’il ne donnait qu’à petites dose pudiques, seul Toni semblait capable de s’exprimer sur ce sujet sans perdre ses moyens ou risquer de faire trébucher son avatar viril. Mais Toni n’aimait personne d’amour encore, ou en tout cas s’effaçait dès qu’il était question d’un sentiment plus grand encore que l’amitié qu’il leur vouait, et ne restait plus que lui, Jayce, seul, étonné, sans tabou, capable d’exprimer sans inquiétude l’amour inébranlable qu’il vouait à Sundari, sans se rappeler une seule minute où il ne s’était pas senti profondément fortifié par cet amour. Ses sentiments pour celle qui partageait sa vie l’avait souvent guidé, aidé, stabilisé. Il avait clamé cette passion dévorante haut et fort, pour que tout le monde sache, pour que tout le monde entende combien il était fière d’aimer une femme comme elle. Jamais il n’avait vécu ses sentiments comme une faiblesse. S’avait été au contraire sa plus belle force de volonté.

Non plus que s’interroger, dans des débats internes interminables, sur ce qu’elle devait penser de lui. Toutes les paroles de Roy, qui s’échappent en flux instable, un non-choix de mots viscérales qu’il lui entend rarement et qui lui font adopter des gestes minutieux pour fermer la porte, pour s’assoir, avec comme la peur d’assécher le flot en le consommant trop vite, sont une réflexion étrange de toutes les attitudes que Jayce n’a jamais eu. Des faiblesses, il en possède de nombreuses, de profondes, de terribles dont il ne parle jamais qu’avec un sourire torve et un fond de rire vicieux. Mais pas celles-là, pas celle que Roy lui présente barbouillées de choc et d’incertitudes. Elle doit me détester. Jamais Jayce ne s’est formulé une telle supposition. À quoi bon ? Si c’est le cas il en aura la preuve. Sa confiance était totale, même dans les moments où Sundari projetait de faire sa vie d’une autre manière, et surtout pas avec lui, alors il s’était simplement posé le choix de savoir ce qu’il voulait vraiment, lui. Il n’avait pas temporisé et surtout ne s’était pas inventé d’intempestives formules creuses pour se créer une panoplie de scénarios imaginaires qui lui auraient évité de les vivre. Il avait foncé. La théorie ne l’intéressait pas. Pas plus que de cacher ses sentiments par fierté.

- Allez, maintenant elle pense que je me suis bien foutu d’elle, hein, alors que… » Alors qu’elle te plaît ? Alors que tu l’aimes ? Alors qu’elle te tire de la tourbe dans laquelle tu t’enfonces avec délices depuis des mois, les dents serrées sur un mord qui te fais saigner le coins des lèvres ? Dis le. Jayce lève une main.
- Tu n’avais pas prévu de lui dire ? » Demande-t-il avec une douceur qui cache une remontrance aussi dur que tendre. Mais roy ne l’écoute pas :
- De toute façon, je sais pas à quoi je m’attendais, c’était sûr que ça allait mal tourner. Ça tourne toujours mal. »

Jayce hausse un sourcil en se demandant bien concrètement ce qui tourne mal dans la vie de Roy Calder. Certes, sa vie est parsemée de quelques déboires, d’erreurs malheureuses mais aussi et surtout, selon la perception très optimiste de Jayce, de beaucoup, beaucoup de chance. Il suffit de jeter un regard autours d’eux pour se rappeler qu’ils auraient pu finir au fond de la tamise avec pour seule compagnie un morceau de béton scellé aux pieds et les dents gourmandes des poissons occupés à lacéré leur chaire gorgée d’eau. Qu’il aurait fallu de quelques minutes de plus pour que le poisson les tues. Qu’il aurait suffi d’une vague erreur pour Griggs se méfie un peu plus et ne les clous au sol avant qu’il n’ait pu faire quoi que ce soit. Les affaires sont florissantes, ils sont en vie. Ils ont choisis - en partie - de vivre une vie où d'une minute à l'autre, tout pouvait mal tourner. Alors ? Pour le reste – les enfants au-delà de l’océan, par exemple – ce sont les conséquences d’actions dont Roy doit prendre la responsabilité. C’est dur, bien entendu. Jayce ne le nie pas. Mais il y a une douleur démesurée dans les yeux de Roy et surtout un défaitisme terrible, une fatalité déplacée qui l’exempt de toute responsabilité.

- Ça tourne mal, Roy ? » Dit Jayce sur le même ton calme, en plaçant son emphase sur le premier mot. « Ça, ou tu fais mal tourner les choses, ou les autres sont responsables de ton malheur ? Qu’est-ce que c’est, "ça" ? Qu’est ce qui tourne toujours mal ? » Il sait qu’il y a autre chose, quelque chose qui le dépasse. Pour l’instant ce discours lui semble obtus.



Jayce Bowers
We are the warriors, who learned to love the pain
☉ The Score.
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2891
Profil Académie Waverly
Brother, I want to understand [Roy] Icon_minitimeJeu 12 Nov 2020 - 14:57
Roy ne se rendait pas compte que, vu de l’extérieur, son discours devait paraître très incohérent et lacunaire de toutes ses pensées qu’il ne disait pas et qui expliquaient pourtant tellement de choses. Il y avait beaucoup de choses que Jayce ne savait pas. Cet élément seul aurait du alerter Roy d’ailleurs : depuis quand cachait-il des aspects aussi fondamentaux de sa vie à son frère de coeur ? Au fond de lui, il savait. Depuis Juliana. Depuis cet amour qui l’avait rongé de l’intérieur, poussé à faire des choix qui ne lui ressemblaient pas, enfermé dans un isolement, une culpabilité et un secret terribles. Le silence laissait des séquelles que Roy éprouvait actuellement, des empreintes douloureuses sur son coeur qui l’empêchaient d’être rationnel face à la situation pourtant simple qu’il vivait depuis plusieurs semaines. Avalon lui plaisait, il le savait. Cela aurait dû suffire à ce qu’il se laisse porter par les élans qui le poussaient vers elle.

Mais cela ne suffisait pas.

Pire encore, il en était effrayé. C’était ce poids qui lui tordait l’estomac et lui donnait envie de tout rejeter d’un bloc. « C’était sûr que ça allait mal tourner » disait t-il pour se protéger, pour s’éviter de penser à ce que cette relation pourrait devenir s’il lui donnait une chance. A cet instant, ce n’était la perspective d’un échec de plus, d’une déception de plus, d’une souffrance de plus. C’était ce que Jayce ne pouvait pas comprendre, parce qu’il ne savait pas tout.

Les aveux n’avaient jamais été aussi proches, aussi brûlants sur les lèvres de Roy qui se sentait profondément remué. Pourtant, cette résistance ancrée en lui depuis des mois les retint encore, à bout de bras, par la force d’une culpabilité dont Roy n’avait jamais été aussi conscient.

« Bah là, c’est moi qui fais mal tourner les choses, hein, pesta t-il. Av’ n’a rien fait de mal… » Un bref silence s’écoula, tandis que son regard et ses pensées se perdaient bien au-delà du sujet dont il parlait. « Je voulais juste pas lui dire… maintenant. Pas avant d’avoir décidé quoi faire. »

Ce n’était peut-être pas le bon calcul, la bonne réaction, au fond, il avait bien mérité ce qu’Avalon venait de lui dire. Elle avait l’impression qu’il avait joué avec elle et il ne pouvait pas nier que vu de l’extérieur, cela en avait tous les atours. Tant pis pour lui. Il ne pouvait même pas nier qu’il y avait une petite part de vérité là-dedans, parce que son coeur s’était plu à profiter de cette relation facile, sans engagement, et qu’il se sentait des envies de fuite dès qu’il fallait la définir. Au fond, ce n’était pas tant la discussion autour de sa paternité qu’il avait voulu éviter avec Avalon que celle qui s’ensuivrait forcément sur ce qu’était leur relation à tous les deux, puisqu’il sentait bien que l’arrivée de ce bébé ne pouvait pas en être totalement déconnectée.

Jayce finit par poser la question qui était au coeur de tout. « Qu’est-ce que c’est, "ça" ? Qu’est ce qui tourne toujours mal ? » demandait-il. Le coeur de Roy se serra, encore. Ça, c’était Reine Lestrange, en septième année à Poudlard, son premier amour, avec qui il s’était engagé dans une espèce d’histoire interdite, qui s’était terminée dans la rancoeur. Ça, c’était June Byrd qu’il avait aimée et qui l’avait trahi de la pire des manières, avant de disparaître du jour au lendemain. Ça, c’était Juliana McNeil, qu’il avait été sur le point d’épouser dans le plus grand secret, qui l’avait rendu fou d’amour et de désespoir à la fois, qu’il avait laissée faire de lui une espèce de traître qu’il ne pouvait pas regarder dans une glace.

Roy pouvait en citer d’autres, des femmes pour qui il avait développé des sentiments plus ou moins forts, qui l’avaient blessé, qu’il avait blessées aussi, puis qu’il avait perdues, d’une manière ou d’une autre. Parfois par sa faute, parfois pas, mais le résultat était toujours le même. Une lancinante douleur qui lui faisait promettre que c’était terminé et qu’il allait se contenter d’histoires sans attaches, avant de se laisser prendre, bien malgré lui, à nouveau. L’histoire était souvent la même. Il s’attachait, vite et fort. Il donnait tout, parce qu’il ne savait pas faire autrement. Puis il regrettait profondément.

Et Roy en avait assez de cette boucle sans fin. Il se leva du canapé brusquement, comme pour échapper aux griffes invisibles de ses pensées noires mais elles l'enserraient toujours, l'acculaient et donnaient à sa voix des tonalités de colère et d'affliction.

« Mes histoires avec les femmes ! » Cet aveu à haute voix lui donna l’impression d’une stupidité et d’une fragilité sans nom, pourtant, ce n’était que la triste vérité. Mais sa détresse à cet instant était légèrement plus imposante que sa fierté, ce qui lui permettait de s’ouvrir à une oreille qu’il savait attentive et bienveillante. « Dès qu’il y a des sentiments, je… fais tout foirer. Ça me mène jamais nulle part ! Et je sais pas comment briser ça, tu vois ? C’est bouffant, à force, c’est juste… fatigant. »


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Jayasimha Vijayan
Jayasimha VijayanGrand sage mafieux des montagnes
Messages : 40
Profil Académie Waverly
Brother, I want to understand [Roy] Icon_minitimeSam 28 Nov 2020 - 0:14
Une capacité à toujours choisir le pire malgré les drapeaux rouges qui se dressaient sur ses routes amoureuses, voilà de quoi Roy était doté, et Jayce l’avait toujours su. Depuis ses premières histoires balbutiantes à Poudlard jusqu’à son véritable amour de jeunesse dont il avait été tenu au courant et qu’il n’avait jamais réussis à soutenir totalement. Jayce avait déjà la maturité suffisante, à l’époque, pour s’être préservé de rejeter son ami en lui faisant sentir ses doutes. Il l’avait assisté du mieux qu’il avait pu sans trahir leur secret, tout en dissimulant une aversion terrible pour celle qui avait, dès son entrée dans sa vie, monopolisé la vie de Roy sans l'assumer, d’une manière que Jayce n’avait jamais pu supporter et qui, encore aujourd’hui, lui tirait des traits de rires acides. Elle et lui s’étaient détesté cordialement autant qu’il avait détesté June après sa trahison.

Il ignorait ce qui poussait Roy à se jeter à corps perdu dans des histoires d’amour qui semblaient aux premiers jours perdus d’avance. Il plaçait parfois cette incompréhension sur son manque d’expérience. Pourtant, lui aussi avait souffert d’une histoire composée de chaud et de froid, d’incertitudes et d’inconstances. Mais ce qui avait perduré, et c’est ce qui l’avait poussé à entreprendre Sundari malgré toutes les épreuves qu’ils avaient traversées, c’est que jamais la jeune femme n’avait cessé de le respecter. Et surtout, jamais elle n’avait tenté de faire de lui quelqu'un qu’il n’était pas.

Roy se donnait à des femmes joueuses, des femmes qui profitaient de son investissement débordant pour repousser ses limites, pour se l’approprier, et Roy, toujours, s’était laissé faire. Jayce avait mis un point d’honneur à ne porter aucun jugement sur les relations de son ami malgré ses mises en garde régulière. Il se revoyait lui-même s’imposer au mariage de Sundari, totalement désespéré, et savait que sa détermination alors guidé par les sentiments passionnés qu’il entretenait pour cette femme, n’auraient pu être raisonné par aucun argument. Roy devait faire ses expériences. Cela faisait désormais plus de dix ans que Jayce se répétait cette antienne sans que son ami ne fasse mine de vouloir apprendre des blessures qui se marquaient sur lui au fur et à mesure des tentatives. Jamais il n’avait remis en question la passion, le feu brûlant, la générosité sans limite ni son investissement démesuré. Pourtant Jayce avait essayé de nombreuses fois de lui parler d’équilibre. De raison. De travail, même. En vain. Roy ne fonctionnait pas comme lui, il était instinctif, et ne domptait pas ses émotions positives. C’était certes un trait de générosité évident mais qui le poussait systématiquement à s’oublier. Roy se donnait totalement ou ne se donnait pas. Apparaissant de plus accro à cette adrénaline confuse que prodiguent les hauts et les bas d’une relation inconstante, Jayce avait catégorisé ses tentatives en deux genres distinctifs : les inaccessibles et les irrespectueuses.

Il s’était résigné à laisser Roy se noyer dans ces histoires destructrices en comprenant finalement que la volonté de briser le cycle dans lequel il se prenait lui-même ne pourrait venir, au fond, que de son propre désir. Il restait à ses côtés en jetant négligemment quelques remarques tout en veillant à ne pas perdre ses confidences – là-dessus Fergus et Toni lui avaient servis un formidable modèle d’échec – et espérait dans le fond de son cœur qu’un jour Roy réalise qu’il pouvait s’extraire de la toxicité de ces déséquilibres et que ce jour-là il serait prêt à construire une relation saine, et peut-être de longue durée.

Il se renfrognait en tournant en rond, s’accusant, reconnaissant l’innocence d’Avalon qui avait quitté le bureau avec sur le visage un air indéchiffrable. Jayce était attentif aux mots qu’employait Roy, mais son ami s’était déjà trahit de nombreuses fois. Pour quelqu’un comme lui qui le connaissait depuis si longtemps, il était impossible de louper le moment où Roy Calder se mettait à tomber amoureux. En général, cela ne présageait rien de bon – la dernière fois que s’était arrivé la conclusion avait été un silence terrible qui durait encore et déchirait vraisemblablement patiemment le reste de résilience qui lui restait sur ces questions-là – mais Jayce apercevait pour la première fois une exception.

Il connaissait Avalon. Il avait eu de nombreuses occasions de l’observer vivre en leur compagnie et avait pour la jeune femme une affection sincère. Jayce avait le sentiment que peut-être, avec elle, Roy pourrait apprendre une chose ou deux. Il avait espéré, par conséquent, n’assister au premier conflit qu’un peu plus tard dans l’évolution de leur relation. Évidemment, c’était sans compter sur un évènement impliquant un bébé surprise.

De la même manière que Jayce n’avait pas jugé la situation de son ami, il ne jugeait pas la décision tacite qu’il avait adopté, Jayce le découvrait, de ne rien en dire à Avalon. Il n’était pas à sa place, ne vivait pas ses sentiments et ses névroses. Jayce n’avait aucun avis personnel à porter sur cette décision qui ne lui semblait, au demeurant, pas du tout incohérente. Il ignorait par contre à quoi exactement se référait la façon dont Roy venait de lui transmettre cette information capitale mais devinait à la conclusion que s’avait été de la pire des manières. Et si Jayce n’était pas fondamentalement surpris, il espérait que les pots s’étaient brisés en suffisamment gros morceaux pour pouvoir se recoller sans trop de reparo consécutifs.

- Mes histoires avec les femmes ! » S’exclama Roy, et Jayce deumeura parfaitement impassible. Dans d’autres circonstances, l’aspect dramaturgique de la litanie ne lui aurait pas échappé, mais cette fois la détresse de son frère de cœur était suffisamment violente pour qu’il ne trouve dans la formulation qu’un amusement très médiocre. Dès qu’il y a des sentiments,reprit-il avec véhémence, je… fais tout foirer. Ça me mène jamais nulle part ! Et je sais pas comment briser ça, tu vois ? C’est bouffant, à force, c’est juste… fatigant. »

Pendant quelques longues secondes, Jayce ne dit rien. Il fixa Roy intensément, puis leva lentement un doigt dans sa direction, en plissant les yeux, incertain de ce qu’il venait d’entendre.

- Donc… Dit-il avec une hésitation marquée, tu as conscience de reproduire un cycle. » Lui qui pensait que Roy, qui n’était pas son plus grand modèle en matière d’introspection, n’avait aucune conscience de créer des boucles similaires les unes aux autres, se trouva agréablement surpris. « Mais Roy, c’est formidable ! Je pensais que tu n’avais jamais analysé ça malgré les fois où j’ai tenté de t’en parler ! C’est la première étape pour en sortir, youpi, assieds-toi, intima-t-il. Qu’est-ce que tu as dit à Avalon pour qu’elle claque la porte comme ça ? »


Jayce Bowers
We are the warriors, who learned to love the pain
☉ The Score.
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2891
Profil Académie Waverly
Brother, I want to understand [Roy] Icon_minitimeMer 23 Déc 2020 - 21:40
Le ton quelque peu ironique de Jayce aurait pu déstabiliser Roy s’il ne le connaissait pas aussi bien et ne savait pas à quel point il avait sincèrement son intérêt à coeur et aucune velléité de jugement à son égard. Il daigna s’asseoir sur le canapé, comme Jayce l’y invitait, mais il resta dans un état fébrile, le regard agité, les mains nouées l’une à l’autre, des tics nerveux sur le visage. Les sourcils se froncèrent un peu, tandis qu’il se remémorait cette scène très désagréable qu’il venait de vivre avec Avalon.

« Elle me parlait du mec de sa soeur qui l’a laissée tomber quand elle a eu un gosse, on a commencé à se disputer un peu sur le sujet. » Il haussa les épaules sans donner plus de détails, car il lui semblait assez évident que ce sujet se superposait à ses propres problématiques dont Jayce avait bien connaissance. « C’est là que j’ai lâché l’info pour Joséphine, sur un coup de nerfs. » Il n’en avait pas été très fier sur le coup et il l’était encore moins maintenant qu’il y repensait à tête un peu plus froide. Il avait vraiment été stupide. Son regard s’égara sur ses genoux, tandis qu’il lâchait un profond soupir contrarié. « Elle était choquée, je crois. Elle m’a tout de suite demandé depuis quand je le savais. Je pense que ça l’a fâchée que je lui en aie pas parlé plus tôt vu que… Bah… On s’est pas mal rapprochés ces derniers temps » avoua t-il, en passant un main nerveuse dans ses cheveux.

Il n’en avait pas explicitement parlé à Jayce même s’il n’avait pas caché ce rapprochement que les regards attentifs pouvaient facilement repérer. C’était dans la longueur des conversations qu’il entretenait avec Avalon quand elle passait aux Folies Sorcières, dans les regards qu’ils échangeaient, dans le fait qu’ils avaient commencé à se voir beaucoup plus souvent tous les deux, dans sa façon de rester suspendu à son Pear One à écrire des messages avec un sourire aux lèvres qui trahissait ses pensées sentimentales. Aussi bien lui qu’Avalon avaient pris soin de ne pas poser de mots sur ce qui se passait entre eux, tout en ayant assez conscience de ce dont il s’agissait, jusqu’à ce soir seulement : « Je pensais que ça voulait dire quelque chose pour toi » avait t-elle déclaré, avec une déception visible sur le visage.

« Ça devenait vraiment ambigu entre nous » reconnut t-il, le coeur serré à la pensée que peut-être il venait de casser ce lien spécial qu’ils avaient commencé à cultiver.

Et pourtant, une part lâche de lui ne pouvait s’empêcher de chuchoter que c’était peut-être pour le mieux. Pas de femme, pas de problème. Pas de prises de tête, pas de perte d’indépendance, pas de sacrifices, pas de trahison, pas de coeur brisé. Mais ce raisonnement simple se heurtait à cette profonde frustration qu’il tirait de ses relations avec des amantes de passage, parce qu’elles lui paraissaient de plus en plus vides de sens. Ce qui avait commencé à se développer avec Avalon était la seule chose qui lui avait fait un peu de bien depuis des mois et tiré d’une espèce de dépression qu’il refusait de nommer. Et pourtant, se laisser aller dans cette relation n’avait jamais été aussi effrayant, ce qu’il admit en masquant son visage dans ses mains d’un geste un peu désespéré :

« Je te jure, Jayce, je sais pas ce que je fous. Je sais pas ce que je veux. Ca me fait flipper de… retomber encore une fois dans un cycle merdique où je vais juste finir… minable au fond d’un trou. » C’était ainsi qu’il s’était senti après sa rupture avec Juliana et le plus terrible était qu’il n’avait jamais pu le montrer réellement, enfermé par le poids d’un secret qui ne lui avait jamais paru si lourd qu’à cet instant, face à Jayce, en perte de sa maîtrise de ses émotions, qu’il avait érigée comme un mur entre lui et les autres ces derniers mois. « Je déteste ça, j’en peux plus, je… » Il détesta tout autant sa voix qui commençait à trembler et toutes ces émotions qui remontaient dans sa gorge. « Je veux pas échouer, encore, là vraiment ça serait la fois de trop. »


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Jayasimha Vijayan
Jayasimha VijayanGrand sage mafieux des montagnes
Messages : 40
Profil Académie Waverly
Brother, I want to understand [Roy] Icon_minitimeSam 2 Jan 2021 - 22:17
Jayce ne disait rien, les doigts entrelacés il observait Roy avec l’un de ses regards scrutateurs qui lui faisait hausser les sourcils et paraître surprit alors qu’il était simplement attentif. Il n’avait pas une vocation de psychothérapeute. Leur enfance, leur adolescence, leur vie d’adulte, Roy et lui les avaient traversés en parlant des choses essentielles mais en se construisant pour le visage des masques de circonstances qui les faisait paraîtres toujours solides, toujours sûr d’eux. C’était une condition obligatoire dans leur milieu où la force et la domination étaient souvent intimement liés à la notion de survie. Et si Jayce pouvait se permettre de se laisser sous-estimer parce qu’il vivait dans l’ombre de Roy et s’y épanouissait avec contentement, Roy n’avait ni l’orgueil, ni le tempérament pour supporter la blessure de sa vulnérabilité. En conséquence, il s’écroulait rarement. En conséquence aussi, il gardait pour lui toutes les cicatrices marquées sur lui depuis des décennies et ne les confiait quasiment jamais ou bien du bout des lèvres et Jayce n’aurait jamais imaginé ça autrement.

Les choses cependant semblaient différentes. Roy se lamentait comme à l’apogée d’un drame le chœur reprend les plaintes de ses héros, il y avait dans le ton de sa voix l’indication claire d’une limite atteinte, d’un désespoir libéré. En posant la question Jayce avait déjà la réponse en tête, ne doutait pas que ce qui avait pu pousser Avalon à s’enfuir des Folies les traits tirés, le regard fixé sur l’intérieur d’elle-même, prenait sans doute racine dans cette nouvelle paternité dont Jayce avait hésité à penser que Roy s’en était ouvert, et découvrait donc sans aucune surprise que ça n’avait pas été le cas avant cette discussion, qui s’était transmise de la façon la plus houleuse possible. Son ami été doté d’un tempérament brûlant et à fleur de peau malgré les airs de boniment dont il se paraît au quotidien. Sensible comme il l’était ces derniers temps, il n’y avait rien d’étonnant à ce qu’il se soit senti attaqué par toute stimulation relative à sa fuite potentielle. Bon, évidemment, Avalon ne pouvait s’en douter, mais aux yeux de Jayce, cela restait une circonstance malheureuse. Il se retint de soupirer pour ne pas froisser Roy qui, tout à l’exutoire de la colère déstabilisée qui le traversait, aurait sans doute pu prendre cette expression de fatalisme comme une critique de sa manière de faire. Ce que Jayce ne souhaitait pas. Il savait comment fonctionnait Roy. Il savait ce qu’il avait tenté de cacher et en devinait assez facilement les raisons. Il ne le jugeait pas mais espérait seulement que la situation n’avait pas brisé quelque chose et fait de leur relation quelque chose d’irréparable. Après tout et même si Roy l’évoquait peu il avait toujours semblé vaguement évident à Jayce qu’il plaçait beaucoup d’importance dans l’idée d’avoir pour lui une famille stable. Pour l’instant ce désir se résumait à des histoires toxiques ou tues, et à un enfant surprise élevé de l’autre côté de l’Océan.

Jayce ignorait le comportement qu’il aurait eu, quel genre de manque il aurait ressenti s’il n’avait pas rencontré Sun. Souvent il considérait avec étonnement cette certitude qui le poussait à envisager le scénario d’une rupture comme une sorte de farce impossible, une nouvelle de science-fiction qui n’arriverait jamais. Peut-être cela tenait-il à toutes les incertitudes qu’il avait traversé pour parvenir à la conquérir. Peut-être qu’il avait appris à vivre trop profondément dans l’instant présent pour craindre un futur qui n’arriverait sans doute jamais. Dans tous les cas, il ignorait s’il aurait souffert comme Roy souffrait d’un semi-célibat imposé aussi longtemps, s’il se serait jeté dans des histoires déséquilibrées pour se construire et s’entretenir dans une forme d’adrénaline et de bonheur éreintant. Il ne lui semblait pas avoir mis, comme Fergus, son accomplissement personnel dans la formation d’une cellule familiale qui aurait été la sienne. Il avait su assez vite qu’il voulait partager avec Sundari le plus de choses possibles. Puis qu’ils avaient le désir de construire une famille ensembles. C’était quelque chose qui s’était mis à exister parce qu’ils s’étaient rencontrés et aimé avant tout, mais que Jayce n’avait jamais porté en lui, intrinsèquement.

Il ne commenta pas ce que Roy lui avoua d’Avalon et lui, parce que leur rapprochement était évident à ses yeux et qu’il ne pouvait le rassurer sur un état d’esprit qui n’appartenait désormais plus qu’à Avalon et sur lequel il ne pouvait spéculer. Il lui apparut ensuite évident que le fond du mal qu’exprimaient les mots hachés de Roy ne prenaient pas racines uniquement dans la dispute qu’il venait d’avoir.

- Roy, dit-il calmement, peut-être qu’il est temps de parler de ce qui s’est passé ces derniers mois.

Il n’y avait rien de plus évident que l’échos écrasant que faisait cet « encore » à son secret.


Jayce Bowers
We are the warriors, who learned to love the pain
☉ The Score.
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2891
Profil Académie Waverly
Brother, I want to understand [Roy] Icon_minitimeLun 18 Jan 2021 - 21:13
Malgré le fait que Jayce soit l’ami dont Roy se sentait le plus proche, cette scène n’était pas très habituelle. Il y avait dans son attitude un désespoir qui ne le prenait qu’à des moments ponctuels de sa vie et que, dans la plupart des cas, il ne laissait pas voir. Jayce faisait partie de ces quelques rares personnes qui l’avaient déjà vu au fond du trou, et la réciproque était tout aussi vraie. Ces moments de grande faiblesses restaient très parsemés sur leurs longues années d’amitié, car ils partageaient tous les deux cette tendance à prétendre qu’ils étaient encore debout et solides, même dans les moments où ils se sentaient au bord de l’effondrement.

Cette fois, Roy se situait sur ce point précis où il avait une jambe ancrée dans le sol, et l’autre levée au bord d’un vide qui exerçait sur lui une terrible attraction. Par malchance ou par bonheur, Jayce se trouvait être le témoin de cet instant fatidique. La confiance qu’il lui vouait lui permettait de ne pas se précipiter vers la première porte de sortie pour chuter seul.

Au fond, Roy ne voulait absolument pas chuter seul. Il y avait de l’ambiguïté dans ses derniers mots, assez subtile pour passer sous le radar mais assez explicite pour que quelqu’un d’assez proche de lui en saisisse la teneur. Et certainement, son inconscient savait pertinemment que Jayce était l’homme qui saurait la saisir. Roy n’en était pas vraiment conscient à cet instant mais cette conversation avait tout de l’acte manqué d’un homme qui cherchait désespérément à se libérer d’un secret devenu beaucoup trop lourd. S’il ne posait pas ces mots-là dessus, il en ressentit les effets : une espèce d’étrange soulagement, marque d’un appel à l’aide que son inconscient lançait pour lui et que Jayce venait d’entendre.

Cette invitation qu’il formula était, au fond, celle que Roy attendait. Il sut instantanément que par « ces derniers mois », Jayce ne parlait pas des récents développements de sa relation avec Avalon mais d’un temps un peu plus lointain, d’une époque un peu plus sombre dont il pensait s’être à peu près extirpé, alors que de toute évidence, des noirceurs tâchaient encore ses pensées et pressaient son coeur.

Roy prit conscience que cela faisait quelques secondes qu’il retenait sa respiration, à l’instant où il dut la libérer pour pouvoir prendre la parole :

« Je… C’est compliqué. »

Cette phrase voulait tout et rien dire à la fois mais c’était le premier pas que Roy faisait dans la direction de son meilleur ami, qui avait déjà essayé de savoir ce qui assombrissait son regard et agitait ses pensées, quelques mois plus tôt. C’était la première fois qu’il reconnaissait explicitement que quelque chose se passait et que c’était une épreuve difficile. Ce premier aveu devait en précipiter d’autres et pourtant, Roy resta silencieux pendant de longues secondes.

De sa colère et son agitation vive restait un trouble désarçonnant qui le laissait muet. Il prenait conscience que c’était vraiment la première fois qu’il était sur le point d’évoquer un secret qu’il n’avait partagé avec personne.

Il chercha dans le regard attentif de Jayce de quoi vaincre cette hésitation qui le saisissait, ces derniers scrupules contre lesquels il luttait. Si, en novembre, évoquer Juliana lui semblait impossible, tant elle était encore présente sur lui, dans son coeur, dans ses pensées, le temps qui avait passé sans la revoir, conjugué à la place qu'Avalon avait gagnée, avait fait d’elle une forme de souvenir beaucoup plus éthéré. De la même manière, le lourd secret qui les liait avait perdu en force, parce qu’il n’était plus constamment dans une situation où il devait le préserver en prenant des risques. Sa relation avec Juliana semblait désormais lointaine et paradoxalement terriblement présente dans les marques qu’elle avait laissées sur lui.

Dans ces conditions, parler d’elle lui semblait à la fois accessible et terriblement effrayant. Il n’était plus tellement retenu par les conséquences qui accompagnerait la divulgation de ce secret, dont il avait auparavant craint qu’elle mettrait Juliana en danger, mais plutôt par la peur des émotions que cela pourrait soulever chez lui et par celle de voir d’une manière ou d’une autre le regard de Jayce changer sur lui.

Roy ne sut pas vraiment ce qui finit par le faire céder. Un trop plein d’émotions qui lui serrait l’estomac, un besoin beaucoup trop fort de parler après s’être enfermé dans un silence bien trop long, ou simplement la conscience que le regard qui lui faisait face avait toujours été aimant et bienveillant pour lui. Il ne chercha pas à le définir dans ce moment où faire son introspection alors que ses idées n’étaient plus claires du tout lui était particulièrement difficile.

« J’étais en couple avec une femme… » Jusque là, il n’avait pas l’impression de dire quelque chose que ses amis les plus proches n’avaient pas déjà deviné sans le dire. « J’en ai jamais parlé à personne parce que… » Ses yeux se baissèrent, conscient qu’il naviguait totalement à vue et incertain de la manière dont il voulait présenter les choses. Son impulsivité le poussa à faire l’aveu le plus difficile dès le départ, comme s’il lançait un pari. Ça passe ou ça casse. Après cela, tout serait forcément plus simple à dire. « Parce que c’était Juliana McNeil. »

Impossible de ne pas connaître ce nom, quand on faisait partie du monde sorcier. Pendant une période, son visage et son nom avaient été affichés dans toutes les rues du monde magique, avec l’appellation d’ennemi public numéro un. Tête de file connue de la résistance, que Marchebank et Coleman rêvait de voir derrière les barreaux. Annoncée comme morte dans un incendie, par l’ensemble des forces de police qui la traquaient sans relâche.

Mais aussi, instigatrice d’une attaque contre les Veilleurs qui leur avait coûté un homme. Roy avait parfaitement conscience que ce nom rappellerait Jayce à une crise qu’ils avaient dû gérer, environ un an plus tôt. Il attendait, les tripes glacées et le coeur battant, la réaction de son associé et meilleur ami.


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Jayasimha Vijayan
Jayasimha VijayanGrand sage mafieux des montagnes
Messages : 40
Profil Académie Waverly
Brother, I want to understand [Roy] Icon_minitimeLun 1 Fév 2021 - 21:18
Jayce ne disait rien, face aux aveux, il gardait le silence. En fait il attendait avec une patience nerveuse la révélation que Roy s’apprêtait à lui faire parce qu’il sentait déjà que la conclusion ne pouvait pas le satisfaire. Roy et lui avaient traversés plus que des confidences de dernières minutes mais il ne pouvait se prémunir d’une méfiance incertaine qui puisait dans son adolescence et ce garçon indépendant qu’il avait été. Celui qui ne s’attachait que dans l’attente de perdre et n’avait résolu que des années plus tard qu’autour de lui certains semblaient rester. Roy était éloquent mais cette fois les mots se coinçaient, résistaient, ne le laisser que livrer des débuts de phrases qui ne disaient rien que Jayce ne savait déjà, et il se demandait s’il devait craindre de ne pouvoir supporter une confession si dure que son ami ne parvienne à la lui dire, alors qu’ils s’étaient déjà tout dis depuis longtemps.

Jayce attendait et le nom de Juliana McNeil tomba entre eux comme un coup de tonnerre.

D’abord il ne dit rien, mais écarquilla les yeux et pâlit. Puis il ferma les paupières sur son regard assombrit et ne les rouvrit que pour scruter les mains jointes qu’il avait posés entre ses genoux.

Juliana McNeil.

Jayce se sentit stupide.

Il y avait pensé, évidemment, parce qu’il savait lire son frère et que Roy avait mis beaucoup de duplicité dans l’intention de ne rien révéler de cette relation qui avait lieu quelque part. Aussi parce qu’il avait eu un comportement étrange lorsqu’il avait été question de représailles contre celle que le monde sorcier recherchait supposément activement. Jayce ignorait ce qui avait empêché cette idée de germer dans son esprit. Peut-être avait-il choisi la solution la plus simple pour ne pas risquer d’imaginer que Roy puisse avoir eu l’idée indirecte de le trahir. Il savait ce que c’était que d’aimer une femme. Mais il avait aussi pour la loyauté une forme de respect que Roy connaissait particulièrement. Il avait accepté de ne pas tout savoir : lui-même ne désirait pas tout dire. Mais Juliana McNeil était une limite qui tût ainsi, prenait une dimension très différente.

Doucement Jayce se passa une phalange sur la lèvre d’un air songeur. Il était contrarié et ne cherchait pas à le cacher. Il repassait ces souvenirs qui n’étaient pas si lointain qu’il ait pu en oublier les détails, tous ces souvenirs qui impliquaient Juliana sans qu’il n’ait jamais eu connaissance du double jeu que Roy menait en se tenant si droit à ses côtés. Calmement, il releva la tête vers Roy et fit jouer sur lui son regard intense.

- Tu m’as parlé avec les mêmes mots et tu m’as regardé dans les yeux. » Dit-il. Sa voix était douce et profonde mais son calme ne reflétait rien d’autre que le sentiment désagréable de trahison qu’il réprimait parce que Jayce contrôlait l’impulsivité de sa colère.

Avait-il pris des risques sans le savoir ? Jusqu’où, dans leurs actions menées, Roy s’était-il contenté de donner le change ? Quel avait été son camp tous ces mois passés à entretenir cette liaison secrète ? Quelle avait été l’impact et les dangers évités de peu auxquels Roy aurait pu les confronter par amour pour cette femme dont il ne lui avait rien dit ?

Tout le corps de Jayce s’était départi de ce tendre alanguissement qui l’enveloppait habituellement de sa paresse. Ses membres étaient devenus rigides, sa gorge seyait sur un souffle qu’il contrôlait sans naturel. Ses phalanges agrippées à ses paumes se parsemaient de blanc. Il résistait à l’envie de se propulser hors du fauteuil pour chasser de ses membres cette nervosité insupportable mais il ne bougea pas. Ses sourcils se contractèrent malgré lui vers ses yeux et soulignèrent de leur ombre le noir fiévreux de son regard.

- Je t’écoute, mon ami. » Affirme-t-il pour lui indiquer que malgré l’aigreur qui s’emparait de lui, il était prêt à écouter jusqu’au bout ce que Roy avait à dire.


Jayce Bowers
We are the warriors, who learned to love the pain
☉ The Score.
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2891
Profil Académie Waverly
Brother, I want to understand [Roy] Icon_minitimeSam 27 Mar 2021 - 20:39
Roy s’attendait à la réaction que Jayce manifesta, pour la simple et bonne raison qu’il aurait éprouvé le même sentiment de trahison si leurs places avaient été inversées, et certainement qu’il l’aurait exprimée sans concession, lui. Jayce avait au moins cette qualité de savoir contrôler sa colère pour orienter ses discussions de manière constructive. Roy s’attendait à voir une soudaine rigidité s’emparer de ses membres et une noirceur teindre son regard. Pour autant, même en étant prévenu, c’était impossible de ne pas se sentir atteint, une fois confronté à une telle réaction de la part de son meilleur ami. Il eut mal, face à cette phrase très simple, que Jayce prononça d’une voix calme, pour souligner sa duplicité et sa trahison qu’il ne nomma pas.

C’était le moment de se confronter à l’incertitude terrible sur la nature des conséquences de ses actes.

Mais Roy voulait croire que leurs longues années d’une amitié profonde, forgée d’épreuves, pouvait lui permettre d’obtenir le pardon de celui qui -il le nota- l’appela « mon ami », malgré la trahison qu’il venait d’avouer. Cette foi en eux, plus encore que ses craintes, le poussèrent à faire preuve, pour une fois, d’une totale transparence. Il avait menti, prétendu, caché des choses pendant des mois. Il n'en pouvait plus. Et s’il voulait convaincre Jayce que sa loyauté était toujours présente, l’honnêteté totale était son seul recours.

« Je la fréquentais déjà avant Marchebank, avant tout ça… Mais on s’était séparés assez vite, comme tu le sais » rappela t-il, car il n'avait pas fait un secret de cette relation assez courte, qui avait paru plutôt insignifiante à l'époque. La suite, en revanche, Jayce l’ignorait. « Puis on s’est retrouvés juste après les rixes contre les sharacks. C’est elle qui a tué Joe Sparkles, quand il s’est attaqué à son restaurant » révéla t-il, en sachant que les événements de cette nuit décisive étaient encore précisément gravés dans la mémoire de Jayce, qui s’y était battu, tout comme lui. « Elle était bouleversée, après ça, alors je l’ai aidée, j’ai été là pour elle. Ça nous a rapprochés, un peu. A cause de cette attaque, puis de l’élection de Marchebank, elle a perdu énormément de choses, ça a créé chez elle une haine assez féroce contre le Ministère, contre le pouvoir » commença t-il par expliquer, comme pour donner à Jayce un portait un peu plus juste et plus humain de celle qui avait été décrite comme une affreuse terroriste aux yeux de la population. « Elle a commencé à s’impliquer dans des luttes… Elle m’en parlait pas au début. Je l’ai su parce qu’elle a introduit un type chez nos hommes pour nous espionner. Je m’en suis débarrassé et elle a pas refait le coup, jusqu’à Marcus. » Le nom du Veilleur qui avait péri lors d’une attaque qui visait leurs cargaisons. Ce jour-là, Juliana avait été identifiée par le gang et Roy avait bien cru en mourir d’angoisse. « C’est à ce moment-là que j’ai vraiment compris son rôle, ce qu’elle essayait de faire et à quel point nos objectifs étaient incompatibles. »

Elle avait compris, via son espionnage, la progression qui s’était opérée dans sa vie de mafieux de petite frappe à chef d’un gros réseau bristolien, en lien avec le gouvernement. Quant à lui, il avait découvert le nom et l’existence de son groupe de résistance de l’époque, le Kraken, dont elle était la chef de file. Il était motivé par le profit et la renommée. Elle était motivée par un désir de liberté et de vengeance. Il incarnait tout ce qu’elle détestait. Elle représentait des intérêts fondamentalement contraires aux siens et à ceux de ses alliés. Maintenant qu’il y repensait à tête froide, en s’étant extrait de cette relation et des sentiments qu'elle suscitait, Roy se demandait encore comment et pourquoi il était allé aussi loin. Il passa une main lasse sur sa nuque, en baissant les yeux, dans un geste instinctif de honte.

« Voilà. C’est le moment où j’aurais dû me réveiller et mettre fin à notre relation. Je l’ai pas fait. J’étais… Très amoureux. Très aveuglé aussi, probablement. » Et il détestait admettre cette faiblesse. « J’étais toujours très inquiet pour elle, aussi, elle était enfoncée dans une espèce de lutte sans concession, parfois ça ressemblait vraiment à de l’auto-destruction. Ça me paraissait juste impossible de lui tourner le dos. » Jayce le connaissait assez pour connaître cet instinct très protecteur qu’il déployait pour ses proches et le faisait se sentir responsable. A cette pensée, il secoua légèrement la tête, avec un sourire d’autodérision amère. « C’est stupide. Au fond, je crois que j’avais beaucoup plus besoin d’elle que l’inverse. C’était l’impression qu’elle donnait, en tout cas. Elle a toujours rendu très clair l’idée qu’elle était prête à mourir pour ses valeurs et son combat et que si je voulais que notre couple existe, il fallait que je puisse la suivre dans ses choix. Y avait pas vraiment de « nous » là-dedans » conclut-il, avec un haussement d’épaule défaitiste.

Il y avait elle, elle et sa lutte qui surpassait tout le reste. Elle et ses choix qu’elle disait assumer mais dont elle faisait porter la responsabilité sur Roy quand cela l’arrangeait. Cet incident avec Marcus et le restaurant avait été révélateur : il se souvenait encore de ce « Fallait pas » qu’elle avait prononcé quand il était entré de son appartement à lui, ruiné par ses soins, pour bien lui faire comprendre que c’était sa faute à lui. Il se souvenait de ce glaçant « A toi de voir ce qui est le plus important pour toi » pour le laisser encore une fois responsable de l’équilibre de leur couple. Il se souvenait aussi de ce terrible « Je peux ralentir pour que tu puisses me suivre » pour lui signaler que c’était à lui de changer pour se mettre à son niveau à elle.

Il n’y avait pas de nous, et si cela allait mal entre eux, c’était parce qu’il ne faisait pas les bons choix, parce qu’il ne changeait pas, parce qu’il n’était pas ce qu’elle attendait de lui. Parce qu’il ne parvenait pas à la suivre dans le chemin qu’elle avait décidé seule de suivre. Roy avait mis énormément de temps à comprendre les rouages de cette mécanique infernale dans leur relation. Poser des mots dessus était plus difficile encore que d’en prendre conscience, alors, pendant quelques minutes, ils restèrent bloqués dans sa gorge serrée.

« Bref, renonça t-il en repoussant ses sombres pensées, le regard fuyant. Après ça, on s’est mis d’accord pour empiéter le moins possible sur le champ d’activité de l’autre. Je l’ai aidée à quitter Bristol et se faire passer pour morte, pour échapper à la Milice et au gang. C’est devenu un peu plus tenable. Jusqu’à ce que ça ne suffise plus et que ça redevienne infernal, parce que j’étais toujours pas le type qu’elle voulait que je sois. »

A nouveau, l’occasion se présenta de dire à quel point il avait eu mal, dans cette relation, mais encore une fois, sa souffrance ne parvint pas à s’incarner dans des mots, et resta bloquée au fond du regard plein de culpabilité qu’il posa sur Jayce. Il ne s’était probablement jamais senti aussi mal avec sa propre conscience, et pourtant Roy avait fait des choses bien plus terribles dans sa vie que de vivre une relation secrète. La honte n’était pas un sentiment qu’il expérimentait souvent, lui qui avait bien trop de fierté pour se laisser égratigner par des remises en question. Il avait l’impression que, malgré de jolis souvenirs, des bons moments et des sentiments sincères, cette relation avait réveillé des aspects de lui-même qu’il détestait. Il avait rompu avec Juliana à une période où il avait fini par avoir du mal à se regarder dans un miroir, à force de mentir quotidiennement, se faire violence, s’oublier lui-même, trahir ses amis, ses hommes. Encore aujourd’hui, il avait du mal à décrire ce qu’il ressentait en repensant rétrospectivement à cette relation, à pointer précisément du doigt tout ce qui n’allait pas dedans et à expliciter cette sensation d’emprisonnement, d’étouffement qui le prenait quand il y repensait.

« Je suis désolé de n’avoir rien dit. C’était pas mon secret à moi uniquement, surtout quand elle a du changer d’identité alors… C’était compliqué d’en parler. Et je me disais qu’il valait mieux que je dise rien, parce que si ça venait à être découvert, au moins, ça limitait le risque que toi ou les autres soyez impliqués et considérés responsables. »

Un baume pas très honnête sur sa conscience, mais c’était ce qui l’avait aidé à tenir à l’époque. La vérité était qu’il avait été égoïste et mis en danger les Veilleurs et leur collaboration avec le Ministère dès l’instant où il avait décidé de se lancer dans une relation de couple avec une tête de la résistance. C’était ce qu’il était, un homme égoïste. Jayce le savait. Au fond, les choix que Roy avait faits, sous le coup d’un instinct passionnel, lui ressemblaient bien, par certains côtés. Il était égoïste, et désespérément, ridiculement romantique, c’était vrai. Par contre, il n’aimait pas se découvrir traître, et pire encore, traître à ses propres amis. Son visage était désormais blême.

« Je suis surtout désolé de m’être lancé dans un truc pareil et d’avoir tout mis en danger pour… elle. Je sais pas pourquoi c’est allé aussi loin, je… »

Il ne parvint pas à dire qu’il se sentait profondément stupide, ni qu’il souffrait encore.


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Jayasimha Vijayan
Jayasimha VijayanGrand sage mafieux des montagnes
Messages : 40
Profil Académie Waverly
Brother, I want to understand [Roy] Icon_minitimeVen 9 Avr 2021 - 21:05
Jayce avait vécu beaucoup de déceptions, mené beaucoup de guerres contre lui-même, ses travers et ceux des autres. Il avait passé un temps fou à se reconstruire et à devenir solide et sain, à assumer, à ne plus avoir peur. Il savait ces années et chacune des étapes qui les avaient constituées gravées dans sa mémoire aussi bien que dans son corps et vraiment, il pensait avoir suffisamment gravi de fourches et escaladé de dénivelés pour y avoir construit des assurages solides qui ne le laisseraient plus chuter. Il en était persuadé, jusqu’à maintenant et cette conversation à laquelle il n’avait pas pu se préparer et qu’il recevait avec tout le mal que pouvait infliger une nouvelle trahison à ses traumatismes d’enfance.

Il était venu soutenir Roy. Il était venu parce qu’il avait vu Avalon claquer la porte, et parce qu’ils avaient du travail à abattre tous les deux. Il était venu pour tout sauf pour comprendre enfin que la raison du silence si profond de Roy résidait dans son mensonge. Il avait beau lui tracer le portrait de Juliana et tenter d’adoucir à ses yeux la cruelle représentation qu’en faisaient les journaux, la colère de Jayce ne diminuait pas. Il se fichait bien de qui pouvait être cette femme intimement. Jayce n’avait pas de jugement pour les autres, en terme général, et les descriptions publics ne le confortaient jamais dans une idée préconçue du caractère de quiconque. Roy le savait, le connaissant par cœur, et tout à son amertume, il dû faire un effort violent sur lui-même pour ne pas entendre seulement des excuses au travers de cette première tentative.

Il savait pourtant que Roy ne cherchait plus d’excuses. Qu’il tentait probablement seulement de lui annoncer la vérité telle qu’il l’avait vécu, froide, vaine, stupide. Jayce se tordait nerveusement les doigts, incapable de croiser son regard tant il avait de peine dans le cœur. Il apprenait que Juliana avait larvé leurs rangs d’une taupe dont Roy avait fait son affaire sans l’en avertir. Qu’est ce qui avait pu le pousser à continuer à se taire après une action pareille de la part de sa compagne ? Il secoua la tête à cette annonce, incrédule, le regard toujours figé sur le sol et ses paupières se fermant par intermittence pour retenir la rage furieuse qu’il avait appris à discipliner mais qui profitait de son incompréhension pour s’ouvrir un passage au nom de Marcus.

C’était une invocation terrible. Une prise de sens qui fit à Jayce l’effet d’une douche froide. Il se mit à sourire, étouffa un rire amer, marmonna pour lui-même une insulte dans sa langue natale. Ce qu’il avait pu être stupide, aveuglé, lui aussi, par la confiance absolue qu’il avait dans cet homme qui soudain lui révélait une part de lui qu’il ne lui connaissait pas. Jamais il ne l’aurait même cru capable de l’utiliser contre lui. Roy était fourbe, rusé, il n’avait rien à envier au renard ou à la pie voleuse, mais pas avec lui. Pas entre eux. Ils avaient des règles, un respect mutuel qui devait les placer dans le même camp.

Très amoureux, aveuglé, pas de nous. Nerveusement, Jayce s’était mis à frapper du talon le fauteuil sur lequel il était assis. De petits coups à peine perceptibles mais irrités. La mâchoire seyante sur ses dents serrées, il avait fini par jeter un regard terrible à Roy lorsqu’il avait évoqué les raisons de son silence. Cette pathétique tentative d’excuse faillit le propulser sur ses pieds. Les mots se heurtèrent contre ses lèvres blêmes mais il les retint. De tout son cœur il les retint pour ne pas se laisser emporter par la dévastation néfaste d’une passion qui l’avait toujours trahi et blessé. Il était en colère parce qu’il avait mal et il ne voulait pas laisser cette colère parler à sa place, parce qu’il savait qu’elle avait des mots qu’il ne pensait pas. Lui traversa cependant la question de savoir pourquoi il prenait tant de peine à protéger les sentiments de Roy quand celui-ci révélait lui avoir menti pendant des mois.

Jayce aurait pu supporter un mensonge, un silence, une dissimulation. Si Roy désirait vivre sa vie cachée même aux yeux de ses frères, il n’était personne pour le lui reprocher. Son naturel honnête, particulièrement avec Roy, aurait certes eu de la tristesse face à une telle fermeture, mais il l’aurait respectée comme il avait respecté le secret que Roy avait gardé jusqu’à présent, incapable d’imaginer que ce secret le concernait autant. Il aurait pu supporter ça.

Mais les risques qu’il avait fait prendre aux veilleurs, les vengeances personnelles abritées de passion amoureuses qui avaient conduit à des règlements de comptes dans lesquels, bon sang, il avait été impliqué, ça, Jayce ne le digérait pas. Ce que Roy avait mis en péril, vis-à-vis du gouvernement, vis-à-vis d’eux-mêmes, Jayce ne le supportait pas. Roy était égoïste. Il le savait. Mais il était aussi censé avoir le respect des sacrifices qu’il faisait pour lui. S’avait toujours été le cas et c’était ce qui permettait à Jayce d’être encore là aujourd’hui. Lui qui n’avait pas hésité à remettre les deux pieds dans le crime pour le sortir d’une situation dramatique, lui qui avait accepté de lui rendre service, et qui était encore là, des années après, à considérer avant le bien de sa famille l’équilibre précaire des Veilleurs et le pilier de sa présence ?

Et qu’avait-il en retour ?

Roy l’avait mis en danger à son insu. Il lui avait caché les cartes. Dissimulé une vérité qui aurait pu éclater et créer une situation irréparable de guerre et de destructions. Il aurait pu mettre en danger sa famille sans que Jayce ne puisse s’en douter parce qu’il n’imaginait pas une seule seconde qu’il puisse fricoter avec la tête de la résistance. Il essayait de réfléchir rationnellement aux explications de Roy, de les considérer objectivement. Mais il n’y voyait rien d’autre qu’une vaste situation de danger qu’il avait tue pour ne pas s’entendre dire la vérité. Comment faire confiance à ses excuses, comment leur apporter du crédit alors qu’il affirmait lui-même être allé trop loin ? Comment le croire au travers du prisme de la blessure, de la peur, de la colère qu’il lui infligeait ? Il aurait voulu pouvoir se lever et tout briser autours de lui. Il eut un spasme un instant qui faillit le précipiter sur le premier objet qu’il aurait pu détruire. Mais il le retint avec brutalité, l’écrasa en lui. Il avait désormais une conscience aigüe de la fureur qui le brûlait avidement de l’intérieur.

- Les veilleurs. Toi. Moi. Ma famille, Roy. Tout le danger. Je ne comprends pas non plus, toi et moi, on s’est tout dis. Je n’ai pas oublié ce que je te dois, jamais. Toi tu oublies. Je suis là pour toi, Roy, et c’est ça que je peux attendre de toi en retour ? Ma confiance n’est pas sacrée ? Mes sacrifices ? Tu jettes tout ça et pas un mot, pas un geste ? » Les mots de Jayce s’extrayaient de lui comme des coups de marteaux assénés sur une enclume, avec difficulté, méthode, restreinte. Il souffrait d’avoir perdu son calme et du contrôle qu’il devait garder sur lui-même pour ne pas simplement exploser comme sa nature profonde lui dictait de le faire. « Comment je dois te faire confiance maintenant que je sais que tu peux franchir cette ligne ? » Il avait enfoncé ses ongles dans la chaire de son poignet. Comme une très vieille antienne, la douleur le rappelait à lui.  


Jayce Bowers
We are the warriors, who learned to love the pain
☉ The Score.
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2891
Profil Académie Waverly
Brother, I want to understand [Roy] Icon_minitimeVen 9 Avr 2021 - 22:06
Alors. Petit message pour nos chères lectrices et lecteurs pour dire que.

Nous sommes coincées Brother, I want to understand [Roy] 2222602150

Ce RP prend un tournant absolument pas prévu par leurs joueuses car l'objectif initial était que Roy révèle enfin à son bro Jayce ce gros secret sur son couple passé avec Juliana et qu'ils puissent en parler. Cependant, le RP s'écrivant et mettant en valeur L'AMPLEUR TERRIBLE DE CETTE TRAHISON qui réveille des traumas pas très cool chez Jayce, nous arrivons à la conclusion qu'en l'état, ils ne peuvent plus du tout être amis  Brother, I want to understand [Roy] 1114662470

Du coup, c'est officiel, leur bromance est terminée, il n'y aura plus jamais de blagues débiles du Jayce/Roy et le gang des Veilleurs va exploser.

NON JE RIGOLE, jamais de la vie.

En fait, le souci c'est que joueuse de Roy ne disposait pas de toutes les données sur Jayce (notamment son background, avec ses traumatismes d'enfance, ses raisons d'être dans la mafia, etc) ni sur la relation entre Roy et Jayce, au moment où la trame du Royliana existait. Joueuse de Roy se retrouve donc à lire les derniers posts de Jayce et à se dire que jamais Roy n'aurait pris certaines décisions qu'il a prises par le passé si cette dynamique avec Jayce existait en jeu à ce moment-là et se retrouve avec une grosse incohérence sur les bras Brother, I want to understand [Roy] 2615321653
Joueuse de Jayce, débarquant joyeusement quelques années plus tard, écrit ses posts en prenant en compte des faits écrits et passés et se rend compte que no way que Jayce pardonne ça, en fait  Panda  
Joueuse et Roy et joueuse de Jayce pleurent donc de toutes les incohérences qui en résultent et se rendent compte qu'il n'y a pas de solution crédible pour régler ça en jeu  Brother, I want to understand [Roy] 42730786

Comme nous n'avions pas prévu et ne souhaitons pas que ce rp ait de lourdes conséquences sur la suite de notre jeu, ni même des conséquences de manière générale (on voulait juste clore l'arc deuil de Roy sur son ship passé et passer à autre chose), on va clore cet rp par un dernier post de Jayce qui donnera une explication à la situation actuelle, une explication aussi absurde que les smileys de ce post. Mais vous pouvez considérer ça comme une simple blague dont on ne parlera plus dans la suite Brother, I want to understand [Roy] 2222602150

En jeu, on retiendra simplement que Jayce et Roy en ont discuté et ont résolu cette histoire, sans qu'on sache vraiment comment et tant pis.  

Sur ce, nous demandons une minute de silence collectif, pour nous recueillir pour le temps passé sur cet rp complexe et douloureux, pour les nombreux caractères écrits et la sueur de notre front qui a coulé sur nos claviers  Brother, I want to understand [Roy] 1332154752

Cordialement, bisous  Brother, I want to understand [Roy] 2729217173  


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Jayasimha Vijayan
Jayasimha VijayanGrand sage mafieux des montagnes
Messages : 40
Profil Académie Waverly
Brother, I want to understand [Roy] Icon_minitimeVen 9 Avr 2021 - 22:34
Roy était immobile, ne trouvait plus de mots, pour Jayce c’était évident. Il avait raison, depuis le début de cette discussion il avait toujours eu raison. Il en voulait à Roy, commençait à l’accepter, à laisser la fureur couler en lui et l’accueillait comme un suc à la saveur délicieuse. Il fixait désormais Roy qui, pantois, lui rendait son regard.

- Alors c’est ça, dit Jayce d’une voix enrouée par la colère. Tu n’as plus d’excuses, plus de belles histoires à raconter sur la façon dont tu voulais nous protéger en nous mentant. En me mentant.

D’un bond, il se leva. Comme un flux dont on a ouvert les vannes la colère se déversa dans tout son corps, et Jayce la laissa parler. D’abord, il brisa d’un revers de main le pot du cactus en forme de bite que Roy affectionnait tant. Frank valdingua à travers la pièce et s’échoua contre le mur dans un bruit mat, un bruit mat et triste qui donna à Jayce envie de pleurer tant il renssemblait au bruit mat et triste qu’avait fait son cœur lorsqu’il avait été heurté par la trahison. Ensuite, comme Roy n’avait pas bougé, figé par la démonstration de violence de son frère qu’il n’avait plus vu ainsi depuis des années, Jayce le saisit par le col et le secoua pour le faire réagir.

- POURQUOI ? Hurla Jayce de toute la force de ses poumons douloureux, TU ÉTAIS COMME MON FRÈRE, en moins mat, et en plus espagnol MAIS COMME MON FRÈRE MALGRÉ TOUT ! D’une main ferme, il le saisit par la nuque et colla son front au sien. Je ne pourrais jamais te pardonner tes actes, Roy. Je t’aimais pourtant. Sans doute plus que cette femme pour qui tu m'as trahis. Sa main heurta le pectoral de Roy, qu’il étreignit dans une caresse qui leur avait jadis était si naturelle et semblait aujourd’hui remplie d’adieux. Roy… Les larmes coulaient désormais sur les joues de Jayce.

Soudain, un contact étrange lui fit relever la tête. Il recula pour chercher le regard de son ancien ami. De ses yeux, il passa au torse qu’il caressait doucement. Jayce fronça les sourcils. « Roy… » répétat-il incertain. « Tu ne sens rien ?
- Non, répondit Roy d’une voix tremblante. C’était beaucoup d’émotions. Je ne sens rien d’autre que la chaleur de ta main contre ma peau, Jayce, et je…
- Chut, intima son plus trop frère. D’un geste brusque, il défit la boutonnière et découvrit la peau parfaitement lisse et glabre de Roy. Là, il appuya doucement, juste au-dessus du téton. « Tu as quelque chose de dur, ici… »
- Oui, Jayce… C’est mon cœur qui s'est fait de pierre maintenant que tu m’as renié.
- Non… C’est… Autre chose… Ne bouge pas… » D’un geste suave, Jayce se saisit de sa baguette, et traça doucement sur le torse de Roy une ligne qui incisa. Tel Saint Thomas qui ne croyait pas à la résurection du Christ, il y glissa deux doigts.
- Tu me fais mal, Jayce… Roy avait moins de self contrôle que Jésus.
- Pardon, répondit-il en posant une main sur la joue de son j’ai plus de noms communs. Il ne désirait pas le faire souffrir plus que de raisons, malgré sa colère, car Jayce avait un cœur généreux en toutes circonstances. « J’y suis presque je… »
- Ha !
- Ho !

De la plaie avait jaillit une pierre pas plus grosse qu’une phalange. Ses reflets mordorées de strilles brunes indiquait un œil de tigre sur lequel avait été gravé une rune sombre qui miroitait doucement dans la lumière de fin d’après-midi (je sais c’est le soir et je m’en fou complétement !)

- Roy, regarde ! S’exclama Jayce en portant au regard de Roy la pierre dorée. « C’est un enchantement très puissant ! Tu l’avais dans le pectoral gauche tout ce temps, il t’a certainement fait tomber amoureux de Juliana et fais faire n’importe quoi contre ton gré !
- Mais oui ! Renchérit Roy et dans son regard pouvait se lire un profond soulagement : je le sens désormais, je ne suis même plus triste d’avoir rompu ! Jayce ! C’est formidable ! Tout ça, c’était de la manipulation magique ! Je ne suis responsable de rien ! Tu peux me pardonner !
- Oui ! Ho, Roy ! Je suis si heureux ! Les yeux de Jayce brillaient.

Leurs lèvres s’approchèrent. Roy pensa à Avalon. Jayce pensa à Sundari.

Ils allèrent plutôt boire un whisky.

FIN


Jayce Bowers
We are the warriors, who learned to love the pain
☉ The Score.
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2891
Profil Académie Waverly
Brother, I want to understand [Roy] Icon_minitimeVen 9 Avr 2021 - 22:55
Je tiens à dire que rien que pour le post ci-dessus je ne regrette rien. Merci.


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Contenu sponsorisé
Profil Académie Waverly
Brother, I want to understand [Roy] Icon_minitime