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CDI [Abel]

Isobel Lavespère
Isobel LavespèreChargée de communication
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CDI [Abel] Icon_minitimeVen 23 Oct 2020 - 22:18
6 mai 2011 - Agence Laveau&Wells


Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent pour laisser passer Isobel. Il était dix-huit heures trente mais l’agence d’Abel et Isaac était encore en pleine effervescence. Alors qu’elle avançait dans le grand hall moderne, elle ne put s’empêcher de laisser son regard courir sur les différents espaces. Elle se sentait toujours curieuse quand elle venait ici : c’était comme voir Abel dans son environnement naturel, une sorte de safari dans son monde de l’architecture. Cette fois-ci, elle n’aperçut que Isaac, penché au dessus d’un bureau. Il avait l’air un peu contrarié, ou en tout cas, pas d’humeur à être salué à l’improviste. Elle s’approcha du bureau de la standardiste et lui adressa un sourire.

- Bonsoir. J’ai rendez-vous à dix-huit trente avec Monsieur Laveau.

Sarah eut un petit instant d’arrêt. Même s’ils n’avaient jamais annoncé publiquement leur histoire d’amour, ils avaient cessé de se cacher, ils se contentaient de ne pas trop s’étaler dans un contexte professionnel. Isobel était donc déjà passée au bureau pour inviter son amoureux à déjeuner. Elle avait également déjà reçu des fleurs alors que son petit-ami était au bureau toute la journée, ce qui rendait probable que la commande soit passée par le bureau de Sarah. Néanmoins, cette dernière, toujours aussi discrète, hocha simplement la tête et lui fit un sourire, affirmant qu’elle allait le prévenir. Isy ne poussa pas le vice jusqu’à aller s’assoir dans la salle d’attente : quelques secondes après, Sarah lui fit signe qu’elle pouvait y aller si elle le souhaitait. Elle n’avait plus besoin d’être guidée, depuis le temps.

Elle remonta le couloir, le bruit de ses talons résonnant sous la belle hauteur sous plafond. Arrivée devant la porte du bureau d’Abel, elle cogna quelques coups. Sa voix grave résonna pour lui dire d’entrer et Isobel eut un sourire, toute amusée à l’avance de sa petite blague. Elle ouvrit le battant et se glissa à l’intérieur de la pièce, tout son sérieux retrouvé. Elle vit le regard surpris de son petit-ami se poser sur elle, mais elle n’en tint pas compte.

- Bonsoir, je suis votre rendez-vous de dix-huit heures trente.

Elle fit quelques pas vers le bureau.

- J’ai entendu dire que vous recrutiez pour un poste de co-parent avec vous, dans le cadre d’un projet de fabrication de bébé. Il est possible que je sois intéressée mais j’aurai auparavant aimé discuter de tout cela avec vous.  


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Abel Laveau
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CDI [Abel] Icon_minitimeDim 1 Nov 2020 - 20:24
Abel était plongé dans la comparaison d’échantillons de bois de plancher qu’il tenait entre ses mains et dont il mesurait les teintes et la texture quand la sonnerie caractéristique du standard résonna dans son bureau. Il soupira, car il n’aimait pas beaucoup recevoir des clients en fin de journée, au moment où il commençait à fatiguer et préférait se réserver des activités plus tranquilles pour terminer son travail.

« Oui ?
-Mademoiselle Lavespère demande à vous voir, monsieur, elle a rendez-vous avec vous, semble t-il ? J’ai vérifié dans votre agenda mais ce n’est pas indiqué.
-Oh, s’étonna Abel car il n’avait effectivement rien prévu avec Isobel, mais peut-être avait-il oublié ? Faites-la entrer, je suis à mon bureau. »

Quoiqu’il ait prévu ou non, il n’allait pas laisser sa petite amie poireauter dans le hall alors qu’elle était expressément venue le voir. Parfois, elle venait sans forcément prévenir, pour lui proposer de déjeuner ensemble ou simplement avoir quelques minutes avec lui quand ils se manquaient ou que l’un d’eux avait besoin d’être requinqué. Les soirs où il terminait tard à l’agence, parce qu’il terminait un dossier de concours, par exemple, elle ne manquait jamais de venir le voir en lui apportant une douceur pour lui souhaiter bon courage.

Peut-être souhaitait-elle sortir ce soir et elle venait le récupérer ? Il n’allait pas tarder à avoir sa réponse, la distance entre son bureau et l’accueil était relativement courte. Bientôt, la porte s’ouvrit sur la silhouette d’Isobel qui arborait un sourire qui attira aussitôt l’attention d’Abel. Son regard pétillait un peu trop pour qu’elle ne prépare pas quelque chose, elle semblait déjà s’amuser et Abel comprit assez vite pourquoi.

Sous ses yeux stupéfaits et très vite amusés, il la vit se glisser dans la peau d’une postulante à une sorte d’entretien d’embauche pour parler du sujet qui occupait régulièrement leurs esprits depuis un mois. Après le débat télévisé, venait l’entretien, songea t-il en s’amusant de ces formats de discussion par lesquels ils passaient pour discuter de sujets très sérieux. En tout cas, cette approche marchait bien sur lui : intrigué par ce qu’Isobel avait en tête, il se laissa prendre au jeu.

« Eh bien je vous écoute, prenez donc place, dit-il en lui désignant le siège face à lui, de l’autre côté de son bureau. Avez-vous des questions sur ce projet ? »


Abel Laveau
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Isobel Lavespère
Isobel LavespèreChargée de communication
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CDI [Abel] Icon_minitimeDim 1 Nov 2020 - 21:44
Isobel vit avec plaisir Abel rentrer dans son jeu du pseudo-entretien. Elle dut prendre sur elle pour que son sourire amusé ne reprenne pas le dessus, alors qu’elle s’asseyait face à lui. Elle fit glisser la bandoulière de son sac à main sur son épaule et déposa ce dernier juste à côté d’elle. Les mains sagement posées sur ses genoux, elle plongea son regard dans celui de son petit-ami. L’idée lui était venue après sa discussion assez enrichissante avec Ann, à New-York. Cette dernière avait évoqué, lorsqu’elle lui avait expliqué son cheminement vers la maternité, que Connor et elle avaient pris le temps d’expliciter clairement leurs attentes et leurs limites dans ce projet de parentalité. Ils avaient évoqué toutes les contraintes apportées par la naissance d’un enfant et les sacrifices qu’ils n’étaient pas prêts à faire. Isy pensait que ce genre de discussion était effectivement primordiale et, jusque là, Abel et elle n’avaient pas parlé de tout cela. Ils avaient parlé de leurs sentiments, de leurs envies, mais pas vraiment de leurs attentes. Faire cela comme un entretien allait leur permettre de formaliser un peu les choses, dans un cadre un peu sérieux et aussi... Elle trouvait ça drôle de le surprendre.

- Et bien oui, souffla-t-elle, j’en ai plusieurs. J’ai fait quelques petites recherches sur le poste, notamment en allant lire des témoignages de mères déjà un peu expérimentées, et l’un des éléments qui est revenu le plus souvent concernait la charge de travail. Elles sont souvent les responsables principales du projet bébé, elles s’en occupent majoritairement et le père les « aide. »  

C’était du moins les conclusions qu’elle tirait de tout ce qu’elle avait lu, même dans certains livres portant sur la maternité. « Si vous êtes trop épuisée, demandez au père de vous relayer. » Et sinon, avait songé Isobel, le père pouvait peut-être prendre l’initiative par lui-même avant que sa compagne n’atteigne le stade de l’épuisement ? En suivant les conseils de Ann, afin d’identifier ses priorités et les choses auxquelles elle ne voulait pas renoncer s’ils avaient un bébé, Isobel avait réalisé qu’elle ne voulait pas être le « parent principal » de leur enfant, sous prétexte qu’elle était sa mère. S’ils devaient avoir un bébé, elle souhaitait qu’ils soient impliqués autant l’un que l’autre, elle ne voulait pas avoir à demander les choses à Abel pour qu’il l’aide. Elle voulait qu’il soit tout autant père qu’elle, qu’il soit impliqué, qu’il soit actif. Elle voulait qu’il se lève la nuit sans qu’elle ne réclame, qu’il prenne tout seul l’initiative d’aller chez le pédiatre si le bébé était malade, qu’il ne lui demande pas où étaient rangées les affaires du bébé. Elle ne voulait pas se sentir toute seule dans ce projet, elle ne voulait pas qu’il l’aide, mais qu’ils soient parfaitement égaux. Elle ne voulait pas que toute cette charge repose sur elle, tout simplement. Et elle ne savait pas trop ce qu’il en était de son côté, d’où son interrogation.

- Comment est-ce que toi - le tutoiement lui était revenu machinalement - tu vois les choses concernant ton implication ?


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Abel Laveau
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CDI [Abel] Icon_minitimeDim 8 Nov 2020 - 22:08
Abel n’eut pas trop de mal à se glisser dans la peau du personnage qu’Isobel lui proposait implicitement en entrant dans son bureau, puisqu’il avait déjà fait cet exercice dans sa vie professionnelle de patron d’une entreprise. Il était assez curieux de voir ce que sa compagne avait en tête et pourquoi elle choisissait ce format pour venir discuter avec lui de ce sujet bébé qui ne quittait plus leurs pensées depuis quelques temps. Il lui laissa donc la main et très vite, Isobel en vint au vif du sujet. Il n’était pas vraiment étonné de l’entendre dire qu’elle avait épluché des articles et des témoignages -il voyait les livres sur la maternité s’accumuler sur sa table de chevet- alors son commentaire fut plus pour la pousser à développer que par réelle surprise :

« Vraiment ? »

Mais plutôt que de développer, Isobel préféra lui poser une question et fidèle à lui même, Abel s’accorda un bref temps de réflexion, plutôt que de se lancer bille en tête. Comment voyait-il son implication ? Il sentait qu’Isobel attendait des éléments plus précis que « j’assumerais ma charge moi aussi » et qu’elle avait besoin d’être rassurée sur ce point qui prenait globalement plus de place dans les débats de société de manière générale. L’égalité homme-femme. Un concept sur lequel Abel avait toujours eu un rapport ambivalent, puisqu’il venait d’une société plutôt matriarcale : lui aussi, à une époque, il aurait aimé avoir un peu plus de cette égalité, et prétendre à des privilèges et des droits que seules les femmes avaient, dans le microcosme dans lequel il avaient grandi tous les deux.

Mais depuis, Abel, tout comme Isobel, étaient sortis de ce microcosme, s’étaient confrontés à la réalité du reste du monde où les rapports étaient inversés. Sur la question de la parentalité, toutefois, on ne pouvait pas dire que leurs familles étaient bien différentes du reste du monde. Chez les Laveau, comme chez les Lavespère, les enfants avaient toujours été l’affaire des femmes, mais les raisons étaient sensiblement différentes : les femmes étaient considérées comme porteuses de l’héritage principal à transmettre et elles avaient tout pouvoir, notamment celui de régenter leur famille.

Abel n’avait pas envie de cela. Au fond, s’il était parti si jeune et si loin, c’était pour trouver d’autres modèles, d’autres sources d’inspiration, d’autres modes de vie où il se sentait plus libre. Là dessus, il avait un point commun avec Isobel, même s’ils n’étaient pas partis de la même manière, ni pour les mêmes raisons, mais au final, ils aspiraient tous les deux à s’épanouir par leurs propres moyens et leurs propres choix, et se détacher d’un carcan qui les étouffait.

« Hum… Je peux te rassurer sur un point, je n’ai pas plus envie que toi de répéter les modèles de famille dans lesquels on a grandi. Je n’ai pas envie de faire des enfants et ne pas avoir ma place dans leur éducation, dans leur vie de façon générale, ou en tout cas, d’avoir une place moins importante que celle de leur mère ». Comme c’était trop souvent le cas dans leurs covens. « Ce n’est… pas très juste pour les pères, je trouve. » A titre personnel, il avait vu le sien souffrir de ce manque de place et finir par ne plus s’y reconnaître. Il n’avait pas envie de vivre la même chose. « Et inversement, dans le reste de la société -la partie du monde qui n’adoptait pas les codes des covens vaudou, sous-entendait t-il- ce n’est pas très juste non plus que les mères se retrouvent à tout faire, parce que ce serait leur rôle prédéterminé. Je pense qu’on peut être plus intelligents et plus équitables que ça. Je ne serais pas juste d’exiger d’avoir mon mot à dire dans l’éducation de nos enfants, sans prendre ma part de travail quotidien alors… » La justice, un mot qu’il répétait, car c'était la valeur qui animait le plus Abel, sans doute, et le guidait dans la plupart de ses choix. « Ne t’inquiète pas, être préposée aux couches ne fait pas partie de ton contrat. »


Abel Laveau
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Isobel Lavespère
Isobel LavespèreChargée de communication
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CDI [Abel] Icon_minitimeLun 9 Nov 2020 - 1:40
Comme à son habitude, Abel prit le temps de réfléchir avant de lui répondre, ce que Isobel apprécia. Elle ne souhaitait pas qu’il prenne des engagements sans y penser, juste pour lui faire plaisir. Elle ne voulait pas qu’il lui assure qu’il serait là puis, une fois le bébé né, qu’il se défile et qu’elle se retrouve toute seule à devoir s’occuper de tout. Ce n’était pas l’idée qu’elle se faisait de ce projet s’ils se lançaient, ce n’était pas cela qu’elle voulait vivre. S’ils devaient avoir ce projet, elle voulait qu’ils soient tout autant investis l’un que l’autre, elle voulait vraiment qu’ils puissent se soutenir tous les deux, qu’ils soient autant impliqués l’un que l’autre.

Le coeur battant, elle écouta la réponse d’Abel, suspendue à ses mots. Il n’avait pas envie de reproduire les schémas dans lesquels ils avaient été élevés tous les deux, qui restaient mine de rien très traditionnels : la femme, la mère, était en charge de l’éducation et du soin des enfants. Alors certes, pour des raisons qui différaient de celles du reste du monde, mais elles assumaient tout de même une charge importante. Elles étaient au four et au moulin, portaient le coven et leurs familles, tandis que les hommes étaient relégués à des rôles secondaires. C’était dérangeant pour eux de ne pas avoir de place décisionnelle au sein du coven, d’être moins considérés que les sorcières, mais elle avait l’impression que certains y trouvaient des avantages quand il fallait gérer le foyer familial et les enfants. Ce n’était pas ce qu’elle voulait reproduire. Et Abel non plus, ce qui était un grand soulagement. Ils pourraient construire leur modèle à eux, un modèle plus équitable et plus juste, plus moderne. Une famille où s’occuper d’un enfant était quelque chose qu’ils auraient voulu tous les deux et qu’ils géraient donc tous les deux.

Elle hocha la tête lorsqu’il souffla que ce n’était pas très juste pour les pères. Elle voyait ce qu’il voulait dire. Ces derniers avaient rarement le dernier mot dans les décisions importantes à la Nouvelle-Orléans, on leur faisait comprendre que leur avis - et leur présence - comptait moins que celle de la mère. Son éducation en était un exemple flagrant. Délaissée par sa mère, ses grands-parents l’avaient pris en charge à sa naissance, avaient veillé sur elle. Mais lorsque sa grand-mère Anne était décédée, lorsqu’elle avait sept ans, tout s’était compliqué. Elle aurait voulu rester auprès de son grand-père, dans la maison dans laquelle elle avait grandi, et elle avait l’impression que André aurait voulu la garder auprès de lui aussi. Mais les prêtresses n’avaient pas autorisé cela : une sorcière devait être élevée par une sorcière, pas par un homme. Même si elle allait à l’école du temple tous les jours, même si ses tantes vivaient à deux pas, même si elle était entourée de sorcières, elle n’avait pas pu rester seule avec son grand-père. Elle avait été gérée par sa tante Isadora quelques mois, avant que sa mère ne revienne, soudainement piquée par un élan de maternité qui n’avait pas duré. Mais à la Nouvelle-Orléans, une mauvaise mère valait toujours mieux qu’un bon père. Ce n’était pas ce qu’elle voulait pour Abel, ou pour le bébé qu’ils pourraient avoir. Elle était certaine qu’il serait un très bon père s’ils avaient un bébé et elle ne voulait pas diminuer ce rôle.

Lorsqu’il lui souffla qu’il serait injuste de sa part de demander sa place dans l’éducation de leurs enfants sans en assumer la charge derrière, elle lui sourit, soulagée. C’était ce qu’elle avait besoin d’entendre, qu’il considérait qu’il avait autant de travail à faire qu’elle, qu’elle ne serait pas la grande responsable de leur éventuel bébé. Sa dernière plaisanterie lui tira un léger rire et elle secoua la tête, le soulagement visible sur son visage.

- C’était un point que je voulais vérifier. En fait, j’ai une liste de conditions pour éventuellement accepter ce nouveau poste et je voudrais vérifier ce qu’il en est... Comme vous le savez, ajouta-t-elle très sérieusement, beaucoup d’autres personnes sont intéressées par mon profil, alors je fais jouer la concurrence...

Elle aimait bien l’embêter.

- Donc, comme évoqué précédemment, le partage de la charge est une notion importante pour moi, je souhaite qu’on soit autant impliqués l’un que l’autre. Je n’ai pas envie d’être la seule qui prend des initiatives pour notre éventuel enfant, la seule référente... Parce qu’en fait, je souhaiterais conserver une partie de ma vie actuelle, donc je n’ai pas envie de devoir être celle qui gère tout le temps. Comme évoqué par Ann, elle avait fait une petite liste des choses auxquelles elle ne souhaitait pas renoncer. Je voudrais continuer d’aller à la danse, une fois par semaine, et de courir le week-end. Mais surtout la danse. Aussi, je voudrais pouvoir continuer de sortir régulièrement, plusieurs fois par mois.

Actuellement, c’était plusieurs fois par semaine mais elle comprenait bien que ce rythme était compliqué avec un bébé. En plus, elle travaillait la journée, donc cela signifiait ne pas voir le bébé. Si elle sortait tous les soirs, ils ne passeraient jamais de temps ensemble. Mais malgré cela, elle voulait pouvoir continuer d’aller boire un verre avec ses amis et copines régulièrement.  

- Un autre élément important pour moi, qui concerne les sorties toujours, c’est continuer de sortir avec toi. J’ai envie qu’on ait toujours des moments tous les deux. J’aimerais bien qu’on se réserve un soir de la semaine, le vendredi ou le samedi, pour sortir. Sortir dîner, ou boire un verre, rien d’extravagant, mais qu’on ait toujours des moments uniquement que pour nous. Et j’aimerais bien que, de temps en temps, au moins une fois par an, on parte en week-end juste tous les deux.

Même deux fois par an, pourquoi pas, si ça se passait bien pour le bébé en leur absence... Avoir des moments uniquement de couple lui semblait plus qu’indispensable. Ils adoraient partir tous les deux, à chaque fois, ils étaient dans une petite bulle de bonheur. Elle avait besoin de ces moments.

- Je ne sais pas ce que tu penses de tout cela, conclut-elle, et je ne veux pas exiger mais ce sont des choses importantes pour moi, des sacrifices que je ne souhaite pas faire. Et tu en as sûrement aussi, je voudrais bien savoir ce qui est important pour toi, les choses que tu ne veux pas cesser de faire si on a un bébé. Connor et Ann en ont parlé avant d’avoir Caleb, révéla-t-elle. Et apparemment, cela les a beaucoup aidés.

Elle n’avait pas mentionné ultérieurement la conversation qu’elle avait eue avec Ann à Abel. Elle était revenue dans le salon un peu plus tard, sans rien dire, assez pensive. Elle avait eu besoin de digérer l’échange, d’y repenser.


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Abel Laveau
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CDI [Abel] Icon_minitimeSam 14 Nov 2020 - 13:10
« Mais dis donc, il y a des choses que j’ignore… » répliqua t-il en souriant alors qu’Isobel prétendait avoir beaucoup d’autres prétendants à sa maternité autour d’elle.

Il se doutait bien que c’était faux et préféra se concentrer sur le coeur du sujet qui les occupait. Isobel semblait préoccupée par les sacrifices qu’elle aurait à faire en acceptant d’avoir des enfants, ou plutôt ceux qu’elle ne voulait pas faire et qu’elle énuméra les uns après les autres. Il apprit avec une certaine surprise qu’elle avait discuté de ce sujet avec Ann, la compagne de son ami Connor qu’il avait connu à l’université et qu’il fréquentait toujours depuis. Il n’avait pas remarqué ce genre de complicité entre elles, mais il en fut assez agréablement surpris. Il connaissait un peu l’entourage amical d’Isobel, elle lui avait présenté ses proches amies, et il ne lui semblait pas qu’il y avait parmi elles des mères ou futures mères : elles présentaient un parcours plutôt similaire à celui d’Isobel, jeunes trentenaires focalisées sur leur carrière. Abel était content qu’elle ait pu avoir le point de vue d’une femme qui avait choisi un autre parcours et Ann semblait assez bien correspondre au bon équilibre qu’on pouvait rechercher entre l’épanouissement d’une carrière professionnelle et l’engagement dans un projet de famille. Il savait qu’elle n’avait pas décidé de consacrer tout son temps et toute sa vie à son bébé et qu’elle avait repris le travail après son congé maternité. Avec Connor, ils faisaient plutôt figure d’un couple moderne, d’ailleurs, songea t-il, sans jamais se l’être formulé auparavant, parce qu’il n’y avait pas spécialement réfléchi. Maintenant qu’il y pensait, certains détails lui apparaissaient : ce n’était pas systématiquement Ann qui se levait pour aller s’occuper du bébé qui pleurait ou faire la vaisselle entassée dans l’évier.

C’était ce genre d’équilibre auquel Isobel s’identifiait, visiblement, et Abel pouvait tout à fait s’y reconnaître également. Il admit en hochant la tête, au moment où sa compagne lui passait la parole :

« C’est plutôt une bonne idée de faire cette liste… Ça nous permet de poser clairement nos conditions. Je n’ai pas d’objection sur ce que tu as dit, d’ailleurs. En fait, je pense que je te rejoins sur tes conditions, annonça t-il après un bref temps de réflexion. Moi non plus, je n’ai pas envie qu’on s’arrête de sortir ou d’avoir une vie en dehors du foyer, si on a des enfants, donc… Je comprends, assura t-il. On pourra se fixer des rythmes raisonnables en voyant ce que c’est d’avoir un bébé, j’avoue que j’ai du mal à me rendre compte… » Il ne savait pas si une sortie par semaine c’était beaucoup ou si au contraire, ils s’apercevraient qu’ils pouvaient se permettre plus. « Je suppose que le rythme sera différent au tout début et au bout de quelques mois. Quoiqu’il en soit, je te le redis, mais rien ne nous empêcher d’engager une nounou une fois qu’on aura repris le travail ou même avant si on veut, pour se dégager aussi du temps pour nous. »

La dernière fois, Isobel avait émis des doutes, en demandant si cela ne faisait pas d’eux de mauvais parents. Mais Abel y avait repensé et conclu qu’il suffisait seulement de trouver le juste équilibre. Ils avaient largement les moyens de s’appuyer sur des méthodes de garde, alors il songeait assez pragmatiquement qu’il ne fallait pas culpabiliser de pouvoir s’offrir ce confort. Si cela leur permettait d’avoir quelques moments pour eux et se ressourcer, pour se sentir plus sereins et plus reposés, il ne voyait pas en quoi cela causerait du tort à leurs bébés.

Parce qu’il tenait à se montrer de bonne volonté face aux conditions qu’Isobel énumérait, mais aussi parce qu’il pensait sérieusement ce qu’il disait plus tôt en disant qu’il voulait prendre une vraie part dans la vie de leur futur enfant, il ajouta :

« Aussi, je pense que je pourrai prendre un congé paternité. L’avantage d’être son propre patron… Enfin, j’en parlerai avec Isaac le moment venu si ça se présente, mais je ne pense pas qu’il aura d’objection. Comme ça, on se relayera plus facilement toi et moi, les moments où tu veux sortir par exemple. »

Il espérait pouvoir la rassurer sur ce point. Sans plus de transition, il poursuivit, en suivant le fil de ses pensées :

« La seule condition que je rajouterais de mon côté, c’est que je veux pouvoir continuer à voyager pour mon travail. Peut-être pas la première année, ou plus occasionnellement, je ne sais pas, on peut voir. Mais c’est toujours important pour moi » affirma t-il, ce qu’elle savait déjà puisqu’ils en avaient discuté après l’affaire du Japon.


Abel Laveau
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Isobel Lavespère
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CDI [Abel] Icon_minitimeLun 23 Nov 2020 - 22:37
Isobel attendait un peu anxieusement le verdict d’Abel sur ce qu’elle venait de déclarer. Elle ne savait pas tellement ce qu’il allait penser de tout cela, peut-être qu’il allait estimer qu’elle avait des demandes complètement irraisonables, que ce n’était pas ainsi qu’il imaginait leur potentielle vie de famille. Elle avait pourtant essayé d’identifier au mieux ses besoins, en essayant d’imaginer au mieux la réalité des choses, d’imaginer s’il était véritablement possible de sortir une fois par semaine, par exemple. Elle ne savait pas vraiment ce que c’était la vie avec un bébé, mais il pouvait bien rester quelques heures avec son papa pendant qu’elle allait à la danse, par exemple ? Heureusement, Abel ne tarda pas à hocher la tête, approuvant ses propos. Un sourire soulagé lui échappa et elle se détendit un peu. Elle s’empressa de rebondir sur ce qu’il disait, ravie que ce petit entretien se déroule aussi bien pour le moment.

- Je ne réalise pas non plus vraiment, je suppose qu’on verra le rythme qu’on pourra adopter si on se lance, et j’imagine aussi que ça évoluera au fil des années.. Mais ça me tient véritablement à coeur, qu’on soit dans cette dynamique là. Je suis contente qu’on soit d’accord. Un point en plus pour ton entreprise, ajouta-t-elle avec un sourire en coin.

Cela différait peut-être des schémas avec lesquels elle avait été élevée, elle le réalisait, mais elle ne se voyait pas ne plus sortir, ne plus voir ses amis, ne plus faire du sport, ne plus avoir de temps en amoureux... C’était nécessaire à son équilibre. La première fois qu’Abel avait évoqué le fait d’engager une nourrice, elle avait immédiatement pensé aux commérages de la Nouvelle-Orléans. Cela ne se faisait pas chez eux, les enfants étaient confiés au reste de la famille en cas de besoin, mais il était plus que rare d’engager une nourrice. Après coup, elle avait réfléchi. Si ce n’était pas tout le temps et qu’ils choisissaient bien, une professionnelle, pour s’occuper de leur bébé pendant quelques heures, quel était le mal ? Il valait sûrement mieux qu’ils soient détendus et reposés pour s’occuper du bébé, plutôt que tendus et fatigués. S’ils pouvaient avoir quelques heures de repos... Cela ne serait pas pire que de le confier à une grand-mère, par exemple. C’était moins pire que de le confier à sa mère, par exemple, qui allait sûrement lui mettre de la bière dans le biberon.

En tout cas, ils étaient lancés dans une discussion concrètes sur les choses et sur leur projet de parentalité. Isobel constatait avec un certain plaisir que cela lui causait beaucoup moins d’angoisse qu’auparavant. Elle cheminait doucement. Elle ne savait pas si elle était encore décidée, si elle voulait avoir un bébé mais en tout cas, cela semblait un tout petit moins flippant maintenant que la question était un peu plus débroussaillée. Elle avait lu sur le sujet, échangé avec Ann... Régler maintenant les soucis plus techniques semblait être une bonne idée. Peut-être que connaître l’environnement dans lequel ils élèveraient potentiellement un bébé serait encore plus rassurant. Abel se lança d’ailleurs dans son propre raisonnement, de ce ton posé qu’il employait toujours. La formulation la fit néanmoins un peu tiquer.

- Tu penses que tu pourras ? Je pensais que c’était plutôt obligatoire...

Elle savait qu’il était son propre patron, donc sans personne pour le forcer à prendre un congé (à part Isaac, mais il préférait sûrement conserver son partenaire), mais elle avait pensé que c’était une évidence. Elle ne se voyait pas avoir un bébé, revenir chez eux et ensuite se retrouver toute seule avec une nourrisson pendant que Abel était au travail de neuf-heures à vingt-heures trente.

La mention des voyages la tendit de nouveau un petit peu et elle hocha la tête, plus machinalement qu’autre chose. L’affaire du Japon avait laissé quelques traces en elle, même s’ils étaient passés à autre chose. Ils vivaient ensemble, avaient des projets pour l’avenir, discutaient bébé... Mais elle était plutôt heureuse qu’il ne soit pas reparti pour le moment. Imaginer un Japon numéro 2, mais avec en plus un enfant à charge... Ce n’était pas vraiment une vision idéale. Pourtant, elle ne répondit pas tout de suite, prit un long instant de silence pour digérer cette information, pour ne pas parler trop vite. Elle savait que le fait de voyager était quelque chose de très important pour Abel, une part importante de son métier à laquelle il tenait. Il aimait travailler à l’international et, en soi, elle pouvait le comprendre. C’est juste qu’être séparés pendant de longs mois, c’était difficile pour elle. Le fait qu’il le redonne dans ses conditions, qu’il le mentionne comme sacrifice qu’il ne voulait pas faire, c’était très significatif. Il en avait besoin pour continuer d’être heureux.

- Je sais que voyager c’est très important pour toi, commença-t-elle, précautionneusement. Mais si on a un bébé, je ne me vois pas rester quatre mois toute seule avec lui, et même lui, quatre mois sans son père... Elle faisait référence à sa durée de séjour au Japon. Ce n’est pas tellement la fréquence des voyages qui m’inquiète, souffla-t-elle, que leur durée.

Quand il rentrait deux semaines aux États-Unis pour travailler à New-York, cela ne posait jamais souci. Elle s’étalait dans leur grand lit, Sorbier dormait à la place d’Abel en ronronnant de contentement et elle allait boire des cocktails avec ses copines.
 


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Abel Laveau
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CDI [Abel] Icon_minitimeDim 7 Mar 2021 - 21:33
« Je parlais de prendre un vrai congé de plusieurs semaines et pas juste quelques jours à la naissance » précisa Abel, en sentant le ton plus défiant d’Isobel. Pourtant, cette question de prendre ou non un congé se posait à ses yeux : même s’ils avaient évolué dans d’autres milieux plus tard en tant qu’adultes, ils avaient tous les deux grandi dans un environnement où les coutumes étaient plutôt de laisser les femmes s’occuper des enfants. Abel savait qu’on avait fait des commentaires sur son propre père en apprenant qu’il passait autant de temps à la maison, à s’occuper de lui, dans sa jeunesse. Pourtant, maintenant qu’il était plus grand, et en voyant le lien de proximité assez fort qu’il partageait avec son père, Abel était convaincu que cette posture était la bonne, s’il voulait se faire une place dans la vie de son enfant. Il n’avait pas envie d’être ce genre de père qui se contentait de ramener de l’argent au foyer et que ses propres enfants ne connaissaient pas vraiment. « On peut pas vraiment dire que ça soit la coutume chez nous donc… Si c’est évident pour toi, tant mieux, on est d’accord. »

Un autre malentendu se présenta quelques minutes plus tard, signe que malgré leurs efforts à tous les deux, les manières dont Abel s’exprimait s’embarrassaient encore trop peu des détails qui auraient pu aider Isobel a suivre facilement son cheminement de pensée. Il haussa légèrement les sourcils, en niant aussitôt ce qu’elle suggérait avec précaution :

« Je ne parlais pas de partir quatre mois, rassure-toi. » En même temps, puisque son dernier voyage avait effectivement duré ce temps-là, c’était assez logique qu’elle y pense. Il se fustigea intérieurement. « Je ne partirais jamais aussi longtemps si on avait un bébé tous les deux, je ne te laisserais pas seule avec lui, assura t-il. Je parlais plutôt de déplacements courts, sur des week-ends, ou tout au plus une semaine, quand c’est vraiment nécessaire. »

Son regard s’attarda sur Isobel, à ces paroles, comme s’il essayait de percer le secret de ses pensées. Ces réactions, sur la question du congé parentalité et de ses voyages, laissaient voir une certaine inquiétude, dont Abel commençait à deviner l’origine. Elle avait peur de se retrouver seule, à devoir éduquer un enfant en restant enfermée chez eux, comme beaucoup des femmes de leur famille. Comme sa mère à elle, d’ailleurs, songea t-il, en pensant à Sophie qui avait dû s’en occuper seule quand Anne était décédée, sans conjoint à ses côtés. Pas étonnant que cette perspective dans laquelle ils étaient un couple de parents équilibré, qui prenaient chacun leur part, semble aussi difficile à croire.

« Isobel, l’interpela plus sérieusement Abel, avec son regard sondeur posé sur elle. Si on fait un bébé toi et moi, je ne te laisserais pas seule là-dedans, tu sais… Je tiens à ce projet, je serai là. »


Abel Laveau
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Isobel Lavespère
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CDI [Abel] Icon_minitimeDim 7 Mar 2021 - 21:57
Isobel hocha la tête lorsque Abel la rassura sur la durée de son potentiel congé paternité. Il comptait s’arrêter plusieurs semaines s’ils avaient un bébé, ce qui lui allait. Elle ne s’imaginait pas revenir à la maison avec un bébé qui pleurait et être toute seule alors qu’elle serait sûrement incapable de savoir comment le faire arrêter de pleurer. Elle préférait qu’ils soient deux dans cette galère, le temps qu’ils trouvent leurs marques. Elle avait lu dans un livre que les bébés étaient assez perturbés au début de ne plus être dans le ventre de leurs mères ; quant aux dites mères, elle faisaient des descentes d’hormones violentes et étaient épuisées. Hors de question qu’elle se retrouve toute seule pour gérer cela. Heureusement, comme le soulignait Abel, ils étaient plutôt sur la même longueur d’ondes. Ils semblaient déterminés à être impliqués autant l’un que l’autre : il voulait sa place en tant que père, elle ne voulait pas être le parent principal. Elle voulait l’équité.

Aborder toutes ces inquiétudes lui faisait du bien. Petit à petit, Abel la rassurait sur l’engagement qu’elle attendait de lui s’ils décidaient de se lancer. Il semblait prêt à chambouler sa vie et à prendre de véritables engagements pour que l’éventuelle création de leur famille se passe pour le mieux. Il semblait même prêt à ralentir sur les voyages, alors que cela avait toujours été un élément très important pour lui, presque non-négociable dans leur couple. Malgré elle, leurs conversations au sujet du Japon, crise plutôt mal gérée, lui revinrent en tête. Elle tenta une plaisanterie à ce sujet, pour alléger un peu l’atmosphère si sérieuse qui s’était installée entre eux.

- C’est donc un bébé qu’il faut pour t’empêcher de partir si longtemps ? Il fallait le dire plus tôt, enlève donc ton pantalon.

Mais la gravité de leur conversation reprit vite le dessus. Elle plaisantait mais cela ne dissipait pas ses inquiétudes, qu’elle identifiait de plus en plus. Les premières fois, lorsqu’il lui avait parlé d’un bébé, elle avait plutôt eu tendance à rejeter l’idée en bloc. Cela lui faisait peur, tout simplement. À force de réflexions, de lectures, d’échanges entre eux, elle parvenait plus clairement à identifier ses blocages. Elle avait peur de de ne pas l’aimer, parce que cela lui semblait difficile d’être épanouie alors qu’il y avait tant de contraintes. Elle avait peur de se sentir coincée à cause de ces mêmes contraintes. Elle avait peur de rendre leur bébé malheureux si elle n’était pas épanouie et aimante. Elle avait peur aussi de l’impact sur leur couple. Elle avait peur que tout lui retombe dessus. Petit à petit, elle cherchait à identifier des solutions à ces problèmes. Pour les contraintes, c’était plus facile : Abel était volontaire et ils avaient des moyens financiers, ce qui leur ouvrait beaucoup de possibilités. Et surtout, surtout... Abel était volontaire.

- C’est ce que j’ai besoin d’entendre, souffla-t-elle. Qu’on serait une équipe, qu’on serait vraiment tous les deux. Je me dis que nous deux unis versus une si petite chose... ça pourrait peut-être le faire.

Elle haussa doucement les épaules, avant de baisser les yeux. Elle avait un point un peu plus épineux, qui découlait de cela.

- Et j’aurai aussi besoin de savoir que tu m’aimeras toujours, même si on a un bébé. Même si je deviens énorme. Et fatiguée. Et maman. Elle se tut quelques secondes, un peu honteuse. J’ai besoin de savoir, murmura-t-elle, que le bébé ne sera pas ton unique priorité dans la vie.


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CDI [Abel] Icon_minitimeSam 13 Mar 2021 - 22:39
Abel pouvait presque entendre les pensées d’Isobel s’agiter dans sa tête, au fur et à mesure qu’ils abordaient ensemble des points fondamentaux de cette décision qu’ils avaient à prendre à deux. Plus il y pensait, plus il en parlait avec Isobel et plus ce désir de fonder une famille avec elle se raffermissait chez Abel. Il croyait en eux et il croyait en elle également, ce qu’Isobel avait encore du mal à faire, il le sentait. Ses craintes, qu’elle lui avait exprimées avec plus ou moins de clarté, laissaient entrevoir un complexe chez elle, celle d’être une mauvaise mère, aussi mauvaise que ne l’était Sophie. En l’absence de modèle solide, Isobel se trouvait un peu démunie.

Mais il sentait aussi que se cultivait l’idée chez elle qu’elle pouvait y arriver et même, qu’elle pourrait aimer cela. Elle ne creuserait pas autant la question et ne serait pas non plus venue le trouver dans son bureau pour discuter avec lui des termes d’un tel contrat dans leur couple, si vraiment elle était incapable de s’y projeter. En quelques mois, elle avait beaucoup progressé sur la question. Abel se sentait à ce moment fragile où les choses pouvaient basculer d’un côté comme de l’autre, sans trop savoir quel serait l’argument décisif qui ferait pencher la balance.  

Il ne sut dire quel poids pesait la dernière inquiétude qu’Isobel lui exprima, plus timidement, mais il eut la conviction qu’elle n’était pas anodine. Ce n’était pas la première fois qu’elle évoquait une crainte d’être reléguée au second plan dans leur couple, une fois mère. Elle avait conclu leur débat de pour et de contre un bébé par ce point là, et Abel se souvenait l’avoir rassurée à ce moment-là. A nouveau, elle en parlait, ce qui lui fit penser qu’il s’agissait d’une appréhension bien ancrée chez elle, même si elle l’évoquait peu.

Pourtant, Abel aurait aimé lui faire comprendre qu’elle n’avait absolument aucune crainte à avoir sur ce plan. Il savait qu’il ne pouvait révéler tout de suite son plus fort argument pour prouver son point -ou ce serait gâcher les préparatifs secrets d’une demande en mariage qu’il avait prévue. Il dut donc se contenter de la rassurer par des mots d’amour qu’il lui avait déjà dits et qu’il répéta, en prenant doucement ses mains dans les siennes.

« Je te l’ai dit, Isobel. Rien ne peut te rendre moins importante pour moi, encore moins l’arrivée d’un bébé à nous. Notre relation sera toujours dans mes priorités » assura t-il.

Et il était prêt à faire passer cette priorité au-dessus de toutes les autres, même son désir de paternité. Quoiqu’il arrive, il savait qu’il voulait fonder une famille avec Isobel, pour la vie, même si cette famille ne devait être composée que d’eux deux. Une lueur brillait dans son regard, seule trace de cette certitude au fond de son coeur qu’il taisait pour le moment. A la place, il se contenta d’un simple sourire.

FIN DU RP


Abel Laveau
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